Une formation exemplaire - jcga.ch

4
Marianne Kürsteiner (texte), Holger Jacob (photo) Jean-Claude Girard a grandi à Delémont, dans le can- ton du Jura. Après avoir obtenu sa maturité, il pour- suit ses études à l’epfl. Alors qu’il est encore étudiant, il prend l’initiative de contacter l’architecte Renato Salvi, qui lui avait été recommandé. Le contact est immédiat, il fera un stage de deux ans chez lui, dans son bureau de Delémont. Nourri par ce parrainage stimulant, il acquiert une solide formation de base, et décroche son diplôme d’architecte en 1998. Son travail final, développé avec Markus Baertschi, est supervisé par le professeur Bruno Marchand de l’epfl, il traite de l’espace sacré interreligieux et obtient le prix SIA 1998. Pendant une dizaine d’années, il travaille ensuite dans différents bureaux, dont celui de Renato Salvi, G&P Mann à Lausanne, Meier Associés puis chez Pierre Bonnet, tous les deux à Genève. On lui confie le suivi complet de chantiers, du projet jusqu’à la ré- alisation finale. Il s’occupe alors de villas familiales, d’immeubles de logements, d’équipements publics (gare CFF, établissement médico-social, banque), de transformations et de concours internationaux. Il ouvre sa propre structure en 2007. Le bureau s’installe dans le quartier du Paquis, où il se trouve toujours, depuis onze ans maintenant. Parallèlement à cette activité, Jean-Claude Girard est sollicité par Bruno Marchand, professeur à l’epfl, pour collaborer avec lui en tant qu’assistant au Laboratoire de Théo- rie et d’Histoire de l’Architecture 2. Il accepte le poste et l’occupe pendant quatre années. Cette pas- sionnante expérience de recherche sur l’architecture contemporaine et d’enseignement au niveau master est ressentie et vécue comme un temps de post-for- mation. Les réflexions engagées avec les étudiants créent des passerelles entre l’art et l’architecture, l’un pouvant enrichir l’autre. Une année décisive aux Philippines Ensuite, il accompagne Marlyne Sahakian, son épouse, professeure de sociologie à l’Université de Genève. Spécialisée dans la thématique de la consom- mation dans une perspective de durabilité, elle part (et toute la famille avec elle) pour un an aux Philip- pines dans le cadre d’un projet social. C'est durant cette année qu'il décide d'entreprendre une thèse doctorale, qu'il vient de soutenir, sur l’architecte phi- lippin Leandro Locsin, à nouveau sous la direction de Bruno Marchand. Après son retour en Suisse, en 2013, il retrouve sa table de travail et deux collaborateurs. Il commence en même temps à enseigner la construction et le pro- jet d’architecture à la Haute Ecole de Paysage et d'Ar- chitecture (HEPIA) de Genève. Le bilan de ces vingt ans passées se partage et s’équilibre avec une proportion d’un tiers de Le bureau Jean-Claude Girard architecte fondé en 2007 à Genève, se caractérise par un mode de travail sensible, prenant en compte le contexte, les besoins du client et le savoir-faire de l'architecte. Jean-Claude Girard devant son bureau dans le quartier du Paquis à Genève. Une formation exemplaire Portrait d’architectes Présentation 7 idea 4/18

Transcript of Une formation exemplaire - jcga.ch

Page 1: Une formation exemplaire - jcga.ch

Marianne Kürsteiner (texte), Holger Jacob (photo)Jean-Claude Girard a grandi à Delémont, dans le can-ton du Jura. Après avoir obtenu sa maturité, il pour-suit ses études à l’epfl. Alors qu’il est encore étudiant, il prend l’initiative de contacter l’architecte Renato Salvi, qui lui avait été recommandé. Le contact est immédiat, il fera un stage de deux ans chez lui, dans son bureau de Delémont. Nourri par ce parrainage stimulant, il acquiert une solide formation de base, et décroche son diplôme d’architecte en 1998. Son travail final, développé avec Markus Baertschi, est supervisé par le professeur Bruno Marchand de l’epfl, il traite de l’espace sacré interreligieux et obtient le prix SIA 1998.

Pendant une dizaine d’années, il travaille ensuite dans différents bureaux, dont celui de Renato Salvi, G&P Mann à Lausanne, Meier Associés puis chez Pierre Bonnet, tous les deux à Genève. On lui confie le suivi complet de chantiers, du projet jusqu’à la ré-alisation finale. Il s’occupe alors de villas familiales, d’immeubles de logements, d’équipements publics (gare CFF, établissement médico-social, banque), de transformations et de concours internationaux.

Il ouvre sa propre structure en 2007. Le bureau s’installe dans le quartier du Paquis, où il se trouve toujours, depuis onze ans maintenant. Parallèlement à cette activité, Jean-Claude Girard est sollicité par Bruno Marchand, professeur à l’epfl, pour collaborer

avec lui en tant qu’assistant au Laboratoire de Théo-rie et d’Histoire de l’Architecture 2. Il accepte le poste et l’occupe pendant quatre années. Cette pas-sionnante expérience de recherche sur l’architecture contemporaine et d’enseignement au niveau master est ressentie et vécue comme un temps de post-for-mation. Les réflexions engagées avec les étudiants créent des passerelles entre l’art et l’architecture, l’un pouvant enrichir l’autre.

Une année décisive aux PhilippinesEnsuite, il accompagne Marlyne Sahakian, son épouse, professeure de sociologie à l’Université de Genève. Spécialisée dans la thématique de la consom-mation dans une perspective de durabilité, elle part (et toute la famille avec elle) pour un an aux Philip-pines dans le cadre d’un projet social. C'est durant cette année qu'il décide d'entreprendre une thèse doctorale, qu'il vient de soutenir, sur l’architecte phi-lippin Leandro Locsin, à nouveau sous la direction de Bruno Marchand.

Après son retour en Suisse, en 2013, il retrouve sa table de travail et deux collaborateurs. Il commence en même temps à enseigner la construction et le pro-jet d’architecture à la Haute Ecole de Paysage et d'Ar-chitecture (HEPIA) de Genève.

Le bilan de ces vingt ans passées se partage et s’équilibre avec une proportion d’un tiers de

Le bureau Jean-Claude Girard architecte fondé en 2007 à Genève, se caractérise par un mode de travail sensible, prenant en compte le contexte, les besoins du client et le savoir-faire de l'architecte.

Jean-Claude Girard devant son bureau dans le quartier du Paquis à Genève.

Une formation exemplaire

Portrait d’architectesPrésentation

7

idea 4/18

Page 2: Une formation exemplaire - jcga.ch

formation personnelle et de deux tiers de pratique pro-fessionnelle du bureau, du chantier, et des projets.

La création du bureau, en 2007, est née d’une en-vie de Jean-Claude Girard au retour d’un séjour de quelques mois en Asie, après son travail dans l'Ate-lier Bonnet. A l’ouverture, le nombre de projets est restreint, avec toutefois un projet en Irlande, qui va durer sept ans, et un autre en Arménie, pays d’ori-gine de son épouse, pour une maison construite mais malheureusement pas terminée. Il persiste avec confiance et peu à peu, les choses évoluent, les clients se manifestent, dans un contexte économique rela-tivement dynamique.

La renommée au rendez-vousLes commandes affluent, mais à Yverdon-les-Bains cette fois, où il avait construit une maison pour son collègue de diplôme. Cette réalisation séduit le cha-land et les mandats se multiplient. Paradoxalement, avant de mener à bien ce projet de villa familiale, Jean-Claude Girard ne connaissait rien d’Yverdon, en dehors de son ami.

Pendant une certaine période, excepté pour une extension/transformation datant de 2010, les projets du bureau se sont situés loin de Genève, à l’étranger ou ailleurs en Suisse. Mais aujourd’hui le nombre de projets est en hausse dans la cité de Calvin, comme le montre l’appartement rénové et publié dans le nu-méro d’Idea du mois d’avril.

Le bureau Jean-Claude Girard architecte gère ac-tuellement six projets et participe au moins à un concours par an, avec l’ambition de parvenir à doubler ce nombre grâce au temps libéré pour le fondateur de la structure, après l’obtention de son doctorat.

Son rayon d’action est très large, de Londres à l’Ar-ménie et aux Philippines. L’année prochaine, le chan-tier d’un grand projet de transformation d’un bâtiment devrait commencer en France, à La Rochelle. Le bu-reau travaille sans avoir besoin de publicité, sa renom-mée lui vient du bouche à oreille, un outil extrême-ment efficace pour propager les bonnes adresses.

«Je suis fasciné par le mélange de tradition et d’archi-tecture moderne!»

Marianne Kürsteiner (entretien), Holger Jacob (photos)Dans votre travail, vous vous appuyez sur le postulat suivant: il y a trois intérêts majeurs dans l’architecture: l’architecte, le client et la société. Pouvez-vous préciser ce postulat? Jean-Claude Girard : Ces trois là sont, au même niveau, les acteurs d’un projet. Le client, privé ou institutionnel a un pro-gramme, des priorités et des souhaits qu’il faut satisfaire. L’architecte et le client sont tenus de composer avec la so-ciété lors de la construction d’un bâti-ment, parce qu’il marque durablement le paysage et son histoire. L’architecte a une vision synthétique qui doit être respec-tée. Le client gagne à adopter un mode de pensée ouvert quant aux représentations de son projet, souvent glanées sur Inter-net et hors contexte. Amener les clients à une réflexion un peu plus profonde va être un enjeu dans le futur.

Vous pensez qu’il y a des architectes qui ne se démarquent pas clairement de cela?Un bon architecte doit comprendre son époque pour dépasser la tentation de faire un immeuble seulement pour avoir une belle image.

Quels sont les architectes dont on pourrait dire qu’ils vous ont le plus influencé dans votre travail?J’ai beaucoup voyagé avec Renato Salvi, sur les traces d’architectes connus, et cela a été une grande leçon, bien avant d‘avoir mon diplôme en poche. Renato Salvi et Pierre Bonnet m’ont énormément appris lors des années passées dans leur bureau. Parmi les grands maîtres, le plus fasci-nant est, pour moi, le Portugais Álvaro Siza, à mon avis un des plus grands au-jourd’hui. Il est lié à Alvar Aalto, donc à la période de l’architecture organique nor-dique qui me fascine. Puis il y a Jørn

Utzon, l’architecte de l’Opéra de Sydney, dont le travail remarquable fut pourtant longtemps méconnu. Chez les architectes japonais, je suis fasciné par le mélange de tradition et d’architecture moderne que l‘on retrouve dans le travail de Shinoara ou de Tange. J’ai aussi beaucoup apprécié le travail sur la lumière et l’espace d’Al-berto Campo Baeza, architecte de Madrid qui était aussi mon professeur à l‘epfl, que j‘ai pu suivre juste après l‘enseignement de David Chipperfield, lui aussi passé maître dans ces domaines.

Est-ce que l‘architecte doit garder sa ligne, son style, ou pensez-vous qu‘il faut à chaque fois s‘adapter aux nouveaux paramètres donnés?La question du style n’est pas nécessai-rement importante, on doit plutôt s’at-tacher aux fondements du projet. Les transitions, l’espace, la lumière, tout cela peut être fait dans différents styles,

peu importe finalement. La réhabilita-tion des qualités des architectures ba-nales, dénigrées par la modernité, est la grande leçon de ces 20 dernières an-nées. Il faut que les architectes conservent certains grands principes, sans quoi les projets manqueront de qualité. Penser la construction est une question centrale en Suisse en ce mo-ment. Les architectes Gigon/Guyer de Zurich, extrêmement clairs et inventifs, en sont un bel exemple, typique d’une qualité suisse. D’ailleurs nos étudiants les étudient et les analysent pour com-prendre la relation entre la construc-tion et l’architecture. C’est le propos que l’école essaie de leur inculquer en première année. La beauté de la forme ne suffit pas, elle doit être construite, et cette construction inf luence la forme. Ce va-et-vient fait la force d’une architecture que Peter Märki, un autre architecte que j’admire beaucoup, réus-

Jean-Claude Girard, docteur en sciences récemment récompensé pour sa

thèse sur Léandro Locsin, a rencontré la rédaction d‘Idea sur les rives du lac Léman.

2

par jean-claude girard

La thèse de doctorat de Jean-Claude Girard

inclut les travaux de Léandro Locsin, qu'il a découvert au cours de

son voyage aux Philippines.

La conversation avec Jean-Claude Girard s'est déroulée par une journée ensoleil-lée aux bains des Paquis.

8Portrait d’architectesEntretien

9

idea 4/18 idea 4/18

Portrait d’architectesPrésentation / Entretien

Page 3: Une formation exemplaire - jcga.ch

sit à magnifier par une voie plus per-sonnelle et difficile à imiter.

Vous avez réalisé plusieurs mandats en France. Construire en Suisse ou en France est-ce très différent du point de vue des conceptions et prescriptions architectoniques?Les prescriptions varient, effectivement. Par exemple pour la maison à Paris, où les contraintes urbaines sont les plus radi-cales, nous avons travaillé librement. Un permis de construire n’est pas nécessaire lorsque les façades ne sont pas modifiées. Les solutions innovantes y sont mieux ac-ceptées qu’à Genève où la notion d’habi-tabilité est très contraignante. A Paris, nous avons aussi fait un loft où les chambres sont éclairées indirectement. À Genève, cela n’aurait pas été autorisé. Toutefois, nous avons dû adapter la sor-tie du puits de lumière, circulaire à l’inté-rieur, avec une sortie carrée sur le toit, pour nous conformer au règlement pari-sien. Les projets internationaux donnent un peu plus de liberté et un regard neuf,

et sous les routes. Ce serait peut-être aussi une possiblilité.C’est une façon de récupérer de l’espace, mais je pense que les habitats souter-rains ne seraient pas autorisés à Genève. Toutefois, des appartements pensés intelligemment permettent aussi de récupérer de la place avec des moyens architecturaux, lorsque les clients sont réceptifs.

Genève est la ville la plus embouteillée de Suisse, comment résoudre ce problème? En favorisant la bicyclette? Les transports publics? La traversée du lac? Le téléphérique urbain? C’est une vraie question. La traversée souterraine du lac me semble fonda-mentale, vu la saturation du trafic auto-mobile à Genève. J’habite de l’autre côté du lac et je viens tous les jours en vélo en 15 minutes. En voiture ce trajet pren-drait plus d’une heure. Le covoiturage pourrait aider à réduire le nombre de voitures, en utilisant les nouvelles appli-cations, comme à Paris ou en France.

allégé de toutes les normes que nous connaissons ici. Cette légèreté est bien-faisante. C’est un peu pareil en Irlande. Là on a vraiment travaillé sur la réinter-prétation contemporaine de l’architec-ture vernaculaire. L’accent a été mis sur quelques points importants, la relation extérieur/intérieur, pour laquelle les cadres des baies vitrées ont disparu afin que le paysage entre dans la maison. Mais le reste a conservé une forme et des moyens constructifs standards et traditionnels.

Où préférez-vous travailler? Quels sont les avantages et désavantages de chaque pays?L’avantage en Suisse c’est que l’architecte peut encore réaliser un projet du début à la fin. Nous avons la chance de bénéficier d’un savoir-faire d’entrepreneurs, la no-tion d’artisanat existe toujours.

L’espace à Genève est limité, c’est une ville très dense, on construit donc plutôt en hauteur avec des suréléva-

C’est une question de mentalité.

En Allemagne, cela existe plus souvent…On parle aussi de ferries pour les voitures. Mais c’est de nouveau une initiative pri-vée sauf erreur. Ce serait une solution comme à Istanbul. De toute façon il faut faire quelque chose.

Depuis votre travail de fin d’étude, récompensé en 1998, avez-vous à nouveau travaillé sur l’espace sacré interreligieux? Quelles ont été vos motivations pour aborder ce domaine? Pensez-vous qu’il reste d’actualité? Les motivations concernaient d’abord le travail sur un espace religieux, et sa défi-nition. Au début, l’idée avec mon collègue Markus était de faire un lieu culturelle-ment ancré ici. Avec Genève comme contexte, où les différentes communau-tés religieuses animent un espace de dia-logue, nous avons envisagé la création d’un espace interreligieux, et nous avons entamé une réflexion pour définir la no-

tions. Si vous aviez le champ libre pour urbaniser Genève, comment le feriez vous?Quelle serait votre ville de rêve?La densité de Genève est une qualité, parce que cela crée de la vie. Aux Paquis, un des quartiers les plus denses de Suisse, il y a une qualité folle, par l’énergie qu’il génère et par les choses qui s’y pro-duisent. Pour moi, Genève a une taille idéale, à la fois urbaine et près de la cam-pagne. Les surélévations constituent une réponse plutôt intelligente. Mais je m’in-terroge sur la qualité du paysage de la ville dans dix ans, je trouve surprenant que l’architecture de base du bâtiment ne soit pas du tout prise en compte, la suré-lévation est détachée, en totale opposi-tion stylistique.

Souvent, c’est aussi parce qu’on utilise le bois pour sa légèreté.Exactement, dans dix ans le paysage ur-bain risque de perdre une partie de sa qualité.

A Londres, on creuse sous les maisons

tion d’espace sacré… Nous avons rencon-tré des gens de différentes religions, fait des recherches et c’était passionnant. Cette question reste d’actualité, en 1998 il n’y avait pas encore de crise religieuse. C’était un projet utopique sur un site réel, près des organisations internationales.

Vous avez fini votre thèse sur l’archi-tecte philippin Leandro Locsin. Pou-vez-vous expliquer votre choix? Le choix de l’architecte s’est fait un peu par hasard, j’ai toute suite senti qu’il y avait une qualité architecturale.

Vous l’avez découvert.Oui, on peut dire cela. Un doctorat est une contribution à la société, un travail qui mérite d’être vu et connu. Au début, je voulais écrire un livre, mais j’ai réalisé qu’il fallait faire une recherche scienti-fique, d’où la thèse. Et maintenant qu’elle est finie, je pense en faire un livre.

On en parlera dans Idea 5.

Depuis le trottoir, la porte ouvre directe-ment sur l'atelier d'architecture.

Ils existent toujours, les livres.....

Des images inspi-rantes encouragent le travail créatif.

Malgré un travail intense, une atmos-phère détendue règne dans le bureau.

...et même les maquettes sont loin d'avoir disparu.

idea 4/18 idea 4/18

Page 4: Une formation exemplaire - jcga.ch

Projets

Dans cette colonne, nous vous présentons deux projets renommés qui illustrent le travail de ce bureau d’architectes:

Villa Fière (2009-2011)

Le plan de la villa est dessiné de manière à obtenir une centralité très forte pour offrir aux propriétaires un maximum d‘intimité. Ainsi, les décalages volumétriques successifs permettent la création d‘une largeur suffisamment grande au niveau des pièces de séjours connectées entre elles par un patio en double hauteur, amenant au centre de la villa un point de référence autour duquel s‘organise le plan.

Villa dans une cour (2015)

La villa se situe dans un quartier animé à Paris au fond d‘une cour. Un premier enjeu est d‘amener un maximum de lumière dans un intérieur sombre sans toucher aux façades alors qu‘un deuxième est de retrouver une connexion au jardin avec la construction d‘un nouvel escalier. Au final, le projet compose avec les éléments existants, comme les niveaux, les fenêtres rondes ainsi que la charpente en bois.

Une «cabane» de luxe

Jean-Claude Girard (texte), Ashley Morrison (photos)Le projet de transformation de ce cottage a duré 8 ans -de 2007 à 2015- et reflète l’architecture sensible du bureau Jean-Claude Girard architecte. L’année dernière elle a été élue maison de l’année par un ma-gazine d’architecture.

Le cottage Safehouse, bâti au 18ème siècle, est si-tué en pleine campagne irlandaise de la côte ouest, sur une petite colline dominant les environs, faisant de lui un lieu de retraite idéale pour les soldats de l’Armée Républicaine Irlandaise (IRA) qui lui donna son nom durant une période. Construits au 18ème siècle, les murs sont en pierre massive, et les toitures en ardoise.

Un prolongement sur le paysageLe projet d’extension est formé d’un volume basé sur un plan carré. Jouant sur la notion d’éléments locaux

laire. Un couloir surbaissé mène à la zone de séjour dont l’espace profite de la hauteur maximale allant jusqu’au plafond.

La cheminée suspendue, visible depuis toute la maison – de la salle-à-manger, de la cuisine et du sé-jour – est le point focal autour duquel se rassemblent les habitants comme c’était le cas dans l’ancien temps.

Comme des tableaux naturelsLes deux grandes fenêtres nouvelles sont imaginées comme des tableaux naturels changeant au gré des saisons de manière à se sentir en harmonie avec la nature. Leur position, invisible depuis la cour d’ac-cès, garantit l’intimité des habitants malgré leur di-mensions inhabituelles. Leur caractère secret per-met de relier l’intervention contemporaine à la qualité protectrice historique du cottage. ●

existants ou préexistants, l’extension prolonge la maison principale, à l’extrémité ouest, au moyen d’un volume reprenant la forme traditionnelle de l’archi-tecture vernaculaire irlandaise. Ce volume se plie à 90 degrés afin de s’orienter sur le paysage au sud et vient se positionner sur un muret en pierre existant, à l’emplacement d’un ancien four en ruines.

L’agrandissement n’est pas compris comme une adjonction mais comme la déformation d’un élé-ment, en l’occurrence la volumétrie existante. Les ouvertures participent de ce jeu des déformations par leur dessins très spécifiques en fonction de leur position dans le bâtiment, d’un côté ponctuelles et petites dans le bâtiment existant et de l’autre grandes et horizontales dans la partie nouvelle.

A l’intérieur, un hall central en double hauteur est positionné à l’emplacement de la porte d’entrée exis-tante et reprend l’organisation typologique vernacu-

Le cottage Safehouse est situé en pleine campagne irlandaise de la côte ouest. C'est ici que Jean-Claude Girard a transformé ce

cottage en un lieu d'habitation charmant.

A l’intérieur de la maison, un souffle contemporain ne laisse rien présager de la façade extérieure.

La grande baie vitrée se présente comme un tableau et crée un lien avec la nature.

L’extension de la maison principale reprend la forme traditionnelle de l’architecture vernaculaire irlandaise.

12Portrait d’architectesProjet

Portrait d’architectesProjet

13

idea 4/18 idea 4/18