Gustave Lanson - Esquisse d'une Histoire de la Tragédie Française
Transcript of Gustave Lanson - Esquisse d'une Histoire de la Tragédie Française
ESQUISSE D'UNE HISTOIRE
DE LA TRAGDIE FRANAISE
COLUMBIA UNIVERSITY PRESS SALES AGENTS
New York
LEMCKE & BUECHNER30-32
East 20TH Street
London
HUMPHREY MILFORDAmen Corner,ShanghaiE.C.
EDWARD EVANS &
SONS, Ltd.
30 North Szechuen Road
ESQUISSE D'UNE HISTOIRE
DE LA TRAGDIE FRANAISE
PAR
GUSTAVE LANSON,
Litt.D.
DIRECTEUR DE L'COLE NORMALE, PARIS. VISITING FRENCH PROFESSOR, COLUMBIA UNIVERSITY, I9II-I2; PROFESSOR OF FRENCH LITERATURE, igi6-I7
Nrui $nrk
COLUMBIA UNIVERSITY PRESS1920
AU
rights reserved
Copyright, 1920
By Columbia University PressPrinted from type, June 1920
PRESS OF THE NEW ERA PRINTING COMPANY LANCASTER. PA.
Je ddie cette rapide esquisse
tous mes collgues des Universits et Collges des Etats-Unisen tmoignage de fraternit intellectuelle et de dvouement au mme idal
de
civilisation.
Les leons dont on va
lire le
rsum, ont t professes enJ'esprequ'elles ne
1916-1917
l'Universit
Columbia.
seront pas sans intrt pour les matres chargs de faire connatre la littrature et la civilisation de la France, et qu'ils
y
pourront trouver de quoi orienter leurs tudes ou exciter leurrflexion personnelle.
Le Prsident Nicholas Murray Butlerformle
l'a
pens, lorsqu'il a
dessein de faire diter ces notes par l'imprimerie de
l'Universit; c'estsensible.
un
trs
grand honneur auquel
je suis trsici
Je prie le Prsident Butler de trouver
l'expres-
sion de
ma
profonde reconnaissance.
G. Lanson.
vu
PREFATORY NOTETeachers and advanced students of French literature andwithout a doubt cordially welcome the publiby the Columbia University Press, in revised and permanent form, of this outline of Professor Lanson's brilliantcivilization will
cation
course of lectures delivered at Columbia University as Professorof
French Literature during the acadmie year 1916-17.
Owing
to the diversityit
and minuteness
of the bibliographical
facts recorded,
has been necessary to bestow an unusualcare on the prparation of the material
amountof painstakingfor the press.
It
is
accordingly a pleasure to mention with
apprciation, as having contributed in this
manner to
ihe typo-
graphical accuracy of the work: Professor John L. Gerig,
executive officerof the Department of
Romance Languages
at
Columbia; Professor Earle B. Babcock, head of the Depart-
ment
of
Romance Languages
at
New York
University; and
Dr. Geoffroy Atkinson, assistant to Professor Lanson during
a part of the latter's rsidence at Columbia, toespecial thanks are due.
ail
of
whom
Henry Alfred Todd.Columbia University, March 1920.
TABLE DES MATIERES1.
Introduction.
Dfinitionle
du tragique
i
2.
La
tragdie etsicle
tragique au
moyen ge
et
au xv e47
3.
La naissance de
la tragdie franaise
4.
Quelques tragdies: de Jodelle Montchrtien Con5. L'art tragique de la Renaissance franaise. ception et structure de la tragdie 6-7. L'art tragique de la Renaissance franaise (suite etfin)
11
1318
8.
La question desen scne.
reprsentations et celle de la mise
Appendice: Liste des tragdies rgulires23fin
du xvi e9.
sicle
La
vulgarisation de la tragdie et l'apparition d'une
tragdie irrgulire la10.
du xvi e
siclela rgularit
3035
Les tragdies de Hardy.Elimination depastorale
Raction versparla
et progrs vers le classique11.la tragdie
tragicomdie et
la
39Cid.la tragdie
12.
De Hardy au
13.
Le retour de La tragi-comdie de Rotrou
45
49..
' 14-15. L'tablissement des units et des biensances.. Dveloppement de la tragdie cornlienne 16. Le Cid.
53
du Cid - 17-18.
Pertharite
^
19-20.
La structure de la tragdie cornlienne La conception cornlienne de la vie hroque.rapport la ralit
58 62
Son66
21. Les contemporains de Corneille: Scudry, La Calprende, Du Ryer, Tristan, Rotrou, Cyrano de
Bergerac22.
737^
De
Pertharite
Andromaque:
Thomas
Corneille et
.
/ y
23. Racine.
Quinault L'poque.
L'hommexi
82
24. Le systme dramatique de Racine
84
^25. Le systme dramatique de Racine (suite) / 26. L'art du style et du vers chez Racine. La conception"
88
esthtique et sentimentale de la vie 93 Les dernires uvres de Corneille 97 Les clichs tragiques. 100 28. Strilit autour de Racine. Campistron; Longepierre; La 29. De Racine Voltaire.27...
Fosse30.
La Grange-Chancel
;
Crbillon.
Premires
104penses107112
31. Voltaire.
32.33.
34.
35.
36.37.
38.
39.
40. 41.
de rforme: Houdart de la Motte Vue gnrale de son uvre dramatique sa critique et sa thorie de la tragdie L'art tragique de Voltaire L'art tragique de Voltaire (suite) Comdie larmoyante et drame. L'esthtique thtrale de Diderot La fin de la tragdie classique. Ducis; M.-J. Chnier; les tragdies de l'Empire et de la Restauration. e Dcor, costume, dclamation (xviii sicle et Empire). L'lment tragique dans le thtre franais aprs la destruction de la tragdie. Le mlodrame. Thorie du drame romantique Le tragique dans le thtre romantique. Hugo. Vigny. Dumas Le tragique dans le thtre de Musset Du Romantisme au Symbolisme Le tragique dans la littrature et le thtre contemporains;.
118121
124128
.
133
140143 146 150152
.
:
PREMIRE LEOXINTRODUCTION. DFINITION DU TRAGIQUE.(Les numros entre parenthses ct des
noms
d'auteurs renvoient au
Manuel Bibliographique de G. Lanson.)I. Pourquoi l'on a choisi la tragdie franaise comme SUJET DE CE COURS.
(a)(b)(c)
Richesse du genre en chefs-d'uvre. Son importance sociale. Difficults qu'il prsente aux trangers.
II.
But du cours.(a)(b)
Faire apparatrevie.
Reprsenter l'volution du genre. le rapport des uvres tragiques Faire sortirle les
la
(c)
valeurs esthtiques.
(Comment, parla grce ou la temps a vapor
sens historique, on peut ressaisirle
beaut de certaines uvres dont le parfum.)III.
Esquisse de la littrature du sujet.
France, avant 1880, tudes de got plutt que recherches d'rudition. On s'en tient en gnral aux travaux du xviii esicle.
En
[Beauchamps
(62);
les
Frres Parfaict (63);
La
Biblio-
thque du duc de La Yallire (66), et mme le trs inexact Chevalier de Mouhy. Pourtant quelques travaux particuliers trs importants: l'dition de Corneille de Marty-Laveaux (4917); Despois(5249), etc.]
Travail de
la
science trangre, et particulirement de la
science allemande:
Apport de matriaux;
critique del chro-
nologie et des jugements traditionnels; recherche des sources.[Esquisse du(2767).
dveloppement de
la
tragdie,
d'Ebert
Le Suisse
Breitinger, sur les units (4885).
Sur Mairet,Rotrou, Thophile: Dannhcisser (4776-4777);I
Stiefel (4829 et 4833); Steffens (4832);
Sur
les origines
du thtre de
la
Schirmacher (3610). Renaissance: Cloetta
(2809).]
Rveil de l'rudition et des mthodes critiques en France, dans ce domaine: 1889, par Eug. Rigal.toire des thtres
[Thse sur Alexandre Hardy (2996). Esquisse d'une hisde Paris de 1568 1600. Le Thtrela
Franais avant
priode classique (2773).]le
Le centre des tudes surFrance.
thtre classique est ramen en
Activit de recherches et abondance de rsultats.[Thse deJ.
Marsan
sur la Pastorale dramatique (2965)
;
de N.
M. Bernardin,1'
sur Tristan L'Hermite (4856), etc.]
Contribution de
rudition des Etats-Unis.
[Thses de Columbia: Spingarn (602); Dorothy Canfield(4971); etc.
Travaux de H. Carrington Lancaster, surmdie, sur P. du Ryer (2940 et 4844S.).]
la tragi-co-
Ouvrages de synthse
et d' exposition gnrale.
[Creizenach (en allemand) (2768).Lintilhac (en cours de publication.
Ont paru: Le Moyenfranais (4931).
Age
et la Renaissance, 2770).
Brunetire, Les
Epoques du Thtre
de l'Histoire de la littrature franaise publie sous la direction de Petit de Julleville (333). L'Essai de G. Bapst sur l'histoire du thtre en France, Cf. Manuel Bibliopour le matriel de la scne (2769).graphique,6;I
Les chapitres
e
P., ch. 16; 2
e
P., ch. 9, et 17; 3
e
P., ch. 5 et
4
e
P., sec. 1, ch. 7; sec. 2, ch. 15-17.]
IV. Qv' EST-CE
QUE LE TRAGIQUE?le dfinirIl
On
ne peut se contenter deles tragdies.
toutes
y a du tragique sans
par ce qui est commun la forme de la
tragdie et des tragdies sans tragique.
Quelle motion spcifique la forme de la tragdie tait-elledestine exprimer chez les Grecs qui l'ont invente?
Le
tragique, chez
les
Grecs, tait
le
spectacle et l'motion
(crainte
ou
piti)
de
la
misre humaine;
mais de
la
misre
cre par les conditions essentielles de la vie, par la mystrieuse
violence de la destine, par
le
jeu souvent ironique d'une force,2
confond l'homme et l'crase. L'motion tragique est, par essence, potique, lyrique, religieuse (mystique, mtaphysique). Distinction de tragique, du pathtique et du dramatique: A l'aide de l'exemple de la statue de Mitys dans la Potique d'Aristote. Un homme est cras par la chute d'une statue: Il lutte un moment contre la masse qui C'est pathtique. l'crase; il y a quelques secondes d'espoir et de crainte alterns: La statue est celle de Mitys; la victime est C'est dramatique. Si l'on admet que ce n'est pas par le meurtrier de Mitys.incomprhensible, divine, quihasard, c'est tragique.[Ainsi le pathtique nat de la souffrance et de la plainte;le
dramatique rsulte du
conflit,
de l'incertitude, de l'attente
anxieuse:
le tragique est la
manifestation, dans un cas doulou-
reux, des limites de la conditionble qui l'treint.Il
humaine
et de la force invisi-
y a du pathtique sans tragique, du dramatique sans
tragique.
Le tragique, toujours pathtique,il
sairement dramatique,et
l'est
n'est pas ncesen proportion de l'incertitude
de
la lutte qu'il contient.]
Par cette notion du tragique nous pourrons (a) discerner dans quelle mesure la tragdie franaise est tragique, et comment elle a suppl au tragique; (b) dcouvrir du tragique avant et aprs la tragdie, dans e les uvres dramatiques du moyen ge ou du xixsicle.
DEUXIME LEONLA TRAGDIE ET LE TRAGIQUE AU MOYEN GESurvivance d'une notion de la tragdie antique TRAVERS LE MOYEN AGE.I.
Elle est issue principalement de trois passages de Diomde, Donat, et Boce, que tous les compilateurs, faiseurs de gloses, de sommes et de vocabulaires ont comments, copis, dlays pendant des sicles.littraire de la
[A consulter: Cloetta, France, t.Blois.]
t.
i,
p. 17,
29 et 30 (2809); Histoire
xxii,
notices sur Vital de Blois et
Guillaume de
Sanglantesurtout.)
Quatre caractres de la tragdie: Historique Royale (Les deux derniers importent Eleve de style.
On
oublie la nature de la reprsentation dramatique,
le
jeu
scnique.
On
appelle
tragdie
ou comdie toute narration(cit
mle de dialogues.[Dante.F.
Le Ver
par F. Didot, Orthographie fran-
aise, p. 103).!
Les Eglogues de Virgile sont reues pour pomes dramatiques, Raret des essais tragiques en vers latins dans la France du
moyen
ge.[Guillaume de Blois, et quelques autres (Cloetta,120-127).t. i,
pp.
Peuessais:
d'intelligence
du tragique et du dramatique dans ces Contes piques ou anecdotes sanglantes.]
IL LE TRAGIQUE DANS LE THTRE POPULAIRE.Caractre essentiellement tragique du drame chrtien: chuteet rdemptionla
de l'homme; mystre dele fidle.
la
grce;
providence levant et renversant
l'infidle,
action de prouvant etTextes pu-
rcompensant
[A consulter: Petit de Julleville; Lintilhac.blis des mystres, miracles et moralits.]
4
Scnes tragiques du thtre sacr.[Reprsentation d'Adam. Le drame de V Epoux ou des Vierges sages et des Viergesfolles.
Le dbat de MisricordeVie! Testament.
et Justice
dans
le
Mystre du
Le dbat de la Vierge et du Christ dans les Passions de Grban et de Jean Michel. La rvlation de la misre humaine Josaphat dans le Mystre du Roi Advenir.]
Pourquoi le caractre tragique du thtre sacr n'apparat-il que dans des scnes rares et clairsemes, et souvent dans desindications sches et rapides?(a)
Influence de l'auditoire populaire qui oblige dvelopper:
demande
et qui
(i) (2) (3)
l'motion brutale des souffrances physiques; la varit des aventures;les
types burlesques,sodes comiques;
les
dialogues factieux et
les pi-
(4)
les
scnes ralistes o
il
retrouve sa vie.tra-
La haute(b)
spiritualit, le sens profond, la posie et le
gique des sujets sont touffs. Mais, en outre, inconvnient littraire deet absolue.
la foi
nave
l'Eglise son interprte, rendent la vie n'y laissent ni obscurit ni posie, du moins pour notre peuple d'esprit net et pratique. Les mystres de la foi n'embarrassent que les penseurs. La religion de la foule est limclaire,
La Parole de Dieu,
pide, sans
Le surnaturel
doute et sans inquitude, comme sans profondeur. est attendu; le miracle va de soi.fait
On
tale les effets multiples, singuliers,
vants de l'action divine, plus qu'on ne mystre des jugements divins.bien.
amusants ou mourflex on sur le:
Comme Dieu Mme les
triomphe toujours, le drame finit toujours martyrs sont heureux, puisque la mort les
introduit la vie ternelle.lieu, ni le frisson
Le dnouement tragique n'a plus
tragique.
vants, ou la dmonstration des vrits morales.
Les pices tournent ou au dploiement d'accidents mouEvanouissement de la posie en mme temps que du tragique.2
5
C'est ce qui permit aux moralits pathtiques et morales defaire
concurrence aux mystres.[Miracle d'Amiset
Amiles.
Miracle de l'Abbesse grosseson gendre;etc.
deGuibour qui
fit
trangler
La premire des moralits: le mystre de Grislidis. Image de la bonne femme, fidle, humble, dvoue, et qu'aucun mauvais traitement ne rebute.]L' ancien thtre allait, par l'volution des mystres etle
succs des moralits, vers un
drame attendrissant
et difiant,
prosaque et pratique d'inspiration, aussi peu lyrique et aussi
peu tragique qued'Augier.
la
comdie de La Chausse et
la
comdie
TROISIME LEONLA NAISSANCE DE LA TRAGDIE FRANAISE La Cloptre de Jodelle fonde la tragdie et le thtre moderne en France. C'est un commencement, mais le terme aussi d'une sried'efforts.les nos.
[Ouvrages indiqus dans 2809-2829.]
le
Manuel bibliographique sous
Six tapes portent de la vague et inutile notion du
moyen
ge
la
restauration de l'art antique.[G.
Lanson, L'ide de
la Tragdie en
France avant Jodelle,
Revue d'Histoire
Littraire, 1904.]
Etape. Le nom de tragdie (xiv sicle, I. Premire Oresme). La notion mdivale s'affirme et s'enrichit, moins par Aristote qui n'aura en France jusqu' la fin du xvi c sicle que peu d'action que par les ditions et commentaires de textes antiques, qui contiennent souvent un vritable cours d'art thtral, de tragdie et de comdie.
[L'influence et l'autorit d'Aristote tablies en France
par Scaliger, I56i,et par Castelvetro, 1570 (2847 et 2848); e puis par la critique italienne de la fin du xvi sicle et du dbut du xvii e (autour du Pastor fido), et par Heinsius,1611 (4891).]
cesse rimprims sont confronts avec Horace, Vitruve, Trence, Snque; apport de chacun de
Donat
et
Diomde sans
ces auteurs.[Editions de Trence (Josse Bade, 1504, Rouen; Robert
Estienne, 1529, Paris; Jean de Roigny, Paris, 1552; Lyon, I 559 Paris, 1602); de Snque (Josse Bade, 1514); d' Horace(Josse Bade, 1629; Robert Estienne, 1533); d'Euripide (Gaspar Stiblinus et Micyllus, Ble, 1562), etc.]
IL Deuxime Etape.sentation:Il
On
retrouve
n'y a dele
posie
la notion de la reprdramatique vritable el com-
plte
que sur
thtre, par le dcor et les acteurs.7
Reprsentations de pices antiques Flandres, en Allemagne, en Angleterre.[Pomponius Lsetuset sesle
Romelves
et en Italie, en
Rome, vers
1470.
Hippolyte de Snque, chezIII.
Cardinal Raphal Riario.]Difficul-
Troisime Etape.la
La
rvlation de l'art grec.
ts
de
langue et des textes.[Traductions latines.
Seules agissent les tragdies
traduites: 8 ou 10 avant 1554.Hcube, Iphignie, par Erasme, 1506, etc. Traductions italiennes. Antigone, par Alamanni, 1533 (ddicace du volume
FranoisHcube,
I).
par Bandello (ddicace Marguerite de Na-
varre), etc.
Traductions franaises. Electre, de Sophocle, par Lazare de Baf, 1537. Hcube, par Bouchetel, 1545. Iphignie, par Sibilet, 1549.]
L'impression que la tragdie reprsente l'instabilit de la grandeur et de la flicit humaines, qu'elle veut des spectaclescruels et pitoyables, se confirme.
IV. Quatrime Etape.originales en latin.
On
crit
et
reprsente des pices
Dsen
le
xiv e sicle, tragdies de Muzzato, Loschi, Corraro,
Italie.
A
la fin
du xve
sicle reprsentations
Ferrare et
Rome
de pices de Landivio, de C. Verardi, de C. et
M.
Verardi.]
Italien,
Les premires tragdies imprimes en France sont d'un Quintianus Stoa (G. Fr. Conti), attach Anne de[Theoandrothanatos (Passion, crite ds 1508, imprimeI5I4).
Bretagne.
Theocrisis (Jugement dernier), 1514.]
Dialogues de Ravisius Textor (moralits latines), joues aucollge
Le1529Il
de Navarre, de 1501 1524. Christus Xylonicus (Passion) de Barthlmy de Loches,'y
n
a dans ces essais queet l'esprit
le style, la
rhtorique.
La formenan
del tragdie apparaissent avec Bucha-
[Mde, Alceste, Saint
Jean
Baptiste, Jepht: tragdies
joues au collge de
Guyenne
entre
1539 et 1545
deux
traductions, deux pices originales.]
et
Muret[Juliis
Csar tragdia, joue Bordeaux vers 1546,
impr. 1552 ou 1553.]
Importance de Muret qu'on Bordeaux, Poitiers, Paris.V. Cinquime Etape. d'un art italien original.L'Italie cre
trouve
successivement
Rvlation et diffusion en France
une tragdie en langue vulgaire.Sophonisbe, 1515.
[Trissin,
Joue
(?)
devant Lon X;
impr. 1524.Ruccellai, non joue: impr. 1525. Reprsentation clatante de VOrbecche de Giraldi Cinthio Ferrare en 1541.]
La Rosmunda de
Qu'en a-t-on connu en France?Livres italiens circulant en France; Franais voyageant enItalie.
Mais surtout
l'art
scnique italien pntre en France.(Serlio).]
[Par les comdiens italiens; par les architectes et dcorateurs engags au service de FranoisI
Entre de HenriReprsentation,Bibbiena.estle
II
et
de Catherine de Mdicis Lyon:
28 septembre 1548, de la Calandria de C'est une comdie, mais c'est l'art antique qui
pour
la
premire
fois offert
la cour de France dans une
imitation originale.[Brantme, d. Lalanne,vol.iii,
p. 256.]
VI. Sixime Etape.le
Le dernier pas sera vite franchi. Le Plutus de Ronsard n'est qu'une traduction (1548): on
joue au collge de Coqueret, sans doute sans clat. Le Sacrifice d'Abraham de Thodore de Bze (1550) a probablement t jou Lausanne; mais c'est hors de France,
et la pice n'a pas
forme de tragdie.
Jodelle fonde la tragdie par la reprsentation de Clcoptrecaptive.
Valeur surtout symbolique de cette manifestation.[A L'Htel de
Reims devant 9
la
cour
(fin
1552 ou
1
55
.
>
>
;
au collge de Boncour devant1553)(Cf.
les
humanistes (dbut devii, 6).]
Etienne Pasquier, Recherches,
Mais dsormais les tragdies se multiplient. La succession chronologique n'indique pas une continuitIncohrence et dispersion des efforts. Ilots de culture relle. nouvelle au milieu de la civilisation indigne et traditionnelle,encore vivace.
Cependant, peu peul'ancien thtre.
les pices
s'ajoutent aux pices, et la
tragdie va disputer la place dans toutes les provinces
1
QUATRIEME LEONQUELQUES TRAGDIES DE JODELLE A MONTCHRTIENni l'tude
Je ne ferai pas en dtail l'histoire des auteurs et des uvres, des problmes particuliers.[Voirie catalogue des pices avec les analyses dans laBibliothque
du
thtre franais
du duc de La
Yallire.
(Manuel(2771).
Bibliogr. 65); cf. aussi Creizenach (2768),
Faguet
Textes
et tudes diverses
(2862-2913 et 2995).]
J'tudierai les problmes gnraux les plus importants; mais d'abord il faut, par la lecture des principales uvres, essayer de se donner l'impression de ce que les meilleurs auteurs ont ralis. Sur cette impression doit s'appuyer la e discussion des problmes relatifs l'art tragique du xvi sicle.I.
Cloptre Captive, de Jodelle,il
fin
1552 ou dbut 1553la
Oeuvre mdiocre, dontpartis-pris.II.
est
bon d'tudier
coupe et
les
La Mortil
de Csar, de Jacques Grvin, joue au collge(n. s. 1561).
de Beauvais en 1560
CommentIII.
a modifi la tragdie de Muret. furieux, de Jean de la Taille, crit ds 1562;
Sal
le
impr. 1572.IV. David combattant, David triomphant, David fugitif, de
Louis Desmasures: Tragdies Saintes, impr. 1566. La premire partie, David combattant, mrite surtout d'treanalyse.
V. Hippolyte, de Garnier, 1573.VI. Les Juives, de Garnier, 1580.VII. L'Ecossaise, de Montchrtien, 1601.
Voil sept pices o l'on peut prendre une ide,1
el
la
meil-
leure ide, de la tragdie franaise de la Renaissance, telle
queIl
l'cole
faut les
de Ronsard l'a conue, et de ses diverses espces. lire pour juger comment l'intrt des sujets estle
traduit par
style et les mtres.
Jodelle manque de talent. mdiocres crivains, assez gauches. De la Taille a un vritable instinct dramatique. C'est le plus homme de thtre de tous. Simplicit large, clat sincre de
Caractristiques individuelles.la
Grvin et de
Taille,
Desmasures. Eloquence nerveuse, pathtique puissant, dans la rhtorique surabondante de Garnier: got excessif, mais souvent heureux, de l'antithse. AjJi-*-^-\ Sensibilit touchante de Montchrtien, non sans mignardise et mollesse: lyrisme abondant, souvent frais et dlicieux. Pour sentir le progrs ralis dans le passage des Mystres la Tragdie (ou, si l'on veut, le changement), comparer Sal le furieux, ou mieux David combattant, aux parties correspondantes du Mystre du Viel Testament.[Pourp.Saiil, Viel
Testament, vers 30,372
145 et suiv. Pour David, Viel Testament, vers 29,490suiv.]
30,866, 30,117,
t.
iv,
t.
iv,.
p. 105 et
Cette comparaisonla tragdie, et
fait
apparatre
le
caractre artistique dele
comment
le style
y devient
moyen
principal
de
l'art.
(a)
Ce
n'est plus l'histoire sainte en images,
mais une ide
prside l'usage des donnes de la Bible et organise l'uvretragique.(b)
Le dialogue
n'est plus rduit
aux paroles ncessaires
pour expliquer le tableau, la gesticulation et les mouvements des acteurs; mais on y trouve un style, c'est dire la recherche d'une beaut spciale dans l'emploi des mots, et l'utilisation du langage pour faire apparatre les mouvements cachs de lavie intrieure.
Moins de
vie,
de mouvement, de
ralit;
mais plus
d'art,
plus de pense, plus de posie.
CINQUIME LEONL'ART TRAGIQUE DE LA RENAISSANCE FRANAISE
CONCEPTION ET STRUCTURE DE LA TRAGDIEL'ide de la tragdie franaise(a)
j
du xvi e
sicle se tire
des crits thoriques.[A consulter: Faguet (2771); Rigal (2772 et 2996). Art Potique de Jacques Peletier, 1555. Brief Discours de Jacques Grvin, 1561. Avant parler de Rivaudeau, 1566.
Art de la tragdie de Jean de la Taille, 1572. Diverses Prfaces. (Vauquelin de la Fresnaye,vient trop tard).]
1605,
Mais ne pas
s'en exagrer l'autorit ni la diffusion.
Les Italiens mme seront bons consulter; ils ont eu une action en France, et d'ailleurs, dans les grandes lignes, ils interprtent l'antiquit selon le mme esprit que nos potes et nos thoriciens; mais ils sont plus occups d'Aristote.[Scaliger,
1561.et
Castelvetro,cf.
1570.
Sur
les
thories
franaises2861.](b)I.
italiennes
Manuel
bibliogr.,
nos.
2830-
Mais surtout des uvres.de;
Absence
pyschologie,
de
conflit
dramatique,
et
d'action (intrigue)intrts.[Cf.
rares et fortuites apparitions de ces troisCloptre captive; Grvin,et Hippolyte;
Jodelle,
Mort de Csar;
Garnier,saise.]
Marc Antoine
Montchrtien, Ecos-
Erreur de croire au dveloppement continu et rectiligne de la tragdie, de Cloptre Athalie (Faguet). Erreur de considrer la tragdie de la Renaissance comme une tragdie classique mal faite, procdant de la mme conception que celle de Racine et de Corneille et n'ayant besoin
que d'tre amliore.3
*3
Jean de la Taille a une place part, mais ne fait pas cole. Cependant mme chez lui, malgr un fragment curieux de son Art du thtre, la conception de l'intrt tragique n'est pascelle
de nos grands classiques.xvi e sicle, action s'oppose rcit,
AuLa
simplement; et
signifie
la "distribution
par personnages."
tragdie est la prsentation d'un fait tragique l'aide
d'acteurs.II.
Qu'est-ce que
le fait
tragique?
Des uvres grecquesdes grammairiens, on
et
tire
de Snque, clairant que le fait tragique estinhumaine,
la traditionle
spectacle
d'une
misre
extrme,la
atroce,
d'une
grande
victime crase par
fortune ou par la cruaut d'un tyran.pratique commune.]
[Jean de la Taille, Art de la tragdie, confirm par tousles textes et la
L'amour n'y
est reu
que forcen
et
monstrueux.
C'est la conception italienne; analyse de quelques oeuvrescaractristiques:
Rosmunda, de Ruccellai.Orbecche, de Giraldi Cinthio.
Canace, de Sperone Speroni.
La conception
aussi de l'Espagne et de l'Angleterre:furioso;
Espagne: Virues, AtilaCervantes, la Numancia.blood;
Lupercio
Argensola,
Alejandra;
Angleterre: Th. Sackville et Th. Norton, Gordobuc; the Tragedy of Kyd, the Spanish Tragedy.la
En un motDiffrence:laire,
conception gnrale de
la
Renaissance.
la
tragdie italienne et franaise moins popu-
plus domine par l'antiquit,fait
vnements,entrele fait
donne moins de place aux moins appel l'horreur physique, interposele
atroce et
spectateur
la
posie des discours.L'in-
Rapport detrt tragique
cette conception la tragdie des Grecs.
proprement dit (ou mystique) fait place souvent l'motion mlodramatique des misres extraordinaires, survenant soit par l'inconstance de la fortune, soit par lamalice des
hommes:
l'essentiel est l'crasement
de
la victime,
l'absence de lutte et d'espoir.
Choix des sujets tragiques. Pas de sujets entirement invents. (b) Pas de traductions des Anciens (Raison: le principe de l'imitation.)III.(a)[Cf.
ni
des
Italiens.
Du
Bellay, Dfense,
I,
chap. v et
vi.]
Il
y en a pourtant[La
parfois.
Mde de La Pruse; YAgamemnon de Toustain;
YHippolyte et la Troade de Garnier; les Sophonisbes, de Saint-Gelais, de Mermet et de Montchrtien.](c)
Exploitation des lgendes antiques:[N. Filleul, Achille; Montchrtien, Hector;
HomreChamprepus,Ulysse; Bertrand, Priam.)
Ovide[P.
de Boussy, Mlagre.]
(d)ils
L'histoire surtout est le
magasin des
faits tragiques:
sont la fois extraordinaires et vrais.(i)
Histoire romainede N.
[Csar de Grvin; Porcie et Cornlie de Garnier; LucrceFilleul; etc.]
(2)
Histoire grecqueJacques de
Montchrtien; Alexandre et Daire dela Taille; etc.]
[Les Lacnes de
(3)
Histoire des autres peuples de l'antiquit (Asie, etc.)[Panthe, de C. J. de Guersens (tir depdie).]
Xnophon, Cyro-
Exploitation de Tite-Live, Plutarque, etc.(4)
Histoire
moderne
et
contemporaine
[La Soltane de G. Bounyn, 1561 (le fait est de 1553). L'Ecossaise de Montchrtien, 1601 (le fait est de 1587).](e)
Tragdies bibliques.
une survivance de l'ancien thtre que nes d'un scrupule des humanistes protestants. Les premiers auteurs de tragdies bibliques sont protesElles ne sont pas tant
tants[Buchanan; J. de la Taille (catholique plus tard); Desmasures; Rivaudeau.]15
Onal fin
ne
fait
pas de tragdies sursujets bibliques
les
Vies des saints avant
du sicle. Avantage desIV.
pour l'expression tragique.dela
La forme deLefait est
la tragdie rsulte
conception indique
plus haut.(a)
donn, non produit: matire crainte et
dploration.
Caractre lyrique de cette tragdie.elle se
Pourquoi
prolonge aprs
le fait
qui dans
le
thtre
classique est dnouement.[Cf. Porcie, Cornlie,
Hippolyte, Y Ecossaise.]
Les
trois
moments deComm.
la tragdie: expectatio, gesta,
exitus.
[Donat,
la premire scne des Adelphes.]res,
Le(b)
principe-
de commencer par se jeter in mdias
aussi
prs que possible de la catastrophe.
Les deux types de misre tragique: une seule me
accable des traits de la fortune, un seul coup meurtrissantplusieurs mes.[Hcube: YAntigone deOedipe, oules
Garnier; Amital, des Juives.la
Troyennes:
Mort
de
Csar, Hippolyte,
YEcossaise, etc.](c)
Le
rle principal est la victime, le
personnage souffrant,Marie Stuart.]la
non
le
personnage agissant.[Csar; Cloptre; Didon; Hippolyte;
Mmela
souvent, c'est
le
personnage meurtri par
mort de
victime.[Porcie; Cornlie; Cratsicle (dans les Lacnes).]
Large place donne aux personnages purement sympathiqueset dolents.[Calpurnie,Juives.]
dans
la
Mort de Csar; Amital, dans
les
Femmes, mres,
nourrices,
dames d'honneur,
etc.,
qui
vont jusqu' se tuer de douleur.[La nourrice de Porcie.](d)
Utilit et usage habituel des pressentiments, songes et
visions, ombres,
Mgre,dsle
furies,
voyants, prophtes: moyenssi
de crers'apaise.
la crainte
dbut, ou de la renouveler16
elle
[Hippolyte; Mort de Hector; les Juives; etc.]
Csar;
Cornlie;
Marc Antoine;
0) Enfin rapport de
la
structure apparente de la plupart des
tragdies la conception gnrale:
AbondancePlusle
et longueur des
monologues, des narrations, des
descriptions et des churs.sujet est atroce, plus on nercits.
mdiaire desImitation
Les Gordians et involontairement caricaturale de
le montre que par l'interLe messager personnage essentiel. Maximins du Prsident Favre (1589):
la
tragdie de
Garnier; application outre jusqu' l'absurde des principes de l'art tragique de la Renaissance.
17
SIXIEME ET SEPTIEME LEONSL'ART TRAGIQUE
DELA RENAISSANCE EN FRANCE CONCEPTION ET STRUCTURE DE LA TRAGDIE (SUITE ET FIN)prcdemment indiqus s'enchanent un drame pathtique V motion non de la vue directe du fait tragique, maisles
Tousquitire
caractresla
logiquement,
tragdie tant dfinie:
de la plainte des victimes.
Mais ces lments s'en joignent d'autres qu'imposent seulement l'imitation des modles antiques et le respect desrgles antiques.I.
placer avantII.
Importation du prologus de la comdie, qui vient se le "prologue" tragique des grecs.Hsitation courte entrele
modle grec
et le
modle
latin,
sur deux points:(a)
La
varit des mtres.[Cf.
Desmasures.]
(b)
La coupe en[Cf.
5 actes,
ou en un nombre variable d'pisodes.
Bze, Desmasures, Saint-Gelais.]
Triomphe deIII.(a)
l'art latin, et
de l'uniformit.
La question desUnit d'action.
units.
Ralise presque automatiquement.l'unit
Cependant on admet
d'une misrevictime:
faite
de plusieurs
catastrophes frappant sur la
mme
[Garnier, Anligone];
conception oppose au sens classique ultrieur.(b)
Unit de jour.
la
Potique d'Aristote.
Premire rgle conue clairement d'aprs Elle est gnralement observe, et oncaptive.
souligne ce respect.[Jodelle,battant.
Cloptre Desmasures, Rivaudeau, Aman, Avantparler.]]
David
Com-
iS
Cependant on y manque[G.
parfois;
Bounyn,
la Soltane]
ou bien on
laisse la
chose dans l'indcision
[Garnier, Porcie, Cornclie](c) Unit de lieu. Castelvetro, 1570, et Jean de la Taille, 1572, sont les premiers la formuler nettement.
Mais elle est dj pour Scaliger, 1561, une suite de l'unit de jour; et Rivaudeau, 1566, indique la tendance et l'interprtation qui triompheront au xvii e sicle. Mais la majeure partie des potes n'ont pas de doctrine nette. Les questions ne se posent pas pour eux comme pour nos oit emporains. Ils n'ont pas les mmes proccupations def alit exacte.l'tat embryonnaire des tudes d'archologie thtrale, modle grec ne se localise pas clairement. Le pote franais fait venir sur la scne les personnages dont il a besoin: il n'a pas souci de prciser le lieu. Tantt il l'indique, quand sa source l'y invite, ou que la ncessit l'y force; mais souvent il ne l'indique pas. Assez souvent le sujet suppose une pluralit de lieux. Ne pas conclure que l'auteur a en vue le dcor des mystres, lale
Dans
dcoration simultane.[Jodelle,
Cloptre
captive.
G.
Bounyn,
la
Soltane.
Garnier, Porcie.]
Mais une certaine
pluralit
de lieux est permise par
le
dcor
classique de Vitruve, tel que Serlio l'interprte.[Cloptre, les Juives, Cornlie s'y rduisent aisment.]
Ou bien on laisse dans l'indcision etIV. Le chur.
la
chose
peut-tre sans mme y penser
la confusion.
Commentla
conciliable avec l'unit de lieu?
Est-il toujours prsent? et
comment
est-ce compatible avec
vraisemblance? dbut, on mit des churs, sans se soucier d'autre chose, Parfois on n'en indique qu'il y en avait chez les anciens. parce
Au
mme
pas
la
composition.'9
Peu peu
nat le souci d'adapterle
le
chur
la
personne en
scne et au lieu: d'o
parti de mettre plusieurs
churs
diffremment composs.[Deux churs dans Didon, Porcie,battant.
Cornlie,
David comla
Trois churs dans les GordiansClorinde
et
Maximins, dans
d'Aymard de Veins. Quatre churs dans VAgamemnon de Toustain, YEstherla
de P. Mathieu,
Franciade de Godard.]
Liaisonparlants.
du chur
l'action;
churs chantants
et
churs
Souvent aucune
liaison.
Fonction du chur: exprimer la moralit du fait tragique, en plaignant les victimes. Autre fonction sparer les actes; d'o pas de chur, en rgle gnrale, la fin du v e acte; et au besoin sparer dans le cours d'un acte les scnes qui supposent un intervalle de temps, ou:
un changement de lieu. Ds 1561, rflexion de Grvin sur l'invraisemblance du
chur chantant.V. Mthode de dveloppement des sujets tragiques. Pas de mditation personnelle des donnes propres de chaque Application dur principe esthtique de l'imitation dans sujet. les deux procds principaux de dveloppement. (a) Ramener le sujet aux situations d'une tragdie antique,
qu'on imite.[Buchanan, Jepht = Iphignie.
De
la Taille, les Gabonites,
actes II et III
=
les
Troyennes
et Hctibe.]
utile
Procd qui mne rduire tout sujet des clichs, mais au dbut pour apprendre le mtier. (b) Etoffer les discours par l'imitation des plus beaux pasdes potes tragiques, piques, lyriques, de l'antiquit, et au besoin de l'Italie.[Garnier, Montchrticn, et tous les autres.]
sagesetc.,
lgiaques,
Exploitation de la Bible dans
les sujets
profanes et de
la
posie profane dans les sujets bibliques.
Les churs exploitent surtout les Odes d'Horace et Psaumes. Ces emprunts manifestent l'introduction de20
les
la
rhtorique; qui est style artistique, logique passionne, vulgari-
sation des ides gnrales.
Catgories principales de ces ides gnrales:(i)
thmes religieux
et philosophiques sur la vie et la des-
tine;(2)
description des caractres et passions des
hommes;
(3) reprsentation des grands hommes et des grands vnements du pass; bauche d'une philosophie de l'histoire; (4) lieux communs de morale. Importance donne au but thique de[Cf.
la tragdie.
Spingarn (602).]
(5)
Lieux
communsCsar.
politiques.la patrie et
[Amour de
de
la libert; tyrannicide:
Mort desont
Responsabilit des rois;
s'ils
sont inviolables;rigueur?
s'ils
au dessus des
lois: l'Ecossaise.:
Maximes de gouvernement clmence ouCsar, Porcie, les Juives, l'Ecossaise.
Mort de
Horreur des guerres
civiles: Porcie.}
Actualit de ces lieux
communs au
xvi e sicle.
[L'Aman de Montchrtienla
discute, au fond, la lgitimit de
Saint Barthlmy.]
Cependant tousontfait
ces lieux
communs
potiques et
morauxon a
avorter la tragdie.
Au
lieu
de crer de
la vie,
enfil
des "morceaux choisis."
VI.
Aul'art
total, cette tragdie
avorte a
fait faire
un grand
pas
dramatique en France.(le
L'ancien thtre
matriel scnique part) n'avait eu ni
tradition ni progrs: la tragdie introduit la discussion des
problmes techniques, la conception d'une forme rgulire, adapte une fin esthtique et morale, l'tude de mtier. Faut-il regretter l'abandon de l'ancien thtre, la rupture de la continuit? L'emprunt de la forme et des sujets antiques est command non seulement par l'esthtique, mais par lerationalisme de la Renaissance.L'identit de l'esprit franais s'affirme en faisant voluer
ds
le
premier jour
la tragdie,
comme
l'ancien thtre, vers
21
l'accident
pathtique
et
les
moralits
particulires,
aux
dpens du pur tragique.antiques traitsvolonts
Les sujets historiques, et les sujetstels,
comme
o tout parat humain, choc deet
humaines,
prparent
favorisent
l'introductionclassique.
de la psychologie, donc l'organisation
du thtre
22
HUITIME LEONLA QUESTION DES REPRSENTATIONS ET CELLE DE LA MISE EN SCNE[Reprsentations:substitution
G.
de
la
tragdie
(2772(2965).
Carrington Lancaster, (2940). Petit de Julleville, Les Comdiens en France au moyen ge (2775); la Comdie et les murs (2776). Mise en scne: G. Bapst, (2769) Rigal, (2772, 2773,
H.
et
2996).
Colbert
Lanson, Comment aux mystresSearles,
s'est
opre
la
(281 1)bis.)
(2872
Marsan,
Rigal,
2773S, 2996, 2997, 2898S)Haraszti, (2998).]
G. Lanson,
(2810 et 281
1).
elles t faites
Les tragdies de la Renaissance ont-elles t joues? Ontpour tre joues? Sont-elles jouables? Thse de Rigal (plus ou moins attnue depuis son premier:
crit)I.
Non.
Ces tragdies sont-elles jouables? La question n'a pas de sens. Tout est jouable. Elles taient jouables, si elles ont t joues:
Or
elles l'ont t.[Cf.
Faits connus.la
liste (devenue incomplte) des reprsentations de tragdies dans l'article de G. Lanson (281 1).]
mme qui n'ont pas t joues, ont souvent t par des auteurs qui voulaient les faire jouer. Tragdies joues ou non joues que leurs auteurs n'impriment pas, parce qu' leurs yeux, le jeu seul est essentiel.IL Cellescrites[Les tragdies de Jodelle, impr. 1574 seulement.
Adonis de Lebreton, impr. 1579 seulement. Sal de Jean de la Taille, crit ds 1563, et gard 10
ans.]
Garnier
mme
pense
la
reprsentation possible.
[Avis en tte de Bradamante.]
M ontch rtien
fait
jouer sa premire pice.
[Sophonisbe, 1596.]
Prologues au public, trs frquents, et qui,23
s'ils
ne prouvent
pas
la ralit
de
la reprsentation,
attestent
du moins qu'onlment essentiel
y pense.
La notion dedela
la scne,
de
la reprsentation,
notion du thtre antique, ds l'aube de la Renaissance.[Cf. la troisime leon.]
Duet
Bellay (Dfense,si
ii,
4)
ne conseille de faire des tragdies
comdies que
l'on est assur
d'un thtre poursi les
les repr-
senter.
"Quant aux comdiesles
et tragdies,
rois et rpubliques
en leur ancienne dignit qu'ont usurpe les farces et moralitez, je seroy bien d'opinion que tu t'y employasses ..." Ce qui exclut l'ide de traits faits pour la lecture duvoulaientrestituer
cabinet.
III.
Parmi
les pices
imprimes, on en a jou plusieurs qui
sont dclares par des critiques modernes faites seulement
pour
la lecture. [Le Marc Antoine de Garnier, 1594, dans un couvent. Les Juives, en 1600, par des bourgeois en Angoumois. L'Ecossaise, en 1603, Orlans, par des comdiens. Sans doute les Gabonites de J. de la Taille en 1601, Bthune, par des coliers.]
IV. Mais
il
y a un point o Rigal a raison:[Aprs1567,
les
reprsenta-
tions de tragdies cessent vite la cour et chez les princes.reprsentations de Chteauvieux devant Henri III (mais il a pu jouer les deux tragdies qu'on indique avant 1567, et, aprs 1567, des comdies
Charles
IX et
et pastorales seulement).
La Cloptre, Champigny (Touraine), en 1579.] Pourquoi? Raison donne par Brantme: la superstition de Catherine
de Mdicis.[t.
vii,
p.
346.
Cette
raisonles
allgue
aussi
en
Italie.
Cf.
Angelo Ingegneri, danst. iii,
uvres de Guarini, Vrone,
1737,
p. 484.]
Autres raisons:tirades ennuie.
les frais; et
peut-tre surtout, la tragdie
V. Par qui la tragdie est-elle joue?(a)
parfois par des princes, seigneurs et dames,[La Sophonisbe, Blois, 1556.]24
(b)
parfois par l'auteur et ses amis,[Jodclle,
Rcmy
Belleau,
La Pruse jouent
la Cloptre.)
(c)
le
plus
souvent par des coliers des Universits et[Cf.
enfants des coles.G. Lanson, Catalogue des reprsentations (281 1).]
(d)
Plus tard par des bourgeois,[Romoet
Juliette
Neufchatel, en 1581.]v
(e)
mme
par des confrries.donne la Bazoche de Paris de jouer une tragdie et une comdie dans la grande salle du Palais. 1596, le Saint Jacques jou Limoges par la confrrie du[1582, autorisationsaint.
Vers 1600, confrrie jouant
les
Juives en Angoumois.]
Ne pas arguer de la qualit des acteurs pour nier que ce soient de vraies reprsentations, et un vrai thtre. L'ancien thtre n'a pas connu d'autres acteurs. Importance particulire du thtre scolaire au xvii sicle: Il a jou le rle d'un c'est lui qui a acclimat l'art nouveau.Thtre Libre.[Cf. Gofflot (2820).]
(/)
Enfin
les
comdiens
se
sont empars
du
rpertoire
nouveau.cour [Ds 1556, 1561, 1567, Amiens Chteauvieux, la Des joueurs de tragdies Saint Maixent en 1580. Aprs 1590, les troupes nomades de Valleran et de Chautron.]
Pas de ligne de dmarcation nette entrecomdiens.["
les coliers et les
Ecoliers joueurs de tragdies," arrivant Saint
Maixent
en
juillet 1581, et s'en allant ensuite ailleurs (281 1).]
VI.
La mise en scne des Tragdies.[Cf.
sur les besoins
du public
et la direction
de l'ima-
gination des auteurs, Brander Matthews, Shakspere as aPlaywright, ch.ii.]
Thses contradictoires de Rigal et de Bapst. Chacun d'eux a raison en partie; l'erreur est d'avoir un systme absolu etexclusif.
25
tradition entre
Rigal a raison sans doute de maintenir la continuit d'une le dcor simultan des mystres et le dcor simul-
tan de l'Htel de Bourgogne.triel
Mais probablementla
ce
ma-
appartenait aux Confrres de
Passion, eux seuls.la
Les premiers auteurs de tragdies eurent en vueantique, l'agencement de la tragdie antique.[Cf. le
scne
Prologue de l'Eugne de Jodelle.]
Les ralisations furent trs ingales. Dans les reprsentations de cour, somptuosit qu'exactitude de la mise en scne. Sans doute dcor de Vitruve ou de Serlio. Habits riches. Partie musicale (churs et intermdes) soigne.[Cf.les
plutt
Thtreset
de Gaillon,
d'Aubais
Louis
de N. Filleul. Mnard, Pices fugitives
Marquis(pourle
thtre de Bayonne, 1565).
J.le
Madeleine,
la Province, le
Havre, sept.-nov. 1901 (pour1564)-]
thtre de Fontainebleau,
coliers et des comdiens. durent souvent se contenter des costumes, de la musique (plus ou moins), de quelques accessoires et praticables, et jouer sur une estrade sans dcorations, gnralement entoure de rideaux de trois cts, parfois sans rideaux.Ils[Cf. les
Moindres ressources des
estampes reproduites par Bapst (2769).]
La
tragdie se coulait
comme
elle
pouvait dans
le
cadre qui
lui tait offert: elle se
prtait l'inexactitude de la mise en
scne, faisant porter l'intrt sur les sentiments des mes,
non sur
les
circonstances extrieures des actions.l'ide
Ne
pas exclure absolumentle
d'une tragdie
faite
au
dbut pour
dcor simultan.[Les David de Desmasures.]
Mais
c'est
et lorsque cela devient plus
d'abord une survivance accidentelle et trs rare, commun, c'est une autre poque
de notre thtre qui commence.
VIL Composition des reprsentations Tragdie et comdie (ou pastorale).
(cf.
281
1).
Lucrce
[Cloptre et
Eugne;
la
Mort de Csar
et
les
Esbahis
et les Ombres, pastorale, Gaillon.]
26
.
Tragdie (ou comdie ou pastorale), et farce.[Mde, Parthenay, 1572; Hippolyte, Saint Maixent1576.]
Tragdie, comdie, et farce.[A Saint Maixent, 1578.]
Sur l'habitude deJ.
finir
par
la farce, divers
tmoignages.
[H. de Barran, Y Homme justifi par la foi,
Au
lecteur, 1554.
Bodin, Politique, 1580,
1.
vi, p. 591.]
Onsicle.
retrouvera
cette
composition
du spectacle aumystre.
xvii e
Mais dj au xv e
sicle la farce suivait le
APPENDICEVoici une liste assez complte (sinon absolument complte) des tragdies rgulires (c.a.d. construites sur le type dcrit dans les leons 5 et 6) de Jodelle on tch r tien.
M
Reprsentation.
Impression.Jodelle, Cloptre captive.,
1552 ou
Didon.
La
Pruse, Mde.
Toustain, Agamemnon.
Mellin de Saint-Gelais, Sophonisbe. Jacques Grvin, la Mort de Csar.
Andr de Rivaudeau, Aman. G. Bounyn, la Soltane. Fr. Le Duchat, Agamemnon.Cl. Roillet, Philanire.
N.L.
Filleul, Achille.,
Lucrce.
Desmasures, Tragdies Saintes {David combattant fugitif
triomphant)
Florent Chrtien, Jephtc.
R. Garnier, Porcie. C. J. de Guersens, Panthe. Jean de la Taille, Sal le furieux(crit
ds 1563).
157327
,
Les Gabonites.
x 573 1573
Jacques de,
la Taille,
Alexandre.
Daire.
1573
R. Garnier, Hippolyte.,
1574 l 57&
Comlie.
~~~-
1
579 1580J
Marc Antoine. La Troade.Antigone.les Juives.
,
(crit
en 1583?)
-,
(ditions
collectives
1580,
1582,
I585)-
1575
Fr. de Chantelouve,
La
Tragdie
de feu Gaspard de Coligny.
1576entre 1574 et
,
Pharaon.
1578
1579 15801582 1582
1583
1585
G. Le Breton, Adonis. Adr. d'Amboise, Holopheme. G. de la Grange, Didon. P. de Boussy, Mlagre. Pierre Mathieu, Esther.Cl.J.
1584 1585 1589
Mermet, Sophonisbe. Dumonin, Orbec-Oronte.,
Pierre Mathieu, Vastht.
15891589
Aman.Clytemnestre.la Guisiade.et
,
,
A. Favre, Les Gordians
Maxi-
mi ns.Fr. Perrin,
Sichem ravisseur.
1589
Roland, ,
Brisset, Thyesle.
Baptiste.
Hercule furieux.
,
Agamemnon.Octavie.
,
(crit
en 1592)
1845
15941595vers 1595(?)
Luc Percheron, Pyrrhe. N. de Montreux, Lad'Isabelle.,
Tragdie
Cloptre.
594 1596J
J-
Godard, La Franc iade.28
Montchrtien, Sophonisbe.
.
1598
J.
Heudon, Pyrrhe.
!599 1599
G. Regnault, Octavie. Aymard de Veins, Clorinde.,
La
Sophronie.
16001601 1601
M
J Margarit Pageau, Monime. N. de Montreux, Sophonisbe. on tch rtien, Tragdies: La Carthaginoise David {Sophonisbe)
Aman
Y Ecossaise
les
Lacnes.
1602
1604
Nicolas Romain, Manris. Montchrtien, Hector (runitragdies prcdentes)
aux
Pourlires,
la dernire priode,
aux approches de 1600, on peutla rgularit.
hsiter sur le caractre de certaines pices, qui sont irrgu-
mais avec quelque souci encore de
29
NEUVIME LEONLA VULGARISATION DE LA TRAGDIE ET L'APPARITION D'UNE TRAGDIE IRRGULIRE LA FIN DU XVI SICLEe
I.
Disparition de l'influence de la cour et de Paris pendantsicle (vers1
un demi(a)
570-1 620).l'arrtle
Plus de reprsentations la cour.
(b) A Paris le thtre sacr est gn par ment, de 1548, et le thtre nouveau par Confrres de la Passion. II.
du
Parle-
privilge des
Le dveloppement
se fait
en province.la fin
L'ancien thtre y est vivant jusqu' reur de le faire finir en 1548.)[G.
du
sicle.
(Er-
Lanson
(281 1); Petit de Julleville (333, 2775 et 2776).]
Au
dbut, sparation des deux formes d'art,la tragdie est offerte
des deux
publics.
Mais de bonne heure
au peuple, et de
plus en plus frquemment.pices appartenant auet moralits.]
[De 1580 1600 autant ou plus de reprsentations de nouveau thtre, que de mystres
Raisons(a)
:
Obstacles croissants mis par
les
magistrats et
le
clerg
la reprsentation
des sujets sacrs.
[Interdiction d'une tragdie sainte, Tournai, 1595.]
Le rpertoire profane de l'ancien thtre est peu abondant en pices srieuses et pathtiques. (b) Facilit que le nouveau thtre donne aux comdiens, par le petit nombre des rles dans les tragdies. (c) Prestige du thtre l'antique et de l'art italien. Aussi voit-on de bonne heure les coliers et les comdiens porter la tragdie devant le peuple.[1555,
Bthune; 1556, 1561, 1567, Amiens.]
3
de
Sans doute plusieurs de ces tragdies n'ont-elles que tragdie, parfois les 5 actes ou la coupe grecque.[Pice perdue:
le
nom
La
tragdie (?)
ou
l'histoire
d'Abel tu par
Can, Parthenay, 1572.
Pices conserves: Henri de Barran,
Lalit
tragique comdie de l'homme justifi par foi, 1554 (morathologique); Jean Bretog, Tragdie huit personnages,
1581
(moralit
sanglante);
Thomas Lecoq,
Can,
1580;
Pierre Heyns, Mose, 1580, Holophemc, 1585.]
Mais dans cette premire priode domine soumettre les sujets sacrs l'art nouveau.[Cf.les
l'effort
pour
tragdies
bibliques
Jean de la Taille, Garnier, d'A. de la Croix, 1561.]
Et
de Desmasures, Rivaudeau, la tragi-comdie de Daniel,
Au
contraire,
aprs
1580,
le
devient plus frquent, et ce sont
mlange de deux courants le got et les habitudes
de l'ancien thtre franais qui s'imposent la tragdie et la dforment. (a) Sans doute les comdiens qui colportent les deux rpertoires tendent les confondre. (b) Surtout le public n'accepte la tragdie de la Renaissance qu' condition qu'elle lui donne du plaisir, le plaisir auquel ilest habitu.
DeIII.
l
une priode de dcomposition de
la tragdie rgulire
qui n'a pas t suffisamment distingue ni tudie.
Caractres de
la
tragdie irrgulire qui se
multiplie
entre 1580 et 161 5, et laquelle correspond la Potique de
Laudun(a)
d'Aygaliers, 1598 (1892). Multiplication des sujets sacrs: sujets chrtiens main-
tenant, et non plus seulement bibliques.Vies de saints, en rapport quelquefois avec les traditions
de
la pit locale.
[Une Passion, 1594 (ou 1592)1603.
Une Sainte de facture, imprimes chez Abraham Cousturier. Un Saint Cf. Bibliothque Vincent une Sainte Catherine,UnSaint Clouaud, 1599.Clotilde, 1613.
Unet
Deux Jeanne d'Arc, 1580, Saint Sbastien, et un Saint Jacques, 1596.
Agns, 1615.
Une De 1614 a 1620, diversest.i
pices, trs grossires
161 8, etc.
du Thtre franais,(b)
(65).]
Introduction des sujets romanesques.31
Tragdies tires de l'Arioste[N. de
Montreux, Ch. Bauter.]
et
du Tasse[Aymard deVeins.]
Tragdies tires des nouvelles et des contes[Dumonin, du Souhait.]et des
romans ou
rcits
romanesques de toute provenance.
[J. du Hamel; Pirard Poulet; Le Saulx d'Espannoy; Etienne Bellone; N. Chrestien, sieur des Croix. J. de
Schelandre, Tyr et Sidon; la Tragdie mahumetiste, 1612; Axiane, 1613; le More cruel envers son seigneur, 1613, etc.]
On
prend Plutarque des sujets pathtiques sans caractre[Jean de Hays, Cammate, 1598.
historique.Margarit Pageau, Bisathie, 1600.]
La vogue du roman influe sur la tragdie, et la pousse dvelopper les lments de surprise, d'horreur et de piti aux dpens de l'intrt historique et moral. (c) La loi des cinq actes est brise parfois. (Le systme des journes ne prendra faveur qu'aprs Hardy).[7
actes dans
Cammate; 4 dans YHercules de Mainfray,
1616.]
(d)
Les churs disparaissent peu peu.[Tragdies
sanset
churs:Flore,les
Pyrrhe,
de
Luc1600;
Percheron,Ulysse,
1592; Dalcmon
d'Et. Bellone,
de
Champrepus, 1603;Henrile
tragdies de Mainfray, 1616-1621.et
Tragdies avec churs: Tyr
Sidon,
1608; Alboin et
Grand de
Billard de Courgenay, 1610.]
Retour aux churs vers 1630.supprimaient avant 1615-1620.
Mais
les
comdiens
les
[Tmoignages de Trotterel, Sainte Agns, 161 5; Boissin de Gallardon, Tragdies et Histoires saintes, 1618; Hardy,t.i,
1624.]
(e)
Rejet,
au
nom du
vraisemblable,
des
utilits
de
la
tragdie de Garnier: Dieux, personnages allgoriques, ombres:[Transaction admise par Laudun, Potique, 1598.]
Acceptation des visions et des songes.32
Mais on ne doute pas du merveilleux chrtien;multiplie.[Bardon,St.
et
il
se
Anges, diables, miracles; morts ressuscites.Sainte Agns.
La Perfidie d'Aman,le sujet.
Jacques;
Laudun, Diocltian;1622, etc.]
Trotterel,
(/)
On met en
action tout
dans Rgulus de Beaubreuil, Horace, de Laudun, 1596.][Batailles
1582,
et
dans
Analyses de Charit, de Pirard Poulet (sujet pars)
;
de
Cammate(g)
(sujet pars), et des Portugais infortuns (spectacle
bizarre et horrible).
On abandonne
tout fait
les units.
Celle de jour;[Cf. Beaubreuil, avant propos de Rgulus; Priam, 1605; Laudun, Potique, 1598.]
Bertrand,
celle
de
lieu;[Bertrand, Priant;
Champrepus,
Ulysse;
J.
Cammate;Agns,etc.]
Margarit Pageau, Bisathie;
Trotterel,
de Hays, Sainte
Quoique
beaucoup
de
pices
semblent
exiger
le
dcorlui,
simultan, ne pas conclure qu'elles aient t faites pourni qu'il ait t
communment employ.[Beaubreuil, Rgulus, 1582;
Indices
du
contraire:
La Pujade,
Joseph, 1604.]
celle
mme
d'action.
La
tragdie,
pour certains, devient une[Cf.
histoire, et
a pour
sujet "tout le cours d'une vie" (Nancel, Thtre sacr, 1607.)
Laudun, Potique,
1598.]
pratique ne se gnralise pas; on s'en tient, d'ordiune action d'une dure plus ou moins vaste, riche en incidents mouvants et imprvus. (h) L'unit de ton disparat aussi. Mlange de scnes triviales et comiques comme dans les mystres. N. de Montreux, cause d cela, n'ose pas appeler
Mais
la
naire,
son Joseph tragdie.[Cf.
l'intermde
de
laJ
Perfide
d'Aman;
les
Portugais
infortuns; Sainte Agns.
Spcimen du type o aboutitrgulire:
la
dformation de
la tragdie
33
La
Sainte Agns de Trotterel, qui tient, par l'invention et
la structure,
d'un mystre, par
les tirades et le
got de
la
rhtorique, de la tragdie de Garnier, et qui, par la convenanceet la fermet de certains
morceaux, annonce Polyeucte.
Hardy
ragit la fois contre la tragdie de pure rhtoriquela
des disciples de Garnier et contre
tragdie irrgulire et
romanesque dont on vient de
parler.
34
DIXIEME LEONLES TRAGDIES DE[Rigal, AlexandreI.
HARDYLanson(2811).]
Hardy
(2996); G.
Vrit de l'opinion de Rigal:
Hardy
n'est pas
un barbare
qui a fait dborder sur la scne l'irrgularit la plus grossire. Il a un art, le respect des anciens, le culte de Ronsard.[Cf. ses
Avis au Lecteur.]
Il croit continuer Garnier, et veut ramener la tragdie une forme plus pure. Il se rclame de la tradition de la Renaissance. Je vais plus loin que Rigal dans ce sens.
II. Ce qu'on sait de sa vie explique son rle. Peu de dates et de faits certains (bien distinguer dans
ses
biographies ce qui n'est qu'induction et conjecture).
Dbuts de Hardy, sans doute entre 1593 et 1598. Pote aux gages des comdiens; a peut-tre couru la province, on ne sait avec quelle troupe; fournit de pices la troupe de Valleran Lecomte installe l'Htel de Bourgogne (1599; 1600-1602 ou 1603; 1607-1622; dfinitivement en1628).
Sa fcondit. Plus de 600 pices en 1628. Il meurt vers 1631-1632, en ayant compos 800 ou plus (Scudry, Marolles). Sans doute beaucoup de ces pices ne sont que des ravaudages.ne reste de tout cela que Thagne et Charicle en huit (1623), et cinq volumes contenant 33 pices, publis de 1624 1628; en plus les titres de 13 pices[Il
journes
perdues.]
Nature et habitudes du public Composition du spectacle. Ce public qu'il fallait contenter, a fait de Hardy un homme de thtre; le premier en France, il a compris qu'il n'y avait pas l seulement un genre littraire, mais un art spcial.Ncessit de cette fcondit.et grossier.
bruyant
III.
Comment Hardy
a concili ses ides personnelles avec 35
Nette distinction des trois espces du exigences du public. pome dramatique, tragdie, tragi-comdie, pastorale.les
Organisation de la tragdie.
[Date des tragdies de Hardy.
Rien de certain.
Aucun
indice qu'elles soient antrieures 1600, et faites en province.
Onou
peut admettre que
la
plupart sont antrieures 1620,
churs lyriques sont les pour le dcor simultan (ce qui n'est pas sr pour toutes, notamment pour Didon), elles ne peuvent gure tre antrieures 1600; et un certain nombre doivent se placer aprs 1607]. En gnral, Hardy maintient fermement les principes de Raction contre la potique l'art tragique de la Renaissance.1615;les
mme
tragdies avec
plus anciennes.
Si elles sont faites
de Laudun et les pices qui en sont l'expression. (a) Sur 12 tragdies, 11 sujets antiques, dont cinqPlutarque.(b)
tirs
de
Tous
sujets pitoyables.
Quelques-uns ajoutent les tableaux historiques au spectacle pathtique. (Mort de Daire; Mort d'Alexandre; Coriolan. Timocle est btie sur le patron de Cornlie et de Porcie.) Le plus grand nombre sont simplement des cas extraordinaires de misre humaine (Panthe, Didon), mais surtout defureuret
de
vengeance
(Mariamne,
Mlagre,
Scdase).
Hardy va jusqu' l'accumulation des(c)
pires horreurs (Alcmon).
Style potique; rhtorique.
C'est la partie faible de
Hardy; mais il y tient. (d) Technique et procds de la tragdie de la Renaissance. Cinq actes; alexandrins. Messagers. Ombres (usage frquentpour ouvrir le thtre). Agrandissement du sujet l'aide de lieux communs moraux ou philosophiques qui l'lvent au dessus de l'intrt anecdotique (Scdase).
Prolongement delamentationPanthe?)
la pice
tragique.
au del du dnouement, par la {Mort d'Achille; Didon; Coriolan;Alexandre boitle
Structure de
La Mort
d? Alexandre:
poison
dans
l'entr'acte qui prcde le 4 e acte:
deux actes d'agonie
pathtique.
36
IV.(a)
En restaurant la tragdie, Hardy la transforme. Concessions au got du public et conformit partiellela dernire leon.
au mouvement tudi dans
Rduction, puis suppression des churs. [Il y en a dans Didon et Timocle. Pas de churs dans Mariamne, Panthe,Alcmon.}le
Indiffrence aux units de lieu et de temps. dcor multiple de l'Htel de Bourgogne.[Discussion
Hardy
utilise
Analogie avec sur l'origine de ce dcor. dcor des Mystres, prouve par Rigal: la drivation avec beaucoup de vraisemblance. Mais conjecturele
ncessit d'admettre une influence de la Renaissance, de
Preuve comparaison du dcor de la Passion de Valenciennes (Cf. Petit de Julleville, (333), t. ii, p. 476-417), des dcors tragique, satyrique, et comique de Serlio (cf. l'en-tte de ce volume) et des croquis de Laurent Mahelot (cf. Petit de Julleville, t. iv, p. 220-221 et 354-355; et Marsan, (2965) Remarquer la mise en perspective. Le dcor de la fin). l'Htel de Bourgogne, vers 1630, rvle la fusion de lal'architecture scnique italienne issue de Vitruve.la
par
tradition indigne et de l'art de la Renaissance.]
scne tout ce qu'il peut du sujet (bcher de Didon; meurtre d'Achille); il le dduit de bout en bout (MIl
met sur
la
lagre; Coriolan).il essaie de conserver l'unit classique d'acprend parfois une matire plus tendue que Jodelle, tion. Il (Mort de Daire.) Mais jamais une Garnier, et leur cole. histoire, ni une vie.
(b)
Cependant
Le plus souvent, unScdase):
seul fait tragique (Didon,
Mariamne,
conception des humanistes. Mais on aperoit. aussi de quel ct Hardy cherche le moyen de satisfaire aux exigences de son public sans abandonner l'unitrapport troitla
d'action.
du
Pas d'intrigue encore; mais nette distinction des moments sujet (Scdase, Coriolan). D'o progression, mouvement,l'action:sujet.
intrt.
Les discours plus troitement subordonns ploitation plus prcise des donnes propres
Ex-
du
D'o,
malgr
le
mauvais
style de
Hardy, moins de bavardage.la
Ce
qui se dit en scne fait avancer
pice vers sa
fin.
Ainsi
37
Hardylui
reconstitue et renouvelle la tragdie pathtique.le
Il
donne
moyen de
vivre.
V. Mais, en mme temps, il la condamne disparatre en dgageant les principes d'un autre art; dpourvu de mysticisme, et mdiocrement lyrique, il ne peut gure atteindre au Il le remplace; dans les cas de fureur tragique des Grecs. et de vengeance, il dcouvre le tragique des volonts en conflit, l'intrt dramatique de la psychologie, il s'aperoit que l'motion s'accrot et que l'action s'anime quand les victimes luttent, et quand les sentiments sont combattus pard'autres sentiments.[Analyse de Didon, de Mariamne.]
Le
ressort de la tragdie classique est trouv.le
Parfois
protagoniste,le
le
hros, n'est plus le personnage
perscute. Au moins Mariamne. Question: si Hardy a lu Montaigne? Du moins, a-t-il lu d'Urf? UAstre orientait ses lecteurs vers l'tude du cur humain. C'est, d'ailleurs, la direction gnrale de la littrature
qui souffre, maisa-t-il
personnage qui
y
quilibre dans
l'poque de Henri IV.
Caractre sommaire, fruste et juste, sans souci de dignit
convenue, de la psychologie de Hardy. Enfin certains morceaux de rhtorique historique ou lyrique prennent dans Hardy une signification psychologique, et par (Le monologue initial de suite une valeur dramatique. Scdase sur la dcadence de Lacdmone).saire.
Entre Jodelle et Corneille, Hardy est l'intermdiaire ncesMais aprs lui, Corneille peut venir.-
3S
ONZIME LEONLIMINATION DE LA TRAGDIE PAR LA TRAGI-COMDIE ET LA PASTORALE(Entre 1620-1628)
Hardy
restaure la tragdie, mais
il
compose surtout des
tragi-comdies, sans doute pour plaire son public; et aussi
des pastorales.I.
Origines de la tragi-comdie.[H. Carrington Lancaster, 2940.]
Elle vient d'Italie.[Fr.
Prf.le
Ogier, Prf. de Tyr et Sidon, 1628. Mareschal, de la Gnreuse Allemande, 1631 (achev d'imprimer: 18 novembre, 1630).]le
Hsitation, d'abord, surapplications premires:
sens
du mot, dont
voici les trois
[Plaute, Prologue
d'Amphitryon (dieux et
rois
dans une
action comique).Verardi, Ferdinandus Servatus (action tragique dnoue-
ment heureux). La Clestine, que
diverses ditions et traductions appellent
tragi-comdie (action
comique ensanglante).]la rgle
Giraldi, sous la pressionle
de
qui impose la tragdie
dnouement
funeste, dtermine la dfinition de la tragi-
comdie: c'est une tragdie qui finit bien.[Prfaces d'Arrenopia et (1545) d'AUile.)
Introduction en France du nom,[Serlio, 2e
livre
de Perspective, traduit par Jean Martin.]
puis de la chose.[A.
de
lafin
Croix, Tragi-comdie de Daniel,
1561
(sujet
biblique,
heureuse).
Genivre,
pice
perdue, joue fin
Fontainebleau,2959)-]
1564
(sujet
romanesque,
heureuse,
39
Essai curieux d'une tragi-comdie qui et t une forme
de
la
comdie
( la[L.
manire de
la Clestine).
1576 (situation pathtique au IV e acte dans une action comique; l'amant reconnu pour prince; prose, forme prfre de la comdie italienne).]Jars, Lucelle,
Le
1580. Le genre est dfinitivement organis par mante de Garnier:(a)(b)(c)
la
Brada-
la finle
heureuse,
sujet
romanesque
et l'intrt
d'amour,
la priptie,le
(d)
ressort psychologique.
Ebauche d'un drame anim,inhumaine, attachant.le
pathtique,
sans
horreur
Mais les tragi-comdies demeurent rares au xvi e sicle: dveloppement de ce genre a t entrav par la tragdiedont on a parl plus hautla voiee
irrgulireII.
(9
leon).
Hardy reprenda conserv dequ'il
indique par Bradamante.
On
lui
22 tragi-comdies: trois pices mytholoaussi tragdies,
giques qu'il(Aristocle)fin
dnomme
une pice romanesque
appelle galement tragdie, cause de la
et Charicle (roman dont cinq sont tires de romans et nouvelles espagnoles, aucune des comedias. C'est Hardy qui montre aux Franais s'approvisionner de sujets en Espagne. Caractres de la tragi-comdie de Hardy. Le dnouement heureux le sujet romanesque l'intrt non historique ni. public les vnements extraordinaires sans atrocit les
sanglante, huit pices sur Thagne
grec), et dix pices
passions
communes. Hardy montre surtout des aventures d'amour, mais pas[Deux pices fondes surGsippe.]l'amiti:
toujours.Arsacome;Titeet
Mais
il
s'agit surtout
de montrer une succession d'aventuresle
singulires et surprenantes.
Cependant Hardy maintienttragi-comdie, parle
caractre littraire de laqu'ilsoit).
style
(si
mauvais crivain
Tirades; monologues; comparaisons; mtaphores.
Dclama-
40
tions pathtiques; plaintes
abondantes des personnages.
Il
n'oublie pas que la tragi-comdie est une espce de la tragdie.
Pas ou peu d'lments comiques.
Hardy
n'intrigue pas.le
Il
suit le
fil
de
l'histoire,
montrant
ce qu'il peut, mettant
reste en rcit (d'ordinaire brivement).
Irrgularit de la structure:
pour
le
temps,[Plus d'un an dans Phraark; huit ans dans la Force
du
sang]
et
pour
le lieu.
[Athnes et Rome dans Tite et Gsippe; l'Espagne et l'Allemagne dans Flismne; l'Egypte et l'Allemagne dansElmire.]
Cependantgonde).
il
rgle et limite la dispersion
du
sujet.
Habilet prendre son point de dpart (Flismne; Fr-
La pice finit nettement avec le dnouement. Plus de prolongement pathtique. Comme dans la tragdie, annonce d'un nouveau type de pome dramatique. Souci de prparer la priptie: (a) en indiquant l'avance les donnes qui serviront (BelleEgyptienne,(b)
II, 3;
Frgonde, III, 3);
en enchanant logiquement les aventures (Flismne, IV et V. Comparez la source, la Diana enamorada de Monte-
mayor)(c)
;
en employantexpliquentI).
le
ressort psychologique (Flismne).
Hardy notequiacte
les tats
de sentiment et
les traits
de caractreet
l'action
extraordinaire.
(Tite
Gsippe,
Une
fois
il
a
fait
un drame dont tout
l'intrt est
dans
les
sentiments: Frgonde.
clairement
dlicat pour lui; il en a pourtant accus double intrt: le scrupule d'honneur du marquis, la tendresse vertueuse de Frgonde. Difficile de dire, dans les changements introduits par Hardy, la part de l'instinct, la part des suggestions fournies accidentellement par les sujets, et la part de la rflexion. (L'incerti-
C'tait
un sujet trople
4
1
tude de la chronologie des pices ne permet pas d'observer une volution de son art.)III.
Hardy
a-t-il
faitIl
des comdies?
On
a un
titre:
la
folie de Turlupin.
est probable
que
la farce,
V Htel de
Bourgogne, rendait la comdie inutile. aussi, en partie, par la pastorale.Origines de la pastorale.[Marsan (2965); G. Lanson
Hardy
l'a
remplace
(2968).]
Le
dcor satyrique dcrit par Vitruve a t repris par les
architectes et dcorateurs de scne de la Renaissance italienne.
Vogue, dans l'art italien, du motif des satyres et nymphes. On hsite longtemps sur le genre de pice qui s'adaptera ce dcor. D'abord onfait
des pices mythologiques.Orphe;
[Politien,
Niccol da
Correggio,
Cefale,
1487;
Giraldi, Egl, avec des satyres (1545); etc.]
La dtermination du genre de la pastorale dramatique est faite par VAminte du Tasse (jou Ferrare, en 1582). Got de la Renaissance pour la posie pastorale. Influence de Virgile et de Thocrite. Sentiment de la nature. Rved'un ge d'or.Idal de vie naturelle et instinctive.
Accord
de l'innocence champtre et de l'idalisme platonicien.
L'A rcadie de Sannazar, 1504, donne le modle de la posie champtre moderne. De l sort VAminte du Tasse qui attribue la pastorale dramatique un domaine distinct entre la tragdie et la comdie:toute la posie des sentiments tendres et des peines d'amour, dans la beaut irrelle d'une Arcadie de rve. Nudit de l'action pastorale: les sentiments sont tout. Fonction et sens du satyre, symbole de l'amour brutal.Guarini, Pastor Fido (jou Turin,1587) transformele
genre etIl
le facilite:
tragicomedia pastorale.(oracles, lois d'Arcadie)
introduit une multiplicit d'vnements, d'obstacles, de
pripties,
de ressorts
EnIl
1607, viendra la Filli di Sciro, de
une intrigue. Guido Bonarelli dlia;
Rovere.
Mmela
altration
du
genre.
s'tait altr dj
mayor,
en Espagne dans'le roman de MonteDiana enamorada; succs europen, influence euro42
.
penne.novela,la
Le roman d'aventures,localitla
le
roman chevaleresque,fictions
la
relle
se
mlent aux
pastorales.
Emploi de
magie.
La chane des amants
qui aiment sans
tre aims: occasion de
plaintes lgiaques, et plus tard, en
France, au thtre, de conflits dramatiques.
En France, la premire pastorale dramatique est la pice de N. Filleul, les Ombres ( Gaillon, 29 septembre, 1566): lments antiques, avec une influence italienne surtoutscnique.
Pntration de la Diane,1584; et du Pastor Fido, dveloppe pas avant 1600.tr.
tr.
en 1578; de Y A min te, tr. en en 1595. Mais le genre ne seh'Astre situe les
Influence de YAstre partir de 1607.
bergers en France, et mle aux lments propres de la pastoralele
roman chevaleresque, hroqueincognitos,
et
historique,la
et
les
imla
broglios,
travestissements de
comdie;
posie lgiaque, l'tude psychologique.[On en tirera au moins autant de tragi-comdies que depastorales.]
IV. Hardy peu ou point influenc par YAstre. ou ragit contre son influence.[IlIl
Il
l'ignore
a
d commencer Corinne,
crire des pastorales
avant 1607.(?)
a publi cinq pastorales: Alce, de sa jeunesse (avant
1614?);
en 1624.Il
1614 au plus tard; Alphe, nouvelle Pas d'indication pour les deux autres.]
la distinction des genres, de sparer de la tragi-comdie. Pas de chevalerie, ni d'hisTout se passe en Arcadie. toire, ni de personnages royaux. Ressorts: les lois d 'Arcadie, les oracles, Pan, Cupidon; la magie; les satyres. Il profite peu ou mal des occasions de posie et de psychologie du sujet pastoral: Cupidon employ changer les curs
a tch de conserver
la pastorale
(Corinne; Y Amour Victorieux)
Nudit d'action dans Corinne. Mais complication d' Alphe (chane de sept amants, trois mtamorphoses, trois mariages). Dans Y Alce la pastorale tourne la comdie. (Mais Alceest peut-tre la plus ancienne).
43
En
gnral, et
un peu partout dansil
ses pastorales,
Hardy
vise au ton lger, au dialogue vif;les altercations
rencontre parfois, dans
ment du
vers comique.
des bergers et bergres, l'accent et le mouveLa pastorale devient parfois chez lui
une comdie d'amour sentimentale et piquante. Mais l'lment proprement comique (burlesque, risible) est dans le rle des satyres, toujours berns et rosss. V. A la fin de la vie de Hardy, vers 1628, les deux genres nouveaux, tragi-comdie et pastorale, avec la farce qui est franaise et italienne, ont peu prs limin les deux genres antiques de la tragdie et de la comdie.[Manuscrit de Laurent Mahelot, vers1
633-1 634: dco-
rations de 71 pices, sur lesquelles deux tragdies seulement.
(Aucune comdie
n'est antrieure 1628).]
Indice du changement de got: les deux formes de la pice de Jean de Schelandre, Tyr et Sidon, tragdie, 1608; Tyr et Sidon, tragi-comdie, 1628.
44
.
DOUZIEME LEONDE HARDY AU CID(1628-1636)
LE RETOUR DE LA TRAGDIEI.
Hardy
seul,
ou peu
prs, soutient l'Htel
de Bourgogne
jusqu'en 1628.[Presque pas de tragdies qu'on sache ou qu'on puisse supposer avoir t joues l'Htel de Bourgogne avant le Pyrame de Thophile. Un prologue pour une tragdie de Phalante (vers 1610). Doutes sur la Perfidie d'Amant1622; la Madonte de la Charnaye, 1623; imprim chez P. Mansan, 1623.]le
Thtre franais
Hardy aIl
fait
de
lale
troupe de Valleran
la
I
e
troupe de France
a attir vers
thtre les potes raffins, protgs des
grands seigneurs. Thophile de Viau, et son Pyrame et Thisb, crit et jou sans doute entre 1621-1623, impr. 1623.[Cf.
K. Schirmacher (3610).]
Pour la structure, c'est la tragdie de Hardy, avec moins de souci de la distinction des genres. Pyrame mle la pastorale, la tragi-comdie, et la tragdie. Thophile est tout fait libr des anciens. Sujet pathtique, exposant la destine funeste de deux amants. Mais, avec la fatalit, concourent des volonts humaines, hostiles. uvre de style: lyrisme prcieux. Mais tendresse passionne. Naturel relatif, ton humain et couleur actuelle du dialogue: influence de la vie contemporaine.
La
personnalit
du pote anime
les
personnages.
La
pice
exprime son point de vue sur
la vie.
Tout
cela est plein d'avenir.
Effet de
Pyrame
la scne.t.
[Cf. frres Parfaict, (no. 63)
iv, p. 271.]
Mais Pyrame demeure sans5
influence.
45
Les potes dlicats vont alors la mode.[Racan,Mairet,Artheniceentre 1623-1625).
la pastorale.
C'est
le
genre(jou
Cf.
ou les Bergeries, impr. Arnould (3443).Cf.
1625
Silvie, 1626.
Marsan
(4769).]
II. Importance des annes 1628-1630. 1628: Cinquime et dernier volume de Hardy. 1 628-1 630: Dbuts de Rotr^ Corneille, Scudry, du Ryer; suivis en peu d'annes par Benserade, Pichou, Boisrobert,
Mareschal, Tristan, etc. Vers 1 625-1 630, les gens de qualit viennent au thtre; bientt les femmes honntes. Deux publics: parfois en con-
mais runis souvent par un esprit commun. On commence mettre les noms des auteurs sur les affiches. 1629: Une seconde troupe (celle de Lenoir et Mondory) s'tablit Paris: installe au Marais en 1635. 1629: Mairet rapporte d'Italie les units. De 1628 1640, la tragdie et la comdie, limines par laflit,
tragi-comdie etIII.
la pastorale, reparaissent.
La
pastorale disparat la premire (aprs 1632).
Insuccs de Silvanire l'Htel de Bourgogne (1629). Lassitude du public: le Berger extravagant de Charles Sorel
(1627-1628).
Le roman hroque succde au roman
pastoral.
[Le Polexandre de Gomberville, 1619 et 1637.]
La pastorale, charge (par Mairet notamment) d'lments de tragi-comdie et de comdie, se laisse absorber aisment par ces genres. Elle laisse sa trace dans la tragdie (l'amour galant).IV. Epanouissement de la tragi-comdie, de 1628 1640.Elle est la "perfection"
du pome dramatique.
[Mareschal, Prface de la Gnreuse Allemande, 1631.]
Genre prfr des potes, sauf Corneille et Tristan. Cependant la comdie rentre aprs 1628: elle s'appropriemais aussi depastorale.la tragi-comdie (la
les
sujets de la comdie latine, de la farce italienne et franaise,
comedia espagnole) et de
la
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Elle est favorise par le got de la satire morale.chal,
(Mares-
Desmarets de Saint
Sorlin.)
V.
La
tragdie rentre aprs 1634.
(Le Clitandre de Corneille et les Aventures de Policandre et Basolie du sieur du Vieuget, 1632, marquent-ils un essai detragi-comdie sanglante?)[Ed. Volmller (4768).]
La Sophonisbe de Mairet (1634) ramne la tragdie rgulire. Concurrence des deux thtres (Htel de Bourgogne, et troupe de Mondory). Une douzaine de tragdies, de Sophonisbe au Cid.[Auteurs:
Rotrou, Corneille, Scudry, d'Alibray,
Ben-
serade, la Pinelire, Gurin
du Bouscal, Durval.]lale
Hsitation entre la conception de la Renaissance, ettragdie active, enchane, employant les prparations etressort psychologique.[Caractre
pathtique
des
sujets.
Mlange
des deuxla
techniques dans l'Hercule mourant de Rotrou et
Mde
de Corneille.]
Influence de la tragi-comdie: irrgularit; gotet
du spectacle
du dcor.[UHippolyte de la Pinelire. La Didon de Scudry. La Mort de Mithridate de la Calprende. Cf. les prfaces du Torrismond de d'Alibray et de la Gnreuse Allemande
de Mareschal.]
Cette priode se conclut par en estle
la
Mariamne de
Tristan, quila pice
chef-d'uvre: refonte en beaux vers deet irrgularit.
de
Hardy. Encore hsitation[Cf.
Mais dtermination sur
l'essentiel: la tragdie est
dans
les
mes.
N. M. Bernardin (4856).]la tragdie est
VI. Le triomphe de
assur par
les
units
qui s'tablissent entre 1628 et 1637.
VIL
Alors vient
le
Cid,
tragi-comdie,
qui dtermine
la
forme de
la tragdie classique, et
son triomphe.
La tragi-comdieMais
vivra'
encore
une vingtaine d'annes:
elle est inutile; elle n'a
plus de caractre distinct.
47
Il
n'y a plus que deux genres,la farce
les
genres anciens,
la tragdie
et la comdie.
MmeVIII.(a)(b)
s'absorbe dans la comdie.
(Jodelet acteur
et rle des Prcieuses.)Il
faut revenir sur deux points:
la tragi-comdie: sales units:
couleur esthtique.se sont-elles tablies?
comment
43
TREIZIEME LEONLA TRAGI-COMDIE DE ROTROUI. A ct des tragi-comdies de Hardy, la premire tragicomdie originale est Tyr et Sidon de Jean de Schelandre. Analyse de la "tragdie de sang" offerte par la I e dition, 1608, (4737) Comparaison avec la tragi-comdie en 2 journes que Schelandre en a tire en 1628 (4738). Dnouement heureux; suppression de plusieurs morts;:
suppression des churs.
Dveloppement de scnes triviales et comiques dans la I e roman d'amour dans la 2 e Imagination hardie et drgle, amoureuse de l'extraordinaire et de l'imprvu. Les rcits qui expliquent les coups departie; d'un.
thtre sont rejets la
fin,
faon laisser la surprise entire.
IL La nouvelle gnration de 1628-1629.Libert d'invention et de conduite: moins rguliers, moins
soucieux de prparation et d'enchanement que Hardy.Exploitation active et sans scrupule de toutesd'intrtles
sources
romanesque:antiques[Du Ryer, Clitophonet
Romans
Leucippe
(Roman
grec).]
RomanRomans
latin
moderne[Du Ryer, Argentset
Poliarqae (Barclay).]
franais[Scudry, Ligdamonet
Lidias (Astre).
Rotrou, Agsilan de Colchos (Amadis).]
Romans
espagnols (ou nouvelles)[Pichou, Les folies de Cardenio
(Don Quichotte).
Rotrou, Les deux pucelles (Cervantes).]
Romans
italiens[Scudry,le
Prince dguis (Cavalier Marin).]
49
Pastorale italienne[Rotrou,le
Filandre (Chiabrera, la Gelopea).]
Et surtout
la
comedia espagnoleles
[Rotrou,Cf.
Occasions perdues (Lope);
l'Heureuse Constance (2 pices de Lope), etc.
Martinenche
(4959).]
Rotrou semble tre celui qui a dcouvert la comedia etexploite le premier avec suite. L'abondance de la matire romanesque conduit, certains sujets, au systme de la pice en 2 journes.[Schelandre;
l'a
dans
Hardy
{Pandoste);
du Ryer; Mareschal;
LaIII.(a)
Serre, etc.]
Un mot sur du Ryer Du Ryer.[Cf.
et Scudry.
H. Carrington Lancaster (4844.S).] sa mdiocrit littraire.
Son mrite scnique;(b)
Scudry.[Cf.
Batereau (4787).]
Originalit de cette figure de soldat crivain et de gentil-
homme
rp.artistique.
Mdiocrit
Imagination
surabondante;
psy-
chologie vague et banale; rhtorique effrne, tour tourprcieuse et boursoufle.
Son grand succs de l'Amour tyrannique du triomphe du Cid.inhumaines. Morale conventionelle etgalant.
(1639): revancheet
Entassement d'vnements extraordinairesfausse
de situations de romanetles
psychologie
Manque de solidit des caractres: ils sont furieux mchants pour crer les situations, et s'adoucissent pour dnouer heureusement.IV. Rotrou a une valeur suprieure.
La lgende de Rotrou. Le vrai Rotrou est plus simple, moins dsordonn, plus grave; a fait plus de vers religieux que de vers d'amour.[Cf.
Chardon
(4828); Person (4831).]
5
Sa vie ne ressemble pas son thtre. Abondance, rapidit et ngligence de sa production.sources.[(Cf. nos.
-
Ses
4829-4835).]
Romanesque desdes aventures.
sujets:
extravagance
et
surabondance
Insouciance des prparations morales: les personnages changent de volont selon les besoins et le moment de l'action. Emploi des moyens de ferie et de vaudeville. Magie. Quiproquos. Dguisements (personnages qui changent d'habits.
Femmes
travesties en cavaliers.
Cavaliers dguiss en
femmes).
Avantploie
1636, une seule pice (avec les deux tragdies) n'emaucun de ces trois moyens. Exemples de l'art tragi-comique de Rotrou:
Cleagnor
et
Doriste,
L'Heureuse
Constance,
Agsilan de ColcJws.
V. Cependant moins delibre fantaisie.(a)
folie
qu'il
ne parat dans cette
Rapport de[Cf.
ces aventures
aux murs du temps.
Tallemant des Raux, Historiettes. Mmoires de Pontis Le dbut des Mmoires du Cardinal de Retz. La jeunesse de Bussy Rabutin, dans ses Mmoires.]
(b)
Sentiment pittoresque
et
potique des3; Agsilan,I,
murs
pica-
resques.[Heureuse Constance,II, 1.]I,
2;
Les deux Pucelles,
(c)
Sentiment de
la vie
du cur;
et surtout
de toutes
les
passions de l'amour.et la fantaisie
Ralisme assez brutal de la peinture sous de l'expression.[Innocente infidlit.]
le
raffinement
VI. Mais Rotrou est pote:sonnages;(a)il
il
prte sa posie ses perla nature,
leur donne:
la sensibilit
aux beauts de
du dcor o
il
jette l'action.[Innocente infidlit, V, I; Agsilan, 51
I
et III.]
(b)
l'intensit
mlancolique,
exalte,
ou
dsespre,
qui
potise l'amour, malgr la crudit[Belle
du fond.infidlit, I,i;
Alphrde; InnocenteIII, i.]
Agsilan, II, 8;
Heureuse Constance