L L ’interet du pays · 2014. 1. 17. · LES ELECTIONS terminees (voir les « Batons rompus » L...

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L ’interet du pays L ES ELECTIONS terminees (voir les « Batons rompus » de Raymond Rageau p. 12), on aurait tort de croire que le danger represente par I’extreme droite s’eloi- gne parce que le Front national a perdu quelques points et ses deputes. Les problemes qui ont permis le developpement de ce qui lui tient lieu d’idees ne seront pas resolus par des incantations ou des changements de mode de scrutin. Ms pourront I’etre, en revanche, par un travail concret dans de nombreux domaines. L’economie en est un et Aime Mollie (p. 9) denonce des systemes qui, successive- ment, ont echoue, offrant aux ideologies guerrieres et totali- taires un terreau fertile a leur developpement. Pourtant, face au peril, il n’est pas question de s’en remettre a des lendemains qui chantent. Patrick Pecherot (p. 8) presente a cet egard, quelques-unes des realisations concretes que mettent en place militants alternatifs et paci- fistes dans une volonte de voir I’argent servir au developpe- ment plutot qu’a I’armement. Parallelement, etre en mesure d’expliquer, comme le fait Pierre-Valentin Berthier (p. 3), comment s’imbriquent les inte- rets reels de la communaute humaine constitue aussi un moyen de lutter contre le repli sur soi et la reflexion a courte vue qu’encourage cette droite musclee que Ton pensait dis- parue. Autant de preoccupations inherentes au pacifisme dans sa lutte contre toutes les causes de militarisation et de guerre. Autant de preoccupations que partagent ceux qui en Afrique du Sud, luttent sans haine ni violence contre I’apar- theid et pour une paix veritable. L’Union Pacifiste vous les presente dans ses pages 6 et 7. SOUSCRIPTION PERMANENTE Michel LEBAILLY, 100; Guy DAVID, 10; COLLET, 240; Lous BRISSON, 30; Serge Hubert BARTHOT, 50 ; Robert MARCHAL, PIOU, 40 ; Claude MICHELLIER, 100 ; Andre 120 ; Rene et Mathilde FREMION, 300 ; Alain GARAUD, 40 ; Suzanne £mile VIzRAN, 75 ; Rene et Christiane BRENU, 310; Eugene MASSUET, 240; anonyme, 30; Roger ROUX, 240 ; Pascal LINARD, 510 ; Georges GORDON, 150 ; Philippe COUTY, 100 ; Rene TEISSEIRE, 300 ; Mme Paul LAHENS, 300 ; Regis BOCCARO, 15 ; Groupe L. Lecoin de Dunkerque, 470 ; SAINT-ELS, 500 ; Claude MERSER, 83; Vincent BOUILLEZ, 100; Michel MOREL, 140; Jean COUTANCEAU, 26; Anne-Marie TURRINI, 20; Therese RINALDY, 40 ; Jacques BECKER et Anne- Marie BOUVIER, 40 ; Marcel FARINA, 40 ; Daniel CHAPRON et Annick LEVEAU, 600 ; Pierre CARRETIER, 250 ; Louis BARTHEL- MESS et Jeanine PETOUD, 700 ; Andreini VIERI, 240 ; Laurence et Christian PELLIER, 145 ; Marthe GRANIER, 10 ; Genevieve BAN- DRY, 40 ; Francisca MARTINEZ, 40 ; Geor- ges RONNE, 300 ; Suzanne JUBAULT, 40 ; Michele HANISCH, 240 ; Andre PRIVE, 110. Total : 7.474,00 F. D 'UN homme apparemment intelligent et sincere, j'ai releve cette reflexion : « Je desapprouve tout ce qui est contraire k I’interet de mon pays .» Decla- ration qui partait d’un bon naturel et qui, au premier abord, n’a rien de choquant: vous appartenez, par choix ou par hasard, k une certaine communaute; vous en epousez les interets par une solidarity sans Equivoque. Pourtant, si vous appro- fondissez le propos, une chose vous chif- fonne : devez-vous vous solidariser auto- matiquement avec tout ce qui concorde a I’interet de cette communaute ? Celle-ci n’est pas seule au monde, il en existe d’autres ; n’est-ce pas une forme haissa- ble d’egoisme que de prendre parti ipso facto pour celle dont vous etes membre sans examiner si son interet est legitime et s’il ne s’oppose pas k des interets aussi dignes que les siens, voire sup£rieurs ? S’en tenir a son seul pays pour juger de ce qui est bon ou nefaste, se figer dans la conception obtuse que les patriotes anglais tesument en ces mots : « Right or wrong, my country!», et qu’adoptait aussi Maurice Barrfes sous cette forme : « Je donne raison k ma patrie meme si elle a t o r t », cet egocentrisme autour d’un groupe ethnique, celui auquel on adhere par le fait de la destin£e — Egocentrisme pareil k I'esprit de corps militaire qui refu- sait qu’un Dreyfus eut ete juge injuste- ment —, a Ete combattu par Montesquieu dans un passage ceiebre. Rappelons-le : « Si je savais quelque chose qui me fut utile et qui fut prEjudiciable a ma famille, je le rejetterais de mon esprit. Si je savais quelque chose utile £ ma famille et qui ne le fut & ma patrie, je chercherais a I’ou- blier. Si je savais quelque chose utile k ma patrie et qui fut prEjudiciable k i’Euro- pe, ou bien qui fut utile & I’Europe et ptejudiciable au genre humain, je le regar- derais comme un crime ». Belle replique, avant la lettre, a certain argument de Jean- Marie Le Pen k propos de ses enfants, de ses neveux et de ses cousins (ou autres...) et de I’affection decroissante qu'il leur porte a mesure que s'eioigne la parente. De I’opinion exprimge par Montesquieu, on peut conclure qu’il est moral d’approu- ver une mesure dommageable a notre pays si, en revanche, elle profite a I’en- semble de I’humanite. C’est inverser la citation, mais ce n'est pas en trahir I’es- prit. Du reste, il y a la une verite de plus en plus admise; par exemple, quand on relEve le prix d’un produit extrait d’un sous-sol africain, on nuit a la balance du commerce exterieur frangais, mais on apporte au tiers monde miserable une fai- bie contribution capable d’attenuer un peu son indigence, pourvu que quelques trafi- quants ne I’interceptent pas en chemin. L’interet d’un individu n’est honorable que s’il ne vient pas en contradiction avec celui du groupe auquel il se trouve lie, soit par la nature des choses, soit par ses propres engagements, et I’interet du groupe lui-meme n’est respectable que s’il ne I6se pas les autres groupes, dont le rend tributaire, a quelque degre, I’interde- pendance sociale. Du jour ou les Etats se sont rassembles pour creer une « Societe des nations », puis une « Organisation de nations unies », cette sentence aurait du devenir leur regie et 6ter toute valeur sacralisante a I’idee de patrie, a moins de lui conterer le sens extensif (rarement retenu) que lui donne Victor Hugo dans Quatrevingt-treize, oil « pays », represente I’id6e « locale » et « patrie », I’id6e « uni- verselle »... Allons plus loin. « Je desapprouve, a dit notre homme, tout ce qui est contraire k I’interet de mon pays ». Soit. Mais qui jugera de cet interet ? Sait-on toujours ou il reside et en quoi il consiste ? Actuelle- ment, la France a-t-elle interet a garder la Nouvelle-Caiedonie ou k consentir a son ind£pendance ? Car le patriote qui a pro- nonce la formule rapportee ci-dessus ne se demande pas quel est I’interet de la Nouvelle-Caiedonie: cette ile lointaine n’entre dans son souci qu’autant qu elle est annexee a I’Hexagone ouest-europeen ou lui-meme a ses penates. I l y a certes des interets associes au maintien ou au changement du statut neo-caledonien; mais il est bien difficile a un Frangais de dire quel est « I’interet de son pays », en un tel probieme, sans passionner le debat et risquer de « mettre a cote de la pla- que ». Souvenez-vous de I’Algerie. L’interet de la France, selon M. Michel Debre en 1954, c’etait de hisser au pouvoir le general de Gaulle afin, grdce k lui, de conserver k la Republique un ensemble territorial de Dunkerque k Tamanrasset. Mais en 1962, apres que nombre de Frangais et d’Alge- riens eurent ete tues, I’interet de la France, toujours selon le meme M. Michel Debre, consistait k signer les accords d’Evian au nom du general de Gaulle (et, j’allais I’ou- blier, du peuple frangais) afin que I’Algerie fut desormais un Etat souverain. Et que je te signe d’abord de beaux articles pour I’Algerie frangaise dans le Courtier de la colere, ensuite un beau traite en bonne et due forme reconnaissant I’Algerie alge- rienne, tout ga en desapprouvant avec vehemence quiconque osera faire quoi que ce soit contre I’inter&t du pays. Ou est-il, i’interet du pays, dans tout ga ? Dans les articles de 1954 ? Dans les accords de 1962 ? Essayez done de vous y retrouver! II est peu de sujets, en effet, plus contro- verses que ce qu’on appelle « I’interet du pays ». En 1919, beaucoup de gens sans education politique estimaient que I’interet de la France etait d’annexer la rive gauche du Rhin, d’occuper I’Allemagne tout entifere et de la miner definitivement; ain- si, pensaient-ils, le pangermanisme ne renaitrait plus. D’autres, plus lucides k notre avis, denongaient le traite de Versail- les comme portant en germe une nouvelle guerre; ils preconisaient ce qu’entrepri- rent heureusement les Americains apres la Seconde Guerre mondiale : relever I’AI- lemagne et en faire un pays am i; on eut evite de la sorte trois fleaux : Hitler et son regime demoniaque, les va-t-en guerre qui voulaient lui voler dans les plumes, enfin ceux (ce furent parfois les memes) qui devinrent sous I’Occcupation les compli- ces de sa tyrannie et de ses crimes. Nous avons done sur la question de « I’interet du pays » une opinion tres differente de celle que mirent alors en pratique Clemen- ceau et Poincare. Encore pensons-nous que I’interet de la France eut ete de ne pas attendre 1919 pour signer la paix; une oceawowqui fiVeut paa-nnl uu m atft tnte* ret avait ete manquee en septembre 1915 a Zimmerwald. A une certaine epoque, la France tirait un enorme benefice de la traite des' Noirs. Lutter contre I’esclavage etait done con- traire aux interets de la France. II y a pourtant eu des Frangais qui ont pris, en la circonstance, fait et cause pour les Noirs, et non pour leur pays. Ils avaient compris que I’interet de celui-ci etait, k terme, de combattre I’infame commerce de chair humaine. Aujourd’hui, la France tire un profit considerable du negoce des armes, un negoce qui alimente les guerres et ne cree que du malheur, mais dont, vous diront certains, la disparition serait contraire k I’interet de ce pays. Bons com- mergants, bons patriotes, complices des atrocites que ces armes dechaineront — et qui peut leur garantir qu’ils n’en seront pas eux-memes victimes ? Dans la Libre Pens6e nantaise du mois de mai, Nicolas Faucier (qui vient de publier un nouveau livre, Dans la m§l6e sociale, aux editions de la Digitale, « itin6- raire d’un anarcho-syndicaliste») (1' observe qu’une automitrailleuse coute 5 millions et demi, et que c’est precisement la somme qui fait defaut pour completer le fichier, insuffisant, de France Transplant, association qui repertorie les donneurs de moelle osseuse. L’Etat frangais est sure- ment assez riche pour faire face aux deux depenses. Mais, k supposer qu’il n’en put assumer qu’une, quel serait I’interet du pays ? Serait-ce d’acheter la machine de guerre ? Ou de subventionner I’organisme de sante ? Les opinions divergeraient sans doute ; il est inutile que nous preci- sions la n6tre. Nous la preciserons toutefois sur un point: en matiere de politique Internatio- nale, nous estimons que I’interet de la France penche du c6t6 de la proclamation de Montesquieu, non de celle de Maurice Barres. Un pays a toujours interet k ce que ses ressortissants disent ou ecrivent des choses humaines et intelligentes. Pierre-Valentin BERTHIER (1) Voir rubrique « Livres et revues ». Journal de I’UNION PACIFISTE de FRANCE Section frangaise de I’lnternationale des Resistants a la Guerre (I.R.G.) President d’honneur: Feiicien CHALLAYE (1875-1967) La guerre est un crime contre I’humanite. Pour cette raison, nous sommes resolus & n’aider a aucune espece de guerre et k lutter pour I’abolition de toutes ses causes. ADHESION + ABONNEMENT 260 F Adhesion simple ei I’U.P.F. (sans abonnement) .............. 90 F Abonnement k Union Pacifiste ........................................ 170 F Abonnement Propagande (5 exemplaires par numero) . . 220 F Adhesion + Abonnement Propagande ............................ 310 F Tout abonnement inclut I’ensemble des numeros speciaux a paraltre. Pour I’etranger ajouter 40 F aux tarifs d’abonnement. N.B. : tous ces prix peuvent etre modules en plus ou en moins selon les possibility de chacun(e). Versements a : UNION PACIFISTE DE FRANCE C.C.P. 3964-01 B Paris a adresser (ainsi que toute correspondance) a notre secretaire administrative : Th6rese COLLET 4, rue Lazare-Hoche, 92100 BOULOGNE

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  • L ’interet du paysLES ELECTIONS terminees (voir les « Batons rompus » de Raymond Rageau p. 12), on aurait tort de croire que le danger represente par I’extreme droite s’eloi- gne parce que le Front national a perdu quelques points et ses deputes. Les problemes qui ont permis le developpement de ce qui lui tient lieu d’idees ne seront pas resolus par des incantations ou des changements de mode de scrutin. Ms pourront I’etre, en revanche, par un travail concret dans de nombreux domaines. L’economie en est un et Aime Mollie (p. 9) denonce des systemes qui, successive- ment, ont echoue, offrant aux ideologies guerrieres et totali- taires un terreau fertile a leur developpement.

    Pourtant, face au peril, il n’est pas question de s’en remettre a des lendemains qui chantent. Patrick Pecherot (p. 8) presente a cet egard, quelques-unes des realisations concretes que mettent en place militants alternatifs et paci- fistes dans une volonte de voir I’argent servir au developpement plutot qu’a I’armement.

    Parallelement, etre en mesure d’expliquer, comme le fait Pierre-Valentin Berthier (p. 3), comment s’imbriquent les interets reels de la communaute humaine constitue aussi un moyen de lutter contre le repli sur soi et la reflexion a courte vue qu’encourage cette droite musclee que Ton pensait dis- parue. Autant de preoccupations inherentes au pacifisme dans sa lutte contre toutes les causes de militarisation et de guerre.

    Autant de preoccupations que partagent ceux qui en Afrique du Sud, luttent sans haine ni violence contre I’apar- theid et pour une paix veritable. L’Union Pacifiste vous les presente dans ses pages 6 et 7.

    SOUSCRIPTION PERMANENTEMichel LEBAILLY, 100; Guy DAVID, 10; COLLET, 240; Lous BRISSON, 30; Serge

    Hubert BARTHOT, 50 ; Robert MARCHAL, PIOU, 40 ; Claude MICHELLIER, 100 ; Andre120 ; Rene et Mathilde FREMION, 300 ; Alain GARAUD, 40 ; Suzanne £mile VIzRAN, 75 ; Rene et Christiane BRENU, 310; Eugene MASSUET, 240; anonyme, 30; Roger ROUX, 240 ; Pascal LINARD, 510 ; Georges GORDON, 150 ; Philippe COUTY, 100 ; Rene TEISSEIRE, 300 ; Mme Paul LAHENS, 300 ; Regis BOCCARO, 15 ; Groupe L. Lecoin de Dunkerque, 470 ; SAINT-ELS, 500 ; Claude MERSER, 83; Vincent BOUILLEZ, 100; Michel MOREL, 140; Jean COUTANCEAU, 26; Anne-Marie TURRINI, 20 ; Therese

    RINALDY, 40 ; Jacques BECKER et Anne- Marie BOUVIER, 40 ; Marcel FARINA, 40 ; Daniel CHAPRON et Annick LEVEAU, 600 ; Pierre CARRETIER, 250 ; Louis BARTHEL- MESS et Jeanine PETOUD, 700 ; Andreini VIERI, 240 ; Laurence et Christian PELLIER, 145 ; Marthe GRANIER, 10 ; Genevieve BAN- DRY, 40 ; Francisca MARTINEZ, 40 ; Georges RONNE, 300 ; Suzanne JUBAULT, 40 ; Michele HANISCH, 240 ; Andre PRIVE, 110.

    Total : 7.474,00 F.

    D'UN homme apparemment intelligent et sincere, j'ai releve cette reflexion : « Je desapprouve tout ce qui est contraire k I’interet de mon pays .» Declaration qui partait d’un bon naturel et qui, au premier abord, n’a rien de choquant: vous appartenez, par choix ou par hasard, k une certaine communaute; vous en epousez les interets par une solidarity sans Equivoque. Pourtant, si vous appro- fondissez le propos, une chose vous chif- fonne : devez-vous vous solidariser auto- matiquement avec tout ce qui concorde a I’interet de cette communaute ? Celle-ci n’est pas seule au monde, il en existe d’autres ; n’est-ce pas une forme haissa- ble d’egoisme que de prendre parti ipso facto pour celle dont vous etes membre sans examiner si son interet est legitime et s’il ne s’oppose pas k des interets aussi dignes que les siens, voire sup£rieurs ?

    S’en tenir a son seul pays pour juger de ce qui est bon ou nefaste, se figer dans la conception obtuse que les patriotes anglais tesument en ces mots : « Right or wrong, my country!», et qu’adoptait aussi Maurice Barrfes sous cette forme : « Je donne raison k ma patrie meme si elle a to rt», cet egocentrisme autour d’un groupe ethnique, celui auquel on adhere par le fait de la destin£e — Egocentrisme pareil k I'esprit de corps militaire qui refu- sait qu’un Dreyfus eut ete juge injuste- ment —, a Ete combattu par Montesquieu dans un passage ceiebre. Rappelons-le : « Si je savais quelque chose qui me fut utile et qui fut prEjudiciable a ma famille, je le rejetterais de mon esprit. Si je savais quelque chose utile £ ma famille et qui ne le fut & ma patrie, je chercherais a I’ou- blier. Si je savais quelque chose utile k ma patrie et qui fut prEjudiciable k i’Euro- pe, ou bien qui fut utile & I’Europe et ptejudiciable au genre humain, je le regar- derais comme un crime ». Belle replique, avant la lettre, a certain argument de Jean- Marie Le Pen k propos de ses enfants, de ses neveux et de ses cousins (ou autres...) et de I’affection decroissante qu'il leur porte a mesure que s'eioigne la parente.

    De I’opinion exprimge par Montesquieu, on peut conclure qu’il est moral d’approu- ver une mesure dommageable a notre pays si, en revanche, elle profite a I’en- semble de I’humanite. C’est inverser la citation, mais ce n'est pas en trahir I’es- prit. Du reste, il y a la une verite de plus en plus admise; par exemple, quand on relEve le prix d’un produit extrait d’un sous-sol africain, on nuit a la balance du commerce exterieur frangais, mais on apporte au tiers monde miserable une fai- bie contribution capable d’attenuer un peu son indigence, pourvu que quelques trafi- quants ne I’interceptent pas en chemin.

    L’interet d’un individu n’est honorable que s’il ne vient pas en contradiction avec celui du groupe auquel il se trouve lie, soit par la nature des choses, soit par ses propres engagements, et I’interet du groupe lui-meme n’est respectable que s’il ne I6se pas les autres groupes, dont le rend tributaire, a quelque degre, I’interde- pendance sociale. Du jour ou les Etats se sont rassembles pour creer une « Societe des nations », puis une « Organisation de nations unies », cette sentence aurait du devenir leur regie et 6ter toute valeur sacralisante a I’idee de patrie, a moins de lui conterer le sens extensif (rarement retenu) que lui donne Victor Hugo dans Quatrevingt-treize, oil « pays », represente I’id6e « locale » et « patrie », I’id6e « uni- verselle »...

    Allons plus loin. « Je desapprouve, a dit notre homme, tout ce qui est contraire k I’interet de mon pays ». Soit. Mais qui jugera de cet interet ? Sait-on toujours ou il reside et en quoi il consiste ? Actuelle- ment, la France a-t-elle interet a garder la Nouvelle-Caiedonie ou k consentir a son ind£pendance ? Car le patriote qui a prononce la formule rapportee ci-dessus ne se demande pas quel est I’interet de la Nouvelle-Caiedonie: cette ile lointaine n’entre dans son souci qu’autant qu elle est annexee a I’Hexagone ouest-europeen ou lui-meme a ses penates. I l y a certes des interets associes au maintien ou au changement du statut neo-caledonien; mais il est bien difficile a un Frangais de dire quel est « I’interet de son pays », en un tel probieme, sans passionner le debat et risquer de « mettre a cote de la plaque ».

    Souvenez-vous de I’Algerie. L’interet de la France, selon M. Michel Debre en 1954, c’etait de hisser au pouvoir le general de Gaulle afin, grdce k lui, de conserver k la Republique un ensemble territorial de Dunkerque k Tamanrasset. Mais en 1962, apres que nombre de Frangais et d’Alge- riens eurent ete tues, I’interet de la France, toujours selon le meme M. Michel Debre, consistait k signer les accords d’Evian au nom du general de Gaulle (et, j’allais I’ou- blier, du peuple frangais) afin que I’Algerie fut desormais un Etat souverain. Et que je te signe d’abord de beaux articles pour I’Algerie frangaise dans le Courtier de la colere, ensuite un beau traite en bonne et due forme reconnaissant I’Algerie alge- rienne, tout ga en desapprouvant avec vehemence quiconque osera faire quoi que ce soit contre I’inter&t du pays.

    Ou est-il, i’interet du pays, dans tout ga ? Dans les articles de 1954 ? Dans les accords de 1962 ? Essayez done de vous y retrouver!

    II est peu de sujets, en effet, plus contro- verses que ce qu’on appelle « I’interet du pays ». En 1919, beaucoup de gens sans education politique estimaient que I’interet de la France etait d’annexer la rive gauche du Rhin, d’occuper I’Allemagne tout entifere et de la miner definitivement; ain- si, pensaient-ils, le pangermanisme ne renaitrait plus. D’autres, plus lucides k notre avis, denongaient le traite de Versailles comme portant en germe une nouvelle guerre; ils preconisaient ce qu’entrepri- rent heureusement les Americains apres la Seconde Guerre mondiale : relever I’AI- lemagne et en faire un pays am i; on eut evite de la sorte trois fleaux : Hitler et son regime demoniaque, les va-t-en guerre qui voulaient lui voler dans les plumes, enfin ceux (ce furent parfois les memes) qui devinrent sous I’Occcupation les complices de sa tyrannie et de ses crimes. Nous avons done sur la question de « I’interet du pays » une opinion tres differente de celle que mirent alors en pratique Clemen- ceau et Poincare. Encore pensons-nous que I’interet de la France eut ete de ne pas attendre 1919 pour signer la paix; une oceawowqui fiVeut paa-nnl uu m a tf t tnte* ret avait ete manquee en septembre 1915 a Zimmerwald.

    A une certaine epoque, la France tirait un enorme benefice de la traite des' Noirs. Lutter contre I’esclavage etait done contraire aux interets de la France. II y a pourtant eu des Frangais qui ont pris, en la circonstance, fait et cause pour les Noirs, et non pour leur pays. Ils avaient compris que I’interet de celui-ci etait, k terme, de combattre I’infame commerce de chair humaine. Aujourd’hui, la France tire un profit considerable du negoce des armes, un negoce qui alimente les guerres et ne cree que du malheur, mais dont, vous diront certains, la disparition serait contraire k I’interet de ce pays. Bons com- mergants, bons patriotes, complices des atrocites que ces armes dechaineront — et qui peut leur garantir qu’ils n’en seront pas eux-memes victimes ?

    Dans la Libre Pens6e nantaise du mois de mai, Nicolas Faucier (qui vient de publier un nouveau livre, Dans la m§l6e sociale, aux editions de la Digitale, « itin6- raire d’un anarcho-syndicaliste») (1' observe qu’une automitrailleuse coute 5 millions et demi, et que c’est precisement la somme qui fait defaut pour completer le fichier, insuffisant, de France Transplant, association qui repertorie les donneurs de moelle osseuse. L’Etat frangais est sure- ment assez riche pour faire face aux deux depenses. Mais, k supposer qu’il n’en put assumer qu’une, quel serait I’interet du pays ? Serait-ce d’acheter la machine de guerre ? Ou de subventionner I’organisme de sante ? Les opinions divergeraient sans doute ; il est inutile que nous precisions la n6tre.

    Nous la preciserons toutefois sur un point: en matiere de politique Internationale, nous estimons que I’interet de la France penche du c6t6 de la proclamation de Montesquieu, non de celle de Maurice Barres. Un pays a toujours interet k ce que ses ressortissants disent ou ecrivent des choses humaines et intelligentes.

    Pierre-Valentin BERTHIER

    (1) Voir rubrique « Livres et revues ».

    Journal de I’UNION PACIFISTE de FRANCE Section frangaise de I’lnternationale des Resistants

    a la Guerre (I.R.G.)

    President d’honneur: Feiicien CHALLAYE (1875-1967)La guerre est un crime contre I’humanite.Pour cette raison, nous sommes resolus & n’aider a aucune

    espece de guerre et k lutter pour I’abolition de toutes ses causes.

    ADHESION + ABONNEMENT 260 FAdhesion simple ei I’U.P.F. (sans abonnement) .............. 90 FAbonnement k Union Pacifiste ........................................ 170 FAbonnement Propagande (5 exemplaires par numero) . . 220 F Adhesion + Abonnement Propagande ............................ 310 F

    Tout abonnement inclut I’ensemble des numeros speciaux a paraltre.

    Pour I’etranger ajouter 40 F aux tarifs d’abonnement.N.B. : tous ces prix peuvent etre modules en plus ou en moins selon les possibility de chacun(e).

    Versements a :UNION PACIFISTE DE FRANCE

    C.C.P. 3964-01 B Parisa adresser (ainsi que toute correspondance)

    a notre secretaire administrative :Th6rese COLLET

    4, rue Lazare-Hoche, 92100 BOULOGNE

  • Reflexions

    Quel avenir ?M

    | eme si quelque scepticisme nous sai- sit — le verdict electoral tombe — apres tant d’esperances avortees,

    nous ne pouvons pas ne pas vivre, avec tous, « dans le siecle». Partager les inquietudes — les esperances aussi — de nos concitoyens.

    Les remous politiques que nous venons de connaitre engagent done nos reflexions, bon gre, mat gre. Nous appar- tenons a un « corps social », nous en vivons les vicissitudes, notre existence personnelle y est incluse. L’effort journa- lier que nous effectuons. Le pain quoti- dien que nous mangeons. Les loisirs qui nous detendent.

    Le moment est venu, dans le brouhaha a peine apaise des idees, dans la confusion des affirmations, de rechercher les idees maitresses, les valeurs permanentes qui sont la trame de la vie.

    Affirmons-le : la seule valeur sure, trop souvent meconnue, e’est celle de l’esprit qui cree. Ces richesses qui, presentement, occupent le devant de l’histoire, qu’il s’agisse de petrole, de charbon, de mine- rais, de l’or meme — supreme expression ! — ne sont que des realites provisoi- res, sinon fallacieuses.

    Tot ou tard, nos civilisations gourman- des les auront devorees. Remplacees aussi grace aux recherches scientifiques. La terre n’est pas inepuisable. Seul l’esprit est inlassablement fertile.

    C’est dire que la devaluation de nos ressources presentes est en marche. La pensee devient l’unique ferment de l’ave- nir. L’ignorer serait une redoutable erreur. Elle compromettrait gravement cet avenir. C’est dans le meme temps reconnaitre et accepter la preeminence de l’esprit.

    C’est a son enrichissement qu’il convient de s’attacher. On ne combattra jamais assez vigoureusement la maree noire de l’analphabetisme. Ou qu’il se m a n ifc s te . E n P ra n c e , dans le m onde .. .

    Le sort de l’humanite en depend. J’enten- dais, recemment, d’une voix autorisee, l’affirmation suivante : aux U.S.A. moins de 5 % de la population peut pretendre posseder une culture veritable. Et ce n’est pas, il s’en faut, le seul exemple.

    On croit rever, ainsi l’amelioration des conditions d’existence — au sens le plus large — de ceux qui nous enseignent devient une voie essentielle de salut.

    Quoi ? L ’humanite aurait-elle alors fait fausse route ? Se serait-elle inconsidere- ment jetee dans une impasse ? Aurait-elle confondu « esprit de force » et « force de l’esprit » ? On peut le craindre.

    Or, seule la culture peut nous assurer, par son rayonnement, un plus harmonieux avenir. Seule, elle peut sauver le monde.

    Mais il faut choisir. Cet avenir attendu, on ne 1’atteindra pas en trainant le poids paralysant des armements actuels. La mort preparee et la vie elargie sont des realites inconciliables. Repetons-nous : il faut choisir. Engloutir des sommes fabu- leuses dans l’armement — plus de 10 000 milliards de dollars presentement dans le monde ! — ou donner a la culture au sens large ce qu’elle exige.

    II nous faut — cessant de jouer sur les deux tableaux — tailler dans le vif du budget de la guerre. Pour assurer a l’en- seignement les ressources indispensables. Ou nous perseverons dans l’erreur presente, une erreur qui frappera rapidement de sterilite toute renaissance possible...

    Telle est l’immense tache qui attend les equipes nouvelles qui nous dirigent. Qu’elles ne l’ecartent pas ! Elle seule peut arracher le monde aux derives qui l’em- portent.

    C’est l’esprit qu’il convient d’armer. Non les bras, porteurs de forces derisoires et passageres. Mortelles assurement. Lui seul est une force creatrice, une force de vie.

    Reflechissons-y.Robert JOSPIN.

    L e s p r o p o s d u p l o u c

    Le Pape en Fe^mHIf MNE nouvelle de grand interet vient m j encore une fois de traverser Vactua-

    lite sans susciter Venthousiasme qu’elle aurait logiquement du provoquer : Jean-Paul Deux, qui exerce toujours a Saint-Pierre de Rome (Italie) la profession de pape titulaire, vient de faire ses debuts dans la competition automobile : Piero Ferrari, le fils du constructeur, lui a fait parcourir a Modene son premier tour de piste.

    Or, a notre connaissance, il s’agit la d’une premiere dans Vhistoire de la religion catholique. Jamais encore, avant le 2 juin 1988, la Sainte Trinite n ’avait ete vehiculee dans une voiture automobile aussi rapide !

    On admirera d’abord la performance du constructeur, qui a reussi a faire tenir trois personnes dans un engin monoplace, a priori peu logeable. II est vrai que les trois passagers en question, le Pere, le Fils et le Saint-Esprit, sont doues de facultes de retraction qui leur permettent de n’occuper qu’une seule place. Tout de meme, e’est une belle prouesse technique !

    Mais certains details, rapportes trop rapidement helas! par les agences de presse, ne manqueront pas d’interesser nos amis pacifistes qui vivent dans Vombre des sacristies.

    En premier lieu, sachez que cette competition, pourtant reduite a un seul concurrent, a rassemble 4000 personnes, qui ont applaudi tout le long du circuit, alors meme que le Souverain Pontife n’avait guere de risque de ne pas terminer dans les premiers. Ceci montre bien Vextreme fidelity des catholiques sportifs, et Von n’ou- bliera pas de rappeler combien la tradition chretienne a toujours encourage le sport: je n’en veux pour preuve qu’une certaine course de cote, qui se deroula sur le par- cours tourmente du Golgotha, il y a environ deux mille ans.

    Seconde remarque : VEglise n’hesite plus aujourd’hui a employer le materiel le plus performant, n’en deplaise aux catholiques ecologistes des annees 70. En effet, le vehi- cule utilise etait un « Mondial Cabriolet 1987 », dont la vitesse maximale atteint 280 km/heure. On imagine les bienfaits de I’Esprit saint lance a cette vitesse dans la

    direction d’un mecreant: sa conversion serait immediate.

    Autre element interessant: le prix du vehicule ne depasse pas 580 000 Francs. C’est, nous dit-on, tout a fait raisonnable, si Von tient compte du fait que la region visitee par le pape, I’Emilie, est une des plus riches de la Peninsule. Ceci nous rap- pelle opportunement que, contrairement a ce que pourraient laisser supposer certains voyages en Amerique latine, la religion catholique n’est pas reservee aux pauvres. Normal d’ailleurs, les fameux pauvres ayant grace a leur vie de souffrance un moyen facile, presque deloyal, de gagner le paradis.

    Enfin, derniere observation qui laissera peut-etre les sportifs sur leur faim : le tour de piste du Saint-Pere a ete effectue a vitesse reduite. II est vrai que lorsque la victoire est assuree, il serait vain de prendre des risques. D’ailleurs, un detail pitto- resque vient du moins enrichir Vhistoire de la course automobile. Le pape est demeure debout durant la competition et mon journal ajoute meme « qu’il n’a pas perdu sa calotte blanche ». Nous disons bravo encore pour la performance mais nous encourageons vivement le souverain pontife, s’il veut persister dans la competition automobile, a faire Vacquisition d’une « calotte integrale », mieux adaptee aux grandes vitesses.

    Quant aux « gorilles du Vatican » qui, toujours selon la presse, « suivaient la voiture a pied », nous sommes heureux d’ap- prendre qu’il existe un elevage a Saint- Pierre de Rome : il aurait ete dommage que ces plantigrades soient prives d’une religion aussi attentive aux creatures les plus defavorisees.

    Rolland HENAULT

    COURSE A LA MORT■ ISRAEL met actuellement au point un nouveau modele « Jericho» d’une portee de1 450 km (contre 850 auparavant). Ce missile, experiments en Mediterranee I’an dernier, est capable de transporter une charge nucleaire et pourrait atteindre des objectifs tels que Bagdad.

    (Le lettre de / ’Expansion, 07/3/88)

    Des Atlas 2 pour le Pentagone■ Le Pentagone a choisi I’Atlas 2 de General Dynamics comme lanceur de moyenne puissance. La societe americaine fournira onze Atlas 2 (et vingt autres en option). Elies seront destinees au lancement de dix satellites de telecommunication militaire (des General Electric DSCS 3) et a un satellite pour le programme Navstar. Les quatre premiers lan- cements devraient avoir lieu en 1991, pour un cout unitaire inferieur a 240 millions de francs.

    (L ’Usine nouvelle 26/5/88)

    Vedettes rapides pour I’Arabie Saoudite■ Pour environ 2,5 milliards de francs la Sofresa (Societe frangaise d’exportation de systemes d’armes) signe un nouveau contrat d’armement avec I’Arabie Saoudite. Ce pays se porte acquereur de 12 Super-Puma d’Ae- rospatiale armes de missiles AM 39 Exocet et de vedettes rapides construites par le chantier vendeen Simonneau Marine.

    (L 'Usine nouvelle 9/6/88)

    Nouveaux missiles fraii9ais■ Le ministere de la Defense va commander prochainement 2 300 missiles sol-air Mistral recemment mis au point par la societe Matra, a annonce hier soir la Delegation generate pour I’armement. Ce contrat, d'une valeur superieure au milliard de francs, donnera lieu a de premieres livraisons aux armees frangai- ses a I’automne 88.

    (Liberation 28 mai 88)

    L’ Amerique du Sud achete francais■ Apres Dassault au Venezuela et I'Aerospatiale au Chili, I’Amerique du Sud continue a acheter frangais. C’est au tour de I’Equateur de confier la modernisation de ses chars AMX13 a Sopelem. Le specialiste frangais des systemes optiques et de visee fournira 108 systemes optroniques destines a accroT- tre la precision du tir.

    (L ’Usine nouvelle 21/4/88)

    CABU. Quoi ? une commission des sages., pour etudier le deficit de I ’armee ?...

    ga va pas, non ?

    48 F-16 pour le Portugal■ Le Portugal recevra des Etats-Unis, avant la fin de I’annee, deux escadrilles (soit 48 avions) de F-16 provenant de bases instal- lees sur le territoire americain et que Washington veut desactiver, ainsi que des missiles anti-aeriens Hawk et des tanks, affirme, vendredi, I’hebdomadaire portugais O Jornal. Cette fourniture d’avions et autres materiels de guerre entre dans le cadre des accords, en negociation depuis fevrier dernier, sur I’uti- lisation par les Etats-Unis de la base aerienne de Lajes aux Agores.

    (Liberation 21 mai 1988)

    Les missiles MX vont prendre le train■ Pour repondre aux SS 24 sovietiques (missiles intercontinentaux sur rails), le Pentagone vient de commander pour 328 millions de dollars de materiel ferroviaire a Wes- tinghouse Electric et a Rockwell.

    Le premier va mettre au point, pour 167 millions de dollars, plusieurs prototypes de wagons lanceurs. Rockwell developpera, pour 161 millions, les voitures de controle et de securite.

    (L 'Usine nouvelle 26/5/88)

    Le programme VTL demarre■ L’armee frangaise vient de recevoir son premier exemplaire de VTL, vehicule de transport logistique qui permet de reduire la duree des operations de chargement-dechar- gement grace a un systeme automatique deposant un plateau de 13 tonnes de charge utile en une minute. Trois industriels se parta- geront les 3,5 milliards de ce programme pre- voyant I’acquisition de 3500 VTL a la cadence de 700 par an durant cinq ans. RVI a hauteur de 58,5 % pour la fourniture de 3 500 porteurs G290, Lohr Industrie a hauteur de 29 % pour 12 000 plateaux et 2 500 remorques et Bennes Marrel (12,5 %) pour 3 500 systemes hydrauliques Ampliroll.

    (L 'Usine nouvelle 17/3/88)

    DESINFORMATION (SUITE)L’lnstitut d’etudes de la disinformation (cf.

    page 2 de \'U.P. de juin), n'a pas ete cree par i'ex-ministre de la Defense nationale Andre Giraud, mais par des gens trempant dans les milieux d'extreme droite, tels Jean Rochet (chef de la D.S.T. en 1968, ancien prefet), Rene de La Portaliere (du Groupe Express), etc.

    M. Giraud avait, de son cote, annonce la creation d’un « observatoire de la defense » qui avait suscite des remous dans les medias : cet observatoire est devenu un groupe de travail « information et defense » au sein de la fondation pour les etudes de defense nationale.

    De plus, le S.I.R.P.A. (Service d’information et de relations publiques des armies), a mis en place le centre operationnel de la presse internationale de defense (C.O.D.I.P.), pour diffuser les informations de I’armee frangaise vers la presse internationale et pour analyser la scene mediatique internationale (avec des rapports remis au ministre de la Defense).

    Dans le domaine de I’information (1), a ete lance, a Lyon, en 1984, le journal DAMOCLES(2), edite par le C.D.R.P.C. (Centre de documentation et de recherche sur la paix et les conflits), ou se trouve rassemblee et organisee une documentation certainement unique sur les problemes de guerre, de paix, de militarisation et de desarmement.

    Patrice BOUVERET(1) II s'agit l& du contraire de la disinformation qui est

    pratiquee par le lobby militaro-industriel en France (N.D.L.R.)

    (2) DAMOCLES N° 32, Dossier « France-Kanaky, nouvelle guerre coloniale », 32 pages, 20 F., au C.D.R.P.C., B.P. 1027, 69201 Lyon.

    r O iO 8S

  • VIE DU MOUVEMENTNORD (59) Dunkerque

    Le groupe non violent Louis-Lecoin nous donne des nouvelles de ses activites:

    « Nous apportons toujours notre soutien moral a ceux qui passent en proces ou qui agissent pour la paix, les libertes, contre le nucleaire (Dominique Delpoux, Roman Bedor de Belau, declaration commune de I’A.P.R.I., motion contre le stockage de dechets radioactifs par I’A.N.D.R.A.).

    Pour la journee internationale de I’objection de conscience du 15 mai, nous avons envoye un courrier a quatre ambassadeurs et un communique de presse aux medias locaux.

    Les affiches U.P. reprendront bientot le chemin des panneaux d’affichage, apres les elections ; il en sera de meme pour les distributions de nos tracts d'information. »

    Pour tout contact, s'adresser: Groupe non violent Louis- Lecoin, 44 bis, rue de Normandie, 59240 Dunkerque.Valenciennes

    A I’occasion de leur participation a la journee internationale de I'objection de conscience, les militants ont fait paraitre un communique de presse dans la Voix du Nord. Ce communique invite les jeunes a se renseigner aupres de l’U.P. Valenciennes et en donne les coordonnees.

    Des contacts sont pris avec les municipalit y du Valenciennois auxquelles une lettre demandant que les conseils municipaux acceptent que les jeunes soient informes des modalites d’application du statut a ete adres- s6e.

    La « poussette » (voir U.P. d’avril) connaTt un certain succes et sortira de temps a autre.

    N'h6sitez pas a soutenir ce groupe dynami- que en contactant I’Union pacifiste du Valenciennois, B.P. 11, 59243 Quarouble.

    SEINE-MARITIME (76) Le HavreLa section nous a fait parvenir le bilan des

    activites de ces derniers mois :« Nous continuons a participer a la publica

    tion mensuelle de La Tribune du Havre, revue ecologiste et alternative.

    Nous avons appele et participe au rassem- blement antifasciste du 1ermai au Havre. Nous avons r6ussi a faire passer un communique dans la presse a cette occasion. II faut rappeler que ce rassemblement se situait cette annee au Havre dans un contexte parti- culier. En effet, de nombreux incidents ont emaille la campagne electorale de la part de militants ou sympathisants du Front national : agressions racistes contre des jeunes beurs a coups de battes de base-ball, agression contre des colleurs d’affiches de Juquin, agression contre des policiers syndicalistes reunis en congres au Havre. Enfin, dans ce climat de violence exacerbee un travailleur algerien a ete abattu devant chez lui...

    A I’occasion du 15 mai, nous avons envoye une lettre a Jaruzelski et a un de ses minis- tres. Nous avons egalement envoye un message de soutien a 9 militants pacifistes polo- nais. Nous avons ete interviewes par un jour- naliste de Radio France Normandie Rouen a ce sujet et des extraits sont passes dans les journaux de 7 et 8 h. »

    Pour participer aux activites du groupe, contacter: U.P. Le Havre, 4, residence du Manoir, Saint-Martin-du-Manoir, 76290 Monti- villiers.

    Usines de GuerreNous avons regu un courrier de Rene

    Jacobs, des Pavillons-sous-Bois, qui suggere d’inventorier toutes les usines qui travaillent pour la guerre en France et de les denoncer a I’opinion publique: « Des catastrophes comme celle qui est arrivee en Normandie devraient §tre largement repercutees par nos soins. Un fichier national doit etre etabli pour repertorier ces activites de mort, en faisant appel aux syndicalistes pacifistes (il y en a !) plut6t qu’aux syndicats». Notre camarade enumere ensuite les quelques usines qu’il connaTt, dans I’espoir qu’une action pacifiste soit entamee sur le plan local. Que les lec- teurs interesses veuillent bien nous contacter pour enrichir cet inventaire, que nous pour- rions publier dans nos colonnes.

    CEUX QUI NOUS QUITTENT• Roland MARIN, fidele abonne, ancien

    membre de la Communaute de I’Arche et de I’Action civique non violente, est decede le10 mai a I’age de 63 ans. Militant non violent,11 avait toujours apporte sa contribution solide au soutien des objecteurs.

    • Nous avons appris la disparition de Thierry LE GUENNEC, de Morlaix.

    • Encore une fidele de Liberte qui nous quitte, Lucienne GAROUSTE, du Lot-et- Garonne. Elle avait rejoint I’UP des le deces de Louis LECOIN.

    DESARMEMENT UNILATERAL

    Prone en France par Louis Lecoin, le desar- mement unilateral semble se frayer peu a peu un chemin dans les consciences de nos contemporains.

    Parmi les candidats a I’election presidentielle de mai 1988, M. Lajoinie, du parti communiste, demandait une diminution de 40 milliards des depenses militaires. Melle Laguiller, MM. Juquin, Waechter en sont aussi partisans et le disent.

    Un sondage de la television donne la ligne de partage : 42 % des Frangais seraient pour reduire les depenses d’armement et 42 % contre.

    Pour mieux faire avancer notre ideal d’une France sans armee, ne serait-il pas bon de constituer un groupe de travail regroupant tous les membres de I’U.P.F. qui le souhaitent pour:

    1 . recueillir le maximum de documentation sur les questions d'armement et de desarme- ment (informations a mettre a la disposition de tous),

    2. concevoir et entreprendre toutes actions visant a inciter nos concitoyens a imposer la reduction des depenses d'armement de la France.

    Une serie d’initiatives unilaterales de desar- mement engagerait enfin notre pays dans la voie de la paix. Cela ne vaut-il pas la peine d’unir nos volontes pacifistes ?

    Pour participer a ce groupe de travail, ecrire a Pierre RUFF, 139 rue Pelleport, 75020 Paris.

    Le secretariat de I’UPF sera ferme en aoOt. Les commandes de materiel qui parviendront apres le 10 juillet ne pourront etre satisfaites qu’en septem- bre.

    “AU COURS D’UNE VIE”La reproduction sur cassette video du film

    Au cours d ’une vie, permettra I’utilisation de ce document qui devient encore plus emou- vant.

    C’est en effet la possibility de retrouver sur son petit ecran, chez soi, entre amis, ces autres amis que furent Louis Lecoin, Henri Jeanson, Georges Brassens... et ceux qui sont heureusement encore la, Robert Jospin, Francis Lemarque, Mouloudji; et meme, au moment de la sortie du film Tu ne tueras point, Claude Autant-Lara, avant qu'il ne soit fascise, pardon fascine par I’oeil bleu de Jean- Marie...

    Je n’ai pas besoin de rappeler la richesse de ce film, Au cours d ’une vie, que beaucoup d'entre nous ont vu lors de nos rencontres (a la Mutualite par exemple) mais j'insiste sur le fait que la cassette video permet tres facile- ment de choisir une sequence, de s’arreter, de revenir sur une image, en bref de « feuille- ter » cette masse d’interviews. On peut alors commenter ou simplement partager son emotion meme avec des plus jeunes qui n’ont pas vecu la periode ou, par sa perilleuse greve de la faim, Louis arracha a de Gaulle un premier statut des objecteurs.

    En video on apprecie mieux les croquis et documents journalistiques, bien photographies, qui replacent la lutte pacifiste dans son contexte historique (avec les greves du debut du siecle, la grande boucherie de 14-18). On ecoute mieux aussi les chansons telles que le Plateau de Craonne (des mutlnes de 1917) ou les paroles d’espoir que Paul Paillette avait ecrites sur I’air du Temps des cerises et que chante Mouloudji avec tant de conviction.

    Francisca MARTINEZLes militants ou groupes qui souhaite-

    raient acquerir la cassette video peuvent I'obtenir en envoyant 250 F a I’UP.

    A ceux qui voudraient le louer pour une fete ou un debat nous demanderons une caution de 250 F qui leur sera rembours6e lors du retour, deduction faite de 60 F (location, port compris).

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    “MARSEILLAISE”On peut etre pacifiste sans que cela nous

    empeche d ’etre sportif. Alors, aussi vrai que je vous le dis, je me suis regale devant le petit ecran en voyant ces athletes evoluer sur les courts de Roland-Garros.

    Je ne voulais pas manquer la finale qui promettait un beau spectacle. Mais ma joie fut de courte duree car, avant le match, on a cru bon de faire chanter la Marseillaise, sans doute pour faire comprendre aux enfants de ceux qui se sont entre-tues, c’est-a-dire a ces athletes de la nouvelle generation, que nos dirigeants consideraient le sport comme un combat de tranchees.

    Car les paroles de cet hymne sont la pour reveiller la memoire de certains : « un sang impur abreuve nos sillons ». Drole de conception sportive !

    Ils ne savent pas que dans les veines de ces athletes, qu’ils soient frangais, allemands, hommes de couleur ou pas, coule un sang de meme couleur et pur. Faire supporter a ces jeunes la connerie de leurs peres, c’est tout simplement ignoble.

    Je sais que, lors d’une manifestation sportive internationale, I’hymne national est de rigueur, c’est entre dans les mceurs. Mais de la a en chanter les paroles guerrieres a des jeunes qui ne demandent qu’a se serrer la main apres leur combat sportif, il y a un fosse qu’il ne faut pas franchir.

    A bas la guerre et vive le sport!Raymond GUYVALLET

    Sport-Armee-Jeunesse

    Le dernier mercredi de mai, 200 jeunes de Savoie se sont retrouves au Roc Noir pour des epreuves enrichissantes sous la garde attentive des militaires du 13e B.C.A. Carnet de notes en main, chacun pouvait participer aux differents tests : athletisme, escalade, tir, comme on peut le voir sur la photo. Cette journee s’est deroulee dans la bonne humeur sous les yeux des responsables des differents etablissements scolaires de Chambery et des environs. Comme le dit Vincent Cau- det, qui nous transmet cette information, « en temps de paix, I’armee, elle, ne chome pas. II est revoltant de constater avec quelle impu- nite I’armee peut continuer son oeuvre de mort devant I’irresponsable indifference de tous ceux qui, demain, vont etre les cibles preferees. Quelle connerie ! »

    L 'epreuve de tir(photo Dauphine Libere)

    LES 105 PRINTEMPS

    DU PACIFISTENotre jeune ami Eugene BIZEAU vient de

    feter, le 29 mai 1988, ses 105 ans.Fortement enracine aux ceps de sa vigne

    tourangelle, le doyen de I’U.P.F. leve encore un verre de son petit vin a chaque enterre- ment de generaux (meme s’ils ne meurent pas dans leur lit).

    Fidele depuis I’age de 14 ans a son ideal libertaire et pacifiste, il ecrit toujours de tres beaux poemes qu’il mitonne dans la douceur de sa maison fleurie.

    II nous a promis un poeme pour ses 110 ans pour crier encore « guerre a la guerre ».

    p S n s .LdoexlLAXISME

    En bons Frangais que nous sommes, comment ne pas nous indigner de I’indulgence dont beneficient nombre de coupables: un ancien (et peut-etre futur) tortionnaire qui a pu briguer la candidature supreme ; un repre- sentant notoire d’une organisation criminelle dissoute qui poursuivait sa carriere de faus- saire, sous I’egide d un ministere, un prevari- cateur qui truquait pour ne pas payer ses impots.

    Qu’attend la justice ?... Oh ! pardon, ce dernier en etait le ministre.

    LOTERIE NATIONALELes elections sont choses instructives :

    celle du President est significative a cet egard :

    Premier tour: i«s vni* nr.n^«; si.r nhirar Barre, Le Pen assurent a la droite une forte majorite.

    Deuxieme tou r: Mitterrand est elu.Et pourtant les girouettes ne votent pas

    encore.II est vrai qu’existent de fraternels regle-

    ments de comptes entre Chaban qui se sou- vient de Giscard, Giscard qui se souvient de Barre, Barre qui se souvient de Chirac (avec des vice versa), sans parler de Le Pen qui aime bien faire chanter et rappeler son existence.

    Quelle purete, la politique !

    BONNES NOUVELLESL’inflation diminue, le pouvoir d’achat

    augmente, le chomage se resorbe.Peut-etre ne I’aviez-vous pas remarque,

    mais Chirac qui, malgre ses yeux en capote de fiacre, a la vue pergante, I’avait constate.

    Et grace a qui, tant de bienfaits ? A lui, pardi!

    II met aussi a son compte — comme faits d’armes patriotiques — la violation de la parole de la France a la Nouvelle-Zelande et les boucheries en Kanaky.

    Que I’on est fier d’etre Frangais, quand on regarde la tele !

    UN PITRECertes nous n’avons jamais pris le person-

    nage pour une lumiere, rendons-lui cette justice : il le porte sur son visage.

    Nous n’allons pas compter tous les impairs, les gaffes, les pataques qu’il seme comme les cailloux du Petit Poucet.

    Cependant ce grotesque vient de couron- ner les balourdises dont il emaille ses apparitions fernandelesques sur le petit ecran (pardon, Fernandel) par ce fleuron : « En matiere de racisme, je n’ai de legons a recevoir de personne ».

    Qui en douterait ? Du reste, personne n’a releve.

    ON TIRE CE QU’ON PEUTAu soir des legislatives, ces Messieurs

    etaient la pour nous assourdir de commentai- res ; elus, chefs de partis, journalistes, chacun tirait des enseignements, des conclusions...

    Quant au bas peuple des electeurs, il se contentera de tirer le diable par la queue.

    SUCREZ-VOUS VOUS-MEMESC’est un slogan publicitaire radiophonique

    et pas du tout, comme vous auriez pu le croire, celui d’un trafic de diamants, de petits benefices sur des livraisons d’armes ou sur des placements occultes chez des bijoutiers.

    Maurice LAISANT

  • OBJECTION INSOUMISSION DESERTIONMEN ONLY

    En vue d’une enquete sur les mille et une fagons d’eviter le service national, la Coordination de soutien aux refractaires fait appel au temoignage des lecteurs de I’Ll.P., et de leurs proches, qui se sont fait « reformer » bien qu’en excellente sante, merci !Anonymat garanti.

    Contacter la C.S.R., c/o C.L.O., B.P. 103, 75522 Paris Cedex 11, ou laisser vos coordonnees au repondeur: 43 03 62 03.

    IL EST ENFIN PARU !Tout sur la militarisation, la conscription et les differentes formes de refus. Un historique de I’objection, les revendications, les diverses luttes passees et actuelles avec, bien sur, le role qu’entend y jouer le Mouvement des Objecteurs de Conscience.Un guide pratique tres detaille : comment obtenir le statut ? Comment une association peut-elle accueillir des objecteurs ?Et puis les textes de loi, les resolutions de l'O.N.U., I'objection dans le monde, la situation en Kanaky, et une tonne d’adresses utiles.

    130 pages serrees (trop peut-etre ?), 50 F a commander au M.O.C., 24 rue Cremieux, 75012 Paris.

    Arenou dans la “Gazette du Palais”

    Les objecteurs fiches!Nous vous en avions parle : en

    fevrier le ministere des Affaires socia- les envoyait aux objecteurs incorpo- r6s en service civil au mois de mai suivant une circulaire les informant de la creation d'un fichier informati- que « destine a la gestion des objecteurs de conscience >>. La commission nationale Informatique et Liberte a demand^ que chaque objecteur donne expressement son accord pour que le ministere puisse le ficher. En reponse a une question du Mouvement des objecteurs de conscience (M.O.C.), le ministere a precise que les objecteurs ayant refuse de figurer au fichier... n'y figurent pas. Dont acte I

    Le M.O.C. insiste sur le fait que le ministere n’a pas le droit de ficher, ni de sanctionner, les objecteurs qui ne repondent pas a la demande d’autori- sation envoyee avec le dossier d’in- corporation. II tient egalement a votre disposition la lettre type de demande d’acces aux informations personnel- les susceptibles de figurer sur le fichier informatise du ministere.

    Le M.O.C. reaffirme enfin son opposition a I'existence de ce fichier, cree sans consultation prealable et qui represente en fait un nouveau fichage politique.

    A defaut de figurer dans les chroni- ques mondaines, nos insoumis ont encore trouve le moyen de se faire remarquer, bien involontairement sans doute : ils ont entrepris cette tache ingrate mais o combien glo- rieuse de mettre a jour le code penal. C’est ainsi qu’apres les arrets Sultot et Degre de la Cour de cassation fixant la competence des tribunaux de droit commun en temps de paix, on peut voir apparaTtre Arenou dans le « flash jurisprudence» de la Gazette du Palais, qui est aux hom- mes de loi parisien ce que Minute est aux beaufs. L'arret mentionne conclut a I'obligation de la presence d une autorisation des poursuites judiciaires signee par le ministere de la Defense. On se doute que les insoumis en question auraient prefere figurer ail- leurs que dans cet ouvrage. Quoi qu’il en soit, si vous etes jaloux de cette notoriete si facilement acquise, une seule solution : vous procurer le guide juridique de la C.S.R. (30 F, port compris, a la C.S.R., c/o C.L.O., B.P. 103, 75522 Paris Cedex 11).

    oHorville-Andreani: Etre ou ne pas etre... habilite(e)

    Le front des insoumis est plutot calme, le ministere des Affaires sociales s'etant replie sur des positions preparees a I’avance, autre- ment dit en deroute. Par exemple, lors du proces de Guy Jehan a Versailles, le 30 mai, apres un complement d ’information, il a trouve une reponse embarrassee a la question de savoir si « dame Horville-Andreani » etait habilitee a signer les ordres de route pour les objecteurs :

    1. dame Horville Andreani n’etait pas habilitee2. d’ailleurs elle n’en avait pas besoin...3. et puis de toutes fagons, main- tenant elle est habilitee I...

    oL’extreme-droite telephone aux refractaires

    Plus d’une centaine d'appels de nazillons : « les rats noirs », les « forces nationalistes de I'interieur» et meme les « forces males de I’inte- rieur », ont envahi pendant quelques jours le repondeur antimilitariste (4303 62 03).

    Les insultes manquent un peu d’imagination : « salauds », « ordures «, « soutien du F.L.N. casse » (ah ah ah !), « mauvais Frangais, vous coulez la France », « vous allez tous etres plastiques », « Rocard defend les bandits, ils sont tres bien en prison », « bande de salauds qui agis- sez contre votre propre pays »...

    Monsieur le President, je vous fais une lettre...

    Fideles a leur longue tradition, les editions Avis de Recherche ont lance une campagne de lettres-petitions au president de la Republique en vue de la loi d'amnistie et de la grace presidentielle. Celle-ci ne doit pas oublier les centaines de refractaires, anonymes ou non, actuellement poursuivis, emprisonnes, ou prives de leur emploi.

    On peut aussi telephoner a I'Ely- see et au ministere de la Justice pour s’inquieter de ce qui est prevu.

    Pour en savoir plus, contactez les editions Avis de Recherche, B.P. 53, 75861 Paris Cedex 18.

    oJournee internationale de I’objection

    A Paris, c'est le lundi 16 mai que nous avons marque cette journee de solidarite.

    Une trentaine de personnes se sont rassemblees pendant une heure devant I’ambassade de Pologne, autour de la banderole de I’U .P.: « objection de conscience, un droit pour I’homme ».

    Une lettre de solidarite envers les objecteurs polonais, signee par 17 organisations, a ete deposee a I’am- bassade.

    Le soir un debat etait organise a la CIMADE.

    - OGRECE

    Apres la promesse d’un statut, on demande encore beaucoup de patience aux objecteurs qui restent incarceres.

    Thanassis Makris a ete condamne le 26 mai a cinq ans de prison.

    Thanassis et Michalis Maragakis ont recommence une greve de la faim.

    Comite de soutien :- Arnoumai, Pavlou Mela 19,54662 Thessaloniki, Grece.- Eko, 10 Isavron, 11471 Athenes,Grece.

    oNicolas Dubourg (objecteur forclos) le bout du tunnel ?

    Nicolas Dubourg, arbitrairement detenu au camp de Suippes (Marne) depuis le 3 mars 1987, a ete dispense de peine par le tribunal de Reims (jugement du 6 mai 1988).

    Au mepris de cette decision de justice, I’armee le gardait dans ses cachots.

    Le 6 juin, le ministere de la Defense transmettait a Nicolas Dubourg un imprime a signer pour qu'il demande sa liberation anticipee (sic) au titre de soutien de famille.

    Le 8 juin, Nicolas decidait d'enta- mer une greve de la faim, alors que son comite de soutien multipliait les interventions aupres du president de la Republique.

    Le 9 juin, nous apprenions la liberation conditionnelle de notre ami qui sortait enfin de caserne, muni d’une permission jusqu’au 18 juillet (sa compagne aura accouche a cette date).

    Le comite de soutien a Nicolas Dubourg (c/o Sylvain Chiron, 52 rue Boulard, 51100 Reims) vous demande de rester vigilants car, tant qu’il n’a pas ete Iib6re de ses obligations militaires, I’armee peut continuer a le persecuter.

    FUTURS OBJECTEURSVous etes incorporable au service national le 1er aout 1988 : pensez a faire votre demande pour b6n6ficier du statut des objecteurs avant le 15 juillet dernier delai ! Envoyez une lettre recommand£e avec accuse de reception au ministre de la Defense, adressee au Bureau du service national regional dont vous dependez. Conformement aux dispositions de I’article L 116-1 de la loi 83-605 du 8.7.83, deciarez-vous « oppose a I’usage personnel des armes pour des motifs de conscience ».

    l e p o in t

    Gerard Caro, obj. ins., reiaxe le 6 mars k Montpellier, repassait, sur appel du parquet, le 31 mai. R6sultat 6 juillet.

    Jean-Pierre Cellier, objecteur d£serteur de la coordination « On arrete tou t», procfes le 17 juin au T.G.I. de Lyon.

    Franck Degre, obj.ins. (voir U.P. de juin). Complement d’infor- mation demande par ie tribunal sur la validity de I’ordre de route sign£ par dame Horville-Andreani. Situation identique pour ses complices : Laurent Morel, Gilles Moreau et Jean-paul Sultot.

    Nicolas Dubourg, objecteur forclos, voir ci-contre.

    Jean-Noel Etcheverry,insoumis total, a ete arrete a Bayonne le 29 mars, et conduit a la caserne de Mont-de-Marsan avant d’etre transfer a Bordeaux oil il a entame une greve de la faim.

    Alain Gaillard, obj. ins., pas- sera en proces a Paris le 15 sep- tembre.

    Bruno Guillore, obj. ins. depuis 1983, passait en proces le 16 mai.

    Jehan Guy, obj. ins., passait le 30 mai a Versailles, resultat le 13 juin (voir aussi ci-contre).

    Laurent Morel, obj. ins., voir Franck Degre.

    Gilles Moreau, obj. ins., voir aussi Franck Degre.

    Jean-Paul Sultot, obj. ins., voir encore Franck Degre !

    Nouvelles FraTches :Repondeur-enregistreur antimilitariste :

    43 03 62 03

  • Separation, telle est

    DOSSIER AFR

    I’essence meme de I’apartheid et sa traduction litterale.Voici maintenant 40 ans que cette separation entre trois millions de blancs, jouissant de tous les pouvoirs, et vingt-cinq millions de noirs, n’en ayant aucun, a ete legalisee.

    Triste anniversaire que celui d’une constitution dont i’esprit et la lettre sont le racisme a I’etat pur. Nelson Mandela, lui, fete en prison ses soixante-dix ans, dont vingt-quatre ans de detention.Les ouvrages sur I’Afrique du Sud ne manquent pas et, plutot qu’une nou- velle denonciation de son racisme odieux, nous avons prefere aller voir du cote de ceux qui travaillent a briser les racines meme de I’apartheid, ceux qui, dans ce pays en guerre, croient encore a la paix.

    L’ARMEE SUD-AFRICAINE (SADF) coute chaque jour 12 millions de rands a I’Afrique du sud, et chaque annee, les depenses militaires augmentent. Le budget de la Defense s’eleve a4 millions de rands, mais il re$oit aussi de I’argent emanant d’autres fonds gouvernementaux et de comptes bancaires secrets.

    Alors que la pauvrete touche un nombre considerable de Sud-Afri- cains, un cinquieme du budget continue a etre consacre aux militaires.

    L’arm6e a un role central dans les structures decisionnelles du gouvernement du pays. Les membres de la force armee sont deve- nus incroyablement influents dans la formation de la politique gouvernementale. Cela est clairement illustre par leur participation d des structures telles que le conseil de surete de I’Etat. C’e s f afnsi que non seulement les militaires sont la pour defendre les lois du pays, mais encore, ils participent directement a leur elaboration. La quasi-totalite de la vie sud-africaine est conditionnee par la militarisation d’une fagon ou d ’une autre. Que ce soit par la justification de la TVA qui finance l'armee, par la constante presence des uniformes militaires dans nos rues ou par la sinistre vision de tanks dans les townships, on nous rappelle en permanence combien notre societe est preparee pour cette guerre omnipresente.

    Ce sont la les realites que les jeunes d’Afrique du Sud doivent aujourd’hui affronter. Leur vie quotidienne est envahie par l'armee. Les jeunes Blancs doivent faire un service militaire et jouer un role dans cette guerre-la, que cela leur plaise ou non...

    Un projet d ’extension de la conscription aux jeunes Indiens est en vue. Deja, le bureau du Cap envoie des bulletins de recrutement tandis que des centaines de chomeurs se tournent vers I’armee, dans le desespoir de ne pas trouver de travail.

    Et dans les townships, des milliers de personnes sont confrontees a l'armee : occupation des batiments publics, perquisitions, tanks, vacarme, fusils...

    Au fur et a mesure des exactions militaires, de plus en plus de gens rejettent le role que ces derniers sont amenes a jouer. Un nombre croissant de conscrits choisissent I’exil ou I’objection de conscience plutot que servir dans une armee qui a leur avis, defend I’apartheid.

    Kevin Kline (Donald Woods) et Penzel Washington (Steve Bike) dans City Freedom. Voir page suivante.

    LA campagne pour I'abolition de la conscription a commenc6 a la fin de I’annee 1983 apres que le Black Sash ait lance un appel pour I’abolition de la conscription obligatoire lors de son assemblee annuelle. A I’epoque, nous avons pergu la campagne comme une reponse appropriee a la militarisation croissante de notre societe, au role que joue l'armee a I’interieur comme a I'exterieur du pays, et au fait que des jeunes Blancs sont obliges d’entrer a I’armee. Depuis 1983, la campagne s'est developpee de fagon considerable et le soutien que nous avons regu de groupes tres varies est fantastique. Nous avons egalement reussi a integrer dans des taches politiques, pour la premiere fois de leur vie parfois, un grand nombre d’individus n'appartenant a aucune organisation particuliere.

    Les raisons du soutien qui nous est apporte reposent de toute evidence sur la nature meme de I’ECC. Nous sommes reconnus pour notre creativity, notre energie, I’esprit de decision dont nous faisons preuve, et le fait que nous sommes devoues a ce que nous faisons.

    Ce qui est egalement important, c'est le fait qu'en tant que ECC, nous ne nous bornons pas a reclamer la fin de la conscription et le retrait des troupes de Namibie et des townships. Nous ne sommes pas que des “anti” quelque chose, nous offrons aussi aux gens une vision de societe nouvelle. Nous demandons une paix juste et nous developpons ce que nous enten- dons par le terme de PAIX.

    Ceci est particulierement important car il est necessaire que les gens realisent que nous ne nous contentons pas de combattre un systeme malfai- sant, mais que nous nous battons avant tout pour un systeme juste, et c’est ce qui rend notre travail bien plus gratifiant.

    La seconde raison pour laquelle I'ECC a obtenu un soutien aussi important reside dans le probleme meme de la conscription qui est en effet la manifestation la plus tangible de I’apartheid sur la vie de la commu- naute blanche. Et je pense que pour beaucoup, avoir a aller dans I’armee pour une duree effective de quatre ans, etre soumis a une forme de conditionnement deshumanisant est intolerable.

    Le fait qu’il soit possible de se faire tirer dessus, et I’idee aussi sombre d’avoir a tirer sur quelqu'un sont into- lerables. Cela, parce qu'ils compren- nent que lorsqu’ils rejoignent cette armee-la, ils prennent les armes con- tre le peuple namibien, contre leurs compatriotes sud-africains et qu’ils le font pour defendre la politique d’apar- theid. Et c’est la troisieme raison pour laquelle I’ECC a beneficie de ce soutien.

    Quand nous avons entame la campagne de I'ECC a la fin de I’annee 1983, l'armee etait deja entree dans les townships auparavant. Sharpeville en 1961, Soweto en 1976, pendant le boycott des ecoles en 1981, et nous disions alors que ga pourrait encore arriver. Mais je ne crois pas que qui- conque d’entre nous a reellement pre- dit a quel point.

    L'armee fait plus qu’apporter son soutien a la police comme la version officielle voudrait le faire croire. II y a eu de nombreux rapports quant a I’usage systematique des gaz lacry- mogenes et autres passages a tabac.

    A Uitenhague, l'armee a tue un jeune homme de 22 ans. Elle perquisi- tionne des I’aube, elle arrete les gens en vertu de la legislation sur les lais- sez-passer et les infractions au con- trole de population. II y a des townships a I’est du Cap qui sont virtuelle- ment sous occupation militaire.

    La presence de l'armee ne fait rien pour resoudre les conflits, au contrai- re, elle les exacerbe.

    L’ECC n’est pas une organisation politique, c’est un large coliectif consti- tue de groupes de jeunes, de femmes, de croyants qui nous rejoignent avec des aspirations politiques ou religieu- ses differentes. Ce qui les unit tient en quelques principes fondamentaux :

    — le premier est que le pretendu

    ennemi n'est pas un agresseur etran- ger inspire par Moscou mais bien les ennemis interieurs que sont le peuple sud-africain et le peuple namibien.

    — le deuxieme est que dans la mesure ou l'armee peut-etre appelee “force de defense", a I’interieur de I’Afrique du Sud, sa fonction premiere est de proteger et de maintenir la politique de I’apartheid. Magnus Malan (1) le disait clairement en 1978, lorsqu’il declarait que la SADF soutenait la politique du gouvernement, c'est-a- dire la politique mise en place par le docteur Verwoerd. (2).

    Le gouvernement sud-africain main- tient I'occupation illegale de la Nami-

    « La presence de l’armee ne fait rien pour resoudre les conflits, au contraire, elle les exacerbe »

    bie par la force grace a la SADF, la force territoriale du Sud-Ouest africain et la Koevoet (police namibienne). C’est la SADF qui est responsable de la creation de cette force. Le recit des atrocites commises par les soldats de la SADF et la Koevoet est tout bonne- ment horrible. II a ete prouve, aujourd'hui, par un tribunal, que des soldats de la Koevoet avaient ete dans des townships, en Namibie, qu’ils s’etaient deguises en combattants de la Swapo (3) et demandaient I’hospita- lite. Si on la leur accordait, ils reve- laient leur identite, rasaient le village et en tuaient les habitants. Si on refu- sait de les accueillir, ils gardaient leur deguisement et faisaient la meme chose.

    II est evident que la seule fagon de maintenir cette occupation est I’usage de la force. Comme de nombreux autres jeunes gens, je ne suis pas pret a participer a cela.

    Les souffrances qu’endure le peuple namibien sont tout simplement incroyables. Cent mille personnes ont ete contraintes a I'exil, et depuis le debut de cette guerre, plus de dix mille Namibiens ont ete tues.. En Afrique australe, en Angola, au Mozambique et dans d’autres pays, le gouvernement sud-africain a soutenu des organisations que I’on peut qualifier de terroristes et cela, au sens propre du terme. II existe des mouve-

  • Collection Number: AG1977

    END CONSCRIPTION CAMPAIGN (ECC)

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