Journal 4-2014

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Editeur responsable : Jérôme de Roubaix 5, chemin de Gabelle – 4500 HUY Bullen ESPERANZA T-M asbl. Trimestriel n° 4 - 2014 Belgique – Belgie P.P. ——————————————————- 4500 HUY P20 22 94 Que la esperanza no sea solo un futuro... ESPERANZA T.M. Votre parcipaon constue une aide précieuse: ESPERANZA TIERS-MONDE BE74 0000 2577 3607 Souper Saint-Valentin 14-02-2015 ————————————————————————- Marche Adeps 15-03-2015

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On termine l'année avec un numéro de notre journal combinant comme à notre habitude nouvelles de proches impliqués, nouvelles des pays au sens large et article de réflexion sur divers sujets de société (publicité et monnaie alternative cette fois-ci).

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Editeur responsable : Jérôme de Roubaix 5, chemin de Gabelle – 4500 HUY

Bulletin ESPERANZA T-M asbl. Trimestriel n° 4 - 2014

Belgique – Belgie

P.P. ——————————————————-

4500 HUY P20 22 94

Que la esperanza no sea solo un futuro... ESPERANZA T.M.

Votre participation

constitue une aide précieuse:

ESPERANZA TIERS-MONDE

BE74 0000 2577 3607

Souper

Saint-Valentin

14-02-2015

————————————————————————-

Marche Adeps

15-03-2015

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C

€ €

DANS CE JOURNAL

Edito p. 2

Nouvelles des initiatives péruviennes p. 3-5

Bolivie: enseignements de la réélection d’Evo p. 6-7

Pérou: paradoxe autour de l’écologie ! p. 8-9

Interview du directeur de Grufides p. 10-11

Valeureux liégeois (Boulettes à la liégeoise) p. 12-13

Grenoble, 1ère ville française sans pub ! p. 14

Hommage à un grand homme (Pepe Mùjica) p. 15

El rincon de cosas buenas p.16

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Castinaldo Vasquez – Bambamarca « Alcides Vasquez ». Ancien dirigeant de Rondes

Paysannes, actuelle cheville ouvrière de cet établissement d’enseignement alternatif :

N ous venons, au Pérou, de vivre une étape électorale

importante qui a donné quelques surprises (peut être

bonnes). Par exemple Edy Benavides1 a très largement gagné

la mairie provinciale de Hualgayoc-Bambamarca alors qu’il

était le président du ‘Front de Défense contre les mines’. Même

au niveau régional le populaire Goyo2, pourtant en prison a, lui

aussi, écrasé la concurrence pour diriger la Région

Cajamarca alors que sa popularité et sa

condamnation lui viennent de son combat sans trêve contre

les multinationales minières si puissantes dans

tout le département et au-delà.

Pour ce qui est du centre Alcides

Vasquez les nouvelles sont plutôt bonnes, puisque

nous avons une nouvelle directrice la sœur Rosita Vasquez, qui

fut une campesina active dans la paroisse et est native de la zone de Chugur ;

… puisque aussi nous avons 120 inscrits, eux-mêmes originaires du ‘campo’ et de ce fait

quelque peu ‘complexés par la réalité urbaine’ de Bambamarca. Il s’agit d’un thème que travaille

notre institution étant donné que nous avons parmi nos objectifs essentiels de faire en sorte de

préserver voir renforcer une identité paysanne et militante. Nous sommes confrontés à des

difficultés financières car trop peu d’élèves peuvent se permettre (pour des raisons économiques)

d’être pensionnaires chez nous malgré le faible niveau de la quote-part demandée. Or, l’internat

constitue une de nos forces, notamment pour des aspects de vie communautaire et de travail

bénévole. Ce dernier contribue à la fois à atteindre une certaine autosuffisance et à fournir sur le

terrain des formations manuelles concrètes (culture maraîchère, petit élevage, menuiserie,

cuisine, boulangerie, informatique et électricité).

Enfin notre ami Castinaldo se dit intéressé à poursuivre

l’expérimentation dans la zone d’un tourisme alternatif

proche du vécu des gens. Une première expérience avait

été menée, il y a deux ans, par deux couples amis

d’Esperanza, en compagnie de Claire et Jérôme.

῞Noticias de las iniciativas peruanas῞

2 Leader du Mouvement d’Affirmation Sociale – Gregorio Santos a obtenu

près de 50% des voix. Il est aujourd’hui en prison pour une affaire de pots de vin. Celui qui devrait assumer le poste de président régional est le nº 2

1 Leader du Mouvement Régional Luttons pour Cajamarca – représentant

des secteurs considérés ‘écologistes’.

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Rolando Estela – Cascas.

A près des remerciements aux marques d’affections reçues pour son

anniversaire, il nous donne quelques nouvelles de son travail dans cette paroisse périphérique du diocèse de Cajamarca, la plus proche de la côte (écartement décidé par un évêque plus proche des secteurs miniers que des paysans pauvres, sans doute jaloux de sa popularité et influence).

Quant à mon travail, à Cascas, je me sens de mois en mois, plus identifié à la cause des gens d’ici ! Je reconnais qu’au début mon transfert m’a énormément coûté, pas tant à cause de la situation tellement différente de ce que j’ai toujours connu en montagne, qu’à cause de ma brutale séparation imposée de tant de proches et d’un travail enthousiasmant de 15 années.

Cependant, après maintenant trois ans, je découvre beaucoup d’avantages à cette nouvelle insertion : alors que, à Cajamarca, je me sentais de plus en plus ″mangé″ par le travail strictement paroissial et cultuel (dire des messes, marier, confesser, enterrer), avec des gens qui m’appelaient de jour comme de nuit , ici je dispose de plus de temps pour vivre avec les gens (eux moins demandeurs de célébrations que de partage de leur vie quotidienne et de formations). En outre, nous sommes deux prêtres qui nous entendons et nous remplaçons mutuellement de manière parfaite, et puis, le climat chaud et ensoleillé ainsi que la nature, verte, riche et productive, sont pour moi un enchantement ! Revers de la médaille, rien n’est parfait, je suis très séparé de ma famille (frères, sœurs, neveux et nièces auxquels je tiens tant) et de ma terre d’origine, mon cher Chugur.

Pepe Távara – Carrabayllo ῞Inicitiva῞. Ami, directeur d’une école à pédagogie alternative dans ce quartier populaire du nord de la capitale. Il nous a partagé les enseignements tirés des résultats décevants des élections à Lima (où la tentative de réélection de Susana Villarán s’est soldée par un cuisant échec). Fort notamment de son expérience de conscientisation citoyenne et de formation de dirigeants populaires il souhaiterait mettre sur pied un cycle de formation citoyenne et politique à Carrabayllo pour jeunes. Il nous raconte : J’espère que vous allez bien en santé et en tout, vous comme les petits qui ne sont plus si petits. Je voudrais vous raconter qu’après les élections municipales avec les résultats catastrophiques que nous connaissons, nous sommes en train de nous réunir avec un groupe pour organiser un plan de capacitation et promouvoir le leadership de jeunes. Une des bonnes choses à retirer de ces élections es le nombre important de jeunes qui sont apparus sur les listes telles que ‘Restauración Nacional’ – ‘Frente Amplio’ – ‘Parti Humaniste’…

Nous souhaiterions (nous avons en fait commencé) inviter ces jeunes et d’autres à suivre un programme de formation politique. Il s’agirait en principe de 22 sessions avec des exposés, débats, études, ateliers, visites guidées à Lima, par exemple au local de l’Association Civile Transparence ou au Contrôleur Général de la République.

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3 S. Villarán n’a obtenu que 10% des voix contre 50% pour L. Castañeda.

4 Une description détaillée nous a été transmise. Nous en parlerons lors d’un prochain CA d’Esperanza et si la décision est prise de soutenir cette idée nous vous en détaillerons le contenu dans notre prochain journal.

* voir sur http://esperanza-tm.blogspot.be/ une carte du Pérou avec l’emplacement de ces 4 initiatives !

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Revenons sur le contexte de ces élections. Durant les mois d’août à octobre, la récente campagne municipale a été terriblement dure et a vu la bourgmestre sortante très malmenée, au point d’être, début novembre, très largement battue par Luis Castañeda. Déjà maire de Lima de 2003 à 2010, il avait la faveur de puissants médias et l’appui des principaux secteurs de la droite. Ce qui est décevant avec ces résultats c’est qu’ils confirment la prépondérance du jeu médiatique et de la comm sur le travail de fond honnête et avec un vision à long terme. Parmi les accents mis sur son premier mandat il faut souligner :

un combat dur mais plutôt fructueux pour

nettoyer les écuries d’Augias qu’étaient, en langage imagé, le transport public à Lima : un inextricable écheveau de petites compagnies privées de minibus, d’innombrables taxis, des lignes de bus plus anciennes fruit de décennies de ‘laisser-faire’ chaotique. Cela laisse place aujourd’hui à un ambitieux réseau de lignes régulières plus rapides et plus démocratiques. Il a fallu, non sans mal, sabrer dans de multiples mini-mafias de ‘transportistes’ privés.

un plan d’urbanisme à grande échelle avec notamment 2 mégas-projets (inachevés). Le premier est un réaménagement total du cours d’eau qui traverse la ville, le rio Rimac, transformé au fil du temps en sorte d’égout à ciel ouvert. Le deuxième consiste en un remaniement profond du front de mer jusque-là réduit à un circuit autoroutier. Du nom de Costa Verde cet immense projet qui a connu quelques couacs regrettables veut redonner vie et beauté à la bordure côtière de la capitale.

la valorisation de la culture et du patrimoine historique. Un de ses slogans était ‘Lima pour tous’ et mettait notamment un point d’honneur à organiser des interventions musicales, théâtrales et picturales tous les dimanches dans les rues du centre. Les efforts en la matière ont amené la désignation en 2014 de Lima comme Plaza Mayor de la Cultura Iberoamericana (reconnaissance attribuée par l’ensemble des capitales latino-américaines).

Depuis une vingtaine d’années il travaille avec passion avec les peuples de la forêt vierge à Yurimaguas (ville de 45 000 hab. sur le fleuve Huallaga, porte du nord de l’Amazonie). Cet été, plusieurs amis belges se sont cotisés pour lui payer un voyage en Europe. Ce fut l’occasion pour lui de se ressourcer, de retrouver de bons amis et aussi de voir pas mal de gens en Belgique et en Espagne pour tenter d’obtenir de l’aide pour continuer son travail d’éducation et formation populaire. Il écrit : ″Nous avons été occupés par 4 ateliers très intéressants : agriculture, couture, mécanique et menuiserie. La joie vient des fruits récoltés : les agriculteurs se spécialisent de plus en plus, ils ont maintenant réussi à fabriquer de l’huile à partir de trois fruits locaux, et savent préparer des pains de grande valeur ajoutée. Les couturiers ont dû batailler dur pour réussir des pantalons d’hommes mais y sont magnifiquement arrivés... Les menuisiers ont fabriqué des armoires à vêtements et, à la fin de l’atelier, ont pu en ramener fièrement, chacun une. Quant aux mécaniciens, ils ont travaillé ensemble à la façon d’installer de tels ateliers dans leurs communautés respectives de manière à faire bénéficier de ces nouvelles compétences la collectivité.

Après ces ateliers, une valorisation a été menée de l’utilisation faite et à venir des fonds reçus. La pluie est alors tombée avec une rare violence inondant tout notre centre. Malgré cela, nous avons réussi à élaborer un programme cadre de 2015 à 2018 qui m’a paru bon même si je dois encore le peaufiner. Avec les associations, nous avons décidé de travailler à une recompilation d’expériences et un partage d’informations. (...)

Le travail ne manque pas et me voilà reparti sur d’excellentes bases, après mes quelques mois passés en Europe″.

Jorge Velez -

Yurimaguas

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L a réélection d’Evo Morales dès le premier tour est-elle véritablement une surprise ?

Cette réélection n’est pas une surprise : tous les sondages et enquêtes d’opinions lui

donnaient une avance bien trop importante pour douter du résultat final. Ce qui est plus

surprenant en revanche, c’est qu’Evo Morales l’ait également emporté dans des départements qui sont

traditionnellement des fiefs de l’opposition et de la droite dure depuis sa 1ère élection en 2006 : il est

arrivé en tête dans 8 des 9 départements du pays (dont ceux de la Media Luna et notamment celui de

Santa Cruz). Seul le département de Beni lui a préféré Samuel Doria Medina (UD - Unité Démocrate).

Comment va-t-il pouvoir conforter les réformes sociales ? Comment va-t-il réussir à diversifier

l’économie nationale bolivienne encore trop dépendante des exportations de gaz et minerais ?

En sus de sa 3ème élection consécutive dès le premier tour, Evo Morales a également remporté une

large victoire législative en obtenant une majorité absolue au Parlement. Il conserve qui plus est sa

majorité des deux tiers - nécessaire pour toute modification de la Constitution - dans les deux

Chambres. *…+ Cette majorité législative va lui permettre de conforter l’orientation politique et le

programme économique et social de ce gouvernement, c’est-à-dire l’application d’un modèle

économique dit ″extractiviste″ qui, basé sur l’exploitation et l’exportation de matières premières,

permet tout à la fois l’insertion de la Bolivie à la mondialisation et de garantir de substantielles rentrées

financières dans les caisses de l’Etat. Ce modèle mise sur une importante redistribution des richesses

vers les couches les plus fragiles de la population.

Evo Morales a remporté cette élection en promettant la poursuite des programmes sociaux entamés

dès son premier mandat : depuis 2006, plus d’un million de Boliviens (soit 10% de la population du

pays) sont sortis de la pauvreté tandis que le niveau de vie moyen augmentait et que le chômage

diminuait. On peut donc présager qu’Evo Morales a des atouts pour réussir car il dispose des

conditions politiques pour le faire et parce que la configuration des rapports de force politiques a

évolué en sa faveur. Sa victoire dans des bastions tenus par la droite indique ainsi, en effet, une volonté

des élites économiques de normaliser leurs relations avec le gouvernement et de trouver, de façon

pragmatique, un mode de fonctionnement plus harmonieux avec lui et les institutions. Cette

normalisation des relations va immanquablement contribuer à diminuer les tensions et à renforcer un

peu plus le modèle de développement promu. Dans ce modèle, une partie des élites économiques et

financières comprend qu’elle peut occuper une place. Enfin, la question de la diversification de

l’économie bolivienne sera centrale tout au long de ce troisième mandat. Il est cependant encore trop

tôt pour répondre ou même émettre des hypothèses.

QUELS ENSEIGNEMENTS PEUT-ON TIRER DE LA RÉÉLECTION D’EVO MORALES ? (extraits d’une publication du CETRI – octobre 2014 – interview de Christophe Ventura)

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Est-ce que la Bolivie en a aujourd’hui les moyens ? La réponse est non selon les autorités. Est- ce

qu’elle doit peu à peu trouver ces moyens ? La réponse est indubitablement oui. La Bolivie de-

meure encore une petite économie, même si cette dernière a quadruplé en volume depuis 2006.

La réélection va-t-elle permettre à une Bolivie désormais pacifiée et stabilisée de normaliser

ses relations, y compris territoriales, avec ses voisins ?

Le très ancien conflit maritime qui oppose la Bolivie au Chili depuis la guerre du Pacifique (1879-

1883) est aujourd’hui l’objet d’un constant processus de dialogue compliqué entre les autorités

des deux pays, alternant entre tensions et apaisements. La Cour internationale de Justice de La

Haye a quant à elle été saisie l’année dernière par la Bolivie mais le Chili tente d’invalider cette

démarche et de faire déclarer la CIJ incompétente sur le dossier. *..+ Les enjeux de cette dispute

sont conséquents pour la Bolivie - le pays considère avoir perdu 400 kilomètres de côtes et

120 000 km2 de territoire - car elle pourrait récupérer un accès à la mer et ne plus être enclavée,

tout en obtenant un accès direct vers les marchés asiatiques.

Ce dialogue va se poursuivre

d’autant plus que ces deux pays

participent activement aux nou-

velles dynamiques d’intégration

régionale : UNASUR (Union des

Nations Sud-américaines) et

CELAC (Communauté d’Etats

d’Amérique Latine et Caraïbes)

notamment. Ces structures

constituent aujourd’hui l’éco-

système géopolitique des deux

pays. La Bolivie s’y implique

beaucoup et bénéficie en retour

d’une forte solidarité politique

des autres gouvernements

progressistes de la région

(Brésil, Equateur, Uruguay,

Venezuela). Cet environnement

déterminant contribue lui aussi

à la stabilité politique du pays.

Page 8: Journal 4-2014

L es dirigeants de la planète se retrouvent à Lima pour une nouvelle conférence sur le climat, un

an avant celle de Paris. Particulièrement menacé par le réchauffement, ce pays est pourtant loin

d’être exemplaire. Face aux mobilisations de la société civile et des peuples autochtones, le

gouvernement n’hésite pas à durcir la législation pour réprimer impunément toute contestation et

considère tout contestataire comme un ‘terruco’, un terroriste.

″En finir avec les promesses et passer aux actes″. Tel a été le message du président péruvien, Ollanta

Humala, le 23 septembre dernier, lors du sommet sur le climat, organisé par les Nations unies à New-York.

Le Pérou accueille jusqu’au 12 décembre la 20ème Conférence des Nations unies sur le changement

climatique (COP 20), un an avant le rassemblement de Paris. Le président péruvien a souligné l’importance

de l’événement, tout comme sa responsabilité : ″Aujourd’hui, c’est à mon tour de réunir l’alliance mondiale

la plus importante de l’histoire pour la défense de notre avenir, l’avenir de nos enfants, de nos peuples, de la

planète et pour la défense de la qualité de vie à laquelle nous aspirons toutes et tous″5. De belles intentions.

Car dans les faits, le Pérou est loin, très loin, d’agir dans la bonne direction.

Depuis son élection en 2011, le président Humala et ses différents gouvernements n’ont jamais fait de la

protection de l’environnement une priorité, au contraire. Alors que le Pérou est un des pays les plus

vulnérables au changement climatique, le gouvernement ne cesse de mettre en place des mesures

économiques destructrices. Il se dote également d’instruments juridiques lui permettant d’aller plus loin

dans sa stratégie de répression, face aux mobilisations croissantes contre les projets d’exploitation minière,

pétrolière, ou forestière, menés aux dépens des besoins de l’ensemble de la population.

Un ″permis de tuer″ face aux mobilisations sociales

Depuis janvier 2014, la police et l’armée ont reçu le feu vert pour mater les mobilisations par la force grâce

la promulgation d’une loi spéciale. Aucun policier ni militaire ne pourra être jugé s’il blesse ou tue une

personne. Ce qui renforce ainsi la culture de la violence d’État. Cette modification du code pénal a suscité

l’inquiétude de l’opinion publique ainsi que de la Defensoria del Pueblo, l’institution étatique chargée de la

protection et de la défense des droits humains). Au niveau international, l’Onu s’est prononcé pour son

annulation car les possibles conséquences sont dramatiques 6.

Dans un contexte où les conflits sociaux ne cessent de se multiplier, ce ″permis de tuer″ ouvre la porte à

une répression policière et militaire sans recours. Les bavures et l’impunité des forces de l’ordre pourraient

prendre une ampleur considérable puisque les conflits sociaux-environnementaux sont extrêmement

nombreux dans le pays. Rien qu’au

1er semestre 2014, 211 conflits ont

été répertoriés par le 14ème rapport

de l’Observatoire des conflits

miniers au Pérou. Bien qu’en baisse

par rapport aux années

précédentes, ce nombre reste

élevé. Et les craintes sont fortes

quant à la réactivation de nombre

d’entre eux, notamment au vu de la

récente approbation de mesures

PÉROU, QUAND CONFÉRENCE AU SOMMET SUR LE CLIMAT RIME AVEC RÉPRESSION DE MOUVEMENTS ÉCOLOGISTES

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Un sous-sol exploité à tout va

Le 3 juillet 2014, le Congrès a adopté le "Paquetazo", une série de

décrets visant à relancer l’économie. Car la croissance s’est ralentie :

elle n’est plus que de 4% en 2014, alors qu’elle atteignait les 8 à 9%

dans les années 2000. Les extraordinaires réserves du sous-sol

péruvien, exploitées à tout va, n’y font rien. Le Pérou, classé parmi les

cinq premiers producteurs mondiaux d’argent, de cuivre, de zinc,

d’étain, de plomb et d’or, subit l’actuelle baisse du prix des matières

premières (lire notre interview). Puisque les prix chutent, il faut

accroître les volumes, supprimer les freins à la croissance. Et permettre aux multinationales, parfois d’origine

française, d’exploiter encore un peu plus les ressources de l’Amazonie.

Ces récents décrets réduisent l’importance des études environnementales. Ils limitent les capacités d’action de

l’organisme en charge d’appliquer les sanctions environnementales (l’OEFA - Organismo de evaluación y

fiscalización ambiental) ; et ils retirent au ministère de l’Environnement la compétence de créer de zones

naturelles protégées pour la transférer au conseil des ministres, dominé par le ministère de l’Énergie et des mines.

Ces mesures ont été portées par l’ex-ministre de l’économie, remplacé le 14 septembre dernier par Alonso Segura,

un ancien directeur exécutif du FMI pour la région sud-américaine. Tout un symbole ! (…)

A l’image d’autres pays latino-américains, où sont arrivés au pouvoir des gouvernements dits "progressistes", la

priorité reste encore et toujours la croissance économique. Les désormais classiques accords de libre-échange

continuent à être signés, avec les États-Unis et l’Union européenne. Leur principe : limiter les barrières douanières

afin d’accentuer les échanges commerciaux avec le Pérou.

″À terme, les exportateurs de produits industriels ou de la pêche seront exonérés du paiement de tarifs douaniers et

les marchés des produits agricoles seront considérablement ouverts, explique la Commission européenne. À la fin

de la période de transition, les exportateurs de ces secteurs auront ainsi économisé plus de 500 millions d’euros,

rien qu’en droits de douane″. Si les échanges commerciaux s’accroissent, il y a fort à parier que la libéralisation de

ces secteurs ne contribuera pas à réduire les inégalités sociales et économiques au Pérou. Mais les intérêts de

l’Union européenne, eux, seront bien garantis.

Plus largement, le Pérou continue de soutenir sans réserve les projets destructeurs, via son Ministère de l’énergie

et des mines *4+. En mars 2014, il demandait la suppression des études d’impact environnemental pour les

exploitations d’hydrocarbures. Plus récemment encore, il a annoncé une future exploitation des gaz de schiste via

la fracturation hydraulique.

Une société civile qui se renforce

Face à l’inertie du gouvernement, la société civile se mobilise chaque fois davantage, comme par exemple à Puno,

où les communautés aymaras sont parvenues à geler l’exploitation de la mine de cuivre Santa Ana, opérée par

l’entreprise canadienne Bear Creek et qui a engagé une procédure d’arbitrage en août 2014. Ou encore à Espinar,

où des manifestations ont éclaté en 2012, afin de condamner la multinationale suisse de l’or, Xstrata pour la

contamination en métaux lourds des cours d’eau. Le maire d’Espinar s’était mobilisé et avait été condamné à deux

ans de prison, accusation déclarée nulle le 21 novembre dernier.

Alors que le contexte socio-économique démontre à quel point les enjeux environnementaux et climatiques sont

liés à l’égalité d’accès aux droits, le gouvernement continue à associer la protection de l’environnement à un

obstacle, voire à un danger : la COP 20 aura lieu au sein même du quartier général de l’armée péruvienne, le

Pentagonito, haut lieu de tortures et de disparitions lors du conflit armé... Tout un symbole !

Extrait de ″Bastamag″ (www.bastamag.net) - 08/12/14

5 Extrait du discours du Président Humala lors du Sommet sur le Climat des Nation unies, New-York, 23 sept. 2014.

6 Communiqué du Haut Commissariat aux droits de l’Homme des Nations Unies, 16 janvier 2014.

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I l n’est pas exagéré de considérer votre père comme un sage ?

Je suis très heureux d’entendre une telle affirmation. C’était

avant tout mon papa avec lequel j’ai grandi et eu la chance

d’apprendre énormément, de m’inspirer de son travail. Il avait

une façon particulière de comprendre le dialogue et l’interaction

entre les hommes et la nature. Un des principaux enjeux des

Andes du nord est celui de l’eau, de la relation avec la montagne

qui joue un rôle essentiel. Cette relation était primordiale aux yeux

des ancêtres, incas et pré-incas.

Face à la déforestation votre père prônait un projet de ″versants ″. En quoi cela consiste-t-il ?

Il s’agit d’imaginer un changement dans la couverture végétale afin de permettre à la montagne de

capter l’eau de pluie de façon plus efficace pour qu’elle ne ‘parte’ pas si vite. C’est une sorte

d’ingénierie afin d’utiliser toute la montagne pour capter l’eau en récupérant des savoirs ancestraux.

D’où son surnom de ″poncho verde″ ?

Oui, avec affection de nombreux amis l’appelaient ainsi. Il disait que les montagnes étaient nues et

qu’elles avaient froid. Il fallait donc les recouvrir d’une couverture verte, le poncho étant le nom des

couvertures utilisées dans les Andes pour se protéger du froid et de la pluie. C’est une forme

d’attention, d’affection et de relation positive envers la montagne. Prendre soin d’elle afin qu’elle

prenne soin de nous.

Pablo Sanchez, le sage, était considéré comme un pionnier en matière de développement durable.

Au-delà d’un pionnier était-il héritier de la sagesse ancestrale ?

C’est également mon impression. Avec toute une équipe il a fait en sorte de récupérer ce qui se

savait avant. Il est vrai que dans les années 60-70 le concept de développement durable n’était pas

encore si présent. Mais les intuitions de l’équipe de l’Université de Cajamarca où il travaillait

amenèrent à penser au-delà du court terme, en tenant compte des futures générations. Il avait une

phrase qu’il utilisait souvent : ῞Si quelqu’un veut vivre quelque part il doit y construire sa maison où il

va vivre et également mourir, la grande maison῞. Il disait que l’écologie est l’étude de notre maison

pour notre vie, notre mort et nos enfants. Une autre de ses phrases que j’ai toujours retenue est qu’il

faut « transformer les gouttes d’eau en grains de nourriture ». Cette métaphore est très intéressante

et signifie que l’eau est la clef pour la vie et l’agriculture. Il faut donc prendre soin de chaque goutte

d’eau comme un grain de nourriture. Il s’agit au fond d’établir une relation à long terme dans laquelle

on n’utilise pas la violence mais le dialogue et la rencontre entre le naturel et nous-mêmes en

comprenant qu’il n’y a pas de différence puisque l’être humain fait partie de la nature.

L’historien péruvien Alberto Flores Galindo signale qu’avec l’arrivée des Espagnols des milliers

d’hectares de terres agricoles ont été perdues, ce qui a coûté des décennies de travail aux

habitants. N’attachant de l’importance qu’à l’or et l’argent ils ont provoqué une vraie modification

de la nature du nord du pays. Pablo Sanchez a aussi étudié ce changement de l’environnement ?

Oui. Clairement les Espagnols n’avaient pas d’intérêt pour l’agriculture dans les Andes alors que les

populations avaient aménagé l’écosystème en fonction de l’agriculture avec notamment des

terrasses et des systèmes d’irrigation. Or la Conquista s’est articulée autour de la seule volonté

d’extraire des minerais. Inte

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Page 11: Journal 4-2014

Ce modèle reste celui qui prédomine aujourd’hui. La cohabitation avec la montagne n’importe pas, on dé-

truit le milieu, on laisse les dégâts aux habitants et on emmène les richesses à l’extérieur.

Il y a une harmonie dans la nature: une interrelation entre les forêts, les sols, l’eau, la température, le vent ?

Clairement, c’est ce que l’écologie nous enseigne aujourd’hui. Il y a une relation systémique entre les éléments.

Une altération de l’un a des conséquences sur les autres. En montagne cela est encore plus visible. Tout ce qui

se passe en amont a un impact en aval, un des principaux canaux de communication est l’eau.

Et quel impact a aujourd’hui le changement climatique, rend-t-il l’accès à l’eau plus difficile ?

Disons qu’il ne faut pas généraliser mais les événements extrêmes sont plus fréquents. C’est pourquoi l’idée de

‘semence et récolte d’eau’ est intéressante en sachant qu’une même recette ne peut être appliquée partout

de la même façon. Chaque endroit a ses spécificités et donc la clef est de savoir ce qui est judicieux comme in-

tervention pour chaque endroit. Par exemple planter des eucalyptus de façon extensive dans les Andes c’est

une erreur. Ces arbres captent trop d’eau mais dans certains cas spécifiques ils peuvent être intéressants. Idem

pour les pins et autres espèces. Chacune a ses particularités. Il en va de même pour les différentes techniques

d’ensemencement et récolte. L’important est d’être en dialogue avec le milieu.

Selon un sondage d’opinion 78% des cajamarquinos sont opposés au Projet minier Conga. Pensez-vous que

le président est prêt à passer au-dessus de cette volonté populaire ?

Malheureusement c’est ce qu’il semble. Le mécontentement populaire est manifeste mais le gouvernement

n’utilise que la répression. Ce qui nous inquiète c’est qu’aujourd’hui l’entreprise Yanacocha emploie directe-

ment la police et l’armée pour des actions de répression qui ont déjà coûté la vie à 5 personnes. Cette situation

est une érosion de la démocratie en transformant la police en garde du corps de l’entreprise privée.

Le gouvernement a signé et ratifié la loi de consultation préalable. Est-ce un argument que vous utilisez ?

C’est un des arguments importants des populations de Cajamarca comme d’autres populations andines ou

amazoniennes. Cette loi est intéressante mais n’est pas mise en pratique parce que les intérêts miniers passent

avant ceux des collectivités locales. Le développement économique prime sur tout le reste. De plus la discrimi-

nation est très forte, les villes, les classes moyennes se soucient assez peu du sort des populations andines.

Vous vous souvenez de la terrible métaphore du président Garcia qui évoquait El perro del hortelano pour par-

ler des communautés rurales. Ce chien est celui qui ne mange pas et ne laisse pas manger son maître. Cette

discrimination montre la façon méprisante dont sont considérés certains secteurs de la population péruvienne.

Page 12: Journal 4-2014

U n nouveau blog dont le nom vous

indiquera aisément où résident leurs

créatrices vient de voir le jour : ″Boulettes à la

liégeoise″ (boulettesalaliegeoise.blogspot.be).

Leur tout premier article a été consacré à la

nouvelle monnaie alternative ardente. Pour en

savoir plus n’hésitez pas à jeter un œil sur

valeureux.be. La liste des enseignes, sans cesse

croissante, des lieux où il est déjà utilisé est en

fin d’article. Et surtout n’ayez

plus peur et faites le pas, c’est

garanti sans risque hormis

celui de vous faire du bien et

de faire du bien autour de

vous !

La première fois qu’on a entendu

parler de l’Euro liégeois, on a cru

à une nouvelle intox réussie de

Nordpresse et on a ri sous cape -jusqu’à ce qu’on

en voit un de nos propres yeux et qu’il nous faille

nous rendre à l’évidence : non seulement l’Euro

liégeois existe mais en plus il s’appelle le Valeureux

et il peut servir de monnaie d’échange ailleurs que

sur un plateau de jeu de société. Intriguées – et

aussi un peu honteuses de ne pas l’avoir découvert

plus tôt-, on a décidé d’en apprendre un peu plus

sur cette unité monétaire révolutionnaire.

C’est en 2011 que l’idée de créer une monnaie

locale à Liège a germé dans la tête d’un petit

groupe de liégeois bien décidés à faire entrer leur

ville dans le mouvement des villes en transition.

Lancé en 2006 à Totnes (G-B) par Rob Hopkins, le

concept de Transition vise à passer ″de la

dépendance au pétrole à la résilience locale″,

autrement dit, à relocaliser l’économie. C’est le but

avoué des créateurs du Valeureux, qui

revendiquent un développement économique qui

booste l’économie local tout en étant respectueux

des personnes et de l’environnement. Cette volonté

de consommer localement et consciencieusement

se retrouve dans les commerces qui acceptent

d’être payés en Valeureux : de l’épicerie bio à la

librairie engagée en passant par l’asbl Barricade, la

liste des commerces participants se lit comme

l’annuaire du parfait bobo liégeois.

En tout, c’est 21 commerces 7 qui ont accepté de

jouer le jeu pour le moment – encore trop peu que

pour véritablement parler de ville en transition à

l’image de Totnes ou Brixton, mais déjà assez que

pour permettre à certains liégeois de changer leur

manière de consommer.

Pour Sarah, conseillère communale et fervente

supportrice des villes en transition, il était grand

temps que Liège saute le pas et qu’un système de

soutien à l’économie locale soit mis en place. Malgré

son enthousiasme, pas facile pour

autant de changer ses habitudes

du jour au lendemain : pour le

moment, les Valeureux lui servent

surtout à acheter son pain, mais

elle compte bien offrir des cadeaux

de Noël payés à 100% en monnaie

locale. Selon Sarah, utiliser le

Valeureux plutôt que l’Euro, c’est

une question de confiance : ″je sens que j'ai du

pouvoir quand je l'utilise. Si je donne un Valeureux à

un commerçant, je sais que cet argent ne partira pas

n'importe où pour que n’importe qui en fasse

n’importe quoi. Cet argent sera au service de

l'économie locale et pas de multinationales cotées en

bourse″. Même son de cloche du côté de Thomas, un

enseignant fort investi dans le réseau associatif

liégeois : pour lui, le Valeureux c’est ″une vraie

alternative créative, originale et efficace″.

Enthousiaste, il voit le Valeureux comme une

manière de contribuer à stimuler une autre

conception des échanges économiques, mieux à

même de ″créer du lien entre des initiatives digne

d'intérêt et promouvoir le commerce de proximité,

des produits locaux, conçus avec éthique et respect

de l'environnement″.

Séduites par le concept, on a voulu se procurer des

Valeureux pour tenter l’expérience de l’Euro liégeois.

Après avoir tenté sans succès de se faire rendre la

monnaie en Valeureux dans un des commerces

participants, on s’est vite remises de notre

déconvenue en faisant un détour par la librairie

Entre-Temps, seul guichet d’échange officiel pour le

moment. Un Valeureux équivalant à un Euro, pas

besoin de calculs compliqués, l’échange est facile et

rapide et à peine entrées dans la librairie que nous

voilà en possession de monnaie liégeoise.

Valeureux Liégeois

7 Désormais la liste s’est allongée à 26 endroits (ce ne sont pas tous des commerces)

et ce n’est qu’un début…

Page 13: Journal 4-2014

Surprise : les billets colorés représentant

Tchantchès et Nanesse semblent tout droit

sortis du Monopoly de Liège, et pourtant ! Que

ce soit chez Al Binète ou aux Chiroux, pas même

un haussement de sourcil quand on tend nos

Valeureux –par contre, nos drôles de billets

rouges et bleus suscitent questions et

émerveillement chez les novices de la monnaie

liégeoise.

Si le projet, lancé en juin dernier, n’en est qu’à

ses débuts, il faudra tout de même un vrai

engagement de la part des commerces et des

citoyens liégeois avant qu’on ne puisse

véritablement qualifier

Liège de ville en

transition.

A l’heure actuelle, le nombre de commerces

participants est trop restreint que pour

permettre un changement complet des

habitudes de consommation et un

remplacement de l’Euro par le Valeureux. Selon

Thomas, pourtant fort enthousiasmé par le

projet, un monopole du Valeureux en région

liégeoise reste peu probable à moins d’une

véritable ″rêve-olution″… mais si c’était ça,

justement, la solution pour relancer l’économie

de la région ?

Nous en tout cas, on est conquises par le projet

et on compte bien se mettre au rythme des

Valeureux liégeois…et vous ?

Boulettes à la liégeoise – 1er novembre 2014

Page 14: Journal 4-2014

H alte aux panneaux publicitaires ! La ville de Grenoble a décidé de sauter le pas. Elle ne reconduira pas

son contrat avec le groupe d’affichage et mobilier urbain JCDecaux, et ne lancera pas de nouvel appel

d’offre. A partir de janvier, plus de 300 panneaux seront démontés, conformément aux promesses de

campagne du nouveau maire Eric Piolle (Rassemblement citoyen de la gauche et des écologistes). Ces 2000 m2

d’espaces publicitaires seront remplacés par des arbres et par ″300 points d’affichage libre″.

Les nouveaux espaces d’expression permettront d’afficher des informations culturelles et associatives, ou de

favoriser l’expression d’opinion (citoyenne, politique, syndicale,...). ″Grenoble libère l’espace public″, titre le

dossier de presse de la municipalité. Mais la publicité ne disparaîtra pas encore complétement du paysage

urbain : le contrat de gestion des 1000 abribus par JCDecaux court jusqu’en 2019. Après cette date, la

publicité aura-t-elle encore droit de cité à Grenoble ?

Un acte criminel, estime Jacques Séguéla La décision de la ville a fait réagir le publicitaire Jacques Séguéla. ″Si la publicité ne servait à rien, ça se

saurait ! Il y a longtemps qu’on l’aurait supprimée. (...) L’affiche, c’est le dernier mètre avant l’achat. C’est un

des premiers stimulateurs de l’économie urbaine. Supprimer l’affichage, c’est vouloir assassiner le petit

commerce en ville″, s’indigne-t-il, dans une interview pour le site grenoblois Place Grenet. ″Je ne comprends

pas qu’un maire digne de ce nom prive les commerçants de ce stimulus indispensable. C’est criminel.″

Seules les très grandes entreprises et les

multinationales peuvent s’offrir de coûteuses

campagnes d’affichage, explique la municipalité. Elle a

par ailleurs voté un moratoire sur le développement

des grandes surfaces, pour défendre le commerce de

proximité. ″Je ne vois pas pourquoi maintenant seule la

culture aurait droit à la publicité (...) Si vous abaissez

l’envie d’acheter, vous courez directement vers la

déflation et in fine vers la fin du système″, poursuit

Jacques Séguéla. ″Ce n’est pas parce que les banques

ont fait sauter le système qu’il faut s’en prendre à

l’affichage″, ose même le publicitaire. ″Et puis, il y a

pour moi pire que cela. Méfions-nous des castrateurs

d’imaginaire ! C’est le début de toute dictature.″

A Grenoble, on reste plus pragmatique. Pour continuer à être rentable, la publicité urbaine doit franchir un

seuil et s’engager vers les écrans digitaux, puis vers la publicité télévisuelle dans la rue, explique la

municipalité (sur les écrans publicitaires numériques, lire ici). Une voie dans laquelle elle ne souhaite en aucun

cas s’engager. Le nouveau contrat n’aurait donc rapporté qu’au maximum 150 000 euros par an (contre

645 000 pour la précédente décennie).

Un manque à gagner en partie compensé par la baisse du budget ‘protocole’, qui a diminué de 190 000 euros

entre 2013 et 2014. En avril dernier,

les élus municipaux ont également

voté une baisse de 25% de leur

indemnités, permettant une économie

de près de 300 000 euros par an (1,7

million d’euros sur la totalité du

mandat). C’est quand même mieux

que du marketing !

GRENOBLE, PREMIÈRE VGRENOBLE, PREMIÈRE VILLE FRANÇAISE SANS PUB !ILLE FRANÇAISE SANS PUB ! (par Agnès Rousseaux – BASTAMAG – 24 novembre)

Page 15: Journal 4-2014

N ous avons sacrifié les anciens dieux

immatériels pour chanter les louanges du

Dieu Marché. Il se charge d’organiser l’économie, la

poli­tique, les habitudes et la vie, et va jusqu’à nous

financer, par carte bancaire et à crédit, l’apparence

du bonheur. Il semblerait que nous soyons nés dans

le seul but de consommer et consommer, et lorsque

ce n’est plus possible, la frustration, la pauvreté et

l’auto-exclusion nous gagnent. Une chose est vraie

aujourd’hui. Avec tant de gaspillage et une telle

accumulation de déchets, la mesure de l’empreinte

carbone, ainsi nommée par la science, révèle que si

l’humanité entière aspirait à vivre comme un nord-

américain moyen, nous aurions besoin de trois

planètes. (…)

Une civilisation contre la simplicité, contre la

sobriété, contre tous les cycles naturels, et, pire

encore, une civilisation contre la liberté de disposer

du temps de vivre les relations humaines, l’amour,

l’amitié, l’aventure, la solidarité, la famille. Une

civilisation contre le temps libre non rémunérateur

dont elle pourrait profiter pour contempler la

nature. Nous balayons des jungles authentiques et

replantons des jungles anonymes en béton. Nous

remédions à la sédentarité avec des tapis de course,

à l’insomnie avec des pilules et à la solitude avec de

l’électronique. (…)

La marche impétueuse de l’homme se poursuit pour

acheter et vendre tout ce qui existe. Pour innover et

négocier ce qui n’est pas négociable. Des

campagnes marketing font la promotion des

cimetières et des pompes funèbres, des maternités,

des parents, grands-parents, oncles et tantes, en

passant par les secrétaires, les voitures et les

vacances. Tout, absolument tout est un marché. De

nos jours, l’homme erre entre finances et ennui

routinier des bureaux climatisés. Il rêve continuel-

lement de vacances et de liberté. Il rêve continuel-

lement d’en finir avec les dettes, puis un jour, son

cœur lâche et adieu… (…)

Notre époque est prodigieusement révolutionnaire,

comme l'humanité n'en a pas connu d'autre, mais

sans conduite consciente ou simplement instinctive.

Moins encore avec une conduite Politique Organisée

parce que nous n'avons même pas eu de philosophie

‘précurseur’ importante. La cupidité qui a tant

poussé vers le progrès matériel, technique et

scientifique, paradoxalement nous précipite vers un

abîme brumeux. Une époque sans histoire et nous

restons sans yeux ni intelligence collective pour

continuer à coloniser et perpétuer en nous

transformant. Il semble que les choses acquièrent

autonomie et soumettent les hommes.

Pepe Mújica – ONU – 24/09/13

HOMMAGE À 1 GRAND HOMME: LE FUTUR-EX PRÉSIDENT URUGUAYEN PEPE MÚJICA (Extraits d’un de ses plus beaux discours à l’occasion de la fin son mandat présidentiel

8)

8 Tabaré Vasquez (déjà président entre 2005 et 2010), membre du même parti que Pepe Mújica, vient de remporter les élections et assumera donc la présidence à partir de mars 2015 pour les cinq années à venir.

Page 16: Journal 4-2014

Comme c’est le cas maintenant depuis de nombreuses années le groupe Esperanza de Beaufays organise un souper gastronomique entièrement au profit de notre association. L’occasion de dépasser la tournure souvent bien commerciale de cette fête de St

Valentin, de passer un bonne soirée tout en apportant votre soutien aux précieux efforts de collectivités au Pérou et en Boli-vie !

INTERNET…………………………………Zapping "Sale TTIP"

Le groupe Alter’actifs a organisé 6 décembre une soirée de

résistance créative contre le Traité de Libre Marché entre

l’UE et les USA, le TTIP (Transatlantic Trade and Investment

Partnership). A cette occasion un zapping a été monté et

présenté. Nous vous invitons à le découvrir et à le diffuser :

www.youtube.com/watch?v=BvlZv275kcY...

Sinon il vous suffit de taper ῞zapping sale TTIP῞!

MUSIQUE…..……………………………………..…"Anavantou"

La rencontre détonante entre les brésiliens du groupe Membrana, les belges de Turdus Philomelos et Nino Karvan autour du forró, qui retrouve de façon inattendue ses racines européennes pour une fête chaleureuse et métissée.

Membrana vient d’Aracaju, capitale de l'État de Sergipe et puise son inspiration dans les rythmes du Nordeste du Brésil: forró, maracatu et pifanos. accompagne les meilleurs

artistes de la région. Le chanteur Nino Karvan a rejoint ce trio au groove irrésistible avec son répertoire original et sa formidable présence scénique.

Turdus Philomelos, bien connu en Belgique par sa bonne humeur contagieuse, est le groupe formé autour de l'accordéoniste Julien de Borman. Ses compositions originales puisent dans les racines du folklore européen tout en glanant dans des registres aussi variés que le swing, le

14.02. 2015

samedi 14 février à 19h30 ‘Espace Beaufays’

(voie de l’Air Pur 227—Beaufays)

04.368.89.34 - [email protected]

"Souper Saint-Valentin Esperanza"

SORTIES SOLIDAIRES...

"Marche Adeps Esperanza" Là aussi j’imagine que vous attendez impatiemment de pouvoir cocher le jour dans votre nouvel agenda. Et bien allez-y:

dimanche 15 mars ‘Ecole communale d’Héron’

(Place communale 1 - Héron)

0475.466464