Josiane Le Gall - Université de Montréal

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Diversité urbaine, vol. 5, n o 1, printemps 2005 29 FAMILLES TRANSNATIONALES : BILAN DES RECHERCHES ET NOUVELLES PERSPECTIVES Josiane Le Gall Au cours des dernières années, les mouvements migratoires ont donné lieu à la formation d’un nouveau modèle familial caractérisé par la dispersion dans plusieurs pays des membres d’une même famille, nucléaire ou élargie. L’intérêt actuel pour ce type de famille, généralement désigné par le terme de «famille transnationale», accompagne la prise de conscience des liens conservés par les migrants à travers les frontières et le développement d’études sur la migration transnationale. Cet article propose de faire une synthèse des connaissances existantes sur ce modèle familial et d’identifier des pistes de recherche pour l’avenir. L’article fait d’abord état de la place des familles dans les recherches sur la migration transnationale. Les définitions et formes de familles transnationales documentées dans les études sont ensuite examinées. Enfin, quelques questions de recherches permettant d’appréhender l’impact du processus transnational sur la dynamique familiale sont soulevées. Over the past few years, migratory movements have given rise to a new family model characterized by the dispersal of members of the same family, nuclear or extended, to several different countries. Current interest in this type of family, generally termed the ‘transnational family’, is accompanied by an awareness of the links maintained by migrants across borders and the development of research on transnational migration. This article proposes a synthesis of existing knowledge on this family model and identifies future avenues of research transnational migration. Documented definitions and transnational family forms are also examined. Finally, several research issues are raised in order to better examine the impact of transnational processes on family dynamics. Mots-clés : famille, transmigration, immigration, bilan des recherches, familles transnationales. Key words : Family, transmigration, immigration, overview of the literature, transnational families. DANS TOUTES LES SOCIÉTÉS INDUS- TRIALISÉES, la famille a connu de profon- des mutations suite aux récentes évolu- tions démographiques, économiques et socioculturelles. Ces transformations ont provoqué une diversification des formes familiales (recomposées, mono- parentales éclatées, etc.), lesquelles ont RÉSUMÉ/ABSTRACT

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FAMILLES TRANSNATIONALES :BILAN DES RECHERCHES

ET NOUVELLES PERSPECTIVES

Josiane Le Gall

Au cours des dernières années, les mouvements migratoires ont donné lieu à laformation d’un nouveau modèle familial caractérisé par la dispersion dans plusieurspays des membres d’une même famille, nucléaire ou élargie. L’intérêt actuel pource type de famille, généralement désigné par le terme de «famille transnationale»,accompagne la prise de conscience des liens conservés par les migrants à traversles frontières et le développement d’études sur la migration transnationale. Cetarticle propose de faire une synthèse des connaissances existantes sur ce modèlefamilial et d’identifier des pistes de recherche pour l’avenir. L’article fait d’abordétat de la place des familles dans les recherches sur la migration transnationale.Les définitions et formes de familles transnationales documentées dans les étudessont ensuite examinées. Enfin, quelques questions de recherches permettantd’appréhender l’impact du processus transnational sur la dynamique familialesont soulevées.

Over the past few years, migratory movements have given rise to a new familymodel characterized by the dispersal of members of the same family, nuclear orextended, to several different countries. Current interest in this type of family,generally termed the ‘transnational family’, is accompanied by an awareness ofthe links maintained by migrants across borders and the development of researchon transnational migration. This article proposes a synthesis of existing knowledgeon this family model and identifies future avenues of research transnationalmigration. Documented definitions and transnational family forms are alsoexamined. Finally, several research issues are raised in order to better examinethe impact of transnational processes on family dynamics.

Mots-clés : famille, transmigration, immigration, bilan des recherches, famillestransnationales.Key words : Family, transmigration, immigration, overview of the literature,transnational families.

DANS TOUTES LES SOCIÉTÉS INDUS-TRIALISÉES, la famille a connu de profon-des mutations suite aux récentes évolu-tions démographiques, économiques et

socioculturelles. Ces transformationsont provoqué une diversification desformes familiales (recomposées, mono-parentales éclatées, etc.), lesquelles ont

RÉSUMÉ/ABSTRACT

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été investiguées sous plusieurs anglesjusqu’ici. L’une d’elles, la familletransnationale, est généralement passéesous silence dans la littérature sur lafamille contemporaine1. Cette dernière,récemment mise à jour dans le champdes recherches sur les migrationsinternationales, se caractérise par ladispersion géographique d’un groupefamilial suite à la migration d’un ouplusieurs de ses membres et par lacontinuité de liens étroits à travers lesfrontières. Bien qu’encore en nombrerestreint, les travaux sur les familles nonconfinées à un territoire national se sontmultipliés au cours des dernièresannées.

Cet article propose de faire un bilandes connaissances existantes sur lafamille transnationale et d’identifier despistes de recherche pour l’avenir. Il faitd’abord état du développement de cettenotion dans les travaux sur lesmigrations internationales. Ensuite, ilcherche à comprendre à quoicorrespond cette entité et analyse lesprincipales formes de configurationsfamiliales transnationales documentées.Enfin, il vise à suggérer quelquesquestions de recherches et thèmespermettant d’appréhender l’impact duprocessus transnational sur ladynamique familiale. Ce bilan reposesur une recension des textes publiés surle sujet au cours des 15 dernières annéesen langues française et anglaise, tant enEurope, en Océanie qu’en Amérique duNord2.

Reconnaissance des liens familiauxtransnationaux

L’intérêt récent pour la familletransnationale est concomitant à la foisde la nature des déplacementscontemporains et de préoccupationsthéoriques propres au champ desrecherches sur les migrationsinternationales. D’une part, à travers lemonde, grâce aux communications ettransports modernes, de nombreusesfamilles vivent de façon transnationaleet, pour certaines, ce moded’organisation est devenu la norme(Sorenson et Olwig, 2001). Le maintiende liens, entre pays d’origine et paysd’installation, ne constitue toutefois pasun phénomène nouveau. Par exemple,les études sur les réseaux familiaux, quise multiplient dans les années 70 et 80(Boyd, 1989), témoignent déjà d’unecertaine viabilité des familles suite à lamigration. Par contre, les migrationscontemporaines se différencient decelles du passé par le degré et l’intensitédes liens économiques, politiques,religieux et sociaux maintenus à traversles frontières. La globalisation a eu poureffet d’accroître la circulation desindividus et le nombre de ceux quivivent simultanément à l’intérieur etentre différents États-nations.

D’autre part, pour mieux rendrecompte des tendances actuelles duphénomène migratoire, une perspectivetransnationale de la migration s’estrapidement développée à partir desannées 90 (voir par exemple, Basch etal., 1994). Plutôt que de concevoir les

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déplacements comme un processusunidirectionnel qui implique pour lesmigrants une rupture avec leur paysd’origine, l’accent dans cette approcheest placé sur la formation etl’articulation de réseaux et decommunautés à travers les frontières.Si un nombre non négligeable detravaux a été produit sur le sujet aucours des dernières années, certainsaspects, comme la question familiale,demeurent encore peu analysés. Eneffet, même si le rôle central de la familledans le processus transnational a étéreconnu très tôt3, il a fallu attendreplusieurs années avant qu’elle nedevienne un objet d’étude.

L’aspect tardif de l’intérêt suscité parle thème familial découle de laprédominance dans les analyses desactivités relevant de la sphère publiqueet, par le fait même, généralementassociées aux hommes. On s’interrogealors principalement sur la formationd’une identité transnationale et sur lesactivités économiques et politiques desmigrants. Les premiers travaux relevantde ce courant théorique ont étérapidement critiqués par quelqueschercheurs qui les jugeaient inadéquatsà témoigner de la participation desfemmes (Pessar, 1999; Mahler et Pessar,2001; Pessar et Mahler, 2003). La priseen compte récente des questions degenre a eu pour effet d’introduire lasphère domestique dans les débats.Aujourd’hui, un nombre croissant depublications est consacré audéploiement de familles dans l’espace.Par exemple, en 2004 paraissait unnuméro spécial de la revue Global

Networks, dirigé par Chamberlain etLeydesdorff, portant sur le rôle de lamémoire dans l’expérience des famillestransnationales. Ce dernier était précédépar la publication en 2002 d’un autrenuméro spécial de la même revue surles rituels familiaux transnationaux,sous la direction cette fois de Gardneret Grillo. Au cours de la même année,Bryceson et Vuorela éditaient unouvrage collectif sur les famillestransnationales dans le contexteeuropéen. Après avoir retenu l’attentionprincipalement aux États-Unis, lesexpériences transnationales des famillesfont de plus en plus l’objet d’études nonseulement en Europe (Bryceson etVuorela, 2002; Streiff-Fenart, 1999;Goulbourne, 1999; Chamberlain,2002), mais aussi au Canada (Waters,2000, 2001; Le Gall, 2001, 2002) et enOcéanie (Ho, 2002; Ho et al., 1997; Pe-Pua et al., 1998; Hage, 2004). Cela dit,on note un nombre disproportionné detextes publiés en langue anglaise, alorsque seules trois études menées par deschercheurs francophones ont étérecensées. De plus, en dépit des récentsdéveloppements, la sphère domestiquedemeure encore très peu explorée et, àl’exception des activités économiques,les pratiques transnationales desfamilles tout comme leur dynamiquesont généralement sous-documentées(Gardner et Grillo, 2002).

Définition de la famille transnatio-nale

Les termes de «multi-sited family»(Ong et Nonini, 1997; Vuorela, 2002),«multi-local binational family»

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(Guarnizo, 1997), «transcontinentalfamily» (Kelly, 1990) et «internationalfamily» (Ho, 1993) sont parfois utilisésde façon interchangeable pour désignerla famille transnationale. Mais à quelleunité se réfère-t-on lorsque l’on parlede famille transnationale? Secaractérise-t-elle par le nombre demembres vivant à l’étranger, par lafréquence des contacts, ou encore parla force et l’efficacité des réseauxfamiliaux? Qui peut se réclamer d’unetelle famille? Pour combien de temps etsous quelles conditions? En réalité, unproblème de définition entrave larecherche sur les liens familiauxtransnationaux; la majorité des auteursutilisant le terme sans le circonscrire. Siun consensus existe autour de l’idée dedispersion géographique, et depoursuite de contacts étroits, l’entité àlaquelle chacun fait référence diffèredans sa composition.

La notion est introduite dans lalittérature pour décrire la dispersiond’une famille à travers deux ouplusieurs frontières nationales et lemaintien actif des contacts par sesmembres, donnant lieu à une nouvelle«géographie» de l’unité familiale (Lamet al., 2002). Dans une étude surles migrants des Caraïbes, et dans unedes premières et rares tentatives dedéfinir la famille transnationale,Wiltshire renvoie à cette idée dedispersion dans l’espace. Elle écrit quecelle-ci est «a large amorphous structuremade up of conjugal and nuclear unitsas well as consanguinal segments thatspread across national boundaries»(1992: 182). Plus récemment, Bryceson

et Vuorela développaient un point devue proche de ce dernier:«Transnational families are defined hereas families that live some or most of thetime separated from each other, yet holdtogether and create something that canbe seen as a feeling of collective welfareand unity, namely familyhood, evenacross national borders» (2002 : 3).

Par contre, le groupe familial qui faitl’objet des analyses est selon le(s) cas,l’unité domestique, la maisonnée, lafamille élargie, ou encore unecombinaison de toutes ces entités. Parexemple, à l’instar de Wiltshire, LimaHerrera, dans sa définition de la familletransnationale, inclut tant des membresde la famille nucléaire que de la familleélargie: «Transnational families, bothnuclear and extended, are dispersedacross international borders (…) Theyconsist of children, parents, siblings,brothers-in-law, uncles, nephews,godfathers and godmothers on bothsides of the border» (2001 : 78). Unetelle imprécision découle de lacoexistence d’une hétérogénéité desformes familiales transnationales, maisaussi de la difficulté à définir la famillecontemporaine.

Diversité des formes familiales trans-nationales

Dans la présente section, différen-tes configurations familiales transnatio-nales ayant retenu l’attention des cher-cheurs sont mises à jour. Pour des rai-sons pratiques, elles sont regroupées icisous deux grandes catégories, soit la«parentalité transnationale» et la «pa-

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renté transnationale». Tracer une dé-marcation nette entre ces entités s’avèreune tâche complexe. En effet, dans uncontexte transnational, impliquant ladispersion dans l’espace des individus,des pratiques et des ressources, la mai-sonnée ou la famille nucléaire formentdes entités de plus en plus difficiles àdéfinir (Gardner et Grillo, 2002).

Parentalité transnationale

Cette catégorie englobe des formesfamiliales caractérisées par la dispersiongéographique des enfants et des parents.Une telle séparation résulte soit de lamigration d’un ou des deux parents oude la migration d’un ou des enfants.

Quelques auteurs, principalementaux États-Unis, explorent l’expériencede femmes migrantes dont les enfantsvivent au pays d’origine4. Alors que lamigration a longtemps été considéréecomme le mouvement d’hommes seuls;la globalisation a provoqué dans lespays occidentaux l’accroissement de lademande pour une main-d’œuvreféminine. De nombreuses femmes,désireuses d’améliorer le statutéconomique de leur famille, choisissentde partir travailler à l’étranger,notamment comme domestiques. Lesexigences du travail salarié, un statutprécaire et le manque de ressourcesfinancières, obligent plusieurs d’entreelles à laisser leurs enfants dans le paysd’origine. D’autres, qui ont migréaccompagnées de leurs enfants,préfèrent qu’ils retournent aider unproche, ou encore étudier au paysd’origine où les rues leur apparaissent

plus sécuritaires, la situation racialemoins oppressive et l’éducation plusstructurée. Dans ces situationsqualifiées de «global care chains»(Hochschild, 2000; Lobel, 2003), lesfemmes, en plus d’assumer leur rôle de«mère à distance» (Hondagneu-Soteloet Avila, 1997, 2003), supportentfinancièrement les enfants restés au paysd’origine. Ces derniers sont placés, leplus souvent, sous la garde d’une grand-mère ou d’un membre de la parenté. Cetype de configurations familiales estfréquemment observé suite au départvers les États-Unis de femmes desCaraïbes (Soto, 1987; Olwig, 1999;Guarnizo, 1997), d’Amérique du Sud(Hondagneu-Sotelo et Avila, 1997,2003) et des Philippines (Parrenas,2001, 2003; Parrenas et Hochschild,sous presse). Il s’agit, dans tous les cas,de pays marqués par de profondesinégalités sociales et confrontés à degraves crises économiques.

Un autre type de configurationsfamiliales investiguées résulte de lamigration des enfants, seuls ouaccompagnés de leur mère. Dans cessituations, soit le père reste au paysd’origine, soit il migre avec sa familleet retourne subséquemment dans sonpays pour poursuivre sa carrièreprofessionnelle ou commerciale. Dansle dernier cas de figure, une telledécision peut avoir été planifiée avantle départ ou encore faire suite auxobstacles rencontrés à l’étranger. Danstous les cas, parents et enfantscorrespondent régulièrement. Une telledispersion géographique correspond àune stratégie des parents pour optimiser

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les opportunités financières et favoriserl’acquisition d’une éducation par lesenfants. Les enquêtes sur le sujetillustrent la possibilité pour les enfantsde participer activement au processusde migration transnationale; unedimension encore peu traitée dans larecherche sur les famillestransnationales (Orellana et al., 2001;Thorne et al., 2003; Soto, 1987; Olwig,1999). Les termes de «famillesastronautes» et «d’enfants parachutes»sont utilisés pour désigner cette formefamiliale. Le phénomène, apparu audébut des années 90, toucheprincipalement des familles disposantde ressources économiquessubstantielles. Celles-ci proviennent depays caractérisés par un booméconomique, situés principalement enAsie, tels la Chine (Waters, 2001, 2002;Pe-Pua et al., 1998; Ho, 2002), enparticulier Hong Kong et Taiwan, ainsique la Corée du Sud (Orellana et al.,2001). Ce type de familles a été observéet a fait l’objet d’analyses non seulementaux États-Unis (Zhou, 1997; Orellanaet al., 2001; Ong et Nonini, 1997), maiségalement au Canada (Man, 1995;Waters, 2002, 2001, 2000), en NouvelleZélande (Ho, 2002; Ho et al., 1997),en Australie (Pe-Pua et al., 1998) et àSingapour (Lam et al., 2002).

Parenté transnationale

Le terme «famille transnationale»désigne le maintien de liens desmembres d’un groupe de parenté àtravers les frontières. Cette forme deconfiguration familiale, aussi appelée«international kinship» (Ho, 1993), est

observée dans plusieurs paysd’immigration. Encore une fois, onretrouve des études sur le sujet,principalement aux États-Unis (Ho,1993, 1999; Olwig, 2002; Rouse, 1989;Sutton, 2004). Depuis peu, le thèmeretient également l’attention dechercheurs en France (Streiff-Fenart,1999), au Canada (Le Gall, 2001,2002), en Grande-Bretagne (Plaza,2000; Goulbourne, 1999) et enAustralie (Baldassar, 1997; Hage,2004). Le phénomène concerne desmigrants originaires de plusieurs paysà travers le monde marqués, à uneépoque ou l’autre de leur histoire, parune forte émigration (ex. : Tunisie,Liban, Italie, République Dominicaine,Mexique).

Une partie de ces études portent surdes familles élargies, disperséesessentiellement entre deux territoires etqui demeurent fonctionnelles au-delàdes frontières (Streiff-Fenart, 1999;Rouse, 1989; Hirsch, 2003; Baldassar,1997; Basch et al., 1994). Par exemple,Streiff-Fenart a mis à jour l’existenced’un réseau familial étendu provenantd’un village du Sud-Ouest tunisien etimplanté depuis plusieurs générationsdans le sud de la France (1999). De soncôté, Rouse (1989) introduit le termede «transnational migrant circuits»pour désigner les liens qui s’élaborententre membres d’une même familleélargie vivant dans une petite villemexicaine et celle de Redwood(Californie) aux États-Unis.

Dans plusieurs cas, le réseau familialinvestigué ne se concentre pas

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uniquement dans un seul lieu commepoint de destination, mais englobeplusieurs pays (Le Gall, 2001, 2002;Olwig, 2002; Hage, 2004; Baldassar etal., 1999; Plaza, 2000). Ces étudestouchent d’ailleurs principalement desgroupes connus pour leur traditionmigratoire. Par exemple, Hage (2004)retrace la trajectoire de familleslibanaises dispersées sur plusieurscontinents (Brésil, Vénézuela, États-Unis, Europe, Australie, Liban). De soncôté, Olwig (2002), s’appuyant surplusieurs années de recherche sur desindividus originaires des Caraïbesinstallés dans divers pays, s’interrogesur le sens d’appartenance familiale àpartir de l’observation d’une cérémoniede mariage prenant place dans une îledes Caraïbes.

Impact du processus transnationalsur la dynamique familiale

Dans de nombreux cas, la dispersiondes familles, entre pays d’émigration etpays d’origine, influence la vie familiale(Goulbourne, 1999; Herrera Lima,2001; Bryceson et Vuorela, 2002;Gardner et Grillo, 2002). Mais de quellefaçon les familles sont-ellestransformées par leur participation auprocessus transnational? Rares sont lesanalyses sur l’impact du processustransnational sur la dynamiquefamiliale et sur les interactions au seindes familles5. Comme mentionnéprécédemment, l’attention deschercheurs s’est portée davantage surles échanges économiques. De plus, lamajorité des études consistentdavantage en descriptions de l’une ou

l’autre des différentes formes familialestransnationales existantes. Guarnizo(1997), dans son souhait de voir lechamp s’élargir, suggérait d’aborder lechangement dans ces familles enexaminant la question desarrangements résidentiels, de la gestiondu budget et de la transmission de laculture. Pourtant, quelques donnéesproduites aux cours des dernièresannées nous révèlent l’importance des’attarder sur d’autres aspects. L’objectifde la présente section ne consiste pas àexaminer toutes les thématiquesabordées jusqu’à présent dans lestravaux, mais plutôt, de réfléchir auxfaçons d’aborder l’expérience de vivreséparé. Plus précisément, il s’agit àpartir d’indications livrées par les étudesrécentes, de poser des questions pourde nouvelles recherches à entreprendresur les dimensions transnationales despratiques familiales.

La migration d’un ou plusieursmembres d’une famille soulève d’abordla question de la constitution descontacts à travers le temps et l’espace.Comment les individus parviennent-ilsà créer un sentiment d’unité familialetout en vivant éloignés? De quellesfaçons les distances géographiques sont-elles «abolies»? Comment les liens sont-ils maintenus, et par qui? Pour abolirla désintégration familiale, provoquéepar la dispersion géographique, desefforts doivent être activementdéployés. Les migrants, tout comme lespersonnes au pays d’origine, disposentà cette fin de différents moyens decommunication (visites, échangestéléphoniques, lettres, courriels, etc.).

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L’analyse des rituels familiaux durantlesquels les liens sont particulièrementactivés, permet d’aborder dans sacomplexité la question de laconstitution des contacts. Lors de cesrituels, les femmes apparaissentsouvent, mais pas toujours, comme lesprincipales protagonistes des échanges(Olwig, 2002; Al-Ali, 2002; Wiltshire,1992). Quelques études nousrenseignent d’ailleurs sur le rôle actifdes femmes dans la constitutionquotidienne des liens. Elles nousrévèlent l’intérêt de s’attarder à leursactivités, tout en examinant enprofondeur les formes que prend leurparticipation au processus. De par leurposition à l’intérieur de la famille, cesdernières, en assurant en grande partiele travail d’entretien des relations,jouent un rôle central dans laconstitution des réseaux (Le Gall, 2002;Alicea, 1997; Ho, 1999; Hage, 2004).Quant à la question de la persistancedes liens transnationaux au fil desgénérations, elle a surgi très tôt dansles débats. Alors qu’on a longtempssupposé l’aspect provisoire duprocessus, les exemples demanifestations de ce phénomène au seindes «secondes générations» semultiplient (Levitt et Waters, 2002).

Par ailleurs, les réseaux familiaux nesont pas la simple transposition desréseaux préexistants. Sous l’effet de lamigration, l’unité domestique ou leréseau familial tendent à se recomposerconstamment. Bryceson et Vuorela(2002) utilisent le terme «relativizing»pour décrire la façon dont les individusétablissent, maintiennent ou évitent

certains liens avec des membres de leursfamilles. Selon leurs besoins spécifiques,ils poursuivent activement, négligentpassivement des liens de sang, ouinventent des liens de parenté,«strategically choosing whichconnections to emphasize and which toled slide during particular periods»(Bryceson et Vuorela, 2002 : 7). Lesliens sont mobilisés en fonction descirconstances et étapes du cycle de vie(Levitt et Waters, 2002). Se pose doncégalement la question du choix depoursuivre ou non les contacts et celledes motifs qui président au maintien desliens. Quels types de réseaux lesmembres d’une famille transnationaleélaborent-ils? Comment considèrent-ilsles parents éloignés géographiquement?L’étude des solidarités transnationalespermet en partie de répondre à cesquestions.

Les enquêtes sur la solidarité dansla famille contemporaine soulignentcomment la proximité géographiqueconditionne les échanges entre sesmembres. Dans le cas des famillestransnationales, les données indiquentque la distance géographique ne met pasun terme aux obligations et auxattentes. Au contraire, une desprincipales raisons de perpétuer lescontacts serait le soutien et l’aidemutuelle associés aux liens familiaux(Bryceson et Vuorela, 2002). Pour faireface à la dispersion des membres d’unefamille et bénéficier des liens, denouvelles stratégies et pratiques socialessont mises en oeuvre.

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Plusieurs formes d’échangescirculent le long de ces «circuitsd’obligations et d’intérêtstransnationaux» (Landolt, 2001). Lapossibilité de mobiliser des liens defamilles sur différents territoiresapparaît comme un élément essentieldes stratégies de capitalisationéconomique de la migration (Streiff-Fenart, 1999; Landolt, 2001; LimaHerrera, 2001). Par exemple, le réseaufamilial, en offrant de l’information etdes contacts, sert de circuit pour ladistribution des biens et facilite l’accèsau marché du travail et au logement. Ilprocure également un réservoir demain-d’œuvre. La famille est aussi unréseau pour la modification et lacréation de valeurs culturelles et depratiques (Vertovec, 2003). De plus,aux yeux de ses membres, la familleapparaît comme un repère relativementstable et sécurisant, capable d’apporternon seulement un soutien matériel, maisde répondre aussi aux besoins émotifsdes individus.

Quelques études éclairent d’autresformes de soutien apportées par lafamille à ses membres, principalementpar les femmes, qui demandent à êtreexplorées. Parmi celles-ci figurent lesoin aux enfants (Plaza, 2000;Hondagneu-Sotelo et Avila, 1997;Spitzer et al., 2003) ou aux parents âgés(Baldassar et al., 1999, Baldock, 2002).Pour les femmes obligées de vivre loinde leurs enfants, la migration changeradicalement le sens et la significationde la maternité (Hondagneu-Sotelo etAvila, 1997, 2003). Quant à la gardedes enfants par des parents au pays

d’origine, elle représente une forme deréciprocité qui cimente le plussolidement les liens émotionnels entreles migrants et leur pays d’origine (Ho,1999). Cette responsabilité incombesouvent aux grands-mères, comme dansle cas des «international flying Afro-Caribbean grannies» (Plaza, 2000), desaînées qui circulent entre plusieurs paysdans le monde afin d’aider leurs petits-enfants et de contribuer ainsi aumaintien de l’unité familiale. De lamême façon, les parents âgés au paysd’origine reçoivent aussi du soutien deleurs enfants adultes dispersés dans lemonde, en dépit des difficultésrencontrées dans l’accomplissement decette manifestation «d’affectiontransnationale» (Baldassar et al., 1999).

La solidarité transnationale, peuimporte son contenu, soulève toute unesérie de questions en lien avecl’organisation du soutien et de l’aide parles individus dans le contextetransnational. Quel est l’impact duprocessus transnational sur les membresd’une famille? Quels types d’attentes lesindividus ont-ils à l’endroit de parentséloignés géographiquement et en retour,quelles obligations entretiennent-ils àleur égard? Comment les individusutilisent-ils et bénéficient-ils du réseaufamilial? Dans quelle mesure leséchanges concourent-ils au sentimentd’unité familiale? Les études existantessur les familles transnationalesfournissent quelques éléments deréponses qui demandent à être explorés.La séparation physique d’une famillepeut être un atout plutôt qu’un facteurde division dans la cohésion familiale

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(Vuorela, 2002). Néanmoins, lesdevoirs familiaux, objet denégociations, peuvent aussi générer destensions et des conflits à l’intérieur desfamilles transnationales (Basch et al.,1994). Comme dans les autres familles,ces dernières font face à des inégalitésentre leurs membres, en particulier faceaux ressources disponibles pourmaintenir les liens vivants. Danscertaines situations, les stratégieséconomiques transnationales affectentdifféremment chaque membre d’unefamille, au profit de ceux qui ont quittéle pays (Rouse, 1989). Les relationspeuvent être empreintes de compétition,notamment entre les personnes qui ontmigré et celles restées au pays d’origine(Baldassar et al., 1999). De même, ladistance semble exercer des pressionssur les relations intergénérationnelles(Parrenas et Hochschild, sous presse),d’où l’intérêt à s’y pencher. À cet égard,les rituels familiaux sont apparuscomme un des moments privilégiés pourobserver ces différences. Lors de cesoccasions, réunissant des membresd’une même famille installés dans diversendroits du monde, les conflitss’expriment plus facilement (Gardner etGrillo, 2002; Rouse, 1989), alors quela contribution de chacun à la familleest contestée (Olwig, 2002).

Les mouvements de va-et-vient entreplusieurs frontières ont été célébrés entant qu’actes de résistance (Basch et al.,1994). Néanmoins, ils ne symbolisentpas la disparition des frontières desÉtats-nations et celles-ci ne sont passans générer des coûts émotifs, sociauxet économiques pour ceux qui les

traversent. Si la famille soutient laréalisation des objectifs de ses membres,elle la restreint tout autant (Bryseconet Vuorela, 2002). Quelques étudessuggèrent l’existence de difficultésengendrées par la séparation des parentset des enfants. Pour un bon nombre demères, la nécessité d’accomplir leursresponsabilités familiales à distancepeut devenir source d’anxiété, desacrifices, de détresse psychologique etde négociations constantes et difficilesavec la parenté autour de la prise encharge des enfants (Hondagneu-Soteloet Avila, 1997, 2003; Orellana et al.,2001). De la même façon, pour denombreux enfants, vivre loin de leursparents semble comporter de nombreuxdéfis (Zhou, 1997; Waters, 2001;Menjivar, 2002; Orellana et al., 2001;Pe-Pua et al., 1998; Olwig, 1999;Parrenas et Hochschild, sous presse).

Conclusion

La globalisation a favorisél’émergence, un peu partout dans lemonde, d’un nouveau modèle familialcaractérisé par la dispersion desmembres d’une famille à travers lesfrontières nationales et par le maintienactif des contacts entre eux. Lesenquêtes sur le sujet révèlent l’existencede plusieurs types de configurationsfamiliales transnationales. Nousproposons le terme de «parentalitétransnationale» pour désigner ledéploiement dans l’espace de liens entreparents et enfants. Quant à la catégorie«parenté transnationale», elle englobeun réseau familial beaucoup plus large,impliquant des membres d’un groupe

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de parenté. Il semble que la présence dechacune des formes est fortementconditionnée par la tradition migratoiredu pays d’origine des migrants ouencore par sa situation économique.

En dépit d’un nombre croissant depublications sur le sujet, on ne sait pasencore très bien comment les famillessont transformées par leur participationau processus transnational. Quel est lecontenu, le sens et l’impact despratiques transnationales pour lesdifférents membres d’une mêmefamille? Comment, par qui, avec qui etpourquoi les liens transnationaux sont-ils constitués? De quelle façon lesindividus dispersés de par le mondemaintiennent-ils le sentiment de fairepartie d’une même famille? Commentétablissent-ils, maintiennent-ils ouévitent-ils certains liens? Quelles formesprennent l’entraide et la solidaritéfamiliales transnationales et comments’organisent-elles? Quels sont les coûtsémotifs, sociaux et économiques desréseaux transnationaux? Voilà autantde questions qui peuvent nouspermettre d’aborder la sphèredomestique et les pratiques familialesdans un contexte transnational. À cetégard, nous avons tenté de montrercomment les rituels familiaux et lessolidarités transnationales, activités oùles femmes sont fortement impliquées,peuvent permettre de répondre à cesquestions.

Enfin, l’existence de familles nonconfinées à un territoire national a desconséquences directes sur la recherche.D’une part, la notion de famille

occidentale ne semble pas toujours êtreun modèle utile dans l’analyse desfamilles immigrantes. La viabilité desgroupes familiaux suite à la dispersiongéographique fait qu’il est aujourd’huiimpossible d’étudier ces familles sanstenir compte des membres éloignés.Ainsi, pour saisir la composition et lastructure de ces entités transnationales,on ne peut examiner uniquement ce quise passe à l’intérieur des frontièresnationales. D’autre part, les familles quiadoptent une forme transnationaleviennent accroître la diversité desformes familiales et remettent enquestion notre compréhension de cetteinstitution. Ce faisant, les connaissancesgénérées sur les familles transnationalesdoivent pouvoir enrichir l’étude desfamilles contemporaines.

Notes

1Plus généralement, les familles immigran-tes se trouvent totalement exclues des dé-bats sur la famille contemporaine.

2Les principales banques bibliographiquesinformatisées ont été consultées (CurrentContents Search, Francis, Sociofile, SocialSciences Index, Social Work Abstracts Plus,Sociological Abstracts), en plus des répertoi-res en langues française et anglaise de thèsesuniversitaires. Les numéros récents et nonencore répertoriés des principales revues spé-cialisées en sciences sociales susceptibles decontenir des articles sur le thème ont été par-courus un à un.

3Les liens familiaux, parce qu’ils permettentaux migrants de conserver un ancrage dansplusieurs sociétés, sont considérés par plu-sieurs comme la base des réseaux transna-tionaux (Wiltshire, 1992; Basch et al., 1994).Selon Rouse (1989), ils en forment les «ma-tériaux de construction fondamentaux». Lesfamilles assument une telle fonction en rai-son de leurs structures particulières (Waters,

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2000, Le Gall, 2002; Basch et al., 1994).

4Curieusement, les liens familiaux entrete-nus par les pères qui migrent seuls sont, ànotre connaissance, complètement absentsdes débats sur la famille transnationale.

5 Les dynamiques familiales des migrants engénéral ont rarement été investiguées dansles recherches, sinon à travers la questiondes conflits de générations.

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