Innovation et responsabilite sociale des entreprises (RSE ...

26
INNOVATION ET RESPONSABILITÉ SOCIALE DES ENTREPRISES (RSE) DANS LES ENTREPRISES AGROALIMENTAIRES DU LANGUEDOC- ROUSSILLON : LE RÔLE DE LA PERFORMANCE ÉCONOMIQUE Leila Temri , Géraldine Giordano , Myriam-Emilie Kessari De Boeck Supérieur | « Innovations » 2015/1 n° 46 | pages 115 à 139 ISSN 1267-4982 ISBN 9782804192259 DOI 10.3917/inno.046.0115 Article disponible en ligne à l'adresse : -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- https://www.cairn.info/revue-innovations-2015-1-page-115.htm -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Distribution électronique Cairn.info pour De Boeck Supérieur. © De Boeck Supérieur. Tous droits réservés pour tous pays. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit. Powered by TCPDF (www.tcpdf.org) © De Boeck Supérieur | Téléchargé le 20/06/2022 sur www.cairn.info (IP: 65.21.228.167) © De Boeck Supérieur | Téléchargé le 20/06/2022 sur www.cairn.info (IP: 65.21.228.167)

Transcript of Innovation et responsabilite sociale des entreprises (RSE ...

Page 1: Innovation et responsabilite sociale des entreprises (RSE ...

INNOVATION ET RESPONSABILITÉ SOCIALE DES ENTREPRISES (RSE)DANS LES ENTREPRISES AGROALIMENTAIRES DU LANGUEDOC-ROUSSILLON : LE RÔLE DE LA PERFORMANCE ÉCONOMIQUE

Leila Temri, Géraldine Giordano, Myriam-Emilie Kessari

De Boeck Supérieur | « Innovations »

2015/1 n° 46 | pages 115 à 139 ISSN 1267-4982ISBN 9782804192259DOI 10.3917/inno.046.0115

Article disponible en ligne à l'adresse :--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------https://www.cairn.info/revue-innovations-2015-1-page-115.htm--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Distribution électronique Cairn.info pour De Boeck Supérieur.© De Boeck Supérieur. Tous droits réservés pour tous pays. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans leslimites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de lalicence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie,sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit del'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockagedans une base de données est également interdit.

Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)

© D

e B

oeck

Sup

érie

ur |

Tél

écha

rgé

le 2

0/06

/202

2 su

r w

ww

.cai

rn.in

fo (

IP: 6

5.21

.228

.167

)© D

e Boeck S

upérieur | Téléchargé le 20/06/2022 sur w

ww

.cairn.info (IP: 65.21.228.167)

Page 2: Innovation et responsabilite sociale des entreprises (RSE ...

n° 46 – innovations 2015/1 DOI: 10.3917/inno.046.0115 115

INNOVATION ET RESPONSABILITÉ SOCIALE DES ENTREPRISES

(RSE) DANS LES ENTREPRISES AGROALIMENTAIRES

DU LANGUEDOC-ROUSSILLON : LE RÔLE DE LA PERFORMANCE

ÉCONOMIQUELeïla TEMRI

Montpellier SupAgroUMR 1110 MOISA

[email protected]

Géraldine GIORDANO Montpellier SupAgroUMR 1110 MOISA

[email protected]

Myriam-Emilie KESSARIGroupe SupdeCo

Montpellier Business SchoolLaboratoire MRM

[email protected]

La question des relations entre l’innovation et la RSE a jusqu’alors donné lieu à des travaux qui analysent principalement les dimensions stratégiques de l’innovation environnementale (Temri, 2011), ou bien l’intégration de la RSE dans l’entreprise comme générateur d’innovations (Nidumolu et al., 2009 ; Bocquet, Mothe, 2010 ; Berger-Douce, 2011), et par là de perfor-mance économique. Quelques publications, beaucoup plus rares, examinent l’impact de l’innovation sur la RSE (Le Bas et al., 2010), ou bien la double-relation, analysée soit sur un échantillon de grandes entreprises (Gallego-Alvarez et al., 2011), soit uniquement sous forme de modèle conceptuel et d’études de cas en contexte de PME (MacGregor, Fontrodona, 2008 ; Ferauge, 2013).

© D

e B

oeck

Sup

érie

ur |

Tél

écha

rgé

le 2

0/06

/202

2 su

r w

ww

.cai

rn.in

fo (

IP: 6

5.21

.228

.167

)© D

e Boeck S

upérieur | Téléchargé le 20/06/2022 sur w

ww

.cairn.info (IP: 65.21.228.167)

Page 3: Innovation et responsabilite sociale des entreprises (RSE ...

Leïla Temri, Géraldine Giordano, Myriam-Emilie Kessari

116 innovations 2015/1 – n° 46

L’objectif de cet article est de tester statistiquement la relation entre innovation et RSE dans les deux sens, auprès des entreprises de l’agroali-mentaire en région Languedoc-Roussillon. Le cas des entreprises agroali-mentaires paraît particulièrement intéressant et ce, à plusieurs titres. Elles appartiennent au premier secteur industriel français, avec un chiffre d’affaires de 147 milliards d’euros, qui constitue une priorité d’ordre stratégique pour l’économie nationale. L’innovation représente de plus une préoccupation prépondérante des entreprises de ce secteur, constitué très majoritairement de petites et moyennes entreprises (MAAF, 2012), en raison d’une perte de compétitivité sur les marchés mondiaux. En outre, la RSE y devient de plus en plus importante du fait des crises alimentaires et sanitaires, ainsi que des accusations de pollution de l’environnement dont ce secteur fait l’objet.

Pour ce faire, une enquête a été réalisée auprès de 322 entreprises agroa-limentaires du Languedoc-Roussillon, visant notamment à les interroger sur la déclinaison des principes de la RSE dans leur organisation, mais aussi sur leur dynamique d’innovation. L’étude de la relation entre innovation et RSE est respectivement effectuée à partir des comportements d’innovation déclarés et d’une échelle de mesure des actions sociétales réalisées. Ainsi, nous testons le lien entre la réalisation d’innovations et l’engagement des entreprises dans les différentes dimensions de la RSE.

Dans une première partie, nous rappelons les principaux travaux ayant analysé la relation entre innovation et RSE dans les entreprises, en spéci-fiant les particularités de l’agroalimentaire à cet égard. Dans une seconde partie, nous présentons et commentons les résultats de notre étude.

INNOVATION ET RSE DANS LES ENTREPRISES : UN CHAMP D’ÉTUDE RÉCENT

Si les travaux sur l’innovation dans les entreprises sont déjà relativement anciens et abondants dans la littérature académique, ceux portant sur la RSE sont plus récents, le concept ayant été développé, dans sa forme actuelle, plus tardivement. De ce fait, les publications se proposant de joindre les deux concepts sont encore assez rares, d’autant plus qu’ils relèvent de conceptions théoriques généralement disjointes. Pourtant, plusieurs travaux empiriques ont d’ores et déjà tenté d’analyser la relation entre innovation et RSE. Nous en examinons les apports et les limites. Enfin, nous précisons les particulari-tés de l’agroalimentaire au regard de l’innovation et de la RSE.

© D

e B

oeck

Sup

érie

ur |

Tél

écha

rgé

le 2

0/06

/202

2 su

r w

ww

.cai

rn.in

fo (

IP: 6

5.21

.228

.167

)© D

e Boeck S

upérieur | Téléchargé le 20/06/2022 sur w

ww

.cairn.info (IP: 65.21.228.167)

Page 4: Innovation et responsabilite sociale des entreprises (RSE ...

Innovation et responsabilité sociale des entreprises (RSE)…

n° 46 – innovations 2015/1 117

Innovation et RSE : des approches différentes, des concepts intégrateurs

Dès 2007, Midttun se pose la question de la compatibilité entre inno-vation et RSE, d’un point de vue théorique. Il aboutit à la conclusion que certains aspects, tels que l’encastrement de l’innovation dans les relations sociales, rendent les concepts compatibles, tandis que d’autres, tels que la « destruction créatrice » chère à Schumpeter sont contradictoires avec la RSE. Par ailleurs, Le Bas et al. (2010, p. 1366), relèvent que l’innovation et la RSE sont généralement traitées suivant deux catégories d’approches de la théorie de la firme « différentes et disjointes ». L’innovation est générale-ment analysée en termes de connaissances, captées dans l’environnement, à travers des réseaux, combinées aux connaissances internes détenues dans la firme, traitées et transformées en nouvelles connaissances concrétisées dans les innovations de toute nature. Ce type d’approche mobilise le plus souvent la théorie des ressources et compétences, ou Ressource Based View dévelop-pée notamment par Wernerfelt (1984), Prahalad et Hamel (1990), Barney (1991, 2001), ou encore les « capacités dynamiques » (Teece, Pisano, 1994).

Le concept de RSE traduit la notion anglo-saxonne de Corporate Social Responsibility, qui a émergé à la fin du 19e siècle aux Etats-Unis, avec le déve-loppement des grandes entreprises, et les questions sociales et même sociétales qu’il a engendré (Aggeri et al., 2005). Selon ces auteurs, la RSE a par la suite rejoint le concept de développement durable, issu lui du champ politique au début des années 1970, et à connotation d’abord environnementale, avant de s’élargir aux problématiques sociales et sociétales. Il est aujourd’hui admis que la RSE est « une contribution des entreprises au développement durable » (Commission of the European Communities, 2002). La RSE s’inscrit, le plus souvent, dans des approches en termes de parties prenantes ou Stakeholders Theory (Freeman, 1984 ; Caroll, 1979), mais d’autres théories existent, que Capron et Quairel-Lanoizelée (2007) situent entre deux extrêmes : d’un côté les approches néoclassiques, qui postulent que la seule responsabilité sociale de l’entreprise est de faire du profit (Friedman, 1971), de l’autre le courant du Business Ethics (Bowen, 1953), qui met en avant la nécessité morale, pour l’entreprise, d’exercer ses activités de manière socialement responsable. La théorie des parties prenantes peut se situer, selon les points de vue, dans l’une ou l’autre des deux perspectives : dépendance de la firme par rapport à des ressources fondamentales provenant d’acteurs externes (Pfeffer, Salancik, 1978), ou bien obligation morale de tenir compte des besoins de différentes catégories de parties prenantes externes (Donaldson, Dunffee, 1999).

Ces approches a priori disjointes peuvent cependant être conciliées au-tour d’un point commun : le rôle des ressources. Hart (1995) note ainsi que

© D

e B

oeck

Sup

érie

ur |

Tél

écha

rgé

le 2

0/06

/202

2 su

r w

ww

.cai

rn.in

fo (

IP: 6

5.21

.228

.167

)© D

e Boeck S

upérieur | Téléchargé le 20/06/2022 sur w

ww

.cairn.info (IP: 65.21.228.167)

Page 5: Innovation et responsabilite sociale des entreprises (RSE ...

Leïla Temri, Géraldine Giordano, Myriam-Emilie Kessari

118 innovations 2015/1 – n° 46

l’une des aptitudes clés des firmes, dans une perspective d’avantage compé-titif durable, réside dans les ressources lui permettant de faire face à l’enjeu environnemental. Il dénomme cette approche « a natural-resource-view of the firm ». Elle permet de prendre en compte les attentes de différentes parties prenantes, en particulier à travers une bonne gestion des produits, tout au long de leur cycle de vie, et peut, tout comme une innovation, procurer des avantages concurrentiels à la firme.

MacGregor et Fontrodona (2008) relèvent un autre point de convergence, en considérant que les récents développements relatifs à l’Open Innovation (innovation ouverte), fondés sur les travaux pionniers de Chesborough (2003), impliquent directement les parties prenantes et peuvent à ce titre être considérés comme des ponts entre les deux courants, même si ces ponts ne les relient que partiellement.

Par ailleurs, l’innovation, qu’elle soit technologique ou non, est le plus souvent vue comme une source d’avantage concurrentiel, donc de per-formance économique pour les entreprises, indispensable pour leur survie (Lengnick-Hall, 1992). Le développement durable, ou la RSE, peuvent être a contrario perçus comme une contrainte, engendrée par la pression de l’opinion publique et des gouvernements (Nidumolu et al., 2009). Ils sont à ce titre très éloignés des préoccupations d’affaire des entreprises (Porter, Kramer, 2006). Cependant, de plus en plus de travaux s’efforcent de mon-trer que RSE et performance économique ne sont pas antinomiques, bien au contraire, car, par exemple, des mesures permettent à la fois de réaliser des économies, en matière de coûts énergétiques ou de ressources, ou de répondre à des opportunités de marché, tout en contribuant à la préservation de l’environnement. Ainsi, innovation et RSE peuvent être chacune des sources d’avantages concurrentiels pour les firmes.

Enfin, deux concepts associent explicitement innovation et RSE. Le pre-mier, l’éco-innovation, se situe lui aussi dans le champ environnemental. Mathieu (2010) relève qu’il s’agit d’un concept aux contours encore flous, tout comme celui d’innovation, pourtant développé bien antérieurement, et pour lequel de nombreuses définitions sont proposées, soulevant les mêmes questionnements et aboutissant à des typologies similaires à celles de l’in-novation classique (nature, processus/résultat, technologique/non techno-logique, intensité du changement induit, degré de radicalité, etc.). Toutes ont cependant en commun d’inclure un objectif d’amélioration de l’état de l’environnement, ou de prévention de sa dégradation, par une réduction de l’impact environnemental des innovations, ou une meilleure utilisation des ressources. L’éco-innovation se situe le plus souvent dans une acception technologique – nouveaux produits, nouveaux procédés. Toutefois, comme

© D

e B

oeck

Sup

érie

ur |

Tél

écha

rgé

le 2

0/06

/202

2 su

r w

ww

.cai

rn.in

fo (

IP: 6

5.21

.228

.167

)© D

e Boeck S

upérieur | Téléchargé le 20/06/2022 sur w

ww

.cairn.info (IP: 65.21.228.167)

Page 6: Innovation et responsabilite sociale des entreprises (RSE ...

Innovation et responsabilité sociale des entreprises (RSE)…

n° 46 – innovations 2015/1 119

l’innovation en général, son domaine d’application tend à s’étendre. L’OCDE (2010) inclut dans les « domaines-cibles » de l’éco-innovation, outre les pro-duits et les procédés, les méthodes de commercialisation, les organisations et les institutions. C’est assurément dans ce domaine de l’éco-innovation, et plus particulièrement dans sa dimension technologique, que l’on trouve le plus de littérature. Ainsi, plusieurs travaux cherchent à identifier les détermi-nants de l’innovation environnementale (Cleff, Rennings, 1999 ; Conceição et al., 2006 ; Horbach, 2008), d’autres les choix stratégiques en matière envi-ronnementale et leurs déterminants (Noci, Verganti, 1999 ; Del Brio et al., 2003), un troisième groupe de travaux les liens entre innovation environ-nementale et performance de l’entreprise (Pavelin, Porter, 2007 ; Lefebvre et al., 2003). Ici, innovation et RSE, confondus en un même concept, sont censés conduire à l’amélioration de la performance économique.

Un autre concept, plus large mais plus récent, se développe actuelle-ment : celui d’innovation responsable (Ingham, 2011). Ce terme recouvre à la fois l’innovation « verte », « environnementale » ou encore éco-innova-tion, et l’innovation « sociale », dont l’objectif est de favoriser le mieux-être des individus et des collectivités, et qui implique une diversité d’acteurs.

Dans ces deux types d’approches, innovation et RSE se confondent au sein des concepts. D’autres approches ont tenté d’étudier les liens entre les deux aspects sans pour autant les intégrer.

Quels liens entre innovation et RSE dans l’entreprise ?

Mathieu (2010) note que les liens entre innovation technique et déve-loppement durable ont été analysés depuis relativement longtemps, dans un premier temps dans un sens négatif, puis dans un sens plus positif. Ainsi, l’innovation technologique est d’abord apparue comme l’une des causes ma-jeures de la non-durabilité dans les économies, plus particulièrement dans le domaine environnemental. Elle engendre un certain nombre d’externalités négatives telles que des pollutions, mais peut aussi avoir des impacts sociaux négatifs, du moins à court terme (destruction d’emplois liés à l’augmenta-tion de la productivité par exemple). Aujourd’hui toutefois, l’innovation, plus particulièrement l’innovation technologique, apparaît de plus en plus comme une opportunité permettant de favoriser la contribution de l’entre-prise au développement durable, autrement dit la RSE (Commission of the European Communities, 2002), tout en confortant la position concurren-tielle des entreprises, en créant des avantages concurrentiels.

Par ailleurs, au-delà de l’innovation à orientation environnementale, so-ciale ou sociétale, développée dans le cadre de stratégies où la performance

© D

e B

oeck

Sup

érie

ur |

Tél

écha

rgé

le 2

0/06

/202

2 su

r w

ww

.cai

rn.in

fo (

IP: 6

5.21

.228

.167

)© D

e Boeck S

upérieur | Téléchargé le 20/06/2022 sur w

ww

.cairn.info (IP: 65.21.228.167)

Page 7: Innovation et responsabilite sociale des entreprises (RSE ...

Leïla Temri, Géraldine Giordano, Myriam-Emilie Kessari

120 innovations 2015/1 – n° 46

économique est fondée sur la durabilité, quelques travaux récents se sont intéressés aux liens entre innovation et RSE sans chercher à confondre les deux concepts.

Ainsi, à partir de sept études de cas d’entreprises françaises, Bocquet et Mothe (2010) cherchent à déterminer si l’engagement dans la RSE peut conduire à l’innovation technologique. Elles constatent que les entreprises engagées dans des démarches RSE réactives développent principalement des innovations incrémentales, alors que celles ayant opté pour une RSE stratégique mettent en œuvre des innovations technologiques plus radi-cales, et ce quelle que soit la taille de l’entreprise. L’incidence positive de la variable sectorielle illustre l’influence de la culture professionnelle sur la RSE : dans certains secteurs, les pressions sont plus importantes, et la RSE peut procurer plus facilement un avantage compétitif. Ce travail a ensuite été confirmé dans le cadre d’une enquête quantitative auprès de PME, dans laquelle il a été démontré que non seulement la RSE stratégique avait une incidence positive sur l’innovation technologique, mais encore que la RSE réactive avait une influence négative sur ce même type d’innovation. La taille ne semble pas avoir d’impact, mais l’incidence d’autres variables de contrôle, notamment une différence entre secteur manufacturier et services, est constatée (Bocquet et al., 2013). Berger-Douce (2011) observe, quant à elle, dans l’étude d’un cas d’entreprise, que la RSE peut être un levier d’inno-vation pour les PME, permettant de concilier innovations d’exploration et d’exploitation. Dans ces travaux, la relation est étudiée dans le sens RSE à innovation technologique

Dans l’autre sens, Le Bas et al. (2010) ont mis en évidence « l’existence d’une relation forte, statistiquement significative, entre le fait d’être une entreprise innovante et le fait d’adopter une démarche RSE ». En particulier, la réalisa-tion d’innovations de produits ou de procédés, mais non organisationnelle, a un impact positif sur la propension à mettre en œuvre des démarches RSE. Etre un leader technologique a également un effet positif sur l’engagement dans des démarches de RSE. Un effet taille positif est observé. Les auteurs montrent en outre que les firmes innovantes ont tendance à mettre en œuvre la RSE suivant plusieurs dimensions simultanément. Ils interprètent ces observations en considérant que RSE et innovation technologique sont complémentaires dans l’entreprise pour l’amélioration des performances de l’entreprise, et le maintien de ses avantages concurrentiels. La relation est ici testée dans le sens « Innovation technologique déterminant de la RSE ».

Gallego-Alvarez et al. (2011) ont testé la relation dans les deux sens, à partir d’un échantillon d’entreprises internationales innovantes, dont une partie relevait de l’indice Dow Jones de durabilité (DJSI). Les auteurs

© D

e B

oeck

Sup

érie

ur |

Tél

écha

rgé

le 2

0/06

/202

2 su

r w

ww

.cai

rn.in

fo (

IP: 6

5.21

.228

.167

)© D

e Boeck S

upérieur | Téléchargé le 20/06/2022 sur w

ww

.cairn.info (IP: 65.21.228.167)

Page 8: Innovation et responsabilite sociale des entreprises (RSE ...

Innovation et responsabilité sociale des entreprises (RSE)…

n° 46 – innovations 2015/1 121

identifient une relation négative entre durabilité et innovation, dans les deux sens, mais cette relation peut être positive dans certains secteurs. Toutefois il s’agit de grandes entreprises, et l’innovation est mesurée à partir de l’investissement en R&D.

D’autres contributions intègrent RSE et innovation dans des modèles cir-culaires. Ainsi, à partir d’une étude exploratoire réalisée auprès de 60 PME européennes, MacGregor et al. (2010) proposent un modèle de cercle ver-tueux liant innovation et RSE : l’innovation peut être orientée vers la RSE lorsqu’elle est motivée par des valeurs, et aboutit alors à des produits et ser-vices à vocation sociale, autrement dit « faire les bonnes choses », tandis que la RSE peut être axée vers l’innovation lorsqu’elle est justifiée par la recherche de création de valeur ; dans ce cas, les efforts socialement res-ponsables se situent au niveau du processus, en faveur, par exemple, des employés ou des fournisseurs ; il s’agit alors de « faire les choses bien ». Ce modèle prend donc en compte la relation RSE-Innovation dans les deux sens, même si les modalités de fonctionnement de ce cercle vertueux ne sont pas vraiment explicitées. De son côté, Castiaux (2009) propose également un modèle circulaire liant RSE et innovations d’exploitation ou d’explo-ration, qu’elle teste sur quelques grandes entreprises de haute technologie. Enfin, à partir d’études de cas de PME belges, Ferauge (2011 ; 2013) identifie deux trajectoires reliant innovation et RSE. Dans l’une, l’entreprise innove afin de réaliser des objectifs de RSE, dans l’autre, l’engagement dans la RSE crée des opportunités d’innovation. Dans les deux cas, l’entreprise devient innovante, ce qui lui permet de continuer à mettre en œuvre des activités de RSE.

En ce qui nous concerne, nous proposons une analyse quantitative bidi-rectionnelle de la relation innovation-RSE dans les entreprises agroalimen-taires du Languedoc-Roussillon, très majoritairement des PME. Il nous reste maintenant à préciser les particularités de l’agroalimentaire au regard de l’innovation et de la RSE.

Agroalimentaire, innovation et RSE

L’agroalimentaire est un secteur stratégique pour l’économie française. Composé à plus de 99 % de PME, il constitue en 2010 le premier secteur manufacturier en termes d’emplois, de chiffre d’affaires, et de valeur ajoutée, et offre un solde commercial structurellement excédentaire (MAAF, 2012). Toutefois, le secteur agroalimentaire français est de plus en plus concurrencé au niveau mondial, et des efforts de compétitivité sont indispensables pour faire face à cette situation.

© D

e B

oeck

Sup

érie

ur |

Tél

écha

rgé

le 2

0/06

/202

2 su

r w

ww

.cai

rn.in

fo (

IP: 6

5.21

.228

.167

)© D

e Boeck S

upérieur | Téléchargé le 20/06/2022 sur w

ww

.cairn.info (IP: 65.21.228.167)

Page 9: Innovation et responsabilite sociale des entreprises (RSE ...

Leïla Temri, Géraldine Giordano, Myriam-Emilie Kessari

122 innovations 2015/1 – n° 46

L’innovation apparaît comme une source de compétitivité importante pour le secteur, qui est généralement considéré comme un secteur de faible intensité technologique selon la classification de l’OCDE (2011), avec des dépenses de R&D représentant environ 1,5 % de la valeur ajoutée (MAAF, 2012). Il n’en est pourtant pas moins innovant que les autres secteurs en France, puisque selon les dernières enquêtes réalisées au niveau national, 61 % des entreprises agroalimentaires de plus de 10 salariés ont innové entre 2006 et 2008 (Lesieur, 2011), contre 41 % pour l’ensemble des sociétés de plus de 10 salariés, tous secteurs confondus, et 52,6 % pour l’industrie (Bouvier, 2010). L’agroalimentaire se caractérise par l’importance de l’in-novation marketing, le plus souvent incrémentale et non technologique, qui concerne 35 % des entreprises agroalimentaires de plus de 20 salariés, contre 19 % pour les autres entreprises manufacturières (Lesieur, 2011). L’innovation organisationnelle est la plus importante, comme pour les autres entreprises industrielles françaises. On notera également qu’entre 2006 et 2008, 60 % des entreprises agroalimentaires ont innové en faveur de l’environnement, contre 50 % pour l’ensemble des entreprises françaises (Lesieur, 2011). La taille, le secteur, l’appartenance à un groupe, ainsi que l’exportation, apparaissent comme des déterminants de l’innovation dans les Industries AgroAlimentaires (IAA). Les coopérations sont réalisées avec des entreprises de l’amont, mais aussi, de plus en plus, de l’aval, ce type de lien ayant un effet positif sur l’innovation produit (Galliano et al., 2011). L’agroalimentaire bénéficie également de dispositifs particuliers d’appui à l’innovation, en termes d’institutions de recherche, de centres techniques spécialisés par filières (ou secteurs), et de pôles de compétitivité dédiés.

Si les enquêtes sur l’innovation dans les entreprises agroalimentaires sont réalisées depuis maintenant plus de 10 ans, en France, le comportement des entreprises agroalimentaires en matière de RSE n’est enregistré que depuis quelques années seulement. Une enquête annuelle est réalisée depuis 2005 auprès des entreprises de plus de 20 salariés. Elle porte essentiellement sur les dépenses de protection de l’environnement. Il apparaît que globalement, le poste d’investissement le plus important est celui du traitement des eaux usées, alors que dans les autres industries manufacturières, la préservation de la qualité de l’air et la lutte contre l’effet de serre occupent la première place. Un effet taille et un effet secteur sont également observés, en raison des caractéristiques techniques des différentes productions (Masero et al., 2011). Il n’est donc pas surprenant que les résultats de la dernière enquête sur l’innovation réalisée en France montrent que les entreprises de l’agroali-mentaire innovent plus que la moyenne des entreprises françaises en faveur de l’environnement, et ce d’autant plus que la taille de l’entreprise est élevée (Lesieur, 2011). Gallaud et al. (2012) démontrent que ce n’est pas la pression

© D

e B

oeck

Sup

érie

ur |

Tél

écha

rgé

le 2

0/06

/202

2 su

r w

ww

.cai

rn.in

fo (

IP: 6

5.21

.228

.167

)© D

e Boeck S

upérieur | Téléchargé le 20/06/2022 sur w

ww

.cairn.info (IP: 65.21.228.167)

Page 10: Innovation et responsabilite sociale des entreprises (RSE ...

Innovation et responsabilité sociale des entreprises (RSE)…

n° 46 – innovations 2015/1 123

réglementaire qui incite les entreprises agroalimentaires à innover en fa-veur de l’environnement. Par ailleurs, une publication récente de l’INSEE montre que l’agroalimentaire fait partie des secteurs parmi les plus engagés dans la RSE (Ernst, Honoré-Rougé, 2012). Ces résultats confortent ceux d’une étude réalisée en 2008 auprès des PMI de l’Ile de France, qui révèle que les PMI du secteur agroalimentaire sont plus engagées que les autres dans la RSE, et ce, tout autant sur les composantes environnementales, sociale et territoriale (Terlier, 2009). Elles chercheraient avant tout à valoriser leur image auprès des consommateurs, dans un contexte empreint de crises sani-taires. Toutefois, l’auteur observe que les dirigeants de PMI agroalimentaires valorisent peu l’innovation en tant que déterminant potentiel de la RSE.

Notre étude est basée sur l’analyse de la RSE et de l’innovation dans les entreprises agroalimentaires du Languedoc Roussillon, qu’il convient main-tenant de présenter.

Cette région regroupe près de 900 établissements dans le secteur des IAA et constitue un secteur clef pour l’économie régionale. En effet, les entre-prises de l’IAA concentrent 12 % du PIB régional et emploient 15 % des ac-tifs. Ces chiffres sont tout à fait comparables à la situation nationale, puisque les IAA emploient 14 % à 19,4 % des salariés, selon que l’on considère ou non l’artisanat1 L’importance du secteur des IAA en Languedoc Roussillon est décuplée lorsque l’on considère le chiffre élevé de chômeurs dans cette région : de l’ordre de 14 % de la population active, contre 10 % au niveau national en 20122. C’est donc un secteur définitivement stratégique pour la région et qui a l’avantage d’être comparable au niveau national, tant au niveau des actifs employés, qu’au niveau de la structure du secteur et de la diversité des filières3. En outre, le Languedoc Roussillon est particulièrement confronté à la sécheresse et donc à la problématique environnementale ma-jeure de l’utilisation de l’eau.

Cette recherche, relative aux PME agroalimentaires du Languedoc-Roussillon, se justifie donc par le caractère stratégique de ce secteur dans cette région. Nous nous proposons d’apporter une contribution aux re-cherches antérieures qui viennent d’être évoquées, et présentons à cet effet notre méthodologie et nos principaux résultats.

1. Source : Panorama des Industries agroalimentaires 2012, page consultée le 05/03/2014. http://agriculture.gouv.fr/IMG/pdf/20121002PANORAMA-IAA-2012-web_cle8548ac.pdf2. Source : données INSEE http://www.insee.fr/fr/themes/tableau.asp?reg_id=1&ref_id=tratc03301, consultées le 4/03/20143. Filière vin (3 Milliards euros de CA), filière dérivée de céréales (1,7 Milliard euros de CA), filière produits divers, à savoir boissons non alcoolisées, la fabrication de plats préparés, les huiles et condiments, etc. (1,5 Milliard euros de CA), filière fruits et légumes (1,4 Milliard euros de CA), filière produits animaux (1,1 Milliard euros de CA).

© D

e B

oeck

Sup

érie

ur |

Tél

écha

rgé

le 2

0/06

/202

2 su

r w

ww

.cai

rn.in

fo (

IP: 6

5.21

.228

.167

)© D

e Boeck S

upérieur | Téléchargé le 20/06/2022 sur w

ww

.cairn.info (IP: 65.21.228.167)

Page 11: Innovation et responsabilite sociale des entreprises (RSE ...

Leïla Temri, Géraldine Giordano, Myriam-Emilie Kessari

124 innovations 2015/1 – n° 46

LA RELATION INNOVATION – RSE DANS LES ENTREPRISES AGROALIMENTAIRES DU LANGUEDOC-ROUSSILLON

Dans cette partie, seront successivement présentés l’originalité de la mé-thodologie utilisée puis les résultats de la recherche.

Méthodologie

Pour tester la double relation entre innovation et performance socié-tale, nous avons construit une grille d’analyse originale de la performance sociétale des entreprises et utilisé des données collectées auprès des socié-tés agroalimentaires du Languedoc Roussillon que nous avons traitées de manière quantitative.

Présentation des variables

Afin de mesurer la performance sociétale des entreprises agroalimentaires du Languedoc Roussillon, nous avons recensé différents travaux en sciences sociales. Les travaux de recherche en économie proposent une mesure de la contribution des entreprises à la durabilité. Pour ce faire, ils suggèrent de recourir à des indicateurs quantitatifs de durabilité, permettant de com-parer les entreprises entre elles et ainsi de pallier l’absence de standard. Ils recourent à deux mesures complémentaires de la durabilité. La première, de nature absolue, consiste en la mesure d’un arbitrage Coûts-Bénéfices nécessi-tant l’évaluation des facteurs, tout autant économiques, sociaux et environ-nementaux, dont les valeurs doivent être soit minimisées, soit maximisées. Ils sont censés apporter des éléments de réponse relatifs à la question : l’uti-lisation de telle ressource par telle entité est-elle responsable ? La deuxième mesure, de nature relative, est particulièrement représentative des travaux sur l’éco-efficience, qui analysent si les entreprises parviennent à créer le maximum de valeur en lien avec leurs impacts environnementaux (Figge, Hahn, 2004). En d’autres termes, il s’agit de s’interroger sur l’endroit où la ressource devrait être allouée pour contribuer à son utilisation optimale. Ces travaux mobilisent deux grands types de méthodologies, à savoir la Data Envelopment Analysis (DEA) (Tyteca, 1997) et le calcul de la valeur ajoutée durable (Figge, Hahn, 2004).

Notre travail adopte une posture différente, étant donné qu’il ne s’agit pas de mesurer la contribution des entreprises à la durabilité, conformément à une perspective macroéconomique, mais de proposer une mesure de leur per-formance sociétale. En réponse à Callens et Tyteca (1999) qui considèrent

© D

e B

oeck

Sup

érie

ur |

Tél

écha

rgé

le 2

0/06

/202

2 su

r w

ww

.cai

rn.in

fo (

IP: 6

5.21

.228

.167

)© D

e Boeck S

upérieur | Téléchargé le 20/06/2022 sur w

ww

.cairn.info (IP: 65.21.228.167)

Page 12: Innovation et responsabilite sociale des entreprises (RSE ...

Innovation et responsabilité sociale des entreprises (RSE)…

n° 46 – innovations 2015/1 125

que la délimitation des frontières de la recherche est fondamentale dans la réponse à la question « est-ce que l’entreprise est responsable ? », cette étude est focalisée au niveau d’une organisation, à savoir ici l’entreprise. Albertini (2013) propose ainsi un état de l’art des travaux sur la performance, plus parti-culièrement environnementale, des entreprises. Parmi les indicateurs présen-tés comme étant représentatifs, certains sont de nature quantitative, tels que le Toxic Release Inventory (TRI), l’indice de pollution du Council of Economic Priorities (CEP), les indices d’engagement environnemental, tels que celui du Franklin Research & Development Corporation, ou l’indice de performance du KLD Social Index. D’autres sont au contraire de nature qualitative, tels que « le déploiement des SME, parfois certifiés ISO 14001, l’intégration d’objectifs environnementaux dans la planification de l’entreprise, l’éco-design, l’analyse du cycle de vie des produits, l’élaboration de produits verts, la participation volontaire de l’entreprise à des programmes environnementaux » (Albertini, 2013, p. 88). A l’instar de la définition anglaise de la performance, qui dépasse la concep-tion française relative à la simple évaluation des résultats, pour englober la mise en œuvre de pratiques par les entreprises, cette analyse des seuls indi-cateurs de performance semble insuffisante. Il nous paraît plus opportun de nous référer à la dernière catégorie de mesure de la performance, à savoir les grilles de mesure de la responsabilité sociale de l’entreprise. L’intérêt de ces grilles consiste en ce qu’elles « insistent toutes sur l’interdépendance des indica-teurs de résultats et organisationnels pour améliorer la performance » (Albertini, 2013, p. 91). Aussi, avons-nous fait le choix de recourir à une échelle de mesure de la performance sociétale des entreprises alliant tout autant des initiatives organisationnelles favorables à la responsabilité sociale des entre-prises, que des indicateurs destinés à apprécier les actions concrètes mises en œuvre (Annexe 1). Pour ce faire, nous nous sommes inspirées de grilles de mesure reconnues, telles que celles relatives aux lignes directrices G3 de la Global Reporting Initiative (GRI) et plus particulièrement de celles de l’ISO 26000. Étant applicable à tous types d’organisations, les thématiques propo-sées par cette dernière norme s’adaptent en effet tout particulièrement aux problématiques et contraintes des PME, alors que les lignes directrices de la GRI concernent davantage les grandes entreprises.

Les thématiques représentatives des exigences informationnelles des lignes directrices de la GRI et de l’ISO 26000 sont très cohérentes (Tableau annexe 1). Notre grille de mesure de la performance sociétale vise à évaluer les initiatives organisationnelles ou pratiques des entreprises de l’échantillon au regard de chacune de ces 7 thématiques, à savoir la gouvernance de l’orga-nisation, les Droits de l’Homme, les relations et conditions de travail, l’envi-ronnement, la loyauté des pratiques, les questions relatives aux consomma-teurs et les communautés et le développement local. Ces différents sujets

© D

e B

oeck

Sup

érie

ur |

Tél

écha

rgé

le 2

0/06

/202

2 su

r w

ww

.cai

rn.in

fo (

IP: 6

5.21

.228

.167

)© D

e Boeck S

upérieur | Téléchargé le 20/06/2022 sur w

ww

.cairn.info (IP: 65.21.228.167)

Page 13: Innovation et responsabilite sociale des entreprises (RSE ...

Leïla Temri, Géraldine Giordano, Myriam-Emilie Kessari

126 innovations 2015/1 – n° 46

ne sont pourtant pas d’égale importance eu égard aux principales probléma-tiques touchant les sociétés de notre échantillon. L’activité de ces entreprises étant essentiellement réalisée sur le territoire français ou en relation avec des pays développés, la question des Droits de l’Homme est d’ores et déjà suppo-sée implicitement respectée, car régie par les dispositions réglementaires des pays concernés. Il en est de même des dispositions relatives au thème de la loyauté des pratiques, plus particulièrement en ce qui concerne le respect des droits de propriété, la lutte contre la corruption ou l’exercice d’une concur-rence loyale. Ceci justifie le fait que notre échelle de mesure de la perfor-mance sociétale soit plus restreinte sur ces deux thématiques. En revanche, une attention particulière a été portée aux cinq autres sujets, dans l’objectif d’en respecter les contours, tout en les adaptant aux problématiques de notre échantillon. La performance sociétale des entreprises a ainsi été évaluée à partir d’une échelle de mesure composée de 27 critères et exprimée sur la base d’une note sur 20.

Par ailleurs, nous avons adopté une définition large de l’innovation, en considérant comme innovante une entreprise ayant réalisé au moins une innovation en produit, procédé, emballage ou organisation entre les années 2009 et 2012.

Présentation de l’échantillon et collecte des données

La performance sociétale et le caractère innovant d’une entreprise ont été mesurés grâce à une série de questions intégrées dans une large étude portant sur la période 2009 à 2012 auprès des entreprises agroalimentaires en Languedoc Roussillon. Cette enquête a été administrée à 322 entreprises représentatives des entreprises agroalimentaires de la région (Domergue et al., 2012).

Les thèmes relatifs à l’innovation et aux pratiques responsables, testées conformément à l’échelle de mesure (annexe 1), ont été intégrés dans le questionnaire. Grâce à ces données, nous proposons un modèle qui permet de tester la double relation entre innovation et performance sociétale, à l’aide des variables suivantes :

– la performance sociétale mesurée sur la base de l’échelle de mesure (cf. Annexe 1) et notée sur 20, intitulée PS – l’innovation codée (0) dans l’hypothèse où l’entreprise enquêtée ne

déclare aucune innovation sur les trois dernières années et (1) s’il en a réalisé une ou plus, notée : Innov

– la performance économique de chaque entreprise au titre de l’année 2009, évaluée par l’Excédent Brut d’Exploitation sur le Chiffre d’Affaires et notée EBE/CA

© D

e B

oeck

Sup

érie

ur |

Tél

écha

rgé

le 2

0/06

/202

2 su

r w

ww

.cai

rn.in

fo (

IP: 6

5.21

.228

.167

)© D

e Boeck S

upérieur | Téléchargé le 20/06/2022 sur w

ww

.cairn.info (IP: 65.21.228.167)

Page 14: Innovation et responsabilite sociale des entreprises (RSE ...

Innovation et responsabilité sociale des entreprises (RSE)…

n° 46 – innovations 2015/1 127

– la taille de l’entreprise codée (1), (2), (3), (4) ou (5), notée CodTaille – et l’appartenance aux différentes filières, notée Codfil

Nous présentons les fondements de ce modèle dans le paragraphe suivant.

Présentation du modèle

Cet article vise dans un premier temps à étudier l’influence du caractère innovant sur la performance sociétale en prenant également en considéra-tion, l’influence probable de la performance économique, de la taille et de la filière d’appartenance de chaque entreprise.

Pour tester cette relation, nous posons le modèle suivant : PS = α + aInnov + bEBE/CA + cCodTaille + dCodfil1 + eCodfil2 +

fCodfil3 + gCodfil4 + hCodFil5 + erreurConformément aux travaux de Le Bas et al. (2010) les innovations au-

raient un impact positif sur l’engagement responsable des entreprises, mais aussi sur les différentes dimensions de la RSE mises en œuvre. Il convient ici de se demander si le fait d’être une entreprise innovante a une influence sur la performance sociétale, eu égard à un certain niveau de performance éco-nomique, de taille de ces entreprises et d’appartenance à une filière agroali-mentaire.

Nous testons cette relation sur la base d’un modèle linéaire général uni-varié.

Cet article se propose ensuite de tester la relation symétrique, à savoir l’influence de la performance sociétale sur la dynamique d’innovation de l’entreprise, selon que les entreprises présentent certaines caractéristiques du point de vue de leur performance économique, de leur taille et de leur appartenance à une filière agroalimentaire.

Innov = α + aPS + bEBE/CA + cCodTaille + dCodfil1 + eCodfil2 + fCodfil3 + gCodfil4 + hCodFil5 + erreur

Cette deuxième relation se justifie par le fait que les stratégies, comporte-ments et processus de l’entreprise orientés vers une quête de performance so-ciétale favoriseraient l’émergence d’innovations (Castiaux, 2009 ; Bocquet, Mothe, 2010 ; Berger-Douce, 2011 ; Bocquet et al., 2013).

Nous testons cette deuxième relation en mobilisant un modèle de régres-sion logistique binaire multiple. L’analyse de cette double relation présente plusieurs avantages. Premièrement, il s’agit de compléter les études anté-rieures qui testent généralement cette relation à sens unique, la plupart du temps dans le sens de l’engagement dans la RSE qui favorise l’émergence d’innovations, gage de performance économique. Peu d’études ont à notre connaissance suggéré l’intérêt d’analyser la double relation, ou alors selon

© D

e B

oeck

Sup

érie

ur |

Tél

écha

rgé

le 2

0/06

/202

2 su

r w

ww

.cai

rn.in

fo (

IP: 6

5.21

.228

.167

)© D

e Boeck S

upérieur | Téléchargé le 20/06/2022 sur w

ww

.cairn.info (IP: 65.21.228.167)

Page 15: Innovation et responsabilite sociale des entreprises (RSE ...

Leïla Temri, Géraldine Giordano, Myriam-Emilie Kessari

128 innovations 2015/1 – n° 46

une approche soit qualitative (MacGregor et al., 2010 ; Ferauge, 2011), soit consacrée aux grandes entreprises (Gallego-Alvarez et al., 2011), ou encore réduite à l’innovation technologique en contexte de PME (Bocquet et al., 2013). Nous adoptons ici une définition large de l’innovation et avons re-cours à une analyse quantitative centrée sur les PME. Nous cherchons de plus à identifier la clef d’entrée la plus influente dans la relation vertueuse entre innovation et performance sociétale. Par ailleurs, nous intégrons dans l’analyse le rôle de la performance économique sur la double relation étudiée, ce qui n’est pas testé dans la littérature, ainsi que la taille des entreprises, ce qui est plus fréquent. Enfin, conformément à l’état de l’art démontrant le caractère déterminant du secteur d’activité dans la double relation testée ; (Bocquet, Motte, 2010 ; Gallego-Álvarez, I. et al. (2011), cet article s’appuie sur un secteur d’activité particulier, à savoir l’agroalimentaire, mais en pro-pose une analyse plus détaillée en prenant en compte des sous-secteurs, c’est-à-dire différentes filières du secteur agroalimentaire. Les études empiriques ont en effet identifié la filière comme discriminante des comportements tant d’innovation que de RSE au sein du secteur agroalimentaire (Lesieur, 2011 ; Masero et al., 2011).

Résultats et discussion

Statistiques descriptives

L’échantillon de sociétés agroalimentaires enquêtées dans le cadre de notre recherche fait l’objet d’une analyse différenciée par filière, à savoir les filières « Vins », « Produits animaux », « Fruits et légumes », « Dérivés de céréales » et « Produits divers » classées par ordre de fréquence décroissante. L’analyse descriptive de l’échantillon laisse apparaître que 62,4 % des socié-tés déclarent avoir développé au moins une innovation sur les trois dernières années. Force est de constater que ces entreprises présentent des niveaux de performance économique variables, les filières « Produits divers » et « Fruits et légumes » marquant les deux extrêmes (Tableau 1).

En ce qui concerne la note relative à la performance sociétale, nous constatons que seules 13 entreprises approchent la moyenne théorique de 10 et que 139 sociétés obtiennent une note supérieure à la moyenne de l’échan-tillon qui est de 5,3 (Tableau 2). Même si ces résultats traduisent des actions sociétales encore insuffisantes, ils confirment la prise de conscience par les entreprises de leur responsabilité sociale et laissent présager une évolution favorable des pratiques.

© D

e B

oeck

Sup

érie

ur |

Tél

écha

rgé

le 2

0/06

/202

2 su

r w

ww

.cai

rn.in

fo (

IP: 6

5.21

.228

.167

)© D

e Boeck S

upérieur | Téléchargé le 20/06/2022 sur w

ww

.cairn.info (IP: 65.21.228.167)

Page 16: Innovation et responsabilite sociale des entreprises (RSE ...

Innovation et responsabilité sociale des entreprises (RSE)…

n° 46 – innovations 2015/1 129

Tableau 1 – Statistiques descriptives des principales variables

N Pourcentage marginal

Innov01

121201

37,6 %62,4 %

Codtaille

1 (de 3 à 9 ETP)2 (de 10 à 19 ETP)3 (de 20 à 49 ETP)4 (de 50 à 249 ETP)5 (de 250 à 4999 ETP)6 (+ de 5000 ETP)

14470693090

44,6 %21,7 %21,4 %9,3 %2,8 %0

Codfil

1 : « Vins »2 : « Fruits & Légumes »3 : « Dérivés de céréales »4 : « Produits animaux »5 : « Produits divers »

12950426536

40,1 %15,5 %

13,0 %

20,2 %11,2 %

EBE/CA moyen

Filière 1Filière 2Filière 3Filière 4Filière 5

4 %0,7 %4,1 %1,6 %9,4 %

Nombre total d’entreprises enquêtées 322

Source : EAA du LR 2010, Rivière-Giordano, Temri et Kessari

Tableau 2 – Note représentative de la performance sociétale

Source : EAA du LR 2010, Rivière-Giordano, Temri et Kessari

De même, des disparités existent entre les différentes filières du secteur agroalimentaire. Ainsi, alors que les filières « Vins », « Fruits et Légumes », « Dérivés de céréales » et « Produits divers » ont un comportement innovant

© D

e B

oeck

Sup

érie

ur |

Tél

écha

rgé

le 2

0/06

/202

2 su

r w

ww

.cai

rn.in

fo (

IP: 6

5.21

.228

.167

)© D

e Boeck S

upérieur | Téléchargé le 20/06/2022 sur w

ww

.cairn.info (IP: 65.21.228.167)

Page 17: Innovation et responsabilite sociale des entreprises (RSE ...

Leïla Temri, Géraldine Giordano, Myriam-Emilie Kessari

130 innovations 2015/1 – n° 46

équivalent, la filière « Produits animaux » apparaît comme étant relative-ment peu innovante. De plus, la filière « Vins » présente la meilleure perfor-mance sociétale et la filière « Dérivés de céréales » la plus faible (Tableau 3).

Tableau 3 – Propension à innover et performance sociétale par filière

Filières Innovation(Innov, (0,1))

Performance sociétale (PS, Note/20)

Vins (1) 0,77 5,88

Fruits & Légumes (2) 0,72 5,59

Dérivés de céréales (3) 0,71 4,48

Produits animaux (4) 0,45 4,58

Produits divers (5) 0,67 5,10

La matrice des corrélations (Tableau 4) permet de dresser le profil des entreprises de l’échantillon. Ainsi, les entreprises les plus innovantes pré-sentent les meilleurs niveaux de performance, non seulement sociétale mais aussi économique. Ce sont également les plus grandes, conformément aux observations de Becheikh et al. (2006). Le caractère innovant est corrélé po-sitivement à la filière viticole et négativement à la filière animale, conformé-ment à nos statistiques descriptives (Tableau 3) et à l’étude de Domergue et al. (2012), qui rapporte que 64 % des entreprises de cette filière se définissent comme « suiveuses » sur un plan stratégique et non en tant que « leaders », contre 46 % des entreprises toutes filières confondues.

De même, il apparaît que les entreprises qui présentent les meilleurs niveaux de performance sociétale sont également celles qui sont les plus performantes d’un point de vue économique, les plus grandes et qui appar-tiennent à la filière viticole. L’importance de l’approvisionnement en région des entreprises de cette filière peut expliquer en partie le niveau de perfor-mance sociétale observée. Au contraire, les entreprises relevant des filières « Dérivés de céréales » et « Produits animaux » présentent une faible per-formance sociétale. Ce dernier résultat conforte les conclusions de l’étude nationale Agreste (2011) selon laquelle les entreprises appartenant à ces deux filières sont les moins nombreuses à déclarer avoir initié une démarche responsable4.

Enfin, la taille et la performance économique sont corrélées positivement à la filière « Produits divers » et les plus petites entreprises appartiennent quant à elles à la filière « Vin ».

4. Respectivement 37 % (dérivés de céréales) et 32 % (produits animaux), contre 56 % toutes filières confondues.

© D

e B

oeck

Sup

érie

ur |

Tél

écha

rgé

le 2

0/06

/202

2 su

r w

ww

.cai

rn.in

fo (

IP: 6

5.21

.228

.167

)© D

e Boeck S

upérieur | Téléchargé le 20/06/2022 sur w

ww

.cairn.info (IP: 65.21.228.167)

Page 18: Innovation et responsabilite sociale des entreprises (RSE ...

Innovation et responsabilité sociale des entreprises (RSE)…

n° 46 – innovations 2015/1 131

Tableau 4 – Matrice de corrélation

Innov PS EBE/CA CodTaille Codfil1 Codfil2 Codfil3 Codfil4 Codfil5

Innov 1 ,344** ,118* ,116* ,111* -,004 ,072 -,201** ,011

PS ,344** 1 ,139* ,409** ,228** ,059 -,154** -,175** -,034

EBE/CA ,118* ,139* 1 ,025 ,021 -,086 ,013 -,068 ,138*

CodTaille ,116* ,409** ,025 1 -,139* ,062 ,077 -,037 ,110*

** La corrélation est significative au niveau 0,01 * La corrélation est significative au niveau 0,05

La double relation entre dynamique d’innovation et performance sociétale

Les résultats du modèle linéaire général univarié présentés ci-dessous per-mettent d’interpréter l’influence du caractère innovant d’une entreprise sur sa performance sociétale (Tableau 5).

Ce premier test confirme que lorsque les entreprises sont innovantes, leur performance sociétale est importante (Le Bas et al., 2010). Il apparaît également que ce sont celles dont la performance économique est la plus importante qui présentent les meilleurs niveaux de performance sociétale. Nous démontrons quantitativement l’hypothèse formulée par Berger-Douce (2008, p. 13), selon laquelle, pour les PME, « une situation financière saine constitue un préalable indispensable à la mise en œuvre d’une politique de RSE ». Ce résultat va à l’encontre de la plupart des travaux reliant innovation et RSE, qui affirment que la RSE favoriserait l’innovation, générant un avan-tage concurrentiel améliorant la performance économique.

À l’instar des résultats d’Ernst et Honoré-Rougé (2012), issus d’une étude multisectorielle, un lien positif est également confirmé entre la taille des entreprises et leur implication en matière de responsabilité sociale.

Tableau 5 – Résultats du modèle linéaire général univarié

Variable dépendante : PS

Somme des carrés du type III

ddl Moyenne des carrés

D Sig.

Modèle corrigéOrdonnée à l’origine

InnovEBE/CACodTaille

ErreurTotal

492,575a

090,36614,830

226,653888,452

10434,568

70111

314322

70,368

90,36614,830

226,6532,829

24,870

31,9375,241

80,104

,000**

,000**,023*,000**

a, R deux = ,357 (R deux ajusté = ,342) ** La corrélation est significative au niveau 0,01 * La corrélation est significative au niveau 0,05

© D

e B

oeck

Sup

érie

ur |

Tél

écha

rgé

le 2

0/06

/202

2 su

r w

ww

.cai

rn.in

fo (

IP: 6

5.21

.228

.167

)© D

e Boeck S

upérieur | Téléchargé le 20/06/2022 sur w

ww

.cairn.info (IP: 65.21.228.167)

Page 19: Innovation et responsabilite sociale des entreprises (RSE ...

Leïla Temri, Géraldine Giordano, Myriam-Emilie Kessari

132 innovations 2015/1 – n° 46

Le tableau 6 présente les résultats de la régression logistique binaire mul-tiple ayant permis de tester l’influence de la performance sociétale sur la dynamique d’innovation.

L’analyse de cette deuxième relation permet exclusivement de conclure que ce sont les entreprises qui présentent les meilleures performances socié-tales qui innovent. Ni la performance économique, ni la taille, ni la filière n’apparaissent comme étant significatives dans cette relation. Cependant, d’après la matrice de corrélation, les entreprises innovantes sont économi-quement les plus performantes.

Tableau 6 – Résultats de la régression logistique binaire multiple

Variable dépendante : Innov

A E.S. Wald ddl Sig. Exp (B)

PSEBE/CACodTaille

Codfil1Codfil2Codfil3Codfil4

Constante

,4232,834-,081-,124-,233,575-,753

-1,377

,0811,742,130,448,500,519,466,517

27,3382,646,382,077,217

1,2312,6147,101

11111111

,000**,104,536,782,641,267,106,008

1,52617,011

,923,883,792

1,778,471,252

R deux de Nagelkerke = ,218 ** La corrélation est significative au niveau 0,01

Enfin, au vu des résultats statistiques relatifs aux deux modèles, il semble que la première relation, à savoir l’impact de l’innovation sur la performance sociétale, soit davantage significative. On peut penser que les entreprises innovantes sont globalement plus dynamiques et s’engageront de ce fait plus facilement dans des pratiques sociétales.

Ces résultats suggèrent que les initiatives en matière de performance sociétale et d’innovation sont susceptibles de s’encourager réciproquement, même si, contrairement aux études qualitatives menées précédemment, il n’est pas possible de conclure à l’existence d’un cercle vertueux. Toutefois, la relation apparaît davantage significative dans le sens « influence de l’innova-tion sur la performance sociétale » que dans l’autre sens (Schéma 1). L’effet de la taille, d’une part, de la performance économique, d’autre part, jouent sur la première relation, mais pas sur la seconde (Schéma 1). Compte tenu de notre échantillon, constitué très majoritairement de PME, il semblerait que pour ce type d’entreprises, la performance économique, ici opérationnelle, favorise la performance sociétale, et non l’inverse comme la plupart des tra-vaux sur le sujet l’affirment. Berger-Douce (2008) justifiait cette hypothèse en indiquant que dans la plupart des enquêtes auprès des PME, le manque de

© D

e B

oeck

Sup

érie

ur |

Tél

écha

rgé

le 2

0/06

/202

2 su

r w

ww

.cai

rn.in

fo (

IP: 6

5.21

.228

.167

)© D

e Boeck S

upérieur | Téléchargé le 20/06/2022 sur w

ww

.cairn.info (IP: 65.21.228.167)

Page 20: Innovation et responsabilite sociale des entreprises (RSE ...

Innovation et responsabilité sociale des entreprises (RSE)…

n° 46 – innovations 2015/1 133

ressources financières était l’un des principaux freins à l’engagement dans les démarches de RSE. Par ailleurs, les enquêtes dans l’agroalimentaire montrent que peu de chefs d’entreprises envisagent l’innovation, notamment techno-logique, comme moyen d’engagement dans la RSE (Terlier, 2009).

Schéma 1 – Relation bidirectionnelle innovation et performance sociétale et facteurs d’influence

CONCLUSION

Dans cet article nous nous sommes intéressées à la relation entre innova-tion et RSE dans les entreprises agroalimentaires du Languedoc Roussillon, constituées essentiellement de PME.

Dans la littérature on retrouve habituellement des éléments concernant soit les grandes entreprises, soit l’influence de la RSE sur l’innovation, mais plus rarement de l’innovation sur la RSE. Dans les travaux antérieurs, la relation bidirectionnelle a également été étudiée, principalement dans le cadre d’études qualitatives.

L’originalité de cette contribution est de s’intéresser aux PME du secteur agroalimentaire et de tester la double relation de manière quantitative. À cet effet, nous avons construit une grille originale de mesure de la perfor-mance sociétale des PME. Outre l’effet sectoriel (Bocquet, Motte, 2010 ;

Innovation Performance sociétale

Performance économique

Taille

+ +

+

+

© D

e B

oeck

Sup

érie

ur |

Tél

écha

rgé

le 2

0/06

/202

2 su

r w

ww

.cai

rn.in

fo (

IP: 6

5.21

.228

.167

)© D

e Boeck S

upérieur | Téléchargé le 20/06/2022 sur w

ww

.cairn.info (IP: 65.21.228.167)

Page 21: Innovation et responsabilite sociale des entreprises (RSE ...

Leïla Temri, Géraldine Giordano, Myriam-Emilie Kessari

134 innovations 2015/1 – n° 46

Gallego-Alvarez et al., 2011 ; Bocquet at al., 2013) et un effet taille (Le Bas, et al., 2010) pouvant jouer sur cette relation, déjà démontrés antérieure-ment, nous avons testé l’influence d’une nouvelle variable, à savoir la per-formance économique de l’entreprise.

Nous avons ainsi démontré l’existence d’une relation bidirectionnelle entre innovation et RSE. Toutefois un sens de la relation semble être plus affirmé, et concerne l’influence de l’innovation sur la performance sociétale. Ce résultat permet de compléter la littérature moins étoffée sur ce sens du lien. Deux facteurs ont une influence positive dans cette relation : la taille et la performance économique de l’entreprise. Si l’influence du premier a d’ores et déjà été démontrée, celle de la performance économique nous permet ici de souligner son importance en tant que déterminant de la performance sociétale dans les PME. Ce résultat va à l’encontre de la plupart des discours qui estiment que l’engagement dans la RSE stimule l’innovation et améliore ainsi la performance économique des entreprises.

Ce travail ouvre de nouvelles perspectives sur le lien entre RSE et per-formance économique. En outre, il pourrait être étendu à d’autres secteurs d’activité, même si, malgré des différences observées entre filières au sein du secteur agroalimentaire, tant en matière d’innovation que de performance sociétale, aucun effet filière n’a été mis en évidence dans la double relation.

BIBLIOGRAPHIE AGGERI, F., PEZET, E., ABRASSARD, C., ACQUIER, A. (2005), Organiser le dévelop-pement durable, Paris, Vuibert.

AGRESTE (2011), État des lieux et évolutions de la sphère agroalimentaire du Languedoc-Roussillon de 1997 à 2009. L’agroalimentaire, pilier de l’économie régionale, tient le cap. Disponible sur :

http://draaf.languedoc-roussillon.agriculture.gouv.fr/IMG/pdf/p_eaa2011_internet_cle8c72b2.pdf.

ALBERTINI, E. (2013), Le management et la mesure de la performance environnementale, Thèse de Doctorat en Sciences de Gestion, Université Paris 1-Panthéon Sorbonne, IAE.

BARNEY, J. (1991), Firm Resources and Sustained Competitive Advantage, Journal of Management, 17(1), 99-119.

BARNEY, J. (2001), Resource-Based Theories of Competitive Advantage: A Ten-Year Retrospective on the Resource-Based View, Journal of Management, 27(6), 643-650.

BECHEIKH, N., LANDRY, R., AMARA, N. (2006), Lessons from Innovation Empirical Studies in the Manufacturing Sector: A Systematic Review of the Literature from 1993-2003, Technovation, 26, 644-664.

BERGER-DOUCE, S. (2008), Rentabilité et pratiques de RSE en milieu PME. Premiers résultats d’une étude française, Management & Avenir, 15, 9-29.

© D

e B

oeck

Sup

érie

ur |

Tél

écha

rgé

le 2

0/06

/202

2 su

r w

ww

.cai

rn.in

fo (

IP: 6

5.21

.228

.167

)© D

e Boeck S

upérieur | Téléchargé le 20/06/2022 sur w

ww

.cairn.info (IP: 65.21.228.167)

Page 22: Innovation et responsabilite sociale des entreprises (RSE ...

Innovation et responsabilité sociale des entreprises (RSE)…

n° 46 – innovations 2015/1 135

BERGER-DOUCE, S. (2011), Le développement durable, un levier d’innovation pour les PME ?, Revue Française de Gestion, 215(6), 147-166.

BOCQUET, R., MOTHE, C. (2010), Exploring the Relationship between CSR and Innovation: A Comparison between Small and Large-Sized French Companies, Revue Sciences de Gestion, 80, 101-119.

BOCQUET, R., LE BAS, C., MOTHE, C., POUSSING, N. (2013), Are Firms with Different CSR Profiles Equally Innovative? Empirical Analysis with Survey Data, European Management Journal, 31, 642-654.

BOUVIER, A. (2010), Les sociétés innovantes de 10 salariés ou plus – Quatre sur dix entre 2006 et 2008, Insee Première, 1314, 4 p.

BOWEN, H. R. (1953), Social Responsibility of the Businessman, New-York, Harper & Row.

CALLENS, I., TYTECA, D. (1999), Towards Indicators of Sustainable Development for Firms - A Productive Efficiency Perspective, Ecological Economics, 28, 41-53.

CAPRON, M., QUAIREL-LANOIZELEE, F. (2007), La responsabilité sociale d’entreprise, Repères, Paris, La Découverte.

CAROLL, A. B. (1979), A Three Dimensional Conceptual Model of Corporate Per-formance, Academy of Management Review, 4(4), 497-505.

CASTIAUX, A. (2009), Responsabilité d’entreprise et innovation : entre exploration et exploitation, Reflets et perspectives de la vie économique, XLVIII, 37-49.

CHESBOROUGH, H. (2003), Open Innovation : The New Imperative for Creating and Profiting from Technology, Boston, MA, Harvard Business School Press.

CLEFF, T., RENNINGS, K. (1999), Determinants of Environmental Product and Process Innovation, European Environment, 9(5), 191-201.

COMMISSION OF THE EUROPEAN COMMUNITIES (2002), Corporate Social Responsibility: A Business Contribution to Sustainable Development, COM (2002) 347 final, 24 p.

CONCEICAO, P., HEITOR, M. V., VIEIRA, P. S. (2006), Are Environmental Concerns Drivers of Innovation? Interpreting Portuguese Innovation Data to Foster Environmental Foresight, Technological Forecasting & Social Change, 73, 266-276.

DEL BRIO, J. A., JUNQUERA, B. (2003), A Review of Literature on Environmental Innovation Management in SMEs: Implication for Public Policies, Technovation, 23, 939-948.

DOMERGUE, M., COUDERC, J.-P., RIVIERE-GIORDANO, G., MAUREL, C. (2012), Dynamiques des entreprises agroalimentaires (EAA) du Languedoc-Roussillon : Évolutions 1998-2010, Montpellier (FRA), UMR MOISA, 220 p. (Série Recherches n°08).

DONALDSON, T, DUNFEE, T. W. (1999), Ties that Bind: A Social Contracts Approach to Business Ethics, Boston, Harvard Business School Press.

ERNST, E., HONORE-ROUGE, Y. (2012), La responsabilité sociale des entreprises : une démarche déjà répandue, Insee première, n°1421, novembre, 4 p.

FERAUGE, P. (2011), Responsabilité sociétale du dirigeant et innovation : approche de leur complémentarité dans un contexte de PME, Thèse de doctorat en sciences économiques et de gestion, Université de Mons.

FERAUGE, P. (2013), The Complementarity of Corporate Social Responsibility and Innovation: Evidence from Belgian Firms, Global Journal of Business Research, 7(5), 99-113.

© D

e B

oeck

Sup

érie

ur |

Tél

écha

rgé

le 2

0/06

/202

2 su

r w

ww

.cai

rn.in

fo (

IP: 6

5.21

.228

.167

)© D

e Boeck S

upérieur | Téléchargé le 20/06/2022 sur w

ww

.cairn.info (IP: 65.21.228.167)

Page 23: Innovation et responsabilite sociale des entreprises (RSE ...

Leïla Temri, Géraldine Giordano, Myriam-Emilie Kessari

136 innovations 2015/1 – n° 46

FIGGE, F., HAHN, T. (2004), Sustainable Value Added – Measuring Corporate Contributions to Sustainability beyond Eco-Efficiency, Ecological Economics, 48, 173-187.

FREEMAN, R. E. (1984), Strategic Management: A Stakeholder Approach, Boston, Marshall, M.A. Pitman.

FRIEDMAN, M. (1971), Capitalisme et Liberté, Paris, Robert Laffont.

GALLAUD, D, MARTIN, M., REBOUD, S. (2012), La relation entre innovation en-vironnementale et réglementation : une application au secteur agroalimentaire français, Innovations, 37(1), 155-175.

GALLEGO-ÁLVAREZ, I., PRADO-LORENZO, J. M, GARCIA-SANCHEZ, I.-M. (2011), Corporate Social Responsibility and Innovation: A Resource-Based Theory, Management Decision, 49(10), 1709- 1727.

GALLIANO, D., GAREDEW, L., MAGRINI, M. B. (2011), Les déterminants organisa-tionnels de l’innovation produit : les spécificités des firmes agroalimentaires françaises, in DGCIS (éd.). L’innovation dans les entreprises : moteurs, moyens et enjeux, 50-68.

HART, S. (1995), A Natural-Resource-Based View of the Firm, Academy of Management Review, 20(4), 986-1014.

HORBACH, J. (2008), Determinants of Environmental Innovation – New Evidence from German Panel Data Sources, Research Policy, 37(1), 163-173.

INGHAM, M. (2011), Vers l’innovation responsable ; pour une vraie responsabilité sociétale, Bruxelles, De Boeck.

LE BAS, C., POUSSING, N., HANED, N. (2010), Innovation, leadership technolo-gique et comportements de responsabilité sociale. Une exploration sur données d’entre-prises, Economies et Sociétés, série « Dynamique technologique et organisation », W, 12, 1363-1385.

LEFEBVRE, E., LEFEBVRE, L.-A., TALBOT, S. (2003), Determinants and Impacts of Environmental Performance in SMEs, R&D Management, 33(3), 263-283.

LENGNICK-HALL, C. A. (1992), Innovation and Competitive Advantage: What We Know and What We Need To Learn, Journal of Management, 18, 399-429.

LESIEUR, C. (2011), Enquête innovation 2006-2008 – L’agroalimentaire innove en fa-veur de l’environnement, Agreste Primeur, 269, 4 p.

MAAF (Ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et de la Forêt) (2012), Panorama des industries agroalimentaires, édition 2012, disponible à l’adresse : http://agriculture.gouv.fr/IMG/pdf/20121002PANORAMA-IAA-2012-web_cle8548ac-1.pdf.

MACGREGOR, S. P., FONTRODONA, J. (2008), Exploring the Fit between CSR and Innovation, WP-759, University of Navarra, IESE CBS, July, 21 p. disponible à l’adresse : http://ssrn.com/abstract=1269334.

MACGREGOR, S. P., FONTRODONA, J., HERNANDEZ, J. (2010), Towards a Sustainable Innovation Model for Small Enterprises, in Louche, C., Idowu, S. O, Leal Filho, W. (eds), Innovative CSR : From Risk Management to Value Creation, Sheffield, Greenleaf Publishing, 305-330.

MASERO, J., MIROUSE, B., AMORICH, S. (2011), Dépenses d’investissement antipol-lution des industries agroalimentaires – Les choix d’investissement dépendent de l’activité, Agreste Primeur, 257, 4 p.

© D

e B

oeck

Sup

érie

ur |

Tél

écha

rgé

le 2

0/06

/202

2 su

r w

ww

.cai

rn.in

fo (

IP: 6

5.21

.228

.167

)© D

e Boeck S

upérieur | Téléchargé le 20/06/2022 sur w

ww

.cairn.info (IP: 65.21.228.167)

Page 24: Innovation et responsabilite sociale des entreprises (RSE ...

Innovation et responsabilité sociale des entreprises (RSE)…

n° 46 – innovations 2015/1 137

MATHIEU, A. (2010), Développement durable et innovation : dépasser l’antagonisme pour une complémentarité au service de la performance globale, in Reynaud, E. (éd.), Stratégies d’entreprises et développement durable, L’Harmattan, 159-181.

MIDTTUN, A. (2007), Corporate Responsibility from a Resource and Knowledge Perspective. Towards a Dynamic Reinterpretation of C(S)R: Are Corporate Responsibility and Innovation Compatible or Contradictory?, Corporate Governance, 7(4), 401-412.

NIDUMOLO, R., PRAHALAD, C. K., RANGASWAMI, M. R. (2009), Why Sustaina-bility is Now the Key Driver of Innovation?, Harvard Business Review, September.

NOCI, G., VERGANTI, R. (1999), Managing “Green” Product Innovation in Small Firms, R&D Management, 29(1), 3-15.

OCDE (2010), L’éco-innovation dans l’industrie : favoriser la croissance verte, Paris.

OCDE (2011), ISIC REV.3 Technology Intensity Definition, disponible à l’adresse: http://www.oecd.org/sti/industryandglobalisation/48350231.pdf

PAVELIN, S., PORTER, L. A. (2007), The Corporate Social Performance Content of Innovation in the U.K., Journal of Business Ethics, 80(4), 711-725.

PFEFFER, J., SALANCIK, G. R. (1978), The External Control of the Organizations, New-York, Harpers & Row.

PORTER, M. E., KRAMER, M. R. (2006), Strategy and Society: The Link Between Competitive Advantage and Corporate Social Responsibility, Harvard Business Review, 84(12), 78-92.

PRAHALAD, C. K., HAMEL, G. (1990), The Core Competence of the Corporation, Harvard Business Review, 68(3), 235-256.

TEECE, D. J., PISANO, G. (1994), The Dynamic Capabilities of Firms: An Introduction, Indust. Corporate Change, 3(3), 537–556.

TEMRI, L. (2011), Innovations technologiques environnementales dans les petites entre-prises : proposition d’un cadre d’analyse, Innovations. Cahiers d’économie de l’innovation, 34, 11-36.

TERLIER, A. (2009), Le développement durable dans les PMI de l’agroalimentaire, Paris, CROCIS –CCIP, 4 p.

TYTECA, D. (1997), Linear Programming Models for the Measurement of Environmental Performance of Firms – Concepts and Empirical Results, Journal of Productivity Analysis, 8(2), 183-197.

WERNERFELT, B. (1984), A Resource-Based View of the Firm, Strategic Management Journal, 5(2), 171-180

© D

e B

oeck

Sup

érie

ur |

Tél

écha

rgé

le 2

0/06

/202

2 su

r w

ww

.cai

rn.in

fo (

IP: 6

5.21

.228

.167

)© D

e Boeck S

upérieur | Téléchargé le 20/06/2022 sur w

ww

.cairn.info (IP: 65.21.228.167)

Page 25: Innovation et responsabilite sociale des entreprises (RSE ...

Leïla Temri, Géraldine Giordano, Myriam-Emilie Kessari

138 innovations 2015/1 – n° 46

Annexe – Construction de l’échelle de mesure de la performance sociétale des entreprises agroalimentaires du Languedoc-Roussillon

Thématiques GRI G3

Thématiques centrales ISO 26000

Echelle de mesure de la performance sociétale

Stratégie et analyse, Profil de l’organisation, Gouvernance, engagement et dialogue, validation par les tiers

Gouvernance de l’organisation

• Existence d’un porteur d’une démarche responsable

• Obtention de la certification ISO 22000• Engagement dans la démarche ISO

26000• Existence d’un équivalent temps plein

dédié à la «qualité, environnement, développement durable»

• Embauche prévue en «qualité, environnement, développement durable» dans les 12 prochains mois

Droits de l’homme et info sur l’approche managériale

Droits de l’homme • Devoir de vigilance • Prévention de la complicité• Remédier aux atteintes aux

droits de l’homme• Discrimination et groupes

vulnérables • Principes fondamentaux et

droits du travail • Situation présentant un risque

pour les droits de l’homme• Droits civils et politiques• Droits économiques, sociaux et

culturels

• Non-discrimination à l’embauche

Travail - Information sur l’approche managériale

Relations et conditions de travail • Emplois et relations employeur/

employés • Dialogue social • Conditions de travail et

protection sociale• Santé et sécurité au travail• Développement du capital

humain

• Accompagnement de la carrière des collaborateurs

• Plan pluriannuel de formation• Amélioration de la sécurité au travail • Aménagement du temps de travail• Communication interne• Enquêtes de satisfaction des employés• Existence d’une politique

d’intéressement• Pratique favorable au versement des

intérêts aux parts sociales

Environnement - Information sur l’approche managériale

Environnement • Atténuation des changements

climatiques et adaptation• Utilisation durable des

ressources• Protection de l’environnement,

biodiversité et réhabilitation des habitats naturels

• Prévention de la pollution

• Obtention de la certification ISO 14000 • Réalisation d’un diagnostic énergétique• Réalisation d’un bilan carbone • Amélioration des performances sur les

postes : – «Eau», – «Energie», – «Déchets», – «Effluents», – «Gaz à effets de serre»

© D

e B

oeck

Sup

érie

ur |

Tél

écha

rgé

le 2

0/06

/202

2 su

r w

ww

.cai

rn.in

fo (

IP: 6

5.21

.228

.167

)© D

e Boeck S

upérieur | Téléchargé le 20/06/2022 sur w

ww

.cairn.info (IP: 65.21.228.167)

Page 26: Innovation et responsabilite sociale des entreprises (RSE ...

Innovation et responsabilité sociale des entreprises (RSE)…

n° 46 – innovations 2015/1 139

Société - Information sur l’approche managériale

Loyauté des pratiques • Respect des droits de propriété• Lutte contre la corruption• Engagement politique

responsable• Concurrence loyale

• Lors de la conclusion d’un contrat de MPA, priorité accordée au respect des normes de production sociales ou environnementales (sociétales)

Responsabilité du fait des produits - Information sur l’approche managériale

Questions relatives aux consommateurs• Protection de la santé et de la

sécurité des consommateurs• Consommation durable • Pratiques loyales en matière

de commercialisation, d’informations et de contrats

• Service après-vente, assistance et résolution des réclamations et litiges pour les consommateurs,

• Accès aux services essentiels• Éducation et sensibilisation• Protection des données et de la

vie privée des consommateurs

• Vis-à-vis de vos clients, les deux principales forces de votre entreprise sont des produits respectueux de l’environnement et/ou des produits responsables ou éthiques,

• Labellisation «agriculture biologique» associée aux trois premiers produits

Économie - Information sur l’approche managériale

Communautés et développement local • Création d’emplois et

développement des compétences,

• Création de richesses et de revenus,

• Implication auprès des communautés,

• Education et culture, • Santé, • Investissement dans la société• Développement des technologies

et accès à la technologie

• % du Montant des achats de MPA acheté en région supérieur à 50 %,

• % du CA réalisé en région supérieur à 50 %

Notation globale : /27 critèrestraduite en Note /20

© D

e B

oeck

Sup

érie

ur |

Tél

écha

rgé

le 2

0/06

/202

2 su

r w

ww

.cai

rn.in

fo (

IP: 6

5.21

.228

.167

)© D

e Boeck S

upérieur | Téléchargé le 20/06/2022 sur w

ww

.cairn.info (IP: 65.21.228.167)