Koulmig 20 Aout 2012

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PSA : CRISE AUTOMOBILE OU CRISE DU

PRODUCTIVISME ?

L'actualité nous donne des raisons de craindre pour l'avenirindustriel breton. Après le groupe agro-alimentaire Doux, c'est autour du groupe PSA d'annoncer un plan de restructurationconduisant à la disparition de 1400 emplois dans le bassin rennais.« Personne ne sera laissé au bord du chemin » a promis le patrondu groupe, Philippe Varin. Et pourtant, on a du mal à imaginer unavenir serein possible pour les salariés de l'automobile. L'UDBJeunes livre ici une réflexion qui fera sans aucun doute grincer desdents, mais qu'il faut aborder malgré tout.

L'actualité nous donne des raisons de craindrepour l'avenir industriel breton. Après le groupeagro-alimentaire Doux, c'est au tour dugroupe PSA d'annoncer un plan de

restructuration conduisant à la disparition de1400 emplois dans le bassin rennais.« Personne ne sera laissé au bord duchemin » a promis le patron du groupe,Philippe Varin. Et pourtant, on a du mal àimaginer un avenir serein possible pour lessalariés de l'automobile. L'UDB Jeunes livre iciune réflexion qui fera sans aucun doutegrincer des dents, mais qu'il faut abordermalgré tout.

Des voitures produites, mais nonvendues

Comment donc expliquer cette crise?L'explication du patron du groupe est claire:« sur les six premiers mois de l'année, lesventes de PSA ont chuté de 21,6% enFrance ». La France représente pourtant58% des ventes en 2011. Pour être plus clairencore, PSA est en surcapacité deproduction, autrement dit le constructeur

produit des voitures qui ne se vendent pas.

Pour relancer la filière industrielle, legouvernement Sarkozy avait, on s'en

souvient, créé une prime à la casse qui a eupour conséquence la mise au rebut dequantité de voitures en bon état et qui auraitpu avoir une deuxième vie sur le marché del'occasion. Le marché a donc connu uneaccalmie grâce à des aides - sous demultiples formes - de l'Etat, aides destinéesà faire face à la concurrence. Certainscroient encore que cette érosion des ventesn'est que conjoncturelle alors que nous la

voyons structurelle.

Une crise structurelle

Il ne s'agit pas pour nous de rester dans undogme étroit qui consisterait à prédire ladisparition de l'automobile. Tant quel'alternative au déplacement individuel n'existepas, l'automobile restera maîtresseincontestée et incontestable du transport.

Pire, c'est aujourd'hui la voiture qui corrige leseffets démographiques, économiques et

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sociaux de la centralisation ferroviaire,planifiée depuis Paris !

Point de dogme donc, mais des interrogations.Peut-on sérieusement faire comme si lefordisme était encore possible? Est-il cohérentde prôner une « reconversion écologique del'économie » et dans le même temps devouloir produire à tout prix au nom de la paixsociale? A force d'attendre encore et toujours,n'empire-t-on pas la situation, n'est-ce pasreculer pour mieux sauter? Comment soutenirau mieux les salariés visés tout en restantcohérent idéologiquement?

Premier constat: Rennes n'est pas le siège dePSA. C'est un site de production qui a faitnaître sur le territoire des dizaines de sous-

traitants (et accessoirement qui fait aussitravailler le port de Nantes-St Nazaire). Maisla prospective du groupe est ailleurs ! Le sitebreton n'est donc pas le coeur de l'entrepriseet il peut tout à fait être sacrifié sur l'autel dela rentabilité économique.

Des alternatives à moyen et long terme

A court terme, la solution résiderait dans lesystème allemand à savoir un chômagepartiel et une compensation des salaires parla puissance publique en contre-partie deplan de formation pour les salariés... le touten attendant des jours meilleurs car celasuppose que cette période soit transitoire.C'est la logique prônée par les politiques detout bord. Selon nous, cela s'appelleaccompagner socialement le déclin del'activité, inéluctable avec la concurrence etdes ménages déjà propriétaires de plusieursvoitures (selon l'INSEE, 34,5% des ménagessont déjà équipés de 2 voitures ou plus).

Si tant est que notre projet politique soit laréduction de la dépendance à l'automobile, ilfaut donc anticiper un déclin de la productionpour éviter de se retrouver avec desproblèmes sociaux légitimes comme ceux de

PSA. D'abord utiliser les capacités desouvriers disposant des savoir-faire pourformer la jeunesse. Mais aussi s'appuyer sur

ses propres forces et diversifier lesproductions.

Le gouvernement mise, via un système debonus-malus, sur le développement desvoitures dites « propres » (électriquesnotamment), mais il ne fera pas l'économied'une réflexion, un jour ou l'autre, sur laréduction du parc. Que fera PSA dans ce cas?

Avec le boom du transport collectif, destramways en particulier, avec la croissancedu TER et les besoins de transversales, nepourrait-il pas y avoir de connexion entrel'industrie automobile et l'industrieferroviaire? Et pourquoi pas avec l'industrienavale? Guillaume Pépy, le patron de laSNCF, a annoncé récemment qu'il allaitembaucher du personnel et que le profil des

ouvriers de PSA pouvait être intéressant. Nepeut-on pas imaginer que le groupe dédieune partie de l'outil industriel à la fabricationde trains, de métro, de tramway (2)?

Il faut créer des passerelles industrielles à lamanière de la coopérative basqueMondragon (3). Le secteur industriel doitfaire front commun, pas seulement enFrance, mais en Europe. Cela suppose un

pilotage politique, pas un laisser-faire...Si nous ne devions passer qu'un seulmessage, ce serait celui-ci: nier que lacroissance ne peut être infinie revient à joueravec la vie des salariés. Plutôt que degesticuler en attendant que la pressionmédiatique retombe et passe sous silence leslicenciements (en quelques années, 6000emplois ont déjà été supprimé chez PSA,dans le silence le plus total), mieux vaudraitengager des discussions rapides avec lessyndicats en vue de chercher des alternativesde production. Car l'âge d'or de la voitureprendra fin, tôt au tard. Ceux qui survivrontseront ceux qui auront su s'adapter...

1. http://oica.net/wp-content/uploads/ranking-2010.pdf

2. Trois constructeurs de rames de trainsse partagent un marché mondial:

Alstom (France), Bombardier (Canada)et Siemens (Allemagne).

3. http://fr.wikipedia.org/wiki/Corporation _Mondragon

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Des idées, des solutionsLa critique se devant d'être constructive et occasion de propositions, nous présentons ici nos idées concernant deux sujets en lien avec le thème du mois : la concurrence déloyale et la compétitivité.

Que faire face à la concurrencedéloyale?

On nous le répète comme une fatalité : lescoûts de production sont moins élevésailleurs. Il faut dire qu'un certain nombre depays membres de l'UE pratiquent un dumpingsocial qui, à court terme, leur fait gagner des

emplois, mais à long terme ne peutqu'appauvrir tous les travailleurs.

L'Irlande, malgré la crise, persiste à pratiquerune très basse fiscalité sur les grandsgroupes pour attirer leurs sièges, les ancienspays communistes sont tombés dans l'excèsinverse par rapport à l'URSS et se méfient duprincipe même de protection sociale... Ormarché commun doit s'accompagner derègles communes. A la fin de sonquinquennat, Nicolas Sarkozy avait tapé dupoing sur la table en exigeant plus defermeté face à l'immigration dans l'espaceShengen et en menaçant d'en sortir.

Pour nous, le problème de l'Europe n'estpas l'immigration mais la concurrencesociale et fiscale (pratiquée en France parla droite avec la coûteuse loi TEPA).Exigeons-donc comme condition d'accès àl'espace Schengen le respect d'un droit dutravail digne, d'un salaire minimum, d'unerèglementation commune sur les rejetsindustriels et d'un impôt minimum sur lessociétés ! Et instaurons à ses frontières unetaxe carbone sur les importations, pour queles patrons qui font faire à leurs produits letour de la planète en paient le vrai prix."

La compétitivité, une solution entrompe l'oeil

Les gouvernement se succèdent et avec euxles politiques de lutte contre lesdélocalisations. Leur point commun, pourl'instant: se concentrer sur la compétitivité.Nicolas Sarkozy avait instauré la TVA sociale

pour transférer une partie des charges dutravail vers la consommation; FrançoisHollande l'abroge et propose de faire passerquelques pourcents de cotisations patronalessur la CSG (Contribution Sociale Généralisée).

A supposer que ces petits ajustementssuffisent à créer le "choc de compétitivité"qui permettrait de rapatrier des emplois, etnotamment des emplois de l'industrieautomobile, des pays de l'Est vers la France...

Qu'y gagnerons-nous? Quelques mois, aumieux. Les autres pays ne tarderont pas àréduire leur propre "coût du travail" et lesdélocalisations reprendront. Au final, lesconditions de vie des salariés de tous lespays concernés se seront appauvries etpersonne n'y aura gagné le moindre emploi.Parce que la compétitivité n'est que l'aspectvisible de l'iceberg. Une heure de travail necoûte pas plus cher en France qu'en

Allemagne ! La cause profonde de la crise del'automobile, c'est que le marché est saturé .

Il faut produire moins, mieux sipossible, et, c'est inévitable, reconvertirune partie des travailleurs dans d'autresbranches.

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L'UDB Jeunes est le mouvement des jeunes de l'Uniondémocratique bretonne, un parti politique autonomiste, degauche et écologiste implanté en Bretagne. Créé en 2007, lemouvement a choisi pour sigle UDBy , tiré de son appellation en

langue bretonne : UDB Yaouank . Par leurs actions, les jeunes del'UDB entendent montrer qu'ils ne se préoccupent « passeulement de la langue bretonne ou de la réunification ». Ilssouhaitent « accompagner la nouvelle dynamique de l'UDB,

promouvoir ses idées, une façon différente de faire de la politique

Koulmig est une publication mensuelle del'UDB Jeunes entièrement réalisée par lesmilitant-e-s. Les photos utilisées sont libres dedroit.

N°20 - Août 2012, diffusion internet.

ISSN 2100-1987

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