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Dossier d’accompagnement pédagogique

æ Références aux programmes et niveaux concernés

æ Pistes pédagogiques

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Sommaire

3ALIAS CARACALLA, AU CŒUR DE LA RÉSISTANCE

5 | Présentation du téléfilm

6 | Quel intérêt pour l’enseignant ?

7RÉFÉRENCES AUX PROGRAMMES ET NIVEAUX CONCERNÉS

9DÉCOUPAGE DU TÉLÉFILM

17PISTES PÉDAGOGIQUES

21 | Fiche 01. La mémoire de la Résistance

28 | Fiche 02. L’évolution politique de Daniel Cordier : la découverte des idéaux républicains de la Résistance

34 | Fiche 03. S’engager dans la Résistance

38 | Fiche 04. Un réseau de résistance

43 | Fiche 05. Jean Moulin

49 | Fiche 06. La création du Conseil national de la Résistance (CNR)

55POUR EN SAVOIR PLUS

56 | Bibliographie

57 | Sitographie

57 | Films

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sommaire

CAR ACA L L A

Alias Caracalla, au cœur de la résistance

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4 | Alias Caracalla, au cœur de la Résistance sommaire

Caracalla est le nom de code que Roger Vailland attribue à Daniel Cordier dans son roman sur la Résistance, Drôle de jeu,

paru en 1945 et lauréat

du prix Interallié la même

année. Vailland s’engage

dans la Résistance en 1942

puis est envoyé en mission

auprès de Daniel Cordier.

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5 | Alias Caracalla, au cœur de la Résistance sommaire

Présentation du téléfilm

Alias Caracalla, au cœur de la Résistance est l’adaptation à l’écran, en deux épisodes de 90 minutes, des mémoires intitulées Alias Caracalla que Daniel Cordier a publiées aux éditions Gallimard en 2009. Le téléfilm débute le 17 juin 1940 avec le discours de Pétain, événement fondateur dans l’engagement de Daniel Cordier dans la Résistance, et s’achève le 15 juin 1943, alors que la première réunion du Conseil national de la Résistance (CNR) – objectif que Rex-Jean Moulin devait accomplir pour le général de Gaulle – vient d’avoir lieu et que Jean Moulin part pour Caluire, dans la banlieue de Lyon.

Secrétaire de Jean Moulin pendant la guerre, Daniel Cordier s’oriente ensuite vers une carrière de marchand d’art contemporain. À la fin des années 1970, il devient historien-témoin suite aux polémiques à l’encontre de son patron pendant la Résis-tance, dont il lave l’honneur grâce aux archives. Il est l’auteur de plusieurs livres sur Jean Moulin. Alias Caracalla a reçu en 2009 le prix Renaudot Essai et le prix littéraire de la Résistance.

Le producteur et scénariste Georges-Marc Benamou à l’origine de ce projet de tour-nage – à qui l’on doit, entre autres, la série Je me souviens des années 80, le téléfilm L’OAS, une histoire interdite et le scénario du Promeneur du Champ de Mars, long-métrage de Robert Guédiguian sorti en 2004 –, sait convaincre Daniel Cordier qui coécrit, avec Benamou et Raphaëlle Valbrune (scénariste notamment de Tournée, un film de Mathieu Amalric sorti en 2010), le scénario du téléfilm.

Le réalisateur, Alain Tasma, nourrit régulièrement la télévision de ses films et séries comme par exemple Mata Hari, la vraie histoire, Nuit noire, 17 octobre 1961 ou XIII : la série. Il a été assistant de François Truffaut, Jean-Luc Godard, Barbet Schroeder et Arthur Penn.

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6 | Alias Caracalla, au cœur de la Résistance sommaire

Quel intérêt pour l’enseignant ?Les films sur la Résistance sont nombreux et précoces puisque La Bataille du rail de René Clément date de 1946. Les plus connus sont L’Armée des ombres de Jean-Pierre Melville en 1969, Paris brûle-t-il de René Clément en 1965 ou La Mer à l’aube de Volker Schlöndorff en 2011. Qu’apporte celui-ci ? Plusieurs éclairages originaux. Il permet de comprendre l’entrée en résistance en décrivant l’itinéraire surprenant d’un jeune homme qui passe d’une admiration sans borne pour Maurras aux idéaux de la République – sans être à l’origine séduit par le général de Gaulle qu’il rencontre pourtant dès l’été 1940, mais qui veut avant tout « tuer du Boche ». Le film montre aussi des réactions similaires, face à la défaite, de Français opposés politiquement ou philosophiquement. On assiste de manière très compréhensible, de façon inédite dans un film, au conflit institutionnel entre la France libre, autour de De Gaulle, et les chefs de la Résistance intérieure pour former le Conseil national de la Résistance afin d'unifier ces résistances. On découvre la formation militaire des premiers Français ralliés à de Gaulle à Londres : aucun film ne le montrait jusqu’à celui-ci. Ce dernier dresse enfin un portrait de Jean Moulin, forcément fidèle puisque Daniel Cordier le côtoie pendant presque une année, qui porte rarement écharpe ou chapeau, rompant une fois pour toute avec l’iconographie habituelle. La jeunesse du héros et des principaux protagonistes du film fait écho à celle des élèves, leur permettant d’entrer rapidement dans la compréhension et le questionnement au sujet de la Résistance.

Enfin, grâce à l’unicité de ses sources (un film scénarisé par Daniel Cordier, à partir de son livre, écrit grâce à ses souvenirs recoupés par trente années de recherches dans les archives les plus variées et les plus irréfutables), cette production permet de faire réfléchir les élèves sur les liens entre l’Histoire, le travail d’un historien, la mémoire d’un homme, la mémoire collective et leur mise en images.

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Références aux programmes et niveaux concernés

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Références aux programmes et niveaux concernés

Collège

Classe de troisièmeLe film est exploité dans la partie IV « La vie politique en France », dans le thème 2 « Effondrement et refondation républicaine (1940-1946) ». Dans les démarches, l’étude de la Résistance peut être abordée à travers l’exemple d’un réseau ou d’un mouvement. Dans les capacités, les élèves doivent connaître la fondation du Conseil national de la Résistance par Jean Moulin.

Lycée général et technologique

Première, séries ES et L (programme de 2012)Le film est exploité dans le thème 5 « Les Français et la République », dans la ques-tion « La République, trois républiques » qui conduit à s’interroger sur l’histoire de la mise en place de la République, mais aussi sur les valeurs républicaines et sur l’imaginaire lié à la République. La deuxième étude concerne les combats de la Résistance et la redécouverte progressive de l’idéal républicain, face à l’État français.

Première S, programme applicable à la rentrée 2013Le film est exploité dans le thème 3 « La République française face aux enjeux du xxe siècle », dans la leçon « La République, trois républiques : des idéaux de la Résis-tance à la refondation républicaine après la Libération (1944-1946) ».

Premières STMG et STSS (programme de 2012)Le film est exploité dans la leçon « Guerres et paix : 1914-1945 », un des deux sujets d’étude ayant pour thème « Combattre pour la République : Jean Moulin ».

Terminales ES et L (programme de 2012) et S (programme applicable en 2014)Le film est exploité dans le thème 1 « Le rapport des sociétés à leur passé », dans la leçon « Les mémoires, lecture historique » et plus précisément dans l’étude au choix « L’historien et les mémoires de la Seconde Guerre mondiale en France ».

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Découpage du téléfilm

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Découpage du film

Épisode 1

Début | 01 min. 46 s. 17 juin 1940, Daniel Cordier distribue le journal Action française.

01 min. 46 s. | 03 min. 19 s. Cordier, son beau-père et sa mère devant le poste de radio, écoutent le discours radiodiffusé du maréchal Pétain : « Je me suis adressé aujourd’hui à l’adversaire pour lui demander s’il est prêt à rechercher avec nous entre soldats, après la lutte et dans l’honneur, les moyens de mettre un terme aux hostilités. » Consternation et larmes chez les Cordier.

03 min. 19 s. | 08 min. 44 s. Cercle Maurras où Daniel Cordier retrouve les jeunes militants de l’Action Fran-çaise. Il tente de les convaincre de se battre contre les Allemands. Finalement, il se laisse convaincre d’organiser une réunion. Les jeunes gens rédigent un tract pour mobiliser la jeunesse.Daniel retrouve Domino, sa petite amie.

08 min. 44 s. | 17 min. 56 s. Retour dans la maison familiale. Son beau-père conseille à Daniel de rejoindre l’ar-mée d’Afrique du Nord. Daniel prend rendez-vous avec le colonel Pellier et lui expose son souhait de continuer à se battre contre les Allemands. Le colonel le congédie.Daniel rejoint le cercle de l’Action française où de nombreux jeunes, accompagnés de leurs parents, se sont rassemblés suite à la lecture du tract. Daniel leur expose leur plan : rejoindre Bayonne puis l’Afrique du Nord. Rendez-vous pris pour les jeunes volontaires au dépôt de bus, le lendemain matin.Daniel fait ses adieux à Domino.Le lendemain matin, départ en bus pour Bayonne pour Daniel et ses amis.

17 min. 56 s. | 23 min. 42 s. Images d’archives d’un cargo.On retrouve les garçons à leur arrivée en Angleterre, au centre d’immigration, le 25 juin 1940.Daniel Cordier aidé par Bernstein tente, en vain, d’expliquer à un officier anglais leur volonté de rejoindre l’armée française à Londres.

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Lors d’une rapide entrevue avec le consul de France, Cordier comprend que Maur-ras n’a pas rejoint Londres et soutient la politique de Pétain. Par ailleurs, il leur est signifié qu’ils peuvent être considérés comme déserteurs et condamnés. Cordier et ses amis sont prêts à s’engager dans l’armée anglaise. Bernstein revient avec un journal et leur fait part des propos tenus par de Gaulle : « Mais si cette capitulation est écrite sur le papier, innombrables sont les hommes, les femmes, les enfants qui ne s’y résignent pas. »Dans le hangar, un lieutenant français explique les trois choix possibles : rentrer en France, s’engager comme travailleurs dans les usines anglaises, rejoindre la légion française qui se constitue sous les ordres du général de Gaulle. Les 17 garçons optent pour la légion française.

23 min. 42 s. | 31 min. 50 s. Olympia Hall du 2 au 10 juillet 1940.Arrivée des jeunes hommes où ils rejoignent d’autres individus qui énoncent leur lieu d’origine (Saint-Malo, Concarneau, etc.). Ils entonnent La Marseillaise.À l’Olympia Hall, Cordier retrouve Rödel, un de ses anciens camarades de pension venu à Londres pour se battre.Daniel, ses camarades et d’autres volontaires choisissent les armes dans lesquelles ils souhaitent servir. Scènes d’entraînement militaire (garde-à-vous, repos, etc.)Le 4 juillet, ils apprennent que les Anglais ont bombardé la flotte française de Mers el-Kébir.Le 6 juillet, de Gaulle vient leur rendre visite, prononce un discours (« Ce sera long, ce sera dur, mais à la fin nous vaincrons. ») et passe les troupes en revue.

31 min. 50 s. | 53 min. 23 s. Delville Camp, 11 juillet-26 septembre 1940 / juillet 1941 Arrivée dans le camp d’entraînement et installation dans les chambrées. On leur donne un uniforme et un trousseau complet. Briant arrive avec des étiquettes mar-quées France, à coudre sur les manches de l’uniforme.Début de l’entraînement.Rencontre avec Raymond Aron.Exercices militaires de nuit. Cordier rencontre Paul Schmidt, sergent-chef dans la légion à Narvik.La vie dans le camp d’entraînement continue. Certains partent : Marmissol reçoit son équipement colonial. Certaines rencontres sont marquantes : Stéphane Hessel, Yves Guéna.En juillet 1941, Daniel Cordier rencontre le colonel Passy au bureau du BCRA (Bureau central de renseignements et d’action ; les services de renseignements de la France libre) et se porte volontaire pour des missions clandestines en métropole.

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53 min. 23 s. | 01 h. 58 s. Inchmery – BCRA Le groupe des volontaires du BCRA s’entraîne pendant quelques semaines sous l’autorité du lieutenant Vignes.Le capitaine Georges, blessé à la tête au cours d’un saut en parachute incite Daniel Cordier à réfléchir sur son engagement à l’Action française.Cordier décide finalement d’écrire à Maurras pour lui exprimer sa déception face aux choix de Maurras et de l’Action française dans son ralliement à Pétain et Laval.

01 h. 58 s. | 01 h. 10 min. 15 s. Retour en France.Daniel Cordier accepte la mission qui lui est confiée. Il est parachuté en France et doit devenir le radio de Georges Bidault. Il a également pour mission de remettre un certain nombre de documents à Rex, le représentant général de Gaulle en France.Images d’archives de parachutage.Cordier arrive à Lyon avec Briant le 27 juillet 1942 et s’installe dans l’appartement des Moret.Le poste émetteur et les revolvers sont cachés derrière le poêle.Le 29 juillet, Cordier a rendez-vous avec Schmidt, place Bellecour et doit se rendre en sa compagnie auprès de Rex.

01 h. 10 min. 15 s. | 01 h. 29 min. 38 s. Cordier devient le secrétaire de Rex.Cordier explique son engagement dans l’Action française à Rex depuis son plus jeune âge. Rex évoque son père républicain, fervent défenseur de Dreyfus.Cordier accepte la proposition de Rex et devient son secrétaire. Il devient donc responsable des fonds versés par Londres et doit les redistribuer aux différents mouvements. Il gère également toutes les liaisons entre les responsables des mou-vements, les officiers de liaison et les opérateurs radio.Daniel Cordier choisit son pseudonyme : Alain.Départ de Briant. Cordier reste seul.Le 2 août 1942 rencontre avec Bidault : Rex prévient Bidault du fait que Cordier est devenu son secrétaire.Cordier recrute Mado, Alsacienne qui a fui les Allemands avec son mari, comme secrétaire.Cordier retrouve Cheveigné, formé au BCRA et récemment parachuté en France pour y accomplir une mission de radio.À la demande de Rex, Cordier rencontre Léo (Morandat) chargé de rallier tous les syndicats de la zone libre derrière de Gaulle. Morandat taquine Cordier sur son évolution politique.

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13 | Alias Caracalla, au cœur de la Résistance sommaire

01 h. 29 min. 38 s. | finRencontre entre Rex, Lenoir (Jean-Pierre Lévy, dirigeant de « Franc-tireur ») Charvet (Henri Frenay, dirigeant de « Combat ») et Bernard (Emmanuel d’Astier de la Vigerie, dirigeant de « Libération ») pour obtenir l’accord des trois dirigeants afin de réunir les trois mouvements en une seule armée secrète.

Épisode 2

Début | 11 min. 26 s. Discussion entre Rex et Cordier : les Canadiens ont débarqué à Dieppe mais les Allemands ont fait 4 500 prisonniers, coulés 3 torpilleurs et 2 transports de troupe 95 avions manquent à l’appel.Cordier recrute un courrier (Germain) et quitte l’appartement des Moret.Au restaurant, Rex et Bidault devant Cordier évoquent le sort des Juifs et débattent de la position à tenir. Aider les Juifs mais faire en sorte que le général de Gaulle ne soit pas accusé de faire la guerre pour les Juifs. Bidault sort la lettre des évêques de Toulouse et de Montauban qui condamne cette répression. Moulin demande que les lettres pastorales soient envoyées à Londres.

11 min. 26 s. | 22 min. 36 s. Cordier et Schmidt évoquent le manque de radios et les difficultés à communiquer (arrestation de Brault, radio de Schmidt). Cordier se rend à Toulouse chez Blanquat (délégué à la propagande du Maréchal pour la Haute-Garonne) et Carquoy (qui termine son service dans la police), deux anciens camarades d’Action française. Les divergences sont désormais profondes entre les trois jeunes hommes notamment sur la question juive. Cordier repart avec une vraie-fausse carte d’identité.Retour à Lyon et nouvelle chambre pour Rex, sous une nouvelle identité, monsieur Marchand, artiste peintre. Schmidt demande à Cordier d’héberger un Juif pour la nuit. Cordier finit par accepter.

22 min. 36 s. | 27 min. 56 s.Lyon, 8 novembre 1942.Cordier et Cheveigné se réjouissent du débarquement américain en Afrique du Nord. Cordier apprend à Rex que Lorrain, l’adjoint de Charvet (Frenay), a demandé un rendez-vous en urgence. Au restaurant, ils rejoignent Bidault. Inquiets du fait qu’Eisenhower n’ait pas mentionné les FFL et de Gaulle, ils élaborent un message dans lequel ils félicitent les Américains, rappellent que de Gaulle est le chef de la Résistance, condamnent le ralliement tardif des traîtres militaires (Giraud et Darlan).

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Le 11 novembre 1942, un télégramme annonce que Rex est compagnon de la Libé-ration et Delestraint nommé commandant en chef de l’Armée secrète.Le manifeste est rédigé et envoyé aux trois mouvements de libération de la zone sud, aux syndicats, et à cinq partis politiques : SFIO, parti démocrate populaire, la fédération républicaine, le parti radical et le parti communiste.

27 min. 56 s. | 36 min. 25 s. Archives : les troupes allemandes franchissent la ligne de démarcation.Darlan ordonne le sabordage de la flotte à Toulon.Seul le parti communiste n’a pas répondu au message aux Alliés. Rex le fait envoyer à Londres sans mention des communistes.Cordier et Farge se rendent dans le Vercors « citadelle de liberté ». Le capitaine expose son plan à Cordier et Farge : isoler le massif pour le rendre imprenable et récupérer des armes et des équipements parachutés par les Anglais ainsi que des canons antiaériens. Rex est convaincu et ordonne le versement de 20 000 francs à Farge.

36 min. 25 s. | 41 min. 36 s. La bataille du Conseil national de la Résistance.Les partis et les mouvements doivent s’entendre sur quatre objectifs dans un conseil de la Résistance : contre les Allemands, contre les dictatures, pour la liberté, avec de Gaulle.10 février 1943 : Rex présente Cordier aux chefs des trois mouvements. Les quatre hommes s’affrontent sur le texte du manifeste du Conseil de la Résistance. Frenay refuse d’approuver le projet. Rex prend acte mais demandera à de Gaulle d’approu-ver son projet lors de son prochain séjour à Londres.Rex donne toute latitude à Cordier pendant son absence à Londres.

41 min. 36 s. | 47 min. 50 s.Cordier et Bidault attendent Brumaire (Brossolette) dans un restaurant. La discus-sion porte sur l’aide à apporter à de Gaulle pour le légitimer face aux Américains. Rex préconise de s’appuyer sur les anciens partis démocratiquement élus avant-guerre ; Brumaire pense que seul le gaullisme représente l’avenir, sans les partis. De Gaulle doit être le chef de la Libération.Les rivalités apparaissent clairement.Sur les 8 millions de francs, Cordier doit en garder 4 et distribuer le reste aux mou-vements. Frenay est mécontent de la somme donnée et oblige Cordier à transmettre un message à Londres.Cordier croise Suzette dans le parc de la Tête-d’or. Elle lui apprend l’arrestation de Mme Moret, sa mère.

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47 min. 50 s. | 52 min. 46 s.Cordier se rend à une réunion où se trouvent tous les chefs de la résistance lyon-naise, une dizaine de personnes dont Farge. Le ton monte entre Aubrac qui réclame de l’argent et des tampons.De retour dans sa chambre, Cordier déchiffre un message où il apprend que Frédéric, représentant de Rex en zone occupée a été arrêté à Paris. Il prend l’initiative de constituer de nouvelles enveloppes avec l’argent restant. Cordier se rend à une nouvelle réunion des chefs de la résistance lyonnaise mais est averti du danger par une vieille dame. Il s’enfuit, rencontre Farge et un camarade dans la rue, et les prévient du danger.

52 min. 46 s. | 57 min. 22 s. 20 mars 1943, retour de Rex à Lyon où l’attendent de mauvaises nouvelles : tout l’état-major de la résistance lyonnaise a été arrêté et les archives saisies. Cordier explique à Rex la situation dramatique dans laquelle se trouvent les maquis (aug-mentation des effectifs).Bidault confirme à Rex le changement de situation : arrivée massive des réfractaires au STO dans les maquis.Rex annonce qu’il a été désigné pour unifier la Résistance dans les deux zones et le Conseil de la Résistance a reçu l’aval de De Gaulle.Le Conseil de la Résistance siégera à Paris. Cordier doit s’y rendre. Il part avec son équipe.

57 min. 22 s. | 01 h. 15 min. 21 s.Arrivée de Cordier à Paris le 25 mars 1943.Cordier, avenue Foch, voit pour la première fois un grand-père et son petit-fils avec une étoile jaune cousue sur leurs vêtements. Il est profondément bouleversé. Il retrouve son courrier au parc Monceau. 30 mars 1943, arrivée de Rex à Paris.Rex et Cordier retrouvent Champion et Morlaix (les adjoints de Frédéric) dans un café.Passy a coupé toute relation avec eux depuis l’arrestation de Frédéric. Brumaire a annoncé la formation d’un conseil de Coordination des mouvements de la zone nord.Une réunion entre Rex, Brumaire et Passy est organisée. L’affrontement est violent et Rex leur impose de se plier à ses ordres.Bidault et Rex évoquent la composition du Conseil national de la Résistance : les chefs de mouvements, les communistes, les socialistes et les syndicats doivent dési-gner eux-mêmes leurs représentants. Bidault accepte de représenter les démocrates populaires. Les représentant sont au nombre de 17, dont Jean Moulin.Arrestation de Briant et de 7 autres membres du réseau, dénoncés par l’agent de liaison. Le traître est exécuté.

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Le 8 mai 1943, Rex rédige un texte annonçant la constitution du Conseil national de la Résistance, sa composition et termine par « quelle que soit l’issue des négo-ciations, de Gaulle demeurera pour nous le seul chef de la Résistance française ».12 mai 1943 : Rex revient de Lyon où les mouvements de la zone sud sont en rébel-lion depuis la formation du Conseil de la Résistance. Charvet s’estime l’égal de De Gaulle et a commencé à négocier avec les Américains en Suisse. Pour apaiser la situation, l’armée secrète est scindée en deux : 10 000 hommes pour Delestraint en vue du débarquement et 40 000 hommes pour Charvet consacrés aux maquis et aux actions immédiates. Rex doit rencontrer Barrès, le représentant de Charvet.

01 h. 15 min. 21 s. | fin27 mai 1943 : Daniel Cordier, Morlaix et Champion font le guet. Tous les chefs sont réunis au même endroit. Rex sort de la maison et annonce que le télégramme peut partir : ce jour a eu lieu la première réunion du Conseil national de la Résistance.Rex amène Cordier dans une galerie où sont exposées des toiles de Kandinsky, puis lui offre en cadeau L’Histoire de l’art moderne de Christian Zervos. Les deux hommes se saluent.

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Pistes pédagogiques

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Nous proposons d’utiliser le film autour de six propositions pédagogiques qui ne sont que quelques pistes possibles d’exploitation, tant les thèmes abordés sont divers. La démarche proposée dans le livret consiste à exploiter le film à partir de courts extraits (et non à partir de la diffusion de celui-ci dans sa totalité) soigneusement choisis pour leur durée, leur originalité. À chaque extrait développé correspond une « fiche élève » comprenant une série de questions et une « fiche professeur » contenant des éléments de correction mais surtout des informations permettant à l’enseignant de compléter et d’approfondir les réponses des élèves.

La première fiche, « La mémoire de la Résistance », concerne surtout la classe de terminale ES/L, mais permet aussi en ces temps de « devoir de mémoire » et de « lois mémorielles » de réfléchir au statut de ce film de fiction – très original, on l’a dit, puisque Daniel Cordier, historien-témoin, est présent dans sa conception de bout en bout – dans la démarche historique et sa pédagogie auprès des élèves.

La deuxième fiche, « L’évolution politique de Daniel Cordier : la découverte des idéaux républicains de la Résistance », intéresse plus particulièrement les classes de troisième et de première générale. Elle montre l’acceptation difficile mais réfléchie des idéaux républicains d’un jeune qui s'avère un membre très actif dans l’Action Française – au point d’avoir créé le cercle Charles Maurras de Bordeaux. Daniel Cordier découvre, au cours de sa formation militaire en Angleterre puis dans la Résistance, des points de vue politiques différents, et est confronté à des contradic-tions – il admire Raymond Aron et sa pensée mais est déçu et gêné en apprenant

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qu’il est Juif. Au contact de Jean Moulin, mais aussi de Georges Bidault notamment, il comprend l’importance de la liberté, de la démocratie et d’un fonctionnement démocratique des pouvoirs et rejette l’antisémitisme.

La troisième fiche, « S’engager dans la Résistance », concerne aussi avant tout les classes de troisième et de première générale. Elle insiste sur les premiers instants de l’entrée en résistance de cinq personnages : Daniel Cordier, Jean Moulin, une jeune Alsacienne, la famille Moret et Suzette Moret, leur fille. Pour tous, la surprise de la défaite joue un rôle considérable, voire fondateur. Mais les solutions et donc les raisons de leur entrée en résistance divergent : pour beaucoup, le maréchal Pétain joue un rôle fondamental parce qu’il a déjà sauvé la France. Pour d’autres, il faut au contraire, au nom des principes républicains, lutter contre l’État français de Pétain. La présence des Allemands, le pays envahi, la collaboration constituent d’autres raisons pour résister. L’influence familiale, même si elle n’est pas suivie durant toute la guerre, est également un point de départ explicatif. Deux aspects sont fondamentaux dans la compréhension des élèves : il n’y a pas une mais des raisons différentes qui ont conduit à résister ; ces raisons ne sont pas exclusives, elles se chevauchent, voire se complètent ou se remplacent dans le temps.

La quatrième fiche décrit « Un réseau de Résistance », exemple précis que les élèves de troisième doivent maîtriser. Le film décrit de manière précise la formation, le recrutement, les tâches accomplies, les précautions à prendre, les risques encourus, à la fois par des permanents du réseau mais aussi par les agents de liaison. Certes, il s’agit d’un réseau particulier, travaillant pour Jean Moulin, mais il illustre bien la vie quotidienne des résistants.

La cinquième fiche présente « Jean Moulin » sous quatre angles d’études. D’abord bien sûr le résistant, courageux et prudent, représentant le général de Gaulle face à l’hostilité des chefs de la Résistance intérieure. Mais aussi d’autres aspects, souvent moins évoqués, moins connus par les élèves ou moins attendus lorsque l’on pense à un résistant : le républicain que Daniel Cordier cherche à cerner sans y parvenir ; l’amateur d’art sous diverses formes (la peinture, la poésie, le dessin) ; l’homme passionné enfin, qui a des aventures féminines tout en cherchant à unifier la Résis-tance. Jean Moulin est un des thèmes d’étude des classes de premières STMG et STSS.

La dernière piste explorée concerne « La création du Conseil national de la Résis-tance » que les élèves de troisième doivent connaître. L’objectif est de leur montrer les difficultés pour parvenir à l’union, mais surtout les raisons des difficultés qui ne relèvent pas seulement de batailles d’ego, mais aussi de conceptions différentes liées à la Résistance : qui sont les résistants ? Ceux qui sont à l’intérieur, affrontant les difficultés quotidiennes, les dangers les plus extrêmes ou bien la France libre

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| Pistes pédagogiques |

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installée d’abord à Londres, dont même Jean Moulin reconnaît qu’elle n’évalue pas toujours bien la situation en France ? Dans un premier temps, l’obéissance à de Gaulle s’explique essentiellement par le fait qu’il dispose des moyens financiers pour développer la Résistance, l’un des rôles de Jean Moulin étant de distribuer cette manne financière. Mais les hommes des mouvements intérieurs s’estiment être les égaux de De Gaulle et acceptent mal d’avoir à obéir à des ordres venus d’en haut, ou plutôt de Londres, au lieu de discuter démocratiquement des décisions. Ils ne com-prennent pas notamment la volonté gaullienne de séparer l’action paramilitaire et l’action politique, les deux allant de pair pour la majorité des mouvements. Lorsque de Gaulle est mis en difficulté après le débarquement en Afrique du Nord, les Amé-ricains ne le reconnaissant pas comme interlocuteur, les chefs des mouvements intérieurs en profitent pour s’organiser par eux-mêmes, en cherchant notamment d’autres sources de financement, comme Henri Frenay auprès des Américains. La solution pour légitimer de Gaulle est alors de faire appel aux partis politiques et aux syndicats qui représentent les Français sous la IIIe République, avec la difficulté suivante : tous ne sont pas entrés en résistance.

Le 28 mars 2013, le Sénat a adopté la proposition de loi de Jean-Jacques Mirassou instaurant le 27 mai – jour anniversaire de la création du Conseil national de la Résistance – comme la Journée nationale de la Résistance. Le texte prévoit que, ce jour-là, les enseignants de tous les établissements du second degré consacrent une partie de leur temps à l’évocation de ce combat.

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sommaire

La mémoire de la Résistance

æ Fiche pédagogique

01

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Fiche 01. La mémoire de la Résistance

Supports – L’épisode 2 dans son entier, puis quelques extraits choisis : Extrait 1 : 01 h. 18 min. 02 s. | 01 h. 18 min. 50 s. : la mémoire de la Résistance selon Jean Moulin.Extrait 2 : 01 h. 22 min. 23 s. | fin : intervention de Daniel Cordier.– Le générique du film : Georges-Marc Benamou, le producteur, a coécrit le scénario avec Daniel Cordier et Raphaëlle Valbrune. – Description du prix littéraire de la Résistance. – L’article de Jean-Pierre Azéma dans la revue L’Histoire, n° 343, juin 2009 (p. 23). – Le discours de Malraux pour le transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon, décembre 1964 (cf. section « Pour en savoir plus »).

Problématique Dans quelle mesure peut-on dire que ce film peut constituer une source pour une mémoire de la Résistance ?

Consigne Après avoir regardé le film, les extraits plus précisément et après avoir lu les docu-ments joints, vous répondrez aux questions suivantes.

Exercice

Documents joints

Le prix littéraire de la Résistance, créé en 1952, est décerné tous les ans depuis

1963 par le Comité d’action de la Résistance à un ouvrage « particulièrement

significatif de l’histoire de la Résistance et de la déportation ». Le Comité d’action,

réuni pour la première fois en 1948, regroupe la plupart des associations et des

mouvements de la Résistance et les associations et amicales de déportés et œuvre

pour « maintenir, protéger et exalter l’esprit de la Résistance ». Il a créé en 1992

la fondation nationale de la Résistance.

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| Fiche 01 | élève

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Article de Jean-Pierre Azéma, « Dans l’ombre de Jean Moulin », L’Histoire, n° 343,

juin 2009, 98 pages ; p. 92 à propos du livre Alias Caracalla. Mémoires, 1940-1943. « Le secrétaire particulier du chef de la Résistance intérieure croise souvenirs

personnels et archives : un trésor mémoriel.

C’est en 1977 que Daniel Cordier se préoccupe d’histoire : choqué d’entendre Henri

Frenay qualifier Jean Moulin de “crypto-communiste”, il cherche à savoir si vraiment

l’homme qui avait fait d’un gamin de 22 ans imprégné de maurrassisme et d’anti-

sémitisme son homme de confiance lui aurait caché les ressorts de sa démarche.

S’apercevant alors que les historiens négligeaient la Délégation générale, mise

en place par Moulin comme trait d’union entre les mouvements de Résistance et

Londres, il se fait à partir de 1989 le biographe de Moulin avec L’Inconnu du Panthéon (3 volumes, 1989-1993) puis Jean Moulin. La République des catacombes (1999).

En 1983, lors d’un colloque organisé pour le 40e anniversaire de la fondation du

Conseil de la Résistance, sa conférence iconoclaste, solidement appuyée sur les

archives, avait surpris puis exaspéré des résistants de renom, car elle écornait de

pieuses légendes. Aujourd’hui, sous un titre un peu énigmatique, ses Mémoires, 1940-1943, logiquement interrompues après l’arrestation de Jean Moulin à

Caluire, se présentent comme un journal. Il utilise celui qu’il avait tenu jusqu’à

son parachutage près de Montluçon, dans l’Allier, en juillet 1942. Pour la suite,

puisqu’il avait dû renoncer aux notes personnelles, il recourt à ses souvenirs, des

empreintes mémorielles fortes – ce qu’il a appelé naguère sa “petite musique” –

qu’il croise avec les données de nombreux cartons d’archives. Le mixage est une

réussite. Son texte n’est ni un récit ni une histoire de la Résistance, encore moins

une mine de scoops, y compris sur Caluire (Cordier signale seulement que Moulin

avait donné l’ordre de se défier de “Didot, alias René Hardy”). C’est le vécu d’un

individu tout proche de Moulin, ce qui donne à “la mission Rex” tout son relief.

[…] Passionné, Moulin l’a été et Cordier, compagnon de la Libération, le reste, avec

cette livraison tardive d’un véritable trésor mémoriel. »

Jean-Pierre Azéma est historien, spécialiste de la France de Vichy et de la Résis-

tance, professeur des universités et professeur honoraire à l’Institut d’études

politiques de Paris.

Questions A. Ce film, réalisé à partir du livre de Daniel Cordier, est-il un témoignage ou une source historique ? Utilisez l’article de Jean-Pierre Azéma.B. Pensez-vous que le fait que le livre de Daniel Cordier ait reçu le prix littéraire de la Résistance en 2009 en fait une source pour la mémoire de la Résistance ?C. Comment Jean Moulin envisageait-il la commémoration de la Résistance ? Comparez avec le discours de Malraux. Quel groupe de résistants a principalement commémoré Jean Moulin ?D. Qu’apporte la présence de Daniel Cordier à la fin du film ?

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Fiche 01. La mémoire de la Résistance

Les élèves de terminale doivent travailler sur « l’historien et les mémoires de la Seconde Guerre mondiale en France ».

Ce film s’inscrit dans cette question pour deux raisons : c’est une biographie qui s’appuie sur la mémoire individuelle d’un homme, Daniel Cordier ; cet homme est un historien. Les rapports entre l’historien et les mémoires de la Seconde Guerre mondiale, en l’occurrence sa propre mémoire, sont donc intéressants à envisager, d’autant qu’ils furent longtemps conflictuels pour lui.

Ce film est tiré d’un livre Alias Caracalla paru en 2009 dans la collection « Témoins » chez Gallimard. Il s’agit des mémoires de Daniel Cordier, alors même qu’il s’est toujours méfié des mémoires individuelles : « […] Le témoignage, c’est de l’eau courante ou dormante, mais qui se transforme. La mémoire est trop sélective et infidèle. Et pour les gens qui ont eu une fonction d’autorité, c’est une justification de leur action 1. » Pourquoi une telle méfiance ? Il faut remonter aux origines de son travail d’historien. Daniel Cordier n’est pas du sérail. Il a vingt-cinq ans lorsque la guerre s’achève, il se méfie des anciens combattants et décide de tourner la page. Il devient marchand d’art et possède une galerie, d’abord à Paris, puis à New York. En 1977, il accepte l’invitation à une émission de télévision, les Dossiers de l’écran, sur Jean Moulin car il vient de lire le livre d’Henri Frenay (Charvet dans le film), L’Énigme Jean Moulin. Frenay y accuse Moulin d’être un crypto-communiste. Cordier tente de le défendre, mais n’a que des arguments personnels à opposer. Il décide alors de réunir toutes les preuves possibles pour laver l’honneur de celui qui était son chef dans la Résistance (Rex dans le film). Il possède des archives personnelles : les télégrammes, les brouillons… qui reflètent son travail avec Jean Moulin durant la guerre. Il étudie les archives du BCRA (Bureau central de renseignements et d’action ; les services de renseignements de la France libre) et celles qu’André Pelabon, de la section Afrique du Nord du BCRA et que le colonel Passy, chef du BCRA, lui ont données. Il traque des archives en France, aux États-Unis, en Allemagne et en Angleterre. Ce travail l’occupe pendant onze ans et lui permet de rédiger les trois volumes de Jean Moulin, l’inconnu du Panthéon. Il fait donc œuvre d’historien, est soutenu durant ses recherches par les grands spécialistes de la période comme Jean-Pierre Azéma et Pierre Cézard – à l’époque conservateur en chef de la section contemporaine des archives nationales. Daniel Cordier n’abdique pas sa condition d’acteur de l’histoire, lorsqu’il précise à

1. Daniel Cordier, « De l’acteur à l’historien », Bulletin de l’IHTP, n° 35, 1989, p. 22 à 36, cité par Pierre Assouline, « Daniel Cordier et l’énigme Jean Moulin », L’Histoire, n° 127, novembre 1989, p. 64 à 67.

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| Fiche 01 | professeur

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propos des arrestations, dont celle de Jean Moulin, à Caluire : « Parmi les différents témoignages d’un même acteur, j’ai adopté la version qui me semblait le plus plau-sible selon ma propre expérience de la Résistance. Nous avions en commun une manière d’être, une façon de vivre les problèmes de la clandestinité qui m’ont guidé dans le choix de telle ou telle version 2 ». Mais pourquoi Daniel Cordier, historien se méfiant des témoignages, a-t-il écrit ses mémoires ?

Il l’explique à la suite d’une projection du film que Régis Debray et Bernard George lui ont consacrée 3, à l’Institut Lumière à Lyon 4. C’est Jean-Pierre Azéma qui l’a convaincu de le faire, car il est le seul à avoir rencontré Jean Moulin tous les jours. Il a néanmoins tardé à écrire ses mémoires, car il lui fallait dire la vérité à son propre sujet, notamment sur l’antisémitisme qui a été le fondement de l’engagement politique de sa jeunesse. Pour rédiger ses mémoires, Daniel Cordier s’appuie sur le journal qu’il remplit jusqu’à son parachutage en France (le film le montre remplis-sant son journal quand il écrit une lettre à Maurras). Puis il utilise ses souvenirs étayés, confrontés aux archives qu’il a fréquentées pendant trente ans. Ce travail est reconnu tant par les historiens que par les résistants qui lui décernent le prix littéraire de la Résistance.

Ces mémoires sont transformées en film de fiction en 2013. On passe alors de la mémoire individuelle de Daniel Cordier – qui n’est pas un témoignage de souvenirs reposant sur une relation affective et mouvante, mais un travail d’historien, une reconstitution problématisée et scientifique du passé – à un objet d’étude et de transmission projeté dans le cadre scolaire. Il s’agit donc, en faisant travailler les élèves sur ce film, de participer à la formation d’une mémoire collective, selon la définition de Maurice Halbwachs 5. Dès lors, plusieurs questions se posent : peut-on utiliser un film de fiction pour travailler sur la mémoire en classe ? Dans quelles conditions ce film a-t-il été tourné ? La fiction n’a-t-elle pas amoindri les exigences du travail historique mené dans le livre ?

Dans Le Monde, daté du 9 novembre 2012 6, le journaliste Jean-Baptiste de Montvalon relate : « Le premier à avoir dû affronter l’intransigeance de Daniel Cordier est le producteur Georges-Marc Benamou. Celui-ci, qui avait noué des liens avec l’ancien secrétaire de Jean Moulin pour un recueil de témoignages publié en 2010 (Les Rebelles de l’an 40. Les premiers français libres racontent, Robert Laffont, 376 p.), a su le

2. Daniel Cordier, Jean Moulin. La République des catacombes, Paris, Gallimard, 1999, 1 002 pages.3. Bernard George et Régis Debray, Daniel Cordier. La Résistance comme un roman, film documentaire, production Cinétévé/ECPAD, 2010.4. www.youtube.com : invitation à Daniel Cordier. Institut Lumière à Lyon, 25 mai 2010. 5. Les Cadres sociaux de la mémoire, Paris, PUF, 1952.6. http://abonnes.lemonde.fr.

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convaincre d’adapter ses mémoires pour la télévision. Les deux hommes, rejoints ensuite par Raphaëlle Valbrune, ont coécrit le scénario. La base de l’accord reposait sur “le refus de la fictionnisation” » explique Georges-Marc Benamou. « On n’a pris aucune liberté avec les personnages. On a toujours eu le souci d’être au plus juste, au plus près, renchérit Raphaëlle Valbrune. Non sans réticences, Daniel Cordier s’est plié à l’exercice [...]. » Certes, un film est une mise en scène avec ses raccour-cis et ses ellipses, mais la présence de Daniel Cordier à la coécriture du scénario et également sur le tournage assure la fidélité à ses mémoires. Les films constituent les moyens d’accès les plus évidents – hormis les cours – à l’histoire pour les élèves parce qu’ils permettent d’assimiler des idées en s’identifiant aux personnages – ici les élèves s’identifient aux résistants qui sont jeunes, comme eux 7. Signalons que le film utilise des images d’époque sans date – un bateau, un train, un avion avec des parachutistes, l’entrée des Allemands dans la zone sud – et des extraits de discours : celui de Pétain du 17 juin 1940, celui de Baudouin, ministre des Affaires étrangères le 16 juin 1940 et celui de Churchill au moment de l’invasion de l’URSS par les Allemands. Cependant, ces insertions ne peuvent être utilisées en tant que telles, elles sont simplement illustratives.

Pour travailler sur ce thème de la mémoire, il est nécessaire d’adjoindre à ce film des documents afin d’amener les élèves à réfléchir sur la mémoire et son évolution. C’est pourquoi ont été rajoutés une petite notice concernant le prix littéraire de la Résistance et l’extrait de l’article de Jean-Pierre Azéma expliquant la démarche méthodologique de Daniel Cordier (p. 22-23). Il faut à cet égard préciser aux élèves pour cette leçon sur « l’historien et les mémoires » que Jean-Pierre Azéma a relu, avec Michel Winock, La France de Vichy de Robert Paxton ; qu’il a été en 1977 l’un des historiens cités par les parties civiles au procès de Maurice Papon ; qu’il fut en 2005 l’un des historiens qui lança la pétition « Liberté pour l’histoire » s’insurgeant contre les lois mémorielles qui ont conduit à des procédures judiciaires contre des histo-riens et des penseurs. Enfin, il est membre de l’association Liberté pour l’histoire.

Il est nécessaire de revenir sur des extraits du film et d’utiliser ce que dit le per-sonnage de Jean Moulin de la mémoire de la Résistance à la fin du film. Précisons quelques allusions : le Grand Palais est notamment destiné à accueillir les grandes expositions officielles. Ainsi, l’exposition La France européenne y fut organisée à partir du 6 juin 1941. De même, pour contrecarrer une exposition intitulée L’Âme des camps présentant les travaux réalisés par les prisonniers de guerre et organisée par Vichy à partir du mois de juin 1944 dans la salle Champs-Élysées Clémenceau, l’exposition

7. Voir à ce sujet Laurent Véray, La Grande Guerre au cinéma. De la gloire à la mémoire, Paris, Ramsay, 2008, 239 pages. Il indique dans l’introduction, p. 8 : « [Le film] est le médium où la transmission de la mémoire [...] s’effectue, pour le plus grand nombre, avec la plus grande acuité. »

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Le Front des barbelés, présentant les prisonniers de guerre comme des résistants, est inaugurée au Grand Palais par le général de Gaulle dès le 1er janvier 1945. Une autre allusion se réfère à Charles Péguy, l’écrivain qui a le plus marqué de Gaulle, avec lequel il partage les valeurs chrétiennes, le mépris de l’argent et l’instinct de la Patrie. Comme Péguy, de Gaulle perçoit la France comme une personne, indépendamment des Français et il développe une conception héroïque de l’existence. Charles Péguy est mort au combat en septembre 1914. Dans l’extrait, le personnage de Jean Moulin se moque de Charvet (Henri Frenay) et de sa soif de pouvoir. Constamment opposé à Jean Moulin, Henri Frenay, le fondateur de « Combat » (voir fiche 6) devient membre du CFLN (Comité français de libération nationale) à Alger en tant que commissaire aux Prisonniers et aux Déportés. À la Libération, il devient ministre des Prisonniers.

Cet extrait est intéressant à comparer avec le discours prononcé par André Malraux lors du transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon le 19 décembre 1964 et qui marque l’apogée du résistancialisme gaullien. Ce discours est visible sur le site de l’INA : www.ina.fr. Le texte intégral de ce discours est disponible sur le site de la fondation Charles de Gaulle : www.charles-de-gaulle.org.

Jean Moulin est arrêté le 21 juin 1943 à Caluire par Klaus Barbie, chef de la IVe section du SIPO-SD (Sicherheitspoilizei et Sicherheitsdienst, appareil policier plus connu sous le nom inexact de Gestapo) de Lyon. Torturé, il ne parle pas. Il est transféré à Paris le 5 juillet où il est à nouveau torturé et meurt aux alentours du 8 juillet entre Metz et Francfort, lors de son transfert vers l’Allemagne. Son corps est anonymement rapatrié à Paris le lendemain puis est incinéré au Père-Lachaise.

L’intervention de Daniel Cordier à la fin du film permet de replacer la mémoire de Daniel Cordier dans le futur et d’éviter les anachronismes. Cordier par exemple n’a jamais connu l’identité de son chef et ne l’apprend qu’après la guerre. C’est un aspect fondamental selon Paul Ricœur : « Coupé de tout futur, le passé paraît clos, inachevé, inéluctable. Les choses apparaissent autrement si l’historien, se replaçant dans le présent de ses personnages, retrouve la situation d’incertitude, d’ouverture, d’agents ignorant la suite de l’histoire qui nous est connue et tombe dans le passé de l’historien. [...] Se souvenir que les hommes d’autrefois avaient un futur ouvert et qu’ils ont laissé après eux des rêves inaccomplis, des projets inachevés : telle est la leçon que la mémoire enseigne à l’histoire 8. » 

8. Paul Ricœur, « Histoire et mémoire » in Antoine de Baecque et Christian Delage, De l’Histoire au cinéma, Bruxelles, Éditions Complexe, 1998, 223 pages ; p. 17 à 28, citation p. 27.

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æ Fiche pédagogique

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L’évolution politique de Daniel Cordier : la découverte des idéaux républicains de la Résistance

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Fiche 02. L’évolution politique de Daniel Cordier : la découverte des idéaux républicains de la Résistance

Supports

Épisode 1 Extrait 1 : début | 10 min. 08 s. : rejet de l’armistice.Extrait 2 : 22 min. 15 s. | 23 min. 41 s. : Cordier découvre de Gaulle.Extrait 3 : 29 min. 47 s. | 31 min. 50 s. : discours de De Gaulle.Extrait 4 : 57 mi. 56 s. | 01 h. 00 min. 46 s. : Daniel Cordier s’interroge sur Maurras.Extrait 5 : 01 h. 10 min. 40 s. | 01 h. 13 min. 43 s. : le premier dîner entre Cordier et Moulin.Extrait 6 : 01 h. 28 min. 44 s. | 01 h. 29 min. 35 s. : Cordier est-il encore maurrassien ?

Épisode 2 Extrait 7 : 12 min. 24 s. | 16 min. 16 s. : Cordier retrouve ses anciens amis du Cercle Maurras.Extrait 8 : 57 min. 33 s. | 58 min. 28 s. : le grand-père juif et son petit-fils, interdits d’entrée dans un square parisien.

Problématique Pourquoi l’évolution politique de Daniel Cordier permet-elle de montrer que la Résistance repose sur des idéaux républicains ?

Consigne Vous répondrez au questionnaire ci-dessous au fur et à mesure du visionnage des extraits.

Exercice A. Répondez aux questions portant sur les extraits présentés ci-dessus.

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Épisode 1 Extrait 1 1. Pour qui et contre quoi Daniel Cordier veut-il se battre ?2. Quels sont ses arguments ?3. Quel rôle joue le discours du maréchal Pétain dans l’engagement de Daniel Cordier ?4. Quelles sont les réactions des parents de Daniel Cordier au discours de Pétain, puis à celui de Baudouin (ministre des Affaires étrangères) ? Extraits 2 et 3 5. Quels sont les sentiments de Daniel Cordier à l’égard de De Gaulle ?Extrait 4 6. Quels sont les arguments qui amènent Daniel Cordier à ne plus être maurrassien ?Extrait 5 7. Montrez que Daniel Cordier et Jean Moulin sont de bords politiques opposés.Extrait 6 8. Quels arguments républicains sont présentés ici ?

Épisode 2 Extrait 7 9. Pourquoi les amis de Daniel Cordier sont-ils opposés à la France libre ?10. Montrez l’évolution politique de Daniel Cordier par rapport au début de la guerre.Extrait 8 11. Comment Daniel Cordier a-t-il évolué face aux Juifs ? En quoi cela témoigne-t-il de sentiments républicains ?

B. Quels sont les moments forts de l’évolution politique de Daniel Cordier vers les idéaux républicains ?

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Fiche 02. L’évolution politique de Daniel Cordier : la découverte des idéaux républicains de la Résistance

Daniel Cordier naît en 1920 dans une famille d’industriels bordelais. Avant la guerre, il est membre de l’Action française, à la fois journal et mouvement, fondés par Charles Maurras vers 1900, qui regroupe et donne un programme à divers courants d’une droite nationaliste et monarchiste qui n’avaient jusque-là comme points com-muns que l’hostilité à la République, et à la gauche. Furent essentiels à la réussite de l’Action française deux événements au retentissement considérable : la défaite de 1870 et l’affaire Dreyfus. Charles Maurras réalise alors l’union du traditionalisme contre-révolutionnaire et du nationalisme.

Le premier courant, considérant que la Révolution française et ses conséquences – la démocratie et la République – auraient détruit la grandeur de la France, est en perte de vitesse depuis le milieu des années 1890 et le ralliement des catholiques à la République. Celle-ci est perçue comme un régime démagogique qui prône l’égalité par le biais de la citoyenneté en plaquant sur le pays des institutions qui ne corres-pondent à rien : elle détruit la société et la civilisation au profit de ce que Maurras nomme « le pays légal », comme à la surface de l’autre. L’inégalité, au contraire, est naturelle et nécessaire : elle permet une répartition des rôles que l’État organise au bénéfice de tous dans « le pays réel », formé de la région, du travail, des paroisses, de la famille et des métiers, réunis dans des « corps intermédiaires, comme sous l’Ancien régime, lesquels rendent inutile toute forme de consultation démocratique. Le régime le plus conforme à la tradition française, le plus à même de restituer à la France sa grandeur, est la monarchie héréditaire car elle symbolise l’unité natio-nale, les rois ayant fait la France. Mais elle doit respecter les libertés locales. Dans ce schéma, l’Église catholique est un ciment unificateur.

Pour parvenir à instaurer cette monarchie, Maurras développe le nationalisme inté-gral et stigmatise les quatre « États confédérés » : les juifs, les protestants, les francs-maçons et les étrangers. Ils forment l’anti-France, au sens où ils ne font pas partie de la nation française. Son nationalisme est avant tout tourné, pour cause de Revanche nécessaire, contre l’Allemagne, l’ennemi héréditaire. Mais c’est un nationalisme pa-cifiste. S’il soutient le renforcement de l’armée, il se prétend économe du sang fran-çais : la France ne doit entrer en guerre que si elle est assurée de l’emporter. Maurras est également antisémite, car, selon lui, les Juifs sont un peuple qui n’a pas de sol à lui en France, qui vit au milieu du peuple français comme un corps distinct de lui.

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Mais il distingue les « bons Juifs » par leur engagement durant la Grande Guerre et ne pratique pas l’antisémitisme racial ou biologique. Il prône pour les Juifs un statut per-sonnel, la protection de la justice, mais leur refuse l’accès aux fonctions publiques.

Une partie significative de la jeunesse, dans les années 1910-1920, peut rejoindre les idées de l’Action française. L’Armée – le corps des officiers – n’y est pas non plus insensible, moins cependant qu’on ne l’a dit à l’époque et enseigné ensuite. Pour cause de Revanche, elle a soutenu sans faille l’Union sacrée et présente un journal d’une très grande qualité littéraire et intellectuelle. Son influence, encore réelle dans l’immédiat après-guerre dont elle dénonce les ambiguïtés, à l’instar d’un Jacques Bainville qui s’infléchit après sa condamnation par le pape Pie XI en 1926 et par un manque de réaction face à la crise des années 1930. C’est le 6 février 1934 qui ramène les idées de l’Action française au premier plan et attire de nouveaux jeunes, comme Daniel Cordier, qui est membre des Camelots du roi – bras armé de l’Action française, utilisant la violence physique et verbale, qui inspire la crainte mais aussi le respect – et lance un cercle Charles Maurras à Bordeaux à l’âge de dix-sept ans. L’ennemi est alors symbolisé par le Front populaire, mené par des Juifs et des Républicains. Fidèle à ses idées, l’Action française approuve les accords de Munich en septembre 1938, perçus comme une trêve permettant d’armer le pays et de le préparer à vaincre. La défaite est une conclusion logique et inéluctable de soixante-dix ans de politique républicaine et l’arrivée de Pétain un succédané du régime monarchique souhaité : l’expression de « divine surprise » ne qualifie pas la défaite, mais la possibilité d’un redressement français. C’est pour cette raison que Maurras soutient Pétain, non son gouvernement mais la personne du Maréchal, même après l’armistice, car il est le vainqueur de Verdun et ne peut que défendre les intérêts français. Un Maurras plus « maréchaliste » que « vichyste », en quelque sorte, comme beaucoup de Français en 1940.

La première contradiction, la première faille dans la pensée politique de Daniel Cordier vient de là : elle s’explique par le refus de l’armistice. Pétain cède devant l’Allemand, l’ennemi héréditaire, ce qui n’est pas acceptable. Daniel Cordier veut « tuer du Boche » et donc continuer la guerre. Charles Maurras estime que la France n’a besoin ni de l’Allemagne ni de l’Angleterre. Ceux qui partent deviennent des agents de l’étranger. En outre, Maurras est sensible aux rapprochements entre la Révolution nationale et le nationalisme intégral : il approuve toutes les mesures d’exclusion prises par Vichy contre les juifs et les francs-maçons. Mais il ne soutient pas l’occupant, il est perçu par les Allemands comme un adversaire – certains de ses livres sont inscrits sur la « liste Otto » des livres interdits – et il est placé en 1943 sur la liste des personnes à arrêter en cas de débarquement. Maurras s’oppose en effet au totalitarisme qui est une usurpation de l’État sur la société, supprimant la liberté des groupes sociaux intermédiaires. Maurras défend la nation, la monarchie, pas l’État.

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| Fiche 02 | professeur

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En rejoignant de Gaulle, Daniel Cordier se rapproche d’un homme dont les idées peuvent sembler proches de celles de Maurras, au moins jusqu’en 1938, où il désap-prouve totalement son attitude face aux accords de Munich. Le père du général de Gaulle (« […] homme de pensée, de culture, de tradition », écrira de son père le général) lit L’Action française, Christian Pineau (fondateur de Libération-Nord) affirme même que de Gaulle a reconnu devant lui avoir été inscrit à l’Action française, et s’être rallié à la République parce que les Français y étaient attachés, ainsi qu’il le montre à Londres. Ce que Daniel Cordier reconnaît en de Gaulle, c’est la fierté patriotique. Il est encore en Angleterre lorsqu’il rompt avec Maurras. Mais c’est à la fois la vie quotidienne auprès de Jean Moulin et dans une France meurtrie qui le conduit à devenir républicain. Jean Moulin appartient à une famille républicaine, radicale, dreyfusarde et, à son contact, il rencontre des hommes de différents cou-rants politiques, mais républicains, comme le démocrate-chrétien Georges Bidault. « Franc-Tireur » regroupe des radicaux, des républicains, « Libération » rassemble des socialistes et des cadres de la CGT, de la CFDT et des communistes. Il adhère aux idéaux républicains qui sont représentés de deux manières dans le film : par l’importance des syndicats, des partis politiques, et donc de la souveraineté du peuple rendant nécessaire l’unification de la Résistance dans le CNR ; par le sort fait aux Juifs.

Daniel Cordier a précisé 9 avoir tardé à écrire ses Mémoires justement en raison de son antisémitisme d’avant-guerre, qu’il lui fallait avouer, alors que depuis il en avait honte. Il reste gaulliste jusqu’à la création du Rassemblement du Peuple français et se retrouve dans la gauche en participant, avec Stéphane Hessel, à la création du club Jean Moulin en 1958 qui réfléchit sur la démocratie pour éclairer et orienter les choix politiques des citoyens.

Charles Maurras est arrêté et jugé à la Libération, la cour de justice de Lyon le juge coupable de haute trahison et d’intelligence avec l’ennemi. Il est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité et à la dégradation nationale. À la lecture de la sentence, il s’écrie : « C’est la revanche de Dreyfus ! » Il continue à écrire en prison, bénéficie d’une grâce médicale accordée par le président de la République Vincent Auriol en 1952 et meurt quelques mois plus tard.

9. www.youtube.com : invitation à Daniel Cordier. Institut Lumière à Lyon, 25 mai 2010.

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sommaire

S’engager dans la Résistance

æ Fiche pédagogique

03

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| Fiche 03 | élève

35 | Alias Caracalla, au cœur de la Résistance sommaire

Fiche 03. S’engager dans la Résistance

Supports

Épisode 1Extrait 1 : début | 10 min. 07 s. : Daniel Cordier Extrait 2 : 12 min. 52 s. |13 min. 20 s. : Rex-Jean Moulin Extrait 3 : 22 min. 35 s. | 23 min. 26 s. : Mado, la jeune femme alsacienne

Épisode 2Extrait 1 : 03 min. 14 s. | 06 min. 01 s. : Les Moret et Suzette Moret

Problématique En quoi les raisons pour s’engager dans la Résistance furent-elles très diverses ?

Consigne Après avoir regardé les extraits correspondants du film, vous répondrez aux ques-tions suivantes.

Exercice

QuestionsA. Complétez le tableau ci-dessous.

L’engagement dans

la Résistance

Daniel Cordier

Rex (Jean Moulin)

Jeune femme alsacienne

Mado

Les parents Moret

Suzette Moret

À quelle date ou à cause de quel

événement ?

Quels sont les arguments pour justifier

l’engagement ?

B. À l’aide des réponses à la question A, répondez à la question suivante : pour quelles raisons entrait-on en résistance ?

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| Fiche 03 | professeur

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Fiche 03. S’engager dans la Résistance

La Résistance ne va pas de soi dans la population française en 1940. En effet, la rapidité de la défaite a atterré toute la population et l’arrivée aux affaires du maré-chal Pétain a contribué à rassurer. Mais certains refusent l’armistice et partent immédiatement. Les premiers résistants agissent donc de manière spontanée et dispersée. Le premier acte de résistance officiel naît à Londres autour du général de Gaulle, envoyé en mission auprès du Premier ministre Churchill, par Paul Reynaud. Rentré en France, il apprend la démission de Reynaud et la demande d’armistice. Il repart aussitôt pour Londres et lance, le 18 juin, un appel à la résistance à la radio anglaise. L’appel du général de Gaulle n’a connu qu’un impact très faible, peu de Français étant à l’écoute de la BBC, mais de Gaulle est reconnu par Churchill comme le chef des Français qui se battent contre les Allemands. La France libre se dote d’un Comité national français avec des organes gouvernementaux et une petite armée se constitue donc à l’automne 1940, les Forces françaises libres (FFL). Dès l’été 1940, les Britanniques organisent des réseaux en France, associant des hommes de l’Intelligence Service, les services secrets, à des réseaux déjà installés et fournissent le matériel (armes mais aussi postes émetteurs).

En métropole, dès l’automne 1940, des résistances fleurissent, motivées par trois objectifs. Les premiers veulent, malgré l’armistice, poursuivre le combat, se battre contre les Allemands. La deuxième tendance de la Résistance s’oppose à la collabo-ration qui porte atteinte aux valeurs chrétiennes, à l’humanisme et à la République. La dernière tendance lutte contre un régime, l’État français, assimilé au fascisme. Ces diverses motivations apparaissent dans le film et parfois se mélangent. Daniel Cordier veut continuer à se battre, n’acceptant pas l’armistice : il veut « tuer du Boche ». Pourtant il est, au début de la guerre du moins, pétainiste, avant d’évoluer (voir fiche 2). C’est la même raison qui pousse la jeune femme alsacienne, Mado, à résister. Dès juillet 1940, l’Alsace est rattachée administrativement au pays de Bade, avec à sa tête un Gauleiter. La langue française est éliminée, la législation raciale allemande est introduite, l’Alsace est germanisée (les édifices, les noms de rues, de villes sont rebaptisés) et nazifiée. 60 000 Alsaciens (sur 350 000) qui avaient été éva-cués au début des hostilités, refusent de rentrer chez eux, comme Mado et son mari. L’engagement de Jean Moulin se fait au nom de la défense des valeurs républicaines. Il est issu d’une famille républicaine et dreyfusarde. À la tête du cabinet civil de Pierre Cot, alors ministre de l’Air, il participe au gouvernement du Front populaire. Engagé dans la lutte contre le totalitarisme, il aide clandestinement l’Espagne républicaine à partir de 1936. En 1938, il est préfet de l’Aveyron, puis d’Eure-et-Loir en 1939. Dès sa révocation, en novembre 1940, il prend contact avec les différents

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| Fiche 03 | professeur

37 | Alias Caracalla, au cœur de la Résistance sommaire

mouvements de la zone sud et rejoint de Gaulle à Londres en octobre 1941. La famille Moret est un exemple intéressant d’engagement dans la Résistance, car il peut sembler contradictoire. Suzette Moret veut agir et « trouve Pétain trop vieux ». Elle s’engage à l’exemple de ses parents, même si elle ne partage pas leurs idées. Mon-sieur Moret est banquier, riche puisque la famille habitait dans « un bel appartement à Paris », mais a dû venir à Lyon pour suivre la banque dans laquelle travaille le père. Sa femme est plus engagée que lui dans la Résistance, mais ils sont pétainistes : fidèles à l’image du Maréchal, sauveur de Verdun et qui va encore sauver la France, et antisémites. Ces portraits de résistants permettent de montrer que la Résistance regroupait des motivations très diverses. Trois orientations politiques sont percep-tibles dans la Résistance, même si les frontières entre les trois sont perméables. La gauche, dont le spectre politique s’étend des communistes aux socialistes et qui s’oppose politiquement à Vichy (ici Jean Moulin). Les nationalistes, ou patriotes, qui sont germanophobes depuis la Grande Guerre (Daniel Cordier, Mado, les parents Moret). La troisième tendance est fidèle aux valeurs républicaines (Jean Moulin éga-lement et Daniel Cordier, puisqu’il connaît durant la guerre une évolution politique). Mais ces motifs ne suffisent à expliquer l’entrée dans l’engagement résistant, qui dépend aussi du statut social. Les paysans, objets des sollicitudes pétainistes, sont peu résistants, alors que les ouvriers, à la recherche constante de ravitaillement, dont la production part en grande partie pour l’Allemagne, et qui constituent la première cible du Service du travail obligatoire (STO) à partir de 1943, rejoignent plus facilement un mouvement. Les classes moyennes jouent aussi un rôle important, notamment au travers d’hommes d’âge mûr. Toutes les générations et les différentes classes sociales sont donc représentées dans le téléfilm.

Les résistants présentés dans le film sont actifs : ils cachent des personnes recher-chées, sont membres de réseaux. Le film ne montre pas la résistance passive s’ap-puyant sur une désobéissance civile qui peut passer par des gestes apparemment anodins – écouter Radio Londres, suivre l’évolution des combats sur une carte, etc. – mais néanmoins interdits, réprimés et parfois héroïques comme ces hommes et ces femmes qui ont sauvé des Juifs des arrestations et des déportations.

Les femmes, comme le montre le film, sont actives dans la Résistance. Elles sont agents de liaison et de renseignement, secrétaires, convoyeuses d’armes, accueillent des personnes en fuite mais sont aussi responsables de réseaux comme Marie-Made-leine Fourcade, seule femme chef de réseau, le réseau « Alliance ». Ce film ne montre pas les nombreux étrangers qui combattent dans la Résistance française dont les plus connus sont les communistes étrangers qui travaillent en France. Avant la guerre, ils sont regroupés dans une structure, la MOI (main-d’œuvre immigrée). Ils entrent dans la Résistance avec le Parti communiste sous l’appellation FTP-MOI. Le film souligne bien que chaque engagement est un itinéraire personnel.

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sommaire

Un réseau de résistance

æ Fiche pédagogique

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| Fiche 04 | élève

39 | Alias Caracalla, au cœur de la Résistance sommaire

Fiche 04. Un réseau de résistance

Supports

Épisode 1 Extrait 1 : 51 min. 50 s. | 56 min. 37 s. : consignes de résistance, entraînement des résistants.Extrait 2 : 01 h. 07 min. 48 s. | 01 h. 19 min. 38 s. : rencontre avec Rex, travail de déchiffrage.Extrait 3 : 01 h. 22 min. 17 s. | 01 h. 23 min. 06 s. : Alain engage Mado.

Épisode 2 Extrait 4 : début | 01 min. 28 s. : Alain engage Germain.Extrait 5 : 04 min. 49 s. | 06 min. 43 s. : femmes dans la Résistance.Extrait 6 : 11 min. 37 s. | 12 min. 10 s. : recrutement dans la Résistance.Extrait 7 : 18 min. 17 s. | 19 min. 25 s. : logement avec plusieurs entrées.Extrait 8 : 50 min. 58 s. | 52 min. 40 s. : réunion découverte par les Allemands.Extrait 9 : 01 h. 02 min. 49 s. | 01 h. 03 min. 27 s. : résistants à Paris, pas clandestins.Extrait 10 : 01 h. 06 min. 57 s. | 01 h. 10 min. 11 s. : se débarrasser d’un traître.

Problématique En quoi un réseau de résistance nécessite-t-il une organisation très précise et très complexe ?

Consigne Après avoir regardé les extraits correspondants du film, vous répondrez aux ques-tions suivantes.

Exercice

Questions A. Reconstituez l’organigramme du réseau :Qui est le chef ? Quel rôle joue Cordier dans le réseau ? Qui sont Mado et Germain ? B. Quelles sont les tâches que le réseau accomplit ?C. Quels sont les risques encourus ?D. Quelles sont les précautions prises ?E. Comment décririez-vous la vie quotidienne des résistants ?

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| Fiche 04 | professeur

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Fiche 04. Un réseau de résistance

Pour mieux comprendre la complexité de la Résistance, une différence a été opérée entre les mouvements de Résistance, développant une action essentiellement poli-tique, et les réseaux qui auraient le monopole de l’action paramilitaire. En réalité, les deux étaient liés, mais les Résistances des deux zones ont privilégié d’abord l’action politique jusqu’à la fin de l’année 1942, même si les renseignements fournis ont néanmoins permis des actions de sabotage ou d’évasion.

Le film permet de mettre en évidence l’organisation nécessaire à un réseau de résistance.

Le chef, c’est Rex. Daniel Cordier n’apprend son nom et sa fonction qu’à la fin de la guerre. Il émet des hypothèses et sait juste de son patron qu’il est républicain, qu’il aime l’art et a vécu à Paris. Chaque résistant a un nom de code, qu’il choisit (c’est le cas de Daniel Cordier qui choisit Alain) ou pas : Daniel Cordier impose à sa recrue le nom de code Germain. L’anonymat est une donnée essentielle pour la survie du groupe. Les résistants sont sans cesse sur le qui-vive, dans la rue, dans toutes leurs activités. Leurs logements ont autant que possible plusieurs entrées qui permettent de fuir. La population aide parfois les résistants, comme l’évoque le film avec la vieille dame qui signale à Daniel Cordier de ne pas se rendre dans l’appartement prévu. La préoccupation constante, c’est la mort, mais pour les résistants, la mort n’est pas celle des combattants officiels : elle est envisagée dès l’entrée dans la Résistance (la capsule de cyanure permet de choisir le moment) ; elle ne touche pas au hasard comme sur un champ de bataille ; la mort touche indistinctement un chef résistant (Jean Moulin) et un anonyme. Mais bien plus que la mort, c’est la façon dont elle va intervenir qui fait réfléchir. Le danger peut être constitué par les Allemands – la Gestapo est souvent symbolisée par une voiture, la « traction avant Citroën » comme on le voit dans le film –, mais la police fran-çaise opère aussi des recherches et des arrestations, surtout en zone sud avant novembre 1942, date de l’entrée des Allemands dans cette zone. Les résistants ne sont pas seulement tués pour être moins nombreux, ils sont torturés pour obtenir des informations. Or parler sous la torture, c’est dénoncer le réseau. C’est pourquoi le réseau est très cloisonné. Ceux qui ont des responsabilités connaissent beaucoup de monde. Ce sont donc eux qui possèdent une capsule de cyanure pour ne pas parler ; ils peuvent également choisir la mort d’une autre façon – Pierre Brossolette se défenestre – ou simplement se taire – Jean Moulin qui fut, on le sait, trahi (voir fiche 5). En revanche, dans le réseau, beaucoup de résistants ne connaissent qu’une ou deux personnes : Germain connaît seulement Daniel Cordier, Mado et Madame

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| Fiche 04 | professeur

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Moret. Tous les mouvements se dotent d’un service social pour aider les familles frappées par l’arrestation d’un proche. La mort est aussi donnée par les résistants lorsqu’un traître est identifié. Le traître n’est pas celui qui parle sous la torture, c’est celui qui passe activement au service de l’ennemi sans avoir été torturé. C’est le réseau qui s’en débarrasse. Certains trahissent pour échapper à la torture, d’autres parce qu’ils sont menacés par un chantage exercé sur leurs proches, d’autres enfin pour l’argent, à l’instar de Robert Bacqué, arrêté, qui « donne » par peur de la torture la « Confrérie Notre-Dame ». Son salaire était passé de 7 000 francs – il était radio de la Résistance – à 10 000 francs comme informateur de la Gestapo 10. La trahison idéologique reste exceptionnelle.

Le film révèle une partie du travail d’un réseau de renseignement. Daniel Cordier est le secrétaire de Rex, il décode et envoie des messages. Il a reçu, en Angleterre, une formation très technique : on lui a appris à poser des explosifs, à tuer, à saboter des lignes téléphoniques et à envoyer des messages en morse. C’est cette compé-tence qui est utilisée par Rex, alors que Daniel Cordier s’était engagé pour « tuer du Boche ». En règle générale, personne ne choisit sa formation ni les tâches qu’il effec-tue pour la Résistance. Certaines nécessitent des compétences précises –  Cordier sait décrypter le morse, Mado sait taper à la machine rapidement –, d’autres non : Germain est un agent de liaison qui relève les boîtes à lettres et transmet les mes-sages. Suzette aussi, qui porte des valises parce qu’on se méfie moins des jeunes filles. Daniel Cordier a besoin d’engager des gens pour l’aider dans sa tâche et c’est par l’intermédiaire d’autres résistants – en l’occurence les Moret – qu’il constitue son équipe. Sinon le recrutement se fait dans l’entourage amical ou professionnel. Le film évoque les parachutages, les liens avec Londres, des filières d’évasion pour les Juifs. Sont absents de ce film la collecte des renseignements, l’impression de tracts ou de journaux, qui étaient des activités essentielles pour les mouvements de Résistance et les attentats contre les Allemands. Mais il s’agit d’un réseau par-ticulier, celui de Jean Moulin, chargé d’unifier les réseaux et les mouvements de la Résistance.

Les lieux de rencontre sont neutres : les cafés ou les restaurants, les parcs, les rues. Tous les résistants ne sont pas clandestins, nombreux sont ceux qui continuent leur activité professionnelle. Mais les permanents doivent pouvoir vivre correctement, ils sont donc payés, ainsi que l’explique Olivier Wieviorka : « En juillet 1942, un décret fixa le statut des résistants. Les permanents – P2 – pouvaient prétendre à une solde ; les agents qui conservaient leur activité professionnelle – P1 – perce vaient une indemnité ; les occasionnels enfin – PO – recevaient le cas échéant une indemnité.

10. François Marcot (dir.), Dictionnaire historique de la Résistance, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2006, 1 187 pages, p. 791.

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| Fiche 04 | professeur

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Dans le réseau “Cohors” », le barème oscillait ainsi entre 3 000 et 5 500 francs par mois, une somme non négligeable puisque les salaires mensuels moyens mini-maux oscillaient alors entre 1 050 et 1 700 francs 11. » Mado et Germain sont payés 1 200 francs par mois. Pour les permanents, des faux papiers sont nécessaires : « Libération » a créé à partir de 1942 en zone sud un service de faux papiers, qui fut ensuite généralisé à tous les mouvements.

Au printemps 1942 et à l’automne 1943, de grandes vagues d’arrestations sont opé-rées : plus de 8 000 agents de réseaux sont tués par les Allemands et autant sont déportés. Le général Eisenhower estime l’aide apportée par la Résistance intérieure lors du débarquement à quinze divisions. Les résistants ont parfois libéré des régions entières comme la Bretagne ou le Limousin. À la fin de la guerre, 266 réseaux sont reconnus, regroupant près de 100 000 agents.

11. Olivier Wieviorka, Histoire de la Résistance. 1940-1945, Paris, Perrin, 2013, 574 pages, p. 301 à 312.

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sommaire

Jean Moulin

æ Fiche pédagogique

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| Fiche 05 | élève

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Fiche 05. Jean Moulin

Supports

Épisode 1 Extrait 1 : 01 h. 12 min. 52 s. | 01 h. 13 min. 20 s. : enfanceExtrait 2 : 01 h. 18 min. 43 s. | 01 h. 19 min. 28 s. : prudence

Épisode 2 Extrait 3 : 01 h. 01 min. 20 s. | 01 h. 02 min. 49 s. : art ; Résistance ; femme.Extrait 4 : 01 h. 03 min. 48 s. | 01 h. 05 min. 02 s. : Moulin affirme son autorité. Extrait 5 : 01 h. 18 min. 50 s. | 01 h. 21 min. 47 s. : galeriste.

Problématique Dans quelle mesure les différentes « vies » de Jean Moulin éclairent-elles son par-cours de résistant ?

Consigne Après avoir regardé les extraits correspondants du film, vous répondrez aux ques-tions suivantes.

Exercice

Questions A. Remplissez le tableau suivant.

Extrait 1 Extrait 2 Extrait 3 Extrait 4 Extrait 5

Le résistant prudent

et courageux

Le républicain

L’amateur d’art

L’homme passionné

B. Expliquez en quoi les différentes « vies » de Jean Moulin sont complémentaires.

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| Fiche 05 | professeur

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Fiche 05. Jean Moulin

Jean Moulin souhaitait mener une carrière artistique, mais son père, professeur d’histoire au collège de Béziers, en décide autrement. Il fait donc des études de droit, et après avoir participé aux derniers mois de la Grande Guerre, il est attaché au cabi-net du préfet de Montpellier. En 1925, il est le plus jeune sous-préfet de France (il a 26 ans) et évolue de la gauche du parti radical à celle du Front populaire. En 1937, il est le plus jeune préfet de France, nommé d’abord en Aveyron, puis en Eure-et-Loir.

Ses convictions républicaines viennent autant de son éducation que de ses ren-contres. Son père est républicain, plus précisément radical, conseiller général, franc-maçon et président de la section locale de la Ligue des droits de l’homme. Il s’engage en faveur de Dreyfus dès 1894 et jusqu’en 1906, quand l’innocence du capitaine est reconnue, en multipliant les conférences et les manifestations. Plus tard, en tant que chef de cabinet du ministre de l’Air du Front populaire, Pierre Cot, Jean Moulin participe à l’aide militaire aux républicains espagnols.

Lorsque la guerre éclate, il agit pour être mobilisé, est incorporé comme sergent dans l’armée de l’air, mais le ministre de l’Intérieur, Albert Sarraut, lui ordonne de regagner son poste de préfet où il sera plus efficace. Après avoir, conformément aux ordres, accueilli les Allemands à Chartres le 17 juin 1940, il refuse de signer un document allemand accusant à tort les troupes sénégalaises de l’armée française de massacres sur les civils. Craignant de céder sous les coups des soldats allemands, il tente de se suicider, puis défend face aux Allemands, les intérêts des populations. Il est révoqué par Pétain le 2 novembre 1940, car c’est un préfet de gauche. Il entre alors dans la Résistance.

Installé dans la zone sud, il décide seul d’inventorier, dans les deux zones, les projets et les moyens des premiers résistants. En octobre 1941, il gagne Londres et se pré-sente à de Gaulle pour demander des moyens au nom des mouvements de la zone sud. Il se rallie à de Gaulle qui commande les Forces françaises libres déjà engagées dans le combat. À ce titre, de Gaulle exige la soumission à son autorité de tous les résistants. Mais Jean Moulin parvient à imposer le rôle des résistants de l’intérieur, et notamment au moment de la libération du territoire. De Gaulle lui confie alors une double tâche : rallier les mouvements de la Résistance, les unir – c’est-à-dire leur faire accepter leur soumission à de Gaulle –, et créer l’Armée secrète en séparant les forces militaires des organisations politiques. Il est parachuté au-dessus de la France dans la nuit du 1er au 2 janvier 1942 avec des fonds et du matériel de trans-mission. Mais sa mission est difficile car les mouvements de la Résistance intérieure

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| Fiche 05 | professeur

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se sont créés sans l’aide de De Gaulle, qu’ils considèrent comme un « émigré ». Jean Moulin a comme atout son expérience de préfet représentant l’État, l’argent de Londres et les radios pour transmettre les messages. Après avoir créé des services techniques communs aux mouvements, il préside un « Comité de coordination » intégrant les chefs des trois mouvements : Frenay pour « Combat », d’Astier de la Vigerie pour « Libération » et Lévy pour « Franc-Tireur ». En parallèle, il unifie les groupes paramilitaires en une armée secrète, commandée par le général Delestraint que de Gaulle a choisi.

Mais le débarquement en Afrique du Nord du 8 novembre 1942 change la donne, les Alliés choisissant comme interlocuteurs Darlan puis Giraud (voir fiche 6). Moulin comprend que de Gaulle doit apparaître aux yeux des Alliés comme le seul chef légitime de la Résistance, et qu’il lui faut donc des cautions démocratiques : non pas auprès des mouvements de Résistance dont les Alliés ne connaissent pas les chefs, mais auprès des partis politiques et des syndicats d’avant-guerre, alors même qu’il a condamné leur trahison après le vote des pleins pouvoirs à Pétain. Les résistants rejettent aussi la présence des partis et des syndicats.

Le Comité de coordination devient, en janvier 1943, le directoire des Mouvements unis de Résistance (MUR), préparant une unité de commandement. Mais les chefs des mouvements sentent que le pouvoir de De Gaulle est affaibli et qu’ils peuvent affirmer leurs prétentions. Ils contestent l’autorité de Jean Moulin, l’accusant de confisquer le pouvoir. Il en va de même en zone nord. Pierre Brossolette (nom de code Brumaire) est chargé, au début de l’année 1943, avec Passy, le chef du BCRA, d’organiser un comité de coordination identique aux MUR mis en place par Jean Moulin en zone sud. Brossollette, issu d’une famille très républicaine, adhérant de la SFIO, est professeur d’histoire à Paris. C’est un gaulliste convaincu qui souhaite que de Gaulle, soutenu par des hommes représentatifs de partis politiques, perde cette image de dictateur. Mais en février 1943, Moulin rentre de Londres, nommé par de Gaulle délégué général pour l’ensemble de la France, ce que Brossollette et Passy acceptent mal : ils mènent alors des négociations pour le futur CNR sans obéir aux ordres du Général. Jean Moulin parvient à reprendre en main les discussions : le terme de « tendances politiques » est préféré à celui de « partis politiques », ce qui permet aux mouvements de la Résistance intérieure d’accepter sans se déjuger. Il parvient à réunir le Conseil de la Résistance (voir fiche 6) le 27 mai 1943. La mission « Rex » étant achevée, son nom de code devient pour l’occasion « Max ».

Jean Moulin fut, on le sait, trahi et les soupçons tournent autour de René Hardy (dont le nom de code est Didot). Membre de « Combat », il est le responsable de Résistance-Fer, puis chargé par le général Deslestraint de préparer un plan de sabotage du réseau ferré, à activer lors du débarquement. Delestraint est arrêté par

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les Allemands, puis Hardy aussi : il est pris en charge par Klaus Barbie, chef de la section IV dans les services de la police de sûreté allemande (Sipo/SD, imparfaite-ment appelée Gestapo) à Lyon. Celui-ci exerce un chantage sur Hardy en menaçant sa fiancée. Hardy accepte de travailler pour Barbie, même s’il prétend ensuite qu’il ne comptait pas réellement le faire. Deux documents allemands contemporains datés de 1943, le rapport Flora et le rapport Kaltenbrunner, le citent explicitement comme un agent double 12. Hardy est imposé à la réunion de Caluire, qui a pour but de nommer en remplacement du général Delestraint deux responsables de « Com-bat », Henri Aubry et Pierre Bénouville, ce dernier craignant, dans la lutte d’influence qui oppose « Combat » à la France libre et donc à Jean Moulin, que « Combat » ne soit écarté de l’Armée secrète. Aubry est convoqué à la réunion pour représenter « Combat » mais Bénouville ne le juge pas assez combatif et impose Hardy. Hardy tente de s’enfuir au moment des arrestations, alors qu’il n’avait pas été menotté mais juste entravé, ce qui est inhabituel. Blessé, il parvient à s’enfuir de l’hôpital sans grande difficulté. Hardy est acquitté des accusations de trahison en 1947 puis en 1950. Mais le doute subsiste.

Jean Moulin a, pendant la guerre, d’autres vies. Le 9 février 1943, il inaugure la pre-mière exposition de peintures contemporaines de la galerie d’art qu’il vient de créer, la galerie Romanin 13, qui lui sert de « couverture ». Y sont exposés des tableaux de Bonnard, Chirico, Degas, Dufy et Matisse, notamment. Cette galerie d’art contem-porain est ouverte jusqu’en juin 1943 et permet à Jean Moulin, déjà collectionneur d’art et dessinateur, d’en être le responsable.

Il confie la permanence et le suivi de la galerie à Colette Pons-Dreyfus et l’appar-tement au-dessus sert à héberger des réfugiés pour une nuit. Moulin a rencontré Colette Pons pendant un séjour à Megève à la fin du mois de janvier 1942. Grand séducteur, Jean Moulin aime la compagnie des femmes. Il lui fait comprendre qu’elle lui rendrait de grands services si elle acceptait de devenir la responsable de la galerie d’art qu’il veut ouvrir à Nice. En effet, marchand de tableaux est une profession très mobile qui permet de justifier les nombreux voyages qu’il effectue dans toute la France. Dans les Alpes-Maritimes, l’occupation italienne qui débute le 11 novembre 1942 n’est pas excessivement dangereuse et Nice est à proximité de Montpellier et de Saint-Andiol, où il retrouve sa famille tous les quinze jours. « Romanin 14 » est le pseudonyme que s’est attribué Jean Moulin en 1922 et sous lequel il a signé les des-sins satiriques qu’il publiait dans des journaux comme Le Provençal de Paris ou Le Rire.

12. Olivier Wieviorka, op. cit., p. 295. François Marcot, op. cit., p. 626.13. www.galerie-alain-paire.com.14. Les ruines d’un château des Alpilles, un des lieux de l’enfance de Jean Moulin.

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Pour réunir des toiles et des dessins d’artistes, Colette Pons bénéficie des pièces de la collection personnelle de Moulin 15, qui dans les années 1930, se rendait sou-vent à Paris pour visiter les expositions dans les galeries. Des amis de Jean Moulin reçoivent de l’argent pour acheter des œuvres. La galerie Romanin organise une exposition Othon Friesz en mai 1943. Pour ne pas attirer l’attention, Moulin suit la tendance globale du marché de l’art : ce qui se vend bien à l’époque, ces sont des Marie Laurencin, des Friesz ou des Utrillo. La troisième exposition, en juin, réunit des dessins et des aquarelles de Renoir, Utrillo, Picasso et Valadon. Dans l’extrait 3, lorsque Daniel Cordier visite la galerie où sont exposés des Kandinsky, on entend, en prêtant l’oreille, Moulin préparer une exposition Kandinsky pour le mois d’août 1943, régler les détails et prononcer le nom de Colette. Après l’arrestation de Moulin, en juin 1943, Colette Pons cache les œuvres.

Jean Moulin réussissait ainsi, en pleine guerre, à mêler ses activités d’amateur d’art et de résistant.

15. Une salle du musée des beaux-arts de Béziers abrite la collection de Jean Moulin, que sa sœur Laure légua en 1975, qui compte entre autres un tableau de Chirico, une aquarelle de Dufy, un paysage de Chaïm Soutine.

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La création du Conseil national de la Résistance(CNR)

æ Fiche pédagogique

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Fiche 06. La création du Conseil national de la Résistance (CNR)

Supports

Épisode 2Extrait 1 : 25 min. | 26 min. : de Gaulle en difficulté après le débarquement en Afrique du Nord.Extrait 2 : 36 min. 28 s. | 40 min. 33 s. : les trois chefs des mouvements de la zone sud sont hostiles à la présence des partis politiques.Extrait 3 : 41 min. 38 s. | 43 min. 38 s. : pourquoi la présence des partis politiques est indispensable aux yeux des Alliés.Extrait 4 : 01 h. 05 min. 23 s. | 01 h. 06 h. 22 s. : les choix des membres du CNR.Extrait 5 : 01 h. 15 min. 21 s. | 01 h. 17 min. 50 s. : surveillance rue du Four alors que la première réunion a lieu.

Problématique Pourquoi la création du CNR fut-elle si complexe ?

Consigne Après avoir regardé les extraits du film, vous répondrez aux questions suivantes.

Exercice

QuestionsA. Pourquoi les Alliés n’ont-ils pas confiance en de Gaulle ?B. Pourquoi faire appel aux partis politiques à l’intérieur du CNR ?C. Pourquoi les chefs des mouvements de la Résistance s’opposent-ils à la présence des partis politiques dans le futur CNR ?D. En conclusion, pourquoi peut-on dire que la création du CNR affirme les idéaux républicains des résistants ?

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Fiche 06. La création du Conseil national de la Résistance (CNR)

À partir de l’appel du 18 juin 1940, deux Résistances s’organisent, indépendamment l’une de l’autre : la France libre à Londres et différents mouvements, très hété-roclites, dans les deux zones du territoire français. Dès 1941, les services secrets gaullistes veulent faire la liaison avec les principaux mouvements de la Résistance et Jean Moulin, arrivé à Londres en octobre 1941, confirme l’importance de ces mouvements, dont il a dressé une liste et un descriptif.

En zone sud (celle qui est principalement décrite dans le film), le principal mouve-ment est « Combat », créé par Henri Frenay à la fin de l’année 1940, les premières bases étant jetées dès l’été. Capitaine issu de Saint-Cyr, Frenay est fait prisonnier dans les Vosges en 1940. Il s’évade, est affecté au bureau de garnison de l’armée de l’armistice à Marseille, puis à Vichy. En liaison avec les services de renseignements de Vichy, il envoie des informations à Londres et quitte l’armée de l’armistice. Il organise un journal, Les Petites Ailes, avec Bertie Albrecht, recrute des sympathisants et fait fusionner son groupe avec celui de François de Menthon, « Liberté » : c’est ainsi que naît le « Mouvement de libération nationale » dont le journal est Combat. Le mouvement est rapidement assimilé au nom du quotidien. Il est organisé en trois branches. Les services généraux s’occupent des faux papiers, du service social – pour aider les familles dont un membre a été arrêté –, les finances et le loge-ment. Les affaires politiques gèrent le recrutement, l’organisation, la propagande, le renseignement. Les affaires militaires s’occupent des groupes francs pour les interventions immédiates, l’Armée secrète destinée à intervenir en soutien après le débarquement, Résistance-Fer et les maquis. C’est le plus grand mouvement de Résistance de la zone sud, mais pas le seul. « Libération » est créé par Emmanuel d’Astier de la Vigerie. Reçu à l’École navale, il quitte la marine dès les années 1920 pour devenir journaliste et lorsque la guerre éclate, il collabore à Marianne, journal de gauche. Il réfléchit à un mouvement de Résistance dès 1940 et fonde « Libération » durant l’été 1941 qui rayonne sur toute la zone sud. Outre l’impression du journal éponyme, « Libération » s’occupe de faux papiers, encourage l’action ouvrière, c’est-à-dire les sabotages, confie le secteur paramilitaire, constitué de groupes francs, à Raymond Aubrac qui s’occupe aussi de la collecte de renseignements et du repérage de terrains pour les parachutages et les atterrissages. Le troisième mouvement de Résistance est « Franc-Tireur », créé par Jean-Pierre Lévy. Officier de réserve, il est, au début de la guerre, représentant d’une filature alsacienne à Lyon. Il organise un ser-vice de renseignement, de filières d’évasion et de groupes francs et fonde un journal.

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Ces trois mouvements présentent des différences politiques notables : « Combat » est plus à droite que les deux autres qui regroupent des radicaux, des républicains pour « Franc-Tireur », des socialistes et des cadres de la CGT, de la CFDT et des communistes dans le cas de « Libération ». « Libération » considère immédiatement Pétain comme un traître. « Franc-Tireur » condamne Pétain en janvier 1942. Au début de l’année 1942, « Combat » rencontre par deux fois Pierre Pucheu alors ministre de l’Intérieur de Vichy – Pucheu cherchait probablement à diviser les mouvements de la Résistance alors qu’une vague d’arrestations avait frappé « Combat », ce dernier gagnant ainsi du temps pour reconstituer le mouvement – mais rompt avec le gou-vernement de l’État français en avril 1942, lors du retour de Laval.

Leur rapport à de Gaulle est également très différent : « Libération » est le premier mouvement à se réclamer de De Gaulle, en février 1942, « Franc-Tireur » le suit en mars 1942. « Combat » ne se rallie pas clairement à de Gaulle, qui représente une Résistance extérieure cherchant à donner des ordres et à dominer la Résistance intérieure, et soupçonne Jean Moulin (dont le nom de code est Rex) de favoriser, notamment grâce à l’argent venant de Londres qu’il distribue pour financer la Résistance, d’autres mouvements de la Résistance que le sien. Il est à noter qu’avant 1942 les mouvements vivent de la générosité de leurs sympathisants.

D’Astier de la Vigerie (dont le nom de code est Bernard) et Frenay (Charvet) se méfient l’un de l’autre, Lévy (Lenoir) faisant œuvre de modération entre les deux.

Malgré ces divergences, la Résistance intérieure commence à s’unifier, les trois mouvements souhaitant un « Conseil de la Résistance » (sous des dénominations différentes) indépendamment de De Gaulle. En effet, le Général commande les troupes militaires de la Résistance (l’Armée secrète) depuis décembre 1941 et les résistants de l’intérieur contestent cette domination mais dépendent de De Gaulle pour leur financement – un budget de trois millions en 1942, mais cinq cents millions à la Libération. C’est le seul moyen de pression de De Gaulle et de son représentant Jean Moulin sur la Résistance intérieure. Jean Moulin – après André Philip, député SFIO du Rhône ayant refusé les pleins pouvoirs à Pétain le 10 juillet 1940 et membre du comité directeur de « Libération-Sud » – conseille donc à de Gaulle d’organiser la création d’un Conseil national de la Résistance avant qu’il ne se fasse sans lui.

À partir de novembre 1942 et du débarquement allié en Afrique du Nord, le Général n’est plus le seul interlocuteur des Alliés. Les Américains, qui voient en lui un dicta-teur, lui préfèrent d’abord Darlan. Ministre de la Marine de Pétain puis vice-président du Conseil en février 1941, sa politique de collaboration avec les Allemands l’amène à la signature des protocoles de Paris (27 mai 1941) qui accordent à l’Allemagne des facilités en Syrie, en Tunisie et à Dakar. C’est également sous son gouvernement

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qu’est créé le Commissariat général aux questions juives. Perdant son autorité, il est remplacé par Laval en avril 1942, mais demeure chef de l’ensemble des forces armées. Présent à Alger en novembre 1942, il ordonne un cessez-le-feu des troupes françaises et assume les pleins pouvoirs. Après son assassinat le 24 décembre 1942, le nouvel interlocuteur des Américains est le général Henri Giraud. Fait prisonnier alors qu’il commande la VIIe armée, il réalise une évasion spectaculaire en avril 1942. Il établit des contacts avec les Américains pour le débarquement en Afrique du Nord mais n’est pas encore arrivé à Alger en novembre. Il est nommé commandant en chef par Darlan, puis devient commandant en chef civil et militaire après l’assassinat de celui-ci. Soucieux de ne pas faire de politique, il veut faire rentrer la France dans la guerre aux côtés des Alliés mais sans toucher aux structures de Vichy. Roosevelt, hostile à de Gaulle, mise sur Giraud qui abolit la législation de Vichy en 1943 et forme finalement avec de Gaulle (interdit en Afrique du Nord pendant sept mois par les Alliés) un Comité français de libération nationale (CFLN). De Gaulle parvient à s’imposer grâce à sa reconnaissance par la Résistance intérieure, symbolisée par la création du CNR le 27 mai 1943. Giraud est écarté du CFLN en novembre 1943 et démis de ses fonctions de commandant en chef à partir d’avril 1944.

La création du CNR a donc été fondamentale pour la reconnaissance définitive de De Gaulle par les Alliés. Elle a été confiée par le Général à Jean Moulin qui, en 1942, parvient avec beaucoup de difficultés à unifier les trois principaux mouvements de la zone sud dans les MUR (mouvements unis de Résistance). Frenay admet mal l’unité car son mouvement est le plus puissant. Néanmoins, les mouvements reconnaissent que l’aspect militaire est sous l’autorité de De Gaulle : les groupes paramilitaires sont dirigés par Londres qui décide de l’unité d’action. Ils mettent en commun la presse, confiée à Bidault, les terrains pour l’aviation et la politique future. La propagande reste individuelle. Mais les mouvements de la Résistance intérieure, en zone nord comme en zone sud, sont gênés par l’absence de programme politique de De Gaulle ; ce dernier met sur le même plan la IIIe République (« le régime des partis ») et Vichy, et insiste sur une séparation entre les aspects politique et militaire, alors que pour les résistants de l’intérieur, les deux ne peuvent être séparés puisqu’ils agissent pour une restauration de la République. La question de la légitimité démocratique de De Gaulle se pose donc. Pierre Brossolette, du mouvement « la Confrérie Notre-Dame » en zone nord, veut rallier au Général des personnalités politiques éminentes et leur confier la direction de l’action clandes-tine. Brossollette (nom de code Brumaire), né dans une famille très républicaine, adhérant de la SFIO, est professeur d’histoire à Paris. Il souhaite renforcer l’image démocratique de De Gaulle auprès des Alliés en organisant le soutien de représen-tants de partis politiques. Ainsi, Léon Blum reconnaît de Gaulle et envoie une lettre en novembre 1942 à Roosevelt et à Churchill, demandant que de Gaulle ait le pouvoir à la Libération. Fernand Grenier, député communiste de Saint-Denis, rencontre de

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Gaulle en janvier 1943 et lui apporte un soutien considérable. Mais la nécessaire présence des partis politiques au sein du CNR, alors que beaucoup ne sont pas résis-tants et sont jugés responsables de la défaite, scandalise les résistants de l’intérieur.

Pierre Brossolette est chargé, au début de l’année 1943, avec Passy, le chef du BCRA, d’organiser un comité de coordination identique aux MUR mis en place par Jean Moulin en zone sud. Mais en février 1943, Moulin rentre de Londres, nommé par de Gaulle délégué général pour l’ensemble de la France, ce que Brossollette et Passy acceptent mal : ils mènent alors des négociations pour le futur CNR sans obéir aux ordres de De Gaulle. Jean Moulin parvient à reprendre en main les discussions et, pour obtenir l’adhésion de la Résistance intérieure, il joue sur les mots en remplaçant l’expression « partis politiques » par celle de « tendances politiques ». L’apparition des maquis rend nécessaire une coordination de la Résistance et tous en sont conscients.

La première réunion du CNR se tient le 27 mai 1943, au 48 de la rue du Four à Paris. Huit mouvements de la Résistance sont représentés (les trois des MUR et cinq de la zone nord), six « tendances politiques » (les communistes, les socialistes, les radi-caux, les démocrates-chrétiens représentés par Bidault ainsi qu’on peut le voir dans le film, la droite parlementaire (l’Alliance démocratique et l’Union républicaine) et deux syndicats, la CGT et la CFTC. Tous les mouvements de la Résistance ne sont pas représentés : ainsi, « Défense de la France », créé par Philippe Viannay en zone nord, est rejeté au prétexte qu’il n’a pas de groupe paramilitaire. En revanche, le parti communiste est représenté en tant que tendance politique et en tant que mouvement résistant par le biais du « Front national ». Il s’agit donc bien d’un retour des partis. Le premier président en est Jean Moulin, puis, après son arrestation le 21 juin 1943, Georges Bidault prend sa suite. L’existence du CNR ne résout pas tous les conflits au sein des mouvements de la Résistance et après la Libération, de Gaulle, qui n’y voyait qu’un moyen de légitimation, le marginalise en organisant très vite les élections municipales.

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CAR ACA L L A

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Bibliographie

TémoignagesCordier D., Alias Caracalla, Paris, Gallimard, 2009, réédité en coll. « Folio », 2011, 1 144 pages.

Généralités sur la Seconde Guerre mondialeCointet M. et J.-P. (dir.), Dictionnaire historique de la France sous l’Occupation, Paris, Tallandier, 2000, 732 pages.Marcot F. (dir.) avec la collaboration de Leroux B. et de Levisse-Touzé C.), Dictionnaire historique de la Résistance, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2006, 1 187 pages.Wieviorka O., Histoire de la Résistance, 1940-1945, Paris, Perrin, 2013, 575 pages.

BiographiesAzéma J.-P., Jean Moulin. Le rebelle, le patriote, le résistant, Paris, Perrin, 2003, 510 pages.Cordier D., Jean Moulin. L’inconnu du Panthéon, Paris, Jean-Claude Lattès, 1989-1993, 3 volumes. Cordier D., Jean Moulin. La République des catacombes, Paris, Gallimard, 1999, 1 002 pages.

Films et mémoire Baecque (de) A. et Delage C., De l’histoire au cinéma, Bruxelles, éditions Complexe, 1998, 223 pages.Véray L., La Grande Guerre au cinéma. De la gloire à la mémoire, Paris, Ramsay, 2008, 239 pages.

Articles Assouline P., « Daniel Cordier et l’énigme Jean Moulin  », L’Histoire, n° 127, novembre 1989, p. 64 à 67.Azéma J.-P., « Dans l’ombre de Jean Moulin », L’Histoire, n° 343, juin 2009, p. 92.Kolebka H. « Alias Alain », L’Histoire, n° 387, mai 2013, p. 32.

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Sitographie

www.youtube.com : Les Champs Libres de Rennes, 26 mai 2012, 1 h. 06 min. 54 s. Rencontre avec Daniel Cordier, journaliste Arnaud Wassmer.www.youtube.com : invitation à Daniel Cordier. Institut Lumière à Lyon, 25 mai 2010.www.ina.fr : discours d’André Malraux à l’occasion du transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon, 1964.www.charles-de-gaulle.org : texte intégral du discours d’André Malraux.www.galerie-alain-paire.com : Jean Moulin, marchand d’art.

Films

Boisset Y., Jean Moulin, téléfilm, production France2/Arte France/Scarlett Production, 2002.George B. et Debray R., Daniel Cordier. La Résistance comme un roman, film documentaire, production Cinétévé/ECPAD, 2010.

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Auteur : Evelyne Gayme

Relecture : Tristan Lecoq, inspecteur général de l’Éducation nationale

Chargée de mission : Marie-Christine Bonneau-Darmagnac

Secrétariat d’édition : Audrey Amoussou

Création graphique : Samuel Baluret

Mise en pages : Isabelle Guicheteau