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39-45 H istomag LA SECONDE GUERRE MONDIALE PAR DES PASSIONNES POUR DES PASSIONNES - N°86- JANVIER-FEVRIER-MARS 2014 ISSN 2267- 0785 Le Dossier La Grèce en guerre Alexandre Sanguedolce, Frédéric Bonnus, Jean Cotrez Mahfoud Salek Prestifillipo,

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La Grèce en GuerreGriekenland in oorlogGreece at warWW2 history

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39-45Histomag LA SECONDE GUERRE MONDIALE PAR DES PASSIONNES POUR DES PASSIONNES - N°86- JANVIER-FEVRIER-MARS 2014

ISSN

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785

Le DossierLa Grèce en guerre

Alexandre Sanguedolce,Frédéric Bonnus, Jean CotrezMahfoud Salek Prestifillipo, …

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Histomag est produit par uneéquipe de bénévoles passionnésd’histoire.À ce titre, ce magazine est le premiertrimestriel historique imprimable etentièrement gratuit. Nos colonnes sontouvertes à toutes les personnes quisouhaitent y publier un article,communiquer des informations, faireune annonce …

Si vous souhaitez devenir partenaired’Histomag, vous avez la possibilité decontacter notre rédacteur en chef.

Responsable d’Édition : Prosper VandenbrouckeRédacteur en Chef : Vincent DupontConseillers de rédaction : Patrick Babelaere, AlexandreSanguedolce, Frédéric BonnusResponsable communication et partenariats : Jean CotrezPremières Corrections : Yvonnick BobeRelecture et correction définitive : Vincent Dupont, FrédéricBonnus, Pierre Guiraud, Patrick Babelaere, Marc TaffoureauInfographie et Mise en pages : Frédéric BonnusRubrique Commémoration : Marc TaffoureauResponsable rubriques : Jean Cotrez

Numéro ISSN : 2267 - 0785

Contacts :Forum : [email protected] : [email protected] :Forum : http://www.39-45.orgHistomag : http://www.39-45.org/histomag

Histomag est une publication trimestrielle gratuite du Forum « Le Monde enGuerre » sous format pdf. Marque, logos, désign et contenus déposés etprotégés. Toute reproduction sous quelque support que ce soit est interditesans notre autorisation et/ou celle de l’auteur concerné. Le format « pdf »est une propriété d’Adobe inc.

3 Editorial (Vincent Dupont)

4 Interview de Nicolas Pontic (Jean Cotrez)

8 Présentation uniformologique des forces helléniques(Mahfoud Salek Prestifilippo)

15 La bataille du Pinde (Frédéric Bonnus)28 La ligne Metaxas (Jean Cotrez)34 La marine royale hellénique dans la guerre

(Vincent Dupont)46 L’occupation de la Grèce (Alexandre Sanguedolce)58 Les combats du Dodécanèse (Alexandre Sanguedolce)70 Le cinéma s’invite en Grèce : les canons de Navarone (Vincent Dupont)77 Constitution d’une maquette de Fairey-Battle (Frédéric Bailloeul)

80 Le char B1 bis « Bourrasque » (Nicolas Moreau)84 La pervitine (Xavier Riaud)88 La vie d’Audie Murphy (Philippe Gruslin)92 Rethondes ou la mémoire en péril (Vincent Dupont)95 Ceux qui restaurent (Jean Cotrez)103 Le coin des lecteurs (Vincent Dupont)

N° 86 — JANVIER FEVRIER MARS 2014

La Grèce en guerre

La couvertureAffiche de propagande grecquede 1940 inspirée de celle réaliséepar Jules-Abel Faivre en 1916.

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par Vincent Dupont

Alexandre Sanguedolce avant qu'il ne nous parle descombats du Dodécanèse en septembre 1943 entre lesAllemands et leurs anciens alliés italiens soutenus par lesAlliés. Pour se détendre un peu votre serviteur reviendrasur un film culte  : les canons de Navarone et enfinFrédéric Bailloeul, relevant ses manches pour coller duplastique, nous dira comment réaliser une bonne ma-quette de Fairey Battle dont l’armée de l’air grecque étaitéquipée en 1940.

Bien évidemment, outre notre dossier spécial,vous pourrez trouver en deuxième partie, comme àl’accoutumée, nos rubriques « hors-dossier », pour conti-nuer de vous faire découvrir l’histoire de la SecondeGuerre sous d’autres angles thématiques. Vous retrouve-rez ainsi un article de Nicolas Moreau sur l’épopée duchar B1 Bis « Bourrasque ». Puis ce sera à Xavier Riaudde nous parler des drogues comme la pervitine que

prenaient les soldats de la Wehrmacht pour tenir. La 1ère

partie d’un article sur la vie d’Audie Murphy sera présen-tée par Philippe Gruslin. Votre serviteur fera ensuite sonpetit «  coup de gueule  » sur le musée du wagon del’armistice de Rethondes. Enfin nos lecteurs retrouveront,comme d’habitude, la présentation de quelques ouvragesque la rédaction a jugés bon de recommander.

Toute la rédaction de l’Histomag 39-45 voussouhaite une excellente lecture et vous pré-sente ses meilleurs vœux pour cette nouvelleannée 2014 ! Je rappelle que l’Histomag 39-45,fier de compter dans ses contributeurs des histo-riens professionnels et des passionnés avertis,ouvre ses colonnes à tous, y compris et surtout auxhistoriens de demain. Donc si vous avez une idée,un projet, n’hésitez pas ! Contactez la rédaction !

Όχι ! Non ! Voilà ce que, selon la coutume,Ioánnis Metaxás aurait répondu à l’ultimatum ita-lien du 28 octobre 1940, entrainant son pays dansla Seconde Guerre Mondiale. La Grèce n’est pas deceux à qui l’on impose quelque chose et elle lecélèbre depuis chaque année. Voilà sans doutepourquoi il leur est si difficile à l’heure actuelle decéder beaucoup de leur pays pour sauver leuréconomie… Mais pour lors (et pas celui que lesAllemands leur ont pris) attardons nous sur le sujetdont nous allons parler dans ce numéro. En effetcela ne vous aura pas échappé nous allons, dans lacontinuité de l’étude des petits pays qui ont du faireface à la guerre, nous attarder aujourd’hui sur lesort que connut le royaume des Hellènes entre1939 et 1945. Attaquée, abattue, envahie, occu-pée, la Grèce connut des heures tragiques durantcette guerre, tandis qu’une poignée de ses filscontinuaient à se battre aux cotés des Alliés oudans la résistance contre les forces de l’Axe.

C’est ainsi que, après l’interview de débutde numéro devenue traditionnelle – notre collègueNicolas Pontic aujourd’hui – nous tenterons demieux connaître l’Histoire de la Grèce à travers laguerre qui le ravagea. En premier lieu c’est Mah-foud Salek Prestifilippo qui nous fera une présenta-tion des forces armées grecques. Puis la guerreitalo-grecque sera abordée autour de la bataille duPinde par Frédéric Bonnus. Exceptionnellement larubrique de Jean Cotrez sera intégrée au dossierpuisqu’il nous parlera de la ligne Metaxas avant quevotre serviteur ne vous présente la ma-rine royale hellénique. La péninsuleenva- hie, c’est l’occupation dela Grèce qui sera traitée par

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Editorial

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L’aspect militaire reste cependant le pilier dutitre. Mais surtout, nous proposons au lecteur desarticles problématisés, disposant de sourcessystématiques et écrits par des spécialistes de laquestion.

tout comme sont quant à elles des revues plus

axées sur les évènements militaires de toutesépoques. L’aspect opérationnel et militaire y ontbonne place, avec des analyses proposées en find’étude. Les articles sont généralement assezfouillés et exhaustifs, du moins pour des revuesspécialisées.

  : Par chance  ! En fait, je suis titulaire d’unDESS d’Histoire militaire, défense et politique desécurité de l’Université Paul Valéry de Montpelli-er, qui est une des seules à proposer un telparcours (il y a l’équivalent à l’Université d’Aix-en-Provence, mais moins axé sur l’Histoire etplus sur l’aspect technique). J’ai effectué monstage de fin d’étude chez

icolas Pontic, membre denotre forum, est le rédacteuren chef du bimestriel« 2e Guerre mondiale », re-vue partenaire de notre fo-

rum. Par ailleurs il participe aubimestriel « Champs de bataille ». Il aaccepté de répondre à nos questions etde faire un tour d’horizon de la presseconsacrée à la Seconde Guerre mondi-ale.

 : Je suis depuis plus de 6 ansrédacteur en chef et directeur de rédaction

de la revue des EditionsAstrolabe. Il y a deux ans, je suis entré chezles Editions Conflits & Stratégie en tant querédacteur en chef adjoint du bimestriel

, tout en restant parallèlement aux

commandes de . Cetterevue n’a malheureusement pas survécu àcause d’un déficit de lecteurs trop impor-tant, tendance qui s’était révélée avant monarrivée. J’avais réussi à inverser la courbe,mais pas suffisamment pour assurer la pé-rennité du titre. Dommage. Je suis toujoursengagé chez Conflits & Stratégie en tant querédacteur en chef adjoint, aidant à la con-ception des revues restantes et, surtout, à larédaction d’articles.

est un titre éclectique.Après plusieurs tâtonnements, nous avonstrouvé la bonne ligne éditoriale, avec desarticles de fond, d’analyse, ne se limitantpas à l’aspect strictement militaire du con-flit, mais abordant des sujets politiques,économiques, diplomatiques et dans unemoindre mesure, sociétaux.4 Histomag - Numéro 86

«N

Interview ExclusiveNicolas Pontic

Nicolas Pontic

rédacteur en chef de « 2° Guerre Mondiale »

par Jean COTREZ

interview

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 : La et l’Armée Rouge. La premièrepour la simple et bonne raison que, commebeaucoup de passionnés de la Seconde Guerremondiale, j’ai commencé par m’intéresser à cettearmée singulière, qui est souvent affublée desuperlatifs (la meilleure armée durant la premièremoitié de la guerre ; les meilleurs matériels ; lesmeilleurs soldats  ; les plus grands crimes etc…).La seconde, je l’ai découverte lors de la rédactionde mon mémoire. Je ne m’intéressais pas vrai-ment à cette armée jusque-là, mais j’ai alorsconstaté qu’elle était tout aussi inventive, singu-lière et remarquable que la première. Je m’inté-resse principalement aux questions militaires etdoctrinales.

 : En fait, contrairement à la plupart des revues,nous avons très peu d’abonnés. Nous remportonsla mise en kiosque. C’est anormal et inexplicable.C’est une situation qui existait avant que j’arriveet qui n’a jamais vraiment changée. Je dois doncfaire preuve de suffisamment de créativité àchaque numéro pour être certain que les ventesen kiosque seront suffisantes pour être rentables.C’est motivant et en même temps, stressant.Nous faisons 30 % de ventes actuellement, ce quiest un très bon résultat. Nous avons tout demême perdu 1/3 de lecteurs depuis 6 ansPour les chiffres précis, demandez-les à la concur-rence !! ☺

5 Histomag - Numéro 86

interviewcomme secrétaire de rédaction. J’ai ensuite en-voyé des lettres et CV à toutes les revues traitantd’histoire militaire ou de l’actualité des armées(elles étaient peu nombreuses à l’époque). Entrois mois, c’était plié  ! En fait, le rédacteur en

chef de venait de quitterprécipitamment la rédaction pour aller lancer feu

, et Astrolabe avait passé une petiteannonce de recrutement dans la revue. Quand jesuis arrivé, l’ex-rédacteur en chef n’était mêmeplus là pour me passer le relais. La revue auraitcertainement stoppé s’ils ne m’avaient embau-

ché. A savoir qu’à l’époque,était une des rares revues que je ne lisais pas, carje la trouvais trop généraliste et n’y apprenaisrien ! Avec trois mois d’expérience dans le domai-ne, sans relais, sans encadrement ou presque, jeme retrouvais propulsé à la tête d’une revue queje connaissais mal. J’avais en fait les coudéesfranches et j’en ai profité pour remodeler la revue.La première couverture a été un flop, mais dès laseconde, j’ai transformé l’essai. On sait ce qu’il enest aujourd’hui.

 : En ce qui me concerne, je choisis générale-ment de mettre en une le dossier, comme beau-coup de mes confrères. Il me faut donc choisir unsujet de dossier qui captive le lecteur.Je fonctionne de façon binaire  : une partie desarticles est piochée dans les sujets que me propo-sent les auteurs ; je choisis ceux qui me semblentles plus intéressants et/ou ceux pour lesquels jepeux trouver des illustrations. En effet, contraire-ment à une web revue, les revues papier sontfriandes d’images de qualité pour illustrer leursarticles, ce qui est une contrainte importante. Jesuis parfois obligé de refuser un article intéressantpour la simple et bonne raison qu’il est impossibleà illustrer convenablement. Parfois, comme jeveux vraiment éditer l’article, je triche : je trouvedes illustrations «  allogènes », qui n’ont pas derapport direct avec le texte, mais qui une fois bienlégendées, passent. Personne n’a eu à se plain-dre, puisqu’en général, je mentionne le fait. Si-non, je propose également beaucoup de sujetsaux auteurs, je leur propose aussi la problémati-que. A eux ensuite de concevoir un article quirépondra d’une façon ou d’une autre à la question.

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 : Il y a une vraie saturation. Mais le lecteur deSeconde Guerre mondiale ne se contente souventpas d’une seule revue et en prend plusieurschaque mois. C’est pourquoi notre niche est toutde même lucrative. Ensuite, il y a beaucoup demaisons d’édition qui tentent un coup de poker :en mettant sur le marché un titre de plus, mêmepauvre, elles espèrent grappiller des lecteurs àdroite et à gauche, puis, peut-être, faire chutersuffisamment de concurrents pour prendre des« parts de marchés ». Mais en général, cela ne faitque déstabiliser la concurrence sans pour autantpermettre de faire du profit. Par expérience, sa-chez qu’il n’y a pas de vase communiquant  :lorsqu’une revue s’arrête, les concurrents ne res-sentent pas la différence sur le nombre de lecteurs.

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interview

 : Il y a de plus en plus de revues, et ça ne vapas aller en s’arrangeant  ! Il y a de tout  : de lagrande qualité mais avec peu de lecteurs, de laqualité avec beaucoup de lecteurs, des revues demauvaise qualité avec « trop » de lecteurs… Oncroule sous les titres et des nouveaux concurrentsarrivent chaque trimestre, dans toutes les pério-des de l’histoire militaire. Ce n’est à mon avis pasune bonne chose. Un peu de concurrence tire toutle monde vers le haut. Trop, affole et fait prendreaux rédactions des décisions à court terme quisont parfois fatales, pour le titre ou le lecteur.Aujourd’hui, beaucoup ne jurent plus que parl’Attila de la presse spécialisée en histoire militai-re : . Une très bonne revue audemeurant, qui a de nombreuses qualités et dontbeaucoup se sont inspirés (mais on s’inspire tousles uns des autres, n’y échap-pant pas, croyez-moi). Mais comparer ce titre à

d’autres comme ou encore

, c’est comme comparer une superproductionHollywoodienne avec un film d’auteur français. Etje pense que chacun de ces titres à sa place dansles kiosques.Entre la multiplication des titres et la crise, réelle,du monde de la presse papier, les perspectivessont difficiles pour notre niche. Beaucoup de titrespériclitent également (comme ) et ilest de plus en plus difficile de sortir son épingledu jeu.

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  : Je trouve le principe et la réalisation trèsintéressante. Vous avez de bons auteurs qui inter-viennent dans vos pages et on sent une passionà fleur de peau. C’est aussi une bonne expérienced’ « amateur » (au sens de non professionnel, pasde jugement de valeur ici) qui prouve qu’avec denombreuses bonnes volontés, on peut faire quel-que chose de tout à fait pertinent.Pour ce qui est de mon jugement sur le fond et leforme, je n’irai pas plus loin : ce serait se tirer uneballe dans le pied ☺Et la réponse à la dernière question se trouve dansla précédente.

  : Comment faites-vous une revue d’aussibonne qualité avec aussi peu de moyens ? ☺

Plus sérieusement : si une revue comme est payante, c’est aussi par ce qu’elle

dispose d’un budget (et vice-versa). Or, notrebudget se réduit comme peau de chagrin face àl’augmentation des charges et nous devons trou-ver toujours de nouveaux moyens d’économiser.La pression de l’argent n’est pas toujours facile àgérer mais il faut faire avec. D’autre part, commeje le fais remarquer souvent, contrairement à mesconfrères (dont Histomag), il faut regarder l’ours :je suis tout seul ! (avec le maquettiste), là où il ya des secrétaires de rédaction, des rédacteurs enchef adjoints et pléthore de consultants, rédac-teurs à plein temps etc…

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interview

 : Vous voulez savoir si Histomag a fait du tort

à ? ☺ Il est difficile à monniveau de saisir l’ampleur du phénomène. Mais jepense (ce n’est que mon opinion), que ce qui faitdu tort aux magazines papier aujourd’hui, c’estplus la multiplication des titres que la gratuité detelle ou telle revue. En effet, depuis que je suis à

la tête de , j’ai vu au moinsune quinzaine de titre apparaitre et disparaitre.Or, même si vous êtes le meilleur magazine devotre catégorie, mathématiquement, une petiteportion de vos lecteurs va vous faire des infidéli-tés pour X raisons et, à chaque nouveau titre, vousallez perdre 500 lecteurs irréguliers. C’est monanalyse.

 : Probable. Encore que, en la matière, le publicfrançais est reconnu pour être plus « traditionnel »que celui des pays anglo-saxon et préférer encorele papier. Nous y travaillons actuellement pour2GM, à la suite d’une partie de nos collègues.Nous verrons bien si cela change quelque chosesur le long terme.

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e 1935 à l'invasion allemande, la monarchie constitutionnelle grecque du roiGeorges II est en fait dirigée par le général Metaxas, président-dictateur du pays.Comme toutes les forces armées des petites puissances, l'armée grecque souffred'un manque d'armement moderne et de motorisation, mais elle bénéficie d'une

frontière montagneuse face à l'Albanie et aussi de rudes soldats que les Italiensapprennent à connaitre dès le 28 octobre 1940.Malgré leur nette infériorité numérique, les Grecs parviennent à contenir l'attaqueitalienne puis à la repousser jusqu'en Albanie où avec l'aide britannique en hommes etmatériel les Italiens sont tenus en échec jusqu'au 6 avril 1941.A cette date, les Allemands lancent une offensive brusquée à travers la Yougoslavie. Aprèsune très dure résistance, l'armée grecque de Macédoine est contrainte à la capitulation etles Alliés à la retraite.Le 20 avril, l'armée de l'Epire succombe à son tour.Deux jours plus tard, les Alliés évacuent la Grèce.

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Les forces armées grecquesprésentation uniformologique

D

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Chaque corps d'armée se compose de 2à 4 divisions d'infanterie ou de montagne.

8 pièces de 105 mm12 pièces de 155 mm

L'artillerie ne comprend que 4 canonsde 85 mm, 4 de 105 mm et 4 canonsde places de 6 inches.Chaque corps d'armée se composede 2 à 4 divisions d'infanterie ou demontagne.

Les 1er, 2e, 3e et 4e corps ont chacunun régiment d'artillerie lourde de 7batteries :8 pièces de 85 mm8 pièces de 105 mmChaque corps d'armée compte aussiune DCA équipée de pièces de 20 mm,37 mm et 88 mm.

La division d'infanterie comprend 3régiments d'infanterie, 1 régiment

d'artillerie et les autres unitésdivisionnaires classiques.

L'armée grecque accorde la priorité àses divisions de montagne carfaiblement équipée en matériel

moderne elle préfère tirer un partimaximal de ses défenses naturelles.La division de montagne est organiséesur les mêmes bases que la DI, mais

avec moins d'artillerie et comptecomme elle 12 000 hommes.Chacun des 56 régimentsd'infanterie compte 1 état-major, 1 section d'éclaireurs,1 section de commandement,1 compagnie hors rang et2 bataillons avec un état major,3 compagnies de fusiliers, et

1 compagnie de mitrailleuses.Le régiment a pour effectifenviron 58 officiers et 1 100hommes armés principalementdu fusil Mannlicher-Schönauer M1903/14.

L'armement collectif se compose de:- 36 fusils mitrailleurs Hotchkiss- 8 mitrailleuses Saint Etienne

modèle 1907- 4 mortiers de 81 mm

- 2 canons de 65 mm de montagne

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L’ARMEE GRECQUEOrganisationLe commandant en chef des forces arméesgrecques est le général Papagos.Le territoire est divisé en 5 corps d'arméerelevant de l'autorité de l'état-majorgénéral.En 1940, juste avant l'attaque italienne, laGrèce procède à la mobilisation.Son corps de bataille s'organise en 2groupes d'armées, 6 quartiers généraux,6 divisions d'infanterie de ligne, 9divisions de montagne et 1 division decavalerie ce qui fait un total de 430 000hommes à l'ouverture des hostilités.A la fin de l'hiver, les pertes s'élèvent àenviron 60 000 tués, blessés ou disparus.En mars 1941, peu avant

l'intervention allemande, lesarmées grecques réorganisées disposent de 4

commandements d'armée, 3quartiers généraux ainsi

que les unités suivantes:- 5 divisionsd'infanterie- 14 divisions demontagne- 1 brigade d'infanterie- 1 division motorisée- 1 division de cavalerieMalgré les pertes del'hiver, l'effectif total

est passé à 540 000hommes, en comptant

50 000 recrues n'ayantqu'un mois deformation.L'invasion allemande

coûte à l'armée grecque15 700 tués ou blessésau combat et environ 220000 prisonniers bientôtrelâchés.

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6 bataillons d'infanterie avec pour tout transportsla voiture particulière du général et 5 camions.Quant à la division :" motorisée", formée autourde 2 000 garagistes récemment recrutés, elle nese compose que de 24 tankettes italiennes ethollandaises, quelques camions italiens, une

poignée de chenillettes anglaisesBren carrier, quelques voitures

légères et à peine plus de deuxmotos.

Il existe 2 régiments decavalerie montée à 4

escadrons de sabreschacun et 1 escadrond'engins à 12mitrailleuses et 4

mortiers de 81 mm.Un troisième régiment en

voie de motorisation, comporte 4escadrons d'automitrailleuses, 1 escadron demortiers de 81 mm, 1 escadron monté à 3

pelotons de 2 mitrailleuses et 1 pelotonde sabres.

Ces 3 régiments, accompagnésd'une batterie d'artillerie de

montagne, d'unecompagnie de génie etd'une de transmission,

forment une brigadeautonome qui jouera unrôle important dans

l'échec de l'invasionitalienne.

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L'armée grecque compte une infanterie d'élite,les Evzones.Formés initialement en troupes légères pendant

la guerre d'indépendance au début du XIXe siècle,ces montagnards sont incorporés à l'arméerégulière en 1833.En 1940, ils servent dans les régiments légers etdans la Garde royale.L'artillerie des divisions de montagneconsiste en 4 batteries contenant 4 piècesde 75 mm, et 2 batteries à 4 pièces de105 mm.

Plus puissante, l'artillerie desdivisions d'infanterie grecquesest à 9 batteries de 4 canons de75 mm de campagne.En plus de l'artillerie de corps, il existeaussi 12 batteries lourdes d'armée.Outre les régiments d'infanterie de ligne et demontagne, existent quelques bataillons etcompagnies de gardes frontières ainsi que desunités de mitrailleurs mobiles ou de position.Lorsque les Britanniques débarquent enGrèce en mars 1941, ils ont la mauvaisesurprise de constater que certainesdivisions grecques n'existent que surle papier, qu'une division ne compteque

Casque M.34

Casque Mk II

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L'aviation de l'armée de terre est organisée en 3régiments aériens à 2 escadrilleschacun, basés sur des aérodromes àl'équipement primitif à Athènes,Candia, Drama, Joannina, Larissa,Salonique, Tanagra et Thèbes.Elle a pour rôle principal desoutenir les forces terrestres.Mais, à partir de janvier 1941,les pertes et le manque depièces de rechange sont telsque le commandement grecdoit faire appel à la RAF pourcette tâche à laquelle s'ajoutela nécessité de bombarder leslignes de communication del'armée italienne.

UniformesLa tenue gris-bleu des officiersde l'aviation grecque est danstous ses aspects copiée surcelle de la Royal Air Force.Elle comprend un bonnet depolice, une vareuse type RAFet spécificité grecque, uneculotte et des bottesportées plus fréquemmentque le pantalon long.Les hommes de troupeportent une versiongris bleu del'uniforme kaki avecbonnet de police,Vareuse, pantalon-culotte, bandes molletières etbrodequins.La tenue de vol se compose d'un serre-tête encuir, de lunettes et d'un veston de cuir fourréporté par dessus la tenue de service gris bleu ouune combinaison.Insignes :Les officiers portent leurs marques de grade aubas des manches complétées pour les officierssupérieurs et les généraux respectivement par unet deux rangs de feuilles de chêne brodées en orsur la visière de la casquette.Les pilotes portent les ailes à gauche sur lapoitrine, au dessus des barrettes de décorations.

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Cette grande unité mise à part, il existe destroupes montées employées comme groupes dereconnaissance des corps d'armée et divisionsd'infanterie.Elles comprennent 2 escadrons de sabres, 1escadr on ou 1 peloton de mitrailleuses, et

pour les groupes de corpsd'armée seulement, 1 peloton demortiers.Après la fin de la résistance

acharnée de l'arméerégulière grecque, les

forces de l'Axe auront àfaire face à un nouvelet redoutableennemi :Les partisans grecs.

AVIATIONEn l'absence d'unearmée de l'air àpart entière, leministère de l'Airgrec dispose dedeux aviations,

l'une pour l'armée deterre, l'autre pour la marine.La première est une petiteforce de 250 officiers et 3 000hommes dont les navigants

so nt pour la plupart entraînés enGrande-Bretagne.Bien que surclasséenumériquement par les

Itali ens, puis à fortiori par lesAllemands, l'aviation grecque leur

opposera une résistance tenace.En 1940, l'ensemble des forces aériennesgrecques peut aligner :- 44 chasseurs (principalement PZL 24 polonais,des Gloster Gladiator et quelques Hurricane)- 46 bombardiers et appareils de reconnaissance- 16 avions de servitude- 22 hydravions (Fairey III britanniques et DornierDo 22 allemands)Au moment de l'intervention allemande en avril1941, il ne reste plus que 41 avions de combatopérationnels.

Lieutenant d'artillerie

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Sergents et hommes de troupe ont des chevronsde grade du modèle de l'armée sur le haut desbras.

MARINELe commandement effectif de la marineest assuré par le chef de l'amirauté, l'amiralA. Sakellariou.Il a sous ses ordres 6 300 officiers et marinsde carrière, 11 000 réservistes ainsi que lesunités suivantes :1 vieux croiseur-cuirassé construit en 1905-19062 vieux croiseurs légers4 vieux contre-torpilleurs4 contre-torpilleurs de la classe Hidra13 vieux torpilleurs2 vedettes lance-torpilles6 sous-marinsLa marine grecque enregistre sa premièreperte le 15 août 1940, avant l'ouverturedes hostilités, avec le croiseur mouilleur de

mines Elli présumé coulé par un sous-marin italien.Au début de la guerre, deux mois plus tard, lapremière tâche de la marine consiste à assurer latraversée sans encombre des nombreuxréservistes insulaires rappelés sous les drapeaux.A la même époque, la marine grecque patrouillele long des côtes d'Albanie, fournissant l'appui deson artillerie aux troupes terrestres.L'intervention allemande dans la guerre se traduitpar des attaques aériennes détruisant plusieursnavires de guerre grecs.Le 21 avril 1941, le gouvernement décided'évacuer la partie continentale du territoire.Après le départ du dernier transport des troupesalliées, le port de Salamine saute entraînant danssa destruction 29 navires de guerre et auxiliairesune très large proportion de la marine grecqued'avant guerre.

UniformesComme celui des autres forces armées grecques,l'uniforme de la marine est très proche du modèlede la Royal Navy.Les officiers portent une casquette plate avec ousans coiffe, le veston croisé bleu marine avecmarques de grade au bas des manches et lepantalon long assorti.Dans les mois d'été ou dans les eaux tropicales,les officiers ont une tunique blanche à collet droit,un pantalon blanc et des chaussures de toileassorties.Les officiers mariniers portent le même uniformeque les officiers mais avec un insigne decasquette plus simple.

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Chef d’escadrille

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La réponse de Metaxás marque ainsi le début dela participation de la Grèce dans la SecondeGuerre mondiale.À l’issue de la guerre, le 28 octobre devint un jourférié en Grèce. Cet évènement est commémoréchaque année par des défilés militaires etestudiantins. La plupart des bâtiments publics etdes habitations sont décorés du drapeau grec.

En réponse au refus de Metaxás, les troupesitaliennes stationnées en Albanie, alorsprotectorat italien, attaquèrent à la frontièregrecque à cinq heures et demi du matin,déclenchant la guerre italo-grecque.Elle marque le début de la Campagne des Balkanslors de la Seconde Guerre mondiale. À partir del'intervention allemande en 1941, on parle debataille de Grèce.

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L'uniforme standard des matelots existe aussi entoile blanche pour les eaux tropicales.Les guêtres sont du modèle en toile (webbing) de

la Royal Navy mais le ceinturon etles cartouchières sont ceux del'armée de terre grecque.

InsignesOfficiers, maitres principaux etpremiers maitre ont leurs galonsau bas des manches du veston etsur les pattes d'épaule de lacapote ainsi que sur la tuniqueblanche.Maitres et matelots portent leurschevrons sur le haut desmanches.Le Jour du Non estune des deux fêtes

nationales grecques.Célébrée le 28 octobrede chaque année, elle

marque le rejet del'ultimatum italien du 28octobre 1940 par ledictateur grec IoánnisMetaxás.

Cet ultimatum fut présentépar Emanuele Grazzi,ambassadeur italien

en Grèce, le 28 octobre1940, à quatre heures du matin, aprèsune fête à l'ambassade d'Allemagne àAthènes. Cet ultimatum imposait à laGrèce de permettre à l'armée italiennede pénétrer sur le territoire grec etd'occuper certaines places stratégiques,ou bien la guerre serait déclarée. Laréponse de Metaxás aurait simplementété « Όχι! ! » (« Non ! »). Cependant,d'après certains universitaires cetteréponse tiendrait davantage de lalégende et la réponse formulée auraitpu réellement être : « Alors c’est laguerre ».

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Petite contribution de macollection personnelle

BibliographieLes Forces Armées de la Seconde GuerreMondiale, Andrew MolloSeconde Guerre Mondiale : tenues de combat,objets, opérations Didier Truffaut / Marc deFromont

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Ce conflit marque l'entrée en guerre du Royaumede Grèce, qui vit sous le gouvernement autoritairede Ioánnis Metaxás depuis août 1936, contrel’Italie fasciste de Benito Mussolini. Songouvernement profasciste rejette l’ultimatum du28 octobre 1940 par lequel l’Italie demande lelibre passage pour ses troupes. Dès lors, la Grècese range aux côtés du Royaume-Uni au momentoù Hitler occupe la plus grande partie de l’Europe.Pour le peuple grec, la résistance contrel’agression de l’Italie fasciste prit un caractère à lafois national et antifasciste, permettant à l’arméegrecque de faire face à l’agression et de lancerune contre-offensive. À la fin de 1940, les arméesgrecques se trouvaient à soixante kilomètres au-delà de la frontière gréco-albanaise.Pendant six mois, seize divisions grecquesinsuffisamment armées immobilisèrent enAlbanie vingt-sept divisions italiennes disposantd’un équipement bien supérieur au leur, jusqu’aumoment de l’attaque des armées allemandes, le6 avril 1941.Le roi et son gouvernement quittent le pays alorsque le commandement de l’armée, composéd’officiers fascistes, capitule le 24 avril 1941. Uncertain nombre d’officiers et de soldats patriotes,ainsi que la flotte de guerre, ont réussi à quitterl'Hellade. Ils continuent la lutte et participent auxopérations alliées en Afrique (seconde bataille d'ElAlamein, campagne d'Italie...).Les succès militaires grecs en Albanie ontconstitué la première victoire des Alliés contrel'Axe, encouragé d’autres peuples hésitants,détruit le prestige de Mussolini et influencél’attitude américaine. La résistance en Crète aimmobilisé les forces d’élite allemandes et larésistance des peuples albanais, yougoslave etgrec a contraint Hitler à ajourner l’attaque contrel'Union soviétique, délai qui s’est révélé vital pourcelle-ci.En 1944, le pays est libéré mais plonge dans laguerre civile grecque qui se termine en 1949 parla victoire de l’armée gouvernementale aidée parle Royaume-Uni et les États-Unis sur les partisanscommunistes.

Casquette de l’armée grecque

Cartouchière de l’armée grecque

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a décision prise par Mussolini, le 15 octobre 1940, d'attaquer la Grèce à partir desfrontières d'Albanie annexée en avril 1939, apparaît tout d'abord comme une simplepéripétie du grand conflit qui ensanglante l'Europe. En fait, par ses conséquenceslointaines, elle se révélera plus tard d'une importance capitale.Hitler avait désapprouvé toutes les initiatives italiennes dans les Balkans où il

désirait maintenir la paix à la veille de sa grande offensive contre l'URSS. Le Duce, aucontraire, voulait une conquête spectaculaire qui permettrait à l'Italie fasciste de traiterd'égal à égal avec son puissant allié ; un succès dans les Balkans consoliderait égalementla position de Rome en Méditerranée et en Roumanie, aux riches champs pétrolifères, oùl'Allemagne était de plus en plus influente.Mais la campagne contre la Grèce se solde par un cuisant échec. La bataille mal engagéele 28 octobre, sur un terrain difficile et dans des conditions atmosphériques épouvantables,tourne vite au désastre.

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La bataille du Pinde

L

Les montagnes du Pinde

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Au nord, en Macédoine occidentale, le corps d'ar-mée du général Pitsicas couvrait la frontière, dulac Prespa au mont Gamnos, avec une division etune brigade d'infanterie renforcée d'artillerie. Ausud, pour protéger l'Epire, que les Italiens avaienttendance à considérercomme une «  terre albanaise  » une division etune brigade renforcées d’éléments de reconnais-sance et de plusieurs batteries d'artillerie se te-naient à l'est du fleuve Kalamas. Au centre, enfin,se trouvait le secteur attribué au colonel Davakis,commandant du détachement du Pinde, qui fai-sait face à la division alpine « Julia ». Pour évitertout incident provoqué par les Italiens, les forcesgrecques s'étaient installées à une trentaine dekilomètres de la frontière.L'état-major ne se faisait guère d'illusions sur ladisproportion des forces en présence : les Italiensalignaient près de deux cent blindés, alors que lesGrecs ne disposaient que de trente mille hommeset d'une centaine d'avions.Installé depuis le 23 août à Eptachori, le colonelDavakis est inquiet ; il a trouvé le détachement duPinde dans un état lamentable, l'armement estinsuffisant, les munitions manquent, les couvertu-res et les équipements d'hiver sont en nombreridicule. Les effectifs disponibles sont dérisoires :à peine six compagnies face à une division entiè-re  ; de plus, l'instruction de la troupe laisse àdésirer et beaucoup de cadres sont des réservistesqui n'ont jamais connu le feu. Le général Alexan-dre Papagos, chef d'état-major de l'armée, con-naît cette situation, mais les moyens dont ildispose sont limités et il doit se contenter d'en-voyer à Davakis un bataillon d'Evzones supplé-mentaire, dont nul ne peut dire alors s'il arriveraà temps.

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La pluie incessante avait transformé en bourbierles rues étroites du village d'Eptachori, dominé parles deux masses imposantes du mont Gamnos etdu mont Smolika, les deux sommets les plusélevés de la chaîne du Pinde. C'est dans cettepetite localité que le colonel Davakis avait établiun poste de commandement d'allure rudimentai-re. Au mur, une carte de la région de Konitsarévélait la répartition des forces qui se faisaientface de part et d'autre de la frontière gréco-alba-naise. A l'est, deux bataillons, une batterie demontagne et une unité de soutien devaient dé-fendre le territoire hellénique contre une éven-tuelle agression italienne. A l'ouest, une divisiond'élite, la « Julia » composée exclusivement d'Al-pini, répartis en cinq bataillons, semblait attendredepuis la mi-octobre 1940, l'ordre de prendrel'offensive contre la Grèce.

Au cours de l'été, la tension n'avait cessé degrandir entre les deux pays ; jaloux des succès deHitler, Mussolini désirait rehausser, par une con-quête spectaculaire, le prestige de l'Italie fascistequ'avaient éclipsé les victoires fulgurantes rem-portées au cours de l'année précédente l'arméedu Reich. Le Duce avait, de plus, un vieux compteà régler avec la Grèce, menacée en 1923 à lasuite de l'assassinat sur son territoire d'un diplo-mate italien. Le roi Georges I et son premierministre, le général Metaxas, étant par ailleurs,réputés anglophiles, toutes les conditions sem-blaient réunies pour justifier une offensive que lesstratèges fascistes présentaient à leur chef com-me une simple promenade militaire. Une telleentreprise paraissait effectivement à la mesure del'Italie, installée depuis 1939 en Albanie et dési-reuse de reconstituer à son profit, au moins enpartie, l'Empire de Rome. Le projet ne rencontraitpas la faveur de Hitler, désireux de maintenir lapaix dans les Balkans à la veille de l'offensivecontre l'URSS, prévue pour le printemps 1941.Mais le Duce, convaincu de l'issue rapide del'aventure, n'en avait cure et se portait garant dusuccès auprès de ses interlocuteurs allemands.

Une simple «  promenade militai-re »Dès l'été 1940, plusieurs agressions italiennesfurent perpétrées contre la Grèce, mais le torpilla-ge du croiseur en rade de Tinos et lesrodomontades de Mussolini ne firent pas perdreleur sang-froid aux dirigeants d'Athènes. Au moisd'août, cependant, un dispositif défensif était misen place le long de la frontière gréco-albanaise.

Un petit mot d'un soldat grec pour sesproches en attendant le prochain enga-gement

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La mission des Alpini est de couper endeux les forces ennemies et de réaliser en Epirela brèche décisive. Un seul obstacle semble pou-voir retarder la victoire : le temps. La pluie tombesans discontinuer et la progression sera difficiledans ces montagnes recouvertes par un ciel deplomb  ; dans les derniers jours d’octobre, les

premières chutes de neige semblent même an-noncer que l’hiver sera particulièrement rude.C’est à ce moment, le 27 octobre, que les plansdu général Visconti Prasca commencent à êtreappliqués sur le terrain. L’Italie s’apprête à adres-ser un ultimatum à la Grèce et les forces d’inva-sion viennent s’installer sur leurs positions dedépart. Au centre du dispositif, la «  Julia  » estdivisée en deux groupes  : le premier comprendtrois colonnes correspondant chacune à un ba-taillon, il s’agit du nord au sud, des bataillonsTolmezzo, Gemona et Cividale, chargés de gagnerFourka et la chaîne du Pinde entre le mont Gam-nos et le mont Smolika, puis d’obliquer vers lesud-est en direction des passes de Mezzovo. A ladroite du premier groupe, c’est-à-dire plus au sud,les bataillons Aquila et Vicenza doivent traverserla vallée de l’Aoos, qui descend du mont Smolika,et percer en direction de Janina. Ces diverses

unités, regroupées dans les 8e et 9e régimentsalpins des généraux Dapino et Tavoni, sont renfor-

cées des batteries du 3e régiment d’artillerie demontagne du général Gaï. Les cinq bataillonsdoivent se rejoindre à Mezzovo.

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Le Plan « Emergenza G. »Du côté italien, la guerre est décidée depuis le 15octobre et le commandement en chef des forcesd'Albanie, le général Visconti Prasca, a mis aupoint le plan «  Emergenza G.  »,qui doit aboutir rapidement à l'ef-fondrement militaire de la Grèce.A partir de la frontière greco-alba-naise, il décide d'orienter l'offen-sive dans un premier temps endirection du sud-est, en suivantun axe Kalpaki-Janina-Arta. Cettedirection sera prise par la majeurepartie des forces, les divisionsFerrara, Centauro et Siena. La divi-sion alpine Julia sera, elle, char-gée de prendre le contrôle de lapasse de Mezzovo, au sud dumont Smolika, le plus haut som-met du Pinde, qui culmine à 2 637mètres. Le long de la côte, au suddu dispositif central, le groupe-ment du général Rivolta, franchis-sant le Kalamas, doit atteindreArta, puis Prévéza, et ouvrir ainsila route de Corinthe et d'Athènes.Au nord, en Macédoine, les forces italiennes res-teront sur la défensive et pilonneront de leurs

canons les positions de la IXe division grecque  ;quand les forces du sud auront conquis l'Epire, lesdivisions Parma, Arezzo et Venezia, qui consti-

tuent le 26e corps d'armée installé sur ce frontnord, devront lancer l'offensive à leur tour endirection de Salonique.La machine de guerre italienne apparaît redouta-ble et ses cinquante-neuf régiments d'infanterie,ses cent trente-cinq batteries d'artillerie, ses deuxcents chars de combat, ses dix-huit escadrons decavalerie, ses centaines d'avions ont de quoiinquiéter les Grecs, trois fois moins nombreux etprivés de chars.

Neuf mille soldats d'élite dans labatailleLa mission principale est attribuée, dans le planitalien, à la division « Julia » du général Girotti. Unpeu plus de neuf mille hommes d'élite, dotés d'unexcellent moral, constituent cette magnifique uni-té. Au moment où l'offensive se déclenchera, ilsprogresseront en cinq colonnes en direction deMezzoto, en contournant par le nord et le sud lemont Smolika, afin d'atteindre les passes qui leurouvriront le chemin de la Grèce.

Soldats de la Division Julia

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Le pari semble impossible à tenir, mais le mauvaistemps peut gêner les Italiens en leur interdisantde tirer profit de leur supériorité aérienne. Lessommets du Pinde culminent à 2 600 mètres etl’accès en est difficile ; en s’y accrochant, on peutraisonnablement espérer retarder l’agresseur,mais il faut souhaiter que le bataillon d’Evzonesenvoyé en renfort par le général Papagos arriveraà temps pour être engagé ; une seule chose estcertaine  : si les Alpins franchissent la montagnedans les jours suivant le déclenchement de leuroffensive, c’en est fait de la Grèce ; c’est donc lesort du pays tout entier qui repose sur les épaulesdes hommes du détachement Davakis.

La guerre est devenue inévitableLe 28 octobre, à trois heures du matin, le généralMetaxas, chef du gouvernement, rejette l’ultima-tum que lui présente l’ambassadeur italien Grazzi.La guerre est devenue inévitable et, depuis l’état-major du général Papagos, les ordres fusent àtravers toute la Grèce dès l’heure suivante. Par-tout les unités se rassemblent et se mettent enmarche pour tenter d’interdire l’accès du territoirehellénique à la redoutable machine de guerre queMussolini lance contre lui.

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Au nord, les divisions Parma, Venezia et Piemontecouvrent le flanc gauche de la « Julia » ; au sud, la«  Ferrara  », la «  Siena  » et la «  Centauro  »déclenchent l’attaque en même temps que lesbataillons Aquila et Vicenza, et les chars L3 de ladivision « Centauro » doivent faciliter la percée surla direction Kalpaki-Janina.Le 26 octobre, les ordres du jour des grandesunités italiennes rappelent les soldats «

 ». Lemême jour, un certain nombre de provocationsfournissent au Duce les prétextes nécessairespour adresser un ultimatum à la Grèce.

Les Alpini sont en placeDans la nuit du 27 au 28 octobre, les Alpini sonten place ; les hommes des bataillons Vicenza etAquila s’apprêtent à franchir le Sarantoporos, unerivière torrentueuse, affluent de l’Aoos, considéra-blement grossie par les pluies récentes. De sonP.C. de Koritsa, situé au nord, dans le secteur du

26e corps d’armée, Visconti Frasca dicte ses der-nières instructions. Le temps ne favorise certespas ses projets, mais ses hommes ont un moralde fer et la disproportion des forces est telle quela victoire n’est qu’une question de jours. Dansmoins de six semaines les aigles romains aurontsoumis Athènes et Salonique et ajouté de nou-veaux territoires à l’empire mussolinien.

Plus au sud, dans le secteur u 25e corps d’armée,installé entre le Pinde et le littoral adriatique, leP.C. d’Argyrocastro suit également les dernierspréparatifs des divisions, dont les noms évoquentles villes de Toscane, de Lombardie ou desPouilles  ; Sienne, Ferrare ou Bari sont pourtantbien loin des milliers de soldats qui pataugentdans la boue et grelottent de froid en attendantl’ordre de marcher à l’ennemi.Les Grecs ont remarqué les mouvements desforces italiennes et, dans son P.C. d’Eptachori, lecolonel Davakis attend le déclenchement deshostilités. Il songe avec anxiété à la faiblesse desforces dont il dispose, à peine trois bataillons pourtenir les crêtes du Gramnos et du Smolika et pourinterdire le franchissement du Pinde aux Alpins dugénéral Girotti.

Le General Ubaldo Soddu, com-mandant en chef des armées ita-liennes en Albanie

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pas à galvaniser ses troupes dont il a constaté etdéploré l’état lamentable, il annonce également,en anticipant largement sur les événements àvenir, que l’Angleterre se tient aux côtés de laGrèce pour arrêter l’ennemi. Dans son modesteP.C., il reçoit des appels téléphoniques provenantdes différents secteurs du front qui lui rendentcompte de l’avance italienne  : plusieurs postesfrontières sont pris, d’autres sont évacués, quel-ques positions résistent, ce qui permet de gagnerdu temps.

L’aviation italienne entre en action à partir de septheures, mais la brume qui recouvre les sommetsdu Pinde et du Gramnos favorise les Grecs. Adroite du dispositif mis en place par Davakis, leshommes du bataillon Tolmezzo progressent endeux colonnes en direction du village de Gram-nos, tandis que ceux du bataillon Gemona sedirigent vers Kiafa, une hauteur dominant Epta-

chori. Bien que le mauvaistemps ralentisse considé-rablement l’avance enne-mie, il faut cependantréagir assez vite et dispo-ser au mieux les maigresforces grecques destinéesà barrer la route de l’Epire.Les hommes de Davakisbénéficient d’un atout nonnégligeable  : ils tiennentles hauts où l’artilleriepeut être installée et at-tendent donc de pied fer-me le premier choc. Ils

sont à un contre deux, mais le moral italien risqued’être sérieusement ébranlé car cette guerrecommence dans des conditions atmosphériquesépouvantables.Plus au sud, un bataillon grec s’accroche au terrainautour de Konitsa et retarde sérieusement l’avan-ce de l’adversaire. Un peu partout les ponts sau-tent sur l’Aoos et le Sarantaporos, avant que lesAlpini aient pu franchir ces rivières.Au cours du 28 octobre, les quelques détache-ments situés en avant de la ligne principale derésistance multiplient les escarmouches contre lesavant-gardes italiennes, et détruisent les pontssans qu’aucun engagement majeur ne se déclen-che. L’avance des troupes fascistes se poursuitlentement : le bataillon Cividale est sur les pentesdu Pinde, le bataillon Aquila contrôle le sud de lavallée du Sarantaporos, le bataillon Gemona, lui,prend en fin de soirée li village d’Aetomilitsa,alors que le bataillon Tolmezzo a atteint le villagede Gramnos. Les faibles forces grecques qui dé-fendent ces deux positions doivent se replier pouréviter l’encerclement et la destruction.

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Le rapport des forces impose généralement uneattitude strictement défensive ; sur le front d’Epiretoutefois, le général Katsimitros conserve l’initiati-ve d’une éventuelle contre-offensive à laquelleses subordonnés ont bien du mal à croire.Face à cinq divisions italiennes, il ne dispose ausud, que d’une division, renforcée d’une brigade,alors qu’à la droite de son dispositif, le détache-ment du Pinde, confié au colonel Davakis, est seulpour barrer la route aux cinq bataillons de ladivision alpine « Julia ». Les forces fascistes vontposséder par ailleurs la maîtrise totale du ciel etvont disposer, au sud du front, des chars L3 de ladivision Centauro chargés d’ouvrir la brèche endirection de Janina.Avant même l’expiration de l’ultimatum, fixée à6h00, le 28 octobre, à 5h30, le commandant enchef italien déclenche les premiers tirs d’artillerie.Au centre du dispositif, lesAlpini de la Julia se mettenten marche. Le ciel, com-plètement bouché, ne per-met pas l’intervention del’aviation. La pluie continueà tomber, transformant lespistes en bourbier  ; leshommes sont trempés jus-qu’aux os. La progressionest lente et quelques auxi-liaires albanais serventd’éclaireurs aux troupesitaliennes car, au-delà de larivière Sarantoporos et surtout de l’Aoos, l’accès àla montagne s’annonce difficile. Le petit poste dePonte Perati ayant été évacué par les Grecs, lesAlpini poursuivent leur marche vers Konitsa sansrencontrer de résistance. Les bataillons Cividale etAquila pataugent dans la boue épaisse où leshommes enfoncent jusqu’aux mollets et les sol-dats du bataillon Gemona ont bien du mal àreconnaître les sentiers de montagne que la pluiea transformés en torrents.

La résistance grecqueA Eptachori, au QG de détachement du Pinde, lecolonel Davakis ne chôme pas  ; dès qu’il estprévenu par le général Pitsicas de l’imminence del’agression italienne, il adresse à ses hommes unordre du jour leur demandant de repousser l’en-vahisseur. Conscient que des phrases ne suffiront

Soldats italiens montant en ligne

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Le sort de la Grèce va se jouer surle PindeSur le Pinde, l’ennemi développe son effort prin-cipal et son objectif apparaît désormais claire-ment : percer à Mezzovo afin de couper la Grèceen deux ; au cours des heures suivantes, le sort dupays va se jouer dans ce secteur, sur les pentesboueuses et détrempées des monts Gramnos etSmolika.Le 29 octobre, la « Julia » reprend l’offensive, alorsque la neige commence à tomber sur les som-mets. La visibilité est toujours aussi mauvaise. Surles hauteurs de Liafa et de Lycorrachi, les Grecs,mal équipés contre le froid, commencent à souf-frir du gel. Il faut cependant tenir, car si la positionde Lycorrachi, « la Crête du Loup », tombe, le PCd’Eptachori, où est installé Davakis, sera directe-ment à portée de l’ennemi. Le commandantThomas subit le choc d’un bataillon de la « Julia »,mais entend défendre coûte que coûte la position.A un contre cinq, il lance son détachement àl’assaut des Italiens, dispose au mieux ses quel-ques mitrailleuses et, blessé au bras, continue àexhorter ses hommes ;

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Les Italiens accumulent du retardLa pluie redouble d’intensité, les Alpins trempés,épuisés, n’ont aucune envie de les poursuivre etpréfèrent s’arrêter pour installer leur bivouac. Leschemins sont devenus des torrents, et la visibilitéest à peu près nulle, aussi, à la faveur de la nuit,un petit groupe de Grecs, dirigé par le comman-dant Tsimbidas, s’introduit dans le village deGramnos, et, profitant de la surprise, sème ledésordre parmi les Italiens pourtant beaucoupplus nombreux.Sur le cours supérieur du Sarantaporos, un pelotongrec résiste farouchement au bataillon Cividale,renforcé d’une batterie d’artillerie alpine, maisdoit finalement se replier à son tour. Quelquespositions parviennent à tenir dans des conditionsincroyables, face à des forces cinq fois plus impor-tantes. Il suffit parfois de la détermination d’unsous-officier capable de galvaniser ses hommespour retarder durant plusieurs heures les Alpini,surpris de se heurter à une résistance aussi forte.Au soir du 28 octobre, après une journée decombats dispersés, les forces de couverture grec-ques se replient un peu par-tout  ; cependant, la ligne dedéfense principale n’est pastouchée et le général Katsimi-tros annonce à Davakis qu’il luifait parvenir quatre bataillonsde renfort. A l’arrière, le paysse mobilise  ; de partout lesvolontaires affluent vers lescentres de recrutement et lesprévisions des états-majorssont rapidement dépassées.Ces renforts seront rapidementindispensables pour contenirl’attaque italienne, mais toutela question est de savoir si lefront pourra tenir jusqu’à leurarrivée. Le mauvais temps ra-lentit la progression de l’adver-saire, mais déjà, après unejournée de combat, il s’apprêteà aborder le gros des défensesgrecques.

Le Colonel Constantine Davakis

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La rupture est imminenteLe commandant Antonopoulos doit abandonnerKiafa et se replier sur la crête du Prophète Elie,sans réussir à rassembler toutes ses forces. Dansun autre secteur, ce sont les munitions et lanourriture qui manquent ; Davakis a pourtant faittout ce qui était possible : il a rassemblé tous leshommes encore disponibles, ordonnances, mule-tiers, cuisiniers, et les a expédiés en premièreligne. Désormais, le seul espoir réside dans l’arri-vée rapide des renforts annoncés. Konitsa esttombée peu avant midi et le mont Smolika estdéjà à moitié contourné, ce qui peut ouvrir àl’ennemi la route de Janina et celle de Mezzovo.Déjà, les premiers fuyards arrivent à Eptachoridans un état de dénuement total, davantageéprouvés par le froid de la nuit précédente quepar l’ennemi. Dans plusieurs secteurs, des pelo-tons ou des compagnies isolées continuent à sebattre et à tenir tête aux Italiens ; devant Eptacho-ri, une batterie d’artillerie s’installe, mais il appa-raît clairement que la rupture est imminente. C’està ce moment, alors que la situation du détache-ment du Pinde semble désespérée, que l’inter-vention d’un des bataillons promis va permettre àDavakis d’infléchir le cours de la bataille. En quel-ques minutes, le colonel voit le parti qu’il peuttirer de la situation nouvelle créée par l’arrivéedes premiers renforts. Remontant la vallée duSarantaporos , les italiens se sont engagés dans ledéfilé séparant le mont Gramnos du mont Smoli-ka, alors que les Grecs occupent toujours lescrêtes environnantes ; pressés de gagner Mezzo-vo, trois bataillons de la «  Julia  » vont foncerdésormais vers le sud-est, en direction de Sama-rina et de Vovoussa. Le général Girotti qui com-mande les Alpins, n’a apparemment plus rien àcraindre : les Grecs sont partout repoussés et setrouvent au bord de la débandade générale, c’estdonc sans hésitation qu’il va donner l’ordre à seshommes de pousser en avant.

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surpris, les Alpins sont stoppés quelques tempsmais ils se ressaisissent et les Grecs doivent sereplier à nouveau. Plus au sud, ce sont des forcestrop faibles qui tentent de barrer à l’ennemi laroute de Kalpaki et de Mezzovo, l’objectif principalde l’offensive. Les hommes disponibles sont ennombre insuffisant, mais les munitions commen-cent elles aussi à manquer  ; le temps continueheureusement à gêner l’adversaire, dont plusieurschars ont sauté sur des mines, dans le secteur deMertzani. La neige tombe durant toute la nuit du29 au 30 octobre, paralysant les combattants quisupportent un froid de plus en plus intense. Al’aube suivante, Davakis établit le bilan des deuxpremières journées de combat : partout ses trou-pes ont reculé et il ne dispose pas de forcessuffisantes pour tenir longtemps les hauteurs duPinde qui couvrent Mezzovo, l’objectif final desbataillons de la « Julia ». Les unités envoyées enrenfort par le général Katsimistros ne sont tou-jours pas arrivées et si l’annonce de la montée enligne de la première division de Thessalie a dequoi le réconforter, nul ne sait quand cette unitésera engagée ; le temps presse et chaque heureperdue peut être fatale à la défense du Pinde. Lesnouvelles qui parviennent à Eptachori dans lamatinée du 30 octobre ne sont guère encoura-geantes. Au nord du dispositif grec, les bataillonsTolmezzo et Gemona se rejoignent pour donnerl’assaut à la hauteur de Kiafa. En raison du froidterrible, de nombreux soldats hellènes ont eu lesmembres gelés et le moral de la troupe est auplus bas.

Fantassin grec

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les vivres et les munitions ont du mal à suivre.

L’héroïsme des femmes du PindeC’est à ce moment que se place l’un des épisodesles plus célèbres de la bataille, celui des « fem-mes du Pinde  »  ; les soldats sont allés au pluspressé et ont occupé le plus rapidement possibleles crêtes qui dominent les flancs sud et est dumont Gramnos  ; pour cela, ils ont emporté leminimum d’armement, de munitions et de nour-riture, derrière eux, les muletiers qui transportentles canons en pièces détachées ou les caisses decartouches progressent trop lentement et le suc-cès peut ainsi se trouver compromis. Il n’y a pasd’auxiliaires possibles sur place, car tous les hom-mes ont rejoint l’armée ou pris le maquis pourmener des actions isolées contre les envahisseurs.Pour faciliter l’approvisionnement des crêtes, lesfemmes des hameaux du Pinde se chargent elles-mêmes de lourds fardeaux et viennent apporterleur aide aux soldats qui transportent les piècesd’artillerie ou les munitions. Malgré leur refus,elles se joignent à eux et, de plus en plus nom-breuses, permettent aux hommes du front derecevoir le matériel, les couvertures ou la nourri-ture dont ils avaient besoin.

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Les renforts grecs arriventLe ciel, complètement bouché, interdit les recon-naissances aériennes et les Italiens ne peuventrien deviner de l’arrivée des renforts grecs. Lamanœuvre qu’envisage Davakis est simple : lais-ser les Alpins s’enfoncer vers le sud, en directionde Samarina, tout en renforçant les positionsgrecques sur les crêtes, puis, quand l’adversairesera entré dans la nasse, fermer l’accès de lahaute vallée du Sarantaporos derrière lui et ledétruire. Il s’agit là d’un pari dangereux : les forcesdisponibles paraissent encore bien dérisoires pourappliquer un tel plan et les commandants Patistiset Karavias qui ont amené avec eux le bataillon derenfort, ne cachent pas leur scepticisme. Durantl’après-midi, les unités grecques effectuent unrepli généralisé qui trompe les Italiens, persuadésque la « promenade militaire » promise par Vis-conti Prasca est en train de devenir une réalité. Audébut de la soirée, l’arrivée des premiers élé-ments de la division thessalienne envoyée parl’état-major général vient accroître la confiancede Davakis dans la réussite de son plan. En quel-ques heures, le dispositif grec se met en place ;tout se passe rapidement et l’espoir renaît chezles Evzones durement éprouvés par les premiersjours de combat. Derrière, cependant, le matériel,

Soldats grecs casssant la croute

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retarder ; après trois jours d’offensive, la rive sudde la rivière Sarantaporos estcontrôlée par le bataillon Civi-dale, plus à l’est, le val deFourka est également auxmains des Alpins.Au sud-ouest, les bataillonsVicenza et Aquila ont remon-té la vallée de l’Aoos et sontsur le point d’atteindre Vo-voussa, dernière étape avantles passes de Mezzovo. Lapluie a un peu retardé l’avan-ce italienne, mais, dans l’en-semble le bilan est déjà trèspositif et la chute de la Grècesemble devoir n’être qu’unequestion de jours. Pourtant,des informations inquiétan-tes, faisant état d’importantsmouvements de troupes hel-

léniques venant de Thessalie parviennent au gé-néral Girotti. Celui-ci a du mal à admettre que sesadversaires, épuisés par le froid et les combats,soient sur le point de contre-attaquer ; par acquitde conscience, il demande des patrouilles aérien-nes, mais le ciel toujours bouché, couvre lamanœuvre grecque, et, rassuré, le commandantdes Alpins pense pouvoir poursuivre la progres-sion. Bientôt, les trois bataillons qui ont contournéle mont Smolika par le nord (Tolmezzo, Gemnozaet Cividale) vont rejoindre à Mezzovo les deuxautres (Aquila et Vicenza) qui ont remonté lavallée de l’Aoos ; alors c’en sera fait de la résistan-ce grecque.C’est la conviction exactement inverse qui prévautau P.C. du général Vrachnos, qui commande ladivision thessalienne arrivée en renfort. Le 31octobre au soir, le colonel Davakis et le comman-dant Kriékoukis viennent lui soumettre leur plande contre-attaque. A 22h30, le commandantKriékoukis rédige l’ordre d’opérations que lui dicteDavakis dans la perspective de l’offensive du len-demain.Après une nouvelle nuit passée dans la pluie et le

froid, les Alpins s’apprêtent, à l’aube du 1er no-vembre, à poursuivre leur marche en avant.

Les Grecs passent à l’offensiveA partir de 7h30, les Grecs, suivant les ordresdonnés la veille par Davakis, passent à l’offensive.Progressant en direction de la « Crête du Loup »perdue deux jours plus tôt, le détachement Misur-sis se lance le premier au contact ;

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Cette intervention n’est pas sans danger, car l’undes sentiers qui montent vers les hauteurs est trèsétroit et se trouve placé sous le feu de l’artilleriede montagne italienne, installée en contrebas.Trois femmes seront ainsi tuées par l’explosiond’un obus alors que plusieurs autres seront préci-pitées dans l’abîme. Dans un autre secteur, unecolonne de soldats et de femmes se heurte à unepatrouille italienne : en pleine fusillade, l’une desvillageoises rampe jusqu’au cadavre d’un italienabattu pour récupérer son arme et pouvoir partici-per directement au combat ; d’autres ont vite faitde l’imiter, et, après une empoignade furieuse, lesItaliens, stupéfaits de se heurter à pareille résis-tance, doivent se replier en désordre, bousculéspar l’assaut général des combattants et des com-battantes grecs déchainés. Portant le pain et lesarmes, les couvertures et les cartouches, s’atte-lant aux canons, creusant ou réparant les che-mins, les femmes du Pinde apportent un concoursdécisif à l’action entreprise par Davakis.Progressant péniblement dans la neige fraîcheelles parviennent à ravitailler les premières lignes,sous le feu de l’artillerie ou de l’aviation enne-mies. Le courage et l’abnégation de ces femmesleur vaudra de symboliser la volonté de résistancedu peuple grec face à l’attaque italienne.

Pour les Italiens, le bilan semblepositifLe 31 octobre, la situation semble pourtant favo-rable aux Alpini du général Girotti, et ViscontiPrasca peut s’estimer satisfait  : jusque là seshommes n’ont eu à livrer que quelques combatslimités aux faibles forces qui tentaient de les

Les Grecs à l'attaque

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Une compagnie grecque franchit le torrent Mardit-sa sous le feu italien et s’apprête, à partir de laberge occidentale, à monter à l’assaut de laposition italienne, apparemment inexpugnable. A10h du matin, le lieutenant Alexandre Diacosentraîne sa section, baïonnette au canon, et enlè-ve l’éminence de Tsouka tenue par l’ennemi.Soumis à une violente contre-attaque, il doit sereplier une première fois, mais regroupe immé-diatement ses hommes, repart à l’assaut et chas-se à nouveau les Italiens. Ceux-ci reviennent à lacharge et les Grecs doivent se replier une secondefois. Diacos est têtu et rassemble ce qui reste dela section pour repartir à l’attaque avec succès.Les Italiens déclenchent alors une violente prépa-ration de tirs de mortier avant de contre-attaqueret d’obliger Diacos à décrocher une nouvelle fois.C’est au cours du quatrième assaut, lancé à11h45, après deux heures d’un combat d’uneintensité extrême, que le chef de la section grec-que tombe, fauché par une rafale de mitrailleuse.Alors que les hauteurs de Fourka et de Lycorrachi

reviendront finalement aux Grecs, au soir du 1er

novembre, l’éminence de Tsouka demeure, elle,aux mains des italiens.

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à 8 h, les premiers éléments grecs accrochent unecolonne italienne marchant de Lycorrachi en di-rection de l’est. Cette fois, les hommes de Davakissont à deux contre un et l’effet de surprise joueamplement en leur faveur. Les Alpins se replientrapidement et se réfugient dans le village deLycorrachi, où ils tentent d’établir un point d’ap-pui. Les combats qui suivent sont d’une excep-tionnelle âpreté car les Italiens, revenus de leursurprise, défendent maintenant avec acharne-ment chaque maison du village ; les Grecs reçoi-vent désormais des renforts et les Alpins setrouvent rapidement dans une position insoutena-ble. Le lieutenant-Colonel Misuris harangue seshommes et se porte avec eux aux premièreslignes où il est blessé d’une balle dans le pied ;couché par terre, il continue à donner ses ordres,jusqu’à ce que toute résistance ennemie ait cessédans le village où s’accumulaient les cadavresgrecs et italiens. Plus au sud, les Alpins en routevers Samarina sont pris sous le feu de l’artilleriede Davakis. Stopper l’avance italienne dans le valjoignant Fourka à Samarina est chose relative-ment facile puisque les Grecs tiennent le versantoriental de la vallée, mais toute initiative leur estinterdite tant que les italiens sont solidementinstallés sur les pentes du versant occidental.

Caricature du duel entre le légionnaireromain et l'hoplite grec

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Les Alpins semblent surgir du videLe 2 au soir, malgré les échecs subis par lesItaliens, la victoire est encore loin d’être acquise.Stoppé dans les vallées du Pinde, l’ennemi faiteffort le 3 au sud du front, en direction de Kalkapi.La matinée est claire, le ciel s’est dégagé et laRegia Aeronautica peut pilonner les positionsgrecques déjà éprouvées par les tirs d’artillerie. Enmilieu d’après midi, l’assaut de l’infanterie italien-ne est brisé, mais un bataillon d’Alpini réussit unexploit remarquable en parvenant à gravir l’escar-pement de Gravala, qui domine Kalpaki. Au som-met, une compagnie grecque ne se doute de rienet défend la position contre une compagnie ita-lienne, appuyée par de l’artillerie  : pris à reverspar les Alpins qui semblent jaillir de nulle partdans leur dos, après l’escalade de la falaise, lesdéfenseurs se replient rapidement, à la faveur dela pluie qui recommence alors à tomber. La pertedes hauteurs de Gravala peut mettre en danger lefront d’Epire et les grecs déclenchent le lende-main la contre-offensive. Ils lancent l’assaut à labaïonnette, dès cinq heures du matin et parvien-nent, après un corps à corps féroce, à chasser lesItaliens de la position. Epuisés et inférieurs ennombre, les Alpins sont contraints de décrocheren laissant une vingtaine des leurs sur le terrain.Le même jour, les fantassins et les artilleurs grecsparviennent à stopper l’offensive de la divisionblindée « Centauro » dans le secteur de Kalpaki,sauvant ainsi une nouvelle fois la route de Janinaet de Mezzovo.

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Les Italiens reprennent l’initiativeLe 2 novembre, à 5 heures du matin, Davakis enpersonne vient à hauteur des premières lignestenues par les compagnies qui ont franchi la veillele torrent Marditsa  ; il lance une reconnaissanceen direction de Fourka, renforcée de deux compa-gnies et d’une batterie amenée par le comman-dant Karavias. Ce dernier voit son cheval tué souslui, mais rejoint cependant vers midi le colonelDavakis qui s’apprête à suivre l’assaut menécontre le village de Fourka qu’une compagnie estsur le point d’attaquer. C’est à ce moment, audébut de l’après midi, que les Italiens, appuyéspar un feu nourri, reprennent l’initiative  ; aumoment où les Grecs vont attaquer Fourka, d’im-portants renforts italiens parviennent jusqu’auvillage et les assaillants se retrouvent rapidementsur la défensive. Davakis, qui se tient toujours auxpremières lignes, est alors gravement blessé parune balle qui lui traverse le côté droit. Un momentde flottement s’ensuit au sein des forces grec-ques ; le commandant Karavias intervient heureu-sement, après s’être tout d’abord précipité auprèsdu colonel, et entreprend d’interdire à l’ennemi lahauteur de Fourka.Il est grand temps, car les Italiens lancent mainte-nant un assaut furieux pour reprendre la positionqu’ils ont perdue la veille. Karavias dispose deforces trop faibles pour observer une attitude dedéfensive statique. Il sait que les renforts qu’ilsera obligé de demander n’ont aucune chanced’arriver à temps. Il ne reste qu’une solution  :surprendre les Italiens qui sont essoufflés par lamontée en se lançant à l’assaut à la baïonnette,avec l’espoir de les bousculer.Abasourdis par cette ruée, les Alpins lâchent piedet se dispersent après quelques minutes de com-bat, sans soupçonner la faiblesse de leurs adver-saires. L’alerte avait été chaude, mais les velléitésd’offensive italienne semblaient brisées pour lajournée du 2.Gravement touché, le colonel Davakis est trans-porté à Eptachori sur un brancard de fortune ; c’estaprès sept heures de marche sous la pluie et surun terrain particulièrement accidenté qu’il estramené à son P.C. Tout le monde est persuadéque sa fin est proche, mais il survivra cependantaprès plusieurs jours de coma. Transporté à Athè-nes, il devint un héros national, mais reste dimi-nué par sa blessure. En 1943, les occupants leprendront comme otage et, lors de son transferten Italie, le navire qui le transporte est torpillé ets’engloutit dans la mer, avec, à son bord, levainqueur du Pinde.

Caricature représentant la facilité de lacontre-offensive grecque face aux Italiens

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Parma, demeurées sur la défensive entre le lacd’Ochrida et le Pinde. La conversion vers le sud deces forces ne va pas sans mal pour les Italiens,attaqués alors par le corps d’armée grec qui leurfait face. Les auxiliaires albanais se débandentrapidement, ce qui retarde l’intervention dans lesecteur clé du Pinde.

Les Italiens franchissent le fleuveKalamasSentant le danger sur le front central, ViscontiPrasca tente de lancer un nouvel assaut au sud et,

dans la nuit du 4au 5 novembre,les Italiens par-viennent à fran-chir le fleuveKalamas. LesGrecs se trou-vent rapidementen difficultédans ce secteurmais s’accro-chent vigoureu-sement auterrain, ce quilaisse à l’état-major la possibi-lité de maintenirl’offensive pré-vue sur le Pinde.

Au matin du 5 novembre, les Alpins de la « julia »sont coupés de leurs arrières. Descendant descrêtes du mont Smolika, les Grecs séparent lesbataillons Tommezzo, Gemona et Cividale desbataillons Aquila et Vicenza, creusant ainsi unelarge brèche au sein de la division. Avant d’avoirpu reprendre l’initiative, les Italiens sont attaquésde toutes parts. Epuisés et déguenillés, les hom-mes du détachement du Pinde ont retrouvé unmoral de vainqueurs pour se lancer à l’assaut.L’artillerie de montagne soumet à son feu lessecteurs occupés par les Alpini, qui tentent alorsde résister de leur mieux. La « Julia » est complè-tement isolée, même la liaison radio est rompueavec l’arrière. Encerclé, Girotti pense pouvoir for-cer le passage au sud de la nasse et regagner lespositions italiennes en empruntant la haute valléede l’Aoos  ; il espère que les difficultés grecquesen Epire et l’arrivée des renforts fournis par lesdivisions du Nord lui faciliteront la tâche.

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L’armée italienne piétinePartout désormais, les Italiens piétinent. La divi-sion « Julia » n’a pu, au nord, atteindre Samarinaet s’assurer ainsi l’accès de Vovoussa et deMezzovo. Le général Girotti est bien obligé deconstater que ses hommes sont tenus en respectpar une armée grecque qu’il croyait, deux joursplus tôt, au bord de la débandade générale. Nonseulement les grecs ont réussi à stopper les Alpinset à reconquérir certaines positions perdues aucours des jours précédents, mais ils sont, de plus,en train de réali-ser la manœu-vred’encerclementimaginée par lecolonel Davakiset approuvéepar le généralVrachnos.

Les bataillonsTolmezzo, Civi-dale, Gemonavont bientôt setrouver dansune situationdifficile alorsqu’au sud-ouestles bataillonsAquila et Vicenza doivent renoncer à franchirl’Aoos en crue, tous les ponts ayant été détruits.Le froid devient de plus en plus insupportablepour les soldats des deux camps qui se trouventdans un état physique proche de l’épuisement,après cinq jours de combats dans des conditionsatmosphériques épouvantables. Les Alpins ontprogressé d’une trentaine de kilomètres à l’inté-rieur du Pinde, mais n’ont pas abouti à la rupturerapide qu’ils escomptaient ; au contraire, les Grecsse sont sérieusement renforcés et peuvent main-tenant menacer leurs arrières pour les isoler. Unebrigade de cavalerie et une division de montagneretirées de la frontière bulgare viennent se join-dre, le 4 novembre, au détachement du Pinde età la division thessalienne du général Vrachnos ; enquelques jours, le rapport des forces est sur lepoint de s’inverser. Visconti Prasca, alerté parGirotti, mesure désormais le danger d’encercle-ment et espère pouvoir y parer en appelant à larescousse les divisions du nord, la Venezia et la

Le 22 décembre 1940 l'armée grecquelibère Himara

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La débandadeLà, les Alpins de Girotti sont à bout  : par petitsgroupes, ils s’efforcent de regagner les positionsitaliennes pour échapper à leurs adversaires ettoute résistance organisée a pratiquement cessé.Les Grecs barrent la haute vallée de l’Acoos, paroù leurs adversaires pensaient pouvoir se replier ;ils contrôlent également toute la vallée du Saran-toporos.Déjà, au nord, dépassant la première ligne dedéfense grecque, plusieurs unités d’Evzones ontatteint la frontière albanaise. Le 9 novembre, sousune neige abondante, la première division dugénéral Vrachnos entreprend, à partir de Lycorra-chi, le nettoyage du secteur encore occupé par lesItaliens. Le combat de Plékari marque la défaitedéfinitive des Alplins ; bousculés par un assaut àla baïonnette, ils sont incapables de tenir tête à lafuria de leurs adversaires, galvanisés par la proxi-mité d’une victoire jugée impensable huit joursplus tôt. Les uns après les autres, les Alpinssurvivants se rendent aux hommes de Vrachnos.Le 9 novembre au soir, la division «  Julia  » apratiquement cessé d’exister  ; seuls quelqueséléments épars rejoignent les lignes italiennes àtravers la montagne ; le 11 novembre les débrisde la division alpine se regroupent à Konitsa sousla protection des bataillons Vcenza et Aquila, lesmoins durement éprouvés.Moins de deux semaines après le déclenchementde la « promenade militaire » prévue par Musso-lini, les versants du Pinde s’étaient transformés entombeau pour l’élite des troupes fascistes. Gênéspar le mauvais temps, imprudemment engagéssur un terrain propice à la contre-attaque adverse,les Alpini s’étaient cependant battus avec coura-ge, l’importance des pertes qu’ils avaient subiestémoignait de l’acharnement des combats livrésdurant ces semaines terribles.

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Très vite, la situation s’aggrave, la pluie battanteet la boue ne facilitent pas la manœuvre desAlpins cloués sur leurs positions. Déjà, le bataillonCividale a perdu le tiers de ses effectifs. Le ba-taillon Tolmezzo est dans un état de dénuementà peu près total, il a subi, lui aussi, des pertesénormes pour empêcher que la division ne soitcoupée en deux par l’attaque des Grecs. Huit joursaprès le début de la guerre, l’initiative sembleavoir changé de camp. Coincés dans un véritablechaudron, écrasés par l’artillerie, soumis au tir desGrecs installés sur les hauteurs, les Italiens s’épui-sent en de vaines contre-offensives et l’agonie dela « Julia » commence inexorablement. Au nord,les divisions Parma et Venezia sont prises à partiepar les forces grecques de Macédoine qui sejettent à leur tour à l’offensive, et ne peuvent, dece fait, venir soutenir les Alpins bloqués dans lePinde. Heureusement, les divisions Piemonte,Arezzo et Bari vont intervenir rapidement et Vis-conti Prasca espère ainsi redresser la situation.L’optimisme règne encore au QG Italien, même sil’on fait état des difficultés dues au mauvaistemps. A Rome, les chefs de l’armée décidentcependant de renforcer les troupes d’Albanie endoublant pratiquement le nombre des divisionsengagées, à partir du début décembre. En atten-dant, le bataillon alpin « Morbegno » noyau de ladivision «  Tridentina  » est transporté d’urgencepour venir renforcer la « Julia » défaillante. Au sud,les Italiens ont franchi le Kalamas et pris Igoume-nitsa, mais craignant de s’éloigner de leurs basesils ont arrêté l’offensive, permettant ainsi auxGrecs de maintenir leur pression dans le secteurdu Pinde.

Prisonniers italiens

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a ligne Metaxas est une ligne de fortifications édifiée par les Grecs le long de lafrontière gréco-bulgare dans le but de protéger la Grèce d’une éventuelleattaque de la Bulgarie avant la Seconde Guerre mondiale. Initialement appeléeligne Nestos, elle prend le nom du ministre de la guerre puis très vite premierministre grec en 1936, Ioannis Metaxas. Elle mesure 155 km de long depuis la

rivière Axios à l’ouest jusqu’à la rivière Nestos à l’est. Elle est composée d’observatoires,de nids de mitrailleuses et d’ouvrages de campagne ainsi que de 21 groupes fortifiés dontnous reparlerons plus tard. Les plans furent élaborés en 1935 et la construction débutasans attendre en 1936. Mais l’entrée en guerre de la Grèce en 1940 empêcha de finir laligne de défense telle que prévue initialement puisqu’il était prévu qu’elle aille jusqu’àOrmenion. Elle s’arrêtera finalement dans sa partie orientale à Komotini.Elle sera placée sous les ordres du général Bakopulos. Au niveau stratégique dans larégion, la situation est la suivante. La Yougoslavie est neutre et la Grèce entretiend’excellentes relations avec elle et donc ne prend pas la précaution de poster des troupesde ce côté-là prenant le risque en cas de violation de la neutralité du pays de permettreune attaque de flanc de la ligne Metaxas, via la vallée du Vardar, par exemple. LesBritanniques laissent les Grecs se poster sur la ligne Metaxas et prennent, eux, positionsur la ligne Aliakmon, longue d’une centaine de kilomètres située entre la mer Egée et lafrontière yougoslave dans les environs de Monastir.

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La ligne Metaxas

L

Ligne Metaxas (en rouge les unités allem

andes, en noir les grecques).

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DESCRIPTIF DES BLOCKHAUSEn dehors des groupes fortifiés organisés autourd’un fort, on compte environ 500 blockhaus dissé-minés le long des 155 km de la ligne Metaxas. Lesblockhaus sont de type fortification de campagne.En effet la dalle de toit est en général d’uneépaisseur de 1,10 m tandis que les murs frontauxne dépassent pas 1,25 m. Cette épaisseur estjuste suffisante pour encaisser un coup au butd’un obus de 75 mm voire de 105 mm. Leurarmement comporte des mitrailleuses St-Etienneou Hotchkiss, des mortiers Brand de 81 mm et descanons antichars de 37 Rheinmetall et Skoda de47 mm. Le seul canon d’artillerie semble être uncanon de 75 en position de campagne ou sousabri.Les différents blockhaus répartis sur la ligne sont :- Observatoires : angle d’observation sur 180°. Leblockhaus sert aussi de poste de tir pour armeslégères. Comme on peut le constater sur la photopage 31, le terrain est utilisé au maximum pourfavoriser le camouflage- Blockhaus simple pour mitrailleuse :

Une chambre de combat de 4 m2, la face avant etles murs latéraux ont une épaisseur de 1 m, lemur arrière seulement 60 cm. Une embrasure à45° d’ouverture permet le tir uniquement versl’avant. L’entrée se fait par une issue décalée parrapport à la position du tireur.- Blockhaus double embrasures pour 2 mitrailleu-ses :La face avant forme un angle ce qui fait que lechamp de tir des 2 armes, bien que se croisantvers l’avant est accentué vers chaque côté aug-mentant ainsi le champ de tir. Les murs sont de1,25 m et l’ouvrage possède une sortie de secourslatérale, l’accès principal se faisant par l’arrière dublockhaus. Il existe une version plus légère de cetouvrage avec des murs de seulement 95 cmd’épaisseur

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IMPLANTATION DE LA LIGNE :La ligne Metaxas présente d’abord un front rectili-gne sur un axe est-ouest le long de la frontièreavec la Bulgarie afin de protéger Salonique. Ensui-te elle s’arrondit en un arc de cercle qui rejoint lamer Egée en passant par Xanthi en suivant lecours de la Mesta (Nestos) contournant par l’estla ville de Kavala. Elle est encadrée sur son côtéest par la rivière Strymon et de l’autre côté par larivière Nestos. Ces 2 vallées étant les principauxaxes de pénétration possible vers le sud, ils serontparticulièrement fortifiés à proximité de la ligne.Un peu comme les lignes de défenses allemandesen Italie (voir HM85) la ligne Metaxas utilise aumaximum le terrain légèrement montagneuxqu’elle traverse. Les forts la composant couvrentles passages stratégiques que sont les routes peunombreuses et très mal carrossées ne permettantpas la circulation d’engins lourds. Le but secondai-re de la ligne est la défense du port de Salonique,vital pour l’effort de guerre grec.Comme la ligne Maginot française, la ligne Mex-taxas se veut une ligne d’arrêt et pour se faire lesGrecs s’appuient sur 21 points fortifiés. Les plusconnus sont les forts de Istibey (ou Istibel), duRoupel, de Paliouriones... Les forts sont situés àdes endroits clé protégeant soit une gorge, soitune route. Leur inaccessibilité fait partie de leurforce et c’est cette situation qui fera que l’aviationsera largement employée contre eux et que lespremiers assauts terrestres seront menés par les

5e et 6e divisions de montagne rompues auxcombats en terrains escarpés (région de Rupel).Les 2 régions les plus puissamment fortifiées sontla partie nord de la ligne entre les vallées de laStruma et de la Mesta face à la Bulgarie. On nerecense ici pas moins de 7 forts dans cette partie.La seconde zone est la partie orientale de la ligneentre Drama et Kavala avec 9 forts. Ils représen-tent environ 600 ouvrages bétonnés et une tren-taine de kilomètres de galeries creusées dans laroche. La ligne était prévue être tenue par 150000 hommes, elle le sera en fait par 8 500 et feraface à un manque criant de DCA et d’armesantichars. Comme pour la ligne Mannerheim fin-landaise, la résistance inattendue de la ligneMetaxas sera en très grande partie due à labravoure des soldats grecs, poussée à un tel pointque les Allemands après la victoire rendront hom-mage à leur courage et à leur pugnacité dans lescombats. Les officiers garderont leur arme person-nelle, les hommes de troupes seront désarmésmais repartiront libres dans leurs foyers.

Barrage antichar

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- Blockhaus pour 2 postes d’observation + 2 mi-trailleuses + 1 canon antichar (Fort Istibey)  : cetouvrage faisant partie de la batterie Strymon n’aété construit qu’à un seul exemplaire et desdifférences notables apparaissent entre le planinitial et le résultat final sur le terrain (voir photopage 32).- Blockhaus pour 1 canon de 75 et un posted’observation  : Accès par l’arrière avec en plusune issue de secours. Le canon est installé sur uneplaque pivotante pour en faciliter la manœuvre.Inconvénient, la disposition proéminente du posted’observation limite fortement l’azimut du canonen interdisant tout tir vers la gauche. Quand onparle de blockhaus isolés sur la ligne Metaxas,c’est très souvent en référence à ce type d’ouvra-

ge.- Blockhauspour un canonDCA, 2 mi-trailleuses et1 poste d’ob-servation  : lachambre decombat avecles 2 mi-trailleusesdont les em-brasures équi-pées deplaques deblindage sontdisposées à90° possède

des murs de 1,25 mètre d’épaisseur. On y accèdedepuis le niveau inférieur par un escalier encolimaçon métallique. Cette chambre communi-que avec le poste DCA et son canon de 20 mmsous sa cloche.- Abris pour projecteurs : Embrasure pour le pro-jecteur de 70° seulement. Plusieurs variantes ontété construites.

Comme on peut le constater, peu de blindage saufbien entendu pour les portes d’accès aux ouvra-ges d’une épaisseur de 15 à 20 mm et quelquestrémies qui obturent les créneaux de tir de cer-tains ouvrages (canons anti-char). Ici contraire-ment à l’AW et à la LM, pas de coupoles blindéespour mitrailleuses ou d’observation. Seules excep-tions, le couvercle des cuves pour mortiers qui aune épaisseur de 100 mm et les coupoles tour-nantes d’une épaisseur de 8 mm pour les to-brouks de DCA.

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- Blockhaus pour 2 mortiers légers : les 2 embra-sures sont côte à côte et tirent donc dans lamême direction. Une embrasure d’observationpermet de guider le tir.- Tobrouks pour mortier lourd de 81 mm : il existeune autre version pour 2 mortiers lourds avec ousans bouclier (portes) ainsi qu’un autre versionpour 1 mortier lourd et une mitrailleuse.La photo ci-dessous présente un tobrouk pour 1mortier dont les portes blindées sont en positionouvertes.- Blockhaus double embrasures pour 2 canonsantichars : calibre de 37 ou 50 mm. C’est par saforme le grand frère du blockhaus double pourmitrailleuses.Même planavec des côtesplus importan-tes. La différen-ce est que lescanons tirent àtravers des pla-ques de blinda-ge alors quepour les mi-trailleuses l’em-brasure estouverte. Quandle terrain nepermet pas depratiquer un ac-cès par l’arrière,des trappes latérales habilement camouflées ser-vent d’entrée. Les murs extérieurs font toujours 1mètre d’épaisseur.- Blockhaus pour 2 mortiers légers et un canonantichar : l’embrasure d’un des mortiers est dansle même plan que l’embrasure du canon. Laseconde embrasure de mortier est quasiment à90° vers la droite de la première et donc couvreun des flancs du blockhaus. Avantage de cetouvrage, le canon peut engager à longue distanceet les mortiers défendre à courte/moyenne por-tée.- Tobrouk pour éléments de DCA. (20 mm)  :l’arme et le servant sont protégés par une coupoleblindée de 8 mm d’épaisseur montée sur rails.Son diamètre est de 3,50 mètres. Une petitesoute à munitions est attenante au poste decombat. On peut obturer l’ouverture laissant pas-ser le canon mais on voit bien que 8 mm d’épais-seur représente une protection toute relative faceà des bombardements aériens par exemple.

Tobrouk pour mortier de 81mm avec ses portes ouvertes

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Comme c’est bien visible sur la photo ci-dessous,une attention particulière est portée sur le camou-flage. Proéminence de l’ouvrage intégrée au profildu terrain, utilisation de filets abondamment gar-nis de végétations, et empierrements de chaquecôté du blockhaus.

Observatoire

Blockhaus pour un canon anti-char et 2 mortiers légers

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Mais le plus puissant était le fort Roupel avec 44officiers et 1 353 hommes de troupe. Son arme-ment était constitué de 2 canons de 75, 5 canonsantichars de 37, 3 canons DCA de 20 mm, 5mortiers et enfin 85 postes pour mitrailleuses. Al’inverse, le plus petit était le fort Dasavle avec 4officiers et 83 hommes et un armement de 2canons de 75 et 5 mitrailleuses.

FORCES EN PRÉSENCEDu côté allemand, la 12e Armée du général Wil-

hem List composée du XVIIIe corps de troupes de

montagne regroupant la 2e Panzer Division, les 5e

et 6e divisions de montagne, la 72e DI renforcée

par le 125e régiment d’infanterie, d’une part et le

XXXe Corps d’armée du général Hartman, compo-

sé de 3 divisions d’infanterie (50e , 73e et 164e),

de la 9e Panzer Division du 40e Panzerkorps, d’unrégiment d’infanterie SS motorisée de la Leibstan-darde SS AH. Soit au total 3 divisions blindées, 2divisions de montagne et 4 divisions d’infanterie.

Du côté grec, la 19e division d’infanterie mécani-

sée, les 7e ,14e et 18e divisions d’infanterie, labrigade d’infanterie de Nestos. Soit 3 divisionsd’infanterie, une brigade et une division d’infante-rie mécanisée.Les ouvrages de la ligne Metaxás étaient tenuspar 8 500 hommes alors qu’on estimait à 150 000hommes la garnison nécessaire.

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ENSEMBLE COMPLEXE DEFORTIFICATIONSQuand on parle de forts concernant la ligne Me-taxas, il ne faut pas penser à un seul ouvrage.C’est en fait une zone de défense organiséeautour d’un fort, souvent vestige de la PremièreGuerre mondiale et qui prend le nom de groupefortifié. Le fort Istibey par exemple était un desplus importants par sa taille avec une garnison de440 hommes. Il était entièrement ceint d’unréseau de barbelé et de fossés antichars. Il possé-dait 2 entrées principales et comportait un impor-tant réseau de galeries (4 km dans ce fort) et decasernements souterrains situés à 15 mètres deprofondeur (voir figure 7). Les tunnels ne faisaientpas plus d’un mètre de large, favorisant ainsi ladéfense en cas d’intrusion ennemie. Ils faisaientdes angles droits au lieu de courbes dans lemême souci de défense. Les aménagementssouterrains incluaient poste de commandement,casernements pour la troupe, infirmeries, locauxde ventilations et magasins de munitions.Malgré l’étroitesse des galeries, on a noté danscertains endroits la présence de rails permettantl’acheminement des munitions dans de petitswagons poussés à la main.La zone fortifiée autour du fort Istibey était cons-tituée de 28 blocs de combat, 26 nids de mi-trailleuses, 2 tobrouks pour mortiers de 81 mm, 2canons de 75, 1 canon antichar de 37 mm et uncanon DCA de 20 mm, des observatoires et despositions équipées de projecteurs.Sa garnison était de 17 officiers et 440 hommesde troupe.

Blockhaus pour 2 postes d’observation +2 mitrailleuses + 1 canon antichar dufort Istibey. L’embrasure centrale entreles 2 postes d’observation est celle ducanon anti-char. Les 2 embrasures exté-rieures sont celles des mitrailleuses

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bombardant sans compter tous les points derésistance. L’artillerie allemande est elle aussi trèsactive. Cependant maintenant que la ligne est

dépassée, le 18e corps allemand déboule surSalonique qui tombe le 9 avril soit après seule-ment 4 jours d’offensive. La chute du port entraî-

ne la capitulation sans condition de la 2e arméegrecque. La bataille de la ligne Metaxas est termi-née. Les forts sont encore aux mains des défen-seurs qui refusent de se rendre. Il faudral’intervention d’émissaires pour que les garnisonsrendent les armes et laissent les Allemands inves-tir leurs forteresses.

Source - plans et photos-Festungsbauten.de - traduction de l’allemand-39-45 magazine no140 – février 1998Merci à Nicolas Béraud pour les traductions del’allemand

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RÉSUMÉ DES COMBATSOctobre 1940, Mussolini attaque la Grèce, confianten la supériorité de son armée. Grâce à la ligneMetaxas qui permet d’économiser des troupesface à la frontière bulgare, l’armée grecque contreattaque victorieusement et entre en Albanie. Hit-ler décide de voler au secours de son allié mal-heureux (ce ne sera pas la seule fois) et décided’en finir une bonne fois pour toute avec la Grèce.L’offensive générale est fixée au 6 avril 1941.L’objectif principal est la ville de Salonique. Pour

ce faire, le 18e corps allemand suit la vallée de larivière Strymon qui passe à l’extrémité ouest dela ligne Metaxas à proximité du redoutable en-semble fortifié du Roupel. A l’autre extrémité de

la ligne, le 30e corps attaque en direction de lamer Egée, contournant cette fois la ligne par son

extrémité orientale. De leurs côté les 5e et 6e

divisions de montagne attaqueront la ligne defront avec peu desuccès et beaucoupde pertes.Une fois encore uneligne de fortificationsera prise à revers,l’attaque de fronts’avérant trop coû-teuse en vies humai-nes. Cela rappelle unpeu l’histoire de laligne Maginot…Après une journéede combat 2 forts sur22 sont tombés. Cesont des ouvrages

sur le front du 30e

corps, isolés et pasvraiment intégrés ausystème défensif dela ligne bien qu’enfaisant partie. Rappe-lons que l’armée al-lemande dispose dela supériorité aérien-ne complète et queles Stukas vont s’endonner à cœur joie,

Plan du fort Istebey qui fait beaucoup pen-ser à un ouvrage complexe de la LM. Onvoit clairement que la notion de « fort » ettrès éloignée de l’image que l’on peut enavoir quand on pense, par exemple, auxforts de Vaux ou Douaumont de Verdun…

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La marine royale helléniquedans la guerre

e dossier consacré à la Grèce durant la guerre ne serait pas complet si nousn’évoquions pas la marine grecque et les épreuves qu’elle a traversées durant toutle conflit. En effet cette petite marine nationale dut faire face dès le début deshostilités aux Italiens, et le pays, ses mers, ses îles envahis, les marins grecs n’encontinuèrent pas moins le combat aux cotés des Britanniques jusqu’en 1945, partici-

pant aux multiples opérations des Alliés.

C

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Mais alors que la Seconde Guerre mondiale seprofile à l’horizon, ces six sous-marins présententtoujours des lacunes techniques et opérationnel-les très graves et approchent surtout de la limitede vie acceptable de dix ans. Qui plus est leurprofondeur de plongée maximale n’est que de 60m, leurs machines auxiliaires sont très complexeset sensibles. Quant aux principaux moteurs ils ontsouvent de graves dysfonctionnements. Enfin ilsn'étaient pas équipés de citernes de ballast pourla plongée rapide et les systèmes de navigationet de torpillage étaient primaires. D’un point devue stratégique, dans le même temps, toujoursconscients de devoir s’assurer le contrôle de lamer Egée en cas de conflit, et pour assurer lasécurité de ses voies de communication, desplans sont conçus par l’état-major de la marinehellénique pour la poursuite du renforcement dela marine et sa préparation pour la guerre à venir.La défense côtière est ainsi organisée selon ladivision des côtes du pays en 6 zones navales dedéfense. Malgré les difficultés financières pourmettre en œuvre cette politique de mise endéfense des côtes, des systèmes de défenseaérienne sont installés sur les côtes et dans lesports. Les bases sont ainsi progressivement proté-gées par des champs de mines et des installationsanti-sous-marines à travers tout le pays.

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En 1939, alors que des rumeurs de guerre se fontsentir, la marine royale hellénique n’est pas lamarine la mieux dotée de la Méditerranée. Engrande partie vétuste, elle possède des naviresqui dans leur majorité datent de la PremièreGuerre mondiale. Le risque de conflit se précisantà partir du milieu des années 1930, la proximitéavec l’Italie qui contrôle le Dodécanèse et mena-cerait les lignes de communications entre les îlesgrecques et la péninsule en cas de guerre impo-sèrent au gouvernement une politique de moder-nisation de sa flotte. Cette modernisation n’estcependant que minime, l’économie du pays nepermettant pas les immenses dépenses qui se-raient nécessaires. Toutefois deux torpilleurs sontcommandés à l'Angleterre, le etla qui constitueront en 1939 leséléments les plus modernes de la flotte. Cons-truits par Yarrow & Company (Scotstoun, Ecosse),dotés d’une vitesse de 36 nœuds, ils étaientéquipés de 4 tubes de 127 mm, 4 de 37 mm ainsique 8 tubes lance-torpilles de 533 mm, idéauxpour les escortes et les raids de harcèlement desvoies maritimes. Au cours de la guerre italo-grec-que ces deux navires furent d’ailleurs déployés enmer avec succès comme nous le verrons, contrela italienne. Outre ces deux naviresd’un modèle nouveau, la Grèce se devait de faireface au risque des champs de mines qui nemanqueraient pas d’être posés pour entraver letrafic maritime entre les îles grecques. La marinese dote donc également de 4 navires dragueursde mines lancés dans les années 1930 : les

, égalementachetés en Grande-Bretagne ainsi que de 12hydravions et 1 pétrolier. Elle peut en outre comp-ter sur douze destroyers déjà âgés comme le

, le ou encore le , mis en serviceen 1912. Elle dispose en outre de six sous-marinsconstruits en France durant l’entre deux guerres :La le , le , la , la

et la, entrés en service

actif entre 1928 et1930 et équipés de sixtubes lance-torpilles etd’un canon de 100mm.

La Vasilissa Olga

Le Vasilefs Georgios

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Tant bien que mal, la marine royale helléniques’était donc préparée au mieux de ses moyens àrésister à tout agresseur. Sa participation pendantla Seconde Guerre mondiale commence bienmalheureusement pour elle de manière indirectepar le torpillage du croiseur léger par le sous-marin italien le 15 août 1940. Datant de laPremière Guerre Mondiale, l’ avait subi unerefonte entre 1925 et 1927 en France et reçu unarmement anti-aérien moderne ainsi que del'équipement nécessaire pour transporter 100mines marines. Le navire, qui était alors ancrédans le port de Tinos, escortait un bateau depèlerins qui participaient à la fête de la Dormitionde la Vierge. Durant l'explosion du navire, neufmarins et officiers sont tués et 24 autres sontblessés. Après l'attaque, durant laquelle deuxautres navires grecs sont visés, sans succès, lestorpilles éclatant sur le quai, des fragments detorpille sont retrouvés et identifiés comme d'origi-ne italienne. Cependant, le gouvernement grec,désireux d'éviter toute confrontation avec l'Italiealors que la Deuxième Guerre mondiale ravageaitdéjà l'Europe, annonça que la nationalité de l'atta-quant est inconnue. Déjà un mois auparavant,cherchant à tout prix à provoquer un conflitouvert, des avions italiens avaient bombardél’ et l’ le 12 juillet 1940 alors que cesderniers se trouvent dans les eaux crétoises, la

fut également visé en plein golfe deCorinthe le 31 juillet, sans dommage pour lenavire. Dans tous les cas, l’Italie prétexta la confu-sion avec des navires britanniques. En dépit decette politique d'apaisement, la guerre italo-grec-que éclate deux mois après le torpillage de l’ .L’état-major général de la marine hellénique dé-cida cependant de continuer sa préparation à laguerre en définissant sa stratégie d’engagement.La tactique de base choisie par la marine fut doncla confrontation à chaque attaque faite par l'enne-mi jusqu'à l'arrivée de la flotte anglaise qui nemanquerait pas d’intervenir dans la région en casde conflit.

Le destroyer Leon

Le destroyer Aetos

Le destroyer Ierax

Le croiseur léger Elli

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Le 14 avril 1941, alors que l’invasion allemandede la Grèce vient d’être lancée, le

, ancré dans la baie de Sofiko, dans le golfeSaronique, est attaqué par des unités de laLuftwaffe et subi de graves dommages. Son capi-taine, le commandant Lappas, réussi à atteindrela base de Salamine où il est placé en cale sèche.En raison de la percée du front et du déferlementde l’armée allemande dans la péninsule, le

sera finalement sabordé pour éviterla capture. Cela n’empêchera pas les Allemandsde le renflouer et de le remettre en service par lasuite. L’aviation allemande étant maîtresse duciel, ce sont les vieux navires comme leet le qui ne servaient plus que de casernesflottantes dans le port de Salamine qui comptentparmi les nouvelles victimes des bombardiers enpiqué Junkers le 23 avril 1941. Vestiges dela Première Guerre mondiale, ces deux cuirassésétaient en fait les ex-USS et USS ,navires déclassés de la marine américaine etcédés à la Grèce en 1914. Ils sombrent ainsi ets’échouent sur le fond de la baie où jadis les Grecsrepoussèrent la flotte perse. 25 navires sont ainsicoulés ou endommagés entre le 4 et le 25 avril1941.Tous les navires de la marine font leur possiblepour combattre dès le début des hostilités maisles grandes difficultés mécaniques et techniquesdes navires entravent leur déploiement. C’estainsi que le est endommagé le 18 avril 1941dans une collision avec un navire. Deux grenadestombent alors par-dessus bord et l’explosion arra-che la poupe du navire. Remorqué jusqu’à Salami-ne puis jusqu’en Crète, il est finalement bombardépar l’aviation allemande le 15 mai 1941 tandisque ses sister-ship et gagnent Alexan-drie aux côtés du reste de la flotte.

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L’Italie s’étant décidée à déclarer la guerre, leconflit italo-grec s’engagea on le sait dans lesmontagnes d’Epire, aux confins albanais du pays.Le début de la guerre trouve la marine royalehellénique préparée pour des actions de guerre.Elle accomplit ainsi de son coté diverses missionsen mer Ionienne, d’escorte notamment, maiseffectua également des raids contre les convoisd'approvisionnement italiens dans le détroitd'Otrante. Le rôle principal fut joué par les sous-marins qui, bien qu'obsolètes, réussirent à coulerplusieurs navires de transport et de commerceitaliens dans la mer Adriatique. La neparticipe pas aux opérations car il est en répara-tion mais le effectue 5 missions de guerreentre 1940 et 1941 et coule le sous-marin italien

le 14 janvier 1941 ainsi que le paquebot (5 451 t.) à 30 miles marins à l’est de

Brindisi le 23 mars 1941. Le 29 décembre 1940 la attaque un convoi italien protégé et coule

le transport de troupes (11 452 t.) maisen raison de la faible profondeur des eaux elle estdétectée et éperonnée par le torpilleur italien

qui l’envoie par le fond ainsi que tout sonéquipage. La accompli quant à elle 6missions de guerre entre 1940 et 1941 malgrédes problèmes techniques et coula l’une goélette à moteur italienne le 22 décembre1940 ainsi que le transport de troupe (3952 t.) le lendemain. Enfin le 31 décembre 1940la coule le , un cargo italien de 531t. Du coté des destroyers modernes le

participa, tout comme la ,la et l’ d’ailleurs, aux raids du 14 au 15novembre 1940 et du 4 au 5 janvier 1941. Maisc’est la déclaration de guerre de l'Allemagnenazie  à la Grèce et les premières attaques del'armée de l'air allemande décollant des basesaériennes bulgares qui firent subir les plus lourdespertes à la marine hellénique.

Le KatsonisLe Katsonis

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En effet devant les pertes importantes subies, lecommandant en chef de la marine grecque, levice-amiral Alexandros Sakellariou prit la décision(suivant aussi les ordres du gouvernement grec)de continuer la lutte. Par conséquent, le retraitprogressif des navires restants commence dèsque la perte de la péninsule de fait plus aucundoute. Après avoir sabordé les 5 plus vieuxtorpilleurs de la flotte dans la base de Salamine,la flotte se dirige vers Souda en Crète, puis vers labase britannique d’Alexandrie en Egypte. À la find’avril 1941, ce qu’il reste de la marine royalehellénique totalise 17 navires (1 navire de guerre,6 torpilleurs, 5 sous-marins et 1 auxiliaire, le SS

) dans la baie d'Alexandrie, constituantles dernières parcelles du territoire hellène libre,groupés autour du Comme laPythie l’avait prédit en des temps lointains, lesenfants de Thémistocle ne durent leur salut unefois de plus qu’au « rempart de bois » de leur flotte.

L'épave du Lemnos priseen photo par le HptmHajo Herrmann le 27avril 1941

Les cuirassés Kilkis (au second plan)et Lemnos (en arrière plan)

Le vice-amiral Sakellariou à droiteet George II à gauche

Le Georgios Averoff était un croiseur da-tant déjà de la Première Guerre Mondiale.Entre 1925 et 1927, il subit une refontedans un chantier naval français et reçut unarmement moderne anti-aérien, un équipe-ment de lutte contre les incendies et sestubes lance-torpilles obsolètes furent sup-primés. Après l'attaque allemande contre laGrèce en 1941 et l'effondrement du front,l'équipage refuse de se saborder et se réfu-gie dans la baie de Souda, en Crète, puisrejoint le port d'Alexandrie. Il est affecté àl'escorte des convois et des patrouilles dansl'océan Indien  et est basé à Bombay jus-qu'en 1942. Il revient à Port-Saïd en 1944en étant le fleuron de la marine grecque enexil et participe à la libération d'Athènes.Désarmé en 1952 au port de Salamine, ilest resté le symbole de la Marine Helléni-que et depuis 1984 il est devenu unmusée flottant dans le port de Phalère.

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Ces navires modernes furent pris en main par desmarins grecs envoyés en Angleterre pour y êtreformés et furent rapidement mis en service, lamarine britannique ayant de plus en plus besoinde navires face aux Italiens et aux Allemands.C’est ainsi que fin 1942 de nombreux élémentsviennent grossir les rangs de la marine royalehellénique : les destroyers de classe Hunt III

, , , , ,, 4 corvettes de classe

(l’ , le , le et le) et les dragueurs de mines

. Des sous-marins de conception britanni-que sont également prêtés à la marine hellénique: le ; l’ ; le et le .On trouve aussi le , un sous-marin italiende classe capturé par la corvette britanniqueHMS le 9 juillet 1942 au large de Bey-routh et transféré à la marine grecque le 5 dé-cembre 1942 sous le nom de . Enfin lestransports de troupes , , et

ainsi qu’une demi-douzaine de navires deravitaillement sont versés aux forces navales hel-léniques.

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Les pertes avaient été lourdes pour la marineroyale hellénique, et la poursuite de la guerreimposait la modernisation des navires ayant puêtre sauvés en vue de leur intégration opération-nelle aux cotés des Alliés. En effet les navireshelléniques, à l'exception de l’ , étaient vieuxet n’étaient surtout plus aptes à être utilisés à desfins de guerre. Par conséquent ils eurent besoind'être refondus afin qu'ils puissent être en mesurede correspondre à leur futur rôle. Les navires lesplus anciens de la flotte comme la oul’ furent ainsi réparés dans les chantiersnavals britanniques en Egypte et en Inde et leurarmement fut remplacé par un armement moder-ne. Une fois refondus, les missions de ces navires,intégrés au commandement de la flotte britanni-que, étaient d’escorter d'autres navires, de pa-trouiller en Méditerranée ainsi que dans l'océanIndien et le golfe Persique. Dans le même temps,les écoles navales fonctionnèrent en Egypte afinde former au fonctionnement britannique lesofficiers et membres d’équipage de la marinegrecque et les nouvelles recrues qui devront servirà bord des navires grecs. La marine helléniqueayant particulièrement du mordant et connaissantparfaitement la Méditerranée orientale, la

, en manque d’équipages chevronnés, déci-da de concéder des destroyers, des corvettes etdes sous-marins au gouvernement grec en exil,parfois même avant que leur construction soitachevée.

Le Sachtouris

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service actif et coule le 2 avril 1943 un mouilleurde mines italien près de Gythion. Le 5 avril 1943c’est au tour d’un navire marchand espagnol de535 t., le , d’être coulé devant l’île deKythnos. Le 29 mai 1943 le cargo est couléprès de l’île de Skiathos. Cette série s’arrête le 14septembre 1943 : suivant un transport de troupesau large de Skiathos, la est repérée parun poste d’observation allemand. Après un duelavec le chasseur de sous-marin allemand UJ-2101envoyé sur zone, le vieux sous-marin ne pouvantplus rester plus longtemps en submersion faitsurface sous le feu allemand. Le capitaine VassilisLaskos, véritable héros pour ses hommes, est tuéainsi que 31 membres d’équipage. 17 marins sontfait prisonniers tandis que 3 autres dont un offi-cier, parviennent à s’échapper à la nage et rejoi-gnent Skiathos après 9 heures de nage. Cachés, ilsréussirent à retourner en Egypte et rejoindre laflotte grecque par la suite. Enfin le , sous-marin prêté par les britanniques, totalisera 7patrouilles de guerre et coulera notamment le 9août 1944 le destroyer italien et le petitcargo dans le port de l’île de Samos.

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Pendant ce temps beaucoup de dommages et depertes purent être infligés par les navires grecsévacués à Alexandrie dans les combats pourprotéger les voies maritimes vers l’Egypte, que cesoit aux marines allemandes ou italiennes. Lamarine royale hellénique, renforcée de ses nou-veaux navires, acquit très vite une réputation degrand courage, de sens du dévouement et d’unevolonté omniprésente de se sacrifier. Pour cesmarins le contact avec la patrie n'était pas perdu.En effet les sous-marins grecs patrouillaient cons-tamment le long des côtes grecques, transportantdes commandos britanniques et grecs ainsi quedu matériel de guerre, harcelant les voies decommunication de l’Axe. La coula ainsi le21 et le 22 juin 1941 deux navires allemands puisle 20 novembre 1941 le cargo allemand(2 392 t.) au large de la baie de Souda en Crète.Le 4 avril 1942 elle sera cependant attaquée pardes bombardiers alors qu’elle était en réparationà Malte et sera coulée. Le , quant à lui,totalisera 7 patrouilles de guerre et une escortelors d’un approvisionnement de Malte à partir deson arrivée à Alexandrie. Coulé le 16 novembre1942 près de l’île d’Eubée après un affrontementavec un bateau de patrouille allemand, la moitiéde son équipage périt tandis que l’autre moitiésera faite prisonnière. De son coté le tota-lisa 16 patrouilles de guerre pendant le conflit etcoulera le 24 septembre 1942 le transport detroupe (1 500 t.) près de Rhodes. Le 25septembre 1942 c’est un grand voilier italien qu’ilenvoie par le fond. Il fut également utilisé pour letransport des unités de commandos et de person-nalités quittant la Grèce occupée. Laaffiche elle une activité particulièrement prolifi-que puisque le 30 novembre 1942 elle coule aularge du port de Kalymnos un cargo allemand de8 000 t. Elle coulera aussi un certain nombre depetits navires allemands et italiens et fit mêmeprisonnier l’un d’eux (220 t.). La parti-cipa également aux opérations du SOE et contri-bua au succès de raids commandos en Crète et àRhodes. Dans l’ensemble elle accomplit 9 pa-trouilles de guerre au Moyen-Orient avant deretourner en Grèce pour y être désarmée. Lekiosque de la trône d’ailleurs encoredevant le Musée maritime du Pirée. La ,après avoir été endommagée en sortie de calesèche à Port-Saïd le 2 juillet 1942, reprend le

Hedgehog, instruction sur l'utilisationdu mortier anti-sous-marins à bord de lacorvette RN Tompazis.

L'Adrias sur la rivière Tyne le 31 juillet1943, peu de temps après avant d'êtrepris en charge par la marine grecque

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Le Pipinos

Le Matrozos

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En effet, bien qu’ils aient infligé quelques pertesaux forces de l’Axe, les navires grecs eurent aussià souffrir des pertes et furent durement accrochéspar les marines et les aviations adverses. Le casle plus marquant et le plus emblématique estcelui de l’ . Fabriqué en Grande-Bretagne ilfut prévu dès le 20 juillet 1942, avant même quesa construction soit achevée, qu’il soit prêté à lamarine royale hellénique afin de compenser leslourdes pertes subies comme nous l’avons vu. Ilreçu donc dès son baptême le nom d’ , et unéquipage grec en pris possession à Newcastle le20 juillet 1942, sous le commandement du capi-taine de frégate Ioannis Toumbas. Prêt à prendrela mer le 5 août 1942, il s’échoue le 26 août,perdu dans la brume près de Scapa Flow, alorsqu’il était en pleine phase d’essais en mer. Ilfaudra quatre mois pour effectuer les réparationset ce n’est qu’au début du mois de janvier 1943qu’il est de nouveau opérationnel et prend la merpour rejoindre la Méditerranée. En chemin l’inaugure son tableau de chasse puisque le 27janvier 1943, au nord- ouest du cap Finisterre, ilest probable qu’il coule le sous-marin allemandU-553  ainsi que le U-623 le 13 février suivant.Continuant sa route il rejoint la mer Méditerranéeoù il participe à des missions d'escorte de convoiset aux opérations de débarquement en Sicile où,dans la nuit du 20 juillet 1943, en coopérationavec le destroyer britannique HMS , ilaffronte avec succès trois torpilleurs allemandslors d'un engagement de nuit et coule deuxd'entre eux.

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Les bâtiments grecs ont ainsi capturé oucoulé bon nombre de navires, en particulier enmer Egée. Ainsi la , qui était parve-nue à s’échapper avec le reste de la flotte en mai1941 vers Alexandrie, est d’abord modernisé àCalcutta en novembre-décembre 1941 moderni-sée puis affectée dans l’océan Indien avant deretourner en mer Méditerranée par la suite. Avecson capitaine, le Lt. Cmdr. G. Blessas, la

enchaine alors les succès : le 14 décembre1942, elle coule le sous-marin italien (620tonnes) au large de  Malte, avec le destroyerbritannique HMS . Le 19 janvier 1943, elleintercepte et coule le navire de transport italien

(475 tonnes) au large de la côte libyen-ne aux côtés des destroyers britanniques HMS

et HMS . Le 2 juin 1943, la et le destroyer britannique HMS

coulent le torpilleur italien (env. 790tonnes) au large du Cap Spartivento et participequelques jours plus tard à la capture de l’île dePantelleria et en juillet au débarquement allié enSicile. Pendant les opérations alliées au cours dela campagne du Dodécanèse dans la mer Egée enseptembre 1943, aux côtés des destroyers britan-niques HMS et HMS , elle coule unconvoi allemand composé destransports  (2 000 tonnes) et  (4 000tonnes), près de Astypalea. Au cours de la bataillede Leros, elle transporte les membres du

sur l'île, mais le 26 septem-bre, elle est attaquée et coulée par 25 bombar-diers dans le golfe de Lakki à Leros. Lecapitaine, 6 officiers et 65 membres d’équipagepérissent avec le navire. Un monument estd’ailleurs toujours érigé à Lakki pour se souvenirdu sacrifice des Grecs pour la libération de leur sol.

Le BN Adrias touché, continue sa routesur plus de 500 miles

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Avec la libération de la Grèce, l’ (toujoursquelque peu endommagé) fera partie des naviresqui, toujours autour du ramènentle gouvernement grec en exil à Athènes le 17octobre 1944, regagnant la péninsule helléniqueavant d’être rendu à la , tout commele , le et le . La Marinehellénique se reconstruisit peu à peu, grandementaidée par les forces alliées mais aussi un peu parl’Italie qui, en guise de compensation pour ladestruction de l’ en 1940, remettra à la Grècele croiseur . Le navire italien seraalors renommé et servira de navire amiral à lamarine grecque jusqu'en 1973.

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Le 20 septembre 1943 l’ représente laGrèce quand une force de quatre navires alliésaccepte la reddition d'un contingent de la marineitalienne venu de Tarente qui naviguait vers Maltesuite à l'armistice avec l'Italie. Le 22 octobre 1943,au cours des opérations dans le Dodécanèse, alorsqu’il est tout près de l'île de Kalymnos avec ledestroyer britannique HMS , l’heurte une mine et sa proue est déchirée parl’explosion. Malgré l'incendie, les dommages surson armement, ses blessés et alors que le com-mandant britannique de la flottille lui ordonned’abandonner le navire, le Cmdr. Toumbas s’yrefuse et tout en essayant de venir en aide auHMS également touché par une mine,recueillant 143 membres de son équipage, ilréussit à atteindre la côte à proximité deGümü  lük en Turquie neutre avec seulement 21hommes de son équipage morts et 30 blessés.Après quelques réparations mineures, le navire

reprend sa route le 1er décembre pour Alexandrie.Après un voyage de 730 miles nautiques (1 350km), dont 300 dans le rayon d’action des Junkers

de la Luftwaffe basés en Grèce occupée, lenavire réussi à atteindre Alexandrie le 6 décem-bre (jour de la fête de Saint-Nicolas, le saintpatron des marins), où le navire et son équipagesont accueillis comme des héros par la flottebritannique et les autres navires alliés. Cette odys-sée est considérée comme un brillant exemple del’entraide entre marins et améliora considérable-ment le moral au sein de la marine royale hellé-nique et des autres marines alliées enMéditerranée.

Le BN Adrias au port d'Alexandrie,6 décembre 1943

Peinture représentant le retourtriomphal de l'Adrias en raded'Alexandrie

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Sourceshttp://www.enkripto.com/2008_10_01_archive.htmlhttp://greek-war-equipment.blogspot.co.uk/2012/06/1928-1943-submarine-y-1-katsonis.htmlhttp://uboat.nethttp://www.hellenicnavy.grhttp://www.wikipedia.fr

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Nous avons pu voir que, malmenée duranttoute la guerre, partiellement préparée à ce con-flit sanglant, la marine hellénique, si petite soit-elle mais si courageuse, continua de se battredurant toute la guerre aux cotés des Alliés, dansla digne lignée des marins grecs de l’Antiquité quidominèrent la mer Egée sur leur trières pendantdes siècles. Emanation du peuple grec, même enexil, la marine de ce pays connu elle aussi lesprémices de la guerre civile en son sein puisquela fin de la guerre approchant, une mutinerie sedéclencha le 22 avril 1944 à bord du , muti-nerie qui fut réprimée par les troupes grecquesprésentes au Moyen-Orient, annonçant les conflitspolitiques qui allaient ravager la péninsule hellé-nique deux ans plus tard.

Fanfare navale devant les canonsdu Georgios Averoff

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L’aviation grecque

Un Bloch 151

Un bombardier léger Blenheim

Un Potez-PZL-P25

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4 6 Histomag - Numéro 86

L’occupation de la Grèce

elle Grèce! Amer vestige, éclat passé!

Grande déchue, caduque impérissable!Qui mènera tes enfants dispersés?

Qui rompra le servage interminable?Jadis tes fils n’étaient point comparables,Attendant les guerriers voués au caveau.

Des Thermopyles, sépulcre lamentableQui réveillant cet esprit brave et beau.

S’élançant d’Eurotas, te prendra du tombeau ?” »Le Pèlerinage de Childe Harold

Lord Byron

Le général von Brauchitsch sur l'Acropole

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4 7 Histomag - Numéro 86

SUR LE PONT BERATIEn traversant la Grèce avec la

Erich Kern note (que): «

».

Les avant-gardes de la 56a

Casale sont stoppées au pont Berati par un officierde la LSSAH dans la nuit du 21 au 22 avril 1941.La veille, le général Tsolakoglou commandant le

3e Corps d'Armée a signé un cessez-le-feu avecSepp Dietrich, sur sa propre initiative. Ultimehumiliation pour les Italiens par les Grecs qui ontcapitulés devant les Allemands uniquement. Mus-solini, furieux, fait part de son mécontentement àEnno von Rintelen, l'attaché militaire allemand àRome. A Giannina, le List demandeà Tsolakoglou d'envoyer des plénipotentiaires afind'entériner l'armistice. Le lendemain 23 avril, unsecond armistice est signé à Salonique entre Jodlpour les Allemands, le général Ferrero pour lesItaliens et Tsolakoglou.Les Britanniques connaissent un nouveau Dunker-que, 43 311 hommes du général Henri « Jumbo »Wilson rembarquent à Kalamata, Nauplie et Rafti(opération Demon).Le roi Georges II, sa famille et le gouvernement-légal- se réfugient en Crète avant d'aller s'instal-ler à Londres.Le matin du 27 avril, une colonne de la 6.

entre dans Athènes, le drapeau nazi flottedésormais sur l'Acropole. Les îles de Corfou etCéphalonie sont occupées par les troupes aéro-portées italiennes. Des incidents entre Italiens etAllemands vont détériorer les relations entre lesdeux partenaires de l'Axe. Les forces arméeshellènes refusent de se rendre aux troupes duRegio Esercito, mais il suffira de quelques moisaux Grecs pour connaître la véritable nature del'occupant allemand. Le 3 mai a lieu à Athènes undéfilé des troupes de l'Axe.

Le pont Berati

Le général Georgios Tsolakoglou

L'armistice est signé à Salonique entre legénéral Tsolakoglou, le Feldmarschall Listet le général Ferrero

1 - Erich Kern, in La Dernière Ivresse. Ed. France-Empire.

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Une loi votée par le parlement de Sofia oblige leshabitants des territoires annexés à prendre lanationalité bulgare et en cas de refus, ils sontexpulsés et leurs biens saisis. 100 000 Grecsprennent le chemin de l'exil.Après la capitulation italienne, l'Allemagne de-mande au tsar Boris III d'intensifier la lutte contreles bandes armées dont les activités préoccupentl'OKH. Des volontaires slavo-macédoniens, les

, se forment en milices pour participer àla lutte antiguérilla.En ce qui concerne le sort des Juifs des zonesoccupées, ils sont livrés aux autorités allemandes.11 500 d'entre eux seront déportés à Treblinka.En septembre 1944, suite à la capitulation de laBulgarie et de son entrée en guerre contre l'Alle-magne, la Macédoine orientale et la Thrace sontévacuées.

UN GOUVERNEMENT FANTOCHELa vie politique grecque est depuis longtempspartagée par le clivage royalistes/républicainsdont leur champion avait été le Chypriote Elefthe-rios Venizelos, mort en 1936. Face à l'instabilitéparlementaire, le roi Georges II nomme premierministre le général Ioannis Metaxas. S'inspirant dufascisme et utilisant la symbolique mussolinienne,le régime du «4 août» instaure la loi martiale etinterdit le parti communiste grec, le KKE, qui entreen clandestinité.

La meilleure solution pour une occupation peucoûteuse en hommes est d'instaurer un gouver-nement fantoche. Georgios Tsolakoglou est dési-gné Premier Ministre et forme un gouvernementle 27 avril, composé de militaires et qui n'est pasreconnu par les Alliés (le gouvernement légal esten exil). La monarchie est abolie et le pays prendle nom d'Etat Grec.

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LA TRIPLE OCCUPATIONLa Grèce continentale, l’île d'Eubée, les Cyclades,une mince partie de la Crète, les îles Ioniennes

sont occupées par les troupes italiennes de la 11a

commandée par le général Geloso. L'oc-cupant va vivre sur le dos de la Grèce, saisissantles récoltes (la Thrace occupée par la Bulgariefournit 60 % des récoltes en blé), l'huile d'olive,le cheptel. Le pays va connaître une des piresfamines jamais vues en Europe.Hitler a trop besoin de ses troupes pour préparerl'invasion de l'URSS mais les Allemands contrôlentAthènes et le Pirée, une bande de terre entre laTurquie et la Thrace et toute la région de Saloni-que riche en blé et dont les mines de chromeseront utiles à l'industrie du Reich. Il va sans direque toutes les ressources du pays sont sous con-trôle allemand et que les frais d'occupation exor-bitants ( ) vont mener le paysdans le chaos le plus total. Au total, 12 5000 000de Drachmes seront versés aux Allemands, 4 000000 aux Italiens.La Bulgarie, qui a signé le pacte le pacte Tripartite

le 1er mars 1941 au château du Belvédère deVienne, autorise le passage des troupes alleman-des sur son sol pour envahir la Grèce. Les territoi-res perdus lors du traité de Sèvre en 1919, sontannexés, la Bulgarie a de nouveau un accès à lamer Egée. Le pays récupère ainsi la Thrace (saufl'extrémité Est à la frontière turque occupée parles Allemands) et la Macédoine orientale s'agran-

dissant de14 430 km2 et 590 000 habitants ce quisatisfait l'irrédentisme bulgare. S'il existe uneminorité bulgare appelée slavo-macédoniens, elleest diluée dans une majorité hellène installéeaprès le désastre de la guerre gréco-turque et ledéplacement des populations qui s'en est suivi.Les écoles slavophones fermées durant l'ère Me-taxas peuvent rouvrir alors que celles hellènessont fermées. Les fermiers grecs sont expulsés,remplacés par des colons bulgares ainsi que pourle clergé orthodoxe qui passe sous l'influence del'église autocéphale de Sofia. Une première révol-te éclate à Drama, le 28 septembre et se répanddans toute la partie annexée. Elle va être dure-ment réprimée, le lendemain, trois mille hommesâgés entre 18 et 45 ans sont raflés et fusillés. Enquelques semaines, 15 000 Grecs sont exécutéset plusieurs villages brûlés en représailles.

Défilé des troupes allemandes dansAthènes

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Les ministres plénipotentiaires allemand et ita-lien, Günther Altenburg et Pellegrino Ghigi eninforment leur chancellerie. Une délégation hellè-ne se rend à Berlin afin de négocier une réductiondes frais d'occupation pour permettre aux Grecsde pouvoir subvenir à leurs besoins les plus élé-mentaires, Göring, ministre du plan quinquennalrépond « sans importance !», Par un tour depasse-passe sémantique, les frais d'occupationsont renommés , frais de recons-truction. Ainsi les Grecs vont financer la construc-tion de routes et d'aérodromes pour le comptedes Allemands.Devant l'ampleur du désastre, le blocus de laRoyal Navy sera levé afin de permettre à laCroix-Rouge de livrer du blé, provoquant unebaisse de son cours sur le marché intérieur et unelégère amélioration des conditions de vie desGrecs.

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Le pays est soumis au pillage en règle de toutesses ressources par les forces d'occupation. Lesrécoltes sont cachées pour être vendues au mar-ché noir. Les gendarmes sont incapables de lesréquisitionner car il n'y a plus aucun moyen detransport pour acheminer les denrées dans lesvilles. L'inflation, une Drachme d'occupation autaux peu avantageux pour les Grecs, un hiverrigoureux, une capitale surpeuplée de réfugiéschassés par les Bulgares et Athènes va connaîtreune des pires famines connue en Europe occiden-tale. Durant l'hiver 1941/42, 50 000 personnesvont mourir de la faim. Chaque jour, le spectacledes corps ramassés dans les rues devient lequotidien des Athéniens. La faim va tuer 300 000personnes dans toute la Grèce.

Carte de la partition de la Grèce

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l'Albanie n'est ni plus ni moins qu'un état vassalintégré à l'espace vital fasciste. Les bandes para-militaires de Chams seront responsables avec la1. . de l'exécution de plus dedeux cents villageois à Paramythia. La majoritédes Chams suivront les Allemands dans leur re-traite en octobre 1944, échappant ainsi à un sortpeu enviable promis par l'ELAS.

Dans la partie annexée par la Bulgarie - la Thraceet la Macédoine Orientale- où vit une minoritéslavo-macédonienne, étant intégrée auroyaume de Boris III, celle-ci se regroupe en

milices paramilitaires appelées (Sécurité),pour lutter contre la guérilla grecque. Les

sont équipés par les Italiens et constituent uneforce de 12 000 hommes. Une de leur unité s'estrendue responsable du massacre de Klissoura.

LA RÉSISTANCE GRECQUEÔ trois cents Spartiates! Levez-vous,revenez parmi vos enfants: vous verrezcombien ils ressemblent à leurs glorieuxpères.Tous les infidèles redoutant leur valeur, seprécipitent en tumulte dans les murs deCorinthe, et disparaissent d'ici comme uneombre légère ;La Mort frappe en tous lieux et jonche lescampagnes flétries des misérables restes dela fuite et du carnage.Et toi, divine, immortelle Liberté, à qui rienn'est impossible, tu te promènes toutesanglante sur la plaine homicide.Hymne grec (extrait)

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DES MINORITÉS AU SERVICE DESOCCUPANTSJouant sur les rivalités inter-ethniques et les aspi-rations séparatistes, les Italiens recrutent desvolontaires Valaques comme auxiliaires et guidesdans les régions montagneuses du Pinde. LesValaques(ou Vlach) constituent une minorité par-lant l'aroumain, une langue proche du roumain etvivant dans le massif du Pinde, zone montagneu-se située entre le sud de l'Albanie et l'Epire.Une «légion romaine vala-que» est constituée, rappelantla parenté latine avec Rome,modèle de civilisation, elle estarmée par les Italiens. Sonchef est Basileos Rapotikas. Ilest difficile de faire une esti-mation du nombre d'hommesenrôlés, entre 400/450. Uneunité, sous la conduite d'unchef de la Milice (MVSN) An-tonio Valli, commet des exac-tions à Tsaritani le 12 mars1943, toutes les maisons sontincendiées et 40 hommes fu-sillés.Un état fantoche est même créé pour l'intégrerdans la sphère d'influence fasciste. Il prend lenom de Principauté du Pinde (

) et la capitale est Metsovo. Un noble valaqueest nommé à sa tête: Alchiviadis Diamandi diSamarina. En 1942, une faction de l'OrganisationRévolutionnaire Interne Macédonienne (ORIM)offre la « couronne » de la Macédoine occidentaleafin de réunir ces deux régions en une Principautédu Pinde et Voïvodine de Macédoine.

Diamandi, qui se fait appeler Alcibiade Ier cède sontrône à Nikolas Matoussis puis à un noble ma-gyaro-valaque Gyula Cseszneky (Voïvode Julius)jusqu'en 1943, date de le fin de la présenceitalienne. Ces régions seront naturellement réinté-grées à la Grèce à la fin de la guerre.

Les Chams vivent au nord-ouest de la Grèce, dansune région qu'ils appellent Chameria et sont desmusulmans albanophones. Ils voient l'arrivée desItaliens comme des libérateurs. A l'époque deMétaxa, ils ont été obligés de s'helléniser, toutcomme les Valaques. Le rêve d'une Grande Alba-nie se concrétise, car le pays s'est agrandi de laMethoja, du Kossovo et ensuite de la Chameriaaprès la guerre. Il n'en demeure pas moins que

Une drachme sous l'occupation

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A partir de l'été 1942, les (rebelles), nomdonné aux résistants s'enhardissent. Mi-brigands,certains rackettent les villageois des villages dunord de la Grèce pour trouver de la nourriture,rappelant les kleftes au temps de l'empire otto-man lors de la Guerre d'Indépendance.Les villages qui osent ravitailler les sontimpitoyablement brûlés, leurs habitants pris enotages et fusillés.Le 16 février 1943, à Domenikon, petit village deThessalie, un convoi italien est mitraillé par lesrésistants, tuant neuf Chemises Noires. En repré-

sailles, le général Benelli, commandant la 24a

Pinerolo, entend donner uneleçon qu'il juge «salutaire». Les habitants mâlessont séparés du reste de la population et tenus àl'écart. Durant la nuit, 120 hommes sont fusilléset les habitations brûlées. A Pharsale, en mars1943, 40 sont capturés et jamais re-trouvés (parmi eux mon grand-père dont on igno-re le sort), la sentence est sans appel, 60 hommessont fusillés, comme aussi à Oxinià ou Domokos.

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Le premier acte de résistance à l'occupant estattribué à l'evzone Konstantinos Koukidis qui enretirant le drapeau grec de l'Acropole à l'arrivéedes Allemands, se serait enroulé dedans et jetédu haut des murailles.Une nuit de la fin mai 1941, deux jeunes Grecs,Manolis Glesos et Lakis Santas arrachent le dra-peau nazi de l'Acropole, un premier affront pourles Allemands. Les premiers signes de la résistan-ce armée apparaissent en Grèce du nord, enoctobre 1941. La ligne ferroviaire Salonique-Athè-nes fait les frais de plusieurs actes de sabotagemais la réaction allemande ne se fait pas atten-dre : 488 otages sont passés par les armes et deuxvillages brûlés.L'EAM : Front National de Libération est créé le 10octobre 1941 par le KKE incluant également lessyndicats et divers partis politiques. Le bras arméde l'EAM est l'ELAS, Armée Populaire de Libéra-tion, apparaissant au printemps 1942 dirigée parle Aris Velouchiotis.Parallèlement, l'EDES (Ligue Nationale Républicai-ne de Grèce) voit le jour à Athènes dirigée par lecolonel Napoléon Zervas mais dont le chef hono-raire est le général républicain en exil, NikolaosPlastiras. Un autre de groupe de tendance républi-caine, l'EKKA (Libération Nationale et Sociale),mettra sur le pied le 5/4 régiment d'evzones dontle chef, le colonel Psarros et une grande partie destroupes seront liquidés par l'ELAS.Pendant toute la période avril 1941-été 1942,l'activité des partisans est relativement réduite,accablés par la situation chaotique du pays. Lemanque de perspectives, la faim empêchent unvéritable élan patriotique. L'Axe laisse à la Gen-darmerie grecque le soin de maintenir l'ordre etde procéder aux réquisitions de blé pour le soindu gouvernement.

Miliciens chams du Balli Kom-bëtar, luttant tour à tour con-

tre les Italiens, lescommunistes et les Grecs.

Konstantinos Koukidis

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A la mi-1943, on estime qu'il y a entre 25 et 30000 la plupart appartenant à l'ELAS.

Entre le 1er et le 2 juin 1943, des partisans del'ELAS détruisent le tunnel de Kournovo alorsqu'un convoi militaire italien est en train de l'em-prunter, provoquant la mort de centaines de sol-dats italiens. En représailles, 106 détenus du campde Larissa sont fusillés. L'armistice du 8 septem-bre 1943 met fin à l'occupation italienne, maiselle est remplacé par celle, plus implacable desAllemands.

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La seule opération où l'ELAS et l'EDES lutterontcôte à côte est l'opération Harling, la destructiondu viaduc de Gorgopotamos. Un groupe de sabo-tage de 12 hommes, commandé par le lieute-nant-colonel Eddy Miers est parachuté le 30septembre 1942 au-dessus du mont Giona pargroupe de trois, guidés par les feux allumés au sol.

Le 1er groupe est commandé par Miers.

Le 2e groupe par le major Chris Woodhouse, unétudiant d'Oxford.

Le 3e groupe par le major John Cooke.Les groupes sont largués maisne peuvent pas se retrouver etsont recherchés par les Italiens.Miers, après une reconnaissan-ce choisit le pont sur le Gorgo-potamos, alors queWoodhouse prend contact avecles de Zervas, Cooke,lui, c'est avec ceux de l'ELAS deVelouchiotis.Les deux chefs résistants nesont pas enthousiaste pour col-laborer ensemble (ce sera unedes rares fois).Outre les douze Britanniques, ily a 86 hommes de l'ELAS et 52de l'EDES, en tout 150 hommes.Le 25 novembre, à 23h00, après avoir fait couperles lignes téléphoniques, les deux postes italiensde chaque côté du pont sont neutralisés tandisque le groupe de saboteurs installe les explosifs.A 01h30, les explosions retentissent, puis à 2h20,coupant le pont en deux. A 4h30, les Anglais etles Grecs dégagent, ils n'ont que quatre blessés.L'opération est un grand succès, les opérateurs nesont pas exfiltrés, ils demeurent en Grèce pourcontinuer la campagne de sabotage.Au tournant de l'hiver 42/43, les lancentde véritables offensives, libérant plusieurs villes:Karditsa, Metsovo ou Grevena en Macédoine.Plusieurs larges zones de la Grèce continentalesont entre leurs mains. Churchill, conscient quel'ELAS risque de faire basculer la Grèce dans legiron soviétique, préfère favoriser l'EDES, mêmesi celle-ci est moins active que sa concurrentecommuniste. Zarvas reçoit des armes et desmoyens financiers. Ce sont les premiers germesd'une guerre civile. Néanmoins, le 4 juillet 1943,les chefs de l'EDES, l'EKKA et l'ELAS signent unaccord commun de coopération avec l'

du général Wilson.

Le viaduc de Gorgopotamos

Napoleon Zervas

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La gendarmerie grecque a été utilisée égalementpour participer à la lutte contre la résistance. Uneunité, rattachée à l' est le corps devolontaires militaires ( )qui contera jusqu'à 400 hommes opérant près deSalonique. Une de ces formations la plus connueest le Poulos Verband, du nom de son chef lecolonel Giorgios Poulos. Il est recruté dans unpremier temps au sein du2000, unité de l'Abwehr basée dans la région deSalonique. Poulos reçoit l'autorisation de mettresur pied une petite milice, à Krya-Vrisy, près deSalonique. Elle est destinée à lutter contre lespartisans opérant en Macédoine. Les volontairessont vêtus de l'uniforme allemand, portant sur lamanche un drapeau hellène. Reconnaissable par-mi ses hommes, Poulos est vêtu par contre de sonuniforme de colonel grec. Il reçoit en renfort lesrestes du Schubert. FriedrichSchubert est un allemand hellénophone, membredu NSDAP. De son vrai nom Petros Konstandinis,il est utilisé en Crète comme interprète. Il réussità organiser un qui porte l'unifor-me allemand et dans l'île, ces hommes appelés

jouissent d'une sinistre réputation desadiques. Cible de la résistance crétoise, le

est envoyé en Macédoine renforcer lePoulos . Celui-ci est haï également par larésistance qui décide d'en finir avec. En avril 1944,lors de durs combats à Verria, le perd unecentaine d'hommes mais Poulos réussit à échap-per à la traque menée par l'ELAS. L'unité suivra laWehrmacht dans sa retraite, utilisée comme ba-taillon de police auxiliaire en Slovénie puis enAutriche où ils rejoignent un «Comité NationalGrec» en exil. Schubert et Poulos seront livrés à lajustice grecque, jugés coupables de crimes contrel'humanité et pendus.Parmi les diverses milices grecques, l'EASAD (Al-liance d'Action Anti-communiste Nationale) com-posée d’environ 400 volontaires sous les ordresde Takis Makedon et postée à Karditsa. Implantéedans les villages de Tessalie, ses membres ser-vent d'auxiliaires à l'armée allemande ou commeinterprètes. L'unité se repliera en Yougoslavie, sonchef éliminé par les partisans de l'ELAS.D'autres milices sont levées par le général Bakos,ministre de la Défense comme l'organisation X oula PAO (Organisation Panhellénique de Libération)et qui mènent un double-jeu pour passer avecarmes et bagages dans les rangs de l'EDES durantla guerre civile.

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LES AUXILIAIRES GRECSIoannis Rallis, ayant succédé à Konstantinos Logo-thetopoulos le 7 avril 1943, est profondémentanti-italien et préfère se rapprocher des Nazis. Aunom de la lutte contre le bolchevisme, il va leurdemander leur appui pour combattre l'EAM-ELAS,en autorisation la formation et l'armement debataillons de sécurité (

. Connaissant le terrain, les vont semontrer de précieux auxiliaires pour les Alle-mands. 22 000 hommes seront enrôlés pour luttercontre le « danger communiste».Sous la houlette du

Walter Schimana, chef suprêmedes SS et de la police en Grèce, neuf bataillonsd' evzones: infanterie légère- verront lejour. Mais les Italiens, tout comme les Allemandsse montrent très réticents à les armer, ainsi lepiquet d'honneur de la garde au Soldat Inconnuest armé d'un fusil mais sans munitions.Le premier noyau de volontaires provient juste-ment de la garde du Soldat Inconnu. En mai 1943,le premier bataillon voit le jour, formé de troiscompagnies. Il prend le nom de Bataillon Lao-koon, commandé par le colonel Ioannis Plytzano-poulos. L’afflux de volontaire permet de mettresur pied trois régiments à quatre bataillons :

- le 1er régiment Evzones, commandé par le colo-nel Ioannis Plytzanopoulos, aux dépendances duLXVIII à Athènes

- le 2e régiment Evzones rattaché au même corpsque le précédent, à Tripolis

- le 3e régiment Evzones rattaché au XXII à Ioannina.

Le colonel Basileos Dertiles est inspecteur-généraldu corps des Evzones. Après un court cycle d’en-traînement, les bataillons de sécurité sont em-ployés dans la lutte antiguérilla contre l'EAM,entraînant un cycle de représailles et d'exécutionssommaires, d'autant plus que le gouvernementproclame que pour un membre des bataillons desécurité tué, cinq otages seront exécutés.Ils doivent prêter le serment suivant à AdolfHitler : «

  ».Ioannis Rallis tentera de protester contre ce typede serment, en vain.

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Les bataillons de sécurité,bras armé de la collaboration

Les Evzones du gouvernementcollaborationiste grec

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Le premier convoi quitte Salonique le 15 marspour Auschwitz avec 2 800 déportés qui serontpratiquement tous gazé à l'arrivée le 20 mars. Lesconvois se succèdent jusqu'en août 1943, 19convois en tout, 48 533 déportés, 37 386 gazés,128 femmes servant de cobayes pour les ignoblesexpériences nazies.Mais dans les territoires occupés par l'arméeitalienne, malgré les pressions allemands, le

Geloso, commandant la XIa refusede livrer un seul Juif. A Salonique, le consul italienGuelfo Zamboni déploie une intense activité pourempêcher leur déportation. Il sera honoré du titrede Juste parmi les Nations. Dans son ouvrage

, Schlomo Venezia lui rendhommage. Ce refus italien ne fait qu'accentuer lefossé entre les deux alliés de l'Axe. Après l'armis-tice du 8 septembre 1943 et la conquête des îlesdu Dodécanèse, la Grèce est pratiquement

.

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LES JUIFS DE GRÈCEInstallés en Grèce depuis le IVe siècle, la commu-

nauté juive s'est considérablement accrue au XVe

siècle avec l'arrivée des Juifs sépharades chassésd'Espagne. Ils s'installent principalement à Saloni-que, parlant une langue judéo-espagnole, le la-dino. C'est dans cette ville qu’apparaîtra la sectedes sabbatéens qui voyant en Sabbatai Tsevi leMessie, se convertira à l'Islam. D'autres commu-nautés vivent dans les grandes villes commeCorinthe (les Épîtres de Paul), Athènes ou les îlesdu Dodécanèse, Corfou ou Eubée.Salonique compte une population de 56 000 Juifs.Le 11 juillet 1942, entre 6 000 et 7 000 Juifs sontrassemblés place Eleftherias (Liberté) pour passerdes «test d'aptitude physique» afin d'être en-voyés effectuer des travaux forcés (routes, ter-rains d'aviation...). Sous un soleil accablant,affaiblis après un hiver de privations, ils effectuentdes exercices de gymnastique humiliants. Lesmembres du conseil juif proposent une sommeconsidérable au commandant de la place, le gé-néral Max Merten pour relâcher les hommesraflés. Le marché est conclu et les hommes sontlibérés. En contrepartie, le vieux cimetière juif(300 000 à 500 000 tombes) est détruit, lesplaques tombales servant à daller les routes.Entassés dans trois ghettos dont celui du «BaronHirsch», leur sort est compté. Adolf Eichmannenvoie en février 1943 Dieter Wisleny et AloïsBrunner pour planifier la déportation vers lescamps en Pologne.

Soldats du Poulos Verband

Soldats du Poulos Verband

Les juifs de Salonique, rassemblés placeEleftherias, faisant des exercices physiques.

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DE LA GUERRE DE LIBÉRATION ALA GUERRE CIVILEAprès s’être débarrassés des Italiens, les Alle-mands décident d'en finir définitivement avec larésistance grecque. Ils entreprennent de vastesopérations de ratissage comme celles opérées enYougoslavie. L'une d'elle, l'opération Panther me-née par le Hubert Lanz,chef du XXII. , va pousser Napo-leon Zervas à demander un cessez-le-feu. Les

ne peuvent plus compter sur l'aide desvillageois qui craignent les terribles représailles.Après la mort lors d'une embuscade de l'Oberst-leutnant Josef Salminger, appartenant à la I.

, l'unité va commettred'innombrables massacres et destructions de vil-lages.A Paramythia et ses environs, l'unité à l’edelweissaidée par des supplétifs Chams fusille 201 villa-geois entre le 19 et le 29 septembre 1943. Uneautre unité s'est rendue coupable de crimes deguerre: la 117. du général Le Suirequi pour venger la mort de 78 des leurs, captifsdes , ratisse le village de Kalavryta, rafletous les hommes âgés de plus de dix-huit ans etles exécute le 13 décembre 1943. 500 villageoissont passés par les armes. L'opération de repré-sailles coûtera la vie à 1 200 Grecs en tout. EnMacédoine, le comble de l'horreur est commis àKlissoura par les membres de l' commeindiqué un peu plus haut. Les rapports de cesmassacres arrivent au bureau d'un certain

Kurt Waldeim, officier de renseigne-ment au bureau Ic/AO au QG du Armee-Gruppe Eà Salonique.A partir d'avril 1944, malgré les accords signésentre l'ELAS et l'EDES (accords de la Plaka), lesdeux factions rivales se livrent à une guerre fratri-cide. Ainsi, le 17 avril 1944, à Phocis, le 5/42Régiment Evzones (EKKA) est décimé par l'ELAS,son chef le colonel Psarros, exécuté.En août 1944, suite à la défection de la Roumanieet de la Bulgarie, le E reçoit l'ordrede quitter la Grèce et de se replier vers le nord,en traversant la Yougoslavie. Les bataillons desécurité suivent la Wehrmacht dans la retraite.

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LA DISSOLUTION DE L’ARMÉE ITA-LIENNEAprès l'annonce de l'armistice italien du 8 sep-tembre 1943 (voir HM 85, les 45 jours de Bado-glio), le Carlo Vecchiarelli,

commandant la XIa est confronté auxAllemands, les ordres de Badoglio sont flous, il nefaut pas retourner les armes contre les Allemandsmais répondre à toute attaque de quel côté qu'el-le soit. Par contre, les ex-alliés ont reçu desdirectives biens précises et applique le plan Kons-tantin, pendant du plan Achse pour l'Italie  : ledésarmement et l'internement des toutes lesforces du Regio Esercito. En faisant croire à leurrapatriement, les soldats italiens se laissent désar-mer mais sont expédiés dans le Reich commemain-d'oeuvre servile. N'étant pas en guerre con-tre l'Allemagne, ils ne bénéficient pas de la cou-verture de la convention de Genève, un statutspécial leur est attribué  : IMI  (

). 550 000 militaires partiront pour lesLager où 80 000 y perdront la vie.

A Céphalonie, la 33a Acqui com-mandée par le Gandin résiste pendantdix jours à la 1, appartenant au

du general der Hubert Lanz.

Bien que plus nombreux, les Italiens succombentaux bombardements des Stukas sans pouvoirrecevoir d'aide extérieure, les Alliés ont interditl'envoi de ravitaillement et de soutien aérien. Leurfin est tragique, 9 000 militaires sont exécutés ounoyés au large dans des embarcations coulées aucanon. Avant d'être exécuté, Gandin lance saCroix de Fer aux pieds du peloton d'exécution. Sesrestes ainsi que ceux de la plupart de ses hommesne seront jamais retrouvés.Des unités italiennes s'uniront à la résistancegrecque et combattront les nazis jusqu'à la fin du

conflit, comme la 24a Pineroloqui avec 8 000 hommes forme les

(TIMO) du général AdolfoInfante.

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D'autres membres de ces unités rejoindront l'EDES.Athènes est libérée le 12 septembre 1944 et ungouvernement provisoire d'union nationale estformé dirigé par Georgios Papandreou, nommépar le roi Georges II. Il comprend toutes les forcesde la résistance, KKE compris.

Un corps expéditionnaire britannique (le IIIrd

du général Ronald Scobie) débarque en Grècepour maintenir l'ordre et est «accueilli» à coups defusils par l'ELAS, un des rares cas en Europe où lesAlliés sont la cible de la Résistance d'un payslibéré des nazis. Une Garde Nationale est levéequi incorpore d'anciens membres des bataillonsde sécurité afin de réprimer le soulèvement com-muniste. Suite aux accords de Yalta, la Grèce nefaisant pas partie de la sphère d'influence soviéti-que, une trêve après les accords de Varzika per-met une suspension des hostilités jusqu'auxprochaines élections. Aris Velouchiotis, chef del'ELAS, ayant refusé ces accords est exclu du KKE.Il tombe dans une embuscade où il trouve la mort.Les circonstances de sa disparition ne sont pastrès claires, il aurait été livré par ses ex-camara-des à un bataillon de la Garde Nationale. Lapremière guerre civile grecque est terminée maisle pays va s'enliser jusqu'en 1949 dans une guerrefratricide.

Sources :Dans la Grèce d'Hitler, Mark Mazower. Tempus.(indispensable)Storia della guerra di Grecia, Mario Cervi. SaggiIl nuovo ordine mediterraneo, Davide Rodogno.Bollati BoringhieriL'occupazione italiana dei Balcani, Davide Con-ti, OdradekSonderkommando, Schlomo Venezia. Le livre dePocheLes Guerres de Mussolini, Dominique Lormier,Jacques Grancher éditeur

Le SS-Gruppenfuhrer Schimana

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Les combats du Dodécanèse

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En tout 34 000 hommes, marqués par l'inactivitéet dont les officiers manquent de directives pourles mesures à prendre face à l'ex-allié allemandle moment venu.Pour la marine: les batteries côtières, trois unitésde vedettes MAS (IIIa MAS) deux contre-torpilleurs et quelques embarcations constituentle dépendantde , commandement principal de la merÉgée.

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L'archipel du Dodécanèse est situé à l'est dela mer Egée, près des côtes turques. Sonnom signifie les douze îles même si elle encompte une vingtaine de tailles variées  :Rhodes, Leros, Kos, Patmos, Lipsos, Levi-tha, Kalymnos, Kasos, Karpathos,Nisyros,Chalci, Symi, Kastellorizo, Telos,Astypalaia (Stampalia) et Alimnia. L'archi-pel est occupé par les Italiens suite au traitéde Lausanne mettant fin à la guerre italo-turque (1911-1912).

Lorsque l'armistice italien est annoncé aux ondesde Radio-Alger, le 8 septembre 1943, les troupesitaliennes, sans ordres précis se retrouvent dé-semparées. Pour les Allemands qui s'attendaientà cette défection, un plan de désarment et d'oc-cupation de l'Italie a déjà été planifié:ainsi que pour tous les ter-ritoires occupéspar le RegioEsercito. Dansles Balkans, ils'agit du plan Kons-tantin. A Céphalonie et Cor-fou, la division Acqui est livrée àelle-même avant d'être entièrementdécimée. Churchill décide de profiter de cetteopportunité pour intervenir dans le Dodécanèse etforcer la Turquie à s'engager auprès des Alliés. Cepoint de vue diverge de celui d'Eisenhower, refu-sant de disperser ses troupes ainsi que les naviresqui doivent être préservées pour Overlord. Le planAccolade est planifié pour s'emparer des îles duDodécanèse.Ainsi le général Henry Maitland Wilson responsa-ble du n'a à sa disposition

que la 234th , 160 hommes du SBS(Special Boat Service) et 130 hommes du LRDG(Long Range Desert Group).

La bataille de Rhodes.L’île de Rhodes est le siège du commandementmilitaire des îles italiennes du Dodécanèse. Legouverneur général est l'amiral Inigo Campioni.Les forces armées du sont coordon-nées par le , fonctionassumée par le Arnaldo For-giero. Il a sous son contrôle:- la 50a Regina du

Michele Scaroina sauf le 10°stationnant à Kos- plusieurs groupements d'artillerie et de défenseantiaérienne.

Macchi MC-202 de la 396 squadrilla

154 Gruppo Autonomo CT

154 Gruppo Autonomo CT, mars 1943

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-ques de Rhodes (notamment les aéroports) et àdésarmer les soldats du Regio Esercito.A 0h30 du 9 septembre, Kleeman ordonne à sestroupes de s'emparer par surprise des aéroportsallemand est convoqué par l'amiral Campioni, quiindigné lui demande de retirer ses troupes desbases aériennes. L'Allemand s'excuse en prétex-tant un ordre mal compris et ordonne que lestroupes évacuent les aéroports, mais en coupantles accès, ceux-ci se retrouvent isolés et vulnéra-bles. Alors que le commandement italien se réu-nit pour adopter une ligne de défense,l'état-major de la 50a Regina estcapturé et les lignes de communication sont dé-truites, isolant ainsi les garnisons italiennes épar-pillées dans l’île. Afin d'affaiblirpsychologiquement son adversaire, Kleeman faitrédiger une déclaration au général Scaroina, com-mandant de la ordonnant la capitulationde la garnison et en cas de refus, 3 000 soldatsitaliens seraient fusillés et Rhodes rasé par laLuftwaffe. S'agit-il d'un bluff? Étaient-ils en pos-session d'autant de prisonniers?

6 0 Histomag - Numéro 86

Il existe trois aéroports Gadurra, Maritza et Paleo-castro. La a pris soin de rapa-trier la plupart des avions, laissant quelquesbombardiers ou chasseurs dépassés : Fiat CR-42Fiat G-50 ou Macchi MC-202. Le

Alberto Briganti commande la globalitédes unités aériennes en mer Égée.Dans le port de Rhodes, un base d'hydravionsCANT Z.501 et CANT Z.506 permet de rester aucontact avec la mère-patrie et aussi de mener desmissions de reconnaissance maritime.

Dès janvier 1943, la présence allemande s'inten-sifie, des artilleurs de la Flak ainsi que de l'artille-rie côtière viennent renforcer la garnisonitalienne. Fin juin 1943, la présence de 6 à 8 000Allemands permet au général Ulrich Kleeman decréer la Rhodos. Cette unité estcomposée de quatre bataillons de

, un bataillon de 25 Panzer IV, quatre batte-ries de 105 et cinq batteries de 88. Unecompagnie de 300 gendarmes grecs est intégréeà cette division, présence hellène vue d'un mau-vais œil par les Italiens.L'annonce de l'armistice du 8 septembre surprendle commandement italien, alors que les Alle-mands avaient reçu des directives pour lamise en place du plan Achse (Konstantindans les Balkans) et sont prêtà s'empa-rer despointsstratégi

Sturmgeschütz devant les fortificationsde Rhodes

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coulé, sans aucun survivant. Comme aucune listede prisonniers italiens n'avait été établie, lesnoms des malheureux soldats demeurent incon-nus.Campioni, capturé par les Allemands est livré à laRépublique Sociale Italienne où le Tribunal Spécialle condamne à mort. Il est fusillé le 24 mai 1944.La perte de Rhodes pèse sur la diplomatie alliée,la Turquie demeure neutre et continue à exportervers le Reich du nickel, indispensable à son éco-nomie de guerre.

6 1 Histomag - Numéro 86

Entre-temps, dans la nuit du 9 au 10 septembre,partis du Caire, trois agents des forces spéciales:le major Jellicoe (fils du Grand-Amiral), le majorDolbey et le sergent opérateur-radio Kestertonsont parachutés au-dessus de l’île. Leur mission:contacter l'amiral Campioni afin de coordonnerentre les Britanniques et les Italiens les modalitésd'une défense commune. Se brisant la jambe enatterrissant, Dolbey, séparé de ses deux compa-gnons, est recueilli par une patrouille italienne etconduit au Palais du Gouverneur pour présenterles lettres de créances du général Wilson. Il infor-me Campioni que les troupes italiennes doiventrésister jusqu'au 15 septembre car les Britanni-ques ne sont pas encore prêts et les moyens detransports navals manquent cruellement. Campio-ni rédige un message pour le général Wilson qu'ilremet à Dolbey. Il s'envole à bord d'un CANT Z 506pour l'îlot de Simy rejoint par Jellicoe et l'opéra-teur-radio arrivés à bord d'un MAS.Harcelés par les bombardements de la Luftwaffe,les batteries côtières sont rendues silencieuses, lastation-radar détruite, les unités isolées, les aéro-ports entre les mains des Allemands, l'amiralCampioni réunit le 11 septembre les comman-dants des différentes armes: le général Forgieropour les forces du , le

Alberto Briganti et le général Sequipour l'artillerie. Devant la situation désespérée:les hauteurs et les aéroports aux mains des Alle-mands, les batteries détruites, les menaces dereprésailles, l'île coupée en deux, l'arrivée troptardive des Britanniques... les officiers supérieursdécident de capituler. A 15h30, Campioni rencon-tre Kleeman pour signifier la reddition de la garni-son de Rhodes.Pour les nouveaux maîtres de l’île se présente leproblème des prisonniers italiens. 1 800 hommessont embarqués à bord du

navire italien prise de guerre alleman-de pour être transférés sur le continent.

Repéré avec son escorte par lesdestroyersHMS et

le na-vire est

Sturmgeschütz devant les fortificationsde Rhodes. On voit bien sur la caissel'insigne de la division

Generalleutnant Kleeman, commandantla SturmDivision Rhodos

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Les Italiens avaient fortifié l'île mais les défensescôtières sont composées de batteries obsolètesavec peu de canons antiaériens. Des huit avionsprésents dans l'aéroport d'Antimachia seuls qua-tre (2 Macchi MC-202, un Fiat CR-42 et un FiatG-50) sont en état de voler et il n'y a que deuxpilotes dont le Giuseppe Morganti.Celui-ci abat un HE-111 et dès le lendemain,l'aéroport d'Antimachia est la cible de la Luftwaffe(X. ), détruisant deux avions au sol.L'unité principale qui stationne est le 10°

Regina rattaché à la division dumême nom, régiment commandé par leFelice Leggio.

Dès le 10 septembre, les premiers renforts anglaiscommencent à arriver dans l'île, puis le 14, deuxBeaufighter atterrissent avec à bord le majorJellicoe et des hommes de la RAF pour préparer leterrain. En effet six Spitfire V du N°7

Squadron commandé par le Kirby doi- vent se poser sur

la piste en cours de reconstruc-tion. Un détache- ment decinquante-cinq hommes du Spe-cial Boat Squadron sous les ordres dumajor David Suthe- ton débarque àKos le 14. Puis, le personnel navi-gant du N°7 SAAF Squadron arrive àbord de trois Dako- ta. D'autres ren-forts arrivent comme les 120

paras du 11th Pa- rachute Batta-lion du colonel Thomas.Le 16 septembre, c'est au tour du contingentle plus important d'arriver: un bataillon du

du major Brown descend des

Dakota. Une compagnie du 9th

complète la garnison qui s'emploie à organiser ladéfense. Le est une unitéexpérimentée qui a combattu contre les forcesvichystes en Syrie puis à Tobrouk. La totalité desforces britanniques est sous le commandementdu colonel L.R.F. Kenyon.La présence des Spitfire de la SAAF est repéréepar les Allemands qui ne tardent pas à venirbombarder l'aéroport. Deux Spit sont détruits ausol. Le 27, deux autres Spitfire sont détruits par lesME-109 d'escorte (JG27) alors qu'ils tentaientd'intercepter une formation de quinze JU-88

6 qui endommagent la piste.Deux autres pistes d'atterrissage sont construites:à Marmari (Salty Flats) et à Lambia.

6 2 Histomag - Numéro 86

KASOSLe 12 septembre, la petite garnison italienne serend aux Allemands conformément aux ordresreçus du

KOS : Opération EisbärEn raison de la présence d'une piste d’atterrissageà Antimachia, l'île de Kos située à quelques millesdes côtes turques, revêt une importance stratégi-que pour le . En effet, aprèsavoir échoué à s'emparer à temps de Rhodes, auxmains des Allemands, l'intérêt du général HenryMaitland Wilson se porte sur Kos.

Sturm-Division Rhodos :Grenadier-Regiment 16Grenadier-Regiment 47Grenadier-Regiment 65Panzer-Aufklärungs-Abteilung 122Artillerie-Regiment 22• I. Abteilung• II. Abteilung• III. Abteilung• IV. AbteilungPionier-Bataillon 22Flak-Bataillon (mot) 22Panzerjäger-Abteilung 22Nachrichten-Abteilung 22Feldersatz-Bataillon 22Versorgungseinheiten 22

Illustration : Insigne du 10° Reggimento Fanteria

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Quelques soldats britanniques embarquent à bordde caïques pour se diriger vers les côtes turques.1 388 Anglais et 3 145 Italiens sont capturés alorsque tous les officiers du 10°sont fusillés, 103 en tout dont les corps ont étébrulés.

KALYMNOS

Une vingtaine de marins et 350 soldats forment lagarnison de Kalymnos, commandée par le

Mario Simeone auxquels s'adjoignent250 Britanniques. Après la chute de Kos, unegrande partie de la garnison est évacuée vers laTurquie. Le 7 octobre, les Allemands prennentpied sur l'île.

SYMILa petite garnison italienne de Symi, composéed'une compagnie de mitrailleurs et quelques élé-ments de la marine et des Carabinieri, comman-dée par le Occhipinti est renforcée parl'arrivée de 45 hommes du SBS et ensuite par 56membres du SAS.Après l'échec d'une tentative d'invasion, le 7octobre, une nouvelle opération est montée le 2novembre. 150 Allemands s'emparent de l'îlesans rencontrer de résistance car les Anglais et lesItaliens l'ont évacuée, laissant une mince garnison.

6 3 Histomag - Numéro 86

Le plan d'invasion de Kos est mis au point le 24septembre sous le nom de code UnternehmenEisbär (Ours Polaire). Les forces navales pour ledébarquement des troupes sont rassemblées parle vonStudnitz. Il s'agit de deux poseurs de mines  : le

et le , cinq , sixescortant des barges de débarque-

ment MFP ( ). Cette petite arma-da est commandée par leDr.Günther Rudolf Wilhelm Brandt,Un Kampfgruppe est mis sur pied par le

Friedrich-Wilhelm Müller. Il est composéd'unités de 22. ve-nant de Crète:- II/65.- II/16.- IV/22.Un saut de paras du doitêtre effectué Le plan prévoit un premier débar-quement à Marmari, un second au sud de l'île,dans la baie de Kamara. L'effet de surprise doitêtre total et le débarquement est prévu tôt lematin.Le 3 octobre, l'armada allemande est repérée parun poste d'observation italien de Kalymnos, vers05h00 du matin. L'artillerie côtière ouvre le feutrop tard. Le II/65 Reg. a déjà touché le solprès de Marmari afin de s'emparer de l'aéroportde Salty Flats et de couper la route entre Kos etAntimachia. Supportés par les bombardementsdes stukas, les paras du Brandenburg réussissentà mettre hors d'état de nuire les batteries côtièresou antiaériennes. Ils s'emparent également del'aéroport d'Antimachia et font leur jonction avecles troupes débarquées dans la baie de Kamara.Une batterie dirigée par des Chemises Noires dela Milmart (Milice Maritime dépendant de laMVSN, dissoute après le 25 juillet 1943), com-mandée par le Camillo Nasca se retournecontre la garnison anglo-italienne, bien que laplupart des servants aient refusé de coopéreravec Nasca.Sans couverture aérienne, submergée, le

décroche de ses positions pour sereplier sur Cardamena. Les Allemands prennentpossession de la ville de Kos, la situation estdésespérée, quelques points de résistance subsis-tent dans les collines.A 06h05 du matin, le Caire reçoit un message deKenyon: «Kos intenable, continuons à combattre».En une seule journée, les Allemands sont quasi-ment les maîtres de l'île.

Kalymnos, attaque de Beaufighter

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- batterie Farinata (4x120/45) au mont Farinata

- batterie San Giorgio (3x152/50) au montScumbarda(334 m).

A ces batteries lourdes, il faut ajouter la DCA ainsique les 14 batteries PL (Pezzo Leggero, piècelégère) de 76/40. L'ensemble est dirigé

Luigi Spigai.

En ce qui concerne la Regia Marina, il y a à cettedate:

avec un seulnavire : l'Euro

avec 2 torpilleurs et sixvedettes MAS (Cap. Luigi Borghi).

avec neuf navires (cap. CarloCitter)

neuf unités mineures, sept vapeurs, deuxposeurs de mines et trois barges.

Les seuls avions demeurés à Leros sont la dizaine

de CANT Z-501 de la 147a squadriglia RM (Ricogni-zione Marittima).

6 4 Histomag - Numéro 86

LEROS: opération Taifun.Doté d'un port en eaux, Lakki ou Portolago enitalien, Leros est une île montagneuse de 53 km2,logue de 17 km. Un isthme étroit unit le nord ausud, séparant à l'ouest la baie d'Alinda et à l'est labaie de Gurna. Après la chute de Rhodes, le 11septembre, Leros devient l'enjeu principal entreles Allemands et les Britanniques. Le

Luigi Mascherpa coordonne ladéfense de l'île. Fidèle à son sermon au roi Victor-Emmanuel III, il s'apprête à défendre Leros etempêcher les Allemands d'en prendre possession.Il y a environ 8 000 hommes qui sont pour laplupart des marins attachés aux batteries côtièresou antiaériennes. Un millier de fantassins du10° Regina sont les seulesforces pouvant s'opposer à un éventueldébarquement, sous les ordres du

Li Volsi.

L'île a été puissamment fortifiée avec cinqbatteries côtières construites au sommet descollines mais vulnérables aux attaques aériennes :

- batterie Ciano (4x152/50) au mont Clidi (320 m)

- batterie Ducci (4x152/50) à monte Cazzune

- batterie Lago (4x120/45) au mont Appetici (180m)

Carte de Leros

(1) - Il sera ensuite nommé contre-amiral pouravoir un rang équivalent face à son vis-à-vis bri-tannique.

Page 65: Histomag 86

Du 26 septembre au 11 novembre 1943, laLuftwaffe effectue 140 raids dont onze pour lesjournées du 16, 22 et 26 octobre. Les bombardierssont des Junkers JU-88 du II/KG 51. Le premierjour, les JU-88 coulent le destroyer HMS etle destroyer grec qui avaittransporté les hommes du LRDG du lieutenant-

colonel John Richard Easonsmith Le 1er octobre,c'est le contre-torpilleur italien qui estenvoyé par le fond. Les villes et villages, le portde Lakki sont rayés de la carte, les batteries sontendommagées. La défense antiaériennecommence à manquer de munitions de pièces derechange en raison de la fréquence des raids. 150000 coups ont été tirés. L'opération initialeappelée Leopard était prévue pour le 9 octobremais le convoi ayant été détruit, une nouvelleopération est mise sur pied avec comme nom decode: Unternehmen Taifun.

Le général Robert Tilney qui a pris la succession deBrittorous décide de confiner les troupesitaliennes à un rôle strictement défensif sous laresponsabilité d'un officier britannique, ce quialtère les relations entre les nouveaux alliés.

6 5 Histomag - Numéro 86

Le 13 septembre, Mascherpa rejette la demandede reddition proposée par des plénipotentiairesallemands et reçoit une mission anglaise avec unmessage du général Wilson, chef du

. Il lui assure son appui et la promessede maintenir la souveraineté italienne.

Dès le 16 septembre, un contre-torpilleur

débarque les premiers contingents de la 234th

, du brigadier-général Francis G.

Brittorous (2) d'abord le 2nd

(Faughs) du colonel Maurice French, puis:

-4th (The Buffs)du lieutenant-colonel Iggulden

-2nd

-1st .

Un groupe de LRDG (Long Range Desert Group) etde SBS (Special Boat Service) viennent renforcerla garnison.

(2) - Il sera remplacé au cours des combats deLeros par le brigadier-général Robert Tilney

Vue aérienne de Leros

Cliché de Leros

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Au petit matin, le convoi estrepéré (les sources sontambiguës) par la vedetteMAS 555 ou la ML 456, maisles infrastructurestéléphoniques ont étédétruites durant les raids etles batteries côtières ouvrentle feu trop tard.

Le West Gruppe, cible desbatteries Ducci etSan Giorgio, estcontraint à fairedemi-tour.

Dans la baie de Grifo profitant de l'angle mort desbatteries, le von Saldern réussit àmettre pied à terre entre les caps de Pasta diSopra et Pasta di Sotto. Une partie de son KG tentede débarquer à bord de deux barges, dans la baiede Blefuti mais est repoussé par les tirs de labatterie Ciano du Mont Clidi. Le KG Dörr échouedevant la baie de la Palma alors que les

du KG Schädlich abordent la côte aupied du Mont Appetici et avec le soutien des

s'emparent de la batterie Lago à 9h30.

En début d'après-midi, partis de l'aéroportd'Athènes-Tatoi à bord de quarante JU-52, lesparas du I/2. , sautent aucentre de l'isthme avec une fois n'est pas coutumeleurs armes personnelles sur eux. Pris à partie parles et par une compagnie des

, les pertes sont sévères: 150hommes sont mis hors de combat (40% du total),mais l'île se retrouve coupée en deux au niveaude l'isthme.

Leonard Marsland Gandler, reporter de guerre ettémoin des combats raconte dans «

» :

«

....» (3)

6 6 Histomag - Numéro 86

Le débarquement allemand.Les navires et barges de débarquement sonthabilement camouflés et échappent à lasurveillance de la RAF. La flottille dedébarquement part du port de Kos, de Marmari etde l'île de Kalymnos le 11 novembre, vers 22h00.Elle est considérable:

- la 21. duDr.Günther Rudolf Wilhelm

Brandt composée du (ex- ),, , , ,

, .

- la 9. (KKpt. Riede) avec lesex-Francesco Crispi et

- la (Kptlt. Mallmann)comprenant 10 à 12 Räumbooten.

Müller, le vainqueur de Kos, apréparé avec minutie l'opération et a diviséla force d'invasion en deux groupes qui doiventprendre pied à l'Est et à l'Ouest de Leros:

: Kampfgruppe Schädlich(1./ .Brandenburg)

Kampfgruppe Dörr (III./440. t)

Kampfgruppe von Saldern (II./65. , II/22. et 2./22

: Kampfgruppe Aschoff (II/16..)

Photo du destroyer grec Vassilissa Olga coulé le26 septembre par un raid de JU-88

Insigne de la 22.Luftlande-Division

Generalleutnant Müller,vainqueur à Kos et à Leros

(3) - :in « Long Road to Leros », traduction del'auteur.

Page 67: Histomag 86

A la fin de la première journée de combats, lesAllemands ont pris pied et consolidé une tête depont entre le cap di Pasta di Sotto et la baie dePalma. Les paras sont au mont Appetici et l’île seretrouve coupée en deux. Le sud est entre lesmains britanniques du LRDG et des SBS.

La force West qui n'a pas pu débarquer au débutde l'invasion a pris pied au nord-est de l'île.

Un nouveau parachutage esteffectué par les JU-52: le 15/4

et le I/2.Tilney demande des renforts au Caire qui luienvoie deux compagnies du 2(RWK). Les combats sont intense tout au long dela journée, les Allemands renforçant leur tête depont. Le lieutenant-colonel French est chargé demonter une contre-attaque durant la nuit avectrois compagnies des ,mais désorientés, l'opération prend du retard etles assaillants sont finalement repérés et décimés.Le lieutenant-colonel French est tué lors del'assaut..

Le mont Clidi est repris par leshommes du LRDG qui repoussent les tentatives dereconquête allemandes. Les renforts attendus parTilney sont débarqués (le RWK en provenance deSamos), pendant ce temps les HMS ,

et arrosent la baie d'Alindaet les crêtes de Rachi. Le mont Meraviglia faitl'objet d'une attaque des paras venant des crêtesde Rachi mais est repoussée durant la nuit. LesAllemands sont aux portes de la ville de Leros.

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Le KG von Saldern réussit à escalader les pentesabruptes du Mont Clidi où les Britanniques n’ontpas disposé une solide défense car la colline estjugée inaccessible. La batterie Ciano qui domine labaie d'Alinda est prise vers 20h00, les officiers

italiens fusillés. Tilney tient une conférence dansson QG du tunnel du monte Meraviglia pourmonter une contre-attaque pour refouler l'ennemides crêtes de la colline Rachi. L'attaquefinalement n’aboutit pas, les unités complètementdésorganisées s'égarent dans l'obscurité.

Batteries italiennes détruites

Batteries italiennes détruites

MFP accostés

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SAMOSDéfendu par les 350 Grecs du Bataillon Sacrécommandés par le ChristodoulosTzigantès, 220 Anglais et par les 9 000 hommesde la 6a Cuneo du généralSoldarelli, Samos (qui n'appartient pas auDodécanèse) est le nouvel objectif allemand. Legénéral Henry Maitland Wilson ordonne que îlotsoit entièrement évacué entre le 18 et le 19novembre 1943. Les Allemands s'en emparent le21 novembre, capturant 2 500 Italiens. Les Anglaisarrivent en Turquie habillés en civils.

Les autres îles: Lipsos, Patmos, Furmi et Ikariaconnaissent le même sort, seul Castellorizo resteentre les mains des Britanniques.

Churchill avait approuvé l'opération endéclarant «Il faut improviser et oser», mais ce sontles Allemands qui appliqueront ce mot d'ordre.Pour la propagande nazie, c'est une grandevictoire contre les Britanniques, leMüller sera récompensé personnellement parHitler, mais c'est aussi leur dernière offensivevictorieuse (Market Garden est un autre contexte).Pour Churchill, cet échec lui rappelle un autresurvenu vingt-sept ans en arrière: le désastre desDardanelles et de Gallipoli. Le Dodécanèse ne seralibéré qu'en mai 1945 et rattaché à la Grèce en1947, au traité de Paris. Luigi Mascherpa serarapatrié en Italie pour y être jugé par le TribunalSpécial de la RSI en compagnie d'Inigo Campini, ilssont tous les deux condamnés à mort et fusillés àParme le 24 mai 1944.

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La situation devient critique, l'îleest coupée en deux et n'est plus défendable.Tilney se décide à faire contre-attaquer le RWK,mais harcelés par les , les fantassins sontobligés d'abandonner les pentes du mont Rachi.Le débarquement d'un bataillon du III/1.

rend la situation encore plus précairecar les Allemands sont au pied du montMeraviglia où siège le QG de Tilney, dans untunnel, au centre de l'île. La ville de Leros et laforteresse de Bronze sont entre leurs mainségalement.

Le mont Meraviglia est toujourssous la pression allemande, le tunnel, QG dugénéral Tilney est évacué, les codes brûlés par leschiffreurs, pour ne pas tomber dans les mainsennemies. Ainsi le message envoyé par Tilney auCaire annonçant qu'il se résigne à arrêter lecombat est intercepté, Müller comprend qu'il apartie gagnée. Le chef du LRDG, le lieutenant-colonel John Richard Easonsmith est tué lors desultimes combats. Un groupe d'une vingtained'hommes sous la conduite de l' MaxWandrey surgit dans le tunnel vers 17h00,capturant Tilney et son état-major.

Les Anglais déplorent 400 morts et 3 000prisonniers, 236 parvenant à s'échapper. LesItaliens quant à eux ont 300 morts et 5 000prisonniers. Virgilio Spigai refuse d'endosser ununiforme anglais pour se faire rapatrier, ilterminera la guerre dans un lager avant dedevenir un éminent spécialiste de la marineitalienne. Les Allemands selon les diversessources ont eu entre 300 et 500 morts. 177prisonniers en main des Anglais sont évacués.

Müller le vainqueur et Tilney le vaincu

Inigo Campini, il paiera cher son échec,fusillé à Parme le 24 mai 1944.

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Luigi Mascherpa, il paiera son échec,fusillé pour haute-trahison avec Campini,

le 24 mai 1944 à ParmeLes unités de Küstenjäger ont étémises sur pied en 1942 pour menerdes opérations de débarquement àbord de Sturmboot (canots d'assaut)en vue de l’opération C3 ou Herkules :l'invasion de Malte. Opérant enTunisie, en Crimée, un bataillon estformé pour participer à l'opérationAchse (en Italie, Konstantin pour lesBalkans et la Grèce) et neutraliserl'armée italienne.

:War in the Aegean. Peter C. Smith et Edwin R. Walker.Stackpole Books.BBC History : Kos la strage dimenticata.Long road to Leros. Leonard Marshland Gandler. Ligne de Front n°31 : les KüstenjägerChamps de Batailles Seconde Guerre Mondiale n°3

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Le cinéma s’invite en GrèceLes canons de Navarone

lors que la constitution de ce dossier avançait à grands pas, notre équipes’est demandé si le 7e art s’était penché sur la Grèce dans la Seconde Guerremondiale. Ce à quoi une voix collégiale répondit  : Les Canons deNavarone bien sûr ! Car il faut être lucide celui qui dira que Capitaine Corelliest un chef d'oeuvre, avec la piètre interprétation que Nicolas Cage et

Penelope Cruz y livrèrent a des lacunes en cinéma. Et oui les Canons de Navarone sontincontournables. Ce film, inspiré d'un roman de l'écrivain écossais Alistair MacLean,sortit en France le 8 septembre 1961 et fut nominé 7 fois la même année aux Oscarsdonc celui du meilleur film. Le film remporte néanmoins le Golden Globe Award dumeilleur film dans les catégories film dramatique et meilleure musique l’année suivan-te. Le pitch? La plupart de nos lecteurs, nous l’espérons, le connaissent déjà. Mais si,souvenez-vous :

A

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SynopsisNous sommes donc en 1943, et les forces del'Axe  tiennent la  mer Égée rendant impossiblel'évacuation de deux mille soldats britanniques del'île de Keros. Même si rien ne dit pourquoi cessoldats étaient stationnés sur cette île, le narra-teur nous précise le contexte diplomatique tenduqui règne alors et le risque que la Turquie entreen guerre du coté de l’Axe, si l’opération prévuecontre Keros par les Allemands réussit. Seulementl’unique passage pour accéder à Keros, qui setrouve être le détroit de Navarone, est placé sousle feu de deux gigantesques canons installés surl'île du même nom, dans la ville du même nom.Après de multiples tentatives par les airs il s’avèreque la seule solution des Alliés pour détruire cescanons qui bloquent le passage vers Keros estl’envoi d’un commando de choc pour les neutrali-

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La Grèce et les îles de la mer Egée ont vunaitre des mythes et des légendes évoquantle souvenir de guerres et d’aventures an-ciennes. Ces pierres qui furent glorieuses,ces temples aujourd’hui en ruines, sont lestémoins d’une civilisation qui naquit et mou-rut sous ce ciel. Une civilisation qui honoralongtemps les héros et les demi-dieux, surcette mer et dans ces îles. Cependant bienque le décor soit resté le même, la légendeque nous rapportons ici est de notre époqueet ses héros ne sont pas des demi-dieuxmais des hommes ordinaires. En 1943, nousdit cette histoire, 2 000 soldats britanniquesse trouvaient bloqués sur la petit île deKeros, exténués, désemparés, il leur restaitexactement une semaine à vivre, car à Ber-lin le commandement suprême de l’Axe pro-jetait une démonstration de force dans lamer Egée pour déterminer la Turquie, neu-tre, à entrer en guerre à ses cotés. Le lieuchoisi pour cette démonstration était l’île deKeros. D’importance stratégique minime,mais située à quelques kilomètres seule-ment de la cote turque. La fleur de la machi-ne de guerre allemande, parfaitementreposée et préparée, devait porter le coupmortel. Les hommes de Keros étaient con-damnés, à moins qu’on ne pu les évacueravant l’attaque éclair. Mais le seul accès deKeros était gardé par deux canons géants,d’un modèle nouveau, commandés par ra-dars et installés dans l’île voisine de Nava-rone. Ils étaient trop puissants et tropprécis pour qu’aucun navire allié présent enmer Egée put les défier. Les services derenseignement alliés n’eurent connaissancedu projet d’attaque qu’une semaine àl’avance. Ce qui se passa dans les six joursqui suivirent allait devenir la légende deNavarone…

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Un casting de légende

Le casting est impressionnant pour cette produc-tion internationale  : Gregory Peck  interprète lecapitaine Keith Mallory. Déjà connu du grandpublic en particulier grâce auxqu’il passe aux côtés d’Audrey Hepburn en 1953,cet habitué des A. Hitchcock, H. King et autreNunnally Johnson est alors un acteur au faîte desa carrière, que l’on a l’habitude de voir dans desrôles d’homme dur comme dans en1956 mais souvent au cœur tendre dans des filmscomme (1949) ou encore

(1951). ). C’est une des têtesd’affiche du film et il convient parfaitement aurôle que l’on attend de lui. David Niven, quiinterprète le caporal Miller, est celui qui est etrestera pour le public francophone deGérard Oury.

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de l’explosif, le colonel Andrea Stavros, militairegrec faisant de la résistance en Crète, “Butcher”Brown, surnommé le boucher de Barcelone pouravoir un peu trop joué du couteau durant la guerrecivile espagnole, Spyro Pappadimos, un jeunegrec parti aux Etats-Unis avant guerre pour sesétudes qui en revient avec une expérience detueur et enfin le major Roy Franklin, un officierspécialisé dans les opérations commandos et quiest à la tête de ce petit groupe.

Au prix de grandes difficultés pour parvenir jus-qu’à l’île, et soutenus par des résistants grecs dela ville de Mandrakos, ils réussissent leur mission,détruisant les deux canons, ce qui permet auconvoi de la Royal Navy de secourir les 2  000soldats sur le point d’être capturés par les Alle-mands. L'île et le détroit de Navarone n'existentpas en réalité, ne perdez pas de temps à leschercher sur une carte. Toutefois le film semblepourtant s'inspirer de la terrible bataille du Dodé-canèse qui secoua l'île de Leros en 1943 lorsqueles Allemands tentèrent de la reprendre aux Ita-liens (qui venaient de changer de camp), auxBritanniques et aux Grecs comme vous avez pu levoir dans l’article d’Alexandre Sanguedolce. L’îlede Leros fut très durement bombardée pendantplus d'un mois et demi, du 26 septembre au 16novembre, date à laquelle elle tomba finalementaux mains de l'ennemi. Hommage certain dans lasimilitude des noms, voilà pourquoi l'île de cettefiction où les Britanniques sont sur le point d’êtreannihilés est nommée « Keros ».

De gauche à droite : Irene Papas, James Darren,Anthony Quayle, David Niven, Gregory Peck, An-

thony Quinn, Stanley Baker et Gia Scala

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Cet homme est un acteur à part. Aussiprésent dans les seconds rôles que dans lesgrands rôles, on le retrouve dans la plupart desgrandes fresques historiques de production britan-nique. Ayant commencé la comédie avant laSeconde Guerre mondiale, le conflit, et la provi-dence le conduisent, comme dirait Saint-Just, versdes voies auquel il n’aurait sans doute pas pensépuisqu’il se retrouve officier de renseignementchargé de préparer des opérations de guérilladans le Northumberland contre les forces alle-mandes dans le cas où ces dernières parvien-draient à débarquer en Grande-Bretagne. Ilconvient de s’attarder un peu sur la guerre d’An-thony Quayle, personnage trop méconnu du ciné-ma. Conseiller militaire auprès du gouverneur deMalte en 1942, il rejoint en 1943 le commande-ment du SOE pour la région de l’Europe Centraleet participe aux opérations d’infiltration d’agentsen Yougoslavie pour aider les partisans de Titoainsi qu’en Albanie. Rapatrié en avril 1944 ethospitalisé à Bari en Italie, avec la dysenterie, lajaunisse et le paludisme, il reçoit la visite de DavidSmiley qui écrira plus tard dans

que les scènes ou Anthony Quayle agonisesur sa civière dans luirappelait cette période de la guerre où il le vit auplus mal sur son lit d’hôpital. Ce n’était donc pasun rôle de composition pour lui qui avait déjàconnu ça. Après sa convalescence il est affecté àGibraltar jusqu’à la fin de la guerre. Commandantà titre temporaire, il reçoitune  citation  ( ) le 23 mai1946 dans le cadre des opérations spéciales dansle bassin méditerranéen. On peut retrouver sessouvenirs de guerre qu’il a publié dans deuxromans : (1945) et

 (1947), ainsi que dans un recueil desouvenirs sur l’Albanie et les Balkans,

  (1990). Sa carrière reprend quelques an-nées plus tard et on peu le voir notamment dans

(1956) où sonexpérience de combattant mais aussi d’officiertransparait dès lors dans chacun de ses rôles,jusqu’à Navarone. Il faut ajouter à ce casting IrènePapas qui joue Maria Pappadimos, sœur de Spyroet résistante sur l’île ainsi que Gia Scala qui joueAnna, qui mêle l’activité de résistante à celled’agent double. Les conseillers techniques ne sontégalement pas des seconds couteaux, car oncompte quand même parmi eux le lieutenantgénéral Fritz Bayerlein.

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En effet il fut l’archétype du gentlemanbritannique et pour cause ! Sorti de Sandhurst, sonchemin biffurque dès les années 1930 vers lecinéma où sa carrière décolle quelque peu com-me aux côtés d’Errol Flynn dans

de Michael Curtiz en 1936 ouencore de SamWood en 1939 mais la guerre l’oblige à servirdans les rangs de l’armée de sa Majesté et il nepeut reprendre sa carrière avec des rôles impor-tants qu’à partir de 1946 ou les tournages s’en-chainent et participent à sa célébrité. Il devient undes acteurs majeurs du film par son rôle desous-officier réfractaire à tout avancement parpeur des responsabilités, mais diablement douéavec les explosifs. On ne présente plus l’immenseacteur que fut Anthony Quinn qui interprète lecolonel Andrea Stavros. Habitué des films d’aven-tures dès les années 1930, si au début ses partici-pations sont purement alimentaires, il connaît desrôles de plus en plus conséquent (et où il n’incar-ne pas forcément un latino ou un indien) à partirdes années 1950. Alors que la production des

commence il est alors dansune période où pendant dix ans il s’est fait saplace dans le cinéma international, ne dépendantd’aucun studio de cinéma. Abonné aux secondsrôles de méchants, de personnages durs, le plussouvent de militaires rigides, Stanley Baker, quiinterprète Brown, est un personnage incontourna-ble du paysage cinématographique britanniquedes années 1950-1970. On le connait notammentpar ses rôles marquants en 1953 dans les Béretsrouges, Les Chevaliers de la Table Ronde (1954)ou encore dans Hélène de Troie (1955) et Alexan-dre le Grand (1956). L’écart est grand avec JamesDaren dont on peut se demander : mais que faitdonc un chanteur pop dans un film de guerre  ?C’est la surprise de ce film en vérité. Ayant com-mencé à poser sa voix dans les séries TV au milieudes années 1950, c’est à lui que Carl Foreman faitappel pour le rôle de Spyro Papadimos. Venons-enà Anthony Quayle, le major Roy Franklin.

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Ce dernier ne rejoignit le plateau de tour-nage que quelques jours avant qu’il ne commen-ce, aussi il dut lire le scénario en 4 ou 5 jours etdevait régulièrement sortir des petits papiers desa poche pour se rappeler de ce qu’il devait sepasser. Du coté des acteurs on pouvait observerdeux clans au début du tournage. En effet GregoryPeck, David Niven et Anthony Quayle, de la« vieille école » et déjà amis, restaient toujoursentre eux. De son coté il faut dire qu’AnthonyQuinn commençait à agacer ses camarades àtoujours porter son maillot rouge que l’on voitperpétuellement dans le film (et il y a une raisonà ça  !), il passait donc son temps avec StanleyBaker avec qui il s’entendait bien. Entre ces deuxclans un jeune gamin était comme une balle detennis renvoyée d’un camp à l’autre  : JamesDarren, qui n’était cependant pas seul puisqu’ilavait profité du déplacement à Rhodes pour célé-brer sa lune de miel.

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Anthony Quin était un grand profes-sionnel, il était capable de jouer une mêmescène de 100 manières différentes et leréalisateur lui demandait souvent de re-jouer une scène de manière différente. C’estainsi qu’il du jouer de plusieurs manière sonsimulacre de maladie à la Kommandantur.Le professionnalisme de Quinn allait jusquedans le plus petit détail. En effet il n’aéchappé à personne que le colonel AndreaStavros porte un maillot rouge durant toutle film, en particulier visible de manière trèsvive à l’écran à la fin du film. Cette continui-té a une explication. En effet le père d’An-thony Quinn était cameraman, aussi ilfaisait attention à toujours être dans lacontinuité  : voilà pourquoi pour être rac-cord tout au long du film il porte une chemi-se rouge car c’est un surcot rouge que porteson rôle de faux pêcheur au début. Maisfaisait aussi attention à la lumière et autemps, il savait que pour que la couleur soitrendue identique du début à la fin il devaitporter un maillot de plus en plus rouge(surtout à la fin du film où la lumière estfaible) il ne faut donc pas s’étonner qu’à lafin le rouge vif de son maillot saute àl’écran : il faut y voir le souci du détail d’unacteur méticuleux.

Des échecs et des plateauxLe film a été tourné dans l'île de Rhodes, principa-lement dans la petite ville de Lindos, connue destouristes pour son acropole, un ancien temple dela Grèce antique édifié sur l'une des hauteurs quidominent la ville, ceinte d'une muraille. C'est celieu qui sert de décor dans la majeure partie dufilm, avec quelques rues et le port de la ville deRhodes, capitale de l'île, notamment pour lesprises de vue du port fictif de Castelrosso. Lagenèse de ce film ne se fit cependant pas sansdifficultés puisqu’il fallait plusieurs réalisateursavant de trouver le bon : J. Lee Thompson.

Les canons de Shepperton

Les parties d’échec de Lindos/Mandrakos. Apart J. Lee Thompson qui lit son journal, toutle casting est concentré sur son jeu… d’échec

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Un tournage éprouvantLe tournage des fut particu-lièrement éprouvant, en particulier à Londres oùdeux plateaux remplis d’eau pour la scène dubateau et des bacs avaient été installés dans lesstudios de Shepperton. Des lances à incendiedéversaient notamment de l’eau pour la scène detempête tandis que le bateau en lui-même étaitmonté sur un système hydraulique de tangage. Ily avait toutefois des plongeurs pour ceux quiallaient se noyer car le risque était omniprésent.Et en effet Gregory Peck passa d’ailleurs par-des-sus bord et se coupa légèrement à la tête enpassant sous la coque et ce ne fut pas le seul à sefaire des frayeurs lors de la scène de la tempête.David Niven resta lui bloqué dans la cale et sur lepoint de se noyer puisque sa veste était prisedans la machinerie présente à l’intérieur du navi-re. Anthony Quinn dut déchirer la veste de Nivenpour le faire sortir de l’eau. L’eau arrivait toujourssans prévenir, beaucoup d’eau selon les acteurs,et il était courant que chaque vague qui représen-tait en moyenne 10 tonnes d’eau emporte lesacteurs par-dessus bord. Anthony Quinn rapporteainsi avoir vu David Niven le saluer avec sonflegme tout britannique, tout en se tenant à unbaril puisqu’une vague l’emportait. Toutefois uneautre partie du film est tournée,

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Au début de ce tournage une grande ami-tié commune ne régnait donc pas sur les plateaux.Fort heureusement Anthony Quinn développa uncertain talent de médiateur en rassemblant toutel’équipe autour d’un jeu  : les échecs. En effetAnthony Quinn et Gregory Peck avaient d’abordcommencé à jouer aux échecs ensemble et firentprogressivement des émules. Petit à petit DavidNiven, James Darren, Stanley Baker et AnthonyQuayle s’y mirent. C’était cependant AnthonyQuinn qui gagnait le plus souvent, ayant unegrande connaissance du jeu. Ceci dit Gregory Peckétait aussi un compétiteur acharné qui s’amélio-rait au fur et à mesure du tournage. A chaque foisque les décors et les lumières s’installaient pourle tournage d’une scène, les acteurs jouaient auxéchecs et ils ont passé une bonne partie du film ày jouer. Le plateau ressemblait perpétuellement àun tournoi d’échec, où qu’il soit installé, y comprisen décors extérieurs. On peut dire que, et leréalisateur J. Lee Thompson l’a reconnu, AnthonyQuinn et ses parties d’échecs ont beaucoup faitsur le plan humain pour le rapprochement et labonne cohésion entre les acteurs qui apprirent às’entendre entre eux, grâce à ce jeu. Toutefois lefait qu’Anthony Quinn reste invaincu posait unesorte de défi aux autres acteurs, jusqu’au jour oùl’équipe de tournage appris la venue imminentede Jamie Niven, le fils de David Niven, qui était untrès bon joueur d’échecs. Une fois arrivé, il battitGregory Peck, James Darren & J.Lee Thompson.Tout le monde attendait la rencontre au sommetentre un gamin de quatorze ans et le grandAnthony Quinn. Tournant alors en extérieurs, lesacteurs faisaient des allers-retours entre le jeu etla scène pour suivre l’évolution de la partie etJamie Niven vint à bout d’Anthony Quinn pour laplus grande joie de tous les compétiteurs.

Stanley Baker et Anthony Quinn aux échecs

Les échecs selon Tony Quinn

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nous l’avons vu, à Rhodes. Pour se rendre à Lindosnotammment, il n’était pas rare de voir sur leschemins de montagne des acteurs comme Stan-ley Baker ou David Niven cheminer à dos d’ânejusqu’au lieu de tournage. Par ailleurs, du point devue des moyens mis en place pour la réalisationdu film, le producteur Carl Foreman avait obtenudu gouvernement grec 12 destroyers et une ar-mée de 1 000 hommes, des canons, des mortierset des tanks pour le tournage. Il ne faut donc pass’étonner de la présence de chars et d’automi-trailleuses américaines dans ce film, c’est normal !Du reste les inconditionnels du cinéma de guerreen sont coutumiers.On le voit, comme tous les tournages, celui des

connut des difficultés demise en œuvre, des oppositions entre acteurs quiseront vite résolues, mais de manière générale J.Lee Thompson nous livre un classique du genrequi reste indémodable et que l’on ne manquejamais, encore aujourd’hui, de voir un jour férié demai sur les chaînes françaises.

Sources :- Bonus du DVD Les canons de Navarone,Edition Collector, Columbia Tristar, 2000.- www.wikipedia.fr

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Constitution d’une maquette

Le bombardier léger Fairey Battle, conçu à partir de 1933 remplaçait les biplansHawker Hart. Doté de caractéristiques très modernes pour l'époque il vola pourla première fois le 10 mars 1936; mais de nombreuses modifications accrurentson poids et de ce fait firent s'effondrer ses performances. Au total 2 185appareils furent construits jusqu'à octobre 1940.

En septembre 1939, le Royaume-Uni alignait un millier d'appareils; et le 20 septembre1939 c'est un Fairey Battle qui obtint la première victoire britannique de la guerrecontre un Messerschmitt 109. Les combats de mai-juin 1940 furent catastrophiques pourle Fairey Battle, dépassé tant en puissance de feu qu'en vitesse. Par exemple, il était 160km/h plus lent qu'un Me 109, et les pertes furent très importantes. Signalons l'attaque,que l'on peut qualifier de « suicidaire », le 11 mai 1940, de ponts sur la Meuse et le canalAlbert près de Maastricht. La RAF emploiera les survivants dans des missions d'entrai-nement et pour le remorquage de cibles. Les 12 Fairey Battle grecs, immatriculés àpartir de B274, participent aux combats contre les Allemands et les Italiens entre finmars et mi avril et sont détruits sur les aéroports de Tanagra et de Tatoi, au nordd'Athènes.Principaux utilisateurs outre le Royaume-Uni: Australie 364 appareils; Belgique 18,construits sous licence à Gosselies; Canada 739; Grèce 12; Afrique du Sud 340; Turquie30 (auparavant destinés à la Pologne).

de Fairey-Battle

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Tout kit d'avion débute par l'assemblage et lapeinture du poste de pilotage, qui se compose desièges, cloison avant, support du tableau de bordet manche à balai... et c'est tout! Cette absencede détails est flagrante dans le poste du mi-trailleur arrière, pourtant bien visible depuis l'ex-térieur ou par la verrière. Heureusement Airfixnous fournit de quoi peupler ce cockpit avec deuxpilotes, basiques mais qui cacheront utilement lamisère. Au sujet des figurines, la plupart desmarques d'aujourd'hui n'en proposent plus, etc'est bien dommage. L'intérieur est peint en vertjaune, référencé chez Humbrol, marque britanni-que oblige!

Le montage se poursuit avec le collage des deuxdemi fuselages, en veillant à bien faire disparaîtrele joint de collage (et par la même occasion lagravure en relief...). La mise en croix, ou collagedes ailes, n'appelle pas de commentaires particu-liers, à part que les volets peuvent être rendusmobiles. Vient ensuite, phase 9, le collage de laverrière. Celle ci accuse son âge car trop épaisse,elle mesure bien un millimètre ce qui fait 7,2 cmdans la réalité... il est possible de la surmoulerdans du rhodoid, mais j'ai préféré m'abstenir,fidèle à mon OOTB. Auparavant je l'ai plongéedans un bain de liquide employé pour faire brillerles sols, le KLIR. Ce produit « miracle » rend lespièces transparentes d'une grande limpidité, cequi permet de pallier un peu à leur épaisseur. Unfin fil de cuivre a été inséré devant le cockpit afinde représenter l'alidade permettant au pilote dese caler sur ses cibles au moment de les bombar-der. Les étapes 10 à 14 s'attachent au montagedu train d'atterrissage, complexe et très fragile.Les pare-boue, pièces 39 et 47, mériteraient unsérieux affinage par ponçage. A la phase 15, Airfixa curieusement numéroté individuellement lespièces constituant les bombes, soit douze numé-ros pour des pièces identiques alors que troisréférences auraient suffi, les deux demi-bombeset les ailettes. Les dits projectiles se collent dansles logements prévus à cet effet, phase 16; maisil faut absolument affiner les trappes de la souteà bombes, celles ci s'avérant bien trop épaisses.Ce que j'ai fait, mais on peut également les refaireen carte plastique.

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Caractéristiques techniquesLongueur : 12,84 mEnvergure : 16,45 mHauteur : 4,72 mVitesse maximale : 387 km/hVitesse de croisière : 329 km/hPlafond : 7 160 mAutonomie : 1 282 kmMotorisation : Un moteur Rolls-Royce Merlin I-II-IIIou V de 1 030 cvEquipage : 3, un pilote, un mitrailleur et un bom-bardierArmement : une mitrailleuse 303 (7,7 mm) Brow-ning dans l'aile droite une mitrailleuse 303 (7,7 mm) Vickersen position arrière 454 kg de bombes

Le montagePour qui veut monter un appareil britannique,c'est souvent auprès de la firme Airfix qu'il fauts'adresser. Le quasi doyen de la maquette nousgratifie d'un superbe boxart montrant, une foisn'est pas coutume, un avion aux couleurs grec-ques, décoration choisie pour illustrer notre Histo-mag. A l'ouverture de la boite, nous trouvons 77pièces emballées dans un sachet, une notice demontage illustrée d'un plan de décoration quatrevue en couleurs, et une planche de décalcoma-nies correctement imprimées mais très mates etfines, par conséquent très fragiles, n'autorisantaucune fausse manoeuvre. On s'aperçoit immé-diatement du grand âge du modèle, sorti il y aune quarantaine d'années. La gravure est enrelief, avec des rangées de petits picots censésreprésenter les rivets, un poste de pilotage mini-maliste, et surtout des formes et dimensionserronées. En effet, il manque 4 mm sur le nez, ladérive est fausse et les ailes trop étroites! N'ayantpas l'intention de me lancer dans de complexesopérations de chirurgie ni d'acheter les piècesidoines en résine, j'en resterai à un montage « outof the box » ou OOTB, c'est à dire en direct de laboite, ou presque. Point positif quand même, leplastique gris habituel chez Airfix est agréable àtravailler.

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Vient le moment de la décoration de notre oiseau.Airfix nous propose deux options, toutes sur basede camouflage classique de la RAF, à savoir surfa-ces supérieures ou extrados et fuselage en darkearth et dark green, et surfaces inférieures ouintrados en noir. La première, celle que j'ai choisie

représente un appareil grec du 33e Mira Squadronen octobre 1940; et la seconde un britannique dun°63 Squadron basé à Benson, dans l'Oxfordshireen novembre 1939. La mise en peinture n'appellepas de commentaires particuliers à part la séancetoujours fastidieuse de masquage et de retou-ches. Les décals, ainsi que je l'avais mentionné,sont très fragiles et trop mates. Et j'ai malheureu-sement oublié de les sceller entre deux couchesde vernis brillant afin de faire disparaître le filmqui les entoure... Tant pis!

Dernière étape, tendre un fil de pêche en nylontrès fin pour représenter le fil d'antenne.Le montage une fois terminé, ce Fairey Battle irarejoindre ses petits camarades dans la vitrine.

Sources :Toute l'aviation, vol 8, pp2210-2211. Atlas.1993www.raf.md.uk/history/faireybattle.cfmwww.en.wikipedia.org/wiki/Fairey_Battle

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Le char B1 bis « Bourrasque »

«S i nous disposons chacun de 3 000 chars, nous les Français, nousdisposerons 3 chars dans 1 000 unités, alors que les Allemands met-tront, eux, 1 000 chars dans 3 unités. »

C’est ainsi que le général Delestraint a comparé les stratégies d’utilisa-tion des chars chez les Français et chez les Allemands.Cependant, même si mal utilisés, les équipages de chars de combat français se sontbattus avec courage, face à l’avancée fulgurante des Panzers allemands en 1940.

D’abord affecté au 508e RCC, le Bourrasque est livré à la première compagnie du 15e

BCC en septembre 1940.

Le Bourrasque peu avant la guerre

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Il est engagé dans les combats dès mai 1940, àMoncornet, non loin de Sedan.

Le 16 mai, plusieurs chars du 15e BCC ont subi desévères avaries, notamment le Tempête, le Mar-tinique, l’Aquitaine et le Toulon.Tous se regroupent alors autour d’un char dusecteur encore en état de fonctionnement, leBourrasque.Peu de temps après, les équipages décident desaborder le Martinique et l’Aquitaine pour ne pasles laisser à l’ennemi.Le Bourrasque prend alors à son bord, le lieute-nant Vaucheret et le sergent Courberan, chef dechar et pilote du 207 Martinique.Le 17 mai au matin, un camion allemand remplide fantassins passe à l’attaque. Ce camion estdétruit par un coup de 47 du Bourrasque.Après cet accrochage, le Bourrasque est à coursd‘essence. Les équipages décident de transvaserle reste d’essence des autres chars dans le Bour-rasque et de se replier à la recherche de ravitaille-ment vers le sud.Après avoir passé la ville de Pargny sans encom-bre, le Bourrasque tombe nez à nez avec unebrigade blindée allemande Nedwig. Le Bourras-que sème le désordre dans les colonnes mais lebataillon du PZ RGT A réagit vite et attaque leBourrasque à coups de canons qui touchent leBourrasque mais n’ont pas raison de lui.Mais, à 11h15, le Bourrasque n’a plus de muni-tions et est obligé de se rendre. Tout l’équipageest extrait du char. La reddition du Bourrasque est aujourd’hui célè-bre car elle est visible dans beaucoup de docu-mentaires.Nous vous en présentons aujourd’hui quelquesphotos exceptionnelles tirées du film fait par unsoldat allemand lors de la reddition du Bourrasque.

Le caporal Gentner, aide-pilote du Bourras-que lors de son extraction. Il a été blessé

par un éclat d’obus à la mâchoire.

Insigne du 15e BCC

Vues des Allemands montés sur lechar pour extraire l’équipage.

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Sur cette photo, il s’agit soit du sergentSeguin, soit du sergent Courberand.Il est habillé avec une combinaison d’achatprivé et porte bizarrement un Adrian 26 del’infanterie.

Le lieutenant Vaucheret, chef de char duMartinique.

Photo bien connue, ce gros plan du caporalGentner.On peut voir sa blessure, un éclat lui a briséla mâchoire et a perforé sa joue.

L’équipage au complet, debout à droite, lecaporal Gentner, à ses cotés, debout, le lieute-nant Vaucheret, avec son étui de Ruby ouvert.Assis au centre, on trouve le chef de char duBourrasque, le lieutenant Sauret.

Après sa capture, le caporal Gentner a étésoigné par les services de santé allemands.

Le sergent Seguin, ou le sergent Courbe-rand, pour une raison inconnue, il porte sonAdrian 26 à l’envers.

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Pour finir, le caporal Gentner dans le véhicule allemand.

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La Pervitine

u cours de la Seconde Guerre mondiale, l'armée allemande envahit l'Europeà une vitesse extraordinaire. Pour soutenir et aider les soldats nazis dansleur effort considérable, leurs médecins leur délivraient des comprimés dePertivin qui devaient leur permettre de conserver leur tonus énergétique.Aujourd'hui, ce médicament porte le nom de métamphétamine

(Robson, 2013).

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A

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Le journal allemand , qui s'appuie surdes lettres de Heinrich Böll, cet écrivain alle-mand, prix Nobel de littérature en 1972, qui étaitau front pendant le conflit.

"C'est dur ici, et j'espère que vous com-prendrez si je ne peux vous écrire qu'unefois tous les deux ou quatre jours dans lestemps à venir. Aujourd'hui, je vous écrissurtout pour vous demander du Pervitin(...). Je vous embrasse, Hein."

La méthamphétamine a été synthétisée pourla première fois au Japon en 1893 par lechimiste Nagai Nagayoshi, puis sous formecristalline en 1919 par le chimiste Akira Ogata.La forme HCl a été synthétisée, brevetée en1937 et commercialisée dès 1938 par la socié-té pharmaceutique allemande Temmler WerkeGmbH sous la marque Pervitin. Ce dérivé deméthédrine a été distribué dans la Wehrmachtà très grande échelle et à tous les niveaux desunités combattantes jusque dans les ministè-res. La méthédrine a permis aux troupes alle-mandes de ne prendre aucun repos pendantles onze jours de la campagne des Balkans, enmai 1941.Mais, il faut savoir que la benzédrine — àl'époque, forme non commerciale de l'amphé-tamine proprement dite — a largement étéaussi utilisée sur les soldats alliés. La benzédri-ne a joué un rôle important dans la batailled'Angleterre, en permettant aux aviateurs an-glais de compenser leur infériorité numérique.Les pilotes des bombardiers américains enabsorbaient fréquemment et les troupes amé-ricaines débarquées en Normandie, en 1944,en ont fait une large consommation. Les usinesd'armement japonaises en distribuaient à leursouvriers (Hautefeuille & Véléa, 2002).

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Défilé des troupes allemandes à Paris en 1940.

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«  J’ai décidé de leur donner du Pervitinquand ils ont commencé à s'allonger dans laneige, voulant mourir. Après une demi-heu-re, les hommes ont commencé à montrerspontanément qu'ils se sentaient mieux. Ilsont recommencé à marcher de façon ordon-née, leurs esprits étaient meilleurs, et ilsétaient plus vigilants" (Robson, 2013). »

« »,a déclaré un pharmacologue. «

Otto Ranke, médecin militaire etdirecteur de l’Institut de physiologie générale etde la défense à l’Académie de médecine militairede Berlin, a eu la responsabilité du régime à basede Pervitin. Il a constaté notamment que le médi-cament donnait à leurs utilisateurs une confianceen soi et une conscience de soi exacerbées

.

Au total plus de 200 millions de comprimés ontété distribués à la Wehrmacht et à la Luftwaffeentre 1939 et 1945. Les soldats allemands lasurnommaient "Panzerschokolade", ce qui si-gnifie "réservoir de chocolat". Hitler, lui-même,s’en administrait par voie intraveineuse. Si ceproduit a dopé les nazis, ses effets secondairessont particulièrement graves : vertiges, sueurs,dépression et hallucinations. Certains soldatssont morts d'insuffisance cardiaque, d'autres sesont tués pendant des phases psychotiques. Auvu des symptômes découlant de la consomma-tion de cette substance, des médecins se sontopposés très vite à sa distribution systémati-que aux soldats de l’armée allemande. Leonar-do Conti, chef de la santé du Troisième Reich,en fait partie .

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Heinrich Böll (1917-1985).

Leonardo Conti (1900-1945).

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Hitler a donné l’ordre aux usines chimiques d’I. G.Farben, basées à Francfort, de produire du fluor engrande quantité. Celui-ci devait être mélangé à l’eaupotable destinée aux prisonniers des stalags. Cettedistribution a eu pour but de maintenir la disciplinedans les camps et de calmer l’ardeur que mettaientles prisonniers à tenter de s’évader, grâce aux effetssédatifs du fluor. L’emploi de la fluoration par lesnazis pour réduire la résistance à la commande de lapopulation a été confirmé en 1954 par un chimisteaméricain, Charles Perkins, chargé d’administrer lespossessions d’I.G. Farben après la guerre. Le Tribunalde Nuremberg a mis en évidence la culpabilité de 24responsables d’I. G. Farben pour divers crimes com-mis pendant la guerre et a scindé la société en troisentités distinctes : Basf, Bayer, Hoechst. Les respon-sables d’I. G. Farben de l’époque ont été libérés parle ministre des Affaires étrangères des U.S.A. I. G.Farben a été aussi impliquée dans la plupart desexpérimentations médicales nécessitant des essaispharmaceutiques et également la production deZyklon B, insecticide employé dans les chambres àgaz (sans auteur, sans date; Montgomery, 2000; U.S. Public Health Service, 1997).

Références bibliographiques :Hautefeuille Michel & Véléa Dan, Les droguesde synthèse, Presses universitaires de France,coll. « Que sais-je ? », 2002.Lamendin Henri, communication personnelle,Guillestre, 2013.Montgomery Dan, « Le système de la Fluora-tion et de la Commande de l’esprit met enjeu votre santé et votre liberté », inhttp://www.sonic.net/kryptox/history/perkins,2000.Robson Steve, « Nazis on narcotics: How Hit-ler’s henchmen stayed alert during war bytaking Crystal Meth », in Mail Online,www.dailymail.co.uk, 01/06/2013, pp. 1-10.Sans auteur, « Le Fluor », inhttp://conspiration.com.free.fr/Fluor.htm,sans date.U. S. Public Health Service, « Fluoride - theModern Day DDT », inhttp://home.interkom.com, 1997.

D'après des recherches menées par l'Asso-ciation allemande des médecins, les scien-tifiques nazis se seraient vivementpréoccupés de médicaments qui sont de-puis devenus des drogues bien connuesaujourd’hui de l’imagerie populaire. L’uned’entre elles, en cours d’expérimentation,baptisée D-IX et composée principalementde cocaïne, a été mise au point pour queles soldats soient encore plus performants

. Elle a été testée sur lesdétenus du camp de concentration deSachsenhausen. Les médecins nazis espé-raient produire en masse cette substancehautement toxique et la distribuer auxtroupes en 1944, mais la guerre s'estachevée avant que ce projet ne se concré-tise. Ces mêmes médecins allemands ontaussi fait des expériences avec le LSDhallucinogène, dans le but final de contrô-ler l'esprit.

«C’était la dernière arme secrète deHitler pour gagner une guerre qu’ilavait déjà perdu il y a longtemps »

« Les médecins de l'armée nazie vou-laient transformer de simples soldatsen des pantins, capables de perfor-mances surhumaines" (Robson,2013). »

Pour mémoire, on connaît les effets bien-faisants du fluor sur les dents, mais on saitaussi les effets toxiques du fluor à hautedose (ostéoporose, dégâts génétiques,troubles cardiaques et psychiques). Leseffets psychiques du fluor ont été démon-trés, quant à eux, par les savants à la solde

du IIIe Reich.

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La vie d’Audie Murphy

De nombreuses vedettes ducinéma américain ontcombattu durant la SecondeGuerre mondiale. Certaines,comme James Stewart ou

Clark Gable, déjà stars, ont servi leurpays en utilisant leur image comme outilde propagande  ; d’autres, comme KirkDouglas ou Burt Lancaster, moinscélèbres à l’époque, ont mis leurcarrière entre parenthèses pourparticiper au conflit. Parmi les millionsd’Américains ayant connu le combat,quelques uns ne débuteront une carrièrecinématographique qu’après guerre ; cefut le cas de Lee Marvin qui, après avoirété Marine dans le Pacifique, devint unacteur mondialement connu. Ou encore,bien que moins connu, James Arness qui,après avoir combattu lors de la batailledes Ardennes, devint le marshal MattDillon de la série Gunsmoke. On peutaussi penser à James Withmore, imagedu sous-officier dévoué dans « Le cri dela victoire » ou dans «  Bastogne », il futcapitaine dans le corps des Marines etcombattit à Iwo Jima.Dans des films comme : « Commando dedestruction », « L’odyssée du sous-marinNerka  »,  «  Les héros de Télémark  »,«  Tant qu’il y aura des hommes  »,« Bastogne » ou «  Les 12 salopards »,ces acteurs ont incarné des personnagesfictifs en guerre contre les Japonais oules Allemands.

Audie Murphyjeune garçon du Texas

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En 1941, Audie apprend l’attaque de Pearl Harbor.Trop jeune, il ne peut s’engager et attendimpatiemment d’avoir 18 ans (1). N’étant pasencore majeur, sa sœur signe le papier autorisantson engagement. Il veut rejoindre le corps desMarines, pour lui le plus prestigieux et celui où ilétait sûr de se retrouver dans les plus durs combats,mais est refusé en raison de son poids et de sa taille.Il décide alors de s’enrôler dans les troupesaéroportées. Outre l’attrait des combats, une autreraison motivait son choix  : «  les parachutistesportaient des chaussures magnifiques  ». Refusépour les mêmes raisons, il décide de rejoindrel’infanterie.Pour être sûr de ne pas être là aussi refusé, il suit àla lettre les recommandations d’un sergent recruteuret se gave de bananes et de lait avant de seprésenter au centre de recrutement.Il signe son engagement à Greenville le 30 juin1942. Comme il le déclara plus tard :

- Avec ma tête pleine de rêves, mes pochespleines de trous et l’ignorance liée à mesannées, je suis parti à la guerre.

Il suit son instruction au Camp Wolters. Sa sœurétait sa principale correspondante. Dans une lettre illui déclara :

- J’aime beaucoup l’armée, ils vous laissentdormir jusqu’à 5 heures 30 alors qu’à laferme je me levais à 4 heures. J’ai de labonne nourriture et de bons vêtements.

Après sa formation de base, il rejoint Fort Mead,Maryland, pour son instruction d’infanterie. Soninstructeur déclara qu’il avait un engouement pourla mitrailleuse et qu’il passait ses journées àmanipuler et nettoyer son Garand.

Les premiers combats en SicileCertaines sources disent que le jeune Murphydébarqua en Afrique du nord en novembre 1942dans le cadre de l’opération Torch, cependant, dansune interview qu’il accorda en juillet 1945, ildéclarait être arrivé à Casablanca en février 1943 où

il fut affecté à la compagnie B du 15e régiment

d’infanterie de la 3e division d’infanterie.Toujours est-il qu’il débuta son livre «  To hell andback  » (traduit par «  l’enfer des hommes  » enfrançais) par la narration de sa première expérience

de combat en Sicile où il débarqua avec la 1ere vague.

Un acteur n’ayant pas rencontré le mêmesuccès que certains de ses pairs aufirmament d’Hollywood fut cependantcélébré et glorifié par un peuple entier.Il connut la guerre au sein de la « reine desbatailles » : l’infanterie.Il ne reçut aucun « Oscar » mais gagna laMédaille d’Honneur du Congrès.Il joua son propre rôle dans un film quirelatait ses exploits.Il s’appelait Audie Léon Murphy…

Une enfance au TexasAudie Murphy est né à Kingston, Texas, le20 juin 1924 d’un père d’origine irlandaiseet d’une mère ayant du sang indien dansles veines. La famille Murphy, qui comptaitneuf enfants, vivait dans de pauvresconditions.Dès son plus jeune âge, Audie apprend àtirer à la carabine. Il chasse les écureuils oules lapins et rapporte ses trophées à samère qui prépare de bons ragoûts. A cetteépoque, Audie a peu d’amis. Il joue avecses frères et sœurs ou aide les voisins entravaillant dans les champs. Durant lespauses il passe de longs moments àécouter un ancien « Sammy » qui avaitcombattu en France en 1917-18.Les récits de l’ancien combattantfascinaient le jeune garçon, qui un jourdéclara à son ainé : - Moi aussi je seraisoldat.Cela fit rire l’homme qui, semblant trouverça inimaginable, le renvoya au travail. Legamin retourna dans les champs et, selonses propres termes «  la tête pleine derêves  », il se voyait progressant vers unennemi imaginaire.En 1940, le père Murphy abandonne safamille. Audie, âgé de 16 ans trouve unemploi dans un magasin de radios.L’année suivante sa mère décède. Unepartie des jeunes enfants est recueillie parla sœur ainée, les autres sont envoyésdans un orphelinat.

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(1) - Comme nous le verrons ultérieurement, certainessources laissent à penser qu’il aurait menti sur sonâge et se serait engagé plus tôt.

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Cinq jours plus tard, le 27 janvier 1944, il rejoint sacompagnie au moment où l’enfer se déchaine.

La 3e division tente quatre attaques pour percer lefront, mais, à chaque fois, est arrêtée en ayant subitde nombreuses pertes.Les fantassins s’installent alors en position enattendant la reprise de l’offensive.Le climat ajoute aux misères des hommes.- Je n’avais jamais vu autant de pluie et de boue,déclara Murphy. Nos trous étaient à moitié remplisde boue et l’autre moitié était remplie d’eau.

Si les tenues M43 que la 3e division a reçues enguise d’évaluation en conditions de combatconstituent une amélioration par rapport à leurtenue précédente, la pluie demeure une vraie plaieet un martyre pour les GI’s terrés dans leurs trous etnombreux sont ceux qui se portent volontaires pourdes patrouilles afin d’être en mouvement etd’oublier la monotonie.Dans la nuit du 2 mars 44, accompagné de 6 « dogfaces  » comme se surnommaient eux-mêmes les

hommes de la 3e division, il part effectuer unepatrouille de combat afin de neutraliser un charallemand qui est immobilisé et en attente deréparation. Cette action lui vaudra la Bronze Starpour conduite valeureuse au combat. A propos decette première médaille, Audie déclaramodestement plus tard :

- Je pense que j’étais content.Par la suite, les combats reprennent avec intensité.Audie voit disparaître nombre de ses camarades,notamment lors de l’attaque d’une ferme qui doitêtre prise car elle offre un bon point d’observationpour les observateurs avancés d’artillerie qui sontattachés aux unités en ligne.Le 6 juin 1944, alors que les alliés débarquent enNormandie, Rome est libérée. La division rejointalors Naples afin de subir un entrainementd’opération amphibie supplémentaire pour ledébarquement de Provence. «  Le débarquementparfait» selon la terminologie militaire a lieu le 15août. La compagnie B fait partie de la premièrevague et débarque à 8 heures du matin près deRamatuelle, sur la Riviera.

- Depuis que je suis rentré à la maison, déclaraAudie, j’ai entendu des tas de gens dirent que ledébarquement avait été facile. Ce n’est pas vrai.Nous avons eu énormément de problèmes et lecombat était dur, et ça, jusqu’au moment où nousavons pu établir un point d’appui.

Peu avant, son commandant decompagnie, ayant appris qu’il avait étémalade sur le bateau et, en regard de sonaspect juvénile le jugeant inapte à la viedans une unité d’infanterie lui avaitproposé une affectation dans une unitéd’appui. Sans aucune hésitation il avaitrefusé la proposition.Les premières victimes de l’efficacité deson tir sont deux officiers italiensprisonniers qui tentent de s’enfuir. A sonlieutenant qui lui fait remarquer qu’iln’était pas obligé de les abattre, il déclare :

- Que devais-je faire  ? Agiter monmouchoir et leur dire au revoir ?

En juillet 1943, il est promu caporal. Sonunité fait ensuite mouvement vers l’Italie.Durant l’avance vers Cassino, il est promu

sergent. Le 15e régiment est alors retiré dufront afin de suivre un entrainementspécial en vue du débarquement à Anzio.Il ne participe cependant pas audébarquement car il est hospitalisé pourcause de malaria. C’est là qu’il reçoit sesgalons de staff sergent.

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Audie Murphy lors de son instruction

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Peu après, Audie se rend compte qu’il est le derniersurvivant des membres d’origine de la compagnie B.

A SuivreC’est lors de ces combats qu’Audie verratomber son meilleur ami Lattie Tipton (2).Lors d’une progression, son unité tombesous le feu d’une mitrailleuse allemande.Les GI’s se jettent au sol. Audie, leur chef,leur ordonne de rester à couvert ets’avance pour tenter de détruire lamitrailleuse. Il est rejoint par Tipton qui luidemande « s’il veut gagner la guerre à luitout seul ». A Audie qui lui reprochait dene pas être resté à couvert, il rétorque :

- Ils peuvent nous tuer mais ils nepeuvent pas nous bouffer, ça nefait pas partie des règles.

Après que les deux GI’s aient jeté unegrenade, Tipton, confiant se lève alorsqu’Audie lui crie de se coucher. Il estfauché par le tir des Allemands. AudieMurphy, furieux, se dresse, fonce vers laposition et tue les survivants. Voyant uneautre position plus loin, il prend la MG desAllemands qu’il vient d’abattre et,insouciant des balles qui sifflent autour delui, il s’avance en tirant. En arrivant, il videla bande de cartouches sur les corps déjàinertes. (Photo du film «  L’enfer deshommes »)

- Un démon était entré dans moncorps  ! déclarera-t-il plus tard lorsd’une interview.

Peu après, il rejoint le corps de son ami etse met à pleurer. Comme nous le verrons,cet épisode le marquera encore fortementdes années plus tard lors du tournage dufilm.

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Photo du film « L’enfer des hommes »

(2) - Dans son livre Audie a volontairementchangé les noms. Lattie Tipton y apparait sousle nom de Brandon.

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Rethondes ou la mémoire en péril

Nous avons récemment eu l’occasion de faire un détour par la clairière deRethondes, dans le département de l’Oise, connue comme la clairière où futsigné l’armistice du 11 novembre 1918 ainsi que celui du 22 juin 1940 oùAdolf Hitler entama un pas de danse devenu tristement célèbre.

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En 1960 une salle lui est adjointe, puis deuxautres en 1993, consacrées aux armistices de 1918et 1940, constituant le Mémorial ou «  Musée del'Armistice  » et reprenant globalement le mêmestyle muséographique qu’avant guerre, auquel futadjoint l’histoire du site et du wagon durant laSeconde Guerre mondiale. La clairière, inscriteaux  monuments historiques  parun arrêté du 23 novembre 1999, voit cette inscrip-tion annulée par arrêté du 7 septembre 2001.

Depuis, ce site semble dépérir. Pourquoi ? Carce déclassement sans doute, le désintéressement dela mémoire collective sûrement, délaissée par unepartie de la classe politique, le caractère privé de cemusée difficilement et aussi sans doute mal géré parune association, font que ce musée sombre peu àpeu là où, alors que le centenaire de la GrandeGuerre imposerait un retour vers cette mémoireoubliée, c’est la déliquescence d’un haut-lieu del’Histoire et de la Mémoire que l’on ne peut qu’ob-server, impuissants. Il faut être objectif  : peu dechoses vont dans ce musée. Un visiteur lambdasouhaitant visiter commencera par chercher desinformations sur internet. Que trouvera-t-il ? Un sited’un autre âge (2) à faire frémir notre FrédéricBonnus. Sur les lieux on découvre un musée où laréduction tarifaire que l’on retrouve dans tous lesétablissements dépendant du ministère de la Culturepour les moins de 26 ans est absente. Et pour cause !Un endroit pareil appartenant à l’histoire nationale aété délaissé par l’Etat et c’est une association qui legère tant bien que mal. Certes la vocation de cetteclairière et du culte qui y fut installé à l’originen’avait rien pour prôner la paix entre les peuples. Lamuséographie n’ayant que peu évolué on peuttoujours y voir cette pensée d’une histoire écrite parles vainqueurs bien que le temps ait tout de mêmeédulcoré cette animosité entre la France et sa voisi-ne d’Outre-Rhin. Outre le fait pour les étudiants dedevoir payer, le plein tarif n’est pas en lui-même siprohibitif (5,00 euros) (3). Le problème est toutautre en fait. Car si le musée présente très bien lewagon tel qu’il était le 11 novembre 1918, s’il saittransmettre des informations à travers ses vitrines,même de manière archaïque avec des stéréoscopesqui pour le coup ont sans doute plus d’âme que desécrans, une restructuration, une rénovation de l’es-pace muséal, ainsi qu’une réorganisation profondede la gestion du site seraient nécessaires. Le problè-me est partout et toujours le même quand il s’agitde donner un coup de jeune ou ne serait-ce qu’en-tretenir ces lieux de mémoire : il faut des moyens.

Ce site fut aménagé en 1922 àl’initiative des ligues d’anciens combat-tants, pour devenir un symbole de la Vic-toire sur l’agresseur allemand identifiécomme tel. Après la défaite des troupesfrançaises lors de la campagne de France,Adolf Hitler exige que l'armistice soit signésur le lieu de l'armistice de 1918 et c’estdonc à l’emplacement exact que la voitureoccupait en novembre 1918 que la déléga-tion française, menée par le  généralHuntziger  accompagné del'ambassadeur  Léon Noël, du générald'aviation Bergeret  et du vice-amiral  LeLuc, signe l’acceptation de la défaite.Après la signature, Hitler exige la destruc-tion de la dalle monumentale qui étaitcensée représenter la pierre tombale del’empire allemand (1), et fait convoyer lewagon de l'Armistice jusqu'à Berlin où ilreste jusqu’en 1944. Face à l'avancée al-liée, il est brûlé par les SS dans la régiond'Ohrdruf à Crawinkel en forêt de Thuringe,sur les ordres d'Hitler, en avril 1945. Quantau site de la clairière, il est arasé et labou-ré afin que plus aucune trace de l’acted’infamie subit par l’Allemagne ne resteen ce lieu. Seule la statue du MaréchalFoch est conservée par égard pour celuiqui n’accabla pas la délégation allemandeen novembre 1918.

Après guerre, le site est reconstituéà l'identique à la fin des années 1940 etles morceaux de la dalle centrale ayant étéretrouvés en Allemagne sont ramenés àCompiègne le 17 août 1946. La RépubliqueFrançaise fait l'acquisition d'un wagon dela même série de 1913 et le fait réaména-ger à l’identique  ; un nouveau bâtimentest construit pour l'abriter et l’abrite tou-jours.

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(1) Sur cette dalle est inscrit : « Ici, le 11 no-vembre 1918 succomba le criminel orgueil del’empire allemand vaincu par les peuples li-bres qu’il prétendait asservir »

(2) http://www.musee-armistice-14-18.fr/

(3) - Il faut dire que l’association qui gère les lieux nedispose pas de grands revenus, mais peut compter quesur 9 000 € par an versés par le conseil général del’Oise.

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plus de l’ « action man » que du chasseur-parachu-tiste de l’armée française, de minis-chars en plasti-ques de modèles tant inconnus qu’improbables, toutceci ne côtoyant que quelques livres sur le sujet réelde l’endroit.

D’accord, l’acquisition de produits à mettreen vente dans une boutique de ce type est uninvestissement, mais en ciblant sur la qualité etsurtout sur la thématique du lieu c’est du sérieux quien ressort.

Une fois sortis, ce que l’on fait le plus vitepossible, le visiteur n’est pas au bout de sa peine caron peut découvrir un char FT-17 dédié au vénérablegénéral Estienne, le père des chars français, maisdans quel état ! Les traces de rouille sont nombreu-ses, le char n’est visiblement pas entretenu. Toujoursfaute de moyens ? C’est plus que probable. Et pour-tant un bon nettoyage, deux couches de peintureanti-rouille, deux couches de peinture extérieure, etle tour serait joué pour peu de frais. Au lieu de celace pauvre FT-17 voit son histoire disparaitre à cha-que intempérie, de quoi faire pleurer le Musée desBlindés de Saumur.

En résumé ce que l’on peut dire c’est que laconsultation de professionnels en muséographie eten gestion de musée serait plus que souhaitée pouréviter certaines erreurs que l’on peut observer dansces lieux, mais que aussi, et SURTOUT, l’association abesoin de dons, de financements privés et publics.Avec ne serait-ce qu’un million d’euros il est certainque des merveilles seraient faites, et ce n’est rien àcoté des milliards de la formation professionnelle…

On trouve certaines réponses ainsique des chiffres sur le site du musée quipermettent de soulever certaines ques-tions que l’on pourrait se poser. En 2012l’association a dû payer près de 70 000  de salaires et 30 000   de charges. Pour unendroit dont l’affluence n’est jamais explo-sive et où le nombre de visiteurs pouvantêtre accueillis est très mince, ne serait-ceque dans la billetterie, c’est beaucoup. Onpeut voir plusieurs personnes, surtout ensortant par la «  boutique  » sur laquellenous reviendrons, ne pas faire grand cho-se… Trop de personnel donc ? Sûrement.Mais en ces temps de crise nous ne vou-drions nullement inciter à des licencie-ments qui sont déjà légion en France. Eneffet ce n’est pas là qu’une éventuelleréduction budgétaire parait la plus éviden-te, mais plutôt dans les 24 000 € dépensésen chauffage et électricité. Car de l’avis depresque tout le groupe dont votre serviteurfaisait partie lors de sa visite des lieux, le« surchauffage » est manifeste. Mis à partcela beaucoup d’objets sont présentés etc’est une des qualités du lieu qui malgrésa taille, s’efforce de transmettre le plusde connaissances possible. Un des objec-tifs de l’association est d’ailleurs des’agrandir pour exposer plus de collectionset également installer une salle vidéo dansun nouveau bâtimentqu’il faudrait construire,mais dans une forêt do-maniale cela n’a rien defacile.

En attendant, ensortant des lieux, com-me en tout site histori-que, tout visiteur passepar la boutique. Quellene fut pas notre surprise,notre étonnement, quedis-je notre effarement,de constater dans un en-droit aussi prestigieux auniveau historique, lavente de petit chatons,de figurines plastiqueparachutistes tenant

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Le PO du bois de Bousse

P Pour ce 9e volet consacré à «  Ceux qui restaurent…  », nous quittons laNormandie pour nous diriger vers l’est de la France sur les vestiges de la ligneMaginot, pour être plus précis dans le secteur fortifié de Boulay, (régionfortifiée de Metz) où Jean-Christophe Bivoit, par ailleurs membre de notreforum, nous présente le « petit ouvrage » du bois de Bousse qu’il restaure au

sein de l’association « le fort aux fresques ».

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  :

 : L’ouvrage du Bois de Bousse était considéré, en 1939,comme ouvrage modèle.Contrairement aux autres P.O., il est pourvu d’une cuisinepour la troupe, d’une cuisine pour les officiers, d’une sallede préparation des repas, d’une chambre froide et d’uneboucherie. Une cave à vin ainsi qu’une cave à eau de viecomplètent la zone « alimentation ».Sa visite permet de constater que beaucoup de pièces ouateliers sont « surdimensionnés »Notre PO à l’origine devait recevoir un bloc de mortier de 81

ainsi qu’une 2e tourelle de mitrailleuses en bordure de lavoie de chemin de fer Metz/Sarrelouis.

Comme beaucoup de PO le bloc d’entrée du fort est défen-du par des créneaux armés de jumelage de mitrailleuses

Reibel, d’une cloche observation ainsi qu’une cloche GFM1

et de plusieurs créneaux pour FM 24/292.Le PO du Bois de Bousse (du nom de la forêt où il est im-planté se compose de 4 blocs, soit :- un bloc d’entrée, équipé de deux créneaux armés d’unemitrailleuse et d’un canon antichar de 47mm, une clochelance grenade pour la défense des dessus, deux goulotteslance grenades.

 :

  : L’asso-ciation « Fort aux Fresques » estrégie par les articles 21 à 79 duCode Civil Local (Alsace-Mosel-le). Elle a pour but le développe-ment, le fonctionnement, larestauration par tous moyensappropriés d’un lieu de mémoi-re, de tourisme sur le site du P.O.du Bois de Bousse à Hestroff(57320).L’association ne poursuit aucunbut lucratif, s’interdit toute dis-cussion, manifestation présen-tant un caractère racial, politiqueou confessionnel.Le nombre d’adhérents 2013 estde 32 bénévoles. Les journéesde travail «  officiel  » s’établis-

sent le 1er  samedi de chaquemois. Selon leur emploi dutemps, les adhérents se rendent,jours et heures à leur convenan-ce, à l’ouvrage pour des jour-nées « de travaux ».La saison touristique va d’avril àseptembre inclus, mais nous ac-cueillons le public toute l’année,

les 1er et 3e dimanches de cha-que mois.L’ouvrage est également ouvert

aux visiteurs les 1er samedis dechaque mois durant toute l’an-née ainsi qu’aux groupes de per-sonnes, sur rendez-vous.Précisons que l’association aégalement en charge, sur le bande la commune de Hestroff, unabri de surface ainsi qu’un abricaverne descendant à -20 mè-tres.

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une des fresques du fort représentant les officiers du fortdans leurs fonctions civiles

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L équipage était composé de  : Office de Commandant, leCapitaine Ramaud, secondé par 4 officiers et 138 hommescomprenant sous-officiers et hommes du rang. Ce personnel

dépendait du 162e Régiment d’Infanterie de Forteresse. (RIF)

 :

 : A cette question je serai tenté de répondre Hélas NON.Non car une page d’histoire comme un combat est porteurpour les visites, mais non les horreurs du combat ontépargné le PO du Bois de Bousse soit l’A24 (codification del’ouvrage dans la nomenclature de la LM)Il faut que je vous raconte quand même un épisode cocasse,survenu peu après la prise du fort d’Eben Emael en Belgiquepar les parachutistes allemands. Un soir des bruits suspectsse font entendre sur les dessus du bloc 2. Un tir d’épouillagesur les dessus du bloc est demandé. Une tourelle de 75 del’ouvrage de l’Anzeling effectue un tir de 4 salves (2X4) Aumatin, les occupants de l’ouvrage constatent avoir décimédes chèvres paissant sur les dessus.

- bloc 1 observatoire  : 1 clocheobservatoire et 1 cloche GFM.

- bloc 2 : 1 créneau JM3 (Reibel),1 créneau JM/AC 47(antichar),2 cloches GFM.- bloc 3 : 1 tourelle mitrailleuse,1 créneau JM/AC 47, 2 clochesGFM.L’usine électrique est composéede 3 groupes électrogène diesel

SMIM4 d’une capacité de produc-tion électrique de 55 kW pargénératrice et d’un groupe de

secours CLM5. Ces moteurs dutype  "marine" étaient démarréspar l’envoi d’air comprimé dansun des cylindres.Le groupe 1 est en état de fonc-tionnement, le 2 est en cours deremontage, le 3 est quant à luien remontage pédagogique.La tourelle de mitrailleuse estopérationnelle, manuellementet électriquement (alimentée encourant alternatif et continu sousdifférents voltages).La cuisine, qui avait totalementdisparue a été remontée grâce àl’armée qui nous a permis derécupérer le matériel similairedans d’autres forts.Notre galerie principale fait envi-ron 385 mètres, le «  déve-loppé  » total des galeriess’élevant à plus de 1 000 mètres.Le fort se situe entre les ouvra-ges d’artillerie de l’Anzeling etdu Michelsberg, Les pièces d’ar-tillerie de ces forts pouvaientbattre les dessus du PO, qui as-surait et défendait le passageentre ces deux GO.

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salle de filtrage de l’air en cas d’attaque par les gaz

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mitrailleuse sont les actions de restauration du PO menéesà leur terme.

Les travaux en cours concernent le système de ventilationafin d’assécher les locaux souterrains. Je nettoie aussi lescaniveaux que mon ami Jean Marie goudronne patiemment.Nous nous sommes également attelés à la création d’unesalle d’exposition. En ce qui concerne les travaux extérieurs,les dessus du fort ont été nettoyés et les chemins entretenus.Après nettoyage de l’ancienne fosse septique extérieurenous avons installé des WC de chantiers sponsorisés par unbienfaiteur.Les chemins d’accès ont été rendus carrossables et nousavons créé un parking pour les visiteurs.

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 : Pour des raisons de sécuri-té, de nouveaux câbles ont étéposés dans une grande partie dufort pour l’éclairage.La cuisine troupe a été entière-ment réinstallée à l’identique,matériel électrique, de cuisine,plancher etc, le tout récupérédans un ouvrage d’artillerie dontje parlais plus haut. La cuisineofficiers, la chambre froide, lasalle des machines ou usine,nettoyage, peinture, chaulage,électricité, démontage remonta-ge du groupe 2 en cours, remon-tage du 3 en visionpédagogique, remise en état etfonctionnement manuel et élec-trique de la tourelle de

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La cuisine avant…

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 :

 : Les difficultés que nous rencontrons sont plus nom-breuses que nos ressources serai- je tenté de dire, mais lebilan est et reste positif.On peut résumer nos difficultés en 5 points principaux :1 : Trouver des pièces d’origine ou carrément l’ensembledu matériel manquant.2 : Parfois trouver le temps.3 : Avoir les compétences requises pour effectuer le travail.4 : Avoir l’outillage nécessaire aux travaux.5 : Disposer des fonds permettant l’achat de peintures,ampoules, outils, petits matériels...

A cela s’ajoutent les travaux in-variables, c'est-à-dire débarrasde tonnes de déchets de câbles,de tôles et tuyaux rendus inutili-sables par la rouille, le nettoyagedes caniveaux, des égouts, lespeintures et entretiens divers.Nous avons d’autre part réorga-nisé les ateliers de stockage etde rangement et mis en sécuri-té des 3 citernes de gasoil (3 x30 000 litres)Les travaux à moyen terme con-cernent la restauration de lafresque et la mise en valeur decelle-ci, ainsi que de la salled’exposition, des vitrines, desdessins s’y trouvant, des nomsde galeries. Enfin la réfection etla mise en peinture de la façadedu bloc d’entrée sont en projet.A long terme, nous souhaitonscréer un hall d’accueil pour visi-teurs.

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La cuisine …après

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 :

 : A ce jour, nous ne percevons aucune aide ni subven-tion. La restauration de l’ouvrage se fait grâce aux touris-tes, aux billets d’entrée.

 :

 : Depuis plusieurs années déjà nous organisons unemarche chaque 14 juillet.Le 30 novembre, nous organisons un repas gastronomiqueet ambiance disco au fond du fort, sur invitationNous participons également à une marche découverte le20 juin des fortifications de la région proche (1 casematerestaurée par un adhérent sarrois, une casemate restauréepar un adhérent luxembourgeois, un abri de surface, unabri caverne) et une soupe traditionnelle de 1939 est ser-vie au fond de l’ouvrage. Nous avons cependant de nom-breux projets dont on espère qu’ils verront bientôt le jour.

 :

  : La commune dont nousremercions le maire, met à notredisposition le fort dont elle estpropriétaire et nous verse unesubvention équivalente à cellesdes autres associations de lacommune. L’armée nous aidecomme elle peut mais les méan-dres de sa structure ne lui per-mettent pas, à notre avis, d’êtreaussi réactive que nous le sou-haiterions car nous passons bientrop souvent après le passage depillards de cuivre qui ne respec-tent rien.

1 0 0 Histomag - Numéro 86 le PO ne prend pas feu, on démarre juste ungroupe électrogène…

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 : Hélas les jour-nées du Patrimoinesemblent n’avoiraucun impact sur lafréquentation touris-tique. Nous n’avonsdonc pas prévuquelque chose despécial mais nousallons travailler surla communication etsur d’autres straté-gies pour amenerles visites.

: J’ai pour le Bois de Bousse le grand désir de faire revivre lacage d’ascenseur. Mais c’est un travail de pros et très onéreux,donc ne rêvons pas trop…J’aurais aussi un projet, désir, rêve … autrefois il y avait un ré-seau Decauville partant de Metz et rejoignant les ouvrages.Dommage qu’il soit impossible de le remettre en état et d’orga-niser la visite des forts par ce moyen de communication…

 : Quelle est la bonne question que je ne vous ai pas posée ?

 : Comment en êtes-vous arrivé là ?Intérêt pour la fortification, pour un domaine particulier, intérêtpour le bénévolat qui se change à la longue en un long sacer-doce.

 :

 : le prix d’entrée est de 4euros et 3 euros pour les grou-pes et les enfants. Pour ce prixnous proposons un parcours etune présentation adaptés à l’in-térêt des visiteurs. Ce parcoursdure entre 1h30 et 3 heures(pour le même tarif)…Notre ascenseur étant horsd’usage le parcours demandede bonnes jambes puisque cha-que bloc demande l’ascensiond’environ 120 marches ….Nousajustons le type de parcours enfonction du nombre et surtoutde l’intérêt des visiteurs. Noussommes ouverts aux demandesparticulières. Par exemple, uncomité d entreprise vient de medemander une visite du fortsuivie d’un repas composé decuisine régionale. Et nous tra-vaillons à améliorer en perma-nence selon les demandes, nosprestations.

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Vue du campement annuel du 6 juin sur le site Hillman

galerie principale de 380 mètres

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1) GFM : guetteur fusil mi-trailleur

2) FM24/29 : fusil mi-trailleur modèle1924/1929

3) JM : jumelage mitrailleu-ses

4) SMIM : société de méca-nique industrielle deMarseille

5) CLM : compagnielilloise de mo-teurs

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petit musée du fort. Notez les fresques

tableau de distribution de l’énergie

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1 0 3 Histomag - Numéro 86

Le coin des lecteurs

B onjour à toutes et à tous,

Nous allons comme à notre habitude vous pré-senter quelques ouvrages références surle sujet que nous avons abordés dans ledossier thématique de ce numéro. En-suite, bien qu’il soit difficile en ce mo-ment de trouver des nouveautés sur la

Seconde Guerre mondiale, entre la GrandeGuerre et les Kennedy (et bientôt sans doute sur

Mandela), nous avons tout de même pu dénicher les derniè-res sorties littéraires concernant le conflit qui nous intéresse

tant et qui ont retenu l’attention de la rédaction. Nous allonsvous les présenter en espérant qu’ils vous plairont tout autant !

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Dans la Grèce d'Hitler, 1941-1944par Mark MazowerEditions des Belles Lettres478 pages – 33,50 € (11,40 € en poche chez Tem-pus)

Ce livre se veut le reflet de ce quefurent la vie et les valeurs des habi-tants d'un pays, la Grèce, où 40 000personnes moururent de faim aucours de la première année d'occupa-tion par les Nazis tandis que 25 000autres périrent dans la guérilla qui lesopposa à la Wehrmacht. C'est par lebiais de l'observation du combat quo-tidien d'individus de chair et d'os quel'auteur éclaire l'occupation nazie

dans sa globalité. Mazower montre comment l'occupations'inscrivit, non dans un vide historique, mais au sein d'unechaîne d'événements débouchant sur une succession deguerres civiles qui perdurèrent, en Grèce, jusqu'à la fin desannées quarante. À l'instar du livre exemplaire de RobertPaxton sur la France de Vichy, celui de Mark Mazower tendà démontrer à quel point les événements de l'époquefaisaient écho à ceux d'un passé récent. Envisagée du pointde vue de ceux qui la subirent comme de ceux qui l'imposè-rent, cette histoire de l'occupation nazie en Grèce juxtaposele parcours de résistants tenaces comme d'officiers de laGestapo, de juifs aux abois comme de jeunes conscritsgermaniques. Il convient aussi de souligner que Mark Ma-zower a également publié une étude sur les communautésreligieuses de Salonique du XIXe au XXe siècle  :

.

Outre ces deux ouvrages, pour en savoir plus surl’invasion allemande, nous nous permettons de vousrappeler que François de Lannoy à écrit un ouvrageà ce sujet, La guerre dans les Balkans : OpérationMarita en 1999 aux Editions Heimdal. Pour d’autresangles de vue sur les forces armées et les gouverne-ments helléniques ainsi que la résistance grecquedurant la deuxième guerre mondiale nous vous re-commandons le n°136 de la Revue d'histoire de ladeuxième guerre mondiale, qui fut consacré en octo-bre 1984 à la Grèce dans la deuxième guerre mon-diale.

La guerre italo-grecque :1940-1941par Dominique LormierEditions Calmann-Lévy224 pages – 21,60 €

28 octobre 1940, 5 h45 : la division ita-lienne Julia entre-prend sa marche surla Grèce. Mussolini,malgré les mises engarde de Hitler, vientde déclarer la guerreau peuple grec et àson dictateur, Me-taxàs. Cette guerre

demeure l'un des faits militairesles plus méconnus de l'histoirede la Seconde Guerre mondiale.Dans un conflit marqué en partiepar le choc idéologique de ladémocratie contre la dictaturefasciste, la guerre italo-grecqueva opposer deux états fascistes,l'idéologie politique étant gom-mée par les intérêts territoriaux,tactiques et stratégiques. Musso-lini, malgré ses certitudes devictoire, va se heurter à unerésistance héroïque de l'arméegrecque. Durant six mois, atta-ques et contre-attaques se suc-cèdent sur un front montagneuxde 250 kilomètres, dont certainssommets culminent à 2 600 mè-tres d'altitude. Par un froid terri-ble, sous la pluie, dans la neigeet la boue, l'armée grecque par-viendra à faire reculer l'envahis-seur italien en territoire albanais.Ce conflit, " caprice " du mégalo-maniaque Mussolini qui tientl'armée italienne pour invincible,se soldera par des pertes effroy-ables dans les deux camps. Ladéfaite italienne contraindra l'Al-lemagne à intervenir dans lesBalkans, retardant ainsi l'offensi-ve contre la Russie.

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en somme, des mesures annonciatrices de la pérestroïkagorbatchévienne. Nommé ministre de l’Intérieur en mars1953, il est arrêté par ses pairs en juin et fusillé en décem-bre pour un complot infondé. A l’appui de nombreux docu-ments d’archives rendus publics à la chute de l’Unionsoviétique, Jean-Jacques Marie brosse le portrait complet del’un des acteurs majeurs de l’URSS sous Staline.

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J'ai survécu dans mon Panzerpar Arnim BottgerEditions Heimdal200 pages – 39,50 €

Cet ouvrage est exceptionnel à plusd’un titre. Ce sont les mémoires d’unradio du 12.Schwadron du Panzer-Re-giment 24 de la 24.Panzer-Divisionqui a combattu sur le front de l’Est, àtravers l’Europe (France et Italie), jus-qu’en Prusse Orientale, et qui a survé-cu à de graves brûlures. Il est aussiexceptionnel grâce aux photos prisesalors par l’auteur dont 64 photos encouleurs, plus du tiers d’entre elles

(dont les trois présentées ici) concernent son panzer, lesuniformes et la vie quotidienne du tankiste.

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Ardennes 44 : La dernière offensive allemandepar Pierre StéphanyIxelles Editions384 pages – 22,90 €

La Bataille des Ardennes, qui se termi-ne fin janvier 45 après le refoulementdes Allemands au-delà de leur lignede départ, demeure un tournant déci-sif de la Seconde Guerre. Elle constitueune des dernières grandes opérationsmilitaires de la fin de la guerre sur lefront occidental : prendre par surpriseles armées anglaises et américainesen perçant le front allié sur son flanc leplus faible, les Ardennes. Face à laviolence de l’attaque allemande, aux

ruses et aux stratagèmes ourdis par le Führer et le haut-commandement allemand, la réponse américaine ne tardepas : Eisenhower envoie toutes les forces blindées endirection des Ardennes et rétablit la situation.

Passons maintenant à quel-ques sorties littéraires surcette guerre qui ont retenunotre attention :

Beria : Le bourreau politi-que de Stalinepar Jean-Jacques MarieEditions Tallandier

510 pages –25,90 €

De 1938 à 1953,Lavrenti Beria a étéun rouage essentieldu système stali-nien, qu’il a ensuitetenté d’amenderavant de payer desa vie cette tentati-ve avortée. Manipu-lateur, d’une

cruauté sans bornes, c’est ainsiqu’il entra dans l’histoire. Or, lafigure de Beria s’avère au regarddes faits et à l’analyse bien pluscomplexe : bourreau certes,mais aussi fin politique. Fils depaysans misérables, il connaîtune ascension fulgurante. Flan-qué d’une cohorte de tortionnai-res, il dirige la police politiquesoviétique, le NKVD, pendantsept années décisives (1938-1945) au cours desquelles lanomenklatura consolide sonpouvoir. Il organise la déporta-tion meurtrière des peuples duCaucase, planifie les meurtres deTrotsky et de ses ennemis politi-ques. Mais, à la mort de Staline,Beria est le premier à saisir quele régime, à bout de souffle, nepeut survivre qu’en desserrant lecarcan de la terreur policière. Ilcommence à démanteler le gou-lag, propose la réunification del’Allemagne ;

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Le nazi et le psychiatrepar Jack El-HaiArenes Editions384 pages – 19,90 €

À la fin de la Seconde Guerremondiale, les hauts responsablesnazis sont jugés à Nuremberg.Les Alliés veulent un procèsexemplaire. Avant de passer enjugement, chaque prévenu doitêtre préalablement déclaré saind'esprit et responsable de sesactes. Douglas Kelley, un jeunepsychiatre américain, a carteblanche pour étudier le profilpsychologique de HermannGöring et d'autres chefs nazis. Illeur fait passer une batterie de

tests et s'entretient avec eux pendant des heures. Göring lefascine, au point qu'il poussera son étude au-delà de samission initiale. En voulant s'approcher trop près de la bêtesa vie bascule. Rentré aux États-Unis avant la fin du procès,il emporte avec lui toutes ses notes et ses études sur leschefs nazis. Hanté par son expérience, il se suicide douzeans plus tard en avalant une capsule de cyanure... commeGöring la veille de son exécution. L'historien Jack El-Hai estle premier à s'être plongé dans ces archives inédites etfascinantes. Il en a tiré un récit vertigineux où tout est vraicélébré par la critique américaine.

Conversations intimes (1908-1964)par Winston et Clémentine Churchill, commen-taires de Mary Soames-ChurchillEditions Tallandier843 pages – 29,90 €

Les écrits de Winston Churchill, de-puis son premier et unique romanjusqu’à ses Mémoires de Guerre, enpassant par ses biographies et sesrecueils d’articles, ont presque tousété traduits en français. Ce n’est pasle cas de sa correspondance avecson épouse, publiée en 1998 auxEtats-Unis et en Grande-Bretagnesous le titre : Speaking for themsel-ves, et sous-titrée : The personalletters of Winston and Clementine.

Cet ouvrage, introduit et annoté par leur fille Mary Soames,est un choix dans les centaines de lettres, notes personnel-les et télégrammes échangés entre Churchill et son épouseentre 1908 et 1964.

Hitler a joué sa dernière carte.De la préparation de l’offensiveà la description des combats enpassant par l’évocation de la viedes civils durant cet hiver le pluslong et le plus rude du conflitmondial, Pierre Stéphany nousreplonge dans cette offensive siconnue, mais surtout si intenseet lourde en terme de vies hu-maines et matérielles, à traversdes histoires extraordinaires vé-cues par la population et lessoldats pendant l’offensive. Ecritde manière journalistique, avecun chapitrage très court, trèsagréable à lire, ce livre dresseles portraits des principaux belli-gérants, dont Eisenhower et VonRundstedt, et rapporte de nom-breux propos de témoins del’époque en parallèle au dérou-lement des opérations ce quinous n’en doutons pas, satisferabon nombre de lecteurs souhai-tant découvrir cette «  batailledes Ardennes ». Pour les lecteurscraignant de se perdre dans ledéroulement des opérations unechronologie détaillée de l’offen-sive et de ses principales phasesaide le lecteur dès le début del’ouvrage ainsi qu’un inventairedes lieux de mémoires de cettebataille et de ses monumentsdans les dernières pages. LesArdennes en 1944 étant un sujetdéjà beaucoup traité on ne peutpas tenir rigueur d’une iconogra-phie déjà connue pour la majori-té, et le seul réel bémol que l’onpeut déplorer est le manque decartes – il n’y en a qu’une –montrant de manière efficaceles opérations. En résumé cettenouvelle édition offre une vuetrès riche et abordable de labataille des Ardennes que mê-me les passionnés chevronnéspourraient prendre plaisir à par-courir.

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Il reste à ce jour le plus jeune détenteur de ce titre. Il estadulé du public et du Paris des années folles. Dénoncé en1943, il est déporté à Auschwitz où le commandant ducamp, passionné de boxe, organise contre lui des simulacresde combats. Sa trajectoire fulgurante connaît un dénoue-ment tragique. A partir d'éléments recueillis auprès demembres de sa famille et de ses amis, ce récit unique de lavie fascinante du champion est à nouveau présenté dansune version remaniée par son auteur André Nahum.

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Les Derniers jours d'Hitlerpar Hugh-Redwald Trevor-RoperEditions Tallandier384 pages – 10,50 €

Que s'est-il réellement passé dansle bunker de la chancellerie duReich entre la mi-avril et le 8 mai1945 ? En septembre 1945, lescirconstances de la mort ou de ladisparition de Hitler cinq mois plustôt restaient toujours aussi mysté-rieuses. Les rumeurs les plus follescirculaient. Certains déclaraientqu’il avait été tué au cours descombats de Berlin, d’autres qu’ilavait été assassiné par des offi-ciers dans le Tiergarten. La thèse

de l’évasion par avion ou sous-marin avait aussi ses défen-seurs… C’est cette énigme que résout Trevor-Roper. L’auteursoumet à l’enquête la plus minutieuse, la plus méthodique,la plus scientifique, les derniers mois, les derniers jours del’existence d’Adolf Hitler, jusqu’au moment où sa traces’évanouit. À partir de documents divers, interrogatoires detémoins, journaux tenus par certains d’entre eux (parmilesquels le valet de chambre Hans Linge, le ministre desFinances Schwerin-Krosigck, le général d’aviation Koller),télégrammes interceptés, pièces découvertes et saisiesaprès la catastrophe, comme les testaments de Hitler,l’auteur rétablit la vérité historique : celle de la mort d’AdolfHitler.

Voilà une collection unique, na-turellement destinée à resterconfidentielle de leur vivant, etqui donne un aperçu incompara-ble, non seulement de leur viede couple et de famille, maisaussi de leurs jugements sur lapolitique nationale et internatio-nale, sur les grandes personnali-tés du moment, sur le cours dedeux guerres mondiales, surleurs espoirs, leurs ambitions etleurs déceptions pendant plusd’un demi-siècle. Les annota-tions de leur fille Mary Soames,qui a été témoin de bien desépisodes mentionnés dans leslettres, ajoutent un éclairageprécieux à cette correspondanceintime, dans laquelle la politiqueconstitue bien souvent une par-tie intégrante de l’intimité._______________________

Young Perez, Champion :De Tunis à Auschwitz, sonhistoirepar André NahumEditions Telemaque176 pages – 15,90 €

C'est de Tunisqu'est venu un deschampions les plusattachants que lemonde de la boxeait connu. Né dansune famille juivemodeste, VictorYounki « YoungPerez », débarqueà Paris en 1927après un début de

carrière prometteur. A 20 ans, auterme d'un combat d'anthologiecontre l'Américain Frankie Ge-naro, tenant du titre, il devienten 1931 le plus jeune Championdu Monde des poids mouche.

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Histomag LA SECONDE GUERRE MONDIALE PAR DES PASSIONNES POUR DES PASSIONNES - WWW.39-45.ORG /HISTOMAG

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