Initiation au Probleme d'Echecs - Marc Benoit (1976)

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LES ÉDITIONS DE L’APPRENTI SORCIER

ÉDITION ÉLECTRONIQUE

(2000)

Initiation auProblème d’échecs

d’après le manuscrit de

Marc Benoîtpréface de

Alain J. Godbout

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Initiation au problème d'échecs

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ÉDITION ÉLECTRONIQUE

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88 Guilde des problémistes du Nouevau Monde etéditions de l’Apprenti Sorcier

Hull Québec CANADA

novembre 2000

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TABLE DES MATIÈRES

Préface 5

Introduction 7

I. Rudiments et Premiers pas 9

II. Notation des solutions 12

III. Les Thèmes simples 16

IV. Notions de thèmes 20

V. Qualité des mats 24

VI. À tout seigneur tout honneur 30

VII. Un peu d’Histoire 33

VIII. Explorations avant la clé 40

IX. L’essai 44

X. Récapitulons 49

XI. La correction noire 53

XII Les Jumeaux 55

XIII. L’Originalité 59

Postface 62

Index des problémistes 63

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Initiation au problème d'échecs

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“À LOUISE”

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PRÉFACE

Ce livre est une oeuvre qui aura pris plus de 25 ans à réaliser le rêvede son auteur. Le manuscrit a été entrepris en 1975 par Marc Benoïtun des rares compositeurs canadiens dans la période 1950-1975.Lorsque nous avons pris connaissance du manuscrit, il était dans unétat bien piteux. Le texte avait été transcrit à la dactylo mais laplupart des diagrammes manquaient, certains des chapitres n’étaientque des ébauches de quelques lignes bourrées de commentairestouffus.

La reconstruction de ce manuscrit nous aura demandé re retracer lesproblèmes que l’auteur avait choisi pour illustrer son livre. Lesproblèmes de l’auteur se sont avérés faciles L’auteur avait conservédans un cahier d’école une copie de chacun des problèmes publiéset le reste des inédits étaient conservés dans un cartable. Leproblème principal fut de réconcilier les solutions décrites avec desproblèmes désignés par seulement le nom de l’auteur et un numéroséquentiel. Ce fut un défi de reconstruction synthétique qui nousaura pris plus de cinq ans à réaliser.

Marc Benoit avait, au cours des ans accumulé une impressionnantebibliothèque et une collection de miniatures orthodoxes unique.Ingénier de profession, il était amené souvent à voyager à l’étranger.Les problèmes miniatures étaient chez-lui une passion et il encomposera une grande quantité sur des serviettes de restaurant, desmarges de journaux et des blocs de note d’hôtels. En fouillant dansses archives, on peut ainsi retracer ses périples en Europe et enAmérique du Sud.

Le texte qui suit est fidèle à l’esprit et à la lettre de l’auteur. Aumoment de son décès, l’auteur travaillait sur un chapitre sur laconstruction d’un problème. Malheureusement l’exemple choisidemeure inachevé et le texte qui l’accompagnait est demeuré trop

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incomplet pour être publié. Nous avons dû le retrancher. Avec letemps, peut-être pourrons nous reconstituer ce chapitre. En ce qui atrait au texte restant, les corrections et additions sont nombreuses.Le style télégraphique et très direct de l’auteur reflétaient saformation d’ingénieur de grands travaux.. Son intérêt en écrivant cemanuscrit demeurait didactique. Il voulait faire partager sa passionpour cet art dans une contexte où il a dû souffrir d’une profondesolitude et de nombreux obstacles à le partager. En voulanttransmettre à d’autres son sens de la beauté aux échecs, il voulaitétablir une conversation avec ses compatriotes.

Sur la première page du manuscrit on pouvait lire simplement “àLouise”. Qui était Louise, nous ne le savons pas, peut être sa fille,peut être quelqu’un de cher. Avec vingt-cinq année de retard,Louise, voici ce que Marc voulait te dire.

Alain J. GodboutGatineau, novembre 2000

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INTRODUCTION

Lorsqu'un joueur d'échecs et un problémiste se rencontrent,l'un parle de son intérèt pour la variante Znosko-Borovsky et l'autredu thème Zagorouiko, ce sont deux personnes à part qui ne secomprennent souvent qu'après de longues explications. Ils sontpourtant animés du même amour, enthousiasmés par la même beauté: les merveilleuses combinaisons échiquéennes!

Le but de cet ouvrage est donc d'essayer modestement deconstruire un pont entre les deux "tours". Je partage les deux passions.Comme je suis un problémiste et qu'il y a des milliers de fois plus de joueursque de problémistes, j'ai donc opté d'initier les joueurs aux beautés duproblème.

Le défi est de taille. J'ai toutefois conclu qu'une petitepérégrination, illustrée avec des exemples composés d'un minimum depièces, entraînerait le joueur à mieux comprendre la beauté desproblèmes. Cette beauté est plus qu'une simple question d'énigme oudifficulté de clé comme on est porté à le croire trop souvent.

Pour conserver un contexte de simplicité, je me suis limité auxmats en deux coups. Ainsi, presque tous les joueurs de club et lesamateurs d'un soir pourront lire l'ouvrage dans le métro, l'avion ou aucoin du feu, sans avoir à placer des pièces sur un échiquier. Une positionde moins de 7 pièce demande peu d'effort à visualiser. Un mat en deuxcoups miniature et orthodoxe est facile à résoudre ou à suivre à partir dudiagramme, surtout si celui-ci est imprimé dans une grandeur convenable.

J'ai fait allusion à l'orthodoxie. En choisissant le problèmeorthodoxe, nous j'ai éliminé le domaine du problème féerique cetouvrage. Les problémistes ont inventé toutes sortes de piècesadditionnelles aux pièces conventionnelles (Mao, cavalier de la nuit,sauterelles, etc.) en plus de conditions de coups (maximiser, etc.) oud'arrangement d'échiquier (cylindrique, par exemple). Vous ne trouverezici rien de ce genre ici. Il existe d'excellentes revues qui ne publient que

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ce genre de problèmes dont "feenshach". Ces inventions sont nées dudésir d'évasion des contraintes usuelles tout comme le joueur qui désiredégrafer le corset des premiers coups d'ouverture.

Il ne sera donc pas question dans cet ouvrage de complications.Au contraire, mon objectif est de rendre simple et accessible ce qui paraîtun art éclectique et étrange. J'aurai atteint mon but si par sa simplicité ilconvertit des joueurs en solutionnistes et les amène à l'amour du "beau"problème au point de tenter de composer. Il y a beaucoup d'inepties quise publient en fait de problèmes. Ce petit ouvrage est volontairementincomplet mais il cherche, en évitant de grandes notions rébarbatives auprofane, être agréable et facile à lire et guider l'amateur à différencier le bléde l'ortie dans ce domaine.

Et, s'il remporte un certain succès, on ouvrira la voie à d'autresouvrages sur les problèmes qui manquent à notre patrimoine. Soit desanthologies de centaines de problèmes miniatures, des collectiond'oeuvres de Canadiens, des ouvrages plus avancés et plus complets surla connaissance et la composition du problème d'échec et finalement unrecueil avec anecdotes sur nos propres compositions. À vous, cherslecteurs, de nous indiquer la voie à suivre.

Cancun, le 21 mars 1976.

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CHAPITRE I

RUDIMENTS ET PREMIERS PAS

Le but visé par cet ouvrage est de vous familiariser en tantqu'adepte du jeu d'échecs avec cette branche très spécialisée qu'est leproblème. Pour apprécier le problème, il n'est pas nécessaire d'être unjoueur de fort calibre. Une connaissance élémentaire du mouvement despièces et une bonne expérience de leur rôle et fonction sur l'échiquierseront suffisant.

Nous avons adopté le problème miniature pour nous servir d'exempledans le texte, Ce choix est purement pratique et vise à vous permettre deprofiter du livre sans avoir à un échiquier sous la main. En vousproposant des diagrammes simples et en discutant de la solution, nousintroduirons peu à peu des notions de plus en plus complexes. Cecidevrait vous permettre de découvrir, d'apprécier, de jouir d'une manièreplus satisfaisante des beautés du problème. Nous croyons que leproblème c'est la poésie comparée au jeu qui en est la prose. Nousprenons pour acquis que le lecteur sait jouer aux échecs; c'est notre pointde départ.

Voici que nous vous avons introduit une notion : le miniature.Comme le nom l'indique, ce sont de petits problèmes. Un problème"miniature" contient, par définition au maximum sept pièces, incluant lespièces blanches ou noires. Ne vous laissez pas tromper, le faible nombrede pièce ne doit pas vous laisser croire que ce sont des problèmes deseconde catégorie, réalisée par des compositeurs qui n'ont pas appris l'artde travailler avec toutes les pièces. Les problèmes miniatures peuvent êtretrès sophistiqués. On en retrouve de tous les genres : mats directs, matsaidés, mats inverses, féeriques et même des études de finales qui sontmieux connues des joueurs. Pour notre part, nous nous contenterons desproblèmes qui utilisent les conventions et les règles du jeu conventionnel.

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4 + 3 Mat en 2 coups

Tous les problèmes utilisés dans cet ouvrage auront le même énoncé. Lesblancs jouent et font mat en deux coups exactement. C'est ce qu'ondésigne normalement comme étant des "mats en deux coups" orthodoxe.

Dans le domaine du problème, "Mat en deux coups" veut direque dans la position décrite au diagramme, les blancs jouent un coupunique que l'on appelle "clé", et que quelle que soit la réponse des noirs, lesblancs font mat au coup suivant (deuxième coup). La position doittoujours être obtenue "en théorie" à partir d'une partie légale, quelquefarfelue qu'ait été cette partie. Donc s'il y a trois cavaliers, le troisième doitnécessairement venir de la promotion d'un pion. Un des défis posés parles compositeurs consiste à l'occasion à forcer l'amateur à remonter lalogique de la position pour trouver des indices quant à sa validité ou à lavalidité de certains coups. C'est ce qu'on appelle l'analyse rétrograde.

Chaque façon différente de mater des blancs à une réponsedifférente des noirs s'appelle "variante". Un problème trouve souvent sagrâce et son caractère dans les variantes. Dans le domaine de la partie, unecombinaison donne le mat, dans le problème les variantes donnent lerésultat artistique.

Nous reviendrons sur cette notion de variante en expliquant lasolution des problèmes qui vont servir d'illustrations. Nous reviendronsaussi sur la notion d'analyse rétrograde. Comme premier exemple, nous

avons choisi un magnifique miniatured'un grand auteur allemand.

No 1

Dr. Werner SPECKMANN(d'après E.B. Cook)Revue F.I.D.E., 1963

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Naturellement, un deux coups miniature, ne peut êtreextrêmement difficile. Mais déjà vous pourrez déceler, en tentant desolutionner les problèmes, qu'avec peu de pièces à leur disposition ce quepeuvent faire les grands maîtres. D'autre part, on apprendra à voir que labeauté d'un problème ne réside pas dans la difficulté de la clé, une qualitéimportante mais pas essentielle. Elle réside dans plusieurs autres élémentsque nous apprendrons à connaître ensemble lors de l'analyse dessolutions.

Allez-y ! Solutionnez ce problème à partir du diagramme. Dansle diagramme, les blancs jouent vers le haut et les noirs vers le bas. Ainsi,dans problème No 1, le pion noir peut avancer d'un pas, c'est-à-dire faireDame à son deuxième coup si il avait l'opportunité de jouer ce quin'arrive jamais au noir dans un "mat en deux coups".

Un conseil : méfiez-vous de ces "toujours" et de ces "jamais".Un des talents typiques des bons compositeurs consiste à vous induire enerreur en défiant la logique des toujours et des jamais. Il y a souvent desexceptions démontrables par analyse rétrograde.

L'indice à droite de l'échiquier indique le nombre de piècesblanches (4) et le nombre de pièces noires (3). Pour un miniature, ce totalne doit pas dépasser 7. Lorsque le total des pièces vacille entre 8 et 12pièces inclusivement, le problème s'appelle Meridith, du nom d'uncompositeur qui se spécialisait dans ce genre de problèmes légers enmatériel. Lorsqu'il y a plus de douze pièces sur l'échiquier et moins de 16,on parle de poids moyen et de poids lourd pour les problèmes de plus de16 pièces. Quant à l'indication "mat en 2 coups", il indique le nombre decoups que les blancs peuvent prendre pour mater les noirs. À l'occasion,vous trouverez cette indication sous la forme "2#" ou "#2". C'est laconvention utilisée par les revues d'échecs pour économiser l'espace.

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Diagramme 2-1

CHAPITRE II

LA NOTATION DES SOLUTIONS

Pour se comprendre, il faut un langage. Les échecs ont convenud'un langage écrit, et ce langage est, en pratique, le même que celui utilisépour noter et annoter les parties. D'abord un mot sur la notation. Danschaque langue, une pièce est désignée par son initiale en majuscule : Dpour dame; T pour tour, etc.

Roi = R = KDame = D = QTour = T = RFou = F = B

Cavalier = C = NPion = P = P

La notation algébrique, le plus universelle,sera utilisée dans cet ouvrage. Lediagramme suivant sert d'exemple.

Dans ce diagramme, le pion noir est en d5(comme au Bingo!) et le pion blanc en e4.Si le pion blanc capture (mange) le pionnoir, on note le coup ainsi : Pe4 x Pd5.Mais pour plus de simplicité et lorsqu'il nepeut y avoir d'équivoque, on aura tendanceà noter ce coup en style abrégé: exd5 (ou

ed5) sans mentionner la pièce qui prend ou celle qui est prise. On peutmême simplifier encore par : exd (ou ed) c'est-à-dire le pion de la colonnecapture la pièce en d. L'important, nous le répétons, c'est qu'il n'y ait pas

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d'équivoque. Si, par exemple, il y avait deux pions noirs en d5 et f5 alorsex serait équivoque. De la même manière, lorsqu'il y a deux pions blancs(c4 et c6) sur la même colonne et deux pièces noires (d5 et d7) quipeuvent être capturés, il faut alors mentionner lequel des deux pions noirsest pris : c x d5 ou cxd7. D'autre part, si il y a une autre pièce blanche surla colonne e qui puisse prendre une autre pièce noire sur la colonne d, ilfaut alors être encore plus spécifique.

Les principaux symboles utilisés sont :

x : prend~ (ou ad lib) : coup général+ : échec+ + : échec double+ d : échec à découvert# : mat! : bon coup? : mauvais coup! ? : tentative ou essai

Ainsi, la solution du problème no 1 est :

La clé : 1.Dg8! * si 1…Txd8 2.Cf6 # 1si 1…Pg2 2.Dxg5 # 2si 1…Rxh5 2.Dxg5 # 2si 1…Rf5 2.Txd5 # 3

Quel magnifique problème dans lequel comme clé la Dame sesacrifie à la Tour noire, et sacrifie sa Tour au Roi noir par retrait deprotection! Avec trois variantes! Tout cela dans un miniature soir avecun maximum de sept pièces. Les joueurs habitués à noter leurs partiesauront remarqué que la difficulté vient d'avoir à noter plusieurs lignes dejeu, les variantes. La convention "si 1… nous jouent, alors les blancs

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répliquent 2. " est souvent abrégée en commençant les défenses par"1…" et les attaques blanches par 1. ou 2. ; les points de suspensionindiquent qu'il s'agit d'une réponse ou d'un coup des noirs.

À noter que dans la variante 1, lorsque la T noire joue en g6,soit 1.....Tg6 les blancs peuvent mater de deux façons : a) 2.DxT etb) 2.Cf6 car en effet, la T noire est clouée par la Dame blanche et ne peutprendre le Cavalier. Ceci constitue un dual qui est une faute mineure oumajeure dans une composition. Ici, la faute est très mineure. Nousreviendrons sur cette notion importante du dual.

Qu'il suffise de dire qu'un dual résulte du fait qu'après un coupdes noirs, les blancs peuvent mater de deux façons différentes commec'est le cas ici. Il peut y avoir des façons triples de mater : ceci est unefaute tellement grave de composition qu'on ne la trouvequ'exceptionnellement dans les problèmes publiés par les revues.

Pourquoi, direz-vous, attacher tant d'importance à cette notion?En fait, le joueur de parties trouve excellent un coup qui lui permetplusieurs avenues pour mater. Mais voilà, le problémiste pour sa partdédaigne ce même genre de coup!

Rappelez-vous que l'essence même du problème - même si denos jours l'évolution s'en écarte - est la difficulté de la solution. Si donc uncoup blanc, ou mieux une clé blanche permet plusieurs avenues de mater,elle devient alors trop évidente et elle perd ainsi de la subtilité, de sonverni. C'est pourquoi le problémiste condamne le "dual". À force derésoudre des problèmes, vous viendrez probablement à partager ce goût"l'anti-dual". Ce mot n'est pas de mon invention. Il y a des thèmes quiexploitent à plein la répugnance du dual. Nous verrons ce que cela peutsignifier d'excitant dans un problème. Il y a même un volume ducompositeur Gabriel Authier intitulé "L'Anti-Dual"!(Édition d'auteur,Paris 1953) qui est consacré exclusivement à la construction de problèmesexploitant cette idée thématique.

Pour illustrer une des différences entre la combinaison et leproblème, je vous invite à considérer les deux problèmes qui suivent. Ce

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5+2 Mat en 2 coups

sont deux problèmes qui vont de pair et qui pourront vous aider àcomprendre un des concepts fondamentaux du problème moderne : lethème. Les deux problèmes représentent le même thème qui s'appellePICKANNINY. Comme toute sous-culture, les problémistes adorentdonner des noms pour désigner les choses.

Dans un cas, on a un Pickanniny noir et l'autre la même idéeréalisée avec les blancs (aussi appelée "Albino" pour souligner ladiférence). En jouant la solution complète, vous découvrirez sans doutece qu'est un Pickanniny. William Anthony Shinkman est un des plusillustres compositeurs américains qui a été actif au tournant du XXesiècle. Un grand nombre des ses compositions ont été publiées dans lesjournaux canadiens dont La Presse et le Ottawa Citizen.

No 2Murray MARBLE et Henry.W. BETTMANGazette Times, 1915

1.De8!Variantes thématiques:si 1…Pxb6 2.Db5 matsi 1…Pxd6 2.Th5 matsi 1…Pc6 2.Dh5 matsi 1…Pc5 2. De4 mat

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4+3 Mat en 2 coups

CHAPITRE III

LES THÈMES SIMPLES

No 3William A. SHINKMANPittsburgh Gazette Times, 1915

1. De2!Si 1…Ra2 2.Pd4 matSi 1…Fd4 2.Pd3 matSi 1…Fc3 2.Pxc3 matSi 1…Ce3 2.Pxe3 mat

Les deux derniers problèmes ont encommun d'illustrer comment quatrescoups possibles d'un pion peuvent

mener à des mats différents. Dans le no 2 de Marble et Bettmann, le Pnoir joue sur toutes les cases (quatre) qu'un pion peut jouer (un pas, deuxpas, prise à gauche et prise à droite) provoquant en conséquence quatre matsdifférents de la part des blancs. C'est un Pickanniny noir. Dans le no 3,nous avons un la même idée, mais cette fois avec un pion blanc, i.e., lepion blanc fait mat obligatoirement sur ses quatre cases possibles de jeu!

N'est-ce pas merveilleux d'avoir réalisé ce thème avec seulementsept pièces! Toutefois, certains diront que la clé 1.De8 manque desubtilité. Ces tours de force excusent grandement la presque brutalité dela clé dans les deux problèmes et ceci illustre bien que dans un problèmece n'est pas la difficulté de la clé qui importe le plus (tant mieux si la clé estdifficile) mais le jeu, l'idée, le thème que l'auteur réussit à présenter.

On remarquera des duals mineurs dans le no 3, sur les coups duF en e5, f6, g7, le pion pouvant mater indifféremment en jouant en d3 ou

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d4, de même que pour les autres mouvements du C exception faite ducoup thématique Ce3.

Vous découvrirez avec le temps qu'il existe toujours au moins unexemple où dans un même problème, les quatre coups réponses (à la clé)d'un pion noir correspondent quatre mats différents d'un pion blanc! lesdéfenses Pickanniny noires sont répondues par un Pickanniny blanc!Dans un même problème!!! Toutefois, il faudra plus de matériel que 7pièces pour y arriver.

Un autre thème du même genre est la roue du Cavalier i.e. unproblème où à huit défenses noires, un Cavalier blanc fait mat sur les huitcases où il peut jouer. Il n'existe pas d'exemple de ce thème en miniature.J'enprofiterai pour introduire la notation Forsythe avec un problème de cegenre qui compte seulement onze pièces.

MARC BENOIT"Cape Times" 5 mai 19508 - t7 - 6pl - plR5 - N2C4 - p5pD - P7 - 6tl (4+7) Mat en deux coups

La notation Forsythe est commode pour noter une positionrapidement. Elle sert à décrire la position des pièces sur l'échiquier sansavoir à recourir à une illustration. Les lettres majuscules représentent lespièces blanches, et les minuscules les noires, et les chiffres des cases vides.Si vous regardez la formule, vous noterez qu'il y a 8 séries de caractèresséparés par de traits-d'union. Chaque série correspond à une ligne del'échiquier. L'échiquier se lit de gauche à droite, de haut en bas, commeces lignes. Ainsi dans la position du problème décrite ici, la rangée duhaut est vide (8), une tour noire occupe la première case à gauche de ladeuxième rangée (toujours en partant du haut du diagramme) dont lesautres cases sont vides (t7) etc.

Le concept de thèmes est apparu très tôt dans la composition.Les thèmes comme le Pickanniny, qui exploitent le mouvement particulierà une pièce, sont d'anciens thèmes, mais ils sont historiquement

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intéressants par leur simplicité et constituent une bonne préparation àl'exploration de thèmes plus complexes.

No 4Henri WEENINKGood Companions Folder - 19174+3 Mat en 2 coups1.Dc4 menace 2.Dx c7 matsi 1…Pc5 2.Dc6 matsi 1…Pc6 2.Dd4 mat si 1…Pc6 2.Db4 mat

No5Henri WEENINKOP de Hoogte - 19184+3 Mat en 2 coups1.Rc7T~ 2.Df6 (xT) matsi 1…F~ 2.De8 (xF) matsi 1…Ff7 2.Dd6 matsi 1…Tg6 2.De8 matsi 1… Fg6 2. Df6 mat

No 6MARC BENOIT, ing.The Christian Science Monitor 19724+3 Mat en 2 coups1.Cb5! si 1…Td7 2.Cxd7 matsi 1…T~ 2.Da8 matsi 1…Fxb5 2.Dc8 (xF) matSi 1…Fxb7; 2.Dc7 matSi 1… Txb7; 2.Dc8 mat

Prenons pour exemple le problème no 4 qui présente un autrethème : le Grimshaw. Ce vieux thème est une idée un peu plus complexemais encore loin des thèmes modernes. Il propose une idée plus moderne,soit le rapport entre deux ou plusieurs pièces. Cherchez à le découvrir?

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Pour mieux vous aider, nous en donnons trois exemples (nos 3,4 et 5) enminiature dont deux sont d'un illustre compositeur néerlandais HenriWeenink de l'époque du Good Companions Club. Une des associationsinternationales qui ont marqué le développement du problème moderne.

Tel que vu pour le thème Pickanniny, les problèmes No 2 et 3offraient une certaine ressemblance, une ressemblance dans "l'idée". Or,dans les problèmes No 4, 5 et 6, il existe aussi une ressemblance d'idée.C'est cette idée - qui est d'un ordre tout différent de celle des problèmesNo 2 et 3 - qu'il faut découvrir et c'est cette "idée" qui constitue le thème.

Dans le problème No 6, la clé 1.Cb5! introduit un échec au roiblanc tout en se sacrifiant au fou noir! Après 1.....Tc7 il existe un dualmineur, les blancs pouvant mater de deux façons : 2.Dxc7 et 2.Da8. Enplaçant le roi blanc en C3, on évitait le dual car 2.Da8 n'est plus possibleaprès 1.....Tc7, le roi blanc étant en échec. J'ai préféré laisser le dual etajouter l'échec au roi ajoutant ainsi une autre variante et rendant la cléplus difficile.

Pour découvrir le thème, il faut jouer toutes les variantes, essayerd'extraire celles qui ont un lien commun dans les trois problèmes.

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CHAPITRE IV

NOTIONS DE THÈMES

Maintenant, examinons les variantes thématiques (des troisproblèmes) pour découvrir ce qu'est un Grimshaw. Si vous avezremarqué que le problème de défense était habituellement le résultat de lanuisance causée par les pièces noires entre-elles, vous avez pu apprécier ceque les problèmes avaient en commun, du moins du point de vue de leuridée thématique. Le Grimshaw un thème d'interférence mutuelle de deuxpièces noires. Dans le No 4, Pc6 permet 2.Dd4 parce que le pion noirinterfère avec l'action du fou noir qui, autrement, pourrait venirs'interposer en d5, empêchant le mat. D'autre part 1.....Fc6 permet 2.Db4car il interfère avec l'action du pion noir en C5 qui pourrait aussiautrement venir s'interposer. On remarquera que dans chaque casl'interférence a lieu toujours sur une même case.

On peut donc facilement étudier les variantes thématiques desdeux autres problèmes et conclure qu'un Grimshaw est "un problème oùdeux pièces noires interfèrent mutuellement sur une même case avecl'action de l'autre permettant des mats distincts à cause de cette mêmeinterférence".

Si l'on place par exemple sur un échiquier vierge un fou noir end5 et une tour noire en f4, on remarque que le fou et la tour peuventinterférer l'un avec l'autre sur trois cases :

1) c4, la T interfère avec l'action du F en a2 et b3. Le F interfèreavec l'action de la T en a4 et b4.

2) e4, le T interfère avec l'action du F en f3, (g2 et h1 faisant partiede la troisième interférence), le F interfère avec l'action de la T en c4et d4 et a4 (b4 faisant partie de la première interférence).

3) f3, la T interfère avec l'action du F en g2 et h1. Le F interfère

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9+9 Mat en deux coups

avec l'action de la T en f1 et f2.

Ceci fait donc six interférences totales possibles (la Tour et leFou à tour de rôle sur trois cases). Un grand compositeur hollandais acependant déjà réussi 5 interférences. Je vous recommande d'étudier laposition A avec attention:

(A) Jan HARTONGGood Companions FolderMars 1919

1. Fxç3! Menace 2. Tf6, De5 matsi 1. ... Té7, Fc5~, Cxf3 2. Tf6 matsi 1. ... Tf7 2. Fb1, Dc2/e5 matsi 1. ... Td6 2. Ce7 matsi 1. ... Td5 2. Tf6, Dh7 matsi 1. ... Td4 2. Ce3 matsi 1. ... Fd4 2. Fb1 matsi 1. ... Fd6 2. Dc2 mat, si 1. ... Fe7 2.Dh7 mat

Vous aurez probablement remarqué l'évolution de "genre" entrel'idée du thème Pickanniny et celle du Grimshaw. Les thèmes les plusanciens, comme la croix royale, la roue du cavalier, le Pickanniny illustrentdes idées comme l'exploitation maximum de la marche d'une pièce etchaque pièce du jeu a subi un examen minutieux de cette façon.

Prenons en exemple la marche de la Dame. Avec une Dame ladame, il y a douze positions ou cases différentes d'où elle peut mater le roinoir lorsque ces deux pièces sont placées dans une certaine relation surl'échiquier. Si les douze façons sont des mats obligatoirement différentsceci constitue un record - appelé, même en français, du mot anglais"task". Ainsi les Pickanniny présentés sont des tasks. Le thème desdouze mats de la dame porte le nom de "Croix de la Dame" et fut vidé audébut du siècle :

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10+9 Mat en deux coups.

13 +7 Mat en deux coups

(B) Marc BENOITArbejder - Skak 1960

1. Ff5! blocussi 1. ... Ff8~ 2. D(x)e7 matsi 1. ... a7~ 2. Dxb6 matsi 1. ... b6~ 2. Dc5 matsi 1. ... Te6/Tf7/Txf5 2. D(x)e6 matsi 1. ... Tg6 2. gxf8D matsi 1. ... Th6+ 2. Dxh6 matsi 1. ... b3~ 2. Da3 matsi 1. ... Dg2/Dg1 2. De5/Df4 mat; si1. ... Dxf2/e5 2. D(x)e5 matsi 1. ... Dh2~ 2. Dé5/g3/f4 mat; si 1.

... Dg3 2. Dxg3 matsi 1. ... Df4 2. Dxf4 mat; si 1. ... Td1~ 2. Dd3/d2/d4 matsi 1. ... Td2 2.Dxd2 mat; 1. ... Td3 2.Dxd3 mat; si 1… Td4 2.Dxd4 mat

Évidemment, l'idée du thème Grimshaw est plus éthérée, lethème repose déjà sur des notions (interférence mutuelle) plutôt que surdes faits physiques (marche de pièces). Avec le temps d'anciens thèmessont revenus à la surface mais en combinant leur idée plutôt rudimentaireavec des notions plus modernes. Par exemple, la roue du cavalier apparaîtainsi dans son habit dernière mode :

(C) John M. RICEStella Polaris, 19681. Dé1! Menace 2. Dxe5 matsi 1. ... Cxd7 2. Txd7 matsi 1. ... Cf7+ 2. Tgxf7 matsi 1. ... Cç6+ 2. dxç6 matsi 1. ... Cxg6 2. Txg6 matsi 1. ... Cxç4 2. Cb3 matsi 1. ... Cg4/Te4 2. D(x)e4 mat ; si 1.... Cd3 2. c3 mat; si 1. ... Cxf3 2.Cxf3mat; si 1. ... Fé2/xç4 2. Dxg1 mat; si1. ... Fé3 2. Dxé3 mat; si 1.... Fh2 2.Dé3/f2 mat. Ici, le thème de la roue du cavalier

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est combiné avec la notion de correction noire, notion que nousdéfinirons plus loin.

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6+1 Mat en 2 coups

CHAPITRE V

QUALITÉ DES MATS

Nous avons abordé l'idée de la composition en faisant allusion que leproblème était une forme d'expression artistique. La clé d'un problèmeest une composante importante qui met au défit le solutionniste.Cependant, le résultat final, la position des pièces au moment du mat estune autre dimension qui fait appel au goût et à l'appréciation desamateurs. Ceci nous amène à explorer la dimension de la structure du problèmedans son ensemble. La dimension artistique du problème tient au faitque les compositeurs peuvent exprimer un ensemble d'idées, deconcepts et de visions des échecs. Dans la partie, la beauté est le résultatd'une construction issue de la concurrence entre deux joueurs. Lerésultat est contraint par cette dimension de "coopération conflictuelle"pour arriver au résultat final. Le problèmiste a plus de loisir deconstruire à volonté des positions pour exprimer ses idées. Prenons parexemple le problème no 7.

No 7Fadil ABDURAHMANOVICTournoi Yougoslave, 19581er prix

1. Cé4! blocussi 1. ... Rxe4 2. Df3 matsi 1. ... Rç4/e6 2. Df7 matsi 1. ... Rc6 2. Dd6 mat

Dans le no 7, la solution estrelativement banale, le cavalier établitle blocus, et les fuites du RN en étoile

amènent quatres mats différents. Toutefois, avant la clé, les blancsdisposent de plusieurs essais qui sont tour réfutés: 1. Pxc8 (D) ? les noirssont pat. Si 1.Rxc8 (T) Rc8! Si par contre 1.Pxc8 (F) Rc6! Enfin si 1.Pc8

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(5+2) Mat en 2 coups

6+1 Mat en 2 coups

(C) ? Rc4!. L'idée thématique des quatre promotions du pion blancdemeure un des thèmes difficile à réaliser. En le réalisant au moyen desessais, l'auteur réussit là ou plusieurs auteurs ont échoué.

Le thème choisi est celui de la "fuite en étoile" (Star Flight) duroi noir soit diagonalement ou orthogonalement. Encore un vieux thèmede marche des pièces (observez les dates de publication) mais qui a étérajeuni par Abdurahmanovic dans le numéro 7 en y ajoutant les essaisinfructueux de promotion du pion blanc. Toutefois le no 7 a un défautmajeur car le même coup de la dame blanche (2.DSf7) sert à mater dansdeux variantes ce qui alors ne constitue pas des variantes et le thème defuite en étoile n'est pas complètement rendu. Dans le no 8, une desfuites diagonales du roi est impossible (.....Rd3) mais quel magnifiqueproblème avec la clé sacrifiant les deux cavaliers.

No 8Georges E. CARPENTERDubuque Chess Journal, 1873

1. Da6! blocussi 1. ... Rf3 2. De2 matsi 1. ... Rxd5 2. Dç6 matsi 1. ... Rxf5 2. Dg6 mat

No 9Fred LAZARDBulletin Fédération Françaised'échecs, 1926

1. Dh7! menace 2. g8 (D) matsi 1. ... Rd7/f7 2. g8 (D) matsi 1. ... Rxe8 2. g8 (D ou T) matsi1. ... Rxe6 2. g8=(D ou F) mat

Si on le compare au problème no 9,on note immédiatement que la

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6+1 Mat en 2 coups

solution présente un intérêt. La définition logique d'une variantedemeure que les mats changent selon la nature de la défense noire. Ici lecompositeur français nous offre le paradoxe inverse voulant que surquatre "défenses thématiques" le même coup de mat s'applique. Ceproblème est un des rares exemples, peut-être le seul de la fuiteorthogonale du roi, mais il n'y a qu'une variante.Autant le problème no 9 que le problème no 10 font appel à uneréflexion logique pour saisir l'idée de l'auteur. C'est là une descaractéristiques des thèmes plus modernes. Pour être pleinementapprécié, le problème doit être regardé dans son ensemble.

Le no 10 présente le thème parfait avec un mat différent pourchaque fuite du roi. On remarquera aussi la position finale du roi noirlorsqu'il se déplace en f4 et que la dame blanche fait mat en c7. Onremarque que toutes les cases qui entourent le roi sont vides, le roi peutdonc se mirer dans son entourage.

No 10S. LIBERALINueva Rivista degli Schacchi 18812e prix

1.Cf6!! RxCf6 2.Dg7 matsi 1…RxCd4 2.Dd5 matsi 1…Rd6 2.De7 matsi 1…Rf4 2.Dc7 mat (ou Db8)

Considérons maintenant leproblème no 11. La clé 1.Cf4! occupe la case f4 et prévient la fuite en d3ou en d5. Dans le tableau de mat final, toutes les cases autour du RoiNoir sont libres. C'est le mat MIROIR, le mat le plus majestueux quiexcuse bien le dual mineur de cette variante. Une belle clé avec sacrifice!J'ai dans ma collection de miniatures quatre autres exemples du thèmedont un seul parfait, sans dual, économique et avec une clé décente etthématique .

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4+2 Mat en 2 coups

5+1 Mat en 2 coups

No 11Georges LEGENTILJournal de Rouen, 1909

1. Cf4! blocus1. ... Rxd4 2. Db4#1. ... Rxf4 2. Dh4#

Ces deux premiers problèmesillustrent des idées esthétiquesassociées au tableau de mat. C'est àdire une recherche d'une forme

particulière de qualité, soit d'économie (nombre de pièces), soit de relationentre les pièces dans la position finale (disposition, distance…).

No 12A. MISKOLCZYMagyar Sakkujsag, 1911

1. g4! blocussi 1. ... Rh4 2. Fe7 matsi 1. ... Rf4 2. Df5 matsi 1. ... Rf6 2. De7 matsi 1. ... Rh6 2. Fe3 mat

Le problème no 11 deLegentil présente une de ces idées: le

mat MIROIR. En plus du mat miroir, il existe trois autres qualitéstypiques du tableau de mat, soit le mat économique, le mat pur et le matmodèle.

Le mat ÉCONOMIQUE est un mat où participent (sontnécessaires) toutes les pièces blanches sur l'échiquier. On fait exceptionpour le Roi et les Pions. Ainsi dans le no 7, dans la variante suivante :1.....RxC et 2.Df3 mat, l'action de la Dame, du fou et de la tour sont

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3+4 Mate en deux coups

nécessaires pour mater, mais ni l'action du Roi ou du pion ne sontrequises. Nous avons donc là un mat économique. Bien sûr, si l'actiondu roi et des pions sont nécessaires, l'effet d'économie est plus agréable.

D'autre part, le mat économique n'existe forcément que dans lesproblèmes du poids léger (miniatures, Meridith surtout) car dans les autresproblèmes, il est rare que toutes les pièces blanches sur l'échiquierparticipent au mat, même si l'on excepte le roi et les pions. Cosnidérezle No 12 de Miskolczy, aucun dual, économique (seulement six pièces),les quatre variantes bien différenciées et une clé thématique puisqu'elleouvre l'accès en f4 et h4 au roi noir, condition nécessaire àl'épanouissement du thème de "fuite en étoile".

12aPetko A. PETKOVSouth African Chess Player 1962

1. Rh2! blocussi 1. ... h5 (autoblocage) 2. Df6 mat si 1. ... Cf2~ 2. D(x)g4 mat

Le mat PUR est un mat où toutes lescases qui entourent le roi et incluantcelle sur laquelle il se trouve, ne sontprotégées que par une seule pièceblanche ou occupées par une pièce

noire (auto-blocage). Par exemple, le mat cité dans le paragraphedécrivant le mat économique, ce mat n'est pas pur car la tour et la damegardent chacune des cases d3, c3 et f3. Chaque fois que les noirs sontmatés, il existe au moins une case qui est protégée par l'action de deuxpièces blanches, si ce n'est dans le no 10: 1.....Rf4, 2.Dc7 mat. Dans cecas, aucune des cases vitales au roi ne sont gardées plus d'une fois. C'estdonc en plus d'un mat Miroir, un mat Pur. Comparez avec le mat 1…h5;2.Df6# du problème de Petkov ci-dessus. De plus, ce mat estÉconomique puisque toutes les pièces blanches sur l'échiquier yparticipent.

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4+1 Mat en 2 coups

Dans le problème 12b, l'auteur a tenté d'illustrer une sous-promotion en même temps qu'in mat modèle. Si les blancs jouent 1.c8D?ce qui apparaît être le coup le plus évident, le Roi Noir peut prendre lafuite en b6 parce que cette case n'est pas gardée.

12bMarc BENOITOriginal

1. f8=C! blocussi 1. ... Rxf8 2. Fh6 mat idéalsi 1. ... Rh8 2. Ff6 mat modèle

La séquence 1…Rh8; 2.Ff6 nousdonne un MODÈLE, c'est un mat quiest à la fois Économique et Pur.

Toutefois, si vous comparez le mat 1… Rxf8; 2.Fh6 mat. On y retrouveune qualité additionnelle, toutes les pièces blanches, y compris le RoiBlanc sont actifs dans le mat final. Les compositeurs anglais utilisent leterme de "mat idéal" à l'occasion pour décrire cette situation d'économiecomplète.

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5+1 Mat en 2 coups

CHAPITRE VI

À TOUT SEIGNEUR TOUT HONNEUR

On dénombre dans notre collection privée plus de mille troiscent problèmes miniatures en deux coups composés par quelques troiscents auteurs. On s'imagine devant une telle masse et avec si peu ded'espace que l'originalité peut être difficile. C'est pourquoi la coutumeveut qu'en citant un problème, on donne toujours le nom de l'auteur. Ily a bien droit, c'est comme un poème, un morceau de musique, unepeinture....

La coutume veut que chaque auteur conserve la propriétéintellectuelle des ses problèmes d'échecs, mais qu'il n'y ait pas derestrictions quant à leur reproduction dans la mesure où on attribue leproblème à son auteur. Il est nécessaire aussi d'indiquer la date et lasource pour vérification, car souvent, même dans les problèmes àplusieurs pièces, l'idée présentée par l'auteur mais pure coïncidence.Habituellement, ce n'est pas du plagiat mais pure coïncidence. J'ai vouludonner un exemple concret de ce fait en citant les problèmes 13, 14 et 15dont voici les solutions :

No 13S.L. KREININELuganskaia Pravda, 1929

1. Cç8! blocussi 1. ... Rxa8 2. Fc6 matsi 1. ... Rxc8 2. Fa6 mat

La clé donne au noirs un choix entrela capture de l'un ou l'autre cavalierblanc. Ici l'idée du mat est rendue avecéconomie mais il manque de mat

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6+1 Mat en 2 coups

5+2 Mat en 2 coups

Miroir. Mais l'idée présentée dans le no 13 avait déjà été publiée 20 ansplus tôt en France dans un quotidien de Rouen.

No 14Georges LEGENTILJournal de Rouen, 1909

1. Ca4! blocussi 1. ... Rxc4 2. Fa6 matsi 1. ... Rxa4 2. Fc6 mat

Remarquez la similarité dans l'idée.Bien que la position de départ soitsensiblement différente, la clé estconstituée du même sacrifice et le mat

est donné par le fou selon le même patron. Considérez maintenant leNo15 tel que publié près de 50 ans plus tard.

No 15Marc BENOIT

Problemas, 1974 1.Ch4si 1…Rxh6 2.Fd2 matsi 1…Rxh4 2.Ff6 matsi 1…Rf4 2.Fd2 mat miroir

Encore une fois, lamécanique du mat est la même. Laseule consolation, c'est qu'il y a unevariante de plus qui est un mat miroir.La critique officielle de ce problème

dit : "un excellent miniature avec une très bonne clé de double sacrificelaquelle empêche l'avance du pion. Un mat MIROIR est ajouté."

On remarquera que le roi blanc aurait pu être placé en h2 et leproblème aurait été tout aussi bon. Il aurait eu même une qualité de plus :

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un mat pieds, c'est-à-dire un mat où toutes les cases du domaine royalenoir ne sont gardées qu'une seule fois. Si le roi blanc est en h2 au lieu deg2 dans la variante ou 1...Rf4 2.Fd2 mat, la case f3 n'est gardée que par lecavalier en h4 (clé). J'ai décidé de laisser tomber cet atout pour éviter unefaute grave de composition. En effet, dans le "jeu apparent", c'est-à-direle jeu tel qu'il apparaît (avant la clé) sur le diagramme (cette notion de "jeuapparent" est fondamentale pour comprendre les thèmes modernes), le roinoir peut fuir en f4 mais tel que le diagramme est montré (roi blanc eng2), le fou peut alors faire mat en d2. Si le roi blanc est en h2, alors dansle jeu apparent après 1...Rf4, il n'y a pas de mat. Il est donc ultraimportant dans le jeu apparent de pourvoir un mat pour les cases de fuitesdu roi noir (comme de pourvoir aussi aux échecs possibles au roi blanc).Ce fut la raison de mon choix. On remarquera que dans le "jeuapparent", si 1...Rg6 2.Tg7 mat donc encore une fuite de prévue.

Bien sûr que les trois problèmes sont différents, mais les matssont semblables ainsi que les clés de double sacrifice. Il est probable etmême certain que Kreinine (1928) ne connaissait pas l'oeuvre de Legentil(1909) lorsqu'il composa son problème, pas plus que je connaissais leursoeuvres lorsque je composai le mien.

Ainsi donc dans les concours, on publie les problèmes gagnantsmais le verdict ne devient officiel habituellement que six mois après. Cecia pour but de laisser aux amateurs le temps de chercher pour voir s'il n'ya pas eu ANTICIPATION.

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3+2 Mat en 2 coups

CHAPITRE VII

UN PEU D'HISTOIRE

Il n'y a pas de domaine comme celui du problème où l'adage"celui qui ne connaît pas l'histoire est condamné à la répéter" nes'applique pas avec plus de rigueur.

Considérons ce qu'il y a de plus vieux comme miniature, unproblème historique tiré de manuscrits de la Renaissance :

No 16"BONUS SOCIUS"Manuscrit XIIIe siècle

1.Th-g7! si 1…Rc8,Cb7 ou Cc8 2.Ta8 matsi 1…Rc8,Cf7 ou Cc8 2.Tg8 mat

Nous nous en servirons pour illustrerle dual, un des défauts les plusfréquents chez les jeunescompositeurs. On dit qu'il y a dual sur

tous autres mouvements du Cavalier, parce que les blancs peuvent materindifféremment avec l'une ou l'autre des deux tours. Ce problème no 16était relativement facile à solutionner et n'avait pour ainsi dire qu'unintérêt historique.

Bien que le jeu d'échecs soit millénaire, le problème d'échec n'estapparu en réalité qu'au cours des deux derniers siècles. Les premiersproblèmes se retrouvent dans les manuscrits arabes de manuelsd'éducation des jeunes où on utilise le problème comme exercice delogique. Au début de l'histoire des problèmes d'échecs, la mode étaitplutôt aux énigmes. Les énoncés proposaient surtout des mats enplusieurs coups, les clés étaient brutales souvent (échec au roi, prise de

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4+5 Mat en 2 coups

(5+1) Mat en 2 coups

pièces majeures, etc.) et il n'y avait qu'une variante, une ligne d'attaque.Par la suite, l'évolution a été relativement lente. L'objet du problèmedemeurait didactique, mais cette fois l'audience était plutôt le jeunejoueur. La position ressemblait plus étroitement à la finale de partie.C'était un peu comme les parties brillantes où une attaque subtile force unmat à courte échéance.

16aBonus SociusManuscrit 1350

Jeu apparent : 1. ... Ca7 2. Txa7, b7# 1. ... Cc8~ 2. Ta7# Clé : 1. Ta7!+ 1. ... Cxa7 2. b7#

Le no 16a n'est pas un miniature, maispeut nous servir d'exemple. L'intérêtde l'énigme tient à la nette supériorité

des forces noires dans la position de départ. La clé 1.Ta7+ n'a rien desubtil puisqu'elle force le jeu dans une seule variante. Cependant, laprésence de deux lignes de jeu apparent illustrent comment lecompositeur pouvait tendre un piège au solutionniste et l'amenerdécouvrir la solution par simple déduction.

16bAuguste d'ORVILLEManuscrit de Nurenberg 1842

Essai : 1. Dç2?+ 1. ... Rb4 2. Fd6 mat Mais 1. ... Rxd5! Clé : 1. Fé5! Menace 2. Db5 matSi 1... Rxd5 2. Db5 mat

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4+3 Mat en 2 coups

Au cours de XIXe sciècle une évolution lente a commencé à se produire,la clé est peu à peu devenue plus subtile. L'échec au roi et la prise depièces majeures furent bannies comme étant brutales et manquant desubtilité. Le no16b par Auguste d'Orville illustre ce changement : la cléFe5 prépare le mat en instituant la menace du mat par Dd5. Le problèmecommence à se construire autour de la stratégie positionnelle. Lapremière victime de cette évolution sera l'agressivité dans la clé. À telpoint qu'aujourd'hui ce n'est qu'exceptionnellement que l'on voit unéchec au roi comme premier coup. Tout au plus tolère-t-on la prise d'unpion comme clé. Cette ligne de pensée est un corollaire naturel del'essence même du problème : pour qu'il y ait une plus grande difficultéà résoudre l'énigme, il faut que le coup clé ne soit pas trop puissant.

La multiplicité des variantes éloignait le problème du jeuproprement dit. Elles mettaient mieux l'interrelation des pièces dans unecomposition créée par un auteur, comparativement au hasard d'uneposition de partie due aux cerveaux de deux antagonistes.

No 16bSamuel LOYDLinn News 1859

Jeu apparent : 1. ... Rxe8 [a] 2. De7 [A] matClé : 1. Dg4! blocussi 1. ... Fg7 2. De6 matsi 1. ... Ff6, Rxé8 [a] 2. Dg8 [B] matsi 1. .... Rf6 2. Tf8 mat

Quant au nombre de coups, onpeut dire que la masse des

problèmes modernes sont des oeuvres de mat en deux et troiscoups. Néanmoins, les mats à coups multiples conservent encoreune place importante. Le no 16b est représentatif de cettetransformation du problème. La clé, bien que forte, a pour objet deréduire la marge de manœuvre du Roi Noir tout en donnant unecase de fuite en f6. Après la clé on retrouve trois variantesdifférentes dont un mat changé par rapport au jeu apparent.

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Au cours des années, des écoles se formèrent comme dans lesautres arts. Certains donnant leur préférence aux mats miroirs, aux matspurs, aux mats économiques, etc., car au début du problème l'intérêt étaitconcentré, surtout chez l'école Bohémienne, sur le type de mat. Parcontre, l'école Américaine, représentée par le géant Samuel Lloyd, lePaul Morphy des problémistes et surement le plus grand problémiste deson époque, s'intéressait davantage à la difficulté de la clé.

Après les massacres genre parties, l'intérêt était commençait à seconcenter sur la difficulté de la clé et la beauté des mats. Pendant cetemps, les européens étaient à la recherche des règles d'esthétique quiallaient conditionner l'émergence des échecs artistiques. C'était l'époquedu problème américain (difficulté de la clé) et du problème victorien(subtilité des variantes). La synthèse se réalisera gràce à un jeune mécènede Cleveland: Alain Cambell White. Il sera l'instigateur et le parrain du"Good companion Chess Problem Club", fondé en 1913. La grandeambition de White sera de regrouper les problémistes du monde entier etde former une fraternité qui aurait pour mission de mettre ne valeur letalent et abattre les barrières géo-politiques. Nous sommes à l'époque dela Guerre mondiale de 1914-1918 et de la prédominance de l'État-nationimpérialiste.

Chaque année ce philanthrope publiait un volume sur lesproblèmes d'échec. Il l'offrait en cadeau de Noël avec ses voeux. C'estpourquoi ces volumes portent le nom de "Christmas Series" et sontimportants tant au point de vue historique, qu'au point de vue de leurcontenu. Voici la liste complète des premiers volumes de "ChristmasSeries" (1905 - 1929) :

1. Chess Lyrics (Problems by A.F. Mackenzie) New York, 19052. Roi Acculé aux Angles. Paris, 1905.3. Les Tours de Force sur l'Échiquier. Paris, 1906.4. Les Mille et un Mats Inverses. Paris, 1907.5. Bauernumwandlungsaufgaben. Potsdam, 1907.6. Ceske Melodie (Problems by J. Pospisil). Potsdam, 1908.7. J. Juchli's Schachprobleme. Berne, 1908.8. Memories of my Chess Board. Stroud, 1909.9. Knights and Bishops. New York, 1909.

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10. The White Rooks. Stroud, 1910.11. More White Rooks. Stroud, 1911.12. First Steps in the Classification of Two-Movers. Leeds, 191113. Running the Gauntlet. Stroud, 1911.14. Dame und ein Laufer. Leipzig, 1911.15. The Theory of Pawn Promotion. Stroud, 1912.16. Sam Loyds and his Chess Problems. Leeds, 1913.17. White to Play. Stroud, 1913.18. Robert Braune. Paris, 1913.19. The White King. Stroud, 1914.20. Tasks and Echoes. Stroud, 1915.21. Retrograde Analysis. Leeds, 1915.22. 100 Chess Problems by William Meredith. Stroud, 1916.23. The White Knights. Stroud, 1917.24. Chess idylls (Problems by G. Heathcote). Stroud, 1918.25. A.C.W. Flights of Fancy in the Chess World. Leeds, 1919.26. A. Memorial to D.J. Densmore. Stroud, 1920.27. Alpine Chess (Problems by Swiss composers). Stroud, 1921.28. The Good Companion Two-Mover. Stroud, 1922.29. Bohemian Garnets (Problems by M. Havel). Stroud, 1923.30. Simple Two-Move Themes. Stroud, 1924.31. Changing Fashions (Problems by G. Hume). Stroud, 1925.32. The Chess Problem. Stroud, 1926.33. Echo. Prague, 1927.34. Asymmetry. Stroud, 1927.35. The Properties of Castling. Stroud, 1928.36. Antiform. Berlin, 1929.37. The Golden Argosy (Problems by W.A. Shinkman). Stroud, 1929.

La période d'entre-guerres verra l'émergence d'une nouvellegénération de problémistes. L'apport du Good Companions sera majeurdans la mesure où il démontrera la convergence des écoles de pensée et lacommunauté des normes esthétiques. Cette synthèse sera le point dedépart d'une nouvelle phase d'exploration dans la composition. Bientôt,les compositeurs s'intéressèrent aux diverses manières de réaliser desmats changés et à la combinaison des idées dans des ensembles plusstratégiques que techniques. L'analyse du jeu apparent (avant la clé) sertde composante essentielle à la découverte du mat changé, mais aussidonne une dimension de subtilité que le problème médiéval ne pouvaitdonner.

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C'était un premier pas vers le concept du problème stratégique etde ce qui est considéré comme le problème moderne. Les thèmes présentésdans les chapitres précédents (Grimshaw, roue du Cavalier, fuite en étoile,etc..) se manifestaient dans le jeu APRÈS la clé. Avec les mats changés,voici que l'on reliait le jeu apparent, celui d'avant la clé, avec le jeu réel,celui d'après la clé. C'était une démarche visant l'unité totale d'unproblème, vers l'intégration de deux phases importantes du jeu.

La différence importante va être introduite en donnant un rôleà l'essai dans l'expression de l'idée de l'auteur. La notion d'essai prendrapidement de la vogue, parce qu'elle crée une autre phase du jeu, elledouble le plaisir en mettant en vedette deux perspectives du jeu dans unmême problème. L'essai lui-même eut sa propre histoire. À l'essaiordinaire, succéda l'essai thématique.

Puis vint le grand coup : le problème stratégique moderne.C'est-à-dire un problème où les trois phases du jeu sont entrelacées,formant un tout homogène, une ouvre d'une beauté suprême. Parexemple, dans un récent concours (1976) on définissait le thème commesuit :

"Dans la position initiale, les Blancs clouent une pièce noire Nqui cloue elle-même une pièce blanche B. L'essai thématique décloue B quimate en menace et/ou en variante. La clé décloue N qui décloue B quimate qui mate " - Memorial Jean Oudot".Et voilà! Comment un joueur d'échecs peut-il apprécier un premier prixsans être à la page de ces raffinements modernes? Le clouage, le déclouage,l'essai thématique, le thème, la qualité des mats, les tabous, etc.... constituentun ensemble de notions qu'il faut connaître pour bien apprécier un problème.Nous n'avons pas la prétention de couvrir toutes ces notions dans cetouvrage. Notre but sera atteint si seulement nous pouvons susciter assezd'intérêt pour que les "joueurs" désirent s'instruire davantage sur le domainedes "problémistes".

Que réserve l'avenir du problème? Il faut faire confiance augénie créateur des problémistes qui n'ont pas manqué d'innover enprogressant depuis deux siècles. D'autres et nous-même entrevoyons denouvelles possibilités. Pour ceux qui aimeraient se tenir à la page, nous

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suggérons un abonnement aux revues suivantes, uniquement consacréesaux problèmes :

"Thème 64""The Problemist""Sinfonie Scacchastica""Probleemblad"

Cette courte histoire - ultra brève - nous espérons situera lelecteur. Nous avons cru qu'elle serait mieux comprise ainsi insérée à mi-chemin de l'ouvrage. Ainsi l'on réalisera aussi mieux l'importance duMAT CHANGÉ dont les problèmes suivants sont des exemples.

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5+2 Mat en 2 coups

5+2 Mat en 2 coups

CHAPITRE VIII

EXPLORATIONS AVANT LA CLÉ

No 17Birger RESTODMorgenbladet, 1928

1. Da8! blocussi 1. ... Tf1 2. Tf2 matsi 1. ... Te1 2. Te2 matsi 1. ... Td1 2. Td2 matsi 1. ... Tc1 2. Tc2 matsi 1. ... Tb1 2. Tb2 matsi 1. ... Ta1+ 2. Ta2 mat

On remarque que dans le "jeu apparent" 1.....Tal+ 2.Dxa1 mat.Comme nous le disions précédemment dans un bon problème, les échecsau roi blanc sont toujours prévus d'un mat dans le jeu apparent.. L'auteuraurait pu renverser la position et alors remplacer les deux fous blancs pardeux pions blancs ce qui aurait présenté la même idée avec plusd'économie, mais alors la solution aurait été de par trop évidente.

No 18ALFRED KARLSTROMDie Schwalbe, 1935

1.Tc4!si 1…Dxc4+ 2.Pxc4 matsi 1…D~ 2.De6 matsi 1…Df5 2.Td4 mat1…De4 2.PxD mat

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5+2 mat en 2 coups

4+3 Mat en 2 coups

Dans le no 18, on peut observer le jeu apparent. L'échec possibleau roi blanc 1.....Dxe4+ est prévu car alors 2.Pxd4 mat.

Enfin, deux autres exemples qui font partie du même groupe soitle thème "mats changés", "Mutate" en anglais et "Mattwechsel" enallemand..

No 19Constantin GAVRILOVRevista de Sah, 1926

1. De5! Menace 2. De1, Da1 mat si 1.... Txg2 2. Dh5 ou Dh8#si 1. ... Th3 2. gxh3 matsi 1. ... T~ 2. g4 matsi 1. ... Th5 2. Dxh5 ou Dg4 matsi 1. ... Th8 2. Dxh8,ou Dg4 mat

Dans le no 19, le jeu apparent était1.....Th4+ 2.Dxh4 mat. Le mat en h4ne se retrouve plus dans la solutionfinale.

No 20Geoffrey MOTT-SMITHNew York Sun, 1932

1. De5! Menace 2. Db8 matsi 1. ... Td6 2. De8/Dh8 matsi 1. ... Txb6+ 2. Cxb6 matsi 1. ... Te8 2. b7, Dxe8 matsi 1. ... Txe5, Cç6 2. b7 mat

Dans le no 20, avant la clé on pouvaitdéceler le mat préparé 1.....Txb6+

2.Rxb6+d mat. Quel magnifique problème! Quelle clé, quels matschangés, quelle variété de jeu! Un seul petit nuage : le dual après 1....Td6,

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5+5 Mat en 2 coups

car alors la dame peut mater en e8 ou en h8. Parmi les quatre problèmes,c'est le premier prix d'emblée.

Vous avez certainement réalisé ce qu'est la notion fondamentalede "mats changés" : c'est une relation qui existe entre certains mats préparéscontre des défenses noires dans le jeu apparent et qui sont changés (pour lesmêmes défenses noires) après la clé. Récapitulons :

Problème Avant la clé Après la cléNo 17 : 1…Ta1+ 2.Dxa1 mat 1…Ta1+ 2.Ta2 mat

No 18 : 1...Dxe4+ 2.Pxe4 mat 1. Dxc4+ 2.Pxc4 matNo 19 : 1…Th4+ 2.Dxh4 mat 1…Th4+ 2. Pg4 matNo 20 : 1…Txb6+ 2.Rxb6 mat 1…Txb6+ 2. Cxb6 mat

Le numéro 18 est un exemple moins pur car ce n'est pasexactement le même échec au roi après qu'avant la clé (comme dans lestrois autres problèmes).

Dans ces miniatures, un seul mat est changé, mais dans lesproblèmes plus "pesants" on a réussi plusieurs mats changés. Voici unexemple à étudier :

No 20aErich E. ZEPLERDie Schwalbe, 1928

(6+5) mat en 2 coups1. Cf7! blocussi 1. ... c4 2. Dd6 matsi 1. ... Td4/b4/a4 2. Cé7 matsi 1. ... Tc4 2. Dd6, Ce7 matsi 1. ... Té5/e6/e8 2. Cxf4 matsi1. ... Te4~ 2. Cxé7/xf4 mat

Notez qu'il n'est pas nécessaire que lesmats changés soient des échecs au roi

comme dans les exemples que nous venons d'étudier; au contraire, cesont habituellement des mats divers qui sont changés.

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4+3 Mat en 2 coups

Pour mieux vous familiariser avec cette notion importante des matschangés, voici un autre exemple :

No 21Demetrius N. KAPRALOSPaul MOUTECEDISSkakbladet 1961

1. Cc6! Menace 2. Db4 matsi 1. ... Fd4 2. Dxd4 matsi 1. ... Fc4 2. De1 mat

Remarquez que dans le jeu apparent :1......Fc4 2.DxFmat et 1.......Fd4 2.Delmat ces deux mats sont changés dansle jeu réel (après la clé).

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5+2 Mat en 2 coups*

3+4 mat en 2 coups*

CHAPITRE IX

L'ESSAI

Vous avez remarqué que dans les problèmes nos 21 et 22, ilexistait un astérisque au chiffre 2 indiquant le nombre de coups pourmater. Plusieurs revues (entre autres "The Problemist") emploient cetindice pour avertir le solutionniste qu'il y a un jeu apparent important.D'autres revues ("Sinfonie Scacchistiche") indique tout simplement qu'ily a jeu apparent.

Pour introduire la discussion sur la notion d'essai, nous vousproposons de résoudre les deux problèmes suivants :

No 22Marc BENOITDie Schwalbe, 1974

1. Fg4! Menace 2. Df3 matsi 1. ... Ff5 2. Dxf5 matsi 1. ... d3 2. De5, Ff3 matsi 1. ... Rd3 2. Dxg6 matsi 1. ... Rd5 2. Dé6 mat

No 23Marc BENOITThe Problemist, 1975

Clé : 1. Da6 [B] ! blocussi 1. ... Fc8~ 2. Dxb7 matsi 1. ... bxa6 2. Tb8#si 1. ... b6/b5 2. Dxç8#

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Il est important de considérer la solution complète des deux problèmesNos 22 et 23, car nous voulons ici montrer la grande différence entrel'essai simple et l'essai thématique. Comme cette différence estimportante et parfois subtile, j'ai donc choisi comme exemple deuxproblèmes que je connaissais à fond, naturellement.Dans le no 22: Essai : 1. Rb3? blocus 1. ... Fg6~ 2. D(x)f5 mat 1. ... d3 2. Fç6 mat 1. ... Rd3 [a] 2. Df3 [A] mat 1. ... Rd5 2. Dç6/é5 mat Mais 1. ... Fh7!

Clé : 1. Fg4! Menace 2. Df3 [A] 1. ... Ff5 2. Dxf5 mat 1. ... d3 2. De5, Ff3 mat 1. ... Rd3 [a] 2. Dxg6 [B] mat 1. ... Rd5 2. De6 mat

Dans le no 23Essai : 1. Db6? blocus 1. ... Fc8~ 2. Dxb7# 1. ... axb6 2. Ta1# 1. ... a5 [a] 2. Dxa5 [A] # Mais 1. ... a6!

Clé : 1. Da6 [B] ! blocus 1. ... Fc8~ 2. Dxb7# 1. ... bxa6 2. Tb8# 1. ... b6/b5 2. Dxç8#

Dans le no 22, nous avons un essai simple, tandis que dans le no23 nous avons un essai thématique. Disons immédiatement que presquetoujours l'essai thématique a plus d'intérêt que l'essai simple. Ainsi lacritique du no 22 se lisait : "Donc un beau petit miniature mais avec rien despectaculaire". D'autre part, la critique du no 23 était beaucoup plusencourageante : "Pourquoi l'essai du no 23 est-il thématique et celui du no 22 non?Vous noterez que dans le no 22, l'essai n'a aucune relation avec le jeu réel i.e. le jeud'après la clé. Par contre dans le no 23, l'essai est un sacrifice de la Dame au Pion a7et la clé un sacrifice de la Dame au Pion b7. Il y a donc une intime relation entrel'essai et le jeu réel, ce qui rend l'essai thématique. C'est pourquoi on a qualifié ceproblème de "Very Good" car il est très difficile de réaliser un essai en miniature et parconséquent encore plus difficile d'accéder à l'essai thématique".

Il faut ici vous mettre en garde contre de fausse interprétation del'essai thématique. De ce qui précède, on pourrait croire qu'il y a essaithématique seulement lorsqu'il existe une relation entre le coup de l'essaithématique (ici i.Db6!?) et la clé (1.Da6!). L'essai thématique peut portersur une autre notion. Il y a essai thématique même si le coup d'essai et la

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clé n'ont pas une relation directe. Dans beaucoup de problèmes, le coupd'essai développe un certain jeu qui, en tant que jeu, lui, a une relationavec le jeu (et non la clé) ouvert par la clé.

Dans la critique du no 23, on mentionne que l'essai thématiqueajoutait une nouvelle dimension à un problème classique. Comme lecritique B.P. Barnes (un des plus grands compositeurs Britanniques)l'implique, l'addition de l'essai thématique est suffisant pour différencier leproblème no 22 de ses prédécesseurs et lui mériter le qualificatif de trèsbon. C'est donc insister sur l'importance qu'exerce l'essai et surtout l'essaithématique sur les compositeurs modernes. C'est, comme nous l'avonsdit, que l'essai thématique noue parfaitement le jeu coup d'essai au jeuréel.

Nous devons insister sur cette notion d'essai et d'essaithématique car dans le problème contemporain, il existe peu ou pas dethème qui ne relie pas une ou l'autre, ou les trois phases du jeu : le jeuapparent au jeu réel, le jeu après le coup d'essai au jeu réel, le jeu apparentau jeu d'après le coup d'essai ou mieux nouer les trois.

En conséquence, essayons d'extraire toutes les informations denotre petit exemple no 23. Après le coup blanc :

1.Dc6 si 1… F bouge 2.DxP matsi 1…Pxa6 alors 2.Tb8 matsi 1…Pb6 alors 2. ?si 1…Pa5 alors 2. ?

Le coup 1.Dc6 ne constitue pas un essai car il y a deux coupsnoirs (Pa6 et Pa5) qui réfutent la tentative des blancs. Rappelons quepour qu'il y ait essai, il faut que les blancs matent après tous les coups desnoirs, excepté un. Or dans ce cas il y a deux réfutations.

Il en va de même pour les tentatives 1.RxF (réfutées par Pa5 etPa5), 1.Dd8, 1.Df8, 1.Dh8 et 1.Df3, tous aussi réfutés par 1....Pa6 et1....Pa5.

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Examinons aussi un élément de composition.Déplaçons la Tour blanche de b1 à b5. Alors,l'essai thématique 1.Db6 disparaît car après1....PxD et 1....Pa6, il n'existe pas de mat aucoup suivant. Donc, deux coups qui réfutentla tentative 1.Db6. Cependant, un autre essaiest introduit :

1.Dc6!? Pxc6 2.Tb8 matsi 1…F bouge alors 2.Dxb7 matsi 1…Pa5 alors 2.Txb7 matsi 1…Pa6 alors 2. ?

Comme compositeur, il fallait choisir entre cette disposition despièces (la Tour blanche en b5) ou la position publiée (la Tour blanche enb1). Dans ce cas, le goût personnel devient le seul moyen de trancher laquestion. J'ai choisi la forme publiée parce qu'elle était plus aérée, parceque les mats me semblaient plus beaux.

Enfin, une dernière considération, la Tourblanche pourrait être placée en b2 (mais elleinterférerait avec l'accès de la Dame en a1, unetentative possible et une atteinte à la mobilité dela Dame), en b3 ou en b4 (question de goût).Mais si l'on place la Tour en b6 nous obtenonsun problème assez différent :

1.Dc6! Pxc6 2.Tb8mat si 1…Pxb6 2.Da4matsi 1…F bouge 2.DxPmatsi 1…Pa6 2.Txa6mat (mat cloué)si 1…Pa5 2.Ta6mat (mat cloué).

Un beau petit problème avec quatre mats distincts, une pièce enprise et une clé sacrifice mais n'ayant aucun essai thématique. En fait,cette dernière disposition des pièces constitue un problème JUMEAU aupremier, problèmes qui font le sujet du chapitre XI.

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4+3 Mat en 2 coups

En terminant, voici un problème comportant deux essais thématiquecomposé par Viktor Melnichenko.

No 24Viktor MELNICHENKOShakhmaty v SSSR, 1975

Essai : 1. Th3? Mais 1. ... Ff3! Essai : 1. Th6? Mais 1. ... Fé2! 1. O-O! blocussi 1. ... g5~ 2. Tf4 matsi 1. ... Fd1~ 2. Ta1 matsi 1. ... Fb3 2. Fe8 mat

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CHAPITRE X

RÉCAPITULONS

Ce modeste ouvrage n'a pas la prétention d'être un traité completsur le problème. Nous avons à peine exploré les rudiments. Nousespérons en restant simple et forcément incomplet, vous enthousiasmersuffisamment pour que vous poursuiviez vos lectures et quegraduellement le jargon propre aux problémistes vous devienne familier.

Mais surtout en entrouvrant cette fenêtre, nous espérons aussique vous apprécierai davantage la beauté des problèmes.Malheureusement, beaucoup de problèmes publiés sont vides de contenu,tout au plus méritent-ils le nom d'énigme et il n'offre rien à l'esprit. Dansla bibliographie, les volumes portant un astérisque sont plusparticulièrement recommandés pour ceux qui désireraient apprendredavantage. En plus, nous avons donné une liste des revues spécialiséesoù presque tous, sinon tous les problèmes publiés sont d'excellentequalité.

À ce stade de notre pérégrination, il convient de résumer le peuque nous avons appris : la qualité des mats (École Bohémienne), ladifficulté de clé (Good Companions Chess Club), le jeu apparent, le jeuaprès le coup d'essai, le jeu réel, l'interférence (Grimshaw, par exemple),mats préparés, mats changés et enfin quelques thèmes. Mais surtout nousconnaissons mieux le problème.

Au sujet des thèmes : il en existe des centaines. Chaque annéede nouvelles idées thématiques naissent, exploitant des nouvellesrelations.

Comme exercice, nous proposons trois problèmes composés par desgrands maîtres norvégiens et qui contiennent l'une ou l'autre des notionsdiscutées. Pouvez-vous les identifier?

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4+3 Mat en 2 coups

No 25JOHAN SCHEELCasopis Ceskych Sachistu, 1919

1. Th5! Menace 2. Db6 matsi 1. ... Tb7 2. Da3 matsi 1. ... Txa7 2. Db5 matsi 1. ... Rxa7 2. Ta5 mat

La solution du magnifique no 25,riche en jeu avec quatre bellesvariantes et une clé de sacrifice, ainsi

que les éléments contenus dans ce problème se présentent comme suit :après 1. Th5! Menace 2. Db6 mat

1. si 1. ... Rxa7 2. Ta5 mat - Mat pur car toutes les casesentourant le roi ne sont gardées que par l'unique actiond'une pièce blanche. Mat économique aussi car toutes lespièces blanches (exception faite du Roi ou des pions si il yen a) sont nécessaires au mat. Donc, le mat étant pur etéconomique s'appelle mat modèle.

2. si 1. ... Txa7 2. Db5 mat - Mat pur mais non économiquecar la case a5 est gardée à la fois par la Dame et par la Touren action interposée. L'effet dans le mat de la Tour noire ena7 est un effet dit d'autoblocage, c'est-à-dire que les noirs sebloquent eux-mêmes, que la Tour noire empêche son Roide fuir en a7.

3. si 1. ... Tb7 2. Da3 mat - Mat économique mais non pur.

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4+3 Mat en 2 coups

No 26Roald BUKNETidskrift for Schack, 19462e prix

1. d5! blocussi 1. ... Cf8~ 2. Dxh7 matsi 1. ... Cg6 2. Da1 mat

La solution du no 26 on est enprésence, avant la clé, de matspréparés: Si 1....Cg6 2.Da8mat (1)Si 1....C bouge 2.DxFx (2)

Après la clé les mêmes défenses sont réfutées par des mats biendifférents:1.Pd5!si 1…Cg6 2.Dal mat (3)si 1…Cbouge 2.DxF mat (4)

1. Ce mat préparé dans le jeu apparent est changé après la clé,nous pouvons donc classifier ce problème dans la catégoriedes problèmes à mat changé (MUTATE, en anglais). Onremarquera que cette variante n'est possible qu'à cause del'interférence du Cavalier sur l'action du Fou qui pourraitsans cette interférence venir autrement s'interposer en e4.Par contre, le Cavalier défait la menace DxF en pouvant àpartir de g6 venir s'interposer en h4. Ce mat n'est pas purmais économique.

2. Mat économique seulement.3. Mat ni économique (le Cavalier blanc étant inutile au mat)

ni pur (la case gl étant gardée par deux pièces blanches,Cavalier et Dame).

4. Encore un mat économique.

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4+3 Mat en 2 coups

No 27Nils G.G. Van DIJKDagbladet 1957

1. Fç8! blocussi 1. ... Rf3/h4, h2 2. Dg4 matsi 1. ... Rg2/h2 2. Dxh3 matsi 1. ... Rf4 2. De3 mat

Essai : 1.Rg6!?Si 1…Rf4 2.Fx7mat (1)Si 1…Rh2 2.De5mat (2)Si 1…Rh4 2.Ff2mat (3)Si 1…Ph2! 2. ? pas de matSolution : 1.Fc8!Si 1…Rf4 2.De3mat (4)Si 1…Rh2, g2 2.DxPmat (5)Si 1…Rh4, f3, Ph2 2.Dg4 mat

1. Problème à essai simple car on ne remarque aucune relationentre le jeu de l'essai et le jeu apparent. De plus, il ne s'agit pasici d'un mat changé proprement dit puisque le changement a lieuentre le jeu de l'essai et le jeu réel, mais entre le jeu apparent et lejeu réel. Le mat est économique, mais pas pur.

2. Mat modèle (pur et économique). Remarquez l'effetd'autoblocage du Pion noir en h3.

3. Mat pur mais non économique : le Fou blanc étant inutile aumat.

4. Mat modèle (économique et pur).5. Mat modèle.6. Mat ni économique, ni pur (1....Rh4 2.DxPh3mat).

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4+3 Mat en 2 coups

CHAPITRE XI

LA CORRECTION NOIRE

Et pour solutionner en début de chapitre, nous soumettons à notresagacité une autre oeuvre d'un problémiste Norvégien.

No 28JOHANNES LUNDOstlendinge, 1961

1. Fc7! blocus 1. ... Cb7 2. Ta8 mat 1. ... Cd8~ 2. Dxé6 mat 1. ... Ce6~ 2. Dxd8 mat 1. ... Cxc7 2. Dxç7 mat

Lorsque, après la clé, une pièce noirejouant au hasard crée un dommage àson camp en donnant l'opportunité

d'un mat aux blancs et que cette même pièce noire jouant en une casespécifique empêche ce mat, mais obligatoirement crée un autre dommagequi permet un autre mat par les blancs, nous avons ce qu'il est convenud'appeler une Correction noire (Black Correction, en anglais). CetteCorrection noire est un élément important de plusieurs thèmes modernes.Quelquefois, et c'est l'objet d'un thème, la pièce noire jouant au hasardpare à une menace directe introduite par la clé, mais tel n'est pas le cas denotre exemple. De plus, la pièce noire faisant le jeu de la Correction peutrépéter son manège plus d'une fois, d'où la Correction noire multiplie.

Tout ceci peut paraître bien difficile à comprendre d'un premierabord sans un exemple. Considérons la solution du no 28 :La clé 1.Fc7! Si 1…Cd bouge 2.Dx e6 mat (1)Si 1…Cdb7 2.Ta8 mat (2)

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Si 1…Ce bouge 2.DxCdmat (3)Si 1…Cexc7 2.Dxc7mat (4)

1. Le Cavalier en d8 joue au hasard et la Dame fait mat en prenantl'autre Cavalier.

2. Ce que voyant, les noirs essaient de jouer leur Cavalier à unmeilleur endroit, ils jouent donc en b7 empêchant ainsi le mat dela Dame prenant l'autre Cavalier. Mais en ce faisant, ils créent unautre dommage à leur camp. Ils auto-bloquent la case b7,permettant un nouveau mat des blancs par 2.Ta8!mat.

3. Le thème de Correction noire se répète avec l'autre Cavalier qui,lui aussi, en jouant au hasard permet le mat 1.DxCdmat. N'est-ce pas une merveilleuse composition, ce dédoublement de thèmedans un tout petit problème!

4. Cette variante un peu brutale complète le jeu et devant la finessede l'ensemble, on se doit d'oublier ce petit massacre de prises.

Qu'on me permette une parenthèse. Si de telles combinaisons, plaisantesà l'esprit, peuvent être assemblées avec si peu de pièces que disposent leproblémiste dans un miniature en deux coups, peut-on alors réaliser lesmerveilleux trésors de satisfaction intellectuelle que les grands maîtrespeuvent, disposant de plus de pièces et/ou de plus de coups, peuventenfermer dans leur merveilleux coffre échiquéen? Il me faut retenir monenthousiasme pour ne pas citer des une foule d'autres oeuvres et il mefaut faire violence pour m'en tenir au cadre que je me suis imposé :simplicité pour une humble initiation.

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4+3 Mat en deux coups

CHAPITRE XII

LES JUMEAUX

J'intervertis ici un peu l'ordre sensiblement établi avant pour lasimple raison que la catégorie des problèmes jumeaux nécessite d'êtreprésentée avant de donner des ouvres à résoudre. Il existe des jumeaux,des triplets, des quadruplets, etc. mais qui sont-ils?

On parle de problème jumeau lorsqu'une position représentantun problème est modifié très légèrement et alors présente un autreproblème. Disons immédiatement que la modification est inventée par lemême auteur et que la clé des deux problèmes doit nécessairement êtredifférente. Seule la position des pièces des deux problèmes restesemblable.

Quant aux modifications, elles peuvent consister en divers trucs.Le déplacement d'une seule pièce, habituellement un pion mais pasnécessairement. Par exemple ce problème d'Ottavio Stocchi, un des"grands" d'Italie :

No 29Ottavio STOCCHIBulletin Ouvrier des Échecs, 1949

a) diagrammeb) Pf7 = Pd7

Dans le no 29, les deux solutions ontdes éléments communs mais aussides éléments distincts. Ainsi, la clé estdifférente. Bien que les deux coups

de mat 2.Fb6 se ressemblent, ils sont en réalité des réponses à deuxdéfenses différentes. Quant à la séquence 1.g2~ 2.Dh2 est commune.

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6+1 Mat en 2 coups

3+1 Mat en 2 coups

DiagramClé : 1. Dh7! blocusSi 1. ... f7~ 2. Da7 matSi 1. ... Rg1 2. Fb6 matSi 1. ... g1=D/T/F 2. Dç2 matSi 1. ... g2~ 2. Dh2 matb) PNf7->d7Clé : 1. Dh8! Menace 2. Dd4 matSi 1. ... Rg1 2. Fb6 matSi 1. ... g1=D/T/F 2. Db2 matsi 1. ... g2~ 2. Dh2 mat

Et maintenant, deux quadruplets, du Dr Speckman d'Allemagne,surement le Roi blanc des compositions miniatures :

No 30 Werner SPECKMANNKristal 1985

a) Diagrammeb) PBc6->b6c) PBc6->b5d) PBc6->e5

No 31Werner SPECKMANNSchach, 19631er Prix

diagrammepuis Dh7->a7puis RNe6->c6puis Rbe4->c4

Comparez les Nos 30 et 31.Dans le premier cas, le quadruplet est

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3+1) Mat en 2 coups

réalisé en déplaçant le Pion Blanc en c6 successivement sur trois casesdifférentes. L'ensemble des jumeaux est donc relié à la position originaledu diagramme et chaque position est une variation de cette position. Dansle numéro 31, la position se transforme successivement par ledéplacement d'une pièce. La position originale et la position finale sontalors très différentes. À remarquer que le no 23 aurait pu et aurait dû être publié comme unproblème jumeau :

a) Diagramme;b) Le T en bl placée en b6.

Une autre manière de construire un jumeau consiste à déplacerla position d'une ou plusieurs colonnes sur la droite ou sur la gauche ouencore d'une ou plusieurs lignes. Le No32 du Dr Speckmann en est unexemple simple.

No 32Werner SPECKMANNDiagam und Figuren 1971

a) DiagrammeClé : 1. Rç2!+si 1. ... Ra2 2. Ta1 matb) Translation a1-b1Clé : 1. Tf2! si 1. ... Ra1/ç1 2. O-O mat

Dans le No 32a, le jumeauest créé cette fois en faisant faire une

rotation de 90 degrés à l'échiquier. Ce genre de déplacement affectehabituellement le rôle des pions dans la position.

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2+4 Mat en 2 coups

4+3 Mat en 2 coups

32aJohn STEWARTFalkirk Herald 1921(2+4) Mat en 2 coupsa) DiagrammeClé : 1. Df4! blocus 1. ... e4~ 2. Dxf3 mat 1. ... f3~ 2. Dxe4 mat 1. ... Fg1~ 2. D(x)h2 matb) Rotation 90°Clé : 1. Dd3! blocus 1. ... c3~ 2. Dxd4 mat 1. ... Fa2~ 2. D(x)b1 mat

La clé jouée, les blancs jouent à nouveau et ceci constitue un nouveauproblème :

No 33Werner SPECKMANNDeutsche Schachzeitung 1979

a) DiagrammeClé : 1. e6! blocussi 1. ... Cd7~ 2. Dxc5 matsi 1. ... Rd6 2. Dxd7 matb) Après la cléClé : 1. exd7! Menace 2. d8=D, 2.d8=T ou 2. Dxc5matsi 1. ... Rd6 2. d8=D mat

Enfin, plusieurs autres formes de jumeaux existent. L'importantest que les deux positions se ressemblent étrangement, mais que la cléet/ou le jeu diffèrent considérablement.

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5+2 Mat en 2 coups

CHAPITRE XIII

L'ORIGINALITÉ

No 34Nil G.G.van DIJK"E.W.W.W. 1948

Clé : 1. Fd1! Si 1. ... Fg2 2. Te1 matsi 1. ... Fxf1 2. T5f3 matsi 1. ... Fg4 2. Te5 matsi 1. ... Fxf5 2. T1f3 mat

Malheureusement, beaucoup deproblèmes publiés n'auraient jamaisdû l'être. Souvent composés par des

amateurs qui pensent, peut-être comme vous au début, qu'un problèmen'est qu'un énigme, que sa qualité principale, unique, est d'avoir une clédifficile. Quelques-uns vont plus loin et avec une clé (qu'ils croientdifficile) présentent quelques variantes - sans briser de record bienentendu!

Ces problèmes n'ont pas une seule idée de thème, de "task", derien que ce soit. Leur banalité déroutante est funeste à la bonneréputation du problème et, à mon avis, constitue la principale causepourquoi il y a si peu d'amateurs de problèmes, comparativement auxadeptes du jeu. Comment peut-on s'enthousiasmer pour l'insipidité, labanalité?

Sans doute une autre cause du petit nombre de solutionnistes(celui qui résout des problèmes) ou de problémistes (celui qui compose)est qu'avant d'être problémiste, il faut savoir jouer aux échecs. Êtreproblémiste ajoute donc une dimension au jeu d'échecs, ceci dit sansintention dénigrante, et souvent plusieurs s'arrêtent au premier pas sansjamais franchir le deuxième. Peuvent-ils être blâmés si dans leurs

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6+1 Mat en 2 coups

tentatives, ils sont tombés sur de piètres compositions qui n'avaient rien àoffrir comme défi intellectuel?

Comme je viens de le mentionner, le groupe d'amateurs deproblèmes se divise en deux camps : ceux qui proposent un problème etceux qui le solutionnent. Rarement un grand solutionniste est-ilcompositeur! Toutes les revues spécialisées dans les problèmes d'échecspublient la liste des meilleurs solutionnistes. Ceux-ci gagnent des pointspour résoudre les problèmes en deux coups, plus pour les trois coups etplus pour les multi-coups. Certains magazines donnent d'excellents bonispour les démolitions. D'autres points encore sont attribués pour lasolution des mats aidés, des mats réflexes et de tous ces mats qui fontpartie des échecs féeriques dont il n'est pas question dans le volume.Cette somme de points que peut gagner un solutionniste est accumulée àchaque mois et constituent un concours permanent.

Ainsi le solutionniste, constamment aux aguets pour lesdémolitions, prodiguant souvent une critique sur les problèmes qu'ilsolutionne, devient-il une aide précieuse au problémiste. Pour éviter lesdémolitions dégradantes, le problémiste redouble de vigilance. D'autrepart, les remarques du solutionniste constituent soit un encouragementpour un auteur ou soit une source d'information qui l'aide à améliorer sonstyle.

En conséquence des remarques précédentes, je vous proposedonc un mélange d'excellents et de piètres problèmes. Je suis certain que

vous pourrez différencier les uns desautres.

No 35Wouter J.G. MEESProbleemblad, 1959

1.d8(T)! Menace 2.8 (D)si 1…Rxe7 2.f8D mat

Un problème sans trop d'intérêt si ce

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5+2 Mat en 2 coups

4+3 Mat en 2 coups

n'est la sous-promotion du coup clé et que le deuxième coup est aussi unepromotion. Il faut toutefois noter que du choix de la promotion des deuxpions en Dame ou en pièce mineure une seule sous-promotion constituela clé.

No 36Eduard MAZELWiener Schachzeitung, 1902

1. Re2! blocussi 1. ... Re5 2. Tb5 matsi 1. ... Rc4 2. Fe6 matsi 1. ... Rc6 2. Fe4 mat

Un problème sans histoire, sans thème avec une clé assez facile.

No 37I.G. TOTHMagyar Sakkvilag - 1932

1. Rc6! blocussi 1. ... Cc7~ 2. D(x)d5 mat

Le seul petit mérite de ce problème estle mat changé. Avant la clé : 1....C~2.Txe6 mat et après la clé 1....C~

2.Dd5. Nous avons rencontré des problèmes définitivement plusinsignifiants.

On voit par ces trois exemples que souvent on publie des problèmes quin'en sont peut-être pas et dont le jeu n'offre peu ou pas d'intérêt. Pour

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exercer votre perspicacité de solutionniste, aucun problème excellentn'était inclus.

POSTFACE

Le manuscrit s’arrête à peu près ici. Les deux dernières sections necomportaient pas suffisamment de matériel et de texte pour êtrereconstituées. La première portait sur la composition et devait donnerl’itinéraire du compositeur dans une démarche autour du thèmeFleck. Malheureusement, la matrice utilisée demeure inadéquate et letexte inconsistant avec le diagramme. Enfin, on peut retrouver le pland’un chapitre sur l’analyse rétrograde qui ne comporte que quelquesnotes sans intérêt.L’aventure de Marc Benoit s’arrête ici. En publiant ce manuscrit, nousavons voulu chercher à préserver ce travail et le livrer aux générationsfutures. Il nos apparaît que c’était la l’intention et nous aimerionscroire qu’elle est ainsi respectée.

Alain J GodboutNovembre 2000

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INDEX DES PROBLÉMISTESAbdurahmanovic, F. - 7Benoit M. - 6, B, 12b, 15, 22, 23Bettmann, H.W. - 2Bukne, R. - 26Bonus Socius - 16, 16aCarpenter, G. - 8d’Orville, A. - 16bGavrilov, C. - 19Hartong, J. - AKapralos, D. - 21Karlström, A. - 18Kreinine, S. - 13Lazard, F. - 9Legentil,G. - 11, 14Liberali, S. - 16Loyd, S. - 16Lund, B. - 28Marble, M. - 2Mazel, E. - 36Mees, W. - 35Melnichenko, V. - 24Mott-Smith, G. - 20Moutecidis, P. - 21Muskolczy, A. - 12Petkov, P.A. - 12aRestod, B. - 17Rice, J.M. - CScheel, J. - 25Shinkman W.A. - 3Speckmann, W. - 1, 30, 31, 32, 33Stewart, J. - 32aStocchi, O. - 29van Dijk, N.G. - 27,34Weenink, H. - 4, 5Toth, I. - 37Zepler, E. - 20a

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Produit au Canada4e trimestre 2000

Les éditions de l’Apprenti Sorcier ISBN - 0-9688828-3-8