Fideliter Novenbre Decembre 2011

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FIDELITER N o v e m b r e - d é c e m b r e 2011 - N» 204 - ?,50 ossier: adopter un enfani
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Fideliter, novembre decembre 2011 Rome-Menzingen les textesEDITORIAL : A l'image de l'adoption divine Abbé Régis de CacquerayDOSSIER : Adopter un enfantLA TRADITION. L'ÉGLISE ET LE MONDEUn cloître dominicain scandale de l'inutilité ? Entretien avec mère Marie-Emmanuel• Rome et Menzingen : quelques textesQuelques nouvelles Abbé Nicolas PortailLes secrets de Notre-Dame de La Salette Abbé Nicolas PortailBenoît XVI et les jeunes AllemandsLes « JMJ » après la fête Côme de PrévignySoixante jours... quelques faits Jean-Pierre DickèsFOI ET VIE C H R É T I E N N ES• Paroles de Mgr Lefebvre :la théorie et la pratique Abbé Jacques MérelCULTURE C H R É T I E N NE• José Cabanis et la crise dans l'Église Alain Lanavère• Le vrai nom de saint François d'Assise Ivan GobryLa messe des défunts Abbé Christophe LegrierFeuilles de route Abbés Ph. Bourrât et E Knittel Billet d'humeur Abbé Ph. T.

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  • FIDELITER N o v e m b r e - d c e m b r e 2011 - N 204 - ?,50

    ossier: adopter un enfani

  • leXlI

    LE MARIAGE CHRETIEN

    Au cours de ses audiences publiques, le pape Pie X I I avait l'habitude de s'adresser aux nouveaux maris, venus Rome pour leur voyage de noces. Le souverain pontife parlait aux poux du rle respectif de l'homme et de la femme, de leur

    harmonieuse collaboration, de l'amour qui les lie, des grces sacramentelles auxquelles ils ont droit, des preuves qu'ils pourront rencontrer, mais surtout des joies qui leur seront donnes, de la bndiction des enfants et de l'ducation qui en est le corollaire.

    Le pasteur anglique possdait, un degt tonnant, le don de renouveler un sujet, de varier son discours ou d'aborder un mme thme sous des aspects difftents. Chacune des allocutions est ainsi profondement originale et ouvte au lecteur des perspectives indites.

    De ces textes riches de doctrine, de fine psychologie, conseils avertis. Pie X I I n'a pas voulu faire un expose technique. C'est une me vivante et sensible qui s'exprime, celle d'un pre qui communique ses enfants son esprance surnaturelle en la valeur inestimable du mariage chrtien.

    244 p. - 74 X 27 cm rf. 21.640 15

    Vente par correspondance C l o v i s - B P 118 - 9 2 1 5 3 S u r e s n e s C e d e x

    T l p h o n e : 0 1 4 5 0 6 9 8 8 8 - T l c o p i e : 0 1 7 0 9 5 0 0 2 7 - S i te w e b : w w w . c l o v i s - d i f f u s i o n

  • EDITORIAL PAR L'ABBE REGIS DE CACOUERAY

    V

    AVimagede l'adoption divine

    Par la d m a r c h e d'adop-tion, des p o u x d c i d e n t d'accueillir en leur foyer un enfant qui n'est pas de leur propre sang et, de s u r c r o t , un enfant b l e s s par la vie. Il s'agit

    d'une d m a r c h e l o u r d e , comme on dit en ces m a t i r e s , toutes les t a p e s du processus.

    D'abord, l'adoption est sou-vent la suite d'une souffrance

    intime du foyer, celle de n'avoir pu concevoir un enfant, m a l g r sa f i d l i t aux lois de la vie et du mariage c h r t i e n . Ensuite,

    les d m a r c h e s d'adoption e l l e s - m m e s sont longues, complexes, p r o u v a n t e s , par-

    fois m m e humiliantes voire d s e s p r a n t e s . Enfin, il est toujours craindre que la bouture ne prenne pas,

    que le courant ne passe pas, que la vie familiale ne s'enclenche pas vraiment.

    l e v e r des enfants n s de son propre

    sang dans une bonne a t m o s p h r e n'est

    d j pas toujours facile, en raison des circonstances, de la l i b e r t , du poids

    du p c h originel. Que dire lorsque

    L'adoption est souvent le fruit d'une grande gnrosit.

    s'ajoutent ces a l a s la dif-f r e n c e g n t i q u e entre les parents et l'enfant, ainsi que la

    blessure affect ive qui a f r a p p ce dernier, m m e s'il l'ignore provisoirement, du fait de la

    mort de ses parents ou de leur a b a n d o n ! L'adoption est donc souvent le f ru i t d'une grande g n r o s i t qui, ne s ' a r r t a n t

    ni aux obstacles, ni aux d c e p -t ions, veut donner de l'amour et un vrai foyer un enfant

    d s h r i t par le sort.

    Or c'est p r c i s m e n t ce qui nous arrive, mais un d e g r in f in iment s u p r i e u r , lors de

    l'adoption divine dont nous s o m m e s g r a t i f i s en J s u s -Christ. Ce dossier sur l'adoption

    est donc l'occasion de nous m e r v e i l l e r de nouveau devant cette c h a r i t divine

    notre g a r d , qui d p a s s e inf in iment tout

    ce que les parents adoptifs humains, m m e les plus g n r e u x , ont jamais

    pu accomplir en faveur de l'enfant qu'ils

    accueillent leur foyer. Car Dieu n'avait nullement besoin de nous pour t r e plei-

    nement f c o n d et inf in iment heureux.

    FIDELITER 204 novembre-dcembre 2011 W l

  • DITORIAL PAR L7\BB RGIS DE CACOUERA\^

    Nous ne lui apportons r ien: c'est unique-

    ment pour d v e r s e r gratuitement sur nous la surabondance de sa b o n t que

    le P r e a voulu nous appeler

    partager son bonheur par la fi l iation divine.

    Ensuite, le prix qu'a p a y

    Dieu pour r a l i s e r ce plan d'amour d p a s s e inf in iment les d i f f i c u l t s que peuvent rencontrer des parents hu-

    mains dans une adoption. Le Seigneur, pourtant gravement o f f e n s par le p c h , a en effet

    choisi d'en payer l u i - m m e le prix. Et c'est pour nous m r i -ter l'adoption divine que le Fils unique s'est fait chair, qu'il a h a b i t parmi

    nous et qu'il a voulu subir une Passion ignominieuse, versant pour notre salut j u s q u ' la d e r n i r e goutte de son sang.

    Enfin, si les parents qui adoptent donnent l'enfant qu'ils accueillent leur

    nom, leuramour, leur h r i t a g e , leur maison, leur p a r e n t , ils ne peuvent changer sa nature : cet enfant n'est pas n d'eux, il n'a

    L'adoption humaine est une image de la charit que nous manifeste Dieu en nous adoptant comme fils.

    pas les m m e s g n e s , la m m e physiono-

    mie. Au contraire. Dieu est si bon et si puis-sant que, par l'adoption qu'il nous c o n f r e

    en J s u s - C h r i s t , il transforme

    par sa g r c e notre t r e m m e , nous divinisant, nous rendant

    semblables lui.

    Jamais, de notre propre

    chef, nous n'aurions o s ima-giner ou revendiquer ce qu'af-firme nettement la Parole de Dieu sous la plume du Prince

    des A p t r e s : D i e u vous a d o n n les plus grandes et les plus p r c i e u s e s promesses,

    afin que par elles vous deve-niez participants de la nature

    d i v i n e . (2 P 1,4]

    Soyons donc toujours dans l'action de g r c e , nous souvenant (Tt 3, 4-?, p t r e de la d e u x i m e messe de N o l ] que l a

    b o n t et l'amour de notre sauveur Dieu se sont m a n i f e s t s , [...] non cause de nos bonnes u v r e s mais par sa m i s r i c o r d e , (...] afin que nous devenions h r i t i e r s en

    J s u s - C h r i s t N o t r e - S e i g n e u r .

    B j FIDELITER 204 novembre-dcembre 2011

  • SOMMAIRE NOVEMBRE-DCEMBRE 2011

    EDITORIAL : A l'image de l'adoption divine 1 Abb Rgis de Cacqueray

    DOSSIER : Adopter un enfant

    I Rcits d'adoption et articles divers 4

    I Sommaire et index du dossier 4 ?

    LA TRADITION. L'GLISE ET LE MONDE

    I Un clotre dominicain scandale de l'inutilit ? 4 8

    Entretien avec m r e Marie-Emmanuel

    Rome et Menzingen : quelques textes 5?

    I Quelques nouvelles 66 Abb Nicolas Portail

    I Les secrets de Notre-Dame de La Salette ?4 Abb Nicolas Portail

    Benot XVI et les jeunes Allemands 8 0

    Les JMJ aprs la fte 8 4 Cme de P r v i g n y

    Soixante jours... quelques faits 8 9 Jean-Pierre Dicks

    FOI ET VIE C H R T I E N N E S

    Paroles de Mgr Lefebvre : la thorie et la pratique 9 4

    Abb Jacques Mrel

    CULTURE C H R T I E N N E

    Jos Cabanis et la crise dans l'glise 9 6 Alain L a n a v r e

    Le vrai nom de saint Franois d'Assise 104 Ivan Gobry

    I La messe des dfunts 105 Abb Christophe Legrier

    I Feuilles de route 106 A b b s Ph. Bourrt et E Knittel

    l Billet d'humeur 109 Abb Ph. T.

    FIDELITER204novembre-dcembre 2011 Q

  • Des familles prennent la plume

    I l est peine besoin d'attirer l'attention de nos lecteurs sur le nombre significatif de familles catholiques traditionnelles qui adoptent un enfant. Le plus souvent, cette adoption fait suite des di f f icu l ts pour obtenir une g n r a t i o n de f a o n naturelle, ces difficul-ts semblant aujourd'hui se multiplier.

    Fideliter a choisi de se pencher sur cette ra-lit de l'adoption. Que son premier but soit t r s clairement a f f i r m : ce dossier se veut principa-lement une aide aux foyers ayant dj a d o p t ou r f l c h i s s a n t l'adoption, Lanalyse, tape par tape, de ce qu'on peut appeler l'aven-ture de l'adoption, d'une part; le recours des t m o i g n a g e s nombreux et r a p p o r t s s y s t m a -tiquement, d'autre part ; tout cela s'explique par la v o l o n t de la rdact ion, qui est de mettre un outil dans la main des familles. Cet outil, pour modeste qu'il soit, pourra servir avant, pendant et a p r s l'adoption.

    Toutefois, non seulement les familles ayant a d o p t , mais tous ceux qui sont p r e s et m r e s ou qui se p r p a r e n t le devenir trou-veront dans ces quelques pages, e s p r o n s - l e , quelques l u m i r e s ; car l'itinraire d'un enfant a d o p t peut apporter un c l a i r a g e nouveau sur l'histoire d'un enfant fruit de son p r e et de sa m r e .

    Enfin, nous souhaitons plus g n r a l e m e n t que tous nos lecteurs s ' i n t r e s s e n t et se plaisent ces rc i ts de familles catholiques, m m e s'ils ne se sentent pas toujours suf-fisamment c o n c e r n s pour en lire l'intgra-lit. L'adoption dans un foyer catholique est d'ailleurs un apostolat envers le petit enfant: ce titre, elle nous i n t r e s s e tous.

    I

    On l'aura d e v i n , si les femilles soll icites sont assez nombreuses et si on les fait abon-damment pader, ctest pour que s'exprime la ra-lit, l'exprience de l'adoption. Les personnes qui t m o i g n e n t dans ces pages sont de tous g e s , habitent des r g i o n s diverses de France, ont eu des enfants de faon naturelle ou nten ont pas eu du tout ; ils ont adopt un, deux, trois ou quatre enfants, ceux-ci tant d'ges diff-rents au moment de leur adoption, les uns tant aujourd'hui encore nournssons, d'autres bien plus g s ; il y a des g a r o n s et il y a des filles, ils viennent d'Amnque, d'Afnque, d'Asie et d'Eu-rope. Cette divers i t permet une s y n t h s e cr-dible; aucune apprciation premptoi re , h t i v e et i n v n f i e ne peut en tre t ire. Cobjectivit et l'impartialit sont r e c h e r c h e s par principe.

    Le but est d'aider, non d n c o u r a g e r et encore moins de d c o u r a g e r . Ce dossier ne cherche pas faire l'loge s y s t m a t i q u e de l'adoption : l'affaire est trop grave et trop per-s o n n e l l e . Si, au bout du compte, les familles ainsi construites ou c o m p l t e s se mon-trent heureuses, c'est elles qui padent et il convient de respecter leurs t m o i g n a g e s .

    Toutes les c o n s i d r a t i o n s du dossier autres que des r c i t s sont r d i g e s par l'abb Philippe Toulza. On trouvera en fin de dossier une table et un index \ :

    1 - Les noms et prnoms ont parfois t remplacs par des pseudonymes, dans un souci de discrtion. - Chaque fois que les familles interroges racontent leur histoire, un ou deux de ces tmoignages sont mis en valeur et prcds d'une notice brve prsentant la famille. - Aucune longueur n'ayant t fixe, les tmoignages reus sont de taille trs variable. - Certaines familles ont prfr ne pas envoyer de photographies.

    FIDELITER 204novembre-dcembre 2011

  • DOSSIER L'ADOPTION D'UN ENFANT

    L'adoption en quelques mots

    LJI adoption est un acte lgal en vertu duquel une personne t r a n g r e est I admise dans une famille titre d'en-fant. La l g i s l a t i o n f r a n a i s e p r v o i t deux sortes d'adoption : 1. Ladoption plnire, qui consiste subs-

    tituer un nouveau lien de filiation au lien de filiation existant entre l'enfant a d o p t et sa famille d'origine, ce lien t a n t donc s u p p r i m .

    2. Ladoption simple, qui c r e un nouveau lien de filiation entre l'adoptant et l'adopt, mais sans supprimer les liens de filiation entre l'adopt et sa famille d'origine: les deux liens de filiation coexistent. Ladoption, quelle qu'elle soit, ne peut se

    produire que si certaines conditions l g a l e s sont remplies, tant du c t de l'adoptant [ex. : au moins 28 ans d'ge] que de l'adopt (ex.: il doit donner son consentement s'il a plus de 13 ans).

    Ladoption e n t r a n e certains effets juri-diques. Certains de ces effets varient selon le type d'adoption, mais d'autres ont tou-jours lieu, notamment les suivants: l'adop-tion c r e un lien de parent entre l'adoptant et l'adopt; l'adoptant donne son nom l'adopt; une autorit parentale est c o n f -re l'adoptant. Dans le cas de l'adoption pl-n i r e , l'adoptant a en outre, par exemple, le devoir d'alimenter sor\ enfant adoptif et de lui transmettre sa part d'hritage.

    Par ailleurs, on peut distinguer trois figures d'adoption : 1. Ladoption intrafamiliale: elle a lieu lorsque

    p r e x i s t e , entre l'adoptant et l'adopt, un

    lien de famille. Le cas typique de ce genre d'adoption est celui o une veuve se rema-rie, et o son nouveau mari adopte les enfants qu'elle a eus dans le p r c d e n t mariage. En 200?, en France, 95 % des adoptions simples t a i e n t des adoptions intrafamiliales.

    2. Ladoption internationale: lorsque l'adop-tant et l'adopt n'ont ni lien de famille ni m m e n a t i o n a l i t .

    3. L'adoption nationale: lorsque l'adoptant et l'adopt n'ont pas de lien de famille mais qu'ils ont m m e nat ional i t \ Historiquement, l'adoption existait dj

    dans la G r c e antique, mais c'est la civilisa-tion romaine qui l'a beaucoup d v e l o p p e et e n t o u r e d'un cadre lgal t r s prcis . Rome,

    l ' a d o p t i o n servit t r s souvent des fins politiques: elle permit aux patriciens d'acc-der au tnbunat de la plbe, ou aux p l b i e n s d'accder des magistratures patriciennes comme le consulat; elle fut un moyen pour les empereurs de s'assurer un successeur de leur c h o i x . Jusqu'au xix^sicle, l'adop-tion fut un p h n o m n e plutt peu f r q u e n t en France. C'est a p r s la P r e m i r e Guerre mon-diale quelle est devenue progressivement plus r p a n d u e . :

    1 Ces deux dernires dfinitions ont t ici simplifies ; en droit strict, l'adoption internationale ne se dfinit pas par la diffrence de nationalit, mais par le fait que la procdure d'adoption a t engage l'tranger, dans le pays de nais-sance de l'enfant. De mme l'adoption nationale se dfinit parle fait que la procdure a t engage en France.

    FIDELITER 204 m novembre-dcembre 2011

  • Pourquoi ils ont choisi d'adopter La grande majorit des familles prennent le parti de l'adoption parce qu'elles ne parviennent pas avoir des enfants de faon naturelle. Comme on va le voir, les mmes motivations reviennent souvent : le souhait de voir des enfants peupler la famille, le dsir d'aider des petits qui autrement grandiraient sans pre ni mre, l'ambition de contribuer au salut djeunes mes. Et la dcision vient au terme de frquentes prires et demandes de conseil.

    M.ETM^'FOURNIER i Nous avons dsir comme tous les parents que la

    Providence nous confie des enfants aimer et faire grandir dans l'amour du bon Dieu. Face l'preuve de l'absence de naissance, l'ide de l'adoption a mri jusqu' devenir vidente pour nous.

    Une jeune fille de Saint-Ptersbourg

    FIDELITER 204 novembre-dcembre 2011

  • L'ADOPTION D'UN ENFANT,

    M. ET M""= COSTE Au bout de quatre ans de mariage,

    toujours pas de grossesse en vue. C'tait l'incomprhension totale car nous n'avions de problme de strilit ni l'un ni l'autre, d'aprs les analyses que nous avons faites. Mais en ralit, nous n'avons pu faire que trs peu d'analyses car des analyses plus pousses auraient t contre la volont du bon Dieu.

    Nous tions trs tristes et n'imagi-nions pas notre vie sans enfants, alors l'ide de l'adoption s'est impose tout naturellement.

    Nous allions rgulirement voir un prtre pour en parler et tout naturelle-ment, nous lui avons parl de notre pro-jet d'adoption. I l nous a encourags et soutenus dans cette voie. Nous avons fait plusieurs neuvaines, notre famille galement.

    LA FAMILLE D'ALLONVILLE M. et M""" d'Allonville ont trois enfants adopts.Vladimir, 16 ans [adopt 18 mois), est originaire de Saint-Ptersbourg, en Russie. Le deuxime Ladislas, 13 ans [adopt 24 mois], vient de Roumanie mais sa mre naturelle est de Targu Mures en Transylvanie. Enfin Tatiana, ? ans [adopte 10 mois], est ne en Asie Tiumen [Sibrie occidentale).

    Nous avons d s i r adopter des enfants afin de fonder une famille et de pouvoir aider des enfants n'ayant plus de parents.

    Ne pouvant avoir d n f a n t s a p r s p n r e s , neuvaines, p l e n n a g e s Lourdes, Cotignac, Sainte-Anne d'Auray, la bienheureuse A g n s de Langeac (dont nous portons les c h a n e s pendant la nuit), nous avons

    M. ET M"" DE MONICAULT A la naissance de notre sixime enfant

    nous avons su que nous ne pourrions plus avoir d'enfants. Nous avons pri tous les jours pour ce projet. Nous avons fait de nombreuses neuvaines en famille, les enfants alors en pension y ont mme associ leurs amis. Nous dsirions vraiment donner d'autres petites mes au bon Dieu. Nous lui demandions qu'il permette que cela se fasse uniquement si cela tait bon pour sa gloire et pour notre salut.

    M. ET M'^ DE F R M I N V I L L E D'une famille de 4 enfants chacun,

    avec de nombreux cousins, nous n'en-visagions pas notre vie sans enfants. Or nous n'en avions toujours pas au bout de huit ans de mariage ; nous avi-ons envisag d'ailleurs cette hypothse,

    c o n s u l t m d e c i n s et s p c i a l i s t e s . Nous nous sommes fait soigner (diverses hospi-talisations). Nous avons r e n c o n t r un p r t r e pour bien mesurer ce qui tait permis par l'glise pour avoir un enfant et nous avons r e n c o n t r aussi un g y n c o l o g u e catholique. Dans ce domaine, les tentations sont nom-breuses, i n s m i n a t i o n artificielle, p r o c r a -tion m d i c a l e m e n t a s s i s t e . . . La mort dans l'me mais par o b i s s a n c e , nous les avons r e f u s e s .

    Ce p r t r e nous a beaucoup a i d s mora-lement et, quand nous lui avons p a r l d'adoption, il nous a d i t : F o n c e z . Adoptez-en un, puis un autre pour ne pas qu'il soit s e u l . Le conseil, qui tait presqu'un ordre, nous a s e m b l un signe de la Providence.

    Q FIDELITER 204 il novembre-dcembre 2011

  • ainsi que l'ventualit d'adopter, ds notre prparation au mariage.

    Malgr cela, la maturation du projet s'est faite trs lentement: nous avons commenc par voquer cette possibi-lit sans vouloir l'admettre, puis, tou-jours sans l'accepter, nous en parlions de plus en plus souvent jusqu' nous lancer enfin fond dans ce projet.

    Au dbut, nous priions pour la rus-site pure et simple de notre dmarche ; par la suite notre prire s'est faite dans l'acceptation de la volont de Dieu : qu'il nous permette de raliser notre vocation en couple avec ou sans enfants ; et si cela avait t sans enfants, malgr une immense tristesse, nous aurions t confiants dans ce choix de Dieu, persuads que cela aurait t mieux pour nous.

    M. ET M"' LAMBERT

    Nous avions pris conseil auprs de plusieurs prtres au sujet de l'adop-tion : tous n'y taient pas favorables. Nous avons cependant eu les encou-ragements et le soutien sans faille de communauts religieuses, ds le dbut et tout au long de la procdure, ce qui nous a beaucoup aids dans les moments difficiles.

    M" BENARD J'ai dsir adopter pour donner de

    l'amour et tout le bonheur possible un enfant malheureux; i l y a de nom-breuses annes que j'ai eu ce dsir; j'ai beaucoup pri et, comme disait tou-jours ma maman, que la volont de Dieu soit faite et non la mienne. Ma mre tait au courant de mon projet et l'approuvait.

  • DOSSIER L'ADOPTION D'UN ENFANT,

    La souffrance de l'infcondit Quelles que soient les croix qu 'un homme porte, il se trouve toujours ( l'exception de Jsus-Christ) un autre homme - ici ou ailleurs, aujourd'hui ou une autre poque - qui souffre davantage: nos souffrances, aussi pnibles qu 'elles nous semblent, sont relatives et d'autres sont plus en peine. C'est pourquoi certains clibataires - qui auraient voulu ne pas l'tre - trouveront sans doute que les maris sans enfants ne sont pas si plaindre que cela. Et pourtant, les rcits qui suivent font deviner la profondeur de certaines preuves.

    M.ETM'^'FOURNIER

    La prire est indispensable pour obtenir les grces de comprendre et d'accepter l'absence d'enfants la mai-son pendant de longues annes. L'preuve [de la st-rilit] est malheureusement accrue par la maladresse de certains, qu'ils soient prtres ou fidles, pour qui la sanctification des poux se limite exclusivement une progniture la plus nombreuse possible. Les jeunes couples rencontrant des difficults pour avoir un enfant se demandent alors comment ils vont bien pou-voir se sanctifier ! La norme dans la Tradition tant en effet un trs grand nombre d'enfants, il n'est pas tou-jours facile de voir le regard des autres sur les couples, pour qui le bon Dieu a choisi cette croix.

    M. ET M AUDOUZE

    Jean-Franois et Anjte Audouze se sont maris en 1997, et ont adopt tout rcemment Anna, ge d'un an et demi et originaire de Da Nang au Vietnam.

    Comme tous les jeunes poux catholiques traditio-nalistes nous tions persuads de regrouper autour de nous de nombreux enfants. Nous voulions une maison pleine de cris, de chants et de rires... Combien d'en-fants souhaitez-vous ? Autant que le bon Dieu vou-dra bien nous donner ! Nous tions prpars tout, sauf au chiffre zro ! De celui-l, personne ne nous avait parl et ces choses-l n'arrivent qu'aux autres...

    Dix ans aprs notre mariage, six fausses couches plus tard, nous tions toujours au chiffre zro. Tous

    FIDELITER 204 novembre-dcembre 2011

  • nos amis avaient construit de grandes familles, nous nous sentions part, incomplets, inutiles. Pourquoi cela nous arrivait-il? Le bon Dieu nous trouvait-ils indignes d lever des enfants ? Avions-nous commis un pch ? Aprs tout c'tait pour les enfants que nous nous tions maris...

    Les rflexions extrieures ne manquaient pas : I l faudrait peut-tre com-mencer penser fonder une famille, au lieu de tra-vailler (de la bouche d'un prtre). 'Vous n'avez pas d'enfants! Eh bien vous ne pouvez pas comprendre...

    Il y a aussi les remarques indirectes. Tous ces sermons de mariage o l'abb juge bon de s'extasier sur cette belle couronne d'en-fants qui entourera ce jeune couple. L'abb a juste oubli, encore une fois, le chiffre zro. Ce sont des souf-frances quasi physiques qu'on prouve en entendant ces sermons-l, et cela n'a rien voir avec une sensibilit trop grande! Aprs tout, c'est manquer d'honntet de ne pas parler d'un point aussi impor-tant, mme si c'est un jour o l'on n'a pas envie d'entendre parler de choses aussi dsagrables. Sans vouloir critiquer nos prtres, trs peu d'entre eux compren-nent cette douleur et pourtant, comme l'crit le pre Jean-Dominique dans son ouvrage La mre de famille, c'est une des croix les plus lourdes porter.

    L'amertume commence se faufi-ler, la joie de vivre vous quitte peu peu, on subit, on ne comprend pas, on com-mence se retirer et, bientt, rien que le

    AnnaAudouze

    fait de voir une poussette ou une femme enceinte vous devient insupportable !

    Alors on prie, on pleure et l'on essaie de continuer vivre, de porter plus ou moins vaillamment cette croix, mais les annes passent, l'ge avance, l'horloge biolo-gique court. I l est vrai que, tant qu'on n'a

    pas 40 ans, on espre tou-jours. On va de plerinage en retraite, on cherche de l'aide pour pouvoir accepter, retrouver la paix de l'me... Attendrir peut-tre, voire faire flchir le bon Dieu !

    A ma sixime fausse couche, le mercredi des cendres 2008, un prtre me donna la bndiction des femmes enceintes en diffi-cult, et dit : Dieu prouve ceux qu'il aime. Je m'criai : M . l'abb, par-fois on dsirerait qu'il nous

    aime un peu moins ! Alors le bon Dieu m'accorda une grce qui fut, je pense, le dbut du processus de gurison et qui nous montra peu peu que, finale-ment, rien n'tait punition, mais amour immense et que Dieu nous avait trou-vs dignes pour des choses plus grandes... et cela, je le dis sans orgueil, car i l a fallu souffrir tellement pour en arriver l, pour tre prpar la suite... Ce mercredi des cendres, le bon Dieu m'a rendu la paix de l'me. J'avais deux possibilits: accepter et grandir ou refuser et s'aigrir, se rvol-ter, tout perdre... Le bon Dieu m'a donn la grce d'accepter : Que votre volont soit faite ! et j'ai pu ajouter sans com-prendre : Et merci, mon Dieu ! Ce merci m'a sauv ! La paix est descendue sur moi presque palpablement !

    FIDELITER 204 novembre-dcembre 2011

  • DOSSIER L'ADOPTION D'UN ENFANT

    M. ET M D'ALLONVILLE

    Cela a t dur de raliser que nous avions peu de chances d'avoir un enfant. I l faut reconnatre d'ailleurs que, dans certains milieux cathos, on est presque obligs de s'excuser de ne pas avoir d'enfants ou d'en avoir peu, y compris parfois en confession. Mais chacun porte sa croix, les familles nombreuses ont aussi leurs difficults.

    M. ET M CARCELAIN

    Quelque temps avant notre mariage, au dtour d'une conversation anodine, Anne me dit : Et si on ne peut pas avoir d'en-fants ? La rponse fusa : Eh bien on en adoptera. Un an de mariage, puis deux, puis... cinq, nous devenions peu peu fous de ne pas voir arriver d'enfants. Nous offrions Dieu, mais humainement nous ne comprenions pas. Le premier qui rentre la maison planque les faire-part : nous l'avons vcu. Les calculs savants pour savoir quand, nous les avons vcus, les maladresses d'amis, de parents, nous les avons vcues, les examens mdicaux humiliants, l'incomprhension des mde-cins face notre refus de la fcondation in vitro, nous les avons vcus. Nous tions un couple sans enfants. Et seuls face cette solitude. Je crois, pour ma part, que c'est cela le plus lourd porter.

    M. ET M COSTE

    Nous avons normment souffert, sur-tout Madame, et particulirement dans la Tradition o la plupart des couples ont leur premier enfant ds la premire anne de mariage. Lorsque nous tions reus par des amis, nous nous sentions en dcalage. Eux ne parlaient que de leur progniture, ce qui ne faisait que renfor-cer notre mal-tre.

    M. ET M LAMBERT

    Nous vivons dans un milieu o la famille et les enfants tiennent une grande place. Etre un couple sans enfant parat une anomalie de gens plaindre, qui, dans le mme temps, ne comprennent pas les problmes des familles environnantes.

    M. ET M DE F R M I N V I L L E

    Nous n'avons jamais souffert du regard des autres ce sujet. Nous n'avons eu que des amis compatissants ; nos deux familles ont t d'un total soutien. Par ailleurs les adoptions sont plus nombreuses, il devient rare de ne pas en rencontrer, donc les remarques dsobligeantes se rarfient.

    M. ET M JACQUET

    Particulirement dans la Tradition, un couple sans enfant est parfois regard de travers. Je comprends trs bien que l'pouse puisse se sentir diffrente de toutes ces femmes, souvent trs jeunes, qui enchanent les grossesses. Celles-ci sont parfois indlicates par manque de recul ou d'empathie. I l faut imaginer ce que ressent une femme prive du bonheur d'tre mre, d'avoir sous les yeux tous les dimanches, des ventres qui s'arrondissent et des bambins en pagaille.

    M. ET M DE MONICAULT

    I l nous est parfois arriv de souffrir pour les autres, en voyant la manire dont les familles avec peu d'enfants sont consid-res. En effet lors de congrs ou de ple-rinages, au moment des prsentations, on nous demandait de donner le nombre de nos enfants. Pour certains le score tait bas et ces personnes, en plus de la souf-france de ne pas avoir plus d'enfants, souf-fraient du regard que l'on portait sur elles.

    1 3 FIDELITER 204 ff novembre-dcembre 2011

  • Quelques adopts clbres

    Aristote (384-322 avant J.-C), orphelin de pre et de mre 1 ge de 11 ans, fut lev par son beau-frre.

    Auguste (63-14 avant J.-C), premier empereur romain, tait fils adoptif de Jules Csar. Plusieurs autres empereurs romains furent aussi adopts. Childebert I I (570-596), roi mrovin-

    gien dAustrasie, fut adopt par son oncle. Son pre Sigebert I " avait t assas-

    QUELQUES A D O P T S DE PIEUSE M M O I R E

    Mose fut dpos par sa mre sur une cor-beille flottant sur le Ni l , afin de le protger de la cruaut de Pharaon Recueilli par la fille du Pharaon, i l fut adopt par elle (Ex 1,0). Mardoche avait adopt comme sa fille Esther, fille de son oncle Abigail.

    Esther est l'une des principales figures de la trs sainte Vierge. Kateri Tekakwitha (vnrable,

    1656-1680), amrindienne d'Am-sin par deux esclaves de rique du Nord, a perdu toute Frdgonde. De mme -T/ ^\ ~" sa famille l'ge de 4 ans et a pour Childebert I I I dit l'adopt .

    Le pape Alexandre V I Borgia (1431-1503) fut adopt par le pape Calixte I I I . Andra Mantegna (1431-1506), clbre peintre italien de la Renaissance, fut adopt par le matre dont il tait l'apprenti. Jean Racine (1639-1699), trs tt orphelin, fut adopt et lev par sa

    grand-mre puis par sa tante. Jean-Sbastien Bach (1685-1750), orphelin de pre et de mre l'ge de 9 ans, fut adopt par son grand frre, g de 24 ans.

    lage t adopte par son oncle et par sa tante.

    Charles de Foucauld (1858-1916), orphelin de pre et de mre l'ge de six ans, a t lev par ses grands-parents. Edgar Mortara (1851-1940), enfant juif I fut baptis par une do-mestique de

    ses parents quand il tait en danger de mort. Rtabli, il fut retir ses parents et adopt par Pie IX. j

    FIDELITER 204 novembre-dcembre 2011 d

  • DOSSIER L'ADOPTION D'UN ENFANTi

    Vers la dcision,.. d'un commun accord Aprs combien d'annes de mariage les foyers commencent-ils d'envisager l'adoption ? Entre trois et dix ans et en moyenne six ans, le temps, bien entendu, de constater, pour la plupart, que les enfants ne viennent pas de faon naturelle. Cependant, ds avant le mariage, il n 'est pas rare que la question se soit pose. Autre question: combien de temps leur a t ncessaire pour se dcider ? La rponse est encore plus variable, ce qui est trs comprhensible surtout si l'on se rappelle qu 'une telle dcision demande un accord: de la premire rflexion la rsolution, il s'est pass, selon les cas, entre six mois et cinq voire dix ans, le dlai moyen tant d'environ trois ans.

    M. ET M"'LECLERCO ^ > - * M. et M"" Leclercq se sont maris en 1995. Fin

    2009 ils ont adopt une petite Genevive, alors ge de 7 ans et Lituanienne.

    gs de ving-neuf et vingt-sept ans au moment de notre mariage, mon pouse et moi-mme souhai-tions, comme toute famille catholique, fonder un foyer avec les enfants que le bon Dieu nous accor-derait. La Providence allait en dcider autrement, pour notre plus grand bonheur !

    Aprs trois ans de mariage, mon pouse m'a pro-pos d'adopter un enfant, voyant que nous n'ar-rivions pas en avoir de faon naturelle. J'tais oppos cette ide, pensant qu'il tait un peu tt : je ne me sentais pas prt pour cette exprience. Mon pouse n'a pas insist et a continu prier pour avoir des enfants.

    En 2002, je me suis dcid en reparler mon pouse qui, naturellement, tait heureuse que j'aie chang d'avis sur la question. Mais nous n'avons finalement dpos la demande d'agrment qu'en novembre 2003 car, entre-temps, influenc par le scepticisme de mon pre et de mes beaux-parents, j'tais de nouveau perplexe. Je me suis dit que, si telle tait la volont de Dieu, i l nous aiderait concrtiser ce projet. Dans tous les cas, mon pouse et moi-mme n'aurions pas insist si l'agrment n'avait pas t accord ou si le dlai de validit (cinq ans) de celui-ci avait t dpass.

    FIDELITER 204 a novembre-dcembre 2011 L

  • M. ET M"" DE MONICAULT

    Pendant nos dmarches nous avons rencontr de nombreuses familles ayant dj adopt des enfants ; cela fait partie du parcours impos par la Direction des affaires sanitaires et sociales.

    Tout naturellement l'ide d'adop-ter des enfants a germ dans le cur de la maman. Le papa, quant lui, a long-temps mri cette ide avant de se dcider.

    M. ET M"" JACQUET

    Nous avions, dans notre entourage, d'excellents amis qui avaient adopt trois enfants au Vietnam quelques annes auparavant, une poque o nous ne nous posions pas encore la question. Cela nous a probablement aids de voir cette famille se composer. Les changes avec le pre et la mre nous ont certai-nement permis de nous imaginer plus concrtement accueillir un enfant qui ne soit pas de notre sang.

    Mon mari a t prt pour l'adoption bien plus tt que moi. I l faut un peu plus de temps une femme pour tirer un trait sur sa grossesse, qu' un homme qui ne peut sentir la vie pousser en lui. L'ide de l'adoption tait nanmoins abor-de entre nous, et nous tions tout fait d'accord pour adopter un jour si Dieu ne nous donnait pas d'enfant naturel.

    M. ET M"' DE F R M I N V I L L E

    La connaissance d'autres familles ayant adopt nous a plutt incits dans ce sens et, en tout cas, normment aids. Nous avons eu la chance d'tre d'accord sur le sujet de l'adoption ; aucun de nous deux n'a eu besoin de chercher convaincre l'autre ; ce qui n'a pas empch de nom-breuses discussions ce sujet.

    M. ET M"'' COSTE

    Dans notre foyer, c'est d'abord madame qui a suggr l'ide. Au dpart elle a t difficile accepter pour mon-sieur qui ne se voyait pas prendre dans ses bras un enfant qui ne lui ressemble pas. Puis, nous avons appris qu'il tait possible d'adopter dans les pays de l'Est et, petit petit, monsieur a chang d'avis sur l'adoption.

    M. ET M"-' CARCELAIN

    Nous ne savions pas du tout o nous mettions les pieds. J'en savais juste un peu plus que le commun des mortels car, pendant mes tudes, j'avais suivi un stage auprs d'un service d'aide sociale l'enfance, j'avais assist des runions d'agrment et des entretiens en vue d'agrment, mais c'tait tout.

    Avant d'en arriver la dcision i l est ncessaire que le couple volue tout doucement, chacun son rythme. I l faut accepter de ne pas avoir d'enfant naturel, le plus difficile srement pour la femme.

    FIDELITER 204 il novembre-dcembre 2011 ES

  • DOSSIER L'ADOPTION D'UN ENFANT 0 I l y a aussi un point difficile : quand le couple n'a pas d'enfant i l y a dsqui-libre, cela ne tourne plus rond et i l y a risque d'explosion, risque de rejet de la faute sur l'autre. Pour nous les choses furent plus faciles car aucun mdecin n'a russi se mettre d'accord : nous ne savions pas, et nous ne savons pas lequel des deux bloque.

    Un jour, aprs sept ans de mariage, c'est Anne qui s'est dcide: si tu es d'accord, je vais lancer une procdure d'agrment.

    LA PROCEDURE D'ADOPTION Pour bien con)prenclre les rcits qui vont suivre, il peut tre utile de connatre les principales tapes qui conduisent l'adoption, dans la lgislation franaise.

    1. L'AGRMENT: c'est une autorisation don-ne par l'Aide sociale l'enfance (ASE), aprs e n q u t e et sous l'autorit du conseil g n r a l du d p a r t e m e n t o rside l'adoptant.

    a. Si la demande (et le dossier) est accep-t e par l'ASE, cette acceptation est m i s e au plus tard neuf mois aprs la demande. Ces dlais sont en pratique parfois d p a s s s .

    b. L a g r m e n t est valable cinq ans. Au-del, on doit renouveler la demande.

    c. L a g r m e n t n s t valable que pour un seul projet d'adoption. S'il y a donc plusieurs enfants adopts, c'est qu'il y a eu autant d'agrments.

    2. DMARCHE D'ADOPTION PROPREMENT DITE: a. En France: p r o c d u r e propre. b. l'tranger: deux d m a r c h e s sont possibles.

    i. Par l'intermdiaire de l'AFA [Agence fran-aise de l'adoption] ou d'un OAA [organisme autor is pour l'adoption internationale).

    ii. Dans le cadre d'une initiative indivi-duelle et indpendante.

    Dans les deux cas, un dossier doit tre c o n s t i t u par l'adoptant.

    M. ET M"^ D'ALLONVILLE

    On ne peut se lancer dans cette aven-ture si grave de l'adoption sans connatre d'autres familles ayant elles-mmes ra-lis ce parcours.

    L'ide est venue peut-tre en premier lieu de moi-mme [l'pouse] car j'ai tou-jours beaucoup aim les enfants et j'ai eu l'habitude d'aimer et de m'occuper des enfants des autres. Une vie sans enfant aurait t impensable, mon mari tait favorable et heureusement car nous ne nous tions pas concerts auparavant. :

    Aprs la mise en relation d'une offre d'adop-tion (Tenfant et ceux qui en sont responsables, notamment les autorits publiques locales) et des personnes souhaitant adopter, l'tat d'on-gine de l'enfant traite le dossier et, si ce dossier est retenu, il propose la famille d'accueillir l'enfant [apparentement].

    Le cas chant, dans ce pays d'origine, une dcision judiciaire ou administrative valide la procdure et autonse officiellement l'adoption.

    3. LARRIVE DE LENFANT: Dans le cas d'une adoption internationale, le plus souvent la famille se rend dans le pays de Tenfant pour aller le chercher Lenfant une fois arnv dans son nouveau pays d'accueil, les services sociaux mettent en place un suivi de pnse en charge.

    ES FIDELITER 204 s novembre-dcembre 2011

  • La demande d'agrment Ces obtentions d'agrment ont demand tantt neuf mois (dlai officiel), tantt davantage: entre onze et vingt-quatre mois. Ce qui est gnralement, pour les futurs parents, le plus contraignant, ce sont les entretiens avec la psychologue et les visites de l'assistante sociale la maison {M. et M"" Leclercq).

    M. ET M-"'JACQUET Lors du parcours de l'agrment, on doit notam-

    ment donner son choix sur l'origine de l'enfant. Ce doit tre une dcision trs rflchie entre poux. I l faut, sans faux-semblant, s'imaginer tre totalement et pleinement le pre ou la mre de cet enfant qui n'est pas de notre chair. Il faut s'imaginer le cajoler, le couvrir de baisers, l'aimer entirement, comme le font toutes les mamans et les papas.

    M"^ BENARD

    Mes dmarches ont t trs difficiles, voir trs dou-loureuses ; la DASS du dpartement a t particulire-ment odieuse, posant des questions trs personnelles, s'interrogeant et s'tonnant de ma bonne entente avec ma famille et de son soutien, mettant en doute mon amour pour les enfants, alors qu'elle savait que j'tais enseignante !

    M. ET W" D'ALLONVILLE En commenant notre procdure d'agrment, nous

    avons adhr l'association EFA. Notre cotisation est arrive au bureau de la trsorire qui tait une cousine loigne de mon mari. Elle avait elle-mme adopt trois enfants et tait en procdure pour un quatrime. Cette cousine nous a envoy un petit mot trs cha-leureux et encourageant, nous proposant son soutien, ainsi que celui de son mari et de ses enfants. Nous avons donc fait connaissance et ils nous ont beaucoup

    FIDELITER 204 novembre-dcembre 2011 1 3

  • ^-^M^M LMUUPiiUN D'UN ENFAN

    M. ETM-"^ COSTE

    M. et M'"" Coste ont adopt quatre enfants originaires de la rgion de Moscou : Ilia [20 ans, adopt 3 ans), Xenia [ 17 ans, adopte 3 ans], Nicola[ 13 ans, adopt 5 mo;sj et Tatiana [11 ans, adopte 12 mois].

    Pour l'obtention de l'agrment, nous avons d rencontrer plusieurs reprises deux assistantes sociales auxquelles nous avons dit que nous t i o n s catho-liques pratiquants. Elles t a i e n t t r s gauche dans leurs i d e s , elles nous ont r p o n d u ne pas comprendre qu'il y ait eu mai 1968, pour qu'ensuite des i d e s comme les n t r e s ressurgissent. Elles ont dit craindre que notre enfant soit l e v dans un carcan et elles ont d o n n un avis d f a v o r a b l e , nous demandant d'aller ren-contrer la psychologue de la DDASS afin quelle donne son opinion. Finalement nous avons obtenu l'agrment.

    aids moralement. Nous sommes alls aux runions de l'association, avons entendu divers tmoignages. Nous avons beau-coup lu et rflchi.

    M. ET M CARCELAIN

    Un mois aprs la lettre de demande d'agrment il y a une runion, et encore un mois plus tard les entretiens commen-cent : psychologue, psychiatre, assistante sociale, mdecin gnraliste, je ne crois pas en oublier. Cela peut paratre intru-sif mais nous ne l'avons pas trop mal vcu, tout en tant assez prudents dans nos rponses. Nous avons eu la chance de rencontrer une assistante sociale dlicate, ce qui, aux dires d'amis, n'est pas tou-jours le cas.

    M AUDOUZE

    On nous a demand de prendre contact avec telle assistante sociale et telle psy-chologue. Alors, dans nos milieux, beau-coup de bruits circulent comme quoi les assistantes sociales sont toutes des harpies, intolrantes et sapant systmatiquement les catholiques. Les psys sont tous des tor-dus, etc. On nous conseilla d'tre trs pru-dents, d'enlever les signes extrieurs de notre foi durant la visite au domicile de l'assistante sociale...

    Nous avons dcid de ne rien faire de tel et mme de jouer ds le dpart cartes sur table. Pour nous c'tait la faon de voir si Dieu tait bien d'accord avec cette dmarche d'adopter, si rellement il voulait nous confier un enfant de cette faon-l.

    Nous dclarmes donc notre assis-tante sociale que nous tions catholiques pratiquants et que nous avions l'inten-tion d'lever notre futur enfant dans la

    1 3 FIDELITER 204 novembre-dcembre 2011

  • foi catholique, de lui transmettre nos valeurs religieuses, morales et culturelles. Elle nota cela sans se prononcer ni pour, ni contre, mais apprciant que nous vou-lions transmettre nos valeurs. Sa visite la maison tomba au moment de Nol. Toute la dcoration tait en place et, croyez-moi, elle est importante chez nous, grce mes origines germaniques : le sapin, la crche, le poupon, etc. Madame fit le tour de notre appartement puis en prenant le th elle nous dit : Il y a quand mme beau-coup de croix chez vous. Eh oui ! une dans chaque pice. Et nous de rpondre du tac au tac en riant : Eh oui, madame, comme nous vous l'avons dit, nous sommes catholiques pratiquants, qui pra-tiquent ! On en resta l.

    Quant notre psy, une dame d'environ cinquante ans, elle n'avait rien d'une per-sonne tordue. I l y eut plusieurs rencontres, o le vrai parler fut toujours de mise de notre part. Par exemple elle nous avait donn de nombreux livres lire, assez tor-dus sexuellement : je lui ai dit que c'tait des torchons, qu'il tait dommage de nous faire dpenser des sous pour cela et qu'il tait hors de question que mon mari lise cela. Quant moi, il m'avait suffi d'en lire la moiti avant de mettre le bouquin la poubelle ! Eh bien, elle me dit : Je suis ravie que vous ayez cette raction, c'est celle que j'esprais vous voir. Moi aussi je suis catholique ! Elle se dclara trs favorable notre demande. Idem pour notre assistante sociale. - - ' ^ - - J - J ' W ;

    Nous avons demand un agrment pour un enfant de moins de un an. Nous ne voulions pas mettre un ge plus lev, croyant ainsi avoir plus de chances pour obtenir un tout petit enfant. J'avais besoin de pouponner.

    M. ET M-^ " DE MONICAULT M. et M""" de Monicault ont eu d'abord six enfants de faon naturelle: cinq filles aujourd'hui ges de 35, 32, 30, 28 et 26 ans et un garon de 34 ans. Puis ils ont adopt un bb originaire du Chili: Jean-Rgis qui a aujourd'hui 16 ans. Enfin ils ont adopt en Thalande une fille de F ans, Philomne, aujourd'hui ge de 13 ans.

    Les d m a r c h e s ont t t r s difficiles cause de notre appartenance la Tradition. L'assistante sociale qui s'occupait de notre dossier tait fortement d f a v o r a b l e pour cause du comportement dhibernatus de nos enfants naturels: pas de t l v i -sion la maison, des adolescents sans vie sexuelle, des enfants tout fait conformes l'ducation qu'ils recevaient! C s t le Conseiller g n r a l qui a enfin t r a n c h en nous accordant le fameux a g r m e n t , ne voyant aucune raison de priver une famille nombreuse d'un nouvel enfant. ..^

    M. ET M FOURNIER

    I l faut se plier aux exigences des entre-tiens pour les valuations, savoir crer des liens avec des professionnels qui nous sont imposs. Comprenons que, mme si cela est intrusif les pays qui nous confient des enfants nous font confiance des mil-liers de kilomtres et ont besoin de nous connatre afin de proposer le meilleur apparentement possible. N'oublions pas que les institutions nous confiant les enfants cherchent une famille pour un enfant et non l'inverse. Donc la pro-cdure est longue et prouvante. Il faut savoir demander des conseils aux per-sonnes bien informes et bien au fait de l'actualit de l'adoption internationale; se tourner vers un pays ayant une proc-dure transparente et sre. :

    FIDELITER 204 m novembre-dcembre 2011 Q |

  • i i k i > i l ^ ; l LAOUPTION D'UN ENFA

    Est-il lgitime d'adopter? Devant les soins redoubls que demande l'ducation d'un enfant adopt, ou mus par d'autres raisons, certaines personnes se mfient de l'adoption, allant jusqu' la dconseiller systmatiquement. Cette attitude est-elle justifie ?

    Il y a dans l'adoption un paradoxe indubitable: celui qui consiste , d'un tranger, faire son propre enfant. un garon ou une fille qui n'est n ni du sang, ni de la volont de la chair, ni de la volont de l'homme qui l'adopte (non ex sanguinibus, neque ex voluntate camis, neque ex voluntate vm,]n 1,13), ce dernier va cependant donner tout - ou presque - ce qu'il aurait donn un enfant qu'il aurait engendr selon la nature. Le petit d'homme vient du Prou, d'vVngola, d'Ukraine ou du Sri Lanka, il a t aban-donn par ses parents ou bien ceux-ci sont dcds ; et voici qu'un Franais (pour prendre cet exemple), qui n'a, en commun avec l'enfant, pas grand-chose de plus que la nature humaine, va lui donner son propre nom de famille, souvent un nouveau prnom, le recevoir dans son foyer, le vtir, le nourrir, le soigner, le caresser, le cliner, l'embrasser, l'lever, l'instruire, en un mot lui donner toutes les richesses que comprend l'ducation d'un petit d'homme.

    Il n'est pas rare que l'enfant ainsi adopt soit lui-mme frapp par ce paradoxe, dans la mesure o l'ge peut lui en donner conscience. C'est ce que racontent certains tmoignages de ce dossier. Mme un ge tendre, les petits accueillis dans une nouvelle famille s'tonnent et se demandent parfois: pourquoi suis-je ainsi gt par des gens que je ne connaissais pas ? Pourquoi moi ? Et pourquoi eux ?

    Sans doute l'enfant privilgie-t-il la satisfaction sur la surprise. Son soin principal va jouir des dons

    FIDELITER 204 w novembre-dcembre 2011

  • M"" de Monicault et Jean-Rgis

    qu'il reoit soudain, bien plus qu' s'in-terroger. Lui qui dormait dans un vague dortoir et soupait la cantine commune d'un orphelinat du Tiers-Monde, voici qu'il bnficie d'un lit confortable et d'une soupe familiale et copieuse. Lui qui n'tait qu'un bambin parmi d'autres au sein d'un service social, voici qu'un pre et une mre lui prodiguent toutes les tendresses possibles. Sans trop se poser de questions, il s'occupe d'abord d'apprcier cette transformation heureuse de son exis-tence. Toutefois, nul doute aussi que des questions se posent dans son cur, qu'il les exprime ou qu'il les taise. ces questions des rponses lui seront donnes, au moins en partie et au rythme de la Providence.

    Ces questions devant le paradoxe que reprsente l'adoption, plusieurs adultes se les posent aussi. Comment y rpondent-ils ?

    Certains en viennent conclure, avec quelque hte, qu'il faut la dconseiller. L'adoption ne heurte-t-elle pas trop la nature? Elle fait comme si l'enfant tait venu de faon naturelle, alors qu'il n'est pas venu de faon naturelle. Elle unit des inconciliables : un enfant et des parents sans sang commun qui pourtant auront

    une destine commune ! En outre, lorsque l'adoption se fait aprs une strilit consta-te des deux poux, ne reprsente-t-elle pas une msestime de la volont de Dieu ? Car si celui-ci a permis que monsieur et madame, imis par les liens du mariage, ne parviennent pas avoir des enfants de faon naturelle, c'est parce qu'il prfrait que, tout bonnement, ils n'aient pas d'en-fants... Ne leur a-t-il pas montr son bon plaisir en permettant leur infcondit? Ne serait-il pas plus sage, pour eux, de se rsoudre cette croix, convaincus que s'y cachent la fois leur bonheur et l'ordre tabli par la Providence ?

    Cette faon de voir est errone. Premi-rement, son argumentation ne rsiste pas au bon sens: si, face tout ce que Dieu permet, l'homme n'tait autoris qu' l'accepter sans y remdier, alors nul ne pourrait prendre des mdicaments pour soigner une maladie ; nul Sauveur n'aurait t donn pour rparer le pch originel. Deuximement, l'on ne voit aucune rai-son srieuse qui rendrait immorale l'adop-tion. Troisimement, l'glise l'a toujours autorise : or ce sont ses dispositions qui doivent guider nos apprciations. >

    A ce propos, il faut rappeler qu'en tho-logie morale adopter un enfant est, en soi, moralement ni mauvais, ni bon, mais indiffrent'. Ce sont les circonstances concrtes qui feront que l'adoption sera, dans tel cas la volont de Dieu, dans tel autre cas une faute ou tout le moins une imprudence. A l'adulte qui a l'inten-tion d'adopter, il revient donc de rflchir, de prier et de demander conseil avant de dcider si, oui ou non, il est bon qu'il s'en-gage dans cette voie. La doctrine catho-lique - toujours elle - prcise quelles sont les circonstances auxquelles il faut prter

    FIDELITER 204 ^ novembre-dcembre 2011 B |

  • Mtltm^l LAUPTiN 0 UN ENFANT

    attention et qui feront qu'il sera exp-dient ou imprudent d'adopter. Passons-les rapidement en revue.

    Pourquoi dsirons-nous adopter? Est-ce seulement parce que nous nous sentons seuls, parce que nous souhaitons profiter d'un enfant comme d'une tendre compagnie? Ou bien est-ce - ou est-ce galement - parce que nous pourrions accorder un enfant la douceur d'un foyer et l'duquer chrtiennement ? Notre inten-tion est-elle bonne ?

    Sommes-nous prts l'adoption? Avons-nous les moyens matriels de faire vivre un enfant? Semble-t-il que nous sommes physiquement et spirituellement aptes l'ducation en gnral, particulire-ment vis--vis d'un enfant qui ne viendra pas de notre chair ? Du reste il est juste de prciser que si un foyer, et surtout un foyer catholique, est de loin le cadre le meilleur pour recevoir un enfant, il n'est cependant

    pas le seul envisageable. Rien n'interdit, au regard de la loi divine et ecclsiastique, une personne clibataire d'adopter. Bien videmment, dans un tel cas, la prcaution devra tre encore plus de mise. Les spcia-listes se sont mme demands si l'adoption par un prtre pourrait se lgitimer et ils concluent en sens divers^.

    B supposer que notre intention soit bonne et que nous nous jugions disposs adopter, quel est le bon moment pour cette entreprise ? prsent ? Plus tard ?

    Autre question fort importante : quel enfant suis-je prt adopter? Est-il pru-dent pour moi de ne fixer aucune condi-tion sous ce rapport, ou bien vaut-il mieux que j'en dtermine quant sa sant, son sexe, son ge, son origine gographique ?

    On peut le constater, i l est autant inexact de penser que tout foyer infcond devrait se tourner comme automatique-ment vers l'adoption, qu'il est irrecevable de juger l'adoption comme une entorse la Providence. I l ne s'agit pas d'encoura-ger ni de dcourager systmatiquement, mais de discerner au cas par cas.

    Quoi qu'il en soit, i l est une chose que la discipline catholique ajoute (et le droit civil de mme) : ds lors qu'il y a eu adoption, i l se cre une parent lgale entre l'adopt et sa nouvelle famille qui entrane certains empchements absolus' au mariage, notamment entre l'adoptant et l'adopt ou entre un frre et une sur adoptifs. :

    1 - Cf. Fideliter n 190, juillet-aot 2009, p. 27.

    2 - Par exemple Bride rpond par la ngative (article A d o p t i o n , encyclopdie Catholicisme, Letouzey, 1948, 1.1, col. 153) et Naz par l'affirmative {article A d o p t i o n , Dictionnaire de droit canonique, Letouzey, 1935,1.1, col. 218). Deux ca.s d'adoption par un pape sont d'ailleurs cits dans notre dossier.

    3 - au sens de dirimant, i . e. qui rend invalide.

    m FIDELITER 204 ;r novembre-dcembre 2011

  • Ladoption par association M. ET M"" CARCELAIN

    Tout le monde dit ce moment-l: Pourquoi n'avez-vous pas adopt en France ? Parce que c'est plus difficile. L'anne prcdente, i l y avait eu 7 adop-tions nationales dans le dpartement, et que pour l'anne 2000 nous reprsentions le 234' dossier. Nous nous sommes alors tourns vers l'adoption internationale. (...)

    Nous avons crit 4 ou 5 associa-tions, certaines nous ont rpondu sans rire: Envoyez-nous un chque de 1000 francs pour tudier votre dossier , une d'entre elles a demand nous ren-contrer. (...)

    Nous avons eu beaucoup de chance, ou plutt le bon Dieu nous a bien aids, et nous avons su orienter nos diffrents pro-jets en fonction des ralits du moment. Nos deux premires adoptions ont eu lieu en Chine car, l'poque, la Chine tait ouverte l'adoption internationale, puis nous nous sommes tourns vers l'adoption d'enfants particularit et Indiens (en clair, les enfants souffrant de handicaps que les Indiens ne savent pas prendre en charge), et puis l'opportu-nit Hati s'est prsente. Nous voulions

    un troisime enfant, nous nous sommes engouffrs dans la brche.

    M. ET M D'ALLONVILLE

    Nous avons crit et tlphon plus de vingt associations en recevant des rponses ngatives. Chaque semaine, je tlphonais la personne s'occupant de notre dossier. (...)

    [Arrivs au pays] nous avons visit la ville fond, nous avons vcu chez l'habi-tant, nous sommes alls des concerts, spectacles et ballets pour bien nous imprgner de la culture russe et pour l'ai-mer car il faut aimer un minimum le pays d'origine de son enfant.

    M. ET M"'DE MONICAULT

    Ce foyer a adopt la premire fois par une procdure individuelle et la seconde par une association, cf. p. 16.

    L'association Orchide Adoption s'oc-cupe des adoptions en Thalande. Grce aux associations les dmarches sont sim-plifies [par rapport la dmarche indi-viduelle]. L'organisme nous guide, nous soutient, rgle tous les problmes. Mme si nous n'tions pas des bleus dans l'adoption, nous connaissions nouveau

    FIDELITER 204 novembre-dcembre 2011 ES

  • s m i ^ m LAOOPTION D'UN ENFANT

    toutes les angoisses des parents adop-tants. Une adoption est comme une gros-sesse : si elle n'est pas mene terme c'est une grande souffrance. La prsidente i Orchide Adoption est une femme extra-ordinaire, trs professionnelle et trs humaine.

    Au bout de 9 mois nous avons su qu'une petite fille de 7 ans et demi nous tait attribue. Elle vivait dans un orphelinat. Dans la revue d'Orchide Adoption il y avait justement une photo des enfants de cet otphelinat. Au milieu d'eux une petite fille, la plus dlicieuse, ce ne pouvait tre qu'elle! Tant que l'adoption n'tait pas finalise. Orchide Adoption ne pouvait pas nous dire si notre cur s'tait tromp ou non. Or il ne s'tait pas tromp. Cette petite fille est devenue notre fille !

    La famille Lambert M. et M""" Lambert ont adopt Sbastien, un petit garon de 2 ans originaire des Piiilippines.

    P r e m i r e r u n i o n t r s froide, p l u t t d c o u r a g e a n t e . Il a fallu que nous rencon-trions d'autres personnes qui attendaient d'aller chercher des enfants en Russie, pour nous motiver de nouveau. Nous avons eu parfois (et encore aujourd'hui) l'impres-sion de mener un combat contre l'adminis-tration divers niveaux, mais nous nous disions que notre projet aboutirait si c'tait la v o l o n t de Dieu, que l'enfant qui nous serait a t t r i b u serait celui choisi par Dieu pour nous.

    Lorsque nous avons obtenu l'agrment de la DDASS, nous pensions partir adopter dans les pays de l'Est ou en Russie. Nous avions m m e fait un voyage en Pologne nous met-tant en rapport avec l'abb Karl Stehiin. Il fallut nous rendre l'vidence que nous ne

    Hlas, Nol, nous apprenons que pour cause de tsunami, les procdures d'adoption sont geles car il faut s'occuper sur place de tous ces nouveaux orphelins. Cette priode a t trs dure vivre ; nous savions que nous avions cette petite fille mais il nous a fallu patienter une anne entire avant d'aller la chercher. L'enfant a t abandonn la naissance car elle souf-frait d'une grave malformation cardiaque qui engageait son pronostic vital.

    L'adoption de notre fille a t plus facile que celle de notre fils car nous deman-dions un grand enfant, atteint de parti-cularits (maladies, malformations ou autres) ; bref un enfant dont personne ne voulait. De faon gnrale l'adoption est difficile et il faut vraiment se mettre dans les mains de la divine Providence.

    pourrions avoir des enfants en bas g e (dans les fratries p r o p o s e s l'an a souvent plus de 5 ans) et en bonne s a n t , ce qui tait notre souhait.

    Finalement nous avons d c i d de nous tourner vers l'Asie et plus p a r t i c u l i r e m e n t les Philippines. Il n'y avait pas d'association pour nous accompagner dans les d m a r c h e s , nous sommes donc p a s s s par la MAI [Mission de l'adoption internationale), qui s'est transfor-m e en AFA en cours de p r o c d u r e . C'est donc le m i n i s t r e f r a n a i s qui transmet le dossier aux Philippines via l'InterCountry Adoption Board. Nous n'avions pas voulu choisir le sexe de l'enfant. Nous avions d e m a n d qu'il ait moins de trois ans et qu'il soit en bonne s a n t . Notre g a r o n avait t a b a n d o n n la naissance. Aux Philippines l'avortement est encore interdit et il y a encore beaucoup d'enfants l a i s s s l'hpital ou aux portes des g l i s e s leur naissance, lorsque la famille ne peut subvenir aux besoins du nouveau n .

    FIDELITER 204 m novembre-dcembre 2011

  • ; dans

    1

    M COSTE

    J'ai commenc travailler comme bn-vole au Bureau genevois d'adoption, qui organisait des adoptions dans plusieurs pays. Rapidement, je suis devenue res-ponsable des adoptions en Russie, ce qui a beaucoup facilit les trois adoptions sui-vantes. (...)

    Les dmarches administratives nces-saires reprsentent, en France, des docu-ments lmentaires (acte de naissance, de mariage, etc.) et, en Russie, un norme dossier prparer, faire lgaliser par le notaire...

    M. ET M-"'JACQUET

    Le dossier dposer est incroyablement norme et parfois maill de questions tonnantes; il faut aussi s'inscrire sur la liste d'attente pour les pupilles d'tat en France, lancer des dmarches auprs de pays trangers (chacun fonctionne diff-remment), choisir une OAA, AFA... Le spectre est large et les rumeurs sur inter-net de pays ouverts ou n o n vont bon train. Il me semble qu'il n'est pas bon, pour le moral, de prter trop d'at-tention aux sites d'changes et aux blogs. Cela concerne des couples dont on ne connat pas les dossiers, les exigences, les attentes... I l me parat difficile de com-parer sa propre histoire avec les leurs. Mieux vaut prter crdit aux associa-tions tablies, par exemple. Et surtout s'en remettre la Providence, tout en tant actif Et aussi raliste, car les dlais pour accueillir un enfant s'allongent d'anne en anne, de toutes les faons.

    Je recommanderais de commencer les dmarches et dossiers le plus tt possible, car les ges du pre et de la mre comptent normment. La jeunesse est un atout.

    M. ET M AUDOUZE

    Pour russir rapidement, i l faut s'ins-crire dans diffrents endroits et laisser faire le bon Dieu. Vu notre ge, i l fallait se dpcher. A 40 ans l'adoption des tout petits devient trs difficile dans beaucoup de pays, voire impossible ! Fin mars nos demandes taient envoyes. (...)

    On est content et dsespr la fois, a avance et en mme temps on a du mal y croire. Et ce fut le grand silence... Tous nos doutes rejaillirent, puis cela se trans-forma en colre : on nous traitait comme des numros. Finalement nous tlpho-nmes rOAA pour demander si, au moins, ils avaient reu notre dossier. On nous rpondit par l'affirmative, nous pr-cisant en mme temps que notre demande allait avoir du mal aboutir. L'ge trs jeune que nous avions demand pouvait tout compromettre...

    FIDELITER 204 if novembre-dcembre 2011

  • DOSSIER L'ADOPTION D'UN ENFANT

    L'AFA nous appela pour nous dire que ce n'tait mme pas la peine d'es-prer d'avoir un enfant avant l'expira-tion de notre agrment, car nous tions le numro 2665 sur la liste d'attente du Vietnam ! (...)

    A peine rentrs de vacances, le tl-phone sonna : Ici l 'OAA du Vietnam. Votre dossier a t accept, vous allez vous rendre au Vietnam rapidement. Mais i l faut que votre dossier parte avant le 10 septembre. I l faut que vous soyez aprs-demain matin 9 heures Paris ! Je n'arrivais pas piper mot. Nous tions incrdules. Le dpart en train fut vite organis et, 9 heures le surlendemain, nous tions Paris. Notre dcision de ne point cacher notre foi nous avait finale-ment obtenu la slection de notre dos-sier. La personne de l'OAA nous a dit que c'avait t son premier critre de choix ! (...)

    Un jour nous sommes tombs sur un trsor inestimable qui nous a permis de vivre notre attente trs sereinement: La confiance dans le Divine Providence par Saint-Jure. Nous recommandons ce livre tous les couples adoptants dans l'attente, celle-ci deviendra presque une joie ! (...)

    Le janvier (!) 2011 le tlphone sonna. Nous tions en train de nous pr-parer pour la messe. C'tait l'OAA. Je me suis fige. Jean-Franois m'a lanc : Ne te rjouis pas encore ! C'est peut-tre non. Nous cherchions nous prot-ger, encaisser un coup fatal, nous avions peur et nous esprions tellement la fois. Flicitations, vous avez une petite fille, elle est arrive l'orphelinat Dan Nang et est probablement ne le 26 juillet 2010. Quelle libration! Enfin des

    ' larmes de joie et non de douleur. Notre

    petite tait beaucoup plus petite qu'an-nonc, elle venait d'avoir 5 mois. Nous allmes la messe. J'ouvris mon missel et lus la premire phrase de Y Introt : Un enfant nous est n. Oui, une enfant nous tait ne et ce fut une messe d'action de grces et de libration.

    M. ET M LECLERCO Les associations que nous avons sollici-

    tes, et qui taient agres pour le Brsil, la Colombie, le Vietnam et la Chine, n'ont pas pu donner suite notre requte parce qu'elles taient submerges par les nombreuses demandes de familles pour ces pays. Notre choix s'est port finale-ment sur la Lituanie pour trois raisons : 1 nous avions lu le livre d'Yves Chiron, Nos enfants de Lituanie; un prtre ami nous avait conseill de choisir un pays catholique; puisque nous devions nous dbrouiller dans un pays sans l'aide d'une association, i l tait prfrable de choisir un pays europen. C'est donc par l'inter-mdiaire de la M A I (devenue AFA) que nous avons dpos notre dossier auprs des services de l'adoption en Lituanie. Pendant nos vacances, nous avons dcid d'aller dcouvrir ce joli pays qui allait devenir un peu le ntre. Ce fut ensuite la longue priode d'attente d'une proposi-tion d'enfant : nous avions un numro de dossier sur une liste.

    En 2007, l'AFA nous a informs que la Lituanie ne confiait pratiquement plus l'adoption internationale les enfants de moins de deux ans ; ils nous ont donc conseill de modifier notre agrment et de remonter l'ge requis 5 ou 6 ans. Aprs avoir pris conseil auprs d'un prtre, nous avons modifi alors notre agrment pour un ou deux enfants de moins de 6 ans. :

    FIDELITER 204 novembre-dcembre 2011

  • DOSSIER L'ADOPTION D'UN ENFANi

    L'adoption individuelle

    M. ET M CARCELAIN Pour l'adoption par association on

    contacte les associations dans le dparte-ment o l'on habite et elles acceptent ou non de travailler avec vous. Pour l'adop-tion individuelle on part tout seul, en aventurier, dans un pays et on cherche un enfant adoptable (j'en parle un peu sch-matiquement car je n'ai jamais adopt de cette faon). I l faut se rendre compte que de nombreux projets d'adoptions n'abou-tissent jamais, pour de multiples raisons : on perd patience, le couple explose, etc.

    M. ET M"" COSTE

    Pour les adoptions de faon indivi-duelle, i l faut avoir recours un interm-diaire sur place (plus ou moins honnte et de prestations plus ou moins chres). C'est le risque de ce mode d'adoption mais les dlais sont souvent plus courts car c'est le gagne-pain de l'intermdiaire: i l a tout intrt ce que cela ne trane pas. L'adoption par l'intermdiaire du gouver-nement local peut tre trs longue car ce sont des fonctionnaires qui ont en charge des dossiers et ils n'ont aucun intrt se presser !

    M. ET M-" DE MONICAULT

    Quand nous avons adopt notre gar-on nous tions encore jeunes (42 et 44 ans) et dsirions donc un enfant en bas ge. Pour nous il tait important

    de pouvoir baptiser cet enfant aussitt aprs l'avoir adopt. Nous avons donc crit aux prieurs de la Fraternit Saint-Pie X du monde entier et c'est le prieur de Santiago qui nous a rpondu favora-blement. I l connaissait un avocat chilien qui s'occupait d'adoption. Nous avons donc suivi une procdure en indivi-duel. Cette procdure est trs prou-vante car il faut se dbrouiller tout seul pour accomplir le parcours du combat-tant que reprsentent toutes les forma-lits. Au bout de 18 mois, notre avocat nous a envoy la photo d'un petit garon que nous pouvions adopter. Mais l'enfant devait d'abord tre prsent l'adoption locale au Chili. Ce fut un moment trs dur vivre, ce petit garon occupait tout notre cur, spirituellement c'tait dj notre fils mais tout moment nous pou-vions apprendre qu'il tait adopt dans son pays. Nous avons plac sa photo sur notre petit autel familial et les prires ont redoubl. Quatre mois plus tard, le coup de fil, tant attendu, du Chili est arriv. Nous pouvions l'adopter. Cet enfant avait t abandonn la naissance.

    M"= BENARD

    tant clibataire, je n'ai pas eu droit l'aide d'une association; j'ai donc fait mes dmarches en individuel. Avec l'aide de Dieu et le soutien quotidien de ma famille (de l'le de la Runion) et de

    E 3 FIDELITER 204 novembre-dcembre 2011

  • mes amis, j ai persvre ; une amie togo-laise de ma sur a t mon grand sou-tien et est venue avec moi au Togo. Cette amie est trs pieuse (comme beaucoup d'Africains); elle a entrepris toutes les dmarches auprs du gouvernement togo-lais. Mes dmarches ont dur en tout 4 ans. Les autres mamans attendent leur enfant 9 mois, moi un peu plus ! :

    LA FAMILLE DE FREMINVILLE

    Hugues et Laetitia de Frminville ont adopt, il y a un an, un petit garon de 19 mois, ukrainien et orphelin de mre. Loys va bientt avoir trois ans.

    Adopter de faon individuelle est g n r a l e -ment plus court que de passer par une asso-ciation. P r c i s o n s tout d'abord que l'Ukraine n'autorise l'adoption - par des t r a n g e r s - que lorsqu'il s'agit de couples m a n s [tandis que les clibataires ukrainiens peu-vent adopter].

    A p r s l'obtention de notre a g r m e n t , nous avons cher-c h un a c c o m p a g n a t e u r [ intermdiai re ukrainien] car nous souhaitions adopter en i n d i v i d u e l [de toute faon les associations sont inexis-tantes pour l'Ukraine]. La pro-c d u r e d'adoption en Ukraine est t r s encadre. Le d p a r t e -ment ministr ie l [SDA], respon-sable des adoptions, garantit le respect de la dontologie lie l'adoption et sa lgalit. Nous avons tout d'abord d prparer un dossier d'inscription assez simple. Puis nous avons prpar un d e u x i m e dossier, plus lourd. Nous avons ensuite t c o n v o q u s au SDA, Kiev, pour un premier rendez-vous o nous ont t p r s e n t e s 9 fiches d n f a n t s t r s malades.

    Les enfants en bonne s a n t sont gnrale-ment a d o p t s par les Ukrainiens, prioritaires sur les adoptants t r a n g e r s . Cst au deu-x i m e rendez-vous que nous sont p r s e n -t e s deux fiches: celle d'un enfant sourd et celle d'un petit g a r o n de bientt 19 mois, que nous d c i d o n s de rencontrer. Sa m r e natu-relle, clibataire, est d c d e . Son orphelinat se situant p r s de Donetsk, ?G0 km de Kiev,

    nous prenons le train de nuit. Nous faisons sa connaissance le lendemain matin et dcidons de l'adopter. Pendant un mois, nous tissons des liens uniques. Cet enfant qui ne babillait pas et ne comprenait pas l'humour est devenu, en quelques ren-contres, bavard et blagueur!

    L'orphelinat est en pleine ver-dure et t r s bien entretenu La nounou de Loijs est affec tueuse. A p r s le jugemen d'adoption et le dlai de non appel, nous allons l'orpheli nat chercher notre fils! Ces

    donc un petit g a r o n heureux et soudant qui quitte son orphelinat et que nous ramenons Kiev! Une semaine sera ensuite n c e s s a i r e pour l'obtention du visa de Loys. A p r s un unique voyage d'un mois et trois semaines en Ukraine, nous arrivons en France avec Loijs !

    FIDELITER 204 novembre-dcembre 2011 ES

  • DOSSIER L'ADOPTION D'UN ENFANT

    Ladoption divine

    T out homme en tat de g r c e est un a d o p t ! Saint Paul cri t en effet aux Romains (8, 1 4 ] : T o u s ceux qu'anime l'Esprit de Dieu sont fils de Dieu. Aussi bien n'avez-vous pas r e u un esprit d s c l a v e s pour retomber dans la crainte; vous avez r e u un esprit de //7s adoptif qui nous fait

    crier:4fc)fao! P r e !

    Saint Paul distingue cette filiation adop-tive de la filiation natu-relle, car seule le Verbe

    est Fiis naturel de Dieu: Q u a n d vint la p l n i t u d e des temps. Dieu envoya son Fils,

    n d'une femme (...] afin de nous c o n f -rer l'adoption filiale. [Ga 4 , 4 ]

    Une question sur-

    git alors: q u s t - c e qui, p r c i s m e n t , dans le b a p t m e , fait de l'homme un fils adoptif de Dieu? Est-ce l'ap-

    partenance l ' g l i s e ? Le c a r a c t r e sacra-mentel? Le Saint-Esprit qui, avec les deux autres personnes divines, vient habiter

    dans l ' m e ? Ou encore sont-ce les dons du Saint-Esprit ?

    Aucune de ces r p o n s e s n s t exacte. Ce

    qui rend l'homme fils adoptif de Dieu, c s t la

    g r c e sanctifiante, si l'on en croit le concile de Trente. D s lors qu'un homme p o s s d e la

    g r c e habituelle, il est j u s t i f i , et par l m m e

    qu'il est j u s t i f i il est rendu fils adoptif de Dieu.

    Baptme d'Anna Audouze

    Comparons la filiation adoptive que Dieu accorde aux m e s avec la filiation adoptive

    telle quelle se pratique sur Terre : Ladoption divine, comme l'adoption ici-

    bas, est un acte d'amour du P r e qui adopte.

    Ici-bas, l'adopt et l'adoptant ont la base la m m e nature [humaine]. Il n'en est pas ainsi quant l'adoption divine. Toutefois,

    Dieu d i v i n i s e l'adopt, puisque la g r c e

    sanctifiante est une

    participation la nature divine! Nulle adoption, ici-bas, ne permet ainsi au p r e

    adoptant de transfor-mer directement l'me de son fils...

    Dans l'adoption divine, de m m e que dans certaines adop-

    tions humaines, le fils adoptif devient en toute v r i t f r r e du Fils naturel, qui est ici J s u s - C h r i s t .

    Dans l'adoption divine, comme dans

    l'adoption ici-bas, l'adopt reoit un nouveau nom : son p r n o m de b a p t m e .

    Dieu, lorsqu'il adopte une m e , lui donne

    [comme dans l'adoption terrestre), un droit son h r i t a g e : le b a p t i s devient h r i -

    tier de Dieu, c o h r i t i e r du Christ [Rm 8, 17] .

    Toutefois, contrairement aux choses de la Terre, le fils adoptif entrera en possession de

    son h r i t a g e [le Paradis] sans que meure son

    P r e adoptif Cela va sans dire! :

    E E I FIDELITER 204 novembre-dcembre 2011

  • La rception de l'enfant

    M. ET M LAMBERT Nous prenons l'avion. Arrivs Manille,

    nous sommes attendus par la navette de l'htel. Une demi-heure plus tard nous avons rendez-vous avec notre petit gar-on et deux membres de l'orphelinat. Sbastien pleure, est tout apeur; i l n'a pas l'habitude de voir des trangers. Nous repartons l'orphelinat. Sbastien ne veut pas rester dans nos bras, i l court partout au milieu de ses camarades (...).

    Premire soire, premier repas, pre-mire nuit bien agite : Sbastien n'est pas tranquille, il ne comprend pas ce qui lui arrive. Le lendemain, direction un sanc-tuaire mariai, pour prier pour notre enfant avec la directrice de l'orphelinat qui nous l'avait propos la veille (nous ne sommes vraiment plus en France !) Nous passons l'aprs-midi tous les trois, visitons la cath-drale o Sbastien a t baptis : un certi-ficat de baptme nous est remis avant le dpart. Sbastien est plus l'aise et com-mence apprcier de se promener avec nous. (...) merveillement de Sbastien dans l'avion, dcouverte des dplace-ments en poussette, lumires, buildings, nouveaux visages... Moments de joie en

    famille pour un week-end ; messe d'action de grces l'glise Notre-Dame des vic-toires Manille.

    M. ET M-"'AUDOUZE

    Nous avons pri l'ange gardien de notre fille, lui confiant la premire rencontre. Nous nous prparions toutes les rac-tions possibles d'Anna (...) Nous sommes arrivs devant une maison. On nous a fait nous dchausser. Au premier tage, une salle de jeux, une ou deux nounous assises par terre avec une dizaine d'enfants. Mon regard a balay la pice et j'ai vu Anna, je l'ai reconnue grce sa bouche en cur. Au moment o je suis entre, elle s'est retour-ne et nos regards se sont croiss pour la premire fois... La raction de notre cha-ton fut sans appel : elle devint rouge et se mit hurler de terreur... eh oui, blanche et de surcrot rousse aux yeux clairs, je n'avais rien d'une nounou vietnamienne !

    Me connaissant, je m'tais dit: tu vas pleurer comme une Madeleine en la voyant... eh non, je n'prouvais rien, j'tais comme vide. Jean-Franois quant lui tait effondr. La raction d'Anna me sem-blait normale. J'imaginais ce qui devait se

    FIDELITER 204 novembre-dcembre 2011 E 9

  • DOSSIER L'ADOPTION D'UN ENFANT

    passer dans sa petite tte. Toute son exis-tence allait basculer en quelques heures, c'tait comme si elle le sentait.

    Durant les deux heures de notre pas-sage l'orphelinat, Anna hurla sans dis-continuer ! C'tait la premire fois que la directrice faisait face une raction aussi violente et aussi longue. Les nounous cherchaient raisonner notre petite qui ne voulait rien savoir, puis nous la remet-taient fermement dans les bras... Aprs un dernier bisou des nounous en larmes, nous nous dirigemes vers nos taxis. Dans la rue nous fmes accueillis par les habi-tants du quartier qui venaient nous regar-der, nous sourire, peut-tre dire adieu aux petits, mais ils avaient tous l'air trs heu-reux pour eux. Les gens nous remerciaient.

    Entre-temps Anna avait accept les bras de son papa, mais quant moi, i l ne fallait pas que je m'approche trop d'elle. Quelle journe pour notre bout de chou, qui n'avait jamais vu personne d'autre que ses nounous et qui n'tait jamais sor-tie de l'orphelinat... La voici dans des bras inconnus, dans une bote qui avance, au milieu d'autres engins roulants, des klaxons de tous les cts, etc..

    Pendant toute la remise officielle, notre Anna, puise, s'endormit, la bouche en cur, dans les bras de papa. Une fois l'extrieur, nous prmes littralement nos jambes notre cou. Nous rentrmes pied, prenant l'air aprs tant d'motions et tenant enfin notre enfant dans nos bras ! Nous tions dlivrs de ce fardeau de l'attente, de cette grossesse sans fin. Ce premier soir, Anna a refus de se nour-rir. Je l'ai vite baigne et puis son papa l'a porte dans une charpe, jusqu' ce qu'elle s'endorme. On lui avait prpar un petit lit par terre entre nos deux lits.

    En trois semaines la petite famille que nous formions dsormais s'est bien sou-de. Le lendemain de notre rencontre Anna a finalement accept sa maman sans aucun problme. Raction curieuse, elle a refus net de retourner dans des bras vietnamiens et de boire le lait en poudre qu'elle buvait l'orphelinat, comme si elle voulait tirer un trait sur son pass... C'tait comme si toute sa peur, toute sa rvolte taient sorties d'elle en ce premier aprs-midi. Elle nous... adopta trs rapi-dement et sans conditions, ayant trs bien compris qui taient papa et maman.

    M. ET M D'ALLONVILLE

    Nous avons rencontr une premire fois Vladimir l'orphelinat, son cadre de vie. L'enfant a t choisi pour nous et ce n'est pas nous qui l'avons choisi, ceci est trs important. Nous tions libres aprs rflexion de refuser pour motif grave (problmes de sant). Un autre enfant aurait pu nous tre propos. Mais nous avons dit oui tout de suite. Au dbut il avait peur de son papa car il n'avait jamais vu d'homme. Nous l'avons appri-vois peu peu. I l a pleur en quittant l'orphelinat mais ne parlait pas (...) I l s'est trs rapidement adapt son nouvel envi-ronnement et sa nouvelle langue. I l tait assez colreux, mais trs sociable - bien qu'un peu agressif

    Nous avons rencontr Ladislas l'or-phelinat. Il tait trs observateur, trs gai et blagueur. (...) I l s'est adapt trs vite aussi, son grand frre l'attendait l'a-roport. I l a eu plus de difficults par-ler. L'enfant a manifest un regret de ses parents longtemps aprs, lorsqu'il a ra-lis vraiment les choses, l'ge de 7 ans. Pour le moment i l a retrouv sa srnit.

    FIDELITER 204 novembre-dcembre 2011

  • M"" Carcelain en Chine en 2004 : voyage pour recevoir Pauline dans sa famille adoptive j

    Tatiana est arrive dans la nuit du 23 au 24 dcembre, c'tait notre cadeau de Nol. Elle a dormi 14 heures et s'est rveille le matin de Nol entoure de ses deux grands frres.

    M. ET M DE MONICAULT

    Quand nous avons adopt notre fds, tous nos enfants taient encore la mai-son. Nos filles avaient dj des curs de petites mamans et elles ont tout de suite t favorables. Notre fils a t plus long adhrer cette adoption. C'est peut-tre un paramtre trs masculin puisque son papa avait mis 10 ans pour se dcider !

    Quand nous avons adopt notre fille, beaucoup d'oiseaux s'taient dj envols du nid et nous tions 10 fois

    grands-parents. Mon mari a donc crit une lettre tous nos enfants maris pour leur expliquer notre projet et pour leur demander soutien et adhsion.

    Notre fils a souvent parl de ses parents naturels partir de 5 ans, ge auquel i l a eu ses premiers neveux et a donc compris ce qu'tait la maternit. Depuis de nom-breuses annes i l n'en parle plus. I l sait que, s'il le dsire, nous irons un jour au Chili avec lui, la recherche de ses racines.

    Notre fille ne manifeste rien pour le moment quant ses parents naturels.

    M. ET M"^ LECLERCQ

    Genevive se trouvait Marijampole (Ville de Marie), prs de Vilnius, dans un orphelinat de 75 enfants gs de 4 20

    FIDELITER 204 novembre-dcembre 2011

  • DOSSIER 'TION D'UN ENFANT n m i i

    ans. Elle semblait en bonne sant, bien encadre par un personnel comptent. Mais il s'est avr que notre fille n'tait pas prpare tre adopte alors qu'elle aurait dii l'tre. Le personnel semblait ne pas avoir envie que l'enfant soit adopt.

    Nous avons t autoriss partir avec notre fille pendant une semaine loin de l'orphelinat. On lui avait dit que nous tions non pas ses futurs parents - peut-tre - mais son oncle et sa tante qui l'em-menaient passer une semaine de vacances. Quel dpaysement pour elle !

    Nous dmes donner notre accord pour la poursuite de la procdure : ce fut une

    La famille Jacquet M. et M""" Jacquet ont adopt il y a dix-huit mois un enfant qui aura bientt deux ans. Constantin est vietnamien et sourit sa nouvelle vie.

    Nous avons t c o n v o q u s pour d c o u v r i r le dossier de ce petit g a r o n . Ce moment est assez unique car mon mari et moi ne nous sentions pas encore parents, ne connaissant rien de Tenfant, et pourtant... Nous avons d c o u v e r t quelques photos de notre fils. Les choses se passent t r s d l i c a t e m e n t puisque nous t i o n s seuls dans une pice, libres de nos m o t i o n s . C s t important car, ce stade, on peut encore refuser le dossier que l'on nous p r s e n t e , pour des raisons de s a n t ou parce que la c o n c r t i s a t i o n de toutes ces a n n e s d'attente peut aussi faire peur au final. Nous f m e s conquis par son minois; c'est incroyable comme il a tout de suite t notre enfant. On nous avait p r v e n u s de ce fait incroyable ; mais il est bel et bien rel .

    Sur place, nous l'avons vu pour la p r e m i r e fois dans son orphelinat, au milieu d'une qua-rantaine d'enfants. Cela se passe t r s vite, de f a o n la fois naturelle ( V e n e z , venez, il est

    rponse positive, sans aucune hsitation, mme si nous savions bien tout le chemin qui restait parcourir avant de pouvoir la ramener en France. La Providence nous avait mens jusque-l, elle ne saurait nous abandonner si prs du but.

    Nous avons appris ce moment-l sa situation familiale. Genevive avait deux surs naturelles: l'une, de deux ans son ane, mais avec un handicap mental, et une autre ge de 16 ans (ne voulant tre adopte que par une famille lituanienne). Sa mre avait t juridiquement dchue de ses droits lever ses enfants. De plus, elles taient toutes ttois de pre inconnu.

    ici ! ] , comme lorsqu'on d c o u v r e son enfant la naissance, et s u r r a l i s t e g a l e m e n t , car 6 mois, il a dj plein d'motions lui aussi. Nous t i o n s p u i s s par un long trajet en avion et quelques heures de route sous une chaleur torride. Un quart d'heure pour poser les valises. Avec le recul, en voyant les photos de nous trois lors des p r e m i r e s heures de rencontres, le regard de notre fils tait vraiment a n g o i s s . F o r c m e n t , il comprend qu'il lui arrive quelque chose de fou, m m e si les nounous de l'or-phelinat lui ont par l, m o n t r une photo de nous: il sent que la situation est spciale, les mots c h a n g s sont nouveaux, il d c o u v r e un homme - il n n avait quasiment jamais vu - avec une grosse voix... Nous sommes revenus pendant trois jours passer une partie j de la j o u r n e avec lui, au sein de l'orphelinat, pour nous habituer les uns aux autres, essayer de glaner des infos sur ses habitudes alimen-taires, son sommeil, tout ceci avec beaucoup de gestes et t r s peu de mots, les nounous padant uniquement vietnamien. Au bout de ces trois jours, nous sommes revenus avec notre b b dans notre chambre.

    EEI FIDELITER 204 novembre-dcembre 2011

  • L'on a su aussi que la famille vivait trs pauvrement et qu' la demande de la sur ane, les services sociaux taient interve-nus et les avaient confies l'orphelinat. Nous avons rencontr ses surs, jamais sa mre. ^

    Le samedi, nous avons ramen Gene-vive l'orphelinat : elle tait contente de rentrer et nous tristes l'ide de la laisser encore : mais l'espoir de la revoir bientt nous rconfortait.

    Lors du second voyage, nous l'avons emmene visiter son pays, pendant une semaine, en attendant le jugement. C'est alors que nous avons pu vraiment crer les premiers liens parents-enfant. Ce furent des moments inoubliables, mme si elle restait encore distante voire mfiante. Quant aux marques d'affection de sa part, elles taient restreintes.

    M. ET M DE F R M I N V I L L E C'est pendant notre premier entre-

    tien avec le mdecin de l'orphelinat que la nounou a dpos Loys dans les bras de mon mari. A mon immense joie, celui-ci s'est immdiatement senti pre. De retour en France, ses grands-parents, des oncles, tantes et cousins taient prsents l'aroport. Ce moment fut inoubliable. Loys tait perch sur les bagages de notre chariot et observait son comit d'ac-cueil, certes, un peu tonn, mais calme et serein ! L'accueil de notre fils par nos deux familles a t extraordinaire !

    M. ET M COSTE

    Ds notre arrive l'orphelinat, on nous a conduits dans la salle de jeux oui Ilia se trouvait avec d'autres enfants. I l nous attendait. I l s'est tout de suite mon-tr trs affectueux. Nous avions apport

    Loys dans les bras de M"" de Frminville

    des bonbons, i l a fait le tour de l'orphe-linat pour en distribuer ses compa-gnons d'infortune et leur dire au revoir. C'tait trs mouvant de voir l'mo-tion de tous (enfants et personnel). Toute la famille est venue nous accueillir l'aroport de Genve. Nous avons fait une petite fte la maison. Ilia tait trs l'aise avec ses cousins, ses grands-parents, ses oncles et tantes.

    Nous avons vu une petite vido t Xenia avant notre dpart en Russie. (...) Dans le dossier de Xenia, i l tait not qu'elle souf-frait de strabisme. Aprs plusieurs mois d'examens, i l s'est avr que Xenia souffre d'une atrophie de la rtine et du nerf optique, qu'elle n'a aucune vision latrale, ne voit presque rien et que c'est incurable. ce jour, Xenia a 17 ans et elle a d'autres problmes. Elle ne mesure qu'l m 40, et souffre d'un lger retard mental. Mais elle est heureuse d'tre au monde, c'est une enfant trs gaie, toujours contente,

    FIDELITER 204 novembre-dcembre 2011

  • DOSSIER L'ADOPTION D'UN ENFANT

    volontaire. Elle a arrt l'cole Pques et travaille dsormais avec son papa, res-taurateur. Elle ne changerait sa place pour rien au monde !

    Nous sommes alls chercher Nicola non pas l'orphelinat mais l'hpital. I l tait fivreux et avait quelques boutons. 5 mois et demi, i l ne pesait que 4 kg (3,2 kg sa naissance). Pas d'argent dans cet orphelinat, donc pas de lait mais de l'eau sucre pour calmer la faim. (...) Au bout de quelques jours le mdecin a dia-gnostiqu la varicelle ! I l nous a suggr de ne rien dire au Consulat, sinon il nous aurait t impossible de reprendre l'avion, car on nous aurait mis en quarantaine. Nous avons expliqu au Consulat fran-ais que Nicola avait besoin de soins mais ils n'ont pas accept de nous dlivrer le visa plus rapidement.

    Pour Tatiana, nous avons dii faire deux voyages. Le premier pour la rencontrer et donner notre accord. Le second, pour passer en jugement et aller la chercher. Lors du premier voyage, nous avons pu passer plusieurs heures seuls avec elle dans l'orphelinat. Cela a t trs prouvant de repartir et de la laisser sur place. (...)

    Notre famille a bien accept notre dmarche d'adoption. Ils taient un peu inquiets lorsque nous avons mis le sou-hait d'adopter un troisime, puis un quatrime enfant car ils pensaient aux difficults que nous risquions d'avoir lorsque les enfants seraient plus grands. Les enfants, quant eux, nous ont sou-vent demand d'aller en adopter un cin-quime ! Mais aprs quatre adoptions en 6 ans, nous tions puiss par les dmarches, les voyages, etc.

    Seul Ilia nous a rapidement parl de ses parents, au bout de quelques mois

    et par la suite. On sent bien qu'encore aujourd'hui, a le perturbe. Les autres en parlent mais sans que cela semble les toucher.

    M. ET M"" CARCELAIN

    Un jour nous recevons trois photos d'un bb brid. 48 heures pour se dci-der. On y va. Deux mois aprs nous pre-nons l'avion pour passer deux semaines en Chine. L'enfant nous a t remise le soir mme de notre arrive, aprs 10 heures de vol et 7 heures de dca-lage horaire. Anne a trouv sous les vte-ments de notre fille une petite croix de plastique. Qui l'avait mise l, nous ne le saurons jamais. Xing Fu Ding (mot mot: indigo chance bonheur) est deve-nue Pauline.

    Aussitt aprs nous avons adopt Yang Me Pu (beau raisin), qui est devenu Franois.

    Nous avons dcid d'aller chercher en Fiati notre troisime enfant. Le sisme de janvier 2010 ne nous l'a pas permis. Nicolas a t rapatri en urgence. Son arrive fut beaucoup plus violente que celle de ses frres et surs : i l avait 3 ans, eux en avaient un leur arrive, i l avait souffert de malnutrition, avait vcu le sisme. Nous n'avons pas encore stabi-lis la situation (c'est l'enfant qui adopte ses parents, et non l'inverse) mais nous sommes en bonne voie.

    M. ET M FOURNIER

    La prparation de notre fille avait t trs bien faite, sa famille d'accueil lui ayant parl de nous et lui ayant mon-tr des photos. La rencontre s'est faite naturellement dans une ambiance trs joyeuse. :

    03 FIDELITER 204ii novembre-dcembre 2011

  • Une paternit exceptionnelle

    J s u s - C h r i s t n s t pas fils adoptif de son Pre. Il a cependant voulu c o n n a t r e l'adoption, cette fois sur le plan naturel, puisque saint Joseph est son p r e non seule-ment p u t a t i f (on le croyait p r e naturel de

    J s u s alors qu'il ne l'tait pas] mais encore pre a d o p t i f . Ds lors que saint Joseph tait p o u x de la sainte Vierge, il avait un droit (et un devoir] sur tout fruit lgi t ime de son p o u s e ; plus encore, leur mariage virginal tait o r d o n n par Dieu recevoir et d u q u e r J s u s .

    Saint Joseph a e x e r c sa p a t e r n i t adoptive en mettant disposition de Notre-Seigneur le toit, le v t e m e n t , la nourriture, un foyer, une vr i table et d f r e n t e autor i t et aussi l'affec-tion paternelle. Son rle dans la nat iv i t, la cir-concision et la fuite en Egypte est capital.

    Ce rle n s t pas moins essentiel dans l'pi-sode du recouvrement au Temple. C v a n g i l e rapporte que la sainte Vier