FAIt M. EUGÈNE GJtÉSY, Membre...

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tiw • (3J&j.t, .Vii LE CALICE DE CHELLES OEUVRE DE SAINT ÉLOI FAIt M. EUGÈNE GJtÉSY, Membre résidant. Mémoire lu dais le, séance du 13 ma; et du 10 juin 1863. Depuis plusieurs années l'attention des sa- vants s'est portée sur les origines de la peinture en émail. Pour en étudier et comparer les mo- numents on a visité l'Angleterre, la France, l'Ita- lie et l'Allemagne; une polémique des plus inté- ressantes s'est engagée sur la question de savoir si l'école rhénane avait l'antériorité sur l'émail- lerie limousine. C'est à M. de Laborde que revient l'honneur d'avoir tracé l'histoire générale de l'émaillerie, avec une sûreté de méthode et de critique qui s'appuient autant sur les textes an- ciens que sur les produits de l'art connus jus- qu'alors. Par une coïncidence bien remarquable, la statistique des découvertes faites depuis lui a donné raison. Elle a établi que c'est dans les + jes-e0 Document il il il il il M 1111 Ili IIllI IV 0000005381883

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• (3J&j.t, .Vii

LE

CALICE DE CHELLES

OEUVRE DE SAINT ÉLOI

FAIt M. EUGÈNE GJtÉSY, Membre résidant.

Mémoire lu dais le, séance du 13 ma; et du 10 juin 1863.

Depuis plusieurs années l'attention des sa-vants s'est portée sur les origines de la peintureen émail. Pour en étudier et comparer les mo-numents on a visité l'Angleterre, la France, l'Ita-lie et l'Allemagne; une polémique des plus inté-ressantes s'est engagée sur la question de savoirsi l'école rhénane avait l'antériorité sur l'émail-lerie limousine. C'est à M. de Laborde que revientl'honneur d'avoir tracé l'histoire générale del'émaillerie, avec une sûreté de méthode et decritique qui s'appuient autant sur les textes an-ciens que sur les produits de l'art connus jus-qu'alors. Par une coïncidence bien remarquable,la statistique des découvertes faites depuis lui adonné raison. Elle a établi que c'est dans les

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20t LE CALICE DE CIIELLES.

11es Britanniques, au nord-ouest et à l'ouest dela Gaule, sur les confins de l'Océan, que se ren-contrent 1e plus grand nombre d'émaux primi-tifs, précisément dans la région où Philostrate,un écrivain du troisième siècle, avait indiquéque se pratiquait ce procédé d'ornementation,regardé alors par la civilisation romaine commeune invention étonnante. Nous avons peine àconcevoir comment M. de Verneilh', si versédans les arts dtr moyen âge, a fait de grands ef-forts pour transporter le berceau de cette indus-trie en Allemagne, le seul pays où l'on n'ait jamais trouvé trace d'émaux antiques, quand ilétait naturel .de croire qu'elle a dû prendre nais-sancechezies Celtes et dans la Gaule. Les vases etles bijoux émaillés à taille d'épargne, dont la pré-sence se révélait dans les sépultures gauloises etgallo-romaines, répondaient si bien aux usagesles plus ordinaires de la vie qu'on de'sait en con-clure, comme l'a fait M. de Laborde, que lesprocédés de l'émaillerie n'avaient jamais pu seperdre entièrement, et que, si l'on manquaitcomplétement de spécimen pour la période dusixième au neuvième siècle, il ne fallait en ac-

1. Les émaux d'Allemagne et les émaux limousins. (Ex-trait du Bulletin monumental. Paris 1860. Communicationsde MM, de Quastet de Verneilh au congrès scientifique de tLimoges.) - Les émaux français à les émaux étrangers,en réponse à M. F. de Lasteyrie. (Bulletin inonu,nenè'al,3 série, t. IX, 9' vol. n°3. Paris, 1863.)

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LECALÏG1'DE dliLLES2 205

cuser que les vicissitudes des temps. Jusqu'icil'on ne pouvait produire d'émaux champlevésdes neuvième et dixième siècles que sur quelquesanneaux d'or d'évêques celui d'Ethelwulf, con-servé au British-Museum, ceux d'Alhstan, évê-que de Sherborne, mort en 867 et de Gérard deLimoges, mort à Charroux en 1022 (ce dernierde récente découverte). André du Saussay t ra-conte qu'en 1636, on découvrit dans la cryptede Joparre le tombeau de saint Agilbert, évêquede Paris en 670; parmi ses ornements épisco-paux il cite aussi un anneau émaillé Encaustoami lus in superiori parte circuil dccoratur, cmi-nelquc e medio ejus vasculum falcatis quasi un-

guiculis cveium, quibus ipsa gemma sir/ngitur,alco que exqu.isito arti/icio fabrtfaaiiin opus est,ut vi.v clegantiori forma confection aliudproferripossit. Cette gemme était une agate sur laquelleétait gravé en intaille un saint 3érôme se frap-pant la poitrine d'une pierre au pied du cru-cifix.

L'opinion de M. de Laborde a été soutenuepar M. Ferdinand de Lasteyrie dans plusieursmémoires remarquables' où il a de plus en plus

1. Panoplia episcopalis, 11h. HI, de 4nnulo. p. 183,in-fol. Paris, 4646.

2. L'Electrum des anciens est-il l'émail? dissertation sous

forme de réponse à M. J. Labarte. Paris, 487. —Descrip-tion du trésor de Guarrazar. Paris, 1860. —Des origines defémaillerie limousine, mémoire en réponse à quelques ré-

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206 LE CALICE DE c*ELLE5,

élucidé la question, en ramenant tonjoiix la dis-cusion sur son véritable terrain. La découvertequ'il a faite récemment à Saint- flaurice-en-Va-lais d'une petite châsse mérovingienne du sixièmesiècle, ou au -plus tard du septième, fournit déjàaux annales de l'émaillerie un document bienprécieux pont aider à remplir la lacune à com-bler; c'est la première pièce d'orfèvrerie où l'onconstate l'émail à taille d'épargne pratiqué simul-tanément avec l'incrustation de verroteries tail-lées à froid. Les noms des deux orfèvres signa-taires, commeleremarque l'éminent archéologue,ont une physionomie toute gallo-romaine Un-dilto et Kilo. Ce dèrnier nous paraît avoir uneétroite parenté avec Eliutus, fflonétaire mérovin-gien, dont je dois l'indication à l'obligeance denotre confrère M. Anatole de Barthélemy; nepourrait-on pas admettre qu'Ellutus n'est que laforme latinisée du foui gaulois Kilo? Nous ai-Ions prouver qué deux autres monétaires de lamême époque, saint Éloi (Eligius) et Thillo (parcorruption saint Théau), son affranchi et sonélève, ont aussi fabriqué l'orfèvrerie émaillée, cequi n'a rien de surprenant, car pour des artistesexercés à graver des coins de médailles la tailled'épargne ne devait plus être qu'un jeu1

ccntes attaques contre l'ancienneté de cette industrie. (Extraitdu Bulletin etc la Société archéologique et historique du Li-mou-5m, pOff, L. 4862.)

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LE CkLICEIDC CUEIJLIIS 207

SAINT ÉLOI À-T-!L PRATIQUÉ L'ÉMAILLERIE?

Un contradicteur de l'opinion émise par M. deLaborde, M. J. Labarte a renversé les tradi-tions acceptées sur l'ancienne émaillerie ; nevoulant: conclure que pièces en main, son expé-rience lui a permis (t'établir que l'Allemagneavait conservé des émaux datés d'une époqueantérieure de plus d'un siècle à tout ce que peutmontrer notre école limousine; il en a concluque les produits cloisonnés de l'école germa-nique, nés de l'influence byzantine, avaient l'an-tériorité sur les émaux de Limoges, sans vouloir

• remarquer que ces derniers ne procédaient quede l'industrie gauloise, dont le caractère distinc-tif est la taille d'épargne, ainsi que M. de Las-teyrie l'a démontré;

Lorsque les textes font défaut ou ne s'expli-quent que d'une manière très-vague, faire del'archéologie en présence des monuments estcertainement la méthode la plus prudente, sur-tout s'il s'agit, comme ici, d'un art dont les pro-cédés ont varié et sont quelquefois très-difficilesà déterminer; mais encore Faut-il que chez l'unedes nations mises en cause, les prôdûits à mettreen parallèle n'aient pas disparu complètement,

1. Bec/zcrc/zes tiir In peinture en émail. Paris, 1856. in-4.

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08 LE CALICE lis CHELLES.

autrement on ne peut plus en tirer aucune con-clusionhistorique. Or, il est notoire qu'en Francel'orfèvrerie sacrée et profane avait eu déjà bienà souffrir des ravages des Normands, de l'inva-sion anglaise, des pillages de la Ligue, et la con-fiscation organisée en 4792 est venue en assurerl'entière destruction en renvoyant en dernier res-sort au creuset de la Monnaie.

Pour soutenir que l'industrie limousine nedate que du douzième siècle, M. Labarte avait àprouver que saint Éloi n'avait jamais fait d'or-févrerie émaillée; et il a entrepris de le démon-trer en arguant du silenée des textes contempo-rains, sans songer qu'à cette époque la languelatine n'avait pas de mot pour exprimer ce genrede travail. Ce n'est qu'au neuvième siècle qu'A-nastase le Bibliothécaire, employa pour la' pre-mière fois le terme smaltum ou sazailitas, évi-demment emprunté de l'italien srnalto; maisu

l'auteur écrivait à Rome, encore faudrait-il, sa-voir à quelle époque le mot a été naturalisé enFrance, si jamais il l'a été, car nous aurons oc-casion de faire remarquer plus loin que mêmeaux dix-septième et dix-huitième siècles,' il estrejeté comme trop barbare par ceux de nos sa-vants bénédictins qui se piquaient de Caire debonne latinité; ils s'autorisent de Pline et deMartial pour employer le terme équivalent en-eaust.urn, latinisé du grec.

Lorsque le moine Jean de Marmoutiers a décrit

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- LB CALICE DE CREFIES. 209dans sa chronique l'admirable plaque émailléede Geoffroy Flantagenet, mort en 1150, il n'apas trouvé d'autre expression pour en spécifierle genre de travail que « reverenda imago exauro et lapidibus impressa » mot à mot im-primée en or et en pierreries. Le monument esten cuivre et non en or,. il n'existe pas de pierre-ries, ce ne sont que des émaux; s'il n'était pasconservé au musée du Mans, M. Labarte consen-tirait-il jamais à reconnaître une plaque émailléed'après une telle description? N'et-ce pas unecoïncidence bien remarquable de retrouver iciles mols mêmes que nous allons voir employéspar saint Ouen pour désigner le travail de saint'ÉIoi? Dans l'origine, l'émaillerie semble eu effetn'avoir èù pour but que de simuler les pierresprédieuses. Aux temps d'ignorance comme auxsiècles de la civilisation la plus avancée, en im•poser aux yeux de la multitude par un luxeétourdissant et une.. appareûce de richesse iné-puisable, a toujours été le moyen le plus sûr dedominer; faire croire à des mosaïques de pierresprécieuses enchâssées dans l'or et prodiguéesjusqu'à en recouvrir entièrement les parois, n'é-tait-ce pas assurer la vogue de cette industriemystérieuse? C'est toujours l'idée que cherchentà en donner dans leurs descriptions les historienset les légendaires; l'èxpression technique ne setrouve que dans de sèches nomenclatures, dansles inventaires, dans des comptes de dépenses

xxvii li.

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LE CALICE DE CHELLE5

drés par deh.exikrts pouf rester secrets. DéjàMi. de V€rhilh avait cité une péi'iphSe . apti-rnihitabsoluwent la thème idéepoétiqde à prood'émaux byantius - u Sous hstinien, des pierrepréciedses ifrjàdfiï!es. tenaient, dit-ofi j mie placeboiiidérabIe dans .l'hrnenientation . de. la tabled'autel de Saint&Sophié :. nr, tomme tes pierresréciètkés rWsauraieni se fondre, il s'agit néces-sairement de fflitâbles éthanxt o Mt tit \Ïtrnejllijf!lksitè pas it Je reconnaitret L

..Lûrsque .ùiuOùn 'se plaît à élit] mérer lestS..es duciMbré 'orfévre, son:amitiIstsSi cOn-

sarrime.nt d'exresFoiisanalogues: u? sellamfaurogmrniqhe:(abribare ,(Sp. v),Lpungiut piopietiitto er»ni&iuè'3bm1t-âa (é ck) S&siliàquarnpluHma n aqro et geffimis (ibid.); uté-batur t1uidem. 1w primordio -attro et .gemnii inhabitu, habtbat quoqte..zthai aurû et Lm-mis comptas et bursas eleganter gemmatas(cap. ii). s Dans lesanpiens-;aueurs 5 g'ernsnies'entend tic toute pierrès vraies ott .fanssbs quiservâient ài"ornementation de I'b1féVrerie sui-vdntses appréciations, P1in y .3hn les épithètesdépredoœ oh de oitrS .Anastase it Bibi intIvétaire 'dit Sssi t t'oroflas KV gèfftmis p?etios&3.Siaint Ouen l'aait entendu des pienes pré..

1. Bulletin monumekal, ' série, t. IX, 29' vol., n° 2,p.t3. - I.'. v&:; k»,, -. iis&.3. Pid ria pape Waîi P7:

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LE CAUCE DE CUELLES. 211

tieuses .Seulernent,c0mmentÀ r arti.44e dbnt il flouspeint lacharité inépuisabIe aurait-il appliqué despierres de si grand prix à tous les objets affectésà son usage personnel, à ses dagues ceibtûres étaumônières? Il nous apprend quei même en :tra.availlant, Éloi avait, ouverts devant lui Jes livréssàint et lesPères'de l'Église. Or, .saint>.Oypienet Clément d'Alexandiie 'éthieflt déjà élevésforternnt contre le luxe ét l'abus des piérreriësi

M. Labarte a même, de trèsrbonne .foi publiéun texte qinie parait des plus conc1unIs.pdurruiner son opinion c'est 1'inèntàjt'e du trgsorde l'abbaye de Saint-Denis dressé en 1534, où strouve décrite urne des oeuvi'eles plus authen.tique de saint Éloi, piiisqu'eIlé est spécialementmentionnée 'dans l'auteur anonyme des GetaTidgobeni; 'qui écrivait au neuvième siècle; il s'a-git de la ghinde.croi* d'orque ce roi fit exécuterpar saint Éloi-poir dn faire :dofl à déttè abbàye1et voici les termes de l'inventaire « Au-dessusdu contreniutel une grande broi±, nommée laGrand Cioix-Saint-Eloi, faite panmbnsieursaintÉldycomme dysoient lesreligieu x attachée au der--rière dudit autel et fermant à clef. LE:cuA3t.p

de ladité croix tantdèvant qùederiièi'e, de VERR1S

rcssenablapzs & jac/ntlic, grena ii1 esmeraudes nsaphirs-. Or, est-il possible de Fencôutiei' unecircolilo-cution qui désigne plus tiairement l'é-mail; 1'énwiration des pierreries qu'imitaitcette surrse vitreuse répond précisément aux

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212 LE CALICE DE CHELLES.

couleurs des émaux anciens: bleu, vert, rougepurpurin et jaune; M. Labarte n'y veut recon-naître qu'une incrustation de verroterie à froid:c'est déjà une grande concession; mais où trou-yen-t-il des' exemples de verroteries mérovin-giennes bleues et vertes ?-

Les termes dont se sert le moine de Saint-Denisauteur de la vie de Dagobert, pour apprécier letalent de l'orfèvre royal, méritent d'être très-sé-rieusement pesés, car les secrets 'de l'émailleriem'y paraissent très-clairement désignés, lorsque,apr'ès avoir fait l'éloge du talent d'Eioi à proposde cette croix, il ajoute cette réflexion u Nempemoderniores aurifices asseverare soient, quod adproesens vix aliquis sit relictus, qui quamvis pd-ritissimus in alUs exstet .operibus, luijusce moditamen gernrnarii et inciusons subtilitate valeatper multa annorutu curricula,eo cjuod usu reces-sent, ad liquidum eperienliam conseui.

Les orfévresde sou temps ont coutuflked'assu-rèr que c'est à peine si maintena'nt on pourraittrouver quelque ouvrier, si adfoit qu'iPfùt danstoute sorte d'ouvtage, qu'on pût comparer à Éloipour la délicatesse de ce genre de travail quiLient du lapidaire etdel'encMsseurdepierreries.C'est eu vain qu'on chercherâ péndant un grandnombre d'années un tel artiste; et il est clair quecet art se perd parce qu'on ne s'en sert jlus.Le.hajuscc modi indique bien qu'il ne s'agit pasici d'un lapidaire ordinaire ; mais d'un. .•artiste

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LE CALICE DE CHELLES. 213

qui avait un secret i lui pour l'incrustation desverroteries et des émaux imités des pierres pré-cieuses.

Enfin l'abbé Suger lui-même, en parlant de lacoupe de prime d'émeraude qu'il possédait àSaint-Denis, porte un jugement d'autant Plusprécieux à recueillir qu'il sort de la bouche d'unprotecteur éclairé des arts et qu'il s'appuie surl'avis des gens du métier; en voici les termesr Vas preciosissimum de lapide prasio ad formainnavis exsculptum.... quod videlicet vas, tainpro preciosi lapidis qualitate quam integra suiquantitate mirificum rncusoiuo sancti EligiionRE constat ornatum, quod omnium aurificumjudicio pretiosissimum estimatur '. » Ainsi legenre dans lequel excellait Éloi, c'était l'opus in-

clusorium, expression merveilleusement justepont préciser l'incrustation des émaux.

HISTORIQUE DU CALICE.

La grande estime et le pieux attachemebt quela reine Bathilde, épouse de Clovis lI, avait voués

1. SuerU de rehus in adrninist. sua geseis apud Duchesne,t. IV, p. 349. Ce passage a été déjà reproduit dans l'ou-vrage de M. Labarte; malheureusement une faute d'impres-sion défigure le mot le plus important, on y lit : incluso aulieu d'inria sono.

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2I4LE CALICE ' DÈ CUÈLLFS.

I saihiÉlol, flous sont attestés pal' l'auteur con-temporain de sa vie; saint Ouen la montre assis-tant, éplorée, aux obsèques de son - directeurspirituel e voulant faire transportr soir ùChelles; il rapporte le miracle qui, eriipécha lareine de mettre son projet entièrement à exécu-tion et comment, à la pPiflièriranslation deses lestes, ce fut encore elle-méme quivinLren-cire Je soin de les envelopper dé-précieuse étolîesde soie;- c'est assez Faite ompreiidre qu'elle pré-sida au partage, et que sonarclejite piété sutFaire choix de la plus belle reIijùe. 1Tous ls an-ciens historiens s'accordent à dire que la fonda-trice de Chelles rapporta aux religieuses de soncouvent le chef de saint Éloi auquel était jointun calice d'or; uvrage de ce célèbre orfévie.Nous trouvons ce calice élevé aurangdereliquedans les plus anciens inventaires, dont :lès copies,refaites au dix-septième siècle, sont encore au-jourd'hui conservées àla bibliothèque du grandséminaire de Meaux., L e prernjer a pour titre In-ventaire tiré d'un titre ancien; on y mentionne« le chef de saint loi, un calice fait par saintÉloi; puis dans un abrégé de l'histoire de L'ab-baye royale de Chelles, manuscrit de 1684 :« Autre inventaire des saintes reliques de l'ab-baye 4e Notre-Darne de Chelles tiré d'un ancienmnuscS de cette maison, » nous lisons page 32:

« Le chef de saint Eloy« Un calice fait par ce saint evesque.

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LE CALICR. DE CIIELLES 216

et A la page 9 du tome J: La rein? Bathildeemporta son calice d!or qui était enrichi de pier-reries, et le mit h Cheiks où oit voit encoreaujourd'hui. n C'est cp vénérable rngnument queAndré du Sausay' vint admirer à Chelles n1651 et dont il fit faire sous ses.yeu un dessin,grandeur .d'exécutiôn, renduavec le plus 4 e soinpossible (accuratim e.rprcssurn) pour le publierdais sa Panoplia sacerdotalis, ouvrage in-foliod'une excessive rareté, puisqiii n'existe pas à labibliothèque impériale et que POuS p 'eu Con-naissons jusq&ici qu'un seul exemplaire à la W-bJiothèque de l'Arsenal. Mais traduison s l'auteurlui-même uku mois dé juin dernie r (16 1 ), metrouvant à Chelles, antique et noble abbaye defilles qui dépend du diocèse de Paris, je deman-dai à voir les saintes reliques. Paripi les piècesles plus précieuses du trésor de l'église, l es reli-gieuses chargées des soins de la sacristie memontrèrent et me donnèrent à toucher je calice

f. André du $aussay, né en 4589, docteur en droit et enthéologie, eut pour ptemier bénéfice la cure de Lieusaint,près Melun, qui appartenait alors au diocèse de Paris; ildevint ensuite chanoine de Saint-Marcel, curé de Saint-Leu,

officiai et giapd vicaire de Paris, protonotaire 4e 1'gliseromaine, prédicateur du roi, et, cnfip évêque le Toul. Pariai

es nombreux écrits, le 2War tyrolûgium gallipanuvît et surtout

ses trois Panoplies (episeopalis , sae;do(a1is et cleriealis)témoignent d'une vaste érudition et même de connais-sances très,-avancées en archéolçgie chréiee. Il mourut

en 4674.

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216 LE CILICE DE CIIELLES.

de saint Éloi, évêque de Noyon, fabriqué de lamain mêmè de ce saint confesseur; il est d'un ortrès-pur; le haut et le bas de la coupe sont ornésextérieurement d'une rangée de pierreries, et àmesurer de la base, le vase a à' peu près un piedde hauteur. Son ouverture est un peu plus étroiteque celle (le flOS calices, mais l'intérieur est pluslarge et plus profond puisqu'il contient presqueune hémine'. 11 a été donné à ces saintes fillespar la célèbre fondatrice de leur monastère,sainte Bathilde, comme un gage de pieux souve-nr, parce que saint Éloi, de son vivant, avait étéon principal conseiller et son père spirituel.

C'est aussi à la munihdence de la reine, épouse deClovis Il, que ces religieuses doivent de posséderle chef de ce saint prélat, renfermé à part dansun magnifique reliquaire.

La possession d'une relique aussi importantedonne de la célébrité à ce monastère et lui assureen même temps un puissant patronage; outrecela, le calice, que je viens de citer commenant de ce glorieux évêque, présente un spécimend'une antiquité si vénérable et d'une forme sirare, que nous avons pénsé être agréable à nospieux lecteurs en leur en offrant une image aussifidèle que possible'.

Par une étrange bizarrerie d'auteur, c'est ail-

1. L'hémine équivalait à seize onces de liquide pesant.2. Panop fia sacerdoinlis çeu de vtmerando saeerdj,twn ha-

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LE CALICE DECRELLES. 217

leurs que du Saussay trouve occasion de com-pléter sa description et de s'expliquer catégori-quement sur la question d'émail qui nous occupe.Voici ce passage décisif qui, faute de mention àla table des matières, a failli nous échapper« A l'abbaye de Chelles, près Paris, on conserveun calice d'or de saint Eloi, fabriqué par lui(car, avant d'être évêque, il était orfèvre très-ha-bile). On me l'a, ces jours derniers, donné à voiret à toucher; il est d'une grandeur telle qu'il peutcontenir unehémine, et cependant il est entière-ment en or et décoré de pierres précieuses au-tour de l'orifice. Ce qui en fait tout l'éclat, ce sontles émaux fondus et coulés avec une grande ha-bileté: encausto que artificiose eliquato infusoquccoruscans. li n'y a donc pas à douter que ce ca-lice était émaillé ici la description fait parfaite-ment la distinction des pierres cabochons et desémaux à taille d'épargne: l'antiquaire pèse sesexpressions de manière à prouver qu'il connais-sait les procédés.

Ch. Lecointe, dans ses Annales ecclesiasticiFrancorum, publiées en 16681, a copié presquetextuellement la première description donnée pardu Saussay. Le passage où Gérard Dubois fait

biut eorum que multzplici munere ac officio in ccclesia Dei.Lutecia, Farisiorum, 1653, lib. VIII, cap. vu , p. 200. Bibi.de l'Arsenal, in-fol., jurisp., 1154.

1. Loco citato, 11h. V, de stola sacra, p. 81.2. T. III, p. 491.

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218 LE CALICE DE CHRLLE.

mention du calice de .Uelles, dans :onHistoriaecc1siastica /àrisicnsis, en 1690, est plus laconi-que, mais tout aussi explicite dans soit

';Remarquons, en passant, qu'aucun de cesauteqrs n'emploie l'épithète technique smalta-las. Et) outre dom Martène' et 1'abb Lèbeuf3

4: in nwnaseerioIjabczur cdix, opus sancti Eligii exaIIm purissirnofûris decoratas gemmis; !zunc Bat/zildis cginaohm Galeuse basihicai :r4di4i. (Lib. W, cap . I, P. 49e.)

-2. F On nous y fit voir aussi le calice de saint Éloi, dontla coupe est d'or émaillé; elle a près d'un demi-pied deprofondeur et presque autant de diamètre;le'pied est beau-coup plus petit. Je 'n'aurais pas de peine à cyoire que ce ca-lice a été autrefois donné au monastère par sainte BaLhilde,

qu?il servait pour les jours de commupiqn sous les deux s-pêces, et qu'on l'appela !e calice de saint Éloi, parce que cesaint, qui était 13P directeur de la sainte, s'en servait ordi-nairement Quoi qu'il en soit, on conservait encore autrefoisla patène d'or du même calicè, mais il y a plus de trois centsans qu'on l'a fondu pour faire la châsse de sainte Bathilde.Ainsi, la dévotion de, ces .laines pour leur sainte patronnenous a privé de ce précieux monument qu'on ne peut assez

regretter.(Voyqgc (itté;'., 474, t. II, p.4)-3. On voit aussi (dans le trésor dé l'bbaye de Chelles)

1m calice auquel on donne Ic nom de saint Itlôi, soit qu'ilait été fait par lui lorsqu'il exerçait Vorfévreric, comme lecroit du Bieuil, ou qu'il lui ait serti dans.les saints mys-tères depuis qu'il fut Fait évêque. La coupe est d'or émaillé:elle ii près d'un demi-pied de profondeur et presque autant

de diamètre, le. pied est be3ucoup pluspetit. »çrt I'iartênecroit que ce calice a été donné, ,etc. L'abbé Jeh,ei' recopiele passage précédent. .,i (Histoire du diocése de Paris, t. VI,

p. 42, 1755.)

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LE CALICE DE COELLES. 219-

parient (le ('/SU en affirmant que la coupe de cecalice était d'or émaillé, et leurs témoignages ontil't4utant plus de poids.qu'ils émanent des deuxdntiqtiaires les plus compétents et les plus accré-dités au. dix-septième siècle, dont la vie se pas-sait à visiter et à décrire les trésors des égliseset des abbayes, les plus riches musées de leurépoque. Il n'est guère probable qu'ils aientpu confondie des incrustations de verroteries àfroid avec des émaux coulés, lorsque, un siècleavant, .Chiffletenavait .su faire la distinction dansla description du tombeau découvert à Tournay.

Pour mettre le dernier sceau à des documentsaussi authentiques, il est triste - d'avoir à signalérle jour à jamais néfaste où un monument de cette

• importance fut envoyé à la Monnaie. « Le 23juin 1792, procès-vérbal fut dressé par les com-missaires du district de Meaux pour constaterç

•l'argenterie inutile au culte dans l'abbaye deChelles; l'abbesse ét les religieuses remirent aux

•commissaires, entre autres plèbes, deux calicesdont un de vermeil, nw AUTRE CALICE VENA1ÇT fiES

RELIQUAIRES, TA1ÇT DE SAINT ÉLOI, deux chefs envermeil, etc....

Il fut laissé aux religieuses pour l'exercice duculte : deux des quatre chefs dont un est desainte Baihildè et un de sainte Berthilde avec 'ingros diamant et deux châsses, une de sainte Ha-thilde et l'autre de sainte Bertbilde, etc... (je passeles vases sacrés -les plus indispensables).

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220 LE CALICE DE CRELLES.

« Précédemment elles avaient envoyé à la Mon-naie, à titre de don patriotique, plusieurs objetsd'une valeur de 11000 livres, -

Ce procès-verbal, conservé aux archives dela préfecture de Seine-et-Marne, est signé descommissaires, de Mmes de Sabran, abbesse, dela Fontaine, dépositaire et sacristine, de Monloué,boursière. »

Avant de soumettre à l'appréciation des ar-chéologues le calque fac-simile de la gravuredonnée par du Saussay, je • dois faire remarquerque le faire de l'artiste étudié avec un peu d'at-tention m'a révélé une singularité qui en doublel'intérêt; c'est que toutes les couleurs des émauxy sont exprimées par la direction donnée auxtailles conformément aux règles de l'art héral-dique, ce qui m'a perdus d'en restituer l'aspectpolychrome aussi fidèlement que possible. Si l'onétait tenté d'en douter (parce qu'il est tout à faitinsolite de rencontrer ces signes ailléurs que surdes écus armoriés), il suffirait de voir le pointilléque le graveur a semé entre les moulures deschatons pour se convaincre que ce travail n'ajouterien à l'effet ni au modelé, que par conséquentil a seulement pour but de distinguer les partiesd'or (lui n'étaient pas recouvertes d'émail. Lamême intention se révèle dans le soin minutieuxaveç lequel les tailles ont été régulièrement diffé-renciées sur le noeud central pour indiquer unéchiquier microscopique où le vert alterne avec

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LE CALICE DE CIIZLLES. 221

le purpurin (ingénieuse innovation dont nos ar-chéologues modernes feront bien de tirer partipour publier des planches où les couleurs à indi-quer n'excèdent pas la gamme du blason). Ici leseul oubli de du Saussay est de n'en avoir pasprévenu ses lecteurs.

DESCRIPTION.

On voit que le calice de saint Éloi présente laformehiératique la plus pure, puisque c'est celleque l'on retrouve sur les sicles ou monnaies hé-braïques, celle - que devait affecter le calice duChrist lorsqu'il institua la cène, selon l'opinionde,du Saussay, dans sa dissertation à ce sujet.C'est aussi tout ii fait le galbe qu'offre en minia-ture le calice en bronze doré de saint Ludger,évêque de Munster, qui fonda, vers 796, l'ab-baye de Verden où dom Martène 1 en obtint le'dessin -dans toutes, ses dimensions, qui n'accusentpas jilu de 0;I25 de hauteur. Du Saussay ra-.conte qu'en 4222 on découvrit aussi un très-petit calice dans le tombeau du pape I-Ionorius 1er,qui, avait vécu :vers l'an 630,. et était par consé-quent contemporàin de saint Éloi; ce qui prouveque déjà à cette époque le prêtre célébrait quel-

1. J'oyage littéraire, t. H, p. 23 (&, avec pi.

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222-L1 CALME-DE CIIELLES.

quefois 'les 'divibs mystères &ùis: Thire tornmunier les fidèles sous les deux espèces.

ILé foidsj d'après les nômbreux, exemples quecife dit en relatant les .dons de - calicesministériels du même genre ç pSt êtr valùé .àune vingtaine de livres, non comptis la patène;qui devait être aussi d'un poids assez considérable,puisqu'elle fut fondue au quatorzième siècle'pourfaire les frais d'une châsse d'argent destinée auxreliques de sainteBâihilJè mais n'oublions pasqu'à cette époque les patènes avaient la dimen-sion -dé véritabl i&t€at: Lè . frMôrZ tlé la ha-thêdrâlé de Nàiky Lioùg eh bffre èiièôiê un exèin'pIe dans h pâtne du talicé & I'v&cjUetsaih4tGozitu, pli occupa le siégé de Toûl en 894 . Le'g'raï*l tàliS d'ot '4'ué Chài'lèhlagdé ddâ-à1Bli!icjujé dé SifitaPiM'rè lièsait éiflqtâiitèihùitIiviS, èt'si palette irèhtè) Il tâi'4I'iIt'

1. Vô'. a.i ffinistèib des kltei , -fi la t,1iedjo,Pdà0hed etaïeux /iourtarfc'Jirée/e$., mi dessins-dé M:.Peo4autant qti'Ôn peut distinguer, ù la hauteur où -ils sont epôsés aujourd'hui au salon, le calice à deux anses, la.patèneàfond quadnobe et I'evangeliaire de saint Gozlin sont deco;rés dé petits éhià'ux d'appliqué qui ine drissént éiécutis parle jFnc&dé zihticju'é, c'Sà4irb i coubhê suérdsées'tsiitis clôistrn riiétalïiqlie. 'CShiéthiilIob -à dèihsblàtibs;%'in'fond verÇ-représes&n &tar un ,seiiiis de croisettes;.tantôtune rosé à quatre boucles ,,cantonnée de points. Faire parjade 'de pareils produits à la lin 1di ileuvième siècle , sen-hie indiquer, que ce n'est pas précisément de ce côté quevenaient la luYniére et ieprogit....... -

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LE CALICE DE CRELLES; 223

MaiL muni de 'deux anses pour' S faciliter l'élécvàtions -

Le moine Théophile; dak Sbn Essai sur dive i.Ç

arts; décrit le chalumeau d'or à l'aide duquelles fidèle's coniinuuùtient daM ces Calices dési-gnés usi.sous le nom de cratères commê €eluidé saint isiddre:..

,Son ernèrfientatioù, toute d-iétoingiênfie; estd%cé simplicité gPave'ét i'mjosante: Pas le.ilioins4rtlétdii qùipuiîsé, faire bqÇbiifldr ulfé adjrsiîc1km à I'œïivrepiiiniïiv. lie uavail d?émaitt.'ac-cue guère ml art plu 'avnté que c'elûi deséniâux kaulois. .apès in forinnectangu]airedes cloion de l'échiqui&, qui sont tdutes.tail'léés suf le aiêmepufrbn;il.'est certain ilue l'in'crustation de mi4tic bu 'de vefroteriS à froidn'aurait pas pr&selit'é plus 'de difficulté qqe l'iutfusiob d'éthaux fonddnis; mais 'tetiedispositionen :e'chiquier" occupe une si grande surface Sui

la coue,que l'en4iloi dii premier ptdcédé Miraitexigé plus de profondeur: 'dans la titille d'épar.gue, et par conséquent un travail infiniment plusiong; on est donc force de reconnaitre qui! n yavait -réc1ement jas d'autre procédé praticableque celui de l'émail charnp1evé' la disposition

..lt Unést1èusobjecdon Qn'twit été tait Øt ratte côiifrêre-M: ig rier b'est qtï'eh émhille'rièi il ne cnitpas impossible q&tine case de blanc ne pût ÏhS avoisinune case de vert, parce que, à la fnsion, ce dernier a l'iricoiivénieitde dèbohier. J'tfi cènsnifl sui cctte4lfestion ji)-a-

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221i LE CALICE DE CHRILES.

en échiquier a été signalée sur uuedS plus bel-les fibules gauloises du cabinet des médailles;M. Maurice Ardant' ta vue précisément avec lesmêmes couleurs en opposition, blanc et vert,sur un bouton de bronze antique trouvé avec unemédaille d'Auguste, lors de l'ouverture de l'ave-nue du pont Neuf à Limoges. Sur la plaque d'é-vangéliaire du trésor de Mohza, j'ai pu encoreconstater un émail échiqueté de troistraits,grâce à M. de Lasteyrie, qui a eu l'obligeancede m'en cômmuniquer le dessin; notre savantconfrère fournit même à- l'appui de mes conclu-sions un nouvel argument! d'uh grand poids:c'est qu'on- ne connaît pas d'exemple de verro-teries cloigonnées d'un blanc: mat; même lesverroteries vertes sontdéjà d'une excessive ra-reté, puMquoiï n'en peut'citer qu'un spécimenunique, un fragment isolé remarqué par M. deLasteyrie sur l'une des couronnes de Cûâfràzar.t

M. Alfréd Darcel a trouvé, il edt vrai, dans letrésor de Conques, des fragrfients de verroteries

tique un habile orrévre, qui s'est acquis une renomméepour ses beaux essais d'émaillerie. M Itudoiphi n eu l'obli-geance de m'expliquer qu'il est facile de remédier à l'incon-vénient signalé en scindant l'opération on commence par -remplir les cases blanches et, si au second feu l'émail vertdéborde accidentellement, la lime en l'ait raison et ramèneProm

ptement le. blanc à sa pureté prèmiére, parce que les

émaux n'ont pas eu Je temps de se combiner; la maculationn'est qu'à la surface.-

1. Êrnameu,rs et émaillent de Limoges, 4855, in-12.

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LE CALICE DECflELLKS. 225

cloisonnées d'or, dont les plaques sont garniesde verres incolores et même teintés en bleu eten vert; mais la prudence le porte h croire quela présence de ces verres non pourpres est le ré-sultat d'une restauration'.

Les guirlandes de rhombes disposées en feuil-les de fougère, dont l'émail rouge divise vertica-lement les compartiments précédents, rappellent,pour le dessin et ' lai'couleur, lesdes fourreaux d'épée attribués à Childéric et àThéodoric', et paraissent bien exécutés Mr le'même procédé, tandis que les filets d'peHesciselés en rélièf'ui se prolongent juqu'à la basegaudroiniée de là coupe, et la séparent hTorizon:Ialément du noeud central, se retrouvent sur lecalice •et'la patène d'or de Gourdon, au Cabinetdes médailles,, sur ceux de Saint-Gozlin, à Nancy,ainsi que sur la petite châsse rnérovingiehii'e déSaint-Maurice-en -Valais. Nous devons encoredes'remerc!ments à'M.. de Lasteyrie pour la pré-cieuse comrunication'dOE ce 'monument inédit.Ce genre de moulure à.' renflements 'métalliques,qui borde aussi l'une des' courbnnes d'or trou-vées 'a?'Guarrazar, 'caractérise, si bien l'époquemérovingienne que, sur là gravure de'du Saus-

1. Trésor de l'église de Conques, 1862, in-4, p. 38:2. toy. 1e1anches de la belle publication de M. Sgné-

Delacôurt Recherches sur le lieu de là bataille d'Attila.Paris, 1860, in -4.

Xxv', 15

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226 LE CALICE DE CifELLES.

say on ne peut la confondre avec des rangéesde perles fines; I -

Les médaillons elliptiques et les larges galonsd'orfèvrerie dans lesquels sont serties les pierrescabochons, è l'orifice et au bas de la coupe, pa-paraissent être des pièces d'appliquéqui for-maient légèrement saillie; sur la gravure, untrait de force.en indiquel'ombre portée, Le des-sui du cloisonnage reproduit les cases rectangu-laires, les petites roues k bandes rayonnantes,telles qu'on les remarque sur les armes et les bi-joui1 ttribiis à:.Chilpéric et è,Théodoric. Ici lesystèrhe de cloisonnage à jour a-vecjiçrustatio'isde verroteries apparaît, avec tout autant de vraisembance, puisque la découverte faite è Saint-Maurice par M. de tasteyrie fournit la preuve -des deux différents procédés employés simulta-nément.-

Sur le noeud du calice, la charmante- petiteceinture -d'orfèvrerie, que relie, de distance endistance, un fermail enrichi de- perles flues i etaussi-irehaussée d'émaux rouges et verts en lo-sange et en damier, d'un travail si délié 1 si- déli-cat,qu'il n'est guère possible d'en imaginerl'exécution' autrement qu'avec les fondants.Quant aux cabochons, dont la couleur n'est pasindiquée sur la gravure pour ne pas nuire è

du modelé, il est assez probable que e'-taient des saphirs et descdstaux de rôche, commesur les courotmesdeGuarrazar, .eti.cesrait pour

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LE CALICE DE CRELLES.227en rehaussa la valeur de ton que la couleurbleue ne figure pas dans les parties émaillées qui.leur servent de fonds Au surplus f dans la ques-tion qui nous occupe, ce détail est sans impor-tance.

Des galons décorés de zigzags ciselés en reliefs'entre-croisent sur l'évasement du pied ils noussemblent rappeler ces courroies dorées (con'/çia'amentum) qui formaient un treillis régulier surles jibjaija des Romains et des Francs; les ro-settes à quatre pétales qui les renouent entreelixparaissezit seules émaillées de perles rouges.Sur quelques fibules anhiques f ou du moins c]assées comme telles, on remarque ces mêmes grospoints rouges, ainsi que le confirme notre con-frère M. de Longp.érier

Les caractères archéologiques que le calice desaint Éloi porte avec soi sont si bien d'accord avecla tradition i avec les textes qui l'ont: constammentappuyée d'âge en âge, qu'ils rendent son authen-ticité incontestable; il devient donc superflu derecourir à l'argumentation de l'abbé Texier , quivoyait une preuve d'antiquité antérieure au neu-vième siècle dans la capacité seule du vase, parceque, dès cette époque, l'usage de faire commu-nier les fidèles sous les deux espèces avait déjàcessé'.-

1. fl/éticMnâiké lôtfés*f le thkWlièhefr p. 938.?^. Basnag, Ria. Er4lq lib; XXVII;

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rLi

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p

228 LE CALICE DE CHELLES.

Du moment où nous avons sous les yeux unmonument: à date précise et de provenance cer-taine, qui établit qué saint Éloi fabriquait desœuvre d'orfèvrerie émaillées, la cause de l'in-dustrie limousine n'est-elle pas gagnée 1 11 ap-porte la preuve que l'émaillerie de limoges estantérieure de plus de trois siècles à l'école alle-mande. Sa vitalité propre remonte jusque dansl'antiquité et reste indépendante de toute in-fluence byzantine, laquelle ne s'est exercée quebeaucoup plus tard. Déjà le célèbre vase de taGuierce, trouvé sur les limites du Limousin avecdes monnaies romaines de 253 à 270, fournissaitpour cette contrée tin spécimen très-remarquaedu troisième siècle:Le dessin de M: 4rdantiY

bla

pu donner qu'une bien faibLe idéé de la perfec'•lion de ses émàux à plusieurs nuances super-posées. Pour l'époque oa les annales historiquesde l'émaillerie avaient une lacune plus difficile àcombler, apparaît pendant trois générations unecontinuilé de pratique attestée par le témoignageôohtemporaiu de saint Ouen : c'est d'Abbon,orfèvre et monétaire royal à Limoges, que le jeuneÉloi apprend les secrets de son art, dans les-quels était comprise l'émaillerie; c'est un faitvérifié et constaté par les savants les plus auto-risés du Saussay, dom lSlartène et l'abbéLebeuf. Aujourd'hui, avec notre fac-simile sousles yeux, les antiquaires les plus, compétents surla matière peuvent s'en rendre compte par l'as-

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LE CALICE DE CHELLES. 229

pect général de la composition, par le rendudes détails et parla couleur exprimée des émaux;pour nous il en résulte nécessairement que lemaître avait l'expérience de la même industrie,autrement il faudrait supposer qu'Éloi en a étél'inventeur, ce qui n'est pas soutenable; saintOuen nous dit en outre qu'il enseigna et transmitcette industrie à ses élèves Tliillo et Bauderic,,qui travaillaient constamment à ses côtés et quifurent comme lui orfèvres et monétaires'. Lors-que la piété enthousiaste de l'évêque de Noyonse reporte vers son pays natal, c'est là qu'il fondecette célèbre abbaye de Solignac où, suivant lesintentions du maitre, Thullo vint se retirer etgouverner en qualité d'abbé cette pépinière d'ar-tites habiles en divers arts; ce sont les proprestermes de saint Ouen : Sunt et ibi artifices di-ersarum artiuni periti'. li ajoute « Nul dans

« cette maison ne revendique jamais rien comme« Lui appartenant en propre, et, comme on lit« dans les Actes des apôtres, tout est commun« à tous. » Ainsi s'explique comment se sonttransmis d'âge en âge les procédés qui n'ontcessé de faire l'honneuret la richesse de Limoges.Faut-il s'éLonner après cela de ne jamais rencon-

1. Voy. Leblanc, Traité historique des monnaies deFrance, p. 50, 54; Bouteroue, Recherches curieuses desmonnaies de France, p. 288.

2. Audoenus, ex vita Eligii, lib. T, cap. xvi.

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230 LE CALICE DE CHELLES.

trer une signIure sur les oeuvres de ces modestescénobites, devenus orfèvres pour la plus grandegloire de l)ieii et des saints? C'est donc à justetitre pie, depuis douze siècles, la renommée del'artiste mérovingien n'a rien perdu de son éclat.A lui toujours le sceptre de l'orfèvrerie françaiseet à lui la gloire d'abriter sous son patronagecette vaillante légion d'artistes (lui, dans milleans encore, seront orgueilleux et fiers de bla-sonner leurs marteaux sur la bannière du grandsaint

iiiiiiiiiî