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BULLETIN DE FÉVRIER 1958SUPPLÉMENT A LA N. R. F.

DU 1er FÉVRIER 1958

PUBLICATIONS

DU 15 AU 31 DÉCEMBRE 1957(Renseignements bibliographiques.)

On trouvera ici tous les renseignements bibliographiques sur les ouvrageseffectivement parus du 15 au 31décembre 1957.

LA GALERIE DE LA PLÉIADE

MALRAUX André La Métamorphose des Dieux, Tome I.422 p., format 18 x 22,5, 186 illus-

BIBLIOTHÈQUE DE LA PLÉIADE

VALÉRY Paul. Œuvres, Tome (Poésies, Mélange,Variété). Édition établie, avec In-

` duction biographique par Agathe

N° 62

trations, dont 147 en noir (4 endépliant), 8 en sépia et 31 en 4 cou-leurs.

Mise en vente du 21' novembre 1957

Édition originale numérotée, tiréeà 10.250 ex. Reliure décorée de

fers spéciaux d'après une maquetteoriginale de PAUL BONET. 5.950 fr.

Mise en vente du 16 décembre 1957Édition reliée toile, jaquette encouleurs 4.950 fr.

troduction, Notes, Variantes des

Poésies et des plus anciens Écrits,Textes complémentaires et Biblio-graphie, par Jean Hytier. Intro-

Rouart-Valéry. 1.808 p., in-16doub. cour. Reliure pleine peau.Couvre-livre illustré d'une photo-graphie de Paul Valéry, prise parPierre Louys en 1894. Jaquettematière plastique transparente.Emboîtage 3.500 fr.

BULLETIN DE FÉVRIER 1958

ENCYCLOPÉDIE DE LA PLÉIADEsous la direction de RAYMOND QUENEAU

HISTOIRE DE LA SCIENCE Des Origines au XXe sièclesous la direction de Maurice DAUMAS.

>

La présentation de cet ouvrage procède à la fois de la méthode de synthèse, quiconsiste à suivre le développement global de la science, et de la méthode analytique,qui consiste à écrire une histoire des sciences; mais on n'a nullement cherché àréaliser une synthèse des deux. Le plan de l'ouvrage rend plus sensible la diversitémême de l'histoire de la science c'est la première méthode qui est appliquée àl'étude de la science dans l'Antiquité et au Moyen Age tandis qu'à partir de laRenaissance, et jusqu'à nos jours, chaque discipline fait l'objet d'un examenparticulier.

La première partie du volume est consacrée à une Esquisse d'une Histoire de laVie scientifique. Vient ensuite un chapitre relatifà l'Histoire de la Science dansl'Antiquité et le Moyen Age; puis une étude sur Les Origines de la Pensée scien-tifique moderne (de la fin du Moyen Age d la fin du XVIIe siècle).

A partir d'ici, selon la méthode analytique, nous trouvons l'histoire des Mathé-matiques puis, sous le titre du Monde Physique l'histoire de l'Astronomie, dela Physique, de la Chimie, de la Minéralogie, de la Géologie, de la Géographie. Lapartie suivante est consacrée aux Sciences biologiques. Enfin, sous le titre LesSciences de l'Homme, viennent les études consacrées à l'Anthropologie, la Paléon-tologie humaine, l'Ethnographie, la Sociologie, la Démographie, laPsychologie.

L'ouvrage est complété par un Tableau synchronique de l'Histoire des diffé-rentes Disciplines scientifiques; la liste des Prix Nobel scientifiques; un Index desnoms de personnes; un Index des matières; une Analyse analytique détaillée deschapitres; une Table des Cartes, Tableaux, Figures et Illustrations. 1.964 p., in-16double couronne. Reliure pleine peau, fers or spéciaux pour la collection. Couvre-livre illustré en 2 couleurs « à la Coquilleet jaquette en matière plastique trans-parente, sous emboîtage 4.200 fr.

COLLECTION « SOLEIL »

Reliure typographique en toile fine, maquette de MASSIN.Décor à froid pour les filets et à l'or pour les titres. Typographie en deux couleurs.

Papier vélin supérieur. Jaquette en matière plastique transparente.On dira des «Soleil»comme on dit des « Pléiade ».

BOSCO Henri Sabinus. Reliure violine, papier degarde orange. 1.350 fr.

VAILLAND Roger. La Loi. Reliure jaune, papier de garderouge orangé (épuisé) 1.350fr.

Tous les exemplaires de la Collection « SOLEILsont numérotés.

POÉSIE ·

LA TOUR DU PIN Patrice de Pépinière de Sapins de Noël, pardeux Sylviculteurs. 48 p., au for-mat 12x 19,5, survélin, avec 16 illus-trations offset en 4 couleurs de

J. FERRAND. Couverture illustrée

en 4 couleurs et rempliée. 550 fr.

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BULLETIN DE FÉVRIER 1958

OSTER Pierre Solitude de la Lumière, suivi de Prété-ritions (Notes). 184 p., in-16 doublecouronne. Coll. blanche. 450 fr.

15 ex. num. pur fil Lafuma Navarre.1.300 fr.

VIGÉE Claude L'Été Indien, suivi de Journal de l'ÉtéIndien. 256 p., in-16 double cou-ronne. Collection blanche. 700fr.

20 ex, num. purfil Lafuma Navarre. 2.800 fr.

ROMANS

TRADUCTIONS

OTERO SILVA Miguel. Maisons mortes. Traduit de l'espa-gnol par René L.-F. Durand. 256 p.,in-16 double couronne. Collection

« La Croix du Sud». 690 fr.

10 ex. num. pur fil Lafuma Navarre. 2.800 fr.

ESSAIS LITTÉRATURE

JOUHANDEAU Marcel Carnets de l'Écrivain. 384 p., in-8<>soleil. Collection blanche. 950 fr.

25 ex. num. hollande. 4.500 fr. (épuisé)60 ex. num. pur fil Lafuma Na-varre. 3.000 fr. (épuisé)

L'AIR DU TEMPS

Collection dirigée par PIERRE LAZAREFF

BODARD Lucien La Chine de la douceur. 340 p., in-8°soleil.1 carte in-texte. 850 fr.

BULL Peter En mer sur une Passoire. Traduit de

l'anglais par Jeanne Fournier-Par-goire. 312 p., in-8° soleil. 800 fr.

CHRESTIEN Michel Esprit, es-tu là ? 340 p., in-8° soleil,sous couverture illustrée par SINE. 790 fr.

LE RAYON FANTASTIQUE

TAINE John Le Flot du Temps. 256 p., in-16 doublecour. Couverture glacée couleurs. 225 fr.

SÉRIE NOIRE

BRACKETT Leigh Sonnez les Cloches! Traduit de l'amé-ricain par Michel Sablier.

DOMINIQUE Antoine Le Gorille sans moustache.

Chacun de ces deux volumes, nos 406 et 407, de la « Série Noire » 220 fr.

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B ULLET IN DE FÉ VRIER 1958

PUBLICATIONS

DU 1er AU 15 JANVIER 1958(Renseignements bibliographiques.)

On trouvera ici tous les renseignements bibliographiques sur les ouvrageseffectivement parus du ler au 15janvier 1958.

POÉSIEi

FRIÉ Jacqueline-Frédéric. Si peu de Temps. 40 p., au format 10x 18 rogné, sous couvre-livre en2 couleurs, rembordé. Collection

«Jeune Poésie N. R. F. ». 200 fr.20 ex. num. purfil Lafuma Navarre. 600 fr.

RÉCITS

GIOVANNI José. Le Trou. 240 p., in-8o soleil, souscouv. ill. couleurs. Hors Série. 650 fr.

ROMANS

TRADUCTIONS

COMPTON BURNETT Ivy. Des Hommes et des Femmes. Trad.de l'anglais par J.-Robert Vidal.356 p., in-16double couronne.Collection« Du Monde Entier».. 850fr.

35 ex. num. purfil Lafuma Navarre. 2.400 fr.

O'CONNOR Edwin. La dernière Fanfare. Traduit de

l'américain par Jeanne Collin-Lemercier. 448 p., in-8° soleil, souscouv. ill. couleurs. Hors Série. 1.200 fr.

SINGH Khushwant Train pour le Pakistan. Traduit del'anglais par Maurice Beerblock.288 p. in-16 doub. cour., sjduscouv.ill. en couleurs. Hors Série. 650 fr.

ESSAIS LITTÉRATURE

CLAUDEL Paul Sous le Signe du Dragon. 232 p., in-166double couronne. Coll. blanche.. 600 fr.

RUSSELL Bertrand • Science et Religion. Trad, de l'anglaispar Ph. Mantoux.256 p., in-16doub.cour. Coll. « Les Essais » 600 fr.

BULLETIN DE FÉVRIER 19588

PIRANDELLO Théâtre, VIII ou D'UN SEUL OUD'AUCUN. -L'AMIE DES FEMMES. ON

KEENE Day Furie noire. Traduit de l'américainpar M. Morise et J.-G. Marquet.

DEAN Spencer Rayon Fillettes. Traduit de l'améri-cain par Pierre Béguin.

ASWELL James Débordements. Traduit de l'améri-

cain par G. Sollacaro.

Chacun de ces trois volumes, n°s 408 à 410, de la « Série Noire»». 220 fr.

ŒUVRES DE JULES RENARD

Nous avons le plaisir d'annoncer que les oeuvres suivantes de

font désormais partie de notre fonds

L'Écornifleur 580 fr. Bucoliques 700 fr.

Poil de Carotte (Comédie en un acte) 350 fr.

La Lanterne sourde (Coquecigrues) 700 fr.

Le Plaisir de rompre Le Pain de Ménage La Bigote.

(Ces trois ouvrages en réimpression.)

THÉATRE

TRADUCTIONS

NE SAIT COMMENT. -LAZARE. C'ÉTAITPOUR RIRE. EVE ET LINE. LE DEVOIR

DU MÉDECIN. Version française deMarie-Anne Comnène et BenjaminCrémieux. 440 p., in-16 doublecouronne. Collection blanche. 950 fr.

SÉRIE NOIRE

-JULES RENARD

BULLETIN DE FÉVRIER 1958

ÉCHOS PROJETS• Le 21 janvier, le Grand Prix Littéraire de la Ville de Paris, réservé cette annéeà un poète, a couronné Maurice Fombeure pour l'ensemble de son œuvre.

Le même jour, le Prix des Deux Magots a été décerné à Michel Cournot pourson livre Le Premier Spectateur.

A titre de « pionnier de la géographie humaine du Sahara dont l'étude était aussiindispensable que l'étude géologique », M. Robert Capot-Reyareçu l'un des quatrePrix de la Recherche scientifique pour 1957. Robert Capot-Rey, directeur de l'Ins-titut des Études sahariennes et professeur à la Faculté des Lettres d'Alger, prépareen ce moment une nouvelle édition, mise à jour, de sa Géographie de la Circulationsur les Continents, parue en 1946 dans la Collection « Géographie Humaine ».

• Nicolas Tikhonov, président du Comité soviétique de Défense de la Paix, vientd'obtenir un Prix International Lénine. Le roman de Tikhonov Tête brûlée, publiéen 1936, figure au catalogue de la Collection «Jeunes Russes », dans la traductionde V. Pozner.

• Le Livre et la Scène.

Après les représentations à Genève de la pièce de Montherlant Celles qu'onprend dans ses bras, on signale que la même comédie va être donnée en Allemagneavec la grande actrice Ruth Niehaus, dans la traduction due au mari de cette inter-prète. Quant à Brocéliande, c'est en traduction hollandaise que la pièce sera jouéepar la Haagsche Comedie, à La Haye,- et la troupe du Rideau Vert donne, durantla saison actuelle, des représentations de La Reine morte dans les principales villesdu Canada.

Depuis le 18 janvier, les Galas Karsenty ont entrepris une grande tournée avecle Requiem pour une Nonne, de Camus, d'après Faulkner (deux Prix Nobel étantainsi réunis sur la même affiche), Catherine Sellers y jouant le rôle de Temple Stevensqu'elle a créé. Itinéraire du Ier février au 15 mars la Suisse, l'Alsace, Baden-Baden,la Belgique, Troyes, Dijon et Lyon.

Sens interdit, d'Armand Salacrou, sera représenté en mars, par Le Rideau deBruxelles, dans la mise en scène de Claude Etienne. –D'autre part, la tournéeGeorges Herbert poursuit les représentations d'Une Femme trop honnête, avecAnnie Girardot du 10 février au 15 mars la Suisse, l'Est de la France, la Belgique,Baden-Baden, Lille, Tourcoing, Amiens, Arras, Valenciennes et Chartres.

L'Œuf, de Félicien Marceau, a dépassé sa 350e représentation au Théâtre de l'Ate-lier. Dans le courant du mois de février, la pièce sera représentée, en polonais, auKomedie Theatre de Varsovie et au Stary Theatre de Cracovie. Le 15 février, lemême jour, dans cinq théâtres différents, sera représentée la traduction allemandeau Schlossparktheater de Berlin, au Thaliatheater de Hambourg, au Stâdtische-theater de Francfort, au Jozesstadt de Vienne et à la Baslekomedie de Bâle.

Le Théâtre de Düsseldorf annonce, pour ce mois-ci, un spectacle Ionesco LaLeçon et Les Chaises, avec une interprétation Elisabeth Bergner et Werner Krauss.

Déjà traduites en allemand, anglais, espagnol, flamand, hollandais, italien, plu-sieurs pièces du Théâtre de Chambre, de Jean Tardieu, viennent d'être traduites endanois. Elles vont être jouées sur une scène d'avant-garde de Copenhague (La Ser-rure, Le Guichet,- Conversation, Sinfonietta).i En cours de représentation à Bâle dans une traduction allemande, Histoire deVasco, de Schehadé, va passer, en traduction suédoise, à Upsal et Stockholm.

Madeleine Renaud et Jean-Louis Barrault ont fait appel à France Vernillat et PierreBarbier pour illustrer de quelques chansons historiques le prologue de MadameSans-Gêne, entre autres La Carmagnole et Le Réveil du Père Duchesne, chanté parun groupe de sans-culottes ces chansons sont tirées du tome IV, consacré à laRévolution, de l'Histoire de France par les Chansons.

Deux pièces de Gabriel Arout sont reprises sur des scènes parisiennes Le Baldu Lieutenant Helt, aux Mathurins, avec Catherine Anouilh dans le principal rôleféminin ;-et La Dame de Trèfle, au Gymnase, interprétée par Madeleine Robinson,Lucienne Bogaert et Michel Vitold, dans une mise en scène de celui-ci.

B ULLETIN DE FÉVRIER 1958

Le Nouveau Théâtre de Paris inaugure sa première saison avec une-nouvel le-ver-

sion de Caligula, d'Albert Camus, Jean-Pierre Joris jouantle rôle de Caligula,qu'avait créé Gérard Philipe. Nous avons actuellement sous presse un volume quicomprendra, avec cette nouvelle version de Caligula, une nouvelle version duMalentendu.

«est curieux de noter », remarque 'Gabriel Marcel au terme d'un Bilan del'Année théâtrale 1957 publié dans Les Nouvelles Littéraires,« que ce sont d'unefaçon générale des romanciers abordant le théâtre un Félicien Marceau, un PierreGascar, voire un Michel Vinaver qui nous ont donné les ouvrages les plus intéres-sants.» De notre côté, nous pouvons noter que L'Œuf, de Marceau, et Les Coréens,de Vinaver, ont paru dans la Collection « Le Manteau d'Arlequin », qui a inscrit àson programme des prochaines semaines la pièce de Gascar, ainsi que Les Pro-diges, de Jean Vauthier, et Le Cavalier d'Or, d'Yves Florenne.

• Le Livre et l'Écran.

Le film de Clouzot, « Les Espions », dont le tournage est décrit dans Le PremierSpectateur, de Michel Cournot, va être projeté à Murat et Aurillac, Thonon, Digne,Sarlat, Toul, Morlaix, Évreux et Deauville.

Les droits de cinéma sur le roman de Sophie Cathala Meurtre d'un Serin, ont étéacquis par Transcontinental Film.

• Le Livre et la Radio.

Maître Henry Torrès, qui a publié, dans« L'Air du Temps », ses « Souvenirs de laCour d'Assises» (du côté de la défense) sous le titre Accusés hors Série, évoquemaintenant ses souvenirs politiques et littéraires, au cours d'entretiens radiopho-niques avec Pierre Lhostequi passent, chaque lundi à 21 h. 25, sur France III, jusqu'au26 mai.

• Le Livre et l'Université.

Les Œuvres de Molière sont inscrites au programme de l'agrégation coursd'Octave Nadal « Des Amants Magnifiques au Malade Imaginaire », le jeudi à10 heures.- Les Mémoires du Cardinal de Retz sont inscrits au programme de lalicence cours de M. Pintard, le jeudi à 14 heures. Ces deux cours sont diffuséspar Radio-Sorbonne les auditeurs se reporteront utilement aux volumes de la« Bibliothèque de la Pléiade».

• Voyages, Missions, Conférences.

François-Régis Bastide va partir pour une tournée de conférences aux États-Unis,sous les auspices de l'Alliance Française, du 16 février au 5 avril à l'InstitutFrançais de New-York le 18 février, à Chicago le 3 mars, à San-Francisco le 26 mars,et en outre dans quarante-deux causeries; à raison d'une tous les jours sauf ledimanche, il parlera de Larbaud, Giraudoux, Saint-Simon et Cocteau. A New-York, il pourra voir, chez les éditeurs Simon et Schuster, le premier volume de latraduction des Adieux, sous le titre « The Aliens», choisi par Bastide cela veutdire « Les Étrangers» et en même temps « Les Autres », « Les Différents », cequi caractérise en effet à merveille les héros des Adieux: le Prince Alexis etM"e Brichs.

Edgar Aubert de La Rue, après avoir signé le service de presse de son Brésil aride,a passé six semaines au Siam, où il a pris part aux travaux du Congrès des Sciencesdu Pacifique, à Bangkok. Il y a, en même temps, revu le manuscrit de son nouvelouvrage L'Homme et les Volcans, qui paraîtra également dans la Collection « Géo-graphie Humaine », avec de très belles photographies prises par l'auteur.

Au Centre Universitaire Méditerranéen, à Nice, Edmée de La Rochefoucauld,

qui vient de publier Pluralité de l'Être, parlera de Valéry, le 19 février.

• Traductions.

L'Étranger et La Chute, d'Albert Camus, vont être traduits aux Indes, dans leslangues oriya et bengali.

La Finlande vient d'acheter les droits de traduction de La Loi, de Roger Vailland.

Extrait de la publication

BULLETIN DE FÉVRIER 1958

• Le plus fauve des fauves, le peintre Vlaminck, aura désormais sa biographie. Ellea été écrite par J.-P. Crespelle, critique d'art et familier de Vlaminck. Le livreparaîtra dans « L'Air du Temps ».

Dans la même collection, un document extraordinaire, dont l'hebdomadaire« Elle» avait déjà publié des extraits Les trois Faces d'Ève. C'est l'histoire d'unefemme qui possède trois personnalités, radicalement opposées. Ses médecins trai-tants ont écrit ce livre, dont on a tiré un film, qui sera prochainement donné àParis. La traduction (de l'américain) est due à Boris Vian.

Ludmila Savitzky, qui vient de mourir, était l'un de nos meilleurs traducteurset avait obtenu à ce titre le Prix Denyse Clairouin en 1952. Elle s'attachait surtoutaux œuvres de qualité nous citerons, dans notre catalogue, ses traductions de Pro-kosch La Tempête et l'Écho et de Joyce Dedalus, et Stéphen le Héros.

• En février, Albert Camus réédite L'Envers et l'Endroit, textes écrits en 1935 et

1936,- publiés en 1937 à un très petit nombre d'exemplaires en Algérie, et qu'ilfait précéder aujourd'hui d'une Préface inédite.

Les deux volumes du Théâtre de Maurice Boissard, de Paul Léautaud, actuelle-

ment épuisés, constituaient un choix de ses chroniques dramatiques. Nous enpublions cette fois, en février, une édition intégrale elle a été établie par MarieDormoy, qui en outre va donner un Léautaud dans la nouvelle collection« Biblio-thèque Idéale».

• Nos Ancêtres les Gaulois, d'André Chamson, va paraître prochainementil ne s'agit pas, en dépit du titre et de laformation de l'auteur, d'un livre d'histoire.C'est un conte philosophique, une sorte de farce, « une odyssée saugrenue » unrenversement du temps fait intervenir la Gaule et les Gaulois dans le monde oùnous vivons. Que se passe-t-il, le jour où cette nation prend sa place, et prend laparole,- aux Nations Unies ?.

Dans la Collection « Lo Croix du Sud », paraîtra en février la traduction d'unroman d'Alejo Carpentier, romancier cubain de langue espagnole Chasse à

l'Homme. Rappelons que Le Partage des Eaux, du même auteur, a obtenu en 1956le Prix du Meilleur LivreÉtranger.

En février, on annonce la publication du Tome VI du Mémorial de Jouhandeau, quile présente ainsi « Dans Les Chemins de l'Adolescence, je reprends certains thèmesde La Jeunesse de Théophile, mais en rejetant ce qui, dans mon premier livre, concer-nait proprement l'enfance. Ils'agit là des trois affections féminines qui m'ont dominéde treize à vingt-cinq ans et ont exercé sur ma formation intérieure une influencecapitale. Assez de temps a passé, me semble-t-il, sur ces romans de jeunesse, pourque j'en parle aujourd'hui sans affabulation et sans brassières. »

• Pour paraître en février, entre autres le cinquième volume de la Collection«Jeune Poésie N. R. F. » La Fraîche, par Lucienne Desnoues un essai deD. H. Lawrence Sardaigne et Méditerranée un nouveau roman d'Out-el-Kou-loub Ramza un roman satirique de Fosco Sinibaldi :-L'Homme à la Colombeun document hors série Notre Époque est formidable, par Roger May et, pourfaire suite aux romans de Goytisolo et de Ferlosio, parmi les jeunes romanciersespagnols découverts et patronnés par M. E. Coindreau Les Fiers, de J. F. Santos,traduits par L.-F. Durand, dans la Collection « Du Monde Entier».

Extrait de la publication

JL~ MOt/~f.LR

LANOUVELLELENOUVELLE

Revue Française

NARAYAMA

Aux montagnes succèdent les montagnes. Où qu'on

aille, ce ne sont rien que montagnes. Au milieu de toutesces montagnes du Shinshû 1, à la lisière d'un village

Mukô-mura, « le village d'en face» était la maison d'O

Rin. Devant la maison, il y avait la souche coupée d'un

gros keyaki 2. Comme la surface en était aussi lisse qu'une

planche, les enfants et les passants s'y asseyaient on le

tenait pour un grand trésor. A cause de cela, les gens

du village appelaient la maison d'O Rin, « la Souche ».

O Rin était venue là comme bru, cela faisait plus de

cinquante ans.

Dans ce village-ci, on appelait le village où se trouvait

la maison natale d'O Rin « le village d'en face ». Comme

les villages n'ont pas de nom, on s'appelait à l'unisson,des deux côtés, « le village d'en face ». Quoiqu'on dît

« village d'en face », il y avait une montagne à passer

pour y parvenir. 0 Rin avait eu cette année-là ses soi-

xante-neuf, mais son mari était mort il y avait déjà plus

i. Province montagneuse du centre du Japon.8. Sorte d'arbre de l'espèce des ormea.

LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

de vingt ans. La femme de Tappei, son fils unique, enallant au ramassage des marrons, l'année passée, avaitroulé au fond d'un ravin et s'était tuée. Plus que de

s'occuper des quatre petits enfants qui restaient, cher-cher une seconde femme pour Tappei, devenu veuf, lui

était une cause de mal de tête. C'est que, ni dans levillage, ni au village d'en face, il n'y avait une veuve quiconvînt.

Ce jour-là, 0 Rin avait entendu les deux voix qu'elleattendait. L'une concernait la chanson de la fête que,

le matin, quelqu'un qui se rendait à la montagne de der-rière avait chantée en passant

Quand la fête de Narayama Par trois fois vientDes marrons tombés les fleurs germent.

C'est la chanson de la danse du Bon1 du village. Cette

année, on ne l'avait pas encore chantée aussi 0 Rins'en inquiétait-elle. Ce chant voulait dire que, quandtrois années passent, on vieillit de trois ans, et, commeau village, arrivé à l'âge de soixante-dix, on se rend aupèlerinage de Narayama 2, c'était aussi un chant pourfaire connaître aux vieillards que ce temps s'approche.

O Rin tendit l'oreille du côté où la chanson s'en était

allée. Elle regarda furtivement le visage de Tappeiqui se trouvait à côté d'elle Tappei, lui aussi, commes'il eût été à la-poursuite de la voix qui venait de chanter,écoutait, en pointant le menton. Mais elle vit qu'un refletfaisait briller ses yeux elle pensa Tappei viendra avecO Rin au pèlerinage de Narayama. A en juger par

l'expression de son regard, il n'y a pas de doute, il s'enpréoccupe, lui aussi. « Mon fils est un bon drôle » Sapoitrine se serra.

i. Le Bon est la fête bouddhique des morts, qui a lieu au cours duseptième mois du calendrier lunaire. Cette fête est l'occasion d'unedanse nocturne accompagnée de chansons, le Bon-odori ou danse duBon.

2. Narayama signifie littéralement « La montagne aux chênes ».

NARAYAMA

Quant à l'autre voix qu'O Rin avait attendue, c'est

qu'un courrier était arrivé de chez elle pour lui annoncerqu'au village d'en face il venait d'y avoir une veuve.

Cette veuve avait quarante-cinq ans, le même âge queTappei. Il y avait tout juste trois jours que les funé-railles de son mari s'étaient faites, paraît-il. Du momentque l'âge convenait bien, c'est comme si l'affaire avait

déjà été conclue. Le courrier était venu annoncer qu'ily avait une femme tombée veuve et il était rentré

après qu'on eut fixé jusqu'au jour où elle viendrait

comme bru. Tappei, étant allé à la montagne, étaitalors absent. On ne pourrait néanmoins dire qu'O Rinavait pris cette décision toute seule disons plutôt queles choses s'étaient trouvées décidées du seul fait qu'elleavait entendu les paroles du courrier. Il suffisait qu'elleexposât l'affaire à Tappei quand il rentrerait, et tout

irait bien. Dans quelque famille que ce fût, les questionsde mariage se réglaient simplement. I,es gens qui seplaisaient se choisissaient après avoir discuté entre eux

librement et il n'y avait aucun événement spécial dugenre d'une cérémonie de mariage l'intéressée se conten-tait d'aller habiter dans sa nouvelle maison, et c'étaittout.

O Rin regarda longuement du côté par où le courriers'en était retourné. Ce courrier avait dit qu'il était unenvoyé venu de chez elle, mais elle pensa qu'il devaitêtre l'un des proches de la femme qui allait venir commebru. Alors qu'il s'était passé tout au plus trois joursdepuis que le mari était mort, cette façon de se précipi-ter et de vouloir conclure l'affaire aussitôt semblait indi-

quer que le nouvel établissement de la veuve était une

grande cause d'anxiété.

Comme, l'an prochain, 0 Rin allait avoir ses soixante-

dix ans et que c'était l'âge où elle irait au pèlerinage deNarayama, elle s'était impatientée en se demandant

comment on ferait si une bru n'avait pas été trouvée à

Extrait de la publication

LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

ce moment-là. Or voici qu'arrivait la bonne aubaine

d'une personne qui convenait exactement par l'âge. Acette pensée, 0 Rin se sentit allégée, comme si un far-deau fût tombé de ses épaules. Devant la perspective,pas tant qu'il allait venir d'en face une bru, mais sim-plement qu'il allait venir une femme, la question la plusdifficile se trouvait arrangée. Pour ce qui est des petits-enfants, il y avait trois garçons, dont l'aîné, Kesakichi,

avait seize ans le dernier-né était une fille, qui n'enavait pas encore trois.

Le soir, quand Tappei, rentré de la montagne, s'assitsur la souche, 0 Rin, de l'intérieur de la maison, lui

cria par-derrière c'était comme si elle l'avait aspergéd'eau

« Hé Y vient une bru du village d'en face1 A n'est

veuve que depuis avant-hier, mais, s'tôt passé l'qua-

rante-neuvième jour, y disent qu'a va v'nir. »

O Rin se gonflait de fierté, comme s'il s'était agi

d'annoncer un exploit.

« C'est-y possible. Du village d'en face. heh. Quel

âge elle a ?»

O Rin bondit à côté de Tappei « Tama-yan, a s'ap-

pelle. Elle a quarante-cinq comme toi. »

Tappei en riant « A l'heure qu'il est, c'est qu'la

chose me travaille plus beaucoup. ha, ha, ha!»»

Est-ce parce que Tappei était un peu gêné ? Sa joiene semblait pas à l'unisson de celle d'O Rin. Est-ce

que Tappei n'aurait pas une autre idée en tête ? Avecson flair de vieille, elle se demanda aussi cela, mais elle

se sentait heureuse comme dans un songe.A Narayama, un dieu habitait. Ceux qui étaient allés

à Narayama, tous, avaient vu le dieu. C'est pourquoi iln'y avait personne qui eût des doutes. Comme on dit

que le dieu existe réellement, on faisait une fête à

laquelle on donnait un soin spécial qu'on ne donnait pasaux autres célébrations. En fait de fête, c'était finale-

Extrait de la publication

NARAYAMA

ment comme s'il n'y avait eu que la fête de Narayama.

En outre, comme cette fête avait lieu coup sur coup

avec le Bon, la chanson de la danse du Bon avait fini

par se confondre avec la chanson de la fête de Narayama.C'était une fête où, en dehors des produits du début

de l'automne, marrons sauvages, raisins sauvages,

fruits du shii et du kaya 1, champignons frais poussés,que l'on consommait à cette occasion, on faisait cuire

et mangeait du riz, qui est la chose la plus précieusequi soit; et où, après avoir fabriqué du doburoku 2,on se régalait toute la nuit. On appelait le riz « Mes-sire le hagi blanc3 ». Dans ce village pauvre, on encultivait, mais la récolte n'était pas fameuse. Comme

sur ce sol montagneux il n'y a pas de terrains plats,

la nourriture quotidienne se composait de millet et de

maïs, qu'on récoltait en abondance. Ie riz était chose

que l'on ne mangeait qu'à la fête de Narayama ou bien

en cas d'une grave, grave maladie.La chanson de la danse du Bon dit

Mon papa dans sa conduite quelle malice

Si trois jours il est malade on cuit du riz.

C'était une chanson pour mettre en garde contre le

luxe. Elle voulait dire dès qu'il a le moindre mal, le

père, chez nous, aussitôt mange du riz c'est pourquoi

l'on se gausse de lui comme d'un débauché ou d'unidiot. Cette chanson servait dans toutes sortes de cas

à la manière d'un proverbe quand un enfant était

paresseux, ses parents ou ses frères chantaient

r. Noms d'arbres d'espèces sauvages, répandus au Japon.2. Le doburoku est le vin de riz non encore raffiné. La présence des

grains de riz lui donne l'aspect d'un brouet alcoolisé.3. Le hagi est une jolie plante, qui fleurit à l'automne et dont lesfleurs, de couleur rose, rappellent la forme des grains de riz. Ainsi

s'explique le surnom de « hagi blanc u donné à la précieuse céréale.Le riz, nourriture par excellence et symbole même de la vie humaine,apparaît, dans la cosmologie japonaise, comme doué d'un caractèredivin. L'épithète sama, qui a été traduit ici par « Messire », est unemarque du respect qu'on lui porte.

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LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Mon frangin dans sa conduite quelle maliceSi trois jours il est malade on cuit du riz.

Pour la fête de Narayama, la chanson qui dit « Des mar-rons tombés les fleurs germent » était la seule, mais les

gens du village fabriquaient des couplets de rechangecomiques sur le même air, si bien qu'il y avait toutessortes de chansons.

La maison d'O Rin, étant à la lisière du village, finis-

sait par servir de passage à ceux qui allaient à la mon-

tagne de derrière. Encore un mois, et ce serait la fête

de Narayama. Dès qu'une chanson avait fait son

apparition, de proche en proche, on se mettait à la

chanter, et elle parvenait aux oreilles d'O Rin.

0 Tori-san de la Maison au Sel sa chance est bonne

Le jour qu'elle va à la montagne il neige.

Dans le village, l'expression « aller à la montagnea

deux sens complètement différents. Dans les deux cas,

c'est la même prononciation, c'est le même accent,

mais tout le monde peut distinguer duquel des deux

sens il s'agit. En parlant du travail, monter dans la

montagne pour aller chercher du bois à brûler ou pour

faire du charbon de bois, c'est aller à la montagnemais l'autre sens, c'est le sens d'aller à Narayama.

C'était une tradition de dire que si, le jour où l'on va à

Narayama, il neige, on est quelqu'un dont la chance

est bonne. A la Maison au Sel, il n'y avait personne qui

portât le nom d'O Tori-san, mais c'était quelqu'un qui,

je ne sais combien de générations avant, avait vraiment

existé et, du fait que le jour où elle était allée à Nara-

yama il avait neigé, elle avait été mise en chanson et

elle était restée dans la légende comme le personnagetypique de quelqu'un dont la chance est bonne. Dans

ce village, la chance n'était pas une chose rare. Quand

venait l'hiver, il neigeait de temps en temps dans le vil-

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NARAYAMA

lage même, et le sommet des montagnes, à l'hiver, deve-nait blanc de neige; mais, en ce qui concerne la personneappelée 0 Tori-san, ce qu'il y avait est que la neigeétait tombée au moment où elle était arrivée à Nara-

yama. Si l'on va sous la neige, c'est que la chance estmauvaise, mais, dans le cas d'O Tori-san, c'avait étéidéal. Aussi cette chanson contenait-elle en plus unautre sens elle donnait à entendre que, quand on va àla montagne, on n'y va pas l'été, et qu'il faut absolu-ment y aller l'hiver. Aussi les gens qui allaient au pèle-rinage de Narayama choisissaient-ils pour s'y rendre untemps où il semble devoir neiger. C'était une mon-

tagne où, si la neige s'accumule, on ne peut aller.Narayama, où habite un dieu, était une montagne située

au loin, que l'on gagnait en passant sept vallées et troisétangs. Que si, après avoir parcouru un chemin sansneige, la neige ne tombe pas lorsque vous êtes arrivé,on ne peut pas dire que votre chance est bonne. Cette

chanson prescrit donc aussi des délais assez limités,

c'est-à-dire Va avant que la neige ne tombe.

Il y avait longtemps qu'O Rin avait fait ses prépa-ratifs intérieurs pour aller au pèlerinage de Narayama.

Il fallait fabriquer du sake pour le banquet du départ,et puis il y avait la natte pour s'asseoir, une fois qu'elleserait dans la montagne mais cette natte était déjàprête depuis plus de trois ans. Il fallait que fût réglée laquestion d'une seconde femme pour Tappei, et cela aussifaisait partie des dispositions à prendre. Or, tant le sake

du banquet que la natte et la question de la bru, toutétait maintenant en ordre. Il restait cependant encore

une chose qu'il lui fallait accomplir.

Après s'être assurée que personne ne la regardait,O Rin saisit la pierre à feu. Ouvrant la bouche, elle tapasur ses dents de devant en haut et en bas avec la pierreà feu, gat gat. Elle pensait ainsi casser ses solides dents.

C'était une sale douleur qui résonnait gan, gan, jusque

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sous le crâne. Mais elle se disait que, si elle avait lapatience de continuer à frapper, un de ces jours, desdents viendraient à lui manquer. Vidée de ce manque

finissait par lui donner de la joie. Aussi, en arrivait-elle,ces derniers temps, à ressentir la douleur du choc elle-même comme une sensation de bien-être.

Les dents d'O Rin étaient, malgré la vieillesse, en pleine

santé. Depuis son jeune âge, ses dents avaient étésa fierté. C'étaient des dents bonnes au point qu'ellespouvaient croquer jusqu'à du maïs séché. Même envieillissant, il ne lui en était pas tombé une seule et,

pour 0 Rin, ç'avait fini par être une cause de honte.

Alors que Tappei, son fils, en avait déjà perdu bon

nombre, les dents d'O Rin, qui s'alignaient au complet,

pouvaient donner à penser que, pour ce qui est de

manger, elle était véritablement imbattable et qu'elle

était en état de dévorer n'importe quoi. Et dans ce

village qui manquait de nourriture, c'est là une chose

qui faisait honte.

Quand les gens du village rencontraient 0 Rin « Hé,

avec des dents comme ça, on risque point de manquer

Même ce serait des pommes de pin ou des pois à péter,

qu'y n'y aurait point de restant »

Ce qu'on appelle « pois à péter », ce sont les pois-coupe-neige, ce sont des pois durs comme de la pierreet, lorsqu'on en mange, il ne fait que vous sortir des pets.

Alors qu'O Rin n'avait, de sa vie, lâché un pet devant

quiconque, employer exprès à son propos l'expression

« pois à péter », il n'y a pas de doute, c'était pour se

moquer d'elle. 0 Rin l'avait bien compris. C'est qu'elleavait entendu combien de personnes lui parler comme

ça. Avoir pris de l'âge et, qui plus est, être arrivée à un

âge tel qu'on va s'en aller au pèlerinage de Narayama,

et être bafouée de cette façon-là parce qu'on a ses dents

en bonne santé. « Mais, après tout, c'est fatal. »,

pensait-elle.

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NARAYAMA

Kesakichi, son petit-fils, lui aussi, la plaisantait endisant « J'crois que Bonne-maman a trente-trois dents.»

Même son petit-fils disait cela. 0 Rin avait beau

compter ses dents, en les touchant du doigt, y compris

le haut et le bas, il n'y en avait pourtant que vingt-huit.

« Débite donc des bêtises, va1 Y en a que vingt-huitrépondait-elle. Hé1 C'est qu'tu dois point savoir comp-ter plus loin que vingt-huit. Y en a sûrement davantage!»

Ainsi l'accablait-il de réflexions désagréables. Kesa-

kichi tenait à dire qu'elle avait trente-trois dents.

1/ année dernière, dans la chanson qu'il avait chantée

pour la danse du Bon, il avait dit

Ma Bonne-Maman dans un coin du cagibiA rassemblé trente-trois dents de diable

et tout le monde s'était roulé par terre de rire. C'était

une chanson que Kesakichi avait faite en transformant

la chanson la plus bouffonne du village Notre Maman

dans un coin du cagibi a rassemblé trente-trois poils d'un

endroit secret. C'était une chanson qui insultait les

mères. Kesakichi l'avait chantée en changeant les

paroles en'«dents de diable », et il avait gagné de grandsapplaudissements.

O Rin, quand elle était venue se marier au village,

avait passé pour la plus belle femme de l'endroit et, après

la mort de son mari, on n'avait pas pu faire circuler sur

elle, comme sur d'autres veuves, des rumeurs déplai-

santes. Et elle n'aurait jamais pensé qu'elle souffrirait un

jour des affronts à cause de ses dents. En tout cas, avant

d'aller au pèlerinage de Narayama, il fallait absolument

qu'il se fasse par n'importe quel moyen une brèche dansces dents-là, pensait-elle. Quand elle irait au pèlerinage de

Narayama et qu'elle s'installerait sur une planche accro-

chée au dos de Tappei, elle voulait pouvoir y aller

comme une belle vieille femme à qui il manque des dents.

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LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

C'est pourquoi, subrepticement, afin que ses dents s'ébrè-chent, elle essayait de les casser en se tapant dessus avecla pierre à feu.

A côté de chez 0 Rin était une maison qu'on appelaitla « Maison au Sou ». Dans le village, on n'aurait pu trou-ver aucune manière d'utiliser des sous et il n'y enavait d'ailleurs dans aucune famille. Mais, à la Maison au

Sou, une fois qu'ils étaient allés en Echigol, ils avaientrapporté un sou de Tempo 2. Depuis ce temps-là, on lesavait surnommés « la Maison au Sou ». I^e vieux pèrede la Maison au Sou, appelé Mata-yan, avait eu cetteannée ses soixante-dix. Outre qu'il était le voisin d'O

Rin, du fait qu'il avait à peu près le même âge, il yavait bien longtemps qu'ils étaient compères. Mais,tandis qu'O Rin s'était depuis des années préoccupéedu jour où elle irait à la montagne, à la Maison au Sou

ils étaient les plus ladres du village et, semblant trouver

trop coûteux les préparatifs du banquet pour le jourdu départ à la montagne, ils n'avaient, en vue de ce

départ â la montagne, rien préparé du tout.

A côté de la Maison au Sou, il y avait une maison qu'onappelait « le Pin calciné ». Derrière la maison, il restait

un grand pin desséché dont le tronc avait pris l'allure

d'un rocher. Il y avait bien longtemps de cela, la foudre

était tombée sur ce grand pin et, depuis lors, il avait étésurnommé « le Pin calciné ».

A côté de celle-ci, c'était la maison qu'on appelait« la Maison qu'y pleut ». Au sud-est par rapport auvillage, il y avait une montagne appelée Tatsumi-yama « la montagne du Sud-Est ». Quand les gens decette maison-là allaient à cette montagne, c'était sûr

qu'il allait pleuvoir, disait-on. On affirmait qu'autrefoisdeux membres de cette famille avaient trouvé à Tat-

i. Nom d'une province qui s'étend au nord de celle de Shinshû.2. Tempo est une ère de règne qui s'étend de 1830 à 1844. Le souen question est donc une monnaie frappée durant cette période.

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