Héros d'hier et d'aujourd'hui 1228.26 ko
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Hros dhier et
daujourdhui au muse des Beaux-Arts
Guido Reni, David et Goliath, 17e sicle
Service culturel et pdagogique
des muses dOrlans
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Le hros travers les ges
N.B. : les mots souligns renvoient des uvres du muse dont vous trouverez une
prsentation dans ce dossier.
Le hros est un tre exceptionnel qui a accompli des exploits extraordinaires, ce titre il fait lobjet dun culte
attest dans de nombreuses civilisations. Pour tre reconnu comme un hros, il faut que son action soit rendue
publique et garde en mmoire. Ainsi, le hros est le produit dun discours quil a pu contribuer construire lui-
mme ou qui sest construit son insu, et qui porte des valeurs rvlatrices de nos civilisations. Le hros nat le
plus souvent dans des temps de crise, de conflit ou de catastrophe. Cette rverie fondamentale de lhumanit
anime un grand nombre de nos reprsentations.
Origine et dfinition de hros
Il est issu du mot grec hrs (chef de guerre, homme dun courage ou dun mrite suprieurs). Ce mot est
devenu heros en latin avec le sens de demi-dieu puis dhomme de valeur suprieure ou qui remporte des
succs clatants la guerre.
lpoque moderne, la polysmie du terme se renforce avec le sens dhomme digne de lestime publique. Le
hros peut tre celui qui se distingue par la force du caractre, la grandeur dme ou une haute vertu. partir
de 1650, il dsigne le personnage principal dune uvre littraire. Le terme d"hrone" apparat en 1540 pour
dsigner une femme dun grand courage, qui fait preuve de "force dme". Le hros du jour dsigne lhomme
qui, un certain moment, attire sur lui toute lattention du public.
Le hros antique
En Grce ancienne, o la guerre est frquente et la comptition une valeur fondamentale, le hros est trs
souvent un combattant, la gnalogie prestigieuse : demi-dieu chez Hsiode, chef de guerre ou roi chez
Homre. Selon Hsiode, "Zeus cra la race divine des hros que l'on nomme demi-dieux, race qui nous a
prcds sur la terre immense".
Ces demi-dieux sont issus de l'union d'une mortelle et d'un dieu, voire d'un mortel et d'une desse tels Achille
ou ne.
Quelques figures hroques peuvent tre humaines part entire comme Hector ou Ulysse qui leurs exploits
confrent une estime incomparable. C'est en faisant preuve d'un courage exceptionnel que le hros
transcende sa condition mortelle : la bravoure lors du combat s'apparente une possession divine. Le hros ne
craint pas la mort. La gloire est son but ultime, car elle le fait accder la seule immortalit possible pour un
mortel : l'immortalit dans la mmoire des hommes. Aprs leur mort, les plus glorieux font l'objet d'un culte et
sont vnrs l'gal des dieux. Lhron est le monument lev en mmoire du hros et autour duquel
sorganise son culte. Deux grandes popes homriques - lIliade et lOdysse - regroupent les rcits
mythologiques des hros de la guerre de Troie.
Le hros romain, souvent emprunt dautres civilisations, prsente une caractristique essentielle : mme sil
vient de contres lointaines (Hercule, ne), il est fermement inclus dans lhistoire romaine.
Le troyen ne devient dans lnide, pope de Virgile crite au 1er sicle, le fondateur du peuple romain.
Rome, le hros devient un citoyen modle qui participe un vnement historique, tel Cincinnatus, consul
romain, qui dlaisse un moment sa charrue et accepte le commandement suprme la demande des
snateurs de Rome, le temps de repousser les ennemis. Le hros romain est lhomme dun exploit, dune seule
mission, et dont la vertu est toute patriotique.
La divinisation des empereurs et le culte qui leur est associ sapparentent au statut surhumain dont le modle
est le monarque macdonien Alexandre le Grand (356-323 av. J.-C.).
Dans lnide, Virgile appelle le fils dne, Ascagne ou Iule car il en fait lanctre de la famille Julia, celle de
Jules Csar, qui prtend ainsi descendre de Vnus. Romulus, roi des temps lgendaires ainsi que Jules Csar
furent admis parmi les dieux.
Le saint et le preux
Au Moyen-ge, avec le dveloppement du christianisme, le hros est celui qui accomplit les desseins de Dieu.
La vie de Jsus est un modle hroque pour les chrtiens, comme les figures bibliques de Mose, prophte qui
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libre son peuple et le conduit vers la Terre promise ou de David, jeune berger qui mit en droute les Philistins
en tuant Goliath.
Le saint devient une figure exceptionnelle et populaire, capable daccomplir des miracles qui tmoignent de
sa proximit avec le divin. Il se doit dtre un modle pour les chrtiens et devient lobjet dun culte en tant
que mdiateur entre le monde terrestre et lau-del.
Les Pres de lglise dbattent, au 4e sicle, des ressemblances et des diffrences entre les hros et les saints.
Les deux figures peuvent se nourrir lune de lautre : on voque les vertus et les expriences hroques du saint
qui lutte contre les passions et les vices. Leurs prcieuses reliques, deviennent des objets de dvotion prement
disputes.
Si les saints sont privilgis, mergent leur ct les preux dont la clbrit, partir du 12e sicle, sera surtout
littraire et lexistence, souvent imaginaire, comme en tmoignent les romans de Chrtien de Troyes. Le preux,
celui qui sert quelquun, hrite de certaines caractristiques des hros antiques, mais il est un modle
dexcellence aristocratique lusage exclusif dune chevalerie qui met son bras arm au service du seigneur
puis de Dieu. La chevalerie devient un ordre rserv la noblesse partir du 13e sicle. Les croisades
contriburent diffuser la lgende de Saint Georges qui terrasse le dragon en Occident, incarnation
chrtienne du combat du Bien contre le Mal. Saint Georges est devenu, dans toute la chrtient, le patron des
chevaliers.
Lhrosme au fminin
Mme si jusquau 17e sicle, les valeurs hroques restent fortement masculines honneur, rivalit, conqute ,
les femmes daction ou de pouvoir ne sont pas rares. Le Moyen-ge a ses hrones dont Jeanne dArc reste la
figure la plus emblmatique et est lexemple mme de cette interpntration de limaginaire et de lHistoire.
Les Temps modernes sont le moment de louverture symbolique et politique du champ de lhrosme au sexe
fminin. Lmergence de femmes dirigeantes - les reines rgentes (Catherine de Mdicis, Anne dAutriche), les
princesses frondeuses (la Grande Mademoiselle), les reines, Elizabeth 1re et Christine de Sude et limpratrice
Catherine II de Russie - va de pair avec la vogue, dans les textes et la peinture, du thme des Femmes fortes
telle Judith dans lAncien Testament, jeune hrone juive de Jude, qui dcapite Holopherne pour sauver son
peuple. En 1647 parat la Gallerie des femmes fortes de Pierre Le Moyne, illustre de vingt planches daprs
Claude Vignon, dont une de Jeanne dArc.
Le roi-hros
Jusquau 17e sicle, lhrosme est un idal dhumanit abondamment reprsent sous forme des figures
exceptionnelles de lAntiquit.
Dans la haute socit, cest la vogue des portraits mythologiques et des romans prcieux qui tissent des liens
entre lAntiquit et lpoque contemporaine.
Le roi, figure essentielle de lhrosme, vu comme chef de guerre et pacificateur, est le premier cultiver cette
image. Henri IV, puis Louis XIII choisissent les modles de rfrence qui flattent leur politique et leur vertu. Au
dbut de son rgne, Louis XIV sappuie sur la figure du grand conqurant macdonien dans les Batailles
dAlexandre peintes par Charles Le Brun. Louis XIV, qui ne cesse dtre un roi guerrier pendant la majeure
partie de son rgne, se fait hroque en imperator romain, selon la tradition (tableaux, sculptures) ou apparat
dans des ballets en Apollon, dieu des arts, des chtiments divins et de la lumire.
Le hros lpreuve des Lumires
Les valeurs dhonneur et de bravoure qui restent un modle de comportement social, sont dnonces par le
courant jansniste comme vaine gloire et partir de la seconde moiti du 17e sicle se dveloppe une
critique corrosive de la conception traditionnelle de lhrosme.
Les philosophes du 18e sicle fustigent les hros pris de violence comme des "flaux du genre humain" ; lidal
devient le sage politique, pacifique et crateur de cits harmonieuses. En 1759, dans Candide, Voltaire sen
prend la guerre comme "boucherie hroque". la fin du 18e sicle, juste avant la Rvolution franaise, on
ne parle plus de hros, cest le triomphe du sentiment. On clbre les "grands hommes", plus pacifiques et plus
utiles la socit, les plus grands tant inhums au Panthon de Paris, tels des crivains, des philosophes
(Voltaire, Rousseau) ou des hommes politiques.
Cependant, les bouleversements rvolutionnaires et la cration de la Nation revivifient la figure hroque
(retour au modle romain), dornavant fonde non sur la naissance, mais sur le mrite et laction exemplaire.
Ds le dbut de la rvolution, apparaissent des groupes hroques en tant que tels : le peuple de Paris, les
vainqueurs de la Bastille, les Parisiennes puis les sans-culottes. Lorsque les tensions se font plus fortes entre les
rvolutionnaires et leurs opposants, le besoin de mettre en avant des figures emblmatiques apparat : Marat
ainsi que les jeunes Bara et Viala, assassins, sont clbrs dans le camp des rvolutionnaires.
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Aprs la dfaite de 1870, la IIIe Rpublique franaise charge lcole rpublicaine dinculquer les valeurs
mritocratiques et rpublicaines aux lves de lcole primaire en les initiant au cul
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