Introduction

Philosophie de la psychologie et dessciences cognitives

séance 1

M. Cozic

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1. la psychologie naïve

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la psychologie naïve

I tout individu normal maîtrise ce qui ressemble à desthéories naïves: physique naïve, biologie naïve,psychologie naïve, etc.

. Dennett, La stratégie de l’interprète“la physique naïve est le système de savoirs et d’attentesque nous avons au sujet des objets physiques de taillemoyenne du monde et de leurs réactions aux événementsde taille moyenne"

I la psychologie naïve (PN, folk psychology ) = l’ensemble deconcepts et de principes dont on se sert quotidiennementpour décrire, comprendre et prédire le comportement etles états mentaux d’autrui et de soi-même.

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Que trouve-t-on “dans” la PN ?

. Descartes, Méditations Métaphysiques, II

“Qu’est-ce donc que je suis ? une chose qui pense.Qu’est-ce donc qu’une chose qui pense ? c’est une chosequi doute, qui entend, qui conçoit, qui affirme, qui nie, quiveut, qui ne veut pas, qui imagine aussi, et qui sent.”

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Que trouve-t-on “dans” la PN ?

Question: quels sont les phénomènes qui sont typiquementmentaux, ou qui procèdent typiquement de phénomènesmentaux ?

raisonner la conscience les sentimentscroire les émotions rêverplanifier être heureux avoir mals’adapter comprendre devinerêtre amoureux imaginer avoir une opinionagir intentionnellement avoir du plaisir percevoirse souvenir vouloir parlersupposer douter réfléchircalculer dessiner plaisanterse coordonner être attentif traduire

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premières remarques

1. certaines choses (ex: les humains) pensent ; d’autres (ex:les minéraux) ne pensent pas

2. il y a des êtres auxquels on est tentés d’attribuer unepartie (seulement) des phénomènes mentaux

3. différents niveaux de généralité entre les concepts qui selaissent ordonner en genre et espèces:- [entendre un violon, entendre une moto]⇒ entendre- [entendre, voir]⇒ percevoir

4. variété ontologique des concepts mentaux :- états (avoir mal, désirer une glace)- processus (calculer une somme)- événements (se souvenir d’une date)- capacités (parler une langue étrangère)

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l’expérience

(A1) 1er aspect: capacité d’être conscient ou de fairel’expérience de certaines choses. Il se passe quelquechose “à l’intérieur”, en première personne.

- conscience de son corps: douleur, fatigue, faim- expérience des choses extérieures: expériences

sensorielles- humeurs et émotions

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les attitudes propositionnelles

(A2) 2nd aspect: capacité d’avoir des attitudespropositionnelles (AP) comme les croyances ou les désirs

- Jean croit que la Terre est ronde- Jean désire que Paul gagne son prochain match

(i) les AP se laissent décomposer en:type d’attitude + contenu de l’attitude

• AP du même type mais de contenus différents:- Jean croit que la Terre est ronde- Jean croit qu’il y a de l’eau sur la Lune• AP de types différents mais de contenus identiques:

- Jean croit que Paul gagnera son prochain match- Jean désire que Paul gagne son prochain match

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les attitudes propositionnelles

(ii) variété des attitudes:I Pierre fait l’hypothèse que Paul a réussi son examenI Pierre se demande si Paul a réussi son examenI Pierre sait que Paul a réussi son examenI Pierre veut que Paul réussisse son examenI Pierre craint que Paul réussisse son examenI Paul a l’intention de réussir son examen

(iii) le contenu d’une AP est généralement une proposition i.e.quelque chose de vrai ou de faux

(iv) on qualifie souvent le contenu des AP de contenureprésentationnel (ou d’intentionnel) parce qu’il représentequelque chose

(v) les AP ont un impact causal (a) entre elles et (b) sur lecomportement - on y reviendra

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résumons-nous

I 2 aspects centraux de l’esprit:A1 l’aspect conscient (ou phénoménal ou expérientiel)A2 l’aspect représentationnel (ou intentionnel)

I les philosophes ont souvent eu tendance a priviliégier l’unou l’autre de ces aspects

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Descartes et la conscience

. Descartes, Principes de la Philosophie I, 9, Vrin, p. 56

“Par le mot de penser j’entends tout ce qui se fait en nousde telle sorte que nous l’apercevons immédiatement parnous-mêmes ; c’est pourquoi non seulement entendre,vouloir, imaginer mais aussi sentir, est la même chose icique penser”

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Brentano et l’intentionnalité

. F. Brentano, Psychologie vom Empirischem Standpunkt,trad. fr. M. de Gandillac, Psychologie du point de vueempirique

“Tout phénomène psychique est caractérisé par ce que lesScolastiques du Moyen Age ont appelé l’"inexistenceintentionnelle" (ou encore mentale) d’un objet, et ce quenous pourrions encore appeler bien qu’avec desexpressions quelque peu équivoques, la relation à uncontenu, l’orientation vers un objet (sans qu’il failleentendre par là une réalité), ou l’objectivité immanente.

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Brentano et l’intentionnalité, suite

. F. Brentano, Psychologie du point de vue empirique

“...Tout phénomène psychique contient en lui-mêmequelque chose comme objet bien que chacun le contienneà sa façon. Dans la représentation c’est quelque chose quiest représenté, dans le jugement quelque chose qui estadmis ou rejeté, dans l’amour quelque chose qui est aimé,dans la haine quelque chose qui est haï, dans le désirquelque chose qui est désiré, et ainsi de suite” (p. 102)“Cette présence intentionnelle appartient exclusivementaux phénomènes psychiques. Aucun phénomènephysique ne présente rien de semblable.” (ibid.)

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2. Usages de la PN

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usages de la PN

. Churchland, P.M. (1981) "Eliminative Materialism and thePropositional Attitudes", The Journal of Philosophy, vol.LXXXVIII, pp. 65-70 trad.fr. dans D. Fisette et P. Poirier(ed.), Philosophie de l’esprit, vol.1, Vrin, 2002

“Le fait est que le commun des mortels savent expliquer, etmême prédire, le comportement d’autrui avec une facilitéet un succès remarquables. Ces explications et prédictionsrenvoient communément aux désirs, croyances, peurs,intentions, perceptions, et ainsi de suite, qu’on attribue auxagents. "

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prédiction

I Scène 1 :Jean voit Marie avertir Paul que l’immeuble est en flamme.Jean croit que Paul comprend Marie et qu’il lui faitconfiance. Jean croit également que Paul désire rester envie.

I Jean prédit que Paul va rapidement quitter l’immeuble.

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description

I Scène 2 :Paul appuie avec l’index sur le bouton rouge de latélécommande.

I Jean décrit la scène en disant que Paul allume latélévision

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explication

I Scène 3 :Paul se dirige vers le réfrigirateur.

I Jean sait que Paul veut boire une bière et qu’il pense qu’ily en a une dans le réfrigirateur. Jean explique lemouvement de Paul par cette croyance et ce désir.

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commentaires

(i) schéma très général : on explique (ou on prédit) nombrede comportements sur la base des désirs et des croyancesque l’on attribue à l’agent. C’est l’explication en termes decroyances et de désirs.

(ii) l’explication par les croyances et les désirs repose sur lecontenu qu’on associe aux croyances et aux désirs. Jeann’aurait pas expliqué le comportement de Paul en disantqu’il croyait qu’il y a tout sauf des bières dans leréfrigirateur.

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commentaires, cont.

I Pourquoi l’explication ne marcherait pas ? Parce que l’onaurait pas compris pourquoi Paul se dirige vers leréfrigirateur alors qu’il veut une bière et qu’il ne croit pastrouver une bière dans le réfrigirateur.

I Pourquoi n’aurait-on pas compris ? Parce que lecomportement de Jean nous aurait semblé irrationel étantdonné ses croyances et ses désirs.

(iii) l’explication par les désirs et les croyances suppose unecertaine dose de rationalité dans ses croyances, dans sesdésirs et dans la relation qu’entretiennent ses actions àses croyances et ses désirs

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commentaires, cont.

(iv) on considère les croyances et les désirs que l’on exhibecomme explication de l’action de Jean comme des causesde son action : la croyance et le désir de Jean font qu’il sedirige vers le réfrigirateur.

(v) les AP sont des états mentaux qui ont des effetsphysiques.

(vi) le rôle causal d’une AP dépend de son contenu (de (ii) et(iv))

(vii) description/prédiction/explication ne porte pas seulementsur comportements: on peut par ex.prédire qu’un étatmental va avoir lieu (Paul va avoir mal), expliquer un étatmental par un autre, etc.

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4. Problème de philosophie de l’esprit

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psychologie naïve et philosophie de l’esprit

. P. Jacob, L’intentionnalité, O. Jacob, Paris, 2004 :“Parce que la psychologie naïve est vague et limitée,depuis Platon et Aristote, la philosophie de l’esprit s’estdonnée la tâche réflexive de clarifier le contenu desquestions soulevées par la psychologie naïve endisciplinant ses concepts de base." (p. 15)

I la philosophie de l’esprit n’est pas seulement préoccupéepar la mise en ordre de la psychologie naïve: elle consacreune attention très particulière à la place de l’esprit et deses manifestations dans le monde matériel

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l’esprit (1)

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l’esprit (2)

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l’esprit et le cerveau

(i) les sciences biologiques nous ont montré que la penséeétait “profondément ancrée” dans notre système nerveuxcentral, et en particulier dans notre cerveau

(ii) la pensée, entendu en un sens large = les phénomènesmentaux, revêt différents aspects: penser à quelquechose, être conscient, ressentir une émotion, se comporterintelligemment, etc

(iii) l’énigme centrale de la philosophie de l’esprit: comment unsystème matériel comme le cerveau peut-il engendrer lesphénomènes mentaux ?

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plan du cours

Partie (1) métaphysique de l’espritI quelle est la nature des phénomènes mentaux?I quelles relations entretiennent-ils avec le monde physique?

Partie (2) l’intentionnalité et les croyancesI comment un esprit peut-il se forger une représentation ?I qu’est-ce qui détermine le contenu d’une représentation ?I comment l’esprit raisonne-t-il ?

Partie (3) la conscienceI qu’entend-on par conscience ? qu’est-ce que les qualia ?I la conscience est-elle compatible avec le matérialisme ?

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