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Étude sur la contribution des alumni et de la diaspora à la stratégie commune Afrique-UE RAPPORT FINAL Contrat Cadre No EAC/02/2010 (Lot 4)

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Étude sur la contribution des alumni et de la diaspora à la stratégie commune Afrique-UE

RAPPORT FINAL

Contrat Cadre No EAC/02/2010 (Lot 4)

RAPPORT FINAL - « Étude sur la contribution des alumni et de la diaspora à la stratégie commune Afrique-UE »

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SOMMAIRE

ACRONYMES ................................................................................... 2 

1  SYNTHÈSE ...................................................................... 3 

2  OBJECTIFS GÉNÉRAUX DE L'ÉTUDE .........................10 

3  MÉTHODOLOGIE ...........................................................12 

4  ÉTUDE DOCUMENTAIRE ET SYNTHESE ....................18 

5  SYNTHÈSE DES DONNÉES COLLECTÉES LORS DES ENTRETIENS MENÉS DURANT LES MISSIONS D'ÉTUDE .48 

6  RESULTATS DU QUESTIONNAIRE EN LIGNE ET DES ENTRETIENS DE VIVE VOIX ..................................................56 

CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS ...................................95 

ANNEXES ......................................................................................106 

 

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ACRONYMES

AUA

ADEA

AEP

UA

DAAD

DG EAC

UE

Association des universités africaines

Association pour le développement de l'éducation en Afrique

Plateforme Afrique-Europe

Union africaine

Deutscher Akademischer Austausch Dienst (Office

allemand d'échanges universitaires)

Direction générale Éducation et culture

Union européenne

AEU

ES

EES

Association européenne des universités

Enseignement supérieur

Établissement d'enseignement supérieur

OIT

OIM

INHEA

Organisation internationale du Travail

Organisation internationale pour les Migrations

International Network for Higher Education in Africa (Réseau international pour l'enseignement supérieur en Afrique)

ONG

OCDE

Organisation non gouvernementale

Organisation de coopération et de développement économiques

CE Commission européenne

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1 SYNTHÈSE

Contexte et objectifs de l'étude

Au cours des dernières années, l'Europe et l'Afrique ont intensifié leur coopération dans les domaines de l'enseignement supérieur et de la recherche. Dans le même temps, les problématiques de la migration et du développement ont été au cœur de diverses initiatives conjointes Afrique-Europe. Néanmoins, à ce jour, aucune étude complète et méthodique n'a encore été menée sur le rôle des migrants universitaires et des diasporas, bien que cette relation ait été abordée dans quelques publications universitaires et interventions importantes (voir la bibliographie à la fin de ce rapport). Avec l'importance croissante donnée à l'orientation transnationale dans l'enseignement supérieur et à la coopération en matière de recherche, le rôle des membres individuels et des communautés de la diaspora suscite par conséquent un intérêt grandissant, non seulement vis-à-vis de l'Afrique, mais aussi d'autres régions du monde.

De nombreux organismes bailleurs internationaux prévoient de s'appuyer sur l'aide de la diaspora africaine dans leurs efforts de collaboration. De la même manière, beaucoup de pays africains essaient d'utiliser les compétences de leur diaspora dans différents aspects de leurs initiatives de développement, en particulier dans le domaine de l'enseignement supérieur.

Cette étude est un produit de la stratégie commune Afrique-UE (dans le cadre du plan d'action 2011-2013 pour le partenariat sur les migrations, la mobilité et l'emploi). Le partenariat stratégique Afrique-UE a été adopté en décembre 2007, lors du Sommet de Lisbonne. L'objectif principal de ce partenariat est d'enrichir les relations politiques entre l'Afrique et l'Europe par la promotion de la paix, de la sécurité, de la gouvernance démocratique, des droits de l'homme, des libertés fondamentales, de l'égalité des genres, du développement économique durable, y compris l'industrialisation, de l'intégration régionale et continentale et d'un multilatéralisme efficace. L'une des priorités identifiées au sein de la stratégie commune Afrique-UE est l'amélioration de la capacité de l'enseignement supérieur en Afrique, en facilitant la coopération entre les systèmes d'enseignement supérieur européens et africains, source de bénéfices mutuels.

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Cette étude présente le résultat des enquêtes menées afin de comprendre comment les alumni africains basés en Afrique et ayant effectué tout ou partie de leurs études supérieures en Europe grâce aux programmes de l'UE et de ses différents pays membres, et la diaspora universitaire africaine exerçant dans les universités européennes, contribuent au développement de l'enseignement supérieur en Afrique. Deux types d'alumni africains sont pris en compte : ceux qui sont retournés dans leur pays africain d'origine et y travaillent dans le secteur de l'enseignement (désignés dans cette étude par le terme « alumni ») et ceux restés dans un pays européen où ils travaillent dans le secteur de l'enseignement (désignés ici par le terme « diaspora »). L'étude visait, de plus, à comprendre les efforts entrepris actuellement par les pays d'Afrique pour mobiliser les alumni et la diaspora, et à étudier le rôle joué par les programmes d'étude soutenus par l'UE et par ses divers pays membres dans la possible contribution apportée par la diaspora et les alumni africains à l'enseignement supérieur en Afrique.

Les difficultés rencontrées lors de la mobilisation de la diaspora universitaire et des alumni africains ont été examinées avec attention. Les résultats de l'étude devraient par conséquent aider à identifier de quelles manières la contribution de la diaspora et des alumni africains pourrait être renforcée et alimenter également les étapes préliminaires des programmes à venir de la stratégie conjointe Afrique-UE, dans le cadre du futur programme Erasmus pour tous, par exemple.

Méthodologie de recherche

La recherche s'est basée sur une étude de la documentation existante (notes d'orientation, documentation relative aux programmes, travaux de recherche, etc.), sur des entretiens avec un grand nombre d'acteurs liés au sujet de l'étude (représentants d'organismes nationaux, régionaux et internationaux, associations d'alumni et de membres de la diaspora, représentants des ministères de l'éducation nationaux, etc.) et sur un questionnaire en ligne diffusé principalement aux anciens élèves africains d'Erasmus Mundus et des programmes d'étude allemands. Deux pays ont été sélectionnés pour les études de cas : la France et l'Allemagne.

On ne dispose de données plus précises sur les alumni ayant participé aux programmes européens que depuis 10 ou 15 ans. Les législations en matière de protection des données empêchant toutefois d'y accéder directement, l'étude s'est déroulée dans le cadre de ces limites imposées. Dans le cas de la France, il n'existait aucune base de données disponible sur les alumni. La recherche s'est donc appuyée sur les réseaux, les associations et les contacts personnels de l'équipe d'experts, et sur la coopération des individus et de leurs propres réseaux. Pour l'Allemagne, l'Office allemand d'échanges universitaires (DAAD) s'est montré extrêmement coopératif et a facilité la prise de contact avec les anciens étudiants enregistrés dans sa base de données. Au sein de cet échantillon, et en ce qui concerne le poids de la diaspora et des personnes retournées au pays, les résultats ne peuvent néanmoins être considérés comme représentatifs, car on ignore le nombre total d'anciens étudiants de ces programmes en France et en Allemagne. Pour les programmes européens, la situation est bien meilleure, car on dispose de références assez complètes pour l'ensemble des alumni. Le contact avec ces derniers est grandement facilité par l'Erasmus Mundus Alumni Association (association des anciens étudiants d'Erasmus Mundus), notamment sa section Afrique, et par les nombreuses associations d'anciens étudiants de chaque

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cursus. Le problème qui se pose cependant est qu'Erasmus Mundus a été lancé en 2004. Les premiers participants à ce type de programme sont désormais considérés comme alumni depuis 6 à 7 ans. Leur impact sur les systèmes de l'ES en Afrique est nécessairement limité ou, du moins, spécifique puisqu'ils se trouvent au tout début de leur carrière.

En dépit de toutes ces difficultés, l'enquête a permis de peindre un tableau détaillé de la façon dont les alumni des programmes européens (que ceux-ci soient financés par l'UE ou par des organismes nationaux en Allemagne et en France) pensent pouvoir avoir un impact sur le développement de l'ES en Afrique et de ce qui les incite à chercher des moyens d'influencer la situation de l'ES en Afrique. Une très forte motivation est le point de départ indispensable à toute stratégie de mise en œuvre concrète de cet impact.

Résultats de l'étude

Les résultats de l'étude sont présentés sous forme de réponses obtenues par différentes méthodes, selon les questions formulées :

1. Dans quelle mesure les universitaires de la diaspora africaine sont-ils engagés dans des efforts de coopération avec l'Afrique, dans quels domaines, comment ?

2. Quels efforts ont été fournis par les programmes d'enseignement supérieur de l'UE pour impliquer la diaspora et les alumni ?

3. Quels effets ont eu les programmes d'enseignement supérieur de l'UE et de ses pays membres sur l'implication et la contribution de la diaspora et des alumni aux objectifs de développement de l'ES dans leur pays d'origine ?

4. Quelles sont les opportunités offertes par les programmes européens (masters et doctorats) subventionnés à leurs bénéficiaires si ceux-ci s'impliquent dans l'enseignement supérieur en Afrique ?

5. Quel est le degré d'engagement respectif des alumni et de la diaspora universitaire ?

6. Dans quels domaines/de quelles manières les alumni/la diaspora peuvent-ils s'impliquer dans le système d'enseignement supérieur de leur pays?

7. Quelles sont les difficultés rencontrées lors de la mobilisation des compétences de la diaspora africaine dans des efforts conjoints pour l'enseignement supérieur en Afrique ?

8. Quels efforts les pays africains fournissent-ils actuellement pour mobiliser la diaspora universitaire ?

9. Quels sont les mécanismes identifiables qui motivent les diplômés africains à retourner dans leur pays d'origine ?

Les résultats sont présentés dans les trois chapitres centraux de ce rapport. Ces chapitres sont organisés en fonction de la méthode de recherche utilisée. Le chapitre 4 rassemble les résultats de la recherche documentaire, laquelle a identifié et analysé la documentation relative aux programmes d'enseignement supérieur de l'UE impliquant la participation des alumni et de la diaspora universitaire, ainsi que les publications pertinentes. Les programmes d'enseignement supérieur européens pris en compte sont Erasmus Mundus ainsi que les programmes proposés par les deux pays sélectionnés pour les études de cas, à savoir la France et l'Allemagne. Le chapitre 5 est consacré à la synthèse des réponses récoltées lors de diverses missions d'enquête dans des pays africains et lors d'entretiens téléphoniques ou de vive voix. Ces entretiens ont été menés avec un groupe sélectionné d'alumni et de membres de la diaspora universitaire africaine, ainsi qu'avec divers responsables institutionnels ou

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décideurs politiques européens ou africains. Enfin, le chapitre 6 présente les enquêtes menées auprès de la diaspora et des alumni africains des deux études de cas, par le biais d'un questionnaire en ligne détaillé et d'entretiens téléphoniques et en face à face menés sur la base d'un guide d'entretien.

La présente étude offre une image détaillée de la façon dont les alumni des programmes d'étude européens pensent pouvoir avoir un impact sur le développement des systèmes d'enseignement supérieur en Afrique et de ce qui les incite à chercher des moyens d'influencer la situation de l'ES en Afrique. Une très forte motivation est un point de départ important pour toute stratégie visant à la mise en œuvre concrète d'un tel impact. Cependant, la majorité des personnes ayant répondu au questionnaire et aux entretiens devaient fournir de nombreux efforts pour ne participer, quelle qu'en soit la manière, que de façon limitée au développement de l'enseignement supérieur en Afrique. Les principaux modes d'implication évoqués concernaient l'enseignement sur le court ou le long terme, la supervision de mémoires de master et de doctorat, les projets de recherche conjoints, le partage de résultats de recherche, etc. L'étude montre qu'il existe un potentiel très élevé parmi tous les anciens participants aux programmes d'étude européens, mais que ce potentiel n'est pas encore exploité de façon systématique et ne semble pas pleinement utilisé à ce jour.

En ce qui concerne les obstacles et les difficultés rencontrées pour s'impliquer davantage, la majeure partie des personnes interrogées de vive voix ou par questionnaire ont noté qu'il était difficile pour la diaspora universitaire de contribuer au développement de l'enseignement supérieur en Afrique. Les membres de la diaspora ont ainsi souligné à de très nombreuses reprises que la qualité insuffisante des infrastructures et le mauvais entretien des établissements d'enseignement supérieur en Afrique, et que le manque de moyens et la pénurie d'équipements, en particulier pour la recherche, représentaient des contraintes majeures à une implication plus soutenue dans le développement de l'enseignement supérieur en Afrique. Un autre aspect abordé était le manque de mesures incitatives et de soutien financier, de la part des gouvernements africains en particulier, envers les personnes désireuses de rentrer dans leur pays d'origine ou de s'y impliquer davantage, depuis l'étranger, dans le développement de l'enseignement supérieur. Les gouvernements étaient généralement considérés comme des acteurs clés, susceptibles d'influencer et d'améliorer la situation, mais aussi, souvent, de mettre un frein aux activités. De nombreux Africains de la diaspora ont constaté un manque de volonté politique de faire changer la situation. Il n'existe que rarement des plateformes ou des mécanismes officiels permettant aux Africains de la diaspora d'interagir avec le système d'enseignement supérieur en Afrique et d'y apporter leur contribution de manière canalisée. Certains universitaires de la diaspora ont également fait état de difficultés lors de leurs tentatives d'interaction avec les enseignants locaux. Ils ont relevé qu'il existait souvent une certaine méfiance vis-à-vis de la diaspora africaine et la crainte, de la part des enseignants africains, que les membres de cette diaspora finissent par entrer en concurrence avec eux. Cela pourrait peut-être expliquer le manque d'intérêt pour la collaboration avec la diaspora, voire son rejet, ainsi que l'absence globale de communication. La diaspora a été confrontée à des politiciens et des universitaires locaux peu réceptifs à de nouvelles idées et rejetant toute forme de critique, et qui justifiaient souvent leur attitude en expliquant que les membres de la diaspora « ne connaissent pas la situation sur place ». Comme autres freins à

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l'implication, les universitaires de la diaspora ont également mentionné le manque de temps (libre) pour participer aux programmes de recherche, ainsi que la pression et l'insécurité politique et économique.

Conclusions et recommandations

Les principales conclusions de cette étude sont synthétisées dans le chapitre 7, qui présente également un ensemble de recommandations pour les évolutions futures du partenariat entre l'UE et l'UA en matière d'enseignement supérieur.

La situation actuelle est la suivante : on observe que de nombreux étudiants africains sont déjà rentrés dans leur pays d'origine ou dans d'autres pays d'Afrique à l'issue de leurs études en Europe, afin d'y travailler dans des universités, des centres de recherche ou des ministères, mais aussi d'y coopérer avec des entreprises, des organismes internationaux et des organisations non gouvernementales pour produire de nouveaux savoirs et les processus d'amélioration des capacités correspondants. Il existe un second groupe, constitué d'alumni des programmes européens qui, pour diverses raisons, restent à l'étranger et y constituent une sorte de diaspora universitaire. Bon nombre de ces chercheurs ont également l'intention de retourner en Afrique.

En ce qui concerne les différentes manières d'améliorer l'implication de la diaspora et des alumni africains dans le développement de l'enseignement supérieur en Afrique et les mesure possibles en ce sens, les réponses apportées sont très diverses. Elles reflètent la diversité des situations de l'enseignement supérieur dans les différents pays d'Afrique, la variété des approches de leurs gouvernements face aux alumni et à la diaspora issus des programmes d'étude européens, mais aussi, très certainement, la situation particulière de chacun des participants à l'étude. L'amélioration globale des systèmes d'enseignement supérieur en Afrique, indispensable, afin de les rendre plus attractifs pour la diaspora et les alumni africains, arrive en tête des réponses. Cette demande d'amélioration fait avant tout référence à la situation financière inadaptée des EES en Afrique, notamment en matière de salaires des universitaires. Elle est également liée, dans de nombreux cas, à la qualité insuffisante des infrastructures, au manque d'équipements de recherche et de lieux d'accès à la littérature scientifique, mais aussi aux lourdeurs bureaucratiques et à des dysfonctionnements dans la gestion.

Les universitaires sont de plus en plus conscients des opportunités de retour en Afrique. Dans de nombreux pays africains, les systèmes d'ES font l'objet de davantage d'attention de la part des politiques et connaissent à nouveau une amélioration et une croissance régulières, après des années particulièrement difficiles, dues à une insuffisance criante de financement. Dans plusieurs pays, des documents d'orientation politique ont souligné le besoin d'une nouvelle génération d'enseignants et ont, par conséquent, mis l'accent sur la formation en doctorat.

Bien que tous ces facteurs semblent jouer en faveur d'un impact croissant des alumni dans les systèmes d'ES en Afrique, certains obstacles subsistent, qu'un effort politique commun doit tenter de lever.

Au cours des dernières années, la perception de la mobilité universitaire a connu une certaine redéfinition. Par le passé, l'expression dominante était celle de « fuite des cerveaux ». Elle faisait référence à un équilibre dans lequel le pays d'origine devait supporter les coûts de l'enseignement primaire, secondaire, et même

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supérieur (au moins durant les premières années d'études). Par opposition, le pays de destination des jeunes boursiers était perçu comme profitant d'un investissement fait par d'autres, avec l'avantage supplémentaire de pouvoir sélectionner les meilleurs parmi une offre vaste d'excellents étudiants. Ces mécanismes n'ont pas disparu, mais le propos est désormais plus nuancé et de nouveaux arguments sont venus s'y ajouter. Dans de nombreux cas, on est loin d'un simple schéma binaire composé d'un pays d'origine et d'un autre de destination, mais dans une situation où les migrants universitaires se déplacent entre plusieurs pays. Ils ne contribuent pas seulement à l'équilibre des savoirs et au transfert de ces derniers vers les industries nationales, mais emportent avec eux leurs expériences et leurs connaissances, enrichissant eux-mêmes le poste suivant dans leur carrière et faisant bénéficier de de nombreux autres lieux de leurs compétences acquises, indépendamment de toute frontière. Cette situation a vu naître un discours dans lequel l'expression « circulation des cerveaux » était cette fois placée au centre de toutes les attentions. Le pays d'origine peut, dans certaines circonstances, tirer un bénéfice important de ses universitaires installés hors de ses frontières et qui forment une sorte de diaspora. Ce constat a eu un impact sur les politiques de nombreux pays et universités à travers le monde.

Malheureusement, à de nombreux égards, cette discussion récente n'a touché que partiellement les débats en Afrique. Il semble que l'attention portée à la conceptualisation du processus catégorisé sous le terme « fuite des cerveaux » soit bien ancrée et basée sur l'analyse critique d'une relation inégalitaire avec les autres parties du monde. Il en résulte, dans de nombreux pays africains, un manque d'attention envers la réalité concrète des membres de la diaspora, leurs attentes et leurs objectifs, leurs besoins et leurs demandes. Ces personnes ne sont pas perçues comme un potentiel, mais comme une perte pour l'économie et la société domestiques. La seconde conséquence est que ces pays n'ont pas conscience de la nécessité d'élaborer des politiques spécifiques, destinées à attirer des alumni susceptibles d'avoir un impact sur l'ES domestique.

Pour finir, les résultats de l'étude ont permis de formuler une série de recommandations adressées aux gouvernements africains, aux organisations internationales et organismes de soutien de l'enseignement supérieur, aux associations d'anciens étudiants et de membres de la diaspora, etc., afin de promouvoir l'implication des alumni et de la diaspora universitaire africaine dans le développement de l'enseignement supérieur en Afrique. Ces recommandations consistent à (i) institutionnaliser les politiques relatives à la diaspora universitaire dans les pays africains, par la création de bureaux ou de structures gouvernementales dédiées aux affaires de la diaspora, ou par l'élaboration de politiques ou de réglementations spécifiques facilitant son implication ; (ii) régler les problèmes de réseau par la mise en place, le contrôle et la mise à jour régulière de bases de données consacrées aux anciens étudiants des programmes d'études européens et, plus important encore, leur mise à disposition, auprès des pays d'Afrique en particulier, et leur utilisation comme outils d'échange et de mise en relation au sens large ; (iii) établir un dialogue permanent entre les universités africaines et européennes autour du problème de la culture de l'accueil pour la diaspora universitaire africaine désireuse de contribuer au développement de l'ES dans son pays d'origine, autour des ressources affectées à cet objectif, autour de la création de responsabilités et de structures administratives, mais aussi autour de la mobilisation du personnel déjà en place à cet effet ; (iv) offrir des

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qualifications plus poussées aux alumni dans les universités et les centres de recherche africains ; (v) s'assurer que les établissements d'enseignement supérieur africains soient entièrement décisionnaires ou pleinement impliqués quand des efforts financiers sont fournis par des organisations internationales et des bailleurs de fonds pour mobiliser la diaspora universitaire africaine ; (vi) soutenir les universitaires de la diaspora africaine dans leur propre organisation ; (vii) renforcer les centres de recherche en Afrique – identifier quelques universités susceptibles d'attirer une part plus importante des financements nationaux et internationaux pour la recherche aiderait également à répondre au problème de l'intégration des universitaires de la diaspora. Par ailleurs, offrir potentiellement aux alumni africains des programmes d'études européens des ressources disponibles, afin qu'ils s'intègrent par leurs propres moyens à cet environnement de recherche, aiderait les individus, tout comme l'institution, à promouvoir des activités d'enseignants-chercheurs, ce qui permettrait également aux étudiants de bénéficier de ce processus ; (viii) encourager les démarches d'incitation au retour dans des établissements d'enseignement supérieur africains ; et (ix) renforcer la coopération directe entre les établissements universitaires d'Europe et d'Afrique.

La diaspora universitaire africaine a vocation à jouer un rôle de choix dans les systèmes d'enseignement supérieur en Europe et en Afrique. La première condition est la volonté de cette diaspora de jouer ce rôle, ce que confirme largement la présente étude ; la seconde est que les instances universitaires et les gouvernements africains comprennent le bénéfice possible d'une telle implication et la facilitent. Si ces deux conditions sont remplies, la diaspora pourra alors jouer le rôle d'intermédiaire entre les partenaires européens et africains, puisque ses membres sont en contact avec ces deux cultures et leurs méthodes de travail respectives.

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2 OBJECTIFS GÉNÉRAUX DE L'ÉTUDE

Cette étude a pour objet d'établir dans quelle mesure les anciens étudiants africains ayant effectué tout ou partie de leurs études supérieures en Europe grâce aux programmes européens et vivant en Afrique, d'une part, et la diaspora universitaire africaine exerçant dans les universités européennes, d'autre part, contribuent au développement de l'enseignement supérieur en Afrique. Elle doit permettre de comprendre le rôle joué par les programmes d'étude européens en général et les programmes financés par l'UE en particulier, dans la contribution potentielle de la diaspora et des alumni africains au développement de l'enseignement supérieur en Afrique.

Le but de cet exercice est d'obtenir une meilleure visibilité du rôle des alumni et de la diaspora universitaire africaine dans l'enseignement supérieur en Afrique, de réfléchir à la manière de renforcer ce rôle, et d'alimenter les étapes préliminaires des futurs programmes de la stratégie conjointe Afrique-UE, dans le cadre du nouveau programme Erasmus+, par exemple. Les résultats de l'étude doivent également contribuer à d'autres discussions politiques dans des domaines associés, dans le cadre de la stratégie commune Afrique-UE. C'est dans cette optique qu'en novembre 2012, une plateforme destinée aux associations de la diaspora en Europe et en Afrique a été mise en place dans le cadre du projet AEP (Plateforme Afrique-Europe). Les divers intervenants au projet se sont ainsi mis d'accord sur la création d'un système d'information solide (un centre de documentation en ligne) où présenter les renseignements utiles sur l'implication de la diaspora d'Europe dans le développement de l'Afrique. Notre étude se complète donc d'un panorama de ces ressources en ligne, mais cherche également à comprendre les diverses utilisations qui peuvent en être faites selon l'engagement des différents acteurs avec les anciens étudiants des programmes d'étude à l'étranger et les universitaires de la diaspora.

De même, les résultats de cette étude devraient :

alimenter le dialogue entre l'Union européenne et l'Union africaine sur les programmes d'enseignement supérieur et être intégrés à de futurs efforts de collaboration ;

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stimuler la discussion entre la diaspora universitaire, les universitaires d'Afrique, les dirigeants et responsables politiques de l'enseignement supérieur africain ;

soutenir les stratégies d'internationalisation des universités européennes ;

soutenir les universités africaines qui envisagent d'utiliser la diaspora afin d'établir des partenariats avec des universités européennes ;

servir de référence aux organisations et aux associations travaillant avec l'enseignement supérieur en Afrique ;

soutenir les échanges avec et entre les États membres de l'UE concernant leurs stratégies en matière de programmes d'enseignement supérieur.

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3 MÉTHODOLOGIE

Le tableau ci-dessous présente le cadre méthodologique final employé pour l'étude. Il se base sur le cadre méthodologique présenté dans la proposition technique et a été détaillé par l'équipe d'experts lors de la phase de lancement, partagé et discuté avec la DG EAC C.4 et autres homologues désignés par la DG EAC, puis finalisé.

Ce cadre méthodologique formule les questions de l'enquête pour chacun des objectifs spécifiques considérés par l'étude. Pour chaque question de la recherche figure le détail des sources d'information et des méthodes d'enquête.

Cadre méthodologique

Objectifs spécifiques de

l'étude Questions de recherche Sources d'information Méthodes d'enquête

Montrer dans quelle mesure la diaspora africaine est engagée dans les efforts de coopération avec l'Afrique et, en particulier, les effets qu'ont eus les programmes d'enseignement supérieur européens sur l'implication et les contributions de la diaspora et des alumni aux objectifs de développement de l'enseignement supérieur de leur

1. Dans quelle mesure les universitaires de la diaspora africaine sont-ils engagés dans des efforts de coopération avec l'Afrique, dans quels domaines, comment ?

Universitaires de la diaspora africaine, Association des universités africaines (AUA), International Network for Higher Education in Africa (INHEA),

Ministères de la diaspora africaine,

Union africaine,

études de cas des États membres de l'UE, documentation, publications et évaluations pertinentes existantes

Étude documentaire (recherche bibliographique), guides d'entretiens, études de cas

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pays d'origine Commentaires sur la question n°1 :

Plan de sondage :

Afin de déterminer l'échantillon nécessaire aux entretiens à mener avec la diaspora universitaire, nous prenons comme point de départ la définition fournie dans les TdR. Le terme « diaspora universitaire » désigne tous les diplômés nés dans un pays africain, ayant entrepris leurs études de premier cycle en Afrique et obtenu leurs diplômes de cycle supérieur (master et doctorat) en Europe, et travaillant actuellement dans un pays européen sur la base d'un contrat permanent ou de long terme dans le secteur de l'enseignement supérieur et d'autres secteurs universitaires particulièrement pertinents pour les priorités de développement, telles que définies par le programme pour le changement de l'UE. Le terme de « diaspora universitaire » inclut également les chercheurs de doctorat et post-doctorat dans les universités européennes.

Ce terme désignant un groupe assez large et à la description peu précise, il est impossible d'évaluer le nombre exact de ses membres. On ne dispose de listes d'anciens étudiants que depuis 10 ans pour Erasmus Mundus, cas dans lequel les alumni sont enregistrés dès le début du système de financement. Dans le cas de l'Allemagne, l'Office allemand d'échanges universitaires (DAAD) dispose même de listes datant de la fin des années 1990. Mais en raison de la législation relative à la protection des données personnelles, il ne nous a pas été possible d'accéder directement à ces listes, seulement de contacter les personnes ayant répondu positivement à l'invitation du DAAD de répondre à notre enquête en ligne. Le système d'enseignement supérieur allemand est fortement décentralisé et régionalisé. Le nombre total de membres de la diaspora universitaire africaine ayant obtenu leur diplôme grâce à des programmes financés au niveau national ou européen est, de ce que l'on sait grâce à de précédentes études, inférieur à celui de la France. En ce qui concerne la diaspora universitaire bénéficiant, en Allemagne, de programmes à l'échelle nationale, nous aborderons le plan de sondage depuis le niveau national, démarche facilitée par l'accès à la base de données du DAAD, qui contient les chiffres pour toute l'Allemagne.

Dans le cas de la France, l'accès au système d'ES pour beaucoup de candidats africains (mais pas tous) est organisé par l'ambassade de France de chaque pays d'origine. Un organisme public, Campus France, facilite l'accès des étudiants étrangers aux établissements d'ES français. Cependant, l'organisation de Campus France est différente de celle du DAAD et ne conserve pas la trace des anciens étudiants de la même manière. Pour l'étude de cas française, il ne nous a donc été possible d'appliquer qu'une méthodologie qualitative. Les entretiens menés avec la diaspora et les alumni africains suivent néanmoins le même questionnaire que celui développé pour l'étude de cas allemande et les anciens étudiants d'Erasmus Mundus.

Questionnaire :

Un questionnaire unique a été préparé puis utilisé comme fil conducteur, à la fois dans une enquête en ligne auprès des alumni et dans des entretiens semi-dirigés menés durant l'étude auprès des différents groupes cibles. Ce questionnaire possède plusieurs sections indépendantes relatives aux questions de recherche. Il sera utilisé à la fois comme outil en ligne et lors des entretiens en face à face.

2. Quels efforts ont été fournis par les programmes d'enseignement supérieur de l'UE et de ses pays membres pour impliquer la diaspora et les alumni ?

Commission européenne, alumni des programmes d'enseignement supérieur européens

Étude documentaire (recherche bibliographique - analyse de documents d'orientation, appels à candidatures, enquêtes et rapports sur les leçons tirées des programmes mis en œuvre, etc.)

Commentaires sur la question n°2 :

Concernant les programmes d'enseignement supérieur de l'UE, nous nous sommes concentrés sur les programmes Erasmus Mundus subventionnés par la CE et sur les programmes d'enseignement supérieur financés par la France et l'Allemagne.

Nous avons contacté tous les programmes créés depuis 2004, et l'EACEA (Agence exécutive « Éducation, audiovisuel et culture ») ainsi que l'association Erasmus Mundus Alumni nous ont aidés à identifier (et à interroger par le biais d'une enquête en ligne) un maximum d'anciens étudiants africains diplômés grâce à ces

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programmes.

L'objet de cette étude étant « d'établir dans quelle mesure les anciens étudiants africains ayant effectué tout ou partie de leurs études supérieures en Europe grâce aux programmes européens et vivant en Afrique, et la diaspora universitaire africaine exerçant dans les universités européennes, contribuent au développement de l'enseignement supérieur en Afrique », il semblait important d'élaborer une définition opérationnelle du développement des capacités dans l'enseignement supérieur. Nous présenterons également une vue d'ensemble de la façon dont le développement des capacités dans l'enseignement supérieur est perçu ou défini par les différents acteurs et interprété dans la documentation.

3. Quels effets ont eu les programmes d'enseignement supérieur européens sur l'implication et la contribution de la diaspora et des alumni aux objectifs de développement de l'ES dans leur pays d'origine ?

Alumni et diaspora Questionnaire pour l'enquête et pour les entretiens individuels

Commentaires sur la question n°3 :

Concernant les programmes d'enseignement supérieur européens, l'axe est le même que celui mentionné ci-dessus pour la question de recherche n°2. Nous avons l'intention d'identifier et d'interroger tous les anciens étudiants africains du programme Erasmus Mundus. Les résultats seront comparés à ceux d'une enquête menée auprès des anciens étudiants africains des programmes allemands, puisqu'on dispose des données les concernant, tandis que dans le cas de la France, nos conclusions seront basées sur des missions d'enquête menées dans divers pays africains, car il n'existe aucun ensemble de données accessible sur les alumni africains des programmes français.

Pour la France, une enquête sera également effectuée auprès des ambassades françaises dans quelques pays africains afin d'avoir un aperçu des personnes ayant intégré le système d'enseignement supérieur africain à un niveau élevé. Outre les contacts établis via l'étude de cas, l'équipe d'experts s'est servie de ses contacts professionnels et des établissements dans lesquels ils travaillent pour accéder aux réseaux informels de différents pays. Pour l'échantillon des alumni, nous nous sommes ainsi concentrés sur le Burundi, le Cameroun, la Côte d'Ivoire, l'Éthiopie, le Rwanda et la Zambie.

Rassembler l'opinion de la diaspora universitaire sur les opportunités offertes par les programmes (masters et doctorats) subventionnés en Europe en termes d'implication potentielle dans l'enseignement supérieur en Afrique.

4. Quelles sont les opportunités offertes par les programmes européens (masters et doctorats) subventionnés à leurs bénéficiaires si ces derniers s'impliquent dans l'enseignement supérieur en Afrique ?

Commission européenne, représentants des systèmes de bourses des États membres de l'UE, alumni, coordinateurs des consortia Erasmus Mundus

Entretiens, questionnaires, étude documentaire (description des programmes et expérience des anciens étudiants et de la diaspora)

Comparer le niveau d'engagement des alumni retournés dans leur pays d'origine à celui de la diaspora africaine restée dans les pays européens en utilisant les alumni retournés dans leur pays d'origine comme groupe témoin.

5. Quel est le degré d'engagement respectif des alumni et de la diaspora universitaire ?

Alumni, diaspora universitaire

Entretiens, questionnaire, recherche bibliographique, études de cas

Commentaires sur la question n°5 :

Les réponses à l'enquête menée auprès des alumni des programmes bilatéraux sont comparées à celles des alumni d'Erasmus Mundus afin de déterminer si l'un ou l'autre groupe est plus ou moins impliqué. La qualité de l'engagement ou le type d'engagement seront évalués.

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Identifier de quelles manières/dans quels domaines et sous quels aspects la diaspora et les alumni africains peuvent être impliqués dans le système d'enseignement supérieur de leur pays.

6. Dans quels domaines/de quelles manières les alumni/la diaspora peuvent-ils s'impliquer dans le système d'enseignement supérieur de leur pays?

alumni, diaspora universitaire, AUA, INHEA, représentants de l'UE et des systèmes de bourses des États membres de l'UE

Entretiens, questionnaire

Commentaires sur la question n°6 :

Le questionnaire ou le guide d'entretien possède une section présentant une liste possible des manières de s'engager.

Identifier les difficultés rencontrées lors de la mobilisation des compétences de la diaspora africaine dans des efforts conjoints pour l'enseignement supérieur en Afrique.

7. Quelles sont les difficultés rencontrées lors de la mobilisation des compétences de la diaspora africaine dans des efforts conjoints pour l'enseignement supérieur en Afrique ?

AUA, INHEA, représentants de l'Union africaine, Commission européenne, représentants de l'UE et des systèmes de bourses des États membres de l'UE, ministres africains concernés par l'enseignement, universités africaines

Questionnaire, entretiens

Décrire les efforts fournis actuellement par les pays africains pour mobiliser leur diaspora universitaire et identifier les mécanismes qui motivent les diplômés africains à retourner dans leur pays d'origine

8. Quels efforts les pays africains fournissent-ils actuellement pour mobiliser la diaspora universitaire ?

AUA, INHEA, unités des ministères africains en charge de la diaspora universitaire, représentants de l'Union africaine, documentation pertinente

Entretiens, questionnaire, étude documentaire (recherche bibliographique), études des initiatives de l'UA, de la Banque mondiale et des initiatives propres à divers pays

Commentaires sur les questions n°7 et 8 :

On trouve des exemples d'efforts intéressants au Ghana, au Nigeria, en Éthiopie et au Rwanda. Dans le questionnaire ou le guide d'entretien, une question est également posée aux alumni et à la diaspora universitaire africaine pour savoir s'ils ont connaissance des efforts fournis par leur gouvernement respectif ou s'ils auraient des recommandations à faire sur ce qui pourrait ou devrait être fait.

9. Quels sont les mécanismes identifiables qui motivent les diplômés africains à retourner dans leur pays d'origine ?

Alumni, diaspora universitaire, représentants de l'UE et des systèmes de bourses des États membres de l'UE, unités des ministères africains en charge de la diaspora universitaire

Entretiens, questionnaire, étude documentaire (recherche bibliographique)

Les méthodes d'investigation suggérées par les termes de référence de départ consistaient en une étude documentaire ou une recherche bibliographique préliminaire, un questionnaire visant un groupe choisi de membres de la diaspora universitaire africaine et d'alumni des programmes d'enseignement supérieur européens, et des entretiens en face à face, à mener tant avec un groupe choisi de membres de la diaspora universitaire africaine et d'alumni qu'avec des dirigeants institutionnels ou des décideurs politiques européens et africains. Deux pays membres de l'UE ont de plus été sélectionnés pour des études de cas plus approfondies sur leurs programmes de bourses de l'enseignement supérieur impliquant des étudiants et des chercheurs africains.

L'intégration de la France et de l'Allemagne, en tant que pays membres de l'UE ayant une tradition bien ancrée de programmes d'études avec un nombre

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relativement élevé d'étudiants africains, voire conçus spécialement pour eux, facilite la comparaison entre ces deux pays et avec des programmes européens relativement récents (Erasmus Mundus). Dans le même temps, ceci a compliqué l'étude, dans la mesure où les données sur les étudiants africains sont disponibles à des degrés très différents en France et en Allemagne. Il a donc été beaucoup plus facile de comparer les résultats des programmes universitaires allemands avec ceux des programmes européens que cela a été le cas pour la France.

Ce rapport final présente les réponses récoltées pour chacune des questions de recherche formulées. Il s'organise en fonction de la méthode d'investigation. Le chapitre 4 rassemble les résultats de la recherche documentaire, qui a identifié et analysé la documentation relative aux programmes européens en matière d'enseignement supérieur impliquant la participation des alumni et de la diaspora universitaire, ainsi que les publications pertinentes. Il s'est également enrichi d'un entretien plus long avec Damtew Teferra, rencontré à Bruxelles au début de notre étude et qui a gracieusement accepté de partager avec nous ses réflexions à l'occasion d'une lecture et d'un commentaire attentifs d'un premier jet de ce rapport final. Damtew Teferra est professeur d'université et dirige l'Higher Education Training and Development de l'University of Kwazulu-Natal à Durban, en Afrique du Sud. Il dirige également l'INHEA (Réseau international pour l'enseignement supérieur en Afrique), basé au Center for International Higher Education du Boston College.

Les programmes européens pour l'enseignement supérieur pris en compte sont les programmes Erasmus Mundus financés par l'UE ainsi que les programmes proposés par les deux pays sélectionnés pour les études de cas, à savoir la France et l'Allemagne. Le chapitre 5 est consacré à la synthèse des réponses récoltées lors de diverses missions d'enquête dans des pays africains et lors d'entretiens en face à face. Ces entretiens ont été menés avec un groupe sélectionné d'alumni et de membres de la diaspora universitaire africaine, ainsi qu'avec divers responsables institutionnels ou décideurs politiques européens ou africains. Étant donné le temps imparti, seuls quelques voyages sur le terrain dans des pays africains choisis ont été possibles. Les experts ont dû se contenter d'une sélection de pays où l'accès aux différents groupes d'acteurs était possible grâce à de précédentes études ou à des projets de coopération en cours. Nous avons accordé davantage d'importance à la représentativité des acteurs qu'à celle de la couverture géographique (qui ne serait possible qu'avec une étude disposant de plus de ressources). Nous avons par conséquent sélectionné le Cameroun, où nous avons pu comparer les opinions d'enseignants supérieurs, d'instances ministérielles et universitaires, et l'Éthiopie, où il nous a été possible de comparer les opinions d'universitaires de la diaspora membres d'associations à celles de personnes travaillant au sein de l'université de la capitale éthiopienne.

Les voyages sur place ont confirmé qu'il existait de nombreuses voix différentes, qui toutes forment des vœux pour l'avenir. Cela se vérifie aussi bien pour les documents officiels des gouvernements que pour les les personnes interrogées dans les universités et les centres de recherche et les associations d'alumni. Ce qui les différencie peut-être est le pouvoir de mettre en œuvre certaines des idées envisagées. Dans le même temps, le sentiment qui prévaut est que seule l'interaction de tous ces « acteurs » pourrait produire un résultat capable d'apporter une différence substantielle au débat qui se déroule depuis un certain temps déjà. Une bataille de légitimité entre les divers acteurs ayant le droit de parler au nom

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des universitaires de la diaspora ou des alumni des programmes étrangers semble pour le moins contre-productive. Nous avons donc comparé nos découvertes avec les résultats d'une enquête en ligne demandant leur opinion aux alumni et aux universitaires de la diaspora. Le chapitre 6 présente les enquêtes menées auprès de la diaspora et des alumni africains des programmes européens et allemands par le biais d'un questionnaire en ligne détaillé, et, pour les programmes français, grâce à des entretiens téléphoniques et en face à face menés sur la base d'un guide d'entretien. Nous ne prétendons pas détenir la vérité absolue grâce à cette méthodologie, mais elle nous permet au moins de confronter nos résultats, relativement quantitatifs, à ceux d'autres études, menées de manière purement qualitative. Dans le même temps, nous avons essayé d'éviter d'imposer totalement notre propre terminologie (ou celle de l'appel d'offres) aux participants à l'enquête en ligne et laissé de l'espace aux formulations individuelles. Cela nous permet également d'analyser la langue dans laquelle les participants expriment leurs motivations (ou leur souhait) de retour en Afrique ou dans leur pays d'origine en particulier. Nous avons ainsi pris conscience de la tension qui existe entre l'identité nationale (la « responsabilité envers le pays » étant une des principales motivations exprimées) et l'expérience transnationale.

Les principales conclusions de cette étude sont synthétisées dans le chapitre 7, qui présente également un ensemble de recommandations pour les évolutions futures du partenariat entre l'UE et l'Afrique dans le domaine de l'enseignement supérieur.

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4 ÉTUDE DOCUMENTAIRE ET SYNTHÈSE

4.1 Contexte scientifique de l'étude La recherche sur la diaspora universitaire, en particulier sa contribution au développement dans les pays d'origine de ses membres, intéresse les chercheurs de nombreuses disciplines. Si, au début de l'époque moderne, l'idée de mobilité transfrontalière des universitaires était quasi naturelle, elle a évolué à partir du milieu du XIXe siècle vers une seconde phase, caractérisée par une forte nationalisation des systèmes éducatifs et universitaires (en croissance rapide). Les méthodes employées pour l'étude des migrations en général ont alors été appliquées aux schémas spécifiques de la mobilité universitaire. Les facteurs qui incitent les universitaires à quitter leur pays d'origine et qui les attirent au lieu de destination ont été étudiés, en particulier les motifs d'ordre économique (revenu et carrière espérés, mais aussi équipement disponible pour de futures activités de recherche), et cette mobilité a souvent été analysée comme étant linéaire entre le pays d'origine et le pays d'accueil. Les critiques insistaient sur l'inégalité des effets d'une telle mobilité lorsque celle-ci se déroulait entre les pays du Sud, dans leur ensemble, et ceux de l'OCDE. L'idée de « fuite des cerveaux », notamment depuis l'Afrique vers les États-Unis et l'Europe occidentale, est devenue prééminente et des politiques ont été mises en œuvre pour en enrayer les effets désastreux.

À partir des années 1990, la situation a de nouveau changé. L'intérêt particulier porté au transnationalisme dans les diverses sciences sociales et humaines a touché les études sur les migrations (entre autres : Kennedy et Roudometof 2003) ainsi que les enquêtes menées sur les systèmes éducatifs et universitaires. (Teichler 2004) Il est apparu clairement que la migration n'était pas un processus à sens unique et qu'on l'on assistait, par la circulation des migrants, à la création d'espaces transnationaux. (Falola 2013, Wimmer/Glick-Schiller 2002) Ces espaces transnationaux relient le lieu d'origine à celui de destination, et les parties mobiles d'une société à celles en apparence immobiles.(Pries 1996) Au sein de ces espaces, on voit circuler des ressources et des modèles culturels de toutes sortes. Dans certains pays, par exemple, les envois de fonds réalisés par les membres de la diaspora au profit de leur pays/communauté d'origine ont acquis un poids aussi

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important que celui de l'industrie nationale. (Abdih 2012, Carling 2008, Haas 2005, Kapur 2004, Lucas/Stark 1985), Mais les communautés de la diaspora ont également un impact politique sur leur pays d'origine. (Ostergard-Nielsen 2003, Kuhlmann 2014) On y assiste non seulement à la circulation des connaissances et des idées innovantes, mais aussi à celle des compétences en matière de gestion de ces connaissances. (Teferra et Knight 2008) La notion de « fuite des cerveaux » est donc désormais abordée avec une connotation plus positive, celle « d'afflux de cerveaux » ou de « circulation des cerveaux » et on assiste à des initiatives de plus en plus nombreuses dans lesquelles la diaspora universitaire (y compris africaine) continue de manière importante au développement des systèmes d'enseignement supérieur de leur pays d'origine, sans nécessairement retourner sur place (Teferra 2004, voir aussi Altbach 2002 : 8, Assié-Lumumba 2007 : 127f, 145f, Jowi 2009 : 275).

Le secteur universitaire dispose d'un potentiel particulier pour devenir l'un des moteurs de ces espaces transnationaux (les nouvelles technologies facilitant l'émergence d'espaces transnationaux même à longue distance), même si, dans le même temps, certains affirment que la transnationalisation des universités ne ferait qu'ouvrir une nouvelle phrase d'inégalités accrues entre les riches et les pauvres. (Altbach 2004, Verbik 2007, Fegan et Field 2009, Onsman 2010, Kleypas et McDougall 2011, Sakamoto et Chapman 2011, Coverdale-Jones 2012, Dobos et al. 2012, Doorbar et Bateman 2013, Chapman et Pyvis 2013, Wallace et Dunn 2013).

4.2 Traditions de coopération universitaire entre l'Europe et l'Afrique Au cours des dernières années, l'Europe et l'Afrique ont intensifié leur coopération dans les domaines de l'enseignement supérieur et de la recherche. Dans le même temps, les problématiques de la migration et du développement ont été au cœur de diverses initiatives conjointes Afrique-Europe. Néanmoins, à ce jour, aucune étude complète et méthodique n'a encore été menée sur le rôle des migrants universitaires et des diasporas, bien que cette relation ait été abordée dans quelques publications universitaires et interventions importantes (voir la bibliographie à la fin de ce rapport). Avec l'importance croissante donnée à l'orientation transnationale dans l'enseignement supérieur et à la coopération en matière de recherche, le rôle des membres individuels et des communautés de la diaspora suscite par conséquent un intérêt grandissant, non seulement vis-à-vis de l'Afrique, mais aussi d'autres régions du monde. Il en résulte des débats politiques et scientifiques sur les relations entre les processus d'internationalisation et de transnationalisation, ainsi que sur le caractère approprié de termes tels que « fuite des cerveaux » ou « circulation des cerveaux ». (Baumert 2014) Le débat scientifique n'a pas encore trouvé de conclusion, pas plus que la discussion politique n'est parvenue à un consensus, mais ces débats sont l'indication d'une prise de conscience grandissante des transformations fondamentales que connaissent actuellement les système d'ES du monde entier, toujours plus interdépendants et interconnectés. Cette réalité passe également au premier plan dans le document adopté le 26 mars 2014 lors du sommet Afrique-Europe « 2

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unions, 1 vision »1, ainsi que dans la déclaration conjointe de l'Association des universités africaines (AUA) et de l'Association des universités européennes (EUA) sur le rôle de l'enseignement supérieur dans le partenariat stratégique Afrique-Europe - pour soumission lors du sommet Afrique-Europe2.

Dans un contexte où les universités sont considérées de façon assez instrumentale et où l'accent est particulièrement mis sur l'impact direct que la mobilité accrue des étudiants et des chercheurs peut avoir sur le développement du pays, cette mobilité peut être perçue au niveau national comme un risque potentiel de perte de ressources très précieuses, alors qu'au niveau international, les taux de croissance de la coopération et de la mobilité universitaire transnationale sont évalués de manière plutôt positive. Dans le même temps, la recherche internationale est de plus en plus consciente à la fois de la relation entre la mobilité transfrontalière des personnes et des idées d'une part, et du développement à venir de sociétés du savoir, d'autre part, et les discussions universitaires sur le lien entre migration et développement dans le cas de l'Afrique font écho à ce débat. Ce dernier est à l'origine des activités de plusieurs acteurs et nous présentons ci-dessous les résultats d'une recherche documentaire sur les efforts entrepris en ce sens par la Banque mondiale, le PNUD, l'UNESCO, ainsi que l'OIM et l'Union africaine.

4.2.1 Le programme Diaspora africaine de la Banque mondiale En 2007, la Banque mondiale, sur demande de l'Union africaine et en partenariat avec celle-ci, a lancé le programme Diaspora africaine, afin d'aider les pays africains partenaires à :

développer des politiques afin d'engager leur diaspora dans des actions de développement économique et social,

comprendre et exploiter les envois de fonds pour le développement et

explorer les axes de mobilisation possible du capital humain de la diaspora afin de renforcer l'enseignement supérieur et d'autres secteurs.

Ce programme consiste à organiser différents séminaires. En 2010, l'ADP (African Diaspora Program) a lancé une base de données des compétences contenant les informations de nombreux professionnels. Cette base de données peut être utilisée par les gouvernements africains et les bailleurs partenaires à la recherche de

professionnels de la diaspora pour soutenir le développement en Afrique3.

4.2.2 Transfert des connaissances par l'intermédiaire des expatriés (TOKTEN) du PNUD Depuis 1997, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) gère le programme de transfert des connaissances par l'intermédiaire des

expatriés (TOKTEN)4. TOKTEN soutient les professionnels de la diaspora désireux

1 http://www.africa-eu-partnership.org/sites/default/files/documents/jaes_summit_edition2014_fr-web-links_0.pdf 2http://www.eua.be/Librairies/Publications_homepage_list/Joint_Statement_of_the_AAU-and_EU.sflb.ashx (en anglais) 3 Policy brief: Engaging the Diaspora: Potential for sub-Saharan African Universities, Martha K. Ferede, en anglais, programme IHERD (programme sur l'innovation, l'enseignement supérieur et la recherche pour le développement) de l'OCDE, fondé par la Swedish International Development Cooperation Agency (Agence suédoise de coopération pour le développement international) 4 An Evaluation of the UNDP Transfer of Technology through Expatriate Nationals (TOKTEN) Program, R.D.WANIGARATNE, June, 2006 (en anglais)

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d'aider leur pays d'origine en y apportant leur expertise lors de missions de courte durée, afin de réduire l'impact négatif de la fuite des cerveaux. TOKTEN prend ainsi en charge leurs frais de déplacement, le paiement d'une indemnité journalière et d'une assurance médicale pendant la durée de la mission. Les professionnels sont invités à partager leurs compétences avec des organismes gouvernementaux, des établissements universitaires ou de recherche, des ONG et des entreprises du secteur privé. Les missions TOKTEN s'organisent pays par pays et sont mises en place pour une durée limitée (plusieurs années), en fonction de la demande et des fonds disponibles. Le PNUD met en œuvre le programme TOKTEN en collaboration avec d'autres instances des Nations-Unies, entre autres les Volontaires des Nations Unies et l'Organisation internationale du travail. Les pays d'Afrique ayant participé au programme sont notamment : le Mali, le Rwanda, le Soudan, le Sénégal et le Tchad. Entre 1976 et 2003, plus de 5 000 experts y ont

participé, dans 49 pays5. En 2006-2007, par exemple, le programme TOKTEN au Rwanda a impliqué 47 volontaires venus de 7 pays différents dans 52 missions auprès de 25 organisations, y compris certains établissements d'enseignement

supérieur.6

4.2.3 Migration for Development in Africa de l'OIM Le programme Migration et développement de l'Organisation internationale pour les migrations s'attache à maximiser la relation positive qui existe entre migration et développement .C'est dans ce cadre que l'OIM gère le programme MIDA (Migration pour le développement en Afrique). MIDA est un programme de renforcement des capacités visant à mobiliser les compétences acquises à l'étranger par les citoyens africains afin qu'elles bénéficient au développement de l'Afrique. En pratique, le transfert de compétences se fait de manière virtuelle par le biais des technologies de l'information et de la communication, par des visites et des relocalisations définitives. À cette fin, l'OIM entretient une banque de données et fournit une assistance en courtage de connaissances, qui consiste à identifier les compétences adaptées lorsqu'il existe un besoin de capacité. Le programme MIDA s'appuie sur l'expérience acquise par l'OIM avec le programme RQAN

(programme de retour et de réintégration de nationaux africains qualifiés)78, qui se focalise sur le retour des citoyens africains qualifiés dans les secteurs publics et économiques prioritaires de leur pays d'origine. Dans le cadre du RQAN, environ 2 000 personnes hautement qualifiées ont ré-émigré vers 41pays d'Afrique sur la période 1974 à 1990. Le RQAN s'est poursuivi jusqu'à la fin des années 1990. Les évaluations ont conclu que les gouvernements des pays bénéficiaires n'avaient pas la main sur le programme, et qu'il existait des défaillances dans la mise en œuvre de certains éléments de ce dernier.

5 Jennifer M. Brinkerhoff Exploring the Role of Diaspora’s in Rebuilding Governance in Post-Conlfict Societies. Chapter 12 in « Africa's Finances: The Contribution of Remittances », edited by Raj Bardouille, Muna Ndulo and Margaret Grieco, 2008 (en anglais) 6 Final Evaluation of the Support Project to the Implementation of the Rwanda TOKTEN Volunteer Programme, Final report, Katim S. Touray, 2008 (en anglais) 7 DOCUMENT-CADRE DE POLITIQUE MIGRATOIRE DE L'OIM POUR L'AFRIQUE SUBSAHARIENNE, MC/INF/244, OIM, novembre 2000 8 Jennifer M. Brinkerhoff Exploring the Role of Diaspora’s in Rebuilding Governance in Post-Conlfict Societies. Chapter 12 in « Africa's Finances: The Contribution of Remittances », edited by Raj Bardouille, Muna Ndulo and Margaret Grieco, 2008 (en anglais)

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On trouve comme exemples de projets de l'OIM centrés sur la mobilisation de professionnels hautement qualifiés de la diaspora pour le développement de leur pays d'origine :

Le projet MIDA Ghana Health III (2008-2012) et

le projet TRQN III (projet de retour temporaire des nationaux qualifiés),

tous deux soutenus par le gouvernement néerlandais.

Le projet MIDA Ghana Health III (2008-2012) visait à contribuer au développement des ressources humaines dans le domaine de la santé au Ghana. Le projet a permis à des Ghanéens et à d'autres migrants africains résidant en Europe de transmettre leurs connaissances, leurs compétences et leur expérience lors de missions temporaires au Ghana. Dans le même temps, le projet a facilité l'accès de professionnels de la santé du Ghana à des formations spécialisées dans des établissements de santé aux Pays-Bas. Dans le cadre de ce projet, l'OIM a permis plus de 250 missions temporaires au Ghana, y compris au sein d'établissements d'enseignement supérieur, en santé publique par exemple (Kwame Nkrumah University of Science and Technology, à Kumasi).

Le TRQN III est un projet similaire, mais qui n'est en revanche pas centré exclusivement sur la santé. Il contribue au développement de 9 pays, dont 5 d'Afrique : le Cap-Vert, le Ghana, le Maroc, la Somalie et le Soudan. Le projet TRQN III facilite le retour temporaire de nationaux qualifiés résidant aux Pays-Bas. D'une durée de 3 ans, ce programme doit s'achever en novembre 2015. Il se concentre sur le développement de capacités dans des domaines et des secteurs identifiés par les pays cibles et pouvant inclure l'enseignement supérieur. On ne sait pas clairement dans quelle mesure les experts du TRQN III s'engagent à soutenir le développement des capacités des établissements d'enseignement supérieur dans leur pays d'origine.

4.2.4 Initiative pour la reconquête des connaissances de l'UNESCO-HP Lancée en 2006, l'initiative pour la reconquête des connaissances9 de l'UNESCO et de Hewlett-Packard a pour objectif d'aider les universités, les chercheurs et les étudiants à collaborer à l'échelle mondiale en les dotant de technologies d'information et de communication innovantes, notamment les grilles et nuages informatiques. Cette initiative implique de manière explicite la diaspora, considérée comme un moteur de développement. Elle a pour but « de renforcer l'enseignement universitaire et les capacités de recherche sur le continent africain et dans les États arabes ; d'intensifier la collaboration scientifique et la recherche au service du développement aux échelles régionale et mondiale ; enfin, de faciliter l'établissement de liens avec la diaspora et la reconquête des compétences ». Les participants sont sélectionnés selon un processus compétitif. Ils conçoivent un projet scientifique qui puisse être mis en œuvre conjointement avec les experts de la diaspora grâce à l'utilisation de ressources informatiques de pointe fournies par le programme de l'initiative. Celle-ci permet de surcroît aux participants de participer à des conférences internationales. L'initiative rassemble 17 établissements d'enseignement supérieur, basés dans 12 pays, parmi lesquels : le Burkina Faso (Lanibo et LTIC), le Cameroun (Douala et Yaounde I), la Côte 9 « Brain Gain Initiative: Linking African and Arab Region universities to global knowledge » UNESCO 2013 (en anglais)

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d'Ivoire (F-H-Boigny), l'Éthiopie (Mekelle), le Ghana (KNUST), le Kenya (MMUST et Nairobi), le Maroc (CNRST), le Nigeria (NSUKKA), le Sénégal (UCAD et Gaston Berger), la Tunisie (ENSI), l'Ouganda (Makerere et Mbarara) et le Zimbabwe (Chinhoyi).

4.2.5 African Union Diaspora initiative L'initiative pour la diaspora de l'Union africaine a été lancée afin d'établir un dialogue solide et régulier avec les membres de la diaspora. Ce processus de dialogue consultatif global a débuté par une décision prise lors de la huitième session ordinaire du Conseil exécutif de l'Union africaine, qui s'est tenue à Khartoum, au Soudan, du 16 au 21 janvier 2006, autorisant ce processus et invitant la Commission et le gouvernement sud-africain à coopérer activement afin de l'opérationnaliser. L'engagement actif des deux parties a encouragé la convocation de conférences régionales consultatives (RCC) dans les différentes régions du monde où vivait une diaspora d'importance significative, afin d'élaborer une feuille de route visant à assurer la participation effective de la diaspora au plan de développement et d'intégration de l'Afrique.

En 2012 (le 25 mai), le Sommet mondial de la diaspora africaine s'est déroulé à Johannesburg, en Afrique du Sud. L'objectif de ce rassemblement, auquel assistaient les chefs d'État de gouvernement de l'Union africaine, mais aussi des Caraïbes et de l'Amérique du Sud, était « d'explorer de quelle manière et par quels moyens concrets canaliser l'abondance des ressources humaines et matérielles en Afrique et au-delà, de faire progresser le développement socio-économique du continent, dans un partenariat étroit et durable avec la diaspora africaine ». Le document final rassemblait entre autres les projets prioritaires dans cinq domaines phares : la création d'une base de données de compétences des professionnels africains de la diaspora, l'établissement d'un corps des volontaires africains, un programme destiné à l'innovation et aux entrepreneurs grâce au marché de la diaspora pour le développement, le Fonds d'investissement de la diaspora africaine et l'Institut africain des envois de fonds.

4.2.6 Royal Society – Department for International Development (DFID) Africa Capacity Building Initiative Cette initiative de la Royal Society-DFID (Département pour le développement international du Royaume-Uni) s'est donné pour mission de « renforcer les capacités de recherche des universités et instituts de recherche de l'Afrique subsaharienne en offrant un soutien financier pour la formation de réseaux de recherche durables. » Des chercheurs d'Afrique subsaharienne collaborent avec certains de leurs homologues au Royaume-Uni dans le cadre de tutorats, de formation de doctorants et de développement des capacités de recherche institutionnelles. Les chercheurs basés au Royaume-Uni peuvent, sans s'y limiter, être des membres de la diaspora.

4.2.7 Programme européens pour l'enseignement supérieur La question, sans réponse à ce jour, est de savoir comment les initiatives de financement nationales et européennes, les universités (en Europe comme en Afrique), ainsi que les gouvernements des différents pays africains, peuvent mieux répondre aux critères nécessaires pour profiter des processus de transnationalisation dans le secteur universitaire Il faut en même temps s'interroger

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sur la façon dont les étudiants et les chercheurs concernés eux-mêmes interprètent ces efforts. Quelles sont leurs marges de manœuvre, comment voient-ils les opportunités offertes par ce processus et qu'est-ce qui pourrait, selon eux, faire obstacle au fait que les compétences acquises se traduisent de manière efficace par une amélioration du secteur universitaire dans leur pays d'origine ?

La conception de notre étude résulte directement de ces questions : il ne suffit plus, désormais, d'analyser la mobilité universitaire comme un processus linéaire reliant deux pays et de mesurer l'impact de facteurs susceptibles d'influencer la décision de rentrer dans le pays d'origine ou de rester à l'étranger. Le plus important peut-être, à la lumière de l'étude évoquée ci-dessus, est d'examiner d'une part dans quelle mesure certaines diasporas universitaires se sont déjà constituées et interagissent finalement avec des établissements du pays d'origine, et d'autre part, de s'intéresser à la façon dont les ministères et les universités en Afrique tentent de mobiliser les universitaires de la diaspora afin de développer l'enseignement et la recherche sur place. La question qui se pose alors est la suivante : quels éléments des programmes de bourses européens destinés aux étudiants internationaux et à l'échange de chercheurs seraient le mieux à même d'aider les sociétés africaines à bénéficier pleinement de la circulation transnationale des connaissances ?

Nous nous concentrons donc sur les possibilités offertes aux anciens étudiants africains des programmes d'études universitaires européens de contribuer au développement de l'enseignement supérieur en Afrique. Dans notre étude, nous distinguons les alumni qui, une fois leurs études terminées, sont retournés en Afrique, et ceux qui sont restés en Europe. Ce dernier groupe est désigné sous le terme « diaspora africaine ».

4.2.8 La diaspora universitaire et les alumni africains comme acteurs importants du développement de l'enseignement supérieur en Afrique Au cours des dernières années, l'idée de faire participer les membres de la diaspora au développement de leur pays d'origine a séduit les cercles engagés dans les politiques de développement. Pourtant, il existe étonnamment peu d'études sur les tentatives concrètes d'accroître le rôle de cette diaspora dans le développement. On trouve quelques analyses globales du(des) rôle(s) potentiel(s) de la diaspora dans le développement et de ses(leurs) limite(s), d'où nous tirons ci-dessous un certain nombre d'observations qui peuvent s'avérer pertinentes.

Pour commencer, plusieurs études (Ragab et all, 2013, de Haas 2006, Teferra 2010) relèvent que les diasporas ne constituent pas des groupes homogènes et que bien que leurs membres soient tous nés dans un même pays, leurs intérêts et leur positionnement diffèrent significativement. Ceci explique la difficulté à laquelle se heurtent les tentatives de développement d'une politique tournée vers cette diaspora.

On note également le fait que la diaspora/les migrants sont généralement déjà impliqués d'une manière ou d'une autre dans les efforts de développement concernant leur pays d'origine, ou aspirent à l'être ; ou bien, s'ils n'y sont pas impliqués, n'aspirent très probablement pas à le devenir.

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Dans l'une des rares études globales sur le sujet (de Haas, 2006), on relève de plus que, contrairement aux conceptions populaires souvent simplistes, l'intégration des migrants/de la diaspora dans les pays d'accueil tend aussi à renforcer leur implication dans le développement de leur pays d'origine. Ainsi, la diaspora travaillant en Europe dans des universités ou des établissements de même type, par exemple, est plus susceptible d'être impliquée, ou de le devenir, dans le développement (d'universités) de leur pays d'origine, que ne le sont d'autres membres de la diaspora. M. De Haas conclut qu'un nouveau consensus semble s'être dessiné, selon lequel, en raison de leur implication simultanée dans deux sociétés ou plus, les migrants et leurs organisations peuvent être des partenaires efficaces dans la mise en œuvre des politiques de développement.

Par conséquent différentes manières d'impliquer la diaspora/les migrants sont identifiées. Les options les plus fréquemment citées sont :

Impliquer la diaspora/les migrants/les organisations de migrants dans l'élaboration des politiques

Permettre à la diaspora/aux migrants de contribuer aux/de prendre des initiatives en faveur du développement en leur apportant un soutien financier/organisationnel et autres

Impliquer/Établir des contrats avec la diaspora/les migrants en tant qu'experts ou que consultants dans diverses initiatives

Développer des programmes d'aide au retour temporaire ou définitif

Mobiliser les ressources financières de la diaspora/des migrants et de leur famille à destination d'initiatives de développement spécifiques (souvent dans le cadre de politiques destinées à canaliser le flot d'argent considérable des envois de fonds)

Lorsque ces différentes options sont abordées et discutées, la plupart des études énoncent également un nombre non négligeable de mises en garde concernant l'implication de la diaspora/des migrants et des effets attendus (Docquier 2006, de Haas, 2006, Teferra, 2010, Mohamoud, 2005).

L'un des risques serait de supposer qu'il faut « enseigner » à la diaspora ce qu'elle peut faire en faveur du développement. Il s'agit d'organiser des personnes déjà impliquées et généralement bien au fait de ce qu'elles ont à offrir, mais aussi des limites existantes.

Il serait également hasardeux de penser que l'implication de la diaspora/des migrants puisse « résoudre » des difficultés ou des problèmes impossibles à régler autrement : une telle approche ne fonctionnerait bien évidemment pas. De plus, un grand nombre de membres de la diaspora eux-mêmes ont une vision assez critique de leur pays d'origine, quand ils ne tiennent pas les politiques en cours (ou leur absence), les hommes politiques et les mauvaises pratiques de leur pays pour responsables de situations désastreuses.

En lien avec ce qui précède, l'implication de la diaspora/des migrants dans les initiatives au développement de leur pays d'origine n'est pas toujours unanimement appréciée ou bienvenue. Dans certains cas, les membres de la diaspora sont, dans leur pays d'origine, perçus essentiellement comme des personnes qui fuient les véritables problèmes, mènent une vie facile ailleurs et/ou faussent le marché local avec les revenus élevés qu'ils perçoivent à l'étranger. Que ces critiques

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soient justifiées ou non, toute tentative de contribution de la diaspora/des migrants dans ce type de situation risque de s'avérer vaine.

Cependant, la conclusion de la plupart des études est que cela ne doit pas décourager les tentatives d'implication de la diaspora dans les initiatives en faveur du développement de leur pays d'origine. Il s'agit dès lors d'apporter un soin particulier à l'élaboration des politiques, en prenant en compte les risques et en y intégrant des mesures permettant d'éviter les écueils. Un point de départ acceptable à l'étude en cours, que confirment implicitement toutes les études que nous avons analysées, est qu'il semble exister en Europe une diaspora de taille significative, bien intégrée et attachée au développement de son pays d'origine, quand elle ne s'y implique pas déjà. Il semble intéressant de tenter d'impliquer ce groupe dans de nouveaux efforts de développement, comme le renforcement des capacités d'enseignement et de recherche dans les divers pays d'origine de ses membres.

La plupart des auteurs partent, implicitement ou explicitement, de l'hypothèse que l'enseignement supérieur est, d'une part, fortement connecté à d'autres lieux et continents (cela va de la mobilité aux subventions et autres initiatives de financement dont il dépend) et, d'autre part, confronté à des difficultés spécifiques en raison de l'enchevêtrement entre les politiques nationales et l'implication d'acteurs internationaux (notamment depuis les conséquences désastreuses des politiques d'ajustement des années 1980 et 1990 sur les budgets de l'enseignement supérieur).

4.2.9 Efforts fournis par les programmes en faveur de l'enseignement supérieur européens pour impliquer la diaspora et les alumni Lancé en 2004, Erasmus Mundus est la version à l'échelle mondiale du programme Erasmus, lui-même lancé en 1987 afin de stimuler la coopération entre universités au sein de l'Europe, et qui a connu, dans la réalisation de cet objectif, un incroyable succès. Ces deux programmes ont été étroitement liés au processus de Bologne qui, à partir de la fin des années 1990, a eu pour objectif de rapprocher les systèmes d'enseignement supérieur des différents pays d'Europe afin de favoriser leur lisibilité, leur équivalence, leur compatibilité et leur interaction. Au début des années 2000, il a été décidé que l'Europe devait devenir une destination attractive pour les étudiants des pays non-européens, et que le premier programme Erasmus Mundus devait devenir un instrument dans ce sens. À ce jour, deux phases du programme Erasmus Mundus ont déjà été achevées : EM I, de 2004 à 2008, et EM II, de 2009 à 2013.

2014 a vu le lancement d'Erasmus+, qui remplace un certain nombre de programmes existants consacrés à l'enseignement, dont Erasmus Mundus, mais aussi le programme pour l'éducation et la formation tout au long de la vie (Erasmus, Leonardo da Vinci, Comenius et Grundtvig), le programme « Jeunesse en action », 5 programmes de coopération internationale (Erasmus Mundus, Tempus, Alfa, Edulink, le programme pour la coopération avec les pays industrialisés) et la nouvelle action Sport. Plusieurs de ces programmes EduLink, AsiaLink, TEMPUS et ALFA, se concentrent sur le développement des capacités.

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Les actions 1 et 2 de chaque programme (ainsi que l'action 3 d'EM I) contiennent des éléments de mobilité pour les étudiants européens et non-européens et se révèlent pertinentes pour notre étude.

L'Action I consiste à soutenir des programmes conjoints de niveau master et doctorat, proposés par des consortia d'établissements d'enseignement supérieur européens et, depuis 2009, également par d'autres établissements dans le monde. Elle comprend un système de bourses pour les étudiants des pays non-européens (étendu, depuis 2009, aux étudiants européens).

Entre 2004 et 2013, pour les bourses d'études EM attribuées au titre de l'action 1 :

13 957 étudiants ont été sélectionnés pour les cursus de master (action 1A), parmi lesquels 1 931 étudiants africains, et

1 005 étudiants ont été sélectionnés pour les doctorats conjoints (action 1B), parmi lesquels 66 étudiants africains.

Ces 1 997 bénéficiaires ont reçu une bourse EM.

Les 10 premiers pays africains en nombre de bénéficiaires de l'action 1 d'EM ont été :

Pays Bénéficiaires EM action 1, 2004-2013

Éthiopie 523

Égypte 219

Nigeria 169

Ghana 146

Cameroun 96

Kenya 87

Tunisie 87

Ouganda 75

Afrique du Sud 70

Algérie 50

L'action 210 soutient des partenariats entre des établissements d'enseignement supérieur européens et des EES situés dans d'autres régions du monde. Les consortia doivent rassembler 5 EES au minimum, issus d'au moins 3 pays européens et d'au moins 2 pays tiers dans les régions ciblées. L'objectif de ces partenariats est d'organiser et de mettre en œuvre, de façon structurée, des accords de mobilité entre l'Europe et une région du monde spécifique pour des étudiants de différents niveaux universitaires (licence, master ou doctorat, entre autres), mais aussi pour le personnel universitaire. Le personnel universitaire éligible à ce type de mobilité comprend les enseignants ou les chercheurs des universités participant au partenariat, mais aussi les membres du personnel administratif (recteurs, personnel en charge des bureaux de coopération internationale, des départements des admissions ou de la reconnaissance des diplômes, etc). Ce personnel universitaire doit travailler dans un EES faisant partie du partenariat, ou y être associé.

10 Dans EM I (de 2004 à 2008), ces partenariats étaient couverts par l'action 3.

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Entre 2007 et 2013, 43 partenariats ont été sélectionnés, impliquant au total 138 EES africains. Entre 2007 et 2010, 1 737 citoyens africains ont bénéficié de bourses dans le cadre de l'action 2 (parmi lesquels 1 485 étudiants et 252 membres du personnel). Sur ces 1 737 bénéficiaires, la majeure partie (73 %) était issue de pays d'Afrique du Nord.

Les 10 premiers pays africains en nombre de bénéficiaires de l'action 2 d'EM ont été :

Pays Bénéficiaires EM action 2, 2007-201011

Égypte 371

Maroc 324

Algérie 313

Tunisie 262

Afrique du Sud 164

Cameroun 40

Éthiopie 30

Madagascar 25

Sénégal 24

Rwanda 22

Outre les actions 1 et 2, Erasmus Mundus II a ouvert la possibilité de mobilités d'études (ou « mobilité de crédits ») et de bourses financées par EM, pour permettre à des étudiants de pays tiers d'étudier en Europe sur des périodes allant de 6 mois à 3 ans. Les étudiants bénéficiaires de ces bourses étaient contraints de retourner dans leur pays d'origine à l'issue du programme. Les étudiants non-européens désireux d'effectuer un séjour dans une université européenne pour un programme offert par l'une d'elles dans un cursus autre qu'un master ou qu'un doctorat Erasmus Mundus, pouvaient également bénéficier d'un soutien. Il leur fallait pour cela obtenir auprès de l'institution européenne des crédits s'inscrivant dans le cadre du programme qu'ils suivaient dans leur université d'origine. La composante mobilité de crédits du programme était alimentée par plusieurs « enveloppes financières » (= fonds assignés spécifiquement pour un objectif particulier), parmi lesquelles la ligne budgétaire PEV (pour les pays voisins de l'Est et du Sud), la ligne budgétaire DCI (instrument de financement de la coopération au développement), couvrant la coopération au développement en Asie et en Amérique latine, et la ligne budgétaire ACP (Fonds européen de développement) pour tous les États d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique. Le budget total alloué à cette action a été d'environ 10 millions d'Euros par an durant 4 ans.

Bien que l'objectif principal d'EM ait toujours été de promouvoir le secteur de l'enseignement supérieur européen à travers le monde, différentes communications et décisions officielles de la Communauté européenne ont évoqué

11 Les chiffres pour les partenariats sélectionnés en 2011, 2012 et 2013 ne sont pas encore disponibles. Les seuls chiffres dont on dispose sont ceux des estimations de la mobilité. D'après ces chiffres, les pays d'Afrique du Nord (dont la Libye) et l'Afrique du Sud sont parmi les 6 premiers du classement.

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les effets, délibéré ou non, du programme sur l'enseignement supérieur dans les pays tiers. On en distingue trois types :

Fuite des cerveaux

Coopération internationale

Renforcement des capacités

Fuite des cerveaux

Dans plusieurs documents clés du programme Erasmus Mundus, la fuite des cerveaux a été évoquée comme facteur de risque.

Dans une communication de la Commission au Parlement européen et au Conseil sur le renforcement de la coopération avec les pays tiers en matière d'enseignement supérieur en 2001,12 le risque de fuite des cerveaux est mentionné, notamment si l'on augmente le nombre de bourses de longue durée pour les étudiants de pays tiers désireux de bénéficier d'une période complète d'études dans la Communauté européenne. Cependant, ce risque n'a pas été considéré comme une raison suffisante pour freiner l'octroi de ces bourses de longue durée, notamment dans le cas où certains cours avancés n'existant pas dans leur pays d'origine, les étudiants auraient de toute façon dû partir à l'étranger et parce que « Chaque pays a besoin, parmi sa population la plus instruite, de personnes possédant une certaine expertise internationale. »

Le risque de fuite des cerveaux a également été mentionné dans des décisions du Parlement européen et du Conseil au sujet de la création d'Erasmus Mundus 2004-2008 et d'Erasmus Mundus 2009-2013.

La décision relative à EM 2004-2008 établit que : « Tout en encourageant la mobilité internationale, la Communauté devrait tenir compte du phénomène communément appelé "fuite des cerveaux". » Bien que faisant état de la nécessité d'éviter cette fuite des cerveaux, la décision ne mentionne aucune mesure spécifique à cet effet.

Dans la décision relative à EM 2009-2013, il est indiqué que dans son évaluation du programme, la Commission devra porter une attention particulière aux effets potentiels de celui-ci sur la fuite des cerveaux. De surcroît, la décision contient une mesure destinée à éviter cette fuite des cerveaux13.

Le règlement sur le programme Erasmus+14 ne mentionne plus ce risque de fuite des cerveaux. Au contraire, la stimulation de la « circulation des cerveaux » fait partie des options évoquées grâce auxquelles Erasmus+ peut contribuer au développement durable de l'enseignement supérieur dans les pays partenaires.

12 Bruxelles, le 18.7.2011, COM(2001) 385 final 13 ACTION 2 : PARTENARIATS ERASMUS MUNDUS 2. Aux fins du programme, et conformément à la base juridique sur laquelle se fonde le financement, les partenariats Erasmus Mundus : (...) k) dans le cas de mesures financées au titre du règlement (CE) n°1905/2006 ou de l'accord de partenariat ACP-CE, encouragent les ressortissants des pays tiers à regagner leur pays d'origine à l'issue de leur période d'études ou de recherches afin de leur permettre de contribuer au développement économique et à la prospérité de ce pays. 14 Règlement (UE) N° 1288/2013 du Parlement européen et du Conseil du 11 décembre 2013 établissant "Erasmus +" : le programme de l'Union pour l'éducation, la formation, la jeunesse et le sport et abrogeant les décisions n° 1719/2006/CE, n° 1720/2006/CE et n° 1298/2008/CE

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Coopération avec les établissements d'enseignement supérieur dans les pays tiers

La communication de la Communauté européenne de 2001 a mentionné au nombre des objectifs de coopération de la CE avec les établissements d'enseignement supérieur des pays tiers la formation de ressources humaines de haute qualité et la promotion de la CE en tant que centre mondial d'excellence. À cet égard, la CE a encouragé la coopération avec des EES dans des institutions de pays tiers ayant déjà atteint un niveau de développement comparable à celui d'institutions de la CE. Le problème du renforcement des capacités des institutions n'ayant pas encore atteint ce niveau de développement n'a pas été abordé. Il n'a pas été fait référence au rôle que pouvaient jouer les diplômés des programmes européens dans l'amélioration des EES de leur pays d'origine.

L'objectif de promotion de la coopération entre établissements d'enseignement supérieur par la mise en place de partenariats avec les institutions les plus avancées des pays tiers a figuré dans les décisions relatives à Erasmus Mundus 2004-2008 (action 3) et Erasmus Mundus 2009-2013 (action 2).

Renforcement des capacités des EES dans les pays tiers

La décision relative à Erasmus Mundus 2004-2008 ne contenait aucune référence au renforcement des capacités des EES dans les pays tiers, ni de manière directe, ni par l'intermédiaire des étudiants ayant bénéficié du programme. La décision établissant EM II fait référence, dans les objectifs spécifiques, à une capacité particulière des EES des pays tiers, à savoir la « capacité de coopération internationale », qui doit être renforcée grâce à des flux de mobilité accrus entre l'Union européenne et les pays tiers. Elle contient aussi d'autres références au développement des pays tiers en matière d'enseignement supérieur, sans pour autant mentionner explicitement s'il s'agit également de celui des institutions et des systèmes d'enseignement supérieur, ou simplement d'individus hautement éduqués.

Erasmus+ établit de manière plus explicite un lien entre les partenariats et le renforcement des capacités des établissements d'enseignement supérieur. Une communication15 de la Commission au Parlement européen établit que « les partenariats internationaux de renforcement des capacités seront essentiels pour aider les pays tiers à améliorer la qualité de leur système d’enseignement supérieur et appuyer leurs efforts de modernisation et d’internationalisation ».

Au fil des ans, les différentes décisions concernant Erasmus Mundus et Erasmus+ ont graduellement consacré davantage d'attention au renforcement des capacités de l'enseignement supérieur dans les pays tiers (y compris en Afrique). La nouvelle caractéristique principale d'Erasmus+ est l'ouverture de l'action en faveur de la mobilité à la mobilité internationale. La mobilité de crédit prévue sur des périodes courtes répond à un certain nombre de préoccupations liées 1) à la fuite des cerveaux et 2) à une meilleure correspondance entre les programmes diplômants en Europe et en Afrique. Elle autorise les procédures de cotutelle et les missions d'enseignement de courte durée.

Par conséquent, il nous a été difficile de trouver par la recherche documentaire des preuves évidentes des effets (volontaires ou involontaires) qu'ont pu avoir les

15 Communication de la Commission au Parlement européen, au Conseil, au Comité économique et social européen et au Comité des régions COM (2013), 499 final

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programmes de la CE sur le renforcement de l'ES dans les pays d'Afrique, que ce soit par la diaspora universitaire ou par les anciens étudiants rentrés dans leur pays d'origine. L'évaluation intermédiaire d'EM II a certes évoqué un nombre limité de cas de fuite de cerveaux. Néanmoins, l'évaluation a conclu qu'il n'existait aucune preuve évidente en faveur de l'hypothèse selon laquelle la promotion de l'excellence de l'enseignement supérieur en Europe serait en contradiction avec l'objectif de développement durable de l'enseignement supérieur dans les pays tiers. Selon cette évaluation intermédiaire, de nombreux acteurs ont suggéré que la partie « développement » du programme pourrait être encore renforcée par une plus grande réciprocité entre les participants de l'UE et des pays tiers. Dans le programme Erasmus+, cette mobilité dans les deux sens est prévue. L'évaluation intermédiaire a de plus indiqué que les résultats des enquêtes, entretiens et études de cas allaient nettement dans le sens de ces conclusions16.

4.2.10 Étude de cas n° 1 : Les institutions françaises et leur implication en Afrique : politiques, mécanismes de financement, objectifs officiels, références officielles à la fuite des cerveaux et statistiques sur le nombre d'étudiants La France possède une longue tradition d'accueil des étudiants internationaux. Celle-ci a pris une forte ampleur depuis les années 1960 et l'accession à l'indépendance des anciens pays d'Afrique colonisés, où des efforts significatifs ont été entrepris afin de former le personnel d'encadrement du secteur privé comme du secteur public, dans toutes les disciplines et tous les secteurs d'activité.

Avec le développement de structures d'enseignement supérieur dans les jeunes États africains, il était, de plus, important d'introduire des programmes d'études similaires à ceux qu'utilisaient les universités françaises, afin de faciliter l'intégration des étudiants africains dans le système français. Cette préoccupation n'a pas cessé lors de la transition vers le système LMD (licence, master, doctorat)17, entreprise à partir de l'année 2000. La préservation et/ou le développement de l'usage de la langue française a également été, et reste, un objectif global dans cet effort de formation du personnel d'encadrement au sein des anciennes colonies françaises. La France a ainsi mis en place des programmes importants de bourses de formation, gérés pour l'essentiel par les ambassades de France dans les pays hôtes, avec pour homologues en France le Centre national des œuvres universitaires et scolaires (CNOUS) et le Centre national des étudiants stagiaires (CIES). Les responsabilités de ces deux organisations ont depuis été confiées à une même entité : CAMPUS France.

Bon nombre de boursiers étaient des candidats individuels, tandis que d'autres étaient présentés par les autorités locales dans le cadre de leur politique affichée de développement de leurs ressources humaines.

Allouées par le Ministère des Affaires étrangères, la plupart des bourses étaient et sont toujours attribuées par les Services de coopération et d'action culturelle (SCAC) des ambassades et des consulats de France à l'étranger. Il existe différents types de bourses :

16 Interim Evaluation of Erasmus Mundus II (2009-2013), 9 March 2012, p. 111 (en anglais) 17 Également appelé système BMD (Bachelor, Master, Doctorate)

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Bourse d’études. Elles sont octroyées aux étudiants inscrits dans un établissement d'enseignement supérieur français en vue d'obtenir un diplôme.

Bourse de stage. D'une durée de 3 à 12 mois en moyenne, ces bourses sont attribuées dans le cadre d'une activité professionnelle, en vue d'une formation, d'un perfectionnement ou d'une spécialisation. Il peut aussi s'agir de bourses linguistiques de courte durée ou de bourses de formation (3 mois) pour les formations approuvées par le Ministère de l'Éducation nationale.

Bourse de séjour scientifique de haut niveau. D'une durée d'un à 3 mois, elles sont octroyées dans le cadre de programmes de recherches et d'échanges culturels, scientifiques, techniques ou industriels de haut niveau.

Le Ministère des Affaires étrangères accorde également des bourses d'études pour certains programmes spécifiques gérés directement par ses services à Paris. Ceux-ci comprennent, par exemple, les :

Bourses d’excellence Eiffel: L'objectif de ces bourses est d'aider les établissements français d'enseignement supérieur à attirer les meilleurs étudiants étrangers. Elles peuvent financer des formations de niveau master et/ou des mobilités de 10 mois dans le cadre d'une cotutelle ou d'une codirection de thèse pour les étudiants issus des pays émergents (Asie, Amérique latine, Moyen-Orient) et les nouveaux États membres de l'UE.

Bourses d’excellence-major : Ces bourses visent les meilleurs élèves étrangers des établissements d'enseignement français à l'étranger, leur offrant la possibilité de suivre un cursus de haut niveau dans l'enseignement supérieur en France. Il s'agit notamment des classes préparatoires aux concours d'entrée des grandes écoles18 de commerce ou d'ingénieurs et des cursus de premier cycle universitaire, qui peuvent se poursuivre jusqu'à la fin du niveau master (bac+5).

Bourses cofinancées MAE/Entreprises : Ces bourses résultent d'accords de partenariat public-privé avec des entreprises françaises (Orange, Crédit agricole, Air liquide, GDF Suez, etc.) afin de développer le développement de l'accueil en France d'étudiants étrangers issus des meilleurs établissements d'enseignement de leur pays d'origine.

En 2010, 15 000 étudiants étrangers inscrits dans l'enseignement supérieur français ont reçu une bourse, pour la plupart octroyées par le gouvernement français, parfois en lien (co-financées) avec le pays d'origine. Sur les 20 dernières années, le nombre de bourses gérées par les SCAC des ambassades a diminué, essentiellement pour des raisons budgétaires. À l'inverse, les pays eux-mêmes mettent en place des programmes de bourses nationaux visant la France ainsi que d'autres pays.

Nous étudierons plus tard les récentes évolutions dans les procédures d'attribution des bourses dans les pays africains concernés par ce projet, et verrons que le problème de perte des ressources humaines dû à l'absence de retour des diplômés dans leur pays est rapidement devenu une source de préoccupation importante pour les autorités françaises et celles des pays hôtes.

18 Établissements d'enseignement supérieur français publics ou privés dans lesquels les étudiants sont admis sur concours.

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4.2.10.1 Les statistiques les plus récentes

Avec 380 376 étudiants africains en mobilité en 2010, l'Afrique et le Maghreb représentent 10 % du nombre total d'étudiants mobiles dans le monde. Le ratio de mobilité (nombre d'étudiants mobiles par rapport au nombre total d'étudiants) est de 6 %, le plus élevé au monde.

En raison de sa longue histoire commune avec l'Afrique et le Maghreb, la France reste le premier pays d'accueil pour le continent, avec 115 195 étudiants, soit 29 % du total de la région. (Campus France, 2013a).

Les étudiants venus du Maroc ont toujours constitué le groupe le plus important d'étudiants étrangers en France, suivis par ceux d'Algérie et de Tunisie. Le Sénégal et le Cameroun font aussi partie des 10 premiers pays d'origine. Au total, dans les universités françaises en 2011-2012, 43 % des étudiants venus d'Afrique et du Maghreb étudiaient au niveau licence, 47 % au niveau master et 10 % au niveau doctorat. Ils suivaient des études scientifiques (31 %), économiques (24 %) et littéraires (19 %).

Différentes raisons expliquent que ces étudiants internationaux aient choisi la France, la qualité de la formation étant l'élément décisif pour 51 % d'entre eux. Ce critère vient juste avant celui de la langue (42 %) et de la réputation des établissements ou des cursus (37 %).

L'origine des étudiants se décompose comme indiqué dans le tableau ci-dessous (Campus France 2013).

Pays d'origine Nbre d'étudiants Pourcentage du total

Maroc 32 104 11,1

Chine 30 349 10,5

Algérie 22 697 7,8

Tunisie 11 909 4,1

Sénégal 8 995 3,1

Allemagne 8 778 3,0

Italie 8 441 2,9

Cameroun 7 401 2,6

Vietnam 6 295 2,2

Espagne 5 907 2,0

Russie 4 984 1,7

Brésil 4 939 1,7

États-Unis 4 700 1,6

Liban 4 563 1,6

Roumanie 4 532 1,6

Côte d'Ivoire 4 493 1,6

Madagascar 4 118 1,4

Gabon 4 095 1,4

Belgique 3 937 1,4

Portugal 3 912 1,4

Autres pays 102 125 35,3

Total 289 274 100,0

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Enfin, les étudiants étrangers représentent 12 % du nombre total d'étudiants sur le territoire français et 41 % de l'ensemble des étudiants en doctorat (sources : MESRS 2014).

4.2.10.2 Systèmes récemment mis en place

L'accueil des étudiants étrangers en France se fait désormais par l'intermédiaire de Campus France (l'agence française pour la promotion de l'enseignement supérieur, l'accueil et la mobilité internationale), en étroite collaboration avec les SCAC des ambassades de France dans les différents pays. Les SCAC assurent le financement des formations et identifient les boursiers potentiels (souvent avec les antennes locales de Campus France présentées ci-dessous), conformément aux besoins exprimés par les pays et à la politique de leur ambassade en la matière. Les informations figurant dans cette partie du rapport consacrée à la France en tant qu'étude de cas sont un résumé des données fournies par les SCAC des ambassades, soit par courrier électronique, soit lors de contacts directs à l'occasion de missions sur le terrain (pour le Burundi, la Côte d'Ivoire et le Bénin).

Campus France met à la disposition des candidats un catalogue complet des formations supérieures françaises (plus de 36 000), consultables sur http://www.campusfrance.org/fr/page/trouver-sa-formation-0. Un moteur de recherche permet de croiser de nombreux critères, tels que le niveau d'enseignement, le domaine ou le pourcentage de cours dispensés en anglais. Pour chaque programme une description du cursus, des diplômes, des conditions d'admission et des objectifs détaillés sont disponibles.

De plus, le moteur de recherche CampusBourse peut être utilisé pour accéder aux informations relatives aux bourses d'études, de recherche, de stage et de voyage octroyées par différentes sources : institutions gouvernementales françaises et étrangères, Union européenne, instances locales, entreprises, fondations et établissements d'enseignement supérieur.

L'agence Campus France participe à l'effort de promotion des études doctorales européennes en coordonnant le projet PromoDoc, financé par la Commission européenne, dans le cadre du programme Erasmus Mundus action 3 destiné aux pays tiers industrialisés. L'objectif de PromoDoc est d'améliorer l'attractivité des études doctorales en Europe, d'améliorer l'information sur les programmes doctoraux et de faciliter l'accès aux études de niveau doctorales auprès des étudiants de pays tiers : Canada, Corée du Sud, États-Unis, Hong-Kong, Japon, Singapour et Taiwan.

PromoDoc est mis en œuvre par un consortium international mené par Campus France et constitué par le DAAD (Allemagne), le Nuffic (Pays-Bas), le British Council (Royaume-Uni), le Conseil européen des doctorants et jeunes docteurs - Eurodoc (Belgique) et l'Institute of International Education - IIE (États-Unis).

Cela donne une idée de la puissance d'intervention de Campus France, qui œuvre très largement à aider les pays africains. Des espaces d'information de Campus France sont ouverts dans les SCAC des ambassades françaises afin de mieux faire connaître les possibilités offertes par le système d'enseignement supérieur français et de diffuser des informations précises et d'actualité sur les conditions d'accueil et d'hébergement des étudiants étrangers en France (en organisant des réunions d'information, etc., dont la dernière s'est tenue à Nairobi). Ces espaces Campus France conseillent également les candidats boursiers dans le choix d'une

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structure d'accueil en France. Dans certains cas (comme au Mali), ils constituent une étape obligatoire avant toute candidature à une bourse du SCAC de l'ambassade.

4.2.10.3 Politique des ambassades de France dans les pays

En dépit des efforts de formation menés aussi bien par la France que par les pays hôtes, la quasi-totalité des ambassades dresse le même constat dans de nombreux pays : les postes de rang élevé ne se renouvellement pas totalement et tout le système éducatif, y compris dans l'enseignement supérieur, souffre d'un certain nombre de difficultés liées à la faiblesse ou à l'absence d'une véritable politique sectorielle visant à fournir au pays le personnel d'encadrement nécessaire à son développement. La formation est devenue un des secteurs prioritaires, voire le secteur prioritaire.

Selon les différents accords conclus avec chaque pays, le soutien français à la coopération se concentre en priorité sur le développement et la mise en œuvre d'une politique sectorielle cohérente dans l'enseignement supérieur et la recherche, en prenant en compte la nécessaire adaptation aux besoins de développement du pays et aux possibilités offertes par le marché du travail.

Dans ce contexte, la coopération française s'organise autour de quatre axes principaux dans le domaine de l'enseignement et de la recherche : 

Le soutien au possible développement de la carte universitaire du pays (création de nouvelles universités avec redistribution des filières de formation, spécialisations régionales, etc.)

L'établissement d'écoles doctorales encourageant le développement de la recherche et la création de pôles d'excellence. Ceci se fait en liaison avec le soutien aux politiques de modernisation et de diversification de l'enseignement, y compris en apportant l'aide et l'expertise nécessaires à la transformation des systèmes traditionnels en programmes se référant à des standards internationaux et européens (le système LMD).

Le soutien financier aux étudiants grâce à des programmes de bourse annuels leur permettant de suivre une formation du niveau licence jusqu'au niveau doctorat. À ce niveau, les SCAC encouragent le développement ou le renforcement de partenariats universitaires avec des établissements français, éventuellement par des projets pluriannuels. Toutes les disciplines sont concernées et la formation d'instructeurs locaux de niveau universitaire est souvent la priorité absolue des pays hôtes.

Les efforts menés pour améliorer la réintégration des nouveaux diplômés dans le marché de l'emploi de leur pays et le soutien aux programmes de professionnalisation mis en place dans les universités locales.

En ce qui concerne le présent projet, en vue de l'accueil et de la formation d'étudiants étrangers en France, les ambassades mettent en œuvre un programme de bourses le plus souvent basé sur deux volets :

Les bourses en alternance pour les formations doctorales, ouvertes aux étudiants et aux jeunes professionnels. Les candidats sont choisis en prenant en compte les disciplines sélectionnées par les accords de coopération universitaire ou la politique de soutien à l'enseignement supérieur du pays hôte. Cela répond en particulier aux exigences du pays dans sa quête d'excellence afin d'assurer la continuité de ses travaux de recherche. Les programmes de formation

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professionnelle sont particulièrement prisés, et à cet égard, l'aide des espaces Campus France locaux s'avère précieuse. Les bourses peuvent être attribuées à des candidats dans le secteur privé comme dans le secteur public dans le cas d'un financement conjoint avec le pays hôte. Le programme standard couvre les frais de séjour (3 à 4 mois par an) et de voyage, les frais d'inscription à l'université, l'accès à un hébergement étudiant à prix raisonnable, l'assurance santé et, dans les régions anglophones, des cours de français à tarif préférentiel auprès de l'Alliance Française. Les candidatures à des bourses de l'ambassade de France ne sont possibles que dans le cadre d'appels à candidature annuels. La pré-inscription dans une université française avec l'accord du responsable de formation (au niveau thèse ou master) est pratiquement obligatoire dans tous les pays. Des comités d'attribution des bourses constitués de représentants du pays d'accueil et de la France sont impliqués dans la sélection finale des boursiers. Enfin, les accords de coopération existant entre l'université française et l'université locale sont très souvent un facteur déterminant dans le choix de l'octroi des bourses.

Les bourses d’excellence, programme développé en partenariat avec le gouvernement local (financement paritaire), s'adressent aux meilleurs bacheliers de l'année et leur permettent de suivre un cursus pouvant aller jusqu'au niveau master (baccalauréat + 5), ou même, dans certains cas et pour certaines disciplines, jusqu'au niveau doctorat. Ce second volet n'existe pas dans tous les pays (Mali, Congo). Néanmoins, selon les SCAC, les systèmes d'enseignement africains étant de moins en moins efficaces (année universitaire commençant en décembre, classes privées de professeurs, enseignants mal formés ou peu motivés, absence de documentation pédagogique ou de recherche), il est de plus en plus difficile pour les Africains d'intégrer les systèmes universitaires français au niveau master ou doctorat. Il est donc nécessaire de permettre aux étudiants disposant du financement nécessaire d'entreprendre leurs études en France après le baccalauréat. Dans les (rares) cas où le nombre de bourses augmente, plusieurs sont ainsi conservées pour les étudiants post-baccalauréat, afin de leur permettre d'intégrer le système français dès la première année d'université.

En parallèle, la France encourage la création d'écoles doctorales locales, ce qui implique nécessairement le développement de la recherche. La France fournit alors une assistance technique aux équipes d'experts locaux dans la préparation de projets de recherche liés au développement et dans la soumission de ces projets au programme de recherche scientifique CORUS, financé par la France. Cette contribution permet, en cas de nécessité, de fournir aux chercheurs et aux universitaires des informations scientifiques et techniques, et participe à la sauvegarde du patrimoine documentaire national. CORUS n'est cependant pas la seule possibilité : les équipes africaines peuvent bénéficier d'un financement appelé Jeune Équipe Associée, et les laboratoires français, d'un programme de LIA (Laboratoire international associé). C'est ce qui a eu lieu récemment dans le domaine de l'écologie terrestre en Côte d'Ivoire (Université d'Abobo Adjamé à Abidjan et Université Pierre et Marie Curie à Paris).

Les établissements de recherche autres que les universités bénéficient d'actions spécifiques, souvent établies en partenariat avec l'Institut de recherche pour le développement (IRD) ou le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD - spécialisé dans l'agriculture des zones tropicales). Une attention particulière est donc portée à l'amélioration des compétences des jeunes chercheurs, qui a pour partie lieu en France.

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Enfin, les SCAC sont impliqués dans l'intégration professionnelle des nouveaux diplômés de retour dans leur pays, notamment en y encourageant la création d'associations d'anciens boursiers et/ou étudiants en France. Dans certains cas, les SCAC apportent même un soutien matériel et financier. Dans plusieurs pays (Mali, Nigeria, Kenya), ces associations ne sont pas de simples structures pour des réunions ou des moments de convivialité, mais aident aussi les étudiants rentrés au pays à trouver leur place sur le marché de l'emploi. Cela est particulièrement vrai dans le cas des diplômés en recherche d'emploi n'ayant pas obtenu de bourses du gouvernement français. Il arrive également que ces associations aident les futurs boursiers à préparer leur départ pour la France.

Comme cela a déjà été souligné, Campus France ne gère pas de base de données relative aux programmes d'études français. Il ne nous a donc pas été possible de contacter les alumni de manière systématique, comme cela a été le cas pour l'étude de cas allemande. Bien qu'il soit particulièrement intéressant de garder le contact avec les alumni, ce sujet n'est abordé que depuis très peu de temps : le 26 novembre 2014, Laurent Fabius, Ministre des Affaires étrangères et du Développement international, et Geneviève Fioraso, Secrétaire d'État à l'Enseignement supérieur et à la Recherche, ont officialisé le lancement de francealumni.fr, le nouveau réseau des anciens étudiants internationaux en France.

La plateforme numérique francealumni.fr a pour ambition de permettre au nombre sans cesse croissant d'étudiants internationaux de garder le contact avec la France, ses écoles, ses universités, ses entreprises et son offre culturelle. Le réseau francealumni.frleur permettra d'échanger, d'accéder à des formations, des bourses d'études, des stages ou des offres d'emploi, et de se tenir informés de l'actualité touristique et culturelle française. Comme indiqué sur sa page d'accueil, ce nouveau site internet devrait également représenter une opportunité intéressante pour le développement international des entreprises et des universités françaises en leur permettant de créer de nouveaux partenariats académiques et économiques avec des alumni.

Longtemps attendue, cette plateforme est désormais gérée et alimentée par Campus France. Elle s'organisera autour d'un site central et de sites locaux, qui seront progressivement lancés par les ambassades de France à l'étranger. Dix de ces sites intégreront la plateforme en 2014 : le Brésil, l'Allemagne, la Colombie, le Gabon, le Japon, la Jordanie, les Philippines, le Koweït, la Turquie et le Vietnam. En 2015, d'autres ambassades françaises rejoindront cette initiative. La plateforme Alumni offrira des services en français et en anglais. Les sites locaux seront également disponibles dans la langue du pays.

Il est intéressant de noter que l'intérêt évident d'un tel portail pour les gouvernements et les universités des pays d'origine des étudiants internationaux ayant étudié en France et qui forment donc la communauté des alumni n'est pas du tout évoqué.

4.2.10.4 Le problème de la fuite des cerveaux

Ce problème est né en même temps que le processus d'attribution de bourses d'études et, pendant longtemps, n'a fait l'objet d'aucun contrôle ni surveillance du côté des programmes d'attribution, pas plus que n'ont été prises des mesures d'incitation à l'égard des nouveaux diplômés afin qu'ils retournent dans leur pays

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d'origine. Les informations sont rares sur le phénomène de fuite des cerveaux consécutif au non-retour dans le pays d'origine.

Une étude menée auprès des étudiants Guinéens en 2010 a révélé que sur l'ensemble de ceux qui avaient obtenu leur diplôme en France, 52 % tentaient de s'installer au Canada ou aux États-Unis, 34 % restaient en France, où ils cherchaient un emploi (pas nécessairement dans leur discipline) et seulement 14 % retournaient travailler dans leur pays (source : entretien avec un responsable du Conseil national des jeunes Guinéens en France, CNJGF).

Également interrogé, un chercheur malgache en France a indiqué qu'environ un quart seulement des diplômés malgaches en France retournaient dans leur pays d'origine. Les autres restent en France, mais très peu exercent une profession en rapport avec leur diplôme ou leur recherche dans l'enseignement supérieur.

80 % des étudiants burundais titulaires d'un doctorat obtenu en France sont restés sur place. Ils ont contribué à la création de l'association Santé France-Burundi qui cherche désormais à s'impliquer (à distance) afin d'améliorer le système de santé dans le pays d'origine de ses membres. On sait qu'il y a aujourd'hui plus de médecins burundais en France et en Belgique qu'au Burundi.

Pour la Côte d'Ivoire, le taux de non-retour était estimé à 50 % dans les années 2000. On considère qu'il s'agit d'un chiffre plutôt bas si l'on tient compte de la crise qu'a connu le pays entre 2002 et 2011, et le fait qu'il n'existait aucune provision contractuelle concernant le retour au pays d'origine. De fait, selon les témoignages recueillis auprès de la diaspora ivoirienne en France et lors de notre mission en Côte d'Ivoire, le recrutement en France est devenu très difficile.

Toujours en ce qui concerne la Côte d'Ivoire, d'après l'un des vétérinaires travaillant au Bureau national des Études techniques, on compte 200 vétérinaires dans ce pays, contre environ 50 médecins vétérinaires ivoiriens en France. Seul l'un d'eux est enseignant, quelques autres travaillent dans d'autres professions et beaucoup sont sans emploi.

Le ratio alumni/diaspora peut varier d'une discipline à une autre. Au fil des années, une diaspora ivoirienne s'est constituée dans le système d'enseignement supérieur français, mais de façon différente selon la discipline. Ce phénomène est surtout marqué en physique et, dans une moindre mesure, en chimie. La principale raison à cela est le manque de structures d'accueil et de ressources en laboratoire en Côte d'Ivoire. Un(e) mathématicien(ne) a moins besoin d'outils logistiques très spécifiques et pourra donc retourner plus facilement dans son pays. Les chercheurs en science du vivant disposent également de certaines commodités, comme la présence de l'environnement naturel, et peuvent jouer un rôle complémentaire auprès des équipes européennes. Les chercheurs ivoiriens en sciences du vivant sont donc moins nombreux en France. Ce constat vaut pour d'autres pays : Bénin, Gabon et Cameroun.

Il est difficile de quantifier la diaspora universitaire d'Afrique subsaharienne en Europe. Il semble pourtant que, contrairement à ce que l'on pourrait attendre, son nombre est limité. Sur le site de l'université de Toulouse, qui accueille près de 4 000 chercheurs boursiers, on ne compte qu'une trentaine de membres du corps enseignant originaires de cette région du monde. Dans une université voisine (Université de Pau et des Pays de l'Adour), sur 759 chercheurs boursiers, seuls 3 viennent d'Afrique subsaharienne. Un facteur supplémentaire fait obstacles aux

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contacts avec les membres de la diaspora : leur désir de se faire le plus discrets possible. Certains ignorent même l'existence d'une association d'alumni de leur pays au sein de la ville où ils vivent.

Au niveau national, sur 92 000 chercheurs boursiers travaillant dans l'enseignement supérieur en France, 3 400 sont issus de pays étrangers, toutes nationalités confondues, soit 3,7 % au total. En extrapolant, on peut donc en déduire que la diaspora africaine ne peut représenter plus de 1 % de ce chiffre, soit 900 étudiants boursiers issus de la diaspora africaine en France.

Plusieurs pays d'Afrique touchés par le problème de fuite des cerveaux stipulent que leurs citoyens recevant une bourse nationale ou une bourse co-financée par un bailleur devraient signer une clause impliquant le remboursement de l'argent octroyé, dans le cas où ils ne reviendraient pas au pays (suivant l'exemple actuel du Burundi, jadis celui du Cameroun et de la République du Congo, uniquement pour les bénéficiaires de bourses intégralement financées par leur gouvernement). Plus généralement, on constate l'émergence de clauses de retour contractuelles stipulées par le pays d'origine (l'UE n'ayant pas vocation à émettre de telles contraintes, sauf en lien avec le pays hôte).

La fuite des cerveaux peut être ralentie en encourageant les spécialisations dans les pays africains eux-mêmes. La CTB (coopération belge) finance des bourses d'études au Burundi (dans toutes les disciplines) à destination non pas du nord (la Belgique), mais du sud : Dakar, Abidjan et Yaoundé. Les spécialisations médicales destinées aux futurs Burundais titulaires d'un doctorat augmentent en Afrique : Yaoundé, Dakar, Abidjan, Kampala, Afrique du Sud (témoignages de collègues burundais et du Ministère burundais de l'enseignement supérieur et de la recherche).

4.2.11 Étude de cas n° 2 : Les institutions allemandes et leur implication en Afrique : politiques, mécanismes de financement, objectifs officiels, références officielles à la fuite des cerveaux et statistiques sur le nombre d'étudiants Le DAAD est le plus important organisme de financement d'échanges internationaux destiné aux étudiants et aux scientifiques du monde entier.19Son siège est situé à Bonn et il dispose également d'un bureau central à Berlin. Il existe par ailleurs plusieurs antennes régionales et centres d'information à travers le monde. Depuis sa création en 1925, le DAAD se targue d'avoir soutenu près d'1,5 million d'universitaires au total. (DAAD 2013b) Il rassemble les établissements d'enseignement supérieur allemands et les représentants des étudiants. En 2013, cela représentait 90 universités, 149 facultés et 122 représentations étudiantes. (DAAD 2014d)

Les objectifs stratégiques du DAAD sont au nombre de 5 : encourager les meilleurs jeunes étudiants et universitaires étrangers à venir étudier et faire de la recherche en Allemagne, permettre aux jeunes chercheurs et professionnels allemands d'intégrer les meilleurs établissements mondiaux, améliorer la vocation internationale et l'attractivité des établissements d'enseignement supérieur allemands, encourager l'étude de la langue, de la littérature et de la culture

19 Cette partie s'appuie sur le mémoire de master non publié soumis par Nora Schmitt-Güngerich en juillet 2014 à l'université de Leipzig, sous la supervision de Matthias Middell.

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allemandes dans les universités hors d'Allemagne et aider à l'établissement de systèmes d'enseignement supérieur efficaces dans l'ensemble des pays du Sud et dans les pays de l'ancien bloc de l'Est. L'action principale du DAAD afin d'atteindre ces objectifs est l'attribution de bourses aux étudiants et aux jeunes scientifiques à la fois entrants et sortants. Il existe une grande diversité de programmes boursiers, qui vont du soutien aux étudiants de premier cycle désireux de partir à l'étranger pour une année d'étude jusqu'aux financement de programmes de doctorat. Le DAAD soutient les stages, les postes de maître de conférence, les missions de collecte d'information et même la création de nouvelles universités hors d'Allemagne. La décision d'attribution d'une bourse est prise par une commission volontaire et indépendante, nommée par le comité exécutif. (DAAD 2013b) Les pays africains font donc partie des nombreux pays cibles à travers le monde et ce n'est que récemment que le DAAD a développé une stratégie propre à l'Afrique.

Au cours des dernières années, l'action du DAAD s'est étendue à de nouveaux domaines et à de nouvelles modalités de soutien aux échanges universitaires internationaux, qui devraient conduire « à une meilleure compréhension mutuelle, et par conséquent à la paix, ouvrant ensuite la voix au progrès social et politique. » L'objectif envisagé est par conséquent celui d'une « université transnationale » (DAAD 2013d : 19) dans une société mondiale du savoir, au sein de laquelle le DAAD joue le rôle d'organisme intermédiaire. (DAAD 2012, 2013d, 2014g)

Le DAAD utilise différentes stratégies dans son implication pour l'enseignement supérieur en Afrique. Celles-ci s'adressent aussi bien aux individus qu'aux institutions elles-mêmes : les bourses octroyées aux étudiants et aux chercheurs se complètent d'un soutien financier et d'un rôle de conseil auprès des établissements. Depuis 1962, le DAAD soutient les études de nationaux africains au sein d'établissements d'enseignement supérieur en Afrique avec des bourses baptisées « Sur-Place-Scholarships ». (DAAD 2009) Le nombre de bourses attribuées aux étudiants africains a augmenté de façon constante, notamment au cours des dix dernières années. À compter de 2005, le nombre d'étudiants a doublé, pour atteindre le chiffre de 4 200 étudiants africains bénéficiaires d'une bourse en 2012, et le DAAD revendique un réseau de plus de 25 000 alumni en Afrique subsaharienne. (DAAD 2014a : 4) Les pays les plus représentés parmi l'ensemble étant l'Éthiopie, l'Afrique du Sud ou le Kenya.

Les premières antennes africaines du DAAD ont ouvert en 1960, avec la création d'un premier bureau au Caire, en Égypte. Le second a ensuite été créé à Nairobi, au Kenya, en 1973. Outre ces annexes, 5 centres d'information ont été ouverts à Accra (Ghana), Addis-Abeba (Éthiopie), Johannesburg (Afrique du Sud), Tunis (Tunisie) et Yaoundé (Cameroun). (DAAD 2009, 2013a) 2009 a vu l'ouverture des deux premiers des cinq « centres d'excellence » en Afrique du Sud et en Namibie. Ces derniers sont des instituts sélectionnés au sein d'universités en Afrique, auxquels le DAAD octroie un nombre limité de bourses d'études de niveau master et doctorat. Une fois diplômés, les étudiants peuvent s'investir dans les domaines de la recherche sur le développement, le droit, la logistique et la microfinance. Il existe également des programmes bilatéraux tels que le programme « Bienvenue en Afrique » qui, depuis 2012, vise à renforcer la coopération en matière de recherche entre les universités allemandes et africaines.

Tous ces programmes incluent, à des degrés divers, des éléments qui encouragent et donnent aux alumni les moyens de s'impliquer dans les systèmes

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d'ES en Afrique. Dans certains cas, l'orientation vers le développement des capacités se fait de façon directe grâce aux compétences individuelles des étudiants boursiers, dans d'autres cas, grâce au développement de programmes diplômants conjoints ou de l'implication d'universités allemandes en Afrique même.

Cet engagement de longue date du DAAD a culminé dans l'ambitieuse Stratégie pour l'Afrique adoptée en mai 2014. Le nouveau document de politique s'appuie sur une étude d'évaluation commandée à M. Damtew Teferra concernant la situation actuelle de l'enseignement supérieur en Afrique, étude ensuite développée dans d'autres réunions et discussions entre des représentants du DAAD et les acteurs africains.

L'Afrique subsaharienne semble se trouver actuellement dans une phase prometteuse de profonds changements socio-économiques. De nombreux pays y connaissent des taux de croissance relativement élevés et des organismes internationaux, comme la Banque mondiale, annoncent que cette tendance va se poursuivre. Dans certains pays, on estime que la demande de produits de base est le moteur de ce développement, tandis que dans d'autres, les principaux facteurs de croissance identifiés sont la stabilité du cadre politique et l'accroissement d'une classe moyenne consommatrice. (DAAD 2014a : 2) Malgré ce développement positif, le DAAD identifie plusieurs problèmes sérieux dans le secteur de l'enseignement supérieur. Il est dépeint comme un secteur marqué par des dizaines d'années d'insuffisance de financement, qui ont fini par aboutir à des infrastructures en mauvais état, un manque de personnel, aussi bien en termes de qualité que de quantité et une pénurie de jeunes universitaires. Les éléments les plus problématiques concernent le faible nombre d'activités de recherche indépendantes, l'absence globale de standards de qualité et le manque de gouvernance politique. Alors que le taux d'admission est relativement faible par rapport à d'autres régions du monde, on observe un phénomène assez nouveau de surpopulation des universités avec, à la clé, un nombre toujours plus important de diplômés. (DAAD 2014a : 2

Pour le DAAD, il est clair que la responsabilité de la résolution des problèmes de l'enseignement supérieur en Afrique incombe aux gouvernements et aux établissements eux-mêmes. Les différentes mesures et activités soutenues par le DAAD ne peuvent représenter qu'un complément à leurs actions. (DAAD 2014a : 4) Néanmoins, le DAAD souligne que le grand potentiel de développement en Afrique peut bénéficier de son soutien. (DAAD 2014a : 1) Il suggère ainsi la mise en place d'une initiative allemande en collaboration avec l'Afrique, une « offensive éducative basée sur le partenariat » (DAAD 2014a:1). L'objectif déclaré du DAAD dans cette entreprise serait le développement de l'enseignement supérieur dans les domaines de l'enseignement, de la recherche et de l'amélioration des établissements. (DAAD 2014a:1) Dans le contexte de notre étude, trois des domaines visés par cette stratégie pour l'Afrique s'avèrent particulièrement pertinents.

Il s'agit, en premier lieu, de l'activité qui constitue traditionnellement le cœur même du DAAD : l'enseignement et la formation dispensée aux jeunes étudiants d'université. Cela concerne les bourses d'études de niveau master et doctorat attribuées pour une période donnée, soit par un établissement en Allemagne, soit par une université compétente en Afrique. Cette activité s'exerce déjà, comme nous l'avons mentionné auparavant, et doit être étendue de manière significative.

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L'objectif principal est ici de participer à la formation de personnel qualifié et de personnel d'encadrement, en particulier dans le cadre d'une carrière universitaire. le DAAD veut contribuer à la qualification de 1 000 postes de personnel universitaire supplémentaires. Pour ce faire, des formations didactiques, en gestion de projet et gestion universitaire font partie intégrante du programme de doctorat du DAAD. De plus, des programmes de bourses du gouvernement, des services d'enseignement post-universitaire dans les universités partenaires et le soutien à la réintégration de post-doctorants dans les universités africaines après un séjour à l'étranger sont prévus. (DAAD 2014a : L'une des priorités de l'initiative allemande est visiblement le soutien apporté aux alumni des programmes de bourses afin de les préparer à avoir un impact sur le système de l'ES dans leur pays d'origine.

Le deuxième élément est l'encouragement, au sein des universités africaines, de l'amélioration des capacités à destination de l'enseignement supérieur et de la recherche, par l'intermédiaire de programmes tels que les « centres d'excellence » et « Bienvenue en Afrique » mentionnés plus haut. (DAAD 2014a : 5)

Troisième point : la pertinence sociétale de l'enseignement supérieur doit être encouragée. Les diplômés de l'enseignement supérieur sont censés pouvoir être des acteurs efficaces dans le développement de la société par le biais de programmes adaptés au marché du travail, de recherche appliquée et d'activités de consultants, de transfert de connaissances dans l'économie en général et dans les activités des alumni en particulier, ainsi que par une expertise avérée en matière de droit et de sciences sociales. Certains programmes déjà en cours, qui bénéficient de moyens financiers donnés au DAAD par le BMZ (Ministère fédéral pour la coopération et le développement) sont ainsi baptisés « Praxispartnerschaften », « Fachbezogene Hochschulpartnerschaften » « Partnerschaften für den Gesundheitssektor in Entwicklungsländern (PAGEL) ». Le programme DIES (dialogue sur les stratégies innovantes pour l'enseignement supérieur) joue par ailleurs un rôle consultatif dans des sujets liés à l'assurance qualité, la gestion des universités et l'acquisition de fonds pour les universités africaines. (DAAD 2014a : 6) Tous ces programmes visent l'impact direct de leurs alumni sur des secteurs spécifiques de la société du savoir et l'ES en particulier.

Le DAAD souligne également le fait qu'à court terme, l'augmentation du nombre d'étudiants ne pourra pas se faire en investissant uniquement dans les universités africaines, mais également via des séjours d'études menés par des Africains vers d'autres régions. De plus en plus d'Africains de la classe moyenne ont les moyens financiers de partir en Allemagne pour y obtenir un diplôme universitaire, et des stratégies marketing sont en cours pour encourager les étudiants capables de financer leurs études à venir en Allemagne. (DAAD 2014a:7)

On peut interpréter la nouvelle stratégie pour l'Afrique formulée par le DAAD comme l'évolution d'une internationalisation traditionnelle vers des engagements transnationaux au sein de la société mondiale des connaissances, et comme une réponse à certains des problèmes posés par les outils traditionnels lorsqu'on souhaite obtenir un impact direct et massif des alumni sur les systèmes d'ES africains.

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4.3 Aperçu global des politiques menées auprès de la diaspora par les pays africains Plusieurs pays d'Afrique s'emploient aujourd'hui à mobiliser leur diaspora universitaire et à identifier les mécanismes qui motivent les diplômés africains à retourner dans leur pays d'origine.

Au moins 32 pays africains ont créé des bureaux spécialement dédiés à la gestion des affaires de la diaspora. Ces institutions ont été établies à différents niveaux. Dans plusieurs pays, les affaires de la diaspora sont gérées au niveau ministériel. On peut citer par exemple : Le Ministère sénégalais des Affaires de la diaspora, le Ministère des Maliens de l'extérieur et de l'Intégration africaine, le Ministère des Affaires étrangères, de l'Intégration africaine, de la Communauté francophone et des Béninois de l'extérieur, le Ministère de la diaspora et des Affaires de la communauté en Somalie et le Ministère des Affaires sociales, de la Solidarité et

des Tunisiens de l'étranger.20 Dans d'autres pays, les affaires de la diaspora sont gérées à un niveau sous-ministériel par des directions, comme par exemple : la Direction générale des Affaires des expatriés éthiopiens (EA), la Direction des Affaires de la diaspora kenyane, la Direction des Affaires de la diaspora au sein du Ministère des Affaires publiques et présidentielles (MOPPA) de Sierra Leone et la Division de la Diaspora auprès du Ministère des Affaires étrangères en Ouganda.

Il existe également d'autres structures :

en Sierra Leone, où un Bureau de la diaspora est rattaché directement au Bureau du Président.

au Maroc, qui dispose d'une Délégation ministérielle pour le Premier Ministre chargée des Marocains résidant à l'étranger.

Il existe de plus, dans certains pays, des institutions quasi gouvernementales pour la diaspora, comme, par exemple :

le Haut Conseil des Maliens de l'Extérieur, chargé de maintenir des contacts directs avec les Maliens de l'étranger et de représenter la diaspora au Mali.

la Fondation Hassan II pour les Marocains résidant à l'étranger.

Selon l'African Diaspora Policy Centre, l'efficacité de bon nombre de ces

institutions est limitée, en raison de contraintes liées à la capacité21, notamment :

le manque de connaissances suffisantes et d'informations adaptées à leurs besoins spécifiques en matière d'élaboration des politiques ;

une exposition limitée aux meilleures pratiques et aux leçons tirées des expériences d'autres pays, aussi bien en Afrique qu'ailleurs ; et

un manque de compétences techniques pour élaborer un document de stratégie sur la migration et le développement (MDSP) à l'échelle nationale (MDSP) qui pourrait se traduire par des interventions stratégiques et des actions réalisables.

20 Dovellyn Rannveig Aguinas, « Committed to the Diaspora: More Developing Countries setting up Diaspora Institutions, 2009) » (en anglais) 21 Report from the ADPC Training Workshop Capacity Building for Policymakers serving in the Newly-formed Diaspora Ministries in Africa , African Diaspora Policy Centre, Accra, 22-27 November 2010 (en anglais)

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En vue de faire naître l'implication de la diaspora et de créer des boulevards dans lesquels celle-ci pourrait s'engager en faveur du développement de son pays, les pays ont élaboré un large éventail de mesures, parmi lesquelles :

le vote de lois accordant à leurs citoyens résidants à l'étranger le droit de vote (Ghana) et l'assouplissement des exigences nécessaires en matière de visa pour la diaspora (Ghana, Kenya, Éthiopie) ;

la mise en place de bases de données rassemblant des informations sur la diaspora ;

la création de fonds auxquels la diaspora est invitée à contribuer (le Fond Agaciro au Rwanda) ;

l'émission d'obligations-diaspora afin de financer des projets d'infrastructure ou de développement spécifiques. (Les obligations-diaspora sont des IOU (« I owe you ») ou des reconnaissances de dette émises par le gouvernement, qui s'engage à payer à leurs acheteurs des intérêts périodiques et leur valeur nominale à date d'échéance. L'Éthiopie, le Kenya et le Rwanda ont utilisé ce système avec des résultats mitigés) ;

la mobilisation de l'expertise de la diaspora au service du développement.

Ce dernier point est particulièrement pertinent dans le contexte de cette étude, même s'il faut noter que la valeur de la diaspora en tant que source d'un capital humain et social reste sous-estimée, tandis que son rôle en tant que source de

capitaux financiers attire davantage l'attention22. Le Mali est un bon exemple de cette mobilisation de l'expertise de la diaspora en faveur du développement. Ce pays a adopté un programme sous l'égide du programme de transfert des connaissances par l'intermédiaire des expatriés (TOKTEN). Le concept TOKTEN a été développé dès 1977 par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et mis en œuvre dans 50 pays d'Afrique, d'Amérique du Nord et d'Europe. Il permet à des professionnels de la diaspora de retourner dans leur pays d'origine pour des missions de courte durée en tant que consultants. Ces missions peuvent inclure le renforcement des établissements d'enseignement supérieur. Le programme TOKTEN au Mali est financé par une subvention du Fonds de développement institutionnel (IDF) de la Banque mondiale. Il se concentre spécifiquement sur l'amélioration de l'enseignement supérieur dans les domaines liés à la révision des programmes, à la pédagogie et à l'apprentissage à distance. Dans le cadre de ce projet, le Ministère chargé des Maliens vivant l'étranger et le Ministère de l'Enseignement supérieur invitent les enseignants maliens de la diaspora à aider l'Université de Bamako à créer une bibliothèque virtuelle et à établir le contact avec les universités étrangères.

D'autres modalités de mobilisation de l'expertise de la diaspora en faveur du développement se concentrent sur les réseaux. On peut distinguer deux approches dans la manière de s'impliquer dans des réseaux :

la création de réseaux de la diaspora ou de réseau de soutien à celle-ci, comme par exemple le South African Network of Skills Abroad (SANSA), ou le Nigerian Experts and Academics in the Diaspora Scheme (NEADS), initiative de la National Universities Commission.

le ralliement à des réseaux de la diaspora à l'étranger. Une récente étude de l'EADPD (Plateforme Europe-Afrique pour développement de la diaspora) a

22 E-Policy brief Nr 9 « Diaspora engagement: Missions to Angola, Cameroon, Ethiopia, Morocco and Senegal »

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identifié 78 organisations de la diaspora basées en Europe actives dans l'enseignement et le développement des capacités en Afrique, dont 27 en France, 13 au Royaume-Uni, 12 en Allemagne, 10 en Belgique et 6 aux

Pays-Bas23. Selon une étude précédente24 de l'ADPC (African Diaspora Policy Centre), les relations entre la diaspora et les institutions politiques dans son pays restent « essentiellement informelles, ad hoc et sporadiques ». Le rapport conseille davantage d'institutionnalisation des relations entre la diaspora africaine et les gouvernements des pays d'origine de ses membres. Des efforts d'orientation doivent être fournis en ce sens par les gouvernements africains et par les gouvernements des pays hôtes en ce qui concerne les organisations de la diaspora. Le Royaume-Uni est un particulièrement bon exemple de pays disposant d'une stratégie politique nationale visant à impliquer les organisations de la diaspora dans le développement.

Il faut tenir compte du fait que retourner dans son pays d'origine était beaucoup plus difficile autrefois qu'aujourd'hui, dans la mesure où rien ne garantissait que l'on pourrait retrouver son poste à l'issue de la formation. Il fallait alors une bonne dose de motivation (et parfois de chance) pour s'intégrer dans le tissu professionnel national. Aucune aide structurée n'existait à l'époque.

Différents types de mécanismes ont été élaborés afin de mobiliser les membres de la diaspora ou les inciter à retourner dans leur pays d'origine.

une clause contractuelle de retour stipulée par le pays d'origine ;

l'intégration de la formation professionnelle dans l'évolution de carrière (par exemple, la garantie offerte aux jeunes universitaires de retrouver leur travail avec une promotion à la clé) ;

des incitations en matière de salaire, avec une augmentation significative de celui-ci afin d'être compétitif face aux pays voisins. C'est le cas du Burundi, qui attire les universitaires des pays voisins, tels le Rwanda et la RDC, mais pas sa diaspora vivant en France.

Mécanismes d'incitation potentiels

Au nombre des possibles mesures d'incitation, on peut mentionner celles présentées ci-dessous, sans qu'il s'agisse pour autant d'une liste exhaustive.

La mise en place de conditions de travail matérielles adaptées ou l'engagement, ferme et fiable, de les mettre en place ;

La mise à disposition de ressources de recherches qui, sans être nécessairement coûteuses, constituent le minimum nécessaire pour mener à bien des travaux de recherche significatifs ;

La disponibilité d'un bureau. Cela peut paraître trivial, mais représente un vrai problème dans beaucoup d'universités aux bâtiments anciens et sous-dimensionnés ;

Des garanties d'intégration dans un tissu humain permettant aux chercheurs universitaires d'exercer normalement leur activité ;

2323 Diaspora Organisations as Strategic Agents of Development, EADPD Project, African Diapora Centre 2014 (en anglais) 24 « Building institutional cooperation between the diaspora and homeland governments in Africa », ADPC Policy Brief, June 2010 (en anglais)

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Des garanties sur la possibilité de maintenir des contacts avec l'extérieur grâce à de la formation continue, à des stages courts, des congrès, des séminaires, etc.

De manière générale, selon plusieurs témoignages rassemblés au cours de nombreuses missions, y compris celui de l'ancien président d'une université ivoirienne, il est nécessaire de parvenir à une masse critique en termes de ressources humaines, comme en termes de moyens matériels et financiers, et d'équilibrer ces deux éléments. Il ne sert à rien d'avoir 15 chercheurs dans un laboratoire si chacun d'eux ne dispose pas de son propre bureau (expérience vécue). L'absence de garanties sur cette masse critique (qu'il s'agisse de ressources humaines ou matérielles) représente un frein au retour, même si un emploi est assuré.

L'administration publique de nombreux pays africains recrute des professeurs d'université (exemples du Burundi, du Bénin et de la Côte d'Ivoire), sans s'assurer qu'ils disposeront d'installations de travail adaptées. Le recteur de l'université d'Abomey Calavy (Bénin) a déclaré lors de l'entretien :

« Je couvre le salaire de mes enseignants et je fais ce que je peux pour qu'ils puissent assurer leurs cours. C'est à eux de chercher des fonds pour le développement de leur laboratoire et de leurs activités de recherche. »

La difficulté à mener des programmes de recherche dans des disciplines qui attirent peu de financement représente par conséquent un obstacle majeur au retour. Sans une production scientifique aux standards internationaux, toute promotion, avec l'augmentation de salaire et le changement de grade associés, est impossible.

Un autre aspect concerne l'application sérieuse des règles de promotion. Le Conseil africain et malgache pour l'enseignement supérieur (CAMES) dispose ainsi d'un système très développé d'assurance qualité dans l'enseignement supérieur (système qui inclue la certification du personnel académique). Les règles fixées par le CAMES, qui gère les carrières des chercheurs dans plusieurs pays d'Afrique centrale et de l'Ouest, s'appliquent de manière très stricte en ce qui concerne le nombre de publications internationales nécessaires pour obtenir les différents grades de la hiérarchie universitaire.Chaque année, des Comités se rassemblent autour des différentes disciplines et les dossiers des candidats (qui doivent suivre le format spécifique exigé par le CAMES) sont évalués. Il faut ainsi pouvoir justifier de 8 publications internationales au cours des 4 dernières années pour être reconnu comme maître de conférences.

L'une des failles du CAMES est qu'il n'a aucun moyen d'imposer la promotion effective du candidat dans son pays, puisque celle-ci dépend de la situation financière du pays.

Il est évident que ce type d'incertitude représente un obstacle pour les universitaires de la diaspora qui envisagent de rentrer dans leur pays, car ils pensent que ceux qui sont déjà en poste dans les établissements ont un avantage sur ceux qui remplissent certes mieux les critères fixés officiellement, mais qui viennent de l'extérieur.

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Dans le même temps, il nous a souvent été répété que de nombreux membres de la diaspora, potentiellement candidats au retour, attendaient les résultats électoraux.

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5 SYNTHÈSE DES DONNÉES COLLECTÉES LORS DES

ENTRETIENS MENÉS DURANT LES MISSIONS D'ÉTUDE

L'étude documentaire réalisée au chapitre précédent sur les efforts actuellement fournis par les pays d'Afrique pour mobiliser la diaspora universitaire africaine a montré qu'il existait un grand nombre d'idées et de concepts relatifs à l'implication de cette diaspora. Cependant, les documents d'orientation officiels au niveau des gouvernements sont rares. Il s'est donc avéré nécessaire d'étudier plus en détail quelques pays d'Afrique au regard des discussions et des discours actuels concernant l'implication possible des universitaires de la diaspora africaine, des efforts fournis par ces pays africains dans la mobilisation de la diaspora et des contraintes relatives à cette mobilisation, ainsi que de l'état de leurs systèmes d'enseignement supérieur respectifs.

5.1 Éthiopie Le premier pays sur lequel nous nous sommes penchés de plus près est l'Éthiopie. Au sein de l'échantillon constitué pour notre étude en ligne, les Éthiopiens constituaient l'un des groupes les plus importants, aussi bien au niveau des alumni d'Erasmus Mundus que de ceux du DAAD.

Le système d'enseignement supérieur en Éthiopie est constitué d'universités, de centres d'enseignement supérieur, d'écoles et d'instituts et reconnaît 4 types de diplômes : baccalauréat, premier degré (licence), second degré (master) ou spécialisation médicale et un niveau doctorat. Un établissement d'enseignement supérieur constitue une université dès lors qu'il est capable d'accueillir au moins 2 000 étudiants, qu'il délivre depuis 4 années consécutives des diplômes aux étudiants en tant qu'école ou centre d'enseignement supérieur accrédité, qu'il

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dispose d'au moins 3 facultés différentes, qu'il mène des recherches dont les résultats sont publiés et qu'il possède les installations requises.25

En 2003, le parlement éthiopien a voté en faveur de la nouvelle proclamation sur l'enseignement supérieur, ouvrant ainsi la voie à de nombreuses réformes ultérieures. Le Ministère de l'Éducation, en tant que principal organisme gouvernemental en charge de l'enseignement supérieur, s'est vu confier la tâche de mettre en œuvre les objectifs principaux : augmentation de l'autonomie, introduction de nouveaux cursus diplômants pour répondre aux besoins du marché du travail, développement de programmes de troisième cycle et accroissement des ressources pédagogiques.26

Le Ministère de l'Éducation travaille en coopération avec le Ministère du Service civil sur le programme University Capacity Building Program (UCPB - Programme d'amélioration des capacités des universités), pour lequel le German Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ) a été contractuellement chargé de la mise en œuvre et de la gestion de projet. L'UCBP est un projet gigantesque qui prévoit la construction de 13 universités sur 15 sites répartis dans toute l'Éthiopie, afin de développer et de décentraliser géographiquement le système d'enseignement supérieur éthiopien pour le rendre accessible à un plus grand nombre de personnes.27

En 2014, l'Éthiopie disposait de 31 universités pour une population de 72 millions d'habitants.28Outre les établissements publics, on y trouve 59 établissements privés d'enseignement supérieur, dont 38 sont situés dans la capitale, Addis-Abeba. Soit, au total, plus de 90 établissements d'enseignement supérieur.29On attend de cette distribution géographique qu'elle renforce l'autonomie déjà grandissante des établissements d'enseignement supérieur. Un autre moteur de la réduction de l'influence du gouvernement central est la nécessité de développer des stratégies individuelles pour les universités nouvellement créées, afin de les rendre compétitives sur le marché éthiopien et au-delà. Les présidents d'université ont commencé à développer différentes stratégies sur la manière de participer à la société mondiale des connaissances.

Les efforts énormes du gouvernement pour développer le secteur de l'enseignement supérieur se traduisent dans les chiffres des admissions sur les 15 dernières années. Le nombre d'étudiants inscrits est désormais plus de dix fois supérieur à celui de 1995. Le niveau de cette croissance varie selon les années, et le taux de 35 % d'augmentation enregistré en 2008-2009 est le plus important sur toute la période considérée. Le nombre d'étudiantes admises est passé de 20 % en 1995 à 27 % en 2009. Ce dernier chiffre ne représente qu'un progrès assez limité et doit encore être amélioré. Une action positive a depuis été mise en œuvre et des bureaux créés dans de nombreuses universités afin de soutenir les étudiantes, mais l'augmentation significative du nombre d'étudiantes nécessite un profond changement des règles de la société.

25 Federal Negarit Gazeta: Proclamation No. 351/2003. http://ethiopianlaw.weebly.com/uploads/5/5/7/6/5576668/proc_no._351-2003_higher_education.pdf (14 octobre 2011). (en anglais) 26 Ministry of Education : http://www.ucbp-ethiopia.com/e508/e902/ (12 octobre, 2011). 27 University Capacity Building Programme. http://www.ucbp-ethiopia.com/ (13 octobre, 2011). 28 http://www.moe.gov.et/English/Information/Pages/pubuni.aspx (21 août 2014). 29 Ibid.

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Les chiffres disponibles les plus récents sur le nombre d'étudiants dans les établissements d'enseignement supérieur datent de l'année 2009/2010, avec 434 659 étudiants admis. Il est frappant de constater que les étudiants de premier cycle représentent 97 % du total, ce qui reflète le niveau de développement embryonnaire de l'enseignement supérieur dans le pays. Une grande partie des étudiants actuellement en premier cycle vont rapidement chercher un programme de master, puis de doctorat, et représentent ainsi un groupe cible plus important pour les programmes envisagés. 18 % des étudiants sont inscrits dans des établissements privés ; ce qui signifie que la majeure partie d'entre eux suit les cursus des établissements publics d'enseignement supérieur. Les étudiantes représentent 27 % du nombre total d'étudiants, 12 % des étudiants de troisième cycle et 6 % des étudiants de doctorat.

Dans la capitale éthiopienne, nous avons eu la chance de pouvoir nous entretenir avec des représentants officiels de l'université d'Addis-Abeba, des membres de divers établissements, des étudiants en doctorat ayant terminé leurs études en Éthiopie ou à l'étranger et des représentants d'une association d'alumni éthiopiens issus d'universités étrangères qui cherchent actuellement des moyens de retourner dans le système d'ES du pays ou, du moins, d'avoir un contact plus étroit avec ses EES. Nous avons, de plus, discuté du problème abordé dans notre rapport avec des politologues et des sociologues éthiopiens qui mènent des recherches sur la migration depuis et vers ce pays.

Dans l'ensemble, les résultats de notre mission à Addis-Abeba (du 28 octobre au 5 novembre 2014) ont confirmé certains enseignements importants de l'enquête et d'autres missions d'étude. Le pourcentage d'Éthiopiens ayant étudié à l'étranger et désireux de revenir dans leur pays d'origine est très élevé. Ce qui diffère de certains autres pays est que le nombre de ceux qui parviennent à réaliser ce rêve semble, lui aussi, relativement élevé. Ils réagissent à l'investissement massif du pays dans l'enseignement et à la création de nouvelles universités. Le plan, diffusé par le gouvernement, d'augmentation massive du nombre de titulaires d'un doctorat sur les 5 à 10 prochaines années fait naître l'espoir d'un nombre croissant d'opportunités, et les « sucess stories » autour de ceux qui sont rentrés sont racontées à de maintes occasions. Cependant, il ne semble pas encore exister de coordination rigoureuse des politiques à cet égard. La plupart des décisions sont prises de façon ponctuelle et au niveau local par les autorités compétences, avec le soutien du gouvernement central dans certains cas individuels.

Une association s'est créée, à l'initiative de plusieurs personnes revenues en Éthiopie, mais restées en contact étroit avec les universités étrangères où ils ont obtenu leur doctorat et avec d'autres diplômés. Cette association sert de plateforme d'échange sur les expériences individuelles. Ses objectifs sont les mêmes que ceux des réseaux informels que nous avons rencontrés dans d'autres pays africains. Il nous semble que ces associations, qu'elles soient formalisées ou non, représentent une opportunité encore sous-exploitée de profiter d'une articulation collective des intérêts et des préoccupations de personnes désireuses de retourner dans le système d'ES en Afrique. Elles permettent également d'avoir une connaissance des besoins concrets des jeunes universitaires souhaitant rentrer et intégrer le système d'ES bien meilleure que celle de bon nombre d'acteurs politiques abordant la question.

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Tous ceux à qui nous avons parlé du sujet de ce rapport nous ont confirmé que les établissements éthiopiens, tout comme les Éthiopiens ayant étudié à l'étranger, s'intéressaient à l'amélioration des mécanismes leur permettant d'entrer en contact et leur offrant différentes possibilités de réintégrer l'ES de leur pays. Ce n'est pas le manque d'informations abstraites sur les possibilités offertes en général, mais les moyens d'ouvrir concrètement la voie vers le système d'ES qui influencent le plus la capacité d'interaction des alumni et des universitaires de la diaspora avec les établissements universitaires en Éthiopie. Comparé à d'autres pays d'Afrique, le climat pour les diplômés qui reviennent à l'issue de programmes d'études à l'étranger semble très favorable en Éthiopie. Ceci nous a été confirmé par la quasi-totalité des personnes interrogées. Cependant, nous n'avons pas eu la possibilité d'accéder à des statistiques dans ce domaine, qui nous auraient permis de voir si ce climat favorable se traduisait par un nombre comparativement élevé de retours. Bien que des recherches universitaires soient menées sur les migrations et les retours au pays en général, il n'existe aucun domaine de recherche qui se concentre sur les universitaires en particulier.

Les différences dans les capacités d'absorption de diplômés issus d'universités étrangères entre les universités provinciales éthiopiennes et celle de la capitale auraient pu faire l'objet d'une étude plus approfondie. Mais les entretiens avec les membres d'associations d'alumni éthiopiens à l'étranger ont confirmé que la plupart d'entre eux étaient également prêts à accepter des postes dans des universités autres que celle d'Addis-Abeba.

Notre expérience personnelle avec les étudiants participant à des programmes que nous menons depuis quelques années en partenariat avec l'université d'Addis-Abeba nous mène à la même conclusion.

5.2 Cameroun Le Cameroun a été choisi comme deuxième exemple de pays, principalement pour deux raisons. Tout d'abord, le pays encourage activement les politiques d'enseignement supérieur tournées vers l'Europe. Le Centre pour la coopération scientifique entre l'Afrique et l'Allemagne de l'université de Yaoundé I, qui a officiellement ouvert ses portes en 2012, en est l'illustration. Le centre sert de plateforme pour les échanges scientifiques et la promotion de l'excellence scientifique et universitaire sur le continent africain et entre les universités africaines et étrangères, allemandes en particulier. Il a établi des partenariats avec la Fondation Alexander von Humboldt, la Fritz-Thyssen Stiftung für Wissenschaftsförderung, l'Office allemand d'échanges universitaires (DAAD) et le Goethe-Institut, entre de nombreux autres. Ensuite, le Cameroun s'est lui aussi révélé être le pays d'origine d'un nombre important d'alumni de notre échantillon.

Le secteur de l'enseignement supérieur au Cameroun se compose de 8 universités publiques. Elles sont respectivement situées à Buea, Bamenda, Douala, Yaoundé I & II, Dschang, Maroua et Ngaoundere. De plus, à la fin 2011, le gouvernement camerounais avait autorisé 116 institutions privées d'enseignement supérieur à exercer. C'est le cas par exemple de l'université Fotso Victor dans la province occidentale, de l'université internationale, Bamenda et la Bamenda University of Science and Technology (BUST).30

30 http://www.minesup.gov.cm

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Le Cameroun dispose de 2 universités anglaises : l'université de Buea et l'université de Bamenda, créée en 2011. Les 6 autres universités publiques du Cameroun sont en principe bilingues, mais basées sur le modèle francophone. Le gouvernement gère les universités camerounaises de manière centralisée. Les présidents et les recteurs sont par exemple nommés par décret présidentiel et le ministre de l'Enseignement supérieur est le directeur des toutes les universités publiques du pays. Une grande partie des diplômés camerounais entre dans la fonction publique du Cameroun.

En juin 2014, l'équipe de recherche a entrepris une mission d'étude au Cameroun. Celle-ci avait pour objectif de faire connaître les discussions actuellement en cours au niveau du gouvernement camerounais en ce qui concerne les initiatives potentielles relatives à la diaspora (universitaire) camerounaise et son implication dans le développement de l'enseignement supérieur au Cameroun. Les membres de l'équipe de recherche ont eu l'occasion d'interroger à ce propos des représentants du Ministère de l'Enseignement supérieur, à savoir le Directeur des Affaires universitaires et le Secrétaire général, ainsi qu'un groupe d'universitaires de l'Université de Yaoundé I.

Les discussions au Ministère ont montré de manière évidente la prise de conscience théorique de l'importance des alumni africains ayant pris part à des programmes d'études européens et l'ouverture globale des personnes interrogées face au changement (« cette recherche fait partie des sujets d'intérêt ici aussi », « nous apprécions le haut profil de compétences de la diaspora », « une meilleure connaissance de ces personnes serait très utile au pays »). Pourtant, la réflexion sur les opportunités et les activités concrètes destinées à faciliter l'entrée d'universitaires de la diaspora dans le secteur de l'enseignement supérieur camerounais, ainsi que leur mise en œuvre, s'est révélée marginale. Nous avons appris que c'est le Ministère camerounais des Relations extérieures qui est censé gérer les affaires générales de la diaspora et que ce dernier devrait pouvoir nous fournir des informations plus adaptées ; il ne semble pas y avoir d'échanges systématiques sur la question.

Les personnes que nous avons rencontrées au Ministère de l'Enseignement supérieur nous ont expliqué que les postes au sein du monde universitaire camerounais étaient généralement pourvus par voie de concours ; les Camerounais vivant actuellement à l'étranger ne bénéficiaient d'aucun avantage et d'aucune préférence en soi, du fait de leur situation. Au contraire, on attendait plutôt d'eux qu'ils manifestent une volonté forte de contribuer au développement national et fassent preuve d'efforts supplémentaires pour revenir au Cameroun sans bénéficier d'incitation d'aucune sorte. Les représentants du Ministère ont néanmoins reconnu qu'il existait, pour les universitaires de la diaspora, certains obstacles à une nomination comme professeur dans une université camerounaise. La législation en vigueur, en particulier la préférence donnée aux fonctionnaires, créée des restrictions à la mise en concurrence ouverte pour le poste libre et peut être perçu par les membres de la diaspora comme un obstacle au fait même de postuler. Le recrutement actif à l'international par les universités ne fait donc, par conséquent, pas partie des règles établies et peut sembler purement et simplement impossible à bon nombre de doyens et de présidents d'université. Interrogés sur la manière dont ce processus pourrait être lancé et dont les universités pourraient obtenir plus d'autonomie en ce domaine, les représentants du Ministère ont répondu qu'il reviendrait aux universités et à leurs recteurs

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adjoints d'initier un changement dans les pratiques de recrutement. Les représentants du Ministère se sont dits convaincus que les universités camerounaises en général étaient suffisamment encouragées par le Ministère à tenter de nouvelles approches afin d'accroître leur visibilité à l'international. Cependant, ils avaient le sentiment suivant : « nous devons encore convaincre les décideurs que les universités ont des besoins spécifiques pour pouvoir être compétitives à l'échelle internationale et que nous devons réexaminer leurs statuts ; nous sommes ouverts à ces changements, nous sommes flexibles ; mais nous devons convaincre les décideurs ». Des modalités de recrutement différentes, y compris des offres spécialement destinées à des experts érudits et de renommée internationale dont ont besoin les établissements d'enseignement supérieur, s'accompagneraient cependant probablement d'une augmentation des coûts. La question de savoir quelles sources de financement permettraient de couvrir ces dépenses supplémentaires a soulevé des inquiétudes.

L'équipe de recherche a surtout été informée qu'il existait au sein du Ministère un comité destiné à développer et à structurer les universités afin qu'elles puissent répondre au mieux aux besoins de développement. Selon les personnes interrogées, un rapport était actuellement en cours d'élaboration sur l'internationalisation du système d'enseignement supérieur du Cameroun (le Président disposait d'une version préliminaire au moment de notre entretien). D'après nos interlocuteurs, ce rapport s'intéressait également au rôle particulier que pouvait jouer la diaspora à cet égard.

Les données issues des interviews d'experts avec des professeurs camerounais, menées à la fois lors de notre mission au Cameroun et à l'occasion de leur visite auprès d'établissements européens, ainsi qu'avec des universitaires camerounais rencontrés à l'occasion d'un entretien avec un groupe cible lors de la mission d'étude, peuvent venir en complément et en comparaison avec les déclarations faites par les représentants du Ministère.

L'impression générale selon laquelle la diaspora est, en théorie, un sujet, mais, dans les faits, jamais impliquée de façon concrète est confirmée par les données des entretiens. Les personnes interrogées lors de l'entretien ont expliqué :

« Pour l'instant, je ne suis au courant que des déclarations. Je n'ai rien vu de concret - voici comment nous pouvons les employer, voici où ils peuvent intervenir, voici comment nous allons les accueillir, voici un bureau dans lequel nous pouvons accueillir la diaspora et l'employer. Je ne suis au courant de rien de tel. » (Entretien avec l'enseignant camerounais n°2)

« Le Ministère de l'Enseignement supérieur est prêt à prendre en compte la diaspora africaine, mais le cadre n'est pas bien défini. » (Entretien avec l'enseignant camerounais n°1)

L'un des enseignants a expliqué que lorsque quelqu'un partait à l'étranger pour des études, il/elle devait signer un document s'engageant à revenir au Cameroun après ses études et à y travailler durant 10 ans. Nous avons néanmoins eu l'impression que personne ne suivait ces consignes. Il n'arrive rien à ceux qui ne reviennent pas. La signature d'un accord dit contraignant est une pratique courante dans beaucoup de pays africains. Le niveau des sanctions réelles en cas d'abus ou d'absence de retour est en revanche très variable.

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Dans le même temps, les enseignants avaient le sentiment qu'il existait un problème politique avec la diaspora (camerounaise). Lorsque certains de ses membres émettent des critiques, le gouvernement rechigne à les prendre en compte. Exprimer des idées différentes de celles du gouvernement peut finir par poser problème. La question s'est donc posée de savoir si les responsables politiques étaient réellement désireux de développer et d'améliorer le secteur. Selon les enseignants, une implication active et solide de leur part était encore plus importante que l'implication de la diaspora. Les activités du gouvernement constitueraient donc un prérequis au succès de l'intégration des universitaires de la diaspora à toute forme de stratégie liée à l'enseignement supérieur. Le problème de la diaspora est cependant que ses membres sont perçus comme des tiers et non comme des acteurs. Nos interlocuteurs nous ont appris que même au sein de la communauté universitaire camerounaise, il existait une vive méfiance sociale à l'égard de leurs collègues de la diaspora et de leur « belle vie à l'étranger », là où de nombreux universitaires du Cameroun attendaient leur promotion. Les gens de la diaspora, nous a-t-on dit, ne connaissent pas la réalité des conditions de travail au Cameroun et s'ils la connaissaient, ne l'accepteraient pas. Très souvent, les universitaires locaux doivent faire leurs preuves dans une université de province moins bien équipée avant de se voir offrir un poste dans les mieux équipées. Les membres de la diaspora n'iraient jamais dans les établissements de province. S'ils devaient choisir de revenir, il seraient en compétition avec les universitaires locaux pour des postes dans la capitale, Yaoundé, et à Douala. De manière générale, l'une des personnes interrogées a résumé les choses de la manière suivante : « Ils (les universitaires de la diaspora) préfèrent rester à l'étranger où ils ont plus de moyens, plus d'avantages. Ils veulent seulement revenir de temps en temps pour faire quelque chose. Ils ne souhaitent pas rentrer définitivement » (Entretien avec l'enseignant camerounais n°2).

Un consensus existait pourtant, parmi les universitaires auxquels nous avons parlé, sur le fait que le recrutement serait déjà grandement facilité par l'existence d'un bureau national enregistrant tous ceux qui travaillent à l'étranger afin de faire appel à eux dans le cas où leurs compétences seraient nécessaires.

« Et dire ensuite : OK, quelles sont les conditions ? On pourrait leur payer leurs frais de transport, les accueillir et les aider à se loger. Parfois, ils ne veulent même pas être payés. Il suffit juste d'organiser les choses et de les rassurer sur le fait qu'ils sont importants et qu'ils sont utiles. » (Entretien avec l'enseignant camerounais n°2)

5.3 Sénégal Lors d'une mission effectuée à Dakar début octobre 2014, nous avons pu rencontrer certains membres de l'université Cheikh Anta Diop et du CODESRIA, une importante institution panafricaine dans le domaine des sciences sociales. Là encore, nous avons appris que le problème de la diaspora universitaire est abondamment discuté dans toute l'Afrique, mais qu'il n'existe à ce jour aucune stratégie concrète pour relever le défi qu'il représente. Les universités locales sont confrontées à un dilemme : d'un côté, des stratégies politiques qui visent, de manière parfaitement compréhensible, à augmenter l'accès à l'enseignement supérieur et permettent donc au nombre d'étudiants, notamment au niveau licence, de dépasser la moyenne. La conséquence à cela est que le nombre d'heures

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imparties au personnel enseignant des universités, ainsi que l'espace disponible, ne suffisent plus à répondre à cette demande sans cesse croissante. Dans le même temps, la recherche passe au second plan. Non parce que l'on cesse d'attendre des universitaires qu'ils s'impliquent dans des programmes de recherche, mais simplement parce qu'ils manquent du temps et des autres ressources nécessaires pour ce faire. Cela transforme de plus en plus les universités africaines, y compris les plus importantes, en établissements exclusivement consacrés à l'enseignement. Dans nos entretiens, presque tous nos interlocuteurs nous ont confirmé que les universités de recherche africaines sont maintenant piégées par un système dans lequel elles ne sont pas en mesure de rivaliser avec des établissements étrangers, surtout en matière de recherche, et ont par conséquent de très grosses difficultés à recruter des personnes de l'étranger, qu'il s'agisse de membres de la diaspora africaine ou d'universitaires n'ayant aucune ascendance africaine. Les solutions telles que celles proposées par le CODESRIA, avec ses séminaires transnationaux destinés aux jeunes chercheurs et aux doctorants, sont une réaction à cette situation et méritent d'être soutenues, car elles rassemblent régulièrement les universitaires locaux, les universitaires de la diaspora et les chercheurs étrangers. Mais toutes ces activités dépendent des ressources disponibles et du développement de partenariats permanents avec des établissements étrangers. Il semble que l'université de la capitale sénégalaise n'ait pas de difficultés à trouver des partenaires adaptés dans le monde entier, car elle jouit depuis longtemps d'une solide réputation en tant que centre de recherche innovant, mais avec le phénomène d'accroissement rapide du nombre d'étudiants mentionné plus haut, le risque existe de voir les meilleures universités d'Afrique elles-mêmes perdre leur avantage comparatif.

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6 RÉSULTATS DU QUESTIONNAIRE EN LIGNE

ET DES ENTRETIENS DE VIVE VOIX

6.1 Étude de cas n° 1 : Les alumni africains et la diaspora des établissements français

6.1.1 Profil statistique des personnes interrogées Pour l'étude de cas française, des entretiens ont été menés par courrier électronique, par téléphone et de vive voix, à la fois en France et lors de 2 missions en Côte d'Ivoire et au Burundi.

Il a été décidé d'interroger des personnes issues d'un maximum de pays et de domaines de spécialisation différents. Outre ces éléments, nous avons voulu contacter des alumni issus de différents établissements/universités. Leurs noms nous ont été donnés par les ambassades de France dans les pays africains, par des associations d'alumni dans certains pays d'Afrique choisis et grâce à des contacts personnels et au bouche-à-oreille.

Profil des personnes interrogées : Alumni

Pays d'origine Discipline Nbre d'entretiens

Bénin Sciences naturelles 7

Physique/chimie 4

Sciences de l'ingénieur 2

Sciences humaines 1

Burundi Sciences naturelles 2

Sciences humaines 7

Économie et gestion 2

Cameroun Sciences naturelles 2

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Sciences de l'ingénieur 2

Côte d'Ivoire Sciences naturelles 9

Physique/chimie 2

Madagascar Sciences naturelles 5

Physique/chimie 1

Sciences humaines 1

Togo Sciences naturelles 3

Physique/chimie 2

Médecine 1

Total 53

Profil des personnes interrogées : Diaspora

Pays d'origine Discipline Nombre

Bénin Sciences naturelles 1

Sciences de l'ingénieur 1

Burundi Médecine 1

Cameroun Chimie 1

Sciences humaines 1

République du Congo Chimie 2

Côte d'Ivoire Économie 1

Guinée Sciences de l'ingénieur 1

Sciences naturelles 1

Madagascar Sciences naturelles 1

Chimie 1

Nigeria Économie 1

Sénégal Sciences humaines 1

Littérature 2

Chimie 1

Togo Chimie 2

Sciences naturelles 1

Total 20

6.1.2 Réponses aux questions de la recherche Dans quelle mesure la diaspora africaine est-elle engagée dans des efforts de coopération avec l'Afrique ?

Pour répondre à cette question, il est nécessaire d'établir les raisons qui ont conduit les nouveaux diplômés à rejoindre la diaspora restée en France. Les membres de la diaspora ont semblé réticents à répondre à cette question lorsqu'elle leur était posée.

Il existe en effet différents types de membres de la diaspora :

Des membres désormais très âgés, car nés avant que le pays n'obtienne l'indépendance, et qui sont par conséquent des citoyens français. Ces

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personnes assument pleinement leur citoyenneté française et retournent rarement dans un pays qui n'est donc pas le leur, du moins, sur leur passeport. Ils ont refusé de répondre à notre questionnaire et de nous recevoir pour un entretien individuel.

Ceux qui ont des liens familiaux très forts en Europe, qui les ont fait rester sur place (mariage). Ils obtiennent souvent la double nationalité.

Ceux à qui l'on a initialement proposé un poste temporaire devenu plus ou moins définitif (maître de conférences) et qu'ils conservent, le plus souvent par peur de la faiblesse des rémunérations et des mauvaises conditions de travail, pour la recherche en particulier, dans leur pays d'origine (manque de matériel et de documentation, absence de politique clairement définie en matière de recherche).

Ceux qui doivent renoncer au retour ou qui ont fui leur pays (réfugiés politiques). Les exemples de confrères rwandais menacés après le génocide et qui ont migré de manière quasi définitive aux États-Unis et/ou en Belgique sont nombreux.

Les membres les plus âgés de la diaspora ont quitté le pays il y a longtemps et n'y sont parfois jamais retournés. Ils ne se sentent donc pas concernés. La majeure partie des membres de la diaspora scientifique africaine présente en France a plus de 40 ans. Ces personnes font partie des générations ayant bénéficié de séjours en France de 2 ou 3 ans sans interruption (même pour des congés) lorsque les bourses le permettaient. Les restrictions budgétaires de nos ambassades conjuguées aux politiques de formation liées au marché du travail présentées plus haut ne le permettent plus, désormais.

Au contraire, les réponses aux enquêtes des membres plus jeunes (moins de 40 ans) manifestent leur souhait, au moins théorique, d'aider leur pays : missions d'enseignement ad hoc, aide à l'accueil des étudiants, contribution à la politique de relations internationales en lien avec l'Afrique de l'université française qui les accueille, etc.

Certains ont mis cela en pratique. La plupart des membres de la diaspora restent en contact de manière informelle avec leurs collègues sur place, mais l'action principale se concentre sur les relations internationales de l'université. Un confrère a déclaré avoir été élu à la Commission des relations internationales de Toulouse et, de là, été nommé responsable de la ligne de coopération géographique avec l'Afrique subsaharienne de 2008 à 2012. Il ne s'agit pas là d'un cas isolé.

Une autre façon de travailler « à distance » avec le pays d'origine consiste à développer des accords autour de la cotutelle de thèse entre l'université française d'accueil et celle du pays d'origine. Cet élément tend à devenir une exigence primordiale pour l'attribution de bourse par le SCAC de l'Ambassade.

Les « jeunes » membres de la diaspora, dans leur immense majorité, se sont rendus dans leur pays d'origine au cours des 3 années précédentes et ont gardé un contact informel avec leurs collègues sur place. Un confrère togolais a déclaré qu'en raison de l'absence d'une structure de recherche, il assurait des cours et menait des projets de recherche et développement avec des ONG grâce à de modestes financements qu'il obtenait par lui-même.Selon ses termes : « Je me débrouille pour trouver des fonds (6 projets de recherche et développement entre 2011 et 2013). J'ai obtenu le financement d'un projet de recherche et

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développement, et 2 autres demandes, dans lesquelles j'ai fortement impliqué des ONG et des associations de mon pays, sont actuellement à l'étude. »

Quels effets ont eu les programmes d'enseignement supérieur de l'UE et de ses pays membres sur l'implication et la contribution de la diaspora et des alumni aux objectifs de développement de l'enseignement supérieur dans leur pays d'origine ?

Les programmes de bourses actuels participent au renforcement de l'enseignement supérieur : il suffit, pour le prouver, de regarder la proportion de boursiers étudiants dans l'enseignement supérieur dans leur pays et qui, une fois leur diplôme obtenu, y retournent pour y travailler comme chercheurs.

En France, les titulaires de bourses sont désormais presque exclusivement des chercheurs et des professeurs d'université, tous impliqués dans l'enseignement supérieur. La question posée était par conséquent surtout pertinente par le passé. De fait, avant 1990, le grand nombre de bourses attribuées par le gouvernement français rendait possible la formation d'autres catégories socio-professionnelles. Celles-ci n'envisageant pas de carrière dans l'enseignement supérieur, elles n'étaient donc pas destinées à avoir de relations avec ce dernier, hormis par la participation occasionnelle et informelle à des conférences et des lectures, ou par le tutorat de diplômés (magistrats, ingénieurs des eaux et forêts, spécialistes des réseaux de télécommunication, personnel diplomatique, etc.). Les témoignages recueillis dans les ambassades de France en Côte d'Ivoire et au Bénin, ainsi que lors des entretiens avec certains contacts au Burundi et en Côte d'Ivoire, sont très clairs sur ce sujet.

Les programmes de bourse sont explicitement créés pour former des universitaires et contribuent donc directement aux objectifs de développement de l'enseignement supérieur. La facilitation de la recherche et, par conséquent, de la vie dans les écoles doctorales va également dans le sens de ces objectifs.

Pour obtenir des preuves tangibles, quantitatives, de l'implication des alumni dans l'enseignement supérieur de leur pays, il suffit de jeter un œil à la liste de laboratoires, d'écoles doctorales, de programmes de master et autres, créés par des alumni, en gardant à l'esprit que certains de ces alumni ont été Ministres de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, ou directeurs d'établissements d'enseignement supérieur. Les exemples sont nombreux au Burundi et au Bénin et, dans une moindre mesure, en Côte d'Ivoire.

En ce qui concerne la diaspora, on notera tout particulièrement les exemples de participation à la gestion et au fonctionnement de la coopération entre l'université d'origine et l'université française qui a accueilli ses membres.

Quelles sont les opportunités offertes par les programmes (masters et doctorats) subventionnés en Europe en termes d'implication potentielle dans l'enseignement supérieur en Afrique ?

La question ci-dessus a été posée à des membres de la diaspora universitaire. Il est intéressant de constater que la plupart d'entre eux y ont répondu de telle sorte qu'ils exprimaient ensuite leurs souhaits quant aux modalités possibles d'augmentation ou d'amélioration de leur implication dans le développement de

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l'enseignement supérieur en Afrique. Voici quelques-unes des réponses que nous avons reçues.

La création d'une plateforme destinée à la publication d'informations scientifiques sur des sujets centrés autour du développement africain, afin de permettre aux chercheurs d'échanger, de partager et de mutualiser leur savoir et d'avancer plus rapidement dans la réponse aux défis du développement en Afrique.

La mise en place d'un groupe de discussion pluridisciplinaire composé de membres de la diaspora, dans chacun des pays de l'Union européenne coopérant de manière forte avec l'Afrique sur le sujet de l'enseignement supérieur. L'invitation de la diaspora à participer à l'adaptation des programmes pédagogiques aux réalités du marché de l'emploi et à la révision des programmes qui en découlerait.

La création de nouveaux centres de recherche et développement en lien avec les problèmes spécifiques à l'Afrique, aux activités desquels la diaspora peut participer à distance, selon des méthodes qui restent à définir (ce processus est actuellement en cours de développement en Côte d'Ivoire).

Quel est le degré d'engagement des alumni rentrés dans leur pays d'origine par rapport à celui de la diaspora africaine restée dans les pays européens ?

Toute comparaison nécessiterait de définir les critères choisis et de confirmer que les deux parties sont, de fait, comparables. Le niveau d'engagement reste nécessairement imprécis, bien qu'il puisse être mesuré selon le temps respectivement passé par les alumni et la diaspora à la promotion de l'enseignement supérieur en Afrique.

En ce qui concerne la France, il est important de voir que le système français actuel tend à former des « docteurs », c'est-à-dire de futurs chercheurs et professeurs d'université, ce sur quoi se concentre l'enseignement en France. Les bourses attribuées à la formation professionnelle sont devenues extrêmement rares, alors qu'elles étaient autrefois très nombreuses.

Depuis les 30 dernières années, les programmes de formation pour un master ou un doctorat en France se font dans le cadre de cursus en alternance, qui excluent les séjours prolongés en France (pas plus de 6 mois consécutifs). De plus, ils concernent généralement des étudiants pré-recrutés par des universités ou des structures administratives dans leur propre pays.

L'implication est donc maximale (100 %) lorsque les diplômés deviennent des universitaires : telle a été la réponse des alumni aux questionnaires. Il est clair que les alumni sont plus impliqués que la diaspora, pour des raisons géographiques évidentes. Les membres de la diaspora les plus impliqués participent de différentes manières, comme cela a été décrit ailleurs, et il reste peut-être encore à inventer d'autres méthodes de participation.

De quelles manières/dans quels domaines et sous quels aspects la diaspora et les alumni africains peuvent-ils être impliqués dans le système d'enseignement supérieur de leur pays ?

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En ce qui concerne les alumni, cette question est liée aux autres et les englobe, nous y ferons donc référence.

En ce qui concerne la diaspora, la question peut être associée à un certain nombre de moyens déjà mentionnés, répétés ci-dessous (après les enquêtes).

Des missions ad hoc de soutien à l'enseignement ou à la recherche : ce type de présence correspond à une demande de la diaspora (les médecins de l'association Santé France Burundi en sont un exemple) et s'est déjà révélée assez simple à mettre en place, car des possibilités de financement sont parfois disponibles auprès des ambassades de France des différents pays. Il faut néanmoins rappeler que les budgets, pour une année donnée, sont élaborés en septembre de l'année précédente, ce qui nécessite une programmation anticipée (cf. les témoignages des responsables des SCAC dans les ambassades sur les missions très fréquentes en Afrique, y compris celles liées au présent projet). L'Agence universitaire de la Francophonie sollicite également ce type de missions ponctuelles, qu'elle finance avec le soutien des universités africaines qui bénéficient de la mission, et durant lesquelles la priorité est donnée aux universitaires africains eux-mêmes (information disponible sur le site internet de l'AUF, www.auf.org, qui accueille les appels d'offres). Naturellement, les membres de la diaspora doivent se présenter aux universités en question, qui ignorent souvent totalement leur existence.

Pour l'Afrique, l'accueil des étudiants du pays concerné peut être facilité par leur contribution aux politiques internationales de l'université qui les reçoit.

Il en va de même pour les cotutelles de thèse : dans ce cas précis, le rôle de la diaspora peut se révéler crucial, car ces cotutelles sont souvent indispensables, surtout pour l'attribution de bourses d'études.

Les membres de la diaspora qui entretiennent des relations étroites avec des confrères de leur pays d'origine peuvent également apporter une contribution décisive sous forme de recherche et de financement. Les membres de la diaspora désireux de s'impliquer dans l'enseignement supérieur de leur pays d'origine ne manquent pas d'imagination.

Quelles sont les difficultés rencontrées lors de la mobilisation des compétences de la diaspora africaine dans des efforts conjoints pour l'enseignement supérieur en Afrique ?

La diaspora elle-même a-t-elle fait des efforts pour s'engager dans le renforcement des EES dans son pays ? Si oui, de quelle façon et quels obstacles a-t-elle rencontré ?

Les témoignages récoltés expliquent les efforts fournis par la diaspora en faveur des pays d'origine de ses membres, qui doivent affronter les problèmes de financement mentionnés plus haut. La diaspora peut alors aider ces pays à identifier des sources de financement et les moyens de s'en approcher. Un confrère togolais qui déplorait le manque d'équipements minimums dans son pays a ainsi ajouté : « Je peux chercher des financements pour le reste ».

L'un des éléments qui rend souvent les choses difficiles est le fait que les responsables d'universités africaines ne voient pas toujours d'un bon œil l'implication éventuelle de la diaspora dans leurs établissements. Ils ont le

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sentiment que cette dernière agit de très loin et qu'elle n'est pas affectée par les difficultés auxquelles eux-mêmes sont confrontés sur place, au quotidien.

À ce propos, un membre de la diaspora a souligné qu'il fallait être hautement motivé, surtout lors de la recherche de financements, car les règles d'attributions sont souvent très complexes et le processus peut prendre beaucoup de temps.

Quelles sont les opportunités offertes par les programmes européens (masters et doctorats) subventionnés à leurs bénéficiaires si ces derniers s'impliquent dans l'enseignement supérieur en Afrique ?

Cette question vise à savoir si les programmes d'études français ou allemands ont offert à leurs bénéficiaires les outils nécessaires ou ont augmenté leurs chances de contribuer à l'amélioration des capacités de l'enseignement supérieur en Afrique. Si oui, alors de quelle manière ?

Les alumni interrogés ont aussi indiqué qu'ils voulaient transmettre les connaissances qu'ils avaient acquises en France. Ils ébauchent des textes inspirés par ce qu'ils ont appris et compris lors des conférences. Les plus actifs d'entre eux développent leurs activités au point d'être nommés professeurs titulaires, ce qui leur permet à leur tour de former de jeunes chercheurs. La supervision des mémoires des étudiants constitue une charge de travail supplémentaire non négligeable dans de nombreuses universités.

Les études en France leur offrent les conditions nécessaires pour mener leurs propres programmes de recherche, et donc de formation. Un alumnus, comme beaucoup d'autres, a admis : « En France, j'ai appris à me débrouiller seul, avec les ressources à disposition ». Il est donc nécessaire de promouvoir la formation dans les nombreuses disciplines qui ne nécessitent que peu de ressources.

Beaucoup d'alumni, en réponse aux questions ouvertes, ont insisté sur l'importance de ne pas être abandonnés une fois de retour dans leur pays d'origine. Le soutien des alumni est une des préoccupations de la France, comme nous le verrons plus tard.

Dans le cas de la France, les alumni qui retournent chez eux ont la possibilité d'être aidés grâce à des projets de recherche leur permettant d'exercer leur profession dans de bonnes conditions. Le programme CORUS et d'autres programmes financés par la France, les projets de recherche conjoints entre la France et le pays d'accueil basés sur des appels d'offres et des financements de l'AUF, les projets de recherche financés par l'International Foundation for Science à Stockholm (www.ifs.se), sont autant de possibilités dont ils doivent être (ou sont) informés. Il existe par ailleurs quelques (rares) possibilités de financement pour des « reconversions » ou de la formation continue de courte durée pour les universitaires.

Pour finir, la France soutient des projets de réorganisation de l'enseignement supérieur dans bon nombre des pays où les alumni sont engagés. Ces derniers contribuent alors à l'amélioration structurelle du système d'ES, par exemple avec l'adoption du système LMD, le développement de cursus menant à la certification professionnelle, la création d'écoles doctorales, etc. Parmi ces projets, on trouve notamment le projet PARES (au Burundi), le projet MADES (à Madagascar) et les projets SUP2000 et AGURES (en Côte d'Ivoire).

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6.2 Étude de cas n° 2 : La diaspora et les alumni africains des programmes de bourse allemands Cette section fournit un certain nombre d'informations sur la diaspora et les alumni africains ayant bénéficié des programmes d'enseignement supérieur européens et allemands. Comme demandé dans les termes de référence (TdR) pour cette étude, elle s'intéressera à l'engagement de la diaspora africaine en Europe et à son implication dans le développement de l'enseignement supérieur en Afrique, ainsi qu'à son point de vue sur la manière dont les programmes d'enseignement supérieur européens contribuent à son engagement. Les résultats seront comparés aux avis et au niveau d'activité des alumni africains rentrés dans leur pays d'origine après avoir été diplômés des programmes d'étude européens. On s'interrogera ensuite sur la manière dont la diaspora et les alumni africains peuvent être davantage impliqués dans les systèmes d'enseignement supérieur de leur pays et quels sont les obstacles à surmonter afin d'accroître leur disponibilité.

Les résultats ci-dessous proviennent d'une enquête en ligne menée auprès des alumni africains des programmes d'étude européens entre le 14 avril et le 25 mai 2014. Les participants à l'étude ont été recrutés par courrier électronique, essentiellement grâce aux bases de données de l'EACEA, d'EMA et du DAAD, ainsi que par bouche à oreille. À cet égard, l'aide d'EMA nous a été d'une aide très précieuse. L'association nous a fourni des coordonnées et nous a aidés en relayant l'appel à participation à l'enquête en ligne auprès d'un grand nombre de ses membres. L'EACEA a envoyé le lien vers l'enquête en ligne à 3 300 personnes bénéficiant de l'action 1 et de l'action 2 du programme Erasmus Mundus (EM) (y compris des étudiants n'étant pas encore diplômés du programme, mais qui devaient le devenir en 2014 ou en 2015). EMA avait mobilisé son serveur de liste de diffusion de tous les diplômés de l'action. La liste d'adresses du DAAD comprenait 4 717 alumni africains ayant effectué tout ou partie de leur master ou de leur doctorat en Allemagne grâce à une bourse du DAAD (mais aussi des personnes ayant reçu une bourse du DAAD pour d'autres types de projets d'échange et de recherche) et qui avaient accepté d'être contactés par courrier électronique.

L'enquête en ligne a été ouverte plus de 2 500 fois. Au total, 973 personnes ont commencé à répondre au questionnaire et 705 sont allées jusqu'à la dernière question. Les questionnaires incomplets et les cas où les personnes n'étaient restées en Europe que pour de courts projets de recherche, ainsi que d'autres cas non pertinents pour notre étude, ont été exclus. Après ce processus de nettoyage de données, nous avons donc basé notre argumentation sur un total de 458 cas. Sur ces 458 personnes, 133 avaient participé ou participaient toujours au programme Erasmus Mundus, 304 étaient d'anciens bénéficiaires de programmes du DAAD, 15 avaient reçu un soutien financier pour des études en Europe par d'autres institutions allemandes et 6 par des institutions françaises, essentiellement grâce à des bourses du gouvernement français.31Dans ce qui suit, nous nous

31 Parmi les institutions allemandes, on trouvait certaines fondations politiques allemandes, comme l'Heinrich-Böll-Stiftung et la Rosa-Luxemburg-Stiftung, mais aussi la Fondation pour la recherche allemande (DFG), l'Alexander-von-Humboldt-Stiftung, la Volkswagen-Stiftung, le Service catholique d'échanges universitaires (KAAD), le Service des Églises évangéliques en Allemagne pour le

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concentrerons sur les bénéficiaires des programmes EM et du DAAD. L'étude de cas pour la France s'est basée sur des entretiens de vive voix. Elle a été présentée dans la section précédente.

Répartition du type de bourse

De manière générale, 75 % des membres de l'échantillon étaient des hommes, 25 % des femmes. Les participants les plus âgés étaient nés en 1941, les plus jeunes en 1991. Ils représentaient toutes les régions du continent africain, et 43 pays d'Afrique au total. Avec plus de 40 représentants chacun, les Kenyans, les Éthiopiens, les Camerounais et les Égyptiens constituaient les groupes les plus importants de l'échantillon. Dans ce dernier, on a pu observer une nette surreprésentation de personnes interrogées ayant participé récemment à l'un des programmes de bourse. Près de 90 % des personnes interrogées ayant participé aux programmes EM ont été diplômées en 2010 ou après (ou devaient l'être en 2014 et 2015), et près de 60 % des des personnes interrogées ayant participé aux programmes du DAAD avaient terminé leur programme de bourse en 2005 et après. On constate ainsi qu'au moment de l'enquête, seule une infime minorité des anciens étudiants EM interrogés avaient une expérience sur le marché du travail (universitaire) de plus de quelques années après leur diplôme. Dans le même temps, on remarque que 47 % des anciens étudiants EM interrogés étaient employés par une université africaine lorsqu'ils ont postulé au programme EM. Cela signifie qu'ils disposaient déjà d'un poste universitaire et donc d'une expérience sur le marché du travail (africain) avant leurs études en Europe. Pour les anciens bénéficiaires de bourses DAAD, ce chiffre est de 50 %. Nous tenons à souligner le fait que dans chacun de ces deux groupes, plus de 90 % envisageaient de poursuivre une carrière universitaire lorsqu'ils ont rempli le questionnaire.

Dans la partie suivante, toutes les questions soulevées dans les TdR pour cette étude seront traitées dans des chapitres distincts. Afin de souligner les similitudes et les différences qui existent entre les différents programmes de bourse et les

développement (EED), des établissements d'enseignement supérieur, ainsi que le Ministère fédéral pour la Coopération économique et le développement.

ErasmusMundus

DAAD other Germaninstitution

Frenchinstitution

133

304

15 6

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approches des programmes de l'UE et des deux pays membres, nous avons choisi de présenter les résultats respectifs l'un après l'autre dans chaque chapitre.

6.2.1 Profil statistique des personnes de l'échantillon interrogées

6.2.1.1 Bénéficiaires Erasmus Mundus

Parmi les personnes EM interrogées, nous avons compté 94 hommes et 39 femmes dans l'ensemble de données nettoyées. Les plus jeunes diplômés EM ayant participé à l'enquête étaient nés en 1991, les plus âgés en 1951. Ils étaient originaires de 28 pays d'Afrique différents, les groupes plus représentés étant les Éthiopiens et les Sud-africains.

Pour les domaines d'études, 35 % des 133 sujets EM interrogés ont déclaré avoir participé à des programmes en Sciences sociales et humaines, 22 % en Sciences naturelles et informatique et 21 % en Sciences du vivant (y compris Sciences de la santé et médecine). Les 22 % restants n'ont pas pu assigner leur discipline à l'une de ces 3 catégories. Sous la rubrique "Autre", ils ont précisé qu'ils avaient étudié, par exemple, dans les domaines suivants : Ingénierie, Action humanitaire, Gestion de projet, Sciences de l'environnement, Architecture, Télécommunications, mais aussi Relations internationales, Éducation, Journalisme, ou d'autres sujets situés au carrefour de ces 3 catégories, comme la Bioéthique ou la Géo-informatique.

Sur l'ensemble de ce groupe, 104 (74 %) avaient obtenu un diplôme de master grâce à leur bourse Erasmus Mundus et 20 (14 %), un doctorat. 16 ont indiqué « Autre », ce qui, d'après leurs explications, impliquait soit qu'ils étaient encore étudiants, soit qu'ils n'avaient participé qu'à certains modules EM (aux termes d'EM Action 2). Certains ont précisé leur réponse à cette question (« Quel diplôme avez-vous obtenu par vos études dans le programme d'enseignement supérieur européen ? ») avec « post-doctorat », « habilitation », « premier cycle » ou « licence ». 7 personnes EM interrogées ont indiqué qu'elles avaient obtenu plus d'un diplôme grâce au programme.

Au moment de la réponse à l'enquête, 88 (66 %) des personnes interrogées résidaient en Afrique, 43 dans des pays européens, 1 alumni aux États-Unis et 1 au Brésil. Interrogés sur l'endroit où ils travaillaient actuellement, 70 (53 %) ont déclaré exercer dans leur pays africain d'origine, 4 dans un autre pays d'Afrique et 32 (24 %) à l'étranger. 27 personnes interrogées ont indiqué n'avoir pas d'emploi actuellement, dont 15 parce qu'ils poursuivaient encore leurs études.

77 % des membres de cet échantillon EM ont déclaré travailler actuellement dans un domaine ayant un lien avec leur programme d'enseignement supérieur européen. Sur le total de ces 133 personnes, 59 ont dit travailler dans le domaine de l'enseignement supérieur (parmi eux, certains suivaient un doctorat tandis que d'autres étudiaient encore au niveau master) et 6 dans le domaine de la recherche hors enseignement supérieur. Sur les 70 personnes employées dans leur pays africain d'origine, 36 ont indiqué travailler dans le secteur de l'enseignement supérieur et 5 dans la recherche hors enseignement supérieur ; 1 personne travaillait dans l'enseignement supérieur dans un pays d'Afrique autre que son pays d'origine. Au total, environ la moitié de toutes les personnes EM interrogées de l'échantillon peuvent être considérées comme des universitaires et des chercheurs actifs. Ou ils sont, du moins, liés d'une certaine manière au secteur universitaire puisque certains d'entre eux (comme le montrent les questionnaires

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détaillés) sont employés dans l'administration des affaires universitaires (au niveau d'un ministère ou d'une université).

23 sur le total des 32 « employés à l'étranger » ont déclaré, dans une zone de texte libre, qu'ils étaient toujours en train de participer à un programme d'enseignement supérieur européen, comme étudiant de master ou de doctorat (la liste d'envoi de l'EACEA ne faisait pas de distinction entre ceux qui étudiaient encore et ceux qui étaient déjà diplômés). La diaspora « active » de l'échantillon EM ne contient donc que 9 cas sur les personnes interrogées, dont 2 ont déclaré avoir terminé leur doctorat et travailler dans le domaine de l'enseignement supérieur et de la recherche (les 7 autres travaillaient dans l'administration nationale, provinciale ou municipale [3], dans des projets de développement [2] et dans l'industrie [2]). Si l'on inclut les 15 personnes employées ou travaillant comme chercheurs doctorants, la « diaspora active » de l'échantillon rassemble 24 alumni EM, parmi lesquels un groupe de 17 personnes peut être considéré comme constituant la « diaspora universitaire » africaine.

6.2.1.2 Bénéficiaires DAAD

Sur les 304 cas DAAD sélectionnés pour l'analyse, on trouvait 236 hommes et 68 femmes. Les plus jeunes alumni DAAD de l'échantillon étaient nés en 1987, les plus âgés en 1947. 34 pays africains d'origine étaient représentés. Les Kenyans, les Éthiopiens et les Camerounais formaient les principaux groupes de personnes interrogées.

En ce qui concerne les études menées lors de leur programme d'enseignement supérieur européen, 27 % des 304 sujets DAAD interrogés ont déclaré avoir participé à des programmes en Sciences sociales et humaines, 31 % en Sciences naturelles et informatique et 21 % en Sciences du vivant (y compris Sciences de la santé et médecine). Les 19 % restants n'ont pas pu assigner leur discipline à l'une de ces 3 catégories. Sous la rubrique « Autre », ils ont indiqué avoir étudié, par exemple, dans les domaines suivants : Ingénierie, Études environnementales, Sciences des viandes, Agriculture, Médecine vétérinaire, Hydrogéologie, mais aussi certains sujets qui pourraient faire partie d'une des catégories susmentionnées, par exemple la Physique, la Chimie, les Mathématiques, l'Économie, la Théologie ou les Sciences des matériaux.

134 (39 %) des 304 alumni DAAD interrogés avaient obtenu un diplôme de master grâce à leur expérience d'études européennes. Un plus grand nombre encore, à savoir 168 (50 %), avaient décroché un doctorat. 38 ont indiqué « autre », ensuite précisé par « post-doc », « post-universitaire », « habilitation », Dr. med., Dr. Ing., Dr. habil., mais aussi par « Diplôme allemand » ou « Magister ». 36 personnes DAAD interrogées ont indiqué qu'elles avaient obtenu plus d'un diplôme grâce aux programmes du DAAD.

Au moment de l'enquête, 20 sujets interrogés vivaient dans des pays européens (dont 15 en Allemagne), 15 en Amérique du Nord et 8 en Asie. 261 (86 %) vivaient dans des pays africains. Interrogés sur le pays dans lequel ils étaient employés au moment de l'enquête, 238 (78 %) ont indiqué travailler dans leur pays d'origine, 14 dans un autre pays d'Afrique et 44 (14 %) à l'étranger. 8 ont déclaré ne pas avoir d'emploi à ce moment-là, dont 2 étaient doctorants.

87 % des alumni du DAAD concernés par l'étude ont déclaré travailler dans un domaine qui était en lien avec le programme d'enseignement supérieur qu'ils

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avaient suivi. Sur les 304 cas DAAD interrogés, 184 ont coché la case indiquant qu'ils travaillaient dans le domaine de l'enseignement supérieur, et 12 autres dans le domaine de la recherche dans des établissements hors universités. Sur les 238 cas DAAD employés dans leur pays africain d'origine, 151 ont indiqué travailler dans le secteur de l'enseignement supérieur et 8 dans la recherche hors enseignement supérieur. Sur ces 159 personnes, 2 préparaient alors leur doctorat, 8 travaillaient dans l'enseignement supérieur dans un pays d'Afrique autre que leur pays d'origine. Les deux tiers des anciens bénéficiaires des programmes DAAD ayant participé à l'enquête peuvent être considérés comme des universitaires et des chercheurs actifs.

5 personnes sur les 44 « employées à l'étranger » ont déclaré être en train de préparer leur doctorat, 1 était en congé sabbatique aux États-Unis. 24 sur les 43 (en incluant les doctorants et en excluant la personne en congé sabbatique) ont déclaré travailler dans le domaine de l'enseignement supérieur, et 4 autres comme chercheurs. Selon notre acception, ils constitueraient la « diaspora universitaire ». Sur les personnes interrogées restantes qui travaillaient à l'étranger, 6 étaient employées dans l'industrie, 1 dans le secteur de la médecine et de la santé, 1 dans une administration nationale, provinciale ou municipale, 1 dans l'agriculture, 1 dans les projets de développement et 5 ayant indiqué « autre », à savoir analyse politique, consultant, sociétés semi-gouvernementales, institutions pour les droits de l'homme et ingénierie.

6.2.1.3 Comparaison des bénéficiaires d'EM et du DAAD

Cette section souligne les différences et les similitudes observées dans le profil statistique des deux groupes examinés. Ces observations seront commentées et mises en perspective avec les objectifs affichés des programmes tels que décrits dans la première partie de cette étude. Nous devons néanmoins insister sur le fait que le taux de réponse pour les deux groupes a été inférieur à 5 %. À ce titre, nous ne pouvons donc prétendre à la représentativité des résultats. Nous pouvons en revanche proposer quelques interprétations des phénomènes que cet échantillon nous a permis d'identifier.

La comparaison des personnes interrogées en fonction de leur sexe indique que les femmes ont été moins nombreuses à participer à l'enquête que les hommes, plus encore celles qui ont bénéficié de programmes du DAAD que d'EM. (DAAD : 22 % ; EM : 29 %). Comme nous ignorons le nombre de femmes bénéficiaires dans les deux populations de base, il est néanmoins impossible de juger si oui ou non, elles sont sous-représentées dans cet échantillon. Les Éthiopiens constituaient le groupe d'alumni le plus important dans les deux échantillons. La distribution des personnes interrogées en fonction des domaines montre quelques similitudes. Le pourcentage des personnes ayant étudié les Sciences du vivant est identique dans les deux groupes, tandis que les alumni du DAAD ont moins étudié les Sciences sociales et humaines que les alumni d'EM (27 % contre 35 %). La situation est inversée pour le groupe ayant étudié les Sciences naturelles et l'informatique (DAAD : 31 % ; EM : 22 %). Le pourcentage de ceux qui ont coché la case « autre » est quasiment le même dans les deux groupes.

En ce qui concerne les diplômes obtenus grâce à leur séjour d'études européen, les résultats donnés par notre échantillon nous invitent à tirer les conclusions suivantes : Le DAAD a aidé davantage d'étudiants de doctorat, tandis que la majorité des alumni d'EM a obtenu un diplôme de master.

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D'après ces données, on constate également que davantage d'alumni du DAAD travaillent actuellement en Afrique (DAAD : 78 % ; EM : 53 %) et que les anciens bénéficiaires du DAAD ont été plus nombreux à travailler en Amérique du Nord (DAAD : 15 individus ; EM : 1). En chiffres absolus, les alumni EM de l'échantillon étaient plus nombreux à ne pas avoir d'emploi au moment du questionnaire.

Dans l'échantillon DAAD, les deux tiers peuvent être considérés comme des universitaires et des chercheurs actifs, qu'ils travaillent dans la diaspora ou en Afrique. Avec seulement 50 %, ce chiffre est significativement plus faible pour les anciens étudiants EM. Lorsqu'on regarde les personnes interrogées travaillant actuellement hors d'Afrique, on s'aperçoit que la diaspora « active » de l'échantillon DAAD est, en comparaison, plus nombreuse que celle de l'échantillon EM.

Même si les sujets rassemblés pour cette étude ne sont statistiquement pas représentatifs de l'ensemble du corps des alumni des programmes du DAAD et d'EM, nous souhaiterions néanmoins proposer quelques interprétations des similitudes et des différences observées. Nous avons demandé à ceux qui constituent la diaspora universitaire leur avis sur les opportunités offertes par les programmes (masters et doctorats) subventionnés en Europe en ce qui concerne leur implication potentielle dans l'enseignement supérieur en Afrique.

Comme demandé dans les TdR, les personnes ayant participé au questionnaire ont été encouragées à dire si le programme d'enseignement supérieur européen qu'ils avaient suivi les avait incités à contribuer au développement de ce même enseignement supérieur en Afrique, et si oui, comment.

6.2.1.4 La diaspora académique Erasmus Mundus

Dans cette section, puisqu'il s'agit d'un point particulièrement mis en avant par la Commission européenne, nous étudierons de plus près le point de vue des 17 membres de la « diaspora universitaire » de l'échantillon EM sur les opportunités qu'offrent les programmes (masters et doctorats) subventionnés en Europe quant à leur implication potentielle dans l'enseignement supérieur en Afrique. L'une des premières questions de l'enquête portait sur la manière dont les participants à l'enquête évaluaient la pertinence du programme d'enseignement supérieur européen par rapport à leur emploi actuel. Tous les universitaires de la diaspora EM ont rempli la zone de texte libre liée à cette question. Ils ont en particulier déclaré que, outre les contenus très spécifiques, les concepts, les théories, les méthodes, les instruments et les outils qu'ils avaient acquis dans leurs disciplines respectives, le cursus de master Erasmus Mundus, par exemple, préparait les étudiants à résoudre des problèmes (cas 1755) ; les avait préparé à des études plus poussées dans le cadre d'un programme de doctorat (cas 764 et 868), et constituait un titre universitaire ouvrant différentes possibilités de carrière (cas 2004). Une seconde question invitait les membres de la diaspora universitaire sollicités à indiquer ce qui, dans la perspective de leur emploi actuel, manquait au programme d'enseignement supérieur européen. Les réponses allaient de points très spécifiques en lien avec le programme, à « plus de compétences entrepreneuriales et relatives au marché du travail » (cas 680, voir aussi le cas 2559), « l'application pratique de connaissances théoriques » (cas 868), plus de connaissances sur la profession et sur les obligations des universitaires (cas 1009, 1980, 2009), et jusqu'à de très hauts niveaux de satisfaction à l'égard des programmes universitaires tels qu'ils étaient proposés.

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80 % de tous les anciens bénéficiaires de bourses EM (y compris ceux retournés en Afrique) ont confirmé que leur séjour d'étude en Europe avait influencé leurs contributions de manière positive. Ce chiffre est le même parmi les seuls alumni de la diaspora. Les personnes interrogées ont déclaré qu'après leur expérience en Europe avec ces programmes d'enseignement supérieur et en voyant de quelle manière l'enseignement supérieur était géré en Europe, ils avaient commencé à s'intéresser à la façon dont les choses se passaient en Afrique. Certains alumni travaillant actuellement hors d'Afrique ont déclaré que grâce à leur expérience en Europe, ils avaient pris conscience de nombreuses évolutions dans l'enseignement supérieur et tenté d'influencer ses développements en Afrique (cas 764, 1009). D'autres alumni ont commencé à créer dans leur pays d'origine des programmes semblables à ceux qu'ils avaient suivis en Europe (cas 680) ou commencé à enseigner des matières qui ne l'étaient pas auparavant (cas 762). Ils ont encouragé leurs compatriotes africains à postuler à des programmes de bourse en Europe (cas 1807). Et ils ont eu l'impression que leur expérience étudiante européenne les avait aidés à se créer un meilleur réseau et à mieux affronter le marché de l'emploi, ce qui pourrait mener indirectement à une contribution en faveur du développement dans leur pays d'origine (cas 771, 2434). Ou, comme a répondu l'un des alumni EM : « Je vais chercher un emploi dans le secteur de l'enseignement supérieur et former davantage d'étudiants de master et de doctorat à devenir chercheurs » (cas 2541). Interrogés sur les compétences qu'offraient le programme d'études européen aux étudiants africains qui y participaient, les alumni de la diaspora EM ont répondu qu'il avait augmenté leurs compétences d'analyse, de gestion et de leadership, jugées nécessaires pour pouvoir influencer les orientations politiques et de développement dans l'enseignement supérieur africain, ainsi que leurs compétences personnelles en matière de recherche, ce qui pourrait aider à résoudre certains des problèmes de l'Afrique. 82 % de tous les bénéficiaires EM de l'échantillon ont convenu qu'ils avaient acquis des compétences qui leur permettaient de s'impliquer dans l'amélioration des capacités de l'enseignement supérieur africain.

6.2.1.5 La diaspora universitaire DAAD

Pour les 28 participants de la « diaspora universitaire » de l'échantillon, nous procéderons de la même manière que lors de l'analyse des participants EM : en synthétisant leurs déclarations sur les opportunités offertes par les programmes (masters et doctorats) subventionnés en Europe quant à leur implication potentielle dans l'enseignement supérieur en Afrique.

La première question de l'enquête portant sur cet aspect de l'étude était liée à la pertinence du programme d'enseignement supérieur européen par rapport à l'emploi actuel des personnes interrogées. La majorité d'entre elles l'a jugé très pertinent. Parmi les explications avancées : une augmentation générale des connaissances, la poursuite de la recherche menée pour le doctorat, la mise en contact avec un environnement favorable à la recherche, avec des laboratoires, des instruments et de nouvelles techniques de recherche, et l'accent mis sur l'indépendance de la recherche, le réseautage universitaire et les effets de synergie, ainsi qu'une réflexion critique et analytique. Certaines des personnes interrogées ont insisté sur le fait que le soutien apporté par la bourse leur avait permis de franchir de nouvelles étapes dans leur carrière universitaire. La seconde question visait à rassembler les opinions des anciens étudiants boursiers sur ce

RAPPORT FINAL - « Étude sur la contribution des alumni et de la diaspora à la stratégie commune Afrique-UE »

SOFRECO 70

qui, du point de vue de leur emploi actuel, manquait au programme d'enseignement supérieur européen. Certains membres de la diaspora universitaire interrogés avaient le sentiment que les bases du travail universitaire ne leur avaient pas été correctement présentées (cas 722), que les occasions d'expériences pratiques étaient trop peu nombreuses (cas 722, 2356), y compris dans l'optique d'une carrière d'universitaire : par exemple, le manque d'expériences d'enseignement et de possibilités de publier (cas 349, 500). La majorité des anciens boursiers DAAD, qui travaille désormais dans la diaspora universitaire, était satisfaite des programmes et n'a pas identifié de manques. Les alumni du DAAD étaient également invités à dire si le programme d'enseignement supérieur européen les avait incités à contribuer au développement de l'enseignement supérieur en Afrique, si oui, comment, et grâce à quel type de compétence.

80 % des anciens boursiers du DAAD de l'échantillon ont confirmé que cette expérience les avait encouragés à s'impliquer dans le développement de l'enseignement supérieur en Afrique, et 77 % ont convenu qu'ils disposaient, grâce à leur expérience étudiante en Europe, des compétences nécessaires à cette implication. Les réponses de la diaspora universitaire des anciens boursiers du DAAD étaient très semblables à celles des bénéficiaires du programme EM. L'exposition aux standards universitaires internationaux, l'organisation efficace de la recherche, la réflexion critique et auto-critique, ainsi que la multiperspectivité et l'interdisciplinarité ont aussi été particulièrement soulignées. L'implication dans des programmes de tutorat auprès d'étudiants africains a été signalée comme très utile (cas 1160).

Ce qui semble être un retour général positif sur les programmes d'étude européens peut, d'un autre côté, être perçu comme un signe fort d'insatisfaction, au sein de la diaspora et des alumni africains, vis-à-vis des systèmes d'enseignement supérieur africains en général et de leur capacité à former leurs étudiants pour le marché de l'emploi (universitaire). Ce mécontentement sous-jacent fait figure de fil rouge dans presque toutes les questions ouvertes, et réapparaîtra donc dans différentes citations et exemples de ce chapitre. À la lecture des propositions, des idées et des activités des universitaires de la diaspora africaine, en particulier, on doit se demander si elles répondent vraiment aux lacunes observées par la diaspora. Les actions individuelles fragmentées par lesquelles les alumni africains ont tenté de participer concluent plutôt à un fort degré d'impuissance.

6.2.2 Niveau d'activité de la diaspora et des alumni dans l'enseignement La section qui suit, toujours en accord avec les TdR, couvrira le niveau d'engagement des anciens bénéficiaires des programmes d'étude européens au sein des systèmes d'enseignement supérieur de leurs pays d'origine. Nous nous pencherons sur ce qui a motivé leur choix de rester à l'étranger ou de retourner dans leur pays d'origine/en Afrique en général, avant de décrire leurs activités en fonction du programme de bourse dont ils ont bénéficié.

6.2.2.1 Erasmus Mundus

Les bénéficiaires de bourses EM sollicités ayant répondu qu'ils travaillaient actuellement à l'étranger ont donné les raisons présentées dans le graphique ci-dessous (ils pouvaient donner plusieurs réponses). Les « perspectives d'emploi à

RAPPORT FINAL - « Étude sur la contribution des alumni et de la diaspora à la stratégie commune Afrique-UE »

SOFRECO 71

l'étranger » et le « manque d'opportunités dans le pays d'origine » sont arrivés en tête des motivations. Il s'avère néanmoins que bon nombre des alumni EM définis comme diaspora (universitaire) considéraient leur séjour en Europe comme temporaire et qu'ils étaient nombreux, au moment de l'enquête, à envisager de rentrer dans leur pays d'origine. Par conséquent, la raison la plus fréquemment mentionnée dans la catégorie « autre » était « poursuite d'autres études ». Cela est particulièrement vrai pour les alumni EM ayant étudié les Sciences humaines et sociales. En ce qui concerne la répartition selon le pays d'origine, le nombre de cas était trop limité pour nous permettre de tirer plus de conclusions. Comme nous l'expliquerons ci-dessous, les réponses à cette question peuvent déjà fournir une première indication sur le fait que les opportunités professionnelles en Afrique étaient considérées comme moins favorables par les Africains qui résident actuellement en Europe.

Motivation pour rester à l'étranger (diaspora [universitaire] Erasmus Mundus)

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Motivation pour rester à l'étranger (diaspora universitaire Erasmus Mundus par discipline)

Les éléments qui motivent les alumni EM au retour dans leur pays d'origine sont synthétisés dans le graphique ci-dessous. Le sentiment d'une « responsabilité envers le pays d'origine », et la « volonté de rendre ce qui a été offert et de servir » apparaissent comme les principales raisons expliquant que les alumni africains aient décidé de rentrer. La motivation suivante était « raisons familiales ». La certitude de trouver un emploi au retour a été évoquée par certains, qui ont répondu rentrer en raison de « perspectives d'emploi ». Un nombre non négligeable de personnes interrogées a également indiqué que le retour au pays d'origine faisait soit partie du « contrat de bourse », soit de leur « contrat de travail ». Cette dernière situation peut s'illustrer par l'existence d'un accord contraignant avec une université africaine, dans le cas, par exemple d'un employé ayant pris un congé-formation sans solde pour pouvoir participer au programme EM. Certains ont eu le sentiment que le « programme d'étude les avait motivés et encouragés » à mettre en place dans leur pays d'origine ce qu'ils avaient appris. L'espoir « d'obtenir une promotion » grâce au diplôme d'un programme d'études européen n'a été coché que par une minorité, tout comme le « manque d'opportunités pour rester à l'étranger ». Une donnée intéressante de la catégorie « autre » est liée à la qualité de vie. Les Sud-africains, en particulier, estimaient la qualité de vie dans certains endroits d'Afrique du Sud supérieure à celle de l'étranger. On peut donc conclure de ces réponses des alumni EM que des motifs d'ordre privé sont les principaux moteurs du retour. Les accords contraignants et contrats divers ne semblent jouer qu'un rôle secondaire.

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RAPPORT FINAL - « Étude sur la contribution des alumni et de la diaspora à la stratégie commune Afrique-UE »

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Motivation du retour en Afrique (étudiants Erasmus Mundus rentrés)

Nous allons ici évoquer l'engagement des alumni EM de la diaspora (universitaire) et celui des alumni rentrés en Afrique.

L'une des questions invitait les alumni à évaluer l'importance de l'implication personnelle dans le développement de l'enseignement supérieur en Afrique. Sur une échelle de 0 (pas important du tout) à 5 (extrêmement important), aucun ancien étudiant EM interrogé n'a répondu que cela n'était pas du tout important, 70 sur les 133 trouvent cela extrêmement important (=5), 29 ont opté pour le 4 et 19 pour le 3. Pour commencer, les réponses montrent dans l'ensemble, un très haut niveau de disponibilité face à cette implication. Il faut néanmoins rester prudent sur ce que cela signifie de manière concrète : répondre à cette question par « extrêmement important » ou « très important » n'entraîne pas nécessairement de conséquences pratiques.

Interrogés sur ce qui leur semblait faisable afin d'améliorer l'enseignement supérieur dans leur pays d'origine, les membres de la diaspora interrogés ont fourni les réponses présentées dans le graphique ci-dessous (il était possible d'apporter plusieurs réponses). Il est intéressant de constater que la majorité considérait la « préparation au retour en cas d'opportunité professionnelle dans le pays d'origine », par exemple en poursuivant d'autres études (un doctorat ou un post-doc en plus du premier diplôme du programme d'études européen) comme un moyen possible d'influencer ensuite positivement l'enseignement supérieur dans leur pays d'origine. Cela va dans le sens de l'observation selon laquelle les alumni EM qui travaillent actuellement en Europe ont des difficultés à trouver des emplois intéressants dans l'enseignement supérieur africain. Cela s'applique particulièrement aux alumni EM ayant étudié les Sciences humaines et sociales. Cette réponse était généralement suivie par « donner des conseils » depuis un poste à l'étranger, par exemple lancer certains programmes, et par « établir des connexions avec les établissements africains ». Les personnes ayant coché « autre » ont par exemple précisé qu'elles avaient mené des recherches et publié sur des sujets relatifs à l'enseignement supérieur dans leur pays, qu'elles avaient

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apporté leur aide en relisant certaines publications de recherche, et conseillé de jeunes diplômés sur le moyen d'être admis dans l'enseignement supérieur à l'étranger. Elles ont, de plus, participé au développement des cursus, donné bénévolement des conférences sur leurs domaines de compétence ou apporté d'autres types d'aide, sous la forme de livres, par exemple.

Possibilités d'améliorer l'enseignement supérieur en Afrique (diaspora universitaire Erasmus Mundus)

Possibilités d'améliorer l'enseignement supérieur en Afrique (diaspora universitaire Erasmus Mundus par discipline)

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Possibilités d'améliorer l'enseignement supérieur en Afrique (diaspora universitaire Erasmus Mundus par pays d'origine)

Les réponses à la question demandant ce que les alumni rentrés considéraient comme de possibles contributions à l'enseignement supérieur en Afrique sont présentées dans le graphique figurant plus bas. La réponse « amélioration de la qualification » est arrivée en tête des choix des personnes interrogées. Beaucoup de ceux qui ont dit pouvoir contribuer à l'amélioration de l'enseignement supérieur en Afrique grâce à une meilleure qualification universitaire ont précisé que le meilleur moyen de le faire était de poursuivre leurs études avec un doctorat une fois qu'ils auraient obtenu leur diplôme de master d'un programme d'études européen. Si l'on distingue les réponses en fonction des disciplines étudiées par les alumni en Europe, on se rend compte que cette réponse n'était donnée en tête que par les alumni en Sciences du vivant et Sciences naturelles. Les alumni des Sciences humaines et sociales ont prioritairement choisi une autre activité, classée au second rang sur l'ensemble de l'échantillon interrogé avec 37 coches. Il s'agit de l'implication active dans des projets de développement. Voici les clarifications apportées à cette réponse quant à l'effet possible sur l'enseignement supérieur : les personnes ayant répondu étaient, par exemple, impliquées dans différents projets bénévoles et « projets de développement ». Elles avaient le sentiment que ces actions avaient eu ou pouvaient avoir un impact sur les universités. Les personnes interrogées ont, par exemple, rapporté que les établissements d'enseignement supérieur avaient appris, grâce à des projets de développement et des projets communautaires, à être plus sensibles aux besoins locaux. Certains anciens étudiants EM ayant rempli le questionnaire s'employaient, de plus, à préparer à l'université davantage d'élèves sortant de l'école en enracinant l'idéal de l'enseignement supérieur grâce à certains projets, par exemple en donnant des cours du soir dans des écoles secondaires locales ou en proposant des cours de soutien dans certaines matières. Cette réponse a surtout été choisie par des

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RAPPORT FINAL - « Étude sur la contribution des alumni et de la diaspora à la stratégie commune Afrique-UE »

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alumni en Sciences humaines et sociales. Les « relations avec d'anciens confrères et lieux d'études » étaient également considérées comme des possibilités importantes par un bon nombre de personnes interrogées. L'implication dans des organisations d'anciens élèves a été mentionnée une fois comme un moyen important de rester en contact, d'échanger et de participer de manière utile. Les alumni rentrés chez eux ont également déclaré qu'ils contribuaient, par ailleurs, au développement de l'enseignement supérieur de plusieurs manières. Ils ont ainsi indiqué, par exemple, faire la promotion des programmes de bourses d'études à l'étranger auprès des étudiants à qui ils enseignaient désormais. Cette contribution passe aussi par l'encadrement des étudiants, l'enseignement, la participation au développement des programmes et des cursus, mais aussi par des missions d'assurance qualité et d'évaluation, par l'offre (parfois bénévole) d'enseignement à temps partiel dans une université locale, souvent lorsqu'ils occupent un poste dans un secteur autre que l'enseignement supérieur, ou par des cours supplémentaires après le travail. L'une des personnes interrogées traduisait « des cours en ligne en arabe, afin que la langue ne soit pas une barrière pour ceux qui veulent apprendre » (cas 1993). Une autre personne formait ses collègues. « Faire entendre une voix positive » (cas 1711) et « créer un état d'esprit positif » (cas 2283) était aussi considéré comme une contribution à l'amélioration de l'enseignement supérieur en Afrique, selon le point de vue de ceux qui y étaient rentrés. En regardant les réponses à cette question selon le pays d'origine, on se rend compte que la réponse « amélioration de la qualification » arrivait en tête parmi les Égyptiens et les Éthiopiens, tandis que les Sud-africains étaient particulièrement actifs dans les projets de développement.

Possibilités d'améliorer l'enseignement supérieur en Afrique (alumni Erasmus Mundus rentrés en Afrique)

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Possibilités d'améliorer l'enseignement supérieur en Afrique (alumni Erasmus Mundus rentrés en Afrique, par discipline)

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RAPPORT FINAL - « Étude sur la contribution des alumni et de la diaspora à la stratégie commune Afrique-UE »

SOFRECO 78

Possibilités d'améliorer l'enseignement supérieur en Afrique (alumni Erasmus Mundus rentrés en Afrique, par pays d'origine)

Cette partie a montré qu'il existait un grand nombre de modalités possibles d'implication dans le développement de l'enseignement supérieur en Afrique, aussi bien pour la diaspora (universitaire) des anciens étudiants des programmes européens que pour les alumni ayant décidé de rentrer dans leur pays d'origine après avoir terminé leurs études en Europe. La répartition des données par discipline alimente l'hypothèse selon laquelle les alumni des Sciences sociales, en particulier, semblent avoir plus de difficultés à rentrer immédiatement dans leur pays d'origine après avoir terminé un programme d'études européen. Bon nombre

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RAPPORT FINAL - « Étude sur la contribution des alumni et de la diaspora à la stratégie commune Afrique-UE »

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d'entre eux restent en Europe et ce sont eux qui ont coché le plus souvent la réponse « préparation au retour en cas d'opportunité professionnelle dans le pays d'origine ». Il convient donc de souligner que les données alimentent l'hypothèse selon laquelle les alumni africains des programmes d'études européens au sein de la diaspora n'ont pas confiance dans les systèmes d'enseignement supérieur africains.

6.2.2.2 DAAD

Ce paragraphe s'intéresse au niveau d'implication des anciens bénéficiaires DAAD, qu'il s'agisse de membres de la diaspora ou d'alumni revenus au pays, dans les systèmes d'enseignement supérieur de leur pays d'origine. Comme pour l'analyse des résultats EM, nous commencerons par présenter leur niveau de disponibilité face à l'implication dans le système d'enseignement supérieur africain, avant d'étudier les différentes raisons qui poussent les alumni à rester dans la diaspora ou à rentrer dans leur pays d'origine/en Afrique dans son ensemble.

On observe chez les alumni du DAAD une tendance semblable à celle des alumni EM dans les réponses relatives à l'importance d'une implication personnelle pour le développement de l'enseignement supérieur en Afrique : plus de 90 % des 304 bénéficiaires du DAAD de l'échantillon considéraient cette implication comme importante, très importante ou extrêmement importante (sur une échelle de 0 à 5, 170 ont coché 5, 73 ont coché 4 et 39 ont opté pour 3). Néanmoins, ce résultat doit à son tour être examiné de façon critique, afin de savoir si ces réponses seraient susceptibles de se traduire par des actions concrètes.

En ce qui concerne les alumni DAAD de la diaspora, on peut établir que le « manque d'opportunités dans le pays d'origine » était la principale raison qui les poussait à rester à l'étranger à l'issue de leurs études. Certaines des personnes interrogées suivaient un doctorat et continuaient à chercher des opportunités professionnelles dans leur pays d'origine. Les raisons avancées ensuite étaient les « prétentions salariales », les « perspectives d'emploi à l'étranger », les « raisons familiales » ainsi que « l'insécurité/la dangerosité » dans le pays d'origine. Les chiffres en valeur absolue varient selon la discipline dont relevaient les alumni DAAD lors de leur séjour d'études en Europe. Selon les réponses apportées à notre enquête, les « prétentions salariales » arrivaient en tête pour les étudiants en Sciences naturelles, suivies par le « manque d'opportunités dans le pays d'origine ». Ce dernier point était l'explication la plus avancée par les alumni en Sciences humaines et sociales, ainsi que par ceux ayant étudié les Sciences du vivant. La répartition selon les pays d'origine ne permet pas de tirer de conclusions, car le nombre de cas était, ici aussi, trop réduit.

RAPPORT FINAL - « Étude sur la contribution des alumni et de la diaspora à la stratégie commune Afrique-UE »

SOFRECO 80

Motivation pour rester à l'étranger (diaspora universitaire DAAD)

Motivation pour rester à l'étranger (diaspora universitaire DAAD par discipline)

Tout comme pour les personnes interrogées de l'échantillon EM, les raisons les plus importantes de rentrer pour les alumni DAAD étaient un sentiment de « responsabilité vis-à-vis du pays d'origine/du continent africain » et des « raisons familiales ». Les « opportunités professionnelles dans le pays de résidence actuel » figuraient également en bonne place dans les réponses. Venaient ensuite les « accords contraignants » et les « contrats de bourse » demandant aux alumni de retourner dans leur pays d'origine une fois leurs études terminées en Europe. Certains ont indiqué que leur programme d'études les encourageait au retour, dans un cas, grâce à une aide financière pour un stage, à l'issue du programme.

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Plusieurs personnes interrogées ont aussi indiqué que le DAAD encourageait fortement les bénéficiaires de ses bourses à rentrer dans leur pays, et que c'est même ce que l'on attendait d'eux. Dans certains cas, cela ne faisait pas partie des conditions, dans d'autres, le retour était obligatoire dans le pays d'origine ou dans un autre pays en développement, selon le programme de financement. Les participants à l'enquête ont en particulier souligné le fait que les programmes d'alumni du DAAD facilitaient le retour, en offrant des opportunités pour obtenir d'autres bourses et pour rester impliqué au sein de la communauté universitaire internationale. Les « prétentions salariales » ont été choisies par un bon nombre de participants kenyans, notamment, qui ont indiqué que les salaires au Kenya étaient tout à fait corrects. Le mal du pays, la nostalgie pour ce dernier, ainsi que le sentiment de stress occasionné par la vie en Europe étaient aussi mentionnés comme des raisons supplémentaires dans les zones de texte libre.

Motivation du retour en Afrique (alumni DAAD rentrés en Afrique)

Les actions possibles pour améliorer l'enseignement supérieur en Afrique ont été évaluées par la diaspora (universitaire) du DAAD de la façon suivante (voir aussi le graphique ci-dessous) : la réponse choisie par la plupart des participants a été « donner des conseils » depuis leur poste à l'étranger, par exemple par la tutelle d'étudiants basés en Afrique, suivie par « envoyer des fonds ». 19 participants ont opté pour la réponse « préparation au retour », ce qui indique qu'ils étaient encore en formation au moment de l'enquête et envisageaient de retourner en Afrique une fois leur diplôme obtenu. Les membres de la diaspora (universitaire) du DAAD ayant répondu considéraient les « liens avec leur ancien établissement d'enseignement supérieur » également importants. De plus, les activités suivantes

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ont été listées dans les zones de texte libre : implication dans du tutorat professionnel, diffusion des opportunités de bourses internationales, partage des ressources en ligne et du matériel de formation avec des collègues situés en Afrique et conseil auprès de certains confrères, création de programmes en ligne, enseignement et supervision auprès d'étudiants de premier cycle et de troisième cycle, participation à des projets universitaires ou de recherche dans le pays d'origine, par exemple implication dans certains projets du DAAD (DIES, « fachbezogene partnerships ») (cas 729) ou dans certaines associations (cas 1160). Il est intéressant de constater que la case « autre » a été cochée par un nombre significatif d'alumni africains ayant étudié les Sciences sociales et humaines. La réponse « donner des conseils » est répartie de manière égale parmi les différentes disciplines. La « préparation au retour » a été ostensiblement cochée par un grand nombre d'alumni DAAD issus des Sciences naturelles et de l'informatique.

Possibilités d'améliorer l'enseignement supérieur en Afrique (diaspora universitaire DAAD)

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Possibilités d'améliorer l'enseignement supérieur en Afrique (diaspora universitaire DAAD par discipline)

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Remittances

Giving advice

Ties between current work place and African institutions

Support diaspora Africans

Prepare for return

Other

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SOFRECO 84

La majeure partie des anciens bénéficiaires de bourses du DAAD rentrés dans leur pays d'origine a indiqué être impliquée dans un certain nombre d'activités (possibilité de réponses multiples) susceptibles de contribuer à l'amélioration de l'enseignement supérieur en Afrique. L'option choisie le plus souvent était « implication active dans des projets de développement », comme par exemple des projets bénévoles liés aux établissements d'enseignement supérieur (par exemple, encourager la jeunesse locale à étudier à l'université, conseils professionnels, tutorat), ou des projets de recherche utiles aux communautés locales et qui produisent des données pouvant ensuite être utilisées par des étudiants de troisième cycle. Venait ensuite la réponse « amélioration de la formation actuelle » et l'entretien de « liens avec le lieu d'étude en Europe ». Les options « liens avec d'autres étudiants à l'étranger » et avec « d'autres étudiants d'Afrique » étaient choisies moins souvent, mais ont malgré tout concerné 63 participants au total. Les autres activités mentionnées par les alumni DAAD rentrés au pays ressemblent à celles de leurs homologues EM. Les participants étaient actifs dans les domaines de l'enseignement, de la recherche et des interactions communautaires, ainsi que dans l'administration et la gestion de l'enseignement supérieur, la formation de personnel et le partage des connaissances, le développement des politiques et la rédaction de stratégies au niveau national, institutionnel et même continental. Les participants ont aussi expliqué qu'ils encourageaient les étudiants de troisième cycle à postuler à des programmes de bourse en Europe, qu'ils invitaient des chercheurs d'autres pays d'Afrique (anciens compagnons d'études en Europe) et d'établissement européens dans leurs universités africaines et qu'ils s'impliquaient dans l'enseignement collaboratif international et des projets de recherche avec des collègues et des universités en Europe. Ils ont contribué à l'enseignement supérieur en Afrique grâce à leur « expérience personnelle dans la recherche de financement de projets » (cas 233) ou en jouant le rôle de mécènes auprès de « proches afin qu'ils accèdent à l'enseignement supérieur » (cas 420). L'analyse des réponses en fonction des disciplines étudiées en Europe n'a pas montré de grandes différences. Par rapport aux alumni EM rentrés au pays, on remarque nettement que les alumni DAAD de notre échantillon, indépendamment de la discipline étudiée, ont contribué activement à l'enseignement supérieur par l'intermédiaire de projets de développement, ce qui s'est traduit par l'amélioration de la formation actuelle dans toutes les disciplines. Si l'on considère les pays d'origine, on s'aperçoit que parmi les Égyptiens, la poursuite d'autres études était considérée comme une activité plus importante pour la contribution au développement de l'enseignement supérieur en Égypte que l'implication dans des projets de développement. Les Kenyans et les Nigerians ont plus souvent coché la case « autre » et mentionné des activités et des idées autres que les réponses proposées dans l'enquête.

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SOFRECO 85

Possibilités d'améliorer l'enseignement supérieur en Afrique (alumni DAAD rentrés en Afrique)

Possibilités d'améliorer l'enseignement supérieur en Afrique (alumni DAAD rentrés en Afrique, par discipline)

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projects

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Social Sciencesand

Humanities

Natural andComputational

Science

Life Sciences(includingHealth

Sciences andMedicine)

Other

Actively involved indevelopment projects

Improving current qualification

Ties with fellow studentsabroad

Ties with fellow studens fromAfrica

Ties with place of study

Other

RAPPORT FINAL - « Étude sur la contribution des alumni et de la diaspora à la stratégie commune Afrique-UE »

SOFRECO 86

Possibilités d'améliorer l'enseignement supérieur en Afrique (alumni DAAD rentrés en Afrique, par pays d'origine)

Cette partie a confirmé que la diversité des activités individuelles menées par les alumni EM africains se retrouvait chez les participants DAAD, et que, par elles, les alumni africains des programmes d'étude européens rentrés dans leur pays d'origine comme la diaspora (universitaire) contribuaient au développement de l'enseignement supérieur en Afrique.

6.2.2.3 Comparaison des bénéficiaires d'EM et du DAAD

On observe que les individus interrogés sont généralement tout à fait prêts à contribuer de différentes façons à l'amélioration de l'enseignement supérieur en Afrique. Mais notre interprétation se base sur le fait que les deux groupes ont facilement coché les cases « très important » ou « extrêmement important ». Cette attitude ne conduit pas nécessairement à des initiatives concrètes. Toutes réponses confondues, les alumni EM et DAAD ont tous dû fournir de nombreux efforts pour ne participer, quelle qu'en soit la manière, que de façon limitée au développement de l'enseignement supérieur en Afrique. Et à l'exception d'une légère différence dans la nature des activités concrètes et de l'axe choisi entre les alumni rentrés en Afrique et la diaspora (par exemple, enseignement à court terme contre enseignement à long terme, tutelle à distance contre tutelle sur place), le

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Actively involved in development projects Improving current qualification

Ties with fellow students abroad Ties with fellow studens from Africa

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RAPPORT FINAL - « Étude sur la contribution des alumni et de la diaspora à la stratégie commune Afrique-UE »

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matériel source permet de conclure qu'il existe parmi les alumni des programmes d'étude européens un fort potentiel qui n'est pas encore exploité de manière systématique et ne semble pas utilisé au maximum. Les difficultés et les obstacles existants sont abordés ci-après.

6.2.3 Comment la diaspora et les alumni africains peuvent être impliqués dans l'enseignement supérieur africain. Dans ce paragraphe, nous traiterons, tout d'abord, des obstacles et des difficultés rencontrés pour accroître l'implication de la diaspora (universitaire) africaine dans le développement de l'enseignement supérieur en Afrique, du point de vue des participants à notre enquête. Nous tenterons ensuite de voir de quelle manière, dans quels domaines et sous quels aspects, les alumni africains qui sont rentrés en Afrique et ceux qui sont restés dans la diaspora, peuvent être (davantage) impliqués dans le système d'enseignement supérieur de leur pays. Nos informations se basent sur les réponses apportées aux questions ouvertes suivantes dans le questionnaire en ligne : 1) « Quelles sont, selon vous, les difficultés rencontrées par la diaspora pour contribuer au développement de l'enseignement supérieur en Afrique ? » et 2) « Quels éléments vous paraissent importants pour augmenter l'implication de la diaspora et des alumni africains dans le développement de l'enseignement supérieur en Afrique ? » Nous ne ferons pas de distinction, dans notre analyse, entre les différents groupes de boursiers. Nous pourrons toutefois faire une distinction entre les Africains étant rentrés dans leur pays d'origine ou dans un autre pays d'Afrique et les personnes vivant et travaillant en Europe ou ailleurs dans le monde, s'il s'avère que des différences existent.

Pour plus de 55 % des personnes interrogées de notre échantillon, la diaspora (universitaire) rencontrait des difficultés pour contribuer au développement de l'enseignement supérieur en Afrique. Le pourcentage de citoyens observant des difficultés était bien supérieur à la moyenne dans certains pays, par exemple, le Maroc (81 %), l'Algérie (75 %), le Cameroun (70 %), le Soudan (67 %) et l'Éthiopie (62 %). Près de la moitié des participants, indépendamment du programme de bourse dont ils avaient bénéficié, considéraient que des contributions étaient possibles. Cela dépend naturellement de ce que l'on entend par contribution. Comme nous l'avons vu dans les paragraphes précédents, bon nombre d'alumni africains préféraient s'impliquer dans l'enseignement supérieur du continent par des activités individuelles et très spécifiques, suivant le contexte national de leur pays respectif et les fenêtres d'opportunités existantes.

Ceux qui estimaient qu'il existait des difficultés les ont précisées de la façon suivante. Les membres de la diaspora (« alumni africains employés à l'étranger ») ont ainsi souligné à de très nombreuses reprises que la qualité insuffisante des infrastructures et le mauvais entretien des établissements d'enseignement supérieur en Afrique, et que le manque de moyens et la pénurie d'équipements, en particulier pour la recherche, représentaient des contraintes majeures à une implication plus soutenue dans le développement de l'enseignement supérieur en Afrique. Un autre aspect abordé était le manque de mesures incitatives et de soutien financier, de la part des gouvernements africains en particulier, envers les personnes désireuses de rentrer dans leur pays d'origine ou de s'y impliquer davantage dans le développement de l'enseignement supérieur depuis l'étranger. Les gouvernements étaient généralement considérés comme des acteurs clés, capables d'influencer et d'améliorer la situation, mais aussi, souvent, de mettre un

RAPPORT FINAL - « Étude sur la contribution des alumni et de la diaspora à la stratégie commune Afrique-UE »

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frein aux activités. De nombreux africains de la diaspora ont constaté un manque de volonté politique de faire changer la situation. Il n'existe que rarement des plateformes ou des mécanismes officiels permettant aux Africains de la diaspora d'interagir avec le système d'enseignement supérieur en Afrique et d'y apporter leur contribution de manière canalisée. Certains universitaires de la diaspora ont également fait état de difficultés lors de leurs tentatives d'interaction avec les enseignants locaux. Ils ont relevé qu'il existait souvent une certaine méfiance vis-à-vis de la diaspora africaine et la crainte, de la part des enseignants africains, que les membres de cette diaspora finissent par entrer en concurrence avec eux. Ceci pourrait peut-être expliquer le manque d'intérêt pour la collaboration avec la diaspora, voire son rejet, ainsi qu'un manque global de communication. La diaspora a été confrontée à des politiciens et des universitaires locaux peu réceptifs à de nouvelles idées et rejetant toute forme de critique, qui justifiaient souvent leur attitude en expliquant que les membres de la diaspora « ne connaissent pas la situation sur place ». Comme autres freins à l'implication, les universitaires de la diaspora ont également mentionné le manque de temps (libre) pour participer aux programmes de recherche, ainsi que la pression et l'insécurité politique et économique.

Les alumni africains rentrés dans leur pays d'origine ont largement confirmé les observations et les expériences rapportées par les universitaires de la diaspora. Ils ont également signalé un certain nombre de difficultés supplémentaires pour les membres de la diaspora (universitaire) désireux de s'impliquer davantage dans l'enseignement supérieur en Afrique et ont fait référence aux réalités locales qu'ils devraient affronter s'ils étaient employés dans leur pays d'origine. La première de ces difficultés était celle de trouver un emploi après avoir obtenu leur diplôme grâce à un programme d'études européen. Lorsqu'ils ont tenté de postuler dans un pays africain, les alumni des programmes d'études européens ont parfois eu dû mal à faire reconnaître leurs diplômes et leurs certificats (cela a été rapporté pour la Guinée, le Kenya et la Tunisie). De plus, dans de nombreux pays africains, les gouvernements sont très fortement impliqués dans le recrutement des universitaires. Il arrive parfois que les décisions de nomination ne soient pas prises en fonction du talent, des compétences et des contributions possibles, mais en fonction d'idées et d'affinités politiques (cas 638, 664, 1381, 1509, avec pour pays d'origine le Cameroun, l'Éthiopie et le Soudan).

Une fois dans le système, au nombre des contraintes possibles, les participants ont souligné la mauvaise rémunération du personnel universitaire, des perspectives de carrière décousues et une mauvaise gestion des compétences, ainsi qu'un accès restreint à la littérature scientifique, aux livres, au matériel et à internet, mais aussi la surpopulation et les nombreuses grèves. Ils ont de plus souligné des opportunités limitées de voyage à l'étranger et les difficultés pour obtenir un visa. Un des universitaires a par exemple déclaré : « Les experts des pays africains ne sont pas autorisés par leur gouvernement à voyager librement pour aller travailler dans les pays du nord quand des opportunités se présentent » (cas 339, pays d'origine : Tanzanie). Dans ces conditions, garder le contact avec des confrères à l'étranger, entre autres choses, devenait difficile. Cela était également lié au manque d'échanges, au niveau national et institutionnel, et de programmes de mobilité. Un participant a résumé la situation ainsi : « Il existe un dysfonctionnement de tout le système de l'enseignement supérieur. Toute contribution serait par conséquent très limitée. Une tentative de changement du système en place rencontrerait forcément une résistance, et une personne

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désireuse d'initier ce changement pourrait être perçue comme dangereuse. Renoncer à une carrière en Europe ou simplement passer du temps dans un pays d'Afrique n'en vaut financièrement pas la peine » (cas 722).

En ce qui concerne les différentes manières d'améliorer l'implication de la diaspora et des alumni africains dans le développement de l'enseignement supérieur en Afrique et les mesures possibles en ce sens, les réponses apportées ont été très diverses. Elles reflétaient la diversité des situations de l'enseignement supérieur dans les différents pays d'Afrique, la variété des approches de leurs gouvernements face aux alumni et à la diaspora issus des programmes d'étude européens, mais aussi, très certainement, la situation particulière de chacun des participants à l'étude. L'amélioration globale des systèmes d'enseignement supérieur africains, afin de les rendre plus attractifs pour la diaspora et les alumni africains, figurait en tête des réponses à cette question, aussi bien parmi les alumni africains rentrés dans leur pays d'origine que parmi les personnes restées à l'étranger. Cette demande d'amélioration faisait avant tout référence à la situation financière inadaptée des EES en Afrique, notamment en matière de salaires des universitaires. Elle était également liée, dans de nombreux cas, à la qualité insuffisante des infrastructures, au manque d'équipements de recherche et de lieux d'accès à la littérature scientifique, mais aussi à une bureaucratie inadaptée et à des gestionnaires incompétents.

Les participants souhaitaient, par exemple, que les gouvernements africains ainsi que les EES acceptent que la diaspora puisse jouer un rôle important et que celle-ci était très désireuse de s'impliquer. Mais il faudrait, pour cela, reconnaître son statut particulier. Cela nécessiterait, de plus, une certaine dose d'implication et de bonne volonté de la part de tous les acteurs afin de créer des environnements globalement favorables et motivants. Un certain nombre de stratégies, de politiques et peut-être aussi de mesures incitatives seraient nécessaires. Selon les réponses des participants, les responsables des pays africains devraient créer et entretenir des bases de données et des plateformes dont les informations permettraient de savoir qui fait quoi, et qui contiendraient également des coordonnées de contact. Ils devraient mettre en place une base de données sur la « communauté des cerveaux », facilement utilisable et mobilisable, par exemple dans l'optique du recrutement. La multiplication des maillons bureaucratiques devrait être évitée. De nombreux universitaires de la diaspora africaine étaient prêts à s'impliquer davantage et à donner des conseils dans l'élaboration des politiques relatives à l'enseignement supérieur et ont déclaré être régulièrement invités à interagir avec les décideurs au niveau national et institutionnel.

Un grand nombre de propositions ont circulé autour du renforcement des partenariats existants (et de la création de partenariats supplémentaires) entre les établissements d'enseignement supérieur africains et européens, notamment en ce qui concerne les collaborations dans la recherche et l'enseignement, comme les programmes de diplômes conjoints, la cotutelle et le co-tutorat, les différents types de programmes de mobilité pour les étudiants et les conférences en lien avec le transfert constant des connaissances et l'échange bi-directionnel. La diaspora et les alumni africains étaient considérés comme des acteurs clés dans ce type d'entreprises. Ils pourraient également contribuer à l'obtention de financements.

Une autre option envisagée pour augmenter l'implication était la création et l'entretien, dans chaque pays d'origine, de réseaux et de plateformes destinés à la diaspora et aux alumni africains. Des échanges réguliers entre alumni rentrés au

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pays et membres de la diaspora universitaire devraient être organisés, ainsi que des suivis réguliers, par les différents mécènes, de l'activité des anciens bénéficiaires. Les participants ont, de plus, évoqué la nécessité pour les universitaires de la diaspora de pouvoir effectuer des séjours temporaires en Afrique afin de partager leurs connaissances et leur expérience, par exemple en tant que chercheur invité pour des missions d'enseignement de courte durée, lors de congés sabbatiques ou pour de l'enseignement à temps partiel, en tant qu'activités ponctuelles. La mise en place d'éléments d'apprentissage en ligne faisait également partie des options envisagées pour permettre l'implication de la diaspora universitaire. En ce qui concerne les programmes d'enseignement supérieur européens et leurs schémas de financement, les participants ont suggéré une réflexion sur les composantes et les mécanismes de ces programmes, afin de permettre une implication tout en participant au programme d'études, en particulier pour les personnes qui continuaient d'être employées par les EES africains lors de leur séjour en Europe. Les mesures de réintégration en Afrique après l'obtention d'un diplôme en Europe ont également été abordées et considérées comme importantes. Un autre ensemble de recommandations s'intéressait aux contributions matérielles qui pourraient être apportées par les alumni africains travaillant dans la diaspora, par exemple sous la forme de livres ou d'équipement, mais aussi par la création d'un programme de bourses destiné à la mobilité africaine ou même grâce à des fonds de recherche.

Sur l'ensemble des réponses à cette question, on ne constate pas de différence entre les recommandations des alumni africains vivant et travaillant en Afrique, et ceux de l'étranger.

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Algeria

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Botswana

Burkina Faso

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Madagascar

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Sierra Leone

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Pays de résidence (Erasmus Mundus)

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Eritrea

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Denmark

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United States

Brazil

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Sweden

Burundi

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Madagascar

Tanzania

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Pays d'origine (DAAD)

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Sierra Leone

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DRC

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Algeria

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Senegal

Zimbabwe

Burkina Faso

Tunisia

Canada

Uganda

South Africa

Cameroon

Ethiopia

Nigeria

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CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS

Nous avons entrepris cette étude à un moment où

a) l'Union européenne entre dans une nouvelle phase de coopération avec des partenaires du monde entier, l'Afrique en particulier. Erasmus+ répond aux différentes évaluations faites sur les programmes qui existaient avant 2013 et rassemble désormais sous un même chapeau bon nombre de leurs orientations. Cela a l'avantage de renforcer la cohérence dans l'application des objectifs de politique générale. Néanmoins, le risque existe de voir augmenter la complexité des programmes et que, pendant une période transitoire, les acteurs aient du mal à répondre de manière adaptée à tous les objectifs exprimés dans le programme. Notre analyse se basant sur les expériences des alumni et des représentants de l'ES africain avec les programmes en vigueur jusqu'en 2013, elle ne peut en rien refléter l'expérience Erasmus+.

b) les États membres redéfinissent leur politique en matière de coopération avec les systèmes d'ES en Afrique (comme le montre la nouvelle stratégie formulée par le DAAD, analysée plus en détail au chapitre 2.3.4). Il est intéressant d'observer dans quelle mesure les programmes nationaux suivent les mêmes lignes générales que les programmes de l'UE tout en développant des schémas de mise en œuvre opérationnelle très différents.

c) de nombreux pays d'Afrique multiplient les efforts pour améliorer la qualité de leur éducation et de leur ES, pour s'ouvrir à plus de coopération internationale et pour relever les défis que représente une communauté grandissante d'universitaires ayant obtenu leurs diplômes à l'étranger et qui (comme notre enquête le montre) sont majoritairement favorables à un retour, mais critiquent les conditions dans lesquelles celui-ci devrait se faire.

Le problème de la migration et de la diaspora trouve une résonance de plus en plus grande dans les discussions politiques et universitaires, mais le changement de paradigme et le passage d'une réflexion en termes de contextes nationaux (avec, par conséquent, une focalisation sur la fuite des cerveaux) à l'acceptation de réalités transnationales toujours plus présentes (avec une attention nouvelle portée à la circulation des personnes et des idées) ne semble pas avoir beaucoup influencé le débat politique sur la diaspora universitaire africaine, que ce soit en Europe ou en Afrique. Les alumni que nous avons interrogés incarnent pourtant

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très exactement l'expérience transnationale susceptible d'avoir un impact sur l'ES africain.

Nous avons commencé par faire un état des lieux de la situation actuelle, qui se résume par l'observation suivante : beaucoup d'Africains sont déjà rentrés en Afrique après leurs études en Europe. Il est difficile d'estimer leur nombre, car il n'existe pas de statistiques officielles les concernant sur le continent africain, pas plus que de définition précise. Nous avons cependant pu confirmer que le nombre d'étudiants africains déjà rentrés dans leur pays d'origine ou dans d'autres pays d'Afrique à l'issue de leurs études en Europe, afin d'y travailler dans des universités, des centres de recherche ou des ministères, mais aussi d'y coopérer avec des entreprises, des organismes internationaux et des organisations non gouvernementales pour produire de nouveaux savoirs et les processus d'amélioration des capacités correspondants, ne cessait de croître. Il existe un second groupe, constitué d'alumni des programmes européens qui, pour diverses raisons, restent à l'étranger et y constituent une sorte de diaspora universitaire. L'un des principaux résultats de notre recherche a été de constater qu'un bon nombre d'entre eux avaient également l'intention de retourner en Afrique. Les raisons invoquées par ceux qui ne partageaient pas cette intention allaient des liens familiaux aux besoins d'équipements de pointe disponibles uniquement dans certains centres de recherches. Le manque de documentation, en particulier pour les programmes d'études en Europe avant la première moitié des années 1990 empêche de facto toute évaluation de la taille de ces groupes. On ne dispose de données plus précises que depuis 10 à 15 ans. Cependant, il est impossible d'y accéder directement, en raison des règles en matière de protection des données. Dans les limites imposées par ces lois, l'Office allemand d'échanges universitaires (DAAD) s'est montré extrêmement coopératif et facilité la prise de contact avec les anciens étudiants enregistrés dans sa base de données. Il va de soi qu'un certain nombre de ces alumni avaient depuis changé d'adresse, ce qui a limité d'autant notre enquête. Nous ne pouvons donc prétendre avoir obtenu des résultats représentatifs sur le poids des alumni rentrés au pays et des membres de la diaspora au sein de cet échantillon, puisque nous ignorons le nombre total d'alumni des programmes allemand et français. La situation est bien meilleure en ce qui concerne les programmes européens, car on dispose là d'une documentation assez complète sur l'ensemble des alumni. Le contact avec ces derniers est grandement facilité par l'Erasmus Mundus Alumni Association (association des anciens étudiants Erasmus Mundus) et par de nombreuses associations d'anciens étudiants au niveau des parcours individuels. Le problème qui se pose cependant est qu'Erasmus Mundus a été lancé en 2004. Les premiers participants à ce type de programme sont désormais considérés comme alumni depuis 6 à 7 ans. Leur impact sur les systèmes de l'ES en Afrique est nécessairement limité, ou du moins très spécifique, puisqu'ils se trouvent au tout début de leur carrière.

En dépit de toutes ces difficultés, l'enquête a permis de peindre un tableau détaillé de la façon dont les alumni des programmes européens (que ceux-ci soient financés par l'UE ou par des organismes nationaux en Allemagne et en France) pensent pouvoir avoir un impact et de ce qui les incite à chercher des moyens d'influencer la situation de l'ES en Afrique. Une très forte motivation est le point de départ indispensable à toute stratégie de mise en œuvre concrète de cet impact.

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En ce qui concerne les différentes manières d'améliorer l'implication de la diaspora et des alumni africains dans le développement de l'enseignement supérieur en Afrique et les mesures possibles en ce sens, les réponses apportées ont été très diverses. Elles reflétaient la diversité des situations de l'enseignement supérieur dans les différents pays d'Afrique, la variété des approches de leurs gouvernements face aux alumni et à la diaspora issus des programmes d'étude européens, mais aussi, très certainement, la situation particulière de chacun des participants à l'étude. L'amélioration globale des systèmes d'enseignement supérieur africains, afin de les rendre plus attractifs pour la diaspora et les alumni africains, figurait en tête des réponses à cette question, aussi bien parmi les alumni africains rentrés dans leur pays d'origine que parmi les personnes restées à l'étranger. Cette demande d'amélioration faisait avant tout référence à la situation financière inadaptée des EES en Afrique, notamment en matière de salaires des universitaires. Elle était également liée, dans de nombreux cas, à la qualité insuffisante des infrastructures, au manque d'équipements de recherche et de lieux d'accès à la littérature scientifique, mais aussi à une bureaucratie inadaptée et à des gestionnaires incompétents.

Nous n'avons pas d'étude similaire pour la situation dans les années 1990, mais tous nos entretiens avec les universitaires et les professionnels du secteur ont confirmé que les universitaires étaient de plus en plus conscients des possibilités de retour en Afrique. Dans de nombreux pays africains, les systèmes d'ES font l'objet de davantage d'attention de la part des politiques et connaissent à nouveau une croissance régulière, après des années particulièrement difficiles en raison d'une criante insuffisance de financement. Dans plusieurs pays, des documents d'orientation politique ont souligné la nécessité de former une nouvelle génération d'enseignants. L'accent est donc mis particulièrement sur les formations de doctorat et sur l'augmentation du nombre de titulaires de diplômes de niveau international (ce qui incite, de fait, beaucoup de jeunes chercheurs à quitter l'Afrique afin d'obtenir un doctorat pour pouvoir prétendre à des postes d'enseignant).

Bien que tous ces facteurs semblent jouer en faveur d'un impact croissant des alumni dans les systèmes d'ES en Afrique, certains obstacles subsistent, qu'un effort politique commun doit tenter de lever.

Au cours des dernières années, la perception de la mobilité universitaire a connu une certaine redéfinition. Par le passé, l'expression dominante était celle de « fuite des cerveaux ». Elle faisait référence à un équilibre dans lequel le pays d'origine devait supporter les coûts de l'enseignement primaire, secondaire, et même supérieur (au moins durant les premières années d'études). Par opposition, le pays de destination des jeunes boursiers était perçu comme profitant d'un investissement fait par d'autres, avec l'avantage supplémentaire de pouvoir sélectionner les meilleurs parmi une offre vaste d'excellents étudiants. Non seulement ces pays tiraient profit de l'innovation produite par ces immigrants, profit souvent transféré dans leurs industries, mais de plus, grâce aux talents gagnés, les universités et les centres de recherche de ces pays s'avéraient encore plus attractifs pour une nouvelle immigration de talents, constituant une spirale ascendante. Tous ces mécanismes n'ont pas disparu, mais le propos est désormais plus nuancé et de nouveaux arguments sont venus s'y ajouter. Dans de nombreux cas, on est loin d'un simple schéma binaire composé d'un pays d'origine et d'un autre de destination, mais dans une situation où les migrants universitaires

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(et beaucoup d'autres migrants) se déplacent entre plusieurs pays. Ils ne contribuent pas seulement à l'équilibre des savoirs et au transfert de ces derniers vers les industries nationales, mais emportent avec eux leurs expériences et leurs connaissances, enrichissant eux-mêmes le poste suivant dans leur carrière et faisant bénéficier de de nombreux autres lieux leurs compétences acquises, indépendamment de toute frontière. Cette situation a vu naître un discours dans lequel l'expression « circulation des cerveaux » était cette fois placée au centre de toutes les attentions, et un certain nombre d'études empiriques ont prouvé que le pays d'origine pouvait, dans certaines circonstances, tirer un bénéfice important de ses universitaires installés hors de ses frontières et qui constituent une sorte de diaspora. On pense ici à l'analogie avec les « transferts de fonds ». Tout ceci est détaillé dans les recherches actuelles sur la migration transnationale et a impacté les politiques de nombreux pays et de nombreuses universités à travers le monde. Les mots clés sont ici la transnationalisation et la mondialisation de l'enseignement, concepts distincts des précédentes stratégies d'internationalisation.

Malheureusement, à de nombreux égards, cette discussion récente n'a touché que partiellement les débats en Afrique. Il semble que l'attention portée à la conceptualisation du processus catégorisé sous le terme « fuite des cerveaux » soit bien ancrée et basée sur l'analyse critique d'une relation inégalitaire avec les autres parties du monde. Notre objectif n'est pas de contester cette analyse, mais l'effet secondaire involontaire qu'elle produit, dans de nombreux pays où nous nous sommes rendus et que nous avons étudiés, est un manque d'attention porté à la réalité concrète vécue par les membres de la diaspora universitaire, à leurs intentions et leurs objectifs, à leurs besoins et leur attentes. Ces personnes ne sont pas perçues comme un potentiel, mais comme une perte (en matière de savoir) pour l'économie et la société domestiques. La seconde conséquence est que ces pays n'ont pas conscience de la nécessité d'élaborer des politiques spécifiques destinées à attirer des alumni restés à l'étranger pour quelque raison que ce soit, et qui pourraient (et souhaiteraient) avoir un impact sur l'ES domestique. Le conseil serait donc de lancer une série de débats sur la manière de lier la politique actuelle en matière de diaspora universitaire aux connaissances les plus récentes obtenues dans les études sur les migrations.

Institutionnalisation des politiques relatives à la diaspora universitaire

Bien que 32 pays d'Afrique aient déjà mis en place des bureaux dédiés à la gestion des affaires de la diaspora et créé des institutions à différents niveaux, ceux-ci ne semblent pas avoir atteint une aptitude au fonctionnement suffisante pour avoir une grande influence sur la diaspora universitaire. L'élaboration de politiques spécifiques à la diaspora universitaire semble donc nécessaire, tout comme leur mise en œuvre à tous les niveaux, depuis les universités nationales jusqu'aux universités locales. Alors même que les alumni ayant répondu à notre enquête et à nos questions d'entretien et les responsables des ministères et des sièges centraux des universités étaient tous convaincus de la nécessité de ces politiques, ils se sont tous montrés préoccupés par leur quasi-inexistence. La tension qui existe entre ce ressenti et le processus susmentionné d'institutionnalisation de la gestion des affaires de la diaspora peut peut-être s'expliquer par l'absence de politique spécifique (!) envers les membres de la diaspora universitaire et le manque de visibilité lorsque cette politique existe. Il n'existe pas de diffusion de

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modèles de bonnes pratiques (ce que l'UA pourrait faire, par exemple), pas plus que de fonds spéciaux au niveau national ou au niveau des universités, consacrés à ce problème. Une initiative conjointe des pays ayant déjà une avance sur certains aspects de la politique relative à la diaspora universitaire aiderait, à n'en pas douter, au démarrage de ce processus.

Politiques nationales dirigées vers les diasporas universitaires

Une attention accrue est portée à l'éducation et à la recherche, mais aussi à l'application de bourses innovantes dans de nombreuses dimensions de la société, en tant que composante d'une société du savoir en pleine mondialisation, où les frontières nationales sont moins importantes qu'elles ont pu l'être à une époque où l'interdépendance entre éducation et développement a été pensée essentiellement dans le cadre des limites nationales. Mais cela ne signifie pas que les politiques et les gouvernements nationaux ont perdu leur importance. Ils jouent au contraire un rôle crucial pour le positionnement d'une société donnée dans le cadre mondial, plus vaste, que constituent des centres d'innovation liés les uns aux autres, la circulation des idées et des concepts, ainsi que les chaînes de valorisation transnationales et parfois transcontinentales qui mobilisent les savoirs de nombreux pays. À cet égard, les élites universitaires présentent un intérêt particulier, et la proportion élevée du nombre d'Africains dans la diaspora universitaire, qui pourrait apparaître comme un facteur défavorable, peut au contraire se révéler un véritable atout. Ils constituent en effet un groupe multilingue, familier des différentes cultures universitaires, et ayant déjà développé un réseau professionnel transnational et transcontinental. Mais pour tirer profit de cet atout, il est nécessaire de disposer d'une stratégie nationale sur la manière d'exploiter ce potentiel, et de la faire connaître aux citoyens du pays. De telles stratégies comportent plusieurs aspects différents, à commencer par un climat favorable à l'égard du caractère transnational du travail universitaire et du monde universitaire en tant que catégorie professionnelle, mais aussi le développement d'un ensemble d'outils propres au pays afin de permettre l'intégration complète ou partielle des universitaires de la diaspora, ainsi que d'un ensemble d'outils permettant de lier les établissements universitaires nationaux aux membres de la diaspora universitaire qui souhaitent rester à l'étranger tout en gardant une connexion. Pour finir, cette stratégie doit aborder un certain nombre d'aspects qui ne se limitent pas au seul champ de la politique de l'ES, mais portent aussi sur les problèmes posés par la transnationalisation dans d'autres secteurs (les contraintes juridiques posées par cette connexion, le rôle des transferts de fonds, la création de centres d'innovation transnationaux étroitement liés à des zones économiques particulières, pour ne mentionner que quelques-uns de ces liens avec d'autres dimensions sociétales). Une telle stratégie ne peut se limiter à la bonne volonté de toutes les parties, mais doit également disposer d'un soutien matériel.

Bases de données

Il existe (en apparence ?) une certaine tension entre, d'une part, les résultats de notre étude documentaire, qui a mis en lumière une certaine tradition de création de bases de données rassemblant les talents de la diaspora susceptibles d'être utilisés dans les pays africains, et, d'autre part, l'affirmation par de nombreux alumni interrogés que ces bases de données sont une nécessité urgente. La

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première lecture que l'on peut en faire (au-delà des aspects purement techniques de ces bases de données) est celle d'une demande de la diaspora d'une meilleure reconnaissance de son potentiel par les autorités politiques et universitaires africaines. En se penchant à nouveau sur ces bases de données, on peut, lors d'une seconde lecture, se demander qui définit les critères d'inclusion des chercheurs, qui y a accès et qui les utilise. Faire partie, ou au contraire, être exclu d'une telle base de données peut vouloir dire, par exemple, pouvoir accéder à des opportunités intéressantes en tant que consultant ou à des offres d'emploi, ou être privé de cet accès. Il n'existe pas de solution simple à ce problème. Mais on se rend compte, comparativement à d'autres régions du monde, que l'Afrique manque sans doute d'(auto-)organisations universitaires quasi-autonomes et professionnelles capables de gérer de telles bases de données indépendamment du gouvernement et du secteur privé, et de créer ainsi la confiance nécessaire à un meilleur fonctionnement de cet instrument. De futurs projets relatifs à ces bases de données ne devraient donc pas seulement s'attacher à la seule disponibilité des données, mais aussi à l'indépendance de ceux qui les gèrent.

Une culture de l'accueil envers les alumni des programmes européens

Les alumni africains rentrés dans leur pays d'origine ont largement confirmé les observations et les expériences rapportées par les universitaires de la diaspora. Ils ont signalé un certain nombre de difficultés supplémentaires pour les alumni des programmes européens désireux de s'impliquer davantage dans l'enseignement supérieur en Afrique et ont fait référence aux réalités locales qu'ils devraient affronter s'ils étaient employés dans leur pays d'origine. La première de ces difficultés était celle de trouver un emploi après avoir obtenu leur diplôme grâce à un programme d'études européen. Lorsqu'ils ont tenté de postuler dans un pays africain, les alumni de ces programmes ont parfois eu dû mal à faire reconnaître leurs diplômes et leurs certificats. De plus, dans de nombreux pays d'Afrique, les gouvernements sont très fortement impliqués dans le recrutement des universitaires. Il arrive parfois que les décisions de nomination ne soient pas prises en fonction du talent, des compétences et des contributions possibles, mais en fonction d'idées et d'affinités politiques, ou bien en donnant la priorité aux fonctionnaires déjà en place par rapport aux postulants externes.

Une fois dans le système, au nombre des contraintes possibles, les participants ont souligné la mauvaise rémunération du personnel universitaire, des perspectives de carrière décousues et une mauvaise gestion des compétences, ainsi qu'un accès restreint à la littérature scientifique, aux livres, au matériel, à internet et à des espaces de bureau, mais aussi de nombreuses grèves. Ils ont de plus mis l'accent sur le faible nombre d'opportunités de voyage à l'étranger et les difficultés pour obtenir un visa. Dans ces conditions, garder le contact avec des confrères à l'étranger, entre autres choses, devenait difficile. Les programmes d'échange et de mobilité à l'échelle nationale ou à celle des établissements sont très attendus. Là où les programmes européens considèrent les alumni comme des « agents de changement » et d'amélioration future des systèmes d'ES en Afrique (et les forment en ce sens), les universitaires qui rentrent chez eux sont souvent perçus comme une menace pour la stabilité du système. Tout changement du système en place rencontrerait forcément une résistance, et une personne désireuse d'initier ce changement pourrait être perçue comme dangereuse. Notre recommandation en la matière est aussi peu originale que

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difficile à réaliser : renforcer la culture de l'accueil envers les personnes ayant obtenu des compétences à l'étranger et désireuses de les employer afin d'améliorer la situation de l'ES chez elles. Les universités européennes rencontrent d'ailleurs le même problème lorsqu'elles tentent de récupérer des chercheurs ayant quitté l'Europe pour des cultures universitaires et des postes plus intéressants à l'étranger. La mise en place, entre les universités africaines et européennes, d'un dialogue permanent sur le problème de la culture de l'accueil, sur les ressources affectées à cet objectif, sur l'établissement de responsabilités et de structures administratives ainsi que sur la mobilisation du personnel déjà en place permettrait de relever ce défi de façon commune.

Offres de qualification supplémentaires pour les alumni dans les universités et les centres de recherche africains.

Parmi les personnes ayant répondu au questionnaire, beaucoup ont indiqué que « l'amélioration de la qualification » était le meilleur moyen de faire correspondre leurs intérêts personnels avec leur volonté forte de participer au calendrier de développement du pays, puisque le niveau de qualification est un des principaux facteurs de développement. L'un des moyens de les attirer à l'issue d'une période d'études en Europe est donc de proposer une offre, sous la forme de programmes de doctorat en Afrique même (ou sous la forme d'une coopération entre des établissements africains et européens). Cela est confirmé par notre enquête, dans laquelle beaucoup de ceux qui ont dit pouvoir contribuer à l'amélioration de l'enseignement supérieur en Afrique grâce à une meilleure qualification universitaire ont précisé que le meilleur moyen de le faire était de poursuivre leurs études avec un doctorat une fois qu'ils auraient obtenu leur diplôme de master d'un programme d'études européen.

Si l'on considère ce qui motive les membres de la diaspora à rester à l'étranger, les raisons invoquées sont dans la plupart des cas le « manque d'opportunités dans le pays d'origine » (principal argument avancé par les chercheurs en sciences humaines et sociales) et les « prétentions salariales » (évoquées principalement par les chercheurs en sciences naturelles), ainsi que le « manque de perspectives d'emploi ». Cela indique néanmoins, comme l'ont démontré les entretiens, que bien souvent, les opportunités et même les structures des revenus ne sont pas connues, ou que les informations à ce propos ne sont pas considérées comme fiables. Certains exemples positifs prouvent au contraire que certaines incitations, même minimes, comme le financement de stages reliant le programme européen à un employeur africain potentiel, peuvent combler ce déficit de connaissances ou de confiance.

Le rôle des organisations internationales et des bailleurs

Notre étude documentaire permet de conclure que les efforts des organisations internationales et des États africains ne manquent pas pour résoudre le problème de la mobilisation de la diaspora pour le développement en Afrique. Certaines initiatives ont déjà été évaluées et on constate parfois que l'absence d'appropriation de ces dernières par les Africains eux-mêmes limite leur succès ou leur durabilité. Il est par conséquent important de dépasser une situation dans laquelle ces sujets sont essentiellement traités dans des conférences et de mettre

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ces initiatives en œuvre au sein des universités et des centres de recherche, au contact direct avec les bureaux chargés des cursus, du recrutement, de l'infrastructure, de l'évaluation de la qualité, etc. Cette mise en œuvre permet de leur donner une dimension concrète.

Auto-organisation des universitaires de la diaspora

Bien qu'il existe désormais de premiers résultats de recherche sur la manière dont les diasporas s'organisent elles-mêmes politiquement à l'étranger (Kuhlmann 2014) afin d'avoir un impact sur la situation dans leur pays d'origine, on connaît (et on soutient) mal ce type d'action pour les universitaires. Au cours de nos entretiens et de nos missions d'étude, nous avons observé les premières tentatives de création de réseaux professionnels pour les alumni africains des programmes d'étude européens (notamment au Royaume-Uni), mais ceux-ci ne sont pas encore reconnus comme des partenaires par les institutions (qu'il s'agisse des ministères ou des universités) en Afrique. Nos recommandations sont ici doubles : (1) aider les universitaires africains en Europe à constituer des sections spécifiques au sein des associations d'alumni et les encourager à communiquer à travers toute l'Europe (leur nombre restant relativement limité dans chaque pays) par l'intermédiaire de sites internet et de réseaux sociaux ; (2) les universités et centres de recherche africains devraient contacter ces groupes et les consulter sur la(les) situation(s) (en réalité très différentes) du pays et sur les différentes compétences qu'ils peuvent leur apporter. La création de bureaux de liaison semble être un moyen efficace de permettre l'évaluation de ces actions. La section Afrique, très active, de l'Erasmus Mundus Alumni Organization pourrait grandement faciliter ce type d'initiatives.

Renforcement des universités de recherche en Afrique

Il existe une tension contradictoire entre le besoin d'un secteur de l'éducation en expansion et celui d'universités de recherche d'excellence. Bien que l'on puisse débattre de l'opportunité d'utiliser le terme « université de recherche » dans le cas de beaucoup d'EES qui souffrent, depuis plusieurs dizaines d'années maintenant, d'un cruel manque de financement, il ne faut pas sous-estimer le rôle de cette tradition ni celui de la volonté de rivaliser avec des universités de recherche hors d'Afrique. De fait, certaines universités africaines (et pas uniquement en Afrique du Sud) sont internationalement reconnues pour leurs capacités de recherche, offrent des opportunités de recherche de haut niveau, en particulier dans les disciplines moins orientées vers la technique, et produisent des diplômés de très bon niveau. Elles sont rares et subissent elles aussi la pression d'un déclin général des capacités de recherche en Afrique. Pour autant, il n'existe aucune raison de les sous-estimer et, au contraire, de bonnes raisons de discuter de leur rôle, notamment en ce qui concerne l'intégration des universitaires de la diaspora. Lors de notre rencontre avec le recteur de l'université Cheikh Anta Diop à Dakar, notamment, cette volonté de poursuivre le développement afin devenir une université de recherche était particulièrement évidente.

La tension évoquée ci-dessus risque de conduire à un déséquilibre du développement en faveur des universités d'enseignement et au détriment de celles qui tentent de rester/de (re)devenir des universités de recherche. Il va de soi que

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les personnes ayant étudié et obtenu un diplôme dans une université de recherche à l'étranger sont beaucoup plus attirées par un environnement similaire, qui se concentre sur la connexion entre enseignement et recherche, sans parler de l'infrastructure nécessaire à la compétitivité de la recherche, déjà évoquée. L'un des aspects à aborder, aussi bien au niveau national qu'au niveau de l'Afrique en général, est la différenciation nécessaire (et visible) entre universités de recherche (sur lesquelles doivent alors se concentrer les efforts déjà suggérés pour améliorer la réintégration des universitaires de la diaspora) et les universités de type « college », essentiellement consacrées à l'enseignement. L'identification de quelques universités susceptibles d'attirer une part plus importante du financement national et international de la recherche aiderait également à résoudre le problème de l'intégration des universitaires de la diaspora. Il pourrait être intéressant de réfléchir à un programme spécifique, financé par les instances africaines et européennes, qui offrirait aux alumni africains des programmes européens des ressources disponibles afin de s'intégrer avec leur propre budget dans cet environnement de recherche. Un budget de 5 ans pour l'équipement aiderait ensuite les individus et les établissements à promouvoir des activités d'enseignement basées sur la recherche et donc les étudiants à profiter de ce processus.

Mesures d'incitation au retour

Certains programmes, au niveau national et européen, comportent des clauses impliquant l'obligation directe pour les titulaires de bourses originaires de pays tiers de rentrer dans leur pays d'origine immédiatement après leur séjour ou l'obtention de leur diplôme (selon la durée de la bourse octroyée). Certains États et universités africains appuient ce dispositif en autorisant certains membres du corps enseignant à partir pour suivre une formation complémentaire, tout en insistant sur la nécessité d'un retour immédiat sur leur poste à l'issue de la période d'études. Ce système semble résoudre le problème évoqué dans ce rapport en empêchant la formation de diasporas supplémentaires. L'introduction de cet élément est trop récente pour permettre une évaluation avec nos instruments de recherche. Mais à la lumière de notre étude documentaire et de ce que nous avons appris grâce aux entretiens, nous émettons quelques doutes quant à l'utilité de cette stratégie pour l'amélioration souhaitée de la qualité. De telles clauses s'expliquent par le fait que la mobilité universitaire est perçue comme bilatérale et temporaire et non comme une caractéristique permanente tant des carrières individuelles que du développement des systèmes d'ES. Il serait nécessaire d'étudier dans une recherche plus poussée l'impact de ces mesures d'incitation non seulement sur la proportion de personnes qui rentrent dans leur pays d'origine, mais aussi sur la qualité du système d'ES.

Une coopération directe plus solide entre les établissements universitaires africains et européens.

L'objectif de cette étude était d'analyser la situation des alumni africains et leur impact sur les établissements africains. On doit néanmoins considérer que les établissements européens sont souvent confrontés à des défis similaires : comment attirer d'excellents chercheurs, comment combiner la mobilité universitaire à l'équilibre de l'excellence entrante et sortante (de manière

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temporaire ou permanente) ? La transnationalisation des programmes d'études et de recherche caractérise de plus en plus la réalité des universités européennes. Il serait donc souhaitable d'établir des liens directs entre les universités d'Europe et d'Afrique afin d'échanger sur ces expériences de mobilité et d'intégration des chercheurs mobiles, mais aussi afin de développer des programmes d'études conjoints, grâce auxquels les alumni des programmes européens pourraient trouver des moyens de s'intégrer à l'enseignement et aux pratiques de recherche associées dans les universités africaines partenaires.

La diaspora a vocation à jouer un rôle de choix dans ces différents systèmes. La première condition est la volonté de cette diaspora de jouer ce rôle, la seconde est que les instances universitaires africaines comprennent le bénéfice possible d'une telle implication. Si ces deux conditions sont remplies, la diaspora pourra alors jouer le rôle d'intermédiaire entre les partenaires européens et africains, dans la mesure où ses membres sont en contact avec ces deux cultures et leurs méthodes de travail respectives.

Au moment du choix entre différentes offres, l'Union européenne pourrait donner la priorité au financement de projets incluant la participation active de membres de la diaspora, en tant que composante fondamentale de la mise en œuvre des projets proposés.

L'enquête que nous avons menée auprès des alumni actuels des programmes d'études allemands, français et européens a prouvé que ces alumni étaient tout à fait prêts à retourner dans leur pays d'origine, ou du moins sur leur continent d'origine, afin d'y utiliser autant que possible les compétences acquises durant leur période d'études en Europe. Cette détermination trouve ses limites dans la disponibilité d'emplois adaptés et d'occasions d'avoir un impact sur le futur universitaire et sociétal de l'Afrique. Il est évident que ce facteur joue d'autant plus là où un équipement coûteux est nécessaire pour exercer les compétences obtenues à l'étranger (sciences appliquées, médecine, recherche expérimentale).

Notre étude sur le terrain a clairement mis en avant deux tendances : l'une est liée à de très grandes disparités dans les situations concrètes des pays africains et parfois, au sein même de ce pays, entre la capitale et les régions éloignées. Après la profonde crise du début des années 1990 quand – conséquence des programmes d'ajustement structurel – le secteur de l'ES de nombreux pays africains a connu un développement plus que problématique, avec une perte de dynamisme, de personnes qualifiées et d'une jeune génération qui ne voyait pour elle-même que des opportunités de carrière limitées, la situation actuelle – quoique loin d'être satisfaisante ! – se caractérise par une nouvelle dynamique et de nouveaux espoirs, qui s'expriment dans les tentatives de formulation de nouveaux projets pour le développement futur du secteur de l'ES. On aborde partout le rôle de la diaspora, mais à ce stade – et pour autant que nous ayons pu le constater sur la base de quelques missions d'étude et d'entretiens avec des experts, ainsi que de ce que renvoyaient les points de vue des alumni – il n'existe aucune approche systématique du problème. Dans de nombreux pays, nous avons entendu dire qu'il existait une tension entre, d'un côté, ceux qui avaient suivi leurs études dans le pays ou étaient revenus immédiatement après leurs diplômes, et de l'autre, ceux qui étaient restés à l'étranger pendant une période plus longue. Ces tensions semblent concerner principalement la situation matérielle, mais certains indices laissent à penser qu'elles sont aussi liées aux paradigmes universitaires et aux attentes en termes de culture universitaire. Confrontés à ces tensions, les

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ministères hésitent à mettre en place des programmes transparents d'intégration de membres de la diaspora dans le système d'ES du pays. Il a souvent été fait mention du fait que les membres de la diaspora ne souhaitaient pas rentrer définitivement, mais pourraient concevoir un engagement à temps partiel avec l'ES du pays d'origine. Mais, là encore, les obstacles juridiques et la divergence d'intérêts matériels semblent bloquer une situation souvent décrite comme source possible de bénéfices mutuels.

L'auto-organisation de personnes ayant étudié à l'étranger ou y ayant obtenu leur doctorat est un autre phénomène qui aborde le problème par les pratiques sociales. Il s'agit – du moins comparé à la formation d'oppositions politiques parmi les citoyens en exil – d'un développement très récent, et on ignore pour l'instant s'il est accueilli avec la bienveillance nécessaire par les gouvernements et les communautés universitaires des pays africains concernés.

Bien que de nombreuses personnes interrogées nous aient fait part, lors des entretiens et par le biais de l'enquête, de leur intention d'avoir d'avoir un impact sur le système d'ES dans leur pays d'origine, il est apparu que des intérêts matériels bien légitimes jouaient aussi un rôle crucial. Aucune solution au problème de la mobilisation de la diaspora en faveur du développement en Afrique ne pourra exister sans un financement adapté. Il n'existe cependant pas de programme de financement central unique capable de surmonter tous les défauts des systèmes actuels. La stratégie allemande pour l'Afrique, qui résulte d'un vaste processus de consultation avec les acteurs africains et européens, permet de conclure qu'il existe une palette très large d'outils, qu'il est nécessaire de combiner entre eux – cela va de bourses d'études individuelles permettant l'accès à des équipements de recherche après obtention du diplôme (en réinvitant les diplômés dans l'établissement hôte d'origine ou en postulant à des recherches conjointes) à des programmes diplômants conjoints. La comparaison effectuée avec le cas de la France a montré que les stratégies en Europe différaient considérablement d'un pays à l'autre. Cela s'explique par diverses sujétions historiques, des écarts de culture universitaire, la différence de cadre législatif, ainsi que par la diversité des moyens d'interaction avec certains pays cibles en Afrique. Il est possible que les programmes Erasmus Mundus aient un impact sur l'apprentissage inter-institutionnel au sein des consortia proposant ces cursus, mais pour l'instant, leur nombre est trop restreint pour qu'ils aient un impact décisif sur les stratégies nationales relatives au développement des capacités en Afrique. Il est donc peu probable que le paysage très diversifié des programmes européens, qui permettent aux étudiants africains d'obtenir un diplôme et aux jeunes chercheurs de devenir docteurs, devienne homogène. Il est nécessaire d'intensifier la communication sur les bonnes pratiques et de renforcer la coordination des stratégies nationales au niveau européen. Il en va de même côté africain, où nous avons constaté des différences similaires d'un pays à l'autre, et parfois au sein même de certains pays étudiés. Les idées déjà évoquées en faveur de plus d'initiatives venues d'en haut (aussi bien au niveau national que supra-national) doivent rencontrer les initiatives d'agences de financement capables de résoudre des problèmes à l'échelle locale et régionale et les initiatives venues d'en bas (celles des universités et des associations de chercheurs, d'alumni et d'étudiants). Seule l'interaction entre ces trois dimensions – aussi complexe que cela soit et aussi difficile à mobiliser de façon coordonnée – offrira les moyens nécessaires de surmonter les goulets d'étranglement actuels.

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ANNEXES

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Sakamoto, R. and Chapman, D. W. (2011). Cross-border partnerships in higher education: Strategies and issues. New York : Routledge.

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RAPPORT FINAL - « Étude sur la contribution des alumni et de la diaspora à la stratégie commune Afrique-UE »

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d'un projet financé par l'Union européenne au titre du programme Edulink de coopération ACP-UE pour l'enseignement supérieur)

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UNESCO, http://www.hp.com/hpinfo/socialinnovation/braingain.html - HP UNESCO brain gain project

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RAPPORT FINAL - « Étude sur la contribution des alumni et de la diaspora à la stratégie commune Afrique-UE »

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Autres liens Sites d'information en ligne, institut de recherche sur la diaspora africaine, initiatives des organisations internationales

African Diaspora Policy Center

http://www.diaspora-centre.org/ (en anglais)

L'ADCP ( Centre des politiques relatives à la diaspora africaine) est un centre de recherche destiné à faire de la diaspora africaine un acteur du changement et du développement de l'Afrique. Il a pour objectif de contribuer à la création d'un environnement permettant à la diaspora de maximiser son capital potentiel, son savoir et ses réseaux.

« Nous nous appuyons sur les points de vue, les mentalités, les expériences et l'expertise de la diaspora, pour mener des recherches factuelles en lien avec la politique. Pour ce faire, nous encourageons le dialogue politique éclairé et les débats constructifs entre la diaspora et les autres acteurs dans le domaine de la diaspora et du développement. »

Diaspora Innovation Institute au Nigeria

http://diaspora-dialogue.com/ (en anglais)

Le Diaspora Innovation Institute (Institut de la diaspora pour l'innovation) a été créé en 2012, à la suite de l'édition féminine des African Diaspora Conferences qui se sont tenues à Lagos, au Nigeria, dans l'enceinte de la prestigieuse Lagos Business School. L'objectif de l'institut est de mettre en place une structure destinée au retour, à la transition, à la réinstallation, à l'investissement, à l'entrepreneuriat et à l'impact sur le développement de la diaspora. L'accent est mis sur la recherche, le marketing de la diaspora, la transition, les conférences et le développement. La recherche porte sur l'entrepreneuriat, la durabilité environnementale, le transfert des connaissances techniques et l'application des technologies et de l'innovation au niveau local.

Diaspora en Ligne

http://diasporaenligne.net/qui-sommes-nous-2/

« Diaspora en Ligne » a débuté sous la forme d'un programme radio destiné à la diaspora sénégalaise aux États-Unis. À partir de 2006, un site internet a été créé, afin d'élargir l'audience et de toucher l'ensemble de la diaspora sénégalaise à travers le monde. L'objectif de l'organisation est d'unir les Sénégalais vivant à l'étranger autour d'une vision commune du développement de leur pays et du continent africain.

Grâce à son groupe d'études et de recherche sur le développement rural et régional, l'organisation travaille sur le droit des migrants, la migration régionale et tous les sujets en lien avec la diaspora. Diaspora en Ligne souhaite contribuer aux politiques de développement qui intègrent les besoins spécifiques de la jeunesse et des migrants sénégalais par le biais de la formation et de la communication en ligne, sensibiliser l'opinion à l'immigration illégale et participer au processus de mondialisation.

RAPPORT FINAL - « Étude sur la contribution des alumni et de la diaspora à la stratégie commune Afrique-UE »

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INHEA

http://www.bc.edu/research/cihe/inhea.html (en anglais)

L'INHEA (Réseau international pour l'enseignement supérieur en Afrique) est né en 2003. Il est destiné aux chercheurs, experts, professionnels, dirigeants, bailleurs de fonds, étudiants et autres, engagés dans la recherche et le développement centrés sur l'Afrique.

Le site internet du réseau fournit des éléments d'information très variés, notamment :

Africa News : des informations relatives à l'enseignement supérieur en Afrique sont régulièrement postées en ligne via Twitter, à partir de sources diverses comme Allafrica, University World News, The Chronicle of Higher Education ou Inside Higher Ed.

Chronicle of African Higher Education : promotion du champ de la recherche, du dialogue sur les politiques et de la communication en matière d'enseignement supérieur en Afrique. Cette rubrique est gérée par l'Higher Education Training and Development (HETD) de l'université de Kwazulu-Natal, en Afrique du Sud.

INHEA Editorial Series : publication périodique d'articles d'opinion autour de l'enseignement supérieur, rédigés par des spécialistes régionaux. Les archives des éditoriaux sont également disponibles sur le site internet.

Africa Focused Blogs From The World View - Inside Higher Ed : blogs sur les problèmes liés à l'enseignement supérieur en Afrique et publiés sur The World View, le blog de l'INHEA sur Inside Higher Ed.

IHE Articles on Africa : articles relatifs à l'enseignement supérieur en Afrique, tirés d'un récent numéro de la revue International Higher Education (IHE). Une recherche dans la base de données du CIHE permet de consulter plus de 70 articles sur le sujet

Africa Initiatives : renseignements sur les initiatives actuelles en matière d'enseignement supérieur en Afrique. La base de données du CIHE contient d'autres renseignements sur ces initiatives.

Africa Resources : liens vers plusieurs ressources-clés relatives à l'enseignement supérieur en Afrique. D'autres ressources figurent dans la base de données du CIHE.

Books on African Higher Education : livres et rapports sur l'enseignement supérieur en Afrique.

Association des universités africaines (AUA)

www.aau.org

Association pour le développement de l'éducation en Afrique (ADEA) - Groupe de travail sur la diaspora africaine

www.adeanet.org

Programme Diaspora africaine de la Banque mondiale

www.worldbank.org/afr/diaspora (en anglais)

RAPPORT FINAL - « Étude sur la contribution des alumni et de la diaspora à la stratégie commune Afrique-UE »

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Transfert des connaissances par l'intermédiaire des expatriés (TOKTEN) du PNUD

http://www.unv.org/fileadmin/docdb/pdf/2008/TOKTEN_factsheet_01.12.2008.pdf (en anglais)

Depuis 1997, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) gère le programme de transfert des connaissances par l'intermédiaire des expatriés (TOKTEN). TOKTEN soutient les professionnels de la diaspora désireux d'aider leur pays d'origine en y apportant leur expertise lors de missions de courte durée, afin de réduire l'impact négatif de la fuite des cerveaux. TOKTEN prend ainsi en charge leurs frais de déplacement, le paiement d'une indemnité journalière et d'une assurance médicale pendant la durée de la mission. Les professionnels sont invités à partager leurs compétences avec les organismes gouvernementaux, les établissements universitaires ou de recherche, les ONG et les entreprises du secteur privé.

Migration for Development in Africa de l'OIM

http://www.migration4development.org/fr/content/mida-migration-development-africa (en anglais)

Le programme Migration et développement de l'Organisation internationale pour les migrations s'attache à maximiser la relation positive qui existe entre migration et développement . C'est dans ce cadre que l'OIM gère le programme MIDA (Migration pour le développement en Afrique). MIDA est un programme de renforcement des capacités visant à mobiliser les compétences acquises à l'extérieur par les citoyens africains afin qu'elles bénéficient au développement de l'Afrique. En pratique, le transfert de compétences se fait de manière virtuelle par le biais des technologies de l'information et de la communication, par des visites et des relocalisations définitives.

Initiative pour la reconquête des connaissances de l'UNESCO-HP

http://unesdoc.unesco.org/images/0022/002228/222892f.pdf

Lancée en 2006, l'initiative pour la reconquête des connaissances32 de l'UNESCO et de Hewlett-Packard a pour objectif d'aider les universités, les chercheurs et les étudiants à collaborer à l'échelle mondiale en les dotant de technologies d'information et de communication innovantes, notamment les grilles et nuages informatiques. Cette initiative implique de manière explicite la diaspora, considérée comme un moteur de développement.

L'African Union Diaspora initiative

http://pages.au.int/cido (en anglais)

L'initiative pour la diaspora de l'Union africaine a été lancée afin d'établir un dialogue solide et régulier avec les membres de la diaspora.

Royal Society – Department for International Development (DFID) Africa Capacity Building Initiative

https://royalsociety.org/grants/schemes/africa-capacity-building/ (en anglais)

32 « Brain Gain Initiative: Linking African and Arab Region universities to global knowledge » UNESCO 2013

RAPPORT FINAL - « Étude sur la contribution des alumni et de la diaspora à la stratégie commune Afrique-UE »

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Cette initiative de la Royal Society-DFID (Département pour le développement international du Royaume-Uni) s'est donné pour mission de « renforcer les capacités de recherche des universités et instituts de recherche de l'Afrique subsahariennes en offrant un soutien financier pour la formation de réseaux de recherche durables. » Des chercheurs d'Afrique subsaharienne collaborent avec certains de leurs homologues au Royaume-Uni afin dans le cadre de tutorats, de formation de doctorants et de développement des capacités de recherche institutionnelles. Les chercheurs basés au Royaume-Uni peuvent, sans s'y limiter, être des membres de la diaspora.

Réseaux étudiants et de la diaspora EMA (Erasmus Mundus Alumni) – African Chapter

http://www.em-a.eu/en/ema/our-regional-chapters/african-chapter.html (en anglais)

L'Africa Chapter (section Afrique) réunit des membres d'EMA issus de tout le continent africain. L'association promeut les activités d'Erasmus Mundus sur le continent par l'organisation d'ateliers ou d'événements, la participation à des salons de l'éducation, la création de réseaux, mais aussi par le biais de représentants nationaux. Elle offre une assistance aux candidats potentiels et aux étudiants Erasmus Mundus récemment sélectionnés et aide à la constitution de réseaux.

African Business Club (ABC)

http://businessclubafrica.org/index.php/fr/lassociation/historique L'ABC est un club créé en 2003 par des étudiants de l'ESCP (École Supérieure de Commerce de Paris). D'autres écoles font désormais partie du réseau. Ses membres sont pour l'essentiel africains ou d'origine africaine, mais les étudiants français qui s'intéressent aux problématiques relatives au continent africain peuvent également en faire partie.

L'ABC organise chaque année plusieurs événements, tels le Forum Elit, ABC Innovation, un concours destiné aux jeunes entrepreneurs, ou l'Invité du mois, des conférences permettant à de jeunes étudiants ou professionnels africains d'interagir et d'obtenir des conseils professionnels ou sur leur carrière de la part d'un invité spécialisé dans un domaine précis.

Les principaux objectifs de l'ABC sont les suivants :

Créer un réseau de professionnels et d'intellectuels sensibles aux problèmes qui impactent le développement africain.

Encourager les débats et les échanges au sein de son réseau.

Contribuer au développement de l'Afrique grâce à la réalisation d'activités caritatives, destinées à faire prendre conscience à la jeunesse africaine de sa nécessaire implication dans ce développement.

Faciliter l'accès à l'information sur les opportunités offertes sur le continent africain.

African Business Lawyers’ Club (ABLC)

http://ablcassociation.com/lablc-en-quelques-mots/

Créé en mai 2011 sous forme d'association à but non lucratif, l'African Business Lawyers’ Club (également appelé « ABLC » ou le « Club » ) réunit de jeunes

RAPPORT FINAL - « Étude sur la contribution des alumni et de la diaspora à la stratégie commune Afrique-UE »

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professionnels du droit, aux origines et aux parcours divers, animés par une volonté commune de promouvoir la pratique des affaires en Afrique. Ses membres, issus d'une quinzaine de pays africains, exercent en Europe, en Amérique du Nord, en Asie et en Afrique, et ont, pour la plupart, étudié dans des pays occidentaux. Ils organisent tout au long de l'année des conférences et des événements afin de favoriser les échanges et le partenariat.

L'objectif de ces séminaires et conférences est de :

Développer une expertise interne sur la pratique des affaires en Afrique

Partager les compétences, l'expertise et les compétences de ses membres avec les étudiants et les professionnels établis en Afrique.

Sensibiliser les investisseurs et les bailleurs de fonds intéressés à la diversité et à la qualité de l'environnement des affaires en Afrique.

Influer sur les diverses parties prenantes en leur montrant la nécessité de se familiariser et de s'adapter aux standards internationaux.

O.S.E.R. l’Afrique

http://oserlafrique.com/qui-sommes-nous/

O.S.E.R. est un réseau d'étudiants et de jeunes professionnels déterminés à encourager la jeunesse africaine à proposer et partager des idées, afin de contribuer au développement économique et social du continent africain. Ses membres sont de jeunes africains, issus principalement de la diaspora du monde entier. Tous ceux qui composent l'équipe travaillant à O.S.E.R. ont étudié dans de grandes universités en France ou au Royaume-Uni. Ils définissent leur organisation comme « une initiative de la jeunesse africaine, par la jeunesse africaine, pour la jeunesse africaine ». L'une des idées qui sous-tendent le projet est également que si les Africains réussissent globalement bien en Europe, ils tendent en revanche à se désintéresser de l'Afrique et de leur pays d'origine, alors même qu'ils jouent un rôle essentiel et devraient être les ambassadeurs de ce pays à l'étranger. O.S.E.R. souhaite aussi promouvoir les échanges culturels entre les jeunes Africains et les citoyens d'autres continents, afin de permettre une meilleure intégration de l'Afrique dans le développement mondial. Entre autres activités, ils rédigent un « Carnet pour la jeunesse pour l’Afrique », qui rassemble les contributions de jeunes Africains de toute la diaspora et l'expression de leurs idées sur le futur de leur pays et de leur continent. O.S.E.R. organise également des conférences et des forums sur des thèmes particuliers, en lien avec le développement de l'Afrique.

FESSEF (Fédération des Étudiants et Stagiaires sénégalais en France)

http://fessef.fr/accueil/

La FESSEF est une organisation qui aide les étudiants et stagiaires sénégalais en France à trouver des informations pratiques sur la vie en France. Elle offre également une plateforme en réseau permettant aux étudiants de se rencontrer, mais aussi d'entrer en contact avec différentes associations, institutions et société privées. La FESSEF soutient également les jeunes diplômés ou professionnels à entrer sur le marché du travail, en France ou au Sénégal. Elle organise des conférences et des séminaires auxquels sont conviés des professionnels et des sociétés françaises ou sénégalaises, afin d'aider les étudiants en France à obtenir les informations nécessaires à leur entrée sur le marché du travail. En effet, bien

RAPPORT FINAL - « Étude sur la contribution des alumni et de la diaspora à la stratégie commune Afrique-UE »

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que de nombreux étudiants de la diaspora soient désireux de retourner au Sénégal, il leur manque souvent les connaissances nécessaires sur l'environnement professionnel sur place. Ces rencontres permettent de tisser des liens entre la diaspora des étudiants sénégalais en France et leur pays d'origine.

Africa Society of Oxford University

http://oxfordafrica.org/ (en anglais)

L'Africa Society of Oxford University offre, au sein de l'université et au-delà, une voix forte et légitime aux étudiants africains et à tous ceux que leur origine, leur domaine de recherche, leurs expériences ou leurs centres d'intérêt lient au continent africain.

Kenyan Community Abroad – Chapter in France

http://www.kenyansabroad.org/index.php?route=cms&id=1 (en anglais)

La KCA (Communauté des Kenyans de l'extérieur) est une organisation non partisane, sociale et politique, enregistrée comme telle à Washington D.C. et dans l'État de Rhode Island, aux États-Unis. Les membres qui la composent sont pour l'essentiel des Kenyans vivant hors du Kenya. KCA a été fondée en mars 1997, avec comme objectif d'offrir aux Kenyans de l'extérieur une plateforme d'échange d'idées et de participer au changement dans leur pays d'origine. KCA cherche à faciliter l'établissement de sections (chapters) un peu partout dans le monde, dans des lieux où il existe une présence kenyane significative, telle La Maison du Kenya – KCA Europe, basée en France.

Teranga Web – L’Afrique des Idées

http://terangaweb.com/page-d-exemple/

Article sur la diaspora : http://terangaweb.com/quelles-les-attentes-jeunes-africains-diaspora-comment-les-attirer-continent/

L’Afrique des Idées est une ONG créée il y a 3 ans afin de promouvoir les échanges et le débat d'idées sur des sujets divers liés à l'Afrique. Sa croissance importante en fait désormais l'un des plus importants think tanks en Afrique. Son ambition est de fournir des informations, des idées et des éléments de recherche afin de contribuer au développement de l'Afrique. Les membres de ce laboratoire d'idées sont pour l'essentiel des étudiants ou de jeunes professionnels issus de divers pays africains ou de la diaspora.

Le site internet Teranga est destiné à diffuser l'ensemble de la production intellectuelle de l'organisation, mais aussi de tous ceux qui contribuent au débat public en Afrique. Il permet aux personnes intéressées par les problématiques en lien avec ce continent d'en savoir plus sur les débats et les sujets récents. Le public visé est essentiellement la jeunesse d'Afrique, car c'est elle qui pourra apporter la plus grande contribution au futur développement du continent.

National Union of Eritrean Youth and Students – Diaspora Youth Participation Program

http://www.nueys.org/ (en anglais)

La mission de NUEYS (Union nationale des étudiants et de la jeunesse d'Érythrée) est de faire naître et croître les compétences de la jeunesse érythréenne dans tous

RAPPORT FINAL - « Étude sur la contribution des alumni et de la diaspora à la stratégie commune Afrique-UE »

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les aspects de son développement à l'échelle nationale, régionale et internationale.

NUEYS résulte du mouvement de résistance historique des étudiants érythréens contre le colonialisme, et est officiellement né en 1978, lors de son tout premier congrès, organisé dans la ville de Keren. NUEYS s'emploie à assurer le développement de la jeunesse dans tous ses aspects, et à encourager sa participation et sa contribution à l'Érythrée et au mouvement mondial de la jeunesse. Le siège central du NUEYS est installé à Asmara, en Érythrée. L'organisation possède aujourd'hui 7 branches régionales et plus de 50 bureaux en Érythrée. NUEYS touche également les Érythréens de la diaspora par l'intermédiaire de plus de 20 sections internationales, réparties dans plus de 15 pays du globe.

Le Diaspora Youth Participation program (programme de participation de la jeunesse de la diaspora), chapeauté par le Département des Affaires étrangères de NUEYS, cherche à faciliter la participation des jeunes Érythréens de l'étranger au développement de leur pays par le biais de projets durables.

Club Efficience Junior

http://efficiencejunior.org/node/7

Le Club Efficience Junior est une association qui cherche à promouvoir le travail, les liens et les droits de la jeunesse afro-caribéenne. Il est un prolongement du Club Efficience, un laboratoire d'idées créé pour développer les liens sociaux-professionnels au sein de la diaspora afro-caribéenne. Le club Junior a plusieurs objectifs :

La promotion, la création d'un réseau, le développement des compétences, la solidarité et la coopération, par le biais de rencontres et de séminaires permettant le partage et l'échange professionnel.

La gestion et la participation à des projets en faveur du développement socio-économique en Afrique ou dans les Caraïbes.

La gestion et la participation a des projets en faveur de la solidarité et de l'intégration de la population afro-caribéenne.

La promotion de la solidarité au sein de la jeunesse afro-caribéenne de la diaspora par la création d'un réseau d'information destiné aux étudiants et aux jeunes professionnels.

African Diaspora Youth Network in Europe

http://www.adyne.eu/ (en anglais)

L'African Diaspora Youth Network in Europe est un réseau destiné à la jeunesse d'Afrique vivant en Europe et aux membres actifs de différentes associations consacrées : à améliorer la participation de la jeunesse // à renforcer le développement de la plateforme d'ADYNE

à influencer les décideurs et les politiques consacrées à la jeunesse

à aider les jeunes d'origine africaine vivant en Europe à façonner leur avenir

L'activité du réseau consiste, entre autres :

à fournir aux associations et aux particuliers un espace où partager et échanger sur leurs intérêts communs, leurs objectifs et leurs aspirations ;

RAPPORT FINAL - « Étude sur la contribution des alumni et de la diaspora à la stratégie commune Afrique-UE »

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à offrir un soutien stratégique à l'amélioration des compétences, au développement de réseaux et à la diffusion des bonnes pratiques ;

à exprimer les préoccupations de ses organisations membres dans l'agenda politique des divers gouvernements, et au sein des institutions européennes, africaines et internationales ;

à établir des pratiques et des positions qui s'appuient toutes sur les recherches, l'expérience et l'expertise de jeunes africains vivant en Europe.

Association of African Students in Europe

http://aase-network.wix.com/aase#!about/c4nz (en anglais)

L'AASE (Association des étudiants africains en Europe) est un réseau fondé en février 2010 à Bruxelles, en Belgique, par un groupe d'étudiants africains. Il est né du besoin de réunir, de valoriser et de faire évoluer les étudiants africains de toute l'Europe et de leur permettre ainsi de s'adapter à leur nouvel environnement, tout en offrant à leurs homologues européens l'occasion de mieux connaître l'Afrique et ses citoyens, au-delà de « l'objectif des caméras des médias internationaux et de l'aide humanitaire ».

Notre objectif est d'établir une communauté solide d'étudiants africains en Europe qui servira de pont entre celle-ci et l'Afrique et pourra ainsi devenir un instrument culturel, social et économique pour la croissance et le développement du continent africain.

Nigerians in Diaspora Organization Europe (NIDO Europe)

http://www.nidoeurope.org/ (en anglais)

NIDOE (Association Nigérians de la diaspora) est une organisation non-gouvernementale, non politique, non religieuse et non tribale, dont les membres sont issus de la diaspora nigériane vivant en Europe, estimée à plus de 5 millions de personnes.

Elle est fondée sur l'idée que les Nigérians de la diaspora doivent se rassembler pour soutenir le développement national. La NIDO travaille avec le gouvernement nigérian et les membres de la diaspora afin d'aider à la construction du Nigéria.

Réseau social français destiné aux étudiants étrangers membres des programmes d'étude français

www.francealumni.fr

Le 26 novembre 2014, Laurent Fabius, Ministre des Affaires étrangères et du Développement international, et Geneviève Fioraso, Secrétaire d'État à l'Enseignement supérieur et à la Recherche, ont officialisé le lancement de francealumni.fr, le nouveau réseau des anciens étudiants internationaux en France, au Quai d'Orsay, en présence de 400 acteurs de l'enseignement, de l'économie, de la diplomatie et du monde politique.

La plateforme numérique francealumni.fr a pour ambition de permettre au nombre sans cesse croissant d'étudiants internationaux de garder le contact avec la France, ses écoles, ses universités, ses entreprises et son offre culturelle. Le réseau francealumni.frleur permettra d'échanger, d'accéder à des formations, des bourses d'études, des stages ou des offres d'emploi, et de se tenir informés de l'actualité touristique et culturelle française. Ce nouveau site internet représente également une opportunité intéressante pour le développement international de

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nos entreprises et de nos universités en leur permettant de créer de nouveaux partenariats académiques et économiques avec des alumni.

Cette plateforme, attendue depuis longtemps, est désormais alimentée et gérée par Campus France, l'agence française chargée de la mobilité des étudiants de l'enseignement supérieur. Elle s'organisera autour d'un site central et de sites locaux, qui seront progressivement lancés par les ambassades de France à l'étranger. Dix de ces sites intégreront la plateforme en 2014 : le Brésil, l'Allemagne, la Colombie, le Gabon, le Japon, la Jordanie, les Philippines, le Koweït, la Turquie et le Vietnam. En 2015, d'autres ambassades françaises rejoindront cette initiative. La plateforme Alumni offrira des services en français et en anglais. Les sites locaux seront également disponibles dans la langue du pays.

Réseaux en Afrique subsaharienne d'étudiants des programmes d'étude du DAAD (Allemagne)

https://www.daad.de/alumni/netzwerke/alumni-vereine/liste-alumni-vereine/12429.de.html

Pages internet des Ministères en charge de la diaspora africaine Ministère Chargé des Marocains Résidant à l'Étranger et des Affaires de la Migration

http://www.marocainsdumonde.gov.ma/accueil.aspx

Ministère des Maliens de l'Extérieur et de l'Intégration africaine

http://www.maliens-exterieur.gouv.ml/

Commission Nigériane sur les Affaires de la Diaspora

http://diasporacommittee.com/ (en anglais)

Diaspora ghanéenne - Ministère des Affaires étrangères du Ghana

http://www.ghanaiandiaspora.com/ (en anglais)

Ministère des Affaires Étrangères et de la Coopération du Togo

http://www.diplomatie.gouv.tg/

Ministère Éthiopien des Affaires étrangères, Direction Générale des Affaires relatives à l'Implication de la Diaspora

http://www.mfa.gov.et/Diaspora/more.php?newsid=7 (en anglais)

Ministère somalien de la Diaspora et de l'Investissement (représentation au Royaume-Uni)

http://modai.org/ (en anglais)

Direction Générale de la Diaspora - Ministère des Affaires étrangères du Rwanda

http://www.rwandandiaspora.gov.rw/index.php?id=1 (en anglais)