Paul Quilès pour le désarmement nucléaire

On peut avoir été ministre de laDéfense du temps de la Guerrefroide et prôner aujourd'hui undésarmement nucléaire total. C'est lecas de Paul Quilès, ministre de laDéfense de François Mitterrand deseptembre 1985 à mars 1986, etcoauteur du livre « Arrêtez la bombe! (1) »

Bien loin désormais de la viepolitique parisienne, Paul Quilèsveut en finir une bonne fois pourtoutes avec les idées reçues sur labombe nucléaire. « C'est uneimmense hypocrisie que de dire quel'arme nucléaire et le concept dedissuasion associé sont notreassurance-vie », attaque l'ancienministre. Pire : à ses yeux, « ladissuasion est un facteur deprolifération de l'arme nucléaire ».Et de citer les exemples d'Israël, del'Inde, du Pakistan qui se sont dotésde l'arme nucléaire grâce auxcomplicités de certaines des cinqpuissances nucléaires dont la France.Si Paul Quilès reconnaît que « ladissuasion nucléaire a fonctionnépendant la Guerre froide, parcequ'il y avait deux blocs face à faceet des joueurs conscients desrisques. Notamment la mutualassured destruction ou l'équilibre dela terreur », il dénonce le fait qu'onreste arc-bouté sur une doctrine quin'est plus adaptée à notre époque.

Les menaces ont changé

« L'arme nucléaire n'a pas protégéles États-Unis contre le 11septembre, pas plus qu'elle ne nousprotégera contre une cyber-attaque.Les menaces d'aujourd'hui ne sontplus les mêmes que celles d'hier »martèle-t-il. En pleine révision, leLivre Blanc de la Défense aurait puêtre le moment idéal pour remettreles choses à plat, ouvrir le débat.C'est tout le contraire qui est en trainde se passer. « La question de ladissuasion nucléaire a été sortie dela réflexion sur le Livre Blanc de laDéfense. On refuse en France dediscuter de la doctrine de ladissuasion nucléaire. Il y a une sorted'omerta sur ce sujet », déplore PaulQuilès.

Ce dernier met en garde. A refuserde lancer les débats, et d'oeuvrer audésarmement nucléaire, on pourraitcourir à la catastrophe. « Dansl'histoire de l'humanité, toutes lesarmes ont été un jour utilisées. Ycompris les armes chimiques. »

Évoquant l'épisode peu connu du 25septembre 1983 où le monde a été «aux bords de l'apocalypse », lesRusses ayant cru détecter le départde cinq missiles américains, PaulQuilès rappelle qu'un conflitnucléaire serait, d'après les experts,

suivi de ce qu'on appelle « l'hivernucléaire : 3 mois durant lesquels latempérature atteindrait les - 25 °C,provoquant une famine généralisée».

1. « Arrêtez la bombe ! », coécrit parPaul Quilès, Bernard Norlain etJean-Marie Collin, paru aux éditionsdu Cherche Midi.

Paul Quilès, ancien ministre de laDéfense. (Photo DR)PIERRE-LOUIS PAGÈS

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Date : 25/02/2013Pays : FRANCEEdition : AntibesPage(s) : 18Diffusion : (119510)Périodicité : Quotidien

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