Libertés - Décembre 2008

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Libertes! DÉPOT À BRUXELLES X BELGIQUE- BELGIE PP 1/2345 BXL X Ne paraît pas aux mois de juillet-août. 9, rue Berckmans 1060 Bruxelles 10 DÉCEMBRE LA DUDH A 60 ANS ARNO FÊTE ÇA ! SOUS-MUNITIONS LA TRAGÉDIE DU LAOS BILAN 2008 AMNESTY NOUS EST CONTÉ DÉCEMBRE 2008 – N°449 – LE MENSUEL D’AMNESTY INTERNATIONAL

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Bilan 2008 : Amnesty nous est conté A lire aussi, la tragédie des armes à sous-munitions au Laos et la “culture de la torture” en Mauritanie. Les 3 Lettres du Mois sont consacrees au Sri Lanka, au Turkménistan et aux Territoires occupés palestiniens, a trouver egalement sur http://www.isavelives.be/leslettresdumois

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BXL X

Ne paraît pas auxmois de juillet-août.

9, rue Berckmans1060 Bruxelles

10 DÉCEMBRELA DUDH A 60 ANSARNO FÊTE ÇA !

SOUS-MUNITIONSLA TRAGÉDIEDU LAOS

BILAN 2008AMNESTY NOUS EST CONTÉ

DÉCEMBRE 2008 – N°449 – LE MENSUEL D’AMNESTY INTERNATIONAL

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ACTUEL■ Bombes à sous-munitions : Fragments de lâcheté■ Paroles : Mauritanie : «Ma soeur était enceinte

de trois mois et a perdu son bébé»■ Insolites-Brèves

DOSSIERBilan 2008 : Amnesty nous est conté■ Persévérer pour ne pas oublier■ L’olympisme au défi des droits humains■ Le «supermarché des actions»■ Un coup de pouce à la justice internationale■ Guerre contre le terrorisme■ Congo : Réagir contre le chaos■ Amnesty prépare le relève

MOUVEMENT■ C’était votre tournée■ Dix jours de Libertés

ISAVELIVES.BE■ Lettres du mois : Sri Lanka, Turkménistan et

Israël / Territoires occupés palestiniens■ Bonnes nouvelles

CULTURE/AGENDA■ L’impossible retour■ Bienvenue, si on le vaut bien■ Des pépins dans la Grande Pomme

É D I T O R I A L

S O M M A I R E

Libertés! • Rue Berckmans, 9 – 1060 Bruxelles • Tél : 02 538 81 77 Fax : 02 537 37 29 • [email protected] • www.libertes.be • Éditrice responsable: Chris-tine Bika • Rédacteur en chef: Pascal Fenaux • Comité de rédaction: Bruno Brioni, Thandiwe Cattier, Véronique Druant, Samuel Grumiau, Anne Lowyck,Brian May, Suzanne Welles • Ont collaboré à ce numéro : Gilles Bechet • Iconographie: Brian May • Maquette: RIF • Mise en page: GherthrudeSchiffon • Impression : Remy Roto • Couverture: River Rocks Park, Seventeen Mile Rocks, Brisbane, Australie, octobre 2005. © Stefan Jannides

CHANGEMENT D’ADRESSE – ATTESTATION FISCALE – MODIFICATION, ANNULATION OU NOUVELLE COTISATION DE

MEMBRE/DONATEUR(TRICE)Madame Michele Ligot : [email protected]

je change d’adresse (inscrire uniquement la nouvelle adresse)Nom: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Prénom: . . . . . . . . . . N° de membre: . . . . . . .Adresse: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . N° . . . . . bte . . . . . . . . . .Code postal: . . . . . Localité: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Tél (obligatoire): . . . . . . . . . . . . . . . E-mail: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Oui, j'adhère aux objectifs d'Amnesty et souhaite devenir membre

Je répartis le montant de : ma cotisation de mon abonnement sur toutel’année en complétant ce coupon et en le renvoyant à Amnesty International, 9 rue Berck-mans à 1060 Bruxelles. Tout montant qui dépassera 14,87 e (prix de la cotisation oude l'abonnement), sera considéré comme un «don», et par là-même jouira de la déduc-tibilité fiscale pour autant que ce supplément soit de 30 e ou plus.Je verse tous les mois, au départ de mon compte n° . . . . . . . . . . – . . . . . . . . . . . . . . lasomme de : 2,5 e 5 e . . . . . . . . e (toute autre somme de mon choix)au profit du compte 001-2000070-06 de Amnesty International à partir du . . . . . . .. . . et jusqu’à nouvel ordre. Je conserve le droit d’annuler ou de modifier cet ordreà tout moment. ou je verse en une fois le mandat de . . . . . . . . . . . . . . au compte 001-2000070-06Nom: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Prénom: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Date de naissance: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Adresse: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . N° . . . . . . . . bte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Code postal: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Localité: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Tél (obligatoire): . . . . . . . . . . . . . . . . E-mail: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Profession: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Date: . . . . . . . . Signature:

Ne rien inscrire dans cette case s.v.p. (réservé à l'organisme bancaire)

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Le 26 novembre, Bombay, capitale économique de l’Inde,était le théâtre de plusieurs attaques de commandos armés,d’affrontements et de prises d’otages. Au moment de mettre

ce numéro de Libertés ! sous presse, le bilan humain était de plus de150 personnes tuées. Les circonstances de cette flambée de violencerestent à ce jour extrêmement confuses, tandis que l’identité desassaillants et des commanditaires laisse songeur. Un communiquérevendiquant la responsabilité des attaques a été diffusé par lesMoudjahiddines du Deccan (nom indien du plateau qui couvre lesud de l’Inde), mais les spécialistes des islamismes radicaux, desrenseignements et du sous-continent indien se montrent pour lemoins perplexes.Les attaques du 26 novembre, pour horribles et criminelles qu’ellessoient, n’en surviennent pas moins dans un contexte intérieurvolatil. Outre des inégalités sociales criantes qui jettent une ombresur un miracle économique réel, la vie politique indienne esttravaillée depuis le début des années 90 par l’activisme antimu-

sulman de plusieurs formations ultranationalistes hindoues, dontcertaines sont regroupées au sein du Bharatiya Janata Party (BJP, Partidu Peuple indien). Vu la récurrence des attentats commis cesdernières années en Inde (ainsi qu’au Cachemire) et attribués à desgroupuscules islamistes, il est probable que le BJP ou d’autrespartis politiques antimusulmans aient le vent en poupe lors desprochaines élections législatives (prévues au printemps 2009).L’Inde et le Pakistan ne se sont jamais vraiment remis de la parti-tion violente (1) qui, en 1947, a donné naissance à ces deux Étatsjumeaux, au prix d’un million de morts, de la fuite de 7 200 000musulmans vers le Pakistan et d’un nombre équivalent d’hin-dous et de sikhs vers l’Inde. Aujourd’hui, l’Inde compte toujoursune population musulmane de 142 millions d’âmes. Cette mino-rité (14 %) est fortement présente à Bombay, ainsi que dans l’Étatvoisin du Gujarat, là où, en 2002, plus de 2 000 musulmans furenttués lors de violences plus que probablement provoquées par desmembres du BJP, au pouvoir dans cet État). Six ans après les faits,aucune véritable enquête n’a été menée et plus de 5 000 famillesdéplacées vivent toujours dans des conditions «inhumaines» auGujarat. Les récents événements ne devraient pas arranger leschoses. Or, sans une justice rapide, indépendante et efficace, l’at-mosphère politique de l’Inde risque de devenir suffocante, surtoutà quelques encablures d’élections cruciales. ePascal Fenaux

(1) Voir notre dossier «L’équation pakistanaise», Libertés !, décembre 2007.

MALAISEEN INDE

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Ce père de famille laotien vient de perdre deux de ses enfants, tués par bombes à sous-munitions non explosées. À l’arrière, un cratère qui date des années 70. © Bruno Brioni

Les bombes à sous-munitions peuvent contenirjusqu’à près de 300 petites bombes. Avant l’im-pact, la bombe lâche ces 300 bombes qui sont

censées exploser un peu partout. Cependant, et selon leschiffres d’ONG internationales, de 5 à 30 % des mini-bombes n’explosent pas immédiatement à l’impact ausol. Tout comme les mines anti-personnel, ces munitionssont très actives après les conflits et touchent principa-lement les populations civiles. Après trois années dediscussions, en 1997, le traité d’Ottawa mettait fin à l’uti-lisation des mines anti-personnel responsableségalement de la misère de la population civile. Dix ansaprès, c’est au tour des bombes à sous-munitions.Le 28 mai 2008, un traité a été signé à Dublin pour inter-dire ce type d’armes. À ce jour, le triste record dunombre de bombes semées sur son territoire est détenupar le Laos, la Bosnie, l’Irak, l’Afghanistan et le Liban.Cent onze pays, dont la France et le Royaume-Uni, sontsignataires du nouveau traité. Petit bémol, les plus grosproducteurs d’armes (USA, Chine, Russie, Inde, Pakistanet Israël) ont refusé de le signer. Dans ces conditions,comment se réjouir totalement de la signature d’untraité où les acteurs principaux sont aux abonnésabsents ? Des voix s’accordent à dire qu’à un momentdonné, ces pays non signataires devront dans lapratique s’aligner sur les autres. La pression des payssignataires comme la Grande-Bretagne, qui a un poidssignificatif sur le plan international, sera telle que lors-qu’un des pays non signataires voudra utiliser ce typed’armement, il y réfléchira à deux fois. C’est par cetype de lobbying que cela devrait porter ses fruits..

L’espoir reste vif de voir ce texte inciter les pays nonsignataires à emboîter le pas. L’avenir nous le dira. Reste qu’aujourd’hui, ces bombes tuent encore ettoujours comme au Laos où des enfants prennent cesbombes pour des jouets. Au Liban, depuis deux ans, deséquipes de démineurs des Nations unies nettoient lamacabre cours de récréation des grands enfants aprèsune guerre éclair qui a vu une pluie de bombes venued’Israël s’abattre sur le territoire libanais. On estimequ’un million de petites bombes ont été lâchées parIsraël durant la guerre de 2006 qui opposa l’État juif àla milice libanaise chiite du Hezbollah. Des soldats dela paix y laissent leur vie, comme ce fut le cas cetteannée pour un soldat belge. Depuis 2006, près de 14000bombes non explosées ont été neutralisées par les démi-neurs belges présents au Liban dans le cadre de la Forceintérimaire des Nations unies (1).

DES BOMBES AMÉRICAINES TUENT ENCOREAU LAOSAu sud du Laos, la province de Savannakhet – la pluspeuplée du pays – conserve les vestiges les plus intéres-sants de la fameuse piste Ho Chi Minh (voie deravitaillement utilisée par les forces nord-vietna-miennes pendant la guerre d’Indochine et par la suitedurant la période américaine). Pour la petite histoire, lesbombardiers B-52 décollaient des bases aériennesstationnées en Thaïlande pour bombarder le Viêt-Namdu Nord et le long de la piste Ho Chi Minh. Au retour,les pilotes avaient l’ordre de vider leur chargement surles zones civiles de l’est du Laos près de la piste Ho Chi

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A C T U E L

TCHÉQUIERACISME ANTI-ROMSLors d’un rassemblement dans la ville deLitvinov le 17 novembre, des manifestantsassociés au Parti des travailleurs, mouvementtchèque d’extrême droite, ont scandé desslogans hostiles aux Roms. Selon des articlesde presse, après la manifestation, ils ont tentéde se rendre dans le quartier majoritaire-ment rom de la ville, armés de pierres, depétards et de cocktails Molotov, dans l’inten-tion d’attaquer la communauté rom. e

OUZBÉKISTANPRIX MARTIN ENNALS 2008Le 20 novembre, Moutabar Tadjibaïeva,militante des droits humains en Ouzbé-kistan, a reçu le prix Martin Ennals pour lesdéfenseurs des droits humains 2008. Remiseen liberté le 2 juin 2008, elle a été autoriséeà se rendre à l’étranger et à assister à la céré-monie internationale qui se déroulera àGenève dans le prestigieux musée Ariana.Elle avait été condamnée à une peine de huitannées d’emprisonnement pour avoir ouver-tement critiqué l’attitude du gouvernementlors du massacre d’Andijan, en 2005, dans lecadre duquel des centaines de civils nonarmés ont été blessés et tués. La situation enOuzbékistan fera l’objet d’un Examen pério-dique universel (EPU) du Conseil des Droits del’Homme en décembre. e

NICARAGUAVIOLENCE POLITIQUEAu cours des jours qui ont précédé les élec-tions du 9 novembre, des violencesimpliquant des sympathisants des deux prin-cipaux partis politiques du pays ont secoué lacapitale Managua et d’autres villes. Le18 novembre, des centaines de sympathisantsdu Front sandiniste de Libération nationale(FSLN) et du Parti libéral constitutionnaliste(PLC, opposition) se sont affrontés dans lesrues de Managua, au moyen de bâtons, depierres, de mortiers artisanaux, de fusils et demachettes. De nombreuses personnes, dontune vingtaine de journalistes, ont été blessées.Les affrontements se sont poursuivis après lesélections, dans un climat d’accusations defraudes électorales. e

CONGO KINSHASADESCENTE AUX ENFERSLe 20 novembre, le Conseil de sécurité desNations unies décidait d’autoriser le déploie-ment de 3 000 soldats supplémentaires pourrenforcer les troupes déjà présentes en Répu-blique démocratique du Congo. Cettedécision faisait suite à la reprise des combatsdans l’est de la RDC et l’avancée de la rébel-lion de Laurent Nkunda. Pour AmnestyInternational, «il s’agit d’un premier pas positif,mais la mise en œuvre de cette décision est le seulpoint qui importe vraiment. La population de RDCattend depuis longtemps cette petite lueur d’espoir– elle a besoin de toute urgence de voir ces soldatssur le terrain, pour les protéger des attaques.» Defait, les informations affluent quant à lapoursuite des homicides, des viols et des enlè-vements d’enfants. Le 25 novembre, AIBF amanifesté à Bruxelles en faveur d’une protec-tion internationale des populations civilescongolaises. e

BOMBES À SOUS-MUNITIONS

FRAGMENTS DE LÂCHETÉQuarante ans après la guerre du Viêt-Nam, le Laos subit encore les conséquences de cette guerre quia vu une grande partie de son territoire recouvert de bombes à sous-munitions. On estime que 5 à30% de celles-ci n’ont pas explosé... Un traité vient d’être signé interdisant l’utilisation de ces armes.

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L’INSOLITE

A C T U E L

Minh. Aujourd’hui, le pays détient le triste record dupays à avoir reçu le plus grand nombre de bombespar habitant. Entre 1963 et 1975, 2 millions detonnes de bombes ont été larguées sur le pays dontprès de 30 % n’ont pas explosées.Dans son édition du 23 avril 2008, le Vientiane Timesrelatait une nouvelle triste histoire d’enfants tués parune bombe non explosée dans la région de Savanna-khet. À l’heure de midi, la tranquillité du village dePhonchai s’est brusquement arrêtée. Une explosionvient de retentir près des champs. Le spectacle estapocalyptique : deux enfants sont morts et deuxautres sont grièvement blessés par des éclats d’obus.Les programmes d’information aux risques (assuréspar le gouvernement laotien et par des ONG inter-nationales) sont très ardus, d’autant plus quel’extrême pauvreté amène la population à s’équiperde détecteurs pour aller vendre par la suite lesmétaux déterrés (environ 1500 kips - 0,30e - pour unkilo de métal). Les enfants sont les premièresvictimes selon les statistiques fournies par lesNations unies : plus de 45 % des personnes impli-quées dans la recherche de métal sont des enfantsâgés de moins de 18 ans. De plus ces petites bombess’apparentent à une balle de tennis qui ont étéfatales aux enfants de Phonchai.

Quelques mois après, nous retrouvons dans le villageun père qui a perdu deux de ses enfants dans l’explo-sion. Assis sur une natte dans sa maison en bois surpilotis, il tente avec ses deux derniers enfants,témoins de l’explosion, de nous raconter cet événe-ment. À l’évocation de cette douloureuse matinée,les enfants sont incapables de lâcher le moindremot. Les visages restent fermés, les larmes commen-cent à couler. Plein d’amertume, le père nousaccompagne sur le lieu de l’explosion, à 500 mètresde la maison. Tous les villages de la région garde lesstigmates des bombardements de l’époque.Quarante ans après, les cratères font partie inté-grante du paysage laotien. «Les enfants étaient prèsd’un cratère lorsque l’explosion a eu lieu. Je ne sais pasexactement ce qu’ils faisaient. Arrivé sur place, les éclatsavaient atteint la poitrine, le front, le bassin... C’était commeune scène de guerre. Deux enfants étaient déjà morts et deuxautres allaient mourir sur la route les menant vers l’hôpital.»La haine dans les yeux, le père ajoute : «aujourd’hui,quand j’entends un bruit comme une explosion je pensedirectement que d’autres enfants meurent.»eBruno Brioni

(1) La présence des Casques bleus belges de la Force intérimairedes Nations Unies au Liban (FINUL) vient d’être prolongée jusquefin décembre 2009.

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En Mauritanie, la torture est utilisée pour extorquer des «aveux» durantla garde-à-vue mais également pour humilier et punir des détenusincarcérés dans des prisons, qu’ils soient politiques ou de droitcommun.

Dans un rapport rendu public ce 3 décembre, Amnesty Internationaldénonce la torture pratiquée par l’appareil sécuritaire de la Républiqueislamique de Mauritanie. La torture est profondément ancrée dans la

culture de forces de sécurité qui agissent dans une totale impunité depuisplusieurs décennies, d’autant que le premier gouvernement jamais élu démocra-tiquement (en mars 2007) a été renversé par un coup d’État en août 2008 et quele Président Abdallahi et son premier ministre sont toujours en résidencesurveillée.Les techniques de torture recensées par Amnesty International au cours de sesmissions de recherche sont très nombreuses et comprennent notamment laprivation de sommeil, les brûlures de cigarette, la suspension des détenus à unebarre métallique (technique dite du «jaguar»), les coups et la torture psychologique.Ces techniques de torture sont souvent utilisées simultanément afin decontraindre le détenu à passer aux «aveux».«À mon arrivée à l’école de police, un commissaire m’a dit que je détenais des informationsqui intéressaient les autorités. Il m’a demandé de les confirmer et, si jamais je refusais de lefaire, il avait les moyens de me contraindre à le faire. Je lui ai dit que je dirais toute la vérité.Puis, il a lu une liste de noms et m’a demandé si je les connaissais, je lui ai répondu : ‘Non’.Il m’a dit que j’allais avouer et il a appelé des tortionnaires et il leur a demandé de s’occuper

P A R O L E S

VOCATION RATÉEUn Indonésien jugé pour une série de meurtresparticulièrement horribles profite de sa forte noto-riété pour enregistrer un disque de chansons popqu’il compose en prison, selon la presse indoné-sienne. Verry Idham Henyansyah, connu sous lesurnom de Ryan, est passible de la peine de mortpour avoir tué 11 personnes, dont un très jeuneenfant. Il a été interpellé en juillet après la décou-verte de sacs contenant des morceaux humains. Dixcorps ont ensuite été retrouvés enterrés derrière lamaison de ses parents. «On m’a proposé un contrat d’enregistrement. Je l’ai déjàsigné», a annoncé l’accusé à la sortie de la premièreaudience de son procès, selon le site d’informa-tion Kompas.com. Il a ajouté que l’albumcompterait 12 morceaux mais n’en a pas révélé lateneur. L’un de ses avocats, Maître Nyoman Rae, aprécisé que Henyansyah a entamé les enregistre-ments en juillet. «C’est réellement une affaire en or.Tout ce qui touche à l’histoire de Ryan est commercialisésous forme de livres ou de cassettes», a cru pouvoirconclure l’avocat. e© Belga

MAURITANIE

«MA SOEUR ÉTAITENCEINTE DE TROISMOIS ET A PERDUSON BÉBÉ»

de moi jusqu’à ce que je sois disposé à reconnaître tout ce qu’il me demandait. Ils se sont misalors à me torturer.» Un enseignant, accusé de lien avec des organisations islamisteset arrêté le 2 mai 2005.«On m’a conduit dans une maison privée où j’ai été détenu pendant trois jours. À monarrivée à la villa, j’ai été déshabillé, on m’a couché par terre sur le ventre, des menottes ontété mises à mes mains et on a attaché mes chevilles, mes pieds ont été soulevés et les personnesresponsables de cet acte ont attaché mes mains à mes pieds, puis des coups ont été adminis-trés sur la plante des pieds et sur tout le corps. Au bout du troisième jour, on m’a emmené àl’école de police où j’ai été à nouveau torturé, le nombre de séances de mauvais traitementsvariait entre un à trois par jour, cela a duré 15 jours.» Un commerçant accusé de compli-cité avec des militaires ayant fait une tentative de coup d’État et arrêté àNouakchott le 25 septembre 2004.«Ils ont utilisé ma soeur pour me faire avouer. Elle a été amenée au commissariat par les poli-ciers. Ils lui ont montré la salle de torture, ensuite ils l’ont emmenée dans un autre bureau oùils lui ont demandé d’enlever son voile. Puis, ils ont commencé à la battre. Ma soeur est restéevingt jours en détention, elle était enceinte de trois mois et a perdu son bébé à la prison. Nousavons été traités d’une manière très dure, privés de nourriture pendant trois jours. Ils nousont placés en isolement total et nous ont menacés de nous frapper. Alors, j’ai avoué.» Unhomme, arrêté à Rosso (au sud du pays) pour un crime de droit commun endécembre 2004. eP.F.À LIRE :Mauritanie – La torture au cœur de l’État (AFR 38/009/2008)

Centre de détention de Dar Naïm, 7 mars 2008. © AI

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Au Japon, le nombred’exécutionsest enaugmentation,13 personnesayant étéexécutées en2008, soit lechiffre le plus élevédepuis 33 ans.Le 10 octobre,à l’occasion de la Journéemondialecontre la Peine de mort,Amnesty internationalmanifestaitdevantl’ambassadedu Japon. © Bruno Brioni

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D O S S I E R

Comme chaque année, AmnestyInternational Belgiquefrancophone (AIBF) fait le bilandes activités et actions de sespermanents, de ses militants, deses groupes locaux et de sescoordinations. L’année 2008 n’apas manqué de moments forts.Un des caps incontournables decette année fut évidemment latenue des Jeux olympiques dePékin, des JO dont lamédiatisation permit de reparlerde la situation des droitshumains (individuels, politiques,économiques, sociaux etculturels) en Républiquepopulaire de Chine. Autreévénement majeur, le 60e

anniversaire de la Déclarationuniverselle des Droits del’Homme, autour duquelAmnesty axe sa campagneactuelle.Dans un contexte souventdramatique, cette année 2008 avu quelques avancées majeures.Que l’on songe à l’adoption, àDublin, le 29 mai 2008, d’un textede compromis pour un traitéinterdisant les bombes à sous-munitions par les représentantsde quelque 110 pays, même simanquent les principaux paysproducteurs et utilisateurs desous-munitions (États-Unis,Russie, Chine, Corée du Nord,Inde, Iran, Israël et Pakistan. Ce projet devrait être signé àOslo en décembre 2008. Et quel’on songe à l’amnistie et à lalibération, le 7 août dernier,d’Aref Dalila, prisonnierd’opinion syrien âgé de 68 ans etancien doyen de la facultéd’Économie de l’Université deDamas.Les pages qui suivent sont uneversion expurgée du Bilan 2008.Le document complet esttéléchargeable sur le site d’AIBF.

PERSÉVÉRER POURNE PAS OUBLIERCinq cent cinquante : c’est le nombre de communiqués de presse que nous avons publiés entre le premierjanvier 2008 et fin novembre de cette année... Cela montre à quel point l’actualité des droits humains a étéchaude ces derniers mois, mais aussi combien nous oublions vite les événements qui viennentpassagèrement attirer notre attention.

Qui se souvient aujourd’hui de la dérive ethnique desconflits postélectoraux qui a ensanglanté le Kenyafin 2007-début 2008? Qui se rappelle la rupture de

la trêve au Sri Lanka en janvier, rupture qui a relancé lescombats entre les Tigres tamouls et le gouvernement etentraîné son flot de violations massives contre des civils? Quis’intéresse encore aujourd’hui aux expulsions massivesd’immigrants de Libye, pourtant chargée par l’Union euro-péenne de sous-traiter les f lux migratoires provenantd’Afrique subsaharienne ?En alignant ces faits, on se rend compte à quel point noussommes pris par le rythme de l’actualité, un événementchassant l’autre. Et encore... une toute petite partie seulementde ces communiqués ont été diffusés par la presse, qui elle-même est lue par de moins en moins de citoyens.Les conséquences de cela peuvent être graves : l’oubli est lapire des choses pour les victimes, car il est un allié de poidspour l’impunité, cette tare qui nourrit tous les abus. C’est undéfi de taille pour des organisations comme Amnesty Inter-national, car il nous faut à la fois répondre aux exigences de

cette actualité sans cesse changeante (on ne comprendrait pasque notre association ne réagisse pas illico sur tout ce qui sepasse dans le monde) et continuer, persévérer, suivre toutsimplement ces dossiers sur le long terme.Nous avons donc tenté, en 2008, de trouver notre cheminentre ces exigences contradictoires. Les crises se sont succédé,certaines de ces crises ayant un caractère quasi permanent.Mais nos écrans de télévision ont surtout été occupéspendant des semaines par l’événement médiatique par excel-lence : les Jeux olympiques de Pékin (voir plus loin).Loin de représenter une occasion d’interpeller les autoritéschinoises sur les violations des droits humains commises enChine et ailleurs (l’ancien «Empire du Milieu» est devenu l’ac-teur le plus incontournable sur une bonne partie descontinents), nos représentants gouvernementaux sont allésà Canossa, soucieux de protéger leurs intérêts économiques.Alors, pour sensibiliser l’opinion, nous avons essayé jouraprès jour, semaine après semaine, d’attirer l’attention surdes situations parfois oubliées ou vite disparues des unes denos journaux. ePhilippe Hensmans, directeur

BILAN 2008 :

AMNESTY NOUS EST CONTÉ

Page 6: Libertés - Décembre 2008

Dans son allocution de clôture des Jeux olympiques de Pékin, leprésident du CIO (Comité international olympique), notre compa-triote Jacques Rogge, a déclaré que ces jeux avaient été vraiment

«exceptionnels». Sur ce point, au moins, Amnesty et CIO sont d’accord,même si pour notre association, l’aspect «exceptionnel» des Jeux de 2008réside dans l’ampleur inouïe des violations des droits humains qu’ils ontsuscitées. Les autorités chinoises ont constamment privilégié les appa-rences et négligé les valeurs olympiques en continuant de persécuter etpunir les militants et les journalistes pendant les JO.Amnesty accuse également le CIO d’avoir terni l’héritage qu’auraient puavoir ces Jeux en matière de droits humains, en fermant les yeux sur lesviolations. Pendant la période des Jeux, Amnesty a recensé des violationssystématiques à l’encontre des militants pacifiques et des journalistes enChine: incarcération et condamnation pour avoir demandé l’autorisationde manifester dans les zones prévues à cet effet; emprisonnement ou arres-tation arbitraire de journalistes et de militants chinois ayant vouludonner des informations sur les violations des droits humains commisesdans le pays ; refus d’autoriser des auteurs de pétitions et des militantsà manifester pacifiquement dans les zones prévues pour les manifesta-tions par le gouvernement dans des parcs aux alentours de Pékin. Le18 août, les autorités chinoises ont indiqué qu’elles avaient reçu77 demandes de manifestations concernant 149 personnes, mais que 74de ces demandes avaient été «retirées», deux «suspendues» et une «inter-dite».

D O S S I E R

6 Libertés ! Décembre 2008

La justice chinoise a poursuivi des activistes qui avaient évoqué les viola-tions des droits humains avant ou pendant les JO. Un exemple : celui dedeux femmes âgées, Wu Dianyuan (79 ans) et Wang Xiuying (77 ans).Elles ont été accusées de «troubles de l’ordre public» et astreintes à uneannée de «rééducation par le travail» après avoir demandé l’autorisation demanifester dans l’une des zones officielles prévues à cet effet. Ces femmesessaient de se faire entendre des autorités depuis qu’elles ont été expul-sées de leur domicile en 2001 pour laisser place à un projet deconstruction. Les autorités ont statué qu’elles n’auraient pas à purger leurpeine de «rééducation par le travail» tant qu’elles se «comporteraient correcte-ment», mais que des restrictions seraient néanmoins apportées à leurliberté de mouvement.Contrairement à d’autres mouvements, Amnesty ne demandait pas unboycott des JO. Notre stratégie consistait plutôt à ne pas affronter deface le régime afin de laisser une place au dialogue dans un futur proche,lorsque l’effervescence des Jeux aura disparu. La campagne «Chine»d’AIBF s’est concentrée sur quatre grands points : la peine de mort, l’ac-cessibilité à la justice, la protection des défenseurs des droits humains etla censure sur Internet. Chaque thème a fait l’objet de très nombreusesactions par les groupes locaux et par le site Isavelives.be.Plusieurs cas individuels ont été mis en avant en tant que symboles de cesthèmes, comme celui de Hu Jia. Assigné à résidence pendant plus de 200jours, ce défenseur des droits humains a réalisé le documentaire Prisonersin the Freedom City en filmant son quotidien, les allées et venues des poli-ciers chargés de sa surveillance et de la filature de sa femme. Le27 décembre 2007, Hu Jia a été arrêté à son domicile suite à ses interven-tions par webcam devant le Parlement européen le 26 novembre 2007 etlors d’une cérémonie organisée par Reporters Sans Frontières le5 décembre 2007. Hu Jia a été condamné le 3 avril 2008 à trois ans et demide prison pour «incitation à la subversion de l’État et du système socialiste» et à

Les Jeux olympiques ont permis à Amnesty d’attirer l’attention mondiale surles violations massives des droits humains commises en Chine. Si les valeursolympiques ont été bafouées, quelques éléments encourageants sont àsouligner.

L’OLYMPISME AU DÉFI DES DROITS HUMAINS

iÀ 100 jours des Jeux

olympiques, 1500 personness’étaient donné

rendez-vous devantl’ambassade de

Chine, pour rappeleraux autoritéschinoises les

engagements prislors de l’attribution

de l’organisation desJO 2008. Bruxelles,

3 mai 2008.© Bruno Brioni

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Libertés ! Décembre 2008 7

un an de privation de ses droits politiques. En octobre, le Parlementeuropéen a dès lors décidé de remettre le Prix Sakharov à Hu Jia.En Belgique, l’événement le plus visible de la campagne d’AIBF a été lamanifestation du 3 mai organisée devant les portes de l’ambassade deChine, à Bruxelles. Environ 1 500 personnes ont participé à cette actionau cours de laquelle plusieurs pétitions ont été déposées à l’ambassade.Amnesty s’est également associée à trois autres associations pour sensi-biliser les participants aux 20 km de Bruxelles aux violations des droitshumains en Chine. Un géant gonflable était installé non loin de la lignede départ, vêtu d’un t-shirt demandant la libération de Hu Jia. Plus tôt dansl’année, Amnesty s’était fortement mobilisée pour dénoncer les violationsdes droits humains commises au Tibet et dans la région autonomeouïghour du Xinjiang.Tout au long de l’année 2008, Amnesty est demeurée très présente dansles médias belges pour dénoncer les violations des droits humains enChine. Les groupes locaux se sont eux aussi très largement mobilisés poursoutenir la campagne, tout comme les groupes écoles. Amnesty a transmisaux enseignants un dossier pédagogique sur la Chine et de nombreuxdébats sur les droits humains en Chine ont été organisés aux quatrecoins de la Communauté française, en présence des spécialistes de ce paysau sein d’AIBF. Un DVD concernant le travail d’Amnesty et la peine de morten Chine a servi de base à de nombreuses sensibilisations dans les écolesbelges. Les mouvements de jeunesse se sont également mobilisés pournotre campagne, notamment les scouts de Belgique qui ont choisi les droitshumains en Chine comme thématique pour leur camp.Annoncée le 28 octobre, la «Global Network Initiative» associe Yahoo!,Google et Microsoft. Cette initiative est entre autres le résultat d’un grosdérapage de Yahoo!, qui avait fourni à la justice chinoise des données quiont mené à la condamnation à dix ans de prison du journaliste Shi Tao,accusé de «divulgation illégale de secrets d’État à l’étranger». Les signataires ducode d’éthique se sont engagés à adopter l’interprétation la plus restric-tive des lois sur la censure, et à combattre la surveillance des échanges surleurs réseaux, bien que cette initiative reste en deçà des attentes d’AI. SelonAmnesty, la Chine, qui aurait le plus grand nombre de journalistes et decyberdissidents emprisonnés dans le monde, utilise les logiciels de filtrageles plus perfectionnés pour contrôler les 111 millions d’utilisateurschinois de l’Internet.Notre section a tout mis en oeuvre pour obtenir la collaboration duCOIB (Comité olympique et interfédéral belge) dans la campagne, sansgrand succès malheureusement. Lorsque nous lui avons demandé de seprononcer publiquement en faveur des droits humains, le COIB a refusésous prétexte qu’il doit suivre l’attitude du CIO en la matière.Refus également lorsque nous lui avons demandé de pouvoir dispenseraux athlètes belges sélectionnés pour les JO une petite formation sur lesdroits humains afin qu’ils partent en Chine en toute connaissance decause. Nous aurions voulu transmettre aux athlètes un dossier d’informa-tion sur la question, mais là aussi nous nous sommes heurtés à une finde non recevoir de la part du COIB. Certains athlètes, contactés individuel-lement, ont toutefois accepté d’affirmer haut et fort leur attachement aurespect des droits humains. C’est le cas notamment de la coureuse VeerleDejaeghere. Pour que les prochains JO soient réellement «exception-nels», Amnesty a invité le CIO à tirer les enseignements des Jeux de Pékinen intégrant dans le processus de candidature et dans les contrats avec laville hôte des indicateurs concrets et mesurables de l’impact des Jeux surles droits humains. eSamuel Grumiau

Lancé en 2007, le centre d’actions Isavelives.be connaît un succèsimportant. Il a pour objectif d’offrir un maximum de moyens d’actionsà un éventail sans cesse plus large de militants… et d’encourager lesinternautes à devenir des membres actifs d’Amnesty.

L’activisme électronique a la cote auprès des sympathisants d’Amnesty.Avec une moyenne de 500 visiteurs par jour, notre site Isavelives.be attiretant les militants chevronnés que les internautes désireux de participer de

temps à autre à une action en faveur des droits humains. Il regroupe tous les typesd’intervention demandés par Amnesty : les actions urgentes (qui demeurent l’unedes techniques les plus efficaces utilisées par notre association), les demandes d’ac-tions pour les individus en danger (IED), les «lettres du mois» proposées dans lemensuel Libertés!, les pétitions, etc. L’idée est de simplifier et d’accélérer aumaximum le travail de rédaction et d’envoi de lettres ou de pétitions aux autorités:en un clic de souris, les internautes peuvent imprimer une lettre, signer une péti-tion virtuelle, transmettre la proposition d’action à des amis, etc.Les anciennes Opérations Courage, qui proposent d’envoyer directement unecarte de soutien aux individus en danger sans s’adresser aux gouvernementsincriminés, trouvent également leur place dans l’activisme électronique mis enplace par AIBF, sous la forme des Opérations Isavelives.be. Le site Isavelives.bereprend par ailleurs une trentaine de cas pour lesquels l’expertise d’Amnestyconduit à penser qu’une action sur le long terme sera nécessaire. La moitiéd’entre eux est adoptée par des groupes locaux d’AIBF.AIBF a également imaginé la distribution d’actions urgentes par SMS. Les genspeuvent s’abonner à ce service en envoyant un SMS contenant le message «AU» versle 3313. Ils reçoivent alors une fois par semaine un SMS leur proposant d’agir enfaveur d’un cas. Celui qui décide d’agir répond au SMS en donnant ses coordon-nées. Celles-ci sont renvoyées vers notre opérateur, qui les encode dans sa base dedonnées. Une fois par semaine, notre équipe rédige une lettre qui est envoyée à lareprésentation diplomatique du pays interpellé, elle est signée par la présidented’AIBF et virtuellement par les abonnés SMS qui ont accepté le cas proposé. À cejour, 750 personnes sont abonnées à ce type d’actions urgentes. Avec un coût d’1e

par SMS reçu ou envoyé, cette forme de militantisme permet également unerécolte de fonds pour Amnesty.À l’avenir, le site Isavelives.be veut favoriser les possibilités de contact entre les coor-dinations et les internautes, entre les militants et le Secrétariat national (SN), etc.Par exemple, si des groupes locaux ont mené et filmé une action intéressante, origi-nale ou efficace, ils pourront les envoyer et, après sélection, Amnesty les mettraen ligne. Amnesty souhaite développer Isavelives.be pour que les militants puis-sent lui communiquer en ligne leurs activités, leurs éventuels résultats, ce qui nouspermettra d’améliorer les actions proposées. eS.G.

Hu Jia, défenseur chinois condamné en décembre 2007 à trois ans de prison.Plusieurs parrains d’AIBF le soutiennent, parmi lesquels Thomas Gunzig, Akro,Armelle Gysen, Pietro Pizzuti, Laurence Bibot, etc. © AIR

LE «SUPERMARCHÉDES ACTIONS»

PAS DE BILANSANS COMPTES RENDUSVous pouvez consulter les comptes d’Amnesty International Belgiquefrancophone en allant à l’adresse URL :http://www.amnestyinternational.be/pdf/aibf_comptes2007.pdfIl s’agit des comptes 2007 approuvés lors de l’Assemblée générale d’Am-nesty International Belgique francophone du 26 avril 2008.Vous pouvez également télécharger la version intégrale du Bilan 2008 àl’adresse URL :http://www.amnestyinternational.be/pdf/aibf_bilan2008.pdfMerci à vous membres, donateurs, militants, groupes locaux, régionaleset coordinations. Vous êtes les chaînons essentiels des actions urgenteset des campagnes que mène Amnesty International. e

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8 Libertés ! Décembre 2008

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Le Statut de Rome qui crée la Cour pénale internationale (CPI), la premièrejuridiction internationale permanente chargée de poursuivre et punirles individus accusés de crime de guerre, de crime contre l’humanité

et/ou de génocide, est entré en vigueur le 1er juillet 2002. Selon ce Statut, les Étatsparties acceptent de conserver la responsabilité première d’enquêter sur cescrimes et d’en poursuivre les responsables devant leurs tribunaux nationaux, maisils laissent la CPI intervenir en cas d’incapacité ou de refus de ces tribunaux. Jusqu’àprésent, 108 États ont ratifié ce Statut. Amnesty mène de nombreuses actions delobbying auprès des autres États afin qu’ils reconnaissent à leur tour la CPI. À ceuxqui refusent de ratifier le Statut de Rome, Amnesty demande à tout le moins d’ac-cepter de transposer dans leur droit pénal national les définitions faites par la CPIdu crime de guerre, du crime contre l’humanité et du crime de génocide.Notre mouvement se mobilise également pour que les gouvernements livrent leursressortissants quand ceux-ci font l’objet d’un mandat d’arrêt lancé par la CPI. C’estle cas notamment de l’Ouganda, un État partie au Statut de Rome, mais quirefuse d’arrêter deux responsables de l’Armée de libération du Seigneur, unmouvement rebelle qui a longtemps commis les pires atrocités dans le nord de cepays. Le même combat est mené par Amnesty concernant deux hauts dirigeantssoudanais qui font eux aussi l’objet d’un mandat d’arrêt de la CPI : AhmadHarun, ministre du gouvernement, et Ali Kushayb, un leader Janjawid (lesJanjawids sont des milices connues pour les massacres, les viols et les déportationsqu’elles commettent depuis 2003 au Darfour).Le 14 juillet 2008, le procureur de la CPI a demandé aux juges de cette Courd’émettre un mandat d’arrêt à charge d’Omar el-Béchir, le président du Soudan,pour crimes de génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre auDarfour.Notre section mène un intense lobby auprès de la Belgique, membre du Conseilde sécurité cette année, afin que celui-ci n’utilise pas un article du Statut de Romequi lui permettrait d’interrompre une action de la CPI. Plusieurs groupements depays (comme la Ligue arabe) mettent en effet la pression sur le Conseil pourqu’il agisse en ce sens concernant el-Béchir. Enfin, pour conclure sur la CPI, le

Le combat contre l’impunité est une priorité de l’action d’Amnesty.Quand les juridictions nationales sont défaillantes, ce combat passe parle renforcement de la justice internationale.

premier procès devant la CPI débutera le 26 janvier 2008 et verra enfin jugé le chefde milice congolais Thomas Lubanga.Le combat contre l’impunité passe aussi par le Tribunal pénal international (TPI)pour l’ex-Yougoslavie. Amnesty appuie la position des autorités belges et hollan-daises dans les discussions de l’Union européenne avec ses pays voisins comme laSerbie et la Croatie afin que ces deux États livrent leurs criminels de guerre au TPI.L’arrestation de l’ex-chef politique des Serbes de Bosnie, Radovan Karadzic, estun encouragement en ce sens, d’autant qu’elle permet la prolongation de ladurée de vie du TPI au-delà de 2010, la date prévue par le Conseil de sécurité del’ONU pour l’échéance de ses travaux.Les actions de lobby d’AIBF nécessitent des dizaines de visites aux ambassades, coupsde téléphone aux plus hautes autorités, envoi de lettres de la part des dirigeantsde notre section ou de nos militants, pétitions, etc. Nous collaborons aussi avecd’autres associations ou institutions pour sensibiliser le grand public à la justiceinternationale. En 2008, AIBF a par exemple participé à un séminaire sur cethème au fort de Breendonk, à une conférence avec l’Ordre francophone desavocats du Barreau de Bruxelles sur l’état des législations de compétence univer-selle (dix ans après le mandat d’arrêt du juge Garzon contre Pinochet), et elle ainvité un spécialiste de la justice internationale lors de son assemblée générale.eS.G.

Il y a presque sept ans, les autoritésaméricaines transféraient lespremiers détenus de la «guerre

contre le terrorisme» vers le centre dedétention de Guantánamo Bay. AmnestyInternational a toujours condamné lesactes de terrorisme qui font des milliers demorts et de blessés civils. Cependant, cen’est qu’en renforçant le système dedéfense des droits humains que l’onpourra arriver à se prémunir véritable-ment des attaques terroristes, pas enl’affaiblissant en recourant à des pratiquesillégales. Le 11 janvier 2008, militants etsympathisants des sections francophone etflamande d’Amnesty International défi-laient à Bruxelles, de la place de la Libertéjusqu’à l’ambassade des États-Unis pour

rappeler leur demande de fermer Guantá-namo. En compagnie de parlementairesfédéraux, une délégation d’AmnestyBelgique était reçue à l’ambassade.Guantánamo n’a toujours pas été fermé etles interrogations sont multiples quant àla façon dont le président américain élu, ledémocrate Barack Obama, honorera sapromesse de fermer la base. D’autant quele programme de «restitutions» et de déten-tions secrètes de la CIA est toujoursopérationnel et que des gouvernementseuropéens continuent de transférer despersonnes soupçonnées d’être des terro-ristes vers des pays qui pratiquent latorture en toute impunité. Dès lors, le 26juin, Amnesty organisait une manifesta-tion devant le Parlement européen. eP.F.

GUERRE CONTRE LE TERRORISME

UN COUP DEPOUCE À LA JUSTICEINTERNATIONALE

lRadovan Karadzic lors de sa première comparution devant le TPIY.La Haye, 31 juillet 2008. © AFP/Jerry Lampen

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L’éducation des jeunes aux droits humainsest une grande priorité pour Amnesty.En Belgique francophone, nous comp-

tons 80 groupes dans les écoles, reliés entreautres par la Lettre Jeunes à laquelle se sontabonnées près de 2 000 personnes. Comme lesautres groupes locaux, les «groupes écoles» reçoi-vent du secrétariat national des propositionsd’actions en faveur de victimes de violations desdroits humains, mais elles sont plus ponctuelles,adaptées au calendrier scolaire. L’année 2008 fut celle de l’apothéose pour leprojet «Citoyens du Monde» mis en place par lesecteur jeunesse d’AIBF. Entamé en 2006, ceprojet proposait aux écoles et maisons de jeunesde nouer des liens avec des ONG qui défendentles droits humains sur le terrain. Les meilleurs

projets ont été récompensés par un voyage surplace et dont le but était notamment de ramenerun reportage destiné à être diffusé sur Plug-RTL.Cette année, une autre priorité du programmejeunesse d’Amnesty fut la thématique de la luttecontre la torture. Le projet se base sur Do ItYourself, un film inspiré par un manuel detorture de la CIA réalisé dans les années 70 dansle but d’enseigner la torture aux dictatures sud-américaines. Dans ce court-métrage, tout est audépart assez banal, comme dans un livre derecettes de cuisine : la victime est symboliséepar un poisson, on explique comment ledécouper, le traiter, puis les choses dégénèrentprogressivement… Un site (http://www.do-it-yourself.be/) a été créépour soutenir ce projet. e S.G.

Une mission d’Amnesty a enquêté durant trois semaines au Nord- Kivu surles violations des droits humains dont sont victimes les femmes et lesenfants. Son rapport passe notamment en revue le sort des enfants soldats

dans l’est du Congo. Si un grand nombre d’enfants enlevés par des groupes arméspour combattre comme soldats ont été libérés et rendus à leur famille, la moitiéd’entre eux ont ensuite été de nouveau recrutés par des groupes armés : leurexpérience précédente fait de ces adolescents des recrues intéressantes et leur faitdonc courir un plus grand risque d’être embrigadés de force. Les enfants soldatsqui tentent de s’enfuir sont tués ou torturés, parfois devant les autres enfants, àtitre dissuasif. D’autres adolescents, arrêtés par l’armée congolaise car soup-çonnés d’être des combattants de groupes armés, ont indiqué aux enquêteursd’Amnesty qu’ils avaient été maltraités et torturés aux mains des militaires. Lamission a obtenu sur place la libération de quelques ex-enfants soldats détenus dansles cachots des autorités congolaises.Le rapport d’Amnesty dénonce aussi le fait que les groupes armés et les forcesgouvernementales continuent de violer, parfois en groupe, les femmes de tous âges,sans épargner les petites filles et les femmes âgées. Ces viols sont souvent commisen public et devant les membres de la famille, y compris les enfants. Si un mariou un père intervient, il est torturé et tué sur le champ. Cette barbarie sème unclimat de terreur généralisée qui aboutit à la destruction de la vie en société :comment les habitants d’un village pourraient-ils vivre ensemble «comme avant»après avoir été les témoins (et parfois les acteurs forcés) du viol des mères, grand-mères, enfants? L’armée gouvernementale se rend aussi coupable de viols. Une fillede 16 ans a raconté à la mission qu’elle avait été enlevée par deux jeunes officierset détenue dans un camp militaire du Nord-Kivu pendant plusieurs jours. Dans cecamp, elle était violée toutes les nuits par l’un des officiers.Des missions d’enquête telles que celles d’Amnesty sont indispensables pour faireconnaître au monde les atrocités commises dans l’est du Congo : trop souvent, les

victimes se taisent car elles risquent les pires représailles si elles réagissent. Cesmissions sont toujours annoncées officiellement auprès des autorités d’un pays,leur présence sur le terrain est donc un avertissement pour ces autorités. Enquelque sorte : «Attention, toutes les atrocités que vous commettrez ou laisserez commettreseront révélées au monde, et vous pourrez en être tenus responsables devant les instances inter-nationales». La mission a aussi pu rencontrer des défenseurs des droits humains, quicourent généralement de grands dangers quand ils opèrent sur le terrain. Plusieursd’entre eux sont soutenus par Amnesty International et plus particulièrement lasection belge francophone, depuis le retour de la mission à laquelle participait Fran-çoise Guillitte, responsable du programme Droits des Femmes à AIBF. C’est le casnotamment de Justine Masika, fondatrice de l’association d’aide aux femmesSynergie, basée à Goma. Alors qu’elle était absente, des hommes armés ontpénétré chez elle, frappé ses enfants et harcelé sexuellement l’une de ses filles. Uneaction de soutien à Justine Masika a été lancée par Amnesty sur le site Isavelives.be.En plus de la dénonciation des violations des droits humains ainsi que du soutienaux victimes et à leurs défenseurs, Amnesty mène un intense lobbying sur le plandiplomatique. Notre action a notamment permis le maintien de l’embargo inter-national sur les ventes d’armes à la RDC, alors qu’un projet visait à l’assouplir. eS.G.

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CONGO

RÉAGIR CONTRE LE CHAOSFin septembre 2008, Amnesty rendait public un rapport d’enquêterappelant les horreurs vécues par les civils dans l’est du Congo.Quelques semaines plus tard, cette région était à nouveau plongée dansle chaos et Amnesty demande désormais une protection internationalepour les populations civiles du Kivu.

AMNESTY PRÉPARE LA RELÈVEDe l’éducation aux droits humains à l’action en faveur des victimes, tout est mis enoeuvre pour impliquer les jeunes dans l’action d’Amnesty.

lUn camp du Nord-Kivu prévu pour accueillir 6000 personnes et submergé par40000 nouveaux déplacés. Kibati, 2 novembre 2008. © UNHCR/P. Taggart

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CERCLE PETER BENENSON10 DÉCEMBRE - SCHAERBEEK«LIBERTÉ, ÉGALITÉ, SEXUALITÉ»

Dans le cadre de laJournée Internatio-nale des Droits del’Homme et à l’occa-sion du 60e anni-versaire de laDUDH, l’incontour-nable, polyvalent etmultiprimé comé-dien «belge d’origineberbère et maroxellois»Sam Touzani, jouepour Amnesty Inter-national (dont il estl’un des parrains)son spectacle Liberté,Égalité, Sexualité. Cespectacle de Bernard Breuse et Sam Touzani, mis enscène par Ruud Gielens, est une coproduction duKoninklijke Vlaamse Schouwburg (KVS), du ThéâtreRoyal de Namur / Centre dramatique et de ComediaSpirit. eÀ 19h00 au Centre Culturel de Schaerbeek, rue de Locht 91-93, 1030 Bruxelles (Schaerbeek)Entrée : 12 e (prix plein) – 9 e (étudiants et demandeurs d’em-ploi) – 1,25 e (article 27) – Réservations au Centre Culturel deSchaerbeek : 02 245 27 25 – www.culture1030.be

ON RECRUTE!UN COORDINATEUR RÉGIONALBÉNÉVOLE POUR BRUXELLES

Les groupes locaux bénéficient du soutien de «coor-dinations régionales». Composées d’une ouplusieurs personnes, ces coordinations fédèrent lesgroupes dans leur région pour des actionscommunes, apportent aux groupes un soutienméthodologique et organisationnel et ont souventun rôle de porte-parole pour la presse locale ourégionale. Elles assurent aussi l’encadrement demembres individuels. Leurs responsables sontnommés par le Conseil d’administration, et jouis-sent d’un soutien particulier du Secrétariatnational (réunions de formation, transmission d’in-formation, consultation sur les stratégies à mettreen œuvre,...).

Compétences requises : Capacités en organisation,en communication et en formation. Connaissancede la dynamique de groupe. Maîtrise des princi-paux outils informatiques.Il est important par ailleurs : - d’être disponible parfois en soirée et le week-end- d’être capable de travailler de manière indépen-dante- de posséder une aisance relationnelle, de la diplo-matie et un sens de l’écoute

Le Coordinateur régional est l’un des cadres béné-voles d’Amnesty International. Il s’agit d’unefonction dotée d’un pouvoir décisionnel, très richeen contacts et valorisante au sein du mouvement.e

Envoyez votre CV et une lettre de motivation à :

Antoine Caudron – Amnesty International

Rue Berckmans 9 – 1060 Bruxelles

[email protected]

«Devenez un défenseur des droits humains», telle est la proposition d’Amnesty Internationalà l’occasion du soixantième anniversaire de la Déclaration universelle des Droits del’Homme, tel est le thème de sa campagne de fin d’année.

C’ÉTAIT VOTRE TOURNÉE

Le 10 décembre 1948, à l’Assemblée Généraledes Nations Unies, 48 États (sur les 58 repré-sentés à l’ONU) adoptaient la Déclaration

Universelle des Droits de l’Homme (DUDH). LesÉtats s’engageaient à respecter ce texte, qui, au fildu temps, est devenu loi que ce soit sous la formede traités, de droit international coutumier, deprincipes généraux, d’accords régionaux ou delégislations nationales.Ces droits déclinés en 30 articles par la DUDH, deshommes et des femmes risquent leur vie pour lesdéfendre, les faire respecter, les protéger. AmnestyInternational a donc proposé à chacun et àchacune, de participer à sa campagne de find’année 2008, et de devenir à son tour défenseur(e)des droits humains.

Tournée d’événements médiatiques régionaux,tournage de micro-trottoirs, vidéos sur Internet, affi-chage surprise dans un certain nombre d’endroits,stands de vente de bougies dans les gares, lesstations de métro, les grands magasins, parrainaged’individus en danger, ce fut l’occasion derejoindre et de soutenir l’action d’Amnesty enfaveur du respect des droits fondamentaux énoncésdans la Déclaration universelle des Droits del’Homme. Du 17 au 26 novembre, la tournée régio-nale d’AIBF a sillonné la Wallonie et Bruxelles, ens’arrêtant à Woluwe-Saint-Lambert, Liège, Namur,Ottignies-Louvain-la-Neuve, Charleroi, Mons etVerviers. La campagne de fin d’année se termineraen apothéose à l’Ancienne Belgique de Bruxelles(voir ci-contre) avec un concert d’Arno. e

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10 DÉCEMBRE À BRUXELLESLA DUDH FÊTE SES 60 ANS

17h00 – BOUGIES DE LA LIBERTÉComme chaque année, le mercredi 10 décembre2008 à 17h00, Amnesty International organiserasa désormais traditionnelle Nuit des «Bougies de laLiberté». Militants, bénévoles et sympathisants parti-ciperont à l’illumination d’un bon millier debougies.Où? Au Square Breughel l’Ancien, au coeur du quar-tier des Marolles, en contrebas du Palais de Justice.Transports : Bus 27 et 48 — Trams 92 et 94 — MétroPorte de Hal

20h30 – CONCERT D’ARNO À L’ANCIENNEBELGIQUECette année, à l’oc-casion du 60eanniversaire del’adoption de laDéclaration univer-selle des Droits del’Homme par l’As-semblée généraledes Nations unies,Amnesty Interna-tional Belgiquefrancophone (AIBF),Amnesty Interna-tional Vlaanderen(AIVL) et l’AncienneBelgique unissent leurs efforts pour accueillirARNO.À 19h00, ouverture du bar ! e

Tickets : 30 ¤ en prévente et 32 e le soir du concert. Infostickets : 02 548 24 24Accès : Boulevard Anspach 110 – 1000 BruxellesTransports : Trams 3, 4, 31, 32 et 33 – Bus 29, 38, 46, 47, 48,63, 66, 71 et 95

LE 10 DÉCEMBRE,C’EST AUSSI À NAMUR

Rendez-vous au musée Félicien Rops dès 17h00, lemercredi 10 décembre 2008, pour le lancementofficiel du Parcours dédié au 60e anniversaire de laDéclaration universelle des Droits de l’Homme, enprésence du réalisateur Benoît Mariage, parrain del’opération. Au programme : allumage des bougiesAmnesty dans le jardin du musée; parcours dans lessalles (départ des visites: 17h00, 18h00 et 19h00), en-cas préparé par le Perron de l’Ilon, entreprisenamuroise de formation par le travail (EFT).Musée provincial Félicien Rops, rue Fumal 12, 5000Namur – 081 77 67 55 –[email protected] - www.ciger.be/rops

Le parcours est détaillé dans une plaquette bilinguefrançais-néerlandais (28 p.) en vente à l’accueil dumusée : 4,50 e – Visites guidées d’une heure autarif de 40 e par groupe + 4,5 d’entrée au musée.Réservation obligatoire : 081 77 67 55

À 20h00, à la Maison de la Culture, Concertd’URBAN TRAD (en 1ère partie : Seb Duthoit – gueststar, N’Faly Kouyate). Les bénéfices de ce concertseront reversés à Amnesty International. eTarif du concert : 12 e en prévente à la Maison de la Culture(081 77 67 73) du lundi au vendredi de 11h00 à 17h30, lesamedi de 10h00 à 12h00.Le soir du concert : 16 e, 30 minutes avant le début du set.Pour plus d’informations sur cette soirée : 081 77 67 55

Comme ici, à Mons, les villes visitées par Amnesty se sont officiellement jointes aux événements delancement de la campagne, en parrainant un individu en danger de l’Opération Isavelives.be, enl’occurrence l’Iranienne Ronak Safarzadeh, menacée pour son combat en faveur des droits desfemmes en Iran http://www.isavelives.be/fr/node/2297

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12 Libertés ! Décembre 2008

M O U V E M E N T

Pendant dix jours, le festival – qui en est à saseptième édition – a mélangé les genres, l’art, lapolitique et le social. Le festival confirme l’ur-

gence de regarder des films documentaires pour voir,entendre le monde d’aujourd’hui dans toute sacomplexité, ses confrontations et ses injustices. Unmonde de propagande comme celle qui a vendu avec laguerre en Irak aux Américains avec des méthodes déjàmises en oeuvre lors de la guerre du Viêt-Nam et detoutes celles qui ont suivi comme le montre War MadeEasy. Une propagande délirante comme celle du régimeautocratique du Turkménistan où un livre écrit par lepremier président est devenu la mesure de toutes choses.Shadow of the Holly Book ne raconte pas une fable mais l’hal-lucinante réalité avec des vraies gens et surtout des vraiesentreprises (Bouygues, Siemens, Caterpillar et bien d’au-tres) qui se compromettent dans cette mascarade pourremplir leurs comptes en banque. Un monde d’indiffé-rence aussi. L’indifférence suffisante des autoritésmexicaines face aux centaines de femmes assassinées etdisparues à Ciudad Juarez. Baja Juarez leur redonne laparole. L’indifférence, notre indifférence face à la proli-fération des caméras de surveillance sur la voie publique.Un moindre mal ou un dangereux engrenage ? Every stepyou take cadre l’Angleterre, pays le plus filmé, sanspouvoir trancher la question.Des films pour parler autrement d’une réalité qu’oncroit connaître. La Palestine. Dans Slingshots Hip Hop (Prixdu Festival des Libertés), c’est le Hip hop palestinien et songroupe emblématique DAM qui racontent leur émer-gence. Tombés dans le chaudron du hip hop américainsans comprendre un mot d’anglais, des jeunes arabesisraéliens de la ville de Lod ont commencé à faire coulerleur f low en arabe. Au départ, leur propos n’avait rien depolitique, juste une fascination pour les berceusesmartiales du gangsta rap issu des bas-fonds de Los Angeles,et un remède contre le désoeuvrement et l’humiliationquotidienne. Une de leur chansons (Meen Erhabe, Qui estterroriste ?) s’est diffusée comme une traînée de poudredans tous les Territoires et même jusqu’à la télé israé-lienne. Anna, Seven Years on the Frontline (Prix spécial du Jury) deMasha Novikova dresse un portrait vibrant de la journa-liste Anna Politkovskaïa, assassinée pour s’être intéresséede trop près à la barbarie sévissant en Tchétchénie.Partagée entre l’horreur et la colère, elle témoigne dessévices quotidiens vécus par les populations civiles, del’angoisse suscitée par les disparitions, mais aussi de lasouffrance des jeunes recrues russes envoyés au casse-pipe

DIX JOURS DE LIBERTÉSDes dizaines de films, des débats, des expos, des concerts et des performances devant plus de 15000personnes. En octobre dernier, le Flagey a fait le plein pour la dernière édition du Festival des Libertés,organisé par Bruxelles Laïque et soutenu par Amnesty International.

avec obligation de résultats. Relayés par le travail desactivistes de terrain, les témoignages courageux de lajournaliste jettent une lumière vacillante face à la bruta-lité et à l’impunité de la machine de guerre russe.Quelques articles peuvent-ils changer quelque chose ?s’interrogeait la journaliste. Elle a eu la réponse. Rejeterl’étouffante indifférence, arrêter de se plaindre et résister.Voilà ce qu’elle attendait de ses compatriotes. L’appel estplus que jamais valable.En plantant leurs caméras là où on ne les attendait pas,deux films dénouent les liens entre l’Europe et l’Afrique.L’Europe rêvée des Africains et l’Europe fermée aux Afri-cains.Barcelone ou la Mort (Mention spéciale du Jury) de IdrissaGuiro nous emmène à Thiaroye-sur-Mer, un petit villagedu Casamance. C’est là, face aux flots de l’Atlantique quedes jeunes africains rêvant d’un avenir meilleur s’em-barquent sur une barque de pêche pour une dangereusetraversée jusqu’aux Canaries.Un jeune homme rentré chez lui après une tempête sesouvient de son voyage dantesque et ne pense qu’àrepartir, un autre revenu des États-Unis tente d’ouvrir lesyeux aux jeunes candidats à l’exil. Au Togo, le football est le ciment du peuple. Ce n’estcertes pas Faure Gnassingbe, élu en 2005 après, un scrutinentaché d’irrégularités et de graves violences, qui peut seposer en rassembleur. Quand l’équipe nationale sequalifie pour la coupe du monde 2006 en Allemagne, lepays est gagné par l’euphorie. Dans Togo (Prix de la Liguedes Droits de l’Homme), Pierre Morath et Nicholas Peartobservent population de la capitale saisie par la fièvre duballon rond. Un entrepreneur local installe une sallepour visionner les matchs qui s’annoncent grandioses, dessupporters font le pied de grue devant l’ambassade pourarracher les quelques visas disponibles et les devins inter-rogent les oracles pour connaître l’étendue de la victoire.La dure réalité du football alliée à l’incompétence de lafédération togolaise ont scellé le sort de l’équipe. Commeun lendemain de la veille, la population se retrouve avecle même régime et les mêmes dirigeants. Le rêve serapour la prochaine fois. La fenêtre sur le monde entrouverte par le festival serefermera malheureusement assez vite. Les possibilités dediffusion sont assez réduites dépendant de la bonnevolonté affichée par l’une ou l’autre télévision. Du côté denotre chaîne publique francophone, les ouverturessemblent assez minces en raison d’une réticence àdiffuser des films documentaires sous-titrés. Une raisonde plus pour revenir l’année prochaine. eGilles Bechet

SECRÉTARIAT NATIONAL AIBF

Rue Berckmans 9, 1060 Bruxelles 02 538 81 77Fax: 02 537 37 29www.amnesty.be

SECRÉTARIAT INTERNATIONAL

Easton Street 1, London WC1X ODWUnited Kingdom00 44 207 413 5500

AMNESTY INTERNATIONAL VLAANDEREN

Kerkstraat 156, 2060 Antwerpen 603 271 16 16

RESPONSABLES RÉGIONAUX D’AMNESTY

BRABANT WALLON

Jean-Philippe CHENUchemin de la Terre Franche 131470 Genappe010 61 37 73 – [email protected]

BRUXELLES

Le poste de coordinateur est vacant !Pour des renseignements sur le profilrequis avant d’envoyer un CV, écrire àAntoine CAUDRON – Amnesty Interna-tional, rue Berckmans 9, 1060 Bruxelles ouenvoyer un e-mail à [email protected]

HAINAUT ORIENTAL

Nicole GROLETav. Elisabeth 6, 6001 Marcinelle071 43 78 40 – [email protected]

LIÈGE

Jean-Pierre ANDRÉ04 387 51 07 – [email protected] BIKAResponsable de la gestion de la perma-nence – C/O Bureau régional d’AI – rueSouverain Pont 11 – 4000 Liège – du lundiau vendredi de 13h30 à 17h3004 223 05 [email protected]

LUXEMBOURG

Daniel LIBIOULLEAvenue de la Toison d’Or 266900 Marche en Famenne084 31 51 [email protected]

NAMUR

Romilly VAN GULCKRue Vivier Anon 8, 5140 Sombreffe071 88 92 [email protected]

WALLONIE PICARDE

Marie NOËLRue Cheny 1, 7536 Vaulx069 77 66 13 – 0499 13 57 [email protected]

Ce sont aussi 80 groupes locaux qui, sur leterrain, font un travail d’action et desensibilisation aux droits humains. Pourvous y joindre, contactez votre régionale.

jAnna, Seven Years onthe Frontline de MashaNovikova (Prix spécialdu Jury). À Beslan, où AnnaPolitkovskaïa étaitrevenue un an après laprise d’otage deseptembre 2004. © DR

Page 13: Libertés - Décembre 2008

Libertés ! Décembre 2008 13

I S A V E L I V E S . B E

Jayaprakash Sittampalam Tissai-nayagam (J. S. Tissainayagam) estdétenu depuis plus de 7 mois dans le

cadre de la loi relative à la prévention du terro-risme, alors qu’il n’a fait qu’exercer ses activitéslégitimes de journaliste. Amnesty Internationalle considère comme un prisonnier d’opinion.Il souffre de graves troubles oculaires et risquede perdre la vue s’il ne reçoit pas le traitementspécialisé dont il a besoin. Le 7 mars 2008, J. S.Tissainayagam a été arrêté alors qu’il se rendaitau centre de détention du Service d’enquête surle terrorisme (TID) afin de recueillir des infor-mations sur l’interpellation, la veille, de l’un deses collègues et de l’épouse de celui-ci. Aucunmandat d’arrêt n’a été présenté à J. S. Tissai-nayagam. Le journaliste a introduit un recoursdevant la Cour suprême. Lors de l’audiencetenue le 27 mars, cette dernière a ordonné unréexamen de l’affaire. Ce réexamen a eu lieu le31 mars. Les autorités gouvernementales ontalors présenté au président de la Cour suprêmeun mandat d’arrêt, en affirmant que J. S Tissai-nayagam agissait pour le compte des Tigreslibérateurs de l’Eelam tamoul (LTTE) et qu’ilpouvait être détenu en toute légalité durant90 jours. Le 7 juin, le journaliste a étécondamné à trois mois de détention. Enfin, le

MODÈLE DE LETTRE

Monsieur le Président,Jayaprakash Sittampalam Tissainayagam (J. S. Tissainayagam) est détenu depuis plus de 7 mois

dans le cadre de la loi relative à la prévention du terrorisme, alors qu’il n’a fait qu’exercer ses activitéslégitimes de journaliste. Il souffre de graves troubles oculaires et risque de perdre la vue s’il ne reçoit pas letraitement spécialisé dont il a besoin. Le 7 juin, il a été condamné à 3 mois de détention supplémentaireset, le 25 août, il a été inculpé de complicité avec les Tigres libérateurs de l’Eelam tamoul. En tant quemembre/sympathisant(e) d’Amnesty International qui le considère comme un prisonnier d’opinion, jedemande sa libération immédiate et inconditionnelle. Espérant que vous ferez droit à ma requête, je vousprie de croire, Monsieur le Président, à l’assurance de ma haute considération.

Signature : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Nom: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

LETTRE À ADRESSER À :Son Excellence le Président Mahinda RajapaksaSecrétariat du PrésidentColombo 1, Sri LankaFax : +94 11 2446657

COPIE À ENVOYER À :Ambassade du Sri Lanka, Rue Jules Lejeune, 27, 1050 BruxellesFax : 02 344 67 37 — E-mail : [email protected]

SRI LANKA

JOURNALISTE MUSELÉPAR UNE LOI«ANTITERRORISTE»

BONNESNOUVELLESDans tous les pays du monde, des gens sont libérésgrâce au travail des membres d’Amnesty. Destémoignages émouvants nous parviennent desprisonniers libérés ou de leur famille. Ils montrentqu’une action de masse peut avoir des résultats pourun meilleur respect des droits humains.

IRANDÉFENSEUR LIBÉRÉ

Le prisonnier d’opinion AbbasLisani a été libéré de la prison deYazd (centre de l’Iran) le 29octobre 2008, après avoir purgédeux peines consécutives dont letotal s’élevait à trente mois d’em-prisonnement. Pendant sadétention, ce défenseur bienconnu des droits de la minoritéazérie a observé plusieurs grèvesde la faim afin de protester contreson transfert à la prison de Yazd et

la sévérité avec laquelle il y était traité. Il a alors été privé despermissions de sortie qui lui étaient normalement accordéespar le droit iranien. Le 7 octobre 2008, Abbas Lisani a étéconduit dans les locaux des services de renseignement àYazd, où il a été interrogé pendant dix heures au sujet de sesprojets après sa libération. Quelques jours avant qu’AbbasLisani ne soit libéré, le procureur général et les services derenseignement d’Ardebil ont informé ses proches qu’il seraitde nouveau arrêté s’il participait à un quelconque événementou mouvement organisé dans une ville azérie. e

SUÈDE/ÉRYTHRÉERAPATRIEMENT FORCÉ REPORTÉLe 31 octobre, un représentant du Comité contre la Torturea demandé aux autorités suédoises de ne pas renvoyer TerhasMlash Abraha en Érythrée tant que cet organe des Nationsunies n’aurait pas fini d’examiner son dossier. Cette femmea été remise en liberté le jour même et il n’existe actuelle-ment aucun risque qu’elle ne soit renvoyée de force enÉrythrée. Si Terhas Mlash Abraha est renvoyée en Érythrée,elle risque d’être arrêtée arbitrairement ou torturée pours’être soustraite au service militaire obligatoire et avoirdemandé l’asile à l’étranger, ce qui représente, aux yeux desautorités érythréennes, une trahison envers le pays. e

MALAISIEBLOGUEUR LIBÉRÉUn tribunal malaisien a ordonné la remise en liberté dublogueur Raja Petra Kamarudin, estimant que son arresta-tion, effectuée au titre de la Loi sur la Sécurité intérieure, étaitanticonstitutionnelle. Blogueur et rédacteur en chef du sited’information en ligne Malaysia Today, Raja Petra Kamarudinavait été appréhendé le 12 septembre dernier pour menaceà la sécurité nationale et activités susceptibles de «causer destensions au sein de la société multiraciale et multiconfessionnelle dupays». «Je suis vraiment content que cela soit terminé, a déclaré RajaPetra Kamarudin à propos de sa libération. Je suis très fatigué.La décision du juge prouve que ma détention n’était pas justifiée. Nousdevons nous battre et obtenir l’abolition de la Loi sur la Sécurité inté-rieure.» e

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Lire aussi sur Isavelives.be : http://www.isavelives.be/fr/node/2715

25 août, J. S. Tissainayagam a été inculpédevant une haute cour en vertu de la Loi n° 49de 1979 relative à la prévention du terrorisme,pour des faits liés à la publication dans le maga-zine North Eastern Monthly d’articles traitantdes conséquences des troubles à Sri Lanka surla vie civile et politique. e

© Private

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Boris Chikhmouradov, ancienministre des Affaires étrangères duTurkménistan, a été condamné à 25

ans d’emprisonnement lors d’un procès àhuis clos le 29 décembre 2002. Sa peineaurait été commuée en détention à perpé-tuité le lendemain par le Conseil du Peuple.Son frère, Konstantin Chikhmouradov,s’est pour sa part vu infliger une peine de17 ans d’emprisonnement. Les deuxhommes, avec 57 autres personnes, ont étédéclarés coupables de participation à unattentat en 2002 contre le président Sapar-mourad Niazov. Depuis l’arrestation de sonmari, Tatiana Chikhmouradova a écrit àplusieurs reprises aux pouvoirs publics afind’évoquer le cas de son époux et de sonbeau-frère. Elle n’a obtenu aucune réponse.

14 Libertés ! Décembre 2008

I S A V E L I V E S . B E

Salwa Salah et sa cousine SaraSiureh, toutes deux âgées de16 ans, sont maintenues en déten-

tion administrative en Israël sansinculpation ni jugement depuis juin 2008.Les deux adolescentes, qui auront 17 ans cemois-ci, ont été arrêtées par des soldatsisraéliens chez elles, à Bethléem, en Cisjor-danie occupée, dans la nuit du 4 au 5 juin2008. Un commandant militaire israéliena ordonné leur placement en détentionadministrative sans inculpation ni juge-ment pour 4 mois. Aucune disposition n’aété prise pour les traduire en justice. Le 5octobre, leur détention administrative aété prolongée de 3 mois, jusqu’au 3 janvier2009. L’armée israélienne accuse SalwaSalah et Sara Siureh d’avoir pris part à desactivités constituant une «menace pour lasécurité», mais elle n’a apporté aucun

élément à l’appui de ces affirmations. Lesdeux adolescentes sont par conséquentdans l’impossibilité de les contester devantla justice. Les mineurs palestiniens ne béné-ficient pas des garanties juridiques etprocédurales s’appliquant aux Israéliensâgés de moins de 18 ans. Ils sont enrevanche soumis aux règlements et procé-dures militaires de l’armée israélienne, quine sont pas conformes à la Convention del’ONU relative aux droits de l’enfant, àlaquelle Israël est pourtant partie. Les deuxjeunes filles sont incarcérées dans la prisonde Damoun, dans le nord d’Israël, alorsqu’en vertu des dispositions de laQuatrième Convention de Genève, ellesdevraient être détenues dans les territoirespalestiniens occupés. Quelque 275 enfantspalestiniens sont actuellement incarcérésdans des prisons israéliennes. e

ISRAËL / TERRITOIRESOCCUPÉS PALESTINIENS

DÉTENUES SANSJUGEMENT

TARIFS POSTAUXLettres (jusqu’à 50 grammes)Belgique: 0,54e; Europe: 0,80e; restedu monde: 0,90e. La surtaxe aérienneest incluse (étiquette requise).

COMMENT AGIR EFFICACEMENT ?Les cas exposés concernent des victimes de violations des droits humains dont s’occupe Amnesty International. Chaque appel compte.Un texte (à écrire ou à photocopier) vous est proposé pour chaque cas. Dans l’intérêt des victimes, écrivez en termes mesurés et cour-tois aux adresses indiquées. Ces lignes sont lues partout dans le monde par les quelque 1800000 membres d'Amnesty International.Elles sont reproduites dans de nombreux pays par des dizaines de journaux et constituent la clé de voûte de l'action du mouvement.

MODÈLE DE LETTRE

Monsieur le Président,Boris Chikhmouradov, ancien ministre des Affaires étrangères et son

frère Konstantin ont été condamnés respectivement à 25 et à 17 ans de prison.La peine de Boris aurait été prolongée en prison à vie. Ils ont été reconnuscoupables d’implication dans une attaque à main armée en 2002 contre leprésident Saparmurad Niyazov. Depuis l’arrestation de son mari, TatianaChikhmouradova n’a plus eu de nouvelles de son mari et de son beau-frère. Entant que membre/sympathisant(e) d’Amnesty International, je demande àconnaître le sort et le lieu de détention de Boris et Konstantin Shikhmuradovet des 57 autres personnes qui ont disparu. Je vous prie de faire en sorte queles condamnés aient droit à un nouveau procès et que les responsables de leur«disparition» soient traduits en justice. Dans l’espoir d’une réponse favorable àma requête, je vous prie de croire, Monsieur le Président, à l’assurance de mahaute considération.

Signature : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Nom: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

LETTRE À ADRESSER À :Le président Berdymoukhammedov, 744000, g. AshgabatApparat Prezidenta, Prezidentu Turkmenistana, TurkménistanFax : +993 12 35 51 12

COPIE À ENVOYER À :Ambassade du Turkménistan, Boulevard Reyers, 1061030 BruxellesFax : 02 648 19 06 – E-mail : [email protected]

MODÈLE DE LETTRE

Monsieur le Président,Salwa Salah et sa cousine Sara Siureh, toutes deux âgées de 17 ans, se

trouvent depuis juin en détention administrative, dans la prison de Damounau nord d’Israël, sans inculpation ni jugement, contrevenant ainsi doublementà la quatrième Convention de Genève. Il y a en outre discrimination f lagranteentre mineurs palestiniens et israéliens, ces derniers échappant à la prisonjusqu’à 18 ans. En tant que membre/sympathisant(e) d’Amnesty International,je vous demande la libération des deux jeunes filles, à moins qu’elles ne soientinculpées d’infractions reconnues et jugées rapidement en accord avec lesnormes internationales ratifiées par Israël. Espérant une issue favorable àcette affaire pénible, je vous prie de croire, Monsieur le Président, à l’assurancede ma haute considération.

Signature : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Nom: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

LETTRE À ADRESSER À :M. Shimon Pérès, Président de l’État d’IsraëlBureau du Président3, Rue Hanassi, Jérusalem 92188, IsraëlFax : +972 2 561 1033 – E-mail : [email protected]

COPIE À ENVOYER À :Ambassade d’Israël, Avenue de l’Observatoire, 401180 BruxellesFax : 02 373 56 17 – E-mail: [email protected]

TURKMÉNISTAN

«DISPARITIONSFORCÉES» ETPROCÈS INIQUES

La femme de Konstantin Chikhmouradov,Ayna, s’est également adressée aux auto-rités. Elle se rend régulièrement au serviced’application des peines afin de s’enquérirdu sort de son mari et de Boris Chikhmou-radov , mais elle n’a, elle non plus, reçuaucune réponse. Invité à l’université deColumbia (New York, États-Unis) en 2007, leprésident Gourbangouly Berdymou-khammedov a été interpellé sur le sort deBoris Chikhmouradov et d’un autre prison-nier ; son interlocuteur lui a demandé siles deux hommes étaient encore vivants.«Je n’interviens pas dans cette affaire, a répondule président, mais je suis convaincu qu’ils sont envie». Il s’agit-là du seul élément qui donneencore une raison d’espérer à Tatiana etAyna Chikhmouradova. e

Lire aussi sur Isavelives.be : http://www.isavelives.be/fr/node/2716

Lire aussi sur Isavelives.be : http://www.isavelives.be/fr/node/2717

Page 15: Libertés - Décembre 2008

A G E N D ATHÉÂTRE

LES ORIGINES DE LA VIECoralie, scientifique reconnue, nous livre avec unminimum d’honnêteté intellectuelle une confé-rence sur : «Les origines de la vie». Bien entendu,cette conférence est purement scientifique etCoralie ne sort jamais de son sujet, surtout si c’estpour parler d’elle...Pour la toute première fois, Thomas Gunzigmontera sur la scène du Théâtre de Poche auxcôtés de sa complice Isabelle Wéry pour répondreaux quelques questions suivantes : Qui sommes-nous? D’où venons-nous? Pourquoi vivons-nous? Ya-t-il un début ? Y a-t-il une fin ? Comment lesfemmes font-elles pour sentir si bon ? Et à quoi lesenfants peuvent-ils bien servir ? En primeur, voiciquelques extraits subtilisés à la conférence quivous révélera, en décembre prochain, le secret desorigines de la vie...«Ça fait quatre milliards et demi d’années que la vie estapparue à la surface de la terre et quoi qu’on puisse enpenser, la multiplicité de ses formes ressemble plus à unétalage de prétentieux gadgets de luxe qu’à l’expressiond’un véritable talent».«Au moment où cette infecte salope de Lucy se dit qu’elleen avait assez d’être une putain de guenon de sa mère etqu’il était temps de devenir une femme, et que la plusgrande partie de sa descendance humaine allait devenirde pauvres petits bonshommes terrorisés et de pauvrespetites bonnes femmes et que quoi qu’on en dise il n’y ena pas un seul pour une seule fois donner l’exemple».«Je ne sais pas si, quand mon père a rencontré ma mère,il y a eu l’apparition de ce sentiment, vous savez... Ce truclibre de droit dont on se sert dans les publicités et tout, donton se sert pour vous faire regarder la télé... L’amour...».«Assez mystérieusement, malgré son sang-froid, sa couleurde crotte de nez et son contact visqueux, c’est un êtrevivant qui attire plutôt la sympathie. Sans doute parce quesa façon de nager la brasse nous fait penser à la piscine quela piscine nous fait penser aux vacances et que les vacancesnous font penser à une période de l’année un peu pluspropice à la reproduction... Mais oui... Tout est danstout...». eDu 12 au 27 décembre 2008 à 20h30 (relâche les dimancheset lundis)Bois de la Cambre, 1A Chemin du Gymnase - 1000 Bruxelles– Réservations : 02 649 17 27 ou [email protected]

L’IMPOSSIBLERETOUR

Pour Soraya, une Palestinienne née à Brooklyn, ledroit au retour est une question de principe et dedignité. Sous le couvert d’un visa de touriste, elle

revient en Cisjordanie avec l’intention de s’y installer. Dèsson arrivé à l’aéroport, elle comprend ce que veut dire êtrepalestinienne en Israël. À Ramallah, elle rencontre Emad,un jeune homme qui, lui, rêve de quitter ce pays endevenir où il vit comme dans une prison. C’est la rencontre d’une exilée de l’extérieur avec un exilé de l’in-térieur. Décidée à prendre ce qu’on lui refuse, Soraya opère un retrait musclé du dépôt bancaire que songrand-père avait abandonné à une banque palestinienne pour cause d’exil en 48. En fuite, elle continuejusqu’en Israël où, à Jaffa, elle retrouve la maison de son grand-père, habitée par une artiste israélienne. L’in-compréhension est mutuelle. Elle sait qu’elle ne récupérera pas sa maison, elle attendait une reconnaissancede la dépossession. En vain. Porté par une actrice principale qui n’avait jamais fait de cinéma, Le Sel de la Merest un récit tonique et décomplexé aux personnages immédiatement attachants, une ode à la libertéracontée et filmé avec légèreté et évidence. L’écriture, tout en nuances, s’appuie sur les non-dits pour renforcersans lourdeur les moments d’émotions, comme dans la belle séquence dans les ruines du village arabe deDawayima, à côté du nouveau village juif d’Amatzia. e Gilles BechetLe sel de la mer d’Annemarie Jacir, sortie de 10 décembre

BIENVENUE, SI ON LEVAUT BIEN

Aurélia Aurita est une auteure de BD atypique. Révélée par undiptyque d’autofiction érotique Fraise et chocolat, elle continueà se mettre en images pour cette fois-ci raconter ses démêlés

administratifs avec le Japon. Compagne de Frédéric Boilet, dessina-teur français établi à Tôkyô, elle avait déjà séjourné à de nombreusesreprises au Pays du Soleil Levant. Partie pour un nouveau séjour, elleachète 1984 pour livre dans l’avion. À Narita, la réalité dépasse lafiction. Emmenée à part, elle est questionnée par des employés dedouanes obtus et méfiants qui lui refusent le visa culturel qu’ellesollicite pour ne lui accorder qu’un visa de séjour touristique de 90jours, réduit dans les faits à un mois. Derrière cette anecdote racontéeavec rage et humour, Aurélia Aurita, elle-même d’origine sino-cambod-gienne, fustige le rapport ambigu qu’entretient le Japon, ou plutôt sesautorités, avec les résidents étrangers. Comme le note Michel Temman dans sa postface, Le Japon (où prèsd’un quart de la population aura plus de 63 ans dans moins de 10 ans) se recroqueville sur son île, atten-dant on ne sait quoi. Pas chiche, Aurelia nous fait partager son goût pour les mets les plus improbables dela cuisine japonaise. Les Shirako sont des beignets de sperme de morue. On doute cependant qu’uneconsommation, même immodérée, de ces délices arrive à réveiller le taux de natalité. Ça se saurait. e G.B.Aurelia Aurita, Je ne verrai pas Okinawa, Les Impressions nouvelles, 80 pages, 12 e

DES PÉPINS DANSLA GRANDE POMME

Il y a des gens qui sont supposés ne jamais se rencon-trer. La magie du cinéma le rend possible. Prenonsd’un côté Walter, prof d’unif vieillissant englué

dans la routine et de l’autre, Tarek et Zainab, un couplede clandestins. Lui est syrien, elle est sénégalaise. Tousdeux espèrent se fondre dans l’anonymat de New York. Deleur rencontre improbable naît une relation de curiositéqui vire à l’amitié. Quand Tarek se fait arrêter pour unepeccadille et est envoyé dans un centre de rétention pour illégaux, Walter se découvre une cause à défendre,des sentiments à exprimer. Pour ce libéral bon teint, la confrontation à l’arbitraire de la justice et au trai-tement peu amène réservé aux illégaux agit comme le révélateur d’une réalité cachée. A l’instar de ce grandcube en brique posé dans un quartier délabré du Queens dont rien n’indique à l’extérieur qu’il abrite uncentre fermé où croupissent trois cents personnes en attente d’expulsion. Tom McCarthy déroule son histoireavec une certaine naïveté assumée tout en laissant les grands violons au placard. The Visitor n’est pas un filmpolitique, mais une histoire d’amour et d’amitié plaquée sur une réalité que beaucoup d’Américains igno-rent. C’est une invitation à sortir de sa coquille pour découvrir l’inconnu. C’est aussi la preuve qu’un djembépeut faire des miracles. e G.B.The Visitor de Tom McCarthy, sortie de 17 décembre

Libertés ! Décembre 2008 15

C U L T U R E

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F916 Amnesty «Elle était une fois»19,90 € (Frais de port : 3,56 €)

LE CALENDRIER AMNESTY 2009

BON DE COMMANDEÀ renvoyer à Amnesty International – Rue Berckmans, 9 – 1060 Bruxelles ou par fax au 02 537 37 29

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