FRANÇOIS ASSELINEAU, CANDIDAT DE L’UNION POPULAIRE ET ... · François Asselineau propose la...

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11 Le Quotidien de la Réunion - Mercredi 12/04/2017 FRANÇOIS ASSELINEAU, CANDIDAT DE L’UNION POPULAIRE ET RÉPUBLICAINE ET DU FREXIT « Personne ne contredit mes arguments » François Asselineau propose la sortie de la France de l’Union Européenne et estime que ses arguments convainquent un Français sur deux. Il compte sur sa notoriété récente pour déjouer les sondages. - On vous présente comme étant proche de l’extrême droite, si on en croit Wikipédia. Mais qui êtes-vous vraiment ? - Comme je n’ai pas de casserole financière, comme je n’emploie pas ma femme et que je suis irré- prochable on me jette l’anathème. Mais l’UPR a été officiellement classé par le ministère de l’Inté- rieur en « divers ». Je mets au défi quiconque de trouver une trace d’extrême droite dans nos propo- sitions. Il y a dix ans, lorsque j’ai proposé de sortir de l’Union eu- ropéenne, de l’Euro et de l’Otan, je suis passé du statut de brillant inspecteur des finances à celui de pestiféré. On m’a mis dans un placard. - Ni celle-ci, ni une autre rené- gociée, l’Union européenne se- rait, selon vous, la cause de tous nos maux. Quel a été chez vous l’élément déclencheur de cette aversion totale pour l’Europe ? - La première fois que j’ai eu le droit de vote, en 1979, j’avais voté pour la liste UDF de Mme Simone Veil car j’ai toujours été quelqu’un de modéré. L’Europe me paraissait alors formidable. Après avoir vécu au Japon pendant un an et demi j’ai compris qu’il n’y avait aucune raison pour que la France fusionne avec la Lettonie et se coupe de l’Al- gérie ou de la Tunisie. C’est même quelque chose de malsain. Moi je n’ai pas peur des Japonais, des Jaunes, des Noirs, des Arabes. Les analyses de Séguin et Pasqua, en 1992, ont fini de me convaincre. Nous sommes dans un théâtre d’ombres. « Je mens le moins possible » Celui que les Français vont élire devra se conformer au rapport des grandes orientations politiques et économiques recommandées par la Commission européenne le 18 mai 2016 qui dit que la France doit baisser l’impôt sur les sociétés et les grands groupes, augmenter la TVA, démolir le droit du travail, précariser les professions régle- mentées. Mon grand-père s’était battu pour obtenir des acquis sociaux et maintenant on nous demande de les démolir pour re- joindre une moyenne européenne. - L’Europe n’a cependant pas empêché de nouveau progrès sociaux en France comme la diminution du temps de travail sous Mitterrand puis Jospin ou l’instauration d’un revenu mini- mum sous Rocard… - La fin des acquis sociaux coïn- cide à peu près avec l’apparition de l’euro. Les accords de Maastricht y ont mis un arrêt et l’arrivée de l’euro a entamé une démolition générale. - Qu’est ce qui a fait que vous arriviez aujourd’hui à recueillir quelque 587 parrainages alors que vous en aviez recueilli 17 il y a cinq ans ? - En 2012, j’avais annoncé mes 17 parrainages alors que rien ne m’obligeait à le faire mais je suis quelqu’un d’honnête. C’est une ligne de vie chez moi: je mens le moins possible. - Ça veut dire que vous mentez un petit peu ? - Il peut m’arriver de commettre un péché véniel quand ma chérie me demande si elle a grossi. Je ne vais pas lui dire qu’elle a pris dix kilos (rires). Pour en revenir aux parrainages. Parmi nos 23000 adhérents, il y a énormément de militants convaincus comme dans un parti « à l’ancienne », ils sont allés voir des milliers de maires qui contestent beaucoup des réformes territoriales inspirées par les euro- régions alors que je leur garantis d’inscrire dans la Constitution le principe des communes et des dé- partements. Enfin, avec le Brexit, tout le monde a compris mainte- nant qu’il est possible de sortir de l’Union européenne. - Vous rejetez l’hypothèse qu’il s’agisse de parrainages straté- giques pour affaiblir le FN ? - Nous attirons des anciens du FN qui apprécient que nous n’ayons aucun élément raciste ou islamophobe et le FN m’a ac- cusé d’être un sous-marin de l’UMP. Non, je n’ai pas bénéficié de coups de pouce. Au contraire, il y a eu des pressions sur ceux qui voulaient me parrainer. Nos électeurs viennent de partout. Il y a beaucoup d’abstentionnistes que je réconcilie avec la politique. Moi, je m’adresse à l’intelligence des gens. - Comment votre discours iso- lationniste peut-il être entendu à La Réunion qui, en tant qu’île, redoute plus que tout autre dé- partement son isolement. Par rapport à la France, bien sûr, mais aussi par rapport à l’Europe qui finance nombre d’investisse- ments ici ? - Mon discours n’est pas isola- tionniste. Je propose de rouvrir nos frontières sur le monde, re- trouver une diplomatie gaullienne avec une France qui sera amie avec la Russie, la Chine, l’Inde, l’Afrique du Sud, le Brésil, la grande franco- phonie… Aujourd’hui, notre en- fermement dans l’Europe, sous la tutelle de Washington, nous coupe du reste du monde. Je connais bien La Réunion, j’y ai mené une mission pendant quatre mois sur l’industrie sucrière et le Cré- dit Agricole, il y a presque trente ans, quand il y avait encore trois usines. Je suis très pro-ultramarin. Je maintiendrai l’octroi de mer car sa suppression détruirait l’écono- mie de La Réunion. Je favoriserai les investissements outre-mer qui accusent un retard scandaleux en Guyane. Du fait de l’Europe, les Français versent 500 M€/an à la Bulgarie et à la Turquie. Est-ce normal quand la Guyane manque cruellement de collèges et de ly- cées et qu’elle n’a pas vu le début d’un fifrelin du plan de 500M€ sur dix ans qui lui a été proposé ? Non, nous n’avons pas les moyens d’en- tretenir la danseuse européenne, nous allons réorienter vers l’outre- mer une partie de nos crédits jusqu’alors destinés à l’Europe. - Vous, président, vous donne- rez aux Guyanais les 3 milliards d’euros qu’ils demandent ? - Même le milliard d’euros que le gouvernement vient de leur promettre, ils ne l’auront pas car l’Union européenne recommande la baisse des financements des collectivités locales ! Avec moi, les Guyanais pourront compter sur un vrai changement, car je sais où j’irai prendre l’argent. Je renforcerai le lien entre les outre- mer et la métropole en améliorant la continuité territoriale. Je veux que chaque journal télévisé des grandes chaînes nationales parle d’un territoire d’outre-mer pen- dant 2 ou 3 minutes. Je veux faire un « Erasmus » pour l’outre-mer car je rêvais déjà, quand j’avais 14 ans, de découvrir La Réunion d’où venait mon meilleur copain de collège. Il faudrait que chaque classe organise des échanges entre la métropole et l’outre-mer. « Arrêter de se faire peur » - S’extraire de l’Europe ne risque-t-il pas de précipiter notre pays, et notre petite île, dans les mains des grandes puissances étrangères que sont les Etats- Unis, la Russie, la Chine ? - C’est maintenant que nous sommes broyés par les Etats-Unis. Si la France, 5 e puissance écono- mique mondiale, n’est pas à la taille du monde, comment font les 188 Etats qui sont moins puissants que nous ? La France était plus puissante quand elle s’opposait à la guerre en Irak. Aujourd’hui elle est méprisée. - Que nous réserve l’après Frexit que vous comptez déclen- cher ? - Ce sera comme un couple qui divorce. Puisqu’on n’a pas réussi à s’entendre, on décide sereinement de se séparer en réglant la garde des enfants, la pension alimentaire et le devenir de la maison… - N’y aura-t-il pas des dégâts collatéraux pour les Français qui travaillent en Europe et les Euro- péens qui travaillent en France ? - Je ne crois pas. Pourquoi chasserait-on à coups de latte quelqu’un qui fait correctement son travail ? - N’allez-vous pas compliquer les échanges universitaires au sein de l’Europe ? - Il faut arrêter de se faire peur. La France est liée au reste du monde par 6 553 traités et je n’en supprimerai que 3. Je ne propose pas de sortir de l’espace Schengen. Les pays d’Europe qui ont le plus fort indice de développement hu- main sont la Norvège, la Suisse et l’Islande qui ont refusé de rentrer dans l’Union et le Royaume-Uni, le Danemark et la Suède qui ont refusé de rentrer dans l’euro. Il faut tirer les conséquences de ce que l’on observe. - En quittant l’Europe, ne risquez-vous pas d’affaiblir les normes qui protègent notre san- té et notre environnement au profit de lobbies ? - Honnêtement, c’est plutôt l’inverse qui va se produire. C’est l’Union européenne qui nous im- pose les OGM (organismes géné- tiquement modifiés). Je veux dé- velopper l’agriculture biologique. Les 180 000 entreprises françaises qui exportent vers l’UE seront libres de conserver les normes européennes. Mais nous allons al- léger les normes pour les millions de TPE, PME et artisans, qui n’ex- portent pas du tout. - Comment financerez-vous votre politique sociale sans aug- menter fortement les impôts ? - Le relèvement du Smic à 1 300 € net par mois et des retraites à 950 € par mois, ainsi que le développe- ment des grands services publics ne coûtera pas très cher. Je récu- pérerai chaque année 9 milliards d’euros en mettant fin au surfinan- cement de l’Europe par la France et 5 milliards sur les condamna- tions pécuniaires que l’on doit à Bruxelles. Et je vais enfin pou- voir lutter efficacement contre la fraude fiscale en empêchant les mouvements de capitaux vers le Luxembourg. Sur 60 milliards d’évasion fiscale estimée à Bercy, je me fixe l’objectif d’en récupérer 20 milliards chaque année. Ça fait donc 34 milliards d’économie par an. Sans parler de la relance de la croissance et du recul du chômage qui nous apporterons de nouvelles recettes. - Quel poids pensez-vous peser dans le scrutin quand les son- dages vous créditent de moins d’1 % des intentions de vote ? - Aux régionales en 2015, nous avons fait 0,9 % des voix quand 2 % des Français nous connaissaient, ça fait un électeur sur deux parmi ceux qui me connaissent. Notre notoriété suit une croissance ver- ticale. Je vais donc faire beaucoup plus que les 0,5 % qu’annoncent les sondages. - Vous positionnerez-vous dans l’hypothèse d’un duel Le Pen – Macron ou Le Pen – Fillon au second tour ? - Nous verrons. Moi je vois qu’il y a incontestablement deux dy- namiques: une pour moi et une pour Mélenchon, mais pas pour les autres prétendus grands can- didats qui ne veulent plus débattre. Je leur fais peur et personne ne contredit mes arguments. Entretien: Franck CELLIER « Nous allons réorienter vers l’outre-mer une partie de nos crédits jusqu’alors destinés à l’Europe ». Pur produit de l’Ecole natio- nale d’administration, François Asselineau « revêt les habits du pouvoir » dans les gouverne- ments d’Edouard Balladur puis d’Alain Juppé, entre 1993 et 1997. Ses domaines: les affaires interna- tionales, le commerce extérieur, le tourisme. « J’ai toujours travaillé dans des gouvernements de droite mais du fait de la cohabitation, j’ai été amené à accompagner le président François Mitterrand dans ses voyages en Corée, au Ka- zakhstan, etc. On m’a toujours accor- dé le mérite de bien connaître mes dossiers. Après le débat de BFM les humoristes m’ont brocardé pour ce- la. Je m’en félicite car il s’agit d’élire le président de la République. On préférera toujours confier les com- mandes d’un avion à un pilote ex- périmenté plutôt qu’à une hôtesse de l’air ». En 1999, François Asse- lineau adhère au Rassemblement pour la France de Charles Pasqua à l’occasion des élections euro- péennes. « Mes maîtres à penser, sont de Gaulle et Philippe Séguin qui avait une analyse prémonitoire sur le traité de Maastricht. Mais j’ai découvert que M. Pasqua était un souverainiste comme aujourd’hui Mme Le Pen, M. Mélenchon ou M. Dupont-Aignan. Ils critiquent l’Eu- rope mais ils ne proposent que la renégociation des traités. Or on ne peut rien renégocier concrètement car il faut l’unanimité des 28 Etats membres et ça n’arrivera jamais ». Il crée l’Union populaire ré- publicaine à l’occasion du 50 e anniversaire du traité de Rome le 25 mars 2007 pour appeler les Français à récupérer l’indépen- dance nationale de la France. D’inspecteur à candidat « Il y a incontestablement deux dynamiques : une pour moi et une pour Mélenchon ». Élections 2017 TF1 RENATIONALISÉ Tout en gardant France Télé- visions, François Asselineau propose de renationaliser TF1 qu’il accuse de ne ja- mais avoir appliqué sont ca- hier des charges culturelles. Il veut en faire « une chaîne interactive du peuple fran- çais » en imposant des vieux films, des pièces de théâtre et des documentaires thé- matiques. « Je me fous de faire baisser l’audience, je veux mettre fin à l’entreprise d’abrutissement qu’est de- venue TF1 avec ses séries américaines et ses publici- tés ». GROS PLAN

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11 Le Quotidien de la Réunion - Mercredi 12/04/2017

FRANÇOIS ASSELINEAU, CANDIDAT DE L’UNION POPULAIRE ET RÉPUBLICAINE ET DU FREXIT

« Personne ne contredit mes arguments »François Asselineau propose la sortie de la France de l’Union Européenne et estime que ses arguments convainquent un Français sur deux.

Il compte sur sa notoriété récente pour déjouer les sondages.

- On vous présente comme étant proche de l’extrême droite, si on en croit Wikipédia. Mais qui êtes-vous vraiment ?

- Comme je n’ai pas de casserole financière, comme je n’emploie pas ma femme et que je suis irré-prochable on me jette l’anathème. Mais l’UPR a été officiellement classé par le ministère de l’Inté-rieur en « divers ». Je mets au défi quiconque de trouver une trace d’extrême droite dans nos propo-sitions. Il y a dix ans, lorsque j’ai proposé de sortir de l’Union eu-ropéenne, de l’Euro et de l’Otan, je suis passé du statut de brillant inspecteur des finances à celui de pestiféré. On m’a mis dans un placard.

- Ni celle-ci, ni une autre rené-gociée, l’Union européenne se-rait, selon vous, la cause de tous nos maux. Quel a été chez vous l’élément déclencheur de cette aversion totale pour l’Europe ?

- La première fois que j’ai eu le droit de vote, en 1979, j’avais voté pour la liste UDF de Mme Simone Veil car j’ai toujours été quelqu’un de modéré. L’Europe me paraissait alors formidable. Après avoir vécu au Japon pendant un an et demi j’ai compris qu’il n’y avait aucune raison pour que la France fusionne avec la Lettonie et se coupe de l’Al-gérie ou de la Tunisie. C’est même quelque chose de malsain. Moi je n’ai pas peur des Japonais, des Jaunes, des Noirs, des Arabes. Les analyses de Séguin et Pasqua, en 1992, ont fini de me convaincre. Nous sommes dans un théâtre d’ombres.

« Je mens le moins

possible »

Celui que les Français vont élire devra se conformer au rapport des grandes orientations politiques et économiques recommandées par la Commission européenne le 18 mai 2016 qui dit que la France doit baisser l’impôt sur les sociétés et les grands groupes, augmenter la TVA, démolir le droit du travail, précariser les professions régle-mentées. Mon grand-père s’était battu pour obtenir des acquis sociaux et maintenant on nous demande de les démolir pour re-joindre une moyenne européenne.

- L’Europe n’a cependant pas empêché de nouveau progrès sociaux en France comme la diminution du temps de travail sous Mitterrand puis Jospin ou l’instauration d’un revenu mini-mum sous Rocard…

- La fin des acquis sociaux coïn-cide à peu près avec l’apparition de l’euro. Les accords de Maastricht y ont mis un arrêt et l’arrivée de l’euro a entamé une démolition générale.

- Qu’est ce qui a fait que vous arriviez aujourd’hui à recueillir quelque 587 parrainages alors que vous en aviez recueilli 17 il y a cinq ans ?

- En 2012, j’avais annoncé mes 17 parrainages alors que rien ne m’obligeait à le faire mais je suis quelqu’un d’honnête. C’est une ligne de vie chez moi : je mens le moins possible.

- Ça veut dire que vous mentez un petit peu ?

- Il peut m’arriver de commettre un péché véniel quand ma chérie me demande si elle a grossi. Je ne vais pas lui dire qu’elle a pris dix kilos (rires). Pour en revenir aux parrainages. Parmi nos 23000 adhérents, il y a énormément de militants convaincus comme dans un parti « à l’ancienne », ils sont allés voir des milliers de maires qui contestent beaucoup des réformes territoriales inspirées par les euro-régions alors que je leur garantis d’inscrire dans la Constitution le principe des communes et des dé-partements. Enfin, avec le Brexit, tout le monde a compris mainte-nant qu’il est possible de sortir de l’Union européenne.

- Vous rejetez l’hypothèse qu’il s’agisse de parrainages straté-giques pour affaiblir le FN ?

- Nous attirons des anciens du FN qui apprécient que nous n’ayons aucun élément raciste ou islamophobe et le FN m’a ac-cusé d’être un sous-marin de l’UMP. Non, je n’ai pas bénéficié de coups de pouce. Au contraire, il y a eu des pressions sur ceux qui voulaient me parrainer. Nos électeurs viennent de partout. Il y a beaucoup d’abstentionnistes que je réconcilie avec la politique. Moi, je m’adresse à l’intelligence des gens.

- Comment votre discours iso-lationniste peut-il être entendu à La Réunion qui, en tant qu’île, redoute plus que tout autre dé-partement son isolement. Par rapport à la France, bien sûr, mais aussi par rapport à l’Europe qui finance nombre d’investisse-ments ici ?

- Mon discours n’est pas isola-tionniste. Je propose de rouvrir nos frontières sur le monde, re-trouver une diplomatie gaullienne avec une France qui sera amie avec la Russie, la Chine, l’Inde, l’Afrique du Sud, le Brésil, la grande franco-phonie… Aujourd’hui, notre en-fermement dans l’Europe, sous la

tutelle de Washington, nous coupe du reste du monde. Je connais bien La Réunion, j’y ai mené une mission pendant quatre mois sur l’industrie sucrière et le Cré-dit Agricole, il y a presque trente ans, quand il y avait encore trois usines. Je suis très pro-ultramarin. Je maintiendrai l’octroi de mer car sa suppression détruirait l’écono-mie de La Réunion. Je favoriserai les investissements outre-mer qui accusent un retard scandaleux en Guyane. Du fait de l’Europe, les Français versent 500 M€/an à la Bulgarie et à la Turquie. Est-ce normal quand la Guyane manque cruellement de collèges et de ly-cées et qu’elle n’a pas vu le début d’un fifrelin du plan de 500M€ sur dix ans qui lui a été proposé ? Non, nous n’avons pas les moyens d’en-tretenir la danseuse européenne, nous allons réorienter vers l’outre-mer une partie de nos crédits jusqu’alors destinés à l’Europe.

- Vous, président, vous donne-rez aux Guyanais les 3 milliards d’euros qu’ils demandent ?

- Même le milliard d’euros que le gouvernement vient de leur promettre, ils ne l’auront pas car l’Union européenne recommande la baisse des financements des collectivités locales ! Avec moi, les Guyanais pourront compter sur un vrai changement, car je sais où j’irai prendre l’argent. Je renforcerai le lien entre les outre-mer et la métropole en améliorant la continuité territoriale. Je veux que chaque journal télévisé des grandes chaînes nationales parle d’un territoire d’outre-mer pen-dant 2 ou 3 minutes. Je veux faire un « Erasmus » pour l’outre-mer car je rêvais déjà, quand j’avais 14 ans, de découvrir La Réunion d’où venait mon meilleur copain de collège. Il faudrait que chaque classe organise des échanges entre la métropole et l’outre-mer.

« Arrêter de se faire peur »

- S’extraire de l’Europe ne risque-t-il pas de précipiter notre pays, et notre petite île, dans les mains des grandes puissances étrangères que sont les Etats-Unis, la Russie, la Chine ?

- C’est maintenant que nous sommes broyés par les Etats-Unis. Si la France, 5e puissance écono-mique mondiale, n’est pas à la taille du monde, comment font les 188 Etats qui sont moins puissants que nous ? La France était plus puissante quand elle s’opposait à la guerre en Irak. Aujourd’hui elle

est méprisée.- Que nous réserve l’après

Frexit que vous comptez déclen-cher ?

- Ce sera comme un couple qui divorce. Puisqu’on n’a pas réussi à s’entendre, on décide sereinement de se séparer en réglant la garde des enfants, la pension alimentaire et le devenir de la maison…

- N’y aura-t-il pas des dégâts collatéraux pour les Français qui travaillent en Europe et les Euro-péens qui travaillent en France ?

- Je ne crois pas. Pourquoi chasserait-on à coups de latte quelqu’un qui fait correctement son travail ?

- N’allez-vous pas compliquer les échanges universitaires au sein de l’Europe ?

- Il faut arrêter de se faire peur. La France est liée au reste du monde par 6 553 traités et je n’en supprimerai que 3. Je ne propose pas de sortir de l’espace Schengen. Les pays d’Europe qui ont le plus fort indice de développement hu-main sont la Norvège, la Suisse et l’Islande qui ont refusé de rentrer dans l’Union et le Royaume-Uni, le Danemark et la Suède qui ont refusé de rentrer dans l’euro. Il faut tirer les conséquences de ce que l’on observe.

- En quittant l’Europe, ne risquez-vous pas d’affaiblir les normes qui protègent notre san-

té et notre environnement au profit de lobbies ?

- Honnêtement, c’est plutôt l’inverse qui va se produire. C’est l’Union européenne qui nous im-pose les OGM (organismes géné-tiquement modifiés). Je veux dé-velopper l’agriculture biologique. Les 180 000 entreprises françaises qui exportent vers l’UE seront libres de conserver les normes européennes. Mais nous allons al-léger les normes pour les millions de TPE, PME et artisans, qui n’ex-portent pas du tout.

- Comment financerez-vous votre politique sociale sans aug-menter fortement les impôts ?

- Le relèvement du Smic à 1 300 € net par mois et des retraites à 950 € par mois, ainsi que le développe-ment des grands services publics ne coûtera pas très cher. Je récu-pérerai chaque année 9 milliards d’euros en mettant fin au surfinan-cement de l’Europe par la France et 5 milliards sur les condamna-tions pécuniaires que l’on doit à Bruxelles. Et je vais enfin pou-voir lutter efficacement contre la fraude fiscale en empêchant les mouvements de capitaux vers le Luxembourg. Sur 60 milliards d’évasion fiscale estimée à Bercy,

je me fixe l’objectif d’en récupérer 20 milliards chaque année. Ça fait donc 34 milliards d’économie par an. Sans parler de la relance de la croissance et du recul du chômage qui nous apporterons de nouvelles recettes.

- Quel poids pensez-vous peser dans le scrutin quand les son-dages vous créditent de moins d’1 % des intentions de vote ?

- Aux régionales en 2015, nous avons fait 0,9 % des voix quand 2 % des Français nous connaissaient, ça fait un électeur sur deux parmi ceux qui me connaissent. Notre notoriété suit une croissance ver-ticale. Je vais donc faire beaucoup plus que les 0,5 % qu’annoncent les sondages.

- Vous positionnerez-vous dans l’hypothèse d’un duel Le Pen – Macron ou Le Pen – Fillon au second tour ?

- Nous verrons. Moi je vois qu’il y a incontestablement deux dy-namiques : une pour moi et une pour Mélenchon, mais pas pour les autres prétendus grands can-didats qui ne veulent plus débattre. Je leur fais peur et personne ne contredit mes arguments.Entretien : Franck CELLIER

« Nous allons réorienter vers l’outre-mer une partie de nos crédits jusqu’alors destinés à l’Europe ».

Pur produit de l’Ecole natio-nale d’administration, François Asselineau « revêt les habits du pouvoir » dans les gouverne-ments d’Edouard Balladur puis d’Alain Juppé, entre 1993 et 1997. Ses domaines : les affaires interna-tionales, le commerce extérieur, le tourisme. « J’ai toujours travaillé dans des gouvernements de droite mais du fait de la cohabitation, j’ai été amené à accompagner le président François Mitterrand dans ses voyages en Corée, au Ka-zakhstan, etc. On m’a toujours accor-dé le mérite de bien connaître mes dossiers. Après le débat de BFM les humoristes m’ont brocardé pour ce-la. Je m’en félicite car il s’agit d’élire le président de la République. On préférera toujours confier les com-mandes d’un avion à un pilote ex-périmenté plutôt qu’à une hôtesse

de l’air ». En 1999, François Asse-lineau adhère au Rassemblement pour la France de Charles Pasqua à l’occasion des élections euro-péennes. « Mes maîtres à penser, sont de Gaulle et Philippe Séguin qui avait une analyse prémonitoire sur le traité de Maastricht. Mais j’ai découvert que M. Pasqua était un souverainiste comme aujourd’hui Mme Le Pen, M. Mélenchon ou M. Dupont-Aignan. Ils critiquent l’Eu-rope mais ils ne proposent que la renégociation des traités. Or on ne peut rien renégocier concrètement car il faut l’unanimité des 28 Etats membres et ça n’arrivera jamais ».

Il crée l’Union populaire ré-publicaine à l’occasion du 50e anniversaire du traité de Rome le 25 mars 2007 pour appeler les Français à récupérer l’indépen-dance nationale de la France.

D’inspecteur à candidat

« Il y a incontestablement deux dynamiques : une pour moi et une pour Mélenchon ».

Élections 2017

TF1 RENATIONALISÉTout en gardant France Télé-visions, François Asselineau propose de renationaliser TF1 qu’il accuse de ne ja-mais avoir appliqué sont ca-hier des charges culturelles. Il veut en faire « une chaîne interactive du peuple fran-çais » en imposant des vieux films, des pièces de théâtre et des documentaires thé-matiques. « Je me fous de faire baisser l’audience, je veux mettre fin à l’entreprise d’abrutissement qu’est de-venue TF1 avec ses séries américaines et ses publici-tés ».

GROS PLAN