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Impact dun procédé industriel de brassage et de refroidissement sur les propriétés texturales et rhéologiques de yogourts brassés Rôle de la teneur en matières grasses et du temps de fermentation Mémoire Noémie Lussier Maîtrise en Sciences et technologie des aliments Maître ès sciences (M. Sc.) Québec, Canada © Noémie Lussier, 2017

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Impact d’un procédé industriel de brassage et de

refroidissement sur les propriétés texturales et

rhéologiques de yogourts brassés

Rôle de la teneur en matières grasses et du temps de

fermentation

Mémoire

Noémie Lussier

Maîtrise en Sciences et technologie des aliments

Maître ès sciences (M. Sc.)

Québec, Canada

© Noémie Lussier, 2017

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Impact d’un procédé industriel de brassage et de

refroidissement sur les propriétés texturales et

rhéologiques de yogourts brassés Rôle de la teneur en matières grasses et du temps de

fermentation

Mémoire

Noémie Lussier

Sous la direction de :

Sylvie Turgeon, directrice de recherche

Daniel St-Gelais, codirecteur de recherche

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Résumé

De plus en plus de travaux de recherches portent sur le yogourt brassé mais, très

peu ont su étudier les impacts combinées des étapes de productions à l’échelle pilote. Le

but de ce projet était de déterminer les effets combinés de la teneur en matières grasses

(MG), du temps de fermentation (TF), du type de refroidissement durant le brassage et de

l’entreposage du yogourt sur leurs propriétés physico-chimiques, texturales et

rhéologiques. Les yogourts ont été standardisés à 4,2% de protéines et 16,5% de solides

totaux (ST) et la teneur en MG a été ajustée entre 0,0 et 3,9%. Un yogourt sans gras à 14%

de ST a servi de témoin. Les TF étaient de 3, 4 et 5 heures. Après fermentation, le yogourt

(25 kg) de chaque cuve a été brassé à l’aide d’un système pilote simulant les conditions de

production industrielle (brassage en cuve, pompage, lissage, refroidissement) et refroidi

avec un système tubulaire, imposant un faible cisaillement, ou un système à plaques,

provoquant un cisaillement élevé. La synérèse, la fermeté, l’hystérèse et la viscosité

apparente ont été mesurées pendant les 34 jours d’entreposage à 4°C. Les résultats ont

démontré que le TF et la teneur en ST ont eu peu d’impact sur les propriétés physico-

chimiques, texturales et rhéologiques des yogourts brassés. L’augmentation de la teneur en

MG a permis de réduire la synérèse et d’augmenter la fermeté, les aires des courbes

d’hystérèse et la viscosité des yogourts brassés. L’utilisation d’un système de

refroidissement à plaques a contribué à réduire la synérèse et à augmenter la fermeté sans

modifier la viscosité. L’entreposage a permis d’augmenter la fermeté et la viscosité mais,

l’indice de synérèse est resté constant. Les résultats obtenus permettent d’établir que le

type de refroidissement a un impact important sur les propriétés rhéologiques mais que la

présence de MG, à partir de 2,6%, permet au yogourt de mieux résister à une

déstructuration du réseau protéique provoqué par un cisaillement élevé lors du brassage et

ainsi de réduire la synérèse et d’augmenter la fermeté et la viscosité.

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Abstract

More and more research subjects are about stirred yogurt but, only few have worked

on combined impacts of yogurt production at a pilot scale. The purpose of this project was

to determine the combined effects of milk fat (MF) content, fermentation time (FT), type

of cooling during stirring, and storage time on the physico-chemical, textural and

rheological properties of stirred yogurt. The yogurts were standardized at 4.2% protein and

16.5% total solids (TS), and the MF content was adjusted to values between 0.0% and

3.9%. A fat-free yogurt with 14% TS was used as a control. The FT was set at 3, 4 and

5 hours. After fermentation, yogurt (25 kg) of each tank was stirred using a pilot system

that simulated industrial production conditions (tank stirring, pumping, smoothing,

cooling) and cooled using a tubular heat exchanger, causing low shear, or a plate heat

exchanger, which caused high shear. Syneresis, firmness, hysteresis and apparent viscosity

were measured during 34 days of storage at 4 °C. The results showed that MF content and

TS had little impact on the physico-chemical, textural and rheological properties of stirred

yogurts. A higher MF content reduced syneresis and increased firmness, hysteresis loop

areas, and viscosity in stirred yogurts. High shear of the plate heat exchanger led to a

reduction in syneresis and an increase in firmness, but without changing the viscosity.

Storage led to an increase of firmness and viscosity but, syneresis did not change. The

results suggest that the type of cooling system used has an important impact on rheological

properties but that the presence of MF at 2.6% and higher makes the yogurt more resistant

to the disruption of the protein network caused by high shear during stirring, leading to

lower syneresis and higher firmness and viscosity.

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Table des matières

Résumé .............................................................................................................................. iii

Abstract ............................................................................................................................. iv

Table des matières............................................................................................................. v

Liste des tableaux ............................................................................................................ vii

Liste des figures .............................................................................................................. viii

Liste des abréviations ....................................................................................................... x

Remerciements ................................................................................................................. xi

Avant-propos .................................................................................................................. xiv

Introduction générale ....................................................................................................... 1

Chapitre 1: Revue de littérature ...................................................................................... 3

1.1 Le lait et le yogourt .............................................................................................. 3

1.2 Fermentation et gélification du lait ........................................................................... 3

1.3 Optimisation des étapes de production du yogourt ................................................... 5

1.3.1 Ingrédients laitiers .............................................................................................. 6

1.3.2 Homogénéisation et traitement thermique ....................................................... 10

1.3.3 Culture lactique et paramètres de fermentation ............................................... 12

1.4 Distinction entre yogourt ferme et yogourt brassé .................................................. 14

1.4.1 Brassage ........................................................................................................... 15

1.4.2 Entreposage ...................................................................................................... 18

1.3 Problématique.......................................................................................................... 19

1.4 But, hypothèse, objectif général et objectifs spécifiques ........................................ 20

1.4.1 But ..................................................................................................................... 20

1.4.2 Hypothèse ......................................................................................................... 20

1.4.3 Objectif général ................................................................................................ 20

1.4.4 Objectifs spécifiques ......................................................................................... 20

Chapitre 2 : Impact de la teneur en solides totaux et en matières grasses ainsi que du

type de refroidissement industriel sur les propriétés rhéologiques de yogourts

brassés à l’aide d’un banc d’essai pilote ....................................................................... 21

Résumé .......................................................................................................................... 22

2.1 Introduction ............................................................................................................. 23

2.2 Matériel et méthodes ............................................................................................... 27

2.2.1 Ingrédients laitiers ............................................................................................ 27

2.2.2 Préparation du ferment lactique....................................................................... 27

2.2.3 Mélange laitier ................................................................................................. 28

2.2.4 Production de yogourt ...................................................................................... 29

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2.2.5 Banc d’essai pilote............................................................................................ 30

2.2.6 Analyses ............................................................................................................ 31

2.3 Résultats .................................................................................................................. 36

2.3.1 Mélanges laitiers .............................................................................................. 36

2.3.2 Populations bactériennes ................................................................................. 36

2.3.3 Propriétés physico-chimiques........................................................................... 37

2.3.4 Propriétés texturales ......................................................................................... 41

2.3.5 Propriétés rhéologiques ................................................................................... 42

2.4 Discussion ............................................................................................................... 46

2.5 Conclusion ............................................................................................................... 54

Chapitre 3: Impact de la teneur en matières grasses, du temps de fermentation et du

système de refroidissement sur les propriétés rhéologiques de yogourts brassés avec

un banc d’essai pilote ...................................................................................................... 56

Résumé .......................................................................................................................... 57

3.1 Introduction ............................................................................................................. 58

3.2 Matériel et méthodes ............................................................................................... 61

3.2.1 Ingrédients laitiers et souches bactériennes ..................................................... 61

3.2.2 Préparation du ferment lactique et écrémage du lait entier cru ...................... 61

3.2.3 Production des yogourts ................................................................................... 62

3.2.4 Banc d’essai pilote............................................................................................ 63

3.2.5 Analyses ............................................................................................................ 64

3.3 Résultats .................................................................................................................. 67

3.3.1 Composition des mélanges laitiers ................................................................... 67

3.3.2 Temps de fermentation...................................................................................... 67

3.3.3 Populations bactériennes ................................................................................. 68

3.3.4 Propriétés physicochimiques ............................................................................ 70

3.3.5 Propriétés texturales et rhéologiques ............................................................... 72

3.4 Discussion ............................................................................................................... 75

3.5 Conclusion ............................................................................................................... 81

Conclusion générale ........................................................................................................ 83

Bibliographie ................................................................................................................... 87

Annexe 1 : Composition des ingrédients laitiers et calcul matriciel des mélanges

laitiers ............................................................................................................................... 96

Annexe 2: Courbes d’hystérèse et calcul de l’aire ....................................................... 99

Annexe 3: Valeurs de probabilité obtenues pour les facteurs étudiés au chapitre 2 et

au chapitre 3 .................................................................................................................. 101

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Liste des tableaux

Tableau 2.1 : Composition des ingrédients laitiers. ......................................................... 27

Tableau A1.1 : Calcul matriciel de l’apport en protéines, en solides totaux et en matières

grasses de chaque ingrédient laitier. .............................................................................. 97

Tableau A1.2 : Quantité d’ingrédients laitiers calculé selon les cibles. .......................... 97

Tableau A1.3 : Quantité d’ingrédients laitiers nécessaire pour la production de 25 kg de

yogourt. ......................................................................................................................... 98

Tableau A2.1 : Aire obtenue entre chaque valeur de la vitesse et de la contrainte de

cisaillement.................................................................................................................... 99

Tableau A3.1 : Valeurs de probabilité pour les facteurs individuels (YOG, REF, TE) et

de leurs interactions pour chacune des variables dépendantes mesurées au chapitre 2.

..................................................................................................................................... 101

Tableau A3.2 : Effets significatifs individuels et combinés des différentes variables

indépendantes (YOG, REF, TF, TE) selon les variables dépendantes mesurées au cours

du chapitre 3. ............................................................................................................... 102

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Liste des figures

Figure 1.1 : Schématisation des principales étapes de fabrication du yogourt de type

ferme et brassé. .............................................................................................................. 15

Figure 2.1 : (a) Schématisation du banc d’essai pilote : M, mélangeur à pales

hélicoïdales; CDC, cuve à déversoir conique; C, chicanes; PP, pompe à action positive;

MD, manomètre digital; L, buse de lissage; T1, température à la sortie de la cuve; V,

valve tri directionnelle; ECT, échangeur de chaleur tubulaire; ECP, échangeur de

chaleur à plaques; T2, température à la sortie du refroidissement, (b) illustration du

banc d’essai pilote complet et illustrations (c) du mélangeur à pales hélicoïdales (M),

(d) de la buse de lissage (L), de la valve tri directionnelle (V) et (f) du thermocouple

(T2) relié au coude à 90°C. ........................................................................................... 32

Figure 2.2 : Évolution de la population (a) des streptocoques et (b) des lactobacilles pour

les yogourts brassés à 14 (YT) et 16,5 % (Y0,0) de solides totaux sans gras et les

yogourts brassés à 16,5 % de solides totaux contenant 1,3 (Y1,3), 2,6 (Y2,6) et 3,9 %

(Y3,9) de matières grasses, pendant 34 jours d’entreposage à 4 °C. ............................ 37

Figure 2.3 : Évolution du pH pour les yogourts brassés à 14 (YT) et 16,5 % (Y0,0) de

solides totaux sans gras et les yogourts brassés à 16,5 % de solides totaux contenant 1,3

(Y1,3), 2,6 (Y2,6) et 3,9 % (Y3,9) de matières grasses, pendant 34 jours d’entreposage

à 4 °C. ............................................................................................................................ 38

Figure 2.4 : Évolution de l’acidité titrable (a) pour les yogourts brassés à 14 (YT) et 16,5

% (Y0,0) de solides totaux sans gras et les yogourts brassés à 16,5 % de solides totaux

contenant 1,3 (Y1,3), 2,6 (Y2,6) et 3,9 % (Y3,9) de matières grasses, (b) refroidis avec

le système de refroidissement tubulaire (ECT) et à plaques (ECP) et (c) entreposés

pendant 34 jours à 4 °C. ................................................................................................ 39

Figure 2.5 : Indice de synérèse (a) pour les yogourts brassés à 14 (YT) et 16,5 % (Y0,0)

de solides totaux sans gras et les yogourts brassés à 16,5 % de solides totaux contenant

1,3 (Y1,3), 2,6 (Y2,6) et 3,9 % (Y3,9) de matières grasses et (b) refroidis avec le

système de refroidissement tubulaire (ECT) et à plaques (ECP). ................................. 40

Figure 2.6 : Évolution de la fermeté pour les yogourts brassés à 14 (YT) et 16,5 % (Y0,0)

de solides totaux sans gras et les yogourts brassés à 16,5 % de solides totaux contenant

1,3 (Y1,3), 2,6 (Y2,6) et 3,9 % (Y3,9) de matières grasses, refroidis avec le système de

refroidissement tubulaire (ECT) ou à plaques (ECP), pendant 34 jours d’entreposage à

4 °C. ............................................................................................................................... 42

Figure 2.7 : Courbes d’hystérèse de 0 à 100 s-1 et de 100 à 0 s-1 obtenues pour les

yogourts brassés à 14 (YT) et 16,5 % (Y0,0) de solides totaux sans gras et les yogourts

brassés à 16,5 % de solides totaux contenant 1,3 (Y1,3), 2,6 (Y2,6) et 3,9 % (Y3,9) de

matières grasses. ............................................................................................................ 43

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Figure 2.8 : Aire calculée des courbes d’hystérèse pour les yogourts brassés à 14 (YT) et

16,5 % (Y0,0) de solides totaux sans gras et les yogourts brassés à 16,5 % de solides

totaux contenant 1,3 (Y1,3), 2,6 (Y2,6) et 3,9 % (Y3,9) de matières grasses............... 44

Figure 2.9 : Évolution de la viscosité apparente à 10,5 s-1 (a) pour les yogourts brassés à

14 (YT) et 16,5 % (Y0,0) de solides totaux sans gras et les yogourts brassés à 16,5 %

de solides totaux contenant 1,3 (Y1,3), 2,6 (Y2,6) et 3,9 % (Y3,9) de matières grasses

et (b) durant 34 jours d’entreposage à 4 °C. .................................................................. 45

Figure 3.1 : (a) Schématisation du banc d’essai pilote : M, mélangeur à pales

hélicoïdales; C, chicanes; CDC, cuve à déversoir conique; PP, pompe à action positive;

MD, manomètre digital; L, buse de lissage; T1, température à la sortie de la cuve; V,

valve tri directionnelle; ECT, échangeur de chaleur tubulaire; ECP, échangeur de

chaleur à plaques; T2, température à la sortie du refroidissement et (b) photogaphie du

mélangeur à pales hélicoïdales jumelé aux chicanes à chaque extrémité. .................... 64

Figure 3.2 : Courbes d’acidification des yogourts fermentés en quatre heures suite à une

inoculation à 2,05 % (ligne noire) et cinq heures suite à une inoculation à 1,35 % (ligne

grise). ............................................................................................................................. 68

Figure 3.3 : Population des streptocoques dans les yogourts brassés (a) fermentés en 4 et

5h, (b) évolution de la population des lactobacilles durant l’entreposage à 4 °C des

yogourts brassés à 0,0 (Y0,0) et 3,9% (Y3,9) de matières grasses et (c)refroidis par les

systèmes de refroidissement tubulaires (ECT) et à plaques (ECP). .............................. 69

Figure 3.4 : Évolution du pH des yogourts brassés durant 34 jours d’entreposage à 4 °C.

....................................................................................................................................... 70

Figure 3.5 : Évolution de l’acidité titrable durant 34 jours d’entreposage à 4 °C (a) des

yogourts brassés à 16,5 % de solides totaux contenant 0,0 (Y0,0) et 3,9 % (Y3,9) de

matières grasses et (b) refroidis à l’aide des systèmes tubulaire (ECT) et à plaques

(ECP). ............................................................................................................................ 71

Figure 3.6 : Indice de synérèse des yogourts brassés à 0,0 (Y0,0) et 3,9 % (Y3,9) de

matières refroidis avec les systèmes tubulaire (ECT) et à plaques (ECP). ................... 72

Figure 3.7 : Évolution de la fermeté des yogourts brassés (a) refroidis avec les systèmes

de refroidissement tubulaire (ECT) et à plaques (ECP) à (b) 0,0 (Y0,0) et 3,9 % (Y3,9)

de matières grasses pendant 34 jours à 4 °C. ................................................................ 73

Figure 3.8 : Évolution de la viscosité apparente à 10,5 s-1 des yogourts brassés à 0,0

(Y0,0) et 3,9 % (Y3,9) de matières grasses pendant 34 jours d’entreposage à 4 °C. ... 74

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x

Liste des abréviations

CN : Caséines

CPL : Concentré de protéines de lactosérum

ECP : Échangeur de chaleur à plaques

ECT : .changeur de chaleur tubulaire

EPS : Exopolysaccharides

GGH : Globules gras homogénéisés

MG : Matières grasses (MF : milk fat)

ML : Mélange laitier

PCC : Phosphate de calcium colloïdal

PLÉ : Poudre de lait écrémé

PS : Protéines sériques

REF : Type de refroidissement

SNG : Solides non gras

ST : Solides totaux (TS : total solids)

TE : Temps d’entreposage

TF : Temps de fermentation (FT : fermentation time)

YOG : Type de yogourt

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xi

Remerciements

J’aimerais d’abord remercier ma directrice Dre. Sylvie L. Turgeon pour avoir fait

partie de son équipe durant ma maîtrise. Je remercie mon co-directeur Dr. Daniel St-Gelais

pour ses précieux conseils et son support tout au long de mon projet. Je voudrais aussi

remercier leur équipe respective pour leur soutien, pour avoir su me donner confiance et

pour m’avoir supportée à travers ce périple qu’est la maîtrise.

Je tiens à remercier Annie Caron et Sophie Turcot pour m’avoir rapidement intégrée

au sein de l’équipe. Elles m’ont été d’une grande aide et d’un grand support technique au

laboratoire. À l’usine pilote, un chaleureux remerciement à Gaétan Bélanger qui a pris le

temps de m’enseigner les premières étapes de production de yogourt. Sans l’équipe de Dr.

Sébastien Villeneuve, le banc d’essai pilote n’aurait pas existé alors merci aussi à Dr.

Sébastien Villeneuve, Dr. Stephan Grawboski, Dr. Mohammad Reza Zareifard et Louis-

Philippe Des Marchais pour avoir participé à la réalisation de ce projet.

Merci aussi à tous les stagiaires et les étudiants aux études supérieures qui ont

contribué à garder une ambiance de travail agréable et dynamique. Ma collègue et amie

Valérie Guénard Lampron et moi-même avons évolué côte à côte durant nos maîtrises

respectives. Je te remercie pour ces nombreux échanges de conseils et de réflexions et aussi

pour avoir embarqué avec moi dans les moments plus cocasses mais surtout pour m’avoir

soutenue dans les moments les plus durs. Merci à Marc-Olivier Leroux pour m’avoir donné

des pistes de solutions et pour m’avoir encouragée à persévérer avec le sourire. Un merci

tout spécial pour le travail assidu de ma stagiaire Mathilde Bentz. J’aimerais aussi

remercier Joanie Côté pour m’avoir initiée aux différentes techniques d’analyses, pour tes

précieux conseils et surtout, pour tes encouragements.

Je tiens également à souligner la générosité de Biena et Agropur pour nous avoir

fait don des matières premières utilisées dans ce projet. Merci également la laiterie

Chalifoux Inc. et Quadra Chemicals pour nous avoir approvisionné en lait et en ingrédients

laitiers, respectivement. Merci aux partenaires financiers Novalait Inc., MAPAQ, FQRNT

et AAC pour avoir permis de financer ce projet de recherche.

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xii

Finalement, un merci tout spécial à ma famille, mes ami(e)s, S. Jacqueline B., S.

Jeanne-D’ Arc P. et S. Geneviève B. pour avoir gardé confiance en moi et m’avoir donné

le courage et l’énergie pour réussir ce grand projet.

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xiii

À mon filleul

Avec de la volonté

et de la persévérance

tout est possible.

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xiv

Avant-propos

Ce mémoire est composé de trois chapitres. Les chapitres deux et trois ont été

entièrement écrits sous forme d’article scientifique, dont j’en suis la principale auteure. La

totalité du projet a été effectuée au centre de recherche et de développement de St-

Hyacinthe (AAC, St-Hyacinthe, QC, Canada) sous la supervision de Dre. Sylvie L.

Turgeon, directrice et Dr. Daniel St-Gelais, co-directeur. Ils m’ont été d’une grande aide

de par leur expertise et leurs conseils. J’ai effectué toutes les analyses, généré tous les

résultats et fait la rédaction complète de ces articles.

Le premier chapitre, intitulé «Revue de littérature», fait l’état des connaissances

actuelles sur la fabrication du yogourt brassé. La formation et la gélification du réseau

protéique durant la fermentation lactique y est décrite. Les étapes pouvant modifier les

propriétés physico-chimiques, texturales et rhéologiques du réseau protéique

(standardisation et enrichissement du lait, homogénéisation, traitement thermique, temps

de fermentation et conditionnement (brassage, refroidissement)) y sont aussi présentées.

Ce chapitre se termine par la présentation de la problématique, du but, de l’hypothèse, de

l’objectif général et des objectifs spécifiques.

Le deuxième chapitre présente l’impact de la teneur en matières grasses de yogourts

qui ont été fermentés dans des cuves industrielles puis brassés, pompés, lissés et refroidis

dans un banc d’essai pilote simulant les conditions de production en industrie. Le

refroidissement a été effectué avec un échangeur de chaleur tubulaire ou à plaques pour

créer un cisaillement faible et élevé, respectivement. Les résultats des analyses physico-

chimiques, texturales et rhéologiques effectuées durant un entreposage à basse température

ont permis de sélectionner le yogourt brassé qui formait le moins de synérèse et qui obtenait

des valeurs de fermeté, d’hystérèse et de viscosité apparente les plus élevées pour étudier

l’impact du temps de fermentation. Ce chapitre s’intitule «Impact de la teneur en solides

totaux et en matières grasses ainsi que du type de refroidissement industriel sur les

propriétés rhéologiques de yogourts brassés à l’aide d’un banc d’essai pilote».

Le troisième chapitre présente l’impact du temps de fermentation de yogourts avec et sans

gras qui ont été brassés à l’aide du banc d’essai pilote utilisé au chapitre 2 et qui était

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xv

constitué de deux types de systèmes de refroidissement (tubulaire et à plaques). Les

analyses de synérèse, de fermeté, d’hystérèse et de viscosité apparente ont été effectuées

après le brassage et durant l’entreposage des différents yogourts brassés. Ce chapitre

s’intitule «Impact de la teneur en matières grasses, du temps de fermentation et du système

de refroidissement sur les propriétés rhéologiques de yogourts brassés avec un banc d’essai

pilote».

Le mémoire se termine par une conclusion générale présentant l’avancement des

connaissances générées suite à la réalisation de ce projet. Les perspectives sur de nouveaux

questionnements et améliorations à apporter pour des projets futurs y sont aussi décrites.

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1

Introduction générale

Le secteur de l’agriculture et de l’agroalimentaire occupe une place importante au

Canada. Parmi les différentes catégories d’aliments ce sont surtout le porc et les produits

laitiers qui sont à l’honneur au Québec (Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC)

(2015b)). Parmi les produits laitiers, les dernières statistiques révèlent que plus de 30 000

tonnes de yogourt par année ont été produites au Canada, dont la majorité provenait du

Québec (Statistique Canada (2016)). Le Guide alimentaire canadien recommande de

consommer deux portions de produits laitiers et substituts. Un yogourt (175 g) par jour

suffit à combler une portion sur deux chez les gens âgés entre 19 et 50 ans (Santé Canada

(2008)). Depuis plusieurs années le yogourt a été l’aliment de choix pour y introduire des

probiotiques et des acides gras oméga-3 et en faire un produit santé naturel (Agriculture et

Agroalimentaire Canada (AAC) (2015a)). Un choix diversifié de saveurs est disponible et

la teneur en matières grasses des yogourts peut varier entre 0 et 10% (Danone)).

La présence de synérèse ainsi qu’une fermeté et une viscosité faibles sont reconnues

comme étant des défauts de qualité chez les consommateurs et les producteurs. Pour

remédier à ces problèmes, les propriétés physico-chimiques, texturales et rhéologiques du

yogourt ont fait l’objet de nombreuses études depuis plusieurs années (Driessen, F. M.,

Ubbels, J., et al. (1977), Ramaswamy, H. S.et Basak, S. (1992), Rohm, H.et Kovac, Alesa

(1994)). La majorité de ces recherches a porté sur des yogourts de type ferme et sans gras

(De Brabandere, Anne G.et De Baerdemaeker, Josse G. (1999), Hassan, A. N., Ipsen, R.,

et al. (2003), Lee, W. J.et Lucey, J. A. (2003)). Quelques études ont démontré que la

présence de matières grasses permettait d’augmenter la fermeté et la viscosité des yogourts

(Brauss, M.S., Linforth, R.S.T., et al. (1999), Tamime, A. Y., Barrantes, E., et al. (1996))

tandis que d’autres études ont démontré que le temps de fermentation pouvait aussi

modifier les propriétés rhéologiques du yogourt (De Brabandere, Anne G.et De

Baerdemaeker, Josse G. (1999), Lee, W. J.et Lucey, J. A. (2004), Peng, Y., Horne, D. S.,

et al. (2009)).

Par contre, très peu d’études portent sur le yogourt de type brassé (Marafon, A. P.,

Sumi, A., et al. (2011), Serra, M., Trujillo, A. J., et al. (2009)). Contrairement aux yogourts

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2

fermes où la fermentation se fait directement dans les pots de consommation, chez le

producteur industriel de yogourts brassés, la fermentation se fait directement dans des

cuves industrielles. Par la suite, le yogourt subi différentes étapes de brassage, de pompage,

de lissage et de refroidissement avant sa mise en pots. Il est difficile de recréer en

laboratoire les conditions de brassage industrielles. Les études sur le yogourt brassé

rapportées dans la littérature sont souvent sans gras et brassés à l’aide de cuillères, de

disques perforés ou de mélangeurs électriques. Si ces méthodes de brassage en laboratoire

peuvent être standardisées et reproduites avec précision, elles ne représentent pas la

complexité d’un brassage qui comporte des étapes successives de brassage et de

cisaillement (brassage en cuve, pompage, lissage, refroidissement et écoulement dans les

tuyaux) ayant un impact cumulatif important sur les propriétés des yogourts.

Le but de ce projet était de comprendre la relation qui existe entre des yogourts

contenant différentes teneurs en solides totaux et en matières grasses, produits en différents

temps de fermentations et qui ont été brassés avec un banc d’essai pilote simulant le

procédé de fabrication industriel (brassage en cuve, pompage, lissage, refroidissement et

entreposage à basse température) et refroidis par un échangeur de chaleur tubulaire ou à

plaques causant un cisaillement faible ou élevé, respectivement.

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3

Chapitre 1: Revue de littérature

1.1 Le lait et le yogourt

Le lait, dont le pH naturel se situe près de 6,7, a une composition qui peut varier,

entre autres, avec les saisons et les races. Généralement, il est constitué de 87,5% d’eau,

2,7 % de caséines (CN), 0,6 % de protéines sériques (PS), 4,7 % de lactose, 0,7 % de

minéraux (calcium, phosphore, magnésium et potassium), de traces de vitamines

(riboflavine et B12) et de 3,3 % de matières grasses (MG) (Amiot, J., Fournier, S., et al.

(2010), Brisson, J.et Roy, R. (2008), Lee, W. J.et Lucey, J. A. (2010)). Les CN κ, β et α

sont associées sous forme micellaire et sont stabilisées par des interactions hydrophobes et

des liaisons hydrogène, des répulsions électrostatiques et de la présence de phosphate de

calcium colloïdal (PCC) (Dalgleish, D. G.et Corredig, M. (2012)). La taille moyenne des

micelles de CN est de 150 nm mais, elle peut varier entre 100 et 500 nm de diamètre et son

point isoélectrique est de pH 4,6. À l’état natif, les CN-κ retrouvées à la surface des

micelles sont chargées négativement, ce qui cause des répulsions électrostatiques entre les

micelles de CN dans le lait. Les PS, dont le point isoélectrique est de pH 5,3, constituées

principalement de β-lactoglobulines et d’α-lactalbumines jouent un rôle important durant

la formation du réseau protéique, qui sera détaillé dans la section suivante. Le lactose est

utilisé par les bactéries lactiques thermophiles pour produire de l’acide lactique et ainsi

réduire le pH du lait durant la fermentation.

Le lait entier peut être utilisé comme breuvage ou transformé en de nombreux

produits laitiers (crème, beurre, ingrédients laitiers, yogourts). La transformation du lait

par fermentation lactique permet, entre autres, de produire plusieurs types de yogourts

(brassé et ferme, à boire, glacé, séché) mais, les yogourts les plus populaires qui sont

produits et consommés au Canada sont de type ferme et brassé.

1.2 Fermentation et gélification du lait

La fermentation du lait débute avec l’inoculation des bactéries thermophiles

Streptococcus thermophilus et Lactobacillus delbrueckii ssp. bulgaricus spécifiquement

pour pouvoir obtenir l’appellation de yogourt (Institut canadien d'information juridique

(2017), World Health Organization (WHO)et Food and Agriculture Organization of the

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United Nations (FAO) (2011)). Ces deux bactéries sont normalement utilisées dans des

ratios prédéterminés qui permettent d’obtenir des yogourts avec différentes acidités. Les

consommateurs canadiens préfèrent normalement des yogourts peu acides. Il est important

de considérer le pouvoir acidifiant plus élevé des lactobacilles et les températures optimales

de chaque type de bactérie afin de bien contrôler le temps et la vitesse de fermentation ainsi

que l’acidité finale désirée. Les valeurs de température et de pH optimales pour la

croissance des streptocoques se situent entre 37 et 40 °C et entre 6,0 et 6,5 unités de pH,

respectivement tandis que pour les lactobacilles la température se situe entre 47 et 48 °C et

le pH entre 5,5 et 6,0 (Beal, Catherine, Louvet, Philippe, et al. (1989)). Les streptocoques

peuvent réduire le pH jusqu’à 4,5 tandis que les lactobacilles peuvent diminuer le pH

jusqu’à 3,6 (Beal, C., Skokanova, J., et al. (1999), Lamontagne, M., Champagne, C.P., et

al. (2010)). De ce fait, la majorité des producteurs de yogourt au Canada utilisera des

cultures lactiques mixtes avec un nombre plus élevé de streptocoques afin d’éviter une sur-

acidification par les lactobacilles (Lamontagne, M. (2010)).

La formation et la gélification du réseau protéique ont été étudiées par plusieurs

auteurs dont (Dalgleish, D. G.et Corredig, M. (2012)), Lee, W. J.et Lucey, J. A. (2010)),

Phadungath, C. (2005)), Shaker, R. R., Jumah, R. Y., et al. (2000))). La formation de liens

entre les PS et les micelles de CN débute durant le traitement thermique lorsque les

groupements thiols des PS dénaturées sont exposés et se lient aux groupements thiols des

CN-κ situés à la surface des micelles de CN, permettant la formation des ponts disulfures

(complexe PS-CN-κ). Après l’inoculation des bactéries lactiques thermophiles dans le lait,

il se produit une réduction graduelle du pH suite à la production d’acide lactique à partir

de la dégradation du lactose. Entre un pH de 6,7 et 6,0, les répulsions électrostatiques sont

réduites puisqu’il y a une diminution de la charge négative des CN-κ. Le PCC présent dans

les micelles de CN commence à se solubiliser mais, pas suffisamment pour modifier

l’intégrité des micelles. Entre un pH de 6,0 et 5,3, il y a une déstabilisation des micelles de

CN causée par une diminution des répulsions électrostatiques, ce qui permet entre autres,

aux micelles de se rapprocher et de se lier (CN-κ-CN-κ). Lorsque le pH atteint une valeur

de 5,3, coïncidant avec le point isoélectrique des PS, l’agrégation des PS entre elles (PS-

PS) et la formation de liens entre les complexes de CN-κ-PS (CN-κ-PS-PS-CN-κ)

provoque le début de la gélification du réseau protéique. Entre un pH de 5,3 et 4,7, le PCC

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lié aux CN-β et aux CN-α est complètement solubilisé, ce qui crée une expansion des

micelles de CN. Lorsque le pH approche une valeur de 4,7, il y a une réorganisation des

micelles de CN, une augmentation des interactions électrostatiques et des interactions

hydrophobes entre les molécules de CN. À ce pH, les liens non covalents (hydrophobes,

ioniques, hydrogènes et Van der Waal) entre les protéines forment un réseau protéique sous

forme de gel.

Un réseau protéique dense aura une porosité moins élevée et une capacité de

rétention d’eau supérieure à un réseau moins dense et plus poreux (Lee, W. J.et Lucey, J.

A. (2010), Peng, Y., Horne, D. S., et al. (2009)). Körzendörfer, Adrian, Temme, Philipp,

et al. (2016) ont démontré que, suite à la formation du réseau protéique gélifié, la taille des

agrégats protéiques peut atteindre jusqu’à 5 mm de diamètre. Plus le réseau protéique

formé est fort et résistant à la déformation, plus il sera apte à conserver le lactosérum à

l’intérieur, ce qui diminue la synérèse spontanée à la surface des yogourts (Lee, W. J.et

Lucey, J. A. (2003), Ramchandran, L.et Shah, N. P. (2009)). La stabilité du réseau

protéique dépend du nombre et de la force des liens hydrophobes et des interactions

électrostatiques créés entre les protéines durant la fermentation. Plus le nombre de liens

augmente, plus le seuil d’écoulement est élevé, ce qui signifie qu’une plus grande force

doit être appliquée pour initier l’écoulement du yogourt. Au contraire, un seuil

d’écoulement faible démontre que le réseau protéique est instable (Lee, W. J.et Lucey, J.

A. (2010), Lucey, John A., Teo, Cheng Tet, et al. (1997)). Pour réduire la synérèse et

modifier les propriétés rhéologiques d’un yogourt, il est possible d’optimiser les

paramètres de production de yogourt en modifiant la composition du mélange laitier, la

pression et la température d’homogénéisation et de traitement thermique ou en modifiant

le taux d’inoculation et la durée de la fermentation.

1.3 Optimisation des étapes de production du yogourt

Le lait, utilisé comme seul ingrédient pour la fabrication de yogourt, n’est pas

suffisamment riche en protéines et en solides totaux pour obtenir un réseau protéique dense

et stable (Le, Thien Trung, van Camp, John, et al. (2011)), permettant de bien retenir le

lactosérum, et d’obtenir une fermeté et une viscosité qui répondent aux attentes des

consommateurs canadiens. Au Québec, la loi stipule que le yogourt doit contenir un

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minimum de 9,5% de solides non gras et 3,0% de protéines laitières (Ministère de

l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec (MAPAQ) (2016)). Les teneurs

en CN, PS, MG, solides totaux (ST) et le ratio CN/PS sont déterminées par les

transformateurs laitiers selon leur propres critères mais, ils doivent respecter les normes

d’un minimum de 2,7% de protéines laitières et d’un maximum de 10% de MG pour utiliser

l’appellation yogourt selon le Codex Alimentarius (World Health Organization (WHO)et

Food and Agriculture Organization of the United Nations (FAO) (2011)). (Tamime, A.Y.et

Robinson, R.K. (2007)) suggèrent qu’une teneur en ST entre 15 et 16% est optimale pour

obtenir une fermeté et une viscosité élevées mais, qu’il est plus fréquent de retrouver des

yogourts entre 14 et 15% de ST sur le marché. L’enrichissement du lait en ST tels des

protéines et des MG est donc nécessaire pour atteindre ces cibles, et réduire la synérèse et

augmenter la fermeté et la viscosité des yogourts. Cet enrichissement est fait avec des

ingrédients laitiers qui sont présentés dans la section suivante.

1.3.1 Ingrédients laitiers

Le lait contient généralement 12,5% de ST, ce qui n’est pas suffisant pour obtenir

des yogourts fermes et visqueux avec peu de synérèse. Plusieurs ingrédients laitiers

concentrés existent pour enrichir le lait en protéines (CN, PS) et en ST. Parmi les différents

ingrédients laitiers, les poudres de lait écrémé (PLÉ), les concentrés de protéines de

lactosérum (CPL), le lactose et la crème sont les plus populaires chez les producteurs de

yogourts. Une fois que les ingrédients laitiers ont été sélectionnés et que leurs proportions

ont été déterminées, ils sont incorporés dans le lait afin d’être réhydratés avant les étapes

d’homogénéisation et de traitement thermique qui jouent un rôle important sur la réduction

de la taille des globules gras et la dénaturation des protéines du lait.

La PLÉ provenant de l’écrémage du lait entier, est une source principale de CN très

utilisée par les producteurs de yogourts. Après l’écrémage du lait entre 50 et 60°C, le lait

écrémé subit un traitement thermique à différentes températures (entre 70 et 135 °C) selon

le degré de dénaturation des PS qui est recherché et il est séché par atomisation pour obtenir

de la PLÉ (Canadian Dairy Commission (CDC) (2011), Michel, J.-C., Pouliot, M., et al.

(2010)). La PLÉ a la même composition qu’un lait écrémé, excepté que l’eau a été

presqu’entièrement retirée, ce qui permet de concentrer les constituants du lait écrémé. Par

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contre, l’augmentation de la température du séchage a un impact sur la réduction de la

solubilité des PS (Canadian Dairy Commission (CDC) (2011)). La fabrication de yogourt

nécessite une bonne solubilisation des PS pour former un réseau protéique stable et

permettre de retenir le lactosérum. De ce fait, il est préférable d’utiliser une PLÉ qui a subi

un traitement thermique à basse température plutôt qu’à haute température pour enrichir le

lait écrémé en CN.

Les CPL sont la source de PS privilégiée par les producteurs de yogourts. Les CPL

sont généralement issus de l’ultrafiltration du lactosérum de fromage suivi d’une

évaporation et d’un séchage. Il existe deux types de CPL selon l’origine du lactosérum.

Lorsqu’il provient d’une coagulation par l’effet de la présure (cheddar, mozzarella), le

lactosérum doux récupéré est relativement peu acide. Par contre, la fabrication de fromages

de type cottage ou pâte molle génèrent un lactosérum acide (Britten, M. (2010)). Qu’il soit

doux ou acide, les proportions de protéines sériques (α-lactalbumine et β-lactoglobuline)

dans le CPL ne sont pas différentes de ce qui est retrouvé dans les deux types de lactosérum

(Arunkumar, Abhiramet Etzel, Mark R. (2015), Michel, J.-C., Pouliot, M., et al. (2010)).

Cependant, Turhan, K. N.et Etzel, M. R. (2004) mentionnent que comparativement au CPL

doux, le CPL acide contient plus de minéraux le rendant moins intéressant pour la

production de yogourt. Le CPL de type doux est donc normalement utilisé dans les

mélanges laitiers (ML) à yogourt puisqu’il permet d’augmenter la teneur en PS dans le ML

à yogourt sans augmenter la teneur en minéraux. Il existe deux catégories de CPL selon

leur teneur en protéines : les concentrés (30-90%) et les isolats (> 90%). Delikanli, Berraket

Ozcan, Tulay (2014) ont démontré que l’utilisation des concentrés de PS permettait

d’obtenir un yogourt de type ferme ayant une bonne fermeté et peu de synérèse.

L’utilisation d’un concentré CPL34 doux offre une bonne teneur en PS (34%) et contient

généralement 46% de lactose et 8% de minéraux (Britten, M. (2010)) qui permettront

d’augmenter la teneur en PS du lait et d’obtenir un yogourt ferme et visqueux. Ensemble,

les CN et les PS jouent un rôle important durant la formation du réseau protéique et le

nombre de liens créés entre ces protéines est tributaire de l’homogénéisation et surtout du

traitement thermique subi.

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Le lactose en poudre de grade alimentaire contient généralement 99% de ST. Ce

sucre est utilisé pour ajuster la teneur en ST sans ajouter de protéines comme les concentrés

laitiers en poudre. Le lactose a un pouvoir sucrant inférieur au glucose, ce qui évite un goût

trop sucré et donne un caractère hygroscopique aux PS (Britten, M. (2010)). Meletharayil,

Gopinathan H., Patel, Hasmukh A., et al. (2016) ont démontré que l’augmentation de la

teneur en lactose de 5,6 à 11,2% dans un lait reconstitué et acidifié avec du glucono-delta-

lactone permettait de former un réseau protéique plus dense et moins poreux. Leurs

yogourts de type ferme contenant plus de lactose avait une capacité de rétention d’eau et

un module élastique G’ supérieurs comparativement au yogourt sans ajout de lactose.

Les ingrédients laitiers en poudre permettent aussi d’augmenter la teneur en ST.

Lee, W. J.et Lucey, J. A. (2010) rapportent qu’une augmentation des teneurs en ST par

l’ajout de PLÉ favorise l’augmentation du module élastique G’ et de la viscosité des

yogourts fermes. Généralement, les ingrédients laitiers en poudre sont combinés pour

optimiser les avantages et limiter les défauts de chacun des ingrédients laitiers. Akalin, A.

S., Unal, G., et al. (2012) et Remeuf, F., Mohammed, S., et al. (2003) rapportent que la

PLÉ est le principal ingrédient laitier utilisé pour enrichir le lait en CN et PS. Par contre,

ces auteurs ont démontré que les yogourts de type ferme enrichis avec de la PLÉ avaient

des valeurs de synérèse plus élevées et des valeurs de fermeté et de viscosité apparente

inférieures comparativement à un yogourt enrichi avec du CPL. L’utilisation combinée de

la PLÉ et du CPL permettait donc d’enrichir le yogourt en CN et en PS, respectivement, ce

qui réduirait la synérèse et augmenterait la fermeté et la viscosité des yogourts. Jorgensen,

Camilla Elise, Abrahamsen, Roger K., et al. (2015) ont aussi démontré que la

standardisation des ML à un ratio CN : PS de 55 : 45 créait un réseau protéique moins

dense et plus granuleux comparativement à un yogourt dont le ratio était de 75 : 25.

Amatayakul, T., Sherkat, F., et al. (2006b) ajoutent que des yogourts de type fermes à 14%

de ST et avec un ratio CN : PS de 4 : 1 avaient une fermeté plus élevée comparativement à

un yogourt à 9% de ST et avec un ratio de 1 : 1. Par contre, les auteurs rapportent que les

yogourts ayant un ratio de 4 : 1 avaient des valeurs de synérèse plus élevées. La réduction

du ratio CN : PS à 3 : 1 permettrait d’obtenir un juste milieu entre une fermeté élevée (ratio

4 : 1) et une synérèse moins élevée (ratio 1 : 1).

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Sur le marché canadien, on retrouve surtout des yogourts contenant des teneurs en

MG entre 0 et 2%, mais quelques yogourts se démarquent avec une teneur en MG allant

jusqu’à 10%. De la crème, riche en MG, est normalement utilisée pour ajuster la teneur en

MG dans ces yogourts. La présence de MG, après avoir été homogénéisée, permet

généralement d’augmenter les propriétés texturales et rhéologiques des yogourts fermes et

brassés tout en réduisant la formation de synérèse (Krzeminski, A., Tomaschunas, M., et

al. (2013), Sodini, I., Remeuf, F., et al. (2004), Sonne, Alina, Busch-Stockfisch, Mechthild,

et al. (2014)). En présence de MG, le réseau protéique formé est plus dense et plus stable

comparativement à un yogourt faible ou sans gras. Dans le réseau protéique, les globules

gras homogénéisés (GGH) sont uniformément répartis et agissent en tant qu’agent de

liaison avec les CN et les PS, mais également en tant qu’agent de remplissage dans les

cavités (pores) du réseau protéique (Xu, Z. M., Emmanouelidou, D. G., et al. (2008)). Par

contre, il faut également tenir compte de la teneur en protéines. Velez-Ruiz, Jorge F.,

Hernandez-Carranza, Paola, et al. (2013) ont démontré qu’un yogourt à 3% MG et 3,34%

de protéines peut démontrer plus de synérèse qu’un yogourt à 1% MG et 4,05% de

protéines (40,6% vs 33,0%). L’augmentation de la teneur en MG contribuerait à augmenter

les liaisons entre les CN, les PS et les GGH dans le gel qui serait donc plus dense et moins

poreux. Brauss, M.S., Linforth, R.S.T., et al. (1999) ont démontré que la taille des agrégats

protéiques diminuait dans le réseau gélifié en présence de MG, ce qui permettait

d’augmenter la viscosité et de diminuer la synérèse. À 10% de solides non gras (SNG) et

0 et 4% de MG, la surface des agrégats augmentait de 10 à 500 µm² tandis que la surface

des pores entre les agrégats protéiques diminuait de 100 à 10 µm². Par contre, à 20% de

SNG, la surface des agrégats variait entre 650 et 500 µm² tandis que la surface des pores

était stable à 100 µm². Cela signifie qu’à un taux de SNG élevé, l’effet de la teneur en MG

est atténué par la présence des protéines (Pereira, Rogerio, Matia-Merino, Lara, et al.

(2006)). Brauss, M.S., Linforth, R.S.T., et al. (1999) ont mesuré la taille des particules de

gel dans des yogourts fermes à 0,2 et 10,0% de MG. Ils ont démontré qu’un yogourt à

0,2% de MG contenait des particules trois fois plus grosses comparativement à un yogourt

à 10% de MG. Ces auteurs ont déterminé que la viscosité du yogourt riche en MG (10%)

était supérieure au yogourt faible en MG (0,2%). Smoczyński, Michałet Baranowska,

Maria (2014) ainsi que Yoon, Won B.et McCarthy, Kathryn L. (2002) rapportent que dans

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un yogourt faible en gras, la majorité des protéines sera impliquée dans la formation du

réseau protéique par des liaisons PS-PS, CN-CN et PS-CN. Dans un yogourt riche en gras,

une fraction des protéines, surtout les CN, est répartie sur les membranes des GGH. Il

resterait donc moins de CN disponibles pour former des agrégats protéiques

comparativement au yogourt faible en gras.

1.3.2 Homogénéisation et traitement thermique

Les globules de gras natifs ont une densité inférieure comparativement aux autres

composés du lait, ce qui cause une séparation des MG qui remontent à la surface du lait.

L’homogénéisation permet de réduire la taille des globules gras et l’adsorption de protéines

à leur surface (Velez-Ruiz, J. F.et Barbosa Canovas, G. V. (1997)). Cela évite une

séparation des MG et confère aux GGH un rôle actif durant la formation du réseau

protéique. L’homogénéisation peut se faire à différentes combinaisons de pression et de

température. Nguyen, Hanh Thi Hong, Ong, Lydia, et al. (2015) ont démontré qu’une

homogénéisation aussi faible que 8-16 MPa était suffisante pour réduire l’indice de

synérèse dans des yogourts fermes comparativement à un contrôle non homogénéisé. À

l’opposé, une haute pression d’homogénéisation (> 200 MPa) augmente aussi la fermeté et

la viscosité des yogourts, mais l’indice de synérèse augmente également (Ciron, C. I. E.,

Gee, V. L., et al. (2010), Ciron, Chr Ian E., Gee, Vivian L., et al. (2011), Ferragut, V.,

Cruz, N. S., et al. (2009)). Cano-Ruiz, M. E.et Richter, R. L. (1997) ont démontré qu’en

général, l’augmentation de la pression d’homogénéisation de 30 à 90 MPa de laits

standardisés à 1,5 et 3,0% de MG entrainait une réduction de la taille des GGH (0,45 vs

0,19 µm) ce qui correspondait à une augmentation de la charge protéique (principalement

des micelles de CN) adsorbée à la surface des GGH (6,12 vs 11,88 mg/m²). De plus, ces

auteurs ont démontré qu’une température d’homogénéisation de 65 °C était plus favorable

à l’augmentation de la charge protéique comparativement à une température de 85 °C. Cho,

Y. H., Lucey, J. A., et al. (1999) ajoutent que, selon le type d’ingrédient laitier en poudre

utilisé pour enrichir le yogourt, la charge protéique sur les GGH sera différente. Par

exemple, ces auteurs ont démontré que dans un lait écrémé reconstitué avec de la PLÉ et

ajusté à 10% de MG, l’enrichissement avec de la PLÉ permettait une adsorption des

protéines sur les membranes des GGH pouvant aller jusqu’à 7 mg/m2 tandis que

l’adsorption des protéines ne dépassait pas 2 mg/m2 avec un enrichissement avec du CPL.

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L’augmentation du nombre de protéines adsorbées à la surface des GGH peut avoir un

impact important durant la formation du réseau protéique à l’étape de fermentation. Une

homogénéisation à 13,80 MPa et à 60 °C devrait permettre de réduire la taille des globules

gras et un deuxième passage à 3,45 MPa devrait permettre de séparer les amas de GGH

pouvant s’être formés après le premier passage du ML dans le système d’homogénéisation

(Hardham, J.F., Imison, B.W., et al. (2000)). Une fois homogénéisé, le ML subit un

traitement thermique.

L’objectif principal du traitement thermique est de détruire les microorganismes

pathogènes et de réduire la microflore indésirable, ce qui, par le fait même, réduit la

compétition des nutriments pour les bactéries lactiques utilisées dans la production du

yogourt. Le chauffage du lait contribue aussi à diminuer la quantité d’oxygène dissout dans

le lait, ce qui favorise la croissance des bactéries lactiques qui y sont sensibles durant

l’étape de fermentation (Lee & Lucey, 2010).

Le traitement thermique permet aussi de dénaturer les PS afin qu’elles puissent

contribuer à la formation du réseau protéique durant la fermentation (Küçükcetin, A.

(2008), Lee, W. J.et Lucey, J. A. (2003)). Au pH naturel du lait, 6,7, le traitement thermique

permet de dénaturer les β-lactoglobuline. Une grande partie de ces β-lactoglobuline vont

se lier aux CN tandis qu’une minorité pourra former des agégats de PS. Par contre,

seulement une faible proportion d’α-lactalbumine se lie aux CN suite au traitement

thermique. La majorité conservera son état natif (Vasbinder, Astrid J.et de Kruif, Cornelis

G. (2003)). La dénaturation des PS permet d’exposer leurs groupements hydrophobes et de

former des ponts disulfures. Le PCC présent dans les micelles de CN se solubilise et va

permettre de réduire les charges négatives des groupes phosphoryles des PS, ce qui réduit

la répulsion entre les PS et les micelles de CN et favorise le début de la formation de

liaisons entre les protéines (Horne, D. S. (1998), Peng, Y., Horne, D. S., et al. (2009)). Ces

nouvelles interactions hydrophobes et la formation de ponts disulfures permettent de créer

de nouveaux agrégats protéiques pouvant s’associer. Par exemple, des agrégats de PS se

forment dès le chauffage du lait et se situent dans la phase soluble mais, également à la

surface des CN suite à leur attachement aux CN-κ selon plusieurs voies décrites par

Famelart, M. H., Guyomarc’h, F., et al. (2011). Le traitement thermique, généralement

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effectué à 85 °C pendant 30 minutes ou à 90-95 °C pendant cinq minutes, permet

d’augmenter la capacité de rétention d’eau, la fermeté et la viscosité des yogourts fermes

comparativement à un yogourt dont le lait n’a pas subi de traitement thermique. Un

traitement thermique de 90 °C pendant 10 minutes permet de former des amas de PS plutôt

sphériques et ces derniers peuvent atteindre un diamètre de 70 nm (Guggisberg, D.,

Eberhard, P., et al. (2007), Jorgensen, Camilla Elise, Abrahamsen, Roger K., et al. (2015),

Lee, W. J.et Lucey, J. A. (2010), Shaker, R. R., Jumah, R. Y., et al. (2000)).

L’augmentation de la température du traitement thermique de 85 °C à 95 °C, pendant quatre

minutes contribue aussi à augmenter la taille des particules formées, ce qui contribue à

l’obtention d’un réseau plus poreux associé à une viscosité apparente des yogourts brassés

plus élevée (Cayot, Philippe, Schenker, Flore, et al. (2008)). Par contre, un traitement

thermique à température trop basse conduit à la formation d’un réseau protéique avec une

structure faible et fragile tandis qu’une température trop élevée causera une diminution de

la fermeté du yogourt et sa texture sera plus granuleuse (Sodini, I., Remeuf, F., et al.

(2004)). En présence de MG, le traitement thermique permet à une fraction des PS

dénaturées de se lier à la fois aux micelles de CN présentes dans le ML et à la surface des

GGH homogénéisés, ce qui permet à ces derniers de participer activement à la structure du

réseau protéique. Le nombre d’interactions possibles entre les PS, les CN et les GGH est

ainsi augmenté Lee, W. J.et Lucey, J. A. (2010). Un traitement thermique à 94,5 °C pendant

cinq minutes devrait être suffisant pour éliminer les microorganismes indésirables et/ou

pathogènes et pour dénaturer la majorité des PS avant de passer à l’étape de fermentation

(Sodini, I., Remeuf, F., et al. (2004)).

1.3.3 Culture lactique et paramètres de fermentation

Plusieurs types de souches peuvent être ajoutées au ferment afin d’améliorer les

propriétés texturales du yogourt. Par exemple, il est possible d’ajouter des souches

bactériennes produisant des exopolysaccharides (EPS). Ces dernières peuvent avoir ou non

un pouvoir filant qui affecte les propriétés rhéologiques du yogourt (Abbasi, Habib,

Mousavi, Mohammad Ebrahimzadeh, et al. (2009), Amatayakul, T., Halmos, A. L., et al.

(2006a), Mende, Susann, Mentner, Claudia, et al. (2012)). La présence d’EPS peut nuire à

la formation du réseau protéique s’ils sont incompatibles avec les protéines ce qui peut

mener à un yogourt de type ferme avec une fermeté plus faible (Ramchandran, L.et Shah,

Page 28: Impact d'un procédé industriel de brassage et de ... · Impact d’un procédé industriel de brassage et de ... (MG), du temps de fermentation (TF), du type de refroidissement

13

N. P. (2009)). Les yogourts avec EPS ne se comportent pas comme les yogourts sans EPS.

La présence d’EPS peut abaisser la viscosité apparente du yogourt ferme pendant

l’entreposage (Smoczyński, Michałet Baranowska, Maria (2014)). Les EPS pourraient

donc modifier les propriétés physico-chimiques, texturales et rhéologiques des yogourts et

camoufler l’impact des MG dans les yogourts avec et sans gras. Il serait préférable

d’utiliser une culture lactique mixte produisant le moins possible d’EPS possible, et non

filant de préférence, pour être en mesure d’isoler le rôle de la teneur en MG dans les

yogourts brassés qui font l’objet de cette recherche.

Après le traitement thermique, la température du ML est abaissée à la température

de fermentation désirée. La température optimale de croissance des streptocoques se situe

près de 40 °C et celle des lactobacilles près de 45 °C selon les souches utilisées (Beal,

Catherine, Louvet, Philippe, et al. (1989)). La production du yogourt devrait donc se faire

à une température variant entre 37 et 45 °C pour favoriser leur croissance. Une température

de fermentation supérieure à 40 °C favorise les interactions hydrophobes entre les

protéines, la croissance des lactobacilles et accélère la vitesse de fermentation. De plus, le

réseau protéique créé à une température supérieure à 40 °C a un seuil de cisaillement plus

élevée comparativement à un réseau protéique formé à plus basse température. Une

température de fermentation élevée provoque un réarrangement protéique après la

gélification des protéines, le rendant plus fragile, ce qui diminue la capacité de rétention

d’eau et le module élastique G’ (Lee, W. J.et Lucey, J. A. (2004), Lee, W. J.et Lucey, J. A.

(2010), Sodini, I., Remeuf, F., et al. (2004)). D’une autre côté, une température inférieure

à 40 °C favorise plutôt la croissance des streptocoques et ralentit la vitesse de fermentation.

Dans ces conditions, les CN forment davantage de liaisons, ce qui augmente la taille des

agrégats de CN. Le réseau gélifié formé contient alors plus de liens protéiques le rendant

plus dense et stable, ce qui permet d’obtenir des propriétés texturales et rhéologiques plus

élevées (Lee, W. J.et Lucey, J. A. (2010)). En tenant compte des températures optimales

de croissance des bactéries lactiques et de la formation du réseau protéique en fonction de

la température, une fermentation à 40 °C semblerait être optimale pour obtenir un yogourt

ayant des propriétés texturales et rhéologiques élevées. Par contre, ces propriétés peuvent

changer selon le taux d’inoculation utilisé.

Page 29: Impact d'un procédé industriel de brassage et de ... · Impact d’un procédé industriel de brassage et de ... (MG), du temps de fermentation (TF), du type de refroidissement

14

Il a été mentionné précédemment que le pH naturel du lait est de 6,7 et que la

température optimale pour la fermentation devait se situer près de 40 °C. À l’étape de

l’inoculation du ferment, les conditions initiales de température et de pH dans ML à

yogourt favorisent la croissance des streptocoques. Ces derniers produisent de l’acide

lactique, ce qui acidifie le ML et lorsque le pH optimal de croissance des lactobacilles est

atteint (5,5), la croissance des lactobacilles peut alors prendre la relève pour continuer à

diminuer le pH (Adams, M.R.et Moss, M.O. (2008), Sieuwerts, S, de Bock, A. M. Frank,

et al. (2008)). La variation du taux d’inoculation et du ratio streptocoques/lactobacilles sont

des outils technologiques permettant de contrôler le temps de fermentation. Lee, W. J.et

Lucey, J. A. (2004) ainsi que Peng et al. (2009) ont démontré que l’inoculation d’un

ferment mixte à un taux inférieur à 0,5% permettait de prolonger le temps de fermentation

du yogourt ferme de 4 à plus de 6 heures comparativement à un taux d’inoculation

supérieur à 3,5%. Au niveau microscopique, Peng, Y., Horne, D. S., et al. (2009) ont

démontré que le réseau protéique produit en six heures ou plus était constitué de plus gros

pores et qu’il était plus poreux comparativement à un yogourt produit en quatre heures, ce

qui augmentait la synérèse et réduisait la contrainte de cisaillement ainsi que le module

élastique G’.

1.4 Distinction entre yogourt ferme et yogourt brassé

Au Canada, les yogourts produits sont principalement de type brassé. La figure 1.1

illustre les principales étapes de fabrication du yogourt et différencie les types fermes et

brassés. Lorsque la fermentation a lieu dans les pots de consommation, les yogourts sont

de type ferme. Lorsqu’elle a lieu dans une cuve industrielle, ce sont des yogourts de type

brassé. Pour la production des yogourts brassés, que ce soit avec ou sans gras, la

fermentation est arrêtée en démarrant un brassage directement dans la cuve de fermentation

lorsque le pH final de fermentation désiré des yogourts est atteint (généralement près du

point isoélectrique des CN de 4,6) tout en le refroidissant graduellement pour atteindre 20

°C pour la mise en pots (Lee, W. J.et Lucey, J. A. (2010), Sodini, I., Remeuf, F., et al.

(2004)). Finalement, les yogourts fermes et brassés sont entreposés à basse température

(près de 4°C) avant d’être acheminé aux détaillants.

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15

Figure 1.1 : Schématisation des principales étapes de fabrication des yogourts de types

ferme et brassé. Adapté de Lee, W. J.et Lucey, J. A. (2010).

Généralement, les producteurs cherchent à produire des yogourts fermes et brassés

ayant le moins de synérèse possible puisque la présence de lactosérum à la surface du

yogourt est considérée comme un défaut chez les consommateurs. De plus, certaines

valeurs de fermeté et de viscosité sont nécessaire à atteindre pour répondre aux exigences

des consommateurs. Dans le cas des yogourts brassés, ces propriétés texturales et

rhéologiques sont diminuées suite au brassage.

1.4.1 Brassage

Après la fermentation, le ML dans la cuve industrielle forme un réseau protéique

gélifié. Un bris du gel en cuve est amorcé par des pales rotatives et la température est

graduellement abaissée. Ce brassage cause un cisaillement détruisant de façon importante

le réseau protéique formé en cuve, ce qui crée des fragments de gel grossier. La résistance

du réseau protéique gélifié au brassage est dépendante de la structure formée pendant la

fermentation.

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16

Pour étudier le yogourt de type brassé, plusieurs auteurs ont d’abord fabriqué des

yogourts de type ferme, qu’ils ont ensuite laissé refroidir à basse température (4 °C) avant

de les brasser pour effectuer leurs analyses (Beal, C., Skokanova, J., et al. (1999), Cayot,

Philippe, Schenker, Flore, et al. (2008)). Serra, M., Trujillo, A. J., et al. (2009) ont étudié

l’impact du brassage à la cuillère de yogourt fait à partir d’un lait ajusté à 3,5% de MG. Ils

ont déterminé que la fermeté et le module élastique G’ étaient toujours plus élevés et la

synérèse toujours plus faible dans les yogourts fermes comparativement aux yogourts

brassés (Sandoval-Castilla, O., Lobato-Calleros, C., et al. (2004)). Par contre, en ajoutant

des MG dans le yogourt brassé, ce dernier pourrait obtenir des propriétés rhéologiques et

physicochimiques similaires à ceux du yogourt ferme. Il a été mentionné précédemment

que la présence de MG augmente de façon importante la fermeté et la viscosité des ML

gélifiés. De ce fait, ces gels protéiques seraient donc plus résistants au brassage grâce aux

nombreuses interactions entre les protéines et les globules gras homogénisés. D’autre part,

certains auteurs ont brassé le yogourt à la température de fermentation lorsqu’un pH de 4,5

était atteint et ensuite, ils les ont rapidement refroidis à 4-5 °C (Damin, M. R., Alcântara,

M. R., et al. (2009), Haque, A., Richardson, R. K., et al. (2001)). Krzeminski, A.,

Tomaschunas, M., et al. (2013) et Krzeminski, Alina, Großhable, Katja, et al. (2011) ont

démontré que l’augmentation de la teneur en MG de 0 à 12 %, dans les yogourts brassés à

la température de fermentation, permettait d’augmenter la contrainte de cisaillement et la

viscosité apparente des yogourts brassés avec un disque perforé et passé à travers une

seringue. De plus, les valeurs d’hystérèse et du module élastique G’ augmentaient non

seulement avec la teneur en MG mais aussi avec le ratio CN/PS. Ces auteurs ont aussi

déterminé que la taille d3.2 des petits fragments de gel après brassage était dépendante

d’une interaction entre le ratio CN/PS et la teneur en MG. Un ratio CN/PS et une teneur en

MG plus élevés permettait de réduire la taille des fragments puisque les liens entre les CN

et les GGH étaient favorisés au détriment des gros agrégats constitués de PS. Toutefois, les

résultats obtenus par un brassage à la cuillère, une tige reliée à un disque perforé ou à l’aide

d’un appareil électrique de laboratoire n’est pas représentatif d’une production industrielle.

Cette dernière comprend un brassage dans une cuve industrielle, un premier

refroidissement à 20 °C, un pompage, un lissage, un écoulement dans les tuyaux vers les

buses de remplissage dans les pots de consommation et un deuxième refroidissement

Page 32: Impact d'un procédé industriel de brassage et de ... · Impact d’un procédé industriel de brassage et de ... (MG), du temps de fermentation (TF), du type de refroidissement

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durant l’entreposage à basse température (près de 4 °C) (Senge, B.et Blochwitz, R. (2009),

Yoon, Won B.et McCarthy, Kathryn L. (2002)). Ces étapes supplémentaires,

comparativement au brassage en laboratoire, peuvent aussi avoir un impact important sur

les propriétés physico-chimiques, texturales et rhéologiques des yogourts brassés.

Quelques auteurs ont utilisé des équipements à l’échelle pilote pour simuler

certaines étapes de la production de yogourt mais, pas dans une suite d’opération

séquentielle complète. Le pompage, situé après l’étape du brassage en cuve industrielle,

force l’écoulement du yogourt brassé dans les tuyaux du système de production

industrielle. Zhang, H., Folkenberg, D. M., et al. (2016) ont démontré qu’un pompage

combiné à un refroidissement à plaques augmentant la pression de 0,1 à 0,4 MPa dans les

tuyaux causait une diminution de la viscosité apparente, du module élastique et de

l’hystérèse ainsi qu’une augmentation de l’indice de synérèse. Il serait donc préférable

d’utiliser un système de pompage fonctionnant à basse pression pour conserver la capacité

de rétention d’eau, la fermeté et la viscosité des yogourts. Par contre un pompage à basse

pression réduit la vitesse de l’écoulement du yogourt dans les tuyaux, ce qui nécessite plus

de temps pour remplir les pots de yogourt. Weidendorfer, K., Bienias, Andrea, et al. (2008)

ont démontré qu’une diminution du pompage et de la vitesse d’écoulement du yogourt à

travers un réservoir conique permettait d’augmenter le module élastique G’ du yogourt

brassé. Schmitt, L., Ghnassia, G., et al. (1998) ajoutent que la vitesse de cisaillement

appliqué par le frottement du yogourt sur la paroi des tuyaux de 2 m entraine une

déstructuration du réseau protéique et cause une diminution de la viscosité apparente du

yogourt préalablement brassé dans la cuve (méthode de brassage non décrite). Senge, B.et

Blochwitz, R. (2009) ont déterminé que la présence d’une étape de lissage, combiné à un

pompage et un refroidissement à plaques à l’échelle pilote, contribuait à obtenir de petits

fragments de gel plus uniforme. Rasmussen, M. A., Janhoj, T., et al. (2007) ajoutent que

le brassage avec un mélangeur de laboratoire combiné à une étape de lissage dans un filtre

tubulaire permet de réduire la granulosité des yogourts brassés. Après le lissage, le premier

refroidissement à 20 °C peut être effectué dans un échangeur de chaleur tubulaire (ECT)

ou à plaques (ECP). Tamime, A. Y.et Robinson, R. K. (2007) rapportent qu’une

température de 20 °C permet de minimiser les dommages structuraux causés par

l’écoulement du yogourt dans les tuyaux puisque le réseau protéique est moins visqueux à

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20 °C qu’à 10 °C. Senge, B.et Blochwitz, R. (2009) rapportent que le système de

refroidissement ECP est compact et offre une plus grande efficacité de refroidissement

comparativement au système ECT. Par contre, le cisaillement subi dans le système ECP

est environ deux fois supérieur au système ECT, ce qui peut nuire aux propriétés texturales

et rhéologiques des yogourts brassés. Après ces étapes, le yogourt est transféré dans les

pots de consommations et entreposé à basse température (4 °C). Cela permet, entre autres,

de ralentir l’oxydation et la post-acidification (Tamime, A. Y.et Robinson, R. K. (2007)).

1.4.2 Entreposage

Durant l’entreposage, les bactéries lactiques, surtout les lactobacilles, continuent

d’acidifier le yogourt, ce qui provoque une post-acidification causant un réarrangement du

réseau protéique (Beal, C., Skokanova, J., et al. (1999)). Serra, M., Trujillo, A. J., et al.

(2009) et Lee, W. J.et Lucey, J. A. (2010) ont démontré que la réduction du pH contribuait

à augmenter les liens hydrophobes, de faible énergie à basse température, entre les CN.

Comparativement au réseau protéique d’un yogourt ferme, celui d’un yogourt brassé

contient de gros fragments dû à la collision des agrégats de CN durant l’étape de brassage

(Lee, W. J.et Lucey, J. A. (2006), Lee, W. J.et Lucey, J. A. (2010)). La formation de liens

entre les CN et PS durant l’entreposage permettait d’augmenter la fermeté et le module

élastique G’. Marafon, A. P., Sumi, A., et al. (2011) ont démontré que le réseau protéique

des yogourts brassés était modifié de façon importante durant les premiers jours

d’entreposage. L’observation par microscopie à balayage électronique a démontré que le

réseau protéique d’un yogourt non enrichi et brassé avec un disque perforé était plus poreux

et moins dense après 24h d’entreposage comparativement à un yogourt enrichi avec des

ingrédients laitiers (PLÉ et CPL). Cela concorde aussi avec les résultats obtenus par

Remeuf, F., Mohammed, S., et al. (2003). Ces auteurs ont déterminé que l’utilisation de

PLÉ et de CPL pour enrichir des yogourts brassés avec un disque perforé permettait

d’obtenir des réseaux protéiques denses après une semaine d’entreposage. En présence de

MG, Güler-Akin, Mutlu B., Serdar Akin, M., et al. (2009) ajoutent que la fermeté et la

viscosité des yogourts brassés avec un mélangeur électrique augmentaient tandis que la

synérèse diminuait.

Page 34: Impact d'un procédé industriel de brassage et de ... · Impact d’un procédé industriel de brassage et de ... (MG), du temps de fermentation (TF), du type de refroidissement

19

Renan, M., Guyomarc'h, F., et al. (2009) rapportent que le pH au moment du

brassage des yogourts influençait le pH final des yogourts durant leur entreposage. À un

pH de brassage de 4,4; 4,7 et 5,0 les yogourts n’atteignaient pas le même pH final après 28

jours d’entreposage. En effet, la post-acidification abaissait les valeurs de pH à 4,20; 4,30

et 4,45, respectivement. Renan, M., Guyomarc'h, F., et al. (2009) ont aussi démontré que

le pH final de fermentation du ML gélifié avant brassage avait un impact important sur le

module élastique G’ et la viscosité du yogourt après brassage. À un pH final de

fermentation plus acide (4,4 vs 4,7), le yogourt ferme avait une plus grande valeur de G’

avant d’être brassé. Après brassage avec un malaxeur maison et un entreposage de 28 jours,

le ML gélifié qui a été brassé à un pH final de fermentation de 4,4 était plus visqueux et

avait un G’ plus élevé que celui brassé à un pH final de fermentation de 4,7. La viscosité

plus élevée pour les yogourts à pH de 4,4 peut être expliqué par la plus grande résistance

de la matrice protéique au cisaillement à bas pH comparativement au yogourt à pH 4,7.

1.3 Problématique

La majorité des études rapportées dans la littérature ont été orientées sur le yogourt

de type ferme sans gras. Quelques études portent sur le yogourt brassé avec une cuillère,

un disque perforé ou un mélangeur électrique (Lee, W. J.et Lucey, J. A. (2006), Marafon,

A. P., Sumi, A., et al. (2011), Renan, Marie, Arnoult-Delest, Véronique, et al. (2008),

Serra, M., Trujillo, A. J., et al. (2009)). Ces études ne rapportent pas les relations entre la

composition (solides totaux et matières grasses), le brassage et les propriétés rhéologiques

des yogourts durant l’entreposage (Ciron, Chr Ian E., Gee, Vivian L., et al. (2011),

Krzeminski, Alina, Großhable, Katja, et al. (2011), Renan, M., Guyomarc'h, F., et al.

(2009)). De plus, ce type de brassage en laboratoire ne représente pas la complexité d’un

système de brassage industriel. Même si certains auteurs ont utilisé des équipements à

l’échelle pilote pour brasser du yogourt, aucun ne l’a fait dans une suite d’opération

séquentielle complète à partir du brassage en cuve jusqu’à la mise en pot (Aguirre-

Ezkauriatza, E. J., Galarza-Gonzalez, M. G., et al. (2008), Yoon, Won B.et McCarthy,

Kathryn L. (2002)). Or, ces étapes successives pourraient causer un cisaillement cumulatif

important et modifier les propriétés rhéologiques des yogourts brassés.

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20

1.4 But, hypothèse, objectif général et objectifs spécifiques

1.4.1 But

Le but de ce projet était de déterminer l’impact du temps de fermentation et de deux

types de refroidissement (tubulaire et à plaques) sur le développement des propriétés

physico-chimiques, texturales et rhéologiques de yogourts riches en matières grasses et

entreposés à 4°C

1.4.2 Hypothèse

La teneur en matières grasses et le temps de fermentation contribuent à former un

réseau protéique dense et stable plus résistant à un brassage de type industriel causant un

cisaillement élevé, ce qui permet de maintenir des propriétés physico-chimiques, texturales

et rhéologiques élevées.

1.4.3 Objectif général

L’objectif de ce projet était d’étudier la relation qui existe entre la teneur en solides

totaux et en matières grasses, le temps de fermentation, le type de brassage industriel et les

propriétés physico-chimiques, texturales et rhéologiques des yogourts brassés.

1.4.4 Objectifs spécifiques

Objectif 1 : Déterminer l’impact de la teneur en matières grasses (0,0; 1,3; 2,6; 3,9

%) sur les propriétés physico-chimiques, texturales et rhéologiques de yogourts après leur

brassage avec un banc d’essai pilote simulant deux types de refroidissement industriel et

durant leur entreposage à basse température.

Objectif 2 : Déterminer l’impact du temps de fermentation sur les propriétés

physico-chimiques, texturales et rhéologiques de yogourts avec et sans gras, brassés avec

un banc d’essai pilote simulant deux types de refroidissement industriel et durant leur

entreposage à basse température.

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21

Chapitre 2 : Impact de la teneur en solides totaux et en

matières grasses ainsi que du type de refroidissement

industriel sur les propriétés rhéologiques de yogourts

brassés à l’aide d’un banc d’essai pilote

Noémie Lussier1,2, Daniel St-Gelais1,2, Sylvie L. Turgeon2

1Centre de recherche en sciences et technologie du lait (STELA) et Institut sur la nutrition

et les aliments fonctionnels (INAF), Université Laval, Québec, QC, Canada, G1K 7P4

2Centre de recherche et de développement de Saint-Hyacinthe, Agriculture et

agroalimentaire Canada, 3600 boulevard Casavant Ouest, Saint-Hyacinthe, QC, Canada,

J2S 8E3

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22

Résumé

Le procédé de production du yogourt brassé est bien connu. Par contre, le brassage

industriel des yogourts est difficile à recréer en laboratoire. Dans ce chapitre, différents

yogourts ont été produits et brassés à l’aide d’un banc d’essai pilote simulant deux types

de refroidissements industriels : un échangeur de chaleur tubulaire causant un cisaillement

faible et un échangeur à plaques provoquant un cisaillement élevé. L’objectif était de

déterminer l’impact de la teneur en solides totaux et en matières grasses sur le

rétablissement des propriétés physico-chimiques, texturales et rhéologiques de yogourts

brassés et conditionnés à l’aide d’un banc d’essai pilote. Les protéines ont été standardisées

à 3,10 % de caséines et 1,10 % de protéines sériques. Quatre yogourts à 16,5 % de solides

totaux ont étés ajustés à 0,0; 1,3; 2,6 et 3,9 % de matières grasses. Un cinquième yogourt,

sans gras ajusté à 14% de solides totaux, servait de témoin. L’analyse des propriétés

physico-chimiques, texturales et rhéologiques des cinq types de yogourts a été effectué

jusqu’à 34 jours d’entreposage à 4°C. L’augmentation des solides totaux de 14 à 16,5 %

avait tendance à réduire la synérèse mais aussi, la fermeté et la viscosité des yogourts

brassés. L’augmentation de la teneur en matières grasses des yogourts a permis elle aussi

de réduire la synérèse, surtout avec le système de refroidissement à plaques et d’augmenter

la fermeté, l’aire des courbes d’hystérèse et la viscosité apparente. De plus, la fermeté était

supérieure avec le système de refroidissement tubulaire, excepté pour le yogourt à 3,9 %

de matières grasses où la fermeté était plus élevée avec le système à plaques. Pendant

l’entreposage les valeurs de fermeté et de viscosité apparente ont augmenté jusqu’à 21

jours, tandis que celles de la synérèse n’ont pas été affectées. Le banc d’essai pilote a donc

permis de brasser des yogourts à différentes teneurs en solides totaux et en matières grasses

et de déterminer l’impact de deux types de refroidissement sur les propriétés physico-

chimiques, texturales et rhéologiques de ces yogourts.

Page 38: Impact d'un procédé industriel de brassage et de ... · Impact d’un procédé industriel de brassage et de ... (MG), du temps de fermentation (TF), du type de refroidissement

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2.1 Introduction

Un choix diversifié de yogourts est disponible auprès des consommateurs

canadiens. Parmi ceux-ci, on retrouve des yogourts sans gras (< 0,05 % de matières grasses

(MG)), faibles en gras (1 à 3% de MG) et des yogourts riches en MG (jusqu’à 10 %)

(Danone)).

La fabrication du yogourt comprend, entre autres, une standardisation des mélanges

laitiers (ML) à yogourts, une homogénéisation, un traitement thermique et une

fermentation. Cette dernière se fait dans les pots de consommation, qui sont ensuite

entreposés à basse température pour les yogourts de type ferme tandis qu’elle est effectuée

dans des cuves industrielles pour les yogourts de type brassé. Par la suite, le gel de yogourt

formé en cuve est brassé, lissé, partiellement refroidi et pompé dans les pots de

consommation qui seront entreposés à basse température. Comparativement au yogourt

ferme, ces étapes successives causent une déstructuration importante du réseau protéique

gélifié et une diminution de la fermeté et de la viscosité du yogourt brassé, qui peuvent être

partiellement récupérées durant l’entreposage (Haque, A., Richardson, R. K., et al. (2001),

Krzeminski, Alina, Großhable, Katja, et al. (2011) et Ramaswamy, Hosahalli S., Chen,

Cuiren R., et al. (2015)).

La standardisation et la fortification de la composition des ML en protéines et en

solides totaux (ST) (solides non gras (SNG) et MG), par l’ajout d’ingrédients laitiers

(concentrés protéiques de lactosérum (CPL), poudres de lait écrémé (PLÉ), isolats

protéique de lactosérum, caséinates de calcium, etc.), permet d’obtenir des propriétés

physico-chimiques, texturales et rhéologiques supérieures à des yogourts non fortifiés

(Kalab, M., Allan-Wojtas, P., et al. (1983), Krzeminski, Alina, Großhable, Katja, et al.

(2011), Marafon, A. P., Sumi, A., et al. (2011), Sodini, I., Remeuf, F., et al. (2004), Wu,

Sha, Li, Dong, et al. (2009)). Remeuf, F., Mohammed, S., et al. (2003) ont démontré que

la variation de la teneur en caséines (CN), protéines sériques (PS) et du ratio CN/PS, en

ajoutant de la PLÉ ou du CPL dans un lait standardisé à 2,5 % de MG, modifiait les

propriétés des yogourts, brassés à l’aide d’un disque perforé. Ainsi, l’ajout de PLÉ dans le

lait standardisé réduisait la taille des micelles de CN et augmentait la capacité de rétention

d’eau dans le yogourt brassé mais, cela réduisait la viscosité apparente de ce dernier

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comparativement à l’ajout de CPL dans lait standardisé. La présence de CPL permettait

d’obtenir un réseau protéique plus homogène constitué de plusieurs petites mailles et

chaînes de micelles de CN. Par contre, Sandoval-Castilla, O., Lobato-Calleros, C., et al.

(2004) rapportent qu’une utilisation excessive de ces ingrédients laitiers (PLÉ, CPL ou

caséinates de sodium) peut créer certains défauts tels qu’une texture granuleuse, une

distribution irrégulière des particules de protéines et même une sur-acidification. Ces

auteurs ajoutent qu’il est possible de réduire l’utilisation des ingrédients laitiers en

remplaçant une fraction de ces derniers par des MG et/ou des substituts de MG pour obtenir

des propriétés texturales et rhéologiques supérieures au yogourt fermes sans gras et ce, sans

les défauts reliés à une surutilisation des ingrédients laitiers. Lee, W. J.et Lucey, J. A.

(2010), Nguyen, Hanh Thi Hong, Ong, Lydia, et al. (2014), Nguyen, Hanh Thi Hong, Ong,

Lydia, et al. (2015) et Ong, L., Dagastine, R. R., et al. (2010) ont démontré qu’après

l’homogénéisation des globules gras, leur taille est réduite de 5 µm à 1-2 µm de diamètre

et que leur membrane est modifiée après un traitement thermique de sorte qu’elles sont

majoritairement recouvertes de micelles de CN pouvant participer à la formation du réseau

protéique pendant la fermentation. La MG contribue donc à former un réseau protéique

ayant une capacité de rétention d’eau, une fermeté et une viscosité supérieure aux yogourts

sans gras.

En laboratoire il est difficile recréer un brassage du yogourt de type industriel.

Quelques auteurs ont utilisé des méthodes de brassage du yogourt à l’échelle laboratoire

en utilisant une cuillère, une tige reliée à une plaque perforée ou un mélangeur à hélice

(Famelart, M. H., Guyomarc’h, F., et al. (2011), Haque, A., Richardson, R. K., et al.

(2001), Pereira, Rogerio, Matia-Merino, Lara, et al. (2006)). Ces études ont permis de

démontrer qu’un brassage de type laboratoire d’un yogourt ferme cause un bris des liens

protéiques, diminuant la fermeté et la viscosité du yogourt brassé comparativement au

yogourt ferme (Haque, A., Richardson, R. K., et al. (2001), Krzeminski, Alina, Großhable,

Katja, et al. (2011), Lamontagne, M. (2010), Serra, M., Trujillo, A. J., et al. (2009)).

Cependant, ce type de brassage ne représente pas adéquatement la complexité du processus

de brassage et de conditionnement à l’échelle industrielle. Peu d’auteurs ont démontré

l’impact séquentiel du brassage et de l’écoulement du yogourt dans des tuyaux en

conditions simulant les conditions industrielles. Schmitt, L., Ghnassia, G., et al. (1998) et

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Abu-Jdayil, Basim, Nasser, M. S., et al. (2013) ont utilisé un système pilote et semi-

industriel combinant un réservoir à yogourt, une pompe, et un tuyau droit de 2 à 10 m de

long et ils ont conclu que l’écoulement du yogourt brassé dans un tuyau impliquait un

cisaillement important contre les parois, ce qui causait une déstructuration du réseau

protéique, surtout en absence de MG. En effet, les yogourts riches en MG résistaient

davantage aux traitements mécaniques et à la contrainte de cisaillement. La viscosité

apparente était donc plus élevée dans les yogourts riches en MG comparativement au

yogourt sans gras. Les méthodes utilisées par les auteurs se rapprochaient plus du procédé

industriel que les méthodes de brassage en laboratoire. Cependant, les auteurs n’ont pas

précisé les méthodes de brassage et de refroidissement utilisées pour conditionner le

yogourt brassé à 20 °C, ni l’impact de la pompe sur les propriétés rhéologiques du yogourt

brassé. De plus, leur système n’incluait pas de lissage, ce qui peut aussi avoir un impact

important sur les propriétés physico-chimiques, texturales et rhéologiques des yogourts

brassés.

L’utilisation d’un banc d’essai pilote complet (brassage en cuve, pompage, lissage,

écoulement dans les tuyaux, refroidissement de type industriel) permettrait donc de se

rapprocher davantage des conditions industrielles de production de yogourt brassé pour

déterminer leur impact cumulatif. De plus, l’utilisation d’un système de refroidissement

tubulaire, comparativement à un refroidissement avec un système à plaques, permettrait de

minimiser le cisaillement subi par le yogourt brassé, et donc de réduire le niveau de

déstructuration du gel. Finalement, comme pour les yogourts de type ferme, les MG

permettraient la formation d’interactions entre les GGH et les CN, à la différence des

yogourts sans gras ne contenant pas de MG. Les interactions entre les GGH et les CN

contribueraient à une plus grande résistance au cisaillement due au brassage et au

refroidissement. La présence de MG dans les yogourts permettrait donc d’obtenir une

fermeté et une viscosité plus élevées pendant l’entreposage comparativement aux yogourts

sans gras de type brassé (Abu-Jdayil, Basim, Nasser, M. S., et al. (2013)).

L’objectif de cette étude était de déterminer l’impact de la teneur en solides totaux

et en matières grasses sur les propriétés physico-chimiques, texturales et rhéologiques de

différents yogourts, brassés en utilisant un banc d’essai pilote comprenant deux types de

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refroidissement industriel : un échangeur de chaleur industriel à plaques provoquant un

cisaillement élevée et un échangeur de chaleur de type tubulaire provoquant un faible

cisaillement.

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2.2 Matériel et méthodes

2.2.1 Ingrédients laitiers

Le lait entier utilisé dans ce projet provenait de la laiterie Chalifoux Inc. (Sorel-

Tracy, QC, Canada). Le lactose grade 300 et la poudre de lait écrémé (PLÉ) provenaient

de Quadra Chemicals (Vaudreuil, QC, Canada) et le concentré protéique de lactosérum

(CPL) d’Agropur (Saint-Hyacinthe, QC, Canada). La composition de la PLÉ et du CPL est

présentée au tableau 2.1. La teneur en ST du lactose grade 300 était de 99,44 %.

Tableau 2.1 : Composition des ingrédients laitiers

Composition1 PLÉ ″low-heat″ CPL 34 %

PT (%) 35,00 34,12

PS (%) 5,73 ND

CN (%) 28,93 ND

ST (%) 97,65 97,40

MG (%) 0,68 1,44 1 PT, Protéines totales; PS, protéines sériques; CN, caséines; ST, solides totaux; MG,

matières grasses; ND, non déterminé.

2.2.2 Préparation du ferment lactique

Une culture commerciale thermophile mixte Yo-Dolce, sous forme lyophilisée, a

été utilisée pour la production des yogourts. Elle a été gracieusement fournie par Biena

(Saint-Hyacinthe, QC, Canada). Elle était constituée de Streptococcus thermophilus et de

Lactobacillus delbrueckii ssp. bulgaricus à un ratio streptocoques/lactobacilles de 95 :5.

Pour chaque journée de production de yogourt, un ferment a été préparé la journée

précédente. Pour se faire, un lait écrémé était reconstitué à 12 % (p/p) avec de la PLÉ et de

l’eau déionisée (18 MΩ) puis traité thermiquement à l’autoclave à 110 °C pendant six

minutes. Pour s’assurer que le lait a réellement été chauffé pendant six minutes à la bonne

température, une sonde de température a été insérée dans une bouteille équivalente

contenant le même volume en eau à côté de la bouteille contenant le mélange laitier. Par la

suite, ce lait était refroidi dans un bain d’eau glacée afin de réduire sa température à 41 °C,

puis ensemencé à un taux de 1 g/L avec la culture commerciale Yo-Dolce. Le lait inoculé

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était incubé à 41 °C afin d’obtenir un ferment à un pH de 4,70 ± 0,01 en 4,5 ± 0,5 heures.

Le ferment était ensuite refroidi rapidement et conservé à 4 °C jusqu’à son utilisation.

2.2.3 Mélange laitier

Un calcul matriciel a été utilisé pour ajuster les teneurs en CN, PS, ST et MG dans

les différents ML. La composition des ML avant traitement thermique a été analysée par

les méthodes officielles (Association of Official Agricultural Chemists (AOAC) (2000))

du dosage de l’azote par Kjeldahl et des MG par Rose-Gottlieb avec l’extracteur

Mojonnier. La teneur en ST a été déterminée suite à un chauffage sous vide à 100 °C

pendant trois heures (Association of Official Agricultural Chemists (AOAC) (1990)). Les

résultats ont été comparés aux valeurs obtenues (protéines totales, ST, MG) avec l’appareil

à infra-rouge FT-120 (Foss North America, MN, États-Unis). L’analyse de la composition

des yogourts a été effectuée sur les ML après traitement thermique avec le FT-120

uniquement. Les teneurs en CN et en PS ont été calculées à partir des résultats en protéines

totales obtenus. L’annexe 1 présente les différents calculs pour déterminer la composition

des ML et des yogourts.

La journée précédant la production de yogourt, un total de 140 kg de lait entier cru

a été versé dans une cuve à double paroi et chauffé à 63 °C sous agitation avec un

mélangeur (Batch mixer Graitec limited, Longueuil, QC, Canada). Ensuite, le lait a été

écrémé avec une centrifugeuse écrémeuse (DeLaval Company Limited, modèle 618,

Peterborough, ON, Canada). Le débit du lait écrémé a été ajusté afin d’obtenir une crème

à 58 ± 3 % de MG. Le lait écrémé et la crème obtenus ont été analysés avec un analyseur

à infrarouge FT-120 (Foss North America, MN, États-Unis) pour d’obtenir les valeurs en

protéines totales, MG et ST. Ces valeurs ont été utilisées dans le calcul matriciel afin de

quantifier la proportion de chaque ingrédient sec à mélanger avec le lait écrémé et la crème

pour obtenir cinq yogourts différents. La teneur en protéines et le ratio CN/PS ont été

standardisés pour éliminer l’impact de la teneur en protéines et s’attarder sur l’impact de

la teneur en MG dans les yogourts brassés. Pour quatre yogourts, les teneurs cibles en PS,

CN et ST étaient 1,11; 3,10 et 16,5 %, respectivement. La teneur en MG pour ces quatre

yogourts était de 0,0 % (Y0,0), 1,3 % (Y1,3), 2,6 % (Y2,6) et 3,9 % (Y3,9). Le dernier ML

était pour la production d’un yogourt témoin (YT) contenant aussi 1,11 % de protéines

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sériques, 3,10 % de caséines et 0 % de MG mais, les ST totaux ont été ajusté à 14 % à la

différence du yogourt Y0,0 qui a été ajusté à 16,5 % de ST. Le yogourt YT a été produit à

titre comparatif avec le yogourt Y0,0 pour déterminer l’impact de l’augmentation des

solides totaux avant d’ajouter des matières grasses. Pour chaque ML, la quantité de crème

prédéterminée par le calcul matriciel a été immédiatement diluée dans 5 L de lait écrémé

avant d’être conservée à 4 °C jusqu’à son utilisation pour éviter sa solidification due à sa

concentration élevée en MG (58%). Le reste du lait écrémé a été refroidi sous agitation

dans la même cuve à double paroi mais, branchée à de l’eau glacée. L’agitation a été arrêtée

lorsque la température avait atteint 4 °C pour conserver le lait écrémé jusqu’au lendemain.

2.2.4 Production de yogourt

Les cinq types de yogourts étaient associés à deux types de refroidissement

industriel (échangeur de chaleur tubulaire (ECT) ou à plaques (ECP)), ce qui faisait un

total de 10 ML laitiers à préparer. Un tirage aléatoire a été effectué pour déterminer les ML

à préparer pour chaque jour de production, comme trois yogourts par jour pouvaient être

produit, une fois par semaine. Quatre semaines de production étaient nécessaires pour

compléter une répétition.

La journée de la production, le lait écrémé a été agité dans la cuve pendant

15 minutes à température pièce avant de peser la quantité nécessaire pour chaque ML. Le

lait écrémé, la crème préalablement diluée et les ingrédients laitiers secs ont été mélangés

en circuit fermé dans une cuve à simple paroi reliée à une pompe Alfa-Laval (type FM-

O/115, Lund, Suède) pendant cinq minutes.

Ensuite, le ML a été transféré dans le système d’homogénéisation et de

pasteurisation (500-2000 L/h, Alfa-Laval, Lund, Suède). Chacun a été préchauffé à 60°C

avec de l’eau chauffée à la vapeur et ensuite homogénéisé en deux passes de 13,80 MPa et

de 3,45 MPa. Après, les ML ont été chauffés dans un pasteurisateur à plaques à 94,5°C et

ils ont circulé dans un système en serpentin pour maintenir cette température pendant cinq

minutes. Les ML ont ensuite été refroidis dans une section de régénération ajustée à 40 ±

1 °C avec une valve d’eau chaude. Un total de 25 kg de chaque ML a été versé dans une

cuve à déversoir conique de 30 kg spécialement conçue pour s’adapter au banc d’essai

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pilote. À ce moment, un échantillon de chaque ML a été prélevé et analysé avec l’appareil

infrarouge FT-120 pour s’assurer que les compositions cibles en ST et en protéines totales

étaient atteintes. Chaque cuve a été transférée dans un incubateur à yogourt (Schneider

Electric Magelis, Brossard, QC, Canada) d’une capacité de trois cuves et préalablement

réglé à 40 °C pour l’étape de fermentation. Les ML ont ensuite été inoculés à un taux de

1,5 % (p/p) avec le ferment préparé la veille (section 2.2.2) par intervalle d’une heure pour

permettre le brassage et le conditionnement d’un yogourt avant que le suivant soit prêt. Le

suivi du pH a été effectué aux heures ce qui permettait de suivre les courbes d’acidification

des yogourts. Lorsque les yogourts atteignaient un pH de 4,70 ± 0,01, ce qui nécessitait en

moyenne 3,50 ± 0,25 heures, la cuve à déversoir conique était branchée directement au

banc d’essai pilote pour initier immédiatement le brassage et le conditionnement.

2.2.5 Banc d’essai pilote

Le banc d’essai pilote, présenté à la figure 2.1, a été configuré afin de recréer les

conditions industrielles de fabrication du yogourt brassé. Un fois connectée au banc d’essai

pilote, un mélangeur à pales hélicoïdales (inspiré de Tamine, A. Y.et Robinson, R. K.

(1999)) relié à un moteur à vitesse variable Penta KB Power (modèle NEMA-4X/IP-65,

Baldor industrial motor, Clarksville, AK, États-Unis) était inséré dans la cuve à déversoir

conique. Le yogourt a été brassé à 30 rpm pendant cinq minutes. Ensuite, la vitesse a été

réduite à 15 rpm avant de démarrer la pompe à action positive (modèle 018, Universal Lobe

Pump, Waukesha, WI, États-Unis). La vitesse du mélangeur a été maintenue à 15 rpm tout

au long du conditionnement. Après le brassage en cuve, la température de tous les yogourts

a chuté en moyenne à 37 °C. Un manomètre digital (Qualtech distribution, Québec, QC,

Canada) situé après la pompe indiquait la pression à travers le tuyau. Cette pression était

maintenue constante pendant le passage du yogourt en modulant la vitesse de la pompe, ce

qui permettait, en moyenne, d’écouler 25 kg de yogourt en 28 minutes et donc, d’obtenir

un débit constant de 0,88 L/min pour tous les yogourts. Une buse de lissage conique

(mailles de 425 µm de diamètre) permettant de réduire la taille des particules de gel était

située avant les systèmes de refroidissement. Un premier thermocouple (Type K, Omega

Engineering, Stamford, CT, États-Unis) situé entre la buse de lissage et la valve

tri directionnelle était relié à un appareil enregistrant la température du yogourt (OM-

Daqpro-5300, Omega Engineering, Stamford, CT, États-Unis). Le yogourt brassé a ensuite

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été acheminé, grâce à la valve tri directionnelle, vers l’échangeur de chaleur tubulaire

(ECT) ou vers l’échangeur de chaleur à plaques (ECP). Les deux systèmes de

refroidissement permettaient d’abaisser la température de 37 °C à 20 °C. Le système ECT

était composé d’un tuyau à double paroi (3,4 cm de diamètre, 431,8 cm de long)

(PG7757/84 Sepak Industries pty Itd, Sydney, Australie) permettant un refroidissement à

contre-courant avec de l’eau à 10 °C. Le système ECP était composé d’un échangeur de

chaleur à plaques de 3,4 L (type A3-HBM, Alfa-Laval, Lund, Suède) avec une circulation

d’eau à contre-courant ajusté à 20 °C et d’un tuyau à simple paroi (3,4 cm de diamètre,

215,9 cm de long). Un deuxième thermocouple, situé après le système de refroidissement,

a permis le suivi de la température de sortie du yogourt au moment de la mise en pots.

Finalement, un tuyau de restriction en forme de coude à 90 ° (2,3 cm de diamètre, 30,5 cm

de long) a permis de récolter le yogourt brassé dans des pots de plastique de 175 g

(Plastipak, GenPak, Boucherville, QC, Canada). Tous les pots de yogourt ont été

entreposés pendant 34 jours dans une chambre froide à aire forcée réglée à 4 °C (310 x 240

cm) (Bally engineered structures Inc., Bally, PA, États-Unis). Des pots ont été prélevés

aléatoirement après 1, 3, 7, 21 et 34 jours pour effectuer les analyses subséquentes.

2.2.6 Analyses

2.2.6.1 Teneurs en protéines, en matières grasses et en solides totaux

Suite au traitement thermique, les différents ML ont été analysés avec l’appareil

infra-rouge FT-120 (Foss North America, MN, États-Unis) pour obtenir leur composition

en protéines totales, solides totaux et matières grasses. L’annexe 1 présente les calculs

permettant d’obtenir les teneurs en protéines sériques et caséines.

La teneur en solides totaux (Association of Official Agricultural Chemists (AOAC)

(1990)) a été déterminée à l’aide d’un four sous vide et comparée aux valeurs obtenues par

le FT-120. Un échantillon de 1,5 g (PLÉ, CPL, lactose, ML ou yogourt) était pesé et réparti

uniformément dans une cupule d’aluminium jetable préalablement conditionnée à 100 °C

pendant 30 minutes. Les cupules étaient ensuite transférées dans le four sous vide réglé à

100 °C pendant trois heures pour les yogourts et cinq heures pour les poudres. L’équation

suivante a été utilisée pour obtenir la teneur en solides totaux :

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(1) % 𝑆𝑜𝑙𝑖𝑑𝑒𝑠 𝑡𝑜𝑡𝑎𝑢𝑥 = 𝑃𝑜𝑖𝑑𝑠 𝑑𝑒 𝑙𝑎 𝑐𝑢𝑝𝑢𝑙𝑒 𝑎𝑣𝑒𝑐 𝑙′é𝑐ℎ𝑎𝑛𝑡𝑖𝑙𝑙𝑜𝑛 (𝑔)− 𝑃𝑜𝑖𝑑𝑠 𝑑𝑒 𝑙𝑎 𝑐𝑢𝑝𝑢𝑙𝑒 (𝑔)

𝑃𝑜𝑖𝑑𝑠 𝑑𝑒 𝑙′é𝑐ℎ𝑎𝑛𝑡𝑖𝑙𝑙𝑜𝑛(𝑔) 𝑋 100

Figure 2.1 : (a) Schématisation du banc d’essai pilote : M, mélangeur à pales hélicoïdales;

CDC, cuve à déversoir conique; PP, pompe à action positive; MD, manomètre digital; L,

buse de lissage; T1, température à la sortie de la cuve; V, valve tri directionnelle; ECT,

échangeur de chaleur tubulaire; ECP, échangeur de chaleur à plaques; T2, température à la

sortie du refroidissement, (b) illustration du banc d’essai pilote complet et illustrations (c)

du mélangeur à pales hélicoïdales (M), (d) de la buse de lissage (L), (e) de la valve tri

directionnelle (V) et (f) du thermocouple (T2) relié au coude à 90 °C

(d) (e) (f) (c)

V

T2

L

(a)

ECP

ECT

CDC

PP

(b)

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2.2.6.2 pH et acidité titrable

Les valeurs de pH du ferment et durant la production du yogourt ont été déterminées à

l’aide d’un pH-mètre portatif Hanna Instruments (modèle HI 99161, Laval, QC, Canada).

Durant l’entreposage, un titrateur DL15 Mettler-Toledo (Anachemia/VWR, Anjou, QC,

Canada) a été utilisé pour déterminer le pH et l’acidité titrable des yogourts brassés. Pour

chaque mesure effectuée, un échantillon de 10 g a été prélevé et agité avec un barreau

magnétique permettant une bonne lecture du pH. Ensuite, 10 g d’eau déionisée (18 MΩ)

ont été ajoutés pour titrer l’échantillon de yogourt avec du NaOH 1/9. La valeur d’acidité

titrable en degré Dornic (°D) était obtenue lorsque le pH atteignait 8,6. Les mesures ont été

effectuées en duplicata avec deux pots de yogourt différents.

2.2.6.3 Indice de synérèse

L’indice de synérèse forcée a été mesuré en duplicata en prélevant 25 g de yogourt

par pot à l’aide d’un échantillonneur à yogourt spécialement conçu à cette fin (Gentès,

Marie-Claude, St-Gelais, Daniel, et al. (2011)). Les échantillons ont été déposés dans des

tubes Falcon à fond conique de 50 mL Thermo Fisher Scientific Inc. (Fisher Brand, Life

Technologies Inc., Burlington, ON, Canada) et centrifugés à 1000 rpm pendant 20 minutes

à 4 °C dans une centrifugeuse Thermo Scientific (modèle Sorvall ST40R centrifuge, rotor

TX-750, godet 3608, MA, États-Unis). Le lactosérum était versé par décantation et pesé

dans un contenant pré-pesé sur une balance. L’équation (2) a été utilisée pour obtenir

l’indice de synérèse :

(2) % 𝑠𝑦𝑛é𝑟è𝑠𝑒 =𝑃𝑜𝑖𝑑𝑠 𝑑𝑒 𝑙𝑎𝑐𝑡𝑜𝑠é𝑟𝑢𝑚 𝑟𝑒𝑐𝑢𝑒𝑖𝑙𝑙𝑖

𝑃𝑜𝑖𝑑𝑠 𝑑𝑒 𝑦𝑜𝑔𝑜𝑢𝑟𝑡 𝑋 100

2.2.6.4 Fermeté

La fermeté des yogourts a été mesurée à 4 °C à l’aide d’un texturomètre TA-XT2

(Texture Technologies Corp., Scarsdale, N-Y, États-Unis) avec une cellule de charge de 5

kg et du logiciel Texture Exponent 32, version 1.0.0.92. Une sonde cylindrique de 25x35

mm pénétrait dans le yogourt à une vitesse de 1,0 mm/sec jusqu’à 10 mm de profondeur

suivi d’une pause de 2 secondes avant de remonter à sa hauteur initiale. Un total de cinq

pots par yogourt a été analysé pour obtenir une bonne répétitivité (Gentès, Marie-Claude,

St-Gelais, Daniel, et al. (2011)). La fermeté a été calculée selon l’équation (3) suivante :

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(3) 𝐹𝑒𝑟𝑚𝑒𝑡é (𝑁𝑚²⁄ ) =

𝐹𝑜𝑟𝑐𝑒 𝑚𝑎𝑥𝑖𝑚𝑎𝑙𝑒 𝑜𝑏𝑡𝑒𝑛𝑢𝑒 (𝑁)

𝑆𝑢𝑟𝑓𝑎𝑐𝑒 𝑑𝑒 𝑐𝑜𝑛𝑡𝑎𝑐𝑡 𝑑𝑒 𝑙𝑎 𝑠𝑜𝑛𝑑𝑒 (4,91 𝑋 10−4𝑚2)

2.2.6.5 Courbe d’hystérèse et viscosité apparente

Un rhéomètre Anton Paar GmbH avec un système de mesure à cylindres coaxiaux

CC-27 - SN23489 (28,924 mm) (modèle MCR 301, Anton-Paar, Saint-Laurent, QC,

Canada) était combiné à un système de contrôle thermique Peltier pour cylindres

concentriques pour effectuer les analyses rhéologiques à 4 °C. Le même préleveur

d’échantillons à yogourt, utilisé pour l’analyse de synérèse, a été utilisé pour prélever 21 g

de yogourt et les déposer au fond du cylindre fixe du rhéomètre. La sonde cylindrique

mobile était ensuite abaissée et un temps de repos de cinq minutes a été maintenu pour que

le gel du yogourt se stabilise avant le début de l’analyse. Ce temps avait été déterminé suite

à des essais préliminaires. Les courbes d’hystérèse étaient réalisées en appliquant une

rampe de vitesse de cisaillement graduelle en deux étapes de 0 à 100 s-1 et de 100 à 0 s-1

(Ramchandran, L.et Shah, N. P. (2009)). Le programme RheoPlus 3.40 a permis

d’enregistrer 20 valeurs de contrainte de cisaillement par courbe, correspondant à chaque

tranche de 5,0 ± 0,3 s-1 en fonction de la vitesse de cisaillement correspondante. La surface

entre ces deux courbes a été calculée pour obtenir une aire en unité arbitraire (ua) (annexe

2). De plus, le logiciel calculait la viscosité apparente à 10,5 s-1. Cette vitesse de

cisaillement représente ce que pourrait subir un yogourt non seulement pendant la

mastication (101 à 102 s-1) mais également, durant l’écoulement par gravité (10-1 à 101 s-1)

ou forcée dans des conduites industrielles (100 à 104 s-1) (René, F. (1997)).

2.2.6.6 Dénombrement microbien

La peptone (Bacto™ no 211677) nécessaire à la préparation des bouteilles de

dilutions, l’agar granulé (Difco™ no 214530), les milieux de cultures M17 Broth (Difco™

no 218561) et MRS Broth (Difco™ Lactobacilli no 288130) ainsi que le lactose (Difco™

no 215620) nécessaire au dénombrement bactérien provenaient de Becton, Dickinson and

Company (Sparks, MD, États-Unis).

Pour chaque jour d’analyse, les échantillons de yogourts ont été dilués dans l’eau

peptonée 0,1 % (p/v) contenant des billes de verres (4 mm de diamètre). Ces dernières

permettaient de détruire la formation potentielle de chaînes de streptocoques et de

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lactobacilles suite à une agitation vigoureuse des bouteilles 40 fois (St-Gelais, Danielet

Haché, Sylvie (2006)). Les bactéries ont été dénombrées par la méthode d’ensemencement

dans la masse. Le milieu de culture M17 supplémenté en lactose a été utilisé pour

déterminer la population des streptocoques tandis que le milieu MRS acidifié a été utilisé

pour déterminer celle des lactobacilles. L’eau peptonée et les milieux de culture gélosés

ont été préalablement stérilisés à l’autoclave à 121 °C pendant 10 minutes. Le milieu gélosé

MRS était ensuite acidifié avec de l’acide acétique glacial pour obtenir un pH de 5,5. Les

milieux de culture étaient placés dans un bain thermostaté à 45 °C jusqu’à leur utilisation.

Une fois les boîtes de Pétri inoculées et les milieux de culture coulés et figés, les boîtes de

Pétri ont été incubées en anaérobiose pendant 48 heures à 37 °C. Les dénombrements se

faisaient sur des boîtes de Pétri dont la dilution permettait de compter entre 30 et 300

colonies (Marafon, A. P., Sumi, A., et al. (2011)). Le nombre a ensuite été converti en unité

formatrice de colonie par millilitre (UFC/mL).

2.2.7 Analyses statistiques

Un dispositif expérimental en plan factoriel 5x2 soit cinq types de yogourts (YOG :

YT; Y0,0; Y1,3; Y2,6 et Y3,9) et deux types de système de refroidissement (REF : ECT

et ECP) a été utilisé pour déterminer leurs impacts sur les valeurs de pH, d’acidité titrable,

de fermeté, d’hystérèse et de viscosité apparente. Un plan en tiroir de type «split-plot» a

été utilisé pour déterminer l’impact du temps d’entreposage (TE) sur la restructuration de

la matrice protéique des yogourts brassés. Le dispositif expérimental a été répété 4 fois.

L’analyse de la variance était testée à P ≤ 0,05 (annexe 3). Les analyses statistiques étaient

effectuées selon la procédure GLM du logiciel SAS (version 2.0.4, Edition, SAS Inst. Inc.,

Cary, NC, États-Unis).

Page 51: Impact d'un procédé industriel de brassage et de ... · Impact d’un procédé industriel de brassage et de ... (MG), du temps de fermentation (TF), du type de refroidissement

36

2.3 Résultats

2.3.1 Mélanges laitiers

La composition visée de tous les ML a atteinte. Pour tous les yogourts, la teneur en

protéines totales, protéines vraies, caséines, protéines sériques ainsi que le ratio CN/PS

était respectivement de 4,49 ± 0,24 %, 4,24 ± 0,05 %, 3,11 ± 0,03 %, 1,12 ± 0,02 % et 2,79

± 0,06. La teneur en MG des yogourts sans gras (YT et Y0,0) était inférieure à 0,1 %. La

teneur en MG des yogourts Y1,3; Y2,6 et Y3,9 était respectivement de 1,31 ± 0,12 %, 2,67

± 0,13 % et 3,92 ± 0,10 %.

2.3.2 Populations bactériennes

L’analyse statistique n’a révélé aucun effet significatif des facteurs YOG, REF et

TE sur la population des streptocoques. Par contre, une interaction double significative

(P ≤ 0,05) entre YOG et TE a été observée au niveau de la population des lactobacilles. Le

facteur REF n’a eu aucun impact significatif sur la population des lactobacilles.

L’évolution de la population des streptocoques et des lactobacilles durant

l’entreposage est présentée à la figure 2.2. La population des streptocoques était en

moyenne de 7,59 ± 1,00 x 108 UFC/mL dans tous les yogourts (figure 2.2a). Elle était

toujours supérieure à celle des lactobacilles dans tous les yogourts et durant l’entreposage.

La population des lactobacilles aux jours 1 et 3 était significativement plus élevée pour les

yogourts YT, Y0,0 et Y1,3 comparativement aux yogourts Y2,6 et Y3,9 (figure 2.2b). Au

jour 7, la population des lactobacilles était similaire pour tous les types de yogourts, à

l’exception de Y3,9 où la population était inférieure. Après le jour 7, la population des

lactobacilles a diminué dans tous les yogourts jusqu’au jour 34. Cette diminution était

significativement plus prononcée dans les yogourts Y2,6 et Y3,9.

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37

Figure 2.2 : Évolution (a) de la population des streptocoques et (b) des lactobacilles pour

les yogourts brassés à 14 (YT) et 16,5 % (Y0,0) de solides totaux sans gras et les yogourts

brassés à 16,5 % de solides totaux contenant 1,3 (Y1,3), 2,6 (Y2,6) et 3,9 % (Y3,9) de

matières grasses, pendant 34 jours d’entreposage à 4 °C Les barres d’erreur représentent

l’erreur standard sur la moyenne.

2.3.3 Propriétés physico-chimiques

pH et acidité titrable

L’analyse statistique de l’effet du pH a révélé une interaction double significative

(P ≤ 0,01) entre YOG et TE, par contre le facteur REF n’a eu aucun impact significatif. Au

niveau de l’acidité titrable, les facteurs YOG, REF et TE ont tous eu un effet significatif

(P ≤ 0,05) individuel. Aucune interaction significative entre ces facteurs n’a été observée

pour l’acidité titrable.

L’évolution du pH dans les différents yogourts durant les 34 jours d’entreposage

est présentée à la figure 2.3. En général, le pH diminuait significativement pour tous les

yogourts pendant l’entreposage. Durant les 34 jours d’entreposage, le yogourt YT avec 14

% de SNG présentait un pH toujours inférieur à celui de Y0,0 contenant 16,5 % de SNG.

D’autre part, pour un même taux de SNG de 14 % (YT et Y2,6), le pH du yogourt Y2,6

était toujours supérieur à celui du yogourt YT, sauf pour les jours 1 et 3 où les valeurs

(a)

(b)

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38

étaient similaires. Au jour 1 le pH des yogourts Y0,0; Y1,3 et Y3,9 était significativement

supérieur aux yogourts YT et Y2,6. Au jour 3 les pH des yogourts Y0,0; Y1,3 et Y3,9

étaient similaires et non significativement supérieurs au yogourt Y2,6 mais,

significativement supérieurs au yogourt YT. Après 7 jours d’entreposage, la diminution du

pH du yogourt YT était plus prononcée comparativement aux autres yogourts, ce qui

rendait son pH significativement inférieur. Au jour 21, le pH des yogourts Y0,0; Y1,3;

Y2,6 et Y3,9 était similaire mais, le pH du yogourt YT était significativement inférieur à

celui du yogourt Y0,0. Au jour 34, le pH du yogourt YT n’était pas significativement

différent des yogourts Y0,0 et Y1,3 mais, significativement inférieur aux yogourts Y2,6 et

Y3,9. À la fin de l’entreposage, le pH du yogourt YT se situait à 4,21 tandis qu’il était près

de 4,24 pour tous les autres yogourts. Malgré les différences significatives observées pour

les valeurs de pH, celles-ci sont mineures, surtout à partir du 21e jour d’entreposage.

Figure 2.3 : Évolution du pH pour les yogourts brassés à 14 (YT) et 16,5 % (Y0,0) de

solides totaux sans gras et les yogourts brassés à 16,5 % de solides totaux contenant

1,3 (Y1,3), 2,6 (Y2,6) et 3,9 % (Y3,9) de matières grasses, pendant 34 jours d’entreposage

à 4 °C. Les barres d’erreur représentent l’erreur standard sur la moyenne.

L’évolution de l’acidité titrable est présentée à la figure 2.4. L’acidité titrable des

yogourts YT et Y0,0 était similaire, malgré l’augmentation de la teneur en SNG de 14 à

16,5 %, et significativement supérieure à l’acidité titrable du yogourt Y3,9 (figure 2.4a).

4,15

4,20

4,25

4,30

4,35

4,40

4,45

4,50

4,55

4,60

0 5 10 15 20 25 30 35

pH

Temps d'entreposage (jours)

YT Y0,0 Y1,3 Y2,6 Y3,9

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39

Par contre, l’acidité titrable des yogourts Y1,3 et Y2,6 n’était pas significativement

différente des autres yogourts. En général, les valeurs d’acidité titrable étaient

significativement plus élevées pour les yogourts refroidis avec le système ECT (figure

2.4b). Finalement, l’acidité titrable de tous les yogourts augmentait graduellement du jour

1 au jour 21 et se stabilisait après le jour 21 (figure 2.4c).

Figure 2.4 : Évolution de l’acidité titrable (a) pour les yogourts brassés à 14 (YT) et 16,5

% (Y0,0) de solides totaux sans gras et les yogourts brassés à 16,5 % de solides totaux

contenant 1,3 (Y1,3), 2,6 (Y2,6) et 3,9 % (Y3,9) de matières grasses, (b) refroidis avec le

système de refroidissement tubulaire (ECT) et à plaques (ECP) et (c) entreposés pendant

34 jours à 4 °C. Les barres d’erreur représentent l’erreur standard sur la moyenne. A-D Dans

A AAB AB B

60

65

70

75

80

85

YT Y0,0 Y1,3 Y2,6 Y3,9

Aci

dit

é ti

tra

ble

(°D

)

Type de yogourt

A

B

60

65

70

75

80

85

ECT ECP

Aci

dit

é ti

tra

ble

(°D

)

Type de sytème de refroidissement

DC

BA A

60

65

70

75

80

85

1 3 7 21 34

Aci

dit

é ti

tra

ble

(°D

)

Temps d'entreposage (jours)

(a)

(b)

(c)

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40

chacune des figures, les moyennes avec la même lettre ne sont pas significativement

différentes (P > 0,05).

Indice de synérèse forcée

L’analyse statistique a révélé que l’indice de synérèse des yogourts brassés était

significativement différent (P ≤ 0,05) pour YOG et REF, mais comparable pour le facteur

TE. Aucune interaction significative double ou triple entre ces facteurs n’a été observée.

L’évolution de l’indice de synérèse est présentée à la figure 2.5.

Figure 2.5 : Indice de synérèse (a) pour les yogourts brassés à 14 (YT) et 16,5 % (Y0,0)

de solides totaux sans gras et les yogourts brassés à 16,5 % de solides totaux contenant 1,3

(Y1,3), 2,6 (Y2,6) et 3,9 % (Y3,9) de matières grasses et (b) refroidis avec le système de

refroidissement tubulaire (ECT) et à plaques (ECP). Les barres d’erreur représentent

l’erreur standard sur la moyenne. A-C Dans chacune des figures, les moyennes avec la même

lettre ne sont pas significativement différentes (P > 0,05).

L’indice de synérèse diminuait significativement avec l’augmentation de la MG et

tout particulièrement pour les yogourts Y2,6 et Y3,9 (Figure 2.4a). Les yogourts sans gras

YT et Y0,0 à 14 et 16,5 % de ST respectivement, avaient des valeurs de synérèse

comparables. Pour une même teneur en SNG de 14 %, les valeurs de synérèse étaient plus

A AB ABC

BC C

0

4

8

12

16

YT Y0,0 Y1,3 Y2,6 Y3,9

Sy

nér

èse

(%

)

Type de yogourt

A

B

0

4

8

12

16

ECT ECP

Sy

nér

èse

(%

)

Type de système de refroidissement

(a)

(a)

(b)

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41

élevées pour le yogourt YT comparativement au yogourt Y2,6. Le type de refroidissement

a également eu un impact important sur la synérèse (figure 2.4b). Les yogourts produits

avec le système ECT avaient un indice de synérèse significativement supérieur au système

ECP. L’entreposage n’a eu aucun impact sur l’évolution de la synérèse qui était comparable

pour tous les yogourts (9,67 ± 0,32 %). La valeur maximale de synérèse (15,0 %) a été

obtenue avec le yogourt témoin sans gras (YT) en utilisant le système de refroidissement

ECT tandis que la valeur la plus faible (4,0 %) a été obtenue avec le yogourt Y3,9 ayant

été refroidi avec le système à plaques ECP.

2.3.4 Propriétés texturales

Au niveau de la fermeté, une interaction triple significative (P ≤ 0,001)

YOG*REF*TE a été observée.

La figue 2.6 présente l’évolution de la fermeté des différents yogourts brassés

refroidis avec un système de refroidissement tubulaire ou à plaques, pendant 34 jours

d’entreposage. La fermeté des yogourts YT, Y0,0 et Y1,3 était similaire mais, elle

augmentait significativement à partir de 2,6 % de MG (Y2,6). Les yogourts sans gras

(YT et Y0,0) avaient des valeurs de fermeté similaire durant l’entreposage. Pour les deux

yogourts à 14 % de SNG (YT et Y2,6), la présence de 2,6 % de MG a fait augmenter la

fermeté des yogourts Y2,6 autant avec le système ECT que ECP. Pour tous les yogourts,

la fermeté a augmenté graduellement entre le jour 1 et 7 et de façon plus prononcée entre

les jours 7 et 21 pour ensuite se maintenir à des valeurs similaires entre les jours 21 et 34.

En général, la fermeté était plus faible pour les yogourts refroidis avec le système de

refroidissement ECP comparativement au système ECT. Par contre, pour le yogourt Y3,9

refroidi avec le système ECP, une augmentation rapide de la fermeté a été observée dès le

3e jour d’entreposage, ce qui a permis d’obtenir une fermeté supérieure au yogourt Y3,9

refroidi avec le système ECT dès le 7e jour. Finalement, après 34 jours d’entreposage, la

fermeté maximale (542,91 N/m²) a été obtenue avec le yogourt Y3,9 refroidi avec le

système ECP, tandis que la valeur minimale (350,17 N/m²) a été obtenue avec le yogourt

Y0,0 refroidi avec le système ECT.

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42

Figure 2.6 : Évolution de la fermeté pour les yogourts brassés à 14 (YT) et 16,5 % (Y0,0)

de solides totaux sans gras et les yogourts brassés à 16,5 % de solides totaux contenant 1,3

(Y1,3), 2,6 (Y2,6) et 3,9 % (Y3,9) de matières grasses, refroidis avec le système de

refroidissement tubulaire (ECT) ou à plaques (ECP), pendant 34 jours d’entreposage à

4 °C. Les barres d’erreur représentent l’erreur standard sur la moyenne.

2.3.5 Propriétés rhéologiques

L’analyse statistique a révélé que seulement le facteur YOG a eu un effet significatif

(P ≤ 0,01) sur l’hystérèse. Les autres facteurs (REF et TE) ainsi que les interactions entre

les facteurs n’ont pas eu d’effet significatif. La viscosité à 10,5s-1 était significativement

différente (P ≤ 0,01) uniquement selon les facteurs YOG et TE. Le facteur REF ainsi que

les interactions entre les facteurs n’ont pas eu d’effet significatif.

Courbes d’hystérèse et aire calculée

La figure 2.7 illustre les courbes d’hystérèse obtenues pour les différents types de

yogourts brassés. Au niveau des courbes ascendantes, les yogourts Y0,0 et Y1,3 avaient

une amplitude similaire. Par contre, l’amplitude des courbes ascendantes augmentait pour

les yogourts YT et Y2,6 ainsi que pour Y3,9 de manière plus prononcée. De plus, pour la

courbe de Y3,9, une chute importante de la contrainte peut être observée entre les

cisaillements 5 et 15 s-1, ce qui n’est pas le cas pour les autres yogourts, pouvant représenter

un bri soudain dans la structure des yogourts.

200

300

400

500

600

YT Y0,0 Y1,3 Y2,6 Y3,9 YT Y0,0 Y1,3 Y2,6 Y3,9

ECT ECP

Fer

met

é (N

/m²)

Jour 1 Jour 3 Jour 7 Jour 21 Jour 34

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43

Figure 2.7 : Courbes d’hystérèse de 0 à 100 s-1 et de 100 à 0 s-1 obtenues pour les yogourts

brassés à 14 (YT) et 16,5 % (Y0,0) de solides totaux sans gras et les yogourts brassés à

16,5 % de solides totaux contenant 1,3 (Y1,3), 2,6 (Y2,6) et 3,9 % (Y3,9) de matières

grasses.

La figure 2.8 illustre l’aire calculée de la courbe d’hystérèse des différents yogourts.

L’aire calculée était significativement plus élevée pour les yogourts Y2,6 et Y3,9,

comparativement aux autres yogourts. L’aire calculée était similaire pour le yogourt à 2,6

% de MG (Y2,6) et le yogourt YT, qui contenaient tous les deux 14 % de SNG. Pour les

yogourts sans gras, l’augmentation de la teneur en ST de 14 % (YT) à 16,5 % (Y0,0) n’a

eu aucun effet significatif sur l’aire calculée (P > 0,05).

Viscosité apparente

La viscosité apparente des yogourts à différentes teneurs en MG et durant leur

entreposage est présentée à la figure 2.9. Quel que soit le temps d’entreposage, la viscosité

apparente augmentait significativement entre les yogourts Y0,0 et Y3,9 contenant tous les

deux 16,5 % de ST (figure 2.9a). Comme pour les résultats de l’aire calculée, la viscosité

entre les deux yogourts contenant des teneurs en SNG identiques (YT et Y2,6) était

similaire. Pour les yogourts sans gras, l’augmentation de la teneur en ST de 14 % (YT) à

16,5 % (Y0,0) n’a eu aucun effet significatif (P > 0,05) sur la viscosité. Pour tous les

0

5

10

15

20

25

0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 110

Co

ntr

ain

te d

e ci

sail

lem

ent

(Pa

)

Vitesse de cisaillement (s-1)

YT Y0,0 Y1,3 Y2,6 Y3,9

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44

yogourts, la viscosité a augmenté durant l’entreposage jusqu’au jour 7 pour se stabiliser

par la suite jusqu’à 34 jours d’entreposage (figure 2.9b). La viscosité maximale (2,53 Pa*s)

a été obtenue pour le yogourt Y3,9 après 21 jours d’entreposage, tandis que la valeur

minimale (1,44 Pa*s), pour un même temps d’entreposage, a été obtenue avec le yogourt

Y0,0.

Figure 2.8 : Aire calculée des courbes d’hystérèse pour les yogourts brassés à 14 (YT) et

16,5 % (Y0,0) de solides totaux sans gras et les yogourts brassés à 16,5 % de solides totaux

contenant 1,3 (Y1,3), 2,6 (Y2,6) et 3,9 % (Y3,9) de matières grasses. Les barres d’erreur

représentent l’erreur standard sur la moyenne. A-D Les moyennes avec la même lettre ne

sont pas significativement différentes (P > 0,05).

BCDD

CD

ABC

A

400

450

500

550

600

650

700

750

800

850

YT Y0,0 Y1,3 Y2,6 Y3,9

Air

e (

ua

)

Type de yogourt

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45

Figure 2.9 : Évolution de la viscosité apparente à 10,5 s-1 (a) pour les yogourts brassés à

14 (YT) et 16,5 % (Y0,0) de solides totaux sans gras et les yogourts brassés à 16,5 % de

solides totaux contenant 1,3 (Y1,3), 2,6 (Y2,6) et 3,9 % (Y3,9) de matières grasses et (b)

durant 34 jours d’entreposage à 4 °C. Les barres d’erreur représentent l’erreur standard sur

la moyenne. A-D Dans chacune des figures, les moyennes avec la même lettre ne sont pas

significativement différentes (P > 0,05).

BCDD CD

ABCA

0,5

1,0

1,5

2,0

2,5

YT Y0,0 Y1,3 Y2,6 Y3,9

Vis

cosi

té à

10

.5 s

-1

(Pa

*s)

Type de yogourt

C B AB A AB

0,5

1,0

1,5

2,0

2,5

Jour 1 Jour 3 Jour 7 Jour 21 Jour 34

Vis

cosi

té à

10

.5 s

-1

(Pa

*s)

Temps d'entreposage

(a)

(b)

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46

2.4 Discussion

Dans un yogourt, les bactéries lactiques doivent être vivantes et leurs populations

doivent être au minimum de 107 UFC/g jusqu’à la date de péremption (Ramchandran, L.et

Shah, N. P. (2009), World Health Organization (WHO)et Food and Agriculture

Organization of the United Nations (FAO) (2011)). Damin, M. R., Minowa, E., et al.

(2008) ont démontré que la population des streptocoques dans les yogourts brassés était

stable durant l’entreposage tandis que celle des lactobacilles diminuait d’environ 2 log

après 35 jours d’entreposage. Le, Thien Trung, van Camp, John, et al. (2011) ajoutent que

la population des lactobacilles diminuait plus rapidement dans un yogourt ferme contenant

3,2 % de MG comparativement à 0 % de MG. Les résultats des populations microbiennes

obtenus dans ce chapitre sont semblables à ceux rapportés par ces auteurs puisque la

population des streptocoques est demeurée stable dans tous les yogourts pendant

l’entreposage tandis que celle des lactobacilles a légèrement chuté. De plus, après 34 jours

d’entreposage, la population des lactobacilles était plus faible dans le yogourt Y3,9

comparativement aux yogourts sans gras YT et Y0,0. Il a été démontré que la survie des

bactéries lactiques dans les yogourts causait une post-acidification menant à une

diminution du pH durant l’entreposage à basse température (Beal, C., Skokanova, J., et al.

(1999), Delikanli, Berraket Ozcan, Tulay (2014), Serra, M., Trujillo, A. J., et al. (2009),

Xu, Z. M., Emmanouelidou, D. G., et al. (2008)). Cette post-acidification a aussi été

observée dans ce chapitre puisque dans les yogourts avec et sans MG, le pH a diminué et

l’acidité a augmenté durant les 34 jours d’entreposage. Serra, M., Trujillo, A. J., et al.

(2009) ont démontré que la post-acidification dans un yogourt brassé créait une

augmentation des interactions hydrophobes et une solubilisation du PCC, ce qui permettait

d’augmenter les interactions entre les micelles de CN provoquant une augmentation de la

viscosité durant un entreposage de 28 jours. Des résultats similaires ont été obtenus dans

ce chapitre puisque pour tous les yogourts brassés, une augmentation de la viscosité ainsi

que de la fermeté a été observée pendant les 21 jours d’entreposage.

À la fin de la fermentation, le réseau protéique du yogourt créé en cuve comporte

des liaisons hydrophobes dont certaines seront brisées suite au brassage et au

conditionnement. Cela provoque la formation de fragments de gel de yogourt, de taille

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47

variable selon l’intensité du cisaillement subi, qui peuvent s’agréger lorsqu’ils entrent en

collision pendant le brassage (Lee, W. J.et Lucey, J. A. (2006), Lee, W. J.et Lucey, J. A.

(2010)). Plusieurs auteurs ont démontré à l’échelle laboratoire que chaque paramètre de la

production du yogourt brassé (pression d’homogénéisation, température du traitement

thermique, température et vitesse de fermentation, vitesse de brassage, type de lissage, type

de pompe, température d’entreposage, etc.) avait un impact individuel important sur les

propriétés finales du yogourt (Beal, C., Skokanova, J., et al. (1999), Haque, A., Richardson,

R. K., et al. (2001), Lee, W. J.et Lucey, J. A. (2006), Weidendorfer, K., Bienias, Andrea,

et al. (2008)). Dans ce chapitre, tous ces paramètres de production ont été utilisés à des

valeurs fixes constantes afin de contrôler leur impact. Tous les yogourts ont été inoculés à

un même taux pour obtenir un pH de 4,70 en 3,5 heures. Les étapes de brassage, de

pompage et de lissage étaient aussi toutes identiques. Seul le type de refroidissement était

différent lors du conditionnement. Le refroidissement du yogourt de 37 à 20 °C se faisait

rapidement, en quelques secondes, avec le système à plaques ECP et lentement, en trois

minutes, pour le système tubulaire ECT, ce qui pourrait expliquer une augmentation de

l’acidité plus importante dans les yogourts refroidis avec le système de refroidissement

ECT. Par contre, la présence de MG diminuait l’acidité des yogourts, possiblement parce

que, comme observé par Güler-Akin, Mutlu B., Serdar Akin, M., et al. (2009), la MG aurait

un effet protecteur contre l’acidification.

D’autre part, Renan, Marie, Arnoult-Delest, Véronique, et al. (2008) ont démontré

que le cisaillement causé par un premier brassage du yogourt dans un tube vertical

possédant un filtre (mailles de 350-400 µm) à l’extrémité suivi d’un deuxième brassage

dans un malaxeur de cuisine créait des fragments de gel ayant des propriétés hydrophobes

et électrostatiques différentes du gel initial avant brassage. Cela permettait la formation de

liens entre les fragments durant l’entreposage et donc, d’augmenter la viscosité des

yogourts brassés. L’écoulement dans les tuyaux contribuerait également à la

déstructuration du réseau protéique gélifié dépendamment des pressions aux extrémités du

tuyau, de la force de cisaillement causée par les coudes et du poids du yogourt (Mullineux,

Glenet Simmons, Mark J. H. (2007), Mullineux, Glenet Simmons, Mark J. H. (2008)). Il

serait donc possible de minimiser la déstructuration du réseau protéique en utilisant un

système de refroidissement causant le moins de cisaillement possible. Dans ce chapitre, le

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48

système de refroidissement ECT permettant de minimiser le cisaillement subi par le

yogourt a effectivement permis, en général, d’augmenter la fermeté et la synérèse des

yogourts mais, il n’a pas eu d’impact sur l’hystérèse et la viscosité. Contrairement au

système tubulaire, le système de refroidissement ECP était constitué d’un échangeur de

chaleur à plaques avec des espacements restreints entre les plaques qui causait un

cisaillement plus important. L’utilisation du système ECP a permis de réduire la synérèse

et la fermeté mais, n’a pas eu non plus d’impact sur l’aire calculée et la viscosité. Cependant

ces effets étaient dépendants de la teneur en ST et en MG.

Dans ce chapitre, des yogourts brassés contenant différentes teneurs en ST et MG

ont été produits avec succès en utilisant un banc d’essai pilote simulant les conditions de

brassage industriel. Au niveau de la composition, la teneur en protéines totales ainsi que le

ratio CN/PS ont été standardisés à des valeurs fixes constantes pour que seules les teneurs

en ST, en SNG et en MG aient un impact sur les propriétés physico-chimiques, texturales

et rhéologiques. Les yogourts de types ferme et brassé contiennent généralement entre 12

et 14 % de ST (Lamontagne, M. (2010)). Par contre dans ce chapitre, il a été nécessaire

d’augmenter cette valeur à 16,5 % pour être en mesure d’ajuster la teneur en MG jusqu’à

3,9 % tout en conservant les ST constants. L’impact des ST a pu être déterminé en

comparant le yogourt témoin (YT) à 14 % de ST au yogourt sans gras (Y0,0) à 16,5 % de

ST.

Jaros, D., Heidig, C., et al. (2007) rapportent que l’augmentation des ST de 11 à 12

%, à l’aide de PLÉ, dans un yogourt brassé à la main, avec une tige reliée à une plaque

perforée, permettait de diminuer l’indice de synérèse mais que l’entreposage n’avait pas

d’effet significatif sur l’évolution de la synérèse. Par contre, ces auteurs qui ont utilisé de

la PLÉ pour augmenter la teneur en ST, ont, par le fait même, fait augmenter la teneur en

protéines totales affectant aussi la formation du réseau protéique. Dans ce chapitre,

l’augmentation des ST de 14 % pour le yogourt YT à 16,5 % pour le yogourt Y0,0 était

surtout attribuée au lactose en poudre ajouté. Meletharayil, Gopinathan H., Patel, Hasmukh

A., et al. (2016) ont démontré que l’ajout de lactose, dans un lait reconstitué avec un

concentré de protéines laitières, favorise les interactions entre les protéines et contribue à

leur hydratation. La capacité de rétention d’eau augmentait significativement dans les gels

Page 64: Impact d'un procédé industriel de brassage et de ... · Impact d’un procédé industriel de brassage et de ... (MG), du temps de fermentation (TF), du type de refroidissement

49

acidifiés de type ferme mais, l’ajout de lactose n’avait pas d’impact significatif sur le

module viscoélastique G’. Dans ce chapitre, la synérèse obtenue dans les yogourts sans

gras YT et Y0,0 avait tendance à diminuer avec l’augmentation des ST. Par contre, les

valeurs de fermeté, d’aire calculée et de viscosité avaient aussi tendance à diminuer. Au

niveau de l’hystérèse, plusieurs auteurs s’entendent pour dire que le yogourt a un

comportement thixotrope qui peut être représenté par l’aire dans les courbes d’hystérèse

(Famelart, M. H., Guyomarc’h, F., et al. (2011), Pereira, Rogerio, Matia-Merino, Lara, et

al. (2006), Ramchandran, L.et Shah, N. P. (2009), Schmitt, L., Ghnassia, G., et al. (1998),

Smoczyński, Michałet Baranowska, Maria (2014)). Les auteurs décrivent l’amplitude de

la courbe ascendante ainsi que l’aire calculée entre les deux courbes comme étant

proportionnelle à la viscosité et au degré de déstructuration de la matrice protéique du

yogourt. Une aire plus élevée se traduirait donc par une plus grande énergie nécessaire pour

briser le gel de yogourt (Famelart, M. H., Guyomarc’h, F., et al. (2011)). Cela signifierait

que dans ce chapitre, la hauteur de la courbe ascendante plus élevée de YT, se traduirait

par un réseau protéique ayant subi une plus grande déstructuration comparativement au

yogourt Y0,0, malgré que l’effet n’était pas significatif.

Cayot, Philippe, Schenker, Flore, et al. (2008) ont démontré que, malgré la taille

significativement différente des fragments de gel analysés au MasterSizer, la viscosité des

yogourts brassés sans gras extrudés à l’aide de seringues ayant des aiguilles de différents

diamètres et longueurs était similaire. Comme mentionné plus haut, la forme linéaire du

système ECT contribuerait à minimiser le cisaillement du yogourt, ce qui créerait des

fragments de gels de taille supérieure à ceux obtenus par le système ECP causant un

cisaillement élevé. Les résultats obtenus dans ce chapitre ont démontré comme ces auteurs

que la viscosité, l’aire entre les courbes d’hystérèse et la fermeté, étaient similaires dans

les yogourts sans gras refroidis par l’un ou l’autre des systèmes de refroidissement. Par

contre, la synérèse était plus élevée dans les yogourts refroidis avec le système ECT. Cela

pourrait être expliqué par l’acidité moins prononcée dans les yogourts sans gras refroidis

avec le système ECP comparativement au système ECT. De plus, la force centrifuge

appliquée pour déterminer la synérèse briserait les liaisons protéiques de faible énergie

(hydrophobes) créées durant l’entreposage des yogourts refroidis avec le système ECT.

Cela causerait une libération plus importante de lactosérum comparativement au système

Page 65: Impact d'un procédé industriel de brassage et de ... · Impact d’un procédé industriel de brassage et de ... (MG), du temps de fermentation (TF), du type de refroidissement

50

ECP dont le réseau protéique serait plus dense et comporterait des pores de plus petit

diamètre.

Renan, Marie, Arnoult-Delest, Véronique, et al. (2008) ont démontré que les

fragments de gel formés par un brassage (combinant un écoulement du yogourt dans un

tuyau et un brassage dans un robot culinaire) formaient de nouvelles interactions

hydrophobes de faible énergie entre les CN et les PS dans le yogourt brassé et que cela

permettait d’augmenter la viscosité des yogourts durant l’entreposage. C’est aussi ce qui a

été démontré dans ce chapitre puisque durant l’entreposage des yogourts brassés sans gras,

les valeurs de fermeté et de viscosité augmentaient surtout pendant la première semaine.

Par contre, les valeurs de synérèse et d’aire calculée étaient stables durant l’entreposage.

L’augmentation des ST de 14 % pour le yogourt YT à 16,5 % pour le yogourt Y0,0

avec l’ajout de lactose a eu un impact moins important sur les propriétés physico-

chimiques, texturales et rhéologiques que l’augmentation des ST de 14 (YT) à 16,5 %

(Y2,6) par l’ajout de MG. Pour ces deux yogourts spécifiquement, la teneur en SNG était

identique à 14 %. Nguyen, Hanh Thi Hong, Ong, Lydia, et al. (2013) ont démontré que

l’homogénéisation avait un impact majeur sur la réduction de la synérèse et l’augmentation

de la thixotropie durant 28 jours d’entreposage. Ces auteurs ont produit des yogourts

fermes ayant une même teneur en protéines totales et en ST mais avec 7,9 % de MG non

homogénéisées et avec 4,1 % de MG mais homogénéisées. L’aire spécifique pour

l’adsorption des protéines sur les membranes des globules gras homogénéisés (GGH) était

significativement plus élevée suite à une homogénéisation. D’ailleurs, Sandoval-Castilla,

O., Lobato-Calleros, C., et al. (2004) ont démontré qu’après l’homogénéisation,

l’augmentation de la surface des membranes des globules gras augmentait avec la réduction

de leur taille. Cela permettait d’augmenter le nombre de liaisons possibles avec les micelles

de CN, formant un réseau plus dense, suite à la fermentation, comparativement à un

yogourt sans gras. De plus, il a été démontré que les protéines à la surface des membranes

des GGH contribuaient à augmenter la capacité de rétention d’eau du réseau protéique, ce

qui permettait, entre autres, de réduire la synérèse et d’augmenter la consistance, la fermeté

et le module viscoélastique G’ dans les yogourts de type ferme et brassé contenant des

matières grasses (Kaminarides, S., Stamou, P., et al. (2007), Keogh, M. K. (1998), Nguyen,

Page 66: Impact d'un procédé industriel de brassage et de ... · Impact d’un procédé industriel de brassage et de ... (MG), du temps de fermentation (TF), du type de refroidissement

51

Hanh Thi Hong, Ong, Lydia, et al. (2015)). Le réseau protéique des yogourts riches en MG

serait donc plus stable et plus résistant à la déformation comparativement aux yogourts

sans MG (Krzeminski, Alina, Großhable, Katja, et al. (2011), Nguyen, Hanh Thi Hong,

Ong, Lydia, et al. (2015)). En effet, Abu-Jdayil, Basim, Nasser, M. S., et al. (2013) ont

démontré qu’un yogourt brassé contenant 8 % de MG avait une viscosité apparente deux

fois plus élevée qu’un yogourt à 0,05% de MG. Les résultats obtenus par Abu-Jdayil,

Basim, Nasser, M. S., et al. (2013)) concorde avec les résultats obtenus dans ce chapitre

puisque le yogourt Y2,6 formait moins de synérèse et avait des valeurs de fermeté, d’aire

calculée et de viscosité supérieures au yogourt YT.

Comme pour les yogourts sans gras, les valeurs de synérèse et de fermeté pour les

yogourts YT et Y2,6 refroidis avec le système ECP étaient inférieures comparativement au

refroidissement des yogourts avec le système ECT. Puisque les nouvelles liaisons

hydrophobes formées durant l’entreposage dans le réseau protéique sont de faible énergie,

donc facile à briser, les yogourts YT et Y2,6 refroidis avec le système ECT seraient

constitués de fragments plus grossiers contribuant à augmenter la résistance à la

compression comparativement aux yogourts constitués de petits fragments dû au

refroidissement avec le système ECP. Par contre, le système ECP a un impact positif sur

la réduction de la synérèse dans les yogourts brassés. Comme mentionné plus haut, le

réseau protéique des yogourts refroidis avec le système ECP a une plus grande capacité à

retenir le lactosérum. La diminution de synérèse dans les yogourts est d’autant plus vraie

dans le yogourt Y2,6 puisqu’il contenait moins de synérèse comparativement au yogourt

YT. En effet, la présence de MG contribue à la rétention d’eau. Par contre, les différents

cisaillements subis par les yogourts YT et Y2,6 n’étaient pas suffisants pour obtenir des

valeurs d’hystérèse et de viscosité significativement différentes entre les systèmes de

refroidissement ECT et ECP.

La fermeté, l’aire calculée dans les courbes d’hystérèse et la viscosité augmentaient

pour les yogourts YT et Y2,6 tandis que la synérèse diminuait durant l’entreposage, ce qui

correspond également aux résultats obtenus pour les yogourts sans gras YT et Y0,0.

L’augmentation des ST de 14 à 16,5 %, par l’ajout de 2,6 % de MG dans le yogourt Y2,6,

a permis d’obtenir des valeurs de synérèse inférieures et des valeurs de fermeté, d’aire

Page 67: Impact d'un procédé industriel de brassage et de ... · Impact d’un procédé industriel de brassage et de ... (MG), du temps de fermentation (TF), du type de refroidissement

52

calculée et viscosité supérieures comparativement au yogourt sans gras YT. Ces résultats

pourraient être expliqués par la formation de nouveaux liens hydrophobes de faible énergie

entre les protéines durant l’entreposage. La présence de MG dans le yogourt Y2,6

augmenterait le nombre de liens protéiques formés dans le réseau, ce qui le rendrait plus

dense que le réseau protéique du yogourt sans gras YT.

Finalement, les yogourts Y0,0; Y1,3; Y2,6 et Y3,9 produits dans ce chapitre ont

permis d’étudier l’effet combiné de l’impact de la diminution des SNG à celle de

l’augmentation des MG puisque tous ces yogourts ont été standardisés à 16,5 % de ST. Les

résultats ont démontré que, tout comme pour les yogourts YT et Y2,6, l’augmentation de

la teneur en MG de 0 à 3,9 % a permis de réduire la synérèse, surtout avec le système de

refroidissement ECP. De plus, la réduction de synérèse était plus prononcée à partir de 2,6

% de MG. La fermeté augmentait entre les yogourts Y0,0; Y1,3 et Y2,6, surtout avec le

système ECT. Le yogourt Y3,9 se distinguait des autres puisqu’il était plus ferme en

utilisant le système de refroidissement ECP. Il est possible qu’à une teneur en MG élevée

de 3,9 %, la MG ait un impact plus important que le cisaillement subi avec les systèmes de

refroidissement ECT et ECP. D’autre part, l’augmentation de la teneur en MG entre les

yogourts Y0,0, Y1,3, Y2,6 et Y3,9 est associée à une augmentation de l’aire totale de la

surface des GGH. Comme mentionné précédemment, cela contribuerait à la restructuration

du réseau protéique influençant les propriétés rhéologiques des yogourts. Au niveau des

courbes d’hystérèse, la contrainte de cisaillement augmentait pour tous les yogourts brassés

jusqu’à l’atteinte d’une valeur critique permettant possiblement de briser les liens non

covalents entre les protéines provoquant l’écoulement du yogourt et l’atteinte d’une valeur

constante de la contrainte de cisaillement (Lee, W. J.et Lucey, J. A. (2004), Lee, W. J.et

Lucey, J. A. (2010)). Les résultats ont démontré que le yogourt Y3,9 se démarquait des

autres types de yogourts puisque sa valeur maximale de contrainte de cisaillement était la

plus élevée et qu’une chute, formant une cloche, pouvait être observée entre 5 et 15 s-1.

L’effet de cloche était moins prononcé lorsque la teneur en MG diminuait, jusqu’à être

absent pour les yogourts YT, Y0,0 et Y1,3. Abu-Jdayil, Basim, Nasser, M. S., et al.

(2013)et Krzeminski, Alina, Großhable, Katja, et al. (2011) ont démontré qu’en présence

de MG dans les yogourts de type brassé, l’atteinte d’une valeur de viscosité apparente

stable prenait plus de temps comparativement à des yogourts sans gras. À la différence des

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53

yogourts sans gras, les yogourts riches en gras sont constitués de liens entre les globules

gras et les protéines qui sont rompu à un taux de cisaillement constant, ce qui explique le

délai pour atteindre une viscosité apparente stable. Ces auteurs ont aussi démontré que la

contrainte de cisaillement maximale de la boucle d’hystérèse était plus élevée dans les

yogourts riches en gras comparativement aux yogourts sans gras. Dans ce chapitre, les

mêmes tendances ont été observées puisque la contrainte de cisaillement maximale du

yogourt à 3,9% de MG était supérieure à celles des yogourts faibles ou sans gras.

Page 69: Impact d'un procédé industriel de brassage et de ... · Impact d’un procédé industriel de brassage et de ... (MG), du temps de fermentation (TF), du type de refroidissement

54

2.5 Conclusion

La plupart des études rapportées dans la littérature sur le yogourt brassé ont utilisé

des techniques de brassage de laboratoire qui ne reflète pas nécessairement les conditions

de brassage retrouvées en industrie. Dans ce chapitre, des yogourts ont été standardisés au

niveau des protéines et des solides totaux et les mélanges laitiers ont été produits dans les

mêmes conditions d’homogénéisation, de traitement thermique et de fermentation pour

uniformiser leur effet sur les propriétés des yogourts. Des yogourts à différentes teneur en

matières grasses ont été brassés, pompés, lissés et refroidis dans un banc d’essai pilote

simulant les conditions de production industrielle. L’impact du type de systèmes de

refroidissement ainsi que l’impact de la teneur en matières grasses et en solides totaux ont

été comparés. Il a été possible de comparer l’effet spécifique d’un système de

refroidissement lent de forme tubulaire et causant un cisaillement faible à un système de

refroidissement rapide à plaques et causant un cisaillement élevé sur différentes propriétés

des yogourts brassés. Il a été démontré que le système à plaques a un impact important sur

la réduction de synérèse dans les yogourts riches en MG, mais qu’il a tendance à diminuer

la fermeté des yogourts brassés. Des effets contraires ont été observés avec le système de

refroidissement tubulaire. De plus, le système à plaques n’a eu aucun impact sur l’hystérèse

et la viscosité apparente. Malgré l’augmentation des solides totaux dans les yogourts sans

gras, les valeurs de synérèse, de fermeté, d’hystérèse et de viscosité étaient similaires peu

importe le système de refroidissement utilisé. Cependant, comme observé dans la littérature

pour les yogourts fermes, la présence de matières grasses a joué un rôle important dans la

réduction de synérèse et l’augmentation de la fermeté, de l’aire calculée et de la viscosité

des yogourts brassés, surtout à partir de 2,6 % de MG. L’entreposage n’a pas eu d’impact

sur la synérèse et l’aire calculée mais, il a permis d’augmenter la fermeté et la viscosité.

Le banc d’essai pilote utilisé dans ce chapitre est un système complet plus

représentatif de la réalité industrielle qui pourrait être utilisé pour étudier plusieurs autres

paramètres que le système de refroidissement, comme l’impact du temps de brassage en

cuve, de la tortuosité des tuyaux et du type de lissage. Par contre, la modification des

paramètres de production (homogénéisation, traitement thermique et vitesse de

fermentation) pourrait aussi avoir un impact important sur la formation de synérèse, la

Page 70: Impact d'un procédé industriel de brassage et de ... · Impact d’un procédé industriel de brassage et de ... (MG), du temps de fermentation (TF), du type de refroidissement

55

fermeté, l’hystérèse et la viscosité des yogourts riches en MG brassés avec le banc d’essai

pilote.

Page 71: Impact d'un procédé industriel de brassage et de ... · Impact d’un procédé industriel de brassage et de ... (MG), du temps de fermentation (TF), du type de refroidissement

56

Chapitre 3: Impact de la teneur en matières grasses, du

temps de fermentation et du système de refroidissement

sur les propriétés rhéologiques de yogourts brassés avec

un banc d’essai pilote

Noémie Lussier1,2, Daniel St-Gelais1,2, Sylvie L. Turgeon2

1Centre de recherche en sciences et technologie du lait (STELA) et Institut sur la nutrition

et les aliments fonctionnels (INAF), Université Laval, Québec, QC, Canada, G1K 7P4

2Centre de recherche et de développement de Saint-Hyacinthe, Agriculture et

agroalimentaire Canada, 3600 boulevard Casavant Ouest, Saint-Hyacinthe, QC, Canada,

J2S 8E3

Page 72: Impact d'un procédé industriel de brassage et de ... · Impact d’un procédé industriel de brassage et de ... (MG), du temps de fermentation (TF), du type de refroidissement

57

Résumé

Le brassage d’un yogourt en laboratoire ne permet pas de simuler la complexité

d’un brassage industriel et peu d’études portent sur la durée de fermentation du yogourt.

L’objectif de ce chapitre était de déterminer l’impact du temps de fermentation sur les

propriétés texturales et rhéologiques de yogourts avec et sans gras ayant été brassés dans

un banc d’essai pilote simulant les conditions de production industrielles. La composition

des yogourts a été standardisée à 16,5 % de solides totaux, 3,10 % de caséines, 1,10 % de

protéines sériques. Les teneurs en matières grasses étaient de 0,0 et 3,9%. Les taux

d’inoculation ont été ajustés à 2,05 et 1,35 % (p/p) pour obtenir des temps de fermentation

de quatre et cinq heures, respectivement. Le brassage des différents yogourts a été effectué

en utilisant un banc d’essai pilote constitué de deux types de refroidissements industriels

(échangeur de chaleur tubulaire et à plaques) permettant de simuler un cisaillement faible

et élevé. Les analyses de pH, d’acidité titrable, de synérèse, de fermeté et de viscosité

apparente ont été effectuées jusqu’à 34 jours d’entreposage à 4 °C. Le temps de

fermentation n’a pas eu d’impact significatif sur les propriétés physico-chimiques,

texturales et rhéologiques. L’augmentation de la teneur en matières grasses a permis

d’augmenter la fermeté de 40 %, de diminuer la synérèse et l’acidité de 65 et 2 %,

respectivement mais aucun effet n’a été observé au niveau du pH des yogourts. Le

refroidissement avec l’échangeur de chaleur à plaques a permis de diminuer l’acidité

titrable, la synérèse et la fermeté de 2,45 et 13 %, respectivement, comparativement au

refroidissement avec l’échangeur de chaleur tubulaire. Par contre les valeurs de pH et de

viscosité étaient similaires entre les types de refroidissement. L’acidité, la fermeté et la

viscosité ont augmenté de 17, 30 et 18 %, respectivement après 34 jours d’entreposage

alors que le pH a diminué de 5 %. Par contre, le temps d’entreposage n’a pas eu d’effet

significatif sur la synérèse. Le temps de fermentation a eu peu d’impact sur les propriétés

physico-chimiques, texturales et rhéologiques mais, la présence de matières grasses a eu

un impact important sur la modification de ces propriétés. L’impact du temps de

fermentation, de la composition et de l’utilisation de deux type de système de

refroidissement ont été démontrés pour des yogourts brassés avec un banc d’essai pilote.

Page 73: Impact d'un procédé industriel de brassage et de ... · Impact d’un procédé industriel de brassage et de ... (MG), du temps de fermentation (TF), du type de refroidissement

58

3.1 Introduction

La production de yogourt au Canada a augmenté de 103 % entre 2005 et 2015

(Statistique Canada (2016)). De plus, la majorité des yogourts produits sont de type brassé,

ce qui en fait un produit laitier d’intérêt majeur.

Dans la littérature, l’impact individuel des différentes étapes de production

(standardisation des mélanges laitiers, homogénéisation, traitement thermique,

fermentation, refroidissement, entreposage) sur les propriétés physico-chimiques,

texturales et rhéologiques a été étudié à l’échelle laboratoire pour des yogourts fermes et

brassés (Lee, W. J.et Lucey, J. A. (2010), Sodini, I., Remeuf, F., et al. (2004)). Dans la

plupart de ces études sur le yogourt brassé, le brassage était effectué avec une cuillère, un

disque perforé ou un appareil électrique pour effectuer un brassage. Serra, M., Trujillo, A.

J., et al. (2009) ont démontré que les propriétés d’un yogourt brassé à la cuillère dépendent

étroitement des caractéristiques du réseau protéique du yogourt ferme préalablement formé

en cuve. Le changement de conformation des protéines est tributaire des étapes

d’homogénéisation et de traitement thermique donné au mélange laitier (ML) à yogourt,

ce qui a un impact important pour la formation du réseau protéique ultérieurement. La

littérature rapporte qu’une fortification des ML à l’aide des ingrédients laitiers en poudre

(poudre de lait écrémé (PLÉ), concentré protéique de lactosérum (CPL), etc.) et de

matières grasses (MG), combiné aux traitements d’homogénéisation et de traitement

thermique, permet d’augmenter les interactions hydrophobes et électrostatiques ainsi que

le nombre de ponts disulfures entre les caséines (CN) et les protéines sériques (PS) du ML

et à la surface des globules gras. Plusieurs auteurs ont démontré qu’une fois homogénéisés,

les petits globules gras participent activement à la formation du réseau protéique (Lee, W.

J.et Lucey, J. A. (2010), Serra, M., Trujillo, A. J., et al. (2009)). La fortification des ML

permet d’obtenir un yogourt plus ferme, visqueux et résistant aux étapes de cisaillement et

de brassage (Abu-Jdayil, Basim, Nasser, M. S., et al. (2013), Remeuf, F., Mohammed, S.,

et al. (2003), Sodini, I., Remeuf, F., et al. (2004)). Par contre, les étapes supplémentaires

pour obtenir un yogourt de type brassé (brassage, pompage et lissage) causent un

cisaillement important (déstructuration de la matrice protéique) dont les effets sont peu

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59

documentés dans la littérature puisqu’il est difficile de reproduire un brassage de type

industriel en laboratoire.

Le temps de fermentation contrôlé par le taux d’inoculation et la température de

fermentation a aussi un impact sur la formation du réseau protéique du yogourt ferme

(Beal, C., Skokanova, J., et al. (1999), Lee, Siew Kim, Anema, Skelte, et al. (2004), Peng,

Y., Horne, D. S., et al. (2009)). Une fermentation inadéquate (trop lente ou trop rapide)

augmenterait la formation de synérèse ou ferait chuter les valeurs de fermeté et de viscosité.

La température optimale pour la croissance des bactéries lactiques thermophiles se situe

entre 40 et 45 °C (Amiot, J., Fournier, S., et al. (2010)). Lee, W. J.et Lucey, J. A. (2010)

ont démontré qu’une fermentation à une température inférieure à 40 °C permet

d’augmenter les interactions entre les CN et les PS, ce qui permet d’obtenir un réseau plus

compact, fort et stable. Wu, Sha, Li, Dong, et al. (2009) ajoutent qu’un yogourt fermenté

en 250 min à 35 °C permet d’obtenir une viscosité supérieure à un yogourt fermenté en

180 minutes à 45 °C. À l’opposé, Lee, W. J.et Lucey, J. A. (2004) ont démontré qu’un

yogourt fermenté à 45,7 °C causait un réarrangement du réseau protéique important, dont

une contraction des CN, provoquant un affaiblissement du réseau comparativement à un

yogourt fermenté à 40 °C. Ce dernier serait donc plus résistant au cisaillement subi durant

l’étape de brassage comparativement à un yogourt fermenté à 35 ou 45 °C, surtout en

présence de MG. Toutefois, la vitesse de fermentation varie selon le taux d’inoculation, ce

qui peut avoir un impact sur la formation des liens protéiques dans le réseau gélifié.

Streptococcus thermophilus et Lactobacillus delbrueckii ssp. bulgaricus sont les

deux principales bactéries lactiques thermophiles utilisées pour la production de yogourts.

Les lactobacilles ont un pouvoir acidifiant supérieur à celui des streptocoques, c’est

pourquoi leur proportion est souvent plus faible dans un ferment mixte (Lamontagne, M.

(2010)). La littérature rapporte qu’une fermentation lente due à un taux d’inoculation

inférieur à 0,5 % (> 390 min) crée un réarrangement protéique important qui nuit à la

stabilité du réseau protéique. Le réseau formé est moins dense comparativement à un

yogourt inoculé à un taux plus élevé, ce qui diminue le module élastique G’ et augmente

la synérèse. Au contraire, une fermentation rapide due à un taux d’inoculation supérieur à

3,5 % (< 250 min) permet d’obtenir un réseau protéique plus dense et contient un nombre

Page 75: Impact d'un procédé industriel de brassage et de ... · Impact d’un procédé industriel de brassage et de ... (MG), du temps de fermentation (TF), du type de refroidissement

60

plus élevé de liaisons protéiques, ce qui augmente ses propriétés rhéologiques et diminue

la formation de synérèse (Lee, W. J.et Lucey, J. A. (2004), Peng, Y., Horne, D. S., et al.

(2009)).

Il a été démontré au chapitre 2 qu’en augmentant la teneur en MG il était possible

de réduire la synérèse et d’augmenter la fermeté et la viscosité apparente des yogourts,

brassés en utilisant un banc d’essai pilote. Par contre, l’impact du temps de fermentation

n’a pas été évalué. L’objectif de ce chapitre était donc d’étudier l’impact de la vitesse de

fermentation sur les propriétés texturales et rhéologiques de yogourts avec et sans gras

ayant été brassés à l’aide d’un banc d’essai pilote.

Page 76: Impact d'un procédé industriel de brassage et de ... · Impact d’un procédé industriel de brassage et de ... (MG), du temps de fermentation (TF), du type de refroidissement

61

3.2 Matériel et méthodes

3.2.1 Ingrédients laitiers et souches bactériennes

Les ingrédients laitiers et les souches bactériennes utilisés dans ce chapitre sont les

mêmes que ceux présentés au chapitre 2. Le lait entier cru provenait de la laiterie Chalifoux

Inc. (Sorel-Tracy, QC, Canada). La poudre de lait écrémé ʺlow-heatʺ et le lactose 300

provenaient de Quadra Chemicals, Vaudreuil, QC, Canada tandis que le concentré

protéique de lactosérum 34 % provenaient d’Agropur, Saint-Hyacinthe, QC, Canada. La

culture lyophilisée commerciale mixte Yo-Dolce composée des bactéries lactiques

thermophiles Streptococcus thermophilus et Lactobacillus delbruekii ssp. bulgaricus à un

ratio streptocoques : lactobacilles 95 : 5 a été gracieusement fournie par Biena (Saint-

Hyacinthe, QC, Canada).

3.2.2 Préparation du ferment lactique et écrémage du lait entier cru

La veille de chaque production de yogourt, un ferment lactique a été préparé comme

suit. Un lait écrémé stérile a été reconstitué à 12 % (p/p) avec de la PLÉ dans l’eau déionisée

(18 MΩ). Il a ensuite été stérilisé à 110 °C pendant six minutes puis tempéré dans un bain

d’eau glacée jusqu’à 41,0 ± 0,2 °C. Le lait a été ensemencé à raison de 1 g/L avec la culture

mixte Yo-Dolce. Une fermentation à 41°C a permis d’obtenir un pH de 4,70 ± 0,01 en 270

± 30 minutes. Le ferment obtenu a été rapidement refroidi et conservé à 4 °C jusqu’à son

utilisation.

La même journée, 140 kg de lait cru entier ont été écrémés. Le lait a d’abord été

chauffé à 63 °C sous agitation dans une cuve à double parois puis passé dans une

centrifugeuse écrémeuse (DeLaval Company Limited, modèle 618, Peterborough, ON,

Canada). La vitesse d’écrémage a été ajustée pour obtenir une crème à 58 % de MG afin

de produire des yogourts à 3,9 % de MG et 16,5 % de solides totaux (ST). Les fractions de

lait écrémé et de crème ont été analysées avec un appareil à infra-rouge FT-120 (Foss North

America, MN, États-Unis) afin d’obtenir les teneurs en protéines totales, en MG et en ST.

Le calcul matriciel utilisé au chapitre 2 a été utilisé pour déterminer les quantités de chaque

ingrédient laitier (PLÉ, CPL34, lactose, crème) à ajouter dans le lait écrémé pour produire

les ML. Les teneurs cibles en PS, CN et ST étaient respectivement de 1,11, 3,10 et 16,5 %.

Page 77: Impact d'un procédé industriel de brassage et de ... · Impact d’un procédé industriel de brassage et de ... (MG), du temps de fermentation (TF), du type de refroidissement

62

Celles des MG étaient de 0 et 3,9 % pour obtenir des yogourts sans gras (Y0,0) et riche en

gras (Y3,9). Ces cibles ont été choisies puisqu’il a été démontré au chapitre 2, que les

yogourts à 16,5 % de ST sans gras et ceux à 3,9 % de MG, avaient des valeurs de fermeté

et de viscosité différentes. La proportion de crème nécessaire pour fabriquer le yogourt

Y3,9 a été immédiatement diluée dans 5 L de lait écrémé avant d’être entreposée à 4 °C

pour éviter que la crème fige due à sa haute concentration en MG (58 %). Le lait écrémé

non utilisé a été conservé à 4 °C.

3.2.3 Production des yogourts

La production à l’usine pilote des yogourts (YOG) Y0,0 et Y3,9 s’est effectuée

avec les mêmes équipements décrits au chapitre 2. La journée de la production, les

ingrédients laitiers en poudre (PLÉ, CPL, LAC) et le lait écrémé (ou le mélange de lait

écrémé et de crème dans le cas du yogourt Y3,9) ont été mélangés dans une cuve à simple

paroi à température pièce pendant cinq minutes en circuit fermé par recirculation à l’aide

d’une pompe Alfa-Laval (type FM-O/115, Lund, Suède). À l’étape de l’homogénéisation

et du traitement thermique, 5 L de lait écrémé ont été utilisés avant chaque ML pour

éliminer l’eau résiduelle. Chaque ML a été préchauffé à 60 °C et homogénéisé à 13,80 et

3,45 MPa. Par la suite, les ML ont été chauffés à 94,5 °C pendant cinq minutes avec le

pasteurisateur à plaques. Une section de régénération permettait d’ajuster la température

de sortie des ML à 40 ± 1 °C. Des cuves à déversoir conique ont été remplies à raison de

25 kg. Un échantillon de chaque ML a été prélevé afin d’analyser leur composition à l’aide

de l’appareil FT-120 (Foss North America, MN, États-Unis). Les cuves ont ensuite été

transférées dans le même incubateur à yogourt (Schneider electric Magelis, Brossard, QC,

Canada) qu’au chapitre 2 et ajusté à 40 °C.

Pour atteindre un pH identique de 4,70 pour tous les yogourts mais avec un temps

de fermentation (TF) de quatre ou de cinq ± 0,25 heures, les ML ont été inoculés à des taux

respectifs de 2,05 ou 1,35 ± 0,05 % avec le ferment lactique préparé la veille (section 3.2.2).

Les cuves ont été inoculées à intervalle d’une heure et l’évolution du pH a été suivie aux

heures. Une fois le pH 4,70 atteint, chaque cuve a ensuite été transférée avec précaution

jusqu’au banc d’essai pilote pour le brassage.

Page 78: Impact d'un procédé industriel de brassage et de ... · Impact d’un procédé industriel de brassage et de ... (MG), du temps de fermentation (TF), du type de refroidissement

63

3.2.4 Banc d’essai pilote

Le banc d’essai pilote (figure 3.1) utilisé pour brasser le yogourt était le même que

celui décrit au chapitre 2. Une fois la cuve à déversoir conique branchée au banc d’essai

pilote, un mélangeur à pales hélicoïdales (inspiré de Tamine, A. Y.et Robinson, R. K.

(1999)), reliée à un moteur à vitesse variable (Penta KB Power, modèle NEMA-4X/IP-65,

Baldor industrial motor, Clarksville, AR, États-Unis), a ensuite été inséré dans la cuve. Des

chicanes ont été ajoutées dans la cuve à angle fixe de 45 ° dans le sens horaire pendant les

15 premières secondes pour bien décoller le yogourt des parois de la cuve. Après un

brassage de cinq minutes à 30 rpm, la vitesse a été réduite à 15 rpm pour toute la durée du

conditionnement du yogourt. La pompe à action positive (modèle 018, Universal Lobe

Pump, Waukesh, WI, États-Unis) a ensuite été activée pour faire circuler le yogourt dans

le banc d’essai pilote. Le manomètre digital (Qualtech distribution, Québec, QC, Canada)

a permis de conserver un débit moyen de 0,88L/min. Le yogourt a été lissé par une buse de

lissage conique de 425 µm de diamètre. Un thermocouple (Type K, Omega Engineering,

Stamford, CT, États-Unis) relié à un appareil enregistrant la température (OM-Daqpro-

5300, Omega Engineering, Stamford, CT, États-Unis) a été installé après la buse de lissage

pour obtenir la température du yogourt à la sortie de la cuve, avant l’étape de

refroidissement. Une valve tri directionnelle a permis de refroidir le yogourt à 20 °C avec

un échangeur de chaleur tubulaire (ECT) causant un faible cisaillement ou un échangeur

de chaleur à plaques (ECP) causant un cisaillement élevé. La température du yogourt à la

sortie des systèmes ECT et ECP a été enregistrée pour confirmer l’efficacité des systèmes

de refroidissement (REF). Les yogourts ont été récoltés dans des pots de plastiques de 175

mL (Pastipak, GenPak, Boucherville, QC, Canada), puis ces derniers ont été entreposés

dans une chambre froide à 4 °C pendant 34 jours (TE).

Pour chaque jour de production, trois combinaisons de 2 YOG (Y0,0 ou

Y3,9) x 2 REF (ECP ou ECT) x 2 TF (4 ou 5 heures) ont été tirées au hasard pour

déterminer quels ML et quelle configuration du banc d’essai pilote devaient être utilisés.

Comme trois yogourts par jour, une fois par semaine, pouvaient être produits, trois

semaines ont été nécessaires pour réaliser une répétition.

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64

Figure 3.1 : (a) Schématisation du banc d’essai pilote : M, mélangeur à pales hélicoïdales;

C, chicanes; CDC, cuve à déversoir conique; PP, pompe à action positive; MD, manomètre

digital; L, buse de lissage; T1, température à la sortie de la cuve; V, valve tri directionnelle;

ECT, échangeur de chaleur tubulaire; ECP, échangeur de chaleur à plaques; T2,

température à la sortie du refroidissement et (b) photographie du mélangeur à pales

hélicoïdales jumelé aux chicanes à chaque extrémités.

3.2.5 Analyses

3.2.5.1 Composition des ingrédients et des mélanges laitiers

Comme au chapitre 2, les échantillons des différents ML qui ont été prélevés après

le traitement thermique ont été analysés au FT-120 pour obtenir leurs teneurs en protéines

totales, en ST et MG. Des calculs théoriques ont permis d’estimer les teneurs en PS et en

CN et un dosage des protéines totales et de la teneur en MG par des méthodes officielles a

été effectué dans les ML pour contrevérifier les valeurs obtenues au FT-120 (annexe 1).

La teneur en ST a été déterminée pour les différents ingrédients laitiers et sur quinze

pots de yogourt récupérés au hasard suite à l’analyse des propriétés texturales ou

rhéologiques. L’analyse a été effectuée dans un four sous vide à 100 °C pendant trois

heures pour les échantillons liquides et pendant cinq heures pour les échantillons en poudre

(Association of Official Agricultural Chemists (AOAC) (1990)).

(a) (b)

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65

3.2.5.2 Propriétés physico-chimiques, texturales et rhéologiques

Tout comme dans le chapitre 2, le pH a été suivi aux heures avec le pH-mètre

portatif Hanna Instruments (modèle HI 99161, Laval, QC, Canada) durant la production

du ferment et du yogourt. Le pH et l’acidité titrable des yogourts aux différents jours

d’analyse ont été mesurés en duplicata avec l’appareil titrateur DL15 Mettler-Toledo

(Anachemia/VWR, Anjou, QC, Canada).

La synérèse a été mesurée en duplicata selon la même méthode décrite au chapitre

2. Les tubes Falcon à fond conique de 50 mL (Fisher Brand, Life Technologies Inc.,

Burlington, ON, Canada) ont été centrifugés dans une centrifugeuse Thermo Scientific

(modèle Sorvall ST40R centrifuge, rotor TX-750, godet 3608, MA, États-Unis). Le

lactosérum recueilli par décantation a été pesé et rapporté en pourcentage sur le poids de

l’échantillon avant centrifugation.

La calibration et les paramètres de mesure du texturomètre TA-XT2 (Texture

Technologies Corp., Scarsdale, N-Y, États-Unis) ainsi que le logiciel d’analyse étaient les

mêmes que ceux utilisés au chapitre 2. Les mesures ont été effectuées sur cinq pots de

yogourts différents pour obtenir une bonne reproductibilité (Gentès, Marie-Claude, St-

Gelais, Daniel, et al. (2011)). La fermeté était rapportée en N/m² en faisant le rapport de la

force obtenue (N) sur la surface de contact de la sonde (4,91 x 10-4 m²).

La viscosité a été déterminé avec le traçage des courbes d’hystérèse produites à

4 °C selon le même protocole qu’au chapitre 2. Le rhéomètre Anton Paar GmbH a été

utilisé avec le système de cylindres coaxiaux CC-27-SN23489 (modèle MCR 301, Anton

Paar, Saint-Laurent, QC, Canada) et le système de refroidissement Peltier. Après

l’abaissement de la sonde cylindrique mobile, cinq minutes de repos a permis au gel de

yogourt de se stabiliser avant l’analyse. Les courbes d’hystérèse ont été tracées en

enregistrant 20 valeurs de contrainte de cisaillement entre 0 et 100 s-1 et entre 100 à 0 s-1.

Le logiciel RheoPlus 3.40 a permis d’enregistrer les valeurs de viscosité apparente à 10,5

s-1. Le chapitre 2 a démontré qu’il y a une bonne corrélation entre les résultats d’hystérèse

et ceux de viscosité apparente. C’est pourquoi seule cette dernière sera présentée dans la

section des résultats.

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66

3.2.5.3 Microbiologie

Le matériel et les méthodes utilisés au chapitre 2 pour dénombrer les bactéries

lactiques thermophiles (peptone, milieux de cultures M17 et MRS, agar, lactose et acide

acétique glaciale) ont été réutilisés dans ce chapitre.

Pour chaque jour d’analyse, les milieux gélosés ont été préparés, stérilisés à 121 °C

pendant 10 minutes et entreposés dans un bain thermostat réglé à 45 °C jusqu’à leur

utilisation. L’eau peptonée (0,1 % (p/v)) a été utilisée pour diluer les échantillons de

yogourt. Des billes de verres (2,5 g, 4 mm de diamètre) ont permis de briser les chaînes de

streptocoques et de lactobacilles pendant une agitation vigoureuse des bouteilles, 40 fois.

Une fois inoculées, les boîtes de Pétri ont été incubées à 37 °C pendant 48 heures en

condition anaérobique. Les streptocoques (géloses M17) et les lactobacilles (géloses MRS

acidifiées) ont été dénombrés dans la masse sur les géloses contenant entre 30 et 300

colonies et rapportés en logarithme unité formatrice de colonie par millilitre (log UFC/mL).

3.2.5.4 Statistiques

Une analyse de la variance de type «split-plot» a été utilisée pour déterminer

l’impact de la teneur en MG (YOG), du temps de fermentation (TF) et du type de système

de refroidissement (REF) sur le pH, l’acidité titrable, la synérèse, la fermeté, les courbes

d’hystérèse et la viscosité apparente des yogourts brassés durant 34 jours d’entreposage

(TE). Un total de trois répétitions a été effectué. Le premier niveau était constitué des

facteurs YOG, TF et REF tandis que le second niveau était constitué par le facteur TE.

L’annexe 3 rapporte les résultats de l’analyse de la variance testée à P ≤ 0,05. La procédure

GLM du logiciel SAS (version 2.0.4, Edition, SAS Inst. Inc., Cary, NC, États-Unis) a été

utilisée.

Page 82: Impact d'un procédé industriel de brassage et de ... · Impact d’un procédé industriel de brassage et de ... (MG), du temps de fermentation (TF), du type de refroidissement

67

3.3 Résultats

3.3.1 Composition des mélanges laitiers

Les teneurs en CN, PS et ST ainsi que le ratio CN/PS étaient respectivement de 3,10

± 0,03; 1,11 ± 0,03, 16,47 ± 0,16 % et 2,80 ± 0,04 pour tous les yogourts. La teneur en MG

des yogourts avec et sans gras étaient respectivement de 3,76 ± 0,17 et 0,05 ± 0,01 %, ce

qui correspondait à 12,4 et 16,5 % de solides non gras (SNG), respectivement. La

composition des yogourts était donc près des valeurs ciblées.

3.3.2 Temps de fermentation

La figure 3.2 illustre l’évolution des courbes d’acidification des yogourts durant les

fermentations de quatre et de cinq heures. Les yogourts produits en quatre heures ont été

inoculés à 2,05 % (7,36 log de streptocoques et 5,02 log de lactobacilles) tandis que les

yogourts produits en cinq heures ont été inoculés à 1,35 % (7,26 log de streptocoques et

4,35 log de lactobacilles). Cela a permis d’obtenir des temps de fermentation de 4,20 et

5,17 ± 0,06 heures, ce qui correspondait aux vitesses de fermentation ciblées.

Figure 3.2 : Courbes d’acidification des yogourts fermentés en quatre heures suite

à une inoculation à 2,05 % (ligne noire) et cinq heures suite à une inoculation à 1,35 %

(ligne grise).

Les courbes peuvent être divisées en trois phases. La première correspond à une

légère diminution du pH dans les premières minutes de fermentation, surtout pour le

yogourt produit en quatre heures. La seconde représente une chute importante plus abrupte

du pH qui est rapide et de plus courte durée pour le yogourt produit en quatre heures

4,5

5,0

5,5

6,0

6,5

0 50 100 150 200 250 300 350

pH

Temps de fermentation (min)

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68

comparativement à celui de cinq heures. La dernière phase représente un ralentissement de

l’acidification pour les deux yogourts jusqu’à l’atteinte du pH final de fermentation.

3.3.3 Populations bactériennes

L’analyse statistique a révélé un effet significatif du temps de fermentation (TF) sur

la population des streptocoques (P ≤ 0,05) mais les facteurs yogourt (YOG), système de

refroidissement (REF) et temps d’entreposage (TE) n’ont pas eu d’impact significatif.

Deux doubles interactions significatives REF*TE et YOG*TE (P ≤ 0,05) ont été observées

pour la population des lactobacilles. Le facteur TF et les autres interactions n’ont pas eu

d’impact significatif.

La figure 3.3a présente la population des streptocoques. Celle-ci a été

significativement supérieure de 0,17 log dans les yogourts fermentés en quatre heures

comparativement à ceux de cinq heures.

La population des lactobacilles dans les yogourts à 0,0 (Y0,0) et 3,9 % (Y3,9) de

MG est présentée à la figure 3.3b. Elle était similaire indépendamment de la teneur en MG

et du temps d’entreposage jusqu’au jour 7. Une légère diminution de la population des

lactobacilles a été observée entre les jours 7 et 21, surtout pour le yogourt Y0,0. Une

deuxième diminution significativement plus importante a été observée entre les jours 21 et

34 puisque la population dans les yogourts Y0,0 et Y3,9 a chuté de 1,03 et 0,78 log,

respectivement. La figure 3.3c présente l’évolution de la population des lactobacilles dans

les yogourts refroidis par les systèmes de refroidissement ECT et ECP. Les populations

étaient similaires pendant les sept premiers jours d’entreposage. Une légère diminution

significative des populations a été observée pour les deux systèmes de refroidissement

entre les jours 7 et 21. Une deuxième diminution, plus importante, a été observée entre les

jours 21 et 34 surtout pour les yogourts refroidis avec le système ECP puisque la population

a chuté de 0,67 et 1,14 log pour les yogourts refroidis par les systèmes ECT et ECP,

respectivement.

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69

Figure 3.3 : Population des streptocoques dans les yogourts brassés (a) fermentés en 4 et

5h, (b) évolution de la population des lactobacilles durant l’entreposage à 4 °C des yogourts

brassés à 0,0 (Y0,0) et 3,9% (Y3,9) de matières grasses et (c)refroidis par les systèmes de

refroidissement tubulaires (ECT) et à plaques (ECP). Les barres d’erreur représentent

l’erreur standard sur la moyenne. A-G Dans chacune des figures, les moyennes avec la même

lettre ne sont pas significativement différentes (P > 0,05).

A B

8,0

8,2

8,4

8,6

8,8

9,0

4 5

Str

epto

coq

ues

(lo

g U

FC

/mL

)

Temps de fermentation (h)

A

B

A

B

A

BC

E

A

B

A

B AB

C

D

5,0

5,5

6,0

6,5

7,0

7,5

8,0

1 3 7 21 34

La

cto

ba

cill

es

(lo

g U

FC

/mL

)

Y0,0 Y3,9

C

D

E

B

C

D

E

A

B

C

D

E E

F

A

B

A

B A D

E

G

5,0

5,5

6,0

6,5

7,0

7,5

8,0

1 3 7 21 34La

cto

ba

cill

es (

log

UF

C/m

L)

Temps d'entreposage (jour)

ECT ECP

(a)

(b)

(c)

Page 85: Impact d'un procédé industriel de brassage et de ... · Impact d’un procédé industriel de brassage et de ... (MG), du temps de fermentation (TF), du type de refroidissement

70

3.3.4 Propriétés physicochimiques

3.3.4.1 pH et acidité titrable

Le pH a été significativement affecté par le facteur TE (P ≤ 0,05). Les autres

facteurs (YOG, TF et REF) n’ont eu aucun effet significatif. Au niveau de l’acidité titrable,

des interactions significatives entre YOG*TE et REF*TE ont été observées (P ≤ 0,05), par

contre le TF et les autres interactions n’ont pas eu d’effet significatif.

La figure 3.4 présente l’évolution du pH durant l’entreposage des yogourts brassés.

Le pH de tous les yogourts a graduellement diminué durant les 21 premiers jours

d’entreposage et il est resté stable à partir du jour 21.

Figure 3.4 : Évolution du pH des yogourts brassés durant 34 jours d’entreposage à 4 °C.

Les barres d’erreur représentent l’erreur standard sur la moyenne. A-E Les moyennes avec

la même lettre ne sont pas significativement différentes (P > 0,05).

La figure 3.5a illustre l’augmentation de l’acidité titrable en fonction de la teneur

en MG durant les 34 jours d’entreposage. L’acidité des yogourts brassés Y0,0 et Y3,9 a

augmenté durant les 21 premiers jours d’entreposage. Dès le jour 1, les valeurs obtenues

pour le yogourt Y0,0 étaient significativement supérieures à celles obtenues pour le

yogourts Y3,9 jusqu’au jour 7. Par contre, aux jours 21 et 34, l’acidité des deux yogourts

était similaire.

La figure 3.5b illustre l’augmentation de l’acidité dans les yogourts brassés refroidis

par les systèmes ECT et ECP. L’acidité a augmenté graduellement durant 21 jours et s’est

A

B

CD

E E

4,10

4,20

4,30

4,40

4,50

4,60

1 3 7 21 34

pH

Temps d'entreposage (jour)

(a)

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71

stabilisée jusqu’au jour 34. Par contre, l’acidité était significativement supérieure pour les

yogourts refroidis avec le système ECT durant les 7 premiers jours.

Figure 3.5 : Évolution de l’acidité titrable durant 34 jours d’entreposage à 4 °C (a) des

yogourts brassés à 16,5 % de solides totaux contenant 0,0 (Y0,0) et 3,9 % (Y3,9) de

matières grasses et (b) refroidis à l’aide des systèmes tubulaire (ECT) et à plaques (ECP).

Les barres d’erreur représentent l’erreur standard sur la moyenne. A-G Dans chacune des

figures, les moyennes avec la même lettre ne sont pas significativement différentes (P >

0,05).

3.3.4.2 Indice de synérèse

L’analyse statistique a révélé que l’interaction YOG*REF était significative

(P ≤ 0,05). Les facteurs TF et TE ainsi que les autres interactions n’étaient pas significatifs.

La figure 3.6 présente l’indice de synérèse des yogourts brassés. L’indice de

synérèse était généralement plus élevé dans le yogourt sans gras Y0,0 comparativement au

yogourt à 3,9 % de MG (Y3,9). Pour les yogourts refroidis avec le système ECT, la

FD

BA A

G

E

F

C

D

A A

50

55

60

65

70

75

80

1 3 7 21 34

Aci

dit

é ti

tra

ble

(°D

)

Y0,0 Y3,9

F

G

DB

A A

G

E

F

C

D

A A

50

55

60

65

70

75

80

1 3 7 21 34

Aci

dit

é ti

tra

ble

(°D

)

Temps d'entreposage (jour)

Système ECT Système ECP

(a)

(b)

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72

présence de MG dans le yogourt Y3,9 a permis de réduire de 68 % la synérèse

comparativement au Y0,0, passant de 13,24 à 4,21 %. La même tendance (réduction de 65

%) a été observée pour les yogourts Y0,0 et Y3,9 refroidis avec le système ECP, passant

de 6,89 à 2,43 %. Comparativement au système ECT, le système de refroidissement ECP

permettait de réduire la synérèse de 48% dans le yogourt Y0,0 et de 42 % dans le yogourt

Y3,9. Par contre, la réduction de synérèse observée dans le yogourt Y3,9 entre les système

ECT et ECP n’était pas significative (P > 0,05). La valeur de synérèse la plus élevée (13,24

%) a été obtenue avec le yogourt Y0,0 refroidi par le système ECT tandis que la valeur la

plus faible (2,43 %) a été obtenue avec le yogourt Y3,9 refroidi par le système ECP.

Figure 3.6 : Indice de synérèse des yogourts brassés à 0,0 (Y0,0) et 3,9 % (Y3,9) de

matières grasses refroidis avec les systèmes tubulaire (ECT) et à plaques (ECP). Les barres

d’erreur représentent l’erreur standard sur la moyenne. A-D Les moyennes avec la même

lettre ne sont pas significativement différentes (P > 0,05).

3.3.5 Propriétés texturales et rhéologiques

3.3.5.1 Fermeté

L’interaction YOG*TE et le facteur REF avaient un effet significatif sur la fermeté

(P ≤ 0,05). Le facteur TF et les autres interactions n’étaient pas significatifs.

Le système de refroidissement a eu un impact important sur la fermeté (figure 3.7a).

La fermeté des yogourts brassés refroidis par le système ECT était 15% plus élevée que

pour les yogourts refroidis avec le système ECP. La figure 3.7b illustre l’évolution de la

fermeté des yogourts Y0,0 et Y3,9 durant 34 jours d’entreposage. Celle-ci a augmenté

graduellement durant l’entreposage pour les deux yogourts mais elle s’est stabilisée après

A

C

D

B

D

0

5

10

15

Y0,0 Y3,9

Sy

nér

èse

(%

)

Système ECT Système ECP

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73

21 jours pour le yogourt Y3,9. Durant l’entreposage, la fermeté du yogourt Y3,9 était plus

élevée d’environ 40% comparativement au yogourt Y0,0. La valeur maximale de fermeté

(649 N/m²) après 34 jours d’entreposage a été obtenue avec Y3,9 refroidi à l’aide du

système ECT, tandis que la valeur minimale de fermeté (399 N/m²) a été obtenue avec Y0,0

refroidi à l’aide du système ECP.

3.3.5.3 Viscosité apparente

L’interaction YOG*TE était significative (P ≤ 0,05) pour la viscosité apparente.

Les facteurs TF et REF et les autres interactions n’étaient pas significatifs.

Figure 3.7 : Évolution de la fermeté des yogourts brassés (a) refroidis avec les systèmes

de refroidissement tubulaire (ECT) et à plaques (ECP) à (b) 0,0 (Y0,0) et 3,9 % (Y3,9) de

matières grasses pendant 34 jours à 4 °C. Les barres d’erreur représentent l’erreur standard

sur la moyenne. A-I Dans chacune des figures, les moyennes avec la même lettre ne sont

pas significativement différentes (P > 0,05).

A

B

300

350

400

450

500

550

ECT ECP

Ferm

eté

(N

/m²)

Type de système de refroidissement

I H

GH F ED C B

A A

0

200

400

600

800

1 3 7 21 34

Ferm

eté

(N

/m²)

Temps d'entreposage (jour)

Y0,0 Y3,9

(a)

(b)

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74

La figure 3.8 présente l’évolution de la viscosité apparente des yogourts avec (Y0,0)

et sans gras (Y3,9). En général, la viscosité des yogourts Y3,9 était 49 % plus élevée

comparativement aux valeurs obtenues pour les yogourts Y0,0. Durant l’entreposage, la

viscosité du yogourt Y0,0 était significativement plus élevée après 34 jours d’entreposage,

comparativement au jour 1 tandis que la viscosité du yogourt Y3,9 augmentait

graduellement et se stabilisait après 21 jours.

Figure 3.8 : Évolution de la viscosité apparente à 10,5 s-1 des yogourts brassés à 0,0 (Y0,0)

et 3,9 % (Y3,9) de matières grasses pendant 34 jours d’entreposage à 4 °C. Les barres

d’erreurs représentent l’erreur standard sur la moyenne. A-I Les moyennes avec la même

lettre ne sont pas significativement différentes (P > 0,05).

I

HI

GH

FG

EFG

D C B A A

0,0

0,5

1,0

1,5

2,0

2,5

3,0

1 3 7 21 34

Vis

cosi

té (

Pa

s)

Temps d'entreposage (jour)Y0,0 Y3,9

Page 90: Impact d'un procédé industriel de brassage et de ... · Impact d’un procédé industriel de brassage et de ... (MG), du temps de fermentation (TF), du type de refroidissement

75

3.4 Discussion

La production de yogourt comporte plusieurs étapes critiques (standardisation de la

composition, homogénéisation, traitement thermique, fermentation, brassage,

refroidissement, etc.) qui, si elles ne sont pas optimisées, peuvent provoquer des

modifications des propriétés physico-chimiques, texturales et rhéologiques du yogourt

brassé telles qu’une augmentation de la synérèse ou une diminution de la fermeté et de la

viscosité (Damin, M. R., Alcântara, M. R., et al. (2009), De Brabandere, Anne G.et De

Baerdemaeker, Josse G. (1999), Haque, A., Richardson, R. K., et al. (2001), Serra, M.,

Trujillo, A. J., et al. (2009)). Dans ce chapitre, pour étudier spécifiquement l’effet des YOG

du TF et du REF sur les propriétés physico-chimiques, texturales et rhéologiques des

yogourts brassés, la composition de tous le ML à yogourts a été standardisée à la même

teneur en CN, en PS, (ratio CN/PS) et en ST.

La vitesse de fermentation a été contrôlée avec succès puisque la réduction du taux

d’inoculation de 0,70 % a permis d’augmenter le temps de fermentation de quatre à cinq

heures. Lee, W. J.et Lucey, J. A. (2004) ont aussi démontré que la diminution du taux

d’inoculation permettait d’augmenter le temps nécessaire pour atteindre le pH final de

fermentation. Durant la fermentation, il est connu que les streptocoques permettent d’initier

l’acidification du milieu pour favoriser la croissance subséquente des lactobacilles et qu’ils

ont un pouvoir acidifiant inférieur à celui des lactobacilles (Lamontagne, M. (2010),

Sieuwerts, S, de Bock, A. M. Frank, et al. (2008)). Dans ce chapitre, puisque les

streptocoques étaient plus nombreux à l’inoculation dans les yogourts produits en quatre

heures, le pH optimal de croissance des lactobacilles de 5,5 (Adams, M.R.et Moss, M.O.

(2008)) a été atteint 35 minutes plus rapidement comparativement à ceux produits en cinq

heures (approximativement aux temps 155 et 190 minutes, respectivement). Les

lactobacilles, aussi plus nombreux à l’inoculation, ont donc pu acidifier le milieu et

atteindre le pH final de fermentation plus rapidement.

Il a été démontré qu’une fermentation lente (> 6,5 heures) crée un réseau protéique

fragile et instable dû aux réarrangements des liens hydrophobes et électrostatiques ainsi

que des agrégats protéiques durant la fermentation. Il en résulte une augmentation de la

synérèse et une diminution du module élastique G’ des yogourts fermes. Au contraire, une

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76

fermentation plus rapide (< 4,3 heures) permet la formation d’un réseau protéique dense,

uniforme et contenant plus de liaisons hydrophobes et électrostatiques entre les protéines,

ce qui réduit la taille des pores et augmente la capacité de rétention d’eau ainsi que la

fermeté des yogourts fermes (Lee, W. J.et Lucey, J. A. (2004), Peng, Y., Horne, D. S., et

al. (2009)). Par contre, le brassage des yogourts cause une déstructuration importante du

réseau protéique ce qui diminue les propriétés rhéologiques (Lee, W. J.et Lucey, J. A.

(2006)). Or, les propriétés texturales et rhéologiques après le brassage des yogourts

produits en quatre et cinq heures n’étaient pas significativement différentes. Il est probable

que le brassage des yogourts dans le banc d’essai pilote ait causé une déstructuration des

réseaux protéiques suffisamment importante pour effacer l’effet du temps de fermentation.

Par contre, il est intéressant de noter que le yogourt produit en cinq heures avait une

tendance, mais non significative, à former moins de synérèse (P = 0,16) et à obtenir des

valeurs de fermeté (P = 0,32) et de viscosité (P = 0,87) plus élevées que les yogourts brassés

produits en quatre heures, surtout en présence de MG. À noter que les yogourts produits au

chapitre 2 avec une composition comparable (0,0 et 3,9% de MG) et ils avaient des valeurs

de fermeté (Y0,0 : 346 N/m² et Y3,9 : 460 N/m²) et de viscosité (Y0,0 : 1,47 Pa*s et Y3,9 :

2,24 Pa*s) moins élevées que les valeurs de fermeté (Y0,0 : 372 N/m² et Y3,9 : 528 N/m²)

et de viscosité (Y0,0 : 1,69 Pa*s et Y3,9 : 2,51 Pa*s) obtenus pour les yogourts produits

dans ce chapitre. Or les yogourts au chapitre 2 ont été produits en 3,5 heures. Il est possible

qu’une fermentation plus longue de 4 ou 5 heures ait conduit à la formation d’un réseau

protéique mieux structuré que les yogourts produits au chapitre 2, d’où des valeurs de

fermeté et viscosité plus élevées. En plus du temps de fermentation, il a été démontré au

chapitre 2 que la teneur en MG, a joué un rôle important au niveau de la réduction de la

synérèse ainsi que de l’augmentation de la fermeté et de la viscosité des yogourts brassés,

ce qui pourrait aussi atténuer l’impact du temps de fermentation.

Dans ce chapitre, il a été observé que pour une même teneur en CN, PS et ratio

CN/PS, l’augmentation de la teneur en MG a permis de limiter le développement de

l’acidité, de diminuer la synérèse et d’augmenter la fermeté et la viscosité des yogourts

Y3,9. Le traitement thermique prodigué au mélange à yogourt avant l’étape de

fermentation provoque une dénaturation des PS ce qui modifie leur conformation et rend

accessibles leurs groupements hydrophobes et sulfhydriles pour former des liens avec les

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77

CN et les PS et produire des particules constituées d’agrégats protéiques durant la

formation du réseau protéique. Durant la fermentation d’un yogourt sans gras, les CN et

les PS dans la phase aqueuse s’agrègeraient ensemble et se liraient entre eux pour former

un réseau protéique plus poreux comparativement à un yogourt riche en lipides (Brauss,

M.S., Linforth, R.S.T., et al. (1999)). Cano-Ruiz, M. E.et Richter, R. L. (1997) ont

démontré que, suite à l’homogénéisation, la surface des globules gras homogénéisés

(GGH) était principalement recouverte de CN, ce qui permettait aux GGH d’avoir des

propriétés similaires aux protéines. Brauss, M.S., Linforth, R.S.T., et al. (1999) ont

démontré qu’en présence de MG les particules formées d’agrégats protéiques étaient trois

fois plus petites puisqu’une partie des protéines de la phase aqueuse, principalement des

CN, était adsorbées à la surface des GGH, ce qui diminuait la quantité de protéines pour

former de gros agrégats. Le réseau formé serait plus dense et uniforme en présence de MG

comparativement aux yogourts sans gras de type ferme. Il est possible que le même

phénomène se soit produit dans les yogourts brassés Y0,0 et Y3,9. Une partie des protéines

pourrait s’être liée à la surface des GGH dans les yogourts Y3,9, ce qui aurait réduit le

nombre de protéines dans la phase aqueuse pouvant former des agrégats. Les yogourts Y3,9

seraient constitués de plus petits agrégats permettant de créer un réseau protéique plus

dense et stable comparativement aux yogourts Y0,0. Comparativement aux yogourts sans

gras, la présence de GGH dans le yogourt Y3,9 aurait possiblement permis d’augmenter le

nombre d’interactions avec les PS et les CN durant la fermentation des yogourts et de

former un réseau protéique plus dense et stable. Cela permettrait à ce réseau protéique riche

en gras de mieux résister au cisaillement provoqué par le banc pilote, d’où des propriétés

texturales et rhéologiques, après brassage, supérieures dans les yogourts Y3,9. Les résultats

du chapitre 2 montrent aussi des effets similaires de l’augmentation de la teneur en MG,

surtout à partir de 2,6 %. Nguyen, Hanh Thi Hong, Ong, Lydia, et al. (2015) ainsi que

Cayot, P., Fairise, J. F., et al. (2003) ajoutent qu’un réseau plus dense et contenant plus de

liaisons protéiques, grâce à la contribution des GGH recouverts de protéines, contribue à

la rétention d’eau dans le réseau et permet d’obtenir des propriétés rhéologiques plus

élevées dans les yogourts fermes et même pour des yogourts, brassés avec un mélangeur

Polytron.

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78

Le système ECT utilisé dans ce chapitre permettrait de minimiser le cisaillement

après l’étape de lissage puisque l’écoulement du yogourt s’effectuait dans un tuyau linéaire

à double paroi tandis que le système ECP causerait un cisaillement plus élevé puisque le

yogourt passait entre les espaces étroits et sinueux des plaques. Le système ECT permettrait

donc de produire des yogourts brassés constitués de fragments de gel de plus grande taille.

Les résultats obtenus ont démontré que, tout comme au chapitre 2, le type de

refroidissement ne semblerait pas avoir un impact sur la viscosité puisqu’elle était similaire

pour les yogourts Y0,0 et Y3,9 refroidis par les systèmes ECT et ECP. Cayot, Philippe,

Schenker, Flore, et al. (2008) ont démontré que, malgré deux types de brassage à la

seringue (diamètre et longueur d’aiguille différents) produisant des tailles de fragments de

gel différentes, la viscosité apparente des yogourts brassés était similaire. Par contre, tout

comme observé au chapitre 2, les yogourts refroidis avec le système ECT avaient une

fermeté supérieure au yogourt refroidi avec le système ECP, surtout pour les yogourts

riches en gras Y3,9. Jorgensen, Camilla Elise, Abrahamsen, Roger K., et al. (2015) ont

démontré que l’augmentation de la taille des fragments des yogourts ayant été brassés de

façon standardisée (non décrite) permettait d’augmenter les valeurs de fermeté et de G’. Il

est probable que si le système ECT a permis de conserver des fragments de gel plus gros,

il est normal que les yogourts brassés soient plus fermes comparativement aux yogourts

ayant été refroidis par le système ECP. Par contre, cela va à l’encontre des résultats obtenus

par Ciron, C. I. E., Gee, V. L., et al. (2010). Ces auteurs n’ont pas obtenu des valeurs de

synérèse et de fermeté significativement différentes après le brassage des yogourts même

si la taille des fragments de gel, mesurée par diffusion dynamique de la lumière avec un

Zetasizer Nano ZS) était supérieure dans les yogourts sans gras. Dans ce chapitre, la

synérèse était plus élevée au jour 1 dans les yogourts refroidis avec le système ECT, surtout

pour Y0,0. Il semble donc que l’impact de leur méthode de brassage effectué avec une

plaque perforée soit très différent du brassage effectué avec le banc pilote dans ce chapitre.

Après le brassage des yogourts, ceux-ci ont été entreposés à basse température. Cet

entreposage a causé une post-acidification et des modifications au niveau des propriétés

physico-chimiques, texturales et rhéologiques. Au jour 1, la population des streptocoques

et l’acidité étaient plus élevées dans les yogourts produits en quatre heures refroidis avec

le système ECT, surtout pour Y0,0. Le refroidissement des yogourts avec le système ECT

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79

était de trois minutes comparativement à quelques secondes pour le système ECP. Cela

pourrait contribuer à expliquer l’acidité plus élevée obtenue pour les yogourts refroidis

avec le système ECT. De plus, comme déjà mentionné au chapitre 2, la présence de MG

semblent de limiter le développement de l’acidité, surtout durant la première semaine

d’entreposage. Shaker, R. R., Jumah, R. Y., et al. (2000) ont aussi démontré que durant la

fermentation, l’acidification des yogourts contenant 3,0 % de MG n’était pas aussi

prononcée comparativement à des yogourts sans gras.

Dans ce chapitre, durant l’entreposage, la population des lactobacilles était

équivalente dans les yogourts fermentés en quatre et cinq heures tandis que la population

des streptocoques est restée plus élevée et stable dans les yogourts produits en quatre heures

comparativement aux yogourts produits en cinq heures. De plus, la population des

lactobacilles était toujours plus faible comparativement à la population des streptocoques

durant l’entreposage des yogourts et elle a commencé à chuter après 21 jours

d’entreposage. Damin, M. R., Minowa, E., et al. (2008) ainsi que les résultats obtenus au

chapitre 2 ont aussi démontré que la population des streptocoques était stable mais que

celle des lactobacilles diminuait graduellement durant l’entreposage. Ekinci, F. Y.et Gurel,

M. (2008) rapportent que l’entreposage à basse température peut être un facteur limitant la

croissance des lactobacilles. Turner, K.W.et Thomas, T.D. (1975) ajoutent que, malgré la

présence de facteurs limitants la croissance des bactéries (pH acide ou basse température),

le métabolisme des lactobacilles était apte à utiliser le lactose présents dans le milieu et

ainsi continuer à produire de l’acide lactique acidifiant le yogourt. Serra, M., Trujillo, A.

J., et al. (2009) ont démontré que la post-acidification et l’entreposage à basse température

favorisaient la formation d’interactions hydrophobes entre les CN. L’entreposage

permettrait la formation de nouveaux liens hydrophobes de faible énergie entre les

fragments de gel créés par le brassage, ce qui permettrait d’augmenter les propriétés

texturales et rhéologiques des yogourts brassés. Par contre, les propriétés des yogourts

brassés demeuraient inférieures à celles des yogourts fermes. Serra, M., Trujillo, A. J., et

al. (2009) ont démontré que les liens formés entre les CN et les PS (et GGH en présence

de MG) durant la fermentation étaient plus résistants à la déformation comparativement

aux liens formés uniquement entre les CN durant l’entreposage à basse température. Il a

été démontré précédemment que les yogourts produits en quatre et cinq heures n’étaient

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pas différents au jour 1 au niveau de la fermeté et de la viscosité. Cette tendance a été

maintenue durant l’entreposage puisque la fermeté et la viscosité des yogourts brassés au

jour 1 ont augmenté surtout pour les yogourts Y3,9, indépendamment de la vitesse de

fermentation. Les valeurs d’acidité obtenues au jour 1 ont aussi augmenté, et celles du pH

ont diminuées, durant l’entreposage des yogourts brassés, surtout dans le cas des yogourts

Y0,0 refroidis avec le système ECT. Les résultats obtenus dans ce chapitre ont aussi

démontré que la synérèse était plus élevée dans les yogourts Y0,0 comparativement aux

yogourts Y3,9 tout au long de l’entreposage, indépendamment du temps de fermentation.

Des tendances similaires ont été observées au chapitre 2 mais les valeurs de synérèse étaient

plus élevées au chapitre 2 (Y0,0 : 11 vs 10 % et Y3,9 : 6 vs 3 %). Les valeurs de synérèse

plus élevées pourraient indiquer que le réseau protéique formé dans les yogourts produits

au chapitre 2 était moins bien structuré dû à une fermentation plus rapide. L’entreposage à

basse température aurait donc un impact sur l’évolution des propriétés texturales et

rhéologiques des yogourts après brassage.

Page 96: Impact d'un procédé industriel de brassage et de ... · Impact d’un procédé industriel de brassage et de ... (MG), du temps de fermentation (TF), du type de refroidissement

81

3.5 Conclusion

Plusieurs études portent sur l’impact du temps de fermentation et de la teneur en

MG sur les propriétés physico-chimiques, texturales et rhéologiques de yogourts fermes

mais peu d’études rapportent l’impact de ces facteurs pour des yogourts brassés à l’échelle

pilote. Jusqu’à ce jour, la littérature rapporte plusieurs études sur des yogourts qui ont été

brassés en laboratoire avec une cuillère, une seringue ou une plaque perforée. Par contre,

ce type de brassage en laboratoire n’est pas représentatif du brassage dans des cuves

industrielles et ne représente pas la production du yogourt brassé comme le banc d’essai

pilote utilisé dans ce chapitre.

Les résultats de ce chapitre ont démontré qu’après un brassage à l’aide d’un banc

d’essai pilote, les propriétés texturales et rhéologiques des yogourts produits en quatre et

cinq heures n’étaient pas significativement différentes, contrairement à ce qui a été

démontré dans la littérature pour des yogourts fermes. Dans cette étude, l’impact du temps

de fermentation sur les propriétés texturales et rhéologiques des yogourts était donc

négligeable comparativement à l’impact du brassage avec le banc d’essai pilote. Comme

aussi observé dans la littérature pour les yogourts fermes et brassés en laboratoire, ce

chapitre a permis de confirmer que la présence d’une teneur élevée en matières grasses

joue un rôle très important sur la réduction de la synérèse et l’augmentation de la fermeté

et de la viscosité des yogourts même brassés de manière plus complexe avec un banc

d’essai pilote. La littérature rapporte que le brassage en laboratoire peut avoir un impact

sur les propriétés texturales et rhéologiques de yogourts avec et sans gras. Par contre, ce

chapitre rapporte en plus l’importance du cisaillement sur les propriétés texturales et

rhéologique des yogourts. L’utilisation d’un système tubulaire minimisant le cisaillement

permet d’augmenter la fermeté mais, un système à plaques causant un cisaillement plus

élevé permet de diminuer la synérèse et le développement de l’acidité. Malgré la

déstructuration du réseau protéique causée par le brassage des yogourts avec le banc d’essai

pilote, la fermeté et la viscosité obtenues au jour 1 ont augmenté durant l’entreposage.

Le banc d’essai pilote utilisé dans ce chapitre est un outil plus complet qu’un

brassage en laboratoire et plus représentatif de la réalité industrielle et pourrait être modifié

pour se rapprocher davantage de la réalité industrielle en étudiant d’autres paramètres

Page 97: Impact d'un procédé industriel de brassage et de ... · Impact d’un procédé industriel de brassage et de ... (MG), du temps de fermentation (TF), du type de refroidissement

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comme l’intensité du brassage en cuve, différentes longueurs et diamètres de tuyauterie et

différents débits.

Page 98: Impact d'un procédé industriel de brassage et de ... · Impact d’un procédé industriel de brassage et de ... (MG), du temps de fermentation (TF), du type de refroidissement

83

Conclusion générale

Ce projet a permis de générer de nouvelles connaissances sur les effets combinés

de la teneur en solides totaux et en matières grasses, de l’augmentation du temps de

fermentation de quatre à cinq heures et de deux types de refroidissement (tubulaire ou à

plaques) sur les propriétés physico-chimiques, texturales et rhéologiques des différents

yogourts, brassés en utilisant un banc d’essai pilote simulant des conditions de brassage

industriel. L’hypothèse était que la teneur en matières grasses et le temps de fermentation

permettraient au gel protéique formé dans les cuves de mieux résister à plusieurs types de

cisaillement successif provoqués par un brassage dans un banc d’essai pilote simulant un

brassage en cuve, un pompage, un lissage et un refroidissement (avec un échangeur de

chaleur tubulaire ou à plaques) de type industriel et d’optimiser les propriétés physico-

chimiques, texturales et rhéologiques des yogourts brassés. La teneur en caséines et en

protéines sériques ainsi que le ratio CN/PS ont été standardisés pour tous les yogourts,

permettant d’isoler l’impact des différents facteurs à l’étude (solides totaux, matières

grasses, temps de fermentation et type de refroidissement).

Dans le chapitre 2, des mélanges laitiers à yogourts contenant différentes teneurs

en matières grasses (entre 0,0 et 3,9 %) ont été inoculés avec un ferment lactique

thermophile mixte (Streptococcus thermophilus et Lactobacillus delbrueckii ssp.

bulgaricus) pour produire des gels protéiques à pH 4,7 en 3,5 heures. Les gels protéiques

ont immédiatement été brassés, pompés, lissés et refroidis à l’aide du banc d’essai pilote.

Ce dernier était composé d’un système de refroidissement tubulaire, causant un

cisaillement faible, ou d’un système à plaques, produisant un cisaillement élevé. Les

analyses physico-chimiques, texturales et rhéologiques ont été effectuées pendant 34 jours

d’entreposage à 4 °C. L’augmentation de la teneur en matières grasses a permis de réduire

la synérèse et d’augmenter la fermeté, l’hystérèse et la viscosité des yogourts brassés.

Cependant, l’utilisation du système de refroidissement à plaques a fait diminuer les valeurs

de fermeté des yogourts avec et sans gras. La fermeté, l’hystérèse et la viscosité ont

augmenté graduellement jusqu’à 21 jours d’entreposage à 4 °C. Les résultats obtenus dans

ce chapitre ont permis de démontrer, contrairement à ce qui était attendu, que l’utilisation

du système de refroidissement à plaques causant un cisaillement élevé, réduit la synérèse

Page 99: Impact d'un procédé industriel de brassage et de ... · Impact d’un procédé industriel de brassage et de ... (MG), du temps de fermentation (TF), du type de refroidissement

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et augmente la fermeté des yogourts avec et sans gras. Ce chapitre a permis de confirmer,

tout comme dans la littérature, que pour les yogourts sans gras ou faibles en gras (< 2,6 %),

les propriétés physico-chimiques, texturales et rhéologiques étaient similaires. Ce chapitre

a aussi permis de confirmer le rôle et l’importance de la présence des matières grasses dans

les yogourts surtout à partir de 2,6 %, permettant à ces derniers de mieux résister au

cisaillement cumulatif provoqué par les différentes étapes successives d’un brassage de

type industriel et donc de maintenir des propriétés physico-chimiques, texturales et

rhéologiques qui répondraient aux attentes des consommateurs. De ce fait, le yogourt

contenant 3,9 % de matières grasses a été retenu pour la suite du projet afin de déterminer

l’impact du temps de fermentation sur les propriétés physico-chimiques, texturales et

rhéologiques de différents yogourts brassés.

Dans le chapitre 3, des ML avec et sans gras ont été inoculés à différents taux

d’inoculation pour obtenir des yogourts fermentés en quatre et cinq heures. La

standardisation des mélanges laitiers a été effectuée à 0,0 et 3,9 % de matières grasses et

ont été fermenté avec le même ferment lactique thermophile mais, à des taux d’inoculation

différents pour obtenir une valeur de pH de 4,7 en quatre et cinq heures de fermentation.

Les gels ont ensuite subi les mêmes étapes de brassage, de pompage, de lissage et de

refroidissement qu’au chapitre 2 avant d’être entreposés à basse température. Les analyses

physico-chimiques, texturales et rhéologiques ont été effectuées jusqu’à 34 jours

d’entreposage à 4°C. Les résultats ont démontré que les propriétés physico-chimiques,

texturales et rhéologiques des yogourts, brassés avec le banc d’essai pilote mais produits

en quatre et cinq heures étaient relativement similaires. Cependant, les valeurs de synérèse

avaient tendance à être inférieures et celles de fermeté et de viscosité supérieures,

respectivement, aux valeurs de synérèse de fermeté et de viscosité obtenues au chapitre 2,

où les yogourts avec la même composition et brassés dans les mêmes conditions avaient

été produits plus rapidement soit en 3,5 heures de fermentation. Comparativement au

chapitre 2, les yogourts produits en quatre et cinq heures semblent mieux répondre aux

attentes des consommateurs puisqu’ils avaient moins de synérèse et une fermeté et une

viscosité plus élevées. Dans ce chapitre, la synérèse a été réduite et la fermeté et la viscosité

ont été augmentées pour les yogourts brassés contenant 3,9 % de matières grasses

comparativement aux yogourts sans gras. De plus, le système de refroidissement à plaques

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85

a permis de réduire la synérèse mais aussi la fermeté des yogourts brassés. Durant les 21

premiers jours d’entreposage, la fermeté et la viscosité ont augmenté graduellement. Ce

chapitre a démontré que l’augmentation du temps de fermentation de quatre à cinq heures

avait un rôle négligeable sur la modification des propriétés physico-chimiques, texturales

et rhéologiques des yogourts avec et sans gras lorsqu’ils étaient brassés avec le banc d’essai

pilote mais, ces yogourts semblaient être plus fermes et visqueux que les yogourts brassés

du chapitre 2 produits en 3,5 heures. Cependant, les résultats de ce chapitre ont permis de

valider les résultats obtenus au chapitre 2 en démontrant que la présence de matières grasses

dans les yogourts brassés permettait de réduire significativement la synérèse et d’obtenir

des valeurs de fermeté et de viscosité élevées.

Cette étude a permis de confirmer comme observé dans la littérature, l’importance

de la présence de matières grasses à partir de 2,6 %, du système de refroidissement

(tubulaire ou à plaques) et du temps d’entreposage de yogourts brassés avec un banc d’essai

pilote simulant des conditions de brassage pouvant être retrouvées dans l’industrie. Cette

étude a aussi permis de démontré qu’à des temps de fermentation rapprochés, les propriétés

physico-chimiques, texturales et rhéologiques sont semblables du moins lorsque des

yogourts ayant la même composition sont brassés en utilisant un banc d’essai pilote.

Ce banc d’essai pilote a été un outil très intéressant pour se rapprocher des

conditions de production industrielle et pour étudier les effets successifs de pompage, de

lissage et de refroidissement sur les propriétés physicochimiques, texturales et

rhéologiques des yogourts ayant différentes compositions. Il aurait été intéressant

d’approfondir les recherches pour déterminer si les mêmes tendances auraient été

observées pour des yogourts brassés dont les mélanges laitiers auraient été homogénéisés

et traités thermiquement à des pressions et des températures différentes. La variation du

temps et de la vitesse de brassage, le type de pompage et de lissage et la température de

refroidissement sont d’autres variables qu’il serait intéressant d’étudier avec le banc d’essai

pilote pour déterminer leur impact sur la synérèse, la fermeté et la viscosité. Il serait aussi

intéressant de valider les résultats obtenus dans cette étude avec des formulations

industrielles pour confirmer que le banc d’essai simule bien la production industrielle.

L’utilisation d’un ferment lactique thermophile mixte ayant des souches productrices

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86

d’EPS pourrait aussi modifier les propriétés des yogourts brassés. Les résultats de cette

recherche pourraient permettre aux producteurs de mieux contrôler la qualité des yogourts

brassés en ajustant la teneur en matières grasses, en respectant des temps de fermentation

entre 4 et 5 h et minimisant l’intensité du cisaillement subi pendant le refroidissement des

yogourts.

Page 102: Impact d'un procédé industriel de brassage et de ... · Impact d’un procédé industriel de brassage et de ... (MG), du temps de fermentation (TF), du type de refroidissement

87

Bibliographie

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96

Annexe 1 : Composition des ingrédients laitiers et calcul

matriciel des mélanges laitiers

La composition des ingrédients laitiers utilisés dans les mélanges laitiers (test

préliminaires) ont été analysés pour leur teneur en protéines et en matières grasses selon

les méthodes officielles de l’Association of Official Agricultural Chemists (AOAC)

(2000). La différence entre la teneur en azote totale et en azote non protéique dans le lait

écrémé, la poudre de lait écrémé, le concentré de protéines de lactosérum et la crème a été

déterminée par la méthode Kjeldahl pour obtenir les protéines vraies. Le fractionnement

de l’azote caséique et non caséique n’était pas possible en raison de l’état dénaturé des

protéines lors de la fabrication des ingrédients laitiers. La teneur en caséines et en protéines

sériques a été estimée par calculs sur une base de lait conventionnel contenant 78 % de

caséines et 20 % de protéines sériques. Par exemple, pour un lait écrémé contenant 3,40%

de protéines totales, 2,65 % ont été attribuées aux caséines et 0,68 % aux protéines sériques.

La teneur en matières grasses a été analysée par la méthode Rose-Gottlieb avec l’extracteur

Mojonnier. Deux extractions consécutives permettaient d’obtenir la teneur en lipides

contenus dans les ingrédients laitiers. Les poids obtenus étaient rapportés en pourcentage

sur le poids des échantillons pour obtenir une valeur en pourcentage. Les solides totaux du

LÉ, de la PLÉ, du CPL34, de la crème et du lactose ont été déterminés tel que présenté à

la section 2.2.6.1 suite à un séchage sous vide ajusté à 100 °C (Association of Official

Agricultural Chemists (AOAC) (1990)). D’après la composition de chaque ingrédient

laitier, un calcul matriciel a permis de déterminer la quantité de LÉ, de PLÉ, de CPL34, de

crème et de lactose à peser pour obtenir un mélange laitier correspondant aux cibles en

protéines, en matières grasses et en solides totaux prédéterminées.

Par la suite, les ML préliminaires ont été analysés avec les méthodes officielles et

comparés aux résultats obtenus en utilisant un appareil infra-rouge FT-120 (Foss North

America, MN, États-Unis) pour déterminer la composition en protéines totales, ST et MG.

Les ML traités thermiquement utilisés pour les productions de yogourts ont été analysés

uniquement au FT-120 et les mêmes calculs (78 % de caséines et 20 % de protéines

sériques) ont été appliqués pour estimer les teneurs en caséines et en protéines sériques

obtenues dans les yogourts.

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97

Le tableau A1.1 est un exemple de la composition de chaque ingrédient laitier en

termes de protéines sériques, de solides totaux, de matières grasses de caséines et de

ferment et les cibles prédéterminées pour chaque composé.

Tableau A1.1 : Composition de chaque ingrédient laitier.

Matrice

LÉ PLÉ CPL34 Crème Lactose Ferment Cibles (%)

PS 0,0068 0,0726 0,3070 0,0029 0,0000 0,0087 1,11

ST 0,0926 0,9761 0,9740 0,6093 0,9982 0,1171 16,50

MG 0,0007 0,0055 0,0144 0,5682 0,0000 0,0007 3,95

CN 0,0265 0,2832 0,0000 0,0115 0,0000 0,0340 3,10

Ferment 0 0 0 0 0 1 1,50

Total 1 1 1 1 1 1 100

NB : Les valeurs sont exprimées de manière unitaire (total par colonne de 1).

En inversant la matrice de la composition des ingrédients laitiers et en la multipliant

par les cibles, il est possible d’obtenir le tableau A1.2.

Tableau A1.2 : Quantité d’ingrédients laitiers calculé selon les cibles.

Matrice inverse Proportion

LÉ -0,05 -1,11 -0,76 -0,06 -0,97 1,10 87,54

PLÉ 0,01 0,10 0,00 3,54 -0,03 -0,10 2,30

CPL34 3,26 0,00 0,00 -0,84 0,00 0,00 1,03

Crème -0,08 0,00 1,76 -0,01 0,00 0,00 6,79

Lactose -3,13 1,00 -1,00 -2,63 0,00 0,00 0,84

Ferment 0,00 0,00 0,00 0,00 1,00 0,00 1,50

Le calcul matriciel tenait compte de la composition de chaque ingrédient laitier et

des cibles prédéterminées pour calculer les quantités à utiliser. Par exemple, il faudrait

mélanger 87,54 kg de LÉ, 2,30 kg de PLÉ, 1,03 kg de CPL34, 6,79 kg de crème, 0,84 kg

de lactose et 1,50 kg de ferment pour obtenir un mélange laitier à 1,11 % de PS, 16,50 %

de ST, 3,95 % de MG, 3,10 % de CN et 1,50 % de ferment. Le tableau A1.3 est un exemple

de la quantité d’ingrédient nécessaire pour la production des différents yogourts fait dans

cette étude.

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Tableau A1.3 : Quantité d’ingrédients laitiers nécessaire pour la production de 25 kg de

yogourt.

Yogourt YT Y0,0 Y1,3 Y2,6 Y3,9

Lait écrémé (kg) 23,31 22,62 22,36 22,14 21,9

Poudre de lait écrémé (kg) 0,51 0,57 0,57 0,57 0,57

Concentré protéique de lactosérum (kg) 0,26 0,26 0,26 0,26 0,26

Lactose (kg) 0,55 1,18 0,88 0,55 0,22

Crème (kg) 0,00 0,00 0,53 1,1 1,68

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Annexe 2: Courbes d’hystérèse et calcul de l’aire

Le programme RheoPlus 3.40 relié au rhéomètre Anton Paar GmbH permettait

d’enregistrer 20 valeurs (n) de contrainte de cisaillement (τ), correspondant à chaque 5,0 ±

0,3 s-1, selon une courbe ascendante de 0 à 100 s-1 et une courbe descendante de 100 à 0 s-

1 en fonction de la vitesse de cisaillement (�̇�) (tableau A2).

Tableau A2.1 : Aire obtenue entre chaque valeur de la vitesse et de la contrainte de

cisaillement.

Courbe ascendante Courbe descendante

n �̇� (s-1) τ (Pa) Aire �̇� (s-1) τ (Pa) Aire

1 0 0 23,85 100 11,5 59,89

2 5,26 9,07 58,35 94,7 11,1 56,42

3 10,5 13,2 72,61 89,5 10,6 55,12

4 15,8 14,2 74,47 84,2 10,2 52,95

5 21,1 13,9 71,24 78,9 9,78 49,79

6 26,3 13,5 70,76 73,7 9,37 48,52

7 31,6 13,2 67,86 68,4 8,94 45,37

8 36,8 12,9 68,11 63,2 8,51 44,02

9 42,1 12,8 67,31 57,9 8,1 41,82

10 47,4 12,6 65,26 52,6 7,68 38,82

11 52,6 12,5 65,99 47,4 7,25 37,29

12 57,9 12,4 65,46 42,1 6,82 34,95

13 63,2 12,3 63,70 36,8 6,37 31,93

14 68,4 12,2 64,40 31,6 5,91 30,05

15 73,7 12,1 62,66 26,3 5,43 26,91

16 78,9 12 63,34 21,1 4,92 24,59

17 84,2 11,9 62,81 15,8 4,36 21,44

18 89,5 11,8 61,36 10,5 3,73 17,37

19 94,7 11,8 62,28 5,26 2,9 7,63

20 100 11,7 0 0

Aire ascendante totale 1211,78 Aire descendante totale 724,87

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À partir des valeurs obtenues dans les courbes ascendantes et descendantes, les

équations 1 et 2 ont permis d’obtenir l’aire sous chaque courbe :

(1) ∑(𝑛𝜏+(𝑛−1)𝜏) (𝑛�̇�−(𝑛−1)�̇�)

2

(2) ∑(𝑛𝜏+(𝑛−1)𝜏) ((𝑛−1)�̇�−𝑛�̇�)

2

Finalement, la soustraction entre l’aire sous la courbe ascendante et descendante

permettait d’obtenir l’aire entre les courbes d’hystérèse, exprimée en unités arbitraires.

Dans l’exemple présenté au tableau A2, la somme des aires de la courbe ascendante était

de 1211,78 ua tandis que celle de la courbe descendante était de 724,87 ua, ce qui

représente une aire calculée entre les deux courbes de 486,91 ua. Une valeur d’aire plus

grande indique que le réseau protéique nécessite une plus grande contrainte de cisaillement

pour être brisé, le yogourt est donc plus résistant à la déformation. Ainsi, plus l’aire calculée

est grande, plus le yogourt a subit une déformation importante durant l’augmentation du

taux de cisaillement (Smoczyński, Michałet Baranowska, Maria (2014), Yan, Wen, Ning,

Liu, et al. (2012)).

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Annexe 3: Valeurs de probabilité obtenues pour les facteurs étudiés au chapitre 2 et

au chapitre 3

Dans le chapitre 2, le type de système de refroidissement, la teneur en matières grasses et le temps d’entreposage avaient des

impacts individuels sur l’acidité titrable, la synérèse, l’aire et la viscosité des yogourts brassés. Par contre, il y avait une interaction entre

la teneur en matières grasses et le temps d’entreposage pour la population des lactobacilles et le pH. Finalement, il y avait une interaction

triple entre les facteurs REF, YOG et TE pour la fermeté.

Tableau A3.1 : Valeurs de probabilité pour les facteurs individuels (YOG, REF, TE) et de leurs interactions pour chacune des variables

dépendantes mesurées au chapitre 2.

Streptocoques Lactobacilles pH Acidité titrable Synérèse Fermeté Aire Viscosité

Facteurs

principaux

REF 0,3935 0,6181 0,3136 0,0307 0,0029 0,6101 0,4618 0,4796

YOG 0,1183 0,1337 0,3613 0,0504 0,0296 0,0142 0,0067 0,0028

TE 0,1078 < 0,0001 < 0,0001 < 0,0001 0,0981 < 0,0001 0,0748 < 0,0001

Interactions

REF*YOG 0,1627 0,8016 0,5504 0,6454 0,3170 0,9060 0,7147 0,5688

REF*TE 0,8758 0,6357 0,6439 0,9048 0,6815 0,0017 0,5337 0,3831

YOG*TE 0,6531 0,0304 0,0058 0,0906 0,3542 0,0039 0,4422 0,1048

REF*YOG*TE 0,6952 0,8229 0,6529 0,1969 0,1107 0,0004 0,6764 0,0766

Dans le chapitre 3, le temps de fermentation, le temps d’entreposage et le type de refroidissement avaient un impact individuel

sur la population des streptocoques, du pH et de la fermeté, respectivement. Le type de refroidissement avait un impact en interaction

avec le temps d’entreposage sur la population des lactobacilles et l’acidité titrable des yogourts brassés. Finalement, le type de yogourt

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et le temps d’entreposage étaient en interaction pour l’impact sur la population des lactobacilles, de l’acidité titrable mais aussi, sur la

fermeté et la viscosité.

Tableau A3.2 : Effets significatifs individuels et combinés des différentes variables indépendantes (YOG, REF, TF, TE) selon les

variables dépendantes mesurées au cours du chapitre 3.

Streptocoques Lactobacilles pH Acidité titrable Synérèse Fermeté Viscosité

Facteurs

principaux

REF 0,1843 0,9387 0,6647 0,3290 0,0002 0,0027 0,3599

YOG 0,1082 0,5329 0,1424 0,1659 < 0,0001 < 0,0001 < 0,0001

TF 0,0321 0,6836 0,9779 0,6555 0,1590 0,3245 0,8722

TE 0,0967 < 0,0001 < 0,0001 < 0,0001 0,7496 <0,0001 < 0,0001

Interactions

REF*YOG 0,8981 0,7021 0,9189 0,7367 0,0119 0,0607 0,4943

REF*TF 0,2996 0,7725 0,9631 0,2556 0,2475 0,5296 0,9123

YOG*TF 0,3334 0,9660 0,9779 0,9956 0,3455 0,6307 0,8351

REF*TE 0,8589 < 0,0001 0,0844 0,0041 0,4822 0,1468 0,5364

YOG*TE 0,2360 0,0036 0,1065 0,0157 0,6731 < 0,0001 0,0193

TF*TE 0,7989 0,9720 0,4386 0,3766 0,3602 0,9773 0,4727

REF*YOG*TF 0,1619 0,3149 0,4914 0,2542 0,3852 0,5441 0,6620

REF*YOG*TE 0,6997 0,8062 0,4386 0,7932 0,1814 0,6149 0,2103

REF*TF*TE 0,0787 0,5675 0,5113 0,4241 0,1345 0,8095 0,7191

YOG*TF*TE 0,4945 0,0833 0,6453 0,9955 0,2938 0,9299 0,8645

REF*YOG*TF*TE 0,3108 0,6007 0,2325 0,2647 0,2453 0,4563 0,5798