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    Les indigents du souvenir ont pu souffler depuis le 1er dcembre 2007, date de parution du dernier Edito, sacrifilors du dernier numro une noble cause : celle de faire croire votre serviteur quil tait irremplaable, principe lgard duquel ledit serviteur, se reconnat aussi flatt que penaud bien quil ne souscrive que trs partiellement cette thse hardie. Quoi quil en soit, on na donc enquiquin personne depuis trois mois et on vous avoue que lasensation de manque est telle quon en a profit pour en garder quelques unes sous le coude et vous les servir surun plateau dargent avec rampe de lancement intgre. Cest donc parti pour un tour, sans aucune ide declassement hirarchique puisque les nomins davril ont tous mrit de la Nation.

    A ceux qui se persuadent quil ne se passe jamais rien dans lenceinte du plat pays de Brel, on va donner uneoccasion de faire pnitence : le bijou quon vient de vous dgotter vient de Belgique et mrite un triple ban. Figurezvous , bonnes ouailles que dans la petite cit sans histoire de Bonsecours on pratique avec une dextrit toutprofessionnelle un sport la mode : le devoir de mmoire. Pas de quoi fouetter un chat. On aurait pu se fendre,pensez vous, dun petit encart dans une autre rubrique, un petit truc discret qui serait pass inaperu. Cet t

    dommage car on est de ceux qui pensent que le devoir de mmoire revisit la mode Bonsecours mrite mieuxquun fond de page. On vous fera la grce des prparatifs et des activits satellites pour mieux vous parler du cloudu spectacle, le ci-devant dfil commmoratif et rtrospectif o chacun nest oubli. Le public vient en masse Bonsecours et nest jamais avare de ses rires et de ses applaudissements. Les artistes les plus recherchs sontbien videmment, comme chez Pinder, les troupes de clowns qui nont pas leur pareil pour dclencher lhilarit despetits et grands. Ceux de chez Bonsecours, srs de leur affaire nont pas lsin sur les costumes : les svastikas etrunes flottent dans lair et sur le pav comme au bon vieux temps des spectacles du cirque Goebbels. Au coindune rue, une petite juive portant haut ltoile jaune marche dun pas alerte et dcid, encadre par deux Augusteendimanchs et tirs quatre pingles : rien ne manque, mme pas la tronche de circonstance. Elle sappelaitSarah nous annonce gaillardement le speaker. Les deux autres figurants sont Helmut et Reiner, ils rptentleur numro tous les soirs aprs le turbin, dimanche et jours fris rpond lcho. Tout est bien qui finit bien, saufpour Sarah.

    Le public, amus et gav de hot dogs tout en versant une larme sur la famine du ghetto de Lodz, peut maintenantadmirer lattraction suivante, un sketch qui laisse loin derrire Groucho Marx. Deux clowns aussi factieux que lesprcdents ont piqu les bquilles dune rsistante, honteuse et jurant quon ne ly reprendrait plus, btementcoince sur la place du village . Bons princes et goguenards, Croquignol et Patouille cest leurs noms de scne reviendront la rencontre de la malheureuse cul de jatte et laideront rentrer au bureau des entres de laGestapo locale en la tranant sur deux bons kilomtres. Que net elle pas fait sans eux. Petits et grands sont auxanges, la magie du cirque aura toujours cet effet bnfique de tous nous renvoyer la magie de lenfance. ABonsecours, le spectacle est permanent et chacun peut rencontrer au dtour dun bistrot la joyeuse compagniedartistes que lon reconnatra facilement aux runes SS quils portent , qui sur la casquette, qui sur un dbardeur encoton blanc, levant leur chopine au devoir de mmoire. Cest beau, cest abouti, cest mouvant : du rire et deslarmes foison et tout a sans rclamer un kopek au bon peuple venu des quatre coins de lEurope nouvelle,marchant dun seul pas vers un idal commun au milieu des steppes de lOural , adhrant sans rserve uneaventure virile et saine. La tirade est certes un peu longue engloutir sans reprendre son souffle, mais on vous la

    restitue en intgralit, vu que quelques milliers de couillons de la lune se sont tout de mme fait avoir comme desbleus en lentendant sur Radio Paris. A Bonsecours, on peut se demander utilement qui sont les plus couillons :ceux qui veulent faire croire que leur approche de lhistoire frappe des runes est totalement saine et dnuedarrire pense ou ceux qui regardent une gamine toile jaune marcher vers la mort entre deux neuneus croixde fer tout en se tapant un casse dalle dgoulinant de margarine. Pour tre honntes, on hsite tel point quonsollicite un dlai de rflexion avant dattribuer la palme du mauvais got.

    Le devoir de mmoire nest il pas finalement une jolie femme que chacun peut habiller sa guise ? . Le risquemajeur est que dans ce cas de figure les gots de quelques pkins sont ce point douteux que la plus belle descratures peut prendre des allures de dame de petite vertu. Cest ce que nous avons cru percevoir Bonsecours ;arrtez nous sur le champ si daventure nous avions la berlue. Que cette sympathique manifestation soit partie il ya quelques annes dun principe sain, celui du vritable devoir de mmoire,est tout fait possible et louable. Quece qui fut une manifestation utile et intelligente ait dvi de son fil conducteur au point de devenir un des points de

    convergence favoris de quelques groupuscules nostalgiques de la zvastika est une ralit dont nous sommes toutaussi convaincus. On est vivement dsols si cette prose na pas le bon got de plaire tout le monde et ce pourun motif valable : ceux qui elle ne plaira pas sont prcisment ceux qui ne ressentent aucune gne en matantune rafle reconstitue, avec la regrette Waffen SS aux premires loges. Au mois prochain.

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    N10 Avril mai 2008http://www.ligne-front.com/

    - Dossier :Hitlerjugend : de l'endoctrinement de masseaux combats de Normandie

    Stphane Delogu

    - Dossier :Rsistance: combien de divisions ? Les maquisFFI au combat l't 1944Dominique Lormier

    - Grande Guerre :Verdun 1916 ; Les trois jours de Douaumont.Vincent Bernard

    - Biographie :

    Walther von BrauchitschLaurent Tirone

    - Parcours / Tmoignage :Bretagne, Ardennes, Hollande ... Parcours deguerre de Loc Raufast, para de la "bande Marienne" David Portier

    - Rubriques : Courrier des lecteurs ; After Action Report ; Chronique d'un sicle de guerre , disponible en kiosque

    Ce mois ci la chronique sur la littrature ddie la seconde guerre mondiale va se trouver un peu modifie. Jesais quun certain nombre dentre-vous frquentent les vides greniers, les brocantes, les bouquineries pour ytrouver de vieux livres qui ont t dits il y a quelques annes.

    Caen pendant la bataille (Andr Gosset Paul Lecomte ditions carrefour des lettres 1974)Le 18 juillet 1945, le Commissaire Rgional de la Rpublique Bourdeau de Fontenay rappelle que Caen donnait

    la France comme au monde la plus pure leon de courage quil fut possible de donner en se haussant pourlhistoire au niveau de ses surs Calais et Verdun dont la vertu fut dtre pure et dtre dure Si Jean-Pierre Bnamou et Albert Pipet ont, dans leurs ouvrages respectifs, su montrer le calvaire des soldats pourla libration de cette ville ces deux journalistes du journal Normandie, eux, vont nous montrer la bataille de Caenvcu de lintrieur, par ses habitants.

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    Ce livre est scind en quatre parties, les quatre moments de la bataille, le sauvetage des biens et des vies,lhabitat, au service des sinistrs et des rfugis. Les auteurs ont collects destmoignages et des rapports sur les conditions de vie des civils pendant la bataille.Tour tour, vous serez avec les quipes de sauvetages, comprendrez laction de ladfense passive, vivrez avec les rfugis dans les centres daccueil ou dans lescarrires. Mrite une attention particulire par tous ceux qui sintressent la bataillede Caen.

    La bombe de Hitler (Rainer Karlsch ditionsCalman Lvy)En 2004 Histoire de guerre publie un article deRoland Hautefeuille sur la bombe atomique allemande,mythe ou ralit ? Cet article, trs document,mentionnait que lAllemagne stait lance dans lacourse larme nuclaire et quelle navait pu arriver la construction dune bombe. Or cette thorie est

    remise en cause par le livre de Karlsch Rainer, qui, se basant sur un certain nombredanalyses, nous confirme quun certain nombre de chercheurs ont uvrs souslgide des SS la construction dun racteur et llaboration dune bombe A quils ont teste deux fois avec succs en 1944 et 1945 causant la mort de plusieurscentaines de prisonniers. Lenqute sappuie sur des comptes rendus de recherches,des plans de constructions, des prises de vues ariennes, des tmoignagesdespions amricains et russes. Lauteur a lui-mme procd des mesures sur leterrain, identifiant avec prcision les isotopes laisss par les explosions. Le mythe dela bombe nuclaire allemande est donc relanc.. Prix environ 25

    USMC Uniformes et quipements 1941-1945 (histoire et collections)Les ditions Histoire & Collections ont toffes leur srie ddie luniformologie, aprsles troupes anglaises, les parachutistes amricains, leur nouvel album est ddi lUSMC.La premire partie de ce livre retrace brivement le parcours de lUSMC de la cration ducorps le 11 juillet 1778 au dimanche 2 septembre 1945 date de la signature de lacapitulation du Japon sur le Missouri. Le reste du livre rcapitule avec prcision lensembledes tenues, accessoires, dcorations dont t dot le Corps des Marines. Une mentiontoute particulire sur la recherche des uniformes des Women Marines, ainsi que pour unhommage aux SEABEES qui ont t dtachs dans le Corps des Marines. Je ne doute pasun instant que cet ouvrage sera mis en vidence dans chaque bibliothque. (Prix environ39,95)

    Une BD intitule "La Lgende du Gnral Leclerc" est parue dernirement aux ditions LeLombard. L'auteur ( textes, dessins et couleurs) est Bertrand Guillou. Il est le petit-fils d'un

    ancien FAFL du Lorraine, Jean Guillou alias Popeye, devenu mcanicien volant du Gnralen Indochine et qui prira avec son chef dans l'accident. Cet album est extrmement biendocument et l'auteur a un sacr coup de crayon, c'est une russite! L'originalit del'ouvrage est que non seulement il relate le parcours parallle de son jeune grand-premais rend un vibrant hommage tous ceux de l'ombre qui, men par un chef d'exception,ont largement oeuvr la libration de notre pays. Il est prfac par Michel Le Goc, pilotede Leclerc qui sera hospitalis d'urgence l'automne 1947 ce qui lui vaudra d'avoir la viesauve! (Information envoye par Philippe Hamel)

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    La Bataille de Normandie de Richard Holmes

    Dj auteur de deux remarquablesouvrages publis par Grnd, lhistorienbritanniques Richard Holmes vient dercidiver avec une nouvelle dition de laBataille de Normandie dont la particularitest dtre agrmente dune multitude delettres, cartes, documents dpoque. Du 6juin 1944 la Libration de Paris, lauteurpropose un synopsis dtaill et accessible tous des oprations de libration delouest de la France. Prsent dans unluxueux coffret, cet ouvrage mritera uneplace de choix dans toutes lesbibliothques thmatiques. EditionsGrnd 19.95 euros

    Cette chronique mensuelle trs apprcie sera dsormais assure par Philippe et Laurent, plus connus sur notreforum sous les pseudos de Hell on Wheels et Litjiboy

    Les bombes-ballons japonaises.

    Voici un des faits les plus bizarres de la seconde guerre mondiale : les bombes-ballonsjaponaises. A partir de novembre 1944, le Japon, incapable techniquement denvoyer desavions bombarder les Etats-Unis, dcidrent dexploiter un courant dair prsent en altitude

    dcouvert environ 10 ans plus tt et qui sera connu plus tard sous le nom de jet-stream.

    Malgr le fait que plus de 9000 ballons aient t lancs, seul un bon millier atteignit lesEtats-Unis et le Canada. Ce lancer massif ne fit que 6 malheureuses victimes, le 5 mai1945 : 5 enfants et leur accompagnatrice qui pique-niquaient dans un bois en Oregon.

    Un chec donc pour les forces japonaises qui dpensrent environ 23 millions de dollars (lecot dun ballon tait de 2300 $) pour ce projet !

    Sources :http://en.wikipedia.org/wiki/Balloon_bombhttp://www.bookmice.net/darkchilde/japan/balloon.html

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    Alexandre Martin Lippisch : de lexprimentation nazie laronautique US

    A. M. Lippisch (1894-1976) a dabord travaill pour lesentreprise Zeppelin et Messerschmitt avant dintgrer leReichsluftfahrtsministerium en 1939 comme designer. Il avaitpour mission de crer un avion intercepteur ultra rapidepropuls par des fuses.En 1943, il est transfr Vienne pour tudier larodynamismeet les ailes Delta. Ses travaux le menrent raliser desprojets tonnants, tel le DM-1. Nanmoins, la guerre seterminant, Lippisch na pas le temps de voir ses projets aboutircompltement. Mais ceux-ci ne furent pas perdus pour tout lemonde. En effet, lopration Paperclip (nom de code de

    lopration US ayant pour but de sortir les scientifiques allemands de lAllemagne nazie) permit Lippisch decontinuer ses travaux pour les amricains. Entre 1950 et 1960, il ralisa pour Convair des projets devant aboutir des avions tels que les F-102 Delta Dagger, F-106 Delta Dart ou le B-58 Hustler.

    Ci contre, droite Alexandre Martin Lippisch

    Sources, infos :

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Lippisch_DM-1http://en.wikipedia.org/wiki/Alexander_Lippischhttp://www.nurflugel.com/Nurflugel/Lippisch_Nurflugels/left_lippischmasterborder.html

    Lauri Trni: un hros finlandais pas comme les autres

    Lauri Trni est n en Finlande en 1919. Sa carrire militaire dbute la fin de1938 o il sert tout dabord comme sous-officier dans un bataillon dinfanterie,puis comme officier pendant la Guerre dHiver Finno-sovitique (1939-1940).Nacceptant pas la dfaite, et motiv par un anti-communisme viscral, il seporte volontaire pour servir quelques mois sous luniforme des Waffen-SS dansle bataillon SS Nordost compos uniquement de finlandais.

    Mais la notorit militaire de Trni se forge lors de

    la Guerre dite de Continuation (1941-1944) o,comme Capitaine et la tte dun dtachementportant son nom, il opre loin derrire les lignessovitiques. Ces diffrentes oprations lui valentdtre dcor de la Croix de Chevalier deMannerheim , la plus haute distinction finlandaise,en juillet 1944. Au terme de la Guerre de

    Continuation, il retourne en Allemagne et se prpare former les mouvements deRsistance de son pays, si celui-ci venait tre occup par lUnion Sovitique. A la finde la Seconde Guerre Mondiale, il se rend aux Allis, schappe dune prison anglaiseet retourne en Finlande o il purge une peine de prison de six annes avant dtregraci.

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    La carrire militaire de Trni ne se termine pas avec la Seconde Guerre Mondiale. Il part pour les Etats-Unis etdevient citoyen amricain sous le nom de Larry Thorne avec laide de BillDonovan, ancien directeur de lOSS, qui devait connatre les exploits de LauriTrni. Les comptences acquises par Thorne pendant la Seconde GuerreMondiale en technique de gurilla et dinfiltration, lui permettent dintgrer lesForces Spciales de lUS Army.

    Lors de son deuxime tour de service au Vietnam comme conseiller technique, ilmeurt dans un accident dhlicoptre le 18 octobre 1965. Ses restes ne sontretrouvs quen 1999. Il est enterr au Cimetire National dArlington en 2003 encompagnie des Sud Vietnamiens morts avec lui lors de son accidentdhlicoptre. Sous luniforme amricain, il devint Commandant et fut dcordune Bronze Star, de Deux Purple Heart et de la Distinguished Flying Cross. Unouvrage en langue anglaise retrace son histoire : Soldier Under Three Flags de H.A Hill. Pour lanecdote, le rle principal jou par John Wayne dans le film Les Brets Verts , Sven Kornie, sinspire de laction de Larry Thorne au seindes forces spciales.

    Sources :

    http://www.larrythorne.com/http://en.wikipedia.org/wiki/Lauri_T%C3%B6rnihttp://www.pownetwork.org/bios/t/t375.htmhttp://www.arlingtoncemetery.net/larry-thorne.htm

    La Bombe Papillon

    La bombe papillon, ou Sprengbombe Dickwandig 2 kg (SD2), est une petite bombe utilise par la Luftwaffependant la Seconde Guerre Mondiale. Cette sous munition pesait 2 kg dont 225 g de TNT. Elle se prsentait danssa position ferme , comme un cylindre de 8 cm de long. En position ouverte , soit aprs son largage, lesparties mobiles constituant le cylindre se dployaient afin de faire planer le dispositif. Cette position ouverte adonn son surnom la bombe (cf. la photo ci-dessous)

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    Suivant les versions, le rglage du dispositif de mise feu decette bombe permettait :

    -son dclenchement limpact de celle-ci sur le sol ou pendantsa chute,

    -dintroduire un dlai avant explosion de 5 30 minutes aprsimpact,

    -de la dclencher ds quelle tait dplace aprs limpact.

    Elle fut utilise la premire fois pendant la campagne dePologne en 1939. Elle fut employe sur tous les fronts Europens et Nord-Africains. Elle fut aussi largue sur leRoyaume Uni dont une a caus la mort dun soldat anglais plus de onze ans aprs la guerre (Novembre 1956).

    Pour la transporter la Luftwaffe utilisait des containers avec des capacits diffrentes demport, pouvant embarquerde 6 144 SD2.

    Ds mai 1941 quinze groupes de la Luftwaffe modifirent leursappareils afin de leur adapter les containers de SD2. La photo ci-dessous montre un personnel au sol de la Luftwaffe prparant lamise en container de bombes SD2

    Les Etats-Unis recopirent lidentique cette munition en ladsignant M83 Butterfly Bomb. Elle fut principalement utilise enCore et au Vietnam.

    Ci-dessous une vue trs nette de la SD2 en position Ouverte

    Sources :

    http://en.wikipedia.org/wiki/Butterfly_bombhttp://www.inert-ord.net/usa03a/usa6/bfly/index.html

    http://www.millsgrenades.co.uk/images/german%20bombs/sd2a.JPGhttp://www.answers.com/topic/butterfly-bomb?cat=technologyhttp://www.warbirdsresourcegroup.org/LRG/sd2.htm

    LES RENDEZ VOUS DE LHISTOIRE EXPLORENT LE JOUR LE PLUS LONG

    Notre grand rendez vous mensuel du forum se droulera le jeudi 17 avril 2008 partir de 21 h 00. Notrethme de dbat risque dattirer la grande foule, puisque le thme abord sera le film LE JOUR LE PLUS

    LONG.

    Nous examinerons limpact du film sur la perception du dbarquement de Normandie autravers de plusieurs questions qui devraient entraner des dbats passionns1 - Le Jour le plus long retrace t'il globalement les vnements lis au dbarquement deNormandie ?-2 - Le livre dont il s'est inspir, crit en 1961 par Cornlius Ryan est il encore d'actualitaujourd'hui en matire d'tude historique ?3 - A t'il servi la comprhension du Dbarquement, ou au contraire, fut il un obstacle ?4 - Comment juger aujourd'hui le jour le plus long ?

    5 - quels sont pour vous les passages les plus marquants de ce film ?6 - Quelle opinion avez vous du film de Darryl Zanuck ?7 - l'tude de l'Histoire a t'elle volu depuis le livre de Cornlius Ryan ?

    8 - L'image de la population normande donne par le cinaste correspond elle la ralit ?http://www.debarquement-normandie.com/phpBB2

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    partie - Les grands noms de la Rsistance dans la R 4

    B - La libration

    1- Les vagues violentes de rpression Allemande, face aux actes dune Rsistance qui a senti levent tourner chez lennemi : les prmices dune Libration annonce

    Suite de nombreux actes comme les multiples sabotages, des coups de mains, des embuscades, la Rsistancestait trouve face une violente raction des troupes doccupation allemande. Aprs une poque de combat etde survie, malgr la mise en sommeil, voir mme la dislocation ou la disparition de certain maquis, elle taitparvenue refaire ou consolider ses groupes grce des oprations de parachutages de plus en plus gnreux.Pour le moment, les rsistants ne pouvaient encore affronter les soldats de la Wehrmacht en un combat final, maisleurs actions rgulires finissaient par dmoraliser et dstabiliser lennemi. Des rgions entires devenaientincontrlables pour les allemands. Dune part, les garnisons parses de loccupant ne pouvaient plus sopposeraux diffrentes manifestations patriotiques du 14 juillet 1944, ce qui prouve une Rsistance omniprsente et trssoutenue par les populations. Dautre part, les allemands avaient subi de lourdes pertes. Ces pertes taientdifficiles dnombrer, elles paraissent aujourdhui survalues par les tmoignages des anciens rsistants. Largion 4 servait, au dbut, de lieu de retraite pour les units allemandes ananties venant du front Est. Elle staittransforme en lieu doprations et de combats. Certains soldats, originaires de lEst de lEurope, staient mis dserter comme par exemple des Vlassov de Carmaux.

    En rponse ces actions de rsistance, loccupant faisait rgner la terreur ; soitpour garder son emprise sur les habitants, soit comme mthode de combat, dela mme manire quil lutilisait sur le front de lEst. Cette politique de terreuravait t conduite dans le Lot, elle faisait partie intgrante des pratiques de lacolonne du rgiment Deutschland- de la division SS Das Reich - qui dirigeala sanglante expdition travers trois dpartements : la Haute-Garonne,lArige, les Hautes-Pyrnes les 10 et 11 juin 1944. Les SS ayant fusills 15personnes Castelmaurou le 27 juin 1944, dautres agressions furent galementcommises, les 27 et 28 juin 1944, au Born et Villemur-sur-Tarn. Plusieurshabitants de ces communes furent arrtes, tortures, assassines le 6 juillet1944 Buzet-sur-Tarn, dautres exactions eurent lieu le 17 aot 1944. Desotages furent fusills Calmont le 6 juillet 1944, quatre autres assassins parpendaison Montauban dans la nuit du 23 au 24 juillet 1944

    Ci contre, gauche, H. Lammerding Kommandeur de la Das Reich

    Pourtant, pendant lt 1944, les actions de la rsistance ne se rduisaient passeulement aux combats engags contre les troupes doccupation. Rseaux dinformations, vasions, intgrationsau sein de ladministration clandestine taient le lot quotidien des actions commises par les diffrents rseaux etmaquis. Les rsistants ptissaient des reprsailles violentes et sanglantes des allemands ; par exemple, Jean-Louis Bazerque dit Charbonnier et passeur renomm, fut abattu avec deux de ses collgues le 13 juin 1944 Larroque ; ou encore, Marcel Taillandier dit Morhange , chef ponyme dun rseau, fut pris par laFeldgendarmerie au moment dun contrle routier Saint-Martin-du-Touch, et abattu alors quil essayait de fuir. Ilsera remplac par son adjoint Pierre Rous.

    En Arige, ces reprsailles avaient un caractre plus violent, cause des lments que pouvaient apporter lescollaborationnistes loccupant. Les collaborationnistes taient pousss par la haine, ou motivs par une autorit

    dont ils ne percevaient pas le caractre provisoire. Ils taient des hommes de main structurs, par le P.P.F., dansun groupe dactions et de justice sociale situ Saint-Girons. Ils se livraient des exactions en tous genres :pillages, arrestations, tortures, assassinats. Ils avaient ainsi enlev, puis assassin, le dput-snateur radical PaulLaffont, suite lexcution de Philippe Henriot par la Rsistance le 26 juin 1944. Paul Laffont avait rempli lesfonctions de secrtaire dtat des Postes, Tlphones et Tlgraphes , il avait galement assum lesresponsabilits de la prsidence du Conseil Gnral de lArige.

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    Le 10 juillet 1940, parce quil avait vot les pleins pouvoirs au Marchal Ptain, la Rsistance avait initialementrefuse de laccepter dans ses rangs. Paul Laffont tait parvenu djouer les plans des agents de la Gestapo,mais, le 13 juillet 1944, il fut squestr son domicile - chteau de la Vignasse - par le groupe dactions et dejustice sociale . Son cadavre, portant les traces des supplices qui lui furent infligs, fut retrouv avec celui de sonami, le docteur Lon-Charles Labro qui tait venu malencontreusement son domicile le jour de son kidnapping.Ces assassinats firent grand bruit dans lopinion publique Arigeoise, si bien que la Milice assiste de la policedurent identifier les coupables. A la Libration, le 2 septembre 1944, le groupe dactions et de justice sociale futarrt, jug et excut dans la commune de Saint-Lger. Pamiers, la Gestapo avait russi piger le snateurJoseph Rimbaud pour faits de Rsistance. Joseph Rimbaud fut dport Buchenwald.

    Dans la soire du 15 juillet 1944, les rsistants appartenant aux maquisde la Bastide-de-Srou, de la Crouzette, de lA. S, des gurilleros et auxF.T.P.- ntaient pas rests inactifs. Ils avaient arrt plus dune vingtainede personnes suspectes dtre des collaborateurs, ou tous simplementdes dlateurs. Onze dentre eux furent jugs par les tribunaux de fortunedes maquis et fusills au col de Rille. Cependant, le 2 aot 1944, la Milice,charge de lidentification des assassins de Lon-Charles Labro et de PaulLaffont, procda larrestation de Clovis Dedieu qui ntait autre quun :

    rugbyman connu, un boucher et restaurateur, un ravitailleur des groupesrfractaires qui taient impliqus dans nombreuses actions clandestines ; ilsagissait ni plus ni moins dun homme qui aidait du mieux quil le pouvait laRsistance. Il fut tortur mort pendant 14 heures dans la caserne de laMilice Foix. Son cadavre fut trouv le 9 aot 1944, non loin de Payrols,cette dcouverte provoqua de nouveau lindignation de la population.

    Au mme moment, la mcanique nazie avait pour but de se dbarrasser detous les prisonniers, avant que les rseaux des chemins de fer ne soientcompltement inutilisables ; ceci cause des bombardements par les allisdes voies de communication dans la rgion ; bombardements destins bloquer la fuite de lennemi. On vit donc des convois de train de la mort

    et de train fantme qui allrent vers les camps dinternement de Toulouse, souvent antichambre de la

    dportation vers les camps de la mort du III

    me

    Reich. A Toulouse, dans la prison Saint-Michel, le secteur souscontrle des Allemands fut compltement vid de ses dtenus, de mme que ceux qui taient interns au camp duVernet. Ces dtenus se dnombraient 650 personnes dont des rsistants, des personnes de confession juive,des trangers membres de la catgorie Main dOeuvres Immigre.Le12 juillet 1944, ils furent regroups dans lagare de Raynal et entasss par 60 dans des wagons bestiaux, les mmes dont les nazis se servaient pour ladportation massives de opposants au rgime et des races infrieures . Le trajet fut des plus horrible, sanseau ni nourriture, par une chaleur caniculaire, et dans des conditions dhygine et de promiscuit scandaleuses.

    Ce convoi commena par cheminer vers Angoulme, avant de revenir vers larrire en direction de Bordeaux, o ilresta quelques jours quai. Beaucoup de dports furent enferms dans la Synagogue, dont une partie sparedes autres dtenus fut excute, comme par exemple luniversitaire Albert Lautmann. Le train repartit ensuite le 9aot 1944, vers Toulouse, il se dirigea vers Carcassonne et remonta la valle du Rhne. Dans lhorreur quasiquotidienne, les prisonniers mourraient en masse ; grce aux bombardements Allis, et aux arrts frquents

    conscutifs, des rsistants purent svader comme les deux membres de la 35me

    Brigade Marcel-Langer, jesfrres Raymond et Claude Cohen.

    La Rsistance dans le secteur R 4 avait fait des efforts, sous-entendus extraordinaires, dans ses actions face lennemi, malgr les fortes vagues rpression. Les maquisards et rsistants taient motivs par lattente dunsecond dparquement qui devait se drouler sur les ctes de la Mditerrane. Ce dbarquement eut lieu enProvence le 15 aot 1944 avec une grande participation Franaise sous les ordres du Gnral de Lattre deTassigny la tte de larme B. Le dbarquement stait organis depuis lAfrique du Nord. A partir des derniersjours du mois de juillet 1944, les messages radio taient diffuss dans chaque rgion. Ces messages taientdestins aux rsistants pour lancer des actions contre loccupant, par exemple les trois citrons arriveront cesoir , message du 29 aot 1944, signifiant que 3 avions avaient largus des armes et des munitions, notammentau-dessus de Eauze-Bordeneuve pour le rseau Wheelwright. Les colis furent rceptionns par Vincent - 8meCompagnie. Aux messages tait trs souvent joint un ordre du Gnral Knig. Au dbut du mois daot 1944, les

    chefs rgionaux coutaient clandestinement la radio de Londres qui devait rduire la diffusion des messages pourviter aux Allemands dattendre un vnement comme celui dun dparquement par exemple. Comme lunit ducommandement avait t ralise par Serge Asher, alias Serge Ravanel, lunit conscutive des rgions permettaitde limiter les messages au nombre de quatre en les couplant. La R 4 et la R 3 recevaient donc les mmesmessages.

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    Par exemple : Ne bousculez pas lestropi et Lapprenti fait des vers ce qui signifiait en langage cod lamise en place de lapplication du plan vert et du plan violet , alors que le saindoux est mauvais commandait larrt des communications routires et que lagneau est tmraire tait le signal de l'amplificationde la gurilla. En revanche, le Gnral Knig recommandait de ne pas engager une bataille de front avec lestroupes ennemies ce qui pouvait nuire aux ressources des units de la Rsistance.

    2- La libration de Toulouse et du secteur R 4La Libration de la France avait commence avec le dbarquement anglo-amricain en Normandie, partit descotes de lAngleterre, le 6 juin 1944, et baptis lopration Overlord. Ce premier dbarquement avait entam laLibration de la France par le Nord du pays. De plus un second dbarquement avait eu lieu sur la coteMditerranenne le 15 aot 1944. Il sagissait du dbarquement de Provence, appel opration Dragoon. Cettedeuxime opration stait droule depuis lAfrique du Nord, do soldats et navires prirent pied sur 70 kilomtresde cotes Varoises entre Cavalaire et Agay. Les troupes engages furent bien moins nombreuses que pour ledbarquement du 6 juin 1944, et furent diriges par le Gnral de Lattre de Tassigny. Elles dnombraient 500 000hommes ce qui correspondaient la moiti des effectifs engags pour lopration Overlord, dont 256 000 soldatsFranais sous le commandement du Gnral de Lattre de Tassigny, les 244 000 autres soldats tant Amricains.Larme Franaise comptait dans ses rangs des soldats de diffrentes origines : des conscrits, des vads deFrance, des troupes provenant des colonies comme par exemple des tirailleurs Algriens. Onze divisions tait

    places sous la direction du Gnral Amricain du nom de Patch, au nombre desquelles 7 taient Franaises.Le dbarquement de Provence eut pour consquence la Libration du Sudde la France et de la rgion Toulousaine. LEtat-major principal de liaisonAllemande, post Toulouse dans la rgion R 4, dut prparer le dpart desforces vers les villes de Carcassonne, Narbonne et Montpellier pour laBourgogne, afin de les runir Dijon. Il devait galement assurer la scuritsur laxe Bordeaux Toulouse. Il se chargea aussi de la 159me DivisiondInfanterie, du 64me Corps, qui tait base Langon, au sud-est de laGironde, et dut se diriger sur Toulouse. Pour les autres troupes du 64meCorps, qui taient stationnes dans la rgion de Bordeaux, elles partaientvers Poitiers avant daller elles aussi vers Dijon, o le Gnral Blaskowitzinstalla son quartier gnral le 23 aot 1944.

    Jean de Lattre de Tassigny (DR)

    Le repli de Allemands stait chelonn parce que les troupes les plusloignes taient obliges de partir les premires par des itinraires quitaient diffrents, notamment avec la zone de partage entre Tarbes et Pau.Mais avec la pression lie la situation durgence, cet ordre de repli futaccompli dans le plus grand dsordre. Les garnisons en mouvement

    ntaient pas coordonnes, tant soumises des conditions particulires. Seules les units de combats qui setrouaient Toulouse, et qui avaient une puissance suffisante, pouvaient emprunter sans risques les routesnationales menant vers Carcassonne et Montpellier. Un rapport rdig Lyon, le 10 septembre 1944, par lEtat-major de liaison Allemand post Toulouse, attestait du dpart tout fait dsordonn par rapport aux dlais

    fixs pour le repli. En effet, le poste de commandement de la division darme G avait reu lordre de repli 17 aot1944, alors que lEtat-major de liaison affirma quil avait reu ce mme ordre le 18 aot 1944 pour le mettre enplace ds le 19. Le rapport prcisait galement : Que les mesures pour lvacuation des matriaux, et ladestruction des tablissements importants, ne purent tre effectues. Le commandant et le chef de dEtat-majorformrent leur colonne de vhicules rapides et atteignirent Lyon ds le 21 aot 1944. Le reste de leffectif futabandonn son sort. Les pertes en matriels et en hommes furent importantes. Une grande partie des lmentsdu Corps atteignirent Lyon seulement 10 jours aprs, dautres mme plus tard. Un contrle des dparts, des Etats-majors de liaison infrieurs, neut pas lieux.

    La retraite gnrale Allemande releva de limprovisation la plus complte. Des units Allemandes, mme aprs ledbarquement de Provence, taient engages dans des combats contre les mouvements rsistants, des actes degurilla et des oprations de rpressions. Suite lordre de replis gnral des troupes Allemandes, les petitescohortes statiques et les services administratifs devaient saisir, en lespace dune journe, tous les vhicules quils

    pouvaient trouver ; autocars, camions de livraison, camions-citernes, voitures tractes par des chevaux, voiremme des vlos. Ils devaient faire main basse sur tout ce qui tait en tat de rouler et ou davancer. Ces cortgesressemblaient la cavalcade minable dun cirque aprs faillite, avec ses dompteurs, ses pitres, ses palefreniers,en vert, en gris, en kaki, toutes les armes confondues, des aviateurs auprs des douaniers, vtrans de Rommel etblesss de Russie appels faire ensemble le dernier saut prilleux.

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    Dans la ville de Toulouse, des armes, des munitions et des bidons dessence furent entasses dans des moyensde locomotions da fortune. Auch, les Allemands emportaient, dans des camions et des btaillres, des chevauxprovenant des haras nationaux de Tarbes et qui devaient, en principe, arriver jusquen Allemagne.

    Lucile Dlas alias Sekhmet

    Bibliographie

    - AMICALE DE ANCIENS VOLONTAIRE DU BATAILLON DE LARMAGNAC ET DU 158me R. I, Le bataillon deGurilla de lArmagnac 158 me R.I : Au Cur de la Rsistance en Gascogne dans la Libration du Sud-Ouest dela France 1940-1945, Ati, ed. 1997, red. 2002

    - BESSET (FRDRIC), MHU (DIDIER), PRICARD-MHA (DENISE), ROWLEY (ANTHONY), SALLES(CATHRINE), VALLAUD (PIERRE), WARESQIEL (EMMANUEL DE), Dictionnaire de lHistoire de France, Perrin,2002

    - CUBRO (JOS), La rsistance Toulouse et dans la Rgion 4, dition sud Ouest, 2005

    -MOURRE (MICHEL), Dictionnaire encyclopdique Mourre en 5 volumes, vol. 4, seconde dition, bordas, Paris,

    1998,- Sous la direction PAUL (ROBERT), Le petit Robert 2, S. E. P. R. E. T., Paris-VII, 1974

    - Archives Fonds Latapie appel aussi Fonds Rsistance : cote 22 Z

    Sigle :

    M.O.I. : Main des uvre ImmigreP.P.F. : Parti Populaire Franais. cf. glossaire pour la dfinitionS. S. : Schutzstaffell (chelon de protection)

    Glossaire :

    Henriot, Philippe, homme politique : (Reims 1899-Paris 1944) : Fils dun officier, ilsengage dans le milieu du militantisme catholique et se fait remarquer par la qualit de sesarticle dans Libert du Sud Ouest. Install en Gironde, il devient dput en 1932, pour lecompte de lUnion Populaire Rpublicaine. A la Chambre, ses talents dorateurs lesdistinguent, notamment lorsquil est applaudit, le 6 fvrier 1934, succs quil prsentecomme avertissement la Rpublique des corrompus . Le Front populaire et la guerredEspagne achvent de le convaincre que le monde est partag en deux camps : lacivilisation chrtienne contre la barbarie bolchevique. Soutenu par Ptain, il affiche despositions germanophiles ds le dbut 1941 et commence sattaquer aux Anglais. Ilsengage dans la Milice, et en janvier 1944, est nomm secrtaire dtat lInformationsous la pression Allemande. Par le biais dditoriaux radiophonique biquotidiens, Henriotattaque ses ennemis (rsistants, communistes, rpublicains, anglo-saxons, francs-maons,

    juifs) et exalte une Allemagne invincible . Sur ordre du Comit dAlger, inquiet des effets de cette propagande, ilest assassin le 28 juin 1944. op. Cit. BESSET (FRDRIC), MHU (DIDIER), PRICARD-MHA (DENISE),ROWLEY (ANTHONY), SALLES (CATHRINE), VALLAUD (PIERRE), WARESQIEL (EMMANUEL DE), Dictionnairede lHistoire de France, Perrin, 2002, p. 496

    Knig, Marie Pierre, Marchal de France : (Caen, 1989- Neuilly-sur-Seine 1970) :Dorigine Alsacienne, engag volontaire en 1917, il termine la Premire Guerre Mondialecomme officier, avec trois citations. Entr Saint-Maixent aprs la fin du conflit, il rejointensuite la Lgion Etrangre et prend part la pacification du Rif marocain. Nomm capitaineen 1939, Knig participe lexpdition de Norvge ; puis, ramen en Grande-Bretagne, serallie au Gnral de Gaulle aprs larmistice. En septembre 1940, il participe lopration parlaquelle de Gaulle tente de dbarquer Dakar. Aprs lchec de cette tentative, Knigcombat au Gabon et en Syrie. Nomm Gnral en juillet 1941, il commande la 1re Brigade

    Franaise Libre, engage contre lAfrika-Korps de Rommel. A la fin du mois du mois de mai1942, ses hommes arrtent, Bir Hakeim, lavance de Rommel en Libye. Leur Rsistancehroque, qui se poursuit jusquau 11 juin, retarde la progression Allemande et permet auxAnglais de se replier vers lgypte. Commandant en chef des Forces franaises de lintrieur(1944), le Gnral Knig est nomm Gouverneur de Paris la Libration de la capitale ( 25aot 1944).

    I

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    l commande ensuite la zone franaise doccupation en Allemagne (1945-1949), puis devient inspecteur gnral delensemble des forces dAfrique du Nord (1949-1951). Vice-prsident du Conseil Suprieur de la guerre en 1950,Knig abandonne bientt le service actif pour la politique : dput R.P.F. du Bas-Rhin en 1951, rlu en 1956, iloccupe deux reprise le ministre de la Dfense Nationale, en 1954 et en 1955, dans les cabinet de PierreMends France et dEgard Faure. En 1958, il dmissionne pour manifester son opposition la CommunautEuropenne de Dfense, et au retour de Mohammed V sur le trne chrifien. Il restera lcart de la vie politiquesous la Vme Rpublique. Il est fait Marchal de France titre posthume (1984). op. Cit. BESSET (FRDRIC),MHU (DIDIER), PRICARD-MHA (DENISE), ROWLEY (ANTHONY), SALLES (CATHRINE), VALLAUD(PIERRE), WARESQIEL (EMMANUEL DE), Dictionnaire de lHistoire de France, Perrin, 2002, p. 551

    Plan vert : dsignait un moyen pour bloquer les Allemands par des sries de sabotages pour donner le temps auxrsistants dtablir une tte de pont.

    Plan violet : prvoyait des coupures sur les lignes souterraines grande distance des P. T.T. (Poste TlgrapheTlphone)

    P.P.F ou Parti Populaire Franais : Organisation politique fonde en juin 1936 parJacques Doriot, ancien dirigeant du parti communiste, qui entrana avec lui un certainnombre dadhrents de ce parti. Le P.P.F. reut ladhsion de quelques intellectuels, tels

    que Paul Marion et Pierre Drieu La Rochelle qui contriburent lui donner une orientationfasciste. En 1937, le journal La Libert devient un organe officiel du P.P.F. DurantlOccupation, le P.P.F. devient un des principaux mouvements de la collaboration et unevive rivalit lopposa au Rassemblement National Populaire de Marcel Dat. Son organeofficiel, pendant cette priode, fut le quotidien Le Cri du peuple . la suite de leur chef,de nombreux militants sengagrent dans les Lgion des Volontaires Franais contre lebolchevisme. A la Libration, ils se rfugirent en Allemagne, o Doriot trouva la mort dansdes circonstances mystrieuses. op. cit. MOURRE (MICHEL), Dictionnaireencyclopdique Mourre en 5 volumes, vol. 4, seconde dition, bordas, Paris, 1998, p. 4438

    R 3 : rgion 3 correspondants aux dpartements des : Pyrnes Orientale, de lAude, de lHrault, de lAveyron, dela Lozre

    Vlassov, Andre Andreievitch, Gnral sovitique : (Lomakino, provenance de Nijni-Novgorod 1900- Moscou 1946) : fils de paysan il sengagea dans lArme Rouge en1918 et prit part la guerre civile. Membre du Parti communiste (1930), conseillermilitaire de Chiang Ka-shek (1938-1941), il se distingua pendant la Seconde GuerreMondiale aux batailles de Kiev et de Moscou. Il se battit dans la rgion de Volkov o ilfut encercl. Prisonnier des Allemands (aot 1942), il passa au service du Reich,assuma la prsidence du Comit National Russe et organisa avec des prisonnierssovitiques lArme de Libration Russe qui fut envoye en France et en Belgiquepour relever des divisions allemandes. Livr par les Amricains aux Sovitiques, il futjug secrtement et condamn la pendaison (juillet 1946). Op. cit. Sous la directionPAUL (ROBERT), Le petit Robert 2, S. E. P. R. E. T., Paris-VII, 1974, p.1928

    Dbarquement de Normandie, lopration Neptune : Ds mai 1943, la confrence de Washington envisagelouverture dun second front en Europe par un dbarquement en France, et, la Confrence de Thran, fin 1943,en trace les grandes lignes. Les Allis hsitent sur le lieu. Le Pas-de-Calais est plus proche que la Normandie,mais beaucoup mieux dfendu. La surprise tant un atout essentiel du dispositif, les Allis ont fait circuler unemasse de fausses nouvelles grand renfort dagent doubles, de rumeurs, de messages radio. Le but est de fairecroire aux Allemands que lassaut en Normandie nest quune diversion et de les obliger ainsi maintenir unepartie de leurs rserves dans le Pas-de-Calais. Le Dbarquement -surnomm opration Overlord - est supervispar le Gnral Eisenhower, commandant suprme des forces du corps expditionnaire alli (Dcembre 1943), entroite coordination avec la Rsistance intrieure Franaise. Lopration est prpare ds janvier 1944, 3 500 000hommes regroups en Angleterre sont intensment entrans.

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    Le jour J venu, dans la nuit du 5 au 6 juin 1944, les hommes-grenouilles viennent cisailler les barbels poss parles Allemands en mer ; 2 heures, les troupes aroports sont largues ; 3 heures commence le bombardementarien, 5h30 le bombardement naval ; 6h30, 5 divisions dassaut accostent sur 5 plages allant de Varreville Ouistreham. LesAmricains dbarquentsur deux plages situes depart et dautre de lestuairede la Vire, baptises Utahet Omaha, avec 57 000hommes et 15 000 soldatsaroports. LesBritanniques sur troisplages du secteur deCaen : Gold, Juno, Sword,avec 75 000 hommes et 8000 soldats aroports.Les units manuvrentsous la couverture duneprotection arienneomniprsente. Pour la

    prparation et lappui dudbarquement, 18 000avions sont bass dansles les Britanniques et200 000 sorties ont lieu deJ-60 J+1.

    Quelques 3 467 bombardiers lourds, 5 409 chasseurs, 2 316 avions de transport interviennent, le 6 juin, au profitdes 9 divisions (dont 3 aroportes) qui donnent lassaut en territoire Franais au prix dune dizaine de milliersdhommes perdus, soit beaucoup moins que ne le craignait Eisenhower. Pour les combat navals, le plan Neptune a

    prvu que 4 000 navires convoieraient, outre les hommes, 1 500 blinds et 16 000 vhicules, de plus 1 500btiments doivent appuyer de leur feu les forces dinvasion.

    Les Allemands, qui sattendaient un dbarquement dans le Pas-de-Calais, sont pris de court. Au soir du 6 juin,les Anglo-Amricains sont parvenus tablir une importante tte de pont entre Caen et le Cotentin. Mais la prisede Caen, objectif prvu, na pas pu tre faite. La bataille contre les Allemands dure jusquau milieu du mois daotet sachve avec la Libration de la France. Reposant sur une habile combinaison de facteurs (conditionsmtorologiques, moyens techniques, logistique, tactique), le dbarquement de Normandie est lune desoprations militaires les plus importante de lhistoire. op. Cit. BESSET (FRDRIC), MHU (DIDIER),PRICARD-MHA (DENISE), ROWLEY (ANTHONY), SALLES (CATHRINE), VALLAUD (PIERRE), WARESQIEL(EMMANUEL DE), Dictionnaire de lHistoire de France, Perrin, 2002, p.301

    Dbarquement de Provence, lopration

    Dragoon : Deuxime dbarquement allien France, il est dcid en dpit desrticences de Churchill, partisan duneintervention dans les Balkans. Appoint duDbarquement de Normandie, loprationbaptise Anvil doit prendre loccupant entenaille. Elle a lieu sur les cotes deProvence, lEst de lHyres, plac sous lehaut commandement de Sir Maitland Wilson.Comprenant la 1re Arme Franaisecommande par le Gnral de Lattre deTassigny, elle mobilise 1 200 navires et 1500 bombardiers. La flotte part de Naples,

    Tarente, Malte, Oran et Ajaccio. Dans la nuitdu 14 au 15 aot 1944, les commandosimmobilisent les batteries de la cote. Aulever du jour les formations aroportes sontlches au Nord des Maures.

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    Puis les premires vagues dassaut amricaines semparent rapidement des rgions de Saint-Tropez, Sainte-Maxime et Saint-Raphal. Les pertes allies sont relativement faibles : moins de 320 morts. Le lendemain troisdivisions Franaises qui marchent sur Toulon, latteignent le 18 aot, en avance sur les prvisions. Les Allemandssont contraints doprer une retraite anticipe. Le 28 aot, les garnisons Allemandes de Toulon et de Marseilledposent les armes. Avant mi-septembre, les armes du dbarquement de Provence font la jonction en Bourgogneavec celles dbarques en Normandie. Avec laide de la Rsistance intrieure, lopration permet la libration duterritoire. op. Cit. BESSET (FRDRIC), MHU (DIDIER), PRICARD-MHA (DENISE), ROWLEY (ANTHONY),SALLES (CATHRINE), VALLAUD (PIERRE), WARESQIEL (EMMANUEL DE), Dictionnaire de lHistoire de France,Perrin, 2002, p.301

    Gnral Patch : Patch, Alexander MacCarrel, Gnral amricain : (FortHuachuca, Arizona 23 novembre 1889-San Antonio, Texas 21 novembre 1945) :Charg de la dfense de la Nouvelle-Caldonie (1942), il participa la conqute deGuadalcanal (janvier/fvrier 1943). En 1944, il prit en Afrique du Nord la tte de laVIIme arme amricaine, avec laquelle il dbarqua en Provence (15 aot 1944),remonta la valle du Rhne, et, participa la conqute de lAlsace et deStrasbourg. Ayant forc de passage du Rhin au Nord de Mannheim (mars 1945), iloccupa Munich et passa le Brenner pour faire sa jonction en Italie avec la Vmearme amricaine op. cit. MOURRE (MICHEL), Dictionnaire encyclopdiqueMourre en 5 volumes, vol. 4, seconde dition, bordas, Paris, 1998, p.4201-4202

    Citations :

    groupe dactions et de justice sociale Op. cit. CUBRO (JOS), La rsistance Toulouse et dans la Rgion 4,dition sud Ouest, 2005, p. 295

    train de la mort et de train fantme Op. cit. CUBRO (JOS), La rsistance Toulouse et dans la Rgion 4,dition sud Ouest, 2005, p. 295

    les trois citrons arriveront ce soir Op. cit. AMICALE DE ANCIENS VOLONTAIRE DU BATAILLON DE

    LARMAGNAC ET DU 158

    me

    R. I, Le bataillon de Gurilla de lArmagnac 158 me R.I : Au Cur de la Rsistanceen Gascogne dans la Libration du Sud-Ouest de la France 1940-1945, Ati, ed. 1997, red. 2002, p.63

    Ne bousculez pas lestropi et Lapprenti fait des vers ce qui signifiait en langage cod que cela mettait enplace lapplication du plan vert et du plan violet , alors que le saindoux est mauvais commandait larrtdes communications routires et que lagneau est tmraire tait le signal de l'amplification de la gurilla Op.cit. CUBRO (JOS), La rsistance Toulouse et dans la Rgion 4, dition sud Ouest, 2005, p. 296

    Dpart tout fait dsordonn Op. cit. CUBRO (JOS), La rsistance Toulouse et dans la Rgion 4, dition sud Ouest, 2005, p. 299, citationoriginal extraite de louvrage de ESTBE (JEAN), Toulouse, 1940-1944, Perrin, 1996, p.278-279

    Les mesures pour lvacuation des matriaux et de la destruction des tablissements important ne purent tre

    effectues. Le commandant et le chef de dEtat-major formrent leur colonne de vhicules rapides et atteignirentLyon ds le 21 aot 1944. Le reste de leffectif fut abandonn son sort. Les pertes en matriel et en hommesfurent importantes. Une grande partie des lments du corps atteignirent Lyon seulement 10 jours aprs, dautremme plus tard. Un contrle des dparts des Etats-majors de liaison infrieurs neut pas lieux. Op. cit. CUBRO (JOS), La rsistance Toulouse et dans la Rgion 4, dition sud Ouest, 2005, p. 300

    Cavalcade minable dun cirque aprs faillite, avec ses dompteurs, ses pitres, ses palefreniers, en vert, en gris, enkaki, toutes les armes confondues, des aviateurs auprs des douaniers, vtrans de Rommel et blesss de Russieappels faire ensemble le dernier saut prilleux. Op. cit. CUBRO (JOS), La rsistance Toulouse et dans la Rgion 4, dition sud Ouest, 2005, p. 299, citationoriginal extraite de louvrage de DORGELS (ROLAND), Carte didentit ; rcit de lOccupation, Albin Michel, 1945,p.81

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    Ce rcit nous a t envoy par un internaute : il sagit du tmoignage indit dun ouvrier envoy en STO. Cedocument nexplique pas la vie dun travailleur forc mis au service du Reich, mais du priple suivi par cet homme la libration. Etonnant et droutant. En raison dun problme informatique, les coordonnes de cet internautenont pu tre conserves, nous lui serions reconnaissants de nous contacter afin quun additif soit ajout dans leprochain numro dHistomag

    Encerclement de la ville de Schneidemlh et sa libration

    Les Russes avanaient rapidement et dans le dpt des locomotives, o jetravaillais, ctait la panique pour les allemands et lesprance pour nous. Larmeallemande mobilisait tout le monde, jeunes et vieux. Mon chef, g de soixante etonze ans, vtu dune veste orne dune croix gamme, prit son fusil et partit au

    devant des russes, vraisemblablement se faire tuer car nous ne lavons jamaisrevu. Ce trs brave homme, qui je devais ma libration des geles de la Gestapo,avait perdu ses deux fils sur le front russe et sa maison sous les bombardements.Combien de fois nous lavions vu pleurer dans latelier devant mon camaradeLaurier, lui rptant sans cesse : Tu ressembles mon fils. Enfin un matin desavions russes sont passs en rase motte sur la gare de triage, faisant cracher leursmitrailleuses et leurs canons, tuant beaucoup de monde car les trains taient pleinsde soldats et de rfugis. Les allemands donnrent lordre de dmnager lesarchives du dpt, ce qui ft fait ou peu prs car les chars russes se mirent tirerde tous les cts. Le chef du dpt, un bonhomme trs g et trs dur avec sessubordonns, mordonna de prendre sa serviette de cuir et de le suivre pourvacuer avec lui ; mais profitant de la confusion gnrale, je laissais l la fameuse

    serviette et couru me cacher prs du camp, afin dattendre larrive des russes. Jesprais tre vite libr et revoir

    les miens ; je ntais pas au bout de mes peines !

    Un train embarqua les personnes restes au dpt et se mit rouler ; jappris par la suite quil navait pas faitbeaucoup de chemin. Un de mes camarades de Bordeaux fut contraint et forc par un SS daccompagner lemcanicien de ce train qui fut mitraill et mon copain tu. Ce gars l, Paoli si je me souviens bien, avait toujoursfait en sorte de ne jamais travailler, entorse provoque, maladie, ulcre destomac (pour les ulcres, nous avionsun truc : avaler de petits bouts de cuir, qui faisaient apparatre des taches suspectes la radiographie). Je restaisdonc cach pendant assez longtemps puis, le calme tant revenu et nentendant plus de vacarme, je sortisprudemment de ma cachette, pensant les allemands partis. Jallais me rfugier au camp o beaucoup de copainsavaient fait comme moi, si bien que nous tions assez nombreux. Il faisait trs froid en ce dbut de janvier 1945,une paisse couche de neige recouvrait le sol et nous navions aucun chauffage dans nos baraques, pas plus quede nourriture. Nous ntions gure labri des bombardements dans ces constructions o le froid et le ventpassaient par les interstices des planches mal jointes, aussi nous dcidmes de nous abriter dans la tranche-abri

    creuse au milieu du camp. Cette tranche tait couverte avec quelques traverses de chemin de fer, elles mmesrecouvertes de terre ; il faut bien dire que cela ntait pas trs confortable, mais nous nous pensions plus enscurit ! Et cest ainsi que nous attendmes larrive des russes dans la ville.

    Les Russes se firent attendre, quatre jours aprs nous tions toujours dans notre abri, affams et frigorifis.Quelques uns dentre nous dcidrent de sortir afin de trouver un peu de nourriture, ils se dirigrent vers la gare detriage afin de visiter les wagons rests sur les voies ; ils revinrent avec des paquets, apparemment sans avoir tinquits. Constatant leur succs, je voulus moi aussi participer la survie du groupe et je partis avec quelquescamarades en direction du garde-manger cest dire vers les wagons du triage, esprant bien ramener dequoi nous caler lestomac. Je mexcitais vouloir ouvrir un wagon lorsque tout coup des coups de feu fusrent detoutes parts. Des soldats allemands, revenus sur les lieux, nous prenant pour des pillards, tiraient sur nous ;personne ne les avaient vu ni entendu, do sortaient-ils ? Vraisemblablement ils staient planqus tout commenous. La situation tait critique car des civils allemands, affams eux aussi, inventoriaient, tout comme nous, les

    wagons. Tout le monde criait et hurlait, il y avait beaucoup de blesss et de tus.

    Je me glissais prcipitamment sous un wagon et me collais contre une roue, mais manque de chance un Allemandmayant repr me mit en joue et fait extraordinaire, ne tira pas. Il me fit sortir et me demanda mes papiers, puis ilmordonna de ramasser les colis parpills ; jai d prendre galement ceux qui taient sur les cadavres. Le fusiltoujours point sur moi, il me fit avancer vers le camp o il me dit que je serais fusill pour servir dexemple. Il necessait de me frapper dans les ctes avec le canon de son fusil pour me faire avancer ; javais une peur bleue et jetremblais de tous mes membres, jtais dans un tat pitoyable.

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    Soudain ce soldat se mit crier aprs une jeune femme qui passait prs du chemin de fer, longeant le passagepour piton ; elle marchait et avant quelle puisse rpondre quoi que ce soit, il tira sur elle. Elle eut comme unmoment de surprise, ses yeux grands ouverts sont devenus fixes et elle tomba morte. Je naurais jamais imaginune chose pareille, cette image ne pourra jamais seffacer de ma mmoire. Je crois qu cette minute, si javais euune hache entre les mains, jaurais fendu le crne de cette ordure, tellement cet acte de frocit mavaitboulevers.

    Je repris la direction du camp, toujours accompagn de mon bourreau qui me donnait des coups dans le dos ; jenen menais pas large et ne savais que faire pour men sortir. Jallais tre fusill, javais vingt deux ans, toutes mespenses se bousculaient dans ma tte, je songeais ma famille que je ne reverrais pas, ce que jaurais puaccomplir. Tout dfilait dans mon esprit, en un mot, je paniquais. Nous arrivions presque en vue du camp, le soldatsur mes talons me rptant sans cesse : Je vais te tuer dans le camp. Sur ce trajet se trouvait un postedaiguillage quil fallait contourner et tout coup je maperu quil ny avait plus personne derrire moi ; je nesentais plus le canon du fusil dans mon dos. Je ne saurais jamais ce qui cest pass, mais jtais bien seul, jelchais paquets et colis et me mit courir comme un drat jusquau camp, cern par des soldats allemands,mitraillette au poing.

    Jentrais en courant, sans susciter la moindre raction et, cest incomprhensible, - alors que tous les camaradestaient en rangs, dans la cour, en train de se faire compter et fouiller par les soldats, beaucoup tant aligns lelong des murs des baraques, les bras en lair - jentrais dans la chambre vide comme un fou. Je tremblais de toutema carcasse, jtais incapable de masseoir, je rptais : Sil me voit, je ne pourrais jamais lui dissimuler monangoisse, il me reconnatra srement et il me tuera. Puis tout me repassa par la tte, je voulais chapper lamort. Jai pris un rasoir et bien que ma barbe ft longue de deux semaines, je nhsitais pas une seconde laraser sec tant bien que mal et changer de loques en un temps record ; cest incroyable ce quun homme peutfaire quand il se sent accul, au bord du gouffre.

    Enfin un peu plus calme, jattendais la suite des vnements. Pendant ce temps dans la cour mon fritz,rapparu, cherchait partout et dvisageait tous les gars rassembls dehors, il finit par repartir seul. Dans la cour dece camp, jai assist une scne pnible : une pauvre femme polonaise ou russe, genoux dans la neige, mainsjointes, suppliant un soldat de ne pas tuer son mari ; elle avait des enfants. Pour toute rponse, le soldat lui donnaun grand coup de pied et excuta froidement le malheureux mari.

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    Ensuite les allemands commencrent la fouille des baraquements ; cette fois encore, la chance fut de mon ct, ilsfouillrent les deux premires baraques et au moment de commencer la troisime, o je me trouvais, un officierdonna lordre de repartir immdiatement, ce que les soldats firent en emmenant deux gars du camp, pour lespendre dirent-ils. Lun tait originaire de Saint Malo et lautre de Vierzon, les soldats les firent monter dans uncamion avec un gros paquet de corde.

    Nous vmes revenir ces pauvres bougres trois jours plus tard, contre toute attente et dans quel tat, grand Dieu ! Ilsnous contrent leur triste histoire : ils avaient t trans un peu partout chez les allemands, interrogs,questionns, torturs, maintes et maintes fois, persuads dtre pendus, le rouleau de corde les suivant partout. Ilsfurent interrogs pour la nime fois par un officier ayant connu Saint Malo pendant loccupation et il leur dit: Il nesera pas dit que jaurais fait pendre des gars de Saint Malo, jy tais trop bien, combien tes vous ?. Deuxrpondirent-ils. Et bien, dit-il leur gardien, reconduisez les leur camp. Cest ainsi quils eurent la vie sauve,mais cette preuve les avait dmolis, tant physiquement que moralement. Les russes progressant lentement versla ville, il faut bien le dire, les allemands nous vacurent dans un autre camp, situ entre le cimetire et lacaserne; nous nous retrouvmes une centaine de franais et quelques russes, prisonniers depuis peu, ce qui nossemblait extraordinaire ; les Allemands devaient opposer une forte rsistance.

    Ces prisonniers russes taient en haillons et pratiquement pieds nus avec quelques chiffons en guise de

    chaussures ; ils nous paraissaient fatigus et trs dprims, nous navons jamais pu engager de conversation aveceux. Plus tard nous avons eu lexplication. Ce camp tait gard par des SS, il y en avait un entre autres, trs grand,bard de grenades et darmes, y compris un poignard dans une de ses bottes. Il nous menait dune vie infernale,organisant des appels interminables, au garde--vous dans la neige, alors que la ville tait encercle et que lesobus tombaient un peu partout, parfois trs proches. Tous les jours les SS venaient chercher des gars pour lescorves de la ville, il sagissait surtout de ramasser les morts. Nous empilions les cadavres dans des charrettes etnous les faisions basculer dans un grand trou, par ce froid ces morts taient raides et colls au sol par la glace.Vous ne pouvez imaginer ce travail, ctait horrible et un jour nous avons trouv un cadavre assis une table, gelsur place. Bien entendu ctait qui se dfilerait pour la corve ; quand je le pouvais, je me cachais dans le campet je ntais pas le seul. Javais trouv un tas de pommes de terre et de navets en partie pourris o je menterrais lanuit venue, javais aussi une autre planque dans une baraque dtruite : je mallongeais sous un chlit en ramenanttoutes sortes de dbris sur moi et jattendais je ne sais trop quoi.

    Une fois le grand SS navait semble-t-il pas assez de travailleurs, il a fouill jusqu la paillasse au dessus de moiet la ventre avec le canon de sa mitraillette, il ne ma pas dcouvert mais jai eu une telle frousse que jai dchercher une autre cachette. Dans un coin de la cour il y avait une charrette abandonne contenant un peu depaille, ctait suffisant pour cacher lun dentre nous, aussi tous les jours un gars allait dans cette charrette, secouvrait de paille et attendait sans bouger. Un matin un gars est revenu affol, il stait heurt un corps, celuidun polonais qui stait pendu une roue de la charrette, en fait il tait presque assis, il avait vraiment atteint lefond de la misre pour parvenir mourir ainsi. Le SS le vit, prit son poignard, sassura coups de pieds quil taitbien mort, coupa la corde quil nous proposa par petits bouts : Pour nous porter bonheur dit-il.

    Ne pouvant toujours chapper aux corves, je fus dsign pour creuser des trous dans la cour de la caserne afindenterrer des fts dessence. A peine le travail termin et les tonneaux enterrs, nous tions assaillis par desavions et des obus russes, nous navons eu que le temps de nous mettre labri dans une cave et par le soupirailnous regardions ce qui se passait dans la cour. Deux SS hollandais avaient fix une mitrailleuse sur un poteau et

    tiraient sur les avions, sans manifester la moindre peur. Une autre fois, revenant de corve, accompagns de deuxsoldats, nous arrivions en vue du camp quand un obus clata dans la fourche dun petit arbre en bordure de rue,provoquant une norme flamme et une paisse fume. Cest alors que mon copain Verrier sest mis hurler dedouleur et se rouler par terre, un clat dobus avait pntr dans sa cuisse. Les allemands se prcipitrent etconfectionnrent avec leurs fusils et leurs capotes un brancard de fortune et, sous le bombardement qui narrtaitpas, transportrent le bless dans une cole transforme en poste de secours. Quand je me souviens, aprs tantdannes, mes cheveux se dressent sur ma tte ; les blesss attendaient en longues files, nous dposmes lentre et attendmes. Un docteur au tablier rouge de sang, se pencha sur mon copain, tenant dans ses mains unesorte de scateur, jai cru un moment, devant laffreuse blessure, quil allait lui couper la jambe ; le courage memanqua et malgr le froid intense je suais grosses gouttes. Dehors un char tirait sans arrt, puis les allemandsnous rappelrent afin de transporter le bless dans une cave prs du centre de secours, nous ly laissmes parmiles autres, dans les gmissements et les rles, nous devions retourner au camp avec nos gardiens.

    Dans ce poste de secours, une image me reste, celle dun soldat assis sur une chaise, son visage avait disparu, ilne lui restait que le front et les yeux et il attendait ; un soldat entra et dit : Cest notre officier. De retour aucamp, les corves continurent et quelles corves ! Une nuit nous dbarrassmes un poste de secours. Dans unepice, les morts, dans une autre, les membres coups, pour tout clairage, une bougie. Nous avons ramass letout dans des couvertures et lavons dpos dans un grand trou prs de lglise.

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    Nous tions occups dblayer ce poste lorsque tout coup un mort se redressa et se mit crier : Je ne suispas mort ! Je ne suis pas mort ! ; nous nous prcipitmes, des allemands arrivrent et lemmenrent,certainement tait-il inconscient lors du ramassage des cadavres et sil ntait pas revenu lui, nul doute quilaurait suivi les autres dans la fosse. Nous devions descendre dans la fosse pour empiler les morts et en mettredavantage. Ce travail se faisait la nuit la seule lumire de la lune et des toiles, quand le ciel tait sans nuages ;certains de nous prtendaient voir des corps bouger, un cadavre tout recroquevill saccrocha mme auxvtements de lun dentre nous comme sil avait t vivant.

    Les allemands nous autorisrent, si nous le voulions, prendre les montres de ces malheureux, personne na prisquoi que ce soit, ctait vraiment trop horrible. Voulaient-ils nous prouver ? Je me suis toujours pospersonnellement la question. Que de scnes nous avons vu pendant cette priode de notre vie, par exemple cesSS, encadrant un officier allemand, vtements dchirs, nous expliquant que cet officier tait un tratre, quilsvenaient de le dgrader et quils allaient le fusiller. Je revois encore cet homme, trs grand, trs digne, tte nue, sediriger vers le fond de la cour o les SS labattirent sance tenante. Le lendemain mme au soir, un groupe dequatre soldats allemands encadrs par dautres, fut fusill, non dans la cour mais en dehors de la caserne. Lundeux ressemblait un gosse, ils avaient voulu dserter.

    Les russes arrivant de plus en plus nombreux encerclaient la ville et nous inondaient dappels et de musique,

    toujours le mme air diffus des collines environnantes : Viens mon cur tappelle, viens la vie est belle, leprintemps chante dans la campagne etc. ... Et les avions lanaient des tracts : Les soldats allemands pouvaientfuir les lignes russes prs de lusine gaz, le plan tait mme fourni. Les bombardements reprirent de plus belle ;les canons et avions crachaient le feu et la dsolation dans un vacarme pouvantable et nous dans notre baraque,nous tions persuads que les russes savaient que nous ntions pas des ennemis et quils vitaient de nous tirerdessus.

    Les allemands avaient tablis une batterie de canons en bordure du camp et avaient recouvert le tout avec desdraps pour la camoufler dans ltendue de neige. Ils ne tirrent quune seule fois avec ces canons, un petit avionrusse survolant le camp repra srement cette batterie car, peu de temps aprs son passage, les obus russes ladtruisirent. Lavion tant revenu constater les dgts, nous nous mmes faire des signes dsesprs au pilote,mais le rsultat fut dsastreux, un autre avion arriva et lcha ses bombes. Notre baraque fut pulvrise et, croyezle si vous voulez, pas un de nous ne fut bless, sauf un qui neut quune lgre corchure la tte, nous fumes

    tous fortement commotionns. Les allemands accouraient pour nous porter secours mais notre heure navait pasencore sonne, il y avait eu un miracle.

    A une nuit pouvantable, sous un bombardement ininterrompu embrasant le ciel, avec des explosions de partout,succdrent un grand calme, un silence total, encore plus inquitant, angoissant, que les bombardements ;personne nosait parler ni bouger tant nous tions terroriss. Nous avons attendu un trs long moment, les plushardis allrent voir lentre du camp ; ils ne virent rien, plus de soldats, plus personne, plus de baraques,disparues sous les obus. Nous nosions pas sortir, craignant de voir les soldats nous refaire le coup de la gare detriage, sortant de leurs cachettes et nous tirant dessus. Enfin une rumeur, un drle de bruit, loin devant nous, nousfit dresser loreille, nous cherchions comprendre ce qui se passait et alors, nous avons vu les russes envahir cequi restait de la ville. Nous nous prcipitmes leur rencontre en criant : Franais, Fransouski, et nous vmeslArme Russe ! Et quelle Arme !!! Les premiers arrivants dans la ville taient des femmes soldats ! Lanceflamme et musettes bourres de grenades sur le dos, elles taient trs sales, en guenilles, le visage noir de suie -

    probablement cause du lance flamme -, ce qui ne nous empcha pas de leur sauter au cou, tant nous tionsheureux de les voir. Pour nous la guerre tait finie et nous allions enfin rentrer.

    Elles nous demandrent de rester derrire elles car, disaient-elles, il y avait des memquis1, cest dire desgermains, qui pouvaient nous tirer dessus. Aussitt les premier(e)s combattants passs, nous nous retrouvmesau milieu dune foule de soldats russes qui se mirent nous fouiller, prenant tout ce quils trouvaient sur nous :montres, bagues, stylos, souliers, vtements, restes de nourriture, tabac, etc. Jeus le rflexe de cacher ma montredans ma chaussette et cest ainsi que jai pu la ramener, contrairement mon manteau de cuir qui partit sur lespaules dun soldat.

    Les russes nous demandrent de les aider passer sur lautre rive du fleuve, le Gwda (Kudov en allemand), leurcanon antichar, car le pont tait dtruit. La passerelle de fortune ne tint pas trs longtemps, nous navions pas plusdoutils queux, et tout scroula. Sur ce, les russes se mirent en tte de construire un radeau avec des troncs

    darbres abattus dans un parc non loin de l. Ils tablirent un va et vient avec des cbles lectriques, mirent lecanon sur le radeau o quelques soldats le tinrent fermement et nous tirmes tous ensemble. Malheureusement, lebois vert flotte mal, surtout charg dun canon, et cest de leau glaciale jusqu la poitrine que les soldatsabordrent lautre rive, avec le canon !

    1NDLR :Rel orthographe Niemski .

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    Nous tions l attendre, devant la passerelle effondre, quand un officier russe arriva et nous dit : Hitler toutcomme Napolon sest fait chasser de Russie. Prs de nous un groupe, de soldats allemands prisonniers, avaitt dpouill des vtements et surtout des bottes, mais les soldats russes, habitus leurs chiffons, ne lesgardaient jamais bien longtemps aux pieds et finissaient par les jeter. Un allemand, le bras dans une gouttire, futtu et laiss sur le trottoir. Tous les soldats russes, et ils taient nombreux, qui passaient l se firent un devoir delui donner au moins un coup de couteau, mme les officiers avec leur pe le frapprent, cela navait riendhumain.

    Peu aprs, un important groupe dofficiers russes passa ; ils avaient un moyen de communication surprenant :lofficier donnait un ordre, tout en marchant, celui qui se trouvait derrire lui, celui-l en faisait autant, et ainsi desuite, le dernier de la file partait en courant. Ni radio, ni tlphone, de simples estafettes ! Les russes nousindiqurent une maison, en grande partie dtruite, prs de la rivire pour nous loger, ce fut la seule qui restadebout, les russes ayant dcid dincendier ce qui restait de la ville. Ils allaient donc de maison en maison, avecdes seaux dessence, et y mettaient le feu, systmatiquement, rue par rue. Jai vu, pendant cette opration, unevieille femme sortir de chez elle, tranant derrire elle un sac contenant quelques affaires personnelles ; un soldatlapercevant la tua devant sa maison en flammes. Tous ces soldats russes cherchaient des femmes et quand ils entrouvaient une, ils la violaient sans se soucier de son ge ni du lieu o ils se trouvaient. Je vis galement leurservice de dminage en action. Une dizaine de soldats marchaient ctes ctes, bien aligns, et avec de grands

    btons munis dune pointe en fer, ils piquaient le sol devant eux. Si les rues avaient t mines, pas un ne seraitrest debout.

    Ayant pris nos quartiers dans la maison indique, nous nous sommes mis la recherche de nourriture. Nous tions affams, nous trouvmes unporc dans un enclos et pour le tuer, un soldat russe semploya avecsuccs, pour les poules je peux vous dire quelles nont rien craindredune mitraillette, part y laisser quelques plumes. Nous fmes rtir leporc dans la cour de la maison, le bois ne manquant pas. En fouillant lamaison, nous dcouvrmes quelle appartenait au maire de Schneidemhlet quil existait un placard dissimul rempli de victuailles, y compris caf,chocolat et vins de Bordeaux. Il y eut bombance et nous dormmes bien,l o nous tions tombs. Au matin les russes nous rveillrent pour les

    aider balayer les pistes du camp daviation, situ de lautre ct de laville. Un trs jeune soldat nous pilota travers une ville en flammes o jevis brler, avec plaisir, la prison o mavais emmen la Gestapo. Devantce brasier, dans une chaleur infernale, install dans un fauteuil dosier, aumilieu de la rue principale totalement en flammes, un vieux soldat russemangeait et buvait tranquillement, jouissant du spectacle de lincendie.Dans notre expdition, nous sommes passs devant la banque de la ville,que les russes avaient mise sac. Les liasses de reichsmarks couvraientla rue, certaines brlant dj, personne ne ramassa un seul billet,persuads comme nous ltions tous que ceci navait plus la moindrevaleur, en ralit ce jour nous avons pitin une fortune, ces billets ayanteu cours encore longtemps !

    En arrivant au camp daviation, nous allmes prendre des branches desapin, faute de mieux, pour enlever les clats de grenades et dobus qui rendaient les pistes inutilisables. Cest lque jai vu un russe essayer de monter bicyclette, engin dont visiblement il ignorait tout. Il fit tant et si bien quilrenversa lofficier qui nous tenait compagnie. Le soldat se releva sans mme sexcuser, enleva la cigarette de labouche de lofficier, en tira une bouffe, la remit en place et reprit ses essais ; nous tions mduss ! Lexplicationnous fut donne un peu plus tard : les soldats russes ne recevaient dordres de leur tovaritch , ou camaradeofficier, quau combat ! Le soir, rentrs dans la maison du maire o nous nous abritions, nous regardions brler uneville de 40000 habitants, presque entirement compose de maisons individuelles en bois, imaginez ltendue,totalement vacue par sa population et les troupes allemandes avant lassaut. Nous ne pouvions pas comprendrepourquoi les russes avaient fait cela !

    Un matin, je fus invit par les russes me rendre dans la maison qui leur servait de quartier gnral, en dehors dela ville. Je me posais tout un tas de questions, me demandant ce quils pouvaient bien me vouloir. Arriv sur les

    lieux, les russes me firent entrer et l, dans une pice, je vis une jeune femme, une franaise de Chlons-sur-Sane, elle semblait trs laise et portait luniforme dofficier russe, elle semblait commander tout ce monde.Jtais abasourdi, je connaissais cette femme, employe comme serveuse au buffet de la gare de Schneidemhl ;javais toujours cru quelle tait allemande ! Elle tait venue une fois me voir mon travail la gare de triage etmavait pos quelques questions au sujet des trains stationnant en gare, je naurais jamais pens quelle travaillaitpour les russes.

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    Avait-elle appris que ctait moi qui avais mis en panne, la demande des rsistants polonais, le pont tournant dudpt pour empcher les allemands demmener les locomotives avec eux ? Toujours est-il quelle mavait faitdemander, elle me donna de la nourriture et me dit de ne pas nous loigner, la ville devant tre dtruite. Lesofficiers russes furent aux petits soins , me demandrent mon adresse en France pour me rendre visite loccasion, puis le soir arrivant je rentrais au domicile pour raconter mon histoire aux copains. Je nai jamaisrevu cette femme. Jai tent en vain, bien des annes plus tard, de tirer au clair cette histoire.

    La ville brla pendant quatre jours et quatre nuits, ctait fin janvier, dbut fvrier 1945 et nous devions partir.Cherchant dans les ruines, nous trouvmes des petits chariots et des luges pour emmener nos provisions vers laPologne ; nous voulions aller Odessa et de l rentrer en France par bateau, les combats ntant pas termins louest. Nous avions confectionn, avec des chiffons de couleur deux grands drapeaux franais, un en tte et unen queue de colonne. Un officier franais, accompagn de sa femme, se joignit nous. Il voulut prendre lecommandement de la colonne mais fut reconnu comme collaborateur travaillant au journal du pays et chasspoliment au bout de quelques kilomtres ; ils partirent sans un mot. Et nous, quasiment pieds nus dans la neige,nous partmes pour un priple dau moins mille kilomtres.

    Sur notre route nous rencontrmes des Russes montant au front, ils nous prenaient pour des partisans et nousindiquaient la direction oppose notre itinraire. Nous nous gardions bien de les dtromper, ne voulant pas tre

    embrigads par eux. Dans ces conditions, nous faisions peu prs quarante kilomtres par jour, dormant o nouspouvions. A un certain endroit , nous vmes des affichettes, colles un peu partout, invitant tous les trangerscirculant sur les routes se rendre divers endroits indiqus, sous peine dtre arrts comme maraudeurs ; nousnous dirigemes donc vers Wrzesnia.

    Sur notre chemin, nous nous arrtmes dans une petite ville polonaise o les habitants nous donnrent un abri etde la nourriture. Le lendemain ils nous dirent de laisser l toutes nos affaires et nos vivres car les russes avaientt prvenus et venaient nous chercher en camion pour nous emmener Odessa ; ils nous menrent loin hors dela ville, pieds et nous laissrent au bord de la route. Nous ne vmes jamais de camions, les polonais nousavaient bien rouls ! Nous repartmes donc, dmunis de tout, en direction de Wrzesnia, sans mme un croton depain se mettre sous la dent.

    Ayant fait tape dans une ville, dont jai oubli le nom, nous fmes dirigs sur un hpital pour y passer la nuit. Cet

    hpital de construction rcente tait en grande partie dtruit, dans un tat pouvantable, tout tait cass, il y avaitdu sang partout, sur tout. Nous nosmes pas dormir sur les matelas et il nous fallut nettoyer une pice en meilleurtat que les autres pour oser dormir, mme les sommiers mtalliques. Au matin tout tait blanc de givre et, surlautre rive de la rivire, des soldats russes, hommes et femmes, se baignaient nus en semblant y prendre ungrand plaisir alors que nous claquions des dents.

    Un officier arriva accompagn dun tout jeune soldat qui fut charg de nous escorter en direction de Wrzesnia. Cesoldat tait bless au genou et ne pouvait marcher, aussi nous dnichmes deux vieux fiacres, mirent les affaireset le guide dedans, la place du cocher, et en route ; nous faisions bien entendu office de chevaux. Nous nousarrtmes proximit dun bois pour nous reposer un peu labri, le guide tira quelques coups de mitraillette poursonner le rappel et nous repartmes, jeun ; il neigeait et nous peinions tirer notre quipage. Un autre arrt prsdune ferme, presque en bon tat, dont les habitants nous chassrent, lintervention de notre guide nous valutquand mme un peu de lait chaud. Il faut dire que la guerre nen finissait pas et quil ny avait plus rien pour

    personne. Une autre fois, passant la nuit dans un thtre, les gens nous apportrent un peu de nourriture,spontanment.

    A Wrzesnia notre guide nous quitta, il navait pas plus de seize ans. Nous fmes dirigs sur la caserne garde pardes soldats russes pour y rejoindre de nombreux franais enferms l. Dans un grand btiment, servantprobablement lquitation, de nombreux allemands, hommes et femmes taient runis. Ils enterraient leurs mortsrcents dans un coin de la cour. Le lendemain de notre arrive, des camions vinrent prendre tous ces allemands ;jai reconnu parmi eux un jeune de quinze ans qui travaillait avec moi au dpt de Schneidemhl. Les russes nousdirent quils partaient reconstruire Stalingrad ; tous ceux qui taient gs ou malades, dans lincapacit detravailler, furent chargs dans un camion, qui se retrouva bond, et furent fusills prs dun bois. Les russes nousdclarrent que ceux l au moins ne devraient plus rien la Russie.

    Avec une quinzaine de copains je minstallais dans une chambre de la caserne, nous navions que de la paille, le

    sous sol tait bourr dexplosifs et min, personne ne sy aventurait. La nourriture manquait et il nous fallutconstruire des sanitaires car jusque l personne ne sen tait inquit ; imaginez cinq mille personnes nedisposant que de la cour dune caserne ! Nous avons creus un foss autour de la cour, pos des planches entravers par dessus et nous faisions l nos besoins, la vue de tous ; nous sommes rests l jusquau 30 avril.Avec plusieurs gars, nous sommes parvenus rendre amovible une planche de la palissade, ce qui nouspermettait de nous rendre discrtement dans les bois, la recherche de nourriture.

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    Nous pchions des grenouilles avec un bout de chiffon rouge, dans les mares, ou nous dterrions des lapins. Unjour les russes nous virent avec des grenouilles enfiles sur un fil de fer et nous demandrent ce que nous allionsen faire, Les manger avons nous rpondu, en riant de voir leurs mines dgotes.

    Dans ce camp, un officier Franais, le Colonel Foix, demandait des volontaires pour se battre aux cts desrusses, il avait commenc former un rgiment nomm Wrzesnia libert et nous apprmes quelques rudimentsmilitaires, lusage du bazooka, la manire de ramper, les saluts, etc. Nous tions des profanes en la matire, ayantt dports bien avant davoir lge dtre soldats. Nous dfilmes dans les rues, bien sr sans uniformes niarmes, mais en chantant. Les russes nous laissrent faire, puis arriva un ordre, la guerre tait presque finie, ilsnavaient plus besoin de nos services, par contre ils nous demandrent si nous voulions les aider remettre envaleur les terres polonaises reprises aux allemands.

    Le premier Mai, nous partmes travailler dans les fermes, moi avec un camarade de Toulouse, Tirstiguel, prs delOder, nantis dun certificat de travail (que je possde encore). De cette ferme nous entendions distinctement lesbombardements, bien des maisons et des fermes avaient t incendies, celle que nous occupions tait peuprs en bon tat. Elle tait habite par un grand pre et deux femmes, dont une mre de neuf enfants, qui avaientt violes plusieurs fois.

    Le soir de notre arrive, attabls devant quelques pommes de terre leau et un bol de lait, nous avons bien failli

    tre tus. Deux russes faisant irruption dans la salle et voyant deux jeunes, quont-ils penss ? Toujours est-il quilsnous ont mis en joue, fait lever les bras en criant des mots que nous ne comprenions pas, un de ces mots revenaitsouvent, spionne 2, peut tre le mot espion ? Nous essaymes de leur faire comprendre que nous tionsfranais, volontaires pour aider les russes, quil ne fallait pas tirer, mais ils ne voulaient rien savoir, ils criaient etgesticulaient. Ils nous emmenrent vers un petit bois proche, vraisemblablement pour nous fusiller quand un russearriva en courant, tout essouffl, en criant : Ce sont des camarades franais. Finalement ils ne voulurent pasen rester l aprs avoir compris leur erreur, ils voulaient nous emmener avec eux la recherche de femmes, ce quine faisait pas du tout notre affaire, nous avions eu une telle peur que nous ne pensions qu retourner la ferme ;aprs bien des palabres ils nous laissrent repartir.

    Cest cette mme nuit que la ferme voisine fut incendie, un camarade du Midi y travaillait et nous tions trsinquiets son sujet car les ptarades fusaient de partout. Nous ne pouvions pas distinguer sil sagissait de tirs oudautre chose ; pas question de sortir pour lever le doute car il nous tait formellement interdit de circuler la nuit. Le

    lendemain matin nous nous prcipitmes sur les lieux, tout le btiment principal ainsi que les machines agricolestaient dtruits, mais le collgue sen tirait sans une gratignure ! Une autre nuit un russe tait tomb en panneavec son camion prs dune maison, ne sembarrassant pas pour si peu et afin de sclairer, il mit le feu labtisse et pt rparer son vhicule.

    Le vieillard habitant la ferme o nous travaillions, un grand bonhomme sec de soixante-dix ans, alla voir cetteferme brle et en ramena, vous ne le croirez pas, roule sous son bras, une grande affiche reprsentant Hitler !Sa fille la lui arracha des mains et la brla immdiatement. Cest ce grand pre qui attelait le boeuf avec lequelnous partions travailler dans les champs ; je me souviens encore de la surprise de mon copain devant la quantitdeau avale par le boeuf.

    Un groupe de soldats russes, surtout compos de mongols sarrta dans la ferme pour y passer la nuit, une femmeles commandait et savait se faire obir, croyez moi ! Ces soldats nous montrrent une revue o lon voyait le

    Gnral de Gaulle Moscou, derrire lui se tenait un pope. Ces hommes ne voulurent pas coucher ailleurs quedans la cour, ils firent un grand feu et se grouprent autour, ils se restaurrent dun maigre repas, quils partagrentavec nous, puis ils soccuprent de leurs chevaux, les firent coucher, se blottirent entre leurs pattes etsendormirent. Ils repartirent de bon matin, non sans nous avoir vol le petit sac de farine que nous avait remis lapolice polonaise. Ces hommes ne possdaient rien et devaient se dbrouiller par eux mmes pour se nourrir.

    Une autre fois, ce furent des officiers russes qui arrivrent avec armes et autos. Ils nous demandrent : coucha3 et nous croyions quils voulaient des chambres ; ils se fchrent et finalement un des leurs finit parnous faire comprendre quils voulaient manger. La femme mit le couvert pour chacun de nous mais les russes firenttout enlever sauf un seul verre et nous dmes manger, en leur compagnie, tous mme le plat. Puis ilsdbouchrent leurs bouteilles de vodka et ils nous firent boire plusieurs verres de cet alcool pendant le repas,lunique verre passant de mains en mains. Le repas termin et aprs des salutations, ils repartirent et nous, lesdeux franais, nous tions saouls. Assis dehors essayant de recouvrer nos esprits, nous les vmes revenir comme

    des bolides : ils avaient oubli leurs fusils dposs sur les bords des fentres, nous ne nous en tions pas mmeaperu ! Nous ne pouvions ni bouger, ni parler tant nous tions ivres. Nous nous sommes souvent demand si laseule chose que fournissait lintendance russe ntait pas la vodka.

    2NDLR :Rel orthographe Spion , soit espion.

    3NDLR :Rel orthographe Kacha , terme gnrique allant du pain la bouillie d'avoine.

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    Les policiers polonais nous rendaient souvent visite, presque chaque jour, et nous donnaient des nouvelles sur lesvnements et le droulement de la guerre. Un jour, voyant ces policiers accompagns de polonais, allant deferme en ferme, nous les suivmes de loin pour tenter de savoir ce qui se passait. Leur mange nous intriguait fortet cest alors que nous avons assist aux changements de propritaires de toutes les fermes de la rgion.Lexpropriation tait trs simple, le chef de la police appelait la matresse de maison, la guerre ntant pastermine, aucun homme ntait prsent part les vieillards et les enfants. Ce policier lui lisait une courtedclaration signifiant que le polonais ici prsent devenait immdiatement le matre des lieux et le propritaire detout ce quils contenaient : meubles, btail, etc... Et que, si le nouveau propritaire tait daccord, elle pouvait restercomme domestique, sinon elle devait quitter les lieux linstant mme.

    Il fallait voir ltat de ces femmes, de ces grands mres se lamentant et rptant sans cesse : Mon mari, mon filsva revenir, cest lui, cest son bien. Mais la dcision tait sans appel, elles devaient partir sance tenante, enlaissant tout sur place. Jai vu une grand-mre mettre un quignon de pain dans son tablier et partir dans les bois,non loin de l, quest-elle devenue ? Nous navons jamais revu cette pauvre vieille. Jai vu galement un polonais,expliquant une femme allemande que ses deux fils furent enferms dans leur maison incendie par lesallemands et que lorsque ses fils essayrent de senfuir, ces soldats les turent. Cet homme pleurait et criait eninvectivant cette femme. Jai vu encore un vieux soldat russe, dans la ferme o je travaillais, prendre un petitallemand sur ses genoux et le cliner, pleurant lui aussi. Les allemands avaient jet des grenades dans sa maison,tuant tous les siens. Partout les vainqueurs expulsaient les allemands installs dans les fermes polonaises et yrinstallaient les polonais, expulss, eux par les allemands.

    Enfin, un matin, les policiers polonais arrivrent pour nousannoncer que les troupes russes et amricaines avaient fait leurjonction, pas trs loin do nous tions ; vous ne pouvez pasimaginer notre joie, nous nous voyions dj rentrer chez nous, enFrance. Nous nallions pas tarder dchanter. Nous ramassmesnos quelques hardes et nous attendmes la suite des vnements.Le soir mme, des camions russes vinrent nous chercher,sarrtant de ferme en ferme pour rcuprer tous les gars qui sytrouvaient, puis ce fut le dpart, destination inconnue. Nouspensions tout btement tre dirigs vers le front, mais dans la nuit,plus nous roulions, moins on entendait le bruit des canons. Ctaitbien bizarre !

    Aprs quatre jours et quatre nuits, sans un seul mot dexplicationde la part de nos convoyeurs, nous nous rendmes compte quenous roulions en direction de la Russie ! Dans une gare dePologne nous montmes dans des wagons, nous vmes Varsovieentirement dtruite, pas un pan de mur debout, pas une chemineet sur cet immense tas de pierres, les gens, tels des fourmisallaient et venaient en tous sens, trs affairs. Nous pensmesquils cherchaient rcuprer quelques affaires et quils devaientse loger dans les caves.

    Notre train, arrt dans ce qui fut la gare de Varsovie attirait biendes curieux ; aussi bien polonais que franais nous cherchions de la nourriture et des vtements. Je me souviens

    avoir chang la chemise, pour lheure pleine de vermine, drobe Schneidemhl, contre une douzaine dufs.Dans cette gare tait empil un norme tas de bottes de paille et toutes les nuits un avion allemand survolait laville, nous nous demandions bien pourquoi cet avion sintressait autant cette gare dmolie et nous apprmestout fait par hasard que dans ce tas de paille se cachaient deux allemands avec un poste metteur. Ilstransmettaient lavion toutes les alles et venues des convois. Les russes, les ayant dcouverts, les firent sortirsans les maltraiter et les emmenrent.

    Nous vmes beaucoup de femmes russes travaillant poser des rails lcartement russe, en gnral ce sont lesfemmes qui effectuaient les travaux les plus pnibles, dautres graissaient les boggies, changeaient les patins defreins ou accrochaient les wagons ; elles faisaient aussi la pol