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CNT MENSUEL DE LA Confédération Nationale du Travail mars 2016 numéro 500 2 euros LE COMBAT SYNDICALISTE Ici et maintenant l Notre-Dame-des-Landes : La Zad, un bien commun des luttes P 2 l La presse perd le Nord : De Gaulle, la presse locale, un tag et la CNT pêle-mêle, un méli-mélo démêlé P 6 Luttes syndicales l Phénomène de bande de jaunes à La Poste : à Lyon en octobre, La Poste briseuse de grève P 3 l L'emprunt lèse- personnel ne paie pas : Wolters Kluwer France condamné pour « manœuvre frauduleuse » P 4 Dossier l Punir les pauvres, nième saison : les territoires zéro chômeur prônés par ATD Quart Monde ; le RSA soumis à travail forcé dans le Bas- Rhin ; les discours sur les allocs chômage à réduire en montant et dans le durée... P 9 à 15 International l Kanaky : CNT-USTKE même combat l Brèves : état d'urgence contre les Kurdes à Paris ; les militants de l'ASKAPENA gagnent leur procès ; semaine anticoloniale l Espagne : Madrid, Barcelone, les marionnettes du régime postfranquiste P 14 à 19 Culture l Alexandre Jacob, journal d'un anarchiste cambrioleur l Les saboteurs du climat l Dans le désordre P 20 à 23 PUNIR LES PAUVRES nième saison

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CNTMENSUEL DE LA

Confédération Nationale du Travail mars 2016 numéro 500 2 euros

LE COMBATSYND ICA L I S TE

Ici et maintenant

l Notre-Dame-des-Landes : La Zad, un bien commun des luttes P 2l La presse perd le Nord :De Gaulle, la presse locale, un tag et la CNT pêle-mêle, un méli-mélo démêlé P 6

Luttes syndicalesl Phénomène de bande dejaunes à La Poste : à Lyon enoctobre, La Poste briseuse degrève P 3l L'emprunt lèse-personnel ne paiepas : Wolters Kluwer Francecondamné pour « manœuvrefrauduleuse » P 4

Dossierl Punir les pauvres, nièmesaison : les territoires zérochômeur prônés par ATDQuart Monde ; le RSA soumisà travail forcé dans le Bas-Rhin ; les discours sur lesallocs chômage à réduire enmontant et dans le durée...

P 9 à 15

International l Kanaky : CNT-USTKE mêmecombatl Brèves : état d'urgence contre les Kurdes à Paris ; lesmilitants de l'ASKAPENAgagnent leur procès ; semaineanticolonialel Espagne : Madrid,Barcelone, les marionnettes durégime postfranquiste

P 14 à 19

Culturel Alexandre Jacob, journald'un anarchiste cambrioleurl Les saboteurs du climatl Dans le désordre

P 20 à 23

PUNIR LES PAUVRES nième saison

Ici et maintenantActu sociale et syndicale

Notre-Dame-des-LandesLa Zad, un bien commun des luttes.

a lutte contre le projet d'aéro-port et son monde arrive à unpoint crucial. Valls s'affirme

dans les starting-blocks. Les acharnésdu parti de l'ordre se crispent, aboient,s'agitent, niant toute légitimité à unmouvement social large, déterminé,populaire. Pour discréditer le mouve-ment, appuyer sa criminalisation,tout est bon : les promoteurs qui bran-dissent les épouvantails de la peur,tout comme les prétendus « riverainsexcédés » dont l'anonymat est une au-baine pour la manipulation média-tique.Les politiques, de droite et sociaux-démocrates, dont on se demande cequ'il leur reste de social et de démo-crate, défendent mordicus le prétendubesoin d'un aéroport nouveau pourattirer les investisseurs, les capitaux,les spéculateurs qui entendent bien, icicomme ailleurs, profiter de la dérégle-mentation du code du travail, du tra-vail précaire. Le capital, qui circuledéjà très bien, doit être encore plusboosté, accéléré, magnifié. Il faut luidonner des ailes. C'est bien de crois-sance capitaliste qu'il s'agit et d'uneville conçue pour les CSP+ (catégoriessocio-professionnelles supérieures).

n Une utopie en marcheCes gesticulations et invectives nedoivent pas occulter ce que la Zad ex-

prime politiquement par ses expéri-mentations pratiques, potagers collec-tifs et champs de blés, transformationsagricoles, meunerie, conserverie, ate-lier de réparation de vélos, brasserie,boulangerie, resto roulotte, studio derap. Avec les assemblées autogestion-naires, la ZAD constitue dores etdéjà un bien commun des luttes. Lasolidarité, le partage, l'entraide, d'au-tres manières de bâtir sans permis deconstruire, de cultiver sans acte nota-rié, de se nourrir en marge du capita-lisme, voilà ce qui perturbe aussi leschiens hurlants de l'ordre. Cette insou-

mission bouillonnante occupe 220hectares et se passe de police, de juges,de conseils municipaux ou de cham-bres d’agricultures… La Zad est unespace d'invention sociale, de résis-tance, d'appui à d'autres luttes, uneutopie en marche et qui marche, unerésistance forte d'un soutien large.Autant de conquêtes insupportablespour les réactionnaires de toutes cou-leurs.Autant que les terres agricoles, les es-pèces protégées et le bocage préservé, cebien commun politique (qui est bienplus qu'un symbole) sera protégé, dé-fendu avec détermination.C'est cette construction qui a motivé

2 Organe de presse de la Confédé� ration Nationale du Travail MARS 2016

L les chantiers collectifs des 30 et 31 jan-vier : peinture, débroussaillages,construction de serres, hangars, ouver-ture de chemins, buttes de permacul-ture, rénovation de douches...

C'est cette défense collective quidonne son sens à l'appel à une mobili-sation massive et générale le 27 février,pour imposer l’arrêt des menaces d’ex-pulsion sur les paysan.nes et habi-tant.es de la Zad, et l’abandon défini-tif du projet d’aéroport. Et en cas d'at-taque militaire de la Zad, l'appel àsoutien sur place est maintenu, àNantes et partout auprès des lieux depouvoir, permanences de députés etautres.

La CNT est du côté de ceux et decelles qui veulent construire une autresociété, égalitaire et autogestionnaire !Chacun-e se doit de rejoindre le com-bat et de construire une dynamique deconfrontation sociale contre l'État, leCapital et la classe politique.

La CNT exige dans un premiertemps l’abandon du projet d’aéroportà Notre-Dame-des-Landes ! l

La CNT

Kyste et karcher

La Zad déclenche les fantasmes.On croirait entendre les Versaillaisparler de la Commune de Paris.Valls a parlé de «kyste» à éradi-quer. L'ex-président PS de région,Jacques Auxiette, voulait«karcheriser» la zone et y refaire«comme au Mali» l'opération Ser-val (qui a fait de 200 à 300morts). Son successeur, BrunoRetailleau (LR, ex-villiériste) ré-clame le retour à «la suprématiede la loi de la République sur laloi de la jungle» pour régler la «si-tuation anarchique qui règne».

À Lyon en octobre, La Poste briseuse de grève.

Phénomène de bande de jaunes à la Poste

e code du travail ? Peu importepour la Poste qui n'a pas hésitéà embaucher illégalement desintérimaires pour remplacer les

grévistes. La grève d'octobre à Lyon-Centre(15 jours de mobilisation contre lesréorganisations des 1er et 5e arron-dissements) a été riche d'enseigne-ments. Elle aura surtout permis de révélerou plutôt de remettre à jour la stra-tégie de la direction face à un conflitsocial sérieux (50% de grévistes par-tent en illimitée, sur un site symbo-lique, Lyon-Centre). Les dirigeants de la Poste avaientpressenti le degré de mobilisation etn'ont pas attendu le premier jour degrève pour prendre la temp-érature : dès le lundi 6h des intéri-maires avaient été recrutés, des di-zaines de cadres mobilisés, auxquelss'est adjoint une brigade de 5 FQES(Facteur Qualité Esprit Service), «super»facteurs nouvellement créés mobili-sables en un jour partout sur le Rhôneet l’Ain. Tous sont quotidiennement sortisen distribution pour effectuer destournées d'agents grévistes. Aucune

improvisation. Ces mesures planifiéespar la direction ont des objectifsbien précis : contourner l'action desgrévistes, rendre inefficace l'arrêt detravail.Face aux revendications des gré-vistes et à l'expression de leur mal-être, les seules mesures prises par laPoste consistent à supprimer leseffets de la grève ! Et tous les moyenssont bons, même s'ils sont illégaux.L'embauche d'intérimaires en cas deconflit est strictement interdite parle code du travail (article L1251-10).En se donnant d'importants moyenspour rendre la grève inefficace, enallant jusqu'au mépris de la loi, ladirection de la Poste remet en causedirectement le droit de grève.Ce droit reste quasiment notreseul pouvoir d'action pour préservernos conditions de travail et se pré-munir des dérives libérales que ladirection voudrait nous imposer. Etsi paradoxalement il nous faut sanscesse réexpliquer à nos collègues detravail l'importance et la nécessitéde la grève, il y a une catégorie desalarié.es de la Poste qui, elle, a biencompris son pouvoir et sa dangero-sité : les cadres de la DSCC et de

Paris ! Aujourd’hui plus que jamais lalutte sociale est nécessaire. Et il nous faudra être nombreux,unitaires, organisés et solidaires lesuns des autres pour les empêcher dedécider pour nous de ce que doitêtre notre entreprise. l

CNT-PTT du Rhône

L

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Au début du XXe siècle, le syndicat jaune pose avec la troupe chargée de la répression des grèves. Ici à Longwy en 1909.

Directrice de la publicationMarie-Pierre Aiello

CPPAP N° 0618S06521–TGI N° 97/93

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CS c/o CNT Stics 13 – c/o 1 000 Bâbords – 61,rue Consolat – 13001 Marseille

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CS c/o CNT – 33, rue des Vignoles – 75020Paris

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rouvre

Le Combat syndicaliste sort en début de mois.Les tâches amenant le Combat syndicaliste dans votre boîteaux lettres sont effectuées par des syndiqué.es après leursjournées de travail.Toutes vos idées d’articles sont les bienvenues. Le bouclagese faisant aux environs du 15, il est important que vos ar-ticles arrivent à la rédaction quelques jours avant, le plustôt possible, cela évite le stress. Merci à tou.tes !

Ici et maintenant

4 Organe de presse de la Confédé� ration Nationale du Travail MARS 2016

es migrants parlent auxmigrants.» Ce n’est passur les ondes libres dela BBC mais dans les

colonnes éclairées d’un quotidienrégional, la Voix du Nord du 24janvier 2016, qu’on a lu que notreconfédération syndicale serait l’ins-tigatrice du tag récent sur la statuedu couple de Gaulle, à Calais, lorsd’une manifestation de soutienaux migrants.Les journalistes malins en au-

raient sans doute perdu la Voix etle Nord puis qu’ils se sont résolusà supprimer une telle mise encause dans leur reprise en éditionnumérique.Il n’en reste pas moins que la

statue du Commandeur et desa légitime s’est retrouvée grati-fiée d’un péremptoire et vengeur«Nik la France» qui semblaitbien claquer comme une citationdu grand homme.Ce quotidien régional est l'an-

cienne émanation d’un MRPanti-gaulliste, de centre droitconservateur mais fort de son en-gagement résistant, il avait récupéréles décombres très encombrantsd’un Journal de Roubaix trop com-promis dans la collaboration. Avait-il besoin de voler sans raison, desdizaines d’années plus tard, à larescousse de l’iconographie d’un

gaullisme qu’il avait tant combattuen son temps, et de se fourvoyerdans des insinuations infondées.D'évidence un militant cénétiste

aurait évalué qu’une telle citation«Nik la France» ne pouvait être at-tribuée à l’auteur des Mémoiresde Guerre (ce chef d’œuvre de lalittérature française aujourd’hui auprogramme du bac). Un graffeur,même syndicaliste révolutionnaire,même anarcho-syndicaliste, c’estdire l’inculture, n’aurait pu imaginerle Général s’exprimer par une for-mule aussi lapidaire. Le Grand

Charles l’aurait pour le moins re-haussée et conclue d’un définitif«et nique la République», respectantainsi le rythme et le phrasé qui ca-ractérisaient ses discours et en fontencore le charme un peu désuet.Comment notre organisation

syndicale dont le soutien aux mi-

grants se veut indéfectible pourrait -elle brocarder un de leurs plus cé-lèbres et historiques représentants ?En précurseur, De Gaulle réussitson passage en Angleterre dansdes conditions il faut bien le direde la plus complète illégalité etclandestinité. Bon c’est vrai, à cetteépoque funeste, il y avait aussides terroristes, mais c’est commeça qu’on désignait les résistantssur les affiches de l’État français.Et puis qu’aurions nous à gagner

de plus à victimiser ce grandhomme qui n’a pas réussi à effacercomplètement de l’histoire of-ficielle de la Résistance l’apportet l'engagement des migrants,des étrangers (la FTP MOI et legroupe Manoukian entre autres,les antifascistes espagnols aussi) ?Une figure de l'histoire qui, àl’aide de tous ses réseaux bar-bouzards (mais jamais terro-ristes...), a fait perdurer le jougcolonialiste d’un empire françaissur des peuples dont on nousdit aujourd’hui que viennent

tous les dangers. Un homme quia connu finalement Mai 68, lachienlit et une fin tragique dansun bal à Colombey. l

Tessi Rom, militant syndical, mi-chat noir, mi-grattoir

«L

De Gaulle, la presse locale, un tag et la CNT pêle-mêle. Un méli-mélo démêlé.

La presse perd le Nord

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L'emprunt lèse-personnel ne paie pasWolters Kluwer France condamnée pour « manœuvre frauduleuse ».

ans un arrêt rendu le 2 février2016, la Cour d’appel de Ver-sailles considère que la sociétéWolters Kluwer France et sa

holding française se sont renduescoupables d’une « manœuvre frau-duleuse » au détriment des salarié.esfrançais.es.Les syndicats CFDT, Ugict-CGT,CNT, SNJ se réjouissent d’avoirpu faire reconnaître le préjudicesubi, après sept ans de mobilisationet de bataille judiciaire.En juillet 2007, le groupe depresse et d’édition néerlandais Wol-ters Kluwer (19 000 salarié.es dans170 pays) décidait de fusionnerhuit sociétés (Groupe Liaisons,Lamy, AFL, etc.) pour donner nais-sance à sa filiale française, WoltersKluwer France.Au passage, par le choix d’unlourd endettement auprès de lamaison-mère (LBO interne), la nou-

velle filiale voyait ses comptes obé-rés à hauteur de 445 millions d’eu-ros. Cet emprunt colossal, quicontinue de peser lourdement surles comptes de Wolters KluwerFrance, a abouti à priver l’ensembledes salariés de WKF de toute par-ticipation, jusqu’en 2022 (date dela fin du remboursement des inté-rêts d’emprunt).Wolters Kluwer France prétendait,par cette opération de fusion, consti-tuer une grande société de presseet d’édition. La suite a montréqu’il n’en était rien puisqu’elle aprocédé dans les années qui ontsuivi à un plan social (184 sup-pressions de postes) et à la cessionrépétée de pans entiers d’activité(logiciels, titres de presse), sansprocéder à aucune acquisition.Moins de dix ans après la fusion,l’entreprise aura perdu plus de lamoitié de ses salarié.es.

En outre, le montage financierchoisi pour créer WKF a contribuéà rendre la filiale française non-imposable à l’impôt sur les sociétés.Les actionnaires, quant à eux, ontempoché pas moins de 555 millionsd’euros de dividendes exceptionnels,remontés en 2007 à la maison-mère aux Pays-Bas, au moment oùla fiscalité locale sur les dividendesvenait d’être allégée. Cet arrêt estparticulièrement important.D’abord pour les salarié.es de Wol-ters Kluwer France, puisqu’un ex-pert, nommé par la Cour d’appel,devra calculer d’ici à décembre2016 le montant de la participationqui leur est dû. Au-delà pour tousceux qui entendent lutter contreles mécanismes financiers abusifsdes multinationales. l

Intersyndicale CFDT, Ugict-CGT, CNT, SNJ

D

Manif hors des sentiers battusLe 6 février,

la CNT 94 est dans lesrues contre l’état

d’urgence lors d'unemanif appelée par uncollectif d’organisationspolitiques et syndicalesde Vitry-sur -Seine. Leparcours en banlieuepasse entre cités et

marché populaire où lamanif reçoit un accueilétonné (les manifs enbanlieue sont rares) etplutôt favorable, y

compris desautomobilistes.La CNT, munie de la banderole

« Goodyear » réaliséepar les camarades en

lutte de l’ESA, a vouluainsi montrer que la

répression syndicale estlà aussi, avec ou sans

état d‘urgence.

Ici et maintenant

6 Organe de presse de la Confédé� ration Nationale du Travail MARS 2016

Grèce, Espagne, Tunisie... Un débat à Nîmes le 17 mars.

Ces révolutions perdues

Rencontre avec Nathanaël, syndicaliste américain militant aux IWW.

Un condensé de luttesaméricaines

es dernières années, sont appa-rus des mouvements sociauxpleins d'espoir, porteurs d'uneréelle radicalité des formes et

des revendications. En Grèce, dans un pays en crise,le peuple exsangue a bloqué lepays, via des journées de grève gé-nérale, cherchant à se défaire deschaînes que lui imposait l'UE...En Espagne, avec un taux dechômage dépassant les 30%, lemouvement des Indigné.es a surgisur le mot d'ordre « Ils ne nous re-présentent pas ». le Mouvement afait tache d'huile, rejetant les partisau pouvoir, responsables à leursyeux de la crise, le Parti Populaire(droite et droite extrême) et le PartiSocialiste. Il multipliait aux quatrecoins de la péninsule ibérique :Manifs massives, occupations desplaces des grandes villes, actionsdirectes contre les expulsions delocataires... En Tunisie, faisant écho aux ré-

voltes qui déferlaient sur plusieurspays d’Afrique du Nord et duMoyen-Orient (Yémen, Libye, Bah-reïn, Égypte, Maroc), le peuplemettait à bas le sanguinaire dicta-teur Ben Ali et de sa clique.

n Mais les résultats sontdécevantsEn Grèce, l’illusion que legouvernement de Syriza d'AlexisTsipras puisse tenir tête à la Troïkaet à Merkel est depuis oubliée.Renonciations après renon-ciations, Syriza s'est converti en unparti qui gère la crise, accepte lesdiktats de Bruxelles et aabandonné, en l'espace dequelques mois, tout espoird'alternative sociale...En Espagne, le parti Podemosde Pablo Iglesias entend représentercette espoir qu'une autre politiqueest possible contre le rouleau com-presseur capitaliste. Malgré l'énormesoutien populaire qu'il soulève,

Podemos ne saura répondre auxattentes. Les tractations avec lessocialistes laissent présager des re-noncements sur les aspects les plusradicaux de son programme poli-tique. Ce qui ne va d'ailleurs passans provoquer de sérieux remousen interne du parti de Pablo Iglesias. En Tunisie, les islamistes d'En-nahdha et les anciens cadres duRégime mènent la danse depuisla chute de Ben Ali. Alors qu'émergeait la perspectived'un changement radical de société,pourquoi dans les trois cas, lesmouvements sociaux ont-ils étédétournés, confisqués ? l

CNT 30

e camarade américain a pré-senté le syndicat des IWW,lors d'une rencontre préparéeen urgence pour profiter de

sa venue dans la région lyonnaise.Constitués historiquement parles immigrés de toutes origines quise déplaçaient à travers tous lesUSA pour trouver du travail pré-caire, difficile et mal payé, les IWWcontinuent de défendre les pluspauvres, celles et ceux qui n’inté-ressent pas les gros syndicats. Nathanaël a d'abord présenté lasituation sociale et syndicale. Aux

C

L

Débat à Nîmes le 17 mars, à 19 h, au centre André-Malraux,salle 6, 2, avenue de Lattre deTassigny, à l'invitation du RAAGE,Réseau Anti-Capitaliste et Auto-Gestionnaire du Gard.

USA, les classes sociales sont trèshiérarchisées, avec une véritablecoupure entre la classe moyenne,majoritaire, et les classes inférieures.Avec une précision : être « middleclass » est vécu comme transitoiredans la perspective d’accéder auxclasses supérieures. Majoritairementtravailleurs-euses précaires, les la-tino-américain.es se déplacent àtravers les États-Unis pour trouverdu boulot. Rejetés par la majoritéde la population, surtout par les« petits blancs », les noir.es formentmajoritairement les pauvres. Mais

encore plus au bas de l’échelle so-ciale et plus méprisé.es, lesIndien.nes, privés de leur mode devie et des ressources qui les ac-compagnaient sont réduit.es, ma-joritairement, à la clochardisationet à l’alcoolisme. Petite structure, les IWW s'enga-gent dans des luttes locales et ponc-tuelles de salarié.es. Les militant.esparticipent aussi aux luttes socialescomme les « Occupy the streets ».Ces luttes sont majoritairementmenées par les étudiant.es et desmembres de la classe moyenne quiont du mal à faire le lien avec les« ouvrier.es ».Les IWW soutiennent aussi lesluttes du mouvement Black LivesMatter (« la vie des noirs compte »)apparu en 2013 suite au meurtredu jeune noir Treyvon Martin parun policier qui a depuis été acquitté.De nombreuses manifestations ontlieu pour dénoncer les discrimina-tions envers les noirs, victimes desbrutalités policières et de l'exploi-tation économique. l

Fred, Santé social 69

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Punir les pauvres, nième saison.

Offensive dégressivité

ébut janvier, saison dessoldes. Dans le social aussi.« Il faut s'orienter vers une

dégressivité des allocations chô-mage », a lancé Alain Juppé déjàen campagne pour les pré-sidentielles, ajoutant qu'ilfaudrait réduire aussi la du-rée d'indemnisation. Ré-duire le montant, réduirela durée. Deux jours avant,même baratin libéral, ver-sion socio libérale, laministre du travail, My-riam el-Khomri, vantaitla même dégressivité àtraduire par agressivité,vis à vis des bas revenussubis. En février 2015,Valls déclarait que, nonpas du tout, ce n'était pasà l'ordre du jour. Le régimede la douche écossaiseest un grand classiquedu libéralisme agressif.Manière de « lever lestabous », selon leur jar-gon. Un an plus tard, lemême Valls et son sbireMacron remettent le couvert.Il faut dé-gres-siver ! La pro-chaine fois, on aura droit à unesalve sur les salauds de fraudeurs,les tire-au-flanc qui refusent de tra-vailler.« Réduire la durée d'indemnisa-tion est une mesure d'incitationau travail qui peut fonctionner »déblatère un expert au Figaro. Ilfaudrait donc, pour ces braves ges-tionnaires de lignes comptables del'Unedic, en finir avec l'actuelleformule d'indemnisation fixe sur23 mois des sans emploi, jusqu’àépuisement de leurs droits, « à57 % de l'ancien salaire journalierde référence »* selon Le Mondesans préciser que c'est du brut,« entre 65 et 70% du salaire » selonLe Figaro qui ne dit pas plus queson chiffre, c'est du net. Pour parlerde valeurs moyennes.

n La dette ou la dèche

Si les grands compables de l’Étatet les patrons ne parlent que déficitdu système

d'assurance chômage, de dette, laréforme envisagée accentuerait ladèche de la majorité des chomeur-euses. La précarité accrue, ça n'estqu'une variable, dans le fossé crois-sant entre des riches qui se gaventde plus en plus : en 2012, les 10 %de Français.es les plus aisé.es acca-paraient 28,5 % de la richesse na-tionale française (contre 24,6 %en 1996). À l'autre bout de l'échelle,le seuil de pauvreté retenu par l’In-see est situé à 60 % du niveau devie médian, soit 1 000 euros parmois.

n Retour aux travaux forcés

Un autre catégorie de précairesest sous le feu des attaques, les al-locataires du RSA, commis d'office

au boulot pour pas un rond. C'estle retour du travail forcé. Sans be-soin de se demander si c'est leretour qui est forcé ou le travail.Début février, le département du

Haut-Rhin a décidé de condi-tionner le RSA** à desheures de « bénévolat », enfait de travail gratuit obliga-toire, dont rêvait déjà Sar-kozy. Sept heures de tra-vail par semaine sans lamoindre paye au serviced'associations, de col-lectivités locales, demaisons de retraite,d'établissements pu-blics... Toujours levieux ressort libéral defaire disparaître le pré-tendu assistanat, quin'est autre qu'une « so-lidarité » dès le départde la mise en placedu programme duCNR, Conseil natio-nal de la résistance. Cette fois-là, ATDQuart Monde s'in-digne, mais juste pour

vanter son projet « Territoires Zérochômeur de longue durée » (voir page10) l

* Moyenne des salaires brutsdes 12 derniers mois, moins lesarrêts maladie. ** 524 euros par mois pour unepersonne seule sans enfant.

D

CONFÉDÉRATION NATIONALE DU TRAVAILwww.cnt-f.orgBureau confédéral

5, place des charrons - 57000 Metz06 52 17 93 54

www.cnt-f.org – Mèl : [email protected] SYNDICALISTE

CNT – 33, rue des Vignoles – 75020 ParisMèl : [email protected]

NT

DOSSIERPunir les pauvres, nième saison

DOSSIERPunir les pauvres, nième saison

ATD Quart Monde contre les chômeurs.

Chômage : Les coups tordus du retour au boulot

radiquer le chômage,nième saison. La pro-position de loi sur les« territoires zéro chô-

meur » a recueilli un largeconsensus en première lecturedevant les deux assembléespuis, le 3 février, en commissionmixte paritaire. Mais très peud'écho médiatique. Ses défen-seurs, au premier rang desquelsATD Quart Monde, ont pour-tant la prétention de révolu-tionner l’assurance chômage,rien de moins. Le projet viseune remise au travail de l’en-semble des chômeur-ses delongue durée, au SMIC, à budgetégal pour « l’entreprise France ».Cynisme, aveuglement ou naïveté ?La philosophie sous-jacente a dequoi alerter.Le mécanisme proposé consistedans un premier temps à organiserlocalement le repérage des forcesde travail « inemployées » et destravaux « non solvables » qui pour-raient être réalisés dans un cadre« non lucratif ». Une entreprise adhoc salarierait alors, « à tempschoisi », les chômeur-ses disponiblesdans le cadre de CDI payés auSMIC. Le financement de ces em-plois reposerait sur la réorientationdes coûts directs et indirects duchômage, et sur les maigres recettesque pourront générer ces activités,délaissées par le secteur lucratifparce que réputées non rentables.Expérimenté dans un petit nombrede communes, le dispositif seraitpar la suite généralisé. Sa faisabilitéest appuyée sur une « étude ma-

cro-économique » d'ATD QuartMonde, dont les auteurs recon-naissent le caractère approximatif.Nous laisserons cependant pourl’instant à plus compétent quenous l’analyse critique de cetteétude.

n Logiques perverses

Mais on peut déjà s'interrogersur la philosophie générale du pro-jet et les logiques perverses danslesquelles elle s’inscrit. Si l’on faitabstraction de l’enrobage, il s’agitbien de laisser libre cours auxconditions de possibilité du chô-mage de masse structurel, tout eninstaurant un marché parallèle dusous-travail obligatoire vers lequelseront orientés les surnumérairesde l’économie. Dit autrement, onvoudrait rendre productifs les chô-meur-ses, sans dépenser pour euxun sous de plus, et donc sans rienchanger à la pauvreté dans laquelle

É

8 Organe de presse de la Confédé� ration Nationale du Travail MARS 2016

ils et elles vivent. L’idée est trèsexactement vieille comme le capi-talisme. La proclamation, sensémentde gauche, d’un « droit à l’emploi »rejoint ainsi les préjugés droitardsprésentant les chômeurs commedes parasites et des improductifset les rêves coercitifs de remise autravail qui en découlent. À lire leprojet d’ATD Quart Monde, fidèleen cela à une longue tradition, leproblème du chômeur ce n’est pastant d’être pauvre que d’être privéde ce moyen unique d’accès à ladignité sociale qu’est le travail.

n La mauvaise blague duvolontariat

Le projet, nous dit-on, est basésur le volontariat… Personne, enprincipe, parmi les gens qui ont laprétention de se croire de gauche,n’oserait défendre la pertinenced’un tel argument dans le cadre derelations patron-employé. Le dés-

équi-libre des rela-tions de travail,les pressions d’ordredivers, la mise enconcurrence des sa-larié.es rendentcaduque l’idéede volontariatlorsqu’il s’agitde travailler ledimanche, de dé-passer la durée heb-domadaire de travail,etc. Pourquoi enirait-il autrementlorsqu’on parle dechômeurs de longuedurée ? On sait bien qu’en pratique,les personnes concernées seront enbutte à la menace de la radiationet à tous les stigmates qui pèsentsur les bénéficiaires de prestationssociales.Et comment penser que, parcequ’on est chômeur de longue durée,on entrerait tout à coup dans unmonde merveilleux où l’on travaille« à temps choisi » ? Pour un peu,on se prendrait à envier la conditionde ces gens à qui le chômage delongue durée a permis de mériterle droit de choisir son temps detravail… Au SMIC horaire, lesconcerné.es – par exemple les gensqui, à cause des contraintes du tra-vail domestique, ne peuvent occu-per un poste à plein temps parcequ’elles triment déjà trop – gagne-ront en général moins de 700 €,comme c’est déjà le cas aujourd’huipour les nombreux « bénéficiaires »de contrats aidés type CUI-CAE.On est à peine moins bien loti auRSA, finalement… C’est à duréeindéterminée ? La belle affaire…

n Conditions d’emploi etservices publics au rabais

Un point revient à plusieurs re-prises dans l’argumentaire d’ATDQuart Monde : les emplois concer-nés n’entreraient pas en concurrenceavec les emplois existants. Il serait,en effet, dommage de faire de l’om-bre aux intérêts économiques et

auxlogiques quiengendrent le

chômage de masse.Il ne faudrait pas nonplus laisser penser àl’honnête travailleur que

l’État permet à desassisté.es de lui griller la priorité. Mais, sans même entrer dans detelles considérations, on peut êtrepour le moins sceptique devant detels arguments. Selon quel critère,une fois le dispositif en place,pourra-t-on décider si un travail àaccomplir relève du marché del’emploi classique ou de celui deschômeur-ses de longue durée autravail obligatoire ? On voit malce qui pourrait préserver ces emploisdu destin des stages, contrats aidés,services civiques etc. qui concourenttous à la contraction de la massesalariale, à l’entretien du marchédu travail pauvre, à la dégradationjusqu’à l’invivable des conditionsde travail et au développementd’ersatz de services publics quel’État et les collectivités refusentde payer à leur prix.

n Une aubaine pour lesmunicipalités

Ça n'est pas innocent : les com-munes qui, après le vote de la loi,participeront à l’expérimentationsont toutes de petites localités àdominante rurale. Une seule dépasseles 10 000 habitants et trois surcinq ont moins de 5 000 habitants.Des communes typiquement ex-clues des réseaux de transports desgrandes agglomérations et où lepeu de services qui existe encoresurvit à grand peine, souvent à deskilomètres des usagers. Le genre

d’endroit où l’on essaye de déve-lopper le tourisme vert pour mas-quer le désarroi général. Bien quemédias, politiques, sociologues etc.portent peu d’attention à la pauvretéstructurelle qui sévit dans ces terri-toires, il n’est pas difficile de com-prendre que le chômage et la pau-vreté, pour être plus dispersés quedans les grandes concentrations ur-baines, y sévissent avec une acuitéparticulière.Une véritable aubaine pour cescommunes qui pourront mettreleurs parasites au travail sans presquedépenser un sou… On se déchargeainsi, sur des chômeur-ses particu-lièrement isolé.es, des effets de dé-cennies de désengagement etd’abandon de ces territoires parles politiques publiques.

n Quel secteur nonconcurrentiel ?

Une bonne partie des activitésqu’ATD Quart Monde projette deconfier aux chômeur-ses, est loinde constituer un vivier inexploitéd’emplois dont le développementne léserait personne. Ces heuresde garde, de nettoyage, de bricolage,de menu services pour personnesâgées etc. s’achètent et se vendentdéjà dans le cadre d’un marchéplus ou moins informel, qui se dé-veloppe dans le sillage de la précaritéet de l’isolement. Il suffit d’allersur leboncoin.fr pour s’en rendrecompte. D’aucuns proposent leursservices au noir (au hasard, pourcompléter leurs minima sociaux,qui baisseraient d’autant s’ils dé-claraient ces revenus), ou dans lecadre d’une activité d’auto-entre-preneur plus ou moins viable. Danstous les cas, ils sont déjà bien sou-vent poussés sur ce créneau par lapauvreté consécutive au chômageet/ou la pression de Pôle emploi.

n Occuper le créneau dutravail au noir

ATD Quart Monde ne se cachepas, d’ailleurs, de chercher à occuperle créneau du travail au noir

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DOSSIERPunir les pauvres, nième saison

(cf. annexe 1 au projet, page 3). Ils’agit donc surtout de systématiseret formaliser l’extension de cettepetite économie de la survie quiéchappe en grande partie aucontrôle de l’État et aux prélève-ments obligatoires. On ne sait pasquelle manne l’État s’attend à trou-ver là.Par ailleurs, ces activités sontaussi investies par des associationstentaculaires qui, tout en mettanten avant leur affiliation au monde« non lucratif » de l’économie « so-ciale et solidaire », représententdes chiffres d’affaire colossaux, etdéveloppent déjà, en articulationétroite avec le travail gratuit (bé-névolat), toute la palette possibledu sous emploi (services civiques,temps partiels, contrats aidés etc.,occupés par un personnel massi-vement féminin). Il se pourraitbien qu’ATD Quart Monde soiten train de réaliser une magnifiqueOPA sur les secteurs d’associationscomme Présence verte ou ADMR.À moins que ces dernières n’atten-dent avec impatience une occasioninespérée d’élargir leur marché. Ilnous est difficile de trancher : toutce secteur est, au regard de cesquestions, aussi crucial que mé-connu.

n La pauvreté à rentabiliser

On voit donc mal comment ilpourrait résulter d’une telle politiqueautre chose que la systématisationet l’extension maximale du marchédu travail subventionné pauvre,une légitimation supplémentairede l’idée que les chômeurs portent

la responsabilité de leur situationet une invitation à poursuivre en-core les attaques contre tous ceuxque le capitalisme rejette aux péri-phéries du système productif ré-munéré. Le cantonnement des activitésconcernées au secteur dit « non lu-cratif », et donc à ce domaine trou-ble qui stagne entre le parapublicet le pseudo-militant éventuellementétiqueté « social et solidaire », nefait qu’entériner le rôle clef del’État dans la course à la paupéri-sation des travailleurs.ses et de leursfamilles. Phénomène autrement ap-pelé « baisse du coût du travail ».

Cette paupérisation s’accompagnebien souvent d’une déqualification– ou, ce qui revient au même, dela promotion de qualifications pi-

peau – qui conduit les salarié.es àeffectuer mal, souvent en connais-sance de cause et à leurs corps dé-fendant, des tâches pour lesquelleselles et ils n’ont pas été formé.es,ou pas assez. Même si, dans uncertain nombre de cas, la disparitionde tout autre dispositif de prise encharge conduit, au contraire, destravailleur-ses à assumer dans laplus complète obscurité des tâchesbien au-delà de la qualification of-ficielle de leur poste..

n Les femmes les plusexposées

Si l’on veut bien dépasser les di-gressions lénifiantes sur l’éminentedignité du travail, le projet d’ATDQuart Monde apparait en fait aucœur des reconfigurations actuellesdu capitalisme, dans les régions lesplus intégrées de l’économie mon-diale. Faute de mieux, l’économiese tourne vers les pauvres et leschômeurs-ses pour leur faire rendrele peu qu’ils ont à rendre. Est-il besoin de préciser que,puisque les femmes sont touchéesplus durement par le chômage, letravail pauvre et par ce qu’il estconvenu d’appeler le « temps partielsubi », elles seront celles que lesdégâts de cette nouvelle trouvailletoucheront au premier chef ?

n Du droit au travail aurevenu garanti : promesse depauvreté sans issue

On peut faire l’hypothèse qu’unélément essentiel de ce processusest la promotion d’une libération

10 Organe de presse de la Confédé� ration Nationale du Travail MARS 2016

Une expérimentationqui n'existe pas

À son dossier en faveur du projet, ATDQuart Monde joint une « expérimentation »datée de 1995 (oui). La communeconcernée est dans le même profil quecelles retenues aujourd’hui. Le hic, c'estque cette prétendue expérimentation n’ajamais eu lieu. On s’est contenté derecenser les chômeur-ses de longue duréeet les travaux qu’on pourrait leur confier :tourisme vert, services dédiés aux jeunes,enfants scolarisés et personnes en maisonde retraite… On retrouve toute la palettedes services que les collectivitésterritoriales peinent de plus en plus àassurer, à mesure que croissent leurscompétences et que décroissent leursdotations.

illusoire des travailleur.ses, qui esten fait la promesse d’un contrôleet d’une dépendance nouvelle, for-malisées à travers la garantie d’unminimum systématiquement in-suffisant. Les chômeur-ses heureux-ses de travailler « à temps choisi »que nous vend ATD Quart Mondesont l’envers de la société soitdisant libérée du travail dont nousbercent les promoteurs du « revenuminimum garanti », ou du « revenud’existence » dans sa version dedroite, c'est-à-dire ultra-libérale.ATD Quart Monde fait d’ailleursexplicitement le lien : « C’est, d’unecertaine manière, une modalité demise en œuvre du revenu d’exis-tence, le revenu étant dans ce casassuré par la garantie de l’emploi.Cette modalité n’exclut pas d’autresformes de mise en œuvre du revenud’existence à l’avenir. »

n Place au capitalisme de lamisère

Tels qu’ils sont conçus, ces mi-

nima garantis ont pour conditionet pour contrepartie le démantèle-ment de l’État social, au profit dusecteur marchand qui avance (àpeine) masqué. Loin de s’ajouteraux protections existantes et decombler leurs défaillances, ils sesubstituent aux premières et pro-longent les secondes. Au prétextede faire faire des économies à lacollectivité, un capitalisme de lapénurie et de la misère se met ainsien place, qui se développe sur ledos des pauvres, à partir de l’espacelaissé vacant par l’État, grignotépeu-à-peu par la marchandisation.

n Les pauvres d'abord, lesautres ensuite

Le processus en cours cible pourl’instant les plus pauvres et les plusisolé.es, aidé par leur relégationbanalisée et l’endormissement gé-néral des consciences. Mais onpeut facilement imaginer demainle processus s’étendre, au-delà desplus pauvres, jusqu'à réorganiser

la vie des classes sociales les plusintégrées, remplaçant les institutionset protections issues de la périodefordiste. Cette perspective est d’autantplus inquiétante que les proposi-tions politiques pour endiguer cesévolutions nocives et envisager uneautre perspective d’avenir font cruel-lement défaut. l

Antoine, STE 75

Pour ceux qui souhaiteraientcreuser la question, on trouveraune lecture fort instructive sur lapage du site d’ATD Quart Mondedédiée au projet. De nombreuxaspects non développés ici, ou ra-pidement suggérés pourront yêtre étudiés plus longuement. Lesannexes fournies par ATDQuartMonde sont une véritable mine. www.atd-quartmonde.fr/unemploiundroit/Dossier législatif, sur le site del’AN : www.assembleenationale.fr/14/dossiers/experimentation_territoires_zero_chomage_longue_duree.asp

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12 Organe de presse de la Confédé� ration Nationale du Travail MARS 2016

DossierPunir les pauvres, nième saison

Complémentaire santé obligatoire : tou.tes les salarié.es concerné.es.

La complémentaire pas-le-choix

epuis le 1er janvier 2016,une couverture complémen-taire santé collective obli-gatoire doit être proposée

par l'employeur du secteur privé àses salarié.es.

n Le patron tire la couvertureà soiIl est prévu une participation mi-nimum de 50 % de l'employeur,ce qui laisse faussement penser quecela coûtera moins cher à chaquesalarié.e (d'autant que depuis 2014

D

D'où ça sort ?

En 2013 quand l’ANI, Ac-cord national interprofes-sionnel casse les droits dessalarié.es, suite logique dela casse de la sécu et de laprivatisation de la santé. Legouvernement socialo intro-duit la complémentairesanté obligatoire, soit disantpar solidarité envers les400 000 salarié.es dépour-vu.es de mutuelle, sansdoute trop pauvres pour sela payer. On va donc lesobliger à en payer une pluschère gérée par des assur-ances privées dans unelogique libérale, concurren-tielle, et de rentabilité. Toutça aux dépens de la Sécu,qu'il faudrait au contraireétendre et renforcer pourremplacer les mutuellesprivées !

cette participation de l'employeurest imposable à l'impôt sur le revenudes salarié.es). Il est aussi prévu undésengagement rapide des patronssous forme de sur-complémentairepayée par les salarié.es. Autrementdit, les patrons ont intérêt à financerle minimum obligatoire (ne couvrantpas grand chose) et à laisser leurssalarié.es payer le reste pour êtrecouvert comme avec une complé-mentaire individuelle. On passe donc de 400 000 sala-

rié.es sans mutuelle à 4 millionsavec une complémentaire moinsavantageuse, et des chômeurs-euseset des retraité.es avec une complé-mentaire vacillante !Au passage, on a fait encore aupatronat plus de cadeaux d'exoné-rations de cotisations. Ce manqueà gagner pour les finances publiques,le gouvernement compte le comblerpar un nouvel impôt sur le revenupayé par les salarié.es.

n Dans quel cadre ? L’employeur doit annoncer à sonpersonnel l’obligation d’instaurerune complémentaire santé obliga-toire, soit - par négo avec les délégués syn-dicaux débouchant sur un accordd’entreprise- par référendum (sans les déléguéssyndicaux)- par DUE, Décision unilatéralede l’employeur, qui choisit lui-même la complémentaire et doitfaire signer à chaque employé uncontrat accessoire (ou avenant) aucontrat de travail.

La complémentaire santé obliga-toire doit respecter les critères d'uncontrat responsable et solidaire,avec deux objectifs : d’une part li-miter les dépassements d’honoraires,de l’autre, cesser la surenchère sur

les prix de la lunetterie . Ces garantiesdevront couvrir : l'intégralité duticket modérateur à la charge desassuré.es sur les consultations, acteset prestations remboursables parl'assurance maladie obligatoire ; leforfait journalier hospitalier ; lesdépenses de frais dentaires à hauteurde 125 % du tarif conventionnel ;en matière d’optique une prise encharge minimale de 100 euros pourune correction simple et de 150euros (voire 200 euros) pour unecorrection complexe. L'employeur doit participer à aumoins la moitié de la cotisation.

n Je refuseÀ son initiative, un.e salarié.epeut refuser la mutuelle de sa boîte.Il faut motiver son refus par écrit.Quelque soit le cas de figure (saufpour les CDD de moins de 3 mois),la possibilité de ne pas adhérer doitêtre prévue par l'acte juridique (dé-cision de l'employeur) instituant ledispositif de prévoyance. (est-cebien l'intérêt du patron ou du pres-tataire?).

n J'ai déjàLes bénéficiaires d'une couverturecollective obligatoire [salarié.es àemployeurs multiples déjà couvert.espar un contrat collectif obligatoirede l'un de leurs employeurs ;salarié.es couvert.es en tant qu’ayantsdroit (via leur conjoint, par exemple)par une mutuelle santé ] doiventjustifier chaque année de la cou-verture obligatoire dont ils bénéfi-cient.

Les bénéficiaires de la CMUC,de l'ACS ou d'une complémentaireindividuelle, sont dispensé.es d'adhé-sion jusqu'à la date de fin du béné-fice de la CMUC, de l'ACS, ou àl'échéance de leur complémentaire

individuelle.

n Je suisen CDD - En CDD de moinsd'1 an : avec ou sans couverturecomplémentaire, les salarié.es encontrat de trois mois maxi peuventbénéficier du « chèque santé », s'ilsne peuvent pas profiter d'une cou-verture au moins égale à trois moiset s'ils ont d'une couverture indi-viduelle. - En CDD d'1 an ou plus : ilfaut fournir tous documents justi-fiant d'une couverture complémen-taire souscrite par ailleurs.- Temps partiel : la cotisationdoit être équivalente à au moins10 % du salaire.

n J'étais là avant Salarié déjà présent dans la boîtequand le « dispositif de pré-voyance » est mis en place.Si c'est par décision unilatéralede l'employeur (DUE) avec parti-cipation financière du-de la salarié.e[modifiable bientôt par décret) ousi le dispositif prévoit l'éventualitéde dispense.

n La santé en chèque Les salarié.es en contrat de troismois maxi (ou dont la durée effec-tive du travail est au plus de 15 hpar semaine) peuvent bénéficierd'un versement santé ou chèquesanté : l'employeur reverse unesomme représentative du finance-ment qu'il a mis en œuvre pourles autres salarié.es, pour souscrireà titre individuel un contrat d'as-surance maladie complémentaire.

Ce qui doit être prévu par un ac-cord de branche ou un accord d'en-treprise (ou à titre transitoire pour2016 par déclaration préalable àl’embauche).En cas de rupture du contrat de

travail pour un motif autre qu'unefaute lourde, le ou la salarié.e

peut continuer à bénéficier de sa complémentaire santé pendant unan maximum (l’ex-employeur pre-nant en charge à 100 % les partssalariale et patronale). Le ou lachômeur.seuse perd ces droits enretrouvant du travail entre temps.

n Échapper à l'obligation ?Il paraît difficile de s'y opposersans contexte social favorable àconstruire un rapport de force.Mais pour ne pas accepter n'importequoi, il est indispensable de main-tenir une information critique, sansse laisser tromper par un discoursfaussement social et solidaire. Le mieux est de lutter syndicale-ment et collectivement avec sesdélégué.es pour obtenir le meilleuraccord dans l'intérêt des salarié.es.Il n'y a pas encore de contrat col-lectif obligatoire partout, et il serarenouvelé chaque fin d'année civilede manière tacite, sauf dénonciationau plus tard trois mois avantéchéance. Une occasion tout lelong de l'année pour les salarié.esd'établir un rapport de force enleur faveur.Ne pas hésiter à poser des ques-tions à l'employeur sur les choix,traîner des pieds, discuter avantageset inconvénients avec les collègues.Et repérer si la situation permetd’échapper à l'obligation pour gar-der le choix de sa propre mutuelle. La meilleur arme reste la luttecollective. Comprendre l'essencedu dispositif et sa finalité permetd’intégrer sa critique dans une cri-tique plus globale du capitalisme.C'est comprendre la nécessité delutter pour défendre la Sécu et lesacquis sociaux et pourquoi paspour leur extension. l

Fred pour Santé social 69

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Formation peau de chagrinLa formation professionnellecernée par la loi

La CNT dénonce la nouvelle ré-forme de la formation profession-nelle, promulguée le 5 mars 2014(loi n°2014-288), qui diminue dras-tiquement la part obligatoire descotisations sur la masse salariale,de 1,6 % à 1 %, versée par les en-treprises de plus de 20 salarié.es.C'est surtout le plan de formationqui est réduit à peau de chagrin : ilpasse de 0,9 % à 0,2 % jusqu'à 49salariés, puis à 0,1 % pour disparaîtreà partir de 300 salariés.

Les fonds ne sont plus mutualiséset réduits. Les grandes entreprisesne versent plus au niveau du plan.Avec la fin du plan de formation,les désirs propres des salarié.es,évolution de carrière, formationdiplômante, avec soit dit en passantévolution de salaire, passent à latrappe. La formation professionnellese limite de fait à l'initiative uniquede l'employeur.

On va dire que les salarié.es ontpour eux le CPF, Compte personnelde formation. Mais qui peut croireque 150 heures maximum peuventdéboucher sur une véritable quali-fication de métier, propre à uneévolution de carrière ou une re-qualification professionnelle ?

Si l'employeur a pour obligationd'adapter les salarié.es aux évolutionsde leur poste de travail, il l'a aussipour maintenir l'employabilité deses salarié.es.

La CNT dénonce aussi l'extensiondu champ des VAE (Validation desacquis de l'expérience), choisie fautede moyens financiers pour faireappel à des organismes reconnuset indépendants. l

La CNT

INTERNATIONAL

Invitée par la confédération syndicale indépendentiste USTKE, au titrede ses actions de soutien depuis plus de 30 ans, la CNT s’est rendue endécembre pour son congrès en Nouvelle Calédonie, dans un bastion dela Kanaky sur l’île de Lifou.

Kanaky

enu au Faré de la Provincedes îles, à Lifou, située à160 km au nord-est de Nou-méa, la capitale, le XVe

congrès de l’Union Syndicale desTravailleurs Kanak et des Exploités(USTKE) s’est terminé comme il adémarré : par la coutume, un mo-ment essentiel de la culture kanak.Les congressistes offrent aux auto-rités coutumières de Wé-Lifou desprésents remis dans un tissu, ac-compagné d’un discours de remer-ciement. Ce congrès a vu l’arrivée d’AndréForest, à la présidence de l’USTKE,qui avait repris en cours le mandatla direction après les élections pro-

vinciales de mai 2014, où la prési-dente Marie-Pierre Goyetche avaitdû céder son poste, eu égard auxstatuts de la confédération.

n Bilan En présence de plusieurs invitésinternationaux (CGT, NPA, Sécafi,une société d'expertise pour les co-mités d'entreprises et les instancesreprésentatives du personnel), les300 congressistes ont tiré le bilandes trois dernières années. Du che-min a été effectué depuis les débutsde l’USTKE, fin 1981. « Nous étionsà la Fédération des Fonctionnaires etnous étions très frustrés de ne paspouvoir parler de nous, Kanak » ,

rappelle Louis Kotra Uregeï dit «Loulou », membre fondateur etprésident du Collège honoraire,instance composée d’anciens mem-bres de l’organisation : « À l’époque,nous souhaitions parler de l’indépen-dance de notre pays. Mais sans succès.Ensemble, nous avons donc pris la dé-cision de créer un syndicat où nouspouvions tous nous retrouver. » Faceà un patronat de combat, qui me-nait une lutte de classe sans merciet méprisait les kanak, l’USTKE amené des combats très durs, avecdes conflits et des grèves ayantduré plusieurs mois : dans les ports,au sein de la SLN, société qui ex-ploitait le Nickel, première ressource

14 Organe de presse de la Confédé� ration Nationale du Travail MARS 2016

CNT-USTKE même combat

T

Congrès de l'USTKE, décembre 2015.

de Nouvelle-Calédonie, dans lesecteur du bâtiment ou encore àCarsud (voir encadré), cette lutteayant été soutenue largement parla CNT à l’époque. C’est l’époquedes blocages, des affrontements ru-gueux avec les forces de l’ordre,des longues grèves, contre un pa-tronat qui a joué la division en re-courant souvent à de la main d’œu-vre venue des îles voisines du pa-cifique (Wallis et Futuna, Tahiti…) et surtout à des métropolitains,jugés plus dociles, car sans attaches.

n Deuxième force syndicaleDeuxième force syndicale dupays, derrière l’Union des Syndicatsdes Ouvriers et Employés de Nou-velle-Calédonie (USOENC),l’USTKE pèse 15% des voix et aune représentativité interprofes-sionnelle de 18% dans le secteurprivé. L’USTKE est désormais pré-sente dans plusieurs instances pa-ritaires et assure aujourd’hui la co-présidence du Conseil du DialogueSocial – et du CESE où siégeait ledéfunt Franck Apock, auquel lescongressistes ont rendu hommage.À présent, l’USTKE dispose dedix fédérations : enseignement,banques, industries et services,mines-métallurgie, BTP, Transport-hôtellerie-Tourisme, Commerce,Fonction publique, médias, Portset Docks. Elle possède en son seindes centaines de militants formésnotamment au sein du CentreConfédéral d’Education Ouvrière,basé au siège de l’USTKE, situédans le quartier de la Vallée du Tir,à Nouméa.

n Craintes liées àl’institutionnalisationSi des résultats ont été obtenus,et si la chute des effectifs a été en-rayée depuis la scission de 2010,

plusieurs militants ont émis descraintes liées à l’« institutionnalisationde l’organisation » et l’« abandon duterrain », comme notamment le bâ-timent (actions de mobilisationnotable en 2013, avec la mobilisa-tion contre 107 licenciements ausein de Colas) ou la Fédération ducommerce, la plus importante nu-mériquement elle compte un peuplus de 1400 adhérents répartisdans 300 secteurs et des placesfortes comme à Carrefour. « Nousne sommes plus la seule force syndicalecombative, a déclaré Rémy Léanga,secrétaire de la Fédération. Nous devonstravailler ensemble avec la CNT-P etle Front des luttes sociales », deux or-ganisations issues de la scission.

n Emploi local, vieillemarotte de l’USTKEEn juillet 2010, le congrès de laNouvelle-Calédonie a adopté laloi relative à la protection, la pro-motion et le soutien de l'emploilocal. À qualification et compétenceégales, l’employeur est tenu dedonner priorité aux citoyens deNouvelle-Calédonie. Ce qui s’ap-plique aux employeurs du privé,comme aux emplois occupés pardes agents contractuels de droitprivé du secteur public. «Cette loi ades limites nombreuses : elle ne concernepas la fonction publique ; elle ne s’occupepas de la promotion en interne», sou-ligne Mélanie Atapo, première vice-présidente de l’USTKE, de la fé-dération de l’enseignement. Il faut dire que la place des kanakn’est pas du tout la même qu'il y a20 ans dans la société, les entre-prises, les administrations. Maiselle est loin d’être ce qu’elle devraitêtre. Quand ils ou elles ne sontpas au chômage (le taux de chômagedes kanak s’élève à 26%, contre

7% pour les autres), les kanak sontencore trop souvent cantonné.esdans des emplois subalternes, peuqualifiés. Il est rare, un peu commeen France, pour ceux qui sont issusde la diversité, de les voir occuperdes postes de cadres, voire de diri-geants (4 fois moins présents queles autres). Du coup, les syndicalistesattendent la création de l’observa-toire de l’emploi local et du ré-équilibrage, plusieurs fois repoussée.En attendant, elles et ils proposentchaque année une journée d’actionssur ce thème.

n Préparation del’indépendance ?Autre dossier chaud, celui de l’in-dépendance, avec en ligne de mirele référendum, en 2018, prévu parl’accord de Nouméa (1998), quiprévoyait des transferts de compé-tences de la France vers la Kanakydans de nombreux domaines à l’ex-ception de ceux de la défense, dela sécurité, de la justice et de lamonnaie, et l’organisation d’unscrutin d’autodétermination entre2014 et 2018. « L'objectif politiquede l'USTKE est de contribuer à faireaccéder ce pays à la pleine souveraineté,a déclaré André Forest. Quoi qu’ilen soit, l’USTKE souhaite prouver àl’ensemble des travailleurs que l’indé-pendance n’est pas synonyme d’exclusionou de régression sociale.»Depuis notre départ, plusieursactions ont été menées. Ainsi, lesprofessionnels de santé du centrehospitalier de Gaston Bourret, réu-nis en intersyndicale dont l‘USTKE,ont tiré une nouvelle fois la sonnetted’alarme le 23 décembre devantles locaux des urgences du CHT.Brancardiers, infirmiers, médecinsurgentistes souhaitaient alerter lapopulation calédonienne sur les abus

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Ici, on aperçoit à Nouméa, le banian. C’est l'arbre sacré par excellence. Présent dans tous le pacifique, il est pour lesKkanak la maison des esprits et des ancêtres.

de l’alcool, qui fait de nombreuxdégâts notamment au sein des Kanaket sur le manque criant de lits quine favorise pas une hospitalisationconvenable des patients. D’autresmanifestations ont eu lieu depuis,notamment devant le Congrès deNouvelle Calédonie.

n Grève générale en soutien àla section de la SocalogPar ailleurs, la Fédération desCommerces et Divers a lancé unappel à la grève générale dans sessecteurs d’activités, le 30 décembrepour soutenir sa section syndicale àla Société Calédonienne de Logis-tique (Socalog), en grève depuis le22 décembre. Près d’une centainede camarades se sont postés à l’aubedevant le grand entrepôt de Socalogà Dumbéa-Sur-Mer. La Fédérationexige la réintégration immédiated’un jeune agent de maîtrise kanaket la signature d’un protocole d'ac-cord lié à un cahier de revendicationdéposé il y a quelques mois. En so-lidarité à ce mouvement de grève,des marchandises en provenance decette entreprise avaient été refouléesle 29 décembre de trois grandes sur-faces du Grand-Nouméa.Près de trois semaines après sondébut, le conflit à la Socalog a prisfin samedi 11 janvier. L’USTKE,qui bloquait les locaux de l’entreprisede logistique à Dumbéa pour pro-tester contre le licenciement d’unagent de maîtrise, a expliqué qu’uneissue satisfaisant les deux partiesavait été trouvée. La personne concer-née a été réembauchée au sein de lasociété Rabot : elle faisait partie desemployés qui avaient été transférésde cette dernière à la Socalog à lacréation de cette entreprise. Le salariéreste au même niveau de responsa-bilité et profite des mêmes acquisque précédemment. Pour l’USTKE,cet accord de fin de conflit convientà sa vision du rééquilibrage, l’« im-portant, c’est que cette personne nereste pas au bord de la route. ». Ga-geons que cette lutte victorieuse enappelle d’autres en cette année, eten 2018. l

David Duslam, pour le SI de la CNT

16 Organe de presse de la Confédé� ration Nationale du Travail MARS 2016

INTERNATIONAL

Quelques dates de l’histoire récente

1969 : Épisode des foulardsRouges. Le mouvement politico-identitaire des jeunes kanaks fou-lards rouges, sous l’impulsion desétudiants de retour de France,en particulier Nidoish Naisseline,va provoquer une accélérationau niveau politique, dans le sensd’une prise de conscience élargiede la situation marginale des Ka-nak et conduire à une radicalisa-tion de son expression. Les se-cousses protestataires engendre-ront la scission de l’Union calé-donienne créée 16 ans plus tôt.De cette scission nait l’Unionmultiraciale, avec pour leaderYann Céléné Uregei. À la têted’une délégation d’élus, celui-cise rend à Paris en 1974 pour re-vendiquer un statut d’autonomieinterne pour la Nouvelle Calé-donie.1975 : Création du Parti de li-bération kanak (PALIKA). Il faitpartie du Front de libérationkanak et socialiste (FLNKS). Re-vendication de l’indépendance1979 : Création du Front in-dépendantiste (FI), première co-alition constituée par les différentsmouvements indépendantistes envue des élections à l'Assembléeterritoriale du 1er juillet 1979 etafin de constituer une majoritévisant à obtenir la souverainetéen se servant des institutions exis-tantes. Cette même année, le Pa-lika scissionne. Création du LKSqui rejoindra le FI contrairementau Palika. Les travailleurs kanak,qui étaient dans les syndicats del’époque, posent la question del’accession à l’indépendance etde la place du travailleur kanakavec ses spécificités culturellesdans le monde du travail. Maisles syndicats de l’époque refusentd’évoquer le sujet. Cela pousseles militants kanak à créer d’abordun comité de réflexion.1981 : Devant l’engouementsuscité par le comité, ces militants

décident de fonder le 5 décembre1981 le Syndicat des travailleurskanak et des exploités (STKE), àla Cantine des dockers. Le slogan« Usine tribus même combat » ap-paraît.1982 : Premier congrès duSTKE qui change de nom, deve-nant l’Union syndicale des tra-vailleurs kanak et des exploitésen Nouvelle Calédonie (USTKE)1983 : En septembre l’USTKEvote une motion principale pourla réattribution des terres aux Ka-nak, lors du 2e congrès organisédans la tribu de Baco.Octobre 1984 : l’USTKE dé-cide de rallier le FLNKS, et joueun rôle dans les orientations decelui-ci, créé un mois plus tôtpour faire notamment barrageau statut Lemoine.Mars 1986 : Les premières fé-dérations sont créées au sein del’USTKE qui s’est transformé enconfédération. Juillet 1989 : sortie de l’USTKEdu FLNKS.1991 : Pour le dixième anni-versaire de l’USTKE, les congres-sistes décident que tout respon-sable ou membre influent d’unparti politique ne peut accéder àun poste de responsabilité ausein de l’USTKE.Décembre 2000 : Un « Blanc »,Gérard Jodar, succède à LouisKotra Uregei. 2007 : Emanation de l’USTKE,le Parti travailliste est créé.2007-2008 : Grève à Carsud,une compagnie de bus de l’ag-glomération de Nouméa autourdu licenciement d’un déléguésyndical. Conflit de plus de 4mois, La confrontation culminedans la nuit du 16 au 17 janvier2008, où des centaines de sym-pathisants s’installent dans le dé-pôt. Affrontements avec les gen-darmes, de nombreux blessés. 2010 : scission de l’USTKE.Création de la CNT-Pacifique parGérard Jodar. Avril 2010 L’USTKEdécide de réintégrer les structuresparitaires du dialogue social.

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ans le numéro de janvierdu Combat Syndicaliste,nous évoquions le procèsintenté par l’État espagnol

à l’organisation internationalistebasque Askapena et à cinq de sesmilitants en raison de ses liens sup-posés avec l'organisation arméeETA. Une forte mobilisation avait

eu lieu autour de ce procès, au Paysbasque, dans l’État espagnol maisaussi dans le monde entier, Askapenaétant en lien avec des dizaines decomités de solidarité, en Europe eten Amérique du Sud. Depuis, leverdict a été rendu, les camaradesont été acquittés et Askapena pourrapoursuivre son travail en faveur de

la construction d'une Euskal Herriainternationaliste. Pour autant, cettevictoire ne cache pas la réalité durégime impérialiste espagnol quicontinue, par exemple, d'enfermerdes centaines de prisonnières et deprisonniers politiques basques, dontcertaines/certains sont gravementmalades. l

Évènement : semaine anticoloniale

Les militants de l'ASKAPENA gagnent leur procès

n Le programme devrait être le suivant :- le Retour d'Ataï, en présence du réalisateur MehdiLallaoui et d'un journaliste kanak Steeven Gnipate qui ani-meront le débat sur la dépossession culturelle et le colonia-lisme- 16-19H Luttes sociales actuelles et passées : films sur lalutte emblématique de Carsud et le XVe congrès de l'USTKE,à laquelle la CNT a participé en décembre 2016, à Lifou,suivis d'un débat avec des membres du secrétariat internationalet des représentants de l'USTKE.- Restauration kanak (bougna) à 19H30.- Concerts: JYB (slam), SLY Harmony (reggae kaneka) à partir de 20H30. l

Comme chaque année, la CNT participe à la semaine Sortir du colonialismequi se tient du 5 au 21 mars. Plusieurs temps forts sont à noter.

D

e 8 février dernier, la communautékurde à Paris s'est rassemblée devantl'ambassade de Turquie pour pro-

tester contre de nouveaux massacresperpétrés par le pouvoir Turc dans lesvillages du Kurdistan. Dans différentesvilles de France et d'Europe des ma-nifestations ont eu lieu ce jour. Plusde 80 morts en deux jours à Cizre, etencore un couvre feu permanent auKurdistan, des attaques et incursionsde l'armée et des forces spécialesturques se répètent faisant des centainesde morts en un mois. Cela fait presqueun an qu'Erdogan a décidé d'enclen-cher une escalade offensive guerrière

au Kurdistan Turc, tout en étant com-plice des actions de Daesh en Syriecontre les Kurdes du Rojava. Les mé-dias internationaux restent silencieuxsur les exactions et l'offensive actuelle,et c'est aussi pour casser cette chapede plomb que les Kurdes d'Europemanifestent ici en solidarité avec leurpeuple en lutte. À l'heure où les forcescombattantes kurdes sont en premièreligne face au fascisme, l’État françaisa violemment réprimé la manifestationdu 8 février à Paris : des militants ontété clairement visés et tabassés, pourcertains en sang gravement blessés, etplus d'une vingtaine de Kurdes ont

été arrêtés et placés en garde à vuependant plus de 24 heures. Le comitédémocratique kurde et le mouvementdes femmes kurdes ont tenu uneconférence de presse deux jours aprèsà Paris, témoignant de la violence dela répression et annonçant qu'uneplainte collective sera déposée faceaux coups et insultes reçus. Le gou-vernement français fait une nouvellefois la preuve que son état d'urgencen'est pas une réponse au "terrorisme"mais bien la justification de la répres-sion des mouvements sociaux et dela solidarité internationale ! l

État d'urgencecontre les Kurdes à Paris !

L

n 5-6 mars

Premièrement, les 5 et 6 mars la CNT-RP, leSyndicat unifié du bâtiment (SUB-TP) en particulier,assureront une présence continue lors du Salonanticolonial, à la Bellevilloise (19-21 Rue Boyer,75020 Paris)

n Samedi 12 mars

Par ailleurs, nous organisons une grande journéesur le thème de la Kanaky, le samedi 12 mars àpartir de 14h dans les locaux de la CNT-RP 33 ruedes Vignoles, 75020 Paris.

Pour plus d'infos, voir le site internet: http://www.anticolonial.net

Face à face entre la communauté kurde et la police, Paris, janvier 2015.

Brèves

Certaines mairies en Espagne sont dirigées depuis 2015 par des partis politiques issus desmouvements sociaux. En face, il s’est établi un système politique postfranquiste qui héritede l’ancienne dictature, après la légalisation des partis politiques et des syndicats autrefoispersécutés. Le deal tient à cette ouverture. Les uns et les autres ont continué comme si la dé-mocratie était arrivée, mais c’est loin d’être le cas. L'Espagne actuelle souffre d'une répressionde la liberté d'expression, de la persécution du mouvement syndical et de la négation descrimes de la dictature. Ce n'est pas du tout un pays démocratique, l’emprisonnement de deuxacteurs de théâtre pour apologie du terrorisme en est une nouvelle illustration.

Espagne

u Parti communisteespagnol, oncollabore avec lapolice et on réprime

les anarchistes : lestraditions ça se respecte !De nouveaux partis, surgis desmouvements sociaux, sont arrivésau pouvoir dans certaines villes,notamment à Barcelone et à Ma-drid. Néanmoins, quelques affaires

ont souligné leur difficulté à dé-fendre la demande de démocratiede la population en lutte. En cedébut d'année, la mairie de Madridavait embauché une compagnie,Títeres desde Abajo (Les marion-nettes d'en bas), pour la créationd’une pièce. L'art de celle-ci sesitue dans l'usage des coups et dessituations violentes. Elle représenteune manipulation policière à l'en-

contre d’un manifestant. Un policierlui colle un papier pour signalerson appartenance à un groupe ter-roriste. Ce papier contient le mot« Alka-eta », mélange linguistiqued'al-Qaeda et ETA. Peu après, lapolice débarquait et la mairie portaitplainte pour apologie du terro-risme… La police de Madrid ten-terait-elle d’assurer la réalisationde l’art dans la vie ? Cette simple

18 Organe de presse de la Confédé� ration Nationale du Travail MARS 2016

INTERNATIONAL

Madrid, Barcelone : les marionnettes du régime postfranquiste

nA

Rassemblement en soutien aux acteurs emprisonnés à Madrid, janvier 2015. Sindicato de Oficios Varios,CNT-AIT, Madrid.

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pièce a en tout cas démontré toutesa force performative. Raúl et Al-fonso, les deux artistes, ont eu lamalchance de tomber sur un ex-policier du Général Franco, devenujuge du tribunal spécial chargé, de-puis la dictature, de traiter lesgrandes affaires d'ordre public etde danger maximum pour la Patrie.Que des fonctionnaires des ins-tances judiciaires et policières, maisaussi éducatives et médicales, soientencore aujourd'hui issues de la dic-tature, cela s’explique par l'attitudedes partis qui ont participé à lafondation de ce nouveau régimedepuis 1977. Ils n'ont jamais remisen cause l'époque antérieure. LeParti Communiste (PCE), le PartiSocialiste (PSOE) et la droite es-pagnole (PP) l’ont tous soutenuen y participant. Manuela Carmena,par exemple, l’actuelle maire deMadrid, appartenait au PCE avantde faire une carrière de juge. C’estelle qui a porté plainte contre lesmarionnettistes.

n Après l'Inquisition et lefranquisme, la censure et lespersécutions perdurentLa répression de la liberté d'ex-pression persiste dans ce régimepostfranquiste à cause d'une sériede lois visant à persécuter le soutienpolitique et idéologique d'un seulmouvement: l’indépendantismebasque et sa branche armée l' ETA.Au delà des actes, le simple fait desoutenir l'indépendance, ou deconsidérer l'ETA comme un mou-vement politique armé et non pascomme un groupe terroriste dia-bolisé, est synonyme de persécution.Comme au temps de l'Inquisition,les mots, y compris dans l'art et lafiction, sont devenus dangereux.Plusieurs personnes ont été victimesde ces persécutions, sans avoir réa-lisé aucun acte de terrorisme. Ils etelles sont allés en prison, maiscomme cela ne touchait que cer-

taines personnes, les groupes poli-tiques de gauche ont laissé faire lapost-dictature. L’amplitude et laresponsabilité du terrorisme d'Étatn'ont jamais été clarifiées.

Deux artistes qui n'ont rien àvoir avec l'ETA ou al-Qaeda finis-sent en prison pour avoir parlé del'usage politique du terrorisme. Lejuge Ismael Moreno, ex-policierfranquiste accusé d'avoir faussé despreuves par le Tribunal Suprême,non seulement continue son travailde policier de la pensée du régimepostfranquiste espagnol, mais il ac-cepte la plainte déposée par laconseillère municipale Celia Mayer(celle qui les avait embauché au-paravant!). Il sont emprisonnéspour apologie du terrorisme, celuid'une bande armée fictive. Ni laconseillère Celia Mayer, ni ManuelaCarmena du parti Ahora Madrid,coalition de partis tels que Podemos,IU (PCE et autres), Ganemos Ma-drid (mouvements sociaux divers),Equo (eco-socialistes) etc., n'ontretiré la plainte. Ils collaborenttous à cette répression injustifiéeet ont laissé ces deux travailleursartistes entre les mains du systèmerépressif espagnol. Loin de les pro-téger et d'assumer la responsabilitéd'avoir programmé un spectaclepour adultes dans le créneaux desenfants, Mayer et Carmena ontdéclenché un lynchage public et lelaissent se poursuivre en feignanthypocritement de défendre la libertéd'expression.

n Le ridicule se produit àMadrid, comme à BarcelonePendant ce temps, en Catalogne,Ada Colau, porte parole du mou-vement des affectés par les hypo-thèques (PAH), dirige Barcelonaen Comù (coalition de gauche nou-velle comme celle de Madrid). ÀBarcelone, les travailleuses et tra-vailleurs du Métro ont décidé col-

lectivement de se mettre en grève.Pour la mairie, cet acte est qualifiéd'« absence de volonté de dia-logue », ce qui prouve la carencetotale de culture syndicale de cettenouvelle maire car, à notre connais-sance, cette mairie n'a pas encorecollectivisé les transports publics,ni achevé le capitalisme, ni le sala-riat ! Mme Colau n'a peut-être ja-mais fait grève, car elle saurait quele sacrifice du salaire, l'arrêt decette dépendance, vise essentielle-ment à récupérer le contrôle de lavie par chaque travailleuse ou tra-vailleur. On ne peut que constaterl'échec de la transformation de lapolitique dans une institution hié-rarchisée et corrompue comme uneMairie postfranquiste. L’obsessionde l'« assaut des institutions » mon-tre ses limites pour rendre la sociétéplus juste et pour la démocratiser.Certaines sources calculent plusde 300 inculpés depuis la loi du« bâillon » (ley mordaza) contreles « grèves ». L’austère régime eu-ropéen l'exige, l'Espagne obéit.

Nous sommes convaincus quec'est uniquement à travers des pra-tiques autogestionnaires et d'en-traide que peut être garantie l'amé-lioration des conditions de travail,de la liberté d'expression et de lajustice sociale. Nous exigeons leretrait de la plainte de la mairie deMadrid. Mais, avant tout, nous sa-luons l'excellente réaction des Es-pagnols, des collectifs d'artistes,des médias alternatifs et des milieuxlibertaires qui sont sortis dans larue et qui ont affirmé leur déter-mination à défendre ces travailleursen danger, car nous ne pouvonsplus continuer à commettre l’éter-nelle erreur de confier la transfor-mation des institutions répressivesà ceux qui les dirigeaient déjà.l

Groupe de travail Europe

a sortie de l’excellente bande des-sinée Alexandre Jacob, de Vincentet Gaël Henry, respectivementau scénario et au dessin, est l’oc-

casion de revenir sur ce que l’on ap-pèlera, avec un brin d’ironie, le vol-anarchiste. Alexandre Marius Jacob et sa bandepratiquent, avec qualité et méticulosité,le monte-en-l’air, le pied de biche etle coffre-fort auprès d’une clientèletriée sur le volet : uniquement deriches bourgeois et jamais « de médecins,artistes ou écrivains » – citation du débutdu siècle. Ledit voleur utilisera sondernier procès, dernier puisque latroupe sera dissoute de fait suite auverdict de celui-ci, comme tribunepublique pour revendiquer la portée

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Alexandre Jacob, journal d'un anarchiste cambrioleur, Scénario : Vincent Henry Dessin : Gaël Henry, Postface : Jean-Marc Delpech160 p, Editions Sarbacane, 22,50 euros.

question je l’entends et la lis dansquelques chroniques-critiques de l’al-bum déjà parues. Cette question enforme de sentence, je l’adore. Maisnous y répondrons alors : « finaudeque cette belle phrase, mais n’est-elle pas lefruit de de cette aussi belle morale que l’onqualifiera sans exagération de bourgeoise ?» Morale qui ne s’applique, cela vasans dire, qu’au personnel membrede la classe des exploités. D’ailleurs,Alexandre Jacob s’y est frotté à cettemorale : « J’ai vu le monde et il n’étaitpas beau. Sur les paquebots, j’ai vu la ri-chesse. De près ! J’ai même été le chien-chien d’honorables mères de famille…aussi bigotes que dépravées ! L’une d’entreelles, qui devait bien avoir 60 berges maisen paraissait 45, me suça tellement que

Destin d'un anar monte-en-l'air

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CULTURECULTURE

Le vol en tant que revendication politique ne doit pas être jugé sur où va l'argent ? mais bien sur d'où vient l'argent ?

politique de leurs actes.Alors, tentons de porter réponse àla question que ne manquera pas desoulever cette bande dessinée : un vo-leur qui a la belle vie n’est-il pas qu’unsimple voleur, quelque soit le discourspolitique qu’il puisse tenir ? Cette

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j’en fus malade jusqu’au sang. Si j’ai vul’opulence, j’ai aussi vu la plus atrocedétresse : les esclaves du sultan de Zanzibarembarqués à fond de cale, les migrantsdu désespoir, les bagnards enfuis de Nou-méa et repris en Australie. Je n’avaisaucun effort d’imagination à faire pourcomprendre ce que signifiait l’exploitationde l’homme par l’homme…».Un voleur ou une voleuse ne pour-rait donc être belle que si il-ellevivait dans la pire des misères et re-versait son magot jusqu’au moindrecentime à… mais à qui au fait ? Àquelques unes ou quelques uns desa classe ? Dans ce cas, pourquoipas à elle-même ? Et que nous ditcette belle morale bourgeoise ? « Tra-vail mérite salaire ». Bien. Le vol, à ceniveau de perfectionnement, n’est-il pas du travail ? Repérages, filages,connaissances techniques des porteset coffres-forts, élaboration d’un pro-cessus, imagination, et si vous n’êtrespas encore convaincu, allez doncen parler à celles et ceux qui ontpour profession le doux mensongelangagier qu’est de « faire de l’optimi-sation fiscale ». Bonjour voleurs etvoleuses, mais cette fois, issues de laclasse des dominants, au profit desdominants et au détriment bien en-tendu de la classe dominée.Non, ce qui gêne notre si bellemorale bourgeoise, érigée et enseignéeen modèle social, n’est pas le vol ensoit, mais bien dans le fait du volqui n’exploite pas la classe dominée.Hérésie ! Appelez tribunaux, jugeset procureurs ! Car l’important duvol-anarchiste, ou vol « de réappro-priation », n’est pas dans où va l’ar-gent ? mais bien dans d’où vientl’argent ?À défaut de pratiquer, peut-être,courez chez votre libraire, la lecturede cet Alexandre Jacob devrait vousravir... l

Alexandre, SIPMCS

Vincent Henry s’est inspiré principalement d’Alexandre Jacob, l’honnêtecambrioleur, livre de Jean-Marc Delpech paru en 2008 à l’Atelier decréation libertaire. Jean-Marc Delpech signe d’ailleurs un cahier historiqueà la fin de l’album. Gaël Henry signe là sa première bande dessinée ! Et lepoint d’exclamation est de mise. Il impressionne par sa maîtrise graphique,chaînon entre Gus Bofa et Christophe Blain sans être passé (du moins demanière trop visible) par la case Blutch. Le découpage et chaque caserévèlent un mouvement permanent qui ferait pencher vers Les PiedsNickelés de Forton. Que d’impressionnantes références. Et bien oui, celam’a bluffé. Heureusement, le bonhomme peut encore se pencher sur sagestion des blancs dans la planche qui ne m’a pas semblé à la hauteur. Maiscela apporte une touche de naïveté que l’on retrouve dans le contraste deson lettrage, manque de personnalité et scolaire (oui, soyons un peuméchant), et l’expressivité de ses phylactères, là encore, totalement bluffants.Malheureusement, la couverture est loin d’être à l’aune des planches, undessin sans profondeur et sans narration, et un graphisme sans engagement,sans corps. Mille fois dommage, mais que cela ne vous empêche pas de vousplonger dans cette bande dessinée éditée par les éditions Sarbacane.Vincent et Gaël Henry sont au travail sur le second tome qui, lorsque l’onconnaît même succinctement la vie d’Alexandre Marius Jacob, devrait serévéler tout aussi jouissif que ce premier livre.

Quelques mots de bande dessinée

Le clan des sept

out commence dans la fumailled'une manif. Rencontre roman-tique en milieu saturé de la-crymo. Une bande se forme,

un clan des sept, version libertaire,squatteurs, révoltés instinctifs, la facmais pas trop, petits boulots, chô-mage. La douceur de l'enfance, ousa dureté, ne sont pas très loin. L'es-pace-temps de Noël renoue avec cepassé proche, avec ce pensum durituel familial moisi, mielleux ouviolent, qui fait lâcher « Joyeux Noëlmon cul » et dont chacun s'enfuitvite. C'est comme la chronique d'unegénération qui inaugure sa rupture,les vingt ans ou presque et des rêvesen étoiles qui pètent aux yeux. Un

T

Dans le désordreMarion Brunet, 256 p, Ed. Sarbacane, 15,50 euros.

quotidien sans intrigue ni tension, uneinsouciance gentiment révoltée. Onpourrait rattacher ce roman où l'amourest central à la nouvelle catégorie queles éditeurs et libraires nomment «youngadults» (L'éditeur indique : « dès 13ans »). La bande son s'attarde sur unechanson magnifique de Victor Jara « Terecuerdo Amanda », un T-shirt rend aupassage hommage aux Wampas. Uneligne évoque « À nos amis », et « L'In-surrection qui vient », mais juste lestitres. La romance se matine de punk,évoque Notre Dame des Landes commeun espace de référence, mais lointain,presque imaginaire, comme des ingré-dients pour donner de la texture auxvies de ces jeunes libertaires en pleinepost-adolescence, centré.es sur leurs his-toires d'amour et de passé meurtri, etleur quotidien au squat. Il y a de la rageet de l'émotion, de la légèreté, jusqu'audrame. C'est un peu jeune pour moi*. l

Nicolas, Interco Nantes

* Je vais sur mes 62 balais.

CULTURECULTURELà où tu visla CNT lutte

Vous trouverez sur le site Internet www.cnt-f.orgtoutes les coordonnées pour contacter un syndicatpar branche ou par section géographique. Voici lesadresses par régions.

Bureau confédéral5, place des charrons - 57000 Metz06 52 17 93 54 mél : [email protected]

H AlsaceUnion régionaleCNTc/o Lucha y FiestaBP 3001767027 STRASBOURGCEDEX 109 52 91 12 [email protected]

H AquitaineSyndicats Gironde36, rue Sanche-de-Po-miers, 33000 Bordeaux05 56 31 12 73 [email protected] régionauxPTT Aquitaine, BP80099, 33704 Méri-gnacCulture Aquitaine, 36,rue Sanche-de-pomiers,33000 Bordeaux

H AuvergneUnion locale CNTSalle Poly, place Poly,63100 Clermont-Ferrand

H BourgogneSyndicat intercorporatifCNT de Saône-et-LoireBP 3, 71290 [email protected] / 0601 22 17 94Syndicats CNT NièvreBP 25, 58018 Nevers-CourlisSyndicats CNT DijonBP 392, 21011 Dijon

H Bretagne et Paysde la LoireUnion régionale CNTBP 30423, 35004Rennes CEDEX06 34 98 30 72 - [email protected]

H Centre259, rue de Bourgogne,45000 Orlé[email protected]

H Champagne-ArdennesSyndicats CNT MarneBP 90009, 51201 Éper-nay CEDEX

H Franche-ComtéSyndicats CNT Doubsc/o CESL, BP 121, 25014Besançon [email protected] intercorporatifCNT JuraBP 98, 39140 Blette-rans CC

H Île-de-FranceUnion régionale CNT33, rue des Vignoles,75020 Paris01 43 72 95 34 [email protected]

H Languedoc-RoussillonUnion régionale CNTBP 90256, 6 rue d'Arnal30000 Nî[email protected]

H LimousinUnion locale Limou-sin6, rue de Gorre, 87000Limoges,[email protected]

H LorraineUnion régionale [email protected] CNT Moselle5, place des Charrons,57000 [email protected]

H Midi-PyrénnéesUnion régionale CNT18, av. de la Gloire,31 500 ToulouseTél. : 09 52 58 35 90

H Nord-pas-de-CalaisUnion régionale CNT32, rue d’Arras, 59000Lille03 20 56 96 10 - [email protected]

H NormandieSyndicats CNT Calva-dosBP 02, 14460 Colom-bellesSyndicats CNT Seine-MaritimeBP 411, 76057Le Havre CEDEXSyndicat CNT [email protected]

H PACACNT-STICS 13 c/o 1000 bâbords60, rue Consolat 13001Marseille

H Pays de la Loirevoir Bretagne

H PicardieVoir avec le BC

H Poitou-CharentesUnion régionale CNT20, rue Blaise-Pascal,86000 Poitiers05 49 88 34 08

H Rhône-AlpesUnion régionale CNTSalle 15 bis, Bourse dutravail,42028 Saint-ÉtienneCEDEX 104 77 25 78 04

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Les fauteurs de troubledu climat

Les saboteurs du climat Nicolas de La Casinière, 140 p, Edition Le Seuil-Reporterre, 10 euros.

rale a plié et renoncé devant desmilitants du Pays basque. Le capita-lisme a bien compris que 1. la tran-sition énergétique est une ennemiemais que 2. elle est un marché à sai-sir. « Business is part of solution ».C’est ainsi qu’on trouve Total etd’autres pétroliers aux conseils d’ad-ministration de l’association euro-péenne de l’énergie éolienne et del’association européenne de l’indus-trie photovoltaïque. Et à grandscoups d’éco-blanchiment, ils sortentdes produits écolo-compatibles.Pour lutter contre le réchauffementclimatique, certains scientifiques in-ventent des délires scientistes : mo-difier la chimie des océans, envoyerdes produits chimiques dans la stra-tosphère ou encore d’énormes miroirsautour de la Terre.Cette transition énergétique en-traîne aussi de nouvelles exploitationsdes énergies fossiles comme le gazde schiste et les sables bitumineux,dont l’extraction est très polluante.Par ailleurs le charbon sert de re-poussoir au profit des autres énergiescomme le nucléaire. Pour justifiertoute cette pollution et cet éco-blan-chiment qui vont de paire, touteune « industrie du mensonge », deslobbys puissants comme le Heart-land Institute financent les climato-sceptiques… Mais en France leursarguments ont été scientifiquementréfutés.Voilà un livre riche qu’on aurait

aimé plus long.On en apprenddes choses pasbelles et des rai-sons de se ré-volter. Noir ouvert à bas le ca-pitalisme ! l

Gilles Durand,Interco Nantes

l faut connaître ses ennemis,comment ils fonctionnent, pourmieux les combattre, trouver desfailles, dit la conclusion de ce

livre au Seuil dans la collection Re-porterre dirigée par Hervé Kempf,qui remplit cette mission. L’exploitation du charbon est res-ponsable d'un tiers du CO2 émisdans le monde, et de près de la moitiédes émissions dues à l’énergie. On afermé les dernières mines de charbonen Europe. Mais loin de l’Europe,des entreprises l'exploitent toujours.Comme Sparkling dont la PDG estMichèle Assouline, députée Les Ré-publicains et responsable de l’énergieau MEDEF, qui possède des mineset des ports, en Indonésie notamment.Ou encore Perenco, possédée par lafamille Perrodo, qui rachète et exploitejusqu’au dernier caillou des minesde charbon, n’hésitant pas à financerdes paramilitaires et tuer des syndi-calistes en Colombie. Par ailleurs,EDF possède seize centrales à charbonet Engie une trentaine de par lemonde. Le bienfaiteur de l’humanité,Bill Gates, quant à lui, est actionnairedes grands pétroliers et n’a pas descrupules à soutenir l’extraction decharbon car l’un des buts de sa fon-dation est d’apporterl’électricité aux payspauvres. De toutesfaçons c’est toujoursle nord qui pollue lesud.Des banques im-portantes se désin-vestissent du charbonet La Société Géné-

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22 Organe de presse de la Confédé� ration Nationale du Travail MARS 2016

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LA CNT C’EST QUOI ?UN SYNDICAT ! Parce que cette forme d’organisation englobe à la fois le champ économique, politique, social etculturel. Parce qu’elle est directement issue du peuple et qu’elle représente ses intérêts. DE COMBAT ! Parce queles intérêts des travailleurs s’opposent radicalement aux intérêts du capitalisme. Parce que les grandes avancéessociales n’ont été arrachées que dans l’action et la mobilisation. AUTOGESTIONNAIRE ! Parce que les décisionsdoivent être prises à la base. Parce que nous appelons à l’auto-organisation des luttes. SOLIDAIRE ! Parce que leshiérarchies (salaires, fonctions, statuts) s’opposent à une société égalitaire et autogérée. Parce que seules laréflexion et l’action interprofessionnelles permettent d’éviter le corporatisme. ANTICAPITALISTE ! Parce que nousfabriquons toutes les marchandises et assurons tous les services, nous devons les orienter pour le bien de toutela collectivité et non pour l’ambition démesurée de quelques-uns.C’est pourquoi nous pensons que le syndicalisme doit être porteur d’un projet pour une société plus juste,plus égalitaire, plus libre… Un projet révolutionnaire.

Puisque personne ne travaille à ta place, que personne ne décide à ta place !

es gusses qu'on dirait en fil defer, habillés de costumes som-maires, un graphisme simplis-sime pour raconter la bagarre

victorieuse de gens du bocage desDeux-Sèvres contre l'enfouissementde déchets nucléaires. Tout a com-mencé en 1987. Les technocratescherchent des coins tranquilles, peupeuplés (dans leurs tête, ils pensentarriérés), pour glisser sous le plancherdes vaches leurs restesradioactifs de kryp-ton, césium et stron-tium assortis de salesnuméros. Argumentmassue pour cesploucs : l'emploi.Mais ça ne prend pasdu tout. Le cul-ter-reux se rebiffe, se ren-seigne, refuse tout netet se met en pétard.L'Andra, toujours àla manœuvre au-jourd'hui à Bure, pro-met alors monts etmerveilles, vessies etlanternes. On baladeles maires, on fait des

films de propagande en achetantune vedette « vue à la télé », NoëlMamère himself, pas encore mairede Bègles ni écolo. La star de l'écrann'impressionne pas plus le petit peu-ple de Gâtine, qui se démène, murele local de l'Andra, coupe les routesavec des troncs d'arbre, tartine delisier de porc pour empuantir leCRS, occupe le champ fatidique re-quis pour l'enfouissement. Et quandil ne canarde pas consciencieusementces flics, il va jusqu'à installer unéchafaudage sur l'antenne locale del'Andra, la badigeonne au goudron

Village Toxique Grégory Jarry et Otto T, 120 p, Editions FLBLB, 15 euros.

avant de balancer un paquet deplumes de volaille dessus. C'étaitl'« Opération Lucky Luke »... et feracapoter les projets.Malgré ce graphisme fruste, cesvignettes muettes, on suit avec plaisirla lutte des antinucléaires avec untexte en voix off, un brin moqueur,parfois copieux. Ce n'est pas de lafiction, il n'y a pas de personnagesprincipaux, tous ont la trombine entête d'épingle. C'est un récit de lutte,servi comme un documentaireamusé. l

Nicolas, Interco Nantes

Fantasia chez les ploucs

D

L’extrême-droite le revendique, le gouvernement socialiste veut l’écrire dans la Constitution : état

d’urgence permanent et déchéance de la nationalité.

La CNT ne s’est jamais trop leurrée sur l’État de droit et la Constitution de la Ve République. L’État reste celui des dominants. Mais banaliser l’état d’urgence, c’est pérenniser une situation d’exception. Inscrire dans la constitution « la déchéance de nationalité pour les binationaux nés français », c’est rompre avec le principe d’égalité, censé être le fondement de cette Constitution : « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. »

Les gouvernants qui perpé-tuent la politique du pire :

Le 16 juillet 1940, l’État français promulguait une loi relative à la « procédure de déchéance de la qua-lité de français ». Les résis-tants et les juifs en furent les premières victimes.

La déchéance de la nationalité aura pour conséquence d’inscrire dans la loi l’idée d’une privation de droits sur des motifs arbitraires. On ne sera plus seulement jugé pour des délits mais frappé.e.s d’interdit en raison de sa naissance.

Ces socialistes revendiquaient hier, le droit de vote pour les « étrang.er.éres » aux élections locales et aujourd’hui par ces mesures, ne font que le lit des idées les plus réactionnaires, racistes et xénophobes.

Nos malheurs viendraient de l’étranger… ? Ce refrain est ancien. Rappelons-nous que la Commune et sa Répu-blique universelle boutaient déjà ce vieil adage, étrang.er.ères et parisien.nes votant et luttant ensemble sur les barricades. L’immigration c’est le groupe Manoukian lut-tant contre le nazisme, les Républicain.es espagnol.es

libérant Paris, les femmes et les hommes sans-papiers qui assurent les tâches les plus ingrates de la société…

Nos malheurs viennent de l’État et du patronat, tou-jours prêts à raviver la figure de l’étranger pour mieux nous diviser. Notre ennemi, c’est notre maître, la classe dominante, voilà un mot d’ordre toujours d’actualité.

L’état d’urgence contre les libertés publiques :

L’état d’urgence, ce sont « des mesures placées sous le plein contrôle du juge administratif », autrement dit les pleins pouvoirs aux préfets et préfètes et à la police.

Depuis le 13 novembre 2015, ce sont 360 assi-gnations à résidence, 2 898 perquisitions, des grèves auto-censurées, des manifestations interdites, des couvre-feux et des convocations dans les com-missariats de dizaines de militant.es du mouvement social, des gardes-à-vue « préventives ». Les assigna-

tions à résidence pendant la cop21 ont déjà prouvé que l’État n’a aucun scrupule à utiliser ces lois pour empê-cher toute contestation sociale. L’état d’urgence, c’est la répression tous azimuts, bien au-delà de la « guerre contre le terrorisme ».

Après le changement de constitution, des lois encore plus liberticides seront adoptées pour réduire nos liber-tés de réunion, de manifestation, d’organisation et d’ex-pression. Les conséquences seront comparables voir pire que celles que subit la population espagnole avec la Loi « Mordaza » ou les opérations policières « Pandora ».

Ces attaques sont graves, car elles privent finalement l’en-semble des travailleuses, des travailleurs et de toute per-sonne vivant sur le territoire français des libertés publiques !

NON À L’ÉTAT D’URGENCE, NON À SA CONSTITUTIONNALISATION

RETRAIT DE LA LOI DE « DÉCHÉANCE DE LA NATIONALITÉ »

NON AUX GUERRES MENÉES PAR LE GOUVERNEMENT ET LE CAPITALISME FRANÇAIS EN AFRIQUE OU AU MOYEN ORIENT :

CE SONT LEURS GUERRES CE SONT NOS MORTS

NON À UNE CONSTITUTION SÉCURITAIRE

CNT – UNION DES SYNDICATS DE LA RÉGION PARISIENNE

WWW.CNT-F.ORG – [email protected] SYNDICAT DE COMBAT, AUTOGÉRÉ,

SOLIDAIRE, SANS PERMANENT ET ANTICAPITALISTE

ÉGALITÉ SOCIALE

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