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    Quelle fut la place des afro amricains dans les unitsengages dans la libration de lEurope ? Larticle decouverture, consacr lun dentre eux ne permettracertainement pas dlucider totalement la question maisy apportera un dbut de rponse. Souvent relgus des tches subalternes et gnralement loin du front,les G.Is de couleur se sont pourtant battu avec autantde courage que nimporte lequel de leurs camaradesblancs chaque fois que loccasion leur en fut donne.Ce conflit est loin de voir les passions steindre, il estvrai que les paradoxes quil a engendrs ne sont pas lemeilleur gage dapaisement : lhistoire ne se contenteplus dune version dulcore, son devoir est de donnerun panorama raliste et sans concession. Ds lors,sont souleves des interrogations, qui aujourdhui, sontposes sans faux semblant, quelquefois loin desversions officielles : pratiquait-on une forme desgrgation dans des armes supposes vaincre unennemi antismite, raciste et xnophobe ? Nous savonsque tel fut le cas et larme de loncle Sam ne fut pas,loin de l, la seule diffrencier les hommes selon leurorigine raciale. Avons-nous fait mieux avec nos tabors,nos tirailleurs Sngalais, nos goumiers et nos spahis ?Prtendre le contraire serait une belle preuve demalhonntet, lorsque lon sait que les ancienscombattants dont les pays ont par la suite obtenu leurindpendance ne percevaient, dans un pass rcent,que la moiti dune pension pourtant verse enintgralit leurs frres darmes franais. Ont-ils eumoins de valeur, moins de courage, ont-ils moinssouffert pour mriter moins ? Nous en attendonstoujours la preuve et nous est avis que les poules serontcarnivores avant quelle ne soit fournie. Certes, nossoldats indignes taient verss dans des unitscombattantes, au contraire des afro amricains, qui derares exceptions prs ont us leurs treillis sur les quaisde dchargement et la Red Ball Express. Malgr cela,quelle reconnaissance leur avons-nous tmoigne aprsla libration ? Posons-nous la question et tentons dyrpondre avec courage. Lorsque les balais seront desortie, nomettons pas le pas de notre porte.

    Cet article charpent autour dun rcit indit arrive pourtout dire point nomm alors que chez nous fait rage undbat sur lidentit nationale. tre franais, cest quoi aujuste ? Lappartenance une ethnie encoremajoritairement dorigine Caucasienne ? tre catholiqueplutt que Musulman ? Avoir une histoire dont lesracines se trouvent en Gaule ? Ce sont autant dequestions qui drangent, non pas par les contradictionsquelles soulvent, mais par les rponses quellesentrainent. Nous avons t habitus des balises socioducatives qui jalonnent notre panouissement demanire bien souvent inconsciente. Ds lors la

    diffrence chez lautre est perue comme un chaussetrappe et ce pour une raison trs simple : absorber ladiffrence et lassimiler, cest aussi sinviter seremettre soit mme en question. tre franais ou

    amricain, ce nest ni plus ni moins que de se sentir enosmose avec une culture sans renier ses origines,adhrer une certaine ide de libert ou des libertssans oublier son propre droit la diffrence. Pourprendre efficacement, ce ciment besoin de deuxcadres : le respect et la tolrance. Les footeux aurontremarqu quen dix ans, lquipe de France aura t lundes meilleurs tmoins dun glissement vers une socitmulticulturelle. Faut-il sen inquiter ? La meilleurerponse est un comparatif avec la fameuse dreamteam US de basket ball, ou le brassage racial offre unpanorama sensiblement identique. Vous nous direz,peut tre passablement irrits pour certains dentrevous, quil est assez tortueux et pour ne pas diresournois de prendre position sur un fait historique datantdune soixantaine dannes pour rebondir sur un thmede socit actuel. Vous nous reprocherez peut tremme de coller notre nez ailleurs qu lendroit o ildevrait se trouver. Pourtant, le sort des afro amricainsen 1944 nest pas si loign que cela du dbat lanc surlidentit nationale, tant il est teint de crainte face ladiffrence et par la peur de voir une civilisation entrainerla perte dune autre. Les questions qui nous agitent lheure actuelle ne sont diffrentes en rien de celles quiagitaient lAmrique de la fin des annes 30, elles nousaident mme comprendre pourquoi les afroamricains ont us plus qu leur tour le banc desremplaants. Il existe pourtant un point positifindniable et qui pourrait mme constituer pour notreexistence moderne une vritable ligne dhorizon : chaque fois que les noirs amricains se sont retrouvsdans des units combattantes, ils se sont couvertsdloges au champ dhonneur. Le sang de ceux qui sonttombs en Europe ne sera jamais dune couleurdiffrente de celui de leurs camarades qui avaient eu labonne fortune dtre bien ns. Peut tre mme quunjour, vous dcouvrirez que lun de vos aeux fut libr ousecouru par lun des ces types de la Red Ball n Harlem l o vous auriez prfr un dur cuire destroupes aroportes en provenance du Wyoming. Sivous dcidez de fleurir sa tombe, vous remarquerez queles fleurs y ont la mme odeur, que la croix y estblanche et sans le moindre signe distinctif. Et sidaventure, vous entendez dire que lune de vosgrandes tantes serait tombe, la malheureusecervele, dans les bras de lun de ces combattants deseconde zone, dcernez la palme du courage cettebrave femme : elle a tout simplement nag contrecourant en sexposant la vindicte des biens pensants.A cette poque, ce ntait pas plus facile que de devenirpilote de chasse lorsque lon tait afro amricain. Cettehistoire est celle de Catherine Desjardins, ne dunefemme courageuse et dun G.I nomm Thomas May, un

    type gentil et intelligent, dont le seul pch fut davoir lapeau trop fonce. Tout comme Martin Luther King, prixNobel de la paix, Louis Armstrong, dont la musiquerestera jamais universelle et Lopold Senghor,acadmicien. Au numro prochain

    L ditoL ditoL ditoL ditoPar Stphane Delogu

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    La sgrgation racialeLarme amricaine pratiquait encore durant la secondeguerre mondiale des discriminations raciales qui mirentlongtemps disparaitre. Lunit du pre de Catherine,par exemple, portait le nom de 4010th QuartermasterTruck Company (Colored). Cette mention colored seretrouve dans tous les tats deffectifs au sujet destroupes ou se trouvaient des Afro-Amricains.

    mesure qu'approchait la Deuxime Guerre mondiale,les tats-Unis se trouvaient confronts des rgimesnazis ou fascistes et leurs idologies racistes, mais ilsdevaient affronter la dure ralit que beaucoup de leurs

    propres citoyens afro-amricains de 12,6 millions - soitenviron 10 % de la population de l'poque - se voyaientrefuser les droits civiques et les occasions les pluslmentaires de progresser au sein de la socit.

    L'amer paradoxe que les fameuses Quatre Liberts (libert d'expression et de culte, et libert de vivre l'abri du besoin et de la peur) prnes par le prsidentFranklin Roosevelt comme objectifs amricains de laguerre, demeuraient encore largement inaccessibles la population afro-amricaine, n'empcha pas 2,5millions d'hommes noirs de s'inscrire pour le servicemilitaire. Plus d'un million d'Afro-Amricains auront

    finalement servi dans toutes les branches des forcesarmes pendant la Deuxime Guerre mondiale. D'autrepart, des milliers de femmes afro-amricaines se sontportes volontaires comme infirmires en zones deconflits.

    la mme poque l'Association nationale pourl'avancement des personnes de couleur (NAACP), laLigue urbaine et d'autres organisations firent appel laMaison-Blanche et l'arme pour rclamer, avecsuccs, l'intgration de la formation pour officiers etl'largissement des possibilits de promotion pour lesunits entirement noires.

    Parmi les rgiments noirs les plus clbres de laDeuxime Guerre mondiale figurent les Aviateurs deTuskegee Tukegee Airmen , un groupe de pilotes dechasse afro-amricains qui s'est distingu pendant descampagnes militaires des forces allies en Afrique duNord et en Mditerrane et, le seul groupe d'escorte debombardiers ne pas perdre un seul bombardier allisous sa protection pendant la guerre.

    Citons galement les panthres noires du 761st TankBataillon dont les combats en France ont t relats endtail par ric Guigre dans les Histomag44 No. 42, 43,44, 47 et 48

    Les chauffeurs de camions et les mcaniciens afro-amricains taient aussi l'pine dorsale de l'opration Red Ball Express .

    Vers la fin de la guerre, en 1944-45, les forces armes

    ont commenc tester des units intgres pour faireface aux insuffisances en personnel pendant la Batailledes Ardennes sur la frontire entre la Belgique etl'Allemagne et ailleurs. la fin, plus de 80 % d'officiers

    blancs ont dclar que les soldats afro-amricainss'taient trs bien distingus lors des combats et 69% ne voyaient aucune raison pour laquelle les soldatsd'infanterie afro-amricains ne pouvaient pasfonctionner aussi bien que les units d'infanteriecomposes de soldats blancs avec la mme formationet la mme exprience.

    Mais chez eux, les vieilles attitudes subsistaienttoujours. leur retour en Amrique, les ancienscombattants afro-amricains devinrent victimes d'actesde violence en Caroline du Sud et en Gorgie, ce quiincita le prsident Truman prendre une initiativeaudacieuse en prsentant au Congrs une srie derformes de grande envergure, en matire de droitsciviques et en se servant de son pouvoir constitutionnelen tant que Commandant en chef de l'arme amricainepour ordonner la dsgrgation des forces armes.

    Je suis profondment convaincu que nous sommesarrivs un tournant dans la longue histoire de nosefforts pour garantir la libert et l'galit tous noscitoyens, a-t-il dclar aux membres de la NAACP lorsd'un discours prononc en 1947.

    Et quand je dis tous les Amricains, je veux bien diretous les Amricains.

    DossierDossierDossierDossier : Les enfants oublis de la Libert: Les enfants oublis de la Libert: Les enfants oublis de la Libert: Les enfants oublis de la Libertpar Catherine Desjardins, Daniel Laurent et Sbastien Saurpar Catherine Desjardins, Daniel Laurent et Sbastien Saurpar Catherine Desjardins, Daniel Laurent et Sbastien Saurpar Catherine Desjardins, Daniel Laurent et Sbastien Saur

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    Sources : L'histoire du service militaire des Afro-Amricains est lie la lutte pour l'galit, DavidMcKeeby, http://www.america.gov, et divers Web.

    Daniel Laurent

    Sur la Piste du Red Ball Express

    Catherine est la fille de lun de ces Africain-amricains sans qui Patton serait tomb btementen panne dessence ou mort de faim en 1944. Suivrela piste de son pre la emmene beaucoup plus loinquentre la Normandie et lAllemagne, mais fut toutautant pnible. Le texte qui suit est uniquementdelle, lmotion de Catherine qui se devine chaque paragraphe ne devait pas tre retouche.

    Daniel Laurent

    Aprs laboutissement de la recherche de mon preamricain, jai rdig un blog. La revue Histomag mapropos dinclure un article concernant les enfants desoldats du dbarquement et je les en remercie.

    Depuis quelques annes, jai eu des contacts avecquelques personnes comme moi , de pre noir oublanc. Chaque rencontre, mme brve, fut intense : dunseul coup, nous ntions plus seuls. Nous sommes tousen manque dun pre biologique, mais de plus, nousnous sentons quelque part orphelins dun pays qui najamais voulu entendre parler de nous, na jamaisrpondu nos demandes dsespres pour accder nos racines. Nous avons en commun de vivre la

    commmoration du 6 juin 1944 comme le dbut denotre vie.

    Llection dObama nous a fait changer des smsdlirants : cest nos pres que nous pensions.

    Certains dentre nous participent activement auxcommmorations, dautres ont eu des retrouvailles

    mouvantes avec leurs familles amricaines, beaucoupsont toujours dans le malaise quand la mre prtendavoir tout oubli, ou bien est partie emportant sessecrets.

    Nos mre taient jeunes, avaient vcu 4 les annesdoccupation dans la peur et tout coup : des jeuneshommes athltiques, beaux, aurols de la gloire dulibrateur ont dbarqu dans leurs uniformes victorieux,amenant avec eux lair du grand large, la libert, lamusique, la vie, la joie, lamour.

    Mais aprs Nos naissances ont cr dans les

    campagnes franaises un traumatisme pire que ladclaration de la guerre. Lhonneur familial tait souill,le librateur devenait, surtout quand il tait noir,lhomme abattre. Les filles-mres , ou celles qui ontintgr une bouille noire dans une fratrie blanche ontdurement souffert.

    Dans ma famille, pour laver loutrage , ma grand-mre voulait que ma mre se fasse avorter, puis lui amen une vie infernale durant sa grossesse pour quelleaille dnoncer mon prepour viol. Ce quelle arefus : Thomas, me

    disait-elle, tait un gentilgaron. Ses copains aussi.

    Mais aprs ma naissance,je devins un peu laprincesse du logis, chacunse mettant en quatre poursatisfaire mes dsirs. Mongrand-pre mapprenait jardiner, ma mre travaillaitet me tricotait des vtements.

    Je dois dire que jai eu la chance davoir une mre

    particulire, ayant un systme de valeurs trs fort, qui luia servi de pilier durant toute sa vie. Elle revendiquait soncoup de cur, plaignait les gens qui avaient la vuebasse , les racistes qui refusant dlargir leur champ devision se contraignent un horizon triqu. La vie taittrs dure car nous tions pauvres, mais les preuves luiinsufflaient comme de ladrnaline, dcuplaient soninventivit.

    Elle me disait que sa vie avait commenc avec moi etme considrait un peu comme son uvre. Ceci esttouffant, peut-tre. Mais je sais prsent que lon nereoit jamais trop damour. Amour qui dborda sur mon

    compagnon puis sur nos enfants. Mon fils Nicolas ditque la personne la plus fantastique quil ait connue estsa grand-mre.

    Mon pre ? Elle nen parlait que pour me dire que je nele reverrais jamais. Je nai su que peu de choses : ils sesont connus dans un bal o elle la invit danser parceque les Noirs navaient pas le droit dinviter des femmesblanches et que linjustice la hrissait. Ctait lhomme leplus intelligent quelle ait connu, cultiv : un gentleman. Noir. Mais me disait-elle elle navait pas vu sacouleur et quelle importance ? Il tait reparti, laissantsa photo, celle de sa jeune sur Carolyn, son adressemilitaire, celle de sa mre. Ils ont correspondu, mais ma

    mre a jet les lettres quand jtais encore enfant. Ilsappelait Thomas May, il tait de Chicago.

    Quand elle la connu, il tait hberg Sotteville-les-Rouen, par la dame qui figure sur la photo. La petite-fille

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    de la dame aimait bien monter sur ses genoux. Nousallions souvent chez eux.

    La premire nuit, ma-t-on dit, elles avaient mis desfleurs dans sa chambre et il avait pleur.

    Autant mon pre tait occult de notre vie quotidienne,autant la culture noire tait prsente. Ma mre me

    parlait de Sydney Bechet, de Josphine Baker, desluttes antisgrgationnistes, disait, quand je meplaignais du racisme en Normandie : Tu verrais si tuvivais l-bas ! Le racisme est inscrit dans leurConstitution. Ici, cest interdit, tu as le droit de tedfendre. Tu ne le fais pas ? Tant pis pour toi. Fais-toibouffer. Pour mes 15 ans, elle ma offert un livre deFaulkner. Je nai rien compris.

    Jai pens mon pre toute ma vie. Je cherchais desNoirs sur les documentaires relatifs la guerre. Jecherchais des repres culturels, historiques : rien. Monpre tait Noir, pas africain ni antillais, maisdAmrique Sauf que lAmrique du cinma estblanche, que le Chicago du cinma tait cette poquecelui dAl Capone, un italien !

    Durant longtemps, jai t dboussole : Je ntais pasnormande, car en Normandie, la question do viens-tu me renvoyait ailleurs, jtais demi-franaise, demi-amricaine, mais dune Amrique qui a longtempsrencl donner un statut de citoyen aux Afro-Amricains.

    A lge de 19 ans, je suis partie Paris. L enfin, jaitrouv un semblant de statut en revendiquant fondmon ct noir : coiffure afro, dfense des pays

    africains en lutte pour lindpendance, dcouverte duJazz et de la culture afro-amricaine.

    Vers lge de 30 ans, jai commenc rechercher monpre. Ceci nest pas facile psychologiquement car oncraint avant tout le rejet. A cette poque, jai entenduparler des viols commis par les soldats Noirs. Ma mrema replac ceci dans le contexte et invite largir ma

    culture, sans me dire pourquoi mon pre ne sintressaitpas moi, me laissant dans ma douleur.

    Votre histoire est fantastique ma-t-on souvent dit.De fait, ce nest pas plus fantastique quune mdailleolympique. Jai travaill avec dtermination pour allervers mon pre, ma famille amricaine. Jai tent deforcer le mur de lAtlantique, de pntrer dans lesmandres des Administrations amricaines, franaises.Jai cherch de laide auprs dassociations deVtrans, crit des Maires, des directeurs de musesdes petites villes de Normande, au Mmorial de Caen, des medias. Jai pluch des sites de gnalogie, confi

    mon histoire des inconnus. Il mest souvent revenudes rponses sches, brutales, humiliantes, souventrien.

    Jai appris la patience, men remettre au hasard quidcide toujours. En 2006, repartant pour la dernire foisen chasse de mon pre, jai trouv deux sursamricaines inconnues qui se sont empares de mondossier. Quelques mois plus tard, je parlais autlphone avec une cousine : Mon pre tait mortdepuis 18 mois. Il avait t mari durant 40 ans et,comme ma mre, navait pas eu dautre enfant que moi.Il parlait de sa fille en Normandie.

    En lisant son obituary (NDLR :faire-part de dcs), jai eulimpression de lavoir toujoursconnu. Ma mre avait dit vrai :ctait un homme joyeux,intelligent, cultiv, aimant la fte. Ilest mort au mme ge quelle : 89ans. Ma famille amricaine sestmontre suspicieuse mon gard,mais jai eu le sentiment que les personnes rencontresne le connaissaient pas vraiment. Il tait veuf, vieux,sans enfants, trs seul dans les annes prcdant samort.

    Je voulais aller sur sa tombe. En tant que Vtran, ilaurait du reposer dans un cimetire militaire. Mais on nele trouvait nulle part. Jai du embaucher une avocate deChicago qui au bout de 8 mois a appris que les cendresdu Vtran Thomas May taient depuis 4 ans dans unsac plastique dans un placard des Pompes Funbres deChicago Sud. Je les ai fait rapatrier ici par simple colispostal.

    En juillet 2009, avec mes enfants, nous avons dposles cendres de mon pre sur la plage de Courseulles surMer. Auparavant, jen avais dispers quelques poignessur la tombe de ma mre. Jai espr quil aurait peut-

    tre t content. Nous sommes ses seuls descendants.Le chemin continue. Jai appris que le soldat ThomasMay aurait t conducteur dengins dans le Red BallExpress. Jai rencontr le mois dernier Alice Mills.

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    Matre de confrences au dpartement danglais lUniversit de Caen, elle sest passionne pour lhistoireocculte des soldats Africains-Amricains dans la 2meGuerre Mondiale.

    Depuis 1986, elle recense et collectionne les photos, les

    tmoignages, est alle fouiller dans les archives Washington pour mettre au jour le bataillon de soldatsNoirs ayant particip au dbarquement de Normandie,

    dont on ne voit nulle part les images. Je sais prsentdo je viens, jai ralis mon rve denfant : aller Chicago. Cette qute ma mene sur des cheminstonnants, jai lch le prsent pour plonger danslinconnu, ai trouv quelques racines culturelles auxAntilles, reu des accueils fantastiques en Afrique,rencontr des gens djants comme moi, les femmesqui mont retrouv mon pre sont mes surs , ellesont fait un travail formidable. Pour tout paiement, ellesnont demand quune photo de moi avec ma famille deChicago.

    Jai march dans le quartier o vivait mon pre, ai vu

    son appartement, jai dormi quelques nuits dans unemaison proche de la sienne. De la ville o il vcut toutesa vie, je nai pratiquement vu que le Sud,exclusivement noir. En marchant dans ces rues, jai

    compris que tout ce que ma mre savait de cetteAmrique, cest lui qui lui avait appris.

    Mon pre tait un militant dmocrate qui Chicagomarchait derrire Martin Luther King. De lautre ct delocan Atlantique, ma mre exultait au cinma enregardant les Actualits. Je marche entre eux deux.

    Catherine DesjardinsCrdit Photos :Collection Catherine Desjardins

    Le Red Ball Express25 aot-16 novembre1944

    Fin aot 1944, la perce en Normandie a pourconsquence lextension des lignes de communicationsdes armes allies. Un problme logistique majeur sepose alors : comment acheminer jusquau front les 20000 tonnes de ravitaillement en munitions, carburant etnourriture ncessaires la poursuite de la guerre ?

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    Jusqu la prise dAnvers en novembre 1944, le seul port permettant le ravitaillement alli est Cherbourg. Situ lapointe du Cotentin, aussi loin que possible du front, il ne permet pas dalimenter facilement les units de combat.Cest pourquoi ds le 25 aot 1944, les Allis ouvrent une route, vritable artre vitale des armes, capable de palierau systme ferroviaire mis mal par les bombardements prcdant le Dbarquement. Cette route portera le nom deRed Ball express, terme utilis dans les chemins de fer amricains pour dsigner une livraison urgente et immdiate0La route reliant Cherbourg Chartres, principale base logistique allie, tait double : au nord, la route servait pour levoyage aller, au sud, une autre route servait pour le retour des camions vides. Chaque convoi tait en thorie

    constitu de cinq camions au minimum, escorts de deux jeeps. Mais dans la pratique, il ntait pas rare de voir partirde Cherbourg des camions seuls, envoys sur la route ds quils taient pleins. Roulant jour et nuit, 5 958 vhicules,ont ainsi transport quotidiennement jusqu' 12 500 tonnes de marchandises.

    Une telle cible ne pouvait passer inaperue pour les rares avions allemands capables de braver la chasse allie. Maisla raret des attaques a t telle que les principales pertes ont t du fait de lpuisement des hommes et desmatriels, qui menaient des accidents et des pannes. 75 % des conducteurs des camions du Red Ball Expresstaient noirs. Ce sont les grands oublis de la Libration, sans lesquels les armes allies nauraient pu remporter lavictoire. . Sbastien Saur

    Saumur, des braises sous la cendre FrdericDelvolte, ditions du cheminement.

    Personne noubliera la conduite hroque des cadets deSaumur pendant les heures noires de la dbcle delarme franaise. Arme de bric et de broc les Cadetsde Saumur vont tenir tte sur un front allant deMontsoreau Gennes. Le colonel Michon va crire lunede plus belles pages de lhistoire de la cavaleriefranaise face la 1re Kavallerie division. LarmeAllemande rendra les honneurs ces hommes lors dupassage de la ligne de dmarcation Beaulieu-les-Loches aprs leur reddition au chteau de Savigny Lern.

    Ce nouveau livre de Frdric Delvolte fait la part belle ces combats de cette fin de printemps 1940. Mais partdel les combats, Saumur va tre une villeparticulirement vise par les bombardements de 1944,

    les quartiers de la gare, de la Croix verte et de lile Offartvont tre pratiquement rass. Ce livre nous fait vivrecette difficile priode, depuis les annes noires deloccupation la dlivrance, la libration de la ville et lesquelques jours qui lont prcde. Trois ans derecherche pour nous proposer un ouvrage riche enphotographies confrontant les prises de vue dpoque etde nos jours, prises sous le mme angle, du mmeendroit ; un saisissant voyage dans le temps, desheures les plus sombres de Saumur jusquau retour dela paix.

    Lauteur est actuellement adjoint militaire du muse dela cavalerie de Saumur, muse en pleine expansion quicomptera bientt de nouvelles expositions duniformesde militaires prestigieux hros de la seconde guerremondiale et est le webmaster dehttp://armesfrancaises.free.fr.

    Prix 35

    Beaucoup de nouveauts dans cetHistomag44, lune des plus intressanteest la parution du livre de FrdricDelvolte sur Saumur. Ce mois-ci on vacomme dhabitude aborder de nombreuxsujets, Jean Cotrez nous livre uneanalyse particulirement intressante dulivre de Greg Boyington. Un petit coup decur de votre serviteur pour le livre de

    Roger Huguen qui nous parle delengagement des bretons dans lesrseaux dvasions des pilotes Anglais.Moment de souvenir aussi avec lhistoiredu sous marin Doris, et un nouvelouvrage sur la libration de Paris.

    Philippe Mass

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    Par les nuits les plus longues Roger Huguen Editions Coop Breizh.

    Un livre qui sera peut tre un peu plus dur trouver tir de puis 2002 vingt millesexemplaires la douzime dition datant de 2008.

    Par des nuits les plus longues est le fruit du travail de huit annes recherches de

    Roger Huguen sur le thme des rseaux dvasion daviateurs en Bretagne.Lauteur vous fait partager les risques quon prit certains pcheurs Breton pourquitter la France et rejoindre la France Libre en grande Bretagne des ports deDouarnenez, Camaret. Puis direction les chantiers Sibiril haut lieu dvasion. Vousallez ensuite suivre la vie et la mort des premiers rseaux ((Pat OLeary et missionOtrakkee). La russite de la mission Shelburne larrive des pilotes leurs conditionsdhbergement puis le passage oblig dans la maison dAlphonse puis le dpart dela plage de Plouha. Vous ferez connaissance avec David Birkin le pre de lachanteuse

    Lauteur nous livre une analyse trs complte des risques encourus par tous les membres des rseaux dvasion Cestcertainement lun des livres quon doit possder dans sa bibliothque sur ce sujet. Prix 25

    Laffaire Cicron Franois Kersaudy ditions Perrin

    Valet de chambre de l'ambassadeur d'Angleterre, il est devenu le plus grandespion de la Seconde Guerre mondiale.

    Dans l'ambassade de Grande-Bretagne en Turquie, un valet de chambre passedevant l'ambassadeur endormi, ouvre sa mallette et en sort des documentsestampills "top secret" : ce sont les procs- verbaux de la confrencestratgique allie de Thran. Dans une pice attenante, il photographie lesdocuments un par un et, le lendemain soir, il remet deux rouleaux de fi lms unagent allemand. Encore un roman ? Pas du tout ! Cette histoire est authentique,c'est mme la plus grande affaire d'espionnage de la dernire guerre : qui taitCicron ? Quels documents a-t-il fournis aux Allemands ? Qu'en a fait Hitler ?

    Cicron tait-il un agent double ? Qu'y a-t-il de vrai dans le clbre film deMankiewicz et dans les Mmoires de tous les protagonistes de cette affaire ?Pour la toute premire fois, grce aux archives des services secretsbritanniques, Franois Kersaudy rpond ces questions et donne le fin mot decette incroyable nigme. ( prsentation de lditeur)

    Prix 8

    Franois Kersaudy, spcialiste d'histoire diplomatique et militairecontemporaine, a enseign l'histoire l'universit d'Oxford et est actuellementprofesseur l'universit de Paris I. Ses derniers ouvrages : De Gaulle etChurchill, De Gaulle et Roosevelt , sa biographie d'Hermann Goering vientd'tre publie chez Perrin.

    Les pcheurs bretons durant la seconde guerre mondiale Jean Christophe Fichouditions Presse universitaire de Rennes.

    Les archives des quartiers de lInscription maritime, fonds dune rare richesse, nous permettentde prendre conscience que toute la Bretagne a pch jusquen 1943, avec le soutien de Vichy.Le livre de Jean-Christophe Fichou apporte des informations souvent ignores pour navoir pasfait, jusqu ce jour, lobjet de publication.

    Les pcheurs bretons durant la Seconde Guerre mondiale La pche en mer - toutes les pchessauf la Grande pche - perdure pendant la Seconde Guerre mondiale sur le littoral atlantique.Les pches ctires connaissent mme un rel renouveau : la flottille compte plus de bateauxet d'inscrits maritimes en 1943 qu'en 1938. Le conflit n'interrompt pas le nouvel lan amorc en

    1937, bien au contraire ; encourage par les Allemands et les Vichystes, la pche se maintient,les pcheurs apprenant composer avec les contraintes et les rgles, quand ils ne les

    contournent pas.

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    Longtemps considre comme une activit secondaire, la pche acquiert un nouveau statut dans l'conomie de guerrealors que la France a faim . Dans un premier temps l'activit des saleurs, saurisseurs et conserveurs ne faiblit pas,elle est mme d'autant plus protge que l'Occupant en est le premier bnficiaire. Mais les deux dernires annes deguerre voient une forte diminution de la production halieutique lie aux difficults d'approvisionnement en carburant et la rglementation de plus en plus stricte des forces d'Occupation alors que font dfaut des lments essentiels du

    conditionnement des sardines et autres maquereaux, le fer blanc et l'huile. Les archives des quartiers de l'Inscriptionmaritime, fonds d'une rare richesse, nous permettent de prendre conscience que toute la Bretagne a pch jusqu'en1943, avec le soutien de Vichy. Le livre de Jean-Christophe Fichou apporte des informations souvent ignores pourn'avoir pas fait, jusqu' ce jour, l'objet de publication (4me de couverture)Jean-Christophe Fichou est professeur au lyce Kerichen de Brest. Il est en outre lauteur de Gardiens de phares1798-1939 (PUR, 2002) et de Phares : histoire du balisage et de lclairage des ctes de France(Chasse- Mare, 2006).

    La 2me DB et la Libration de Paris - Tome 1 Laurent fournier AlainEymard Histoire et collection

    Cet ouvrage en deux volumes est le fruit de vingt ans de recherches, de

    reprages photographiques Paris et dans sa rgion, de dpouillementdarchives, de lectures des journaux de marche des rgiments prsents, dessouvenirs des rsistants et des habitants des villes et des arrondissementslibrs par les soldats du gnral Leclerc.. Y sont traites exclusivement lescombats de la DB dans leur stricte chronologie, les auteurs nabordent nilaspect politique, ni laspect rsistance. Le travail ralis permet aussi derectifier quelques erreurs trouves dans la littrature de lpoque, sur certainesplaques commmoratives ou dans de trop belles lgendes urbaines. Cepremier tome traite de la semaine hroque Paris, des durs affrontementsdans la banlieue sud (Antony, Fresnes, etc.), de lentre des Leclerc dans lacapitale le soir du 24 et de leurs premiers combats du lendemain matin. Cesrcits chaque phase de la libration de Paris est conte par les auteurs lalueur de deux, voire trois ou quatre, tmoignages sont illustrs par une

    iconographie hors du commun plus de 1 600 photographies dpoque, la plusgrande partie indites provenant de fonds privs ou de collections familiales

    (document diteur)

    LE TROISIEME REICH TOME 3RICHARD J. EVANS FLAMMARION

    Le dernier tome de lanthologie de Richard J. EVANS aborde la priode de 1939 lachute du Reich. Le monde vient de basculer dans la guerre. Grce de nombreusessources indites, lhistorien britannique invite le lecteur dcouvrir sous un anglenouveau lAllemagne plonge dans un conflit qui va la conduire la destruction,partage entre ses doutes et la fidlit Hitler. Le rsultat est absolument saisissantde ralisme, Richard J. EVANS brosse le tableau fidle de la socit allemandegalvanise par ses succs foudroyants avant de connaitre une lente descente auxenfers puis son enfouissement sous les dcombres des villes bombardes. Cetroisime volume clt magnifiquement une uvre qui se situe parmi les meilleuresjamais crites sur ce thme. Prix : 35,00 euros

    Stphane Delogu

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    GUY WALTERS LA TRAQUE DU MALFLAMMARION

    On pensait, dfaut de tout savoir, sinon avoir lu lessentiel sur la traque des dignitairesnazis dans le monde daprs guerre. Spcialiste de lhistoire du IIIme Reich, lhistorienbritannique Guy Walters a largement puis dans des sources indites et considrlhistoire dj crite avec le champ de vision dun vritable enquteur. Parfois assez loindes versions officielles, il nous invite le suivre sur des chemins de traverse qui nesont pas sans provoquer une certaine sensation de malaise et, qui, surtout font voler enclat les certitudes sur lesquelles on croyait pouvoir sancrer solidement. Des relationssulfureuses entre Ante Pavelic et le Vatican jusquau parcours entach de zonesdombres de Simon Wiesenthal, rien na chapp lanalyse de Guy WALTERS quisigne l un ouvrage dont la conclusion incite une drangeante remise en question : lemonde sest il rellement donn les moyens de poursuivre les criminels nazis ?

    Stphane Delogu

    La Doris de Jacques Favreul, Marine Edition.

    A l'aube du second conflit mondiale, alors que la France tait encore dans cequ'on a appel la drle de guerre et engage au ct des Anglais enNorvge, les deux marine ont dress des barrages sous marin au niveau desctes hollandaises. Le sous-marin Doris opre alors sous commandementbritannique, trois jours avant le 10 mai et le lancement de l'invasion

    allemande, il appareille Harwich pour son dernier voyage puisque le 8 mai1940 il sera coul par le sous-marin U-9. Il faut attendre 43 ans pour quel'pave soit dcouverte par des plongeurs hollandais.

    Ce livre retrace l'histoire du sous marin Doris de sa construction sadestruction de manire trs dtaille. La seconde partie du livre traite desdiffrents hommages qui ont t rendu l'quipage du sous-marin clbrsen 2004. Il initie aussi les profanes sur les techniques de navigation sousmarine et contient un certain nombre de documents d'poqueparticulirement intressant.

    La 5th Air Force ditions histoire et collections Grard Paloque .

    Aprs ses livres ddies la 8th et la 9th Air Force, les ditions Histoire et Collectionsnous proposent un troisime livre ddi la 5th Air Force. LA 5th air Force est peuconnue en Europe car sa zone d'opration a t la zone pacifique. Cre le 5 fvrier1942 et issue de la Philippine Dpartment Air Force. Stationne sa cration au nord del'Australie elle commencer par lutter avec peu de moyens, ces derniers tant obsolte etpeu performant, contre les attaques japonaises dans le sud ouest du Pacifique.Commande par le Major gnral Georges Kennedy La 5th Air Force va tre engagebien souvent de concert avec les squadrons de la Royal Australian Air Force. Lepalmars de cette unit est la fin de la guerre ingal par les autres formations, plus de3400 victoires homologues et la prsence dans ses rangs des deux plus grands asamricains de tous les temps les majors Bong et Mc Guire. Cet ouvrage offre unequantit impressionnante de planches d'avions qui vont servir tous nos amis

    maquettistes s'intressant au sud pacifique et aux livres des escadrilles amricaines.

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    Tte Brule Ma vritable histoire Greg Boyington

    Nous avons tous, pendant ladolescence, pour les gensde ma gnration en tous cas, vibr aux exploits delescadron VMF 214, command par le Major Greg pappy Boyington et de ses ttes brles. Doncquand Pappy raconte sa guerre, et jinsiste car ce livrenest pas une autobiographie, on veut savoir ce qui vraiet ce qui est faux entre la fiction et la ralit !

    Ce qui est vrai : lecolonel Lard est dansla vie comme dans lafiction, c'est--dire unprocdurier qui veutla peau de la 214. Legnral Moore estcomme dans lafiction, savoir il a

    pris fait et cause pourBoyington et lecouvre au maximum.

    Ce qui est trsressemblant aussi estle got prononc deGreg pour lalcool etles bagarres. Lalcoollui cotera cher danssa vie prive. De tousnoms de pilotes de lafiction, le seul qui est

    voqu plusieurs fois par Boyington est celui de Casey.Ce qui est un peu diffrent de la fiction : il ny avaitapparemment pas de jolies infirmires Vella La vella(et non Vella la cava comme dans la srie). Enfin lespilotes ntaient pas des aventuriers ou des ttesbrles mais des pilotes volontaires de rserve nonaffects.

    Boyington finit la guerre avec 26 victoires, sa dernireayant t pour lui le jour o il sest fait descendre(janvier 1944) pour entamer une longue priode decaptivit au Japon. Il est le seul avoir obtenu la MOH titre posthume alors quil tait toujours vivant (mais

    prisonnier).Fin 1941 il rejoint les flying tigers et leurs fameuxCurtiss P40 aux gueules de requins dessines sur lescapots moteur. En janvier 1943 il est transfr Esperito Santo aux nouvelles Hbrides ou aprsquelques aventures, il forme la VMF214 avec donc despilotes de rserve non affects, des Corsair rservs lentranement. Dabord baptis les Boyingtonsbastards, Boyington imposera le surnom de blacksheep .

    Sur les 395 pages du livre qui se lisent trs facilement,145 sont consacres la priode, non couverte par lasrie tlvise, o il tait prisonnier des Japonais.Aucune gloriole, beaucoup dhumilit dans ce rcit queBoyington termine sur ces mots :

    Donnez-moi le nom dun hros et je vous prouveraiquil ne vaut pas grand-chose.

    Jean Cotrez

    Prix environ 22

    Les Franais libres: L'autre Rsistance

    Par Igor Geiller

    Si l'histoire de la

    Rsistance franaiseest bien connue, enrevanche celle de laFrance libre l'estbeaucoup moins. Lesujet, semble-t-il,inspire peu leshistoriens. C'est leconstat effectu parle professeur Jean-Franois Muracciolequi publie en cette find'anne une

    passionnante histoiredes Franais libres.

    Jean-Franois Muracciole, qui enseigne l'Universit deMontpellier, a en effet entrepris d'tudier le parcours deshommes et des femmes qui, entre 1940 et 1943, ontrpondu l'appel du gnral de Gaulle.

    Il ne s'agit donc pas d'une histoire de la France libre entant qu'institution mais d'une histoire de ceux qui en ontfait partie. L'auteur, en se basant sur le parcours de 4000 individus, a voulu tracer un portrait-robot desFranais libres.

    Combien taient-ils ? Quelles taient leurs origines ?Comment ont-ils vcu la guerre ? Enfin que sont-ilsdevenus aprs 1945 ? A partir de statistiques et dercits individuels, on comprend mieux une populationsingulire et fort peu reprsentative de la France del'poque.

    Le livre de Jean-Franois Muracciole s'inscrit donc dansle renouveau de l'histoire militaire, c'est dire unehistoire centre non pas sur les batailles mais sur leshommes qui les font.

    Tallandier (10 septembre 2009), 128 pages.(ISBN 2130475205), environ 24

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    (DR)

    LES CONTAINERS H

    Pour ravitailler la Rsistance, les units de la Royal AirForce affectes au SOE (Special Operations Executive),utilisrent les parachutages de paquets1 et decontainers. Lavion le plus utilis pour ces parachutagestait le Halifax, progressivement remplac partir de1944 par le Liberator amricain. Ces bombardiersaffects aux oprations spciales subirent peu detransformations pour tre adapts ces missionsspcifiques : une trappe tait amnage dans leplancher du fuselage pour faciliter les sauts des agents

    parachuts et le lancement des paquets quiaccompagnaient gnralement les containers logsdans les soutes bombes. En gnral un bombardiercomme le Halifax larguait en moyenne une quinzaine de

    1 Rservs en gnral pour les objets dont le gabarit tait

    incompatible avec le format des containers ou ceux qui necraignaient pas les effets de la chute (vtements, tracts)lorsque tous les containers disponibles taient pleins demarchandises plus sensibles. Cependant, les containers,largus en groupe depuis la soute du bombardier et surcommande du pilote, restaient groups lors de latterrissagetandis que les paquets, basculs dans le vide par la trappe de

    l'avion, les uns aprs les autres, par les hommes del'quipage, se trouvaient souvent rpartis sur une grandedistance leur arrive au sol, parfois mme sur plusieurskilomtres.

    containers de 150 kg environ etjusqu' 29 paquets soit unecharge de 2,5 3 tonnes.

    Le SOE avait adopt deux typesprincipaux de containers, appels tubes , dont les dimensionshors-tout taient sensiblement lesmmes : des cylindres dundiamtre denviron quarantecentimtres et dune longueurdun mtre soixante-douze. Lecontainer type C tait unmonobloc, en tle nervure, quisouvrait dans le sens de lalongueur. Compos en ralit dedeux demi-coques assembles,dun ct, par des charnires et,de lautre, par trois verrousmaintenus ferms par desclavettes, il tait muni de quatre

    fortes poignes permettant son transport par quatrehommes. Son poids

    variait de 120 prs de 200 kg en fonction du contenu.

    lune de ses extrmits, se trouvait inclus le logementdu parachute de quelque quinze centimtres deprofondeur. Il restait donc une longueur utile denvironun mtre cinquante permettant le parachutage desarmes longues (fusils mitrailleurs, mitrailleuses, lance-roquettes anti-char).

    Il pouvait aussi contenir trois cylindres de tle plus petits(trente cinq centimtres de diamtre et quarante cinqcentimtres de longueur) appels cellules. Elles taient

    fermes par un couvercle muni de quatre ergots qui leverrouillaient et de deux poignes pour le transport. Desdisques de contreplaqu taient alors placs entrechaque cellule. Lamortisseur de choc larrive au sol,qui a souvent disparu des exemplaires exposs dans lesmuses, tait un tampon de caoutchouc mousse.

    Le container type H , mis au point par un Polonaisgnial qui trouvait assez peu commode, voire mmedangereux, de trimbaler un objet de la taille dun hommeet pesant plus dun quintal en plein territoire ennemi,tait un assemblage de sept lments qui pouvaient trefacilement dmantels ds la rception au sol par lesRsistants.

    Lamortisseur en forme de demi-sphre aplatie, en tleajoure qui scrasait au choc tait surmont de cinqcellules, rfrences A.B.C.D.E., sembotant les unes

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    dans les autres et compose dun cylindre de tle detrente sept centimtres environ de diamtre et dunehauteur de vingt neuf centimtres. Le couvercle dechaque cellule tait maintenu ferm par six ergotssencastrant dans des fentes et des anneaux

    permettaient le passage dune sangle pour le transport.Les cellules A et B, places juste aprs lamortisseur,taient charges plus lourdement que les trois autrespour que le container prenne de lui-mme, avantlouverture du parachute, une position verticale.

    Venait enfin le logement du parachute. Le tout tait runipar deux tiges dacier, filetes leurs extrmits quiassuraient la cohrence de lensemble pendant leparachutage.

    Ce type de container, beaucoup moins rsistant que le C , servait au conditionnement de tout larmement lger

    et du matriel de sabotage.Chaque container tait accompagn dun inventaireprcis permettant une rpartition rapide de son contenuqui pouvait varier de faon considrable en fonction desbesoins. La liste suivante donne une ide assez prcisedes envois effectus par le SOE aux Rsistantsfranais :

    Des explosifs, notamment le fameux plastic trspuissant et si maniable que certains chefs saboteursaimaient dmontrer qu'on pouvait s'en servir pour fairecuire tranquillement une omelette ;

    Toute la gamme des accessoires pour l'utilisation desexplosifs : amorces, dtonateurs, cordon bickford ou

    mche lente, cordtex ou cordon dtonant, toutes sortesd'allumeurs (crayons retardement, allumeurs traction, pression, dclenchement, lectriques) ;

    Des charges prpares comme le Clam, compos de250 g de plastic dans une enveloppe de baklite munied'aimants pour faciliter la pose sur les picesmtalliques dtruire ou le Limpet, sorte de Clamtanche servant couler des navires en plaquant lescharges contre la coque, en dessous de la ligne deflottaison ;

    Toutes sortes de dispositifs incendiaires,spcialement prpars en Angleterre pour certains grossabotages stratgiques, depuis l'incendiaire de poche retardement jusqu' la bombe thermique d'un kilo ;

    Toutes sortes darmes : poignards, pistolets etrevolvers (certains avec silencieux), grenades mills n

    45 et grenades gammon n82, mitraillettes Sten etThompson, carabines amricaines, fusils anti-charsBoyes, lance-roquettes Piat (Projector Infantry anti-Tank) et Bazooka, mines anti-chars, crve-pneus ;

    Divers matriels : postes metteurs-rcepteurs pourles liaisons avec Londres et Alger, postes rcepteurs,postes de radioguidage, accumulateurs, gnrateurs,caractres et encre d'imprimerie voire du papier,appareils duplicateurs, pansements, mdicaments etmme de petites motos.

    Aprs leur rcupration au sol, les containers, classs consommables par les services du SOE, taient le

    plus souvent vids puis dtruits ou transforms pour nepas tre reprs par loccupant.

    1er Mars 1940 : En Grande-Bretagne, selon la BBC, prs des 2/3 de la population adulte coute l'mission Germany Calling de "Lord Haw Haw", mise depuis Hambourg. Une personne sur 6 est un auditeur rgulier desa propagande. Quelques 16 millions d'auditeurs coutent les nouvelles de 9 heures chaque soir et 6 millionschangent de station immdiatement aprs. Lord Haw Haw est le surnom donn par les britanniques WilliamJoyce, fasciste britannique exil en Allemagne et ancien soutien de Sir Oswald Mosley, chef et fondateur du partifasciste britannique, le British Union of Fascist (BUF).

    2 Mars : En Finlande les sovitiques lancent une offensive majeure sur la nouvelle ligne de dfense finlandaisedans l'isthme de Carlie. Larme rouge entre dans les faubourgs de Viipuri (Viborg).

    Une demande officielle est envoye par les allis la Sude et la Norvge pour permettre aux troupes franco-britanniques d'tre envoyes en Finlande en passant par les pays scandinaves. Les units sont sensescommencer arriver le 20 mars. La France compte envoyer dans les 50 000 hommes et 150 avions et lesbritanniques environ 100 000 hommes.

    3 Mars : Le gouvernement Italien proteste auprs du gouvernement britannique pour le blocus impos par laGrande-Bretagne. La Sude et la Norvge refusent dfinitivement le passage de troupes franco-anglaises sur leurterritoire.

    5 Mars : Les membres du politburo (Staline, Beria, Molotov, Kaganovitch, Kalinin, Voroshilov et Mikoyan) signentun ordre pour excuter 25700 polonais nationalistes et contre-rvolutionnaires .

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    Ceux-ci sont gards principalement dans les camps de Kozielsk, Starobielsk et Ostaszkw, en Ukraine etBilorussie, depuis septembre 1939. Ces camps contiennent prs de 6192 policiers et 8375 officiers polonais et lesmembres de l'lite polonaise (mdecins, avocats, professeurs...).

    Le gouvernement britannique annonce un emprunt de guerre de 300 000 livres sterling 3% pour aider la Finlande.Le Canada promet d'envoyer 1000 volontaires pour combattre au cot des finlandais.

    Les Sovitiques annoncent qu'ils sont prs ngocier la paix sur la base de l'ultimatum ayant expir le 1er mars.

    La Finlande conclut que les promesses franco-britanniques sont sans valeur et accepte de rouvrir les ngociationspour une trve et une cession des zones frontires.

    6 Mars : Une dlgation finlandaise mene par M. Ryti, 1er ministre finlandais, et M. Juho Kusti Paasikivi,diplomate expriment, quittent la Finlande pour Moscou pour ngocier la paix avec l'union sovitique. Le gnralMannerheim est en faveur des discussions au vu de la situation militaire.

    La France et l'Italie signent un accord commercial pour accrotre le volume des changes entre les 2 pays.

    7 Mars : La marine britannique capture 6 cargos italiens chargs de charbon allemand dans la Manche. Cetteaction fait suite un avertissement des britanniques indiquant qu'ils captureraient tout le charbon qu'ils trouveraient

    en mer. Les navires sont emmensau large des ctes du Kent enattendant la dcision du

    gouvernement britannique dedcharger la cargaison ou non. 4navires italiens sont partis deRotterdam et 6 de plus sont entrain de charger du charbon deRhnanie destin l'Italie, o lerationnement de charbon est djen vigueur. De nombreux italienspensent que le but rel desbritanniques est de les forcer acheter le charbon britannique auxtermes qu'ils imposeront.

    8 Mars : Le gouvernementsovitique rejette la demande de ladlgation finlandaise pour un

    armistice immdiat. LAllemagne somme le gouvernement sudois de semployer faire cder la Finlande.

    Soldats sovitiques brandissant un drapeau finlandais captur durant la guerre dhiver

    9 Mars : Un compromis anglo-italien est conclu dans l'affaire des navires de charbon du 7 mars. Les naviresitaliens sont relchs par les britanniques et l'Italie accepte de trouver une alternative, terrestre, pour acheminerson charbon d'Allemagne.

    Les allis promettent la Finlande des troupes et des avions si elle fait une requte officielle. La situation militairetant catastrophique, le gnral Mannerheim demande au gouvernement de composer avec les demandessovitiques.

    10 Mars : Le ministre des affaires trangres allemand, M. Ribbentrop, rencontre M. Mussolini Rome, et l'invite rencontrer Adolf Hitler.

    11 Mars : LUnion sovitique et la Finlande se mettent daccord sur les termes dun armistice entre les 2 pays.Dans une dernire tentative d'empcher les finlandais de conclure un armistice, les allis offrent leur aide la pluscomplte la Finlande si elle le demande .

    Le cuirass franais Bretagneet le croiseur lourd Algriequittent Toulon pour le Canada avec un chargement d'or(2379 barres). L'embargo sur les armes est lev par le gouvernement amricain, pour permettre la Grande-Bretagne et la France d'acheter des chasseurs P-40. En Grande-Bretagne la viande commence tre rationne.

    12 Mars : Dans l'aprs-midi, le cabinet de guerre britannique approuve un plan, destin la Finlande, pour envoyerdes troupes Narvik, en Norvge. Cette avance de troupes se fera sans la permission des norvgiens, enesprant que les scandinaves coopreront une fois l'opration commence. Le Prsident du conseil franais, M.Daladier, informe la chambre des dputs, qu'une force expditionnaire franco-anglaise est prte embarquer surrception d'une demande d'assistance formelle manant du gouvernement finlandais.

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    La dlgation finlandaise Moscou attend l'approbation finale d'Helsinki, concernant les conditions de paixsovitiques.

    La Home fleet retourne Scapa Flow suite l'augmentation des dfenses anti-ariennes et anti-sous-marines de labase. 72 juifs allemands, sur 1000 dports en Pologne dans des camions scells depuis Stettin, meurent aprsune marche de 18 heures dans le blizzard.

    13 Mars : La Finlande et l'union sovitique signent un trait de paix Moscou dans les premires heures de la

    journe, suite la rception de l'accord du gouvernement d'Helsinki par la dlgation finlandaise. La Finlandegarde son indpendance mais doit donner l'intgralit de l'isthme de Carlie, la ville de Viipuri, la ceintureindustrielle de Vuoksi, les rives du lac Ladoga, la rgion de Salla, la pninsule de Rybachi et accorder laconcession du port et de la pninsule d'Hang, l'entre du golfe de Finlande, pour 30 ans aux sovitiques. Le portde Petsamo est rendu aux finlandais. La base navale de Hang doit permettre aux sovitiques de fermer le golfe deFinlande puisquils contrlent dj l'autre rive. Les Finlandais accordent aussi un droit de passage aux sovitiquespour aller en Sude si besoin.

    Au regard des rcentes victoires sovitiques, ces conditions sont trs modres. Le cessez le feu prend effet midi.

    Les Finlandais n'ont jamais eu plus de 200 000 hommes en tat de combattre en mme temps, et ont eu 25 000morts et 45 000 blesss. Tout compris, la guerre a mobilis du cot sovitique, 1 200 000 hommes, 1500 tanks et3000 avions. Les sources officielles font tat de 48 000 morts et 158 000 blesss, mais ces chiffres sous-estiment

    probablement la ralit. Cette disparit dans les pertes laissera une image d'inefficacit l'arme rouge, image quiinfluera largement les vnementsdes annes venir.

    14 Mars : Dbut de l'vacuation des470 000 personnes qui habitaientles territoires finlandais cds l'Union Sovitique

    Le gouvernement polonais en exilpublie un livre blanc pour donnerune vue gnrale des relationsgermano-polonaises depuisl'avnement des nazis au pouvoir en

    1933. Parmi les rvlations setrouve le fait qu'Hitler a tentd'impliquer la Pologne dans un planpour attaquer l'Union Sovitique.Les Polonais insistent sur le faitqu'ils n'ont pas encourag cetteinitiative allemande.

    15 Mars : La Dite finlandaise,rassemble en session secrtependant l'aprs-midi, ratifie le trait de Moscou par 145 votes contre 3. En Roumanie une amnistie est dclarepour les membres de la garde de fer, qui ont assassin le 1er ministre roumain, M. Armand Calinescu, le 21septembre 1939. 800 membres sont librs de prison aprs avoir prt un serment de loyaut au roi Carol de

    Roumanie.16 Mars : Le sous-secrtaire d'tat amricain, M. Sumner Welles, rencontre le prsident du conseil italien, M.Mussolini, le comte Ciano, ministre des affaires trangres et le roi d'Italie, Victor Emmanuel III. Les discussionsportent sur les tentatives de paix en Europe. L'accueil qui lui est rserv est cordial mais aucun engagement n'estpris.

    17 Mars : M. Fritz Todt est nomm ministre du Reich concernant l'armement et les munitions.

    18 Mars : Adolf Hitler et Mussolini se rencontrent au col du Brenner, la frontire germano-italienne. C'est la 1rerencontre entre les 2 dirigeants depuis les accords de Munich en 1938. Mussolini affirme accepter l'entre enguerre de l'Italie au ct du Reich l'heure dcisive .

    Dessin satyrique de David Low paru dans le Evening Standard le 18 mars 1940, Mussulysses tent par lessirnes (copyright Associated Newspapers Ltd. / Solo Syndication)

    Sur le panneau : Passez vos vacances en Russie sovitique19 Mars : Dbut du procs des lus communistes en France, destitus de leur mandat suite la non-condamnationdu trait germano-sovitique d'Aot 1939.

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    Nouvelle rencontre Rome entre le ministre italien des affaires trangres, le comte Ciano, et l'envoy amricain,le sous-secrtaire d'tat amricain, Sumner Welles.

    20 Mars : En France M. Edouard Daladier estdsavou par le parlement lors d'un vote deconfiance (239 pour, 300 contre, 1abstention) et dmissionne.

    21 Mars : M. Paul Reynaud est nommprsident du conseil franais et forme unnouveau gouvernement. M. Edouard Daladierest nomm ministre de la dfense au sein dece gouvernement.

    22 Mars : Les sovitiques commencentl'occupation du port et de la pninsule deHang.

    En France, la chambre des dputs vote laconfiance au nouveau gouvernement, dirigpar Paul Reynaud, par 268 voix contre 156 et111 abstentions.

    26 Mars : Fin de l'vacuation, commence le14, des territoires cds l'Union sovitique

    par la Finlande.

    Ci-dessus : Dessin satyrique de Leslie Illingworth paru dans le Daily Mail le 17 Mai 1940 (copyrightAssociated Newspapers Ltd. / Solo Syndication). Traduction : je lai !

    28 Mars : 6e runion du conseil de guerre interalli. La dcision de miner les accs ctiers norvgiens est prise. Sil'Allemagne semble prte interfrer, une expdition militaire pourrait tre envoye. L'opration est programmepour le 5 avril, mais sera vite repousse au 8. La France et la Grande-Bretagne signent un accord empchant unepaix spare dune des 2 sans le consentement de l'autre partie.

    30 Mars :Un gouvernement chinois fantoche, la solde des japonais, est proclam Nankin. Wang Ching-wei,

    ancien adversaire de Tchang ka-chek au sein du Kuomintang, le parti nationaliste chinois, est plac sa tte. Legouvernement amricain refuse de reconnatre ce gouvernement.

    31 Mars : Le gnral pro-nazi Rachid Ali El Kaylmi devient premier ministre du protectorat britannique d'Irak.

    La rpublique sovitique de Carlie Finlande est cre sur les territoires pris aux finlandais.

    2 Avril : La Lituanie notifie la Socit des Nations qu'elle n'a pas l'intention de rendre la rgion de Vilnius, rgionrendue par les sovitiques la suite de la campagne de Pologne.

    3 Avril : Remaniement ministriel dans le gouvernement britannique de M. Chamberlain. Lord Woolton devientministre de l'alimentation et M. Winston Churchill est nomm prsident du comit des ministres de la dfense enplus de son poste de 1er lord de lAmiraut. Ce dernier obtient dans la foule, l'autorisation du gouvernement pourminer les eaux territoriales norvgiennes, dcision dj prise lors de la runion du conseil suprme interalli du 28

    mars.4 Avril : L'envoy danois Berlin transmet au gouvernement danois une information concernant un plan pour uneattaque surprise sur le Danemark. Ce dernier considre que c'est une rumeur ou un test de la raction duDanemark.

    5 Avril : Le gouvernement norvgien reoit une note de la France et la Grande-bretagne annonant qu'ils serservent le droit de priver l'Allemagne des ressources norvgiennes.

    6 Avril : Le bomber command de la RAF termine ses oprations de largages de tracts au dessus de l'Allemagne etde l'Europe occupe.

    7 Avril : Lopration Weserbung dinvasion du Danemark et de la Norvge par lAllemagne est lance. Plusieursescadres allemandes quittent les ports de la mer du nord et de la Baltique pour se diriger vers la Norvge. Lesreconnaissances maritimes britanniques rapportent une intense activit navale allemande et l'attach naval

    britannique au Danemark, M. Henry Denham signale que des navires de guerre allemands se dirigentprobablement vers la Norvge.

    Dans la soire la Home fleet quitte Scapa Flow et Rosyth, pour intercepter la flotte allemande.

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    8 Avril : Dans la nuit du 7 au 8 avril, 8 destroyers britanniques posent 3 champs de mines dans les eauxterritoriales norvgiennes lors de lopration Wilfred. Le gouvernement britannique en informe le gouvernementnorvgien dans la matine. Vers 8h un destroyer britannique attaque lescadre allemande devant aller jusqueNarvik, coulant un destroyer et endommageant srieusement le croiseur lourd Admiral Hipperen l'peronnant.

    Dans la journe la force expditionnaire allie commence embarquer Rosyth, mais l'ordre inverse est donndans la journe. Dans la soire, le garde-cte norvgien, HNoMS Pol III, repre la force d'invasion allemande qui sedirige vers Oslo et alerte les batteries ctires avant dtre ravag par le destroyer allemand Albatros.

    9 Avril : A 4h15, 2 divisions allemandes passent la frontire danoise et commencent l'invasion du pays pendantque dautres forces allemandes dbarquent Copenhague. L'envoy allemand auprs du gouvernement danoisinforme celui-ci que le Danemark n'est occup que pour le protger des allis et que l'arme allemanden'interviendra pas dans les affaires internes du Danemark. A 6h20 le roi du Danemark, Christian X, fait uneallocution radiophonique annonant la rddition du gouvernement. Les pertes danoises s'lvent 16 morts.

    A 3h le groupe d'invasion de Trondheim entre dans le fjord du mme nom, dmarrant la campagne de Norvge.Des forces allemandes sont dbarques ou arotransportes Oslo, Trondheim, Bergen Kristiansand, Arendal,Stavanger et Narvik, scurisant leurs objectifs dans la journe. A Oslo la forteresse d'Oscarsborg coule le croiseurlourd Blcher, forant la force dinvasion faire temporairement demi-tour. La ville nest capture que plus tarddans la journe aprs une attaque aroporte sur larodrome de Fornebu et la destruction dOscarsborg, laissantle passage libre la force navale dinvasion. A 14h toutes les principales villes de Norvge sont aux mains des

    allemands. Le roi,Haakon VII, legouvernement et leparlement norvgienquittent Oslo pourHamar puis Elverum,emportant la rservedor norvgienne. Le

    gouvernementprsente sadmission mais celle-ci est rejete par leparlement et le Roi.Le parlement donneles pouvoirsncessaires augouvernement pourngocier sans enrfrer au Parlement,celui-ci ne pouvantplus tre runi du faitde la situation. Toutau long de la journele gouvernementnorvgien tente de

    ngocier avec M. Curt Bruer, envoy allemand en Norvge.

    Alors que les forces allemandes pntrent en Norvge, les partisans du parti fasciste norvgien de M. VidkunQuisling, aident les envahisseurs. M. Vidkun Quisling fait une allocution la radio dOslo o il demande auxnorvgiens de cesser la rsistance. Il dclare aussi dposer le gouvernement actuel et se nomme premier ministre.

    A la suite de l'invasion de la Norvge et du Danemark, les allis demandent nouveau la Belgique l'autorisationde laisser pntrer leurs troupes sur le territoire belge.

    Ci-dessus : Soldats allemands en avril 1940 en Norvge, Copyright Deutsches Bundesarchiv

    10 avril : Dans la nuit une petite force allemande parachutiste tente de capturer le roi de Norvge mais estrepousse par les gardes royaux et des volontaires improviss. Le roi dsavoue le gouvernement mis en place parVidkun Quisling la veille. Les entretiens entre le Roi, le gouvernement et M. Curt Bruer continuent, mais lesdemandes allemandes se font plus dures, M. Quisling devant maintenant obligatoirement tre nomm premier

    ministre, cette condition n'tant pas ngociable car manent directement d'Adolf Hitler. La demande allemande estrejete. A Narvik une flottille britannique coule 7 cargos et 2 destroyers allemands dans le Fjord, en perdant 2 elle-mme, dans la 1re bataille de Narvik.

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    L'Islande suspend le pouvoir du roi duDanemark sur le pays. La Belgique annuleles permissions, raffirme sa neutralit etrejette nouveau la demande d'autorisationde laisser passer les allis par son territoire.

    11 Avril : Les forces allemandescommencent remonter au nord d'Oslo

    pour faire la jonction avec leurs forcesdbarques Trondheim. M. WinstonChurchill dclare que les mouvements detroupes allemandes en Norvge ontcommencs avant que les britanniques neposent leurs champs de mines.

    13 avril : Le restant des navires allemandsde la 1re bataille de Narvik est dtruit parune flotte britannique, ou se saborde dansle fjord, lors de la 2nde bataille de Narvik. Les2500 marins allemands rejoignent lestroupes terre pour participer la dfense

    avec les soldats dinfanterie de montagnedu gnral Dietl. La situation en Norvgeinquite fortement Adolf Hitler, qui manquede signer un ordre enjoignant aux troupesde Narvik de se faire interner en Sude.

    14 avril : Dans le sud les forcesnorvgiennes retraitent en Sude aprs labataille d'stfold et se font interner pour lerestant de la guerre. Le corpsexpditionnaire britannique commence dbarquer Namsos, au nord deTrondheim, et Harstad, au nord de Narvik.

    15 avril : M. Quisling dmissionne,provisoirement, de son poste de 1erministre au profit dIngolf Christensen.

    16 avril : Les britanniques de Namsos sedirigent lintrieur des terres. A Narvik lesallemands contrlent toute la zone jusque lafrontire sudoise.

    Les britanniques dbarquent et occupentles les danoises des Faeroe, au nord del'cosse. L'Islande demande entrerdirectement en relation avec les Etats-Unis.

    Le secrtaire d'tat amricain, M. Hull, dclare que tout changement dans le statu quo dans les indesnerlandaises serait prjudiciable la stabilit, la paix et la scurit.... dans l'intgralit de la zone pacifique .

    17 avril : Le corps expditionnaire britannique commence dbarquer Andalsnes.

    18 avril : Au centre de la Norvge les forces norvgiennes sont pousses la retraite un peu partout, forant legnral en chef norvgien demander laide des forces allies dAndalsnes alors que celles-ci devaient remontersur Trondheim et faire leur jonction avec les forces ayant dbarqu Namsos. Au nord les renforts britanniquescontinuent darriver Namsos et Molde, suivis par la 5me Demi-brigade franaise de Chasseurs Alpins.

    19 avril : La presque totalit de la Norvge du Sud est maintenant aux mains des allemands. Les forcesbritanniques venant de Namsos doivent retraiter sous la pression des forces allemandes venant de Trondheim.

    Les Pays-Bas dclarent l'tat de sige et raffirment leur neutralit.

    20 avril : Namsos est bombard par les allemands. La ville, principalement constitue de btiments en bois, est en

    grande partie dtruite et le port n'est plus utilisable pour dbarquer. Laviation allemande domine le ciel norvgien.Dans le centre de la Norvge, les allemands arrivent sur Lillehammer et entrent en contact avec les forcesbritanniques.

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    L'Allemagne et la Roumanie signent un trait de commerce. Les roumains recevront des armes et des avionstchques en retour. Larme danoise est dmobilise.

    21 avril : Lillehammer les forces britanniques et norvgiennes retraitent au nord de la ville. Les combatscontinuent prs de Namsos, Trondheim et Narvik.

    22 avril : A Lillehammer les britanniques, tourns par les allemands, sont forcs de retraiter en dsordre avec despertes importantes.

    24 avril : Le roi de Norvge refuse de poursuivre les ngociations avec les allemands. M. Terboven est nomm Commissaire du Reich pour la Norvge . Dans le nord, Narvik est bombard par 1 cuirass et 3 croiseursbritanniques, pour tenter de pousser la garnison allemande se rendre.

    Les Etats-Unis tablissent une reprsentation consulaire en Islande.

    25 avril : Le chef d'tat major alli approuve le plan d'vacuation de la Norvge du centre. Dans le nord, lesnorvgiens commencent leurs attaques sur Narvik.

    Un nouveau plan d'vacuation est introduit en Angleterre en mme temps qu'un rapport du ministre de la santindique que seul 8% des enfants qui y ont droit y sont inscrits. 19% des parents ont refus et 73% n'ont mme paspris la peine de rpondre. En Roumanie le gouvernement dcrte une amnistie politique permettant la garde defer, le parti fasciste roumain, de reprendre de l'influence.

    26 avril : Signature du War Trade Agreement par lequel la Grande-Bretagne reconnat le droit la Suissed'exporter vers les pays de l'Axe.

    27 avril : Lordre dvacuation de la Norvge centrale arrive Namsos dans la nuit, stoppant la prparation desattaques pour reprendre Trondheim.

    28 avril : 3 bataillons de chasseurs alpins franais dbarquent Harstadt, prs de Narvik.

    29 avril : Le roi et le gouvernement norvgien vacuent Molde sur le croiseur britannique HMS Glasgow. Ils sontamens Tromso, plus au nord, avec la rserve d'or norvgienne.

    30 avril : En Norvge les troupes franco-anglaises d'Andalsnes commencent vacuer, poussant les soldatsnorvgiens la reddition aprs leur dpart. Dans le centre de la Norvge les allemands venant de Trondheim etceux venant dOslo font leur jonction Dombas

    En France le procs des 44 lus communistes se termine. 36 sont condamns 5 ans de prison et 8 4 ans avec

    sursis.En Pologne le ghetto de Lodz est ferm, les juifs n'ont plus le droit d'en sortir. C'est la 1re fermeture d'un ghettojuif.

    Prix 24,95

    Sbastien Vincent, 37 ans, est enseignant et chercheur Montral. Sestravaux portent surtout sur le Canada, le Qubec et la Seconde Guerremondiale, notamment sur les tmoignages et lhistoire des combattantscanadiens-franais ayant particip ce conflit. Il est responsable du blog LeQubec et la Seconde Guerre mondiale :

    http://sebastienvincentilsontecritlaguerre.blogspot.com/

    Ce site explore lhistoire sociale, culturelle, politique et militaire du Qubecpendant la Seconde Guerre mondiale. Il vise le grand public, les tudiants,les milieux denseignement et de recherche. Il diffuse lhistoriographie,explore des voies nouvelles, souhaite prsenter des archives et annoncer

    des activits en lien avec la thmatique.Bibliographie :

    Laisss dans l'ombre. Les Qubcois engags volontaires de la guerre

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    39-45 Vlb diteur, 2004, 288 pages.

    Prface du colonel Pierre Svigny, finaliste aux Prix littraires du Gouverneur gnral, catgorie "tudes et essais"

    Lopposition politique du Qubec la conscription a fini par masquer le fait que les engags volontaires y ont tbeaucoup plus nombreux que les conscrits.

    Ce livre veut redonner la parole des hommes quon a trop longtemps laisss dans lombre. Il rassemble destmoignages provenant de tous les thtres dopration o ils se sont illustrs et de tous les corps darme qui ont

    particip la guerre, y compris la marine marchande. Enrichi de photos, de cartes et de documents, ce livrepassionnant et souvent touchant rend compte de la guerre telle que lont vcue sur le terrain ces jeunes hommescourageux.

    Le Qubec est redevable Sbastien Vincent et aux ditions VLB davoir mis au jour ces tmoignages qui,dornavant, sintgrent la mmoire collective qubcoise. Il serait important que ces rcits soient connus du restedu Canada, l o la contribution de la Belle Province leffort de guerre menant la victoire des Allis a tdissimule par le silence mme du Qubec Desmond MORTON - Dpartement dhistoire,UniversitMcGill.Micheline

    Ils ont crit la guerreVlb diteur, 336 pagesn paraitre en mars 2010

    En sa qualit dhistorien, Sbastien Vincent sintresse auxengags volontaires canadiens-franais de la Seconde Guerremondiale. Aprs Laisss dans lombre, qui prsentait lestrajectoires individuelles de divers soldats prsents sur tous lesthtres doprations, il se base cette fois-ci sur les crits desanciens combattants pour dcrire leur exprience de faon plusgnrale, en abordant les diffrents aspects de la vie au front : lebaptme du feu, lexprience des combats, les visions dhorreurde la guerre, les conditions de vie, lhygine, etc.En rsulte un livre saisissant, qui permet de prendre consciencedes sacrifices consentis par ces jeunes hommes.

    Comment ont-ils pu ? Voil, je crois, la question que lontrouve en filigrane du beau livre de Sbastien Vincent, et laquelle il tente de rpondre. Il le fait dailleurs avec unegrande modestie, sachant bien, comme il le dit lui-mme, quela vraie guerre ne sera jamais dans les livres.

    Extrait de la Prface de Stphane Audoin-Rouzeau, Directeurdtudes lcole des Hautes tudes en Sciences Sociales(Paris), Codirecteur du Centre de Recherche de l'Historial de laGrande Guerre de Pronne (Somme).

    Parution le 2 mars 2010. Histomag44 est trs probablement lapremire publication franaise lannoncer, comme il lavaitfait en janvier au sujet du livre de Madame Mabon. Allez savoir ceque les petits amateurs rservent leurs lecteurs dans notre

    prochain numro

    Communications :

    Sbastien Vincent a prsent une communication au 45e congrs de la Socit desprofesseurs dhistoire du Qubec, les 26 et 27 octobre 2007, plus dautres publicationssous formes darticles et de confrences qui dpassent en volume la capacit de noscolonnes.

    Membre du forum Le Monde en Guerre, Sbastien a eu la gentillesse daccepter derejoindre la liste des contributeurs dHistomag44 et va, ds le No. 65 de mai-juin 2010,nous faire bnficier de ses connaissances quant lhistoire du Qubec pendant laSeconde Guerre Mondiale.

    Lquipe dHistomag44 le remercie et lui souhaite la bienvenue.

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    Voici un rcit relatant une mission dun bombardier amricain B-17. Des bombardiers comme celui-ci, il y aen eu des centaines dans le ciel, non seulement en Europe occupe, mais galement l o les missions lesappelaient, et ce fut le cas sur tous les thtres doprations. Heureusement toutes les oprations nefinirent pas comme celui du Cicro Kid. Toutes les informations, ainsi que le rcit du navigateur, ont tfournies M. Gaston GEORGES de Fouches prs dArlon en Belgique, par William (Bill) Foster, navigateur bord du Cicero Kid , lors de sa venue Fouches le 3 juin 2000. William Foster est hlas dcd en2007. Avec tous mes remerciements M. Gaston GEORGES pour son aide, sa disponibilit et sonautorisation de publication. Merci aussi M. G. Klinkenberg ( Club Indian Head) pour certaines illustrations.Mis en page par Prosper Vandenbroucke

    Bill Foster en visite Fouches

    Revenons sur la visite de William Bill Foster et safamille en juin 2003

    isite Fouches

    Ds son arrive Bill Foster est impatient de revoir lamaison sur laquelle il avait atterri en parachutecinquante-six ans plus tt. Je lui explique que la maisonnexiste plus, quelle a t abattue quelques dizainesdannes auparavant pour permettre llargissement dela route nationale. Du, Bill Foster contemple alorslonguement lespace vide devant lui. Il est vident quede nombreux souvenirs se bousculent dans sa tte.

    Nous nous rendons ensuite chez Jeannie Recher. Samre, Germaine Thomas, avait t tue par lune desbombes du B-17. En serrant Jeannie dans ses bras,cest trs mu que Bill Foster lui dit : Si javais su, jeme serais excus il y a longtemps !

    De retour mon domicile Bill Foster me donne plusieursdocuments et photos. Le compte-rendu de sa derniremission, la mission numro 32, retient tout

    particulirement mon attention.(En rdigeant son rapport Bill Foster a fait une erreur.Ce ntait pas sa 32me mission mais sa 33me)

    Le Cicro KidLe B-17 G (H) Cicero Kid 42-97101 avait dcoll de labase arienne de Knettishall au nord de Londres enAngleterre. La mission 223 consistait bombarder lesinstallations ferroviaires de Saarbrcken en Allemagne.

    Ctait la 32me mission de lquipage sur les 35 effectuer avant dtre rapatris aux USA.

    Lexplosion dun des moteurs au-dessus de Fouchesprovoqua le crash de lappareil et tua le pilote (JohnChimenti) et le co-pilote (James Clark).

    John Chimenti est enterr Erie en Pennsylvanie et

    James Clark est enterr Chariton dans lIowa.Tous les autres aviateurs ont russi sauter enparachute et ont atterri sains et saufs. Deux des septbombes bord ont explos au sol, lune delle a tuGermaine Thomas de Fouches et a dtruit sa maison.

    Equipage

    Lt. John J. Chimenti piloteLt. James D. Clark co-pilote

    Lt. William M. Foster navigateurLt. Harold Lentz bombardierS/Sgt. Arthur Weiss oprateur radioS/Sgt. Grayburn Cooper ingnieur de bordet mitrailleur tourelle suprieureS/Sgt. Willie Dew assistant ingnieur etmitrailleur latralS/Sgt. W. F. Black armurier et mitrailleurlatralS/Sgt. Sam Longtine assistant oprateurradio et mitrailleur tourelle sous le nezS/Sgt. Mike Kuzel assistant armurier etmitrailleur arrire

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    De gauche droite debout au deuxime rang :S/Sgt Arthur Weiss Oprateur radio

    S/Sgt Grayburn Cooper mitrailleur de la tourellesuprieure

    S/Sgt Willie DEW Mitrailleur central

    S/Sgt W.F. Black Mitrailleur central

    S/Sgt Sam Longtine Oprateur radio en second Mitrailleur de la tourelle de nez

    S/Sgt Mike Kuzel Mitrailleur de queue

    De gauche droite accroupis au premier rang :

    Lt William M. Foster navigateur

    Lt John J. Chimenti Pilote

    Lt James d; Clark co-pilote

    Lt Harold Lentz Bombardier

    Mission numro 32 (crite parWilliam Bill Foster,navigateur du B-17 Cicro Kid)

    (Traduit textuellement de

    langlais par lauteur)

    Ci contre, gauche le 1st Lt.James D. Clark

    Le 9 novembre 1944 ! Jamais je noublierai cette dateaussi longtemps que je vivrai. Ce ntait ni le jour J du dbarquement ni le jour de la victoire en Europe

    bien que ce fut la date dun vnement ayant un rapportcertain avec la Seconde Guerre Mondiale. Pour moi,cette journe signifie beaucoup plus que tout autre ;

    ctait le jour o jai t arrach la mort au toutdernier instant par la main misricordieuse deDieu Tout Puissant. Ctait la fois le pire et leplus beau jour de ma vie.

    Cette journe commena exactement de la mmefaon que les trente et une autres journes avantelle depuis que nous tions devenus oprationnels

    comme quipage de combat bord duneforteresse volante B-17 du 388me groupe debombardiers H (Heavy = bombardier lourd), de la8me Air Force, bas Knettishall en Angleterre.Chaque jour ctait le rveil brutal avant laubepour le briefing, la premire bouffe, le briefing lui-mme, lanxit lie la cible et ensuite lesoulagement ou lapprhension lorsque la cartetait droule et la cible rvle. Ctait lesoulagement lorsquil sagissait dune pntrationpeu profonde en territoire ennemi ou encore dunecible connue pour tre faiblement dfendue.

    1st Lt. John J. Chimenti

    Ctait lapprhension lorsquil sagissait dunepntration profonde, loin en Allemagne, voire mmeau-del des frontires de lest, en Pologne ou enTchcoslovaquie, ou encore vers un site ptrolier

    vaillamment dfendu par la FLAK et les avions dechasse.

    Chaque individu avait sa propre raction au fur et mesure du briefing. Ctait aujourdhui notre 32memission. Trente-cinq tait le nombre magique. Nous enaurions fini. Nous priions pour que ce jour arrive.

    A lexception du bombardier, lquipage daujourdhuitait compos de tous les membres originaux quistaient retrouvs dans une O.T.U. (unitdentranement oprationnel) sur la base de MacDillField Tampa en Floride au printemps de 1944. Nousavions travers lAtlantique en juin 1944 et tions

    devenus oprationnels le 28 juillet 1944. Le lieutenantChimenti tait le pilote ; le lieutenant James Clark taitle copilote ; Daniel Gilmore tait le bombardier ;

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    le sergent Grayburn Cooper tait lingnieur ; ArthurWeiss tait loprateur radio; le sergent Willie Dew taitle mitrailleur central ; Sam Longtine tait le mitrailleur dela tourelle sous le nez et le sergent Mike Kuzel tait lemitrailleur arrire. Le lieutenant Harold Lentz, lebombardier de dpart, avait t bless lors dunemission prcdente et tait retourn aux Etats-Unis.

    Le rveil pour le briefing de ce matin-l avait tparticulirement pnible vu que nous ntions revenusque la veille au soir la base aprs une permissiondune semaine dans une maison de repos. Ctaitparticulirement prouvant de se remettre la tche.

    DR

    Le briefing se droula sans apprhension, la cible tantles installations ferroviaires de Saarbrcken enAllemagne. Compare dautres missions antrieures,ce largage allait tre facile. Cette mission devait servirdappui la 3me Arme du Gnral Patton avant leurdpart de Metz.

    Nous avions une charge de cinq bombes de 1000 livres(453,59 kg), trois dans la soute bombes et une souschaque aile. Le bilan du briefing se soldait par de laroutine : lheure du dcollage, la route suivre, lespoints de contrle, le soutien des avions de chasse, leszones de dfense anti-arienne, la mto, lI. P. (InitialPoint = le point de dpart du largage des bombes), lepoint de ralliement et la route du retour. Un briefingspcial pour les quipages de tte avait prcd lebriefing principal. Lorsque le briefing fut termin lesquipages furent emmens en camion vers leurs avionsgars sur des aires en bton disperses tout autour duprimtre de larodrome. Les quipages soccupaientdes diverses tches de dernire minute : contrle de

    lavion avant dcollage, vrification de larmement, desmunitions, des cartes et de lquipement de secours. Etpour finir, ctait une dernire bouffe de cigarette avantlembarquement.

    A 8 heures 50, dix minutes avant lhoraire prvu pour ledcollage, larodrome rsonnait des vrombissementsassourdissants aprs lallumage des moteurs. Les B-17

    lourdement chargs sbranlrent de leurs aires deparking pour rejoindre le dfil des avions autour duprimtre de larodrome, manuvrant vers la positionde dcollage la plus favorable afin que lerassemblement puisse se faire avec un minimum de

    retard et de confusion. Nous voil endbut de piste, prts dcoller, les gazsont mis et les avions prennent de lavitesse. A prsent les gaz sont mis fond et finalement lorsque le bout de lapiste apparat le B-17 dcolle du sol.Nous commenons la lente etennuyeuse ascension pour rejoindre

    notre groupe. Toutes les 30 secondesun B-17 dcolle de larodrome et cetteopration se rpte plusieurs fois partoutau sud-est de lAngleterre, l o sontsitus la majorit des bases de la 8meAir Force. En quelques minutes le cielest rempli de B-17 lourdement chargsde bombes et de carburant essayant degagner de laltitude.

    Ce jour-l, le temps taitparticulirement clair et le soleil brillaitde tous ses clats; des conditions

    mtorologiques que nous apprciionsparticulirement. Par trs beau temps,le rassemblement exigeait une vigilancetoute particulire de chaque quipagepour reprer le chef de groupe et pour

    viter toute collision mi-hauteur vu que le ciel taitsatur davions. Lorsque les conditions mtorologiquestaient moins favorables, comme ctait souvent le casen Angleterre, le dcollage et le rassemblementseffectuaient grce aux instruments de bord,augmentant fortement les chances de collision mi-hauteur.

    Ces dernires conditions nous causaient de constantessueurs froides avant dtre au-dessus de la couchenuageuse, parfois des altitudes excdant dix millepieds (3000 mtres).

    Un des hommes dquipage reconnut les brlotsidentifiant notre chef de file et nous virmes pourrejoindre la formation lendroit assign. Un par un, lesautres avions de notre groupe rejoignirent la formationet le rassemblement seffectua sans incident. Ensuitenotre groupe prit place dans lescadrille de combat, laplace attribue, et plus loin dans le rassemblement de ladivision.

    Majestueusement la longue file des B-17 quitta la cteanglaise lheure prvue lors du briefing et entama lalongue monte jusqu laltitude de largage des bombes.La Manche refltait les rayons du soleil alors que les

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    avions de toutes tailles et de toutes descriptions lafranchissaient.

    En traversant la Manche, lavion frmit sous le recul desessais des mitrailleuses, une procdure de routine.

    A lapproche de la cte franaise, le pilote nota unebaisse de pression dans le collecteur du moteur numro

    2. Sur le moment, la performance de lavion ne semblapas en souffrir outre mesure et nous continumes versnotre cible. Cependant, il devint de plus en plus difficilevoire presque impossible de maintenir notre positiondans la formation sans augmenter la puissance destrois autres moteurs pour compenser la faibleperformance du moteur numro 2. La question seposait ds lors sur lopportunit de continuer vers notrecible qui se trouvait prsent quinze ou vingt minutesde vol. La question fut rsolue par laffirmative et nouscontinumes pniblement vers notre but. Nous avionsle sentiment quaprs le largage des bombes sur lacible, lavion serait dcharg de ce poids et que nous

    pourrions facilement retourner la base sur troismoteurs mme si le moteur numro 2 nous lchaitdfinitivement.

    Blason de la 8th Air Force

    Nous approchions maintenant de lI. P. (point de dpartdu largage des bombes) lorsque le moteur numro 4 pritfeu sans aucun avertissement. Tout de suite aprs, unelongue trane de flammes schappa du moteur et

    stendit tout le fuselage. Simultanment une violenteexplosion dchira lavion en trois parties, ce qui entranaune srie dvnements fantasques et incroyables.Lexplosion brisa le fuselage au niveau de la portelatrale et juste avant la section arrire. La force delexplosion projeta le bombardier au travers du nez enplexiglas et le mitrailleur central au travers de la fine tledu fuselage.

    Pendant la chute, le premier avait son parachute ventralqui pendait son bras mais russit laccrocher sonharnais et tirer sur la sangle. Il atterrit sans la moindregratignure.

    Le mitrailleur central devait apparemment avoir sonparachute en place et la force de lexplosion avait dlouvrir vu quil ne se souvenait pas davoir tir sur la

    sangle. Il encourut de nombreuses coupures mais nefut pas bless gravement.

    Loprateur radio se lana dans le vide tout de suiteaprs lexplosion de lappareil. Le mitrailleur de latourelle sous le nez se saisit de son parachute,laccrocha fermement et se laissa tomber du fuselageventr. Le mitrailleur de queue parpilla

    involontairement la toile de son parachute mais russit tout rassembler dans ses bras avant de sauter de lasection arrire. Tous les trois atterrirent sains et saufssans la moindre blessure. Les quatre autres membresrestants de lquipage, le pilote, le copilote, lingnieur etmoi-mme tions pris au pige dans le nez de lavionpendant quil tombait en vrille. Le pilote et le copilotefurent apparemment trs gravement blesss lors delexplosion et ils prirent dans les dbris. Ledvouement leur devoir leur avait cot la vie.

    Blason du 388th Bomb Group

    Je fus tourdi par lexplosion et, pour autant que je mensouvienne, jtais couch sur le dos dans la trave entrele nez de lappareil et le poste de pilotage, mes jambespendant en dehors de lcoutille de secours. Lingnieurse trouvait dans la mme position que moi, except quesa tte faisait face la soute bombes et la carlingue,tandis que la mienne tait tourne vers le nez delappareil. Jtais incapable de coordonner lesmouvements de mon corps et je restais allong cetendroit pour ce qui ma sembl durer une ternit.Finalement, lingnieur russit saisir les cbles de

    contrle au-dessus de sa tte, parvint sasseoir et selaissa glisser vers le salut au travers de lcoutille desecours.

    Heureusement que javais attach mon parachute auharnais avant lexplosion, sinon jaurais t projet autravers du nez de lappareil par la force de lexplosion.Depuis nos toutes premires missions, je portaistoujours mon parachute pendant le largage des bombessur les cibles. Je le portais de prfrence par-dessusmon costume anti-DCA, un quipement disgracieuxressemblant deux protections pectorales de catcheurscousues ensemble et garnies de plaque dacier. Cesplaques protgeaient le haut du corps lavant et larrire contre les clats dobus. Les avions quiexplosaient la suite dun coup direct de la FLAKtaient monnaie courante.

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    Les chances de survie avec un parachute taientminces; sans lui, elles taient inexistantes. Pendant quele nez de lappareil tombait vers le sol, je me battais envain pour arriver soulever mon corps afin de pouvoirmchapper au travers de lcoutille de secours.

    Blason du 562nd

    Au-dessus de ma tte je pouvais voir que le nez taitdgag, que lexplosion avait tout emport : la table denavigation et lquipement, le tabouret du bombardier, leplexiglas du nez, tout tait parti.

    Il me vint alors lide que je pourrais peut-tre meglisser sur le dos lextrieur par le nez de lappareil sije parvenais dgager mes jambes de lcoutille desecours et les ramener vers lintrieur, vers ce qui restaitde lavion. Javais prsent retrouv tous mes espritset une seule ide mobsdait : sortir au plus vite de cesdbris. Alors, comme si une main invisible mavait aid,je parvins ramener mes jambes et me laisser glisser

    sur le dos vers lextrieur.Je poussai un profond soupir de soulagement et jeremerciai Dieu de mavoir dgag des dbris. Je fusaussitt saisi dune frayeur toute aussi grande que celleque je venais de connatre. Les courroies qui retenaientmon parachute et qui devaient normalement treserres, staient apparemment relches pendant moncombat pour me dgager. Happ par laspiration dairprovoque par la chute du nez de lavion, monparachute fut arrach de ma poitrine. Pendant uninstant dangoisse extrme je redoutais la perte de monparachute. Linstant daprs je le vis au bout des

    sangles au-dessus de ma tte. En fait, je pense quecette msaventure ma sauv la vie. Si le parachutetait rest fix ma poitrine, jaurais probablement tirsur la sangle pendant que je me glissais vers lextrieuret celui-ci se serait enroul autour des dbris. Lesnombreuses secondes ncessaires recouvrer mesesprits, ramener le parachute vers moi et tirer sur lasangle mavaient permis de tomber en vitant les dbris.

    Louverture de mon parachute me permit de raliser quejavais russi. Je ne fis quun seul balancement avantde percuter un btiment, de tomber de celui-ci et deheurter violemment le sol, quatre pattes. Je penseque le parachute avait d souvrir 300 ou 400 pieds(100 mtres), probablement une hauteur moindre.Lavion avait explos approximativement 20000 pieds(6000 mtres).

    Je saignai abondamment dune corchure proche delil droit et dune dchirure la lvre infrieure, percepar une dent lors de limpact avec le sol. Jtais tourdiet sous le choc mais nanmoins trs heureux dtre envie. Je dcouvris que javais atterri au Luxembourg, une distance d peine trois miles larrire de noslignes. Cela signifiait que ctait mon jour de chance.

    La famille de la maison que javais heurte se prcipitapour maider et me secourir avant larrive des troupesamricaines qui memmenrent vers un hpitaldvacuation tout proche.

    Environ deux mois plus tard, aprs gurison de mesblessures, je fus renvoy aux Etats-Unis pour dejoyeuses retrouvailles avec ma fiance ( prsent mafemme), ma famille et mes amis. Les autres membresde lquipage taient rentrs chez eux avant moi. Notrelong priple tait prsent termin. Les lieutenantsChimenti et Clark en avaient galement fini avec leurpriple, largement plus important que le notre. Quilsreposent en paix.

    Le 12 dcembre 2009, lors des

    manifestations commmorant le 65me

    anniversaire de la bataille des Ardennes, un

    nouveau monument ft inaugur Fouches.

    Cest linitiative de lIndian Head que sedroula cet vnement en prsence

    dautorits amricaines et belges. Ce

    monument est ddi la m