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PREMIÈRE PARTIE

CHAPITRE PREMIER

LE DIABLE ET SES RAPPORTS AVEC LES AUTRES DIVINITE'S

MALÉFIQUES

Il est fréquent, lorsqu'on recherche l'origine duDiable chrétien, qu'on veuille le rattacher à descroyances anciennes et antérieures à la religionchrétienne. Par des ressemblances plus ou moinsvagues ou plus ou moins précises, on a pu parfoiscréer des équivoques qui sont susceptibles defaire naître d'assez graves erreurs, et il ne semblepas inutile au début d'une étude critique sur leDémon, tel qu'on le rencontre dans les enseigne-ments de l'Eglise depuis une dizaine de siècles,de bien déterminer d'abord quelles sont ses ori-gines et surtout de séparer clairement -ses per-sonnalités très particulières de celles qui peuventlui ressembler et qui appartiennent à des religionsprécédentes, contemporaines ou voisines.

Le Diable chrétien, si on le considère dansla forme classique, qu'il a revêtue aux xv° et

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LE DIABLE

xvi* siècles est, nous le verrons, un personnageinfiniment complexe, de formation relativementrécente. Sa forme, sa figure, son aspect, son carac-tère nettement déterminés et soigneusement étu-diés tant par les théologiens que par les médecinset les jurisconsultes, se détachent très franchementdes divinités, infernales ou maléfiques des diversesmythologies qui l'ont précédé. Ce qui a pu fairenaître l'équivoque et faire confondre à tort lescréations diverses de génies différents, c'est quetoutes les croyances semblent participer dequelques idées fondamentales et métaphysiquesassez simples, presque instinctives et par les-quelles ont été tranchés de façon commode,depuis l'aube même de l'humanité, des problèmesde morale élémentaire.

Les hommes portent une formidable héréditéde frayeurs. Avant d'être l'animal religieux donton a parlé, l'homme fut un animal craintif. Pen-dant des millénaires, ignorant devant les phéno-mènes naturels, impuissant à se protéger contreles intempéries, les catastrophes de toutes sortes,voire même les bêtes, incapable d'entrevoir lesraisons et les causes d'événements prodigieux etdignes de semer la terreur, il n'a pas su distinguerdans les objets extérieurs l'existence ou non d'unélément volitif. Projetant alors au dehors lesvolontés qu'il croyait voir s'exercer sur lui, il a,dans un premier effort d'imagination, peuplé lemonde qui l'entourait de vies, de sentiments et depassions pareils aux siens.

Parmi les frayeurs imposées à l'homme par sonignorance, la crainte de la mort doit être comptéeparmi les plus solides et les plus profondes.

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Chaque individu non évolué garde en soi un sen-timent instinctif d'égoïsme qui lui fait oublierl'échéance fatale. Cette échéance lui paraît, à vraidire, contre-nature sinon impossible. Sa venuel'épouvante. La mort du voisin la lui rappelle, ils'effare, et s'aperçoit obscurément que le mort vitpourtant dans le souvenir des vivants et se per-pétue dans leurs pensées. Dès ce moment il sortdu néant et reprend une vie nouvelle purementspirituelle celle-là, plus ou moins dégagée despréoccupations terrestres selon le degré d'imagi-nation de celui qui la crée. Les ancêtres, les amisne sortent pas de la mémoire et rôdent plus oumoins désintéressés autour de ceux qui demeurent.Leur désintéressement, leur intérêt, leur hosti-

lité en font des protecteurs ou des ennemis. Leculte des ancêtres apparaît réconfortant pour lesvivants, assurés dès lors de ne plus disparaîtreentièrement.

Le mort participe de l'animisme universel etparce que les choses désormais douées d'une viespirituelle demeurent identiques et paraissenttenir de l'éternité, l'homme lui-même s'élève à la

hauteur des Dieux en acceptant la mort commeun passage du monde matériel au monde de l'au-delà.

Les inconnus diversement humanisés tantôt

s'entendent et tantôt se contredisent. Au-dessus

des querelles humaines et des intérêts humains,se jouent dans un domaine supérieur, invisibleet inaccessible, les querelles des esprits. Leursappétits, leurs intérêts sont pareils à ceux deshommes mais formidables et redoutables dans

leurs conséquences terrestres.

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Pour avoir cru comprendre le monde, l'hommes'est asservi davantage. Il ne cherche- plus àpercer les mystères qui, d'essence supérieure etdivine, doivent échapperà son entendement jus-qu'au jour lointain où, libéré des terreurs pre-mières, il cherchera, avec un fol espoir, par uneautre voie, la science, des déceptions nouvelles.

L'homme primitif a simplifié le monde enl'animant, chaque chose effrayante s'expliquant,et les causes inconnues paraissant s'éclaircir.Entouré de forces généralement anthropomor-phisées, l'individu s'est senti moins isolé il res-tait à implorer, à supplier, à se concilier lespuissances étranges dont les manifestations fré-quemment tangibles l'emplissaient d'une crainterévérentielle.

Ainsi, comme le fait remarquer M. SalomonReinach, le mot religion implique, sans contraintematérielle, une limitation de la volonté indivi-

duelle ou plutôt de l'activité humaine en tantqu'elle dépend de la volonté.

Peu à peu se crée la notion des choses permiseset des choses interdites tantôt pour des raisonsd'utilité, tantôt sans raison apparente et ce sontles tabous. L'âme des choses, la vie spirituelle desobjets,- l'esprit des morts, l'esprit des esprits quiest Dieu, créateur unique ou multiple, produisentune continuelle variété d'effets dont les hommes

saisissent parfois ou croient saisir de vagues rap-ports. Ils devinent des divinités favorables et desdivinités défavorables. La notion du bien et du mal,

principe élémentaire dans les rapports sociaux,se prolonge dans l'empire des Dieux. Les unssont bienfaisants, les autres maléfiques. On sup-

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plie les premiers et on fait alliance avec eux pourse protéger des seconds.

Des observations empiriques font croire quecertains signes, certaines paroles, sont suscep-tibles d'apaiser les uns et d'exciter les autres.Des plantes, des parfums paraissent jouir d'unevertu particulière. La découverte de certainessympathies, quelques expériences et leur systé-matisation semblent avoir produit d'heureuxeffets. La religion prend une forme, un rituels'établit la confiance naît.

Mais l'homme s'accommode mal d'un rôle passifet impuissant. Rapidement il veut échapper à uneservitude qui lui pèse. Fatigué d'obéir, il aspireà commander. Il cherche le défaut par où il peutsaisir la divinité et l'asservir. La prière devientun ordre la Magie apparaît.

Voltaire a dit d'elle qu'elle était le secret defaire ce que ne peut pas faire la nature. Cettedéfinition est contestable. L'homme primitif nepeut pas concevoir ce qui est possible ou non àla nature. Il faut penser plutôt que la Magie n'apour dessein que de contraindre la nature à faire,à un moment précis, ce qu'on suppose qu'ellepourrait faire librement, mais ne ferait pas néces-sairement.

La Magie à l'origine ne s'écarte donc pas dela religion elle est une des formes du rite et peutêtre impérative ou suppliante c'est à son effetnécessaire et forcé qu'on en reconnaît la trace. Lareligion au surplus ne s'en sépare jamais com-plètement. Toujours dans ses rapports avec ladivinité, l'homme religieux pratique une certainemagie dans la mesure où un certain acte ou une

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certaine parole rituelle constitue une entente avecla force supérieure pour obtenir d'elle, et d'accord,un certain effet défini.

On conçoit cependant que si la simple invoca-tion ou la prière est généralement respectueuseet souvent timide, l'ordre magique plus audacieuxet par lequel l'homme commande à Dieu s'em-barrasse moins de scrupules. L'humanité s'estélevée assez haut pour se croire la faculté dedominer, à sa fantaisie et à son heure, celui ou

ceux qu'elle ne faisait jusque-là qu'implorer.L'homme, devenu le maître, donne libre cours à

ses instincts il sollicite le plus souvent le secoursde la force supérieure, qui ne peut plus lui résis-ter, pour des fins matérielles et utilitaires sans sepréoccuper de morale. C'est la satisfaction despassions.

Par là, la Magie d'abord simple manifestationd'une foi permise est devenue synonyme descience dangereuse et réprouvée. Peu à peu, l'em-ploi de la force magique a tendu le plus souventà l'illicite et à l'interdit, en ce sens qu'il n'a viséqu'à satisfaire des désirs ou des besoins matérielsde tout ordre, depuis la volupté jusqu'à la ven-geance et au crime.

Ainsi, tandis que s'était établi le grand dua-lisme du bien et du mal dont les hommes étaient

les témoins et les jouets, la religion pure s'estpeu à peu séparée, en apparence, de la Magieen raison des tendances opposées de ceux quipratiquaient cette dernière. Sans doute, nousl'avons dit, la religion conserve une part demagie mais, dans le langage populaire, Magieet Mal finissent par se confondre. Qu'on prenne

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la lutte entre Indra, dieu du ciel et Vrita, démon

de la nuit qui forme le thème constant deshymnes de Rig-Veda, ou les combats d'Or-muz et Ahriman, principe de lumière et prin-cipe d'obscurité, ou l'opposition dans ta mytho-logie égyptienne de Râ et de Set, ou la rivalitéde Jehovah et du Démon dans le vieux Testa-

ment, presque toujours la Magie se retrouve plusspécialement du côté maléfique, et le Deutéro-nome porte contre les magiciens des peines exem-plaires.

C'est que la Magie se confond souvent aussidans les religions évoluées avec toute une sériede connaissances, qui procurent, à ceux qui lapratiquent, un pouvoir surnaturel médecine,astrologie, enchantements.

Insensiblement le magicien est passé du Bienau Mal, pressé qu'il est d'obtenir ce qu'il veut.Maître à son tour, il a cessé de s'adresser à la

divinité bienfaisante, pour faire appel seulement àla force mauvaise asservie à ses instincts mauvais.

Dissimulé, il transmet des recettes pleines dedangers caché, il participe aux mystères lesplus redoutables. On le craint. L'homme pieuxs'écarte de lui, l'homme méchant a recours à lui.

C'est dans cette mesure seulement, que le Diablechrétien se rattache à des traditions plus an-ciennes ou concurrentes. Si on considère le

Diable comme l'esprit du mal, adversaire deDieu esprit du bien, il est incontestable qu'ilappartient à une tradition vieille comme leshommes mêmes et leurs premières croyances.

Mais chaque religion a différé profondémentnon seulement dans la représentation mais en-

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core dans la forme des manifestations qu'elleattribue à ses divinités. Le pouvoir de chacuned'elles, ses caractères particuliers, son aspect, le

culte même qu'on lui rend, varient d'une croyanceà l'autre, selon les tendances ethnologiques de'ses créatures.

Sans doute, un esprit curieux peut faire desrapprochements, mais, les faisant, il semblera»souvent doué d'une subtilité trop grande etrechercher d'impossibles liens entre des traditionsqui n'ont aucun rapport.

A prendre impartialement et sans idée pré-conçue, la démonomanie chrétienne» telle qu'ellea été décrite par les hommes de la Renaissance,il faut reconnaître qu'on ne peut réellement larattacher à rien d'identique. Il ne faut assuré-ment pas exagérer trop catégoriquement cetteaffirmation. Peut-être ne serait-il pas impossiblede-ci de-là de retrouver certains rameaux égarésde vagues, superstitions païennes, mais ce qu'onpeut affirmer c'est qu'elles sont sans grandeimportance.

Les ressemblances qui ont paru plus précise»demandent quelques éclaircissements.

Une observation d'ordre assez général est qu'onne peut guère supposer de croyance sans céré-monie rituelle, manifestation extérieure par l'in-vocation, la supplication ou l'ordre à la forceobscure. Les rapports de l'homme et de ses Dieuxse réduisent bien rarement à une simple cuntem-plation ou à une pure méditation intérieure.Généralement, la manifestation de la foi se tra-

duit par des paroles à haute voix, des gestes etquelquefois des menaces. Mais vouloir trouver

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entre toutes ces expressions de sentiments unlien unique sans solution de continuité paraît,bien qu'on l'ait parfois cherché, une tentative;impossible. S'il est vrai que les religions s'em-pruntent parfois l'une à l'autre des lambeaux de:légendes, l'identification qu'on pourrait faire entreeux serait peu raisonnable.

Le rapprochement apparent qu'on semble pou-voir entreprendre, vient de ce que les hommesont peu de moyens d'extérioriser leurs senti-ments. Il n'est guère, répétons-le, de manifesta-tation cultuelle extérieure, sans la célébration

d'un sacrifice réel ou symbolique, sans la célébra-tion de cérémonies qu'elles soient sileneieuses etcontemplatives ou bruyantes et frénétiques. Mais.de même que le rêve, qui transforme mais necrée pas, est toujours la perception nouvelle d'uneimage amoindrie ou augmentée, de même l'ordreet la qualité des signes extérieurs, qui sont à laportée de l'homme pour exprimer ses sentiments,se réduisent à des représentations sensorielles-peu nombreuses.

C'est ainsi par exemple que le Sabbat classique,fête diabolique et orgiaque, comprendra tout ce-qu'on est habitué à rencontrer dans une fête, c'est--à-dire un repas, de la musique, des danses etdes paillardises.

Faudra-t-il rapprocher du Sabbat démoniaquetoutes les fêtes en l'honneur d'une divinité où se

retrouveront ces caractères ? Découvrira-t-on

dans les fêtes orgiaques de l'antiquité païennedes rapports étroits avec la cérémonie sacrilègecélébrée en l'honneur du Diable. Devra-t-on,

parce qu'aux dyonisiaques on s'enivrait, on

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buvait, on chantait, on dansait, relier les exploitsdes sorcières du xvi' siècle aux frénésies anti-

ques ? Il nous apparaît que ce serait com-mettre une lourde erreur. Michelet l'a clairement

exprimé lorsqu'il a écrit 1l faut dire les Sab-bats, ce mot a désigné des choses fort diversesselon les temps.

Ainsi si l'on prend le Sabbat dans le sens largede fête rituelle païenne ou démoniaque, il esttoute cérémonie cultuelle destinée à célébrer la

joie de vivre d'une vie matérielle, mais si aucontraire on applique à ce mot son sens véri-table, tel qu'il nous a été transmis par la languede l'Eglise, il est seulement la cérémonie diabo-lique et impie des temps chrétiens, faite pourrendre un hommage sacrilège à l'ange déchu,symbole du mal et de la perversité.

Le Diable chrétien a donc une personnalitépropre, indépendante de celles des autres divi-nités plus ou moins mauvaises qu'on peut ren-contrer dans les mythologies voisines.

Il participe seulement dans son essence d'uneidée générale qui domine à peu près toutes lesreligions. 11 est la représentation d'un des élé-ments du contraste entre le bien et le mal, il

répond pour l'humanité à un besoin d'équilibremoral Mais il s'éloigne des autres représenta-tions du même symbole mythique comme lesreligions, presque toutes parties de l'animisme,ont suivi des carrières différentes selon le carac-

tère ou la race des hommes qui les ont faites.

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CHAPITRE II

LES ORIGINES DU DIABLE CHRÉTIEN

L'Ancien Testamentdébute, pourrait-on presquedire, par un exploit du Démon. Le Serpent appa-raît dès l'origine de la Genèse. Par son interven-tion qui domine l'humanité, toute la traditionbiblique est imprégnée de sa présence. Pourtantil faut reconnaître que l'esprit du mal est rarementnommé directement.

Sans doute il rôde à toutes les pages, accom-pagne et protège la race de Caïn, oblige l'Eternel,tant il corrompt les hommes, à exterminer legenre humain par un déluge universel. Cham, filsde Noé, retomba sous l'empire du Démon, et lalutte éternelle recommença.

Il serait superflu de vouloir rechercherà traversles textes de l'Ecriture toutes les interventions de

l'esprit du mal, telles que les ont dégagées lesinnombrables théologiens qui se sont attachés àla question. Ce qui est plus important c'est deretrouver, ainsi que nous l'avons fait prévoir au

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chapitre précédent, la magie assimilée de trèsbonne heure aux manifestations maléfiques.

Lorsque Moïse et Arron, voulurent persuader lePharaon, qu'il fallait laisser partir le peuplehébreux et lui démontrèrent par des prodiges lavolonté de Dieu, le démon, pour empêcher lesévénements de s'accomplir, vint à la rescousse« Pharaon appela des sages et des enchanteurs etles magiciens d'Egypte en firent autant par leursenchantements (1).»

Jehovah dans ses lois ordonne « Tu ne lais-

seras point vivre la Magicienne (2) ». Au Lévitiquea condamnation de la Magie est répétée « Ne

vous tournez point vers ceux qui évoquent lesesprits ne les recherchez point de peur de voussouiller avec eux (3) » et « si quelqu'un s'adresseaux morts et aux esprits pour se prostituer aprèseux, je tournerai ma face contre cet homme et jele retrancherai du milieu de son peuple (4). »

Le Deutéronome contient un chapitre à peuprès entier contre la divination et la Magie (5) etSaül chassa les Magiciens et les Devins de sesétats (6), mais dans un moment d'erreur il con-sulta la Pythonisse d'Endor (7).

Lorsqu'un exemple est donné de l'impiété deManassé roi de Jérusalem il est dit « .il obser-

vait les songes, il suivait les augures, il s'adon-nait à l'art de la Magie, il avait auprès de lui des

(1) Ex., VII, 11.(2) Ex., XXII, 18.[3, Levit., XIX, 31.(4) Levit., XX, 6.(5) Deut., XVIII, 9 à 22.(6) Rois, I, XXVIII, 3.(1) Ibid., 7.

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LES ORIGINES DU DIABLE CHRÉTIEN

magiciens et des enchanteurs et commit beau-coup de maux devant le Seigneur qui en futirrité (1) ». Au contraire, lorsque Jérémieconseille la soumission au roi de Babylone,craignant l'intervention des mauvais esprits, ils'écrie « .et vous n'écouterez pas vos pro-phètes, vos devins, vos songeurs, vos astrologues,vos magiciens. car c'est le mensonge qu'ils vousprophétisent (2) ».

Daniel, Hananias, Mischael et Azarias inspiréspar Dieu se montrèrent devant Nabuchodonosor« dix fois supérieurs à tous les magiciens et astro-logues qui étaient dans tout le royaume (3) ».Pourtant le roi était entouré de magiciens, d'astro-logues et d'enchanteurs qui lui expliquaient sessonges (4), et tous s'avouèrent vaincus devant lepouvoir supérieur du véritable prophète animt>de l'esprit divin (5). Enfin, Malachie, oracle del'Eternel, s'est écrié « Je m'approcherai de vouspour le jugement et je me hâterai de témoignercontre les enchanteurs (6) ».La haine des magiciens demeura vivace dans le

Nouveau Testament. Simon le Magicien estdénoncé dans les actes des apôtres (7) et le fauxprophète Barjesus, frappé de cécité par miracle,est un magicien que Paul appelle fils du Diable (8).

Si le Démon est peu nommé dans la Bible et si

(1) Paralip, XXXIII, 6.(2) Jérém., XXII, 9, 10.(3 Daniel, 1, 20.(4) Ibid., Il, 2, 10, 17; IV, 7; V, 7.(5 Daniel, V, H et suiv.(6) Malach., III, 5.(7) Act., VIII, 9.(8) Act., XIII, 6 et suiv.

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l'on parle implicitement de son intervention parle secours de la Magie, il est au contraire claire-ment désigné dans les Evangiles et les ouvragesdont l'ensemble constitue le Nouveau Testament.

Le Diable apparaît personnellement, il se révèleautrement que par les prodiges dont il favoriseses fidèles c'est lui-même qui tente Jésus audésert et le transporte au pinacle du Temple (1).

Pour le développement clair de notre exposé,il nous paraît nécessaire de signaler les passagesoù les manifestations diaboliques prennent uneallure particulièrement caractéristique et dontnous aurons à nous occuper par la suite. Les synop-tiques ont rapporté en effet des descriptions trèsprécises dont nous chercherons l'explication et lefondement dans la seconde partie de notre ouvrage.

Pendant sa tournée en Galilée, on amena à

Jésus ceux qui étaient travaillés de diverses mala-dies et de cruelles douleurs, les possédés, leslunatiques et il les guérit (2). Fréquentes, sontcesguérisons de possédés. A Capharnaüm et auxenvirons il fait sortir également les démons ducorps des démoniaques (3), au pays de Gadare ilforce le Diable à s'évader du corps des hommespour passer dans le corps des pourceaux (4). ParJésus encore, le muet recouvra la parole lorsqueSatan fut évanoui (5), et le Christ donna à sesdisciples la puissance qu'il faut pour chasser lesesprits impurs (6).

(1) Matt., IV, 1 à 10; Marc, I, 12-13; Luc, IV, 1-13.(2; Matt., IV, 24; Marc, 1, 35-39.(3) Marc, 1,23-28: Luc, IV, 31-37; Matt., VIII, 16.(4 Matt., VIII. 28-34; Marc, V, 1-20; Luc, VIII, 26-39.(5) Matt, IX, 32-34; Luc, XI, 14; Marc, IX, 17.

(6) Matt., X, 1 et 8; Marc, III, 15, VI, 7; Luc, X, 17 à 21.

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LES ORIGINES DU DIABLE CHRÉTIEN

La seule approche du Sauveur remplissait lesDémons de terreur ils se prosternaient devantlui (1) et lorsque les Scribes le voulurent discré-diter, ils l'accusèrent seulement d'être le Prince

des Démons (2). Les Démons eux-mêmes par lala bouche des possédés reconnaissaient êtrelégion (3). Marie-Madeleine avait été possédée parsept d'entre eux (4).

Lorsque Jésus voulut donner un gage de sapuissance à Hérode, il dit aux siens « Allez direà ce renard que je chasse les démons (5) ». Enfinla trahison de Judas Iscariote s'expliqua pour Lucpar ce fait que le Démon était entré en lui (6).

La tradition recueillie dans le quatrième évan-gile, néglige presque entièrement les questionsdémoniaques. Tandis que les synoptiques se sontattachés à rapporter toutes les guérisons miracu-leuses, Jean n'en fait pas état, et les rapports deJésus et du Démon sont à peu près passés soussilence. Le Christ Johannique ne chasse pasLucifer.

A la vérité, le Diable et son règne sont, danscette œuvre, passés dans un domaine principale-ment d'ordre moral. Il semble que les possédéssoient les incrédules et les pécheurs. Parlant auxJuifs, le Christ leur dit « Le père dont vous êtesissus, c'est le Diable, et vous avez la volonté d'ac-

complir les désirs de votre père (7) ». Satan

(1) Marc, III, 11.(2) Marc, III, 22; Malt., XII, 22-50, Luc, XI, 14-32.(3) Marc, V, 8 et 9; Luc, VIII, 27.(4) Marc, XVI, 9-10; Luc, IX, 2.(5) Luc, XIII, 32.(6) Luc, XXII, 3.(7) Jean, VIII, 44.

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LE DIABLE

apparaît comme le symbole de l'erreur vivantecomme le Christ est la vérité vivante. La vieille

dualité a un caractère positif, son influence,pour être moins matérielle et peut-être moin?grossière, n'en apparaît pas moins continuelle

Lorsque les Juifs disent au Christ « Un démonest en toi », il répond « il n'y a point de démonen moi, mais j'honore mon père et vous, vous medéshonorez ». Mais quand Jésus ajoute « si quel-qu'un garde ma parole, il ne verra jamais lamort », les juifs répondent « Maintenant noussavons que tu as un démon; Abraham est mortainsi que les prophètes et tu dis. es-tu plus grandque notre père Abraham, qui est mort (i) » ?

Pour Saint Jean, avoir en soi un démon, c'est

moins être matériellement possédé que plutôtètre inspiré par l'esprit du mal. L'accusationrevient à plusieurs reprises. Après avoir entendula parabole du Bon Pasteur, les juifs répètentencore « il a en lui un démon et il a perdu lesens (2) ».

L'Evangôliste a éliminé les cas de possession,le Diable est devenu plus spirituel et c'est dans lecœur de Judas qu'il pénètre pour amener la tra-hison (3).

Les actes des apôtres sont remplis de récitsdiaboliques plus précis et qui rappellent ceux deMarc, Luc et Matthieu.

Les villes voisines de Jérusalem sont pleines depossédés (4) et les Démons jettent de grands cris

II) Jean, VIII, 48.(2) Jean, X, 21.(3> Jean, XIII, 27.

(4) Act., V, 16.

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