Journal 4-2014
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Editeur responsable : Jérôme de Roubaix 5, chemin de Gabelle – 4500 HUY
Bulletin ESPERANZA T-M asbl. Trimestriel n° 4 - 2014
Belgique – Belgie
P.P. ——————————————————-
4500 HUY P20 22 94
Que la esperanza no sea solo un futuro... ESPERANZA T.M.
Votre participation
constitue une aide précieuse:
ESPERANZA TIERS-MONDE
BE74 0000 2577 3607
Souper
Saint-Valentin
14-02-2015
————————————————————————-
Marche Adeps
15-03-2015
C
€
€ €
DANS CE JOURNAL
Edito p. 2
Nouvelles des initiatives péruviennes p. 3-5
Bolivie: enseignements de la réélection d’Evo p. 6-7
Pérou: paradoxe autour de l’écologie ! p. 8-9
Interview du directeur de Grufides p. 10-11
Valeureux liégeois (Boulettes à la liégeoise) p. 12-13
Grenoble, 1ère ville française sans pub ! p. 14
Hommage à un grand homme (Pepe Mùjica) p. 15
El rincon de cosas buenas p.16
Castinaldo Vasquez – Bambamarca « Alcides Vasquez ». Ancien dirigeant de Rondes
Paysannes, actuelle cheville ouvrière de cet établissement d’enseignement alternatif :
N ous venons, au Pérou, de vivre une étape électorale
importante qui a donné quelques surprises (peut être
bonnes). Par exemple Edy Benavides1 a très largement gagné
la mairie provinciale de Hualgayoc-Bambamarca alors qu’il
était le président du ‘Front de Défense contre les mines’. Même
au niveau régional le populaire Goyo2, pourtant en prison a, lui
aussi, écrasé la concurrence pour diriger la Région
Cajamarca alors que sa popularité et sa
condamnation lui viennent de son combat sans trêve contre
les multinationales minières si puissantes dans
tout le département et au-delà.
Pour ce qui est du centre Alcides
Vasquez les nouvelles sont plutôt bonnes, puisque
nous avons une nouvelle directrice la sœur Rosita Vasquez, qui
fut une campesina active dans la paroisse et est native de la zone de Chugur ;
… puisque aussi nous avons 120 inscrits, eux-mêmes originaires du ‘campo’ et de ce fait
quelque peu ‘complexés par la réalité urbaine’ de Bambamarca. Il s’agit d’un thème que travaille
notre institution étant donné que nous avons parmi nos objectifs essentiels de faire en sorte de
préserver voir renforcer une identité paysanne et militante. Nous sommes confrontés à des
difficultés financières car trop peu d’élèves peuvent se permettre (pour des raisons économiques)
d’être pensionnaires chez nous malgré le faible niveau de la quote-part demandée. Or, l’internat
constitue une de nos forces, notamment pour des aspects de vie communautaire et de travail
bénévole. Ce dernier contribue à la fois à atteindre une certaine autosuffisance et à fournir sur le
terrain des formations manuelles concrètes (culture maraîchère, petit élevage, menuiserie,
cuisine, boulangerie, informatique et électricité).
Enfin notre ami Castinaldo se dit intéressé à poursuivre
l’expérimentation dans la zone d’un tourisme alternatif
proche du vécu des gens. Une première expérience avait
été menée, il y a deux ans, par deux couples amis
d’Esperanza, en compagnie de Claire et Jérôme.
῞Noticias de las iniciativas peruanas῞
2 Leader du Mouvement d’Affirmation Sociale – Gregorio Santos a obtenu
près de 50% des voix. Il est aujourd’hui en prison pour une affaire de pots de vin. Celui qui devrait assumer le poste de président régional est le nº 2
1 Leader du Mouvement Régional Luttons pour Cajamarca – représentant
des secteurs considérés ‘écologistes’.
Rolando Estela – Cascas.
A près des remerciements aux marques d’affections reçues pour son
anniversaire, il nous donne quelques nouvelles de son travail dans cette paroisse périphérique du diocèse de Cajamarca, la plus proche de la côte (écartement décidé par un évêque plus proche des secteurs miniers que des paysans pauvres, sans doute jaloux de sa popularité et influence).
Quant à mon travail, à Cascas, je me sens de mois en mois, plus identifié à la cause des gens d’ici ! Je reconnais qu’au début mon transfert m’a énormément coûté, pas tant à cause de la situation tellement différente de ce que j’ai toujours connu en montagne, qu’à cause de ma brutale séparation imposée de tant de proches et d’un travail enthousiasmant de 15 années.
Cependant, après maintenant trois ans, je découvre beaucoup d’avantages à cette nouvelle insertion : alors que, à Cajamarca, je me sentais de plus en plus ″mangé″ par le travail strictement paroissial et cultuel (dire des messes, marier, confesser, enterrer), avec des gens qui m’appelaient de jour comme de nuit , ici je dispose de plus de temps pour vivre avec les gens (eux moins demandeurs de célébrations que de partage de leur vie quotidienne et de formations). En outre, nous sommes deux prêtres qui nous entendons et nous remplaçons mutuellement de manière parfaite, et puis, le climat chaud et ensoleillé ainsi que la nature, verte, riche et productive, sont pour moi un enchantement ! Revers de la médaille, rien n’est parfait, je suis très séparé de ma famille (frères, sœurs, neveux et nièces auxquels je tiens tant) et de ma terre d’origine, mon cher Chugur.
Pepe Távara – Carrabayllo ῞Inicitiva῞. Ami, directeur d’une école à pédagogie alternative dans ce quartier populaire du nord de la capitale. Il nous a partagé les enseignements tirés des résultats décevants des élections à Lima (où la tentative de réélection de Susana Villarán s’est soldée par un cuisant échec). Fort notamment de son expérience de conscientisation citoyenne et de formation de dirigeants populaires il souhaiterait mettre sur pied un cycle de formation citoyenne et politique à Carrabayllo pour jeunes. Il nous raconte : J’espère que vous allez bien en santé et en tout, vous comme les petits qui ne sont plus si petits. Je voudrais vous raconter qu’après les élections municipales avec les résultats catastrophiques que nous connaissons, nous sommes en train de nous réunir avec un groupe pour organiser un plan de capacitation et promouvoir le leadership de jeunes. Une des bonnes choses à retirer de ces élections es le nombre important de jeunes qui sont apparus sur les listes telles que ‘Restauración Nacional’ – ‘Frente Amplio’ – ‘Parti Humaniste’…
Nous souhaiterions (nous avons en fait commencé) inviter ces jeunes et d’autres à suivre un programme de formation politique. Il s’agirait en principe de 22 sessions avec des exposés, débats, études, ateliers, visites guidées à Lima, par exemple au local de l’Association Civile Transparence ou au Contrôleur Général de la République.
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3 S. Villarán n’a obtenu que 10% des voix contre 50% pour L. Castañeda.
4 Une description détaillée nous a été transmise. Nous en parlerons lors d’un prochain CA d’Esperanza et si la décision est prise de soutenir cette idée nous vous en détaillerons le contenu dans notre prochain journal.
* voir sur http://esperanza-tm.blogspot.be/ une carte du Pérou avec l’emplacement de ces 4 initiatives !
Revenons sur le contexte de ces élections. Durant les mois d’août à octobre, la récente campagne municipale a été terriblement dure et a vu la bourgmestre sortante très malmenée, au point d’être, début novembre, très largement battue par Luis Castañeda. Déjà maire de Lima de 2003 à 2010, il avait la faveur de puissants médias et l’appui des principaux secteurs de la droite. Ce qui est décevant avec ces résultats c’est qu’ils confirment la prépondérance du jeu médiatique et de la comm sur le travail de fond honnête et avec un vision à long terme. Parmi les accents mis sur son premier mandat il faut souligner :
un combat dur mais plutôt fructueux pour
nettoyer les écuries d’Augias qu’étaient, en langage imagé, le transport public à Lima : un inextricable écheveau de petites compagnies privées de minibus, d’innombrables taxis, des lignes de bus plus anciennes fruit de décennies de ‘laisser-faire’ chaotique. Cela laisse place aujourd’hui à un ambitieux réseau de lignes régulières plus rapides et plus démocratiques. Il a fallu, non sans mal, sabrer dans de multiples mini-mafias de ‘transportistes’ privés.
un plan d’urbanisme à grande échelle avec notamment 2 mégas-projets (inachevés). Le premier est un réaménagement total du cours d’eau qui traverse la ville, le rio Rimac, transformé au fil du temps en sorte d’égout à ciel ouvert. Le deuxième consiste en un remaniement profond du front de mer jusque-là réduit à un circuit autoroutier. Du nom de Costa Verde cet immense projet qui a connu quelques couacs regrettables veut redonner vie et beauté à la bordure côtière de la capitale.
la valorisation de la culture et du patrimoine historique. Un de ses slogans était ‘Lima pour tous’ et mettait notamment un point d’honneur à organiser des interventions musicales, théâtrales et picturales tous les dimanches dans les rues du centre. Les efforts en la matière ont amené la désignation en 2014 de Lima comme Plaza Mayor de la Cultura Iberoamericana (reconnaissance attribuée par l’ensemble des capitales latino-américaines).
Depuis une vingtaine d’années il travaille avec passion avec les peuples de la forêt vierge à Yurimaguas (ville de 45 000 hab. sur le fleuve Huallaga, porte du nord de l’Amazonie). Cet été, plusieurs amis belges se sont cotisés pour lui payer un voyage en Europe. Ce fut l’occasion pour lui de se ressourcer, de retrouver de bons amis et aussi de voir pas mal de gens en Belgique et en Espagne pour tenter d’obtenir de l’aide pour continuer son travail d’éducation et formation populaire. Il écrit : ″Nous avons été occupés par 4 ateliers très intéressants : agriculture, couture, mécanique et menuiserie. La joie vient des fruits récoltés : les agriculteurs se spécialisent de plus en plus, ils ont maintenant réussi à fabriquer de l’huile à partir de trois fruits locaux, et savent préparer des pains de grande valeur ajoutée. Les couturiers ont dû batailler dur pour réussir des pantalons d’hommes mais y sont magnifiquement arrivés... Les menuisiers ont fabriqué des armoires à vêtements et, à la fin de l’atelier, ont pu en ramener fièrement, chacun une. Quant aux mécaniciens, ils ont travaillé ensemble à la façon d’installer de tels ateliers dans leurs communautés respectives de manière à faire bénéficier de ces nouvelles compétences la collectivité.
Après ces ateliers, une valorisation a été menée de l’utilisation faite et à venir des fonds reçus. La pluie est alors tombée avec une rare violence inondant tout notre centre. Malgré cela, nous avons réussi à élaborer un programme cadre de 2015 à 2018 qui m’a paru bon même si je dois encore le peaufiner. Avec les associations, nous avons décidé de travailler à une recompilation d’expériences et un partage d’informations. (...)
Le travail ne manque pas et me voilà reparti sur d’excellentes bases, après mes quelques mois passés en Europe″.
Jorge Velez -
Yurimaguas
L a réélection d’Evo Morales dès le premier tour est-elle véritablement une surprise ?
Cette réélection n’est pas une surprise : tous les sondages et enquêtes d’opinions lui
donnaient une avance bien trop importante pour douter du résultat final. Ce qui est plus
surprenant en revanche, c’est qu’Evo Morales l’ait également emporté dans des départements qui sont
traditionnellement des fiefs de l’opposition et de la droite dure depuis sa 1ère élection en 2006 : il est
arrivé en tête dans 8 des 9 départements du pays (dont ceux de la Media Luna et notamment celui de
Santa Cruz). Seul le département de Beni lui a préféré Samuel Doria Medina (UD - Unité Démocrate).
Comment va-t-il pouvoir conforter les réformes sociales ? Comment va-t-il réussir à diversifier
l’économie nationale bolivienne encore trop dépendante des exportations de gaz et minerais ?
En sus de sa 3ème élection consécutive dès le premier tour, Evo Morales a également remporté une
large victoire législative en obtenant une majorité absolue au Parlement. Il conserve qui plus est sa
majorité des deux tiers - nécessaire pour toute modification de la Constitution - dans les deux
Chambres. *…+ Cette majorité législative va lui permettre de conforter l’orientation politique et le
programme économique et social de ce gouvernement, c’est-à-dire l’application d’un modèle
économique dit ″extractiviste″ qui, basé sur l’exploitation et l’exportation de matières premières,
permet tout à la fois l’insertion de la Bolivie à la mondialisation et de garantir de substantielles rentrées
financières dans les caisses de l’Etat. Ce modèle mise sur une importante redistribution des richesses
vers les couches les plus fragiles de la population.
Evo Morales a remporté cette élection en promettant la poursuite des programmes sociaux entamés
dès son premier mandat : depuis 2006, plus d’un million de Boliviens (soit 10% de la population du
pays) sont sortis de la pauvreté tandis que le niveau de vie moyen augmentait et que le chômage
diminuait. On peut donc présager qu’Evo Morales a des atouts pour réussir car il dispose des
conditions politiques pour le faire et parce que la configuration des rapports de force politiques a
évolué en sa faveur. Sa victoire dans des bastions tenus par la droite indique ainsi, en effet, une volonté
des élites économiques de normaliser leurs relations avec le gouvernement et de trouver, de façon
pragmatique, un mode de fonctionnement plus harmonieux avec lui et les institutions. Cette
normalisation des relations va immanquablement contribuer à diminuer les tensions et à renforcer un
peu plus le modèle de développement promu. Dans ce modèle, une partie des élites économiques et
financières comprend qu’elle peut occuper une place. Enfin, la question de la diversification de
l’économie bolivienne sera centrale tout au long de ce troisième mandat. Il est cependant encore trop
tôt pour répondre ou même émettre des hypothèses.
QUELS ENSEIGNEMENTS PEUT-ON TIRER DE LA RÉÉLECTION D’EVO MORALES ? (extraits d’une publication du CETRI – octobre 2014 – interview de Christophe Ventura)
Est-ce que la Bolivie en a aujourd’hui les moyens ? La réponse est non selon les autorités. Est- ce
qu’elle doit peu à peu trouver ces moyens ? La réponse est indubitablement oui. La Bolivie de-
meure encore une petite économie, même si cette dernière a quadruplé en volume depuis 2006.
La réélection va-t-elle permettre à une Bolivie désormais pacifiée et stabilisée de normaliser
ses relations, y compris territoriales, avec ses voisins ?
Le très ancien conflit maritime qui oppose la Bolivie au Chili depuis la guerre du Pacifique (1879-
1883) est aujourd’hui l’objet d’un constant processus de dialogue compliqué entre les autorités
des deux pays, alternant entre tensions et apaisements. La Cour internationale de Justice de La
Haye a quant à elle été saisie l’année dernière par la Bolivie mais le Chili tente d’invalider cette
démarche et de faire déclarer la CIJ incompétente sur le dossier. *..+ Les enjeux de cette dispute
sont conséquents pour la Bolivie - le pays considère avoir perdu 400 kilomètres de côtes et
120 000 km2 de territoire - car elle pourrait récupérer un accès à la mer et ne plus être enclavée,
tout en obtenant un accès direct vers les marchés asiatiques.
Ce dialogue va se poursuivre
d’autant plus que ces deux pays
participent activement aux nou-
velles dynamiques d’intégration
régionale : UNASUR (Union des
Nations Sud-américaines) et
CELAC (Communauté d’Etats
d’Amérique Latine et Caraïbes)
notamment. Ces structures
constituent aujourd’hui l’éco-
système géopolitique des deux
pays. La Bolivie s’y implique
beaucoup et bénéficie en retour
d’une forte solidarité politique
des autres gouvernements
progressistes de la région
(Brésil, Equateur, Uruguay,
Venezuela). Cet environnement
déterminant contribue lui aussi
à la stabilité politique du pays.
L es dirigeants de la planète se retrouvent à Lima pour une nouvelle conférence sur le climat, un
an avant celle de Paris. Particulièrement menacé par le réchauffement, ce pays est pourtant loin
d’être exemplaire. Face aux mobilisations de la société civile et des peuples autochtones, le
gouvernement n’hésite pas à durcir la législation pour réprimer impunément toute contestation et
considère tout contestataire comme un ‘terruco’, un terroriste.
″En finir avec les promesses et passer aux actes″. Tel a été le message du président péruvien, Ollanta
Humala, le 23 septembre dernier, lors du sommet sur le climat, organisé par les Nations unies à New-York.
Le Pérou accueille jusqu’au 12 décembre la 20ème Conférence des Nations unies sur le changement
climatique (COP 20), un an avant le rassemblement de Paris. Le président péruvien a souligné l’importance
de l’événement, tout comme sa responsabilité : ″Aujourd’hui, c’est à mon tour de réunir l’alliance mondiale
la plus importante de l’histoire pour la défense de notre avenir, l’avenir de nos enfants, de nos peuples, de la
planète et pour la défense de la qualité de vie à laquelle nous aspirons toutes et tous″5. De belles intentions.
Car dans les faits, le Pérou est loin, très loin, d’agir dans la bonne direction.
Depuis son élection en 2011, le président Humala et ses différents gouvernements n’ont jamais fait de la
protection de l’environnement une priorité, au contraire. Alors que le Pérou est un des pays les plus
vulnérables au changement climatique, le gouvernement ne cesse de mettre en place des mesures
économiques destructrices. Il se dote également d’instruments juridiques lui permettant d’aller plus loin
dans sa stratégie de répression, face aux mobilisations croissantes contre les projets d’exploitation minière,
pétrolière, ou forestière, menés aux dépens des besoins de l’ensemble de la population.
Un ″permis de tuer″ face aux mobilisations sociales
Depuis janvier 2014, la police et l’armée ont reçu le feu vert pour mater les mobilisations par la force grâce
la promulgation d’une loi spéciale. Aucun policier ni militaire ne pourra être jugé s’il blesse ou tue une
personne. Ce qui renforce ainsi la culture de la violence d’État. Cette modification du code pénal a suscité
l’inquiétude de l’opinion publique ainsi que de la Defensoria del Pueblo, l’institution étatique chargée de la
protection et de la défense des droits humains). Au niveau international, l’Onu s’est prononcé pour son
annulation car les possibles conséquences sont dramatiques 6.
Dans un contexte où les conflits sociaux ne cessent de se multiplier, ce ″permis de tuer″ ouvre la porte à
une répression policière et militaire sans recours. Les bavures et l’impunité des forces de l’ordre pourraient
prendre une ampleur considérable puisque les conflits sociaux-environnementaux sont extrêmement
nombreux dans le pays. Rien qu’au
1er semestre 2014, 211 conflits ont
été répertoriés par le 14ème rapport
de l’Observatoire des conflits
miniers au Pérou. Bien qu’en baisse
par rapport aux années
précédentes, ce nombre reste
élevé. Et les craintes sont fortes
quant à la réactivation de nombre
d’entre eux, notamment au vu de la
récente approbation de mesures
PÉROU, QUAND CONFÉRENCE AU SOMMET SUR LE CLIMAT RIME AVEC RÉPRESSION DE MOUVEMENTS ÉCOLOGISTES
Un sous-sol exploité à tout va
Le 3 juillet 2014, le Congrès a adopté le "Paquetazo", une série de
décrets visant à relancer l’économie. Car la croissance s’est ralentie :
elle n’est plus que de 4% en 2014, alors qu’elle atteignait les 8 à 9%
dans les années 2000. Les extraordinaires réserves du sous-sol
péruvien, exploitées à tout va, n’y font rien. Le Pérou, classé parmi les
cinq premiers producteurs mondiaux d’argent, de cuivre, de zinc,
d’étain, de plomb et d’or, subit l’actuelle baisse du prix des matières
premières (lire notre interview). Puisque les prix chutent, il faut
accroître les volumes, supprimer les freins à la croissance. Et permettre aux multinationales, parfois d’origine
française, d’exploiter encore un peu plus les ressources de l’Amazonie.
Ces récents décrets réduisent l’importance des études environnementales. Ils limitent les capacités d’action de
l’organisme en charge d’appliquer les sanctions environnementales (l’OEFA - Organismo de evaluación y
fiscalización ambiental) ; et ils retirent au ministère de l’Environnement la compétence de créer de zones
naturelles protégées pour la transférer au conseil des ministres, dominé par le ministère de l’Énergie et des mines.
Ces mesures ont été portées par l’ex-ministre de l’économie, remplacé le 14 septembre dernier par Alonso Segura,
un ancien directeur exécutif du FMI pour la région sud-américaine. Tout un symbole ! (…)
A l’image d’autres pays latino-américains, où sont arrivés au pouvoir des gouvernements dits "progressistes", la
priorité reste encore et toujours la croissance économique. Les désormais classiques accords de libre-échange
continuent à être signés, avec les États-Unis et l’Union européenne. Leur principe : limiter les barrières douanières
afin d’accentuer les échanges commerciaux avec le Pérou.
″À terme, les exportateurs de produits industriels ou de la pêche seront exonérés du paiement de tarifs douaniers et
les marchés des produits agricoles seront considérablement ouverts, explique la Commission européenne. À la fin
de la période de transition, les exportateurs de ces secteurs auront ainsi économisé plus de 500 millions d’euros,
rien qu’en droits de douane″. Si les échanges commerciaux s’accroissent, il y a fort à parier que la libéralisation de
ces secteurs ne contribuera pas à réduire les inégalités sociales et économiques au Pérou. Mais les intérêts de
l’Union européenne, eux, seront bien garantis.
Plus largement, le Pérou continue de soutenir sans réserve les projets destructeurs, via son Ministère de l’énergie
et des mines *4+. En mars 2014, il demandait la suppression des études d’impact environnemental pour les
exploitations d’hydrocarbures. Plus récemment encore, il a annoncé une future exploitation des gaz de schiste via
la fracturation hydraulique.
Une société civile qui se renforce
Face à l’inertie du gouvernement, la société civile se mobilise chaque fois davantage, comme par exemple à Puno,
où les communautés aymaras sont parvenues à geler l’exploitation de la mine de cuivre Santa Ana, opérée par
l’entreprise canadienne Bear Creek et qui a engagé une procédure d’arbitrage en août 2014. Ou encore à Espinar,
où des manifestations ont éclaté en 2012, afin de condamner la multinationale suisse de l’or, Xstrata pour la
contamination en métaux lourds des cours d’eau. Le maire d’Espinar s’était mobilisé et avait été condamné à deux
ans de prison, accusation déclarée nulle le 21 novembre dernier.
Alors que le contexte socio-économique démontre à quel point les enjeux environnementaux et climatiques sont
liés à l’égalité d’accès aux droits, le gouvernement continue à associer la protection de l’environnement à un
obstacle, voire à un danger : la COP 20 aura lieu au sein même du quartier général de l’armée péruvienne, le
Pentagonito, haut lieu de tortures et de disparitions lors du conflit armé... Tout un symbole !
Extrait de ″Bastamag″ (www.bastamag.net) - 08/12/14
5 Extrait du discours du Président Humala lors du Sommet sur le Climat des Nation unies, New-York, 23 sept. 2014.
6 Communiqué du Haut Commissariat aux droits de l’Homme des Nations Unies, 16 janvier 2014.
I l n’est pas exagéré de considérer votre père comme un sage ?
Je suis très heureux d’entendre une telle affirmation. C’était
avant tout mon papa avec lequel j’ai grandi et eu la chance
d’apprendre énormément, de m’inspirer de son travail. Il avait
une façon particulière de comprendre le dialogue et l’interaction
entre les hommes et la nature. Un des principaux enjeux des
Andes du nord est celui de l’eau, de la relation avec la montagne
qui joue un rôle essentiel. Cette relation était primordiale aux yeux
des ancêtres, incas et pré-incas.
Face à la déforestation votre père prônait un projet de ″versants ″. En quoi cela consiste-t-il ?
Il s’agit d’imaginer un changement dans la couverture végétale afin de permettre à la montagne de
capter l’eau de pluie de façon plus efficace pour qu’elle ne ‘parte’ pas si vite. C’est une sorte
d’ingénierie afin d’utiliser toute la montagne pour capter l’eau en récupérant des savoirs ancestraux.
D’où son surnom de ″poncho verde″ ?
Oui, avec affection de nombreux amis l’appelaient ainsi. Il disait que les montagnes étaient nues et
qu’elles avaient froid. Il fallait donc les recouvrir d’une couverture verte, le poncho étant le nom des
couvertures utilisées dans les Andes pour se protéger du froid et de la pluie. C’est une forme
d’attention, d’affection et de relation positive envers la montagne. Prendre soin d’elle afin qu’elle
prenne soin de nous.
Pablo Sanchez, le sage, était considéré comme un pionnier en matière de développement durable.
Au-delà d’un pionnier était-il héritier de la sagesse ancestrale ?
C’est également mon impression. Avec toute une équipe il a fait en sorte de récupérer ce qui se
savait avant. Il est vrai que dans les années 60-70 le concept de développement durable n’était pas
encore si présent. Mais les intuitions de l’équipe de l’Université de Cajamarca où il travaillait
amenèrent à penser au-delà du court terme, en tenant compte des futures générations. Il avait une
phrase qu’il utilisait souvent : ῞Si quelqu’un veut vivre quelque part il doit y construire sa maison où il
va vivre et également mourir, la grande maison῞. Il disait que l’écologie est l’étude de notre maison
pour notre vie, notre mort et nos enfants. Une autre de ses phrases que j’ai toujours retenue est qu’il
faut « transformer les gouttes d’eau en grains de nourriture ». Cette métaphore est très intéressante
et signifie que l’eau est la clef pour la vie et l’agriculture. Il faut donc prendre soin de chaque goutte
d’eau comme un grain de nourriture. Il s’agit au fond d’établir une relation à long terme dans laquelle
on n’utilise pas la violence mais le dialogue et la rencontre entre le naturel et nous-mêmes en
comprenant qu’il n’y a pas de différence puisque l’être humain fait partie de la nature.
L’historien péruvien Alberto Flores Galindo signale qu’avec l’arrivée des Espagnols des milliers
d’hectares de terres agricoles ont été perdues, ce qui a coûté des décennies de travail aux
habitants. N’attachant de l’importance qu’à l’or et l’argent ils ont provoqué une vraie modification
de la nature du nord du pays. Pablo Sanchez a aussi étudié ce changement de l’environnement ?
Oui. Clairement les Espagnols n’avaient pas d’intérêt pour l’agriculture dans les Andes alors que les
populations avaient aménagé l’écosystème en fonction de l’agriculture avec notamment des
terrasses et des systèmes d’irrigation. Or la Conquista s’est articulée autour de la seule volonté
d’extraire des minerais. Inte
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Ce modèle reste celui qui prédomine aujourd’hui. La cohabitation avec la montagne n’importe pas, on dé-
truit le milieu, on laisse les dégâts aux habitants et on emmène les richesses à l’extérieur.
Il y a une harmonie dans la nature: une interrelation entre les forêts, les sols, l’eau, la température, le vent ?
Clairement, c’est ce que l’écologie nous enseigne aujourd’hui. Il y a une relation systémique entre les éléments.
Une altération de l’un a des conséquences sur les autres. En montagne cela est encore plus visible. Tout ce qui
se passe en amont a un impact en aval, un des principaux canaux de communication est l’eau.
Et quel impact a aujourd’hui le changement climatique, rend-t-il l’accès à l’eau plus difficile ?
Disons qu’il ne faut pas généraliser mais les événements extrêmes sont plus fréquents. C’est pourquoi l’idée de
‘semence et récolte d’eau’ est intéressante en sachant qu’une même recette ne peut être appliquée partout
de la même façon. Chaque endroit a ses spécificités et donc la clef est de savoir ce qui est judicieux comme in-
tervention pour chaque endroit. Par exemple planter des eucalyptus de façon extensive dans les Andes c’est
une erreur. Ces arbres captent trop d’eau mais dans certains cas spécifiques ils peuvent être intéressants. Idem
pour les pins et autres espèces. Chacune a ses particularités. Il en va de même pour les différentes techniques
d’ensemencement et récolte. L’important est d’être en dialogue avec le milieu.
Selon un sondage d’opinion 78% des cajamarquinos sont opposés au Projet minier Conga. Pensez-vous que
le président est prêt à passer au-dessus de cette volonté populaire ?
Malheureusement c’est ce qu’il semble. Le mécontentement populaire est manifeste mais le gouvernement
n’utilise que la répression. Ce qui nous inquiète c’est qu’aujourd’hui l’entreprise Yanacocha emploie directe-
ment la police et l’armée pour des actions de répression qui ont déjà coûté la vie à 5 personnes. Cette situation
est une érosion de la démocratie en transformant la police en garde du corps de l’entreprise privée.
Le gouvernement a signé et ratifié la loi de consultation préalable. Est-ce un argument que vous utilisez ?
C’est un des arguments importants des populations de Cajamarca comme d’autres populations andines ou
amazoniennes. Cette loi est intéressante mais n’est pas mise en pratique parce que les intérêts miniers passent
avant ceux des collectivités locales. Le développement économique prime sur tout le reste. De plus la discrimi-
nation est très forte, les villes, les classes moyennes se soucient assez peu du sort des populations andines.
Vous vous souvenez de la terrible métaphore du président Garcia qui évoquait El perro del hortelano pour par-
ler des communautés rurales. Ce chien est celui qui ne mange pas et ne laisse pas manger son maître. Cette
discrimination montre la façon méprisante dont sont considérés certains secteurs de la population péruvienne.
U n nouveau blog dont le nom vous
indiquera aisément où résident leurs
créatrices vient de voir le jour : ″Boulettes à la
liégeoise″ (boulettesalaliegeoise.blogspot.be).
Leur tout premier article a été consacré à la
nouvelle monnaie alternative ardente. Pour en
savoir plus n’hésitez pas à jeter un œil sur
valeureux.be. La liste des enseignes, sans cesse
croissante, des lieux où il est déjà utilisé est en
fin d’article. Et surtout n’ayez
plus peur et faites le pas, c’est
garanti sans risque hormis
celui de vous faire du bien et
de faire du bien autour de
vous !
La première fois qu’on a entendu
parler de l’Euro liégeois, on a cru
à une nouvelle intox réussie de
Nordpresse et on a ri sous cape -jusqu’à ce qu’on
en voit un de nos propres yeux et qu’il nous faille
nous rendre à l’évidence : non seulement l’Euro
liégeois existe mais en plus il s’appelle le Valeureux
et il peut servir de monnaie d’échange ailleurs que
sur un plateau de jeu de société. Intriguées – et
aussi un peu honteuses de ne pas l’avoir découvert
plus tôt-, on a décidé d’en apprendre un peu plus
sur cette unité monétaire révolutionnaire.
C’est en 2011 que l’idée de créer une monnaie
locale à Liège a germé dans la tête d’un petit
groupe de liégeois bien décidés à faire entrer leur
ville dans le mouvement des villes en transition.
Lancé en 2006 à Totnes (G-B) par Rob Hopkins, le
concept de Transition vise à passer ″de la
dépendance au pétrole à la résilience locale″,
autrement dit, à relocaliser l’économie. C’est le but
avoué des créateurs du Valeureux, qui
revendiquent un développement économique qui
booste l’économie local tout en étant respectueux
des personnes et de l’environnement. Cette volonté
de consommer localement et consciencieusement
se retrouve dans les commerces qui acceptent
d’être payés en Valeureux : de l’épicerie bio à la
librairie engagée en passant par l’asbl Barricade, la
liste des commerces participants se lit comme
l’annuaire du parfait bobo liégeois.
En tout, c’est 21 commerces 7 qui ont accepté de
jouer le jeu pour le moment – encore trop peu que
pour véritablement parler de ville en transition à
l’image de Totnes ou Brixton, mais déjà assez que
pour permettre à certains liégeois de changer leur
manière de consommer.
Pour Sarah, conseillère communale et fervente
supportrice des villes en transition, il était grand
temps que Liège saute le pas et qu’un système de
soutien à l’économie locale soit mis en place. Malgré
son enthousiasme, pas facile pour
autant de changer ses habitudes
du jour au lendemain : pour le
moment, les Valeureux lui servent
surtout à acheter son pain, mais
elle compte bien offrir des cadeaux
de Noël payés à 100% en monnaie
locale. Selon Sarah, utiliser le
Valeureux plutôt que l’Euro, c’est
une question de confiance : ″je sens que j'ai du
pouvoir quand je l'utilise. Si je donne un Valeureux à
un commerçant, je sais que cet argent ne partira pas
n'importe où pour que n’importe qui en fasse
n’importe quoi. Cet argent sera au service de
l'économie locale et pas de multinationales cotées en
bourse″. Même son de cloche du côté de Thomas, un
enseignant fort investi dans le réseau associatif
liégeois : pour lui, le Valeureux c’est ″une vraie
alternative créative, originale et efficace″.
Enthousiaste, il voit le Valeureux comme une
manière de contribuer à stimuler une autre
conception des échanges économiques, mieux à
même de ″créer du lien entre des initiatives digne
d'intérêt et promouvoir le commerce de proximité,
des produits locaux, conçus avec éthique et respect
de l'environnement″.
Séduites par le concept, on a voulu se procurer des
Valeureux pour tenter l’expérience de l’Euro liégeois.
Après avoir tenté sans succès de se faire rendre la
monnaie en Valeureux dans un des commerces
participants, on s’est vite remises de notre
déconvenue en faisant un détour par la librairie
Entre-Temps, seul guichet d’échange officiel pour le
moment. Un Valeureux équivalant à un Euro, pas
besoin de calculs compliqués, l’échange est facile et
rapide et à peine entrées dans la librairie que nous
voilà en possession de monnaie liégeoise.
Valeureux Liégeois
7 Désormais la liste s’est allongée à 26 endroits (ce ne sont pas tous des commerces)
et ce n’est qu’un début…
Surprise : les billets colorés représentant
Tchantchès et Nanesse semblent tout droit
sortis du Monopoly de Liège, et pourtant ! Que
ce soit chez Al Binète ou aux Chiroux, pas même
un haussement de sourcil quand on tend nos
Valeureux –par contre, nos drôles de billets
rouges et bleus suscitent questions et
émerveillement chez les novices de la monnaie
liégeoise.
Si le projet, lancé en juin dernier, n’en est qu’à
ses débuts, il faudra tout de même un vrai
engagement de la part des commerces et des
citoyens liégeois avant qu’on ne puisse
véritablement qualifier
Liège de ville en
transition.
A l’heure actuelle, le nombre de commerces
participants est trop restreint que pour
permettre un changement complet des
habitudes de consommation et un
remplacement de l’Euro par le Valeureux. Selon
Thomas, pourtant fort enthousiasmé par le
projet, un monopole du Valeureux en région
liégeoise reste peu probable à moins d’une
véritable ″rêve-olution″… mais si c’était ça,
justement, la solution pour relancer l’économie
de la région ?
Nous en tout cas, on est conquises par le projet
et on compte bien se mettre au rythme des
Valeureux liégeois…et vous ?
Boulettes à la liégeoise – 1er novembre 2014
H alte aux panneaux publicitaires ! La ville de Grenoble a décidé de sauter le pas. Elle ne reconduira pas
son contrat avec le groupe d’affichage et mobilier urbain JCDecaux, et ne lancera pas de nouvel appel
d’offre. A partir de janvier, plus de 300 panneaux seront démontés, conformément aux promesses de
campagne du nouveau maire Eric Piolle (Rassemblement citoyen de la gauche et des écologistes). Ces 2000 m2
d’espaces publicitaires seront remplacés par des arbres et par ″300 points d’affichage libre″.
Les nouveaux espaces d’expression permettront d’afficher des informations culturelles et associatives, ou de
favoriser l’expression d’opinion (citoyenne, politique, syndicale,...). ″Grenoble libère l’espace public″, titre le
dossier de presse de la municipalité. Mais la publicité ne disparaîtra pas encore complétement du paysage
urbain : le contrat de gestion des 1000 abribus par JCDecaux court jusqu’en 2019. Après cette date, la
publicité aura-t-elle encore droit de cité à Grenoble ?
Un acte criminel, estime Jacques Séguéla La décision de la ville a fait réagir le publicitaire Jacques Séguéla. ″Si la publicité ne servait à rien, ça se
saurait ! Il y a longtemps qu’on l’aurait supprimée. (...) L’affiche, c’est le dernier mètre avant l’achat. C’est un
des premiers stimulateurs de l’économie urbaine. Supprimer l’affichage, c’est vouloir assassiner le petit
commerce en ville″, s’indigne-t-il, dans une interview pour le site grenoblois Place Grenet. ″Je ne comprends
pas qu’un maire digne de ce nom prive les commerçants de ce stimulus indispensable. C’est criminel.″
Seules les très grandes entreprises et les
multinationales peuvent s’offrir de coûteuses
campagnes d’affichage, explique la municipalité. Elle a
par ailleurs voté un moratoire sur le développement
des grandes surfaces, pour défendre le commerce de
proximité. ″Je ne vois pas pourquoi maintenant seule la
culture aurait droit à la publicité (...) Si vous abaissez
l’envie d’acheter, vous courez directement vers la
déflation et in fine vers la fin du système″, poursuit
Jacques Séguéla. ″Ce n’est pas parce que les banques
ont fait sauter le système qu’il faut s’en prendre à
l’affichage″, ose même le publicitaire. ″Et puis, il y a
pour moi pire que cela. Méfions-nous des castrateurs
d’imaginaire ! C’est le début de toute dictature.″
A Grenoble, on reste plus pragmatique. Pour continuer à être rentable, la publicité urbaine doit franchir un
seuil et s’engager vers les écrans digitaux, puis vers la publicité télévisuelle dans la rue, explique la
municipalité (sur les écrans publicitaires numériques, lire ici). Une voie dans laquelle elle ne souhaite en aucun
cas s’engager. Le nouveau contrat n’aurait donc rapporté qu’au maximum 150 000 euros par an (contre
645 000 pour la précédente décennie).
Un manque à gagner en partie compensé par la baisse du budget ‘protocole’, qui a diminué de 190 000 euros
entre 2013 et 2014. En avril dernier,
les élus municipaux ont également
voté une baisse de 25% de leur
indemnités, permettant une économie
de près de 300 000 euros par an (1,7
million d’euros sur la totalité du
mandat). C’est quand même mieux
que du marketing !
GRENOBLE, PREMIÈRE VGRENOBLE, PREMIÈRE VILLE FRANÇAISE SANS PUB !ILLE FRANÇAISE SANS PUB ! (par Agnès Rousseaux – BASTAMAG – 24 novembre)
N ous avons sacrifié les anciens dieux
immatériels pour chanter les louanges du
Dieu Marché. Il se charge d’organiser l’économie, la
politique, les habitudes et la vie, et va jusqu’à nous
financer, par carte bancaire et à crédit, l’apparence
du bonheur. Il semblerait que nous soyons nés dans
le seul but de consommer et consommer, et lorsque
ce n’est plus possible, la frustration, la pauvreté et
l’auto-exclusion nous gagnent. Une chose est vraie
aujourd’hui. Avec tant de gaspillage et une telle
accumulation de déchets, la mesure de l’empreinte
carbone, ainsi nommée par la science, révèle que si
l’humanité entière aspirait à vivre comme un nord-
américain moyen, nous aurions besoin de trois
planètes. (…)
Une civilisation contre la simplicité, contre la
sobriété, contre tous les cycles naturels, et, pire
encore, une civilisation contre la liberté de disposer
du temps de vivre les relations humaines, l’amour,
l’amitié, l’aventure, la solidarité, la famille. Une
civilisation contre le temps libre non rémunérateur
dont elle pourrait profiter pour contempler la
nature. Nous balayons des jungles authentiques et
replantons des jungles anonymes en béton. Nous
remédions à la sédentarité avec des tapis de course,
à l’insomnie avec des pilules et à la solitude avec de
l’électronique. (…)
La marche impétueuse de l’homme se poursuit pour
acheter et vendre tout ce qui existe. Pour innover et
négocier ce qui n’est pas négociable. Des
campagnes marketing font la promotion des
cimetières et des pompes funèbres, des maternités,
des parents, grands-parents, oncles et tantes, en
passant par les secrétaires, les voitures et les
vacances. Tout, absolument tout est un marché. De
nos jours, l’homme erre entre finances et ennui
routinier des bureaux climatisés. Il rêve continuel-
lement de vacances et de liberté. Il rêve continuel-
lement d’en finir avec les dettes, puis un jour, son
cœur lâche et adieu… (…)
Notre époque est prodigieusement révolutionnaire,
comme l'humanité n'en a pas connu d'autre, mais
sans conduite consciente ou simplement instinctive.
Moins encore avec une conduite Politique Organisée
parce que nous n'avons même pas eu de philosophie
‘précurseur’ importante. La cupidité qui a tant
poussé vers le progrès matériel, technique et
scientifique, paradoxalement nous précipite vers un
abîme brumeux. Une époque sans histoire et nous
restons sans yeux ni intelligence collective pour
continuer à coloniser et perpétuer en nous
transformant. Il semble que les choses acquièrent
autonomie et soumettent les hommes.
Pepe Mújica – ONU – 24/09/13
HOMMAGE À 1 GRAND HOMME: LE FUTUR-EX PRÉSIDENT URUGUAYEN PEPE MÚJICA (Extraits d’un de ses plus beaux discours à l’occasion de la fin son mandat présidentiel
8)
8 Tabaré Vasquez (déjà président entre 2005 et 2010), membre du même parti que Pepe Mújica, vient de remporter les élections et assumera donc la présidence à partir de mars 2015 pour les cinq années à venir.
Comme c’est le cas maintenant depuis de nombreuses années le groupe Esperanza de Beaufays organise un souper gastronomique entièrement au profit de notre association. L’occasion de dépasser la tournure souvent bien commerciale de cette fête de St
Valentin, de passer un bonne soirée tout en apportant votre soutien aux précieux efforts de collectivités au Pérou et en Boli-vie !
INTERNET…………………………………Zapping "Sale TTIP"
Le groupe Alter’actifs a organisé 6 décembre une soirée de
résistance créative contre le Traité de Libre Marché entre
l’UE et les USA, le TTIP (Transatlantic Trade and Investment
Partnership). A cette occasion un zapping a été monté et
présenté. Nous vous invitons à le découvrir et à le diffuser :
www.youtube.com/watch?v=BvlZv275kcY...
Sinon il vous suffit de taper ῞zapping sale TTIP῞!
MUSIQUE…..……………………………………..…"Anavantou"
La rencontre détonante entre les brésiliens du groupe Membrana, les belges de Turdus Philomelos et Nino Karvan autour du forró, qui retrouve de façon inattendue ses racines européennes pour une fête chaleureuse et métissée.
Membrana vient d’Aracaju, capitale de l'État de Sergipe et puise son inspiration dans les rythmes du Nordeste du Brésil: forró, maracatu et pifanos. accompagne les meilleurs
artistes de la région. Le chanteur Nino Karvan a rejoint ce trio au groove irrésistible avec son répertoire original et sa formidable présence scénique.
Turdus Philomelos, bien connu en Belgique par sa bonne humeur contagieuse, est le groupe formé autour de l'accordéoniste Julien de Borman. Ses compositions originales puisent dans les racines du folklore européen tout en glanant dans des registres aussi variés que le swing, le
14.02. 2015
samedi 14 février à 19h30 ‘Espace Beaufays’
(voie de l’Air Pur 227—Beaufays)
04.368.89.34 - [email protected]
"Souper Saint-Valentin Esperanza"
SORTIES SOLIDAIRES...
"Marche Adeps Esperanza" Là aussi j’imagine que vous attendez impatiemment de pouvoir cocher le jour dans votre nouvel agenda. Et bien allez-y:
dimanche 15 mars ‘Ecole communale d’Héron’
(Place communale 1 - Héron)
0475.466464