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LES ACTIONS GARDENT LA CONFIANCE DES EXPERTS Le rebond des Bourses a été violent en 2009. Les actions conservent toutefois un potentiel d’appréciation, en ligne avec les bénéfices attendus des entreprises. LA RESTRUCTURATION DES DETTES DOPERA LES GAINS DES HEDGE FUNDS Incertitudes et volatilité ont permis aux hedge funds de réaliser de très belles performances l’an dernier. 2010 devrait aussi être un bon cru, mais moins exceptionnel. MÉGATENDANCES D’AVENIR Identifier les changements de fond de nos sociétés pour s’intéresser assez tôt aux entreprises gagnantes de demain. JANVIER 200 | UN HORS-SÉRIE DE L’HEBDO JANVIER 200 | UN HORS-SÉRIE DE L’HEBDO | NE PEUT ÊTRE VENDU SÉPARÉMENT VOS PLACEMENTS 2010 HORS-SÉRIE Finance Les pays émergents et leurs entreprises seront les grands gagnants de l’après-crise. Le «Smart Grid», réseau électrique intelligent intégrant les technologies IT, est une innovation majeure. Les baby-boomers sont en passe de devenir des papy-boomers exigeants et informés, avant tout désireux de rester en bonne santé.

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les actions gardent la confiance des expertsLe rebond des Bourses a été violent en 2009. Les actions conservent toutefois un potentiel d’appréciation,

en ligne avec les bénéfices attendus des entreprises.

la restructuration des dettes dopera les gains des hedge fundsIncertitudes et volatilité ont permis aux hedge funds de réaliser de très belles performances l’an dernier.

2010 devrait aussi être un bon cru, mais moins exceptionnel.

Mégatendances d’avenirIdentifier les changements de fond de nos sociétés

pour s’intéresser assez tôt aux entreprises gagnantes de demain.

JANVIER 20�0 | uN hoRs-séRIE dE l’hEbdo

J A N V I E R 2 0 � 0 | u N h o R s - s é R I E d E l ’ h E b d o | N E P E u T Ê T R E V E N d u s é PA R é M E N T

Vos pLaCeMents 2010

hors-sérIeFinance

Les pays émergents et leurs entreprises seront les grands gagnants de l’après-crise. Le «Smart Grid», réseau électrique intelligent intégrant les technologies IT, est une innovation majeure. Les baby-boomers sont en passe de devenir des papy-boomers exigeants et informés, avant tout désireux de rester en bonne santé.

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ÉDITORIAL2010: année de l’espoir

GenevIève BRuneT Responsable des pages finance

L’année écoulée a apporté son lot d’heureu-ses surprises aux investisseurs. Même les stratèges les plus optimistes n’avaient pas parié, à l’orée de 2009, sur le fort et long

rebond dont ont bénéficié les Bourses du monde entier. Après leur chute vertigineuse des mois précédents, la plupart des corbeilles ont entamé une belle remontée à partir de leurs plus bas niveaux, atteints en mars, et n’ont cessé depuis de gagner du terrain. Gage de l’optimisme retrouvé de certains acheteurs sur les perspectives d’une économie mondiale sortant lentement de la récession. Mais aussi gonflement des cours alimenté par l’effet quasi mécanique du placement sur les marchés des tom-bereaux de liquidités qu’Etats et banques centrales ont fournis aux banques pour éviter une asphyxie du système financier mondial. Lorsque les taux d’intérêt flirtent avec le zéro et que certaines monnaies sont sous pression, le carry trade reprend du service. Et des allers-retours rapi-des sur titres permettent d’engranger du rendement. Y compris pour des banques, heureuses de retrouver à bon compte la voie de la rentabilité.

Pour que l’embellie boursière de ces derniers mois se transforme en progression de long terme, il faudra que les entreprises affichent des chiffres d’affaires et profits conformes aux attentes. L’interrogation cruciale pour l’année qui s’ouvre porte sur la capacité des pays émer-gents à s’installer durablement dans une croissance éco-nomique saine, alimentée par l’investissement et la consommation; et sur l’aptitude des pays développés à atteindre ce stade de convalescence heu-reuse. Faute de quoi, l’activité économi-que pourrait retomber lorsque les plans de relance budgétaires et les politiques monétaires accommodantes cesseront de produire leurs effets. Reste que la plu-part des stratèges ne privilégient pas ce scénario noir d’une évolution à venir de l’activité écono-mique mondiale selon la forme d’un «W»; soit un nouveau déclin, suivant ce qui ne serait actuellement qu’une illu-sion de reprise. La majorité s’affiche plus sereine qu’il y a quelques mois, du moins pour les perspectives de l’année 2010. La violence de la chute des échanges, puis de la pro-duction, a été telle dans de nombreux pays qu’un restoc-kage et un investissement minimal de la part des entre-

prises semblent inévitables. De quoi alimenter le retour à une meilleure croissance. Le consensus se fait aussi sur le fait que la vie de l’investisseur ne tiendra pas cette année du long fleuve tranquille: prévoir une allocation stratégi-que en janvier et ne plus s’en préoccuper ensuite pourrait se révéler dangereux. La volatilité promettant d’être forte, les mouvements tactiques dans les portefeuilles s’impo-seront sans doute pour passer le premier an de la nouvelle décennie sans trop d’encombres.

Les interrogations sur la capacité de certains Etats à assu-mer leur dette pourraient croître ces prochains mois, menaçant la solidité des obligations gouvernementales. Le pilotage fin par les banques centrales de leurs straté-gies de sortie de crise influencera l’humeur des investisseurs.

Au-delà des choix pour l’année en cours, il vaut la peine de s’interroger sur les tendances de long terme qui boule-verseront nos sociétés à un horizon de 10, 20 ou 30 ans. Elles influenceront la rentabilité des placements sur le long terme. D’où l’intérêt de les repérer tôt. Certaines banques s’y sont employées. Nous donnons dans ce numéro un large écho à leurs conclusions. De quoi se rap-peler en ces temps d’incertitudes que les placements sont aussi des paris de longue haleine.

La palette des instruments financiers accessibles aux petits investisseurs s’enrichit d’année en année. Ainsi des ETF qui répliquent un indice et permettent de construire une allo-cation stratégique à moindre coût. Le choix est désormais suffisamment large pour offrir une vaste diversification.

Les émetteurs de structurés − inquiets de la défiance des clients après la faillite de Lehman Brothers − ont conçu des pro-duits couvrant le risque de défaillance de l’émetteur. Par ailleurs, nombre de pro-duits structurés standardisés offrent un calcul journalier du risque et de la valori-

sation. Même les hedge funds, réputés réservés aux inves-tisseurs qualifiés, tentent de rassurer épargnants et caisses de pension. Certains ont ainsi fait le choix de se conformer aux exigences de la norme européenne UCITS III, et bien-tôt UCITS IV, pour être accessibles au grand public.Un choix de placements, même réalisé avec l’aide d’un professionnel, reste personnel. Il suppose de réfléchir à ses objectifs et à sa capacité à prendre des risques.√

impressum hORs-sÉRIe fInAnce

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repérer tôt les tendances de long terme.

illustrations de couverture: john spencer the central illustration agency

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SOMMAIRE

MéGATENDANCESLES REpéRER pOuR InvEStIR gAgnAnt à LOng tERMELes innovations scientifiques transforment notre environnement –et bientôt l’homme lui-même– à un rythme de plus en plus rapide. Elles seront mises à contribution pour relever les grands défis qui s’annoncent: produire deux fois plus de denrées alimentaires, inventer le mode de vie de nos futures sociétés de grand âge, protéger l’environnement par la gestion intelligente de multiples énergies, dont certaines sont encore à l’état d’utopies.

ViEilliSSEMENT DE lA populATioNInvEStIR dAnS LA SAnté dES SEnIORSLes seniors d’aujourd’hui ont peu à voir avec leurs grands-parents. Ils bénéficieront des découvertes à venir dans le domaine de la santé. Un des thèmes d’investissement les plus prometteurs à long terme.

HEDGE FuNDS2010 S’AnnOncE cOMME un bOn cRuLes nombreuses incertitudes sur les marchés et la volatilité qui ont marqué le début de l’année 2009 ont favorisé les gérants audacieux de hedge funds: la dette «distressed» et les stratégies sur obligations convertibles ont notamment affiché de très belles performances. En 2010, la restructuration des dettes devrait encore offrir un rendement confortable.

ExCHANGE TrADE FuNDSLA dIvERSIfIcAtIOn à pEtItS cOûtSLa vaste gamme d’ETF désormais disponible et la grande liquidité de ces produits financiers qui répliquent un indice permettent de construire une allocation stratégique bien diversifiée à prix serrés.

proDuiTS STruCTuréS du SuR-MESuRE En LIgnEUn produit structuré permet d’élaborer une stratégie en fonction de l’idée que l’on se fait de l’évolution à venir des marchés. D’où l’exigence de rapidité dans sa construction. Grâce à une informatisation poussée, il est désormais possible de construire son structuré en ligne, dès 50 000 ou 100 000 francs.

MATièrES prEMièrES un pLAcEMEnt dE LOng tERMELes prix des matières premières peuvent varier brutalement . Elles n’en constituent pas moins un investisse-ment de long terme pour bénéficier de la croissance annoncée des pays émergents. Mieux vaut miser pour ce faire sur les entreprises qui les produisent, les transforment ou les transportent.

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VoS plACEMENTS 2010EntRE L’ESpOIR d’unE REpRISE SOLIdE Et LA cRAIntE d’unE REchutE

2009 − qui n’avait pas commencé dans l’euphorie aux corbeilles − s’est achevée avec l’heureuse surprise d’une des meilleures années boursières. Bonne nouvelle: les spécialistes prédisent que ce rebond n’a pas donné tout son potentiel. Car la croissance, même timide, nourrira les bénéfices des entreprises. Il convient toutefois de surveiller quelques risques qui pourraient faire rechuter l’économie.

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états-unis

EntrE l’Espoir d’unE rEpris E solidE Et la craintE d’unE rEchu tE

Belle année Envolée des Bourses des pays émergents; belle remontée de leurs homologues américaines et européennes; flambée du prix de l’or et de l’argent; progression de la valeur des autres matières premières; performance à deux chiffres des hedge funds; gains faciles sur la volatilité avec les produits structurés: 2009 a redonné le sourire aux investisseurs. reste à sa-voir si l’optimisme ambiant sur les perspectives de l’année qui s’ouvre n’est pas un brin excessif.

Vos placements 2010

beaucoup d’espoirs sur leur capacité à tirer la reprise pour le reste du monde. L’accord récent entre la Chine et six pays d’Asie du Sud-Est supprimant la majeure partie des droits de douane dans ce qui a vocation à devenir une vaste zone de libre-échange devait contribuer à doper les échanges et la croissance.Dans ce contexte de soulagement généra-lisé, une première décennie de rendement négatif sur les actions américaines n’in-quiète pas. Un investisseur qui aurait placé 10 000 dollars sur le Standard & Poor’s 500 le 31 décembre 1999 n’aurait pourtant eu en poche que 9090 dollars le dernier jour de 2009. Quant au Japonais qui aurait eu la mauvaise idée de miser sur le Nikkei le 29 décembre 1989, lorsque l’indice nippon caracolait à 39 915 points, il ne détiendrait, 20 ans plus tard, qu’un peu moins d’un tiers de son placement initial.Mais d’autres marchés boursiers ont enrichi ceux qui leur ont fait confiance. Goldman Sachs s’est montrée visionnaire le 30 novembre 2001, en soulignant les brillan-tes perspectives des BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine). L’indice MSCI BRIC a gagné 134% depuis! Chiffre que retiennent volon-tiers les nombreux investisseurs qui redé-couvrent avec bonheur le goût du risque et l’espoir de beaux rendements. Espoir ali-menté par un consensus positif sur les actions pour les mois à venir. Ce consensus, quasiment unanime pour le premier semes-tre, ne manque pas d’arguments solides. Petite revue des messages positifs et des chiffres qui réjouissent, avant de recenser quelques risques à surveiller cette année pour se protéger d’une érosion brutale de son épargne.

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Les Bourses américaines –ici le marché des options à chicago le 31 décembre 2009– ont réalisé une de leurs meilleures années. Le nASDAQ, spécialiste des nouvelles technologies, s’est envolé.

GeneVièVe Brunet

L es débuts d’année se suivent et ne se ressemblent guère. A l’orée de 2009, rares étaient les stratè ges, é c onomistes et

autres experts ès prévisions à pronostiquer une très bonne année boursière. Le cru 2009 a pourtant été généreux. Du moins pour ceux qui avaient eu le courage de reve-nir sur les actions après leur dégringolade ou avaient résisté à la tentation de solder leur compte titres en 2008. Les caisses de pension, et autres investisseurs institu-tionnels fidèles à une allocation stratégi-que de long terme – présents sur les mar-chés dès le début du sursaut – ont pu gommer une partie des moins-values de 2008.Reste que l’ampleur de l’embellie boursière – nombre de corbeilles ont gagné quelque 60% depuis leurs niveaux les plus bas de mars 2009 – et surtout sa durée, ont sur-pris. De quoi nourrir l’espoir de rattraper en 2010 le train dont on aurait manqué le départ en 2009? En ce début de 2010, l’op-timisme semble autant de mise que la pru-dence était de rigueur il y a un an. Le gros de la crise est généralement considéré comme passé, presque relégué déjà au musée des tourmentes financières; par la vertu de la croissance retrouvée. Les prévisions de progression du PIB en 2010 dépassent les 8% pour la Chine et l’Inde et les 5% pour l’ensemble de l’Asie. Elles atteignent 3 à 4% pour les Etats-Unis et de 2 à 3% pour l’Eu-rope. Pour la Suisse, la Banque cantonale de Genève annonce 0,5% en 2010. Les nations émergentes apparaissent comme les futu-res gagnantes de la sortie de crise. On fonde

dow jones:

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très fort reBond aux corBeilles«Les placements les plus risqués sont

toujours évalués de manière avantageuse» affirme Thomas Härter – responsable de la stratégie de placement de Swisscanto – dans ses perspectives d’investissement pour l’an-née en cours publiées début janvier. Et de recommander, de ce fait, de maintenir une part élevée d’actions dans les portefeuilles. Il affirme même qu’«une nouvelle fuite dans des placements sûrs aux rendements histo-riquement bas est erronée, même en cas de nouvelles passagèrement mauvaises.» Le client frileux est ainsi indirectement averti: 2010 n’est pas 2008 et la peur pourrait être mauvaise conseillère… Une attitude franche-ment positive envers les actions qu’il justifie par l’évolution des bénéfices durables. Et d’argumenter: les entreprises ayant forte-ment réduit leurs coûts les deux années pré-cédentes, «une très faible progression du chiffre d’affaires permettrait d’augmenter les bénéfices.» Or, les prévisions de crois-sance économique pour 2010 devraient offrir à nombre d’entreprises ce petit «plus» de chiffre d’affaires qui nourrira leurs profits. Même optimisme raisonné de la part de Christian Gattiker, chef de la recherche de Julius Baer. Il relève que «la croissance sur-prendra par sa vigueur avant l’apparition de facteurs décevants». Et de pronostiquer que «les marchés actions pourraient bien pour-suivre leur envolée une bonne partie du pre-mier semestre». Selon lui, «une croissance convenable des chiffres d’affaires des pro-chains trimestres, accompagnée d’un réta-blissement des marges, devrait “sauver la mise” aux actions».Christophe Donay, chef stratégiste de Pictet relève, lui, que les «fusions et acquisitions devraient être un facteur important pour les marchés actions» en 2010. Année pendant laquelle marchés et bénéfices ont toutes les chances d’évoluer de concert. Une croissance des bénéfices à deux chiffres étant selon lui probable pour les entreprises américaines, il serait dommage de négliger la Bourse de l’Oncle Sam. Chef économiste de Dexia, Anton Brender est convaincu que la Bourse américaine n’est pas surévaluée, même s’il relève que les Etats-Unis mettront du temps à se rétablir. Rester réactif. Reste que l’année qui s’ouvre est de celles où il convient de privilégier «un style d’investissement tactique» – sou-ligne Christophe Donay – dans un environ-nement qui pourrait être chahuté par les stratégies de sortie de crise des banques centrales. Jérôme Schupp, responsable des placements de la Banque Syz, envisage 2010 comme «une année de stock pickers», où l’attention portée à la profitabilité des entreprises influera grandement sur les plus-values. Il estime aussi, comme plu-sieurs de ses collègues, «que les marchés émergents devraient continuer de surper-former comme ils l’ont fait en 2009». Peu endettées, bénéficiant plus tôt que leurs homologues américaines et européennes du retour de la croissance économique, les entreprises des pays émergents devraient être à même de créer de la valeur ces pro-chains mois. D’autant que la part importante

du commerce des pays émergents réalisée entre eux contribuera cette année à une sorte de cercle vertueux de croissance. Henk Potts, stratégiste sur les marchés actions pour Bar-clays Wealth estime, lui aussi, que les actions «restent globalement correctement éva-luées». Elles gardent donc des possibilités de progresser avec les bénéfices des sociétés. Au-delà de cet engouement unanime pour les actions, un autre actif suscite toujours de l’intérêt: la dette des pays émergents, émise en monnaies locales. Même si le risque d’un

retour de l’inflation, en premier lieu dans les pays émergents, en limite un peu l’attrait. Elle garde toutefois de nombreux atouts. Anciennes emprunteuses auprès du reste du monde, nombre de ces nations promises à une forte croissance sont désormais crédi-trices. Mieux: leurs plans de relance ayant été modestes en proportion de ceux des grands pays occidentaux, leur dette souve-raine reste facilement supportable. Une dette qui, en outre, n’est pas menacée d’alourdissement massif pour cause de vieillissement de la population; comme cel-les de plusieurs pays européens. Le FMI est très peu intervenu auprès des émergents pendant cette crise. C’est le résultat heureux de changements de politique qui ont porté leurs fruits. Ces dernières années, plusieurs de ces pays ont réduit leurs déficits publics tandis que leurs banques centrales domp-taient l’inflation. Enfin, instruits par la crise asiatique des années 90, «les gouvernements des pays émergents se sont employés à développer une demande locale pour leurs obligations» a relevé, lors d’une présentation à Genève, Agnès Belaisch, stratégiste spécialiste des marchés émergents chez Threadneedle. Les banques, fonds de pension et fonds d’inves-tissement régionaux détiennent désormais une part substantielle du marché obliga-taire en monnaies locales des émergents. De quoi réduire le risque de chutes de valeurs en cas de sorties importantes de capitaux de la part d’investisseurs étrangers.Plusieurs pays émergents – à l’exemple du Brésil tout récemment – ont, en sus, pris des mesures pour décourager les flux de capitaux spéculatifs qui pourraient déstabiliser leurs économies. Autant de garde-fous qui

devraient éviter des variations brutales de la valeur de leurs obligations souveraines. D’autant que le rating de ces titres par les grandes agences de notation apparaît aujourd’hui sévère, en regard des notes encore attribuées aux Etats-Unis ou à la Grande-Bre-tagne. En devises locales, le rendement devrait rester attrayant. Un investisseur ayant le franc pour référence ne doit toutefois pas négliger le risque de change.

Redécouverte des obligations en franc suisse. Un risque inexistant avec un autre produit financier qui devrait retrouver à l’avenir la faveur des investisseurs – si l’on en croit Nannette Hechler-Fayd’herbe, responsable au Credit Suisse de la recherche sur les titres à revenus fixes: les obligations en francs. Boudées ces dernières années en raison de la perte du rôle de valeur refuge du franc; elles avaient auparavant vocation à intéresser sur-tout des investisseurs institutionnels étran-gers soucieux de préserver la valeur de leur capital sur le long terme. Or, le succès des efforts de la BNS pour stabiliser le change avec l’euro depuis la naissance de la monnaie unique européenne avait interrompu la ten-dance de long terme à l’appréciation du franc face à la plupart des monnaies. Une tendance qui pourrait redevenir d’actualité alors que la Suisse est un des rares pays développés à n’avoir pas massivement augmenté sa dette publique ces deux dernières années, frein à l’endettement oblige. Des inquiétudes à pro-pos d’un éventuel retour de l’inflation ou d’un possible effritement de grandes monnaies comme le dollar pourraient redonner des couleurs à Dame Helvetia. Une prise de valeur qui, si elle était raisonnable et pro-gressive, permettrait de protéger la Suisse

d’une inflation importée au cas où une hausse des prix affecterait de nombreux pays. Pour l’heure, l’experte en obligations de la grande banque prévoit déjà qu’un dollar vaudra moins d’un franc d’ici à la fin de l’année et qu’un euro n’en vaudra plus que 1,40. La sophistication des placements, à travers un investissement direct dans des hedge funds, ou via un fonds de hedge funds, pour-rait se révéler un investissement gagnant en 2010. Les meilleurs de ces fonds alternatifs dits «de couverture» ont résisté à la crise,

mais leurs concurrents ont disparu, augmen-tant d’autant la capacité des gérants restants à tirer parti des inefficiences des marchés (voir page 19).La volatilité prévue sur les différents mar-chés financiers va relancer l’intérêt pour les produits structurés, même si le prix d’une protection augmente avec l’incertitude. Les paris à contre-courant des consensus pour-raient être joués à travers certains de ces structurés (voir page 21). L’or a gagné beaucoup de valeur en 2009. Yves Bonzon, responsable de la politique de place-ment pour la clientèle privée de Pictet, indique que le métal jaune joue un rôle de «couverture en cas de scénarii extrêmes». Et de préciser: «Même si nous n’anticipons aucun choc poli-tique extrême pour 2010, nous conservons notre pondération stratégique sur l’or.» Les autres matières premières ont repris en 2009 une partie du terrain perdu l’année précé-dente, sans toutefois rejoindre les niveaux spéculatifs atteints courant 2008. Il vaut la peine de miser à long terme sur les matières premières, à travers les entreprises qui les exploitent, en passant par des fonds de place-ments spécialisés (voir page 22).Les changements en profondeur de nos sociétés affecteront aussi la valeur des inves-tissements à long terme. Repérer tôt les futures évolutions permet d’acquérir à prix raisonnables les titres des sociétés promises à un brillant avenir car détenant les techno-logies ou les savoir-faire répondant à de nou-veaux besoins (voir page 18).Savoir donner à ses placements le temps de fructifier ne dispense pas de régulièrement repérer les risques qui les menacent. De ceux qui pourraient faire virer au noir le scénario rose de 2010.

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+18,27%

suisse

BoVespa:

+82,66%

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+23,85%

Le Smi − principal indice de la Bourse suisse, représentatif des plus grandes capitalisations − a gagné plus de 18% en 2009.

le plus grand risque auquel doit faire face le monde

développé ces prochaines années demeure un environnement déflationniste dicté par la liquida-tion de la dette.»

Yves Bonzon responsable de la politique de placement pour la clientèle privée de Pictet.

le ralentis-sement du

déstockage, puis le restockage, apporteront un précieux soutien à l’activité au cours des prochains mois.»

Fabrizio Quirighetti chef économiste de la Banque Syz.

Malgré sa hausse

récente, la Bourse américaine est loin d’être surévaluée.»

anton Brender chef économiste de Dexia.

La Bourse de Shanghai a réalisé à nouveau une très belle année. Les entreprises locales ayant largement bénéficié du massif plan de relance chinois.

Sur douze mois, la Bourse brésilienne a engrangé une performance supérieure à celle de son homologue chinoise, calmée par des prises de bénéfices en fin d’année.

Francfort a affiché une des plus belles performances des Bourses européennes malgré le recul sensible de la production en Allemagne.

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01 Mouvements de change

Pour un épargnant ayant le franc comme monnaie de référence, les risques de change doivent être surveillés de près en 2010. Des mouvements erratiques de cours des grandes monnaies pourraient inciter les investisseurs à se réfugier momentanément sur le franc, comme certains d’entre eux le font avec l’or, considérant le métal doré comme une réserve de valeur sûre qui ne serait pas emportée par une éventuelle baisse brutale de certaines devises. Au-delà des douze mois à venir, les pegs liant plusieurs devises asiatiques au billet vert pourraient disparaître; notamment celui entre le yuan et le dollar. Dans cette perspective, les investissements en Chine comportent le double objectif d’une plus-value en monnaie locale et d’un gain de change en cas d’appréciation future du yuan. Un pari que le Gouvernement chinois pour-rait bien s’employer à invalider. Le premier ministre chinois, Wen Jiabao, a déclaré récemment que les prix de l’immobilier avaient monté trop vite en Chine et que le gouvernement allait tenter de les stabiliser. Dans ce contexte, il ne veut pas laisser se développer des anticipations sur une future hausse du yuan qui alimentent la spéculation. Surtout, les autorités chinoises n’envisage-ront une réelle appréciation du yuan face au dollar que lorsqu’elles auront réussi à suffi-samment réorienter leur économie vers la demande intérieure, pour compenser les effets récessifs de la chute des exportations; un changement de longue haleine. Dans l’in-tervalle, les taux de change pilotés alimen-tent les grands déséquilibres mondiaux entre les pays qui, comme la Chine, ont un excès d’épargne et ceux qui, comme les Etats-Unis s’appuient trop sur le crédit. Déséquilibres qui pourraient provoquer une crise des changes.

02 Politiques monétai-res moins souples

Avant même d’envisager d’augmenter les taux d’intérêt, les banques centrales vont devoir trouver le moyen de renoncer au «quantitative easing», soit les achats directs d’obligations gouvernementales et autres titres à revenus fixes qu’elles ont effectués ces derniers mois pour maintenir les taux d’intérêt très bas et remettre en route le système du crédit. Aban-donner en douceur les politiques monétaires ultra-accommodantes ne sera pas chose aisée, pas plus que de déterminer le moment idéal pour le faire. Trop tôt: l’économie pourrait replonger en récession. Trop tard: l’inflation pourrait apparaître. Très sensibles aux taux d’intérêt, les marchés financiers sont suscepti-

bles de réagir brutalement si les décisions des banquiers centraux les surprenaient. Un risque à surveiller plutôt pendant la deuxième partie de l’année.

03fragilité des dettes souveraines

La fragilité des dettes souveraines – de pays comme l’Islande, la Grèce ou l’Espagne, ce der-nier ne bénéficiant plus du triple A; mais aussi de plusieurs Etats américains – est inquiétante. Elle pourrait rendre les levées de fonds publics plus difficiles, avec des hausses de taux d’inté-rêt sur certaines obligations gouvernementa-les. De quoi déstabiliser l’ensemble du marché obligataire. La demande de Dubai World de reporter les échéances d’une partie de sa dette est peut-être le premier incident sérieux d’une longue série de défaillances d’emprunteurs publics. Par ailleurs, pour rester en mesure de faire face à leurs engagements envers leurs créanciers, les collectivités publiques vont devoir se serrer la ceinture; donc couper dans les dépenses. Aux Etats-Unis, plusieurs Etats ont déjà remercié des fonctionnaires et ont sensiblement réduit les budgets de l’éducation ou du social. Des coupes trop sévères pour-raient provoquer des troubles politiques dans certains pays étranglés par leurs dettes.

04chômage massif

Les marchés financiers ont regagné une par-tie du terrain perdu en 2008, mais le chômage continue d’augmenter dans plusieurs pays. En 2010, l’effet des plans de relance massifs devrait permettre d’afficher de la croissance même avec une consommation atone, sous l’effet de la reconstitution des stocks dans les entreprises et d’une timide reprise de l’inves-tissement après l’arrêt brutal des mois précé-dents. Mais à terme, les chômeurs étant aussi des consommateurs, un taux de chômage durablement élevé, surtout aux Etats-Unis et en Europe, pénaliserait les capacités de profits des entreprises et, donc, les marchés bour-siers. C’est l’un des principaux dangers pour la fin de l’année: une rechute dans la récession provoquée par une demande trop faible.

05une bulle sur les marchés émergents

Promus sauveurs de l’économie mondiale, les pays émergents font face à un afflux de capi-taux étrangers qui alimente des hausses importantes du prix des actions et de l’im-

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quelques risques à survEillEr cEttE annéE

Pas de credit crunch en suisse

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La croissance des crédits reste positive en 2009Les ménages suisses ne sont pas surendettés et ne sont pas obligés de se serrer la ceinture

Crédits accordés en Suisse, en millions de francs

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le scénario le plus probable pour l’économie mondiale

est celui d’une reprise en «W». soit un premier rebond assez fort, suivi d’une succession de rechutes et de rebonds.»Jean-Luc Lederrey responsable des études financières à la Banque cantonale de genève.

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mobilier. Une correction brutale sur un de ces marchés boursiers pourrait provoquer un effet domino. Des baisses de prix dans l’im-mobilier, chinois par exemple, provoque-raient aussi une onde de choc avec des cor-rections brutales sur les marchés financiers. Les deux jours qui ont suivi l’annonce de Dubai World ont montré que les investis-seurs étaient nerveux.Recenser les risques pour mieux les tenir à l’œil ne revient pas à opter pour le scénario du pire. L’action massive et coordonnée des Etats en 2008 a évité une très grave réces-sion. L’espoir dominant reste que les écono-mies, après avoir été momentanément dopées par des injections massives de liqui-dités, reprennent lentement le chemin d’une croissance saine auto-alimentée par l’inves-tissement et la consommation. Les experts de Pictet remarquaient, lors de la présenta-tion de leurs perspectives pour 2010, que les économies émergentes se trouvaient déjà à ce stade du cycle économique d’une reprise s’appuyant sur une demande solvable et des besoins en investissements.Pour les Etats-Unis et l’Europe, cela pourrait prendre un peu plus de temps. Le deuxième semestre sera crucial. Si les banques centra-les parviennent à piloter avec doigté la sortie de crise en neutralisant progressivement les liquidités excédentaires, le scénario rose qui est inscrit dans les cours actuels des actions a de bonnes chances de se réaliser: retour aux profits pour les entreprises et à une crois-sance économique globale moins impor-tante que ces dernières années, mais plus solide et durable. Car alimentée par une demande solvable et non par une bulle de crédit. La précédente mettra de longues années à se dégonfler et les nouvelles régle-mentations imposées aux banques, en sus de leur volonté de ne pas fragiliser leurs bilans en accordant à nouveau des crédits mal gagés, ouvriront la voie à plusieurs années de crédit moins facile et de croissance économi-que plus sage. Reste que le pouvoir d’achat augmente vite dans les pays émergents et que les consommateurs de ces régions com-mencent déjà à prendre le relais d’Améri-cains désormais moins enclins à jouer de leur carte de crédit. La Chine vient de devenir le premier marché automobile mondial, devant les Etats-Unis, et les industries du luxe se refont une santé en Asie.√

«les pays

émergents sont un moteur

majeur pour l’économie mondiale.»

henk Potts Stratège sur les marchés actions

pour Barclays Wealth.

les Pays éMergents aPPortent l’essentiel de la croissance Mondiale

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Etats-UnisZone EuroJaponPays développés hors Etats-Unis,zone euro et Japon

Pays émergents

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Contribution des principales zones économiques à la croissance globale du PIB

esPoir d’une rePrise de l’investisseMent, aPrès son effondreMent raPide

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01Les enjeux du papy-boom

La démographie, avec le vieillissement accéléré de la population tant dans les pays développés que dans les régions émergen-tes, est une des tendances les plus éviden-tes de ces prochaines décennies. «A moins d’une troisième guerre mondiale ou d’une pandémie, nous connaissons approximati-vement le futur nombre de personnes âgées et savons qu’elles vivront plus longtemps et en meilleure santé», relève le futurolo-gue Richard Watson dans le Global Investor (GI) du Credit Suisse*. La plupart des inves-tisseurs sont conscients de cette vague de fond. «Le nombre de personnes de plus de 60 ans devrait passer de 600 millions envi-ron en 2000 à 1,2 milliard en 2025 et à 2 milliards en 2050», rappellent dans cette même publication Ilona Kickbusch et Prisca Boxler, spécialistes du vieillisse-ment. Le fait que «d’ici à 2025, les trois quarts des personnes âgées vivront dans les pays en développement» est peut-être moins connu. Quels choix feront-elles? Au vu des premières constatations faites dans les pays riches, les baby-boomers nés entre 1946 et 1964 − en passe de devenir des papy-boomers − s’emploient à bousculer les stéréotypes sur les sexagénaires. «Qui aurait cru que la vente des guitares électri-ques exploserait au Japon lorsque les pre-miers baby-boomers partiraient à la retraite?» interrogent ces expertes. «Ou que le groupe le plus actif sur le net serait celui des plus de 50 ans?» Les ex-soixante-huitards pourraient bien réinventer l’art de vivre son troisième temps de vie: en entretenant sa santé et en conser-vant un mode de vie comportant de nom-breux loisirs. Aux investisseurs malins de repérer les entreprises aptes à bénéficier de ce bouleversement. Lombard Odier vient de lancer une SICAV sur ce thème; en misant, dans un premier temps, sur des sociétés spécialisées dans la santé (voir page 18).

02L’avenir du made in China

Ces trente dernières années, la Chine s’est imposée comme l’atelier du monde. Ses produits, fiables et réalisés à prix serrés, ont diffusé le label «made in China» sur toute la planète. Mais ce succès cache des faiblesses. «Bien que la proportion des exportations chinoises de produits high-tech dans le volume total des échanges extérieurs atteigne 29%, plus de 90% des exportations de biens restent tributaires des activités d’assemblage ou des équipe-mentiers» relève, pour GI, Zhouying Jin, directrice du Centre de l’innovation tech-nologique et des études stratégiques à l’Académie chinoise des sciences sociales de Beijing. En outre, l’immense Chine man-que «de technologies stratégiques, de mar-ques propres et de canaux de distribution locaux». Et cette experte d’affirmer que c’est la créativité de la nation tout entière

MéGATENDANCES Les repérer pour investir gagnant à Long termeprospeCtive investir, c’est aussi se donner le temps de réfléchir aux changements de fond: ceux qui créeront les profits de demain. Le Credit suisse a repéré les mégatendances mondiales dans son global investor, pictet s’est penché sur les tendances séculaires, tandis que Lombard odier mise sur les perspectives ouvertes par le vieillissement. sélection subjective de thèmes d’investissement d’avenir.

05Nourrir le monde

Pour Joachim von Braun, directeur général de l’International Food Policy Research Ins-titute (IFPRI), «l’heure est venue de repen-ser le rôle des organismes génétiquement modifiés (OGM) pour garantir la sécurité alimentaire». Et d’argumenter dans le GI: «La biotechnologie offre un potentiel important d’accroissement de la producti-vité agricole et de la valeur nutritionnelle des aliments, et de réduction des atteintes à l’environnement.» Sans faire des OGM – souvent mis sur la sellette dans les pays développés – la panacée apte à résoudre la crise alimentaire qui menace, cet expert plaide pour leur intégration dans une politi-que de sécurité alimentaire globale. Il y a urgence: la flambée des prix des aliments de base en 2007-2008 et la grave crise écono-mique mondiale en cours ont fortement gonflé le nombre de personnes souffrant de la faim. «Selon les estimations de la FAO, rappelle encore ce spécialiste, le nombre de victimes de la faim dans les pays en déve-loppement va s’accroître de 848 millions en 2003-2005 à 1,02 milliard en 2009.» Or, la planète comptera 2,5 milliards d’habitants de plus en 2050. Pour les nourrir et «répon-dre à la hausse de la demande générée par la croissance des revenus, il faudrait doubler la production alimentaire». Nourrir le monde de demain constitue pour le moins un défi difficile à relever. Repé-

Vieillissement Arrivés à l’âge de la retraite, les baby-boomers vont imposer un nouvel art de vivre son troisième temps de vie: en entretenant leur santé, en se souciant de leur bien-être, en restant connectés et informés, sans renoncer aux loisirs.

qu’il convient de stimuler. Christian Schin-dler, directeur général de la Fédération internationale des industries textiles (FIIT) lui fait écho en soulignant que dans ce domaine − pour lequel la Chine est numéro un mondial − «les technologies douces (brevets, marques, marketing, etc.) devien-nent une source croissante de valeur ajou-tée». L’avenir du made in China passe ainsi par l’innovation dans les technologies immatérielles. Les acteurs aptes à la favo-riser et les créateurs chinois de talent d e v r a i e n t r e t e n i r l ’a t t e n t i o n d e s investisseurs.

03Le Brésil, acteur de poids

La montée en puissance des pays émer-gents et de leurs consommateurs, dans un monde devenu multipolaire, est une ten-dance de fond repérée par nombre de spé-cialistes en investissement. L’appellation BRIC − pour Brésil, Russie, Inde et Chine − lancée il y a dix ans par Goldman Sachs, pour alerter les gérants de fonds sur les brillantes perspectives de ces pays, a fait florès. Le Brésil mérite de conserver l’at-tention à l’orée de la nouvelle décennie. Ce pays démocratique a une importante popu-lation jeune − qui lui évitera le vieillisse-ment rapide auquel la politique de l’enfant unique va condamner la Chine −, est riche en matières premières et s’est sagement désendetté, tout comme ses entreprises instruites par les précédentes crises en Amérique latine. Autant d’atouts aptes à assurer au Brésil un rôle de premier plan au G20 et, plus largement, dans la création mondiale de richesses.

04L’espoir africain

Longtemps qualifiée de «continent oublié», l’Afrique garde de belles perspectives de développement à long terme. «Outre les hydrocarbures et les métaux, ses réserves naturelles comprennent aussi son formida-ble potentiel agricole» relève - dans GI - Eric Güller, en charge au Credit Suisse de la recherche sur les marchés émergents, hors Asie, et de la recherche thématique. Les matières premières, le développement des infrastructures et des télécommunications mobiles contribueront, selon lui, à l’essor économique de pays encore pauvres. Le potentiel est important dans une région ayant la plus faible densité mondiale en infrastructures. Quant au téléphone mobile, plusieurs études ont confirmé que «le revenu des personnes augmentait lorsqu’el-les y avaient accès». Internet stimule aussi l’économie africaine: grâce à la Toile, le télé-travail pour des donneurs d’ordres situés à des milliers de kilomètres, gagne en impor-tance. Il procure souvent une meilleure rémunération que celle offerte à ces tra-vailleurs qualifiés par l’économie locale.

Panneaux solaires dans le désert Exploiter l’énergie du soleil, développer le Smart Grid, réseau électrique intelligent: des défis prometteurs pour la protection de l’environnement et créateurs de nouvelles richesses.

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vont modifier beaucoup plus rapidement notre vie quotidienne et offrir de belles possibilités de placements. Ainsi du «Smart Grid», ce réseau électrique intelli-gent intégrant les technologies de l’infor-mation pour réguler automatiquement la distribution d’énergie. Pictet le mentionne au nombre des tendances principales des années 2010 et Vontobel a déjà créé des produits structurés permettant de s’y inté-resser (voir page 21).

07 préserver l’or bleu

Gérer au mieux les réserves d’eau de la pla-nète, transporter le précieux liquide indis-pensable à la vie, le purifier, découvrir les technologies qui permettront demain une agriculture moins assoiffée: autant d’acti-vités indispensables pour éviter des pénu-ries en or bleu et les violences qu’elles pour-raient engendrer. Soutenir les entreprises engagées sur ce terrain relève autant de l’investissement censé que de la volonté de favoriser un développement durable, res-pectueux de la vie humaine. Pictet a lancé de longue date un fonds de placement thé-matique sur l’eau.

08rentabiliser le désert

Le sable, le soleil et rien d’autre: cette défi-nition du désert pourrait changer sous peu. Du moins en ce qui concerne le désert nord-africain. Les vastes étendues de sable du Maroc, de l’Algérie, de la Tunisie ou de l’Egypte recèlent peut-être un trésor caché. Le soleil, qui y tape dur, fait figure d’avan-tage comparatif clé du XXIe siècle pour les promoteurs du projet Desertec. «Il vise à couvrir une grande partie des besoins en électricité de l’Europe grâce à l’installation de plusieurs centrales thermiques dans le désert nord-africain» explique, dans GI, Lars Kalbreier, spécialiste des énergies alternatives au Credit Suisse. Projet aussi pharaonique que visionnaire: «En l’espace de six heures, les déserts reçoivent une quantité d’énergie solaire plus importante que la consommation annuelle mondiale.» Une vaste ressource gratuite qui, si elle devenait exploitable, permettrait de dimi-nuer les coûts de l’énergie pour l’Europe, de réduire les émissions de CO2, de créer de nombreux emplois qualifiés dans les pays du Maghreb et, accessoirement, de modi-fier les équilibres géopolitiques. Le Centre aérospatial allemand estime le coût total du projet « à 400 milliards d’euros jusqu’en 2050». Mais il réduirait à 4 ou 5 centimes d’euro, contre 6 à 7 actuellement, le coût de production de 1 kWh. Avant d’en arriver là, une myriade d’entreprises et d’experts devront développer de nouveaux savoir-faire et technologies. Autant d’opportuni-tés d’investissements à long terme.√* Global Investor (GI) 2.09, octobre 2009, Credit Suisse

ment. Car le résultat sera «une fusion intime entre l’espèce humaine et le progrès technologique auquel elle a donné nais-sance. L’accélération du progrès technolo-gique deviendra telle que l’intellect humain standard sera incapable de la suivre.» Et ce scientifique d’affirmer: «D’ici à 2030, un ordinateur à 1000 dollars sera environ mille fois plus puissant que le cerveau humain.» Dans seulement vingt petites années, de tels superordinateurs «ne seront plus des objets physiques distincts comme aujourd’hui; ils seront organisés en un réseau parfaitement intégré à l’environne-ment, au corps et au cerveau.» Selon cet expert, nombre d’observateurs scientifi-ques peinent à imaginer l’accélération des possibles de l’intelligence artificielle parce qu’ils «ne pensent pas en termes exponen-tiels». Et d’asséner: «Mes modèles mon-trent que nous doublons le rythme d’accé-lération des paradigmes chaque décennie (...). Ainsi, il a fallu à peine 31 jours pour séquencer le virus SRAS, contre 14 ans pour le HIV.» La science permettra «un allonge-ment spectaculaire de la durée de vie». D’humanoïdes que l’on pourra encore appe-ler des humains? Pour Ray Kurzweil, la façon de poser la question contient la réponse: «Certains définissent l’humanité à partir de ses limites. Je préfère nous défi-nir comme l’espèce qui cherche – et par-vient – à les dépasser.»En attendant la réalisation, dans une géné-ration, de ces quasi-prédictions d’un croyant de la science, d’autres innovations

rer les innovations biotechnologiques ou autres permettant d’augmenter la pro-duction alimentaire en préservant l’eau (voir tendance No 7) tient de l’investisse-ment vital.

06L’homme dopé à l’in-telligence artificielle

La réalité pourrait bien ressembler sous peu aux étranges univers nés de l’imagina-tion des géniaux auteurs de science-fiction. Si l’on en croit Ray Kurzweil – chercheur ayant obtenu le Prix MIT-Lemelson, prin-cipale distinction mondiale pour l’innova-tion – interrogé dans le GI: «D’ici à 25 ans, l’intelligence non biologique aura la diver-sité et la subtilité de l’intelligence humaine. Puis elle la surpassera du fait de l’accéléra-tion continue des technologies de l’infor-mation et de la capacité des machines à partager instantanément leurs connais-sances.» D’ailleurs, à ce stade de dévelop-pement de la science, «des nanobots intel-ligents seront intégrés à nos corps, cerveau et environnement et permettront de sur-monter la pollution et la pauvreté, d’allon-ger l’espérance de vie, de créer une réalité virtuelle en immersion complète impli-quant tous nos sens comme dans le film Matrix, d’offrir une expérience de transfert d’identité comme Dans la peau de John Malkovich et de doper l ’intelligence humaine.» La doper, et la surpasser large-

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Geneviève Brunet

«L a tendance au vieillisse-ment de la population mondiale ouvre de très belles opportunités aux

entreprises qui la comprennent. Le secteur actuellement le plus à même d’en bénéficier est celui de la santé et du bien-être», relève Aziz Nahas, responsable de la gestion actions chez Lombard Odier.Le banquier privé vient de lancer une SICAV luxembourgeoise − baptisée «Golden Age» − qui mise sur 40 à 70 compagnies spéciali-sées dans le «healthcare» pour les seniors. L’aboutissement d’un long processus de réflexion «entamé il y a deux ans sur l’impul-sion de Thierry Lombard» sur la manière de capter, via un fonds de placement thémati-que, les futures créations de valeurs liées au vieillissement. Depuis les années 50, on constate dans tous les pays à la fois un allon-gement de la durée de vie et une diminution du nombre d’enfants par famille. Un phéno-mène universel − «le taux de fécondité du Brésil a rejoint celui de la France à 1,9» − qui transforme rapidement la forme des «pyra-mides» des âges. Elles tiendront bientôt plus de la colonne que du triangle familier. Alors que les 750 millions de personnes âgées de plus de 60 ans représentent aujourd’hui 11% de la population mondiale, les sexagénaires

seront plus de 2 milliards en 2050: un humain sur cinq.Considéré comme le laboratoire mondial du vieillissement, «le Japon a déjà un âge médian de 45 ans et en 2050 un habitant de l’archipel sur deux aura plus de 55 ans», relève Aziz Nahas. Reste que le vieillissement de la popu-lation ne devrait plus être considéré comme synonyme de maladie, dépendance et pres-sion insupportable sur les personnes actives en raison d’une forte diminution du nombre de travailleurs pour un retraité, mais au contraire comme l’espoir d’un nouvel élan de vitalité. «Tous les experts signalent que les années de vie gagnées sont des années de vie en bonne santé», note Aziz Nahas. Et si l’écra-sante majorité des dépenses de santé est tou-jours consentie pendant la dernière année de l’existence, celle-ci intervient à un âge de plus en plus tardif.Avant d’en arriver là, les baby-boomers − «une génération arrivant à la retraite en forme et avec un bon pouvoir d’achat» − et ceux qui les suivront, entendent se donner les moyens de rester en forme. Ce maintien en bonne santé

passe dans les pays les plus développés par des opérations devenues de routine telles que pose de prothèses de hanches ou de genoux, opération de la cataracte ou appareillages auditifs. «Les nouvelles techniques d’opéra-tions non invasives, adaptées à des patients âgés, devraient également se développer», indique le responsable de la gestion actions de Lombard Odier. Dans des pays comme la Chine ou l’Inde, où la classe moyenne croît rapidement, ce sont des techniques médicales plus classiques qui présentent un fort poten-tiel de croissance. «Le fonds Golden Age a participé à l’introduction en Bourse de Concord Medical: une entreprise chinoise spécialisée en radiothérapie et diagnostic.» Tandis que dans les régions les plus riches, la lutte contre les maladies du grand âge devrait prendre de l’ampleur: «En 2050 aux Etats-Unis, 32 millions de personnes auront plus de 80 ans, dont 50% souffriront de la maladie d’Alzheimer et 3 millions seront touchées par la maladie de Parkinson.»

Sociétés en forte croissance. Les gestionnaires de ce nouveau fonds thématique cherchent à acquérir les titres d’entreprises «qui dévelop-pent les moyens de prolonger la vitalité des seniors, qui affichent des caractéristiques financières attractives et bénéficient d’un management de qualité», précise encore Aziz Nahas. Un conseil scientifique − composé de cinq chercheurs spécialistes de la lutte contre les effets du vieillissement et présidé par Patrick Aebischer, le président de l’EPFL − aide les gérants à apprécier les perspectives de nou-velles découvertes. L’univers d’investissement de ce fonds comprend des valeurs telles que «Elekta, société suédoise spécialisée dans les médicaments traitant les problèmes neurolo-giques; Sonova, productrice d’appoints audi-tifs; l’entreprise américaine Amedisys, active dans les soins à domicile ou la société alle-mande Fresenius qui pratique des dialyses».Proposée depuis décembre, la SICAV «Golden Age» affiche déjà «150 millions de francs sous gestion». Ses promoteurs espèrent qu’elle atteindra la taille «d’un milliard de francs d’ici 6 mois à un an». Pour l’instant concentré sur les sociétés de la branche santé, le fonds a vocation à accueillir des entreprises d’autres secteurs économiques dès qu’ils seront à même de réellement bénéficier du vieillisse-ment de la population. «Les produits finan-ciers destinés aux seniors ou les aliments visant à conserver le plus longtemps possible activité et mémoire sont suivis par nos ana-lystes. Toutefois, ces activités ne constituent actuellement qu’une très faible part des résul-tats de géants de la finance ou de l’alimen-taire», indique Aziz Nahas. Au-delà du lancement de ce fonds thémati-que, Lombard Odier entend s’engager dans la thématique du vieillissement également à travers son activité philanthropique. «Une étude du National Board of Economists a montré que l’âge moyen au moment d’une invention ou du lancement d’une innovation majeure ne cesse d’augmenter.» Et Aziz Nahas de lancer: «Nous menons une réflexion qui pourrait amener notre maison à soutenir, par exemple, les créations d’entreprises par des personnes de plus de 65 ans.» √

Aziz NAhASResponsable de la gestion actions chez Lombard Odier.

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Les années de vie gagnées sont des années

en bonne santé.»

vieillissement de la population investir dans La santé des seniors anticiper en 2050, un humain sur cinq aura plus de 60 ans. La santé de cette population constitue un thème d’investissement de long terme.

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Parmi les différentes stratégies utilisées par les gérants de hedge funds, quelles sont celles qui vous paraissent les plus prometteuses en 2010? Nous sommes toujours très favorables au «distressed» (titres de dettes d’entreprises − ayant déjà présenté un défaut de paiement ou demandé la protection de la loi sur les faillites − qui offrent une forte rémunération, ndlr) dans un contexte où plusieurs milliers de milliards de dollars de crédits restent en souffrance. Au début de 2009, les spreads de crédits sur les marchés anticipaient un scénario de dépression. Ceux qui, malgré ce pessimisme ambiant, ont osé miser sur la dette «distressed» à ce moment-là ont gagné très facilement de l’argent. Il reste toutefois de belles opportunités cette année dans la restructuration des det-tes, le rachat de créances illiquides ou la conversion en actions des titres obligataires d’entreprises en difficulté. Dans cette caté-gorie, nous nous intéressons par exemple à des hedge funds ayant une expertise pous-sée sur les marchés immobiliers européens, un segment peu transparent qui offre des opportunités intéressantes aux gérants sachant à qui s’adresser pour acheter des actifs en souffrance et les revaloriser.

Vous pensez que les effets négatifs potentiels des mauvaises dettes, notamment sur les bilans des banques, ont été surestimés?L’embellie conjoncturelle permet aux ban-ques de générer des bénéfices qui compen-sent en grande partie les pertes. Cela dit, les problèmes liés au refinancement des dettes bancaires garanties en 2008 par plusieurs Etats, ceux découlant du futur ajustement des taux d’intérêt sur les prêts hypothécai-res à taux variables aux Etats-Unis, ainsi que le refinancement des prêts immobiliers commerciaux (CMBS) américains se pose-ront, plutôt à partir de 2011 et après.

Autres stratégies prometteuses pour 2010?Les hedge funds pratiquant le «merger

HEDGE FUNDS 2010 s’annonce comme un bon cruENVIRONNEMENT PORTEUR Les hedge funds devraient bénéficier d’intérêts bas, du retour de la croissance et d’une volatilité en baisse.

titres de l’entreprise qui va être achetée et vendent à découvert ceux de l’entreprise acheteuse, car il y a généralement une prime entre le prix proposé aux actionnai-res pour les convaincre de vendre et le cours du marché. Nous sommes également positifs cette année pour les stratégies «equity long-short» (acheter certaines actions et en ven-

dre d’autres à découvert, ndlr) ou celles misant sur les marchés émergents. Les stratégies d’arbitrage sur obligations convertibles gardent aussi un bon poten-tiel: j’escompte un rendement à deux chif-fres cette année pour ce segment, même si ses performances exceptionnelles de 2009, dépassant les 40%, étaient dues à l’effon-drement de ce marché en 2008 et à son retour ensuite à meilleure forme.

Les hedge funds devraient être plus régulés à l’avenir. Les futures directives européennes vont-elles pénaliser la gestion alternative menée depuis la Suisse?Une réglementation plus stricte pourrait réduire un peu la performance. Dans le même temps, le fait que certains hedge funds soient labellisés UCITS III va rassu-rer les investisseurs et donc augmenter potentiellement la demande pour ces pro-duits. Les structures UCITS III permettent de déléguer la gestion d’un hedge fund à des gestionnaires installés dans des pays tiers, ce qui est intéressant pour la Suisse. En revanche, le projet de directive AIFM − qui concerne les hedge funds ne répondant pas aux critères UCITS − contient toujours une clause discriminatrice pour les fonds gérés en dehors de l’Union européenne. Ils seraient soumis à un délai de trois ans avant de pouvoir être distribués dans les pays de l’Union européenne. Un compromis pré-senté par la Suède en décembre prévoit toutefois la levée de cette interdiction sous certaines conditions. La version définitive de cette directive n’est donc pas encore connue. √

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P eu d’investisseurs individuels ont réellement bénéficié de la belle santé retrouvée des hedge

funds en 2009, faute d’avoir osé en regarnir leur portefeuille dès le début de l’année écoulée. Les caisses de pension et autres investisseurs institutionnels, adeptes d’une allocation d’actifs stable de longue durée, ont été plus chanceux: cette classe d’actifs alternative a affiché une belle performance. L’indice Credit Suisse/

Tremont − représentatif de la moyenne du rendement des hedge funds, toutes stratégies confondues − affichait une performance de 17,5% à fin novembre. Cédric Spahr, responsable de la recherche sur les placements alternatifs à la Division Private Banking du Credit Suisse, estime que «le rendement moyen des hedge funds pour l’ensemble de l’année 2009 devrait approcher les 20%» à l’aune de cet indice. L’avenir se présente aussi plutôt bien: «Nous pensons que les hedge funds seront attractifs en 2010, tant en performance absolue que relative par

rapport à d’autres investissements, en particulier les actions.» Et de tabler sur une plus-value de «10%, voire plus» pour les 12 mois à venir. Même si les indices prennent en compte les performances de hedge funds prestigieux qui n’acceptent plus de nouveaux souscripteurs, l’investisseur qui a les moyens d’immobiliser une somme minimale de 25 000 francs pour acquérir une part de fonds de hedge funds ne devrait plus bouder une classe d’actifs au rendement moins volatil que celui des actions. Interview. √

CéDRIC SPAHR Responsable de la recherche sur les placements alternatifs à la Division Private Banking du Credit Suisse .

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Il reste de belles opportunités dans la restructuration

des dettes.»

arbitrage» cherchent à exploiter les oppor-tunités de fusions et acquisitions d’entre-prises. Ce style devrait bénéficier de la reprise économique. On vient d’en avoir un exemple avec le choix de Nestlé de vendre Alcon à Novartis. Les hedge funds spéciali-sés dans cette stratégie acquièrent des

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Le nombre d’ETF ne cesse d’augmenter. Com-ment expliquer cette croissance?Un investisseur doit avant tout s’interroger sur son profil de risque et son horizon de pla-cement et construire, en fonction de ces élé-ments, une allocation stratégique pour sa for-tune. Les ETF permettent de la réaliser à moindres coûts, puisqu’ils répliquent un indice et facturent donc moins de frais que les fonds de placement classiques. Les ETF sont gérés par des spécialistes de l’Asset Management. Il existe désormais des ETF pour la plupart des classes d’actifs: les actions − avec une seg-mentation par zones géographiques ou par styles de gestion − les obligations , les devi-ses, les investissements alternatifs ou les matières premières. Par ailleurs, les ETF ras-surent car la plupart ne comportent pas de ris-que de contrepartie; contrairement aux pro-duits structurés, par exemple, qui peuvent perdre toute leur valeur en cas de défaillance de l’établissement financier les ayant émis.

ExchangE TradE Funds

la diversificationà petits coûtsGestion passive la croissance des avoirs placés en etf se poursuit: ils ont atteint 1000 milliards de dollars à la fin de 2009.

Quels sont les développements en cours dans l’univers des ETF? Du côté de la clientèle, de plus en plus de gestionnaires de fortune et de caisses de pension utilisent des ETF pour la partie «core investment» de leur portefeuille. Elle est souvent gérée de manière passive.

La large palette désormais disponible permet des stratégies plus sophistiquées que ce qui était réalisable il y a quelques années: il est ainsi possible de construire avec des ETF un portefeuille optimisant la fiscalité d’un client en fonction de sa nationalité.En ce qui concerne la gamme de produits, le segment qui se développe le plus, actuelle-ment, est celui des titres à revenus fixes. Il existe depuis moins longtemps que celui des actions mais répond à une demande crois-sante. De nombreuses nouveautés sont égale-ment lancées dans le domaine des matières premières. Il convient toutefois d’être prudent sur ce terrain, car certains montages labellisés «ETF» sont en réalité des certificats misant sur les matières premières et offrant moins de liquidité et de sécurité qu’un véritable ETF.

Ces dernières années, plusieurs ETF misant sur l’or physique ont été lancés et ont connu un large succès... Selon le pays de résidence de l’investisseur, ces ETF –suivant le cours de l’once de métal jaune, et détenant de l’or physique– ne consti-tuent pas forcément une bonne affaire; en raison de la fiscalité appliquée à l’or dans cer-tains pays qui peut pénaliser le rendement, par rapport aux plus-values d’actions par exemple.

Barclays Global Investors vient de fusionner avec BlackRock. Doit-on s’attendre à un fort mouvement de concentration parmi les four-nisseurs d’ETF?Il y a une tendance de fond à la consolidation sur le marché des fournisseurs d’ETF. Cer-tains créateurs de produits de niche conti-nueront toutefois à avoir leur place dans le futur. Les clients préfèrent les fournisseurs proposant une large gamme d’ETF. En ce qui concerne les fusions de produits, le mouve-ment est freiné par les différences dans la fiscalité appliquée aux investisseurs d’un pays à l’autre.

Les directives européennes ou les récents développements en Grande-Bretagne renfor-cent l’obligation des conseillers financiers de fournir un avis indépendant dans l’intérêt du client. Comment les ETF vont-ils s’inscrire dans cette tendance? En Angleterre, un conseiller financier qui pro-posera un fonds de placement plutôt qu’un ETF à un petit client du retail banking ou à un fonds de pension devra désormais expliquer pourquoi il a suggéré un produit plus cher. En expliquant, par exemple, que le rendement attendu justifiait réellement ce choix.La transparence dans les coûts − avec une exi-gence de séparation très claire entre commis-sion de gestion et rémunération perçue pour la délivrance d’un conseil − est aussi une ten-dance qui va s’accentuer. Cela devrait favori-ser le développement des ETF, car toutes les informations concernant les plus classiques de ces produits sont facilement accessibles en ligne pour tout un chacun. Et les coûts fac-turés aux clients sont parfaitement repéra-bles. Autre avantage majeur des ETF − qui a gagné en importance pendant cette crise financière aux yeux de la clientèle: leur très forte liquidité.√

gEnEvièvE BrunET

opter pour une allocation stratégique, puis la gérer − en tout ou partie − de manière passive en utilisant des etF:

un choix de plus en plus répandu parmi les gestionnaires de fortune et les fonds de pension, en sus des particuliers qui apprécient les coûts raisonnables de ces produits répliquant

un indice. D’autant que la palette des investissements accessibles par ce biais ne cesse de s’élargir. après les actions, les produits à revenus fixes ont le vent en poupe. Les exigences des investisseurs en matière de transparence sur les coûts et les rendements ouvrent un bel avenir aux etF, selon Deborah Fuhr, en charge de la recherche et de la stratégie sur ces produits financiers chez BlackRock. interview. √

DEBoRah FuhR Managing Director, Global Head of ETF Research and Implementation Strategy chez BlackRock, grande firme de gestion de fonds née de la récente fusion entre BlackRock et Barclays Global Investors (BGI).

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Montant total géré en milliards de dollars

Matières premièresObligationsActionsAutres Exchange Traded Products

En dix ans, les ETF sont devenus un produit d’investissement de plus en plus prisé permettant de construire une allocation d’actifs diversifiée en gestion passive.

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Les COSI, produits structurés protégeant l’in-vestisseur d’une faillite de l’émetteur à travers une garantie par nantissement, ont été récem-ment lancés à la Bourse suisse. Sont-ils très demandés?Proposer des produits structurés protégeant l’investisseur d’une éventuelle défaillance de l’émetteur était clairement une réponse à l’ac-tualité de septembre 2008, lorsqu’on a constaté que la faillite d’un émetteur − en l’occurrence Lehman Brothers − était possible. Il a fallu du temps pour concevoir les COSI (Collateral Secured Instrument) : la Bourse Scoach spécia-lisée dans les produits structurés, la Bourse suisse SIX, l’Association suisse des produits structurés et les principaux émetteurs se sont concertés pour créer une structure simple et négociable. Les COSI s’adressent surtout à des investisseurs institutionnels: des banques, gérants indépendants et caisses de pension. Pour le moment il n’y a pas énormément de volume sur ces produits.

Pour le client, quel est le surcoût engendré par cette garantie? Cela dépend de la structure du produit: le coût de la garantie varie de 0,3 à 0,5% supplémen-taire par année. Un prix tout à fait acceptable pour la sécurité offerte.

Le volume des produits structurés dans les portefeuilles des clients en Suisse avait bruta-lement chuté après la faillite de Lehman Bro-thers. Le gros de la crise est-il passé? Le volume est en hausse depuis l’été dernier. S’il y avait toutefois de nouvelles turbulences

produits structurés Du sur-mesure en ligneparis les structurés permettent de construire des stratégies en fonction de sa vision de l’évolution des marchés. les plus classiques de ces paris sont accessibles au public à travers des produits standardisés.

sur les marchés nous pourrions très facile-ment émettre des produits avec une garantie par nantissement. Les membres de l’Associa-tion suisse des produits structurés estiment que le marché reviendra sous peu à son volume de 2007, avant d’enregistrer une nouvelle pro-gression. A moyen terme, la part des produits structurés dans les portefeuilles des clients des banques suisses devrait atteindre 10%.

Avec la crise, avez-vous constaté une évolu-tion de la demande de structurés? La demande varie, entre autres, en fonction de l’opinion des clients sur l’évolution à venir des marchés. Quand il y a une très forte volatilité, les produits à capital garanti pourraient être souhaités, mais ils sont trop chers. L’environ-nement idéal pour construire un produit à capital garanti est une période combinant des taux d’intérêt élevés et de faibles volatilités sur les marchés. Nous sommes dans un environ-nement de taux d’intérêt bas avec une volati-lité qui pourrait monter ces prochains mois.

Quels types de structurés conseillez-vous pour 2010? Cette année, les reverse convertibles avec bar-rière pourraient être intéressants sur des mar-chés latéraux offrant peu de plus-values sur les actions. Sur des actions peu volatiles, ils

offrent un coupon de 8 à 9%. (Reverse conver-tibles: produits structurés proposant un coupon garanti et comportant un sous-jacent en actions. Si le prix de ces actions descend en-dessous d’un certain niveau, le client reçoit le coupon et ces titres à l’échéance au lieu du remboursement en capital, ndlr.)

Quels thèmes d’investissement privilégier cette année? Tout ce qui a trait aux placements SRI: dura-bles et éthiques. Dans cette catégorie, le thème d’investissement sans doute le plus promet-teur pour ces prochaines années est le Smart Grid, le réseau de distribution électrique intel-ligent. Cela suppose le renouvellement com-plet du réseau électrique existant, notamment aux Etats-Unis, pour intégrer les nouvelles technologies IT et de communication. Cer-tains estiment qu’il s’agit d’une révolution aussi importante qu’internet.

Quelles sont les innovations majeures en matière de produits structurés? Il y a un effort sans précédent de transparence et de communication sur les produits à travers le e-learning, des prospectus détaillés, un calcul quotidien de la VAR (Value at Risk) accessible en ligne, et une classification dyna-mique des produits en fonction des risques. Par ailleurs, la réactivité dans la création de structurés sera un atout majeur à l’avenir pour les émetteurs. Nous offrons à nos clients la possibilité de créer eux-mêmes en ligne leurs propres structurés sur mesure, à partir d’un montant minimal de 50 000 à 100 000 francs. Ce qui permet de réagir très rapidement aux évolutions des marchés financiers. Cette solu-tion automatisée réduit les coûts pour l’ache-teur d’un structuré: s’il s’agit d’une banque, elle peut effectuer directement la transaction en ligne.

Quelle est la durée de vie d’un structuré?Il a souvent une maturité de 6 à 18 mois, par-fois 2 ans. En principe, un investisseur achète un produit structuré pour le garder jusqu’à son échéance. Nous entretenons toutefois un mar-ché secondaire important avec les écarts les plus petits du marché entre cours acheteur et cours vendeur. Nous garantissons aussi la pos-sibilité de vendre n’importe quel produit cha-que jour, pendant toute sa durée de vie.√

LIOneL PILLOud Responsable du conseil sur les produits structurés en Suisse romande, Vontobel.

Geneviève Brunet

L a faillite de Lehman Brothers en septembre 2008 a brutalement fait prendre conscience aux clients,

grands ou petits, qu’ils pouvaient tout perdre en cas de dé-faillance de l’émetteur de produits considérés jusque-là comme peu risqués. Le volume des structurés dans les

portefeuilles des clients des banques suisses a sensible-ment diminué dans les semaines qui ont suivi (voir gra-phique). il n’a pas retrouvé depuis son niveau de 2007. pour offrir une sécurité contre la faillite d’un émetteur, la Bourse spécialisée scoach et les producteurs de structurés en suisse ont récemment lancé les COsi, garantis par nantissement. L’industrie s’est également adaptée à la

demande accrue de souplesse de la part de clients sou-cieux aussi de réduire leurs coûts. il est désormais possi-ble de concevoir soi-même en ligne un produit structuré − et pour une banque de réaliser la transaction − pour un montant minimum de 50 000 à 100 000 francs. inter-view du responsable de la distribution des produits struc-turés en suisse romande chez Vontobel. √

le thème d’investissement sans doute le plus promet-

teur est le smart grid.»

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Produits structurés, en milliards de francs En % du total des actifs

Les produits structurés séduisent moins depuis la faillite de Lehman Brothers, en septembre 2008.

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A plus de 1000 dollars l’once, l’or a fini par attirer l’attention de tous. Est-ce pour autant le bon moment pour en acheter si on

n’en détient pas déjà? Gérant du fonds matiè-res premières de Carmignac Gestion − qui a surperformé son indice de référence chaque année depuis 2006, sauf en 2008 − David Field opte plutôt pour la prudence: «A long terme, l’or pourrait gagner encore de la valeur. Nous restons assez confiants sur son poten-tiel en raison des politiques monétaires très accommodantes. Mais à court terme, on pour-rait assister à une consolidation du prix de l’once − qui a beaucoup monté − avec un dollar qui se renforce.» Certes, l’achat de 200 tonnes d’or par la Banque centrale d’Inde, et la volonté affichée par plusieurs de ses homologues asiatiques d’augmenter la part du métal doré dans leurs réserves de change, sont de bon augure. Reste que ce gérant expérimenté pré-fère observer si ces intentions vont être sui-vies d’effets et si l’équilibre entre l’offre et la demande du précieux métal sera modifié. Et de mettre en garde: «Si la reprise économi-que prenait finalement la forme d’un “W” − ce qui n’est pas notre scénario principal mais reste un risque − le prix de l’or pourrait chuter brutalement.» Venant d’un gérant de fonds matières premières, qui aurait plutôt intérêt à rassurer les investisseurs, l’avertissement vaut son pesant de... bon sens. Cet expert mise sur les perspectives à moyen terme des entreprises spécialisées dans l’extraction de matières premières ou celles leur offrant des services. Son fonds répartit actuellement les titres détenus

matières premières un placement de long termerisque de volatilité les mouvements de prix des matières premières étant souvent violents, mieux vaut jouer ce thème à travers des fonds investis dans des entreprises spécialisées.

selon les proportions suivantes: «Quelque 37% dans l’énergie, dont la moitié dans les services pétroliers; autour de 37% dans les métaux industriels, dont le minerai de fer et l’acier; 18 à 20% dans les métaux précieux, dont un quart pour l’or; et 5 à 10% pour les produits agricoles, plutôt à travers les pro-ducteurs d’engrais.» Voyageant régulière-ment pour rencontrer les dirigeants des sociétés dont il achète les actions, David Field est «très positif à moyen terme sur le pétrole», notamment parce que «les besoins des pays émergents augmentent.» Il n’en est

pas moins sceptique sur les perspectives offertes par les grandes entreprises du sec-teur: «Elles ont des problèmes de produc-tion, de remplacement des réserves et peu-vent subir des changements des termes de leurs contrats conclus avec certains pays, voire des nationalisations.» Il mise plus volontiers sur «les entreprises de services pétroliers» disposant, par exemple, du savoir-faire nécessaire pour extraire de l’or noir dans des couches profondes ou construire des plateformes. «Des sociétés dont tant les gouvernements que les grandes entreprises productrices auront toujours besoin.» Pour ce qui est des énergies renou-velables, nombre d’entreprises du secteur apparaissent «trop chères» aux yeux de ce gérant qui «achète des titres en espérant qu’ils vont prendre de la valeur.»

Indispensable potasse. Ces prochaines années, l’humanité devra trouver les moyens de «nourrir de plus en plus de monde avec de moins en moins de terres arables». En ter-mes de stratégie d’investissement, cela amène David Field à s’intéresser aux engrais, ces fortifiants de la terre. Or, la potasse en est l’ingrédient de base. Mieux: «Cinq ou six pro-ducteurs mondiaux de potasse se partagent 80% du marché: ils ont donc le pouvoir de maîtriser leurs prix.» Des sociétés inclues dans son portefeuille. Tout comme des entre-prises productrices de cuivre: «C’est le métal industriel le plus attrayant car la demande et l’offre sont actuellement à l’équilibre.» La demande de cuivre augmentant avec la crois-sance économique, ce métal a de beaux jours devant lui. A l’instar du «minerai de fer et du charbon de haute qualité utilisé pour la pro-duction de l’acier», car «la Chine n’en détient pas assez pour répondre à ses besoins». Croissance chinoise oblige: les travaux d’in-frastructure de ces prochaines années devraient être gourmands en cuivre, fer, charbon et acier.Parmi les métaux précieux, le platine devrait rester intéressant après son rebond de 2009: «Quatre entreprises produisent 70% des besoins mondiaux, elles ont donc un “pricing power”.» Par ailleurs, «le platine est utilisé dans la production automobile et la Chine vient de devenir le premier marché automo-bile mondial, devant les Etats-Unis.»√

Geneviève Brunet

les fonds de placement misant sur les matières premières ont affiché de belles performances en

2009, notamment grâce à la forte progression de la valeur de l’or et autres métaux précieux. reste que la flambée des prix des «commodities» suivie de leur chute brutale en

2008 devrait inciter à la prudence. très dépendants des modifications de l’offre et de la demande, les prix des matières premières peuvent varier violemment. Côté offre, la souplesse des capacités de production est variable selon les produits. tout comme les composantes de la demande sont spécifiques à chaque matière première. d’où le choix de nombreux fonds spécialisés de miser sur

les sociétés productrices ou ayant une activité connexe − et sur les capacités d’analyse de leurs dirigeants − plutôt que sur les produits eux-mêmes. de quoi espérer capter la plus-value à long terme d’activités liées à la croissance économique, notamment celle des pays émergents, qui induit de nombreux besoins en produits alimentaires, énergie, métaux industriels et précieux. √

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forte hausse du prix de l’or

nous privilégions les entreprises spécialisées

dans les services pétroliers pour miser sur la hausse à moyen terme du prix du pétrole.»david Field, gérant du fonds Matières premières de Carmignac Gestion.

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Prix de l’once d’or en dollars

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