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    EIDGENSSISCHE TECHNISCHE HOCHSCHULE LAUSANNEPOLITECNICO FEDERALE LOSANNASWISS FEDERAL INSTITUTE OF TECHNOLOGYFacult ENAC - Environnement Naturel, Architectural et ConstruitINTER Institut du Dveloppement Territorial

    LaSUR Laboratoire de sociologie urbaine

    Btiment Polyvalent - Ecublens /CH - 1015 LAUSANNETlphone: 0041 21 693 32 32 Fax: 0041 21 693 38 40

    COLE POLYTECHNIQUEFDRALE DE LAUSANNE

    Programme de recherche du

    Laboratoire de Sociologie Urbaine (LaSUR)

    Ce nest pas de faon mtaphorique quon a le droit de comparerune ville une symphonie ou un pome; ce sont des objets demme nature. Plus prcieuse peut-tre encore, la ville se situe auconfluent de la nature et de lartifice. Congrgation danimaux quienferment leur histoire biologique dans ses limites et qui la modlenten mme temps de toutes leurs intentions dtres pensants, par sagense et par sa forme la ville relve simultanment de laprocration biologique, de lvolution organique et de la crationesthtique. Elle est la fois objet de nature et sujet de culture;individu et groupe; vcue et rve : la chose humaine par excellence.

    Claude Lvi-Strauss, Tristes Tropiques,Ed. Plon, Paris, 1955, pp 137-138.

    La ville, petite ou grande, le milieu urbain, est aujourdhui lhabitat de la majorit destres humains qui peuplent la plante. La ville, petite et grande, le phnomneurbain, est lobjet des travaux de recherche du LASUR. Leur but est de comprendrela nature , les cultures, les socits urbaines, analyser la matire, lespace, les

    dynamiques de lurbain.

    Le LaSUR se veut aussi acteurde la ville. Il contribue donc au renouvellement desoutils de lamnagement du territoire et llaboration dactions susceptibles daiderles pouvoirs publics rguler les ventuels conflits entre usagers de lespace urbain,de manire innovante et dans le respect des principes du dveloppement durable.

    Cest autant dans les villes du Nord que du Sud, lEst comme lOuest, que leLaSUR vise ce double objectif scientifique, car, si lurbanisation du monde provoqueen tout lieu des phnomnes similaires de privatisation de lespace public, dedensification, dtalement, de pauvret, sgrgation, fragmentation, les contextes

    locaux restent extrmement diffrencis. De lexamen scientifique de ces diffrenceset des pistes daction quelles ouvrent se nourrit la sociologie du LASUR.

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    Si nous savons maintenant que la ville nest pas en train de disparatre, lephnomne urbain nen a pas moins entam une mutation profonde. Depuis unequarantaine dannes, la ville compacte hrite de lhistoire, dense, dlimite, etmarque par la congruence entre contigut spatiale et proximits sociales, setransforme progressivement, en particulier partir de la mobilit de ses habitants et

    de ses acteurs. Cette ville, souvent qualifie dmergente , se caractrise par ladiscontinuit, elle nest plus dlimite et consacre un nouveau rapport lespace quidcouple distance et temps. Le phnomne urbain ne soppose plus au rural, il sedveloppe sur le mode rticulaire et sapparente par certains gards un mode devie.

    Cest lanalyse de cette mutation de lurbain que se consacre le LaSUR. Il se donnepour objet danalyser ce qui fait la substance de la ville ; de dcrire, comprendre etexpliquer ses dynamiques dans le but de mettre en relief les leviers dactionsusceptibles de les rguler.

    A partir de ce questionnement gnral, ses travaux de recherche se dclinent autourdune double ambition :

    Reprer les tendances gnriques propres au phnomne urbain et sesdynamiques plus spcifiques et localises: quels sont les invariants dune villesur le plan social ? Comment se spatialisent-ils ? Comment peuvent-ils tredlimits ? Y a-t-il un dcouplage entre la ville et lurbain ?

    Mettre en relief lorigine des dynamiques spcifiques de lurbain: dans quellemesure sont-elles le reflet de la sdimentation de laction publique passe etplus gnralement des espaces de pouvoir dans la ville ? Doivent-elles trecomprises comme un effet des structures socio-spatiales (formes urbaines etrseaux techniques en particulier) ? Ont-elles des origines culturelles, sont-elles lies aux espaces vcus des populations rsidentes et aux migrations?

    Le but ultime de ces deux ambitions est de mettre en relief les marges de manuvredes pouvoirs publics en matire de politiques urbaines pour agir sur la substance des villes et leur attractivit dans le respect des principes du dveloppement durable.

    Cette ambition scientifique se fonde sur trois postulats.

    1. Trois postulats

    1.1 Aborder le phnomne urbain comme un objet de recherche et non comme unterrain

    Les transformations que connat actuellement le phnomne urbain reposent laquestion de sa dfinition : quest-ce quune ville ? Dire que lurbain est partout estinsuffisant, il en rsulte une dilution de lobjet ville qui finit par totalement rifier sasubstance. De la mme manire, analyser des problmes urbains , comme le fait

    une abondante littrature contemporaine, tant en sociologie (par exemple autour delinscurit), en gographie (p. ex. sur ltalement urbain) ou en science politique (p.

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    ex. sur la gouvernance territoriale), ne permet pas de saisir la substance de la ville :on part du principe quils sont urbains car localiss en ville, sans vritablement sedemander quelle part de leur nature est spcifiquement urbaine.

    Le phnomne urbain peut tre lu comme une forme sociale au sens dfini par

    Georg Simmel, cest--dire le produit objectiv des actions rciproques de lensembledes acteurs quil implique. Lu en ces termes, le phnomne urbain ne peut tre saisique dans une perspective temporelle et historique. Plus fondamentalement, il cessedtre un terrain pour devenir un objet.

    Cette posture scientifique est motive par deux raisons :

    La ncessit dune relecture scientifique de lurbain. Depuis le fameux articlede Louis Wirth lurbain comme mode de vie , la recherche urbaine, et lasociologie urbaine en particulier, se sont considrablement focalises surltude des problmes urbains en rpondant une demande sociale

    croissante, ceci au dtriment dune vision globale de la ville et de sesdynamiques. Il en rsulte que ltat des connaissances scientifiques sur lephnomne urbain en tant que tel est peu avanc, ce vide ouvrant la porte des discours souvent totalisants et teints idologiquement. Il est lgitime dese demander si le pitinement de la recherche sur la ville nest pas placer aucentre des causes des dysfonctionnements urbains actuels.

    Limportance de la comprhension du phnomne urbain pour agir sur la ville.Pour tre pertinente et efficace, la rgulation du phnomne urbain, quil

    sagisse du dveloppement territorial en gnral, de politiques sectorielles oude gestion de problmes urbains , suppose une connaissance fine de laville en tant que telle, de lalchimie dingrdients qui fait sa richesse et sonattrait (dautant plus dailleurs dans le contexte de concurrence urbaineactuel). Cest en particulier le cas pour appliquer au territoire les principes dudveloppement durable. Lexprience montre en effet que sans une bonnecomprhension des dynamiques urbaines, les actions volontaristes commecelles visant la mobilit quotidienne sont susceptibles de gnrer des effetsnon-voulus pouvant aller jusqu remettre en question leur pertinence.

    Cette posture a pour consquence que le LaSUR dveloppe des recherches

    fortement tournes vers lempirie et la comparaison, qui lient les approchesqualitatives et quantitatives sans ncessairement rechercher lapplicabilit immdiatedes rsultats. Les deux autres postulats en dcoulent, ils renvoient tous deux lacomprhension du phnomne urbain en tant que tel.

    1.2 Analyser lurbain partir des mobilits des acteurs

    La mobilit est constitutive de lurbain. Cette observation nest pas nouvelle : lacroissance urbaine ne sest-elle pas de tout temps largement dveloppe partir desflux migratoires ? La ville nest-elle pas de tout temps le lieu de la circulation et de laconfrontation des ides ?

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    Dans les annes 1930, les chercheurs de lEcole de Chicago parlaient de lhommedou de locomotion comme picentre de la sociologie urbaine. Cette conjecturegarde toute son actualit dans la mesure o la co-prsence reste le socle de base dela sociabilit et de linsertion sociale, ceci malgr lessor considrable des techniquesde communication distance. Si le phnomne urbain perdure, cest

    fondamentalement parce que la relation de face--face reste une obligation sociale. Ilen rsulte que la mobilit des acteurs est au cur de la dynamique du phnomneurbain et constitue un analyseur puissant de sa substance. Valorise sur le planconomique au titre de vecteur de croissance, la mobilit est aussi une exigence desentreprises lgard de leurs cadres, elle prend en outre des formes nouvelles quilient tlcommunication, transport et aspirations rsidentielles et bouleversent lestemporalits de la vie quotidienne. La mobilit dstabilise larchitectureinstitutionnelle, oblige rformer les structures de prise de dcision jusque dansleurs fondements et en fin de compte interroge la gouvernabilit des territoiresurbains.

    Le LaSUR aborde la substance de lurbain dans une perspective processuellepartant en particulier de ltude des diffrentes mobilits et de leurs interactions, ainsique des effets de la compression de lespace-temps. Lamlioration de laccessibilitcorrespond-t-elle un largissement de lunivers de choix qui soffre aux habitants etacteurs urbains ? Ou au contraire, est-elle un nouvel univers de contraintes quimarque la forme sociale quest la ville ?

    1.3 Sortir des sentiers disciplinaires

    Au fil de ses transformations, le phnomne urbain sest complexifi, ce qui impliquedlargir la focale dobservation en y intgrant de nouvelles dimensions danalyse.Cet largissement visant sortir des sentiers disciplinaires de la sociologie urbaineconstitue le troisime principe guidant la recherche au LaSUR, en particulier sur lestrois aspects suivants.

    Prendre les actants non-humains au srieux. La mutation du phnomne urbaincorrespond une importance croissante des systmes techniques. Cette observationillustre limportance des sciences de lingnieur dans les transformations en cours.Elle est dautant plus importante relever que jusqu prsent, la sociologie urbaine

    a pein intgrer les morphologies urbaines et les systmes techniques dans sonchamp, si ce nest au titre dpiphnomne, oubliant du mme coup lesmanifestations les plus matrielles de la ville que sont sa forme, ses quipements etses infrastructures.

    Intgrer des regards extrieurs aux sciences sociales. Les transformations de la villevont de pair avec lmergence dun certain nombre de problmatiques nouvelles, quiconcernent aussi bien la qualit de lair, le bruit, la gestion des flux de circulation,linformation en temps rel, la consommation nergtique des btiments, lavidosurveillance, etc. Chacune de ces problmatiques donne toute lgitimit pourtravailler sur la ville des disciplines comme lacoustique, lcotoxicologie, la

    gomatique, la criminologie, etc. ne layant pas traditionnellement pour terrain, ce qui

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    a stimul le dveloppement de nouveaux regards sur lurbain, dont les vertusheuristiques sont souvent videntes pour lanalyse sociologique.

    Revoir la bote outils des chercheurs en termes conceptuels etmthodologiques. La multiplication des disciplines impliques dans lanalyse des

    dynamiques urbaines actuelles nous invite renouveler les outils conceptuels etmthodologiques traditionnels des sciences sociales, ceux-ci devenant insuffisants.Sagissant de la sociologie, les mutations en cours interrogent la prennit de sonregard sur la ville. Lintgration son cadre danalyse de concepts relevant parexemples de larchitecture (lesthtique urbaine, la forme urbaine) ou de lingnieriedes rseaux (dynamique des fluides, la systmique) est indispensable, tout commelinnovation mthodologique quantitative, au risque de voir son objet lui chapper.

    2. Une dmarche trilogique intgre

    Ces trois principes de recherche nous ont amen dvelopper une approche delurbain fonde sur lanalyse des dynamiques et interactions entre trois types dephnomnes : les structures socio-spatiales, les espaces vcus et les espaces depouvoirs. Car, si chacune de ces dimensions fait lobjet de littratures spcialisesabondantes, leur intgration dans une approche globale de lurbain fait souventdfaut. La spcificit de la dmarche du LaSUR est de considrer, dans uneperspective historique, les dynamiques, les interactions ou les contradictions entreces dimensions.

    Structures socio-spatiales

    Espaces vcus Espaces de pouvoirs

    Les espaces de pouvoirs caractrisent des espaces produits, borns et

    contrls par des institutions ou des acteurs collectifs. Proches desterritoires institutionnels et des approches les plus anciennes de laterritorialit, les espaces de pouvoirs sont le fruit de stratgies plus oumoins explicites dacteurs collectifs publics ou privs, visant dlimiter etcontrler un espace. Les espaces de pouvoirs sont divers parce quancrsdans les stratgies territoriales de chaque acteur mais galement parceque les configurations actuelles des pouvoirs sont la rsultante depratiques passes.

    Les espaces vcus renvoient aux pratiques et reprsentations socialesdes acteurs individuels. Il sagit la fois des espaces pratiqus dans la viequotidienne et de leur perception, des programmes dactivits et de leursynchronisation, de la manire de sorganiser, mais aussi de lensemble

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    des dimensions identitaires et symboliques associes par les acteurs lespace et la mobilit. Plus quune simple appropriation individualise,nous pouvons dfinir avec Hannerz les espaces vcus comme la formespatio-temporelle prise par la conjonction des rles tenus par un acteur.

    Rsultant dune construction sociale et institutionnelle, les structuressocio-spatiales caractrisent les proprits matrielles solides dunespace donn et les conditions de son usage. Au plan spatial, les densitset les formes durbanisation, le maillage des infrastructures, la distributiondes systmes techniques, la distribution des fonctions, la localisation desquipements urbains, des monuments, etc. sont le fruit de processusdaccumulation historique. De la mme manire, au plan social, lagographie des ingalits et les conditions daccs aux services etquipements urbains constituent un cadre structurel qui sest constitu aufil du temps. Les structures socio-spatiales forment un ensemble decontraintes et de ressources conomiques, sociales et symboliques pour

    lappropriation dun espace, en un temps donn.

    Pour saisir la ville comme objet, les recherches empiriques menes au LaSURcroisent ces trois dimensions.

    3. Programme de recherche empirique

    Conformment la dmarche trilogique qui vient dtre prsente, quatre axes derecherche sont dvelopps. Les trois premiers reprennent respectivement par coupleles pans du triptyque :

    Axe 1 : Espaces vcus structures socio-spatiales :

    Leffet des structures socio-spatiales sur les aspirations et les parcoursrsidentiels

    La littrature scientifique sur la ville oppose bien souvent la ville historique auxformes priurbaines. Dans cette optique, la ville historique correspond aux centres

    anciens et se caractrise par la diversit et la densit ; elle serait prserver. Paropposition, la forme priurbaine, diffuse et connexe, se dveloppe autour nudsdinfrastructures. Son dveloppement rapide serait la rsultante de ladquation entrele priurbain et le processus dindividuation caractrisant les socits occidentalescontemporaines.

    Dans ce contexte, de nombreuses expriences de rgnrations urbaines proposentde repenser la qualit de vie en milieu dense. Elles concernent aussi bien larecherche architecturale de nouvelles formes urbaines compactes et la renaissancede la maison de ville , que lamnagement urbain et lergonomie de lespacepublic ou la ralisation de grands quipements urbains emblmatiques. Le succs deces politiques dpend de leurs effets sur lattractivit des tissus denses pour les

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    acteurs. Or la densit urbaine est souvent juge peu dsirable, tant au niveaursidentiel quen termes de frquentation.

    Nous proposons daborder cette problmatique avec le triple questionnementsuivant :

    La difficult rendre attractifs les tissus urbains denses que lon observe dansde nombreuses agglomrations renvoie-t-il de la part des acteurs un refusde la ville, des modes de sociabilits et des modes de vie quelle implique ?es-ce au contraire un effet du march du logement, qui est insuffisammentdiversifi, pour les familles notamment ?

    La reprsentation ngative des tissus urbains denses est-elle lie sonassociation la pauvret et aux problmes urbains, donc des questions desgrgation ? Le trafic urbain limite-t-il lattractivit rsidentielle des tissusurbains denses ?

    Ny a-t-il pas des formes urbaines denses apprcies ? Si la densit peut tremesure de faon objective, elle est ressentie de manire subjective par lapopulation. Emprises au sol, hauteurs, sparation des fonctions sont autant decaractristiques susceptibles dinfluer sur les reprsentations sociales de ladensit.

    Axe 2 : Structures socio-spatiales espaces de pouvoirs :

    Les effets des modalits de gestion des services urbains sur la production desingalits

    Le renforcement des objectifs defficacit conomique et de performanceenvironnementale implique de profondes transformations de la gestion des servicesurbains (privatisation, dlgation de service, valuation des performances) et desrfrentiels de laction publique locale (tournant gestionnaire et commercial,orientation pro-environnementale). Ces nouvelles formes de gestion peuvent entreren contradiction avec les objectifs de cohsion sociale, traditionnellement assignsaux services de rseaux.

    Or, dans les villes du sud comme dans les villes du nord, on assiste uneacclration des processus de sgrgation socio-spatiale, en particulier deschelles micro-locales (le quartier voire llot). Les rseaux de transports et detlcommunications jouent quant eux un rle dterminant dans le processus desolidarisation ou de dsolidarisation des espaces urbains. Plus diffrencis paressence, ces rseaux prsentent en outre de fortes potentialits de segmentation deloffre de service, de spcialisation sociale des usages et de fragmentation urbaine.Pour les villes du sud, le maintien de faible taux de desserte est amplifi par unecroissance urbaine non planifie. Dans ces contextes, les rseaux et servicesurbains continuent-ils jouer leur rle dintgrateur territorial ou contribuent-ils acclrer les processus de sgrgation luvre ?

    Cette problmatique peut tre dcline en trois sries de questions :

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    Dans quelle mesure les rformes de gestion des rseaux et services urbains

    modifient-elles les comptences des collectivits locales ? Linterventiondacteurs privs dans la gestion urbaine contribue-t-elle rduire le degr deterritorialisation et de politisation des services urbains (par lunification des

    normes, la segmentation des offres et limposition de critres gestionnaires) ?La gestion publique locale des services est-elle pour autant disqualifie ?

    La localisation des grands quipements (commerces, hpitaux, quipementssportifs et culturels), le type et la qualit daccs aux services de transports etde tlcommunication et les conditions daccessibilit spatiale et surtoutsociale aux services de base sont-ils de nature limiter ou renforcer lesprocessus de sgrgation ?

    Avec luniversalisation de laccs au service, les ingalits de desserte,dordre spatial, ne se transforment-elles pas en ingalits daccs, dordresocial ? La fracture numrique existe-t-elle et si oui, est-elle de nature spatialeou de nature sociale ? Ne voit-on pas merger de nouvelles ingalits dordreenvironnemental, dont la gographie se calquerait sur celle des rseaux etdes infrastructures ? Bref, les services de rseaux ne sont-ils pas gnrateursde nouvelles formes dingalits ?

    Axe 3 : Espaces vcus espaces de pouvoirs :

    Les contraintes induites par les modes de vie urbains sur la production despolitiques de transport et damnagement du territoire

    Un examen de laction publique locale mene cette dernire dcennie en Europedans le domaine des transports et de lamnagement montre que celle-ci estgnralement marque par la volont de rduire lusage de lautomobile en ville.Dans cette optique, de multiples stratgies sont pratiques, allant de la gestion desaccessibilits routires, des investissements dans des lignes de transports publicsen site propre, en passant par larticulation entre les nouvelles urbanisations et loffrede transports publics, la localisation des quipements urbains, les quartiers sansvoiture ou des exprimentations forte connotation technologique. Dans certains

    cas, ces actions nont que peu deffets sur les usages alors que dans dautres ellessont un succs. De nombreux travaux ont montr que les processus de productiondes diffrentes stratgies ont un impact la fois sur le contenu et sur lambition delaction publique.

    Nous proposons dapprofondir la dimension urbaine des processus de productiondes politiques locales damnagement du territoire et de transports partir des troisquestions suivantes :

    Le succs des stratgies visant la rduction dusage de lautomobile en villene renvoie-t-il pas avant tout lexistence dun rfrentiel commun auxacteurs, rfrentiel se construisant autour dune culture de lurbanit ?

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    Le dcalage plus ou moins fort observ dans certaines agglomrations entre

    laffirmation de lindsirabilit de lautomobile en ville et lchec des stratgiesde rduction dusage de lautomobile nest-il pas le reflet de lancrage diffrentde lautomobile dans les modes de vie suivant les agglomrations ?

    Dans quelle mesure les politiques incidence spatiale passes et leursdimentation dans les modes de vie dfinissent-elles le champ du possiblede laction publique actuelle en matire de gestion des accessibilits ?

    Ces trois axes sont complts par un quatrime axe ayant pour ambition daborderen mme temps les trois pans du triptyque. Partant du potentiel de mobilit desacteurs individuels, il propose den aborder la spcificit urbaine.

    Axe 4 : Structures socio-spatiales espaces vcus - espaces de pouvoirs :

    Lanalyse des interactions entre la motilit des acteurs urbains et la substancedes villes

    Les villes, lieux dinteraction par excellence, offrent des potentiels dactivitsconsidrables, potentiels dont lusage suppose dtre mobile. La construction par lesacteurs de leur potentiel de mobilit la motilit - est ds lors un enjeu de linsertionsociale en milieu urbain. Etre mobile " bon escient" dans le temps et lespace est

    devenu une dimension centrale de linsertion professionnelle et sociale, et de ce fait,un facteur de diffrenciation sociale important.

    Les mobilits changent, en termes de franchissement, mais aussi plusfondamentalement en termes de formes. Tourisme urbain, multirsidentialit,pendularit de longue distance, autant de formes mergentes de mobilits quiprennent appuis sur les potentiels de vitesses procurs par des rseaux techniques,modifient les espaces vcus et les structures socio-spatiales, interrogent lesterritoires institutionnels. Simposent ds lors les trois questions suivantes :

    Y a-t-il des profils de motilit spcifiques aux habitants des villes ? Comment

    la motilit diffrencie des acteurs participe-t-elle la constitution denouveaux types dingalits ?

    Dans quelle mesure les profils de motilit dune population urbaine sont-ilsmodels par ltendue et la diversit de loffre urbaine ? Laction publiquedispose-t-elle de leviers permettant dinfluencer la motilit des acteurs (p. ex.localisation des grands gnrateurs de dplacements, qualit de vie en ville,etc.) ?

    Les nouvelles formes de mobilits qui se dveloppent actuellement (tourismeurbain, multirsidentialit, etc.) sont-elles de nature modifier le rapport deshabitants la ville ? Le cas chant, quels outils doivent tre dvelopps pourrguler ces nouvelles formes de mobilits ?

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    4. La Cellule danalyse des mobilits urbaines - CAMUS

    En complment son programme de recherche, le LaSUR accueille la CAMUS.Dirig vers lapplication, la CAMUS a pour vocation de mener des tudes relatives la mobilit urbaine et dvaluer les effets des politiques de transport etdamnagement du territoire sur les pratiques modales. La CAMUS dploie sesactivits dans trois domaines :

    Lvaluation compare de stratgies visant agir sur les pratiques modales

    Nos socits sont en prise avec un dilemme : la mobilit est de plus en plus centraledans leur fonctionnement, mais les moyens de transport par lesquels elle sopre

    provoquent des nuisances qui sont de moins en moins tolres par la population. Laredirection de la mobilit vers dautres modes de transport est une priorit politique travers toute lEurope, mais les mesures incitatrices sont le plus souvent sans effetsmajeurs. Se pose ds lors la question : comment rediriger efficacement la mobilitvers davantage de durabilit sans la remettre en cause ?

    Pour aborder cette question, la CAMUS dveloppe un observatoire international despratiques modales de dplacement, observatoire permettant la comparaison deseffets de diffrents types de politiques de transports urbains visant la rduction dutrafic automobile urbain.

    La mesure des nouvelles formes de mobilit

    Avec le dveloppement de la tlphonie mobile, dinternet et de nouveaux potentielsde vitesses sur les rseaux de transports (trains grande vitesse, rseauxautoroutiers, multiplication des lignes ariennes et apparition des compagnies lowcost), nous assistons lmergence de nouvelles formes de mobilit comme lamultirsidentialit, le tourisme urbain, la pendularit de longue distance, etc. Cesformes nouvelles ont en commun davoir des portes spatiales importantes et doncde gnrer une occupation importante des rseaux. Or ces nouvelles formes demobilit sont trs mal connues au niveau statistique, ceci pour deux raisons :

    Le design des grandes enqutes de mobilit ne permet pas de les saisir. Cesenqutes ne portent en effet que sur les pratiques de transport (et excluentlusage des tlcoms), ne traitent pas des activits ralises en cours de trajetet ne portent que sur un jour.

    Le recueil de donnes tlphoniques CATI habituellement utilis pour cesenqutes ne permet pas de toucher les populations pratiquant ces formesmergentes de mobilit. Trs mobiles, elles sont difficilement joignables surtlphone fixe et leur taux de refus est beaucoup plus lev que la moyenne

    (leur temps est souvent compt et les enqutes sont gourmandes en temps).

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    Pour les tudier, nous proposons de dvelopper de nouvelles techniques de mesureayant recours aux NTIC. Il sagit de les reprer et de les mesurer laide desystmes de positionnement gographique (tlphones portables relis unserveur). Grce cette technique, il est possible de dpasser les limites desenqutes actuelles : la mesure pourra tre faite en continu sur un mois et non sur un

    jour, elle pourra concerner tout un mnage et pas seulement une personne, lamthode est trs peu contraignante pour les personnes enqutes, les informationsrecueillies permettront une vision trs prcise de la mobilit et des territoires vcus.

    La participation des projets innovants

    Le rle dune quipe de sciences sociales dans une cole dingnieurs est autant dedvelopper des recherches visant comprendre des problmes comme celui de lamobilit, que de contribuer aux projets visant rsoudre ces problmes.Cet aspectest dautant plus important que nos rsultats des recherches seront directement

    utiles au dveloppement de projets. Dans cette logique, la CAMUS a pour vocationdtre partenaire de projets innovants dans trois domaines :

    La conception de projetsdarchitecture, damnagement et durbanisme ayanttraits la mobilit, comme par exemple lexprimentation de nouvelles formesurbaines compactes ou la conception architecturale des gares-interfaces detransport.

    Le dveloppement de services de mobilit intgrs. Loptimisation de loffre detransports publics pour les usagers suppose une couverture spatiale ettemporelle complte des agglomrations par leurs services. Un tel objectifimplique dune part le dveloppement de services de transports intermodauxintgrs (faisant appels des solutions souples comme le taxi collectif, leCarSharing, etc.) et dautre part le dveloppement de systmes dinformationmultimodaux en temps rels faisant appels aux NTIC.

    Lapplication de nouveaux systmes de transport. Pour passer au stade delindustrialisation, il est important que les nouveaux systmes de transportcomme les People Movers soient conus de manire rpondre unedemande bien identifie ou un problme de mobilit spcifique.

    01.12.03/VK/chr