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MAROC À LIVRE OUVERT LA CULTURE, LES AUTEURS, LES ÉDITEURS EXEMPLAIRE OFFERT PAR LE ROYAUME DU MAROC C omment raconter son histoire de famille quand elle cumule des situations extra ordinaires, ter- ribles et envoûtantes ? Mahi Binebine a mis à distance cette his- toire qui le touche de si près qu’elle serait irracontable autrement. Il se tient pourtant au cœur du récit. Il a choisi de dire « Je », de parler au nom du père. « Le Fou du roi », peut alors se lire comme une légende, un rêve cruel et superbe, en même temps qu’une réelle prouesse de littérature. Ses héros shakespeariens appartiennent à l’Histoire et s’en démarquent, devenant des figures intemporelles. Le Royaume qui sert de théâtre à l’action, a une réalité poétique traversée par de brèves incursions du politique qui reste à l’origine du drame qui se joue dans la famille. Le choix du ton permet de rester dans une abstraction féconde. Sans surenchère du malheur. L’écrivain enferme le lecteur dans un monde clos dont il pointe les beautés et suggère les drames. Les esclaves dont fait partie « Le Fou » sont ceux d’une esthétique de vie dont le lan- gage, la musique, la poésie sont les instruments de service. La mise à distance indispensable permet de développer certains aspects de la vie du Royaume à laquelle participe le Père, sujet favori de Sidi, et de ne pas en aborder d’autres qui pourtant apparaissent au lecteur qui les saisit si l’on peut dire, de biais. Ainsi comme une pierre qui ricoche, les cercles de la connaissance et de la surprise se démultiplient-ils. On sait que Sidi exerce sa tyrannie ailleurs que sur ce cercle de la cour où il règne en maître de la vie et de la mort. À d’autres de développer, aux biographes, aux historiens. On apprend tard que le Favori, le Chantre élu, a choisi de continuer à servir celui qui a condamné à une mort lente son propre fils, choix cornélien Le fou du roi : éloge de héros Shakespeariens 3 ÉDITORIAL MAHI BINEBINE LA CRITIQUE LITTÉRAIRE DE BOUCHRA ALAMI JOURNALISTE À RADIO 2M SANS PITIÉ ! L a cuvée littéraire 2016 du Royaume, m’a encore interpellée cette année. Je me suis laissée embarquer devant la profusion de sorties, mue par cet éternel élan identitaire, celui de vouloir me reconnaitre dans des textes ou des images. «Au détroit d’Averroès» de Driss Ksikès est venu, justement répondre avec humour, distanciation et grosse documentation, à cette question qui me taraude comme beaucoup de compatriotes : pourquoi Ibn Rochd se prénomme-t-il ainsi, ici, et Averroès, là-bas? Là-bas, autrement dit en Occident, où la pensée de cet hyper- rationaliste d’avant-garde, a d’abord été rejetée par le clergé, comme ce fut le cas au Maroc, par les imams du roi Yacoub El Mansour, avant d’être réhabilitée, ensuite auréolée, immortalisée. Plus léger, mais certainement pas innocent, «Arabmageddon» d’ Amine Jamaï, dont le titre lorgne franchement vers Shwarzy, m’a phagocytée avec plaisir tout un week-end. L’idée étant de nous redonner à travers, un roman d’espionnage, son super-héros , basané, une autre lecture du monde. Quant au « Fou du Roi» de Mahi Binebine, sujet brûlant et roman quasi-thérapeutique tant pour son auteur que pour les marocains, il déchire le voile sur la relation entre Feu Sa Majesté Le Roi Hassan lI et son bouffon, en la personne du père de Binebine qui avait renié son fils Aziz, emprisonné à Tazmamart, pour avoir participé coup d’état de Skhirat. La francophonie me semble être chez nous un euphémisme. La bonne nouvelle est que la scène littéraire marocaine est sortie de son pathos plombant. Preuve en est, les honneurs du Salon du livre de Paris. Avec ce 5e roman, ce natif de Marrakech incarne la nouvelle génération d’auteurs francophones. Par Nicole de Poncharra © MAAZOUZ FOUAD/[email protected] © AGNES JANIN Retrouvez tous les articles et interviews sur www.esj-paris.com/livreparis L’ agenda à venir ESPACE RENCONTRES 10h30 à 11h15 Ateliers jeunesse avec : Halima Hamdane – Mohamed Idali 11h30 à 12h30 Portraits de femmes du Maroc, avec : Yasmine Belmahi – Bahaa Trabelsi – Nadia Larguet. Discutant : Hicham Houdaïfa 13h30 à 14h30 Le Maroc et l’Afrique, avec : Yahia Abou El Farah – Bouazza Benachir – Rita Aouad. Discutant : Mohamed Jabbour 14h45 à 15h45 Diversité culturelle et linguistique, avec : Ahmed Boukous – Abdelkader Fassi Fihri – André Azoulay. Discutant : Driss Jaydane Dimanche mars 26 16h à 17h Patrimoine judéo-marocain, avec : Serge Berdugo – Mohamed Medlaoui. Discutant : Mina Lamghari 17h15 à 18h15 Exégèse marocaine en Islam, avec : Ali Benmakhlouf – Asma Lamrabet – Rachid Benzine. Discutante : Sanae El Aji ESPACE LITTÉRAIRE 10h30 à 11h30 Regards d’auteurs français du Maroc, avec : Dominique Nouiga – Muriel Augry-Merlino – Valérie Moralès-Attias. Discutant : Guillaume Jobin 11h45 à 12h45 Renouveau du roman arabe, avec : Youssef Fadel – Tarik Bakari – Abdelilah Hamdouchi – Siham Bouhlal. Discutant : Yassin Adnan 13h45 à 14h45 L’imaginaire de Casablanca dans le roman marocain, avec : Réda Dalil – Youssef Fadel – Maria Guessous. Discutant : Guy Dugas 15h à 16h Ecrire des histoires, écrire l’Histoire, avec : Abdelfattah Kilito – Hassan Najmi – Mohamed Berrada. Discutant : Zakya Daoud 16h15 à 17h Parcours migratoires, avec : Najat Vallaud- Belkacem – Rachid Benzine. Discutant : Adil Jazouli 17h15 à 18h15 Dialogue avec l’absent Karima Yatribi et Simo Elbaz rendent hommage à Edmond Amran El Maleh. 18h15 à 19h Dialogue avec l’absent Cédric Gourmelon rend hommage à Mohamed Khaïr-Eddine AUTRES SCÈNES 12h à 13h SCÈNE LITTÉRAIRE : Imagine : l’islam des Lumières, avec Souleymane Bachir Diagne et Ali Benmakhlouf. Animé par Matthieu Potte-Bonneville 12h30 à 14h SCÈNE CUISINE : Buffet marocain : richesses et saveurs de la cuisine marocaine, avec Nadia Paprikas qui mine sa vie. Mais sa vie vaut-elle la peine d’être vécue, détachée de ce qui en constitue la substance même, l’indispensable terreau ? Mahi Binebine aborde là la complexité même de la nature humaine, narcissique, avide à la fois d’amour et de pouvoir, capable d’héroïsme comme de lâcheté. Le Fou du roi, fou de poésie, fou de son savoir même et mesurant sa propre capacité à fasciner, est une figure exemplaire jusqu’à aujourd’hui dans nos sociétés qui pro- duisent régulièrement des courtisans intelli- gents, ne possédant pas la culture du Père mais assez d’aura pour provoquer l’intérêt de quelque « Grand » en quête, lui aussi, d’un alter ego prêt à l’accepter de manière inconditionnelle. La Mère dans ce récit, demeure de bout en bout sur son piédestal, si juste dans son amour maternel, si touchante dans son malheur. Fidèle à toute sa famille, ne rejetant pas le Père. Elle est dans l’amour total, elle est l’amour. Le retour du fils est vécu par le lecteur avec une véritable joie, c’est l’écriture de ce retour, de l’accueil de la mère qui en forge la force. La vie et la mort sont au bout du récit comme au commencement. Sidi va mourir, on le sait dès les premières phrases ce qui pose un voile sombre sur tout le paysage. Il est mort. Pas plus de grandiloquence. Le fils renait : Lazare est sorti du tombeau. On se souvient que c’était aussi des figures de femmes qui l’accueillaient, Marthe et Marie.

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MAROC À LIVRE OUVERTLA CULTURE, LES AUTEURS, LES ÉDITEURS

EXEMPLAIRE OFFERT PAR LE ROYAUME DU MAROC

Comment raconter son histoire de famille quand elle cumule des situations extra ordinaires, ter-ribles et envoûtantes ?

Mahi Binebine a mis à distance cette his-toire qui le touche de si près qu’elle serait irracontable autrement. Il se tient pourtant au cœur du récit. Il a choisi de dire « Je », de parler au nom du père. « Le Fou du roi », peut alors se lire comme une légende, un rêve cruel et superbe, en même temps qu’une réelle prouesse de littérature. Ses héros shakespeariens appartiennent à l’Histoire et s’en démarquent, devenant des figures intemporelles. Le Royaume qui sert de théâtre à l’action, a une réalité poétique traversée par de brèves incursions du politique qui reste à l’origine du drame qui se joue dans la famille. Le choix du ton permet de rester dans une abstraction féconde. Sans surenchère du malheur. L’écrivain enferme le lecteur dans un monde clos dont il pointe les beautés et suggère les drames. Les esclaves dont fait partie « Le Fou » sont ceux d’une esthétique de vie dont le lan-gage, la musique, la poésie sont les instruments de service. La mise à distance indispensable permet de développer certains aspects de la vie du Royaume à laquelle participe le Père, sujet favori de Sidi, et de ne pas en aborder d’autres qui pourtant apparaissent au lecteur qui les saisit si l’on peut dire, de biais. Ainsi comme une pierre qui ricoche, les cercles de la connaissance et de la surprise se démultiplient-ils. On sait que Sidi exerce sa tyrannie ailleurs que sur ce cercle de la cour où il règne en maître de la vie et de la mort. À d’autres de développer, aux biographes, aux historiens. On apprend tard que le Favori, le Chantre élu, a choisi de continuer à servir celui qui a condamné à une mort lente son propre fils, choix cornélien

Le fou du roi : éloge de héros Shakespeariens

N°3

ÉDITORIALMAHI BINEBINE

LA CRITIQUE LITTÉRAIRE DE BOUCHRA ALAMI JOURNALISTE À RADIO 2M

SANS PITIÉ !

La cuvée littéraire 2016 du Royaume, m’a encore interpellée cette année. Je me suis laissée

embarquer devant la profusion de sorties, mue par cet éternel élan identitaire, celui de vouloir me reconnaitre dans des textes ou des images. «Au détroit d’Averroès» de Driss Ksikès est venu, justement répondre avec humour, distanciation et grosse documentation, à cette question qui me taraude comme beaucoup de compatriotes : pourquoi Ibn Rochd se prénomme-t-il ainsi, ici, et Averroès, là-bas? Là-bas, autrement dit en Occident, où la pensée de cet hyper-rationaliste d’avant-garde, a d’abord été rejetée par le clergé, comme ce fut le cas au Maroc, par les imams du roi Yacoub El Mansour, avant d’être réhabilitée, ensuite auréolée, immortalisée. Plus léger, mais certainement pas innocent, «Arabmageddon» d’ Amine Jamaï, dont le titre lorgne franchement vers Shwarzy, m’a phagocytée avec plaisir tout un week-end. L’idée étant de nous redonner à travers, un roman d’espionnage, son super-héros , basané, une autre lecture du monde. Quant au « Fou du Roi» de Mahi Binebine, sujet brûlant et roman quasi-thérapeutique tant pour son auteur que pour les marocains, il déchire le voile sur la relation entre Feu Sa Majesté Le Roi Hassan lI et son bouffon, en la personne du père de Binebine qui avait renié son fils Aziz, emprisonné à Tazmamart, pour avoir participé coup d’état de Skhirat.La francophonie me semble être chez nous un euphémisme. La bonne nouvelle est que la scène littéraire marocaine est sortie de son pathos plombant. Preuve en est, les honneurs du Salon du livre de Paris.

Avec ce 5e roman, ce natif de Marrakech incarne la nouvelle génération d’auteurs francophones. Par Nicole de Poncharra

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L’ agenda à venirESPACE RENCONTRES

10h30 à 11h15  Ateliers jeunesse avec : Halima Hamdane – Mohamed Idali 11h30 à 12h30  Portraits de femmes du Maroc, avec : Yasmine Belmahi – Bahaa Trabelsi – Nadia Larguet. Discutant : Hicham Houdaïfa

13h30 à 14h30  Le Maroc et l’Afrique, avec : Yahia Abou El Farah – Bouazza Benachir – Rita Aouad. Discutant : Mohamed Jabbour

14h45 à 15h45  Diversité culturelle et linguistique, avec : Ahmed Boukous – Abdelkader Fassi Fihri – André Azoulay. Discutant : Driss Jaydane

Dimanche

mars26

16h à 17h  Patrimoine judéo-marocain, avec : Serge Berdugo – Mohamed Medlaoui. Discutant : Mina Lamghari

17h15 à 18h15  Exégèse marocaine en Islam, avec : Ali Benmakhlouf – Asma Lamrabet – Rachid Benzine. Discutante : Sanae El Aji

ESPACE LITTÉRAIRE

10h30 à 11h30  Regards d’auteurs français du Maroc, avec : Dominique Nouiga – Muriel Augry-Merlino – Valérie Moralès-Attias. Discutant : Guillaume Jobin

11h45 à 12h45  Renouveau du roman arabe, avec : Youssef Fadel – Tarik Bakari – Abdelilah Hamdouchi

– Siham Bouhlal. Discutant : Yassin Adnan

13h45 à 14h45  L’imaginaire de Casablanca dans le roman marocain, avec : Réda Dalil – Youssef Fadel – Maria Guessous. Discutant : Guy Dugas 15h à 16h  Ecrire des histoires, écrire l’Histoire, avec : Abdelfattah Kilito – Hassan Najmi – Mohamed Berrada. Discutant : Zakya Daoud

16h15 à 17h  Parcours migratoires, avec : Najat Vallaud-Belkacem – Rachid Benzine. Discutant : Adil Jazouli

17h15 à 18h15  Dialogue avec l’absent Karima Yatribi et Simo Elbaz rendent hommage à Edmond

Amran El Maleh.

18h15 à 19h  Dialogue avec l’absent Cédric Gourmelon rend hommage à Mohamed Khaïr-Eddine

AUTRES SCÈNES

12h à 13h SCÈNE LITTÉRAIRE : Imagine : l’islam des Lumières, avec Souleymane Bachir Diagne et Ali Benmakhlouf. Animé par Matthieu Potte-Bonneville

12h30 à 14h SCÈNE CUISINE : Buffet marocain : richesses et saveurs de la cuisine marocaine, avec Nadia Paprikas

qui mine sa vie. Mais sa vie vaut-elle la peine d’être vécue, détachée de ce qui en constitue la substance même, l’indispensable terreau ? Mahi Binebine aborde là la complexité même de la nature humaine, narcissique, avide à la fois d’amour et de pouvoir, capable d’héroïsme comme de lâcheté. Le Fou du roi, fou de poésie, fou de son savoir même et mesurant sa propre capacité à fasciner, est une figure exemplaire jusqu’à aujourd’hui dans nos sociétés qui pro-duisent régulièrement des courtisans intelli-gents, ne possédant pas la culture du Père mais assez d’aura pour provoquer l’intérêt de quelque « Grand » en quête, lui aussi, d’un alter ego prêt à l’accepter de manière inconditionnelle. La Mère dans ce récit, demeure de bout en bout

sur son piédestal, si juste dans son amour maternel, si touchante dans son malheur. Fidèle à toute sa famille, ne rejetant pas le Père. Elle est dans l’amour total, elle est l’amour. Le retour du fils est vécu par le lecteur avec une véritable joie, c’est l’écriture de ce retour, de l’accueil de la mère qui en forge la force. La vie et la mort sont au bout du récit comme au commencement.Sidi va mourir, on le sait dès les premières phrases ce qui pose un voile sombre sur tout le paysage. Il est mort. Pas plus de grandiloquence. Le fils renait : Lazare est sorti du tombeau. On se souvient que c’était aussi des figures de femmes qui l’accueillaient, Marthe et Marie. ■

SALON

Culture marocaine et sensibilité francaiseCulture, livres pour tous, gastronomie, art de vivre, héritages culturels, musiques, débats, rencontres sont au menu du pavillon du Maroc, pays de l’accueil et de la chaleur humaine.

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Sur les espaces d’un pavillon original et accueillant, résolument moderne et aux senteurs du Maroc, se tiennent conférences, tables-rondes,

rencontres, hommages, dédicaces et autres ani-mations autour de différentes thématiques.Des auteurs connus viennent rencontrer leur public et participer aux débats ; d’autres moins connus, mais pas moins dignes d’at-tention, font entendre leur voix. Une grande librairie complète le dispositif et présente les productions marocaines dans toute leur diversité de genres littéraires et de langues.

La programmation reflète ainsi la trans-versalité de la thématique retenue, MAROC A LIVRE OUVERT  : • Parce que, à travers sa littérature, le pays se présente aux lecteurs dans sa plus grande diversité de genres littéraires, d’expressions et de langues ; • Parce que la variété des styles, des partis pris, des sujets traités renseigne sur une grande liberté de ton et sur une société qui assume, sans complexe aucun, ses valeurs et ses richesses, ses hésitations et ses contra-dictions ; • Parce que le Maroc des créateurs et des intellectuels a toujours accueilli les autres littératures, dans la grande tradition d’ou-verture et d’hospitalité ; • Parce que le Maroc littéraire participe à la construction d’un Maroc nouveau, respec-tueux des droits de l’Homme, qui assume son passé, son présent et prépare son futur.

Le programme se décline selon les axes suivants :Cafés littéraires : Rencontres-débats réu-nissant quelques auteurs et discutant autour de thématiques littéraires communes ou partagées.Politique et société : Intellectuels, institu-tionnels et acteurs de la société civile débattent de questions sociétales, des avan-cées et des obstacles aux réformes entre-prises au Maroc aujourd’hui.Dialogue avec l’absent :Hommage-évocation à de grandes figures disparues de la littérature marocaine, dans un dialogue avec un auteur vivant, intellec-tuellement et humainement proche, voire complice.Tandems franco-marocains : Rencontres entre intellectuels, décideurs, associatifs… franco-marocains et leurs homologues fran-çais pour débattre des questions portant sur la relation France-Maroc.Nos régions en beaux livres : Panorama de la production de beaux livres consacrés au Maroc, notamment aux régions et le rôle joué par la culture dans leur promotion. Le marketing territorial s’expose et se met en débat.Jeunesse : Programme dédié à la jeunesse sous forme d’animations diverses : contes, calligraphie, etc…

Au Maroc, la langue française a encore non seulement de beaux restes , mais un avenir. La

semaine de la francophonie coïncide avec la fête du livre à Paris. L’occasion de célébrer à travers les éditeurs, les auteurs et les libraires la langue française dans ce qu’elle a de plus riche et de plus vivant. Créé par un géographe français du XIXe siècle, Onésime Reclus, le mot « francophonie » était une nouveauté quasiment révolution-naire pour l’époque quand il publia son ouvrage « La France et ses colonies » en 1886.

S’il existe désormais 270 millions de locuteurs qui parlent le français dans le monde, cette langue à vocation universelle est la 3e langue d’apprentissage.

Ainsi, on retrouva ce mot novateur dans les années 1960 dans la bouche même de cer-tains dirigeants d’Afrique. Dans un dis-cours fameux à l’université de Laval au Québec, le président sénégalais Léopold Sédar Senghor considérait la francophonie comme « un mode de pensée et d’action, une certaine manière de poser les problèmes et d’en chercher les solutions », voyant dans le rassemblement de tous les pays usant du français une véritable « communauté spi-rituelle ». Dans son dernier ouvrage, « Enrichissez-vous : parlez francophone !», Bernard Cerquiglini, animateur de

SEMAINE DE LA FRANCOPHONIE

Francophones de France, du Maroc et d’Afrique, unissons-nous !

l’émission Merci Professeur ! sur TV5 monde, rappelle à juste titre que « le fran-çais a reçu les couleurs de chacun des pays où il se déploie naturellement, créant des termes propres, des locutions particulières, des façons de dire aussi diverses que légi-times. Il tire une force accrue de cette diver-sité, qui illustre la vitalité et garantit l’ave-nir d’une langue mondialement partagée. » Marocains et Français ont toujours le même défi commun à relever : faire vivre et enri-chir leur belle langue française face à la mondialisation.GILLES BROCHARD

DERNIÈRE MINUTE !VALÉRIE MORALES ATTIAS dédicera son roman «Coups de soleil», lundi 27 mars, à la librairie L’œil écoute : 77 Boulevard du Montparnasse, Paris VIe, à 18h00

Bernard Cerquiglini, auteur du livre

«Enrichissez-vous, parlez francophone»

Lumière sur les plumes de talent

AUTEURS

Bouthaïna AzamiDe Genève à CasablancaElle est née à Tanger en 1964. Elle s’ins-talle, dès 1982, à Genève où elle fait des études en Sciences de l’éducation et en Lettres avant d’enseigner la littérature française. Après 30 ans de vie en Suisse, elle s’établit à Casablanca en 2010. Bouthaïna Azami a publié plusieurs romans aux Editions L’Harmattan : La Mémoire des temps (1998), Etreintes (2000), Le Cénacle des solitudes (2002) et Fiction d’un deuil (2004). Des romans qui ont fait l’objet de nombreux essais et ont reçu plusieurs prix. Son dernier livre, Au café des faits divers (éditions La Croisée des chemins, 2013), a reçu le Prix Sofitel Madame Figaro 2014. Elle collabore, par ailleurs, avec des artistes et galeries d’art. Elle est l’auteur de la première monogra-phie consacrée à Saâd Ben Cheffaj.HOUDA ZERIFI

Pierre BousselConfession de TangerAventures, contes philosophiques … Pierre Boussel sait manier les mots et emporte avec brio ses lecteurs dans diverses histoires. Cette fois-ci, l’écrivain installé à Tanger depuis 1999 entame une trilogie consacrée à l’univers du renseigne-ment, Les Confessions de l’Ombre, dont le premier tome se déroule au Maroc. S’il s’est tourné vers cette ville économique, ce n’était pas un exercice facile selon ses dires. « Contrairement aux apparences, la tâche n’est pas simple car cette ville complexe est mutante. Saisir sa réalité est un défi. »Dans ses derniers livres, Boussel fait toujours référence, non sans émotion, à sa ville d’adoption, où il est devenu éditoria-liste à Radio Méditerranée Internationale. Les personnages de ces romans y sont présents, des intrigues y naissent, d’autres y meurent.Avec poésie, il conclut : « Même sans obligation, Tanger s’impose dans mes récits. Au début, j’ai cru habiter la ville. En fait, c’est l’inverse. Tanger m’habite. »LOLA LEGER

Touria Ikbal À la rencontre du soufismePoète, traductrice et chercheur en sou-fisme, Touria Ikbal est née à Marrakech. À son actif on compte près d’une vingtaine de publications : recueils de poèmes, traduc-tions et études sur le soufisme, dont ’’les Noms Divins’’ en version bilingue (arabe- français). Ce livre, publié en 2014, donne une présentation sommaire, dans la perspective des sages soufis, des quatre-vingt-dix-neuf noms divins adoptés dans les classifications traditionnelles, avec leurs références coraniques.

Ahmed MassaiaUne humanité à partager Critique de théâtre et écrivain, Ahmed Massaia est un intellectuel de renom. Egalement passé par l’université en tant qu’enseignant puis directeur de l’Institut Supérieur d’Art Dramatique et d’Anima-tion Culturelle (ISADAC) de Rabat, sa passion est la transmission du savoir aux jeunes étudiants. Mais l’écrivain ne s’arrête pas là. Il organise de nombreuses manifes-tations culturelles et artistiques avant de prendre sa retraite en 2004.

Mohamed KohenUn auteur en herbe, à J-30C’est en écrivant que Mohamed Kohen cherche à restituer et à exalter son double héritage culturel franco-marocain. Chirurgien à Casablanca, il écrit pour vanter la vie, dénoncer ses travers, conjurer les démons de la solitude et faire coïncider les vœux des amitiés et de l’amour au quotidien. Avec un malin plaisir il écrit pour ne pas oublier, il transcrit la spontanéité de l’idée brute pour prendre le futur en témoin du passé déjà mort et du présent qui se meurt. Nous restons tous en attente de son livre qui sortira en Avril 2017 « Ce qui est vil en nous ».

Salima LouafaSalima Louafa est née en 1981 à Rabat. Enfant, elle aime monter des petites pièces de théâtre, lire et inventer des histoires qu’elle consigne dans des dizaines de cahiers. Aujourd’hui installée à Manille, elle se consacre à sa passion, Chairs d’argile est son premier roman. Récit d’une transforma-tion, d’une possible renaissance, il met en scène le départ pour le Maroc de Quentin et Alice. Pressés d’oublier leur vie morne jalonnée de frustrations et de non-dits ils se retrouvent précipités dans un drame que personne n’aurait pu imaginer.

Reflets de la diversité et du dynamisme de la création littéraire contemporaine du Maroc, les invités du Salon sont des auteurs reconnus internationalement, mais également de nouveaux talents, émergents et prometteurs.

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Pierre Boussel

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Quel a été votre premier livre publié ?RS : « La petite cité dans la prairie ». Paru en 2008, ce livre évoquait déjà mon enfance au Maroc.Combien de livres avez-vous écrits ?J’écris un livre par an. J’en ai publié huit.Quel est celui qui s’est le mieux vendu ?« Les anges s’habillent en caillera ». Il a connu un succès fulgurant.Quel est le dernier que vous avez écrit ?Il s’intitule « La légende du 9-3 ». Il parle de la vie d’un policier originaire de cité et qui y retourne. C’est très intense.

INTERVIEW

PAR LOLA LEGER

RACHID SANTAKI SE CONFIE

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Maguy KakonL’Art culinaire juif du Maroc OrientalMaguy Kakon, née à Marrakech, a autant écrit d’ouvrages de cuisine que de géogra-phie, d’Histoire et de poésie. Elle signe son deuxième livre de cuisine où elle propose aux lecteurs une nouvelle promenade culinaire dans le Maroc Oriental qui va de Debdou à Oujda, du cœur andalou maro-cain aux vents berbères des frontières algériennes. « L’art culinaire juif du Maroc Oriental » présente 300 recettes aux légumes savoureux où les épices, les herbes, les coteaux ensoleillés se révèlent dans l’élaboration savante des différents plats.

Maguy Kakon

Mohamed Kohen

Touria Ikbal

Guillaume Jobin

Guillaume Jobinhistoire et polarsGuillaume Jobin est président de l’Ecole supérieure de journalisme de Paris. Il est l’auteur de deux livres d’histoire « Lyautey, le Résident » et « Mohamed V, le Sultan » (Magellan, Paris, 2014 et 2015) et de deux romans « Route des Zaërs » et « Route d’Anfa » (2015 et 2016). Il réside à Rabat depuis 2010. Il est aussi co-fondateur de la maison d’édition, Casa Express, à Rabat.

Francophones de France, du Maroc et d’Afrique, unissons-nous ! Christine

Dumont LégerFemmes amazighes, chants et gestes de travail des femmes de l’Atlas marocain, à la source du fémininDans son livre/CD audio Femme amazighes, Christine Dumont Léger donne à voir l’origine et l’authenticité de la musique des peuples berbères. Une aventure humaine dans laquelle résonne les chants et gestes de travail des femmes de l’Atlas marocain. Cette œuvre, miroir de l’intime féminin, laisse la parole s’exprimer à travers un langage libéré et immerge le lecteur au cœur de l’âme créatrice de la culture amazighe. Hommage d’une artiste en quête de sens à la force vive des femmes de ces peuples.

CULTURE

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Réalisé par l’ESJ Pariswww.esj-paris.com

Directeur de la publicationGilles Brochard

ContributeursPatricia Boyer de Latour,

Hicham Tahir, Yasmine Khizrane, Sophia Sehimi, Guillaume Jobin,

Philippe Duley, Lucas Javelle, Sara Ouafi, Sarah Chappou, Hiba Mhaidra, Lola Léger,

Lucie Albertini, Cherine Abbès, Antoine Bourlon, Houda Zerrifi,

Alexia Tounissoux, Jihane Yadane, Alexandra Théry, Hicham Tahir, Lucie Albertini, Laurène Thiéry,

Emilie Casson, Sara Piot, Sarada Nourby, Bénédicte Vicent,

Marie Caroline Néau, Jihane Yadane, Lisa Moumni-Barbault.

Conception et réalisation : Jean-Marc Dupuis

(jeanmarcdupuis.com)

Malika Editions met en avant depuis fin 1998 le patrimoine culturel et historique du Maroc, et plus généralement du monde arabo-musulman. Editrice d’une vingtaine d’œuvres sur l’art et les trésors visuels marocains, l’entreprise souhaite s’étendre également à l’étranger, et publie aussi bien en français qu’en arabe, anglais et espagnol. Elle travaille également en collaboration avec le musée de la fondation Abderrahman Slaoui (photo ci-dessous).

Livremoi est une librairie marocaine sur internet. Depuis 2008, l’entreprise livre tout le Maroc à domicile. En 2014, la première librairie s’ouvre à Casablanca. Elle permet le retrait des commandes, mais surtout la découverte d’un large choix culturel. Des livres français, arabes et anglais sont disponibles en ligne et à la librairie.LAURÈNE THIÉRY

MALIKA ÉDITIONS ET MUSÉE SLAOUI

LIVREMOI, LA LIBRAIRIE 2.0 DU MAROC

AUDREY AZOULAYMINISTRE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATION

BOOKWITTYPREMIER DISTRIBUTEUR DE LIVRES MAROCAINS EN EUROPE

Née en 1972, fille d’André Azoulay, conseiller de Hassan II, puis de Mohammed VI, descendante d’une vieille famille juive marocaine d’Essaouira, Audrey Azoulay est diplômée de Dauphine, d’un MBA, de Sciences-po et de l’ENA. Elle a fait sa carrière à la fois dans le cinéma et l’administration française. Conseillère de François Hollande, elle est devenue ministre en février 2016, rejoignant ainsi la liste des ministres contemporains d’origine marocaine, de Dominique de Villepin (né à Rabat), à Rachida Dati, en passant par Myriam El Khomry et Najat Vallaud-Belkacem.

Bookwitty est une plateforme dédiée à la découverte des livres du monde entier. Elle offre à ses utilisateurs des recommandations de lectures personnalisées. Son associé, l’Oiseau Indigo organise la diffusion et la promotion des éditeurs des mondes arabe et africain auprès des librairies, bibliothèques, institutions et sites internet européens.

EN BREF

MAROC À LIVRE OUVERT

Le Festival Gnaoua et Musiques du Monde d’Essaouira

Parmi les destinations de ce Gnaoua Festival Tour, organisé à l’initiative de

l’association Yerma Gnaoua, la salle de concert du Bataclan à Paris est loin d’être un hasard. «Le Bataclan nous est venu naturel-lement à l’esprit, car il symbolise bien plus qu’un lieu de spectacle. Il incarne une exi-gence de solidarité et un devoir de fraternité’’, déclare au HufftingtonPost, Neila Tazi, pro-ductrice du Festival Gnaoua et Musiques du Monde, membre fondateur et présidente déléguée de l’association Yerma Gnaoua. La salle de concert avait été victime, le 13

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Un nouvel élan pour CasaCasamémoire et l’association de sauvegarde du patrimoine architectural du XXe siècle au Maroc.

—Au Bataclan, le 27 mars

Casablanca remonte à la préhis-toire, et depuis la ville a subi des inf luences phénic iennes , romaines, berbères, arabes, por-

tugaises, espagnole puis françaises. Avant même le protectorat, le Sultan décida d’en faire le grand port du Maroc. Entre 1918, sous l’impulsion du Résident, le maréchal Lyautey, et 1956, la métropole, devenue capitale

économique du Maroc, devint un formidable laboratoire pour les architectes français et marocains pouvant donner libre cours à leur créativité, en faisant une ville au patrimoine unique dans le monde. Ce trésor est aujourd’hui menacé par la promotion immo-bilière et les carences d’entretiens aggravées par l’air marin. L’association Casamémoire, crée par la regrettée Jacqueline Alluchon,

sous l’impulsion de Rachid Andaloussi, éga-lement architecte, s’efforce de faire sauvegar-der ce qui peut l’être du bâti et de préserver l’histoire de la cité. En témoignent la réédition du Guide des architectures du XXe siècle de Casablanca, la restauration de l’avenue Mohamed V et le démarrage de la rénovation de l’ancienne médina. ■

novembre 2015, d’une attaque terroriste qui a fait 90 victimes. Après plusieurs mois de travaux, elle a fina-lement rouvert ses portes le 12 novembre dernier. Seront présents sur la scène pari-sienne le 27 mars les maâlems Mustapha Baqbou et Hassan Boussou. Parmi les artistes conviés à la fête, on retrouve également la chanteuse Hindi Zahra, le guitariste Titi Robin ou encore le batteur Tony Allen. Le festival précise que d’autres invités sont à prévoir.SALMA KHOUJA, AVEC LE HUFFINGTON POST MAGHRE

Casablanca, la capitale économique du Maroc sauvegardée par Casamémoire

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