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Gabrielle Fortier-Cofsky [email protected] VP aux affaires académiques : Diane Lafleur Après une campagne mouvementée entre les candidats, Diane Lafleur a remporté le poste de vice-prési- dente aux affaires académiques par 5 votes. La course sʼest terminée de façon plutôt serrée, à 129 votes contre 124. La nouvelle VP acadé- mique soutient avoir livré bataille en convaincant les indécis. Elle a solli- cité les votes à la bibliothèque jus- quʼà la dernière minute. À propos de son adversaire Jean-René Roy, elle le félicite dʼavoir mené «une cam- pagne exceptionnelle». Diane est très confiante de sa future performance en tant que représen- tante de la Faculté auprès des em- ployeurs. Lors de la présentation de sa plate-forme électorale, elle a de- mandé aux étudiants dʼexiger sa dé- mission si elle ne livre pas la marchandise. Présidente : Alik Angaladian Lʼancienne vice-présidente aux af- faires externes, Alik Angaladian, a décidé de prendre les choses en main pour la prochaine année en se présentant à la présidence de lʼAEEDCO. Nʼayant comme opposi- tion que la chaise, elle sʼest fait élire à la majorité des voix. Sa campagne a été marquée par des opposants mettant en doute la réussite de son mandat en tant que VP aux affaires externes, et par conséquent de ses aptitudes de présidente. Ces re- mous lʼont fait douter de sa victoire contre la chaise. En entrevue au Flagrant, elle a avoué avoir eu très peur. «Je pensais à cela tantôt, et je me demandais comment je pourrais me remontrer la face à la Faculté si la chaise gagnait». LE FLAGRANT DÉLIT AVRIL 2010 VOL.3N O 6 Le nouvel exécutif de lʼAEEDCO Quand lʼappétit va, tout va Suite en page 2 Crédits: Philippe Cordisco flagrant avril 2010:Layout 1 4/1/10 5:36 PM Page 1

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Gabrielle [email protected]

VP aux affaires académiques :Diane LafleurAprès une campagne mouvementéeentre les candidats, Diane Lafleur aremporté le poste de vice-prési-dente aux affaires académiques par5 votes. La course sʼest terminée defaçon plutôt serrée, à 129 votescontre 124. La nouvelle VP acadé-mique soutient avoir livré bataille en

convaincant les indécis. Elle a solli-cité les votes à la bibliothèque jus-quʼà la dernière minute. À propos deson adversaire Jean-René Roy, ellele félicite dʼavoir mené «une cam-pagne exceptionnelle».

Diane est très confiante de sa futureperformance en tant que représen-tante de la Faculté auprès des em-ployeurs. Lors de la présentation desa plate-forme électorale, elle a de-mandé aux étudiants dʼexiger sa dé-mission si elle ne livre pas la

marchandise.

Présidente : Alik AngaladianLʼancienne vice-présidente aux af-faires externes, Alik Angaladian, adécidé de prendre les choses enmain pour la prochaine année en seprésentant à la présidence delʼAEEDCO. Nʼayant comme opposi-tion que la chaise, elle sʼest fait élireà la majorité des voix. Sa campagnea été marquée par des opposantsmettant en doute la réussite de son

mandat en tant que VP aux affairesexternes, et par conséquent de sesaptitudes de présidente. Ces re-mous lʼont fait douter de sa victoirecontre la chaise. En entrevue auFlagrant, elle a avoué avoir eu trèspeur. «Je pensais à cela tantôt, et jeme demandais comment je pourraisme remontrer la face à la Faculté sila chaise gagnait».

LE FLAGRANT DÉLITAVRIL 2010 VOL. 3 NO 6

Le nouvel exécutif de lʼAEEDCOQuand lʼappétit va, tout va

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Suite de la UnePour lʼannée à suivre, la dorénavantTrès Honorable Alik a plusieurs ob-jectifs visant à améliorer la commu-nication entre lʼAEEDCO et le Sénatde lʼUniversité. Elle souhaite intro-duire les changements de la consti-tution de lʼasso tout en allantchercher plusieurs commandites.Elle est catégorique à propos de lapremière chose quʼelle fera en tantque présidente. «Je vais nettoyer lelocal de lʼasso».

Le temps dʼune règlementation?Plusieurs éléments de la campagneélectorale ont fait lʼobjet dʼopinionsmitigées de la part des étudiants. Ilsemblerait que les méthodes électo-rales des candidats nʼaient pas étéappréciées de tous. Même si unpourcentage estudiantin a appréciépouvoir manger gratuitement entreses cours, dʼautres remettent enquestion ces pratiques. Ces der-niers se demandent si les électionssont depuis quelques années deve-nues une sorte de course où lʼob-jectif est dʼacheter les votes.

Lʼex-VP aux communications Sa-bine Uwitonze se demande si lescandidats ont été élus pour les fondsinvestis dans la campagne plutôtque pour leurs idées et leur compé-

tence. Cette année, la campagne nesʼest pas limitée à des pancartes età la présentation de leur plate-forme. En effet, plusieurs candidatsont opté pour de la sollicitation di-recte aux étudiants, accompagnéede biens consomptibles comme desmuffins et des breuvages. À cesujet, lʼex-VP aux communicationsaffirme quʼ«on ne sait pas sʼils se-ront bons, mais ce que lʼon peut pré-dire pour lʼannée prochaine, cʼestquʼils seront capables de nous nour-rir».

De lʼautre côté, dʼautres étudiantscroient que les efforts déployés pourla campagne électorale seront re-présentatifs des efforts déployéslors de leur futur mandat. Il est ditquʼun candidat qui sera prêt àprendre tous les moyens néces-saires et à donner une grande partiede son temps lors de la campagnefera la même chose lors de sonmandat.

En ce qui concerne ses méthodesélectorales, la nouvelle vice-prési-dente aux affaires externes LylaBradley sʼest défendue. «Je voulaisrencontrer les gens de façon convi-viale avec ce que jʼaime beaucoup :

lʼexpresso et le fromage». Elle adonc voulu montrer sa personnalitéaux électeurs, pour que ceux-ci ap-prennent à la connaître de façon in-formelle. Cela avait aussi commeobjectif de démontrer un aspect desa plate-forme, soit lʼorganisationdes dégustations de vin dans lʼan-née à venir.

Il semble également quʼune ques-tion persiste en rapport aux moyensfinanciers nécessaires pour gagnerun poste au sein de lʼAEEDCO. Lescoûts de la campagne sont assu-més en totalité par les candidats.Certains proposent ainsi dʼétablirdes balises dans le but dʼétablir unecertaine égalité des chances. Lecandidat défait aux affaires acadé-miques, Jean-René Roy a été déçude constater lʼinégalité des chances.Dans un courriel envoyé à bonnombre dʼétudiants, il mentionne«quʼil est injuste envers les étudiantset les étudiantes moins bien nantisde laisser aller de façon si aléatoireles dépenses des candidats et descandidates». Ce dernier souhaitefaire changer les choses en se re-présentant lʼannée prochaine. Dʼicilà, un recomptage devrait avoir lieu.

Pour lʼinstant, il sera du ressort denos nouveaux élus de décider si denouvelles règles électorales sont né-cessaires.

Quant au président sortant BrunoGélinas-Faucher, il est très fier dutaux de participation aux élections.«Cʼest une participation historique,M.Thibault mʼa dit quʼil était très im-pressionné. En plus, je me moquebien de la FÉUO quand ils disentque droit civil ne participe pas.Presque 50% de nos membres ontexercé leur droit de vote». Le pres-quʼex-président se dit égalementtrès satisfait de lʼintensité de la cam-pagne. Par contre, il demeure sou-cieux à propos de la nouvelleéquipe. «Je suis ambivalent face aumélange de personnalités, mais jʼaiconfiance quʼils feront une bonnejob».

Carbon MarketsA Genesis

Dan [email protected]

What is A Carbon Market?In a not so distant future, there willbe another batch of freshly mintedlaw students, willing to hone theirabilities and apply their legal skills.At the same time, a carbon marketin Canada is being developed. Car-bon is one of the many greenhousegases that are emitted in the air.Currently, carbon markets are in astate of flux, making it hard to sayhow they will eventually manifestthemselves, but it may end up help-ing with your mortgage payments inthe future.So what is a carbon market? In anutshell, it is a pricing framework setup by government regulations thatimpose on emitters of greenhousegases a fee for emitting these gasesinto the air. A carbon market iswhere these carbon credits or per-

mits are traded. For example, amanufacturer as part of his produc-tion operations emits a certainamount of carbon; this manufacturerwould have to buy these carboncredits from a carbon market. Inother words, it is a market-based ap-proach to limit air pollution by addinga cost to emitting carbon, ultimatelyincentivizing producers to limit theircarbon emissions. The more effi-cient an emitter is, the more com-petitive he becomes by lowering hisoperation costs since he would haveto buy less of these carbon credits.

Will Canada Be Part of A CarbonMarket?So who is currently taking the leadin implementing this type of system?According to Professor SophieThériault, it would appear thatprovinces are taking the lead andthe same seems to be happening inthe United-States. The leadership

role on this issue is being taken bylocal governments.More specifically, a system calledthe “Western Climate Initiative” isbeing set up between California,New-Mexico, British Colombia, On-tario and Québec and states andprovinces. The tentative date fortrading activities should be at the be-ginning of 2012. The federal gov-ernment of Canada also has asystem called the “Canadian OffsetSystem” but it has been movingalong more slowly.Specialized Expertise Required?Me Philippe Labelle of Montréal, for-merly a corporate lawyer turned en-trepreneur, who also taught a classin corporate finance last semester atthe faculty, points out that the legalskills one would need to function inthis sector would be similar to thatused in any commodity and financerelated sectors. Skill sets learnedhere would be applicable both lo-

cally and internationally. From draft-ing contracts, harmonizing interna-tional standards, administrativeissues, securities law questions, de-rivative legal situations and obvi-ously environmental issues are allbut a few of the legal fields thatwould come into play in carbon mar-kets.On a cautionary note, Me Labellepoints out that speculative capitalcan wreak havoc in markets such asthe recent events that took place inGreece. It would likely be a “WildWest” for a certain time until thesemarkets can show that they canfunction rationally. Carbon marketscould be the next “Tulip Crisis”, ref-ereeing to the worldʼs first recordedspeculative bubble of 1637 in whatis today the Netherlands. Havinghad one too many bubbles recently,one must proceed with caution. Butthe more you know, the easier it be-comes to mitigate the risks.

Nouve�es

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Nouve�esLa campagne en ville

Pas de béton dans mon jardinNikola [email protected]

La demande de dézonage agricolede la ferme centenaire SMA, enplein centre urbain, alimente ledébat déjà enflammé sur la problé-matique du dézonage agricole.Cette ferme fait depuis plusieurs an-nées la convoitise des développeursimmobiliers pour sa situation trèsstratégique dans lʼespace urbain dela ville de Québec. Le mois dernier,la ville a fait une demande à la com-mission des terres agricoles pourmotif de dézonage afin dʼy amé-nager son nouveau centre des sci-ences et technologie. Cettedemande mène plusieurs person-nes à se questionner sur la positionà privilégier pour le territoire agricolelimitrophe aux agglomérations ur-baines. Les villes ont faim.

Le Québec possède une placechoyée quant à sa superficie territo-riale avec ces quelque 1 312126 km2. Situé en majeure partiedans les Basse-Terre du St-Laurent,il faut noter que seulement 2 % dece territoire est propice à lʼagricul-ture. Cʼest aussi dans cette régiongéographique du sud du Québecque lʼon retrouve la plus grande con-centration démographique, dʼoù dé-coule lʼenjeu de la protection duterritoire agricole. Lʼexplosion de

lʼurbanisation et lʼexode rural depuisla fin de la Deuxième Guerre mon-diale représentent une menace pourles terres agricoles qui sont sacri-fiées au profit de lʼexpansion ur-baine. Cʼest ce qui pousse legouvernement du Québec, en 1978,à adopter la loi sur la protection desterres agricoles. Depuis ces trentedernières années, la commission deprotection du territoire agricole tentede faire respecter la place qui re-vient aux terres agricoles et à cescultivateurs. Pour cet organe admin-istratif, « lʼobjectif est dʼassurer lapérennité dʼune base territorialepour la pratique de lʼagriculture dansun développement durable ».

Le berger aurait-il laissé le loup en-trer dans la bergerie?Selon, la coalition pour la protectiondu territoire agricole, on estime quele Québec perd 4 000 hectares(lʼéquivalent de 9 600 terrains defootball) de terres agricoles chaqueannée. Montréal aurait subi uneperte de 32 000 hectares de terresarables depuis 30 ans. Selon cettecoalition, la demande de dézonageest trop laxiste puisque la preuvedʼinvestissements économiquesconsidérables fait pratiquement tou-jours pencher la balance du côté dudéveloppeur.

Le berger protège-t-il réellementces blanches brebis?

Selon le professeur à la facultéDenis Vincelette, « les terres agri-coles doivent servir les demandesdes Québécois touchés par la ques-tion ». Il rappelle que dans la ma-jorité des cas, se sont lesagriculteurs eux-mêmes qui deman-dent un dézonage. Lʼagriculturereprésente souvent un gros capitalinvesti, mais nʼengendre pas assezde profit. Cʼest ce qui explique entreautres que les producteurs agricolessont parmi les gens les plus endet-tés au Canada.

La ferme SMA offrait depuis unecentaine dʼannées une dynamiqueagricole pour la population de la villede Québec. Elle assurait égalementune accessibilité à des produits fraiscréés localement, en plus dʼune in-tégration sociale des patients delʼasile Saint-Michel-Archange. Desinitiatives de protection et dʼintégritédes terres agricoles ont vu le jour àVancouver, Toronto et Ottawa. Cesvilles ont toutes mis en place uneceinture verte en périphérie citadinecomme essentielle à lʼaménage-ment urbain. Dans une optique en-vironnementale, les terres agricolesoffrent une autonomie alimentaireurbaine de proximité.

Second Cold War?Jérémie [email protected] et commentaire

One hundred years of political de-bates between Democrats and Re-publicans ended when PresidentObama signed the American health-care reform bill into law on March23rd, 2010.. Several presidents triedbut it took a century and an innova-tive black president to finally suc-ceed where presidents TheodoreRoosevelt, Franklin D. Roosevelt,Harry Truman, John F. Kennedy andBill Clinton failed.

International relations have beendrastically changed since 9/11 asAmerica has been weakened bycostly wars and is confronted with itsnew rival, the Peopleʼs Republic ofChina. Since then, most of the deci-

sions made by the American gov-ernment took into account of itsmain debt holder, China. In fact,China holds about 600 billion andtops Japan holdings in Americandebt. As political science teacherAlain Soulard highlights, “Americacanʼt tell China what to do becausewhoever controls economy controlsdecisions.” There is no doubt thatbefore President Obama takes ac-tion, he considers the impact of hisdecisions for his main economicpartner.

Has American foreign policychanged since the emergence ofChina in the worldʼs political sphere?

The answer is no. America is simplynot ready to step down from firstplace and is not willing to be moreaccommodating towards other na-

tions. This is still the case with theelection of Barack Obama. Althoughhe gave the impression that hewould open his mind to other na-tions, Professor Alain Soulard pointsout that in reality, “he wonʼt abandonworld domination; neither theAfghanistan War nor control overNorth Korea and Iran”. Recentgrudges over the Dalai-Lamaʼs visit,the Google issue and the militarycontract with Taiwan suggests thebeginning of a second Cold War andmany political analysts are alreadyplanning this scenario.

In fact, this possibility is becomingincreasingly realistic as some sur-veys indicate that the Chinese pop-ulation want an “eye for eye, toothfor tooth” foreign policy. It is clearthat nationalism is an idea that is de-veloping in China. As Professor

Soulard mentions, “we realize theuniversal political truth. A Stategrowing in power becomes aware ofits power and wants to use it.” Iwould predict that if a hit was to bedone, it would come from the UnitedStates rather than China becauseAmerica wonʼt allow seeing his de-cisions having any impact on China

Traditionally, the United States al-ways had one precise enemy tosupport American nationalism. Dur-ing the 20th century, there wasHitler, Mussolini and EmperorShowa. USSR followed immedi-ately. The September 11 attacksbrought a new enemy eleven yearsafter the collapse of the USSR…Who will be next?

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Bataille perdue dʼavanceNouve�es

Annie-Claude [email protected]

Le tentaculaire Google nʼest pluscensuré en Chine. Cʼest un gesteambitieux, mais stratégique dugéant dont les critiques font lʼéloge.Était-ce pour redorer son blasontaché par les récentes poursuites ju-diciaires ou pour des raisons pure-ment altruistes? Enfin, ce coup dethéâtre est perçu comme unebravoure risquée qui démontre le re-spect de lʼentreprise envers lesdroits de lʼhomme.

Le conflit débute en janvier lorsqueGoogle se plaint dʼêtre victime dʼat-taques informatiques. Les pirateschinois auraient volé des secrets in-dustriels ainsi que des informationssur certains militants des droits delʼhomme. Le roi de la toile répliqueraà cette cyber-attaque en retiranttoute censure de son moteur derecherche. Oups! Les internauteschinois pourraient avoir accès auxinformations concernant le mas-sacre de la place Tianʼanmen, leTibet, Taiwan, ainsi que dʼautresformes de résistance au gouverne-ment chinois. Une guerreidéologique est amorcée en utilisantle média du XXIe siècle. Googlesʼacharnera à demeurer dans cenouvel état de libre information.

Plutôt étonnant pour une entreprisedont la devise officielle est Donʼt beevil. Bref, les événements prennentdes allures dʼincident diplomatique,et ce geste contraire à la loi chinoiseforce Google à rediriger ses utilisa-teurs vers le site de Hong Kong. LaChine vient de démontrer une foisde plus au monde entier son entête-ment à gérer sa politique internecomme elle lʼentend.

La Chine après Google?Baidu, un moteur de recherche chi-nois efficace, contrôle déjà plus de60 % du marché. En lettre ouvertedans le quotidien La Presse, HenriArslanian, avocat québécois basé àHong Kong, prétend que le retrait deGoogle est en quelque sorte unetempête dans un verre d'eau. « Lesrépercussions directes risquentd'être limitées, particulièrement sid'autres multinationales n'emboîtentpas le pas. »

Bref, la censure est de retour.Certes, il y a une dichotomie entrelʼinformation diffusée par les médiaschinois et la réalité. Il sʼagit du mé-canisme idéal de contrôle pour toutgouvernement qui désire orienter lapensée du peuple. Une nouvelleforme active de propagande est entrain de se concrétiser avec lʼexplo-sion des cyber-échanges. SergeyBrin, fondateur de Google, ira

chercher les coeurs sensibles encomparant la Chine au totalitarismesoviétique de son enfance.

Une réflexion sʼimpose.Un esprit sceptique et averti se de-manderait qui, du géant du web oude lʼempire qui sommeille, contrôlele plus lʼinformation? Pour sa part, laChine nʼest pas confortable avectoutes les données disponibles surGoogle. Lʼentreprise et ses multiplesinnovations, du Google Street Viewaux Adsens (procédé qui identifielʼutilisateur en lʼassociant à une pub-licité cible), ne cessent dʼêtre aucentre des débats sur lʼatteinte à lavie privée. Google serait-il victimede son ambition dʼorganiser lʼinfor-mation du monde entier?

De plus, la Chine est un pays patri-otique qui sʼoppose à toute formedʼendoctrinement du savoir chinoispar lʼOccident. Il va sans dire que le« Google pageʼs rank » favorise lʼin-formation la plus convoitée, et ce,par les nations les plus favorisées.LʼInternet devient alors un moyen decontrôle des mouvements collectifs.Google est un média assimilé aupouvoir américain qui diffuse ce quele « made in America » veut bien ex-poser. Le pluralisme de lʼinformationsur Internet, contrôlé par les classesfavorisées, nʼest-il pas une attaqueau principe de la diversité de lʼinfor-

mation? Le moteur de référenceprend indirectement position sur laplace des idéologies. Google nʼestdonc pas si vertueux.

Enfin, comme nous le mentionneHenri Arslanian, « la Chine a le droitd'exiger que les entreprisesétrangères faisant des affaires enChine respectent le droit chinois. »Ceci sʼapplique à toute entrepriseétrangère, incluant Google.Dʼailleurs, la Chine nʼest pas laseule à imposer une telle censure.Le professeur à la faculté MichaelGeist, soutient dans son blogue per-sonnel : « It would be a mistake,however, to think that the CanadianInternet will always remain just asfree as Chinaʼs is censored. Cana-dian law enforcement officials areactively lobbying for a series of “law-ful access” reforms that will provideauthorities with dramatically in-creased Internet surveillance pow-ers. »

Lʼutopisme de Google renversera-t-il lʼéquilibre chinois? Pour répondreà cette question, il suffit de rappelerquʼil sʼagit dʼun régime qui afficheencore la photo de Mao à la placeTianʼanmen. La force du pays re-pose sur la solidarité du peuple à lʼé-gard de lʼadministration. La Chineétait présente avant Google. Elle lesera encore après sa disparition...

Révolte étudiante en AutricheGabrielle [email protected]

Lʼanniversaire du Processus deBologne nʼest pas un temps de fes-tivité pour les quelques milliers dʼé-tudiants européens qui ont participéà la manifestation du 11 mars 2010.Une étudiante de la Faculté présen-tement en échange à lʼUniversité deVienne enquête sur les fondementsdu mouvement étudiant.

Depuis lʼautomne, un grand nombredʼétudiants européens sʼunissentdans de multiples actions afin dʼat-teindre un objectif commun, ef-fectuer des transformationsmajeures dans le secteur de lʼédu-cation.

Sʼinscrivant dans lʼapplication duProcessus de Bologne, lʼadoptionde la loi UG2009 imposant de nou-velles mesures afin de réduire lenombre dʼinscrits dans les univer-sités autrichiennes nʼest quʼun argu-ment supplémentaire amenant lesétudiants à se mobiliser contre cesystème. Ce Processus proposeaux 47 pays signataires certaines

réformes dans le secteur de lʼédu-cation afin de concurrencer lemarché international grâce au savoiret à la connaissance.

Difficulté dʼintégrer des heures detravail dans un cursus aussi rigide,baisse du nombre de femmes surles bancs dʼécole, recours à des fi-nancements privés conditionnant lesformations des étudiants. Les re-proches sont nombreux envers leProcessus de Bologne, que les étu-diants tiennent responsable de ladiminution de la qualité et de lʼac-cessibilité de lʼéducation. Ils soulig-nent aussi le manque definancement public duquel découleun retard technologique ainsi quʼundébordement quasi systématiquedes salles de classe.À partir du 22 octobre 2009, audito-riums et locaux ont été occupés pardes milliers dʼétudiants pendant plusde 8 semaines. Les cours étaientcependant maintenus quoique cer-taines relocalisations devenaientnécessaires.

Cette vague de mobilisation sʼestensuite propagée partout en Eu-

rope; quarante mille étudiants sesont rassemblés le 29 octobre pourune marche historique dans les ruesde Vienne. En novembre, le ministredes finances a décidé de leur ac-corder 30 millions dʼeuros. Aux yeuxde plusieurs, cʼest une bien mincevictoire. Certains avaient estimé enmilliards lʼinvestissement nécessairepour remettre sur pied les univer-sités. Le mouvement étudiant sʼestterminé où il avait commencé. Le 22décembre, les policiers ont expulséles étudiants de lʼAudimax, le plusgrand auditorium de lʼUniversité deVienne, qui était occupé depuis oc-tobre.

En mars, alors que les politiciens serassemblaient au Hofburg pour fêterle 10e anniversaire du Processus deBologne, les étudiants se sont denouveau réunis à Vienne pour unefin de semaine de mobilisation. Demultiples ateliers, séminaires, et dis-cussions ont eu lieu afin dʼentendreles critiques, mais aussi dʼarriver àdes propositions visant lʼaméliora-tion du système présentement envigueur. Julia Seewald, une des or-ganisatrices du mouvement pour la

faculté de science politique de lʼUni-versité de Vienne résume ainsi lesconclusions : « Le plus important estde rester organisé et de développerun réseau efficace entre les paysdʼEurope afin de mettre sur pied desévénements ensemble. » Pourplusieurs, la solidarité entre les étu-diants et les universités dʼEuropeconstitue la force de ce mouvement.

Ce chapitre de lʼhistoire est terminé,mais les organisateurs sont loindʼavoir baissé les bras. « Notreprochain projet est dʼatteindre lesgens qui nʼont aucune relation avecles universités afin quʼils compren-nent que ces lacunes dans notresystème dʼéducation ont un impactmajeur sur lʼéconomie et sur lesautres problèmes sociaux »,souligne Julia Seewald. Bien que lesresponsables de lʼévénement aientremarqué une diminution du taux departicipation comparativement àlʼautomne dernier, à leurs yeux,lʼampleur de la mobilisation, la soli-darité et la passion des étudiants quiluttent contre la marchandisation deleur éducation représentent unevéritable source dʼinspiration.

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Vie Campus

Infatigables juristes, grouillants même lʼétéSophie [email protected]

Au Brésil chez les sans-terres, enBolivie en stage humanitaire, enFrance sur lʼÉlysée, ou à Cuba en« scuba»… Qui reste au pavillonFauteux durant la trêve dʼétude esti-vale? De laborieux projets derecherches occuperont effective-ment les professeurs de la facultédurant les prochains mois. Brefaperçu des avenues explorées.

Des sciences cognitives commepreuve légitimeSoulignons dʼemblée que cetteannée, le cabinet BLG a octroyé labourse de 12 000 $ au professeurCharles-Maxime Panaccio. Le pro-jet présenté par Me Panaccio con-cerne un sujet dʼactualité « àlʼintersection du droit et des neuro-sciences : lʼimpact de la connais-sance neuroscientifique surlʼattribution de la responsabilité ju-ridique et lʼutilisation de technolo-gies neuroscientifiques commepreuve devant les tribunaux », nous

explique-t-il. Avec les grandes en-jambées effectuées dans le do-maine des neurosciences, lecomportement humain se conçoit deplus en plus comme étant sujet àdes déterminations multiples deprovenance cognitive. La précisionà laquelle peuvent prétendre les im-ageries par résonance magnétiqueainsi que la pratique du « Brain Fin-gerprinting » prédit peut-être uneépoque ou lʼactivité cérébrale delʼhomme ne sera plus un mystère.Les juristes en ont donc profité cesdernières années afin de soumettrede telles preuves dans le cadre deprocès, notamment en matière dedroit criminel. Toutefois, la fiabilitéabsolue des résultats obtenus dansle contexte légal sʼavère mitigée, vulʼamalgame de facteurs complexesqui importent dʼêtre pris en compte.Le professeur se propose donc dʼac-quérir des connaissances neurosci-entifiques qui sauront informer lacommunauté juridique des enjeuxde lʼintrusion de ces nouvelles don-nées. Une approche interdisci-plinaire sera donc favorisée et

regroupera des experts et étudiantsprovenant des domaines de la psy-chologie, de la biologie du com-portement et de la philosophie.

Chaires et entreprises individu-ellesLes projets de la Chaire derecherche en droit de la santé et dela sécurité du travail préconisentégalement la complémentarité desbranches du savoir, nous indique laprofesseure responsable de larecherche Katherine Lippel. En rap-port de proximité avec les spécial-istes du domaine de la santé, MeLippel et ses associés recherchistesse proposent notamment de mettreà jour les difficultés dʼindemnisationet de retour au travail auxquellessont confrontés les travailleurs ausein des agences de travail tempo-raire en Ontario. De plus, un projetde longue haleine unit la Chaire àdes étudiants en provenance duChili. La collaboration internationalevisera à produire une étude com-parée posant un regard sexospéci-fique sur les problèmes de santé

mentale qui ont cours dans le con-texte des milieux du travail chilien.

Plusieurs initiatives personnelles en-treprises par les professeurs de laSection de droit civil continuerontégalement de progresser durantlʼété. Le doyen Sébastien Gram-mond souligne que ces projets sontmalheureusement soumis à descontingences financières inévita-bles. Les concours visant à octroyerdes subventions gouvernementalessont très contingentés. Mises à partles contributions substantielles duConseil de recherches en scienceshumaines du Canada, des sommesplus modestes peuvent êtresoutirées dʼorganismes indépen-dants mêmes si celles-ci demeurentinsuffisantes. Ainsi, bien que les pro-jets qui auront le feu vert ne soientpas encore fixés, Me Grammond in-vite les étudiants à garder lʼœil ou-vert sur les opportunités dʼemploiqui ne tarderont pas à arriver.

Sophie [email protected]

Pour le bon parleur, citer Jean-PaulSartre revêt un pouvoir rhétoriqueinébranlable lorsquʼil sʼagit dʼépaterla galerie. Une journaliste du Fla-grant cherche à montrer que laréférence perd largement de sa no-toriété lorsquʼévoquée dans unrassemblement de juristes.

La doctrine existentialiste sartri-enneJean-Paul Sartre a certes marquéles regroupements intellectuelsfrançais les plus branchés vers lamoitié du XXe siècle. Lʼamant de Si-mone de Beauvoir est reconnu pouravoir imprégné la philosophie con-cernant lʼexistence humaine de sesréflexions aussi provocantes quʼin-spirantes, notamment par le con-tenu de son œuvre LʼÊtre et leNéant (1943). Militant de la libertéhumaine, il souligne lʼimportance deconsidérer lʼêtre humain commeétant lʼunique capable de se choisir.Lʼhomme et la femme sont des êtrespour-soi, nous indique Sartre,puisquʼils représentent ce quʼils ontchoisi dʼêtre. Ils diffèrent par exem-ple du simple objet (soit un code civilou la perruque dʼun juge), en cequʼils ont la capacité de se déter-miner (par opposition au code civilet à la perruque du juge qui de-

meurent respectivement code civilet perruque du juge). En effet, ladoctrine sartrienne indiquequʼhomme et femme ont la particu-larité quʼils peuvent dépasser leurfacticité afin de se définir. Lʼêtre hu-main est capable de dépasser sesspécificités (origine, sexe, âge, phy-sionomie, etc.). Ainsi, lʼhomme semontre naturellement comme fon-cièrement libre.

Renaut : Sartre lʼhumaniste?Ce premier aperçu a nécessaire-ment tout pour faire vibrer les cordessensibles des revendicateurs lesplus virulents des valeurs libéralespour qui le libre arbitre doit primer.Cependant, halte-là. Dʼautrespenseurs ont posé un regard répro-bateur sur la pensée du philosopheexistentialiste et ont tenté de récuserces avancées pourtant de toute ap-parence inspirantes. Denis Dumas,professeur au département dephilosophie de lʼUniversité dʼOttawa,mentionne la pertinence de la cri-tique dʼAlain Renaut à cet égard. Lathèse principale de ce dernier (dansson livre Sartre. Le dernierphilosophe) vise dʼailleurs à montrerde quelle manière la philosophiesartrienne échoue dans le projet defonder une morale qui lui soit appli-cable : M. Dumas préciseque « Sartre a considéré lʼêtre hu-main comme individu et non comme

sujet. Lʼimportance de concevoirlʼêtre humain comme sujet se rap-porte à la possibilité de pouvoir dé-passer sa propre personne pouraller rejoindre autrui. Sinon,lʼhomme demeure séparé desautres. »

Renaut démontre quʼen élaborantsa théorie de lʼhomme libre mod-erne, Sartre a oublié lʼAutre, condi-tion de la vie en société. Lesmoyens quʼil se donne sont insuff-isants pour pouvoir franchir les bar-rières de lʼindividu et partager avecautrui. Qui dit échec de la morale, ditégalement difficulté au niveau delʼélaboration dʼune théorie éthique etnormative du comportement hu-main. Dʼailleurs, Sartre spécifie dansles Cahiers pour une morale (pub-liés en 1983 à titre posthume) quʼundes obstacles à lʼaffirmation de laliberté individuelle est la dimensiondu « devoir » et du « droit », surtoutimposée de lʼextérieur. Renaultsouligne les enjeux de taille que celapose à la légitimation dʼun systèmejuridico-politique de normes où droitet devoir sont considérés comme lesprincipaux piliers.

Le sujet du droitQuelle est la pertinence de discuterdʼune philosophie du sujet dans uncontexte légal? En dʼautres mots,quʼest-ce quʼon sʼen balance dans

un journal de droit? En fait, lʼimpor-tance se révèle dans la mesure oùce même sujet est fort probablementlʼunité première des théories de lajustice, puisque lʼêtre humain pos-sède des droits inviolables. Si lepoint de départ même de cesthéories échoue dans une tentativede rejoindre lʼautre dans sa liberté,il échoue à nouveau lorsquʼil tentede justifier la nécessité de lʼimplan-tation de règles qui puissent régulercette même liberté partagée. M.Dumas soutient alors quʼ« on en re-vient à la nécessité de pouvoir sʼen-tendre sur un contrat social ».

La doctrine de Sartre étant enquelque sorte démystifiée, il est tou-jours possible de recourir à dʼautreslumières afin de se munir de nou-velles armes pour défendre avecéloquence philosophique ce chersystème légal. Sur ce, bonnes lec-tures estivales amis juristes.

Chronique philosophique: Le refus de la norme

Denis Dumas, professeur auDépartement de philosophie de

lʼUniversité dʼOttawa.

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Raphaëlle L. [email protected] [email protected]

Depuis 1975, de nombreux juristesen devenir ont participé à unconcours devenu une réelle traditionau sein de la Faculté : le Plus BelHomme. Cʼest mardi le 23 mars der-nier que sʼest déroulée la 35e éditiondu PBH durant lequel cinq coura-geux ont tenté de devenir PBH2010 : Kurt Doyle, Khalid Aziz Al-guima, M-J. Watfa, Pascal Routhieret Richard Scott.

Le comité organisateur de lʼévéne-ment a pensé quʼil serait intéressantdʼinviter des anciens PBH pour sou-ligner le 35e anniversaire de lʼévè-nement. « On voulait vraimentorganiser quelque chose de gros.Une soirée mémorable! Malheureu-sement, il y a eu quelques difficultésdans la recherche des anciens PBHparce quʼil y avait un manque de do-cumentation », nous révèle PhilippeCoderre, représentant de 2e annéeet membre du comité social.

Ils ont toutefois réussi à solliciter laprésence de Marc Coderre qui futsacré PBH en 1984 alors quʼil étaitlʼanimateur! « Dans mon temps, lePBH se déroulait à la faculté. Il dé-

butait à 19 h et tout le monde étaitdéjà couché à lʼheure quʼil est! », arelaté celui-ci en guise dʼintroduc-tion.

Quelques problèmes organisation-nels ont retardé le début du spec-tacle, obligeant ainsi la plupart desétudiants à attendre près dʼuneheure au froid. Le spectacle a fina-lement débuté aux alentours de mi-nuit devant une foule de gens,composée surtout de femmes hys-tériques prêtes à sʼépoumoner pourles candidats. Malgré tout, la sallesʼest révélée être lʼendroit tout dési-gné pour ce genre dʼévénement :« Le Club Addiction est vraimentparfait puisquʼils ont une grandescène. La section VIP en haut estidéale pour permettre aux candidatsde se préparer, dʼinteragir un peu etde profiter de lʼalcool fourni par lecomité social », pense StéphanieMorin, membre du comité social etorganisatrice principale de lʼévéne-ment.

Lʼune des traditions du PBHconsiste à inviter des professeurs dela Section pour juger lʼévénement,tradition qui fut partiellement entra-vée cette année. Le professeurMarc Boudreault fut le seul repré-sentant du corps professoral, ac-compagné de deux anciens

participants PBH, Glen Schwartz etJoel Tietolman (co-PBH 2007). Cesderniers ont eu la lourde de tâche dechoisir celui qui repartirait avec les200 $ remis en guise de premierprix.

Après trois épreuves, soit unconcours de question, un TalentShow et un défilé de maillots debain, les juges ont finalement cou-ronné le Plus Bel Homme de lʼannée2010. Khalid Aziz Alguima, grandvainqueur, a trouvé lʼexpérience plu-tôt drôle : « Après les deux pre-mières épreuves, ma confiance étaità son plus haut niveau. Je souhaiteaux futurs participants de bien sepréparer ». Kurt Doyle, qui a dû secontenter dʼune deuxième place,sʼest tout de même dit satisfait : « Jene regrette pas du tout mon expé-rience, mais je ne crois pas me pré-senter lʼan prochain ».

Bien que le ton de la soirée futassez osé et plutôt léger, Marc Bou-dreault pense que le concours abien sa place : « Cʼest une occasionpour les étudiants de sʼamuser, jenʼai aucun problème avec ça. Cʼestsûr quʼil y a quelques dérapages, çaarrive dans tous les PBH. Ce nʼétaitpas la pire année du tout! » Il ajouteavoir apprécié lʼexpérience : « Jʼaivraiment été impressionné par toute

cette énergie. Cʼétait quelque chosede voir les filles crier comme ça,sans relâche, pendant toute la soi-rée! »

Plusieurs étudiants ont toutefois ma-nifesté leur mécontentement face àla décision des juges qui ont eubeaucoup de difficulté à départagerles deux derniers candidats en lice,Khalid et Kurt. Lʼépreuve ultimeconsistait à aller le plus loin pos-sible. Une personne a alors suggéréde faire une course de bisous. « Ilsauraient dû être jugés sur leur per-formance et leur préparation plutôtque sur une épreuve faite à lʼimpro-viste », commente Bruno Gélinas-Faucher, président de lʼAÉÉDCO.

Quoi quʼil en soit, malgré quelquesproblèmes organisationnels, la soi-rée fut finalement mémorable. An-toine Querry, animateur de la soirée(sacré co-PBH en 2007 et PBH en2009) et Olivier Leclair (PBH 2008)sʼentendent pour dire « Cette annéeétait hors de notre ligue! Cʼétait in-tense! » « On est retourné à lʼes-sence même du PBH », sʼexclame,quant à lui, Philippe Coderre. Côtéintensité, on peut dire que le public aété servi!

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Vie Campus

Charlotte [email protected]

Le printemps et les outardes nousont pris par surprise cette année. Àlʼheure où je vous parle, si la ten-dance se maintient, elles sont bel etbien en avance. Quʼon se le tiennepour dit, les examens, eux, neseront pas devancés. Pas plus queles vacances. Contre mauvaise for-tune bon cœur, on aura que plus detemps pour bien les préparer.Mais avant de vous causer détenteset compagnie, je souhaite rassurerceux que le regard perçant dʼun petitécureuil noir aurait troublé. Frianddʼautres chairs que les nôtres ouayant cru que son intimidation silen-cieuse suffirait pour le moment, ildisparut dans les fourrés. Cette ren-contre pas tout à fait opportune eutdes effets inattendus. Dʼavoir vécu

ensemble cette éprouvante tranchede vie, nous rapprochât, la Ministreet moi, comme aucun feuilleton par-lementaire, aucun projet de loi, nelʼavait jamais fait. Si Mars nʼétait pasarrivé avec autant dʼentrain, nous enserions sûrement encore àmusarder en pleine nature. Maisvoilà, les Jeux terminés et la flammeéteinte, le gouvernement leva la pro-rogation et il nous fallu bien re-tourner à nos obligationsrespectives. Parmi ces obligations,celle de respecter la séparation despouvoirs. Comme quoi, il nʼy a pasquʼaux juges de la Cour suprêmeque cette règle cause des maux detête. Enfin, les chemins de lʼamitiéne sont pas tous sans embûche.

Cʼest donc sur cette aventure, quecertains qualifieront de loufoque – jene les blâme pas – et sur lapromesse dʼune amitié quʼune

prochaine prorogation pourrait voirfleurir, que le rideau se baisse. La finde lʼannée approche et voici déjàvenu le temps de la dernièrechronique. À ce jour, la folie bruisseencore dans les corridors de Fau-teux. Je ne saurais dire si cʼest quejʼy prête plus attention quʼavant ou sielle se manifeste réellement plusbruyamment, mais il me semblemieux lʼentendre depuis quelquetemps. Dans ces courants qui tra-versent la Faculté, il me semble en-trapercevoir la fin prochaine dʼunecertaine aridité, dʼune sécheresse,qui trop longtemps a caractérisé lʼé-tude du Droit. Le Droit touche à tout,se mêle de tout, fourre son nezpartout. Et sʼil se trouve ainsi aucœur même de la vie en société, ilme semble illogique, voire contre-nature, quʼon ne puisse trouver laclé de sa compréhension quʼaucœur de Codes et de Lois rébarba-

tives. Si on veut améliorer lʼaccès àla justice, ne faudrait-il pas com-mencer par lʼaccès au Droit? Nefaudrait-il pas rendre tous ces textesde loi et ces règlements un peumoins obscurs pour le commun desmortels? Ne faudrait-il pas accepterune fois pour toutes dʼutiliser lesmots de tous les jours pour expli-quer des concepts de tous lesjours? Ainsi, plutôt que « répéter »on pourrait dire tout simplement« repayer », voire « rembourser ».On mettrait fin à tous ces « en lʼe-spèce », « à sa face même », etautres « raisonnabilité » qui donnenttant de fil à retordre à tous les non-initiés. Car pour faire respecter sesdroits, ou pour même penser à lefaire, encore faut-il les connaître. Jedis : le Droit pour tous. Je dis : leDroit à la rue. Je dis : le Droit révo-lutionné.

La tradition de se pervertir pourêtre consacré PBH se perpétue

Les folies du législateur: Le printempsChronique dʼhumour surréaliste

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Vie CampusCatherine [email protected]

Laissés sur leur faim par les cock-tails présentés par les cabinets tra-ditionnels et désirant combler lesdifférents intérêts des étudiants, Am-nistie Internationale – UniversitédʼOttawa (AI-UO) organisait, enmars dernier, la deuxième édition ducocktail carrières alternatives. Réa-lisé lʼan dernier en partenariat avecAvocat Sans Frontières, cetteannée, le groupe Amnistie faisait ca-valier seul pour mener lʼévénement.

« Nous avons tenté de cibler les do-maines de droit moins représentéspar les cocktails traditionnels », ex-plique la coordonnatrice des activi-tés connexes dʼAI-UO, Karine ElHanbli. « Nous avons repris lamême liste dʼinvités que lʼan passé,et nous avons trouvé de nouveauxcontacts, principalement par Inter-net. »

Cʼest ainsi que des représentants dedifférentes ONG, comme les orga-nismes FOCAL, Un monde à parta-ger et le Congrès des autochtones,ont pu rencontrer les étudiants et ré-

pondre à leurs nombreuses ques-tions. Des invités provenant de mi-lieux juridiques souvent laissés danslʼombre étaient également présents.Des notaires, médiateurs ou juristestravaillant aux ministères de la Jus-tice et des Affaires étrangères ainsique dans des tribunaux administra-tifs se sont déplacés pour sʼentrete-nir avec la relève.

Formule amélioréeNouveauté par rapport à lʼan der-nier, le cocktail était précédé dʼun« Speed Networking ». Fonctionnantsur le même principe que le « SpeedDating », les étudiants avaient cinqminutes pour rencontrer les diffé-rents invités et apprendre àconnaître leur milieu de travail.

Une activité appréciée de tous.« Cʼest une idée géniale! », men-tionne Jason Benovoy, fondateur delʼorganisme Un monde à partager.« Ce nʼest jamais évident dʼaborderles gens, on ne sait pas commentdébuter une conversation, alorscette forme de rencontre te permetde le faire. » Marie-Ève Sasseville,membre dʼAI-UO ajoute que « le faitdʼêtre jumelé en équipe lorsquʼon va

voir des invités permet de donnerdes idées de questions, dʼinforma-tions à leur demander. Et en mêmetemps, ça permet de dégêner lesgens. »

Ces rencontres de cinq minutes ontcependant passé trop vite au goûtde plusieurs. « Cʼest vrai que cinqminutes cʼest court, mais ça nousoblige ensuite à retourner voir lesgens si on veut avoir plus dʼinforma-tions sur les domaines qui nous ontvraiment intéressés », ajoute SarahJiwan, étudiante.

Moins de quantité, mais toute laqualitéDʼabord déçue du nombre restreintdʼétudiants présents, Mme. El Han-bli se dit cependant satisfaite. « Lesgens présents étaient vraiment inté-ressés et tous les invités étaient mo-nopolisés », explique-t-elle. Opinionque partage son collègue Pierre-Alexandre Cardinal, coordonnateurdes campagnes dʼAI-UO. « Cʼétaitun bon succès. Il y avait un peumoins de gens que lʼan dernier, maistous les étudiants semblaient trèssatisfaits des rencontres faites etdes réponses obtenues. »

De la diversitéSelon Mme. El Hanbli, le but decette activité était de démontrer quʼily a dʼautres domaines de pratiqueen droit et que ce nʼest pas parcequʼun étudiant ne participe pas à lacourse aux stages quʼil ne peut pasavoir accès à dʼautres débouchés.« À cette période-ci de lʼannée, cer-tains étudiants se sentent découra-gés et remettent en question leurchoix de carrière. Cet événementétait une opportunité pour leur re-donner de la motivation en leur per-mettant de parler avec des genspassionnés, provenant de milieuxvariés. »

Un intérêt pour la diversité partagéet promu par Pierre Thibault, doyenadjoint et secrétaire de la Section.« Il y a plus de 23 000 avocats auQuébec, cʼest donc difficile de sedistinguer. Ceux qui vont voirdʼautres domaines et qui ont des in-térêts variés ont donc une longueurdʼavance », mentionne-t-il. « Cesdifférentes voies de carrière permet-tent à chacun de réaliser son poten-tiel dans le domaine quʼil choisit.»

Lʼalternative aux grands cabinets

Courses aux stages, Enfin finieRaphaëlle [email protected] [email protected]

Le triathlon légal quʼest la courseaux stages est maintenant achevé.Les athlètes de Fauteux, vidés deleur énergie, peuvent maintenantrecommencer à respirer. Effective-ment, le jeu de séduction entre lesfirmes et les étudiants de droit a prisfin le 26 mars dernier alors que cer-tains se sont fait réveiller très tôt lematin par le coup de téléphone tantattendu…

Certes, nʼen demeure pas moinsque ces trois dernières semainesont été assez intenses pourplusieurs étudiants qui ont dû jon-gler avec leur présence aux cours,les entrevues et les cocktails. Il nefaut pas non plus oublier tout lestress qui vient avec ce processus. Ilva sans dire que sʼinstaller seul de-vant un panel dʼavocats nʼest rien demoins quʼintimidant. On sʼinterrogesur le genre de questions quʼon vanous poser, comment se tenir, com-ment bouger bref, on se lance dansla fosse aux lions. Par conséquent,vaut mieux se préparer à toutes

éventualités.Avant dʼentamer le processus, onentend toujours beaucoup de légen-des urbaines en passant par lafameuse question « Si vous étiez unfromage, quel genre de fromage se-riez-vous? » et en allant jusquʼà desquestions sur le code civil.Détrompez-vous, ce quʼon chercheà faire, cʼest de vous connaître. Bienentendu, certains si prennent mieuxque dʼautres. Quoi quʼil en soit, ilvaut mieux rester soi-même tout aulong de chaque entrevue puisquequand on cherche à obtenir unstage, cʼest un peu comme chercherune deuxième famille. Cela étant dit,il faut être à lʼaise avec le cabinet etles gens qui y travaillent. On peutdans une même journée passer plusde 5 entrevues, mais ne recevoirquʼun appel. Pourquoi? Cʼest unprocessus tout à fait aléatoire. Lescabinets reçoivent jusquʼà 400 CV,nʼen retiennent pas beaucoup plusdʼune centaine pour une premièreentrevue puis, plus on se rend loin,plus les chiffres diminuent. On seretrouve alors au beau milieu dʼex-cellents candidats parmi lesquels ondoit laisser notre marque. Commentest-ce quʼon fait pour choisir? Etbien, les cabinets cherchent dʼabord

et avant tout un collègue, quelquʼunavec qui ils veulent travailler et en-visager une relation à long terme. Ilfaut être conscient de cela et ne passʼen choquer outre mesure. Cʼest unprocessus qui peut être frustrant,mais grâce auquel on apprend àmieux se connaître et à mieux gérerla pression. Cʼest un défi hors pairque nous offrent nos études en droit.

Pour beaucoup, la course auxstages, ce nʼest quʼun rite de pas-sage. Quelque chose que lʼon doitfaire parce que nous sommes endroit. Toutefois, détrompez-vous.Avant de passer au travers duprocessus, il faut vraiment se ques-tionner. Si on prend un peu de reculet quʼon sʼattarde vraiment à cequʼest la course aux stages, on serend vite compte que ce nʼest pasquelque chose à prendre à la légère.On parle ici de trois semaines in-tenses qui impliquent beaucoup dedéplacement, de temps, dʼargent etdʼabsence en classe.Que ce soit pour obtenir un stage outout simplement pour prendre unbrin de confiance en entrevue, lʼex-périence en vaut vraiment la peine!Stage en main ou pas, vous enressortirez gagnant et grandi…

Conseils pratiques pour la courseau stagePrenez de lʼavance dans vos cours,car vous en manquerez beaucoup!Participez à la simulation dʼentrevuepour identifier tout de suite les ques-tions qui vous causent problème.Préparez des questions pour lescabinets : cela montre votre sérieuxet votre intérêt à bien choisir votrefutur lieu de travail.Bien cibler les cabinets qui vous in-téressent vraiment pour éviter de seretrouver avec 10 entrevues et pourpouvoir répondre adéquatement à laquestion : « Pourquoi avez-vouspostulé chez nous? » Laréponse « Parce que jʼai postulépartout » étant peu recommandée…Placez un cabinet qui vous intéressemoins en première entrevue; lestress tombe après celle-ci, vousserez alors à votre meilleur pour lescabinets qui vous intéressent vrai-ment.

Prévoyez une somme importantedans votre budget pour des allers-retours Montréal-Ottawa ouQuébec-Ottawa, surtout si vousnʼavez pas de voiture.Soyez prêts à répondre à quelquesquestions en anglais.

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Vie CampusLʼONU, mieux que rien

Gabrielle Côté[email protected]

Lʼancienne vice-secrétaire de lʼOrgani-sation des Nations Unies (ONU) LouiseFréchette dépeint un portrait très prag-matique du fonctionnement de la plusimportante organisation internationale.Invitée à lʼUniversité par le professeurDumberry, elle est venue parler aux étu-diants du cours de Droit des organisa-tions internationales. Sa présentation adébuté par les mots suivants : « Les Na-tions Unies ne sont pas un gouverne-ment mondial même embryonnaire. Ilsʼagit dʼune organisation dʼÉtats ».

Celle qui secondait lʼancien secrétairegénéral de lʼONU Kofi Annan dans toutela gamme de ses responsabilités a ex-pliqué son affirmation par deux raisonsprincipales. Dʼabord, certaines résolu-tions onusiennes sont obligatoires et de-vraient lier les États membres (art. 25 dela Charte des NU), mais dans la plupartdes cas, sʼil y a violation, « il nʼy a pasvraiment de conséquence », croit ladiplomate à la retraite. Lʼexception con-firme la règle. Par exemple, lʼIrak a dûse soumettre à de très lourdes sanctionsà la suite de la guerre du Golfe (Résolu-tion 687).

Dans un deuxième temps, tous les Étatsqui ont les moyens de le faire tentent dedéfendre leurs intérêts, tandis quʼun réelgouvernement mondial devrait tenter derépondre aux besoins de tous sescitoyens. Les plus petits États ne sontégaux aux autres quʼen théorie parcequʼils ne peuvent pas investir du tempset des ressources dans toutes les ques-tions discutées. Cʼest pourquoigénéralement trois ou quatre petits États

représentent tout leur groupe lors desnégociations informelles si la questionest suffisamment importante.

Selon Louise Fréchette, le Canada« sʼest replié sur lui-même [au niveau in-ternational] ces dernières années » et ilcollabore souvent avec lʼAustralie et laNouvelle-Zélande en raison de la simi-larité de leurs opinions. À son avis, leCanada est assez isolé parce quʼil nefait pas vraiment partie dʼune associa-tion régionale telles que lʼUE, la Ligueafricaine ou le groupe de Rio et il nʼestpas aisé de cohabiter avec notre voisindu Sud. De plus, une douzaine de paysqui étaient autrefois discrets prennentmaintenant la parole sur la scène inter-nationale. Alors, il est difficile pour leCanada de prendre un rôle de leader-ship.

Lʼancienne ambassadrice du Canada àlʼONU a aussi précisé quʼil nʼy avait dedébats enflammés et de vote formel quesur une minorité de questions qui sontsurtout liées à une menace potentielle àla sécurité mondiale. Il sʼagit entreautres des questions relatives auMoyen- Orient. Selon la spécialiste néeà Montréal, la plupart des questions necréent pas de débats interminables enraison de la portée limitée des résolu-tions.Celle qui a occupé de nombreux postesau Ministère des Affaires étrangères aabordé le rôle du Secrétaire général quinʼa pas vraiment de pouvoir législatif. Ilsʼagit dʼun poste soumis à de nom-breuses pressions en raison de lʼimpor-tance de lʼinfluence quʼil peut exercernotamment par le biais de son droit deproposition. Il doit sʼassurer de se com-porter avec la plus grande impartialité

parce que « sʼil est considéré être souslʼinfluence dʼun groupe dʼÉtats, il perdrason influence très rapidement », soutientlʼinvitée. Il ne peut pas se permettre dela perdre parce que son efficacité re-pose sur sa capacité de dialoguer avecles États et de les convaincre à appuyerréellement certaines résolutions. En ter-mes concrets, cela peut signifier dʼen-voyer des troupes pour une mission demaintien de la paix.

Le problème de légitimité du Conseil deSécurité a aussi été abordé par lʼanci-enne sous-ministre de la Défense. Enraison de lʼampleur des critiques, il asouvent été discuté dʼéventuelles modi-fications de la sélection de ses membresafin que le conseil soit plus représentatifde toutes les régions du globe, maisaucun consensus nʼa été atteint. Ladiplomate de carrière voit lʼeffet positifque lʼaddition de ces Membres au Con-seil de Sécurité aurait sur les relationsinternationales. En effet, certains paysrécalcitrants à collaborer avec les Mem-bres actuels seraient probablement plusenclins à mettre de lʼeau dans leur vinsʼils négociaient avec le Brésil ou lʼÉ-gypte. De plus, « leur donner un siègeles responsabiliserait [par rapport à lasituation mondiale] », croit la premièreambassadrice canadienne à lʼONU. Ilscontribueraient ainsi davantage aux né-gociations de paix en cas de différend.

Mme Fréchette, aussi présidente de laChaire de recherche sur lʼénergie nu-cléaire de lʼUniversité Waterloo, a admislʼinfluence que peuvent avoir certainsjournaux dont le New York Times sur lesfonctionnaires de lʼONU même sʼils nʼontpas à sʼassurer de la satisfactionpublique. Cette reconnaissance a sur-

pris le professeur Dumberry qui ne pen-sait pas que les positions prises par lesmédias pouvaient avoir une influencesubstantielle sur les décisions prises parlʼorganisation internationale basée àNew York. Elle a aussi révélé lʼimpactnon négligeable que pouvaient avoircertaines ONG qui ont été incluses dansles grandes conférences depuisquelques années.

Lʼancienne vice-secrétaire reconnaîtque la situation actuelle « manquedʼidéalisme », mais elle est persuadéequʼelle est de loin préférable à un mondesans forum mondial où il est possible dediscuter et de tenter de trouver un ter-rain dʼentente pacifique. À ses yeux,cʼest en continuant de discuter avecceux qui considèrent que le traitementde leurs minorités est inclus dans leurdomaine réservé quʼon pourra faire despas en avant pour les droits delʼHomme.

David [email protected]

Lʼétudiant insatisfait qui demande unerévision de note peut ultimement serendre au Sénat de lʼUniversité. Enentrevue au Flagrant, le président duBureau des gouverneurs, MarcJolicoeur, explique la structure degouvernance.

LʼUniversité dʼOttawa est gouvernée parun système bicaméral. Cette structure,assure Marc Jolicoeur, a été mise enplace pour protéger le côté académique.Dʼun côté, il y a le Sénat, responsabledes politiques académiques. De lʼautre,se trouve le Bureau des gouverneurs,responsable de lʼadministration. LeBureau nʼayant pas de pouvoirsacadémiques, et le Sénat nʼayant pas lepouvoir dʼadministrer des ressourcesfinancières, ils doivent coexister afindʼassurer une bonne gestion. Une foisles décisions financières prises au plushaut niveau, des gestionnaires se voientdéléguer lʼexercice de certains pouvoirs.Le but, rappelle Me Jolicoeur, est

dʼassurer la non-ingérence du Bureaudans les affaires académiques delʼUniversité.

Durant ses sept dernières années detravail, M. Jolicoeur affirme quʼil y a euune bonne collaboration entre le Sénatet le Bureau. Il soutient que ces deuxcorps décisionnels « comprennent trèsbien leurs mandats respectifs, mêmelors de la prise de décisions mixtes ».Cʼest-à-dire des décisions qui ont uneincidence aussi bien au niveau financierquʼacadémique. Par exemple,lʼembauche de professeurs.

Quʼen est-il de la planification à longterme? « Les choses sont planifiées 10ou 15 années à lʼavance », affirme-t-il. Ilfaut identifier les besoins, et collaboreravec la province. La culture du don faitaussi partie de lʼéquation. Me Jolicoeuraffirme que les choses vont de mieux enmieux de ce côté. Les dons des anciensont augmenté « de façon substantielle »dans les 10-15 dernières années. Il y aune dizaine dʼannées, une levée defonds avec objectif de 50 millions de

dollars avait recueilli 57 millions. Lors dela dernière campagne de financement,lʼobjectif de 200 millions a permis derécolter 225 millions.

Portrait dʼun homme motivé

Pour le président du Bureau desgouverneurs de lʼUniversité, M.Jolicoeur, « Ça part dʼici. » Ayant terminéson secondaire au Collège Vanier avantde compléter un baccalauréat engestion en 1972, il a longtemps hésitéentre une maîtrise en gestion et desétudes en droit. Puisquʼil voulait fairecarrière à Ottawa, il a choisi la commonlaw.

Il a ensuite décroché un stage chezScott Aylen, un des cabinets quifusionnera plus tard pour donnernaissance à BLG. Il y travaille depuis.« Au début des années 1980, les tauxdʼintérêt avaient atteint 22 %. » La criseéconomique faisait des ravages. Il sʼestdonc lancé dans une pratique en pleinessor, la faillite et lʼinsolvabilité, mais« cʼest un domaine cyclique » admet-il. Ilallait donc développer une pratique endroit de la santé.

M. Jolicoeur siège entre autres, sur leCA de Centraide Canada, CentraidedʼOttawa-Carleton, de la Cité Collégialeet de la Fondation de lʼHôpital civiquedʼOttawa. Sa pratique dans le domainemédical sʼest développée au fur et àmesure que les opportunités se sontprésentées.

M. Jolicoeur est membre du Bureau desGouverneurs depuis juillet 2003. Ilcomptait quitter à la fin de son premiermandat en 2006, mais il est demeuré enposte afin de tenter de convaincre lerecteur de lʼépoque, Gilles Patry, derester lui aussi. Devant un refuscatégorique, il a dû se rendre àlʼévidence, et sʼatteler à la tâche. Il fallaittrouver un nouveau recteur. « Cʼest unprocessus long, qui implique beaucoupde consultations » rapporte lʼavocat.Son second mandat a pris fin lʼétépassé, et nʼayant pas encore trouvé desuccesseur, il a été prolongé dʼun an.

Parlons gouvernance avec le président

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Le Flagrant délitAvril, 2010 Page 9

Caroline Bé[email protected]

Cʼest dans lʼombre que le concourspancanadien de droit autochtoneKawaskimhon sʼest tenu àlʼUniversité dʼOttawa au début dumois de mars dernier. Pendant unefin de semaine, lʼévénement a attiréau pavillon Tabaret seize facultés dedroit du Canada. En dehors dʼuncourriel envoyé en octobre dernierpour annoncer la sélection desparticipants, bien peu de moyensont été mis en œuvre pourpermettre dʼexposer son existence.

Cette rencontre visait à obtenir unconsensus par la négociation surune affaire autochtone. Tous lesparticipants étaient donc gagnants.Une approche digne dʼintérêt, quisort les futurs avocats du cadredʼapprentissage traditionnel basésur la confrontation. Dans les sallesde classe, la plupart desprofesseurs mettent lʼaccent surlʼimportance de gagner son procès.Pourtant, le séminaire de médiationet de justice participative (DRC2500), obligatoire en deuxièmeannée, permet dʼexpérimenterdʼautres modes de résolution deconflit. Cʼest ce contexte quelʼexpérience Kawaskimhon permetde vivre. Le but du processus nʼestpas de gagner, mais bien dʼarriver àun consensus entre tous lesintervenants et les parties en litige.Comme lʼont souligné à denombreuses reprises les aînésprésents lors des débats « le but delʼexercice est de discuter etdʼapprendre ».

Beaucoup dʼétudiants etdʼenseignants intéressés par le droitdes autochtones déplorent le peu depublicité dont a bénéficié cetterencontre. Comme le souligne undes membres de lʼéquipe de laSection de droit civil à lʼUniversité

dʼOttawa, Nikola Todorovic, « seul ledoyen de la faculté de Common Lawa tenu un discours lors de la soiréedʼouverture ». Tout au long desnégociations, les bancs desspectateurs étaient complètementvides. Seuls les professeursresponsables des représentants desfacultés étaient présents. Pour laplupart, leurs téléphones cellulairesétaient beaucoup plus intéressantsque les discussions qui sedéroulaient sous leurs yeux.

La fin de semaine des négociationsa donc débuté le vendredi soir avecun vins et fromages permettant auxparticipants de chaque facultédʼéchanger entre eux et ainsidʼétablir de bonnes bases pourfavoriser les discussions. Chaquejour de négociation commençait parune prière dite par un des aînésautochtones pour remercier la terreet favoriser les pourparlers. Selon leparticipant de notre faculté PhilippeCordisco, « à titre dʼhumanisteathée, cʼétait une véritable perte detemps dʼimposer une prière auxéquipes de négociations ».

Les seize équipes étaient diviséesen deux sous-groupes pourpermettre à chaque faculté deprendre la parole au concours. Lepremier groupe était trèscérémonieux. Chaque participant,pour parler, devait tenir la plume dela parole. Ce processus causait unralentissement dans lesnégociations puisquʼil y avait un trèslong temps de silence lorsque deuxparticipants étaient aux extrémitésdes tables et se relançaient desquestions épineuses. Le deuxièmegroupe, dans lequel se trouvaitlʼéquipe de droit civil de lʼUniversitédʼOttawa, était moins à cheval surles procédures à respecter. Cemanquement au protocole leur amême valu la colère de lʼAîné TerryMckay qui devait favoriser les

négociations finales du dimanche. Àson avis, puisque la procéduredʼinvitation officielle à se joindre aucercle des négociations nʼétait pasrespectée, lʼétiquette nʼétait pasconforme aux bonnes négociations.Il a donc tout simplement quitté lasalle et est allé sʼen plaindre à lʼundes organisateurs du concours. Leprofesseur en charge de lʼéquipe dedroit civil, M. Lacasse sʼest dit peusurpris de cette situation. Pour lui,« il était évident que cela allait seproduire puisque les autochtonesdémontrent toujours beaucoup derespect à leurs aînés et les invitentpar le fait même à se joindre à euxlors de négociations ». Lors duretour de lʼaîné Mckay au sein ducercle, chaque membre lʼa remerciéde sa présence et sʼest excusé delʼoffense portée, ce qui a entraînéune perte dʼau moins une heure denégociations.

Après cette péripétie, les membresdu concours semblaient plussʼoccuper de lʼaîné que des autresparties au litige. Lorsquʼils parlaient,ils ne regardaient plus que celui-ci.Bien que le grand cercle desnégociations ait duré une heure ledimanche matin, tout avançait auralenti. Cʼest lorsque les médiateursont annoncé quʼil était maintenanttemps de se diviser en sous-groupeque les vrais pourparlers ontdébuté. Au départ, les représentantsde chaque équipe discutaient entreeux pour déterminer qui allait parleravec quelle équipe puis chacun sedirigeait vers lʼéquipe en questionpour tenter de trouver un compromisqui conviendrait à tous. Lors duretour en cercle plusieurs équipesavaient soumis des propositions àdʼautres membres et chacun croyaitquʼavec un peu plus de temps, ilaurait été possible de trouver unterrain dʼentente. Comme lʼasouligné lʼun des organisateurs duconcours, « il est très rare que des

négociations se terminent dans unsi cours laps de temps ».

Le dîner de clôture marquait la findes négociations et par le fait mêmedu concours. Dans lʼaprès-midi, lesseize équipes étaient réunies dansla grande salle pour faire un bilan dela fin de semaine. Chaque membredevait donner son avis sur ledéroulement des négociations. Enfait, les commentaires sontrapidement devenus répétitifs, touset chacun remerciant les aînés deleur présence, la nation algonquinede permettre lʼutilisation de leursterres et chaque participant pouravoir mené les négociations dans lerespect. Lʼéquipe de droit civil a étéune des rares à faire uncommentaire constructif en affirmantque les médiateurs devaient êtreplus proactifs pour permettre auxdébats dʼavancer.

Un bémol à ce concours; legaspillage était au rendez-vous. Lestasses de café en carton et lesbouteilles dʼeau en plastique étaientutilisées en trop grande quantité etjetées dans la grande majorité descas. Certains membres de lʼéquipede droit civil ont même affirmé avoirpris les bouteilles dans les poubellespour les mettre à la station derecyclage quelques mètres plus loin.La compagnie utilisée pour fournirles dîners suremballait à outrance lecontenu des sacs-goûter.

Ces désagréments nʼont pasempêché les quatre membres delʼéquipe de droit civil dʼapprécier leurexpérience. Il sʼagissait de lapremière participation de la faculté àce concours depuis de longuesannées. M. le professeur Lacasseespère que les budgets seront aurendez-vous pour donner suite auconcours qui se tiendra lʼannéeprochaine à lʼUniversité de British-Columbia.

Kawaskim-quoi ?Tout le monde gagne

Vie plaidoirie

Marie-Pier Dufresne [email protected]

Une erreur sʼest glissée danslʼédition de Mars du FlagrantDélit. Dans lʼarticle intitulé « As-sistanats de recherche ou pro-gramme dʼexcellence? », il a étémentionné quʼune professeureavait suggéré à lʼétudiante

Stéphanie Bélanger de renou-veler son mandat. En entrevue,Mme Bélanger avait plutôt men-tionné que la professeure enquestion lui avait proposé deréappliquer pour un assistanatpuisquʼelle avait apprécié tra-vailler avec elle. Toutes nos ex-cuses.

ErratumPhilippe [email protected]

La table de baby-foot est présentementretirée de lʼAtrium. Selon lʼAEEDCO, ledoyen de la Section de common law areçu des plaintes concernant le bruitproduit par l'excitation des joueurs debaby-foot. Après plusieurs déplace-ments de la table, il semble que les

plaintes demeurent constantes. Ledoyen adjoint de la Section, M. Thibaulta été contraint d'effectuer des pressionssur l'association étudiante. La table estretirée pour le moment. L'exécutif delʼAEEDCO souhaite faire comprendreaux plaintifs que l'Atrium est un espacepublic dédié davantage à la détenteplutôt qu'au travail scolaire.

La table fauteuse de plaintes

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Vie CampusUne vie professionnelleavec les autochtones

Sébastien [email protected]

On me demande souvent ce qui mʼaconduit à mʼintéresser au droit desautochtones. En effet, il peutparaître étonnant quʼau début desannées 1990, un étudiant en droitayant grandi à Montréal et nʼayantjamais eu de contact avec la réalitéautochtone se soit intéressé à cedomaine alors inexploré.

Cʼest mon professeur de droit con-stitutionnel, François Chevrette, quimʼavait suggéré de me pencher surlʼarrêt que la Cour suprême venaittout juste de rendre dans lʼaffaireSparrow et dʼen faire le sujet dʼuntravail de recherche dirigée. Jʼaialors découvert un champ passion-nant sur le plan de la théorie et delʼhistoire du droit. À lʼépoque de lacrise dʼOka, je nʼétais pas non plusinsensible aux injustices subies parles peuples autochtones et à la con-tribution potentielle du droit àlʼamélioration de leur situation. Jeme suis aussi rendu compte quʼil ex-istait très peu dʼécrits juridiques enfrançais sur le domaine. Jʼai doncsaisi lʼoccasion pour publier mon tra-vail de recherche, puis pour en fairele sujet de mon mémoire demaîtrise, lui aussi publié sous formede livre.

Arrivé sur le marché du travail, jʼaieu la chance dʼêtre embauché parun cabinet qui comptait, parmi saclientèle, les Cris du Nord duQuébec. Jʼespérais travailler surdes procès de droits ancestraux,mais cʼest avec la réalité plusprosaïque des questions dʼexonéra-tion fiscale des autochtones que jʼaitranquillement appris le métier dʼav-

ocat. Certains de ces dossiers mʼontpermis de me rendre dans les com-munautés cries et de commencer àconnaître la réalité autochtone. Parexemple, jʼai séjourné une semaineà Mistissini afin dʼobtenir despreuves pour préparer la défense denotre cliente, la Compagnie de con-struction crie, contre un recours col-lectif. Avec le recul du temps, je me

rends compte que jʼavais le com-portement dʼun Blanc pressé etstressé, uniquement préoccupé parles affidavits que jʼavais pour mis-sion de faire signer, qui tranchaitavec le calme et la sérénité des Cris.Mes hôtes ont été assez gentils pourne pas mʼen tenir rigueur. Jʼai quandmême réalisé que les Cris pouvaientêtre très efficaces et rapideslorsquʼils prennent la décision dʼagir.

Cʼest à cette époque quʼun jour jʼaireçu une demande de lʼUniversitéMcGill pour enseigner, à titre dechargé de cours, le droit des au-tochtones. Je savais déjà que jʼado-rais lʼenseignement. Jʼai doncaccepté sur le champ. Lors du pre-mier cours, la moitié des étudiantsétaient plus vieux que moi…Relever ce défi a été extrêmement

profitable sur le plan intellectuel, carjʼai pu acquérir une connaissanceapprofondie de la plupart des sujetsqui composent le droit des au-tochtones. Au fil des ans, mes notesde cours mʼont servi à rédiger monmanuel de droit des autochtones,Aménager la coexistence. Lʼun demes étudiants de McGill, John PaulMurdoch, était un Cri de Waskagan-ish. Nous sommes demeurés encontact et qui aurait pu croire que,

dix ans plus tard, nous donnerionsensemble le cours de Traditions ju-ridiques cries à Mistissini! Cʼestaussi dans ces années que je mesuis lié dʼamitié avec Ken Rock, unInnu de Mani-Utenam, avec qui jʼaieu la chance de réaliser plusieursmandats et qui mʼa même invité, lorsdʼune de mes visites sur la Côte-Nord, à exercer avec lui ses droitsancestraux de pêche sur la rivièreMoisie.

Cependant, même si jʼai eu lachance de plaider des causes fortintéressantes dans des domainesvariés, je réalisais graduellementque la pratique du droit à tempsplein ne me satisfaisait pas. Ce queje voulais, cʼétait devenir professeurdʼuniversité, et il fallait un doctoratpour y parvenir. Jʼai donc pliébagages en direction dʼOxford avec,bien sûr, un sujet de thèse en droitdes autochtones. Juste avant departir, une visite à Chisasibi, pourdonner une conférence, a été déter-minante sans que je mʼy attende :cʼest là que jʼai rencontré ma con-jointe, Christiane, qui y occupait unemploi depuis peu. Chisasibi estdonc devenu pour moi un lieu devisites fréquentes, puis dʼun séjourprolongé, alors que je rédigeais mathèse et que nous attendions notrepremière fille.

Cʼest donc une combinaison dehasards, de suggestions opportuneset de vision à long terme qui afaçonné mon intérêt pour le droit desautochtones et qui mʼa donnélʼamour, des amitiés durables, desdéfis intellectuels stimulants… etplusieurs groupes dʼétudiants in-téressés!

Présidente: Alik Angaladian Académique: Diane Lafleur Externe: Lyla Bradley Interne: Gabriel Archambault

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Vie plaidoirie en photOs

Communications: Laetitia Angba Social: Katrina Frappier Sportif: Justin Beeby Finances: Philippe Devault

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Vie plaidoirieJodi [email protected]

The Laskin Moot Court Competitionturned 25 this year. And to celebrateDroit civil took home the first placeprize. Given the facultyʼs showing,the end result was not surprising; re-spondents Camille Provencher andJodi Lazare won best pair and ap-pellants Nicolas Dubois and AudreyBourassa came in second. CamilleProvencher was also named thirdbest oralist.

The competition, hosted by McGillUniversity, saw 18 Canadian facul-ties of law come together at Mon-trealʼs Court of Appeal to plead theircases. Or rather, the cases of threepermanent residents who refused toswear allegiance to the Queen inorder to become Canadian citizens.

The problem was a unique one,given that it lacked a significant ad-ministrative law component. Thatsaid, nobody was complaining. “Ifound the subject fascinating frombeginning to end,” said CamilleProvencher.

Mooting coach Nicolas Lutz, a grad-

uate of Droit civil who participated inthe Laskin himself, agreed. “As withprevious years, the problem dealtwith a current and complex issue. Itgave students/mooters the opportu-nity to demonstrate the quality oftheir analytical skills.”

The Laskin is known not only forraising interesting legal questionsand debate, but also for its social as-pect. Upon welcoming mooters tothe event, organizers Tim Moseley,of CIBC, and Karim Renno, of Osler,Hoskin & Harcourt LLP, placedmajor emphasis on the social side ofthe Laskin. They encouraged stu-dents, coaches and judges alike toattend the many cocktails and tovisit the open bar at the infamoushospitality suite, fittingly located inthe penthouse of the IntercontinentalHotel, where the weekendʼs festivi-ties took place.

But for Droit civil, the true highlightof the weekend was pleading in thefinal rounds. For the first time sinceits inception, organizers of theLaskin decided to hold two finalrounds, pitting the two best appel-lant teams against the two best re-spondents. Rumour has it that the

change was made for the rare casewhere the same university rankedfirst on both sides – precisely whathappened in the case of Droit civil.

For Nicolas Lutz, this made for“quite a pleasant surprise.” And forfactum coach, Professor David Ro-bitaille, it was mission accom-plished. “After the last roundpleaded, I had a feeling there was achance that both of our teams wouldmake it to the final,” he said. “But Ididnʼt dare believe it, as I was wellaware that this would be an excep-tional result. When the announce-ment was made, I felt like a weighthad been lifted and said to myself,we are bringing something back tothe faculty again.”

The final rounds took place immedi-ately after the top four pairs were an-nounced and in the same roomwhere the announcement wasmade, which meant an audiencenumbering in the hundreds. Ofcourse the pressure of a courtroomfull of spectators, which included fel-low mooters, coaches, organizersand judges, paled in comparisonwith the nerves brought about by thejudges that composed the final

bench.

Presiding over the finals was JusticeIan Binnie, of the Supreme Court ofCanada. To his left sat Justice AllanHilton of the Quebec Court of Appealand to the right, Justice EdmondBlanchard, of the Federal Court.Also present were Justice DanielleCôté of the Court of Quebec andVanita Goela, of the Department ofJustice, who authored this yearʼsproblems.

The extreme stress of facing thebench made it easy to forget the au-dience. Yet Droit civilʼs mootersmanaged to go beyond their nervesand make a lasting impression. ForNicolas Dubois, it was a thrill like noother. “Pleading in the final at theLaskin is as much an adrenalinerush as parachuting,” he said. “Youhave just one chance to make agood impression on the judges. Youneed to take charge of the situationdespite all of the stress.”

And take charge they did, makingthe months of intense preparationpay off.

Nerves Aside, Droit Civil Wins the Laskin

Simon [email protected]

« Mesdames et messieurs du jury, lapoursuite a fait grand cas des coups queM. Grasse a reçus lorsquʼil était parterre. Ces coups nʼont aucune impor-tance; ils ne sont pas pertinents puisqueM. Grasse était déjà mort. Il y a donc undoute raisonnable que la poursuite nepeut pas effacer.»Si vous aviez assisté à la finale de lacoupe Sopinka, vous auriez entenduplusieurs arguments tels que celui-là. Eneffet, le concours Sopinka est une com-pétition de première instance en droitcriminel.

Cette année, le dossier en question por-tait sur une accusation de meurtre audeuxième degré. M. Pellerin, lʼaccusé,connaissait M. Grasse, la victime,depuis quʼils sʼétaient battus au bar Pop-eye en 2004. M. Pellerin avait ensuitefréquenté Mme. Langis pour quelquesjours, relation qui sʼétait terminéelorsque M. Pellerin apprit quʼelle étaitenceinte. Cʼest alors M. Grasse quifréquenta Mme. Langis et lʼaida avec sagrossesse, mais lʼenfant fut placé enadoption. Le soir du 4 août 2009, M. Pel-lerin joue aux loteries vidéo alors que M.Grasse est le barman. Vers une heuredu matin, alors que le bar est presquevide, M. Grasse décide dʼexpulser M.

Pellerin. M.Pellerin frappe M. Grasseplusieurs fois avec un tabouret alors quecelui-ci est par terre.

Deux des témoins, Mme. Langis etMme. Surette nʼont pas vu le début delʼincident puisquʼelles étaient à la sallede bain, mais elles ont vu la victime, parterre, et lʼaccusé frapper avec untabouret. Elles connaissent aussi lesdeux hommes et peuvent témoigner deleur relation belliqueuse. Le seul témoinqui a vu le début de lʼincident est M.Lambert, mais sa crédibilité est dou-teuse puisquʼil est un proche de M.Grasse et donne plusieurs versions desfaits qui sont contradictoires.

Le dossier comporte maintes photogra-phies des différentes scènes, dutabouret et des vêtements ensanglan-tés. Plusieurs rapports dʼexperts établis-sent les causes du décès. Le principaloutil des plaideurs sont les déclarationsécrites des témoins. Ces dernièresserviront aussi aux acteurs qui té-moigneront lors du procès.

Après plusieurs mois de préparation, leprocès de première instance se tient de-vant juge et jury. Il y a donc plusieurstechniques que les participants doiventmaitriser. Comme il sʼagit dʼun procès depremière instance, il faut présenter lapreuve. La tâche principale desplaideurs est de travailler les interroga-

toires de leurs témoins et les contre-in-terrogatoires des témoins adverses afinde poser des questions pertinentes,conformes, et directes. Il faut aussidécrire les gestes, placer des autocol-lants sur les schémas, décrire les lieux,décrire les actions en ordre logique… letout de façon à ce que la preuve puisseêtre clairement établie et réexaminée enappel sans quʼil y ait dʼambigüité.Les participants doivent être prêts à sʼob-jecter aux questions ou aux dépositionsde la partie adverse en sʼappuyant surla loi et la jurisprudence. Ils doiventaussi maitriser lʼart de la séduction dujury en restant calmes, confiants et sym-pathiques.

Pour les chanceux élèves qui participer-ont à ce concours, lʼenseignement deMe Manon Lapointe et Me Gene Assadsera un privilège exceptionnel. Les deuxentraîneurs sont des procureurs dʼex-périence et sont très dévoués à la pré-paration des étudiants, jusquʼà ce quʼilssoient prêts à plaider. Ils ont aussi desstyles différents qui se complètent àmerveille.

Cette année, le sentiment du travail bienfait était très satisfaisant pour toutelʼéquipe lorsque le moment de plaider àla finale nationale est arrivé. ÉmilieSicotte Ouellete, Jean-Patrice Meunier,Layne Hellrung et Simon Grant étaient

tous heureux dʼavoir beaucoup appris.

La finale nationale est une chanceunique de visiter lʼédifice de la Coursuprême en compagnie du juge Binnieet de rencontrer la plupart des juges dela Cour suprême. La compétition prélim-inaire, la coupe québécoise Guy Guérinest aussi une opportunité de rencontrerplusieurs juges québécois et plusieursavocats des grands cabinets de Mon-tréal.

Le concours Sopinka est particulière-ment intéressant parce quʼil permet degouter à lʼadrénaline du procès de pre-mière instance. Le suspense de laplaidoirie, les jurys qui sʼendorment, lestémoins qui se contredisent, les objec-tions qui prennent par surprise et désta-bilisent lʼadversaire, les terriblesmoments lorsque le témoin pointe lʼac-cusé et affirme « oui cʼest lui qui lʼatué! »… Bref, le procès criminel de pre-mière instance devant jury est partic-ulièrement excitant. Cette année, malgréune excellente performance, les jugesnʼont pas décerné de prix à lʼéquipedʼOttawa lors de la finale nationale. Celanʼest pas synonyme dʼamertume. Lʼex-périence du concours est tellement ex-citante et enrichissante que lʼon nesaurait être déçu. Au contraire, il sʼagitsûrement de lʼexpérience académique laplus excitante et passionnante.

Enrichissement hors de tout doute raisonnable

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Catherine [email protected]

« Et quelle est la force de cette au-torité en droit international,maître? »Combien de fois lʼa-t-on entendu,celle-là!« Votre Excellence, le traité bilatéraldʼinvestissements est la source pre-mière de droit entre les parties dansle cas présent et réfère à lʼarticle 38(1) a) du Statut de cette Cour. »« Et sur quoi vous basez-vous pouraffirmer que votre titre est supé-rieur? »« Monsieur le Président, tel quementionné dans lʼaffaire de PedraBranca, présentée devant cetteCour en 2008… »Pouvoir donner ces réponses nʼestque le dernier droit de toute lʼaven-ture… Permettez-moi de débuter cerécit comme il se doit…

Le concoursLe concours de plaidoirie Philip C.Jessup en droit international est undes concours de plaidoirie les plusprestigieux au monde. Des étu-diants de 80 pays travaillent chaqueannée sur un différend fictif entredeux États fictifs devant la Cour in-ternationale de justice. Les étu-diants, procureurs de ces États,doivent préparer les mémoires desdemandeurs et des défendeurs,puis présenter les arguments déve-loppés dans des plaidoiries.

Lʼédition 2010 du concours opposaitla République dʼAspatria auRoyaume de Rydal concernant lasouveraineté sur les Îles Windscale.Les passionnés dʼactualité interna-tionale comprendront que le cas àlʼétude proposait de nombreuses si-milarités avec le différend actuelentre la Grande-Bretagne et lʼAr-gentine concernant les îles Falk-land/Malouines. En plus dʼaborderdes enjeux touchant à la souverai-neté territoriale et à lʼauto-détermi-nation des peuples, lʼaffaire abordaitégalement le domaine des investis-sements internationaux, en pleineexpansion sur la scène internatio-nale.

La préparationDepuis 1978, la Faculté de droit civilsélectionne quatre ou cinq étudiantspour former lʼéquipe qui représen-tera la Section lors de la division ca-

nadienne du concours. Un profes-seur et un conseiller en plaidoirie su-pervisent lʼéquipe. Le processussʼétend sur une durée dʼenviron sixmois. Les équipes reçoivent lʼaffaireen litige en septembre et travaillentdurant lʼautomne à la rédaction desmémoires. Lectures, recherches,formulations dʼarguments et mise enpage (à ne pas sous-estimer…) sontau menu jusquʼau début janvier,pour en arriver au produit final : deuxmémoires dʼune soixantaine depages chacun.

À la suite de la remise de lʼargu-mentation écrite, cʼest à la plaidoirieque les étudiants sʼattaquent. Autantau niveau du style que du fond,lʼéquipe développe ses habiletésgrâce aux questions variées denombreux juges invités.

Jessup Canada, la division cana-dienne du concoursCette année, la finale canadiennesʼest déroulée à Toronto du 10 au 13mars. Au fil des six rondes prélimi-naires (trois pour les demandeurs,trois pour les défendeurs), 14équipes représentant différentes fa-cultés de droit du pays sʼaffrontaientdevant de vrais juges de tribunauxcanadiens, mais aussi devant desjuristes et avocats provenant de ca-binets de partout au pays.

Les six équipes obtenant le plusgrand nombre de victoires accé-daient aux rondes finales. Des ga-gnants de ces trois rondes finales,les deux équipes présentant lesmeilleurs résultats étaient sélection-nées pour représenter le Canadaaux rondes internationales, se dé-roulant chaque année à WashingtonD.C. à la fin mars.

Une première pour Droit civilClassée quatrième après les rondespréliminaires, avec cinq victoires etune défaite, lʼéquipe de droit civil, laseule francophone au pays, a eu lachance de passer aux rondes fi-nales. Lors du dévoilement des ré-sultats à la suite de cette finale, unesurprise de taille nous attendait :pour la première fois, une équipefrancophone accédait au titre dechampion national et représenteraitainsi le Canada à lʼinternational.

Moins dʼune semaine plus tard,nous étions à Washington D.C., en

compagnie de compétiteurs de prèsde 80 pays. Après quatre rondespréliminaires, malgré trois victoireset une seule défaite, nous nʼavonsmalheureusement pas atteint lescore requis pour faire partie des 24équipes passant aux rondes supé-rieures. Ici sʼachevait lʼexpériencepour nous.

Mais lʼaventure ne se terminait paslà! Ce fut lʼoccasion de discuter avecles autres participants de la façondont se déroulent les rondes natio-nales dans leur pays respectif. Nousavons pu constater que toute lʼorga-nisation canadienne était dʼune qua-lité exceptionnelle. Ce fut aussi uneoccasion de rencontrer des étu-diants ougandais, slovaques,belges, mexicains et russes qui toutcomme nous, venaient de passerles six derniers mois à discuter dusort des Îles Windscale.

Lʼaprès JessupOn nous questionne souvent sur ceque les participants retirent de lʼex-périence Jessup. Des connais-sances académiques, bien entendu.Des aptitudes de recherche, uneméthode de travail, mais aussi de lapatience, de la débrouillardise et delʼorganisation. Sans oublier les ren-contres et des contacts.

Nous apprenons aussi sur nous-mêmes et sur les autres. On ap-prend à sʼadapter. À passer autantde temps en équipe, à travailler en-semble et à discuter dʼenjeux variés,il est normal quʼon vienne à se tapersur les nerfs. Mais malgré tout, onse rend compte que, après tout cequʼon a traversé (moments de stresset dʼangoisse comme dʼeuphorie),nous avons accompli un travail tita-nesque, dont nous sommes trèsfiers. Nous ne pouvons passer soussilence le soutien des gens de la fa-culté qui, à si peu de temps dʼavis,ont su nous épauler jusquʼau bout.Lʼadministration a su trouver des in-terprètes permettant à lʼéquipe deplaider en français. Plus de tempsaurait permis de plaider directementen anglais. Cette aventure, cʼestaussi grâce au support de « lagrande équipe » que nous lʼavonsréalisée. Bref, tous ceux qui ont étéimpliqués, de près ou de loin, danstoute cette aventure.

Notre équipe jessupienne a avant

tout été une équipe non pas desimples collègues, mais dʼamis. Cesuccès, cʼest entre amis que nouslʼavons accompli.

Mais lʼaventure ne se terminait paslà! Ce fut lʼoccasion de discuter avecles autres participants de la façondont se déroulent les rondes na-tionales dans leur pays respectif.Nous avons pu constater que toutelʼorganisation canadienne étaitdʼune qualité exceptionnelle. Ce futaussi une occasion de rencontrerdes étudiants ougandais, slovaques,belges, mexicains et russes qui toutcomme nous, venaient de passerles six derniers mois à discuter dusort des Îles Windscale.

Lʼaprès JessupOn nous questionne souvent sur ceque les participants retirent de lʼex-périence Jessup. Des connais-sances académiques, bien entendu.Des aptitudes de recherche, uneméthode de travail, mais aussi de lapatience, de la débrouillardise et delʼorganisation. Sans oublier les ren-contres et des contacts.

Nous apprenons aussi sur nous-mêmes et sur les autres. On ap-prend à sʼadapter. À passer autantde temps en équipe, à travailler en-semble et à discuter dʼenjeux variés,il est normal quʼon vienne à se tapersur les nerfs. Mais malgré tout, onse rend compte que, après tout cequʼon a traversé (moments de stresset dʼangoisse comme dʼeuphorie),nous avons accompli un travail ti-tanesque, dont nous sommes trèsfiers. Nous ne pouvons passer soussilence le soutien des gens de lafaculté qui, à si peu de temps dʼavis,ont su nous épauler jusquʼau bout.Lʼadministration a su trouver des in-terprètes permettant à lʼéquipe deplaider en français. Plus de tempsaurait permis de plaider directementen anglais. Cette aventure, cʼestaussi grâce au support de « lagrande équipe » que nous lʼavonsréalisée. Bref, tous ceux qui ont étéimpliqués, de près ou de loin, danstoute cette aventure.

Notre équipe jessupienne a avanttout été une équipe non pas de sim-ples collègues, mais dʼamis. Ce suc-cès, cʼest entre amis que nouslʼavons accompli.

Vol direct Ottawa-Washington, escale à TorontoRécit de lʼépopée vécue par lʼéquipe de droit civil

au concours Jessup 2010

Vie plaidoirie

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Vie plaidoirieConcours Mignault, une gloire bien relative

Philippe [email protected]

Lʼunivers de la communication insti-tutionnelle fautoise étant ce quʼil est,si la faculté sʼest faite discrète ausujet de la 32e édition du concoursde plaidoirie Pierre-Basile Mignault,cʼest parce que lʼéquipe est rentréeau bercail les mains vides. Sans tro-phée, mais gagnants (probablementles plus ultimes) en expérience, ami-tié et humilité.

Lʼaffaire en litige était fictive, maisressemblait étrangement à lʼarrêtAmselem. Un syndicat de copro-priété refusait, au nom de la desti-nation de lʼimmeuble, de permettreà un croyant religieux dʼinstaller undispositif quasiment invisible à lʼœilnu lui permettant de pratiquer sa re-ligion. En effet, le syndicat de co-propriété sʼopposait à ce que leslignes épurées formées de maté-riaux nobles comme lʼacacia etlʼérable soient obstruées, selon lerèglement de copropriété, par cetobjet suspendu.

Lʼéquipe composée dʼAlexandraChampagne, Philippe Cordisco, Ni-cholas DʼAoust et Pierre-Marc Lau-zon, était sous la supervision dudoyen Grammond pour lʼécrituredes mémoires. La chargée de cours,avocate fiscaliste et entraîneuse Ge-nevière Léveillé assurait les pra-tiques orales. Le cours de 6 créditsest un travail substantiel qui com-porte autant dʼécriture (deux mé-moires de 30 pages) que deplaidoirie (15 minutes par partici-pant). « Participer au Mignault mʼadonné une super bonne formation.

Jʼai beaucoup plus de techniquesoratoires et de confiance mainte-nant » confie Mme. Champagne.« Jʼai particulièrement aimé lecontact avec les praticiens, les pro-fesseurs et les juges », relate M.Lauzon. « Au niveau de lʼécrituredʼun mémoire, jʼai aimé lʼencadre-ment du Mignault. En comparaison,les cours de DRC 2500 ne sont pasextra », poursuit-il.

LʼUniversité de Sherbrooke était res-ponsable de lʼaccueil et de lʼorgani-sation du concours cette année.Soulignons la satisfaction généralede lʼéquipe dʼOttawa, sauf en ce quiconcerne lʼhoraire qui était franche-ment trop serré, entrainant ainsi denombreux retards et frustrations. Ence qui concerne la plaidoirie,lʼéquipe de lʼUniversité a été sur-prise de constater ce qui plaisait leplus aux juges. Les grands ga-gnants utilisaient des méthodes quele corps professoral fautois interdi-sait. Lʼéducation reçue par lʼéquipedʼOttawa prohibait le léchage ou-trancier de la magistrature, le tonagressif envers lʼadversaire et lesarguments exagérés de type « aunom de la paix sociale » dans uneaffaire de contrat entre particuliers.

Citons simplement un exempledʼune conduite choquante aux yeuxde lʼéquipe ottavienne. En joute fi-nale, en réponse à une question dela juge de la Cour suprême MarieDeschamps, un des gagnants adʼabord répondu en disant « cʼestune bonne question. » Une per-sonne assise dans lʼassistance nʼapu se retenir dʼopiner à voix basse,« cʼest qui lui pour dire à une juge de

la Cour suprême quʼelle pose debonnes questions? »

Malgré les côtés positifs, lʼéquipe duMignault sʼavoue évidemmentdéçue de lʼévaluation rendue par lesjuges du concours. Franchement af-fligés de lʼimpression de ne pasavoir été jugé à leur juste valeur, lesparticipants ont reçu une grandeleçon dʼhumilité. M. Lauzon résumeque « les normes pour gagner leconcours sortaient du cadre de cequʼon avait appris à faire. » MmeChampagne admet que les partici-pants pensaient plaider de façonadéquate. « Il y avait tant de prati-ciens qui nous ont formés de labonne façon. » À cet égard, lʼentraî-neuse Mme Léveillé soutient que« les participants ont livré des per-formances exceptionnelles lors de lajoute préliminaire. »

Bref, les nombreuses pratiques de-vant des juges, professeurs et prati-ciens de la région se sont révéléesterriblement instructives. Chacunplaidait avec sa personnalité et de-vait donc corriger certains aspectsde la communication orale. Alexan-dra travaillait son ton chanté, Phi-lippe son air arrogant et pressé,Nicholas devait cesser lʼutilisationdu mot renonçable (qui nʼexiste pas)et Pierre-Marc devait être plus com-batif. Les sorties aux restaurants etle temps passé en commun ont per-mis aux membres du concoursdʼélargir leur cercle social avec desgens qui sont maintenant plus quedes amis Facebook.

Dans une optique plus ludique, deuxanecdotes particulières ont retenu

lʼattention des membres durant lʼan-née.Lors de la correction finale dʼun desmémoires à lʼautomne, les partici-pants ont été expulsés de la biblio-thèque peu avant la fermeture.Accablé par la fatigue et le stress decet événement, M. Lauzon a oubliésa mallette sur le trottoir près de sonauto. Lorsquʼil sʼen est aperçu, ilétait trop tard. Le sac (surtout lʼordi-nateur contenant la dernière versiondu mémoire) était disparu. Cettenuit-là, les participants ont vu lelever du soleil pour refaire le travailperdu et terminer les dernières cor-rections. M. Lauzon a finalement re-trouvé sa mallette quelques joursplus tard. Une brave vieillarde lʼavaitrapporté à la police dʼOttawa.

Lors du concours, Mme. Cham-pagne plaidait devant un banc detrois juges hommes. Dans un mo-ment crucial, elle a interpelé la Couravec beaucoup dʼaplombs en disant« mesdames messieurs les juges ».Lʼhilarité générale sʼen est suivie, lesjuges se regardant entre eux poursavoir où étaient ces mesdamesjuges invisibles.

Lʼéquipe a reçu beaucoup dʼatten-tion du corps professoral. Le doyenGrammond trouvait tout de même letemps de converser avec son ho-raire (extrêmement) chargé et lʼen-traîneuse Mme Léveillé commentaitavec passion et engouement lesprogressions de lʼéquipe et duconcours auquel elle participait il y aquelques années.

L’équipe de rédaction tient à remercier tous nos collborateurs etcommanditaires pour leur précieux apport. On se retrouve en septembre !

Le Flagrant délit est toujours a larecherche de journalistes, d’arti-cles et de commentaires afin d’of-frir aux étudiants et au personnelde la Section un journal de qualité.

Le Flagrant délitJournal étudiant de la Faculté de droitSection de droit civil

Rédacteur en chefPHILIPPE CORDISCO

Rédacteurs en chef adjointsPHILIPPE B.CODERREGABRIELLE FORTIER-COFSKY

CorrecteursHAYDEN BERNSTEINRACHÈLE ROBERTCARLA KORZINSTONE

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George [email protected]

Avec du whiskey!Lʼété approche à grands pas et lesoccasions de prendre un verre semultiplieront.Gardant en esprit que les boissonsalcoolisées nous déshydratent, re-traçons lʼhistoire dʼune petite racineindo-européenne *wod. Le latin utili-sait deux mots pour dire lʼeau :aqua, dʼoù est issu le français eau,et unda, qui a donné onde en fran-çais. On saisit tout de suite le rap-port entre onde et inonder (latininundare), peut-être moins immé-diatement avec abonder, de abun-dare, « couler à flots ». On noteraégalement le mot redondance, dé-rivé de redundantia, du verbe re-dundare, « déborder ».

Aqua a connu une transformation

radicale : lʼancien français en adʼabord fait egua, puis ewe, dʼoùvient un évier ou lʼadjectif aujour-dʼhui disparu éveux qui signifie, enparlant dʼun terrain, « humide »; en-suite, ewe se transforme en eau,prononcée avec trois voyelles à lʼori-gine, enfin vers lʼénoncé « o »! Maison trouve aussi les formes ève ouaive, puis aigue, ce qui a engendrédes mots comme aiguade (mot an-cien et technique qui désigne lʼen-droit où sʼapprovisionnent lesbateaux en eau douce), aiguail, ai-guayer et égailler. Du latin aquatiolʼitalien a fait guazzio et acquarella,qui nous a donné respectivementgouache et aquarelle en français.

Cette racine a fourni à dʼautreslangues le mot désignant lʼeau. Avecun suffixe –r, on la retrouve non seu-lement en germanique (anglaiswater et wet, allemand Wasser),

mais en grec ancien, dʼoù hudôr (lalettre upsilon y représentait le mêmeson que le u français). Cʼest avec lamême forme suffixée en –r que legrec a fait lʼélément hydro-, bien vi-vant en français dans de nombreuxmots commençants par hydro-,(dont le nom de plusieurs personnesmorales).

Unda représente la forme *wod- dela racine, agrémentée dʼun -n- infixé.Cette racine se retrouve dans lenom letton ūdens, udán en sanskrit,et en russe, voda, « eau », dont lediminutif vodka désigne un alcooltransparent comme lʼeau. Certainsboivent la vodka comme de lʼeaubien sûr. Dʼautres en font autantavec le whiskey. Ils ont raison éty-mologique eux aussi, car whiskeyest en effet la forme anglaise tiréede lʼirlandais uisce signifiant « eau ».De uisce on remonte à *udesce, et

de là à *wd-es-kyo, où, perchée surses suffixes, on reconnaît la racine*wod. Vous voyez, lʼétymologie peutfaire un bon cocktail pour que vouspuissiez vous détendre en fin dʼan-née scolaire!

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Arts & CultureEsclave de sa caste

Lʼenseignement du droit et la reproduction des hiérarchies selon Duncan KennedyLaeticia [email protected]

« Quand je serai grand, je serai av-ocat. Je ferai de lʼargent et riendʼautre »Duncan Kennedy est professeur à laprestigieuse faculté de droit de lʼuni-versité Harvard. Sa profession nelʼa pas empêché de remettre enquestion cette matière si fondamen-tale quʼest le droit. En effet, DuncanKennedy propose une critique assezsévère de ce quʼest le droit et sonenseignement actuel aux États-Unisdans son livre intitulé « Lʼenseigne-ment du droit et la reproduction deshiérarchies. »

Duncan Kennedy divise son livre enquatre chapitres bien précis. Le pre-mier chapitre concerne lʼapprentis-sage du droit sur les bancs desfacultés. Le deuxième concerne lʼor-ganisation hiérarchique et les men-talités au sein dʼun cabinet dʼavocat.En troisième lieu, il sʼattarde sur cequʼil appelle la reproduction deshiérarchies et pour terminer, il parlede stratégies de résistance.

Analyse des deux premiers volets.Selon lʼauteur, tout jeune individuqui choisit le métier dʼavocat pour-suit le but personnel de faire évolueret changer son statut social. Le toutpour refléter une certaine image deréussite, tant aux yeux de ses par-

ents que de son entourage. Par con-séquent, lʼauteur insinue que lʼétudi-ant en droit cherche dʼabord et avanttout à faire du droit non pour lacause noble, mais pour asseoir sesobjectifs personnels, une reconnais-sance aux yeux des autres.

Le droit est un domaine glorieuxpour toutes les personnes qui y as-pirent, malgré le peu de tâches quisont assignées aux avocats. Ils sontrenfermés dans un monde de mys-tère qui entoure la profession quʼilsexercent puisquʼils y ont été initiéspar leurs études. Le prestige socialet lʼadmiration des autres se mainti-ennent et restent entretenus.Quand Duncan Kennedy parle dehiérarchie, il lʼapplique tant auniveau de la classe dʼécole quedans la construction dʼun cabinetdʼavocat.

Au niveau de la classe, les pro-fesseurs se trouvent au sommet. Ilsreçoivent « […] les marques de re-spect et éveillent les craintes ». Tantdans la salle de classe que dans lesystème capitaliste, lʼétudiant prendconscience de la progression et delʼavancée de lʼautre et se compare àlui. Par conséquent, le rendementdevient une préoccupation quotidi-enne et la réussite un élément clé àatteindre absolument.

Dans un cabinet, le jeune juriste

commence au bas de lʼéchelle etcraint son supérieur hiérarchique ausommet de la pyramide. Selon lespropos de lʼauteur : « Les jeunes av-ocats ne peuvent pas renier leursupériorité hiérarchique sur le per-sonnel de soutien, tout comme il leurest impossible de sʼaffranchir de leurdéférence et de leur dépendanceenvers les aînés. Considérer unesecrétaire comme son associée estvu comme étant aussi inacceptableque lʼinverse. »

Par aînés, Duncan Kennedy seréfère aux avocats qui ont atteint lessommets du cabinet après plusieursannées de pratique juridique. Néan-moins, les propos quʼil tient mènentvers une vision où la subordinationdu jeune avocat doit être totale

puisque tout ce qui compte estlʼéchelle quʼil sʼapprête à grimper luiaussi pour se retrouver au sommet.Point de vue AngbaLa perception de Duncan Kennedysur le droit, si elle ne choque pas àpremière vue, est néanmoins assezsaisissante. Il est vrai que le droitapporte son aura de prestige,cependant les motivations individu-elles qui mènent à choisir le droit de-meurent valables.

À travers la formation de jeunes ju-ristes, il y a la possibilité que le sys-tème tel que décrit par DuncanKennedy soit reproduit. Cependant,sa vision est extrême et révoltante.En tant que jeunes avocats, nous nenous limitions pas à « aider lesautres à atteindre leurs objectifs […afin] dʼexercer nos talents, de gag-ner de lʼargent et dʼêtre respecté. Etcʼest tout. »

Le plus important est de poser unregard critique sur la profession ju-ridique. Si la perspective du gainprend un espace moins accaparantdans les objectifs de la relève, peut-être pourrions-nous changer le sys-tème? À défaut de le changer, nouspourrions lʼaméliorer.

Lecture très fortement recom-mandée. *** 1/2

Vodka, source dʼeau

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Arts & CultureSouvenir de semoule

Issam [email protected]

Après avoir écrit des revues sur desrestaurants aussi bons que JohnnyFarina, Milestones ou encore le Ritz,il me paraissait presque impossiblede trouver des restaurants du mêmecalibre et dans la même fourchettede prix. Cʼétait sans compter sur cequi est considéré par les chefs gour-mets du monde entier comme étantla seule cuisine capable de rivaliseravec la cuisine gastronomiquefrançaise. Je parle évidemment dela cuisine marocaine, et plus pré-cisément du Kasbah Village au 261avenue Laurier Ouest.

Le « Kasbah Village » vient toutjuste de fêter ses dix ans de service,une décennie pleine de magiemaghrébine. En y allant, vous dé-couvrirez un décor digne dʼuncompte des milles et une nuit, en-robé par un éclairage tamisé qui sedégage des bougies donnant enviedʼaimer. Une douce musique venuedu temps des sultans andaloustamise lʼambiance et un parfum ori-entalo-méditerranéen vous caresseles narines dès que vous fran-chissez les portes du harem.

Après un long moment dʼhésitation,

nous avons finalement opté pour uncouscous « Ghanem », un taginetangérois et un couscous à la « mer-guez » pour moi-même accompa-gné dʼune bonne Hʼrira.

Lʼodeur annonçait déjà la saveur dece que nous allions avoir. Une odeurqui me rappelait mes jours passésen Algérie. Un parfum méditérranéo-maghrébin qui ne sʼoublie pas avecaisance.

Lʼun des meilleurs digestifs qui puis-

sent exister est le thé à la menthe.Ça tombe bien, puisque cʼest juste-ment une spécialité maghrébine.Nous avons donc ajouté à notrerepas un thé à la menthe parfumé àlʼeau de rose et à la fleur dʼoranger,à sucrer avec un ou deux cubes desucre (selon le goût). Cela nous àpresque fait oublier à quel point lanourriture était bonne tellement cʼé-tait encore meilleur. Jʼexagère par-fois mes mots dans le but dʼembellir,mais là, je pèse vraiment ce que jedis.

Malheureusement, le service casseun peu lʼambiance. Je ne dis pasquʼils ont un mauvais service, bienau contraire. Lʼaccueil étaitchaleureux et les dialogues convivi-aux, sauf que lʼattente était un peulongue par rapport aux quinze min-utes, allant bien au-delà de 20 min-utes dʼattente.

Pour ceux qui ne connaissent pasce que cela veut dire, dans le codede la gastronomie et du service, il ya une règle conventionnelle quiexige des restaurants qui se veulentgastronomiques de servir les platsdans une durée entre 10 et 15 min-utes. 20 minutes au pire selon lataille de la commande et le nombrede clients. Mis à part ce bémol, lʼex-périence était telle que nous avonsdécidé dʼy retourner aussitôt quenos moyens nous le permettront.

Que vaut ce restaurant?Ambiance et Décor : 10/10Service : 7/10, convivial etchaleureux, mais long par rapportà la qualité du restaurant engénéral.Cuisine : 10/10Prix : entre 15.95 et 22.95$ parpersonne (pour les plats de résis-tance).

Lʼambassade du JaponIssam [email protected]

Son nom le décrit mieux que ce quemille mots peuvent faire : « CʼestJapon à Suisha », précédemmentconnu sous le nom de « Suisha Gar-den » – 208 rue Slater – est lʼun desrestaurants que le Flagrant a décor-tiqué pour vous.

Un petit jardin japonais sans arbresni fleurs au milieu de notre capitalenationale vous changera surementles idées après une bonne journéede stress. Tout est fait pour que vousvous sentiez le plus zen possibletout en répondant à lʼirrésistibleappel qui vous invite à pénétrer letemple du sashimi et du sushi.

Je suis loin dʼêtre un expert en cui-sine asiatique. Jʼavais déjà essayédifférents bars à sushi, mais sanssavoir le goût quʼil fallait chercher.Jʼai donc invité ma colocataire, quiest une Japonaise dʼOsaka, à allersouper avec moi pour avoir une ex-

pertise sur le sujet. Je dois être vrai-ment chanceux, parce quʼelle nevient pas seulement du pays dusoleil levant, mais elle est aussiserveuse dans un restaurant desushis.

La serveuse nous a installés dansun coin assez calme. Quelques mo-ments plus tard, elle est revenueprendre notre commande. Nousavons donc commencé par desamuse-gueules, elle a pris une tem-pura à la crevette, et jʼai pris untsukemono, qui est un mélange decornichons à la japonaise. Je nʼaipas vraiment aimé lʼamertume quejʼai senti dans certaines bouchées.Même mon amie mʼa dit que ça goû-tait bizarre, mais la tempura était ex-cellente.

Pour le plat de résistance, elle aopté pour le sashimi maguro qui estfait à base de thon. Moi, plus gour-mand, jʼai pris un plat beaucoup plusconsistant. Le Ume, qui est un as-sortiment fait par le chef. « Lʼas-

saisonnement est fait à la perfec-tion. On goûte à peine lʼacidité du rizfermenté tout en le sentant sur lalangue. Le poisson, sans être le plusfrais, goûte comme sʼil venait droitde la mer. Le gingembre quant à lui,est confectionné de la meilleurefaçon. Ils lʼont sûrement laissésécher avant de le mélanger avecdu vinaigre de riz ou de soja… », mecommenta mon amie lʼexperte ensushi.

Cʼétait la première fois que mangerdans un restaurant japonais envalait vraiment la peine. Tout étaitbon, et comme pour rendre le toutencore meilleur, au milieu de notresouper, nous avons vu lʼambas-sadeur du Japon, M. Nishida, quiétait dans la même salle ce soir-là.La serveuse nous laissa savoir parla suite que cʼest le restaurant favoride la plupart des ambassadeurs asi-atiques.

Tout était bon, jusquʼau moment oùnous devions payer. Exorbitant est

le seul mot que je dirai pour qualifierles prix (malgré le fait dʼavoir eu leprivilège de voir M. Nishida en per-sonne).

Que vaut ce restaurant?Ambiance et Décor : 8.5/10Service : 9/10Cuisine : 8/10Prix : entre 3.95 et 35.95$ par per-sonne (pour les plats de résis-tance).

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Philippe [email protected]

Pour plusieurs étudiants en droit,concilier les études avec toute autreforme dʼactivités constitue une tâcheardue qui mérite dʼêtre reléguéedans le placard lorsque vient letemps dʼétablir une échelle des pri-orités. Pour Ken Dryden, lʼampleurdu devoir à accomplir nʼa jamais étéun obstacle; cʼétait même sa moti-vation.

Dryden était le gardien partant duCanadien de Montréal lors des glo-rieuses années de lʼorganisation du-rant les années 70. Remportant sixcoupes Stanley en huit saisons, il futrapidement considéré comme lʼundes meilleurs gardiens de lʼhistoirede la ligue nationale de hockey. Ceque les gens ignorent peut-être,cʼest quʼil est aussi membre du bar-reau de lʼOntario, une combinaisonpeu commune compte tenu de lʼem-ploi du temps quʼexige lʼatteinte deces deux professions.

Durant la saison 1970-1971, alorsquʼil évoluait pour les Voyageurs deMontréal, le club-école du tricolore, ilen était à sa deuxième année dedroit à lʼuniversité McGill. Même siun règlement empêchait les étudi-ants de droit dʼoccuper un autre em-ploi, la plupart contournait cettepolitique sans lʼombre dʼun scan-dale. Le problème avec un joueur dehockey professionnel à Montréal,cʼétait lʼaspect public de lʼemploi quine rend pas très subtil lʼ« écart deconduite ».

« Le doyen, un dénommé Dean, mʼafinalement dit que le règlement neserait pas un problème », confie M.Dryden au Flagrant. « Il mʼa toute-fois bien averti que je nʼaurais droit àaucun passe-droit. Cʼétait parfaitpour moi puisque je me considéraisdʼabord et avant tout comme un étu-diant à temps plein et un joueur dehockey à temps partiel. Cʼestdʼailleurs ce qui était prévu à moncontrat ».Ses plans ont toutefois été déjouésrapidement. En raison des perform-ances exécrables de son club, il pritpart à 33 matchs consécutifs tout enpoursuivant ses études en droit. LeCH parvient ensuite à lui faire signerune nouvelle entente qui le rend« joueur de hockey à temps plein ».

De plus, en raison de problèmes auguichet, les Voyageurs de Montréal

partageaient les rencontres à domi-cile avec Halifax ce qui impliquaitque le trois quart des parties decette équipe se retrouvait en solétranger. Les jurisprudences impor-tantes constituaient donc la lecturede chevet du célèbre numéro 29 du-rant les interminables trajets dʼauto-bus.

Puis, vers la fin de la campagne, leGrand club lʼinvite à joindre sesrangs. Profitant de lʼinconstance deRogatien Vachon, Dryden hérite duposte de gardien numéro un. Il estétincelant en séries et permet à sonéquipe de remporter une 17e coupeStanley. Le joueur de hockey nʼaplus jamais regardé en arrière par lasuite.

« Mon but avait toujours été dʼêtreavocat. Jamais je nʼavais eu lʼambi-tion de devenir gardien de but.Néanmoins, lorsque lʼoccasion sʼestprésentée, je me suis dis pourquoipas? », se souvient-il.

Il obtiendra sa licence en droit en1973 et il quitte le Canadien lʼannéesuivante pour faire son stage oblig-atoire. « Cʼest à ce moment que jʼaisu que je ne serais jamais avocat !Ce métier-là nʼétait pas fait pourmoi ».

Durant les cinq saisons qui suiventsa sabbatique, Dryden cumule leshonneurs et les coupes Stanley. Àsa retraite, en 1980, il décide dʼallerpasser son barreau à Ottawa.Même sʼil savait quʼil ne sʼim-planterait jamais dans le monde ju-ridique, lʼabandon dʼun projetconstituait à ses yeux un échecmonumental.

« Ce fut une période assez spécialepour moi », se rappelle lʼanciennuméro 29. Jʼavais été embauchécomme analyste à ABC pour lesmatchs de hockey aux Jeuxolympiques de Lac Placide. Le prob-lème était que les jeux sedéroulaient en même temps quemon barreau. Je me souviens dʼunerencontre entre les Américains et lesTchèques. Le score était de 2 à 2.Après la rencontre, vers 23 h, unchauffeur mʼa ramené à Ottawapuisque jʼavais un examen du bar-reau à 9 h le lendemain matin. Nousavons roulé durant huit heures con-sécutives et jʼai dû en profiter pourétudier les différentes notions ju-ridiques sur la banquette arrièresans fermer lʼœil de la nuit. Finale-

ment, immédiatement après lʼexa-men, nous avons dû repartir pourNew York où jʼavais une partie àcommenter la soirée même! »

Un Torontois devenu une légendeà Montréal

Dryden et sa famille se sont instal-lés à Montréal durant les annéesfastes du Québec. LʼExpo 67 venaitde se terminer, les Jeux olympiquesavaient été attribués à Montréal etles Expos faisaient leur entrée dansle baseball majeur. Pendant cetemps, au plan politique, les ten-sions se faisaient de plus en plusvives entre les Québécois et leCanada anglais, une bataille se sol-dant par le référendum de 1980.

« Cʼétait très intéressant de vivre auQuébec à cette période. Cetteprovince a été très formatrice pourmoi. Lʼavenir était incertain, mais il yavait en même temps dʼénormespossibilités. Montréal était la plusgrande ville du Canada et unchangement sʼannonçait surlʼensemble du territoire québécois ».

Sa présence semble avoir été trèsformatrice pour cette ville égale-ment. Après avoir vu son chandailêtre retiré dans les hauteurs du Cen-tre Bell, il a été invité par le Cana-dien de Montréal, le 4 décembredernier, à venir célébrer le centièmeanniversaire de lʼhistoire de lʼorgan-isation. Sa présence aux côtés desPatrick Roy, Guy Lafleur et LarryRobinson confirme quʼil nʼest pasprès dʼêtre oublié par les amateursde hockey montréalais et quʼil con-stitue un rouage important de

lʼhéritage québécois.

Le grand saut

À sa retraite de hockeyeur, en plusdʼavoir analysé des parties dehockey, Ken Dryden a écrit quatrebest-sellers, est devenu présidentdes Maple Leafs de Toronto et aprésidé le sommet Open Ice visantà corriger les lacunes du hockeycanadien. Puis, en 2004, il achèveson rêve en devenant politicien pourles Libéraux.

« Jʼai toujours su que je voulais alleren politique. Toutefois, il était im-pensable pour moi de réaliser cetobjectif sans avoir vécu ma vie, sansavoir fait de grandes compréhen-sions personnelles. Je ne voulaispas me lancer dans un tel domaineavant dʼavoir 50 ans. »

Au cours des dernières années, il aété le critique de son parti enmatière de pauvreté, dʼenviron-nement et de santé. Il a même étéministre du Développement socialdurant les années de Paul Martin. Ilcompte bien faire de ce métier sacarrière ultime.

« Pour aller en politique, il faut avoirun instinct et un désir dʼêtre au serv-ice de la société qui sʼapparentent àlʼépanouissement interne dʼunbénévole dans une organisation. Ilfaut vouloir agir pour quelquʼundʼautre. Cʼest ce que je désire fairepour le reste de ma carrière », con-clut-il.

Entrevue avec Ken DrydenBleu blanc mais surtout rouge

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SportsBenoît “BenGi” Girardin

Un homme et ses sportsJo-Annie [email protected]

Un domaine qui bouge, intense etqui ne sʼarrête jamais. Le type dedroit où il faut être en forme et prêt24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Unmilieu où le défi fait partie du quoti-dien. Le droit du sport. Le Flagrantlève le voile sur cette pratique atyp-ique du droit.

Selon le professeur à la Faculté dedroit en industrie du sport Me BenoîtGirardin, « lʼapplication des do-maines traditionnels du droit à lʼin-dustrie du sport, cʼest aussi desrègles particulières propres au droitdu sport que lʼon ne retrouve pasdans les domaines généraux dedroit ». Le droit du travail, corporatif,et contractuel sont ajustés poursʼappliquer à lʼindustrie en question.

Avec ces vastes domaines dif-férents, la semaine dʼun avocat endroit du sport a de quoi être diversi-fiée. Dans le cas de Me Girardin, ilindique quʼil peut être engagé pourreprésenter un client dans un cas dedopage. Il peut avoir à régler un lit-ige sportif ou encore être sollicitépour un cas dʼarbitrage ou de médi-ation.

Dans ce milieu, on peut aussi fairede la négociation avec des four-nisseurs ou encore avec des com-manditaires. Les avocats fontégalement du soutien au client dansleurs plans de gestion du risque. Ilsdonnent aussi beaucoup de conseilset de guides. Le domaine permetmême de faire de la révision de lagouvernance comme des études defaisabilité et de lʼanalyse de risques.

Me Girardin soutient quʼune se-

maine, un avocat peut sʼoccuper dedossiers olympiques, alors que lasuivante, il sʼoccupera plutôt dʼundossier professionnel. À son avis,au Québec, on retrouve beaucoupplus de dossiers de type olympique.

Comment un étudiant peut-il sediriger vers ce domaine passion-nant?

Me Girardin affirme quʼ« en plusdʼun baccalauréat en droit, un bac-calauréat en administration du sportou en éducation physique peuventêtre dʼune grande utilité ». Bienquʼau Canada, il nʼy a pas de forma-tion avancée en droit du sport, il ex-iste aux États-Unis des programmesconsacrés en Sports Law. Les uni-versités de Marquette et de Cornellsont de celles qui offrent un pro-gramme spécifique dans le do-maine. Ces programmes sont, parcontre, le plus souvent axés sur lessports professionnels, ce qui ne sepratique pas en grande quantité auCanada.

Le droit du sport est un domaine oùil faut faire sa place. Il ne sʼagit pasdʼun milieu traditionnel, il faut doncsavoir fidéliser sa clientèle. Me Gi-rardin admet quʼ« il faut faire un plandʼaffaires et de développement ».

Bien entendu, certains grands cabi-nets offrent leurs services dans cedomaine particulier. Selon Me Gi-rardin, la grande différence entre lesgrands cabinets et les plus petits setrouve dans lʼaccessibilité aux serv-ices. Il soutient que dans les grandscabinets, pour soutenir leur structureen place, les prix demandés serontplus élevés.

À lʼopposé, un plus petit cabinetpourra offrir un taux compétitif. Il fautprendre en compte, quʼau Canada,la majorité des athlètes sont ama-teurs, et ces derniers nʼont pas lesmêmes revenus que les athlètesprofessionnels.

Plus personnel

Être avocat en droit du sport est trèsstimulant. Me Girardin trouvelʼaspect de la diversité particulière-ment intéressant. « Chaque jour estdifférent, chaque dossier est dif-férent. Il sʼagit dʼun milieu où lʼon ap-prend beaucoup et où lʼondéveloppe de lʼexpertise à traversles différents dossiers ».

Comme il faut toujours développerles contacts et les affaires, le pro-fesseur de droit indique quʼil fauttoujours rester aux aguets et garderlʼœil ouvert sur lʼévolution dumarché. Le domaine du sport évoluetous les jours. Il nʼy a quʼà prendrelʼexemple des technologies quiavancent rapidement dans le milieudu dopage, ce qui force les avocatsà trouver des défenses selon la sci-ence.

Quels sont les plus grands accom-plissements de Me Girardin? Il ditquʼil y en a au moins trois.

Dʼabord, il affirme quʼagir commeavocat pour le comité olympiquecanadien est une opportunitéénorme pour quelquʼun qui pratiquedans le domaine. En fait, dans lemonde amateur, il sʼagit du plus hautniveau praticable.

Ensuite, il choisit, parmi ses autresaccomplissements, la mise sur pieddu Centre de Règlement des Dif-férents Sportifs Canadien (CRDSC).Il sʼagit dʼun tribunal du sport cana-dien qui regroupe de nombreux ar-bitres formés pour aider les gens dumilieu sportif à régler leur litige.

Et finalement, sa troisième fierté estla pratique privée. Avoir lʼopportu-nité, chaque jour, de conseiller et deservir une diversité de sports etdʼathlètes. Son cabinet, LBB Con-sultants Inc., traite des dossiers pourle gouvernement fédéral et provin-cial, pour les fédérations sportivesou encore pour les universités.

Côté actualité…

Me Girardin a également contribuéde près à la mise sur pied du pro-gramme « On the podium/À nous lepodium », programme qui a connuson apogée lors des derniers Jeux

olympiques de Vancouver. Ce pro-gramme vise, à travers des contri-butions gouvernementales, enpartenariat avec le milieu privé, àsoutenir les athlètes de façon plusadéquate.

Lors du dernier budget présenté parle gouvernement, le parti de M.Harper a décidé de réinvestir dansle programme en doublant lessommes accordées, pour un total de22 millions annuellement. Il sʼagitdʼun soulagement pour les athlètesolympiques dʼété qui pourront béné-ficier de ce support nécessaire.

Pour les Jeux de 2010, les re-tombées ont été concluantes. Untotal de 26 médailles, dont le recorddu plus grand nombre de médaillesdʼor pour des Jeux dʼhiver, soit 14.

Cet apport est nécessaire pour lesathlètes qui doivent dépenser desfortunes à sʼentraîner, payer leurspersonnels de soutien et leur voy-agement aux différentes compéti-tions. Au Canada, il est de traditionque le gouvernement contribue audéveloppement sportif, ce qui nʼestpas le cas aux États-Unis, où leprivé est presque le seul moyen definancement pour les athlètes.

Cependant, le programme « À nousle podium » ne peut supporter lesathlètes à lui seul. Me Girardin croitque : « Lʼargent doit servir de levierpour attirer des partenairesolympiques dans lʼaventure ». À sesyeux, en voyant lʼinvestissement dugouvernement, les commanditairesprivés sʼintéressent plus à supporterles athlètes canadiens.

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Philippe B. [email protected]

Pour les Québécois, le mois dʼavrilannonce le départ de leurs favoris,les Canadiens de Montréal, qui, bonan mal an, parcourent les terrains degolf du Québec alors que la neigenʼest pas encore fondue. Pour lereste du Canada, cʼest lʼarrivée desgrands tournois de curling quisoulève lʼenchantement. Pour ceuxqui nʼont rien à faire de leur vie, avrilrime avec baseball.

Au Canada en général, le baseballest un sport dʼun ennui mortel.Lʼidée de chiquer du tabac jusquʼàsʼen égratigner les amygdales touten courant lʼéquivalent de deuxpâtés de maisons en trois heures dejeu nʼenchante pas vraiment lessportifs canadiens. Les cotes dʼé-coute sont en baisse partout aupays et les inscriptions dans lesligues mineures se retrouvent enqueue de peloton derrière le soccer,le football et le hockey.

Aux États-Unis, cʼest lʼeffet inversequi se produit. Les Américains ontrepris goût à leur sport national alorsque les stades sont de plus en plusremplis et les terrains de plus enplus utilisés. Le retour au bercail delʼenfant chéri américain est assuré-ment une conséquence de la plusgrande campagne de marketing delʼhistoire du sport.

Le 8 septembre 1998, le monde en-tier était rivé à son téléviseur lorsque

Mark McGwire battait un recordvieux de 30 ans, soit celui du plusgrand nombre de coups de circuit enune saison. Ses 70 longues ballesen 155 parties éclipsaient la marquedu légendaire Roger Marris desYankees de New York.

Lʼeffervescence des amateurs étaittout aussi palpable lors de laséquence de 84 sauvetages consé-cutifs dʼÉric Gagné, un Québécoisqui passait dans la mitaine tous lesfrappeurs tentant de catapulter avectrop de témérité ses offrandes.

Une ombre est venue noircir lestableaux de chasse de ces deuxvedettes. Ils ont admis, au cours dela saison morte, que les nom-breuses accusations à leur endroitconcernant une consommation sub-stantielle de stéroïdes étaientfondées. Les doutes étaient de plusen plus persistants quant à lalégitimité de leurs records puisquʼilsavaient vu, en dix ans, leur gabaritgrossir de façon proportionnelle à ladette publique québécoise.

Néanmoins, leur mutisme depuis lefameux rapport Mitchell en 2006,une enquête du FBI sur le dopagedans le baseball majeur, faisait ensorte que les plus fervents partisansdu numéro 25 des Cards de St-Louis de même que les Québécoisles plus chauvins continuaient decroire en leur innocence commePascal Leclaire continue de croireen son talent.

Les noms de McGwire et Gagné sʼa-joutent à une longue liste de joueursvedettes épinglés par les autoritéspubliques américaines. Pour lespurs et durs, les coupables ne de-vraient jamais avoir accès au templede la renommée et leurs records de-vraient être abolis. Quelle image ce

serait pour nos jeunes, qui sont deplus en plus sages, que de récom-penser un tricheur, un menteur et unamateur de vaccins qui a compilédes statistiques gonflées aux hor-mones de croissance?

Pourtant, la jeunesse dʼaujourdʼhuia lʼhabitude de voir des personnal-ités publiques modifier leur physiqueafin de mettre leur carrière sur unpiédestal. Les formes de PamelaAnderson, augmentées verticale-ment et horizontalement comme sideux plaques tectoniques étaiententrées en collision, lui ont permisde faire des millions. À Hollywood,le scandale serait de sʼapercevoirque la plupart des acteurs perfor-ment dans un corps non-modifié.Pourtant, la beauté peu naturelle deces célébrités est mise à lʼavant-plan dans tous les journaux à potinet elle est valorisée abondammentdans les films à grand déploiement.

Lʼécart entre le sport professionnelet le cinéma est très mince. Lesdeux domaines vivent de fondsprivés et sont transcendés par la loide lʼoffre et de la demande. Pourfaire augmenter cette demande, ilfaut améliorer le produit. Si aucinéma profit rime avec esthétique,au baseball produit rime avec circuit.

Avant 1998, les stades de baseballétaient désertiques. La grève desjoueurs avait laissé un goût amerdans la bouche des amateurs. Toutle monde, y compris le commissairedu baseball majeur, savait que McG-wire ne performait pas naturelle-ment. Or, grâce à sa course auxcircuits, les parties opposant lesCards de St-Louis aux autres for-mations voyaient leur affluence dou-bler. À Montréal, la foule a mêmedéjà quadruplé, atteignant 2000spectateurs.

Lʼimpact dʼune telle magouille pourles joueurs honnêtes fut incommen-surable. Plusieurs nʼont pu survivreà ce concours de circuits auxquelsse livraient les plus tricheurs dʼentreeux. Or, sans cette corruption, il estbien possible quʼun gars qui frappaitdix circuits par saison se seraitretrouvé, dans le temps de le dire,emballeur chez IGA afin de bouclerses fins de mois. La réalité est queMcGwire et sa bande ont permis àleur sport de fracasser les limites fi-nancières en ramenant lʼintérêt desamateurs au niveau dʼantan.

Comme lorsquʼun chien conditionnéà être agressif mord quelquʼun, cʼestlʼeuthanasie pour lʼanimal et unetape sur les doigts pour son maître.

À lʼaube de la saison 2010, alorsque tous les coupables se sont re-pentis, le baseball majeur peut setarguer dʼavoir bien caché son jeu :il a promu son sport en fermant lesyeux devant une tricherie évidenteet il a joué au policier lorsquʼil a denouveau retrouvé ses lettres de no-blesse.

Un coup de marketing digne dʼunecampagne québécoise de vaccina-tion contre le H1N1.

Marketing 101Lʼhypocrisie conjuguée à lʼimparfait

Prédictions des « experts » de la section droit civil – Séries éliminatoires dela LNH 2010

Charles-Maxime Panaccio

Finale: Devils vs Canucks

Gagnants: Canucks

Explication: « Je sais pas aveccertitude que ces équipes serendront en finale, mais je saisque le Flyers nʼy seront pas.Avoir voté avec mon cœur,jʼaurais choisi le CH, mais jene suis pas cave à ce point-là. »

Patrick Dumberry

Finale: Penguins vsSharks

Gagnants: Sharks

Explication: Jʼai en-tendu dire que lesSharks sont bons.Cʼest vrai, non?

David Robitaille

Finale: Canadiens vs Phoenix

Gagnants: CanadiensExplications: Le Canadien sera de la finaleen raison de la détermination et de lavolonté sans borne de ses leaders, dont soncapitaine, et de l'impressionnante capacitéde son coach à communiquer à ses joueurssa passion pour la victoire. La victoire de lacoupe Stanley donnera au moins un pré-texte aux joueurs pour sortir dans les barssans se faire critiquer.

Pierre Thibault

Finale : Penguins c.Canucks

Gagnants : Canucks

Explication : « Au moins ilva y avoir une équipe dela Pennsylvanie en finaleà défaut dʼen avoir deux.Ceux qui sont subtilscomprendront ».

Philippe Coderre

Finale : Sens c. Canucks

Gagnants : Sens

Explication : « Jʼai parié 20$ queles Sens gagneraient la coupeStanley quand jʼétais en étatdʼivresse. Au moins je serai con-séquent avec mes actes, mêmeceux qui sont involontaires. »

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