Hiver2006 N° 71

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Quand la basket est sortie desstades pour envahir la rue, sondestin a rapidement pris un

nouvel essor. La chaussure des sportifs allaitfaire l’objet d’un véritable emballement enprovenance des Etats-Unis. Inévitablement, lemonde entier y succombera. Le phénomèneallait se transformer en culte.Les réalisateurs Thibaut de Longeville et LisaLeone sont remontés aux origines de cetengouement. Leur documentaire, «Sneakers,le culte des baskets», est volontairementorienté vers ceux qui vivent avec la basket desrapports éloignés du quotidien. Les princes duhip-hop, les collectionneurs compulsifs, lesdesigners… exhibent la rareté au contraire devous et moi qui portons des baskets parmimétisme en tant qu’objet du paraître : onchausse tous les jours la même paire, on lasalit, on l’use, on l’ « enfume » et on la jette.C’est quand même le fond de commerce desmarques.Les auteurs du film ont délibérément choisisde ne pas s’intéresser « aux baskets de leurspotes », à celles qui arpentent les rues auquotidien et qui ne restent pas empilées dansleur boîte d’origine ou dont la customisationn’est pas toujours de bon goût.Pour tous ceux qui comptent leurs paires dechaussures par centaines, pas un seul n’a misen avant celle qui est à mes yeux la « tropclasse » TN, plus connue sous le nom deRekin. En soi, c’est un mini raz de marée quireste à décrypter. Dans ce cas aussi, ce quiétait à l’origine la basket de la communautélascar a réussi à conquérir toutes les strates dela société.

P.P.

Le déferlementbaskets

� EDITOLe déferlement baskets

page 2

� MODEAirness, la marque tendance

page 3

� DOSSIERGénération baskets

Rencontre insolite au sex-club

Baiser ses Adidas

Baskets : des stades à la ruepages 4 à 8

� COURRIERDes chaussettes qui sententfort

Une chaussette m’aabandonnée

page 8

� NOUVELLELes chaussettes du sergentMichaud

pages 9 à 12

� TEMOIGNAGEDresseurs militaires

page 13 et 14

� LITTERATUREDes chaussettes blanchessales

page 15

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SommaireSommaireSommaireSommaireEDITOEDITOEDITOEDITO

Lire article page 7

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Jeune Malien arrivé en France àl’âge de 10 ans, Malamine Konéavait une passion : la boxe.Après un accident, il doit yrenoncer. Mais “la Panthère”,son surnom sur les rings, sortalors ses griffes, ou plutôt sagriffe : AIRNESS.Cinq années de convalescencelui ont permis d’observer lestenues vestimentaires de sescopains et de découvrir que lamode se faisait dans la rue, chezles jeunes des banlieues.Après 6 ans d’existence, Airnessest aujourd’hui LA marque devêtements de sport tendance (enparticulier chez les prescripteursque sont les jeunes) et ellecommence à se placer sur la voiede ses aînées en équipant cinqéquipes de football de premièredivision, une équipe de basket etde rugby.Le confort et la qualité desmatériaux utilisés font d’Airnessune marque incontournable tantpour les jeunes que pour lesadultes. Après les vêtements desport, la marque a décliné lesaccessoires qui les complètent :la casquette, l’écharpe, lebonnet, les chaussettes... sansoublier les sous-maillots ousweat-capuche qui vont avec !

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AIRNESS la marque tendance

ModeModeModeMode

EQUIPEMENTIEROFFICIEL

Le site officielInternet du StadeRennais se fait fortde vanter le savoir-faire technique dela marque Airness,équipementierpartenaire depuis2004.Les maillots offrentun confort maximumgrâce à une coupetrès près du corpspour mettre envaleur l’aspectathlétiquedu joueur et surtoutéviter les tirages dumaillot. Technicitéavec une matièrelégère, extensible,agréable au porteret au toucherpermettant uneabsorption et uneévacuationinstantanées de latranspiration versl’extérieur.

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La plupart des sneakers à succès ontune histoire, c’est ce qui en fait deschaussures mythiques. Telles les AirJordan qui ont accompagné l’un desplus grands joueurs de basket aumonde, les Asics jaunes et noirestrès bien assorties à la combinaisond’Uma Thurman dans le film « KillBill »… Ces chaussures qui ontvécu des instants de gloire seréincarnent aux pieds des fans pourde nouvelles vies. Les rééditionspropulsent les ventes et le côté rétroaux parfums hip-hop séduit lesjeunes. Le succès des Converse AllStar est un exemple parmi d’autresde cet engouement.

Un soin particulier est apporté à lastratégie de séduction des futursaddicts. Cela passe par une publicité

(Suite page 5)

Elles se sont faites un nomaux dépens de leurmarque : les Stan Smith,All Star, Air Force One,

Tiger sont devenues des modèlesemblématiques d’Adidas, Converse,Nike, Asics. Leur notoriété les atransformés en objets de culte. C’estainsi que les baskets sont sorties desstades et autres terrains de jeux pouraujourd’hui se fondre dans notremode de vie, trouvant à juste titreune place évidente dans notre stylevestimentaire. Notamment grâce auxartistes de la scène hip-hop qui,dans les années 70, utilisaient lesbaskets à d’autres fins que cellespurement sportives. Aujourd’hui,elles sont un fait de société et degénération, un signe de ralliement,d’appartenance à une communautédynamique.

Symbole fort

d’appartenance

communautaire,

pièce de collection

ou juste accessoire

de mode, les

baskets se

sont constituées

en univers où

riment design,

histoire de marque,

marketing et

passion.

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DossierDossierDossierDossier

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qui vous fait rêver et qui s’en donneles moyens. On se souvient de lacampagne Nike réunissant quelquesgrandes pointures du sport pour untournoi disputé dans les cales d’unpétrolier. Puma a mis à contributionla fédération jamaïcained’athlétisme. Les marquesn’hésitent pas investir dans desspots dignes du 7ème art.

Aujourd’hui, le client prend lepouvoir. Il ne se contente plusd’acheter un modèle, il le conçoit,se l’approprie : c’est la« customisation ». La chaussuredevient une œuvre d’art. Leleitmotiv semble être de « sortir dulot, coûte que coûte ». Ainsi, Nike alancé un système depersonnalisation en ligne. Mais lesautres marques ne sont pas en reste :Adidas, Asics, Vans… rivalisentd’ingéniosité pour s’assurer uneparfaite fidélisation.

Si la tranche des 15-19 ans préfèreles baskets décontractées etsuffisamment sport, celle des 19-24ans se tourne de plus en plus versles marques de luxe version sportque proposent Prada, Yoghi,Yamamoto, Gucci, Hogan oumarque de sport version luxecomme Lacoste.

(Suite de la page 4) Le marché des baskets peut sefrotter les pieds. Son chiffred’affaires est en perpétuelleprogression, la concurrence estféroce et les marques rivalisent àcoup de nouveautés. Comme la MI,la chaussure intelligente proposéepar Adidas qui s’adapte à vos piedsà l’aide de capteurs électroniquesdissimulés dans la semelle !

En ce dimanche d’août,LascarTn et Skorpiodécident de se rendre àLyon et plus particulièrement

au 1er sous-sol, sex-club de 1000m², où la chaleur des corps et ledésir brûlant de baiser vousenvahissent l'âme.

Au fur et à mesure de notre visite,nos regards se dirigent vers lesoccupants de ce lieu, les yeux

remplis de gêne maisrespirant la curiosité.

Nous étions sapéscomme des cailleras :Skorpio en survet blancremonté aux mollets, tee-shirt blanc, casquetteblanche et surtout rekinsdark blue aux pieds.LascarTn avait un baggycouleur jean chiné, tee-shirt Puma bleu gris,casquette blanche etrekins noire dégradéegris, sigle rouge.

Nous ne passions pasinaperçus dans celabyrinthe. En effet, le 1ersous-sol est construitsous la forme d'une grottedans laquelle les mecsdéambulent dans leschemins, les recoins ...Un magnifique graff surun des murs noustranspose immédiatementdans notre univers decaillera.

Soudain, un keumé torsenu, avec un baggy beigeet des BW bleu ciel

(Suite page 6)

Rencontre

insolite

au sex-club

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TemoignageTemoignageTemoignageTemoignage

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A compter le nombre despasmes qu'il avait, il devaitavoir lâcher au moins cinq bonsjets de jus chaud. A mon tour deme vider dans sa BW. A peineai-je eu le temps de mettre maqueue à l'intérieur que mon yops'écoulait abondamment dans sasket, inondant sa semelle de jus.Nous remettions nos sketsréciproques pour se rendre aubar afin de retrouver mon poteSkorpio et lui présenter monnouveau pote ...

LascarTn

travers nos fringues. Jem'agenouille pour le sucer àmon tour et lui rendre ainsi leplaisir qu'il m'avait donné. Saqueue commençait à mouillersévèrement, annonçant l'arrivéed'un bon yop de lascar. Je luimettais donc une de mes TN sursa queue pour la branler encoreplus vite. Sa respirations'accélérait de plus en plus, jesentais son souffle chaud surmon visage. Son corps se raiditpour lâcher plusieurs jets de yopdans ma TN.

apparaît au milieu des autrespersonnes plus âgées. On luidonne environ 22 ans. Sonregard s'est porté sur nos TN ettentait de nous dévisager dansce lieu sombre. Skorpio se rendau bar, peu habitué de ces lieuxet m'abandonne au keum. Je lematte des pieds aux pieds et ilme matte de la même manière.Nous nous rendons dans unrecoin pour se peloter,s'embrasser.

Il me déchausseIl me déchausseIl me déchausseIl me déchaussed'une rekin pourd'une rekin pourd'une rekin pourd'une rekin pour

la porterla porterla porterla porterà son nez,à son nez,à son nez,à son nez,

respirant à pleinsrespirant à pleinsrespirant à pleinsrespirant à pleinspoumons l'odeurpoumons l'odeurpoumons l'odeurpoumons l'odeurde transpirationde transpirationde transpirationde transpirationde la journéede la journéede la journéede la journée

Il me regarde avec insistance etme pose une question. « T'asplusieurs paires de rekins ? » Jelui réponds que j'en avais unequinzaine en tout et lui détailleles couleurs de mes TN. A montour de lui poser la questionfatidique. « Tu kiffes les plansskets ? » Et sans répondre, il sejette à mes pieds pour léchermes rekins tel un affamé d'unesemaine. Mon sexe ne tarde pasà grossir sous les lapements demon acolyte. Il me déchaussed'une chaussure pour la porter àson nez, respirant à pleinspoumons l'odeur de transpirationde la journée. Je sors ma queuepour qu'il me la suce. Ce dont ilfait avec merveille. Sa boucheétait semblable à un aspirateur.Il me file une de ses BW pour àmon tour les sniffer, les vénérer.Je les lèche de partout tellementje suis excité.

Il sort sa queue pour se branlerdans ma TN, encore toutechaude de la journée. Je faisde même avec ses BW. Je

sens mon yop monter à toutevitesse, l'ambiance de ce lieufaisait monter l'excitation à sonparoxysme. Je ralentis donc lacadence pour ne pas venir tropvite. On échange nos skets pours'embrasser à nouveau et sentirnos queues gonflées à bloc à

(Suite de la page 5)

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BAISER SES ADIDASRyan se concentre sur les vapeurs affriolantes de sa sketRyan se concentre sur les vapeurs affriolantes de sa sketRyan se concentre sur les vapeurs affriolantes de sa sketRyan se concentre sur les vapeurs affriolantes de sa sketchaude. Sa queue, affolée par ces émanations sauvages, luichaude. Sa queue, affolée par ces émanations sauvages, luichaude. Sa queue, affolée par ces émanations sauvages, luichaude. Sa queue, affolée par ces émanations sauvages, luidicte la manière à suivre. Il plonge son membre au cœur desdicte la manière à suivre. Il plonge son membre au cœur desdicte la manière à suivre. Il plonge son membre au cœur desdicte la manière à suivre. Il plonge son membre au cœur dessemelles fumantes. Son gland s’échauffe au contact desemelles fumantes. Son gland s’échauffe au contact desemelles fumantes. Son gland s’échauffe au contact desemelles fumantes. Son gland s’échauffe au contact del’humidité vaporeuse comme lors de la pénétration d’un cull’humidité vaporeuse comme lors de la pénétration d’un cull’humidité vaporeuse comme lors de la pénétration d’un cull’humidité vaporeuse comme lors de la pénétration d’un culmoite. Après quelques va-et-vient, le bien-être cède la place àmoite. Après quelques va-et-vient, le bien-être cède la place àmoite. Après quelques va-et-vient, le bien-être cède la place àmoite. Après quelques va-et-vient, le bien-être cède la place àla jouissance et un flot de semence couleur nacre vient tapisserla jouissance et un flot de semence couleur nacre vient tapisserla jouissance et un flot de semence couleur nacre vient tapisserla jouissance et un flot de semence couleur nacre vient tapisserl’intérieur de la basket.l’intérieur de la basket.l’intérieur de la basket.l’intérieur de la basket.

InstantaneInstantaneInstantaneInstantane

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avant qu’ils ne soient trop sales oumarqués par les œillets. Ensuite, onles étirait du bout des doigts pourne pas qu’ils sèchent avec des fauxplis…», raconte Grandmaster Caz,l’un des pionnier du hip-hop. «Et situ n’avais qu’une seule paire debaskets, c’est les lacets qui tepermettaient d’être créatif». Uneaffaire de dévouement, de dévotion.En 1986, la planète vibre aux sonsdu single de Run DMC « MyAdidas ». Au cours des concerts, lesrappeurs enjoignent leurs fans àexhiber leurs Adidas au-dessus deleur tête, comme plus tard, end’autres circonstances, le public

(Suite page 8)

Au milieu des années 70, lesmembres de la scène hip-hop sontles premiers à s’approprier leschaussures des basketteurs. Les fanssuivent. La mode se propage à touteallure. Au début de cette folie, ilétait courant de garder les yeuxrivés au sol : «On ne se regardaitpas dans les yeux, on matait lespieds», se souvient un journalistenew-yorkais. A l’époque, onbichonnait ses baskets préférées.Les gros durs leur accordaient plusd’attention qu’à leurs petites amies :« On les nettoyait à la brosse àdents, on rajoutait un peu de Javelpour raviver le blanc… Et leslacets ! On les nettoyait un par un,

L e documentaire, Sneakers,le culte des baskets, révèleles histoires incroyables, etparfois excessives,

derrière les succès phénoménaux deNike, Puma, Adidas et Reebokracontées par ses véritablesarchitectes : pionniers et grosses« pointures » du hip-hop, designerset responsables de marques,journalistes et photographeséclairés, vendeurs, collectionneursobsessionnels et autres amoureuxtransis de la chaussure de sport.Pour la plupart des intervenants, quicompte leurs paires de chaussures,« la basket est une drogue».

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EnquêteEnquêteEnquêteEnquête

BASKETS : DES STADES À LA RUEBASKETS : DES STADES À LA RUEBASKETS : DES STADES À LA RUEBASKETS : DES STADES À LA RUE

Comment la chaussure de sport a-t-elle été détournée de sa fonction première pourdevenir tour à tour accessoire de mode, symbole communautaire, icône culturelle,signe extérieur de richesse, œuvre d’art, thème de chansons, pièce de collection etvéritable objet de culte.

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fera briller la flamme des briquets.Business is business, le groupe derap réussit à convaincre la marqueaux trois bandes de lui signer uncontrat mirobolant. Les autresmarques s’engouffreront dans labrèche au point que le port de tel outel modèle est considéré comme unsigne d’appartenance identitaire oucommunautaire. Ainsi Nikes’adjugera l’image du basketteurMichael Jordan ; associées à despublicités « coup de poing », lesventes exploseront.De la fin des années 90 à nos jours,l’engouement s’est porté vers lesmodèles rares, le vintage, lesrééditions et le co-branding (lachaussure étant signée par une starde la musique ou du sport). Quoiqu’il en soit, le dilemme peutprendre l’allure d’un véritablecasse-tête pour certains. Ainsi, DJClark Kent pour qui «il fautpouvoir changer de paire chaquejour de l’année. J’ai de quoi tenircinq ans. Mon seul problème :décider laquelle choisir le matin».

Ce documentaire porte un regardpassionné, enjoué et sarcastique surla folle évolution d’une cultureunderground devenue unegigantesque et schizophréniqueindustrie. Les réalisateurs Thibautde Longeville et Lisa Leone onttravaillé pendant un an et demi pourretracer cette success story. «Nousne voulions pas nous contenter defilmer les sneakers de nos copainsmais montrer comment l’influencede la rue et la culture hip-hop a faitpasser cet outil de performance enobjet de passion et de business».

(Suite de la page 7)

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Sneakers, le cultedes baskets, undocumentairediffusé en 2005sur Canal+, estdisponible enDVD.

DES CHAUSSETTESQUI SENTENT FORTCher Monsieur,Voilà, depuisquelques mois j’aiun fantasme dontj’ai un peu honte etje n’ose pas enparler même à mesamis les plusproches. Voilà jefantasme sur leschaussettes quisentent fort. J’aicommencé unecollection et ça merend totalementhystérique.Maintenant jevoudraiscollectionner leschaussettes destars. Auriez-vousdes vieilleschaussettes paslavées que vousavez porté à medonner ? Je vousremercie d’avancepour votregénérosité.

Personnellement, jevous conseille deconserver votrecollection dechaussettesodoriférantes dans depetits sacscongélation soudéssous-vide que vousstockez dans unecave dont latempératureconstante est de 15°c.Ai-je une tête à porterdes chaussettespuantes ? Par contre,mon voisin ouralien aporté tout l’hiver des

chaussettes russesfaites de chiffons delaine et d’écorces debouleau. Le printempsapprochant, il devraitdébander seschaussettes quidevraient vousenchanter. Excellenteinhalation !

UNE CHAUSSETTEM’A ABANDONNEECa y est, elle m’aquitté, abandonné.Je l'aimais, elle étaitma favorite, commedeux tourtereaux,roucoulantinlassablement, ellesur moi, jour aprèsjour, ou presque.Ah, car parfois,j’avais de petitsécarts. Pour desraisons dites«hygiéniques», jechoisissais d'autresqu'elle... Maintenantelle a disparu,subitement,mystérieusement. Jesuis inconsolable.

Vous n'êtes pas seul.Vous savez quepartout à travers lemonde, des hommeset des femmes viventce que vous vivez, seretrouvent aussiimpuissants que vousdevant cet abandon,cette perte. Mais,maintenant, on peutvous aider !Découvrez le“Territoire deschaussettes perdues”,ce lieu créé pour des

gens comme vousqui, lors d'un lavagede trop ou dans untiroir sans fond, ontperdu une de leurchaussette favorite,une de celle qui faisaitla paire et partageaitleurs grandsmoments.Vous savez, il estprouvé que desmystérieuses faillesespace-tempsexistent dans lesmachines à laver ou àsécher. Ce quiexplique que cellesqui y entre par paireen ressortent parfoisseules...Vous n'avez qu'àcompléter lequestionnaire du siteet peut-être quequelqu'un quelquepart, aura de quoivous combler.Décrivez votrechaussette : est-ceune longuechaussette àlosanges colorés, unevieille chaussette desport trouée? Profitez-en aussi pour lire lesdescriptions desautres chaussettesperdues, vouspourriez avoir lebonheur de permettreà une famille de sereconstituer !

CourrierCourrierCourrierCourrier

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Pour mon service militaire, j’avais étéaffecté dans un régiment de chars decombat dans la Marne. Une fois mesclasses effectuées, le capitaine de

mon régiment me désigna à un posted’intendance et de secrétariat. Pendant queles copains allaient sillonner les chemins ducamp militaire, moi je restais biensereinement au chaud pour garder lecasernement, notamment pendant les raids oùj’étais systématiquement désigné depermanence.

Le travail au secrétariat pouvait paraîtrerébarbatif. Moi, j’y voyais un grand avantage.J’avais accès aux fiches d’état civil desappelés, mais surtout des gradés. Je pouvaisdonc repérer ceux qui étaient célibataires,voire même connaître leur numéro dechambre pour ceux qui étaient logés àproximité de la caserne. Ça défilait pas malau guichet, ce qui me laissait le loisird’admirer les forces de la nature. J’avoueavoir un faible pour les grands baraqués en

treillis pas très nets, avec les touffes depoils qui dépassent de l’encolure et lesgrandes auréoles de sueur sous lesaisselles. Et ils en avaient notammentquand le gradé de retour de patrouillecommando, souvent de plusieurs jours,venait au guichet pour faire réintégrer lesarmements.

J’attendais les retours de ces commandosavec impatience car je m’occupais ausside l’intendance pour ce qui concernaitles paquetages. À chaque nouvelleincorporation, l’appelé se voit attribué unpaquetage réglementaire, qui outre leseffets militaires, comprenait des sous-vêtements, soient deux slips blancs àpoche type kangourou, et deux paires dechaussettes de laine noire à porter

(Suite page 10)

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Les chaussettesdu sergent Michaud

NouvelleNouvelleNouvelleNouvelle

Affecté à l’intendance, un jeune

soldat se retrouve à gérer le linge

sale des gradés. Les chaussettes

puantes de l’un d’entre eux

serviront d’amorce à une baise

virile et odorante.

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sniffant à fond les dessous de bras dequelques tee-shirts pour me pâmerdes odeurs enivrantes de sueur.Léchant le tout, il n’y n’était pas rareque je récupère sous la langue quides poils pubiens, voire de panardsou d’aisselles.

Un jour où j’avais le nezdans mes coffres, unevoix au comptoir m’abrutalement sorti de mon

extase. Je reconnus la voix dusergent Michaud qui venait, commeà l’accoutumée, rapporter ses slips etchaussettes sales. Il me plaisait bienle sergent Michaud : un grand

(Suite page 11)

foutre et de pisse. Rajoutés à cela lestee-shirts présentant sous lesaisselles de grandes auréoles desueur.

Une fois plongé dans cetteatmosphère bien puante, jecommençais alors à fouiller dans lescoffres pour en extraire selon moi lesmeilleurs morceaux de choix. Jesélectionnais les chaussettes bienraides de sueur que je passaislonguement sur mon nez et monvisage pour bien m’en imprégner. Jeprenais les slips constellés de tâchesde foutre : certains s’étaientmanifestement lâchés pendant lesmanœuvres. J’agrémentais le tout en

impérativement avec les rangeos.Les appelés avaient la possibilité depouvoir faire du change une fois parsemaine. Mais c’était plutôt rare.Chacun avait généralement sespropres slips plus design que lesslips du paquetage, et lespermissions étaient suffisammentnombreuses pour leur permettre delaver et conserver leurs mêmespaires de chaussettes pendant toutleur service. Côté gradés enrevanche, c’était différent. Certainscélibataires endurcis avaient prispour habitude de ramenerrégulièrement leur linge sale,s’évitant ainsi des corvées delessive.

Au comptoir del’intendance, on medéposait doncrégulièrement slips sales

et chaussettes souvent bien portées,et les effluves de mâle embaumaientrégulièrement mon comptoir pourmon plus grand bonheur.Généralement, on me remettait cestrésors dans une poche plastiquebien fermée ; je faisais alors le tridans une arrière-salle en jetant dansdes coffres distincts chaussettes,slips, mais aussi tee-shirts kaki, letout bien odorant. Quelques gradésne prenaient aucune dispositionparticulière : ils me tendaient à lavue et à l’odorat de tous leurs sous-vêtements. Certains prenant même laprécaution ou le plaisir de sentirchacun d’entre eux avant de me lesremettre. Peut-être était-ce pours’assurer de ne pas rendre du lingepropre... ou alors était-ce pours’imprégner une dernière fois deleurs fortes odeurs de mâle.

Il faut reconnaître que ça puait pasmal dans mon local. Lorsque j’étaisseul, ce qui était généralement le cas,je prenais plaisir à soulever lecouvercle de chacun des coffres enbois de rangement. Au bout dequelques minutes, c’était une réellepuanteur qui planait dansl’atmosphère, mêlant des odeurs dechaussettes généralement trèspuantes de sueur après avoirmarinées plusieurs jours dans desrangeos, de slips bien portés où ledevant laissait paraître des tâches de

(Suite de la page 9)

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Il faut reconnaître que ça puait pas mal dansIl faut reconnaître que ça puait pas mal dansIl faut reconnaître que ça puait pas mal dansIl faut reconnaître que ça puait pas mal dansmon local. C’était une réelle puanteur quimon local. C’était une réelle puanteur quimon local. C’était une réelle puanteur quimon local. C’était une réelle puanteur qui

planait dans l’atmosphère, mêlant des odeursplanait dans l’atmosphère, mêlant des odeursplanait dans l’atmosphère, mêlant des odeursplanait dans l’atmosphère, mêlant des odeursde chaussettes généralement très puantes dede chaussettes généralement très puantes dede chaussettes généralement très puantes dede chaussettes généralement très puantes de

sueur après avoir marinées plusieurs jours danssueur après avoir marinées plusieurs jours danssueur après avoir marinées plusieurs jours danssueur après avoir marinées plusieurs jours dansdes rangeos, et de slips bien portésdes rangeos, et de slips bien portésdes rangeos, et de slips bien portésdes rangeos, et de slips bien portés

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costaud de 1m90 aux cheveux brunstrès courts et à la fine moustache,bâti comme un bûcheron. Il devaitau moins faire du 46 dans sesrangeos. Et puis il était poilu : sescopains le surnommait « le gorille »!Ses grandes mains étaient couvertesde poils, son cou laissait dépasserdes touffes de poils drus et serrés.Souvent je me suis demandé ce quepouvait cacher son torse et son slip.Ce dernier laissait supposer unpaquet bien volumineux, mais mêmeen lorgnant souvent sur sa braguette,je ne l’ai jamais surpris avec labraguette ouverte.

Donc, je me ruais vite fait aucomptoir pour procéder auxéchanges. Dans ma précipitation,j’avais gardé coincé dans mon col deveste une paire de chaussettes bienpuante et raide de crasse. Ce faitaurait pu paraître anodin vis-à-vis dusergent Michaud, mais en me laretirant du col, il la sniffa puis mitson nez sur mon visage et mesmains.

— Et bien mon gaillard, tu ne senspas la rose ! T’es tombé dans toncoffre ?

Et se faisant, il se mit à renifler meschaussettes et compara ses effluvesaux chaussettes qu’il ramenait.

— Ta paire a au moins sept jours.Moi seulement trois au compteur !Écoute, là je n’ai pas trop le tempscar je pars dans un quart d’heure enpatrouille commando pour 10 jours.File-moi du change et je garde tapaire de chaussettes pour medonner du courage. On en reparle àmon retour.

(Suite de la page 10) Je ne crois pas avoir prononcé unseul mot. Je lui ai préparérapidement quelques sous-vêtementsmais au lieu du traditionnel paquettrois slips, trois paires de chaussetteset trois tee-shirts propres, j’ai glisséen plus un article de chaqueparticulièrement puant.

Commença alors une longue attente,mêlée à la fois de crainte, sur ladécouverte de sous-vêtements cradeset d’impatience liée à ce «on enreparle à mon retour».

Dix jours s’écoulèrent. Puisun onzième. Maistoujours pas de sergentMichaud au guichet pour

lequel je tenais à prendre lapermanence quotidiennement. Puisvint le douzième jour. J’allais fermermon local quand trois gradésentrèrent. Je devinais qu’ilsrevenaient tous trois de cettepatrouille de douze jours. Le sergentMichaud s’était placé en queue, et jeservais donc rapidement ses deuxcollègues. Une fois sortis, il ferma laporte à clé et me lança : «Bon, ànous maintenant ! Et si on allaitdans ton arrière-salle récupérermon prochain change.» Nous nous

retrouvâmes dans le local avec lescoffres bien ouverts, ce qui fitapparaître un sourire sur son facièsqu’une barbe de plusieurs jours avaitlargement attaqué. «À ton avis,lança-t-il, de quoi ai-je besoin ? Tupeux juger sur pièces, n’hésitepas !»

(Suite page 12)

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J’avais plus que tout envie de passerJ’avais plus que tout envie de passerJ’avais plus que tout envie de passerJ’avais plus que tout envie de passeraux chaussettes. Je me plongeais doncaux chaussettes. Je me plongeais doncaux chaussettes. Je me plongeais doncaux chaussettes. Je me plongeais doncsur ses rangeos que je lui retiraissur ses rangeos que je lui retiraissur ses rangeos que je lui retiraissur ses rangeos que je lui retiraisprestement. À l’intérieur, lesprestement. À l’intérieur, lesprestement. À l’intérieur, lesprestement. À l’intérieur, leschaussettes crades donnéeschaussettes crades donnéeschaussettes crades donnéeschaussettes crades données

12 jours plus tôt12 jours plus tôt12 jours plus tôt12 jours plus tôt

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connoté chaussettes fut ledéclencheur. Il se mit à me ramoneravec des va-et-vient incessants quidéclenchèrent chez moi des vaguesde plaisir. Je prenais une de sesrangeos pour bien en snifferl’intérieur et giclais dedans unebonne dose de foutre. Aprèsquelques minutes de ce régime, ildéchargea dans mon conduitplusieurs rasades d’un jus que jedevinais abondant et épais après cesplusieurs journées d’abstinence.Deux fontaines de sueur coulaientde ses aisselles que je me mis àlaper, tout en remettant un peud’ordre dans ma tenue.

— OK, je garde toutes ces fringuessur moi, mais donne-moi quandmême, vis à vis des collègues, dequoi donner le change...

Et il se mit à rire fortement de sonbon mot. «Je reviens te voir dès queje peux», me promit-il.

Une promesse qui allait être tenue...à maintes reprises !

Mortimeros (GE)

mains, je me mis à caresser lacolonne de chair qui s’y trouvait.J’estimais l’engin à environ 22 cmpour un diamètre respectable desept. Un râle de plaisir se fitentendre. Soulevant l’élastiquehypertendu, un gland turgescent fitson apparition. Baissant le slip, je fisapparaître alors des couillesvolumineuses qui manifestementn’avaient pas craché depuisplusieurs jours. C’était une vraieforêt vierge dans ce slip : bite etcouilles s’échappaient de poils biennoirs et épais, qui dégageaient cefumet fort viril.

— Lève-toi et penche-toi sur toncoffre, m’ordonna t-il.

J’obtempérais sans retard. Il enlevames rangeos, fit tomber monpantalon et glissa une main àl’arrière de mon slip. Il introduit sonmajeur dans ma rondelle en prenantsoin de bien la triturer. Puis undeuxième doigt vint s’ajouter aupremier. Quand il estima que j’étaisprêt, le sergent Michaud posa songland à l’entrée de ma rondelle et,fermement, fit entrer sa bitecentimètre par centimètre.L’impression de brûlure fut viteremplacée par un doux bien-être. Sescouilles poilues vinrent rapidementtoucher mes fesses. J’étais embrochésur 22 cm de plaisir.

Il retira alors ses deux chaussettespuantes tout en me gardant danscette position et se mit à les humerdans un grand souffle. Ce poppers

Je lui fis retirer sa veste detreillis et lui demandai de leverles bras. Pour ma plus grandejoie, il avait enfilé le tee-shirt

crade que je lui avais glissé enpartant. De larges auréoles humidesde sueur se dessinaient clairementsous les aisselles. J’approchais monnez et me mis à humer à pleinspoumons. L’odeur aigre et forte quise dégageait me fit banderimmédiatement. Lui-même ne restaitpas indifférent. Ma main ayanteffleuré son paquet, je sentis autoucher une raideur fort engageanteque je me promis de découvrir plustard. Mais j’avais plus que tout enviede passer aux chaussettes. Je meplongeais donc sur ses rangeos queje lui retirais prestement. Àl’intérieur, les chaussettes non moinscrades données 12 jours plus tôt. Leschaussettes étaient littéralementcollées de crasse et de sueur sur sespieds et chevilles. Une puanteur sansnom se dégageait. Je fis glisserlonguement ses plantes de pied surmon visage, puis je mâchonnaisl’extrémité de ses chaussettes pouren extraire un jus que j’avalais avecdélectation. Je pris un de ses piedsque je mis en contact avec ma queue.Il me malaxa le tout, cette agitationfavorisant l’épanouissement desodeurs de chaussettes.

— Tout est clean, passons au slip !arrivai-je à balbutier.

Une masse longue et volumineuse sedessinait le long de sa jambe gauche.Je débraguettais le sergent Michaud,puis fis glisser le pantalon de treillissur ses chevilles. Sans surprise, jedécouvris le slip du départ.

— J’ai porté les mêmes chaussettes,slip et tee-shirt pendant ces 12 jours.C’est pas facile de se changer encommando ! affirma-t-il avec unsourire hypocrite.

Son slip était bien cartonné surle devant ; sans doute avait-iljuté au moins une foispendant ces 12 jours. Un

mélange de sueur, de pisse et defoutre se dégageait de cette pièce devêtement bien fatiguée. Avec mes

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Je prenais une de ses rangeos pour bienJe prenais une de ses rangeos pour bienJe prenais une de ses rangeos pour bienJe prenais une de ses rangeos pour bienen sniffer l’intérieur et giclais dedansen sniffer l’intérieur et giclais dedansen sniffer l’intérieur et giclais dedansen sniffer l’intérieur et giclais dedans

une bonne dose de foutreune bonne dose de foutreune bonne dose de foutreune bonne dose de foutre

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Il croit rêver mais non, cela ne faitque confirmer sa premièreimpression. Aussi sec, il décide dequitter cette atmosphère inquiétanteet perverse. Le voyant faire, l'un desgars bondit de son pieu, et après luiavoir collé un sévère coup de piedau cul, lui répète : «Les cafés,larbin, et que ça saute !»

Ils se seront mis en tête de chambrerle nouveau, de lui faire subir unbizutage, pense-t-il. Il craint quandmême le pire de ces mecs vicieux etsans femmes, cocktail détonnant onen conviendra ! Que vont-ils luiimposer ? Son haussement d'épaule,puis de ton, face à leur attitude, leconduit directement face à terre, unpied sur la gueule ; il se retrouvecoincé, étouffant presque, tandis quede grands pieds musclésdéverrouillent leur prise pour lelaisser respirer de temps à autre.

Pris au piège, il se résout à accepteret va préparer les déjeuners, sachantque le commando a main mise surses bagages, ses papiers et sonargent. Pourtant, sa tâche accomplie,et eux servis à la perfection, il sevoit gratifié de compliments sur laqualité de son service ; ils neseraient donc pas si sauvages. Ilspeuvent même se montrer sympas enfin de compte, ils voulaient justejouer alors ! pense-t-il encore.

Rassuré et comptant prendre à sontour son petit déjeuner, il se voitimposer leurs fonds de bols, auprétexte qu'il y a du travail quil'attend : «Tu as sous ton plumardtoutes nos rangers à décrasser etcirer, et nos chaussettes à laver à lamain, et surtout grouille, c'esturgent».

Ça recommence, mais cette fois, lelarbin ne veut pas accepter : «C'estla meilleure ! Je prends desvacances pour venir faire le boy, levalet, le larbin de ces bitards

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Dresseurs

militaires

« Le temps d’une virée, j’avais décidé deme mettre au régime militaire. Me voilà àservir de larbin à trois gars vicieux. Et j’enredemande ! »

L ibéré de son boulot, il se préparait pour une virée prévue de longuedate. Une destination l'intéressait mais le mode de séjour l'intriguait un

peu : « Séjour en camp militaire, les nuits se passeront en dortoir ».

Arrivé à destination, il découvre une chambre à huit lits, superposés par deux,occupée par trois compagnons de chambrée qui lui assignent d'office un lit bas,tandis qu'ils occupent les lits supérieurs. Cela l'étonne, mais ne faisant pas lepoids face à ces gars décidés et baraqués, il obtempère. Cependant, il va vite serendre compte que ces trois-là ont pour idée de lui assigner un statut bien précis.Ainsi, pourquoi toutes leurs chaussures et chaussettes sont-elles justementdisposées sous son lit. Tout cela l'intrigue de plus en plus. Tout s'éclaircitnettement quand une voix grave et sèche le réveille en sursaut aux aurores :« Hé boy, allez debout, va préparer nos cafés et sers-nous au pieu».

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TEMOIGNAGETEMOIGNAGETEMOIGNAGETEMOIGNAGE

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chefs et ils ont gagné en bien peu detemps, faisant de moi leur larbindocile. Maintenant, c'est moi quisouhaite aller au devant de leursvolontés pour bien les servir etdevenir leur objet utile», confie-t-il.« S'il vous plaît, donnez-moi destâches de lope pour que je sois utileà vous trois, mes dresseurs quim'ont fait découvrir ma vraienature».

« Repos, petite lope, prends desforces, t'en auras besoin ; couche-toi à mes pieds, Médor, et lèchebien ; désormais tu es mon clebs. Siles pieds de ces trois mecs ont bienélargi ta gueule, je vais aussipouvoir te mettre une bonnegiclée».

« Tu vas bientôt pouvoir te coucherun peu, tu as mérité du repos ; maisviens d'abord me masser les pieds...prends-les bien dans ta bonnegueule de clebs». Et là encore,plongé dans cette situation délirante,il se surprend, la trique à l'airlargement débordant de son slip, àrépondre servilement : «Tout desuite Maître».

Après avoir trois heures durant,léché et mâché trois paires de grandspieds musclés et virils, enfoncésjusqu'au fond de la gueule, il évoquel'impression de ne plus être capableque de grommeler et d'aboyer tel unbâtard de clebs. Il se dégoûte et necomprend pas ce qu'il lui arrive ; ilévoque un reconditionnementmental, un lavage de cerveau ;inquiet de son comportement ilpréfère se coucher dépité, quandl'odeur des chaussettes enprovenance directe des pieds de cestrois mecs gagne à nouveau ses sens,dans un sentiment confus où lemasochisme prend toute sa part. Acet instant, il lui reprend l'envie den'être plus que le clébard lécheur depieds de ses trois Maîtres, et de s'yremettre illico. «Ce sont de vrais

militaires ! Ils m'ont installé de forceprès de leurs rangers, ils me veulenten quelque sorte à leurs pieds. C'estbien çà, ils veulent se payer unlarbin et ils ont commencé à mefaçonner».

Mais sa nouvelle tentative derésistance, bien que plus soutenueque la précédente, l'envoie plongertête la première sur le carreau. «Çate suffit comme çà, ou t'en veuxplus ?» fait l'un d’eux. Ce qui leconduit à s'exécuter sans délai, pourne pas s'attirer plus d'ennuis. «Onverra plus tard, quand ils serontcalmés», se dit-il.

Et il se retrouve, à quatrepattes dans un coin de

chambre, à briquer les rangers de sesdresseurs, tandis qu'ils se racontentdes histoires vicelardes de culs et dechattes tout en jetant de temps àautre un oeil sur leur proie pours'assurer de son entrain à lustrer lecuir noir. Après deux bonnes heures,les rangers sont cirées et reluisantes,les skets parfaitement décrassées, letout convenablement rangé sous sonlit.

« Super ces pompes ! Je pense queça va pouvoir aller avec toi ! Tu asla bonne fibre, ma choute ; tu vasvoir, il y a de quoi faire ici pournous ; pour nos chaussettes, tu t'enoccuperas plus tard, range-les souston oreiller ». Les deux autresapprouvent tout en félicitant lelarbin au vu des rangers qui reluisentimpeccablement. Et c'est là que lafonction créant l'organe, ne voila-t-ilpas qu'obéissant servilement, ceniais se fend d'un : «A vos ordres,Chef !».

Il se rend en même temps compte del'incongruité de sa réflexion, maistrop tard, ils ont gagné, et ils lesavent ! Vous pensez certainement :mais comment est-il possible deperdre ses marques aussirapidement, après seulement troispetites heures passées à larbiner ? Ilfaut bien en avoir la fibre pour semettre à penser en larbin aussirapidement ?

(Suite de la page 13)

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Des chaussettes blanches salesTu frappes à la porte de l’appartement 405.Tu attends.Tu appuies sur la sonnette…Elle ne fonctionne pas.Tu te baisses. Tu soulèves le volet métallique d’une boîte à lettres. Tu perçois uneodeur de renfermé. Tu entends la télé.- S’il vous plaît ! tu cries par la fente.La télé se tait.- S’il vous plaît !Par la fente de la boîte à lettres, tu vois des chaussettes blanches sales aller et venir àl’intérieur.Tu frappes à nouveau. Tu cries :- Je sais que vous êtes là !- Qu’est-ce que vous voulez ?Tu te redresses. Tu dis à la porte :- Seulement vous parler cinq minutes.- De quoi ?- De votre sœur et de sa fille.Le verrou joue. La porte sur laquelle est écris Pervers s’entrouvre.- Qu’est-ce que vous voulez savoir ? demande Johnny Kelly…Jean collant et pull sans chemise, cheveux longs et sales, visage bouffi et pas rasé :- Elles sont mortes, ajoute-t-il.- Je sais, tu dis, c’est pour ça que je suis venu.- Allez vous faire foutre, crache-t-il en poussant la porte.Tu places le pied droit entre le battant et le chambranle. Tu l’empêches de fermer.Johnny Kelly fixe ses chaussettes blanches sales.- Vous allez me faire entrer ? tu demandes.Il fixe une nouvelle fois ses chaussettes blanches sales.Johnny Kelly te tourne le dos. Il prend la direction de l’intérieur de l’appartement,laisse la porte ouverte.Tu le suis, dans un couloir étroit, jusqu’au séjour.Kelly s’assied sur un vieux fauteuil en vinyle fendillé, des journaux hippiques et uneassiette de haricots à la sauce tomate desséchés à ses pieds…

Extrait condensé de « 1983 », roman de David Peace(Editions Rivages/Thriller)

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