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Les analyses de la FAPEO : « Ecole et religion : liaison dangereuse » 1 Fédération des Associations de Parents de l’Enseignement Officiel Ecole et religion : liaison dangereuse ? Les Analyses de la FAPEO (décembre 2008) Fédération des Associations de Parents de l’Enseignement Officiel Avenue du Onze novembre, 57 1040 Bruxelles 02/527.25.75 – 02/525.25.70 www.fapeo.be [email protected]

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Les analyses de la FAPEO : « Ecole et religion : liaison dangereuse » 1

Fédération des Associations de Parents

de l’Enseignement Officiel

Ecole et religion : liaison dangereuse ?

Les Analyses de la FAPEO

(décembre 2008)

Fédération des Associations de Parents de l’Enseignement Officiel

Avenue du Onze novembre, 57

1040 Bruxelles

02/527.25.75 – 02/525.25.70

www.fapeo.be – [email protected]

Les analyses de la FAPEO : « Ecole et religion : liaison dangereuse » 2

Sommaire

Introduction ............................................................................................................................................. 4

Balises historiques ................................................................................................................................... 5

Clovis et la foi chrétienne, les catholiques et les protestants ............................................................. 5

Joseph II et le sacrifice de l’Edit de Tolérance ; la Révolution française et sa suite ............................ 5

La question scolaire ............................................................................................................................. 6

Notre Constitution et l’article 24 : un premier compromis ? .......................................................... 6

La Commune adopte, le clergé dirige ? ........................................................................................... 7

La morale est généralisée : c’est la guerre ! .................................................................................... 7

Le 29 mai 1959 : une solution à la guerre scolaire ? ............................................................................... 8

La neutralité dans le Pacte scolaire ..................................................................................................... 9

La loi du Pacte : un compromis ......................................................................................................... 11

Paroles citoyennes ................................................................................................................................ 12

Un propos de l’Enseignement catholique ......................................................................................... 12

Un autre de l’Enseignement officiel .................................................................................................. 13

Le port des signes extérieurs ................................................................................................................. 15

La responsabilité des chefs d’établissement ? .................................................................................. 15

…ou la responsabilité de l’Etat ? ....................................................................................................... 16

Conclusions ............................................................................................................................................ 18

Références ............................................................................................................................................. 20

Les analyses de la FAPEO : « Ecole et religion : liaison dangereuse » 3

Les analyses de la FAPEO : « Ecole et religion : liaison dangereuse » 4

Introduction

Dans un pays qui se dit libéral, je constate que l’islam a la part belle pour nous imposer ses lois à la

con et que nous soyons obligés de nous plier à leurs exigences. Tant que toutes ces histoires de

religions nous pourriront la vie, JAMAIS le peuple humain ne trouvera de repos. Je vais vous dire

quelque chose : dans 10 000 ans, lorsque des êtres supérieurs vous découvriront sous une tonne de

poussière, ils diront : mais qu’est-ce que c’est que ces conneries que racontaient nos ancêtres ? A

méditer !1

Une méditation serait judicieuse en effet ! Ce propos tenu sur un forum nous permet un double

commentaire : les points de vue islamophobes gangrènent encore trop notre société et le manque

de connaissance des approches plurielles de la métaphysique provoque encore des polémiques dans

bon nombres de domaines.

L’école en est un. Il a y peu de temps, la FAPEO était interpellée par une étudiante qui souhaitait un

point de vue de parent sur la présence ou non de viande halal dans les cantines scolaires. A un

autre moment, une maman de culture musulmane nous disait être opposée au port du voile à

l’école, ne serait-ce que parce que des femmes se sont battues pour que ce signe de soumission

disparaisse ; elle ajoutait que les jeunes filles actuelles portaient souvent le foulard à cause de la

pression de leur communauté. Une enseignante quant à elle pensait que peu importait les signes

religieux affichés, tant qu’ils ne perturbaient pas son cours.

Par ailleurs, si la religion musulmane fait couler beaucoup d’encre, les autres peuvent également

intégrer notre débat : religions hébraïque, protestante, catholique font également partie de notre

paysage scolaire ; avec la question de leur enseignement à l’école arrivent les questions

d’intégration, de respect de la culture de l’autre… et la laïcité de répondre massivement que l’école

doit donner des outils pour comprendre intellectuellement les différentes religions, sans les

promouvoir d’une manière ou d’une autre, les enseigner pouvant en être une.

Notre propos ne voudra pas aborder des questions théologiques et n’émettra aucune opinion sur les

religions en tant que pratiques liées à des croyances. Nous voudrons proposer des points de repères

liés à la question de la religion à l’école pour que le lecteur puisse emprunter différentes voies de

réflexion et se construire sa propre opinion. Nous jetterons d’abord des références historiques et

débattrons ensuite des cours philosophiques à l’école, qu’il s’agisse de la religion ou de la morale,

pour finir avec diverses questions sur le port des signes ostensibles d’appartenance religieuse à

l’école et nous verrons qu’en Communauté française, la chose n’est pas aussi évidente qu’il n’y

paraît.

1 Propos du forum relatif aux « Signes religieux à l’école » in www.espace-citoyen.be

Les analyses de la FAPEO : « Ecole et religion : liaison dangereuse » 5

Balises historiques

Débattre de la place du religieux à l’école va immanquablement titiller un nœud récurrent dans

l’histoire, de notre pays peut-être plus que d’autres : qui de l’Eglise ou de l’Etat guide le peuple ? Le

sujet est vaste et les exigences du genre nous permettront seulement de jeter quelques repères ;

néanmoins, nous pourrons voir que la question des relations entre l’Eglise et l’Etat n’est pas neuve.

Clovis et la foi chrétienne, les catholiques et les protestants

Souvenons-nous de Clovis. Baptisé dans la foi chrétienne au 6e siècle, il œuvre à la christianisation de

nos territoires ; les décisions politiques seraient-elles colorées par l’appartenance religieuse de nos

dirigeants ?

Rappelons-nous sommairement les 14 et 15e sicèles, siècles d’unification des territoires situés entre

les actuelles France et Allemagne sous le nom de Pays-Bas par les Ducs de Bourgogne. Déjà à ce

moment, la religion divise puisqu’au 16e siècle, suite à la Réforme, la carte dessine des Pays-Bas du

Nord (état protestant et indépendant, futurs Pays-Bas) et les Pays-Bas du Sud (état catholique

gouverné par la branche espagnole des Habsbourg, la branche autrichienne ensuite, par les Français

puis les Pays-Bas du Nord) qui, couplés ultérieurement avec la Principauté épiscopale de Liège

constitueront la Belgique actuelle. A cette époque, un territoire « fédéral » : chacun des territoires

(hennuyer, brabançon, luxembourgeois…) a sa propre législation, ses propres pratiques juridiques

voire sa propre langue.

Joseph II et le sacrifice de l’Edit de Tolérance ; la Révolution française et sa

suite

Cette organisation sera balayée et la période française prendra court sur notre territoire actuel dès

1795. En 1789 aussi, les réformes progressistes que veut imposer Joseph II provoquent de vives

réactions et l’Edit de Tolérance (acceptant la religion protestante) est sacrifié par le souverain.

Le 11 janvier 1790 nait la confédération des Etats belgiques unis, fragilisés par les tensions entre les

catholiques et les libéraux, mais pourtant dotés d’un drapeau munis de trois bandes (rouge, noire,

jaune). Les Autrichiens ont tout de même pu profiter de cette situation pour prendre le pouvoir, les

Français les ont suivis avec de nouvelles idées ; Elle [l’occupation française] consacre, en effet, la fin

des privilèges et du régime seigneurial, la naissance des droits de l’homme, d’un nouvel ordre

institutionnel, économique, social et juridique. Elle place sur le devant de la scène un personnage

jusque là effacé dans le débat politique : le peuple. Elle laisse des traces profondes non seulement

dans les dispositions législatives ou l’organisation administratives, mais aussi dans les gestes les plus

Les analyses de la FAPEO : « Ecole et religion : liaison dangereuse » 6

anodins de la vie quotidienne […] l’époque française scelle la réunion de provinces des Pays-Bas

méridionaux avec la principauté de Liège.2

1815 marque la fin de la période française pour nos contrées en même temps que la défaite de

Napoléon à Waterloo ; l’Europe est divisée au Congrès de Vienne de la même année et les territoires

de la future Belgique sont réunis à ceux des Pays-Bas, sous le règne de Guillaume Ier d’Orange. Une

Constitution est votée, mais l’on sent déjà poindre des désaccords à motifs religieux (la maison

d’Orange est protestante). On verra le gouvernement contrôler de plus en plus la liberté de la presse

et le clergé catholique. Les opposants auront donc à réclamer la responsabilité ministérielle devant le

Parlement et la liberté d’Enseignement. Le 25 août 1830, Bruxelles se soulève, les troupes

étrangères quittent le pays le 27 septembre, tandis qu’un gouvernement provisoire était formé.

La question scolaire

Les lignes qui précèdent montrent que l’intrusion des questions religieuses dans la gestion de l’Etat

n’est pas neuve, peut-être même pourrait-on parler d’intrusion de l’Etat dans les questions

religieuses.

Bien plus, on peut dire que l’origine de la fameuse « question scolaire » remonte au 18e siècle. C’est

l’époque du « despotisme éclairé » au cours de laquelle apparaît et se précise la notion de

communauté « civile » et l’idée que l’Etat doit être « dispensateur de culture » (…) L’Etat se doit donc

d’intervenir dans l’enseignement qui, jusque là, avait été le monopole exclusif de l’Eglise. (…) La

Révolution de 1830 et l’accession du pays à l’indépendance marquent une nette réaction contre cette

politique3.

Notre Constitution et l’article 24 : un premier compromis ?

En effet, la majorité du pays est catholique et considère que l’éducation est liée à l’éthique et donc à

la religion. Les deux tendances s’inscrivaient donc plus largement dans le débat sur les rapports

entre l’Eglise et l’Etat. Il fallut donc trouver un arrangement, un premier compromis traduit dans

l’article 17 de notre Constitution soulignant notamment que l’Etat n’a pas le monopole de

l’enseignement4: § 1er. L'enseignement est libre; toute mesure préventive est interdite ; la répression

des délits n'est réglée que par la loi ou le décret. La communauté assure le libre choix des parents. La

communauté organise un enseignement qui est neutre. La neutralité implique notamment le respect

des conceptions philosophiques, idéologiques ou religieuses des parents et des élèves. Les écoles

organisées par les pouvoirs publics offrent, jusqu'à la fin de l'obligation scolaire, le choix entre

l'enseignement d'une des religions reconnues et celui de la morale non confessionnelle. § 2. Si une

communauté, en tant que pouvoir organisateur, veut déléguer des compétences à un ou plusieurs

organes autonomes, elle ne le pourra que par décret adopté à la majorité des deux tiers des suffrages

2 Hervé Hasquin, La Belgique française 1792-1815, Editions Crédit Communal, 1993, p.5 cité dans

http://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_la_Belgique#cite_note-6 3 RM Braeken, « Le système éducatif en Communauté française » in

http://www.uvcw.be/articles/3,12,2,0,221.htm 4 L’article en question est en fait l’article 24 de nos jours ; il faut souligner que celui-ci semble aller vers une

sorte de ségrégation philosophique des élèves, loin de l’idée d’un réseau unique et pluraliste.

Les analyses de la FAPEO : « Ecole et religion : liaison dangereuse » 7

exprimés. § 3. Chacun a droit à l'enseignement dans le respect des libertés et droits fondamentaux.

L'accès à l'enseignement est gratuit jusqu'à la fin de l'obligation scolaire. Tous les élèves soumis à

l'obligation scolaire ont droit, à charge de la communauté, à une éducation morale ou religieuse. § 4.

Tous les élèves ou étudiants, parents, membres du personnel et établissements d'enseignement sont

égaux devant la loi ou le décret. La loi et le décret prennent en compte les différences objectives,

notamment les caractéristiques propres à chaque pouvoir organisateur, qui justifient un traitement

approprié. § 5. L'organisation, la reconnaissance ou le subventionnement de l'enseignement par la

communauté sont réglés par la loi ou le décret5.

La Commune adopte, le clergé dirige ?

Cet article n’a pas suffit à ce que les besoins scolaires soient satisfaits entièrement, à moins que l’Etat

n’ait voulu réagir aux initiatives catholiques ; une autre loi vient le compléter le 23 septembre 1842,

stimulant des liens entre le public et le privé –entendons catholique – et introduisant le terme

d’école « adoptée », notion qui ferait bien écho à un certain décret « Mixité », même si les adoptions

du 19e siècle peuvent se faire dans le même réseau : cela reviendrait-il à mettre en commun les

ressources quand elles sont rares, terreau fertile à l’idée du réseau unique ?

Quoi qu’il en soit, la commune — obligée d'avoir au moins une école primaire établie dans un local

convenable — peut être autorisée à adopter, dans la localité même, une ou plusieurs écoles privées

réunissant les conditions légales pour tenir lieu d'école communale. (…) Comme les écoles

communales, les écoles adoptées sont soumises à la double inspection civile et ecclésiastique

organisée par la loi 6. Dès lors, si une commune n’a pas la possibilité d’organiser une école sur son

territoire, elle peut répondre à la loi en « adoptant » une école libre.

Le clergé a donc une forte influence : l’enseignement de la religion est obligatoire et le clergé a un

droit de regard sur les cours et les manuels scolaires, ce qui revient à dire que l’école garde son

fondement religieux, l’intervention de l’Etat étant assez accessoire.

La morale est généralisée : c’est la guerre !

Pas au-delà de 1847 cependant. Un parti libéral voit le jour sur notre territoire et marque sa volonté

d’un enseignement indépendant des autorités religieuses. Le 1er

juillet 1879, la loi Van Humbeeck,

une « loi de malheur », selon les catholiques, est votée. Le cours de morale est généralisé et le cours

de religion rejeté de la grille horaire. Cet attentat contre la foi et les mœurs organise l’enseignement

selon les principes laïques :

• primauté de l'école publique,

• enseignement obligatoire de la morale, enseignement facultatif de la religion,

• indépendance totale des écoles vis-à-vis des autorités religieuses7.

5 La Constitution belge, art. 24, in http://www.senate.be/doc/const_fr.html

6http://www.inrp.fr/edition-electronique/lodel/dictionnaire-ferdinand-buisson/document.php?id=1986

7 RM Braeken, op.cit.

Les analyses de la FAPEO : « Ecole et religion : liaison dangereuse » 8

L’histoire de notre enseignement entre dans un long tournant ; la guerre scolaire est amorcée entre

deux conceptions qui sont toujours en concurrence de nos jours :

• d'un côté, la défense du principe de la laïcité, c'est-à-dire d'une école unique,

accessible à tous, respectueuse des convictions de chacun et qui apprend à des enfants

de milieux différents à se respecter et à vivre ensemble ;

• de l'autre, la défense de l'école libre catholique dont la conviction reste que

l'éducation doit donner à l'enfant les certitudes qu'apportent la révélation et la foi

chrétiennes8.

Les catholiques souhaitent alors freiner le développement des écoles publiques tandis que la gauche

souhaite que les subventions aillent à la seule école publique. En 1884, les catholiques sont au

pouvoir et arrivent à obtenir de plus en plus de subventions pour l’enseignement libre.

Pour l’anecdote, épinglons ce propos de l’époque prescrivant des règles de vie aux futurs

instituteurs : Il est cinq heures du matin. La clochette de l’école –j’allais dire du monastère- se fait

entendre. Au premier son, il faut de son lit déguerpir au plus vite, autrement la canne du surveillant

vient, sur la cloison de l’alcôve, jouer du tam-tam. Cela fait, on se rend à la chapelle. Chaque élève

est muni d’un livre de prières. On doit se mettre bien à genoux et ne tourner la tête ni à droite, ni à

gauche (…) Dernièrement, (…) les élèves (…) ont réclamé la suppression de la messe à l’époque des

grands froids. Le directeur leur a fait une réponse que nous voudrions voir inscrite en lettres d’or au

frontispice de l’école : « La messe doit être le premier exercice de tout normaliste (sic !). Celui-ci doit

commencer et finir la journée avec Dieu »9.

En 1914, l’école primaire devient obligatoire et les catholiques ont obtenu prise en charge du salaire

des instituteurs par l’Etat.

Après les périodes de 14-18 et 40-45, tant libéraux que socialistes ont à cœur de pacifier le pays.

C’est l’époque des concessions, l’une d’entre elle étant la mise sur pied d’égalité de la morale non-

confessionnelle et de la religion. Le Ministre de l’Instruction publique, Pierre Harmel, fait pencher la

balance du côté des catholiques (Parti Social chrétien) puisqu’il étend les subsides de l’état à tout

l’enseignement libre. La gauche réagit en 1954 par une promotion de l’enseignement officiel et

contrôle les subsides octroyés au libre. C’est l’époque de la fameuse « loi Collard », votée en juillet

1955. Premier bourgmestre socialiste des Montois, il le restera durant vingt ans ; Léo Collard

souligne le devoir de l’état de créer des écoles là où c’est nécessaire afin de garantir la liberté du

choix de l’école aux parents. Les catholiques sont fort mécontents, ce qui lance la deuxième guerre

scolaire. Le PSC revient au pouvoir au Gouvernement et c’est le début de l’élaboration du Pacte

scolaire.

Le 29 mai 1959 : une solution à la guerre scolaire ?

La loi Collard est soulignée à nouveau dans le Pacte scolaire qui précise également que Dans

l’enseignement primaire et secondaire de plein exercice de l’Etat, des provinces, des communes et de

toute autre personne publique, l’horaire hebdomadaire comprendra 2h. de religion et 2h. de morale

au libre choix des parents. Par enseignement de la religion, il faut entendre l’enseignement de la

8 Id.

9 Extrait d’article paru dans L’Avenir 7, 27 février 1876 cité sur http://ligue-

enseignement.be/default.asp?V_DOC_ID-1964

Les analyses de la FAPEO : « Ecole et religion : liaison dangereuse » 9

religion catholique, protestante ou israélite et la morale inspirée de cette religion. Par enseignement

de la morale, il faut entendre l’enseignement de la morale non-confessionnelle 10

.

Les cours de morale seront donnés par des enseignants qui sont porteurs d’un diplôme de

l’enseignement officiel : pour le primaire, la préférence sera donnée à un enseignant qui a suivi un tel

cours ; pour le secondaire, elle sera donnée à un enseignant titulaire d’un diplôme d’agrégé de

philosophie délivré par un établissement non-confessionnel. Les professeurs recevront dans les

deux cas et dans les deux réseaux des recommandations quant aux connaissances à acquérir par les

élèves. Les fonctions d’instituteur et de régent seront accordées également en priorité aux titulaires

d’un diplôme du réseau non-confessionnel11

. Dans l’enseignement primaire, la cote est reprise dans

la moyenne générale, pas dans le secondaire où L’ élève qui n’a pas satisfait ne peut passer à une

classe supérieure, sous cette réserve que, comme pour les autres matières, il peut présenter une

seconde épreuve12

.

La subvention de l’Etat ira également aux écoles dites officielles comme aux écoles dites privées. Le

texte précise également quelques points pour l’enseignement privé (entendons toujours

catholique) : aucune subvention ne sera accordée pour les constructions scolaires, les membres du

personnel religieux, séculier et régulier auront un traitement de 60 % de la rétribution d’un membre

laïc. Financièrement parlant toujours, notons que l’enseignement privé ne peut compter sur un

financement des provinces et des communes que pour les gestions sanitaires et les avantages

sociaux accordés aux élèves en veillant à ce qu’aucune distinction ne soit faite en fonction des

réseaux.

Justement, les écoles officielles sont définies comme étant les écoles créées par l’Etat et respectent

le principe de neutralité laissant la place à toutes les convictions philosophiques ou religieuses des

parents qui leur confient leurs enfants et dont au moins 2/3 du personnel enseignant sont porteurs

d’un diplôme de l’enseignement officiel et neutre13

.

La neutralité dans le Pacte scolaire

Plus encore, la Commission permanente du Pacte scolaire a jugé opportun de préciser cette notion

de neutralité qui fait l’objet d’une annexe au propos. Il est ainsi ajouté que l’école neutre doit

également jouer un rôle éducatif en contribuant à la formation de la personnalité entière, entourée

par des contextes divers, parfois religieux. L’accent est mis sur le développement de l’esprit critique

et le respect de chacun dans ses convictions sincères. Le maître ne doit pas se croire contraint, en

raison de la neutralité de passer sous silence ou de négliger les problèmes qui touchent à la vie

intérieure de l’homme, à ses convictions politiques ou philosophiques, à ses croyances. Mais chaque

fois qu’il est amené à en parler pour les besoins d’un enseignement qui se veut complet et sincère, il le

fera en des termes qui ne peuvent froisser les opinions et les sentiments d’autrui et en se pénétrant

bien de l’idée que les justifications philosophiques et doctrinales des faits ne lui incombent pas, les

sources de ces motivations pouvant être de nature diverse et réclamant de sa part un égal respect.

(…) Le cours de morale non confessionnelle est un guide d’action morale fondé sur des justifications

sociologiques, psychologiques et historiques. Il ne fait pas appel à des motivations de caractère

religieux ; il ne tend pas non plus à la défense d’une ultime conception philosophique déterminée. (…)

Le professeur du cours de morale non confessionnelle et du cours de religion et de morale

confessionnelle construiront leurs enseignements positivement en évitant la critique des positions

10

T. Lefèvre & alii pour le Parti social chrétien, M. Buset & alii pour le Parti socialiste belge, M. Destenay & alii

pour le Parti libéral, Le Pacte scolaire, Bruxelles, 1958, point 8. 11

Ibid., point 15. 12

Ibid., point 8. 13

Ibid., point 9.

Les analyses de la FAPEO : « Ecole et religion : liaison dangereuse » 10

exprimées dans l’autre cours (…) L’école neutre contribue ainsi à développer l’esprit de tolérance et à

préparer les jeunes à leur tâche de futurs citoyens qui, bien que d’appartenance philosophique ou

politique variée, sont appelés à collaborer fraternellement à l’édification d’un monde meilleur14

. Dès

lors, les enfants devront parfois être divisés pour suivre leur cours philosophique.

Ainsi, les valeurs qui doivent sous-tendre l’école neutre, entendons école organisée par l’Etat, les

provinces, les communes, les associations de communes ou toute personne de droit public, sont les

suivantes :

• fondement : la dignité humaine

• formation des caractères et développement progressif de l’analyse des causes de

nos actions

• respect des institutions nationales

• dévouement au bien commun

• solidarité humaine

• désir de justice sociale

• refus des excès totalitaires

• respect de la liberté

• attachement à l’idéal démocratique

• devoir de responsabilité personnelle et réfléchie dans la vie intellectuelle et

sociale

En outre, le principe de neutralité fait l’objet de différents textes de loi ; à l’article 24 de la

Constitution, le législateur a ajouté le Décret du 31 mars 1994 définissant la neutralité de

l’enseignement de la Communauté française15

, celui du 17 décembre 2003 organisant la neutralité

inhérente à l’enseignement officiel subventionné et portant diverses mesures en matière

d’enseignement16

.

Le Pacte scolaire adopte donc une double vision de l’école : les écoles officielles et les écoles libres

d’une part ; les écoles confessionnelles et les écoles non-confessionnelles d’autre part17

. On peut

résumer comme suit :

14

Le Pacte scolaire, op.cit., « La notion de neutralité » ; nous renvoyons également le lecteur sur le site du

Centre d’action laïque http://www.ulb.ac.be/cal/mouvement/cal/cal.html. 15

Moniteur belge, 18 juin 1994. 16

Moniteur belge, 27 août 2004. Ajoutons à cela deux arrêtés du Gouvernement de la Communauté du 16 juin

2004 fixant le modèle de l’adhésion d’un pouvoir organisateur à la neutralité de l’enseignement organisé par la

Communauté française (MB 27/08/2004) et subventionné par la communauté française (MB 27/08/2004). La

Circulaire 2198 du 18 février 2008 traite également de la neutralité dans l’enseignement pour les

établissements organisés par la Communauté française. 17

Pour des précisions sur les réseaux, voir RM. Braeken, op.cit.

Les analyses de la FAPEO : « Ecole et religion : liaison dangereuse » 11

L’Etat quant à lui doit faire en sorte que les parents aient une école qui corresponde à leur choix

située à une distance raisonnable de leur domicile, dans la négative, l’Etat organisera le transport des

enfants vers ladite école.

La loi du Pacte : un compromis

Le 29 mai 195918

, ce Pacte scolaire servait de fondement à une nouvelle loi où, encore une fois, un

compromis était fait entre les différentes autorités de l’enseignement ; le Pacte lui-même constituait

déjà une transaction conclue entre les partisans d’un enseignement officiel neutre d’une part, les

partisans d’un enseignement libre confessionnel d’autre part. Les deux parties en présence ont dû

abandonner des positions défendues depuis plus d’un siècle. L’une ne conteste plus que l’Etat a le

droit, et même le devoir, de créer des écoles neutres partout où la nécessité se fait sentir, et ce pour

tous les secteurs de l’enseignement. L’autre a été tout aussi unanime à admettre que l’Etat doit

18

Moniteur belge, 19 juin 1959.

Enseignement en

Communauté

française

Enseignement

officiel

Enseignement libre

Non-

confessionnel

Confessionnel PO = Communauté

française

Autres PO

PO = Provinces

PO = Communes

PO = Cocof

Segec

Diocèse

Congrégations

religieuses

ASBL

FELSI

ASBL

Les analyses de la FAPEO : « Ecole et religion : liaison dangereuse » 12

consentir un effort financier, non seulement en faveur de son propre enseignement, mais aussi en

faveur de l’enseignement libre, et ce pour tous les secteurs de celui-ci également19

. Tout parent aura

la possibilité de choisir l’école de son enfant, qu’elle soit confessionnelle ou non, les deux étant

désormais reconnues20

.

Cependant, on peut percevoir la concrétisation du Pacte scolaire comme un recul de la

laïcité puisque dans les écoles officielles, le cours de morale laïque était auparavant suivi par tous les

enfants en même temps et sans cours de religion aucun : les classes furent divisées, et les matières

les plus porteuses de sens et de débat furent dorénavant enseignées différemment et séparément aux

enfants, selon l’appartenance philosophique ou religieuse de leurs parents. C’est ainsi que, du jour au

lendemain, dans l’enseignement officiel, le principe du libre examen fut remplacé par celui de la

prédestination21

.

Paroles citoyennes

Quels que pacifiants qu’aient voulu être le Pacte scolaire et ses applications, la question s’ouvre

néanmoins sur de nouvelles polémiques : l’enseignement officiel se doit de proposer aux parents des

cours de diverses religions ou des cours de morale ; l’enseignement libre quant à lui proposera aux

parents des cours de religion catholique pour la plupart, mais aussi des cours de l’une ou l’autre

religion exclusivement, ces divers types d’écoles étant regroupées sous l’étiquette « enseignement

libre » et gérée par le Secrétariat général de l’enseignement catholique.

Un propos de l’Enseignement catholique

Celui-ci considère le cours de religion (catholique dans le cas présent) comme un Cours carrefour, à la

croisée de deux institutions, l'école et l'Eglise, le cours de religion souscrit aux exigences des autres

cours et assume pleinement son statut particulier (…) : le cours est en effet lié à l’Eglise (il participe à

sa mission d’enseignement et ses professeurs reçoivent un mandat de l’autorité ecclésiastique) et à

l’Etat (missions assignées à l’école par l’Etat dans le fameux décret « Missions » de 1997). Le cours de

religion s'inscrit comme les autres disciplines scolaires dans le processus d'instruction, d'éducation et

de formation de l'école. Et, parce qu'il se donne à l'école, le cours de religion est appelé à rencontrer,

comme les autres disciplines et en lien avec elles, les missions assignées à l'école, dans leur double

aspect de développement personnel et social. Par l'acquisition de savoirs et de compétences, il élargit

le champ des représentations et le sens critique. Il invite à conjuguer raison et convictions.22

Le cours

de religion est ainsi perçu comme un moyen pour l’élève de développer sa dimension spirituelle,

outre le fait que l’enseignement du christianisme est une clef pour comprendre historiquement notre

civilisation occidentale. L’Enseignement catholique va donc parler de « pluralisme situé »23

: l’élève

doit donc être enraciné dans la culture chrétienne pour s’ouvrir aux autres (cultures). C’est ainsi que

notre société plurielle est perçue comme un moyen d’entrer en contact avec d’autres cultures ; Il

arrive toutefois que le caractère diversifié s'estompe au profit d'une tradition majoritaire autre que

19

Sénat, Rapport fait au nom de la Commission de l’Instruction publique, document 181, n° 2, session 1958-

1959, séance du 19 mai 1959, p 2. 20

La question des réseaux in Pacte scolaire, op.cit., art. 2. 21

P. Spehl, « La réforme des cours philosophiques » in Espace de liberté, CAL, juin 2000. 22

Secrétariat général de l’Enseignement catholique, Le cours de religion dans l’enseignement secondaire

catholique, juin 2006 sur

http://www.catholique.be/Documents/Fesec/Secteurs/religion/groupe_sens4%202006.pdf 23

Secrétariat général de l’Enseignement catholique, ibid.

Les analyses de la FAPEO : « Ecole et religion : liaison dangereuse » 13

chrétienne, musulmane, le plus souvent. Situation qui peut s'avérer inconfortable pour le professeur,

non par l'appartenance personnelle des élèves à l'islam, mais par l'effet de groupe qui le met, lui, en

position minoritaire. Mais, dans la mesure où le contrat de confiance entre l'école (et le cours de

religion) et l'élève est respecté (qu'il s'agisse d'ailleurs d'élèves musulmans ou d'autres élèves), dans

la mesure où le programme de religion, par la démarche qu'il propose, distingue clairement les

registres de la foi (ou de la conviction) et ceux du savoir, les éléments fondant la légitimité d'un cours

confessionnel en milieu pluriel sont valables pour le cas particulier des classes à forte présence

musulmane24

. N’est-ce pas paradoxal avec les exigences du professeur qu’on veut notamment

présentant correctement les ressources de la foi chrétienne ? Cependant, appartient-il à l’école de

développer cette spiritualité ? Dans l’affirmative, quels sont les outils que l’élève doit avoir à sa

disposition ? Selon les réponses, les réseaux d’enseignement se dessinent.

Un autre de l’Enseignement officiel

L’enseignement officiel quant à lui s’ancrera dans les principes de neutralité, comme il a été

mentionné ci-dessus. Le 13 juillet 199825

, un décret organise les cours philosophiques26

dans

l’enseignement fondamental, mais pose certains problèmes de réalisation concrète. En effet,

Lorsqu'un élève est amené à suivre un cours de morale ou de religion moins suivi qui n'est pas donné

simultanément avec le cours le plus suivi, il ne peut être soustrait de son groupe classe qu'au moment

des travaux dirigés visés à l'article 2, 22°, et ceux-ci ne peuvent comprendre aucune acquisition

nouvelle dans les savoirs et compétences visés à l'article 16, § 3, du décret du 24 juillet 1997 précité27

.

Cette façon d’organiser les cours perturbe très certainement la qualité de l’enseignement dans son

ensemble puisque certains élèves peuvent être détachés de leur classe et intégré dans un nouveau

groupe avec des aînés, ce qui peut être un motif pour les parents de renoncer à leur choix pour éviter

cette organisation. Les enseignants quant à eux ne peuvent pas voir de la nouvelle matière si leur

classe n’est pas au complet, ce qui risque d’arriver plus d’une fois par semaine. Et pourtant, le Pacte

scolaire oblige les écoles à organiser les cours philosophiques, ce qui implique que les enfants soient

séparés suite au choix des parents…

Le Ministre-Président de l’époque, Hervé Hasquin, avait lui proposé que les cours philosophiques

soient remplacés en 5e et 6

e années du secondaire par des cours de philosophie et d’étude comparée

des religions. Ne faudrait-il pas activer cette proposition dans les autres années, remédiant ainsi au

fait que nos enfants belges sortent de l’école sans culture philosophique ou citoyenne que celles

acquises via des « compétences transversales » ?

En 1999, la FAPEO soulignait des difficultés d’organisation des cours philosophiques dans

l’enseignement fondamental : certaines classes étaient créées en fonction des cours philosophiques,

on y a déjà fait allusion plus haut, ce qui tendait à une ghettoïsation, contradictoire avec les principes

de l’école publique. De même, certains cours philosophiques s’organisaient durant d’autres heures

de cours ou certains chefs d’établissement décourageaient les parents de choisir tel cours

minoritaire ce qui porte préjudice aux parents comme aux enfants. Examinant cette situation avec

plus de distance, un cours unique semblerait judicieux : un cours portant sur la philosophie, la

24

Id. 25

http://www.cdadoc.cfwb.be/cdadocrep/pdf/1998/19980713s22229.pdf 26

On parle bien de cours philosophiques (morale ou religions reconnues en Belgique) et non de philosophie en

tant que telle. 27

Décret portant organisation de l'enseignement maternel et primaire

ordinaire et modifiant la réglementation de l'enseignement in

http://www.cdadoc.cfwb.be/cdadocrep/pdf/1998/19980713s22229.pdf, art. 39.

Les analyses de la FAPEO : « Ecole et religion : liaison dangereuse » 14

morale, le savoir vivre, la démocratie, la Constitution et les éléments pratiques du droit. Si les cours

de religion devraient être organisés obligatoirement par les écoles, ils seraient facultatifs pour les

élèves qui pourraient donc choisir de développer l’un ou l’autre aspect spirituel, tout en restant

inscrits dans le service public28

. Bien plus, l’article 24 de la Constitution ne dit rien sur le caractère

obligatoire des cours philosophiques, elle n’empêche donc pas non plus de les rendre facultatifs.

C’est également l’avis de la FELSI (Fédération des établissements libres subventionnés indépendants)

qui rejette les explications dogmatiques et de l’irrationnel. Dans ce réseau, Certaines écoles

n’organisent que le cours de morale, ce qui favorise la cohésion du groupe social « classe » et permet

la confrontation d’opinions diversifiées au sein d’un même groupe, confrontation qui me paraît plus

riche que l’éclatement de la classe en fonction des appartenances philosophique. D’autres écoles,

soucieuses de pluralisme, font passer tous les élèves du cycle supérieur des humanités par les divers

cours. Le réseau organise aussi des cours en présence de deux professeurs à la fois où les échanges

sont enrichis par la connaissance que chacun a des convictions de tous, tout en les confrontant aux

siennes29

. D’autres écoles de ce réseau s’organisent de la façon plus classique de la Communauté

française.

Si l’enseignement officiel met aussi en avant les principes de laïcité que sont l’humanisme, la liberté

de conscience, le pluralisme, l’ouverture et la démocratie comme valeurs citoyennes, La laïcité

n’exclut pas de désigner cette relation entre la conscience de l’homme et son univers par un symbole,

de lui donner une dimension poétique, de croire en un fondateur mystérieux et d’en pratiquer le culte,

dès lors qu’est reconnue et garantie à chacun la liberté de faire un tel choix et d’y renoncer, à l’abri de

toute contrainte ou conditionnement. La laïcité n’est pas antireligieuse. Elle est par essence

pluraliste, puisqu’elle revendique la libre pensée, mais dans la séparation du spirituel et du temporel,

chaque religion ou philosophique ayant la liberté de proposer, sans avoir le pouvoir d’imposer30

.

L’enseignement catholique quant à lui est peut-être ouvert aux autres cultures, mais n’en enseigne

pas moins exclusivement et obligatoirement la seule religion catholique aux enfants. Si

l’enseignement officiel donne aux parents le choix entre religion ou morale, on peut tout de même

se demander si son rôle est donc de forcer les parents à choisir entre présence ou absence de

religion.

Une proposition pourrait rendre obligatoire la formation des enfants aux points communs

(connaissance comparative des diverses religions31

, fondements de nos valeurs communes,

humanisme, liberté de conscience, pluralisme, ouverture, démocratie, Constitution, éléments

pratiques de droits) et facultative ce qui rend les enfants différents soit le choix de suivre un cours de

telle ou telle religion, perçue comme représentation spirituelle de la vie, propre à chacun, dans son

foyer. Le système actuel met l’accent sur ce qui divise (les religions) plutôt que sur ce qui est

commun (la citoyenneté notamment, la connaissance objective de ce qui divise…) ; une réforme

devrait inverser cette tendance. En effet, Il y a plusieurs métaphysiques, mais il n’y a qu’une seule

morale : la morale des droits de l’homme. La morale n’est pas affaire d’opinion ; elle se fonde sur le

simple fait du dialogue, plus précisément sur le fait que tout homme, dans le dialogue, reconnaisse

son interlocuteur comme étant en droit son égal32

.

28

FAPEO, Point de vue et proposition des parents d’élèves (intervention de P. Spehl), Assemblée générale du 20

novembre 1999. 29

M. Le Boucher, Philosophie et cours philosophiques, sd., sl. 30

P. Spehl, « La réforme des cours philosophiques », op. cit. 31

Les Facultés universitaires ND de la Paix à Namur ont familiarisé 350 enseignants avec le créationnisme et les

principes fondamentaux de l’islam. La meilleure ligne de défense consiste à bien édicter que l’approche

scientifique du monde appartient au domaine de la connaissance, tandis que la vision religieuse relève de la

croyance. Les enseignants doivent s’abstenir d’entrer dans tout débat où ces deux conceptions entrent en jeu.

Qu’est-ce à dire ? in S. Ghali, « Comment l’Islam gangrène l’école » in Le Vif-L’express, sept. 2008, p. 35. 32

M. Conche, Confession d’un philosophe, Albin Michel, 2003, p. 270

Les analyses de la FAPEO : « Ecole et religion : liaison dangereuse » 15

Cependant, peut-on considérer que « ce qui unit » unit réellement ? N’y-a-t- qu’une seule morale ?

Est-ce que les valeurs laïques et humanistes sont un point commun à tous ? Notre société change,

mais le point commun reste que La vie ensemble, dans une même démocratie, ne peut se dérouler

harmonieusement sans des valeurs et des lois communes, sans connaître les points de vue des autres,

leur philosophie et leur manière de penser, sans être capable d’examiner et de penser librement. (…)

De la connaissance peut naître la compréhension, l’élévation de l’esprit et le respect des convictions

de chacun. Le rôle éducatif de l’école officielle dans ce domaine est essentiel, il est insuffisamment

développé33

. En bref, notre époque gagnerait sans doute à viser un apprentissage pluriel plutôt que

de valoriser une seule croyance quelle qu’elle soit.

Le port des signes extérieurs

La question de la présence ou non de tel cours de religion ou de tel autre dans les programmes

scolaires n’est pas encore résolue qu’elle fait immanquablement penser aux polémiques qui

surviennent quand on s’interroge sur le port des signes religieux à l’école : combien de lignes ont été

écrites sur le port du voile ? Sur la viande halal dans les cantines ?

La responsabilité des chefs d’établissement ?

En septembre 2007, la Ministre-Présidente de la Communauté française, Marie Arena, donnait raison

à deux Règlements d’écoles carolorégiennes qui interdisaient en leur sein le port du voile34

. L’un des

Directeurs a souligné le contexte général de cette interdiction : il s’agissait de renforcer les règles de

l’école suite à plusieurs faits violents dans l’école, des élèves d’origine européenne disaient ressentir

une dominance sur eux de la part des élèves d’origine musulmane. Le phénomène peut être subjectif

mais il demande que l’école demande le respect des convictions de chacun35

.

Le voile est-il un signe fort d’appartenance ? Est-il agressif car fort visible ? Risque-t-il de perturber le

déroulement des cours (cours d’éducation physique ou de sciences) ? Est-ce un signe de retour en

arrière d’une culture dont des femmes se sont battues pour leur liberté ? N’y a-t-il pas de risque que

les jeunes filles qui portent le voile soient exclues de la scolarité ? N’y a-t-il pas de contradiction entre

le fait d’enseigner une religion et d’interdire les signes qui la manifestent ?

Cependant, pour n’aborder que le domaine de l’école publique, on peut considérer que si elle est

publique et répond donc aux valeurs d’humanisme, de respect de l’autre…, elle n’est pas pour autant

une « place publique » où chacun peut s’exprimer comme il le souhaite ; l’école a ses règles et elle

inculque avant tout les instruments intellectuels nécessaires pour apprendre à se forger une opinion

qui pourra être exprimée comme il faut et quand il faut pour être mieux entendue. Si chaque jeune

possède des avis et des convictions personnels, chacun a aussi besoin de recevoir les outils pour les

discuter, sans laisser interférer les impressions, les passions ou les sentiments.

33

Ibid. 34

http://www.espace-citoyen.be/site/index.php?EsId=1&Module=mod-produit&Indice=1-28-1 35

Ibid.

Les analyses de la FAPEO : « Ecole et religion : liaison dangereuse » 16

C’est qu’en Belgique, la lourde responsabilité d’autoriser ou d’interdire le port de signes

d’appartenance religieuse à l’école36

relève du ROI (Règlement d’ordre intérieur) et surtout pèse sur

les épaules du chef d’établissement37

, qui parfois se réfugie dans un détournement du Conseil de

participation pour interdire ce signe religieux, alors que ce n’est absolument pas le rôle de cet

organe38

. Quant à elle, La FAPEO considère que le chef d’établissement ne peut être confronté seul à

la question de prendre ou non une mesure d’interdiction des tenues manifestant une appartenance

religieuse. Cette question n’est certainement pas du ressort du Conseil de participation de l’école. Il

appartient à la Communauté française d’assumer ses responsabilités en tant que garant de la

neutralité des écoles officielles et de l’intérêt général de tous les élèves39

.

…ou la responsabilité de l’Etat ?

D’ailleurs la France a réglé le sujet : les signes religieux sont interdits dans toutes les écoles

publiques. Plus précisément, le Gouvernement français (J. Chirac) a mis sur pied une commission

chargée d’étudier les rapports entre le foulard islamique et la laïcité de l’Etat : c’était la commission

Stasi (du nom de l’ancien Ministre B. Stasi).

Le rapport fait état d’une résurgence du sexisme à l’égard de jeunes femmes soumises à une grande

pression pour baisser les yeux ou porter des tenues asexuées, mais ne nie cependant pas que le

foulard puisse aussi être porté de plein gré, même si cette pratique peut être sujette à toutes sortes

de réactions. Le 15 mars 2003, suite à ce rapport, une loi est votée qui interdit, dans le respect

de la liberté de conscience et du caractère propre des établissements privés sous contrat,

dans les écoles, collèges et lycées, les tenues et les signes manifestes à une

appartenance religieuse ou politique. Les tenues et signes religieux interdits sont des

signes ostensibles, tels que grande croix, voile ou kippa. Ne sont pas regardés comme

des signes manifestes d’une appartenance religieuse les signes discrets que sont par

exemple médailles, petites croix, étoiles de David, mains de Fatima, ou petits Coran.

Jacques Chirac quant à lui souligne que la laïcité n’est pas un droit, mais un devoir40. Les

commentateurs du rapport précisent également la notion de « signe ostensible » comme

un signe qui marquerait la volonté de se démarquer des autres ou comme une

démonstration sollicitante, un acte implicite de prosélytisme41. Il faudra sans doute une

bonne dose d’études sémantiques pour décortiquer cette nouvelle loi.

En Communauté française, on oscille timidement entre le droit à la liberté d’expression des élèves et

l’interdiction pour les professeurs d’heurter les convictions religieuses, entre l’interdiction de faire du

36

Voir aussi pour réflexion « Contre l’interdiction du foulard » et « Pour l’interdiction du foulard » in Le Soir, 12

décembre 2003. 37

Le Minsitre C. Dupont de déclarer par rapport à l’absentéisme dû aux fêtes religieuses : La fête de l’Aïd n’est

pas un jour férié. Néanmoins, nous faisons confiance aux chefs d’établissement pour gérer au mieux cette

journée en fonction de leur population scolaire et avec tout le bon sens qui s’impose. Oui, mais si les chefs

d’établissements souhaitaient le soutien de leur hiérarchie justement ? (H. Dorzée, « L’école ou le calendrier

musulman » in Le Soir, 5 décembre 2008). 38

Ph. Shwarzenberger « Le Port du voile à l’école » in Trialogue 33, FAPEO, 2004. 39

M. Gailly, « Voile : la Communauté té française doit prendre ses responsabilités », in Le Soir, 17 décembre

2003. 40

N. Mohammadi, « Analyse sociologique concernant le foulard islamique » en France sur

http://www.flwi.ugent.be/cie/CIE2/mohammadi2.htm#8. 41

J. Meskens, « La République contre l’ostensible » in Le Soir, 12 décembre 2003.

Les analyses de la FAPEO : « Ecole et religion : liaison dangereuse » 17

militantisme à l’école, mais le droit de recevoir une ouverture à ces convictions philosophiques. Cela

reste très difficile de statuer sur le « foulard », car les raisons de le porter sont multiples. Il faut quand

même rappeler que le port du voile n’est pas un prescrit religieux. Il y a certainement des cas où il

s’agit d’une marque d’aliénation de la femme, mais toutes les jeunes filles qui portent le foulard ne

sont pas nécessairement des victimes et encore moins des intégristes qui cherchent à faire du

prosélytisme. Le voile permet aux filles de sortir et d’aller à l’école42

. En 2008, 75 % des écoles de la

Communauté française interdisent le voile ; à Bruxelles, seules deux écoles officielles et une école du

réseau libre tolèrent le foulard43

.

Cette même année, un titre, « Comment l’Islam menace l’école »44

, a suscité des réactions vives45

.

C’est que les questions se posent toujours et les politiques restent frileux sur le sujet : comment

gérer la question du porc ou de la viande halal dans les cantines, celles des cours d’éducation

physique refusés ou des cours de biologie contestés, celle des prières rituelles ou celle du jeûne du

ramadan ? Et les fêtes religieuses ? On a congé à Noël, non ? Pourquoi pas à Aïd al-Fitr ou au Yom

Kippour46

? Le jour de l’Aïd, par exemple, le taux d’absentéisme scolaire atteint parfois les 80 % dans

certaines écoles47

. L’article référé en début de paragraphe met pour le moins le doigt sur les

attitudes de pratiquants de la religion musulmane qui posent problème dans l’organisation des cours

et nous ne listerons pas48

. Une fois encore, les équipes éducatives se sentent souvent démunies

devant ces questions, en l’absence de fondement légal clair ou de stratégie globale. Un Directeur

propose aux parents de signer une charte dès l’inscription à l’école : Elle affirme le caractère laïque

de l’école, exige la pratique des exercices sportifs et de la natation pour tous, rappelle que le repas

chaud est un service offert et pas un dû…49

Un autre cas de figure est français : à Lyon, les écoliers

peuvent choisir leur menu avec ou sans viande, même si pour les enfants de familles défavorisées,

l’école est le seul endroit où ils peuvent bénéficier de protéines. Dans certains endroits, jusqu’à 40 %

des élèves choisissent ce menu, preuve de l’expression de nouvelles aspirations alimentaires (…) Si la

solution n’est pas religieuse (…) elle n’est pas étrangère à la multiplication des demandes d’ordres

religieux ou sociétal (…) Confrontées au problème, de plus en plus de communes se posent la question

de répondre aux attentes des familles ou d’affirmer le caractère purement laïc du service public de la

restauration scolaire (…) Le fait que les mouvements de défense des valeurs de la laïcité aient apporté

leur caution au menu sans viande a permis que les choses se passent en douceur (…) De même, pour

le grand rabbin de Lyon Richard Wertenschlag, si l’école publique n’a pas à se plier aux contraintes

religieuses, cette mesure peut aider certaines familles qui souhaitent manger cacher, quand bien

même les critères de la cacheroute sont bien plus exigeants en matière alimentaire que de ne pas

42

E. Delruelle in http://www.espace-citoyen.be/site/index.php?EsId=1&Module=mod-produit&Indice=1-28-1 43

S. Ghali, « Comment l’Islam gangrène l’école » in Le Vif-L’express, sept. 2008, p. 30 sq. 44

Op. cit. 45

Mouvement contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie, Le MRAX saisit l’Association des journalistes

professionnels (communiqué de presse), 4 septembre 2008. 46

C’est en tout cas une proposition du rapport Stasi en France. Voir J. Meskens, op.cit. 47

H. Dorzée, op. cit. 48

Pour réflexion, voir MRAX, Communiqué de presse du 4 septembre 2008 où le mouvement s’indigne des

propos tenus qui alimentent l’islamophobie de notre société. 49

Op. cit., p. 34.

Les analyses de la FAPEO : « Ecole et religion : liaison dangereuse » 18

manger de viande. Pour lui aussi, l’essentiel est dans la méthode adoptée, révélatrice d’une laïcité

intelligente50

.

Conclusions

Qui de l’Eglise ou de l’Etat a en charge l’éducation du peuple ? A travers l’histoire, la question a fait

souvent volte-face entre les parties désireuses d’y répondre et la situation actuelle de la

Communauté française quant aux liens entre le religieux et l’école en découle.

Au 19e siècle, on considère que l’enseignement est lié à l’éthique et donc à la religion, la majorité du

pays étant catholique, mais on est encore influencé par l’idée que l’Etat doit contribuer à éduquer la

société civile, influencé par la Révolution française. La Constitution belge fait donc un premier

compromis : l’Etat n’a pas le monopole de l’enseignement et deux types d’enseignement sont

organisés, l’un par l’Etat, l’autre par le clergé, assurant ainsi aux parents le libre choix de l’école de

leurs enfants. Cependant, une nouvelle loi introduit la notion d’école « adoptée », une commune

pouvant adopter une école libre catholique de son territoire afin de répondre aux exigences de la loi

obligeant chaque commune à organiser l’enseignement fondamental sur son territoire. La forte

influence du clergé va vite s’estomper devant l’éclosion d’un nouveau parti libéral et la généralisation

de la morale en 1879. Les catholiques contre-attaquent en obtenant des financements de l’Etat.

Après la guerre scolaire, après les guerres tout court, les décideurs ont à cœur de pacifier le pays et

l’on met sur pied d’égalité la morale non-confessionnelle et la religion. S’en suit une nouvelle guerre

des subsides. Les décideurs en arrivent à souligner que l’Etat doit créer des écoles là où le besoin

s’en fait sentir pour assurer le libre choix des parents. Les catholiques n’apprécient pas.

Ces éléments illustrent la double guerre scolaire qui se terminera ( ?) par l’élaboration du Pacte

scolaire en 1959. A ce moment, les écoles catholiques continuent de donner leur cours de religion

catholique et les écoles de l’Etat organisent des cours de morale et de religion à raison de 2h. par

semaine au libre choix des parents ; si le principe de neutralité est largement souligné, on peut tout

de même se demander si ces dispositions ne sont pas plutôt un recul de la laïcité dans la mesure où

elles considèrent d’abord ce qui divise – les différences dans les pratiques religieuses, les enfants

étant séparés pour suivre le cours choisi, plutôt que ce qui unit, considérant que la morale est

commune à chaque citoyen. C’est dans ce sens qu’ira la proposition d’H. Hasquin de donner dans le

dernier degré de l’enseignement secondaire des cours de philosophie et d’étude comparée des

religions. La FAPEO quant à elle ira plus loin prônant un cours unique portant sur la philosophie, la

morale, le savoir vivre, la démocratie, la Constitution et les éléments pratiques du droit. Le cours

unique serait obligatoire et les cours de religions devraient être organisés, mais rester facultatifs. De

cette façon, les parents ne sont pas forcés de choisir entre une scolarité avec ou sans religion.

Dans la même optique, revient la question du port des signes visibles d’appartenance à une religion.

Ont-ils ou non leur place à l’école ? L’école si elle est publique ne doit pas être une tribune publique

où chacun peut s’exprimer, en dépit des règles. En Communauté française, à la différence de la

France, aucune loi n’existe pour répondre à cette question et ce sont donc les chefs d’établissement

et les équipes éducatives qui doivent trancher dans des situations parfois fort difficiles où ils

souhaiteraient un soutien de leur hiérarchie.

50

B. Tosseri, « Les écoliers lyonnais peuvent choisir le menu sans viande » in www.la-croix.com, 16 décembre

2008.

Les analyses de la FAPEO : « Ecole et religion : liaison dangereuse » 19

Nous titrions notre propos en nous interrogeant : école et religion, liaison dangereuse ? Au vu de ces

quelques réflexions, on peut au moins considérer que les deux domaines mis ensemble font souvent

des étincelles. Aujourd’hui encore, l’enseignement catholique et l’enseignement officiel ont parfois

des difficultés à s’entendre. Dans un premier temps, on peut dire que la présence de la religion à

l’école, que ce soit dans le réseau libre ou dans le réseau officiel, est une chose ; organiser les

manifestations quotidiennes de cette religion51

, sans porter préjudice à l’enseignement, en est une

autre. Dans un second temps demeure la question du dénominateur commun : la religion catholique

pour les uns, la morale citoyenne pour les autres. Notre société étant pluraliste dans ses croyances

et dans ses pratiques, n’est-il pas inapproprié, voire dangereux, de former de futurs citoyens de cette

même société à fonctionner selon une et une seule référence qui plus est dogmatique ?

51

Profitons de l’occasion pour rappeler la question des rythmes scolaires : en effet, le calendrier scolaire, y

compris dans l’enseignement officiel, est organisé autour des fêtes religieuses catholiques et l’origine de cette

prépondérance accordée à cette religion dans cette organisation est certainement historique. Cependant, ne

serait-il pas judicieux de rebondir sur les contours de notre société pour dresser les congés en fonction des

rythmes biologiques des enfants, un point commun entre eux d’ailleurs ?

Les analyses de la FAPEO : « Ecole et religion : liaison dangereuse » 20

Références

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1964

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16 décembre 2008.

Les analyses de la FAPEO : « Ecole et religion : liaison dangereuse » 21

Les analyses de la FAPEO : « Ecole et religion : liaison dangereuse » 1

Fédération des Associations de Parents

de l’Enseignement Officiel

Ecole et religion : liaison dangereuse ?

Les Analyses de la FAPEO

(décembre 2008)

Fédération des Associations de Parents de l’Enseignement Officiel

Avenue du Onze novembre, 57

1040 Bruxelles

02/527.25.75 – 02/525.25.70

www.fapeo.be – [email protected]

Les analyses de la FAPEO : « Ecole et religion : liaison dangereuse » 2

Sommaire

Introduction ............................................................................................................................................. 4

Balises historiques ................................................................................................................................... 5

Clovis et la foi chrétienne, les catholiques et les protestants ............................................................. 5

Joseph II et le sacrifice de l’Edit de Tolérance ; la Révolution française et sa suite ............................ 5

La question scolaire ............................................................................................................................. 6

Notre Constitution et l’article 24 : un premier compromis ? .......................................................... 6

La Commune adopte, le clergé dirige ? ........................................................................................... 7

La morale est généralisée : c’est la guerre ! .................................................................................... 7

Le 29 mai 1959 : une solution à la guerre scolaire ? ............................................................................... 8

La neutralité dans le Pacte scolaire ..................................................................................................... 9

La loi du Pacte : un compromis ......................................................................................................... 10

Paroles citoyennes ................................................................................................................................ 12

Un propos de l’Enseignement catholique ......................................................................................... 12

Un autre de l’Enseignement officiel .................................................................................................. 13

Le port des signes extérieurs ................................................................................................................. 15

La responsabilité des chefs d’établissement ? .................................................................................. 15

…ou la responsabilité de l’Etat ? ....................................................................................................... 16

Conclusions ............................................................................................................................................ 17

Références ............................................................................................................................................. 20

Les analyses de la FAPEO : « Ecole et religion : liaison dangereuse » 3

Les analyses de la FAPEO : « Ecole et religion : liaison dangereuse » 4

Introduction

Dans un pays qui se dit libéral, je constate que l’islam a la part belle pour nous imposer ses lois à la

con et que nous soyons obligés de nous plier à leurs exigences. Tant que toutes ces histoires de

religions nous pourriront la vie, JAMAIS le peuple humain ne trouvera de repos. Je vais vous dire

quelque chose : dans 10 000 ans, lorsque des êtres supérieurs vous découvriront sous une tonne de

poussière, ils diront : mais qu’est-ce que c’est que ces conneries que racontaient nos ancêtres ? A

méditer !1

Une méditation serait judicieuse en effet ! Ce propos tenu sur un forum nous permet un double

commentaire : les points de vue islamophobes gangrènent encore trop notre société et le manque

de connaissance des approches plurielles de la métaphysique provoque encore des polémiques dans

bon nombres de domaines.

L’école en est un. Il a y peu de temps, la FAPEO était interpellée par une étudiante qui souhaitait un

point de vue de parent sur la présence ou non de viande halal dans les cantines scolaires. A un

autre moment, une maman de culture musulmane nous disait être opposée au port du voile à

l’école, ne serait-ce que parce que des femmes se sont battues pour que ce signe de soumission

disparaisse ; elle ajoutait que les jeunes filles actuelles portaient souvent le foulard à cause de la

pression de leur communauté. Une enseignante quant à elle pensait que peu importait les signes

religieux affichés, tant qu’ils ne perturbaient pas son cours.

Par ailleurs, si la religion musulmane fait couler beaucoup d’encre, les autres peuvent également

intégrer notre débat : religions hébraïque, protestante, catholique font également partie de notre

paysage scolaire ; avec la question de leur enseignement à l’école arrivent les questions

d’intégration, de respect de la culture de l’autre… et la laïcité de répondre massivement que l’école

doit donner des outils pour comprendre intellectuellement les différentes religions, sans les

promouvoir d’une manière ou d’une autre, les enseigner pouvant en être une.

Notre propos, laïc au sens politique du terme (séparation des églises et de l’Etat), ne voudra pas

aborder des questions théologiques et n’émettra aucune opinion sur les religions en tant que

pratiques liées à des croyances. Nous voudrons proposer des points de repères liés à la question de

la religion à l’école pour que le lecteur puisse emprunter différentes voies de réflexion et se

construire sa propre opinion. Nous jetterons d’abord des références historiques et débattrons

ensuite des cours philosophiques à l’école, qu’il s’agisse de la religion ou de la morale, pour finir avec

diverses questions sur le port des signes ostensibles d’appartenance religieuse à l’école et nous

verrons qu’en Communauté française, la chose n’est pas aussi évidente qu’il n’y paraît.

1 Propos du forum relatif aux « Signes religieux à l’école » in www.espace-citoyen.be

Les analyses de la FAPEO : « Ecole et religion : liaison dangereuse » 5

Balises historiques

Débattre de la place du religieux à l’école va immanquablement titiller un nœud récurrent dans

l’histoire, de notre pays peut-être plus que d’autres : qui de l’Eglise ou de l’Etat guide le peuple ? Le

sujet est vaste et les exigences du genre nous permettront seulement de jeter quelques repères ;

néanmoins, nous pourrons voir que la question des relations entre l’Eglise et l’Etat n’est pas neuve.

Clovis et la foi chrétienne, les catholiques et les protestants

Souvenons-nous de Clovis. Baptisé dans la foi chrétienne au 6e siècle, il œuvre à la christianisation de

nos territoires ; les décisions politiques seraient-elles colorées par l’appartenance religieuse de nos

dirigeants ?

Rappelons-nous sommairement les 14 et 15e siècles, siècles d’unification des territoires situés entre

les actuelles France et Allemagne sous le nom de Pays-Bas par les Ducs de Bourgogne. Déjà à ce

moment, la religion divise puisqu’au 16e siècle, suite à la Réforme, la carte dessine des Pays-Bas du

Nord (état protestant et indépendant, futurs Pays-Bas) et les Pays-Bas du Sud (état catholique

gouverné par la branche espagnole des Habsbourg, la branche autrichienne ensuite, par les Français

puis les Pays-Bas du Nord) qui, couplés ultérieurement avec la Principauté épiscopale de Liège

constitueront la Belgique actuelle. A cette époque, un territoire « fédéral » : chacun des territoires

(hennuyer, brabançon, luxembourgeois…) a sa propre législation, ses propres pratiques juridiques

voire sa propre langue.

Joseph II et le sacrifice de l’Edit de Tolérance ; la Révolution française et sa

suite

En 1789, les réformes progressistes que veut imposer Joseph II provoquent de vives réactions, les

Autrichiens doivent se retirer du pays et le 11 janvier 1790 nait la confédération des Etats belgiques

unis (sic) dotée d’un drapeau muni de trois bandes (rouge, noire, jaune). Mais ils sont rapidement

fragilisés par les tensions entre les catholiques et les libéraux, et les Autrichiens vont profiter de la

situation : l’Edit de Tolérance (acceptant la religion protestante) est sacrifié par le souverain, ils

reprennent le pouvoir et rétablissent l’ancien régime.

Celui-ci sera finalement balayé par les idées de la Révolution française, la période française prenant

cours sur notre territoire actuel en 1795 : Elle [l’occupation française] consacre, en effet, la fin des

privilèges et du régime seigneurial, la naissance des droits de l’homme, d’un nouvel ordre

institutionnel, économique, social et juridique. Elle place sur le devant de la scène un personnage

jusque là effacé dans le débat politique : le peuple. Elle laisse des traces profondes non seulement

dans les dispositions législatives ou l’organisation administratives, mais aussi dans les gestes les plus

Les analyses de la FAPEO : « Ecole et religion : liaison dangereuse » 6

anodins de la vie quotidienne […] l’époque française scelle la réunion de provinces des Pays-Bas

méridionaux avec la principauté de Liège.2

1815 marque la fin de la période française pour nos contrées en même temps que la défaite de

Napoléon à Waterloo ; l’Europe est divisée au Congrès de Vienne de la même année et les territoires

de la future Belgique sont réunis à ceux des Pays-Bas, sous le règne de Guillaume Ier d’Orange. Une

Constitution est votée, mais l’on sent déjà poindre des désaccords à motifs religieux (la maison

d’Orange est protestante). On verra le gouvernement contrôler de plus en plus la liberté de la presse

et le clergé catholique. Les opposants auront donc à réclamer la responsabilité ministérielle devant le

Parlement et la liberté d’Enseignement. Le 25 août 1830, Bruxelles se soulève, les troupes

étrangères quittent le pays le 27 septembre, tandis qu’un gouvernement provisoire était formé.

La question scolaire

Les lignes qui précèdent montrent que l’intrusion des questions religieuses dans la gestion de l’Etat

n’est pas neuve, peut-être même pourrait-on parler d’intrusion de l’Etat dans les questions

religieuses.

Bien plus, on peut dire que l’origine de la fameuse « question scolaire » remonte au 18e siècle. C’est

l’époque du « despotisme éclairé » au cours de laquelle apparaît et se précise la notion de

communauté « civile » et l’idée que l’Etat doit être « dispensateur de culture » (…) L’Etat se doit donc

d’intervenir dans l’enseignement qui, jusque là, avait été le monopole exclusif de l’Eglise. (…) La

Révolution de 1830 et l’accession du pays à l’indépendance marquent une nette réaction contre cette

politique3.

Notre Constitution et l’article 24 : un premier compromis ?

En effet, la majorité du pays est catholique et considère que l’éducation est liée à l’éthique et donc à

la religion. Les deux tendances s’inscrivaient plus largement dans le débat sur les rapports entre

l’Eglise et l’Etat. Il fallut trouver un arrangement, un premier compromis traduit dans l’article 17 de

notre Constitution soulignant notamment que l’Etat n’a pas le monopole de l’enseignement4: § 1er.

L'enseignement est libre; toute mesure préventive est interdite ; la répression des délits n'est réglée

que par la loi ou le décret. La communauté assure le libre choix des parents. La communauté organise

un enseignement qui est neutre. La neutralité implique notamment le respect des conceptions

philosophiques, idéologiques ou religieuses des parents et des élèves. Les écoles organisées par les

pouvoirs publics offrent, jusqu'à la fin de l'obligation scolaire, le choix entre l'enseignement d'une des

religions reconnues et celui de la morale non confessionnelle. § 2. Si une communauté, en tant que

pouvoir organisateur, veut déléguer des compétences à un ou plusieurs organes autonomes, elle ne le

pourra que par décret adopté à la majorité des deux tiers des suffrages exprimés. § 3. Chacun a droit

2 Hervé Hasquin, La Belgique française 1792-1815, Editions Crédit Communal, 1993, p.5 cité dans

http://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_la_Belgique#cite_note-6 3 RM Braeken, « Le système éducatif en Communauté française » in

http://www.uvcw.be/articles/3,12,2,0,221.htm 4 L’article en question est en fait l’article 24 de nos jours ; il faut souligner que celui-ci semble aller vers une

sorte de ségrégation philosophique des élèves, loin de l’idée d’un réseau unique et pluraliste.

Les analyses de la FAPEO : « Ecole et religion : liaison dangereuse » 7

à l'enseignement dans le respect des libertés et droits fondamentaux. L'accès à l'enseignement est

gratuit jusqu'à la fin de l'obligation scolaire. Tous les élèves soumis à l'obligation scolaire ont droit, à

charge de la communauté, à une éducation morale ou religieuse. § 4. Tous les élèves ou étudiants,

parents, membres du personnel et établissements d'enseignement sont égaux devant la loi ou le

décret. La loi et le décret prennent en compte les différences objectives, notamment les

caractéristiques propres à chaque pouvoir organisateur, qui justifient un traitement approprié. § 5.

L'organisation, la reconnaissance ou le subventionnement de l'enseignement par la communauté

sont réglés par la loi ou le décret5.

La Commune adopte, le clergé dirige ?

Cet article n’a pas suffit à ce que les besoins scolaires soient satisfaits entièrement, à moins que l’Etat

n’ait voulu réagir aux initiatives catholiques ; une autre loi vient le compléter le 23 septembre 1842,

stimulant des liens entre le public et le privé –entendons catholique – et introduisant le terme

d’école « adoptée », notion qui ferait bien écho à un certain décret « Mixité », même si les adoptions

du 19e siècle peuvent se faire dans le même réseau : cela reviendrait-il à mettre en commun les

ressources quand elles sont rares, terreau fertile à l’idée du réseau unique ?

Quoi qu’il en soit, la commune — obligée d'avoir au moins une école primaire établie dans un local

convenable — peut être autorisée à adopter, dans la localité même, une ou plusieurs écoles privées

réunissant les conditions légales pour tenir lieu d'école communale. (…) Comme les écoles

communales, les écoles adoptées sont soumises à la double inspection civile et ecclésiastique

organisée par la loi 6. Dès lors, si une commune n’a pas la possibilité d’organiser une école sur son

territoire, elle peut répondre à la loi en « adoptant » une école libre.

Le clergé a donc une forte influence : l’enseignement de la religion est obligatoire et le clergé a un

droit de regard sur les cours et les manuels scolaires, ce qui revient à dire que l’école garde son

fondement religieux, l’intervention de l’Etat étant assez accessoire.

La morale est généralisée : c’est la guerre !

Pas au-delà de 1847 cependant. Un parti libéral voit le jour sur notre territoire et marque sa volonté

d’un enseignement indépendant des autorités religieuses. Le 1er

juillet 1879, la loi Van Humbeeck,

une « loi de malheur », selon les catholiques, est votée. Le cours de morale est généralisé et le cours

de religion rejeté de la grille horaire. Cet attentat contre la foi et les mœurs organise l’enseignement

selon les principes laïques :

• primauté de l'école publique,

• enseignement obligatoire de la morale, enseignement facultatif de la religion,

• indépendance totale des écoles vis-à-vis des autorités religieuses7.

5 La Constitution belge, art. 24, in http://www.senate.be/doc/const_fr.html

6http://www.inrp.fr/edition-electronique/lodel/dictionnaire-ferdinand-buisson/document.php?id=1986

7 RM Braeken, op.cit.

Les analyses de la FAPEO : « Ecole et religion : liaison dangereuse » 8

L’histoire de notre enseignement entre dans un long tournant ; la guerre scolaire est amorcée entre

deux conceptions qui sont toujours en concurrence de nos jours :

• d'un côté, la défense du principe de la laïcité, c'est-à-dire d'une école unique,

accessible à tous, respectueuse des convictions de chacun et qui apprend à des enfants

de milieux différents à se respecter et à vivre ensemble ;

• de l'autre, la défense de l'école libre catholique dont la conviction reste que

l'éducation doit donner à l'enfant les certitudes qu'apportent la révélation et la foi

chrétiennes8.

Les catholiques souhaitent alors freiner le développement des écoles publiques tandis que la gauche

souhaite que les subventions aillent à la seule école publique. En 1884, les catholiques sont au

pouvoir et arrivent à obtenir de plus en plus de subventions pour l’enseignement libre.

Pour l’anecdote, épinglons ce propos de l’époque prescrivant des règles de vie aux futurs

instituteurs : Il est cinq heures du matin. La clochette de l’école –j’allais dire du monastère- se fait

entendre. Au premier son, il faut de son lit déguerpir au plus vite, autrement la canne du surveillant

vient, sur la cloison de l’alcôve, jouer du tam-tam. Cela fait, on se rend à la chapelle. Chaque élève

est muni d’un livre de prières. On doit se mettre bien à genoux et ne tourner la tête ni à droite, ni à

gauche (…) Dernièrement, (…) les élèves (…) ont réclamé la suppression de la messe à l’époque des

grands froids. Le directeur leur a fait une réponse que nous voudrions voir inscrite en lettres d’or au

frontispice de l’école : « La messe doit être le premier exercice de tout normaliste (sic !). Celui-ci doit

commencer et finir la journée avec Dieu »9.

En 1914, l’école primaire devient obligatoire et les catholiques ont obtenu prise en charge du salaire

des instituteurs par l’Etat.

Après les périodes de 14-18 et 40-45, tant libéraux que socialistes ont à cœur de pacifier le pays.

C’est l’époque des concessions, l’une d’entre elle étant la mise sur pied d’égalité de la morale non-

confessionnelle et de la religion. Le Ministre de l’Instruction publique, Pierre Harmel, fait pencher la

balance du côté des catholiques (Parti Social chrétien) puisqu’il étend les subsides de l’Etat à tout

l’enseignement libre. La gauche réagit en 1954 par une promotion de l’enseignement officiel et

contrôle les subsides octroyés au libre. C’est l’époque de la fameuse « loi Collard », votée en juillet

1955. Premier bourgmestre socialiste des Montois, il le restera durant vingt ans ; Léo Collard

souligne le devoir de l’état de créer des écoles là où c’est nécessaire afin de garantir la liberté du

choix de l’école aux parents. Les catholiques sont fort mécontents, ce qui lance la deuxième guerre

scolaire. Le PSC revient au Gouvernement et c’est le début de l’élaboration du Pacte scolaire.

Le 29 mai 1959 : une solution à la guerre scolaire ?

Le principe de la loi Collard est repris dans le Pacte scolaire, mais assorti de règles de financement

public très généreuses du réseau libre pour garantir le libre choix entre école publique et école

catholique.

Le Pacte scolaire précise également que Dans l’enseignement primaire et secondaire de plein exercice

de l’Etat, des provinces, des communes et de toute autre personne publique, l’horaire hebdomadaire

8 Id.

9 Extrait d’article paru dans L’Avenir 7, 27 février 1876 cité sur http://ligue-

enseignement.be/default.asp?V_DOC_ID-1964

Les analyses de la FAPEO : « Ecole et religion : liaison dangereuse » 9

comprendra 2h. de religion et 2h. de morale au libre choix des parents. Par enseignement de la

religion, il faut entendre l’enseignement de la religion catholique, protestante ou israélite et la morale

inspirée de cette religion. Par enseignement de la morale, il faut entendre l’enseignement de la

morale non-confessionnelle 10

.

Les cours de morale seront donnés par des enseignants qui sont porteurs d’un diplôme de

l’enseignement officiel : pour le primaire, la préférence sera donnée à un enseignant qui a suivi un tel

cours ; pour le secondaire, elle sera donnée à un enseignant titulaire d’un diplôme d’agrégé de

philosophie délivré par un établissement non-confessionnel. Les professeurs recevront dans les

deux cas et dans les deux réseaux des recommandations quant aux connaissances à acquérir par les

élèves. Les fonctions d’instituteur et de régent seront accordées également en priorité aux titulaires

d’un diplôme du réseau non-confessionnel11

. Dans l’enseignement primaire, la cote est reprise dans

la moyenne générale, pas dans le secondaire où L’ élève qui n’a pas satisfait ne peut passer à une

classe supérieure, sous cette réserve que, comme pour les autres matières, il peut présenter une

seconde épreuve12

.

La subvention de l’Etat ira également aux écoles dites officielles comme aux écoles dites privées. Les

écoles officielles sont définies comme étant les écoles créées par l’Etat et respectant le principe de

neutralité laissant la place à toutes les convictions philosophiques ou religieuses des parents qui leur

confient leurs enfants et dont au moins 2/3 du personnel enseignant sont porteurs d’un diplôme de

l’enseignement officiel et neutre13

. Le texte précise également quelques points pour l’enseignement

privé (entendons catholique) : aucune subvention ne sera accordée pour les constructions scolaires,

les membres du personnel religieux, séculier et régulier auront un traitement de 60 % de la

rétribution d’un membre laïc. Financièrement parlant toujours, notons que l’enseignement privé ne

peut compter sur un financement des provinces et des communes que pour les gestions sanitaires et

les avantages sociaux accordés aux élèves en veillant à ce qu’aucune distinction ne soit faite en

fonction des réseaux.

Justement, les écoles officielles sont définies comme étant les écoles créées par l’Etat et respectent

le principe de neutralité laissant la place à toutes les convictions philosophiques ou religieuses des

parents qui leur confient leurs enfants et dont au moins 2/3 du personnel enseignant sont porteurs

d’un diplôme de l’enseignement officiel et neutre14

.

La neutralité dans le Pacte scolaire

Plus encore, la Commission permanente du Pacte scolaire a jugé opportun de préciser cette notion

de neutralité qui fait l’objet d’une annexe au propos. Il est ainsi ajouté que l’école neutre doit

également jouer un rôle éducatif en contribuant à la formation de la personnalité entière, entourée

par des contextes divers, parfois religieux. L’accent est mis sur le développement de l’esprit critique

et le respect de chacun dans ses convictions sincères. Le maître ne doit pas se croire contraint, en

raison de la neutralité de passer sous silence ou de négliger les problèmes qui touchent à la vie

intérieure de l’homme, à ses convictions politiques ou philosophiques, à ses croyances. Mais chaque

fois qu’il est amené à en parler pour les besoins d’un enseignement qui se veut complet et sincère, il le

fera en des termes qui ne peuvent froisser les opinions et les sentiments d’autrui et en se pénétrant

bien de l’idée que les justifications philosophiques et doctrinales des faits ne lui incombent pas, les

10

T. Lefèvre & alii pour le Parti social chrétien, M. Buset & alii pour le Parti socialiste belge, M. Destenay & alii

pour le Parti libéral, Le Pacte scolaire, Bruxelles, 1958, point 8. 11

Ibid., point 15. 12

Ibid., point 8. 13

Ibid., point 9. 14

Ibid., point 9.

Les analyses de la FAPEO : « Ecole et religion : liaison dangereuse » 10

sources de ces motivations pouvant être de nature diverse et réclamant de sa part un égal respect.

(…) Le cours de morale non confessionnelle est un guide d’action morale fondé sur des justifications

sociologiques, psychologiques et historiques. Il ne fait pas appel à des motivations de caractère

religieux ; il ne tend pas non plus à la défense d’une ultime conception philosophique déterminée. (…)

Le professeur du cours de morale non confessionnelle et du cours de religion et de morale

confessionnelle construiront leurs enseignements positivement en évitant la critique des positions

exprimées dans l’autre cours (…) L’école neutre contribue ainsi à développer l’esprit de tolérance et à

préparer les jeunes à leur tâche de futurs citoyens qui, bien que d’appartenance philosophique ou

politique variée, sont appelés à collaborer fraternellement à l’édification d’un monde meilleur15

. Dès

lors, les enfants devront parfois être divisés pour suivre leur cours philosophique.

Ainsi, les valeurs qui doivent sous-tendre l’école neutre, entendons école organisée par l’Etat, les

provinces, les communes, les associations de communes ou toute personne de droit public, sont les

suivantes :

• fondement : la dignité humaine

• formation des caractères et développement progressif de l’analyse des causes de

nos actions

• respect des institutions nationales

• dévouement au bien commun

• solidarité humaine

• désir de justice sociale

• refus des excès totalitaires

• respect de la liberté

• attachement à l’idéal démocratique

• devoir de responsabilité personnelle et réfléchie dans la vie intellectuelle et

sociale

En outre, le principe de neutralité fait l’objet de différents textes de loi ; à l’article 24 de la

Constitution, le législateur a ajouté le Décret du 31 mars 1994 définissant la neutralité de

l’enseignement de la Communauté française16

et celui du 17 décembre 2003 organisant la neutralité

inhérente à l’enseignement officiel subventionné et portant diverses mesures en matière

d’enseignement17

.

Le Pacte scolaire adopte donc une double vision de l’école : les écoles officielles et les écoles libres

d’une part ; les écoles confessionnelles et les écoles non-confessionnelles d’autre part18

. On peut

résumer comme suit :

15

Le Pacte scolaire, op.cit., « La notion de neutralité » ; nous renvoyons également le lecteur sur le site du

Centre d’action laïque http://www.ulb.ac.be/cal/mouvement/cal/cal.html. 16

Moniteur belge, 18 juin 1994. 17

Moniteur belge, 27 août 2004. Ajoutons à cela deux arrêtés du Gouvernement de la Communauté du 16 juin

2004 fixant le modèle de l’adhésion d’un pouvoir organisateur à la neutralité de l’enseignement organisé par la

Communauté française (MB 27/08/2004) et subventionné par la communauté française (MB 27/08/2004). La

Circulaire 2198 du 18 février 2008 traite également de la neutralité dans l’enseignement pour les

établissements organisés par la Communauté française. 18

Pour des précisions sur les réseaux, voir RM. Braeken, op.cit.

Les analyses de la FAPEO : « Ecole et religion : liaison dangereuse » 11

COMMUNAUTE FRANCAISE

Enseignement officiel Enseignement libre

Communauté française

Enseignement officiel

subventionné

Enseignement libre subventionné

Enseignement libre non

subventionné

Confessionnel Non

confessionnel Les diplômes de ces écoles ne sont pas reconnus !

P.O. (pouvoir organisateur

Communauté française

Communes, provinces, Région de Bruxelles-Capitale

Associations, diocèses…

Associations

Fédérations de P.O.

- CECP (primaire)

CPEONS (secondaire et supérieur)

SEGEC FELSI -

Enseignement organisé et

financé par la C.F.

Enseignement organisé par un pouvoir organisateur et subventionné par la Communauté

française

Enseignement privé non

subventionné

L’Etat quant à lui doit faire en sorte que les parents aient une école qui corresponde à leur choix

située à une distance raisonnable de leur domicile ; dans la négative, l’Etat organisera le transport

des enfants vers ladite école.

La loi du Pacte : un compromis

Le 29 mai 195919

, ce Pacte scolaire servait de fondement à une nouvelle loi où, encore une fois, un

compromis était fait entre les différentes autorités de l’enseignement ; le Pacte lui-même constituait

déjà une transaction conclue entre les partisans d’un enseignement officiel neutre d’une part, les

partisans d’un enseignement libre confessionnel d’autre part. Les deux parties en présence ont dû

abandonner des positions défendues depuis plus d’un siècle. L’une ne conteste plus que l’Etat a le

droit, et même le devoir, de créer des écoles neutres partout où la nécessité se fait sentir, et ce pour

tous les secteurs de l’enseignement. L’autre a été tout aussi unanime à admettre que l’Etat doit

consentir un effort financier, non seulement en faveur de son propre enseignement, mais aussi en

faveur de l’enseignement libre, et ce pour tous les secteurs de celui-ci également20

. Tout parent aura

la possibilité de choisir l’école de son enfant, qu’elle soit confessionnelle ou non, les deux étant

désormais reconnues21

.

Cependant, on peut percevoir la concrétisation du Pacte scolaire comme un recul de la

laïcité puisque dans les écoles officielles, le cours de morale laïque était auparavant suivi par tous les

enfants en même temps et sans cours de religion aucun : les classes furent divisées, et les matières

les plus porteuses de sens et de débat furent dorénavant enseignées différemment et séparément aux

enfants, selon l’appartenance philosophique ou religieuse de leurs parents. C’est ainsi que, du jour au

lendemain, dans l’enseignement officiel, le principe du libre examen fut remplacé par celui de la

prédestination22

.

19

Moniteur belge, 19 juin 1959. 20

Sénat, Rapport fait au nom de la Commission de l’Instruction publique, document 181, n° 2, session 1958-

1959, séance du 19 mai 1959, p 2. 21

La question des réseaux in Pacte scolaire, op.cit., art. 2. 22

P. Spehl, « La réforme des cours philosophiques » in Espace de liberté, CAL, juin 2000.

Les analyses de la FAPEO : « Ecole et religion : liaison dangereuse » 12

Paroles citoyennes

Quels que pacifiants qu’aient voulu être le Pacte scolaire et ses applications, la question s’ouvre

néanmoins sur de nouvelles polémiques : l’enseignement officiel se doit de proposer aux parents des

cours de diverses religions ou des cours de morale ; l’enseignement libre quant à lui proposera aux

parents des cours de religion catholique pour la plupart, mais aussi des cours de l’une ou l’autre

religion exclusivement, ces divers types d’écoles étant regroupées sous l’étiquette « enseignement

libre » et gérée par le Secrétariat général de l’enseignement catholique.

Un propos de l’Enseignement catholique

Celui-ci considère le cours de religion (catholique dans le cas présent) comme un Cours carrefour, à la

croisée de deux institutions, l'école et l'Eglise, le cours de religion souscrit aux exigences des autres

cours et assume pleinement son statut particulier (…) : le cours est en effet lié à l’Eglise (il participe à

sa mission d’enseignement et ses professeurs reçoivent un mandat de l’autorité ecclésiastique) et à

l’Etat (missions assignées à l’école par l’Etat dans le fameux décret « Missions » de 1997). Le cours de

religion s'inscrit comme les autres disciplines scolaires dans le processus d'instruction, d'éducation et

de formation de l'école. Et, parce qu'il se donne à l'école, le cours de religion est appelé à rencontrer,

comme les autres disciplines et en lien avec elles, les missions assignées à l'école, dans leur double

aspect de développement personnel et social. Par l'acquisition de savoirs et de compétences, il élargit

le champ des représentations et le sens critique. Il invite à conjuguer raison et convictions.23

Le cours

de religion est ainsi perçu comme un moyen pour l’élève de développer sa dimension spirituelle,

outre le fait que l’enseignement du christianisme est une clef pour comprendre historiquement notre

civilisation occidentale. L’Enseignement catholique va donc parler de « pluralisme situé »24

: l’élève

doit être enraciné dans la culture chrétienne pour s’ouvrir aux autres (cultures). C’est ainsi que notre

société plurielle est perçue comme un moyen d’entrer en contact avec d’autres cultures ; Il arrive

toutefois que le caractère diversifié s'estompe au profit d'une tradition majoritaire autre que

chrétienne, musulmane, le plus souvent. Situation qui peut s'avérer inconfortable pour le professeur,

non par l'appartenance personnelle des élèves à l'islam, mais par l'effet de groupe qui le met, lui, en

position minoritaire. Mais, dans la mesure où le contrat de confiance entre l'école (et le cours de

religion) et l'élève est respecté (qu'il s'agisse d'ailleurs d'élèves musulmans ou d'autres élèves), dans

la mesure où le programme de religion, par la démarche qu'il propose, distingue clairement les

registres de la foi (ou de la conviction) et ceux du savoir, les éléments fondant la légitimité d'un cours

confessionnel en milieu pluriel sont valables pour le cas particulier des classes à forte présence

musulmane25

. N’est-ce pas paradoxal quand on exige par ailleurs du professeur qu’il présente

correctement les ressources de la foi chrétienne ? Cependant, appartient-il à l’école de développer

cette spiritualité ? Dans l’affirmative, quels sont les outils que l’élève doit avoir à sa disposition ?

Selon les réponses, les réseaux d’enseignement se dessinent.

23

Secrétariat général de l’Enseignement catholique, Le cours de religion dans l’enseignement secondaire

catholique, juin 2006 sur

http://www.catholique.be/Documents/Fesec/Secteurs/religion/groupe_sens4%202006.pdf 24

Secrétariat général de l’Enseignement catholique, ibid. 25

Id.

Les analyses de la FAPEO : « Ecole et religion : liaison dangereuse » 13

Un autre de l’Enseignement officiel

L’enseignement officiel quant à lui s’ancrera dans les principes de neutralité, comme il a été

mentionné ci-dessus. Le 13 juillet 199826

, un décret organise les cours philosophiques27

dans

l’enseignement fondamental, mais pose certains problèmes de réalisation concrète. En effet,

Lorsqu'un élève est amené à suivre un cours de morale ou de religion moins suivi qui n'est pas donné

simultanément avec le cours le plus suivi, il ne peut être soustrait de son groupe classe qu'au moment

des travaux dirigés visés à l'article 2, 22°, et ceux-ci ne peuvent comprendre aucune acquisition

nouvelle dans les savoirs et compétences visés à l'article 16, § 3, du décret du 24 juillet 1997 précité28

.

Cette façon d’organiser les cours perturbe très certainement la qualité de l’enseignement dans son

ensemble puisque certains élèves peuvent être détachés de leur classe et intégré dans un nouveau

groupe avec des aînés, ce qui peut être un motif pour les parents de renoncer à leur choix pour éviter

cette organisation. Les enseignants quant à eux ne peuvent pas voir de la nouvelle matière si leur

classe n’est pas au complet, ce qui risque d’arriver plus d’une fois par semaine. Et pourtant, le Pacte

scolaire oblige les écoles à organiser les cours philosophiques, ce qui implique que les enfants soient

séparés suite au choix des parents…

Le Ministre-Président de l’époque, Hervé Hasquin, avait lui proposé que les cours philosophiques

soient remplacés en 5e et 6

e années du secondaire par des cours de philosophie et d’étude comparée

des religions. Ne faudrait-il pas activer cette proposition dans les autres années, remédiant ainsi au

fait que nos enfants belges sortent de l’école sans culture philosophique ou citoyenne que celles

acquises via des « compétences transversales » ?

En 1999, la FAPEO soulignait des difficultés d’organisation des cours philosophiques dans

l’enseignement fondamental : certaines classes étaient créées en fonction des cours philosophiques,

on y a déjà fait allusion plus haut, ce qui tendait à une ghettoïsation, contradictoire avec les principes

de l’école publique. De même, certains cours philosophiques s’organisaient durant d’autres heures

de cours ou certains chefs d’établissement décourageaient les parents de choisir tel cours

minoritaire ce qui porte préjudice aux parents comme aux enfants. Examinant cette situation avec

plus de distance, un cours unique semblerait judicieux : un cours portant sur la philosophie, la

morale, le savoir vivre, la démocratie, la Constitution et les éléments pratiques du droit. Si les cours

de religion devraient être organisés obligatoirement par les écoles, ils seraient facultatifs pour les

élèves qui pourraient donc choisir de développer l’un ou l’autre aspect spirituel, tout en restant

inscrits dans le service public29

. Bien plus, l’article 24 de la Constitution ne dit rien sur le caractère

obligatoire des cours philosophiques, elle n’empêche donc pas non plus de les rendre facultatifs.

C’est également l’avis de la FELSI (Fédération des établissements libres subventionnés indépendants)

qui rejette les explications dogmatiques et de l’irrationnel. Dans ce réseau, Certaines écoles

n’organisent que le cours de morale, ce qui favorise la cohésion du groupe social « classe » et permet

la confrontation d’opinions diversifiées au sein d’un même groupe, confrontation qui me paraît plus

riche que l’éclatement de la classe en fonction des appartenances philosophique. D’autres écoles,

26

http://www.cdadoc.cfwb.be/cdadocrep/pdf/1998/19980713s22229.pdf 27

On parle bien de cours philosophiques (morale ou religions reconnues en Belgique) et non de philosophie en

tant que telle. 28

Décret portant organisation de l'enseignement maternel et primaire

ordinaire et modifiant la réglementation de l'enseignement in

http://www.cdadoc.cfwb.be/cdadocrep/pdf/1998/19980713s22229.pdf, art. 39. 29

FAPEO, Point de vue et proposition des parents d’élèves (intervention de P. Spehl), Assemblée générale du 20

novembre 1999.

Les analyses de la FAPEO : « Ecole et religion : liaison dangereuse » 14

soucieuses de pluralisme, font passer tous les élèves du cycle supérieur des humanités par les divers

cours. Le réseau organise aussi des cours en présence de deux professeurs à la fois où les échanges

sont enrichis par la connaissance que chacun a des convictions de tous, tout en les confrontant aux

siennes30

. D’autres écoles de ce réseau s’organisent de la façon plus classique de la Communauté

française.

Si l’enseignement officiel met aussi en avant les principes de laïcité que sont l’humanisme, la liberté

de conscience, le pluralisme, l’ouverture et la démocratie comme valeurs citoyennes, La laïcité

n’exclut pas de désigner cette relation entre la conscience de l’homme et son univers par un symbole,

de lui donner une dimension poétique, de croire en un fondateur mystérieux et d’en pratiquer le culte,

dès lors qu’est reconnue et garantie à chacun la liberté de faire un tel choix et d’y renoncer, à l’abri de

toute contrainte ou conditionnement. La laïcité n’est pas antireligieuse. Elle est par essence

pluraliste, puisqu’elle revendique la libre pensée, mais dans la séparation du spirituel et du temporel,

chaque religion ou philosophique ayant la liberté de proposer, sans avoir le pouvoir d’imposer31

.

L’enseignement catholique quant à lui est peut-être ouvert aux autres cultures, mais n’en enseigne

pas moins exclusivement et obligatoirement la seule religion catholique aux enfants. Si

l’enseignement officiel donne aux parents le choix entre religion ou morale, on peut tout de même

se demander si son rôle est donc de forcer les parents à choisir entre présence ou absence de

religion.

Une proposition pourrait rendre obligatoire la formation des enfants aux points communs

(connaissance comparative des diverses religions32

, fondements de nos valeurs communes,

humanisme, liberté de conscience, pluralisme, ouverture, démocratie, Constitution, éléments

pratiques de droits) et facultative ce qui rend les enfants différents soit le choix de suivre un cours de

telle ou telle religion, perçue comme représentation spirituelle de la vie, propre à chacun, dans son

foyer. Le système actuel met l’accent sur ce qui divise (les religions) plutôt que sur ce qui est

commun (la citoyenneté notamment, la connaissance objective de ce qui divise…) ; une réforme

devrait inverser cette tendance. En effet, Il y a plusieurs métaphysiques, mais il n’y a qu’une seule

morale : la morale des droits de l’homme. La morale n’est pas affaire d’opinion ; elle se fonde sur le

simple fait du dialogue, plus précisément sur le fait que tout homme, dans le dialogue, reconnaisse

son interlocuteur comme étant en droit son égal33

.

Cependant, peut-on considérer que « ce qui unit » unit réellement ? N’y-a-t- qu’une seule morale ?

Est-ce que les valeurs laïques et humanistes sont un point commun à tous ? Notre société change,

mais le point commun reste que La vie ensemble, dans une même démocratie, ne peut se dérouler

harmonieusement sans des valeurs et des lois communes, sans connaître les points de vue des autres,

leur philosophie et leur manière de penser, sans être capable d’examiner et de penser librement. (…)

De la connaissance peut naître la compréhension, l’élévation de l’esprit et le respect des convictions

de chacun. Le rôle éducatif de l’école officielle dans ce domaine est essentiel, il est insuffisamment

développé34

. En bref, notre époque gagnerait sans doute à viser un apprentissage pluriel plutôt que

de valoriser une seule croyance quelle qu’elle soit.

30

M. Le Boucher, Philosophie et cours philosophiques, sd., sl. 31

P. Spehl, « La réforme des cours philosophiques », op. cit. 32

Les Facultés universitaires ND de la Paix à Namur ont familiarisé 350 enseignants avec le créationnisme et les

principes fondamentaux de l’islam. La meilleure ligne de défense consiste à bien édicter que l’approche

scientifique du monde appartient au domaine de la connaissance, tandis que la vision religieuse relève de la

croyance. Les enseignants doivent s’abstenir d’entrer dans tout débat où ces deux conceptions entrent en jeu.

Qu’est-ce à dire ? in S. Ghali, « Comment l’Islam gangrène l’école » in Le Vif-L’express, sept. 2008, p. 35. 33

M. Conche, Confession d’un philosophe, Albin Michel, 2003, p. 270 34

Ibid.

Les analyses de la FAPEO : « Ecole et religion : liaison dangereuse » 15

Le port des signes extérieurs

La question de la présence ou non de tel cours de religion ou de tel autre dans les programmes

scolaires n’est pas encore résolue qu’elle fait immanquablement penser aux polémiques qui

surviennent quand on s’interroge sur le port des signes religieux à l’école : combien de lignes ont été

écrites sur le port du voile ? Sur la viande halal dans les cantines ?

La responsabilité des chefs d’établissement ?

En septembre 2007, la Ministre-Présidente de la Communauté française, Marie Arena, donnait raison

à deux Règlements d’écoles carolorégiennes qui interdisaient en leur sein le port du voile35

. L’un des

Directeurs a souligné le contexte général de cette interdiction : il s’agissait de renforcer les règles de

l’école suite à plusieurs faits violents dans l’école, des élèves d’origine européenne disaient ressentir

une dominance sur eux de la part des élèves d’origine musulmane. Le phénomène peut être subjectif

mais il demande que l’école demande le respect des convictions de chacun36

.

Le voile est-il un signe fort d’appartenance ? Est-il agressif car fort visible ? Risque-t-il de perturber le

déroulement des cours (cours d’éducation physique ou de sciences) ? Est-ce un signe de retour en

arrière d’une culture dont des femmes se sont battues pour leur liberté ? N’y a-t-il pas de risque que

les jeunes filles qui portent le voile soient exclues de la scolarité ? N’y a-t-il pas de contradiction entre

le fait d’enseigner une religion et d’interdire les signes qui la manifestent ?

Cependant, pour n’aborder que le domaine de l’école publique, on peut considérer que si elle est

publique et répond donc aux valeurs d’humanisme, de respect de l’autre…, elle n’est pas pour autant

une « place publique » où chacun peut s’exprimer comme il le souhaite ; l’école a ses règles et elle

inculque avant tout les instruments intellectuels nécessaires pour apprendre à se forger une opinion

qui pourra être exprimée comme il faut et quand il faut pour être mieux entendue. Si chaque jeune

possède des avis et des convictions personnels, chacun a aussi besoin de recevoir les outils pour les

discuter, sans laisser interférer les impressions, les passions ou les sentiments.

C’est qu’en Belgique, la lourde responsabilité d’autoriser ou d’interdire le port de signes

d’appartenance religieuse à l’école37

relève du ROI (Règlement d’ordre intérieur) et surtout pèse sur

les épaules du chef d’établissement38

, qui parfois se réfugie dans un détournement du Conseil de

participation pour interdire ce signe religieux, alors que ce n’est absolument pas le rôle de cet

organe39

. Quant à elle, La FAPEO considère que le chef d’établissement ne peut être confronté seul à

la question de prendre ou non une mesure d’interdiction des tenues manifestant une appartenance

35

http://www.espace-citoyen.be/site/index.php?EsId=1&Module=mod-produit&Indice=1-28-1 36

Ibid. 37

Voir aussi pour réflexion « Contre l’interdiction du foulard » et « Pour l’interdiction du foulard » in Le Soir, 12

décembre 2003. 38

Le Minsitre C. Dupont de déclarer par rapport à l’absentéisme dû aux fêtes religieuses : La fête de l’Aïd n’est

pas un jour férié. Néanmoins, nous faisons confiance aux chefs d’établissement pour gérer au mieux cette

journée en fonction de leur population scolaire et avec tout le bon sens qui s’impose. Oui, mais si les chefs

d’établissements souhaitaient le soutien de leur hiérarchie justement ? (H. Dorzée, « L’école ou le calendrier

musulman » in Le Soir, 5 décembre 2008). 39

Ph. Shwarzenberger « Le Port du voile à l’école » in Trialogue 33, FAPEO, 2004.

Les analyses de la FAPEO : « Ecole et religion : liaison dangereuse » 16

religieuse. Cette question n’est certainement pas du ressort du Conseil de participation de l’école. Il

appartient à la Communauté française d’assumer ses responsabilités en tant que garant de la

neutralité des écoles officielles et de l’intérêt général de tous les élèves40

.

…ou la responsabilité de l’Etat ?

D’ailleurs la France a réglé le sujet : les signes religieux sont interdits dans toutes les écoles

publiques. Plus précisément, le Gouvernement français (J. Chirac) a mis sur pied une commission

chargée d’étudier les rapports entre le foulard islamique et la laïcité de l’Etat : c’était la commission

Stasi (du nom de l’ancien Ministre B. Stasi).

Le rapport fait état d’une résurgence du sexisme à l’égard de jeunes femmes soumises à une grande

pression pour baisser les yeux ou porter des tenues asexuées, mais ne nie cependant pas que le

foulard puisse aussi être porté de plein gré, même si cette pratique peut être sujette à toutes sortes

de réactions. Le 15 mars 2003, suite à ce rapport, une loi est votée qui interdit, dans le respect

de la liberté de conscience et du caractère propre des établissements privés sous contrat,

dans les écoles, collèges et lycées, les tenues et les signes manifestes à une

appartenance religieuse ou politique. Les tenues et signes religieux interdits sont des

signes ostensibles, tels que grande croix, voile ou kippa. Ne sont pas regardés comme

des signes manifestes d’une appartenance religieuse les signes discrets que sont par

exemple médailles, petites croix, étoiles de David, mains de Fatima, ou petits Coran.

Jacques Chirac quant à lui souligne que la laïcité n’est pas un droit, mais un devoir41. Les

commentateurs du rapport précisent également la notion de « signe ostensible » comme

un signe qui marquerait la volonté de se démarquer des autres ou comme une

démonstration sollicitante, un acte implicite de prosélytisme42. Il faudra sans doute une

bonne dose d’études sémantiques pour décortiquer cette nouvelle loi.

En Communauté française, on oscille timidement entre le droit à la liberté d’expression des élèves et

l’interdiction pour les professeurs d’heurter les convictions religieuses, entre l’interdiction de faire du

militantisme à l’école, mais le droit de recevoir une ouverture à ces convictions philosophiques. Cela

reste très difficile de statuer sur le « foulard », car les raisons de le porter sont multiples. Il faut quand

même rappeler que le port du voile n’est pas un prescrit religieux. Il y a certainement des cas où il

s’agit d’une marque d’aliénation de la femme, mais toutes les jeunes filles qui portent le foulard ne

sont pas nécessairement des victimes et encore moins des intégristes qui cherchent à faire du

prosélytisme. Le voile permet aux filles de sortir et d’aller à l’école43

. En 2008, 75 % des écoles de la

Communauté française interdisent le voile ; à Bruxelles, seules deux écoles officielles et une école du

réseau libre tolèrent le foulard44

.

40

M. Gailly, « Voile : la Communauté té française doit prendre ses responsabilités », in Le Soir, 17 décembre

2003. 41

N. Mohammadi, « Analyse sociologique concernant le foulard islamique » en France sur

http://www.flwi.ugent.be/cie/CIE2/mohammadi2.htm#8. 42

J. Meskens, « La République contre l’ostensible » in Le Soir, 12 décembre 2003. 43

E. Delruelle in http://www.espace-citoyen.be/site/index.php?EsId=1&Module=mod-produit&Indice=1-28-1 44

S. Ghali, « Comment l’Islam gangrène l’école » in Le Vif-L’express, sept. 2008, p. 30 sq.

Les analyses de la FAPEO : « Ecole et religion : liaison dangereuse » 17

Cette même année, un titre, « Comment l’Islam menace l’école »45

, a suscité des réactions vives46

.

C’est que les questions se posent toujours et les politiques restent frileux sur le sujet : comment

gérer la question du porc ou de la viande halal dans les cantines, celles des cours d’éducation

physique refusés ou des cours de biologie contestés, celle des prières rituelles ou celle du jeûne du

ramadan ? Et les fêtes religieuses ? On a congé à Noël, non ? Pourquoi pas à Aïd al-Fitr ou au Yom

Kippour47

? Le jour de l’Aïd, par exemple, le taux d’absentéisme scolaire atteint parfois les 80 % dans

certaines écoles48

. L’article référé en début de paragraphe met le doigt sur les attitudes de

pratiquants de la religion musulmane qui posent problème dans l’organisation des cours49

. Une fois

encore, les équipes éducatives se sentent souvent démunies devant ces questions, en l’absence de

fondement légal clair ou de stratégie globale. Un Directeur propose aux parents de signer une charte

dès l’inscription à l’école : Elle affirme le caractère laïque de l’école, exige la pratique des exercices

sportifs et de la natation pour tous, rappelle que le repas chaud est un service offert et pas un dû…50

En France, à Lyon, les écoliers peuvent choisir leur menu avec ou sans viande. Dans certains endroits,

jusqu’à 40 % des élèves choisissent ce menu, preuve de l’expression de nouvelles aspirations

alimentaires (…) Si la solution n’est pas religieuse (…) elle n’est pas étrangère à la multiplication des

demandes d’ordres religieux ou sociétal (…) Confrontées au problème, de plus en plus de communes

se posent la question de répondre aux attentes des familles ou d’affirmer le caractère purement laïc

du service public de la restauration scolaire (…) Le fait que les mouvements de défense des valeurs de

la laïcité aient apporté leur caution au menu sans viande a permis que les choses se passent en

douceur (…) De même, pour le grand rabbin de Lyon Richard Wertenschlag, si l’école publique n’a pas

à se plier aux contraintes religieuses, cette mesure peut aider certaines familles qui souhaitent

manger cacher, quand bien même les critères de la cacheroute sont bien plus exigeants en matière

alimentaire que de ne pas manger de viande. Pour lui aussi, l’essentiel est dans la méthode adoptée,

révélatrice d’une laïcité intelligente51

.

Conclusions

Qui de l’Eglise ou de l’Etat a en charge l’éducation du peuple ? A travers l’histoire, la question a fait

l’objet de nombreuses luttes entre les parties désireuses d’y répondre et la situation actuelle de la

Communauté française quant aux liens entre le religieux et l’école en découle.

Au 19e siècle, on considère que l’enseignement est lié à l’éthique et donc à la religion, la majorité du

pays étant catholique, mais on est encore influencé par l’idée que l’Etat doit contribuer à éduquer la

société civile, influencé par la Révolution française. La Constitution belge fait donc un premier

compromis : l’Etat n’a pas le monopole de l’enseignement et deux types d’enseignements sont

organisés, l’un par l’Etat, l’autre par le clergé, assurant ainsi aux parents le libre choix de l’école de

45

Op. cit. 46

Mouvement contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie, Le MRAX saisit l’Association des journalistes

professionnels (communiqué de presse), 4 septembre 2008. 47

C’est en tout cas une proposition du rapport Stasi en France. Voir J. Meskens, op.cit. 48

H. Dorzée, op. cit. 49

Pour réflexion, voir MRAX, Communiqué de presse du 4 septembre 2008 où le mouvement s’indigne des

propos tenus qui alimentent l’islamophobie de notre société. 50

Op. cit., p. 34. 51

B. Tosseri, « Les écoliers lyonnais peuvent choisir le menu sans viande » in www.la-croix.com, 16 décembre

2008.

Les analyses de la FAPEO : « Ecole et religion : liaison dangereuse » 18

leurs enfants. Cependant, une nouvelle loi introduit la notion d’école « adoptée », une commune

pouvant adopter une école libre catholique de son territoire afin de répondre aux exigences de la loi

obligeant chaque commune à organiser l’enseignement fondamental sur son territoire. La forte

influence du clergé va vite s’estomper devant l’éclosion d’un nouveau parti libéral et la généralisation

de la morale en 1879. Les catholiques contre-attaquent en obtenant des financements de l’Etat.

Après la guerre scolaire, après les guerres tout court, les décideurs ont à cœur de pacifier le pays et

l’on met sur pied d’égalité la morale non-confessionnelle et la religion. S’en suit une nouvelle guerre

des subsides. Les décideurs en arrivent à souligner que l’Etat doit créer des écoles là où le besoin

s’en fait sentir pour assurer le libre choix des parents. Les catholiques n’apprécient pas.

Ces éléments illustrent la double guerre scolaire qui se terminera ( ?) par l’élaboration du Pacte

scolaire en 1959. A ce moment, les écoles catholiques continuent de donner leur cours de religion

catholique et les écoles de l’Etat organisent des cours de morale et de religion à raison de 2h. par

semaine au libre choix des parents ; si le principe de neutralité est largement souligné, on peut tout

de même se demander si ces dispositions ne sont pas plutôt un recul de la laïcité dans la mesure où

elles considèrent d’abord ce qui divise – les différences dans les pratiques religieuses, les enfants

étant séparés pour suivre le cours choisi, plutôt que ce qui unit, considérant que la morale est

commune à chaque citoyen. C’est dans ce sens qu’ira la proposition d’H. Hasquin de donner dans le

dernier degré de l’enseignement secondaire des cours de philosophie et d’étude comparée des

religions. La FAPEO quant à elle ira plus loin prônant un cours unique portant sur la philosophie, la

morale, le savoir vivre, la démocratie, la Constitution et les éléments pratiques du droit. Le cours

unique serait obligatoire et les cours de religions devraient être organisés, mais rester facultatifs. De

cette façon, les parents ne sont pas forcés de choisir entre une scolarité avec ou sans religion.

Dans la même optique, revient la question du port des signes visibles d’appartenance à une religion.

Ont-ils ou non leur place à l’école ? L’école si elle est publique ne doit pas être une tribune publique

où chacun peut s’exprimer, en dépit des règles. En Communauté française, à la différence de la

France, aucune loi n’existe pour répondre à cette question et ce sont donc les chefs d’établissement

et les équipes éducatives qui doivent trancher dans des situations parfois fort difficiles où ils

souhaiteraient un soutien de leur hiérarchie.

Nous titrions notre propos en nous interrogeant : école et religion, liaison dangereuse ? Au vu de ces

quelques réflexions, on peut au moins considérer que les deux domaines mis ensemble font souvent

des étincelles. Aujourd’hui encore, l’enseignement catholique et l’enseignement officiel ont parfois

des difficultés à s’entendre. Dans un premier temps, on peut dire que la présence de la religion à

l’école, que ce soit dans le réseau libre ou dans le réseau officiel, est une chose ; organiser les

manifestations quotidiennes de cette religion52

, sans porter préjudice à l’enseignement, en est une

autre. Dans un second temps demeure la question du dénominateur commun : la religion catholique

pour les uns, la morale citoyenne pour les autres. Notre société étant pluraliste dans ses croyances

et dans ses pratiques, n’est-il pas inapproprié, voire dangereux, de former de futurs citoyens de cette

même société à fonctionner selon une et une seule référence qui plus est dogmatique ?

52

Profitons de l’occasion pour rappeler la question des rythmes scolaires : en effet, le calendrier scolaire, y

compris dans l’enseignement officiel, est organisé autour des fêtes religieuses catholiques et l’origine de cette

prépondérance accordée à cette religion dans cette organisation est certainement historique. Cependant, ne

serait-il pas judicieux de rebondir sur les contours de notre société pour dresser les congés en fonction des

rythmes biologiques des enfants, un point commun entre eux d’ailleurs ?

Les analyses de la FAPEO : « Ecole et religion : liaison dangereuse » 19

Les analyses de la FAPEO : « Ecole et religion : liaison dangereuse » 20

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Les analyses de la FAPEO : « Ecole et religion : liaison dangereuse » 21