ETRE LIBRE N° 251 (Avril-Juin 1972)

download ETRE LIBRE N° 251 (Avril-Juin 1972)

of 36

Transcript of ETRE LIBRE N° 251 (Avril-Juin 1972)

  • 7/29/2019 ETRE LIBRE N 251 (Avril-Juin 1972)

    1/36

    E T R E L I B R EPhilosophie - Psychologie

    Religions comparesFONDEE EN 1935

    (anciennement Revue Spiritualit )

    SOMMAIRE

    Le mystrieux subconscient . . A. HERMANN

    Esotrisme Soufi, musulman et

    i nd ien....................................

    Robert LINSSENLa connaissance vritable n'est

    pas une simple fonction . .SRI ATMANANDA-KRISHNA MENON

    Nouvelles diverses.

    AVRIL- JUIN 1972 37* ANNEE N 251

    Revue Trimestrielle Internationale

  • 7/29/2019 ETRE LIBRE N 251 (Avril-Juin 1972)

    2/36

    REVUE TRE LIBRE Sige : 20, rue Pre De Deken, 1040 - Bruxelles.

    Direction : R. LinssenMembre de l'Association des Journalistes priodiques

    belges et trangers.

    Association accrdite l'O.N.U.

    Membre de l'Association Mondiale de la Presse priodique

    Secrtaire gnrale : Comtesse Aurlie de Limburg Stirum.

    Avenue Marchal Coningham, 10 - 1050 Bruxelles.

    Comit de Rdaction :

    Belgique : M. R. Van Malder, Mme Bangerter.France : Mm* Denise Valensi (Paris).

    BELGIQUE : 200 fr. par an, verser au C.C.P. 62.04 de l'InstitutSuprieur de Science et Philosophie, a.s.b.l., 20, rue PreDe Deken, 1040 - Bruxelles.

    FRANCE : 20 N.F. par an, verser au C.C.P. 18.128.98 (Paris) deMlle Paule Ambrosini, 38, rue Mont- Thabor, Paris 1.

    SUISSE : 18 fr. suisses, verser par mandat postal Mme Dentan,60, avenue de Bthusy, Lausanne.

    P.- S. Les versements postaux internationaux sont autoriss.

    BUTS DE LA REVUE ETRE LIBRE :

    1. Aider l'esprit humain se librer de ses conditionnements etde ses servitudes,

    2. Raliser la synthse de la pense orientale et de la cultureoccidentale.

    3. Crer dans cet esprit un courant d'changes de confrences etd'artides.

    ntrid i \ k

    ABONNEMENTS :

    (Les chques bancaires ne sont pas accepts.)

  • 7/29/2019 ETRE LIBRE N 251 (Avril-Juin 1972)

    3/36

    Le mystrieux subconscient(Suite)

    RESUMONS CE QUI PRECEDE

    On peut affirmer que chaque espce animale, chaque genrehumain et mme chaque homme sont caractriss, dans le cadre

    de leur individualit, par la nature et les mcanismes de leur cran transducteur et filtrant, au mme titre quils le sont parla nature et les mcanismes de leur conscient et leur subconscient.

    Deux cratures animes, deux tres humains, nont jamais le mmecran ; ils ne possdent pas la mme manire dtablir des com-

    munications entre leurs conscients et leurs subconscients. Les for-mations, la nature et les fonctions de leur cran, sont transmis autravers des gnrations, en majeure partie par la voie gntiquemais aussi en partie par les voies mystrieuses et immatriellesdes transferts cosmiques.

    Le mcanisme dcran transducteur et filtrant possde sa r-plique dans certains mcanismes des expditions lunaires :

    Effet transducteur : la voix des pilotes de la cabine esttransforme en puises dondes hertziennes (transduction) ; lesondes hertziennes, arrives sur la terre, sont retransformes en

    paroles par des rcepteurs et les hautsparleure (transducteurs)des postes terrestres. Le mme processus inverse permet aux

    ingnieurs de Houston de se faire entendre par les pilotes de lacabine.

    Effet filtrant : dans les deuxsens, des dispositifs ne lais-sent passer que des puises photoniques mis sur une certaine lon-

    gueur d'onde, liminant tous les autres (v. schma) (n 250).

    Le paralllisme, une fois de plus, est tonnant I

    Modifications possibles de l'cran transducteur et filtrant-

    1

  • 7/29/2019 ETRE LIBRE N 251 (Avril-Juin 1972)

    4/36

    Lcran transducteur et filtrant n'est pas un lment fixe. Nous

    avons dj exprim lopinion selon laquelle la partie matrielle etpsychique de lcran, fonction de lquilibre cellulaire et neuroni-

    que, subissait des modifications continues. Lcran d'un enfant esttrs diffrent de lcran de ce mme enfant devenu adulte ouvieillard.

    Lhomme lexclusion des animaux et des cratures inf-

    rieures, grce au mcanisme dont il dispose afin d'agir con-sciemment sur son conscient et son subconscient est galement

    en tat dagir sur son cran.Nous analyserons lexamen des divers tats de l'cran et des

    possibilits d'agir sur ce dernier en les rduisant trois cas fon-damentaux :

    1) Individus qui possdent un cran normal et procds normaux utiliss pour agir sur sa constitution et son fonctionnement.

    2) Individus anormaux dont l'cran est affect danomalies etmoyens anormaux utiliss pour agir sur l'cran.

    3) Cas spciaux : prophtes, mystiques, saints , * veills ,jivanmuktas yogis, etc. Moyens paranormaux et transcendantaux

    utiliss pour agir sur lcran.

    1) INDIVIDUS NORMAUX ET MOYENS NORMAUX,

    Tout individu normal est anim du dsir bien lgitime, de dve-lopper ses connaissances dans tous les domaines, damliorer sontat de sant somatique et psychique, dtendre ses moyens dex-ploration des domaines matriels, psychiques, transcendantaux etcosmiques.

    Ainsi que nous l'avons dj exprim il existe, pour arriver

    ce rsultat, des mthodes normales, utilises de tous les tempsmais que lhomme appliquait sans connatre l'existence de soncran et sans tre anim du dsir d'agir sur celleci ; il procdaitun peu la manire de Monsieur J ourdain qui parlait en prose .

    En ce qui concerne lextension de nos connaissances, les

    mthodes utilises ces fins sont classiques, connues de toutle monde et appliques avec une infinit de variantes ; lectures,tudes, voyages, mditations, etc. Toutes ces mthodes sont capa-

    2

  • 7/29/2019 ETRE LIBRE N 251 (Avril-Juin 1972)

    5/36

    bles d'agir directement ou indirectement sur la constitution cellu-

    laire matrielle et psychique (lune est intimement lie lau-tre) de l'cran.

    Un domaine trs important explorer dans cet ordre didesest celui de ltat de sant somatique et psychique des individu0et des mthodes normales utiliser afin de faire agir leur conscientsur leur subconscient et inversement grce certaines techni-ques appliquer lcran .

    Beaucoup de personnes se trouvent dans un tat somatique ;psychique ou les deux la fois, qui laisse dsirer, victimes din-fluences relles ou imaginaires, dinterprtations souvent errones

    ou exagres dvnements ou de situations dans lesquelles ellesse trouvent impliques.

    En agissant sur lcran , il est possible de remdier cesanomalies, damliorer l'tat du conscient en faisant agir le sub-conscient et inversement.

    Un exemple dtats somatiques ou psychiques anormaux etsouvent dfectueux est leffet, vrai ou exagr du vieillissement.

    Une fois de plus, cet effet peut tre combattu et attnu parune action exerce sur le subconscient par lintermdiaire de

    lcran D'autre part, on ne peut pas nier laction bienfaisante quepossdent certains mdicaments et surtout une mdicamentatior'.rationnelle et bien comprise qui auront parfois des rpercussionsbnfiques sur des tats de sant physiques et psychiques dfail-lants. Toutefois, labus de produits chimiques, de plantes, de ths,de remdes cueillis dans les livres de spcialits , dont la socitcontemporaine a une tendance duser sans discernement, ne peutexercer que des influences nfastes sur les tats de sant soma-tique et psychique affaiblis de lhomme.

    Une des rares mthodes les plus logiques et efficientes pour

    agir sur le subconscient via lcran est celle utilise par les yogas mthode physique et psychique invente et pratique sousles appellations les plus diverses, depuis des sicles et peuttredes millnaires, par certains peuples dOrient et d'ExtrmeOrientBeaucoup de yogis de lInde et du Thibet sont capables de pro-duire de vritables miracles : gurisons de cas dsesprs, rajeu-nissement, acquisition de pouvoirs parapsychiques, etc. Les mthodes yoguiques que ne doivent pas obligatoirement tre accom-

    3

  • 7/29/2019 ETRE LIBRE N 251 (Avril-Juin 1972)

    6/36

    pagnes dexercices physiques sont en tat d'amliorer sensible-

    ment les tats somatiques et psychiques des individus, de gurirun grand nombre de maladies et dtats dpressifs, de retarder le

    vieillissement et den attnuer les effets.

    Nous rappelons une fois de plus que les mthodesyoguiques constituent en majeure partie des moyens dagir surlcran dont l'existence a toujours t intuitivement comprise par

    les peuples dOrient et dExtrmeOrient.

    2) INDIVIDUS ANORMAUX DONT LECRAN EST AFFECTE

    DANOMALIES ET MOYENS ANORMAUX DAGIR SURLECRAN.

    Les individus peuvent tre anormaux, dans un sens positif oungatif, dans le sens du bien ou du mal(1). On admet gnrale-

    ment, dans un cadre de rfrence thique bas sur le bientre del'individu et de la socit, l'avancement des connaissances danstous les domaines et les intrts de lvolution cosmique (l'on peutadopter dautres cadres de rfrence) que les individus anormaux,dans le sens positif sont les gnies, les voyants, les gurisseurs,les mdiums, et aussi tous ceux qui pratiquent la magie blan-

    che (2).

    (1) Le sens du bien et du ma! a t souvent mal compris et mal dfini. Ildoit tre pris, du point de vue cosmique et thique, selon un cadre de rfrence,c'estdire une morale (bonne ou mdiocre) que lon prendra pour base. Le bienest tout ce qui contribue la bonne interprtation du cadre, le mal est tout cequi sy oppose. Il n'existe pas de cadre de rfrence absolu. Toute thique, toutephilosophie, toute religion a adopt un cadre moral de rfrence. Les cadres dif-frent souvent essentiellement. Pour notre tude, nous avons adopt pour cadrede rfrence celui qui est bas sur le bientre de l'individu et de la socit,

    lavancement des connaissances dans tous les domaines et les intrts de lvo-lution cosmique.

    (2) La magie blanche est celle qui fait usage de processus et de pratiquesparapsychiques, paranormales et occultes dans un intrt collectif (et non pasun intrt personne!) et dans le sens positif dun cadre de rfrence thique con-stitu essentiellement par les connaissances et les intrts suprieurs de lhomme3t de la socit, par tout ce qui peut contribuer lpanouissement du cosmos(dans le plan matrielpsychique ou dans dautres plans cosmiques). La magienoire es1 celle qui est exerce en faisant usage des mmes processus parapsy-chiques, paranormaux ou occultes, dans un intrt goste ou personnel ou biendans le sens ngatif du cadre de rfrence thique dcrit plus haut.

    4

  • 7/29/2019 ETRE LIBRE N 251 (Avril-Juin 1972)

    7/36

    Les individus anormaux, dans le sens ngatif dfini plus haut,

    comprennent essentiellement les grands dictateurs, les grands cri-minels, les simples desprit, les fous, les maniaques, les magiciensnoirs, les sorciers.

    Les uns comme les autres doivent leur anomalie soit uneconstitution insolite de leur cran > soit un cran renduanormal par des pratiques mal utilises ou diaboliques, ou encorepar des moyens artificiels, mal adapts ou nocifs : tranquillisants,hallucinognes, drogues, etc. ou bien encore par le simple abusdexcitants tels que lalcool, le tabac, etc.

    L'cran des individus anormaux est souvent normal danscertains domaines, anormal dans dautres (cas dInaudy dj cit,cas de fous ou maniaques qui paraissent normaux sauf dans cer-

    taines circonstances).

    Etant donn quil est toujours possible d'agir matriellementet psychologiquement sur les cadres, beaucoup danomalies nga-tives sont gurissables. Il n'en est pas de mme lorsque lano-malie est provoque par des pratiques magiques et paranor-males, mme si les intentions de loprateur de ces procds sontbonnes. Il existe un grand nombre de pratiques paranormales. Leurusage est toujours dlicat et il n'y a que de trs grands initis

    qui soient en tat de sen servir impunment ou bien de les ensei-gner d'autres sans les exposer certains dangers. On nous acit le cas dun jeune homme dsireux de s'initier la magie blan-

    che, tomb entre les mains dun sorcier bienveillant mais mala-droit, qui n'a pu tre sauv de la folie quen toute dernire extr-mit grce un sjour forc dans une clinique amricaine sp-cialise dans ce domaine

    *

    Le dsir majeur d'un trs grand nombre dhommes dsirconscient ou inconscient est de se mettre en tat dacqurirune dose maximale de connaissances ignores par leurs conci-toyens Pour arriver ce rsultat, ils nhsiteront pas adopterles mthodes les plus insolites, les plus dangereuses (pour euxmmes ou les autres) et souvent les plus absurdes. Les mthodessont, pour la plupart, celles qui agissent sur le cadre , llargis-sant dans certaines branches, et permettent aux individus dam-

    liorer dans les branches considres, leurs relations, dans les

    5

  • 7/29/2019 ETRE LIBRE N 251 (Avril-Juin 1972)

    8/36

    deux sens, entre le conscient et le subconscient. Le fait que ces

    individus ignorent ou feignent d'ignorer, est que la grande majoritde ces mthodes, si elles permettent parfois d'extraire rellementdu subconscient des informations indites, dans certains domaines,sont capables, non seulement de rtrcir leffet filtrant du sub-conscient dans d'autres domaines, mais en paralysant ou en dtrui-sant un grand nombre d'lments du complexe cellulaire, dformentou rendent apocryphes les informations indites recueillies.C est un peu comme si lindividu, introduisant la programmationdun problme extrmement compliqu dans un ordinateur, donnaitun coup de marteau dans l'un des complexes lectroniques decet appareil : les rponses de lordinateur seront ensuite dfor-mes ou fantaisistes. A part les pratiques paranormales, les mtho-des destines largir artificiellement du moins en partie et dans certains domaines, les voies d'accs du conscient au sub-conscient et inversement, peuvent tre classes en deux catgo-

    ries principales :

    a) l'aide dhallucinognes : champignons et produits du typeLSD.

    b) l'aide de drogues (haschisch, chanvre indien, hrone, etc.

    A) La plus ancienne de ces mthodes, employes autrefoispar les chefs politiques et spirituels, les prtres, les sorciers, etc.rside dans l'utilisation de sucs de champignons et d'autres para-sites vgtaux dont un alcalode extrait de lergot du seigle, cham-pignon parasite des crales. Les premiers ont t pratiqus prin-cipalement en Amrique centrale et du Sud par les souverains etles prtres des civilisations Maya, prlnca et Inca tandis queles produits extraits de l'ergot du seigle ont t utiliss profusionen Eurasie et par les souverains et prtres des civilisations ancien-nes de lAsie centrale, orientale et msopotamienne.

    Les hallucinognes amricaines sont extraits de champi-gnons assez peu abondants dont le psiloybe mexicana et le

    psiloybe zoapoteca .

    Tous les hallucinognes, y compris le LSD et ses drivs bienconnus de nos jours, sont capables d'largir dans une certainemesure les voies libres de lcran, mais par contre ils dtruisentlquilibre cellulaire de l'individu, principalement dans les rgionscervicales. En d'autres termes, si lindividu est en tat de bn-

    6

  • 7/29/2019 ETRE LIBRE N 251 (Avril-Juin 1972)

    9/36

    ficier de certaines hallucinations parfois positives, par contrelquilibre cellulaire de son cerveau et de ses dpendances estperturb la destruction complte ou du moins le bon fonction-nement de son complexe pensant sont compromis ; il devient unhallucin et un dment. Le processus est quelque peu comparable une belle fort dans laquelle on dtruirait une espce animaleet qui deviendra tt ou tard un dsert par l'effet de la rupturedun quilibre naturel de la flore et de la faune. Seuls quelqueshallucins encore peu atteints peuvent tre sauvs laide de

    traitements nergiques.

    En analysant des ouvrages consacrs lhistoire des peuplesqui ont vcu autrefois en Amrique centrale et en Amrique du

    sud, notamment des Mayas et des Incas des zones environnantle lac Titicaca et des hautsplateaux de la Cordillre des Andes (1),nous sommes arriv la conviction (exception faite de la prim

    histoire qui se rapporte des populations mystrieuses et trs

    peu connues ayant vcu des poques trs recules : plus de8.000 annes avant lre chrtienne), que les populations de cesterritoires taient gouvernes par des souverains et menes pardes prtres qui tous taient des drogus par des substances extrai-tes des champignons hallucinognes tandis que la population sedroguait en mchant des feuilles de coca (elle le fait encore de

    nos jours). Il en est rsult que les dirigeants taient sujets desvisions insolites et recueillaient parfois des informations tonnan-tes. Il y a tout lieu de croire quentre autres, ils possdaient dessecrets permettant de dplacer, l'aide de forces psychiques ouantigravitationnelles, des blocs de pierre pesant plusieurs tonnesque lon trouve jusqu' une altitude de 5.000 mtres et de con-natre (sans doute par extraction de leurs subconscients) des infor-mations tonnantes concernant, entre autres, lastronomie et lar-

    chitecture.

    Par ailleurs, toutefois, ces souverains et prtres taient des

    dments et ce qui plus est, des dments sanguinaires On emme-nait dans des temples, btis une altitude trs leve, des jeunesgens et des jeunes filles que lon gorgeait pour les sacrifier la desse des neiges; lorsquon rigeait des monuments Ti

    (1) Entre autres : TIHUANACO par Simone WAISBARD (Robert Laffont) etTIWANAC O par Carlos Ponce Sangines et Gerardo Mogroveyo Perrazas, Publi-cation de l'Acadmie des Sciences de Bolivie 1970.

    7

  • 7/29/2019 ETRE LIBRE N 251 (Avril-Juin 1972)

    10/36

    huanaco, on creusait des trous autour de ceuxci dans lesquelson jetait des cadavres de victimes gorges en grande pompe

    Des massacres de centaines de malheureux, sacrifis pour con-tenter des dieux imaginaires, taient organiss pour fter certainsvnements religieux et politiques. En Amrique centrale, on jetaitdes jeunes filles dans des cavits rocheuses remplies d'eau et lapopulation d'un village assistait leur agonie comme aujourd'huinous assistons une reprsentation de thtre ou de cinma.

    Les faits authentiques prcits ne peuvent tre attribuablesqu lintervention de dirigeants et de chefs culturels dments etsanguinaires par l'absorption d'hallucinognes.

    Des dmences analogues ont peuttre t suscites, au coursde l'histoire et de la prhistoire, par dautres substances halluci-nognes, notamment par le suc extrait de lergot du seigle : lesScythes massacraient, en grande crmonie, des centaines de pri-sonniers ; les Phniciens imaginaient lexistence de dieux frocestels Moloch et jetaient dans des fournaises des temples de petitsenfants brls vifs. Les Byzantins crevaient les yeux 1.500 pri-sonniers bulgares. On peut difficilement attribuer de pareils forfaits des hommes normaux, aussi froces eussentils pu tre.

    De nos jours, on assiste une recrudescence dabus halluci-nognes du type LSD. Les effets en sont aussi nocifs. Les hallu-

    cins apportent peu dinformations indites, utiles lhumanit maisdeviennent tt ou tard des criminels et des dments incurables.

    B) Les drogues.

    La consommation des drogues est aussi ancienne que cellcdes hallucinognes. Comme ce fut le cas pour les hallucinognes,les drogues ont t utilises par des souverains et des chefs reli-gieux ainsi que par des * sorciers des fins politiques ou dumoins intresses. Cependant, tant plus accessibles et moins dif-

    ficiles se procurer, certaines drogues, telles que les substancesextraites de feuilles de coca en Amrique, le chanvre indien et les

    sucs du pavot, en Asie et en Europe orientale, ont t absorbspar des populations entires qui ont t abties, rduites unniveau de robots ou de btes et parfois mme dcimes par les

    effets de ces drogues.

    Cellesci sattaquent l'quilibre cellulaire, la fois du cer-veau et du corps tout entier Le drogu non seulement devient undment mais, par une dcomposition lente de lquilibre cellulaire

  • 7/29/2019 ETRE LIBRE N 251 (Avril-Juin 1972)

    11/36

    de son corps tout entier, finit par mourir aprs une longue agonie

    ou par le suicide. De plus, sa descendance est menace des piresmalformations, des pires monstruosits.

    Les drogues ont t souvent rpandues dans des buts poli-tiques, mme de nos jours. Ce fut le cas lorsque Guillaume II fitdistribuer par ses agents de la cocane, de la morphine et de lh-

    rone dans les milieux diplomotiques et dirigeants des pays quil

    se proposait d'attaquer. Hitler, avant la dernire guerre, fit demme, mais sur une chelle beaucoup plus grande.

    Aujourd'hui, des soldats envoys sur les champs de bataille

    dOrient et d'ExtrmeOrient sont drogus officiellement avantdaller au combat. Des individus, par ailleurs normaux et paisibles,sous leffet de drogues, se livrent des gnocides et des exactionsdignes des Vandales ou des Huns.

    Labus des drogues frappe des grandes masses de la jeunesse

    des pays les plus civiliss, tels que le USA, l'Angleterre, la France,la Hollande, la Belgique, et j en oublie.

    Bien davantage que les hallucinognes qui, malgr leurs effetsnocifs, apportent parfois des informations indites, les drogues

    napportent que des informations fausses et apocryphes lesdformations sont dues leffet destructif de lquilibre cellulaire,non seulement du cerveau, mais du corps tout entier, donc gale-

    ment de lcran . D'ailleurs, les drogus recherchent davantageune certaine euphorie, des rves colors que des informationsindites ou paranormales.

    Lenvahissement de la jeunesse par les drogues reprsente,davantage que les guerres et la criminalit, un des plus grandsdangers qui menacent l'humanit contemporaine. Si lon ne rus-

    sit pas lenrayer, nous risquerons d'ici peu dtre gouverns par

    des fous et des monstres.

    Nous rsumerons ce qui prcde en affirmant qu'il existe ungrand nombre de mthodes naturelles pour largir lcran etpour ouvrir son effet de filtrage sur des domaines indits utiles

    lindividu et lhumanit tout entire. Parmi ces mthodes, cellesqui ont une origine lointaine dans la sagesse de peuples orientaux

    9

  • 7/29/2019 ETRE LIBRE N 251 (Avril-Juin 1972)

    12/36

    et extrmeorientaux, notamment les mthodes de yoga physiques,

    psychiques ou les deux la fois sont particulirement recommandables.

    Tous les artifices, destins la recherche d'un largissementde lcran, tels que lutilisation dhallucinognes, de drogues oubien le recours des pratiques occultes, ne peuvent conduire qula formation dhommes et de socits dcadents, dments ou mon-strueux.

    3) CAS SPECIAUX.

    Il a exist, toutes les poques de l'histoire de l'humanit despersonnages dont lcran tait naturellement ouvert, non seu-lement des connaissances indites contenues dans leur propresubconscient, mais encore de mystrieuses informations en pro-venance d'autres subconscients, du pass, du prsent et peuttredu futur, du cosmos tout entier, dautres plans cosmiques que notre

    plan matrielpsychique, ouvert aux effets de certaines nergiesnigmatiques, au captage de messages transmis, dicts et peuttre mme imposs par des entits suprieures, transcendantales.

    Un grand nombre de ces personnages ont t connus, ont eu

    leurs noms inscrits dans les livres religieux et dhistoire : KonFouTseu, LaoTzeu, Mose, GautamaleBouddha, les grands phi-losophes grecs du sicle de Pricls, le Christ et ses disciples,:Mahomet, les grands saints, les grands mystiques et j'en oublie.

    D'autres, par contre, sont rests dans l'ombre On ne les apresque jamais aperus, ils n'ont jamais dclin leurs noms, rvlleur identit qui que ce soit. Et cependant leur influence sur lecours de lhistoire de lhumanit n'en a pas t moindre.

    Par ailleurs et de tous les temps notre poque galement beaucoup de grands souverains, de conqurants, de chefs spi-

    rituels et mme de prophtes ont t doubls, si pas domins, pardes * minences grises dont les noms sont ignors. Beaucoupde pays, de nations, de civilisations ont t conditionns, dirigset gouverns par des personnages mystrieux et occultes. Dautrespersonnages de moindre envergure : des mystiques, des initis ,des mages, des jivanmuktas, des yogis ont exerc des pouvoirspeu connus, sotriques, occultes, transcendantaux sur leur entou-rage, sur des socits, sur des contres entires.

    10

  • 7/29/2019 ETRE LIBRE N 251 (Avril-Juin 1972)

    13/36

    Tous ces hommes parfois mme toutes ces femmes ont

    possd ou possdent des crans dots douvertures myst-

    rieuses, paranormales et fortuites, non seulement sur leurs pro-pres subconscients mais encore sur dautres subconscients, surdes plans transcendantaux et parfois sur le cosmos tout entier.

    Ces ouvertures peuvent tre naturelles ou bien avoir tprovoques ou tout au moins agrandies par des techniques dini-tiation secrtes, nigmatiques, hermtiques, en provenance de tra-ditions orales ou de connaissances occultes. Cependant, aucunede ces techniques de caractre exclusivement religieux ou dini-tiation, nattaquera le soma, le psych, lquilibre cellulaire de l'in-dividu ; il ne sera jamais expos devenir un malade ou un d-

    ment ; ces techniques ne sont jamais bases sur lutilisation deproduits stupfiants, de drogues nfastes.

    CONCLUSIONS

    Toute crature vivante, et l'homme en particulier, est formede trois composantes essentielles qui constituent son individualit :le subconscient, rservoir inpuisable d'un nombre pratiquementinfini d'informations de toutes les espces y compris les informa-

    tions de caractre parapsychologique, paranormal et transcendantal. Le conscient qui reprsente le haut commandement ducomportement de lindividu et enfin lcran transducteur et fil-trant qui rgle les questions les plus essentielles concernant l'in-dividualit : rplication des cellules, formation des organes et del'espce, caractristiques matrielles et psychiques et surtout relations, dans les deux sens, entre le conscient et le subconscientChez l'homme et chez lhomme seul le conscient, subor-donn, caractris et actualis par une personnalit profonde de caractre transcendantal, possde une nature consciente dela conscience et probablement consciente de la conscience de

    la conscience... en srie limite ou illimite ; il possde gale-ment un certain libre arbitre.

    Le souci majeur de tout homme est d'ouvrir certaines van-nes de son cran afin d'avoir accs des connaissancesindites et de plus en plus profondes. Les vannes peuvent trelargies par des moyens naturels ou artificiels. Parmi les moyensnaturels, il y a lieu daccorder une importance toute particulire

    11

  • 7/29/2019 ETRE LIBRE N 251 (Avril-Juin 1972)

    14/36

    ceux qui, tels les pratiques yogis, sont capables dagir sur des

    fonctions qui dpendent la fois du conscient et subconscient :

    respiration, mtabolisme, cur, foie, voies digestives, quilibre cel-

    lulaire, dveloppement matriel et psychique de l'individu, tat de

    sant somatique, psychique, transcendantal et encore beaucoupdautres.

    Les mthodes artificielles (drogues, hallucinognes, stup-

    fiants, pratiques magiques blanches ou noires ) napportent

    que l'illusion dun cran largi et, en dtruisant lquilibre mta-

    bolique et cellulaire, ont pour consquence un afflux dinformations

    dapparence indite et trancendantale mais qui, en ralit sont

    dformes et souvent apocryphes cause de la destruction deplusieurs complexes cellulaires dont lanantissement conduira tt

    ou tard lindividu vers la dmence ou la mort.

    Les pratiques naturelles et saines destines largir

    lcran . les techniques physiques ou psychiques courantes, des

    techniques nouvelles dcouvrir encore et ne comportant l'utili-

    sation daucune drogue ni daucune action magique , des tech-

    niques anciennes mais labores par des initis (grands chefs

    spirituels, prtres authentiques, savants sincres, jivanmuktas, etc.)

    sont et seront toujours capables d'ouvrir des perspectives de lhu-

    manit sur des horizons nouveaux, lui apporteront des connais-

    sances inconcevablement largies.

    Par ailleurs, il rsulte des derniers travaux scientifiques effec-

    tus dans un domaine encore nouveau, qu'une fraction de 10%

    seulement du cerveau humain est en activit et peut fonctionner

    dune manire rgulire tandis quune fraction de 90% du cerveau

    est, si pas totalement inactive, du moins insuffisamment meuble

    d'activit.

    A lpoque o le cerveau tout entier pourra tre mis en tatde fonctionner selon des activits 100% et cela ne sera

    possible qu'en largissant l'cran nous serons en mesure

    dexplorer non seulement le pian matriel qui nous est dj fami-

    lier, mais dautres plans cosmiques et transcendantaux et d'acqu-

    rir des connaissances nouvelles sur tous les plans ct

    desquelles nos connaissances actuelles, aussi tonnantes qu'elles

    puissent paratre, ne sont que jeux d'enfants.

    12

  • 7/29/2019 ETRE LIBRE N 251 (Avril-Juin 1972)

    15/36

    POST-SCRIPTUM

    Au cours de l'une des inestimables runions qui se tiennentchez la Comtesse A. de Limburg Stirum, nous avons coute uneconfrence sur la psychologie du Zen donne par Mr. J acquesCastermanne, collaborateur et disciple du Comte K. von DURCKHEIM.

    Pendant les discussions qui ont suivi la confrence, MonsieurRobert LINSSEN a formul une remarque trs juste et pertinente,r'elative au subconscient :

    Supposons un instant quun millepattes soit dou de con-science et capable dagir consciemment sur le mouvement de sespattes, par exemple sur la squence des pattes nos 34 et suivantes.

    Ds lors, Il risquerait de se fourvoyer et de ne plus tre en tat

    de se dplacer en faisant usage de ses petits membres mobiles,trop nombreux.

    La remarque de Monsieur LINSSEN est trs exacte, Seul unmouvement programm et subconscient est en tat de commander,sans aucune dfaillance, des mouvements aussi complexes que ledplacement d'un millepattes, le vol d'une mouche, la reptation

    d'un serpent, le saut dun chat.Il y a quelques annes encore, les ascenseurs, commands

    consciemment ou par des liftmen mcontentaient peu prstout le monde, ddaignant les attentes et les priorits. Aujourdhui,nous poussons sur un bouton et un mcanisme lectronique pro-gramm et parfaitement objectif, fait le reste. Grce cette pro-grammation bien comprise, toutes les exigences des usagers sont

    satisfaites dans un minimum de temps.

    Toute crature vivante, depuis le virus jusqu' lhomme, pos-

    sde un conscient qui agit le plus souvent la manire pousse

    bouton . Lcran transducteur et filtrant reprsente le mcanismelectronique qui, comme dans le cas de lascenseur, dclenchedune manire rationnelle lintervention programme, prcise et

    dpourvue d'erreurs, du subconscient.

    Le millepatte, par lintermdiaire de son cran . dclen-chera le mcanisme programm et infaillible de son subconscientqui commandera, sans aucune omission, les diffrents et trs nom-breux mouvements de son complexe motile.

    13

  • 7/29/2019 ETRE LIBRE N 251 (Avril-Juin 1972)

    16/36

    Remarquons en passant une fois de plus que puisquil

    y a programmation , il y a auteur de ces programmations etque cet auteur ne peut tre qu'une nergie psychique et transcendantale, des millions de fois suprieure au psychisme de lhommedont elle a effectu la synthse et rgl les activits.

    Lexemple du millepattes peut tre aisment tendu l'homme.

    Par exemple : Lorsque nous marchons dans la rue, nous avons appuy sur lune des touches qui commandent les milliardsdinstructions qui rglent notre mouvement de la marche. Si nousvoulons changer de direction, nous appuierons sur une autre toutche . Les touches agissent sur lun des nombreux mcanismes

    de notre cran Ce dernier dclenchera, dans notre subcon-scient, lentre en fonction de lune des myriades de programma-tions qui conditionnent, presque sans aucune erreur, les myriadesde myriades de computations suivies d'instructions suivies ellesmmes de ractions qui commandent notre marche quilibre

    La complexit des mcanismes de lcran est infinie etpresque inconcevable. Pendant que nous marchons, nous sommesen tat de regarder, dentendre, de dplacer n'importe quelle autrecomposante de notre corps, de parler, de lire, de penser, d'agir.Chacune de ces oprations, en nombre presqu'illimit, dclenche

    une nouvelle fois des myriades de myriades de perceptions, decomputations, de dcisions, de ractions, les unes tant conscien-tes, les autres semiconscientes ou subconscientes, la majorit den-tre elles tant programmes.

    Le cadre de la prsente tude nous empche de dtaillerdavantage le sujet qui demanderait plusieurs volumes pour tredvelopp.

    Lintervention de Monsieur Linssen, outre quelle nous a inspirles raisonnements que nous venons d'exposer, nous permet, enoutre, de formuler deux remarques trs importantes :

    En premier lieu : notre conscient est faillible tandis quenotre subconscient, dans une large mesure, est infaillible. Par con-squent, nous aurons toujours intrt faire agir notre subconscient et ses programmations naturelles directes (par les forcespsychiques suprieures du cosmos) plutt que notre conscient.

    L'une des caractristiques de l'affaiblissement des facultsmentales dun individu, en particulier le dclin d au vieillissement,

    4

  • 7/29/2019 ETRE LIBRE N 251 (Avril-Juin 1972)

    17/36

    est la volont de remplacer les penses et les actes subconscients(plus prcis mais souvent mpriss parce que nous ny som-mes pour rien ) par des actes conscients, tenus en haute estimepar notre nature orgueilleuse, mesquine et subjective. Les actes

    conscients sauf dans les domaines scientifiques intellectuelset transcendantaux, sont trs souvent moins efficients et moinsprcis que les actes subconscients.

    Le grand mrite du yoga est justement la tendance de s'adres-ser notre conscient, de le faire agir plus correctement en dve-loppant les activits de lcran , en subordonnant ce conscientle plus intgralement possible aux influences et aux programma-tions du subconscient, transmises et traduites par lcran (pro-

    grammations naturelles, parfois dorigine cosmique, paranormale,issus d'un psychisme suprieur.

    La deuxime remarque est que les disciplines cartsien-nes , rationalistes , matrialistes et analogues s'efforcenttoujours de subordonner les critres de notre pense une ap-prciation consciente par notre complexe mental, petit ordinateurinstable, peu prcis et fallacieux, de vanter les qualits de notreconscient et de mpriser les myriades dlments de qualit sup-rieure et omnisciente qui peuplent notre subconscient.

    D'aucuns parlent dj qu'il sera bientt ncessaire de nousdbarrasser du carcan cartsien qui entraverait le progrs denos connaissances.

    Cet argument nest pas tout fait exact car il paratrait plusopportun dlargir ce carcan si carcan il y a de faireun usage opportun de tous les lments scientifiques et prcieux,cartsiens ou autres, qui nous ont t lgus par nos prdces-

    seurs mais de nous efforcer d'orienter les connaissances humai-nes la fois vers une poursuite de la voie classique, trace parnos anctres et dans une voie qui sefforcerait de percer tous

    les mystres du cosmos, y compris ceux de caractre sotrique,parapsychologique ou paranormal.

    Le yoga bien compris et pratiqu dans des domaines lafois physiques, psychiques et transcendants, constitue dj unpremier pas effectuer dans cette direction, un pas qui ne de-mande pas defforts surhumains et dont les effets sont trs bn-

    fiques.A. HERRMANN.

    Bx15

  • 7/29/2019 ETRE LIBRE N 251 (Avril-Juin 1972)

    18/36

    Esofrismes soufi, musulman et indienI

    Une mise au point s'impose concernant la signification que nousdonnons au terme d'sotrisme. Nous ne voulons pas dsigner parl des mystres cachs, impntrables qui seraient le privilge exclu

    sif de quelques sectes hermtiques, initiatiques ou occultes. Ce futcertes presque toujours le cas dans le pass. Mais depuis lors, lestemps ont chang.

    Le moment est peut- tre venu de dvoiler la totalit du mondedes vrits essentielles qui, ds la plus haute antiquit furent tenuessecrtes.

    Les raisons taient surtout de nature psychologique. En fait, lesenseignemennts sotriques, tant gyptiens que chrtiens, qu'extrmes orientaux taient mls des sciences occultes dont il taitvidemment souhaitable que des personnes de moralit douteusene soient informes.

    Le secret tait aussi gard en raison des perscutions dont lesmembres de nombreux ordres sotriques ont t de tous tempsmenacs.

    Lorsque nous parlons ici d'un sotrisme Soufi ou musulman,ou chrtien ou indien nous dsignons des enseignements spirituelsse dgageant de l'emprise des symboles, des formes, des lettres,des querelles mtaphysiques ou thologiques.

    Nous dsirons voquer par l le climat d'une exprience int

    rieure inaccessible aux dmarches de la logique, de la penseanalytique.

    Au niveau de la Ralit suprme, la plupart des sotrismes serejoignent.

    Les modes d'expression, la technique du langage, les symboles,les formes varient mais le fond essentiel d'une spiritualit vivanteest identique.

    16

  • 7/29/2019 ETRE LIBRE N 251 (Avril-Juin 1972)

    19/36

    Les sectes sotriques du monde musulman sont nombreuses.Leur niveau spirituel est trs ingal. Parmi les plus connues il convient de citer le Soufisme. Mais le Soufisme lui- mme englobe diverses tendances trs ingales. Mentionnons les adeptes de la foi Baha,disciples de Baha- Ullah, le mouvement Soufi fond par l'artiste indienInayat Khan, le mouvement Soufi beaucoup plus initiatique et sotrique dirig par le Vnrable Iranshr que nous avons longuementconnu Degersheim, en Suisse, les sectes Soufi beaucoup plus hermtiques encore attaches aux enseignements de Muhyi- d- din Ibn'Arabi, de Abd al Karim ibn Ibrahim al Jli, du Cheik Ahmad al- Alawi(1869- 1934), du Matre Aa Aziz, etc.

    Contrairement ce que beaucoup d'auteurs ont affirm, les Dru-nes ne sont pas mahomtans. Nous consacrerons une tude partconcernant l'sotrisme Druze s'inspirant surtout du matre gyptienHerms Trismgiste, du sage grec Plotin et de Pythagore.

    Du point de vue historique la pense musulmane exotriques'inspire principalement du Coran dont les textes essentiels ont trvls Mahomet au cours de ses mditations, extases et expriences mystiques.

    La date prcise de la naissance de Mahomet est mal connue.Il serait n aux environs de l'an 570. Une lgende raconte qu'alors

    qu'il tait encore enfant Mahomet fut terrass par deux hommesvtus de blanc. Ceux- ci lui ouvrirent le ventre et lui purifirent lecceur. Ceci est la version exotrique de l'incident.

    Il est vident que lsotrisme donne une signification tout autreet bien prcise cette lgende.

    Mahomet aurait t initi par deux ermites profondment engagsdans la voie de l'Eveil intrieur. L'ouverture du ventre symbolisel'Eveil de ce que les Matres japonais et indiens dsignent par le Hara s. Le Hara est considr comme le centre psychosoma

    tique situ dans l'abdomen. Il serait en relation avec la sagesseinstinctive du corps humain d'une part, et la conscience cosmiquede l'Eveil spirituel d'autre part.

    La purification du cur symbolise le dpassement de l'gosmepar la dcouverte de l'illusion de la conscience de soi.

    Il est noter qu'un symbolisme identique prside l'ordinationdes chamans en Sibrie.

    17

  • 7/29/2019 ETRE LIBRE N 251 (Avril-Juin 1972)

    20/36

    Une autre lgende musulmane rapporte que vers l'ge de 12 ans,

    Mahomet accompagna son oncle Abou T habib en Syrie. Au coursdu voyage, le moine juif de l'ermitage o les voyageurs s'taientarrts observa que l'ombre d'un arbre restait suspendue au dessusde la tte du jeune garon, malgr le mouvement du soleil. Le moineinterprta cet vnement comme un signe annonant Mahomet undestin exceptionnel.

    C'est vers 610, au cours de retraites solitaires qu'il faisait auxenvirons de La Mecque, dans les Gorges du Mont Hira, que Mahomet eut les expriences spirituelles fondamentales qui orientrentson existence messianique.

    La tradition musulmane rapporte que l'ange Gabriel lui appartet lui donna l'ordre de prcher. Ces prdications n'eurent pas beaucoup de succs dans les dbuts.

    Ce n'est qu'une douzaine d'annes plus tard, en juillet 622 queMahomet parvint recuellir une audience plus attentive. A partirde ce moment, ces prdications furent beaucoup plus coutes.

    Mahomet dcda Mdine, le 8 juin 632, onzime anne de l'remusulmane ou hgire.

    Parmi les grands reprsentants de l'sotrisme Soufi ou musul

    man, il convient de citer Muhyi- d- din Ibn Arabi qui vcut au XIImesicle et Abd- al- Karim Ibn- Ibrahim al Jl, qui naquit en 1366 Jldans la rgion de Bagdad.

    Nous ne commenterons pour l'instant que l'ouvrage fondamentalde Abd- al- Karim Ibn- Ibrahim- al Jl : qui s'appelle 1' Homme Universel (en arabe : Al- insam- al- kamil). Nous n'en examinerons quequelques fragments essentiels et les similitudes existant par rapport l'sotrisme indien de l'Advata Vdanta.

    Ceci apparat surtout dans les mises en garde constantes con

    cernant l'action dformante de la pense et la ncessit du silencemental parfait comme condition sine qua non de la vraie connaissance spirituelle.

    Nous lisons ce qui suit dans lHomme Universel, commentairesde Titus Burckhardt (voir bibliographie) :

    La vraie connaissance mystique est souveraine lgard de la raison et peut se servir de cette dernire pour retracer comme

    18

  • 7/29/2019 ETRE LIBRE N 251 (Avril-Juin 1972)

    21/36

    par une projection inverse, les ralits qu'elle atteint d'une ma-

    nire directe et au del de tout contour mental .L'organe de la connaissance mystique n'est pas le cerveau

    mais le cur o la connaissance et l'tre concident .

    En dehors de ce centre, inaccessible la pense, toute percep- tion apparat distincte de la nature de son objet. C'est dans le cur seulement que l'homme est ce qu'il connat et qu'il connat ce qu'il est .

    Cependant, l, o la Conaissance rejoint son propre tre et o l'Etre se connat lui- mme dans son immuable actualit, on

    ne saurait plus parler de lhomme.

    Dans la mesure o l'esprit plonge dans cet tat, il s'identifie non pas l'homme individuel mais l'homme universel (al- insn- al- kamil) qui constitue l'unit interne de toutes les cratures. L'homme universel est le tout... il est le prototype ternel, illimit et divin de tous les tres .

    L'homme universel n'est pas vraiment distinct de Dieu, il est comme la face de Dieu dans les cratures. Par l'union avec Lui, l'esprit s'unit Dieu. Or, Dieu est tout et en mme temps au dessus

    de tout. Il est la fois immanent et transcendant. De mme, l'es- prit dans cet tat d'union, s'unit aux cratures dans leur essence, par une intuition directe. En mme temps, il est comme un dia- mant qui n'est pntr par rien, parce qu'il participe la ralit divine qui se suffit Elle- mme .

    La connaissance unitive peut se traduire sur le plan de la conscience distinctive, soit que son clair transperce soudaine- ment le voile de cette dernire, soit que son actualit toujours prsente rende transparente les choses qui s'offrent l'exprience humaine .

    Nous retrouvons dans ces textes le climat essentiel des sot-rismes brahmaniques et bouddhiques.

    Ceux- ci ralisent une synthse de l'immanence et de la transcendance.

    Le point de vue exprimental offre galement des similitudesavec les enseignements de la Voie Abrupte du Ch'an, du Zen et du Sentier Direct de l'Advaa vdanta.

    19

  • 7/29/2019 ETRE LIBRE N 251 (Avril-Juin 1972)

    22/36

    Il est fait allusion un clair transperant soudainement le

    voile de la conscience distinctive . Le Satori du Zen ou l'Eveil intrieur du Ch'an chinois voquent le caractre soudain, non- prfigurde l'Eveil intrieur. Plus prs de nous, Krishnamurti insiste sur laspontanit, la gratuit, la lucidit non- mentale de l'tat dans lequelcesse toute dualit d'observateur et d'observ, d'exprimentateuret d'exprience.

    Un passage trs rare par son dpassement de tout anthropomorphisme rejoint entirement le climat le plus dpouill de l'AvataVdanta, comme du Ch'an et du Zen. Nous le reproduisons ici dessein :

    L, o la Connaissance rejoint son propre tre et o l'Etre se connat lui- mme dans son immuable actualit, on ne saurait plus parler de l'homme .

    L'exigence du dpassement des conditionnements anthropomor-phiques constitue le signe distinctif des enseignements de l'sot-risme Advata Vdanta, du bouddhisme sotrique et de Krishnamurti.

    L'une des notions et des facults naturelles enseignes dansl'sotrisme indien s'exprime frquemment par des termes tels que omnipntration de la lumire ou encore le dpouillement de

    l'opacit apparente de la matire .Le commentaire de l'sotrisme Soufi dclare que la participa-

    tion la ralit divine rend transparentes les choses qui s'offrent l'exprience humaine .

    L'sotrisme indien de la Vue Juste, dans le Vdanta et dans leBouddhisme nous rvle l'existence d'une essence commune formantla ralit essentielle des tres et des choses. Nous finissons paraccorder cette Ralit la place de priorit qu'elle doit naturellement occuper. Nous rigeons en Elle notre seule demeure. Elle servle finalement comme tant notre seul corps, le Dharma Kaya,

    le Corps de Bouddha pour les Bouddhistes, le Corps christique dansl'sotrisme chrtien. Dans cette optique, peine notre regard matriel se pose- t- il sur des tres ou des choses, la disponibilit parfaiteque nous ralisons l'gard de notre essence divine nous rvleinstantanment la mme prsence divine au plus profond des treset des choses que nous ctoyons.

    Pour cette raison, Titus Berckhardt dclare dans ses admirablescommentaires sur l'sotrisme Soufi et musulman : On pourra dire

    20

  • 7/29/2019 ETRE LIBRE N 251 (Avril-Juin 1972)

    23/36

    que le Soufi connat toutes choses alors qu'il en ignore beaucoup,et l'on pourra dire qu'il ignore les choses de ce monde, bien qu'illes connaisse toutes dans leur essence .

    Lorsque les Eveills disent qu'ils connaissent les tres et les choses dans leur essence, ils n'attribuent jamais un tel pouvoir leur go ni ce qu'il en resterait. Ils savent fort bien qu'ils ne sontrien en tant que moi . Ils savent qu'ils ne sont que des instrumentsdont la transparence et l'effacement intrieurs permettent la Conscience cosmique et l'Amour de s'exprimer en eux et par eux.L'intelligence, l'amour et les qualits que nous manifestons, ne sontrellement prsentes en nous que dans la mesure o nous sommespsychologiquement morts nous- mmes.

    Ainsi que l'exprime Titus Burckhardt : La qualit de l'omni- science nappartiendra jamais l'homme lui- mme, quel que soit le degr de sa transparence spirituelle l'gard de la Lumiredivine .

    L'sotrisme musulman et Soufi de l'homme universel postuledeux conditions pralables l'Eveil intrieur.

    1 ) D'abord une Vue juste qui nest pas une connaissance

    intellectuelle mais une comprhension intuitive, supra- mentale de lanature vritable des tres et des choses. Cet aspect de connaissancepure doit tre complt par l'Etre.

    2) Par l'Etre, lsotrisme Soufi dsigne l'tat rel de l'me,l'authenticit de sa totale disponibilit l'essence divine. A cettequalit particulire du psychisme veill, l'sotrisme Soufi donnele nom de beaut intrieure .

    La beaut intrieure comporte la simplicit, lampleur, l'har- monie, l'quilibre. Elle est dj le signe de l'attouchement divin .

    Concernant la simplicit, il convient de rappeler ici la parolechrtienne : Nul entrera au Royaume des Cieux s'il n'est redevenu simple comme un petit enfant .

    Tel est le climat intrieur qu'en d'autres termes, le penseurindien Krishnamurti dsigne par l'innocence suprme, l'tat spontan, supra- mental dans lequel les calculs, les peurs, les angoissesde la pense ne font plus obstacle la spontanit de la prsencedivine.

    21

  • 7/29/2019 ETRE LIBRE N 251 (Avril-Juin 1972)

    24/36

    LE CONCEPT DE L'HOMME UNIVERSELDANS L'ESOTERISME SOUFI ET MUSULMAN

    L'homme universel est dfini, non seulement par l'Unit des profondeurs. Il est aussi cette multitude de sujets connaissants qui s'intgre dans l'unit d'une essence unique de toutes les consciences,de toutes les intelligences.

    Sous le rapport de son unit interne, l'Univers manifest estconsidr comme UN SEUL ETRE.Telle est la signification sotriquedu verset 36 du Coran qui claire. Nous avons compt toute chosedans un prototype vident .

    Si l'sotrisme musulman dsigne ce seul tre comme l'HommeUniversel, ce n'est pas en raison d'une concession faite aux conceptsanthropomorphiquesi de l'Univers. Mais les Matres de l'sotrismemusulman et Soufi estiment que l'tre humain, est sur cette terre,l'image la plus adquate de l'Homme universel.

    L'homme universel se rapprocherait du concept indien d'Ishvaraou Seigneur de l'Univers. Il serait un aspect immdiat et concret dela ralit divine.

    Cet aspect tendrait s'estomper dans la mesure o nous allonsplus en profondeur dans l'Unit divine, au mme titre que dans

    l'sotrisme indien, Ishvara, le Seigneur de l'Univers, intervient titre second et driv devant le Brahman.

    LE ROLE DES MEDIATEURS

    L'sotrisme musulman et Soufi diffre de l'sotrisme indiende la Voie Abrupte concernant le rle des mdiateurs indispensables.

    Pour tous les musulmans et pour certains Soufis, Mahomet est

    considr comme le mdiateur universel indispensable. Ce point devue se rapproche par contre de celui du Christianisme. Dans cedernier, le Christ ou la Vierge sont considrs comme mdiateursindispensables au mme titre que Mahomet chez les musulmans.

    L'sotrisme de l'Avata Vdanta des Praja- Patis est trs loignde ce climat. Il proclame que chaque tre humain est le Templevivant de la prsence divine qu'il porte dans le sanctuaire du coeur

    22

  • 7/29/2019 ETRE LIBRE N 251 (Avril-Juin 1972)

    25/36

    et que chacun doit se rendre disponible aux richesses de cette pr

    sence divine, en lui- mme et par lui- mme, sans aucun recours des mdiateurs.

    Notons cependant, que la tradition indienne exotrique fait tatde l'indispensabilit du mdiateur, lorsque le chla (disciple)est prt, le guru se prsente sur sa route .

    Parmi les notions fondamentales mises en vidence dans l'so-

    trisme musulman et Soufi il convient de citer celle de l'Unit divine.Cette notion se retrouve d'ailleurs dans l'sotrisme et l'exotrismede toutes es religions.

    L'sotrisme Soufi tablit tout un ventail de nuances dans cetteUnit.

    Il y a, d'une part, ce qu'il dsigne par l'Unit suprme (al-ahadiyah).

    Cette unit n'est pas un aspect du divin. Elle est plutt l'absence de tout aspect, de toute qualit, de toute proprit telles que

    nous les concevons.A ct de cette Unit suprme , l'sotrisme Soufi distingue

    ce qu'il dsigne par le terme d'unicit . C'est l'aspect premier dudivin form par la synthse et la totalit du monde manifest, envisag dans son unit essentielle et dans ses distinctions.

    Ceci pourrait se comparer aux distinctions de la pense indienne.D'une part, celle-ci enseigne l'existence du Nirguna Brahman, dpouill de toute qualit, de tout attribut, transcendant l'ensembledes tres et des choses. D'autre part, existe la Saguna Brahman, le

    divin manifest dans ses qualits ou attributs.A l'unit suprme du divin d'une part, et l'unicit correspon

    dent ce que l'sotrisme Soufi dsigne par les deux dimensions duDivin.

    A l'unit suprme correspond la transcendance, car l'unit suprme se soustrait toute prise directe. Seule, une succession dengations permettrait son approche. De cette unit divine, nous nepouvons seulement dire ce quElle n'est pas. Telle est d'ailleurs la

    23

  • 7/29/2019 ETRE LIBRE N 251 (Avril-Juin 1972)

    26/36

    technique d'approche des matres de l'sotrisme de l'Avata indienet du bouddhisme. Dans l'sotrisme Soufi l'unit suprme du divi

    est complte par un autre aspect : l'unicit. A l'unicit correspondent les caractres d'immanence. Il est dit que les qualits mme des choses sont relies aux qualits divines de la Prsence suprme qui est en elles .

    Les mystiques Soufi voquent ce double aspect de la transcendance et de l'immanence divine dans le processus exprimental del'Eveil intrieur.

    Ils dclarent ce sujet que :

    Celui qui savoure une qualit dans sa ralit immdiate, atteint par l, d'une certaine manire la source ontologique infinie de toutes les qualits : l'Etre. Il voit l'aspect limit et individuel des choses comme une corce vaine et illusoire, incomparable ce que ces mmes choses impliquent, en profondeur, de qualitatif et d'illimit. C'est ainsi que la contemplation des qualits qui sont immanentes au Cosmos, rejoint la transcendance divine .

    L'exprience de l'immanence divine au cur des tres et deschoses ne peut tre ralise que par ceux qui ont ralis de faonvivante, la prsence de l'immanence divine dans le sanctuaire deleur propre cur.

    L'exprience de l'immanence divine est diffrente de celle dela transcendance divine.

    Les expriences de l'immanence divine peuvent encore laissersubsister l'individualit de ceux qui les ralisent quoiqu'au termede telles expriences, les rsistances habituelles de l'go subissentd'importantes transformations.

    Au cours de l'exprience de la transcendance divine la conscience goste familire et les agitations mentales sont totalementlimines.

    Les matres de l'Eveil dans l'sotrisme des Praja- Patis (AdvataVdanta), les matres de la Voie Abrupte du Ch'an et du Zen, ainsique Krishnamurti considrent qu'il est inopportun de parler d'exprience ds l'instant o l'on voque la transcendance divine.

    A ce niveau, la dualit du spectateur et du spectacle, de l'observateur et des phnomnes observs, de l'exprimentateur et del'exprience se trouve abolie.

    24

  • 7/29/2019 ETRE LIBRE N 251 (Avril-Juin 1972)

    27/36

    Le Matre Titus Bruckhardt, de l'sotrisme Soufi dclare quel'exprience de l'Unit Suprme (al- ahadiyah) implique l'annihila

    tion de l'go.

    DE L'ESSENCE DIVINE ET DES QUALITES DIVINES

    L'sotrisme Soufi est profondment influenc par la thologiemusulmane dans ses considrations sur l'essence divine et les qualits divines.

    Ainsi que nous l'avons fait remarquer prcdemment, ceci cor

    respond dans une certaine mesure aux distinctions du Nirguna Brah-man et du Saguna Brahman dans l'sotrisme indien.

    Dans l'sotrisme Soufi, l'essence divine (al- dht) est le divindgag de tout aspect. Il n'est ni sujet, ni objet d'aucune connaissance.

    Les qualits divines (a- ft) sont par contre, les aspectsou qualits par lesquelles le divin se rvle de faon relative.

    L'sotrisme Soufi enseigne que l'essence divine est nanmoinsconnaissable. Mais cette connaissance n'est en aucun cas de la

    nature relative et dualiste qui nous est familire. Elle est essentiellement non- mentale et dgag de toute objectivation conceptuellede l'go.

    Jamais, cette Connaissance n'est ralise par l'go.

    Le texte de l'sotrisme Soufi dclare que Dieu se connat Lui-mme, par Lui- mme, en Lui- mme, sans aucune distinction interne .

    L'essence divine n'est jamais un objet de mditation. Elle estl'Eternel et Unique SUJET.

    Un texte Soufi de l'Homme Universel dclare que l'Essencedivine n'est connue que par une identification (tahqq- dhti) abolissant toute distinction, toute dualit.

    Le Matre de l'sotrisme Soufi Titus Burckhardt dclare cepropos que Toute connaissance diffrencie suppose une certaine dualit du sujet connaissant et des choses connues. Il en rsulte que l'on ne pourra jamais embrasser l'autre compltement : la connaissance sotrique essentielle, par contre, est immdiate .

    25

  • 7/29/2019 ETRE LIBRE N 251 (Avril-Juin 1972)

    28/36

    Elle est mme pralable tout acte mental.

    Un texte Souli dclare symboliquement que : Si le serviteur se dcouvre rellement lui- mme, il reconnat que l'Essence divine est sa propre essence. Telle est la signification que les Matres de l'sotrisme musulman et Soufi donnent aux paroles de Maho- met : Qui se connat lui- mme connat son Seigneur (Man arafa nafsahu faquaud arafa rabbah) .

    Mais tout l'sotrisme Soufi ne se situe pas ce niveau lev.

    Influenc par la thologie musulmane, une partie importantede l'sotrisme Soufi fait une distinction entre les qualits divineset les noms divins.

    A chaque qualit divine correspond un nom divin. Les textesde l'sotrisme Soufi enseignent que : C'est par l'irradiation desqualits divines ou des noms divins que le contemplatif passed'un tat spirituel mineur (hl) la ralisation spirituelle fondamentale (ahwl) dpassant tous les conditionnements habituels.

    Signalons ici que de nombreux mystiques indiens pratiquentdes mthodes voquant soit des noms divins, soit des montras (japa)sortes de syllabes sacres dont la rptition dtermine des tatsseconds ainsi qu'une pacification mentale et nerveuse.

    Nous terminerons ce trs bref aperu de l'sotrisme Soufi etmusulman par un texte Abd al Karim al J l emprunt l'HommeUniversel.

    Quand Dieu se rvle Son serviteur dans une de ses qua- lits, le serviteur plane dans la sphre de cette qualit jusqu' ce qu'il en ait atteint la limite par voie d'intgration mais non par

    une connaissance distinctive.

    Finalement, il n'y a l, ni serviteur, ni Seigneur, car s'il n'existe plus de serviteur, le Seigneur cesse d'tre le Seigneur. En ralit il n'y a plus que Dieu seul, l'Unique, l'Un.

    La crature n'a d'tre que par attribution contingente.

    En ralit elle n'est rien.

    26

  • 7/29/2019 ETRE LIBRE N 251 (Avril-Juin 1972)

    29/36

    Lorsque les lumires divines apparaissent elles effacent cette

    attribution, En sorte que les cratures n'taient pas ni ne cessaient d'tre.

    Dieu les teignit mais dans leurs essences elles n'ont jamais exist.

    Et dans leur extinction elles subsistent.

    Lorsqu'elles s'anantissent l'Etre revient Dieu.

    Il est alors tel qu'IL tait avant qu'elles ne devinssent.

    Le serviteur devient comme s'il n'avait jamais exist.

    Et Dieu, comme si jamais rien n'avait cess. Cependant, lorsqu'apparaissent les fulgurations divines

    La crature se revt de lumire de Dieu et devient une avec Lui .

    Ceci nous permet d'voquer la parole des Matres de l'AdvataVdanta et de la Voie Abrupte du Zen qui l'on demandait deraconter l'aventure de leur Eveil intrieur. Que leur tait- il arriv.

    Et qui rpondent aprs un long silence :

    Mais, il ne m'est rien arriv du tout... je me suis retrouv tel

    que, sans le savoir, j'tais de toute ternit, avant mme que mesparents m'aient conu.

    Le dvoilement de l'Essence divine (majl) est un des textesles plus profonds de l'sotrisme soufi. Nous n'en citerons que quelques versets :

    C'est de la puret du vin que jouit l'Essence divine en toi Toute union hors d'EUe n'est que dispersion

    Elle se dvoile transcendante l'gard de toute description

    Sans analogie et sans qu'il y ait en Elle de relations

    Comme le soleil levant efface la lueur des plantes

    Alors qu'elles subsistent en principe par Lui

    Elle est tnbres sans jour et sans crpuscule.

    Mais en dehors de Sa demeure, la troupe erre dans le dsert.

    Jamais l'intellect n'en vainc la puret pour s'y mler.

    Jamais la pense ne flaire son parfum enivrant.

    27

  • 7/29/2019 ETRE LIBRE N 251 (Avril-Juin 1972)

    30/36

    Rien ne rpond la question qu'est- Elle ?

    Ni nom, ni attribut : l'Essence divine est trop sublime pour cela !

    Nous terminerons par l'un des sommets de l'sotrisme musulman, le pote persan Ferideddin Attar qui vcut au XIIIe sicle.

    Nous citons ici quelques fragments extraits de son uvre monumentale, intitule Le Chant des Oiseaux .

    Dans le chapitre intitul Les oiseaux dans la valle de l'unification Ferideddin Attard crit ; (p. 166, Emile Dermenghem) :

    Dans la valle de l'unification, l'homme n'aperoit rien d'ac-

    cessible aux sens. Il n'y a ni ka'ba, ni pagode. Apprends la doc- trine vritable : l'ternelle existence de l'Etre infini. On ne doit voir personne autre que lui, ne reconnatre comme permanent nul autre que lui. On est en Lui, par Lui, et avec lui.

    Tant que tu vivras individuellement, le bien et le mal exis- teront pour toi. Mais lorsque tu seras perdu dans le soleil de l'Essence divine, tout sera amour...

    Lorsque le voyageur est entr dans cette valle, il disparat ainsi que la Terre mme qu'il foule aux pieds.

    Il sera perdu parce que l'Etre Unique Se manifeste : il res- tera muet parce que l'Etre unique parlera. La partie deviendra le tout. L'tre que j'annonce n'existe pas isolment : tout le monde est cet tre, existence ou nant : Tout est cet Etre.

    Trente oiseaux seulement y arrivent et trouvent comme le Ph- nix, dans l'anantissement, le commencement d'une nouvelle exis- tence.

    L'ombre se perd dans le soleil, il n'y a plus, ni guide, ni voya- geur, le chemin cesse d'exister.

    Lorsque l'Ocan de l'immensit vient agiter ses vagues,

    comment les figures qui sont traces sa surface pourraient- elles subsister ? Ces figures ne sont autres que le monde prsent et le monde futur. Celui dont le coeur s'est perdu dans cet ocan d'amour y est perdu pour toujours et y demeure en repos.

    Dans cette mer paisible, il n'y a pas d'autre chose que la flicit divine ...

    Robert LINSSEN.

    28

  • 7/29/2019 ETRE LIBRE N 251 (Avril-Juin 1972)

    31/36

    La connaissance vritable

    n'est pas une simple fonction

    par SHRI KRISHNA MENON(T raduction R. Linssen)

    1) Tous les objets s'vanouissent dans la Connaissance vri

    table. Ils ne sont par consquent rien d'autre que conscience .

    2) Lorsqu'un vase est bris ses rsidus ne sont que terre parce

    que cest de terre quil est fait. Il ne peut laisser les dbris autres

    que ce dont il est fait.

    3) Ainsi, l'affirmation Je connais une chose , lorsqu'elle est

    correctement examine signifie finalement que la chose s'est

    dissoute en connaissance.

    4) Admettant que la vue et l'oue ne sont que des fonctions, c'est

    seulement aprs la cessation de ces fonctions (ou de l'emprise de

    ces fonctions) que l'on peut dire que l'on ralise la Connaissance

    vritable.

    5) Il est possible de comprendre clairement que la Connaissancevritable n'est pas une fonction.

    6) Il est par consquent faux de dclarer Je la connais parce

    qu'ici, connatre dsigne une fonction.

    7) Lorsque ceci est pleinement compris, un changement complet

    d'attitude en rsulte.

    29

  • 7/29/2019 ETRE LIBRE N 251 (Avril-Juin 1972)

    32/36

    SEMINAIRE ZEN DU 10 AU 17 SEPTEMBRE 1972

    A ZINAL (VALAIS - SUISSE)

    On nous prie de communiquer :

    L'Association Zen d'Europe, prside par Matre Taisen DES-HMARU, organise le premier rassemblement europen d'initiationau Zen (tendance Soto Zen). Cette runion aura lieu pendant lasemaine du 10 au 17 septembre Zinal, dans le Val d'Annivier(Valais) en Suisse.

    L'ide dominante de ce rassemblement est de faire vivre ensemble pendant huit jours et dans des conditions idales tous ceux qui

    en Europe pratiquent ou s'intressent au Zen.Le programme, tabli par Matre DESHIMARU se dcompose

    quotidiennement en trois tranches distinctes.

    Toutes les matines, de 9 heures jusqu' l'heure du djeunersont rserves l'enseignement de Sense DESHIMARU : sancesde Zazen, Mondo (questions et rponses), Confrences.

    Aprs le djeuner, le programme a un caractre plus culturelet comprend les prsentations d'ikebana (art floral), calligraphie,crmonie du th. Ce sera galement l'aprs- midi que l'on pourra

    faire de merveilleuses promenades dans le Val d'Annivier. Enfin lesoir aprs diner, auront lieu des confrences par les personnalitsprsentes oh des prsentations de films, entr'autres les remarquables films sur le ZEN et le JAPON d'Arnaud DESIARDINS, des filmsprts par l'Ambassade du J apon Paris, des concerts, etc.

    Zinal est le merveilleux fonds de la valle d'Annivier connu enSUISSE pour sa beaut, sa posie, sa religiosit. C'est un endroitidal pour un tel rassemblement.

    La valle est parseme de petits villages authentiques, habitspai une population accueillante.

    On se rend Zinal par S1ERRE situ dans la valle du Rhne, l'entre du Val d'Annivier.

    L'organisation matrielle est assure par le Club Mditerrane,dans son village- htel de Zinal. Le logement se fait par chambresde deux personnes. Toutes les chambres sont semblables, dotes detout le confort. Les repas sont pris par tables de huit et seront comme

    30

  • 7/29/2019 ETRE LIBRE N 251 (Avril-Juin 1972)

    33/36

    toujours au Club Mditerrane, particulirement soigns. Le prix

    forfaitaire est de 295 francs franais pour la semaine. Il comprendabsolument tous les services ainsi que lee boissons de table. Ceprix est de 45 francs si l'on veut voyager par chemin de fer deParis (aller et retour). Depuis Sierre, un petit car conduit Zinal.

    Renseignement l'Association Zen d'Europe, 46, rue Pernty Paris 14e.

    FONDS DE SOUT IEN DE LA REVUE

  • 7/29/2019 ETRE LIBRE N 251 (Avril-Juin 1972)

    34/36

    CONFERENCES KRISHNAMURTI

    (SAANEN 1972)

    Les 16, 18, 20, 23, 25, 27 et 30 juillet 10 h. 30, Krishnamurti

    prendra la parole en anglais dans la tente des confrens en bor

    dure de la rivire Saanen, 600 mtres environ de la gare de

    Saanen.

    Les causeries seront traduites en franais, nerlandais, alle

    mand, italien et espagnol.

    32

  • 7/29/2019 ETRE LIBRE N 251 (Avril-Juin 1972)

    35/36

    SEMINAIRE DETUDES SPIRITUELLES DU S AU 15 JUILLET 1972A SAANEN (SUISSE)

    Programme :

    Tous les matins 10 h. prcises rendez- vous devant l'HtelSaanerhof, en face de la gare de Saanen, du 6 au 15 juillet inclus.Cours de 10 h. 15' 12: h. en fort par beau temps.

    Toutes les aprs- midis, de 17 19 h. cours facultatifs de yogaet gymnastique mdicale corrective par Colette Servais et Made-line Boesmans au Sport et Golf Htel, Saanenmser, prs deSaanen.

    Les confrences du soir se donneront 20 h. 30 au Sport etGolf Htel, Saanenmser.

    Sont annoncs : des exposs du Dr. Sarkissofh, psychanalistede Genve; le 14 juillet sur Psychanalyse et Spiritualit; le 13 juillet de Mme Holley sur la Cosmobiologie ; d'autres soirs, le Docteur

    Jacques Kalmar, docteur en mdecine, auteur de nombreux ouvrages, un expos sur Culpabilit circonstantielle et culpabilit ontologique ; le Dr. P. Lacombe, docteur en mdecine, docteur en psychologie, professeur l'Universit de New- York, membre de l'Acadmiedes Sciences de New- York.

    Sont annoncs : le professeur Xhignesse (prof, de l'Universitau Canada), le prof. Dr. Kraus (Universit de Vienne), etc.

    Paiements. Avant le 25 juin :

    Pour la Belgique. - 115 fr. par jour et par personne verserau c. ch. p. 33.80.72 des Editions Etre Libre , Bruxelles. Couples :180 fr. par jour.

    France. 12,50 N.F. par jour et par personne verser auc. ch. p. 18.128.98 (Paris) de Paule Ambrosini, 38, rue Mont- Thabor,Paris 1er.

  • 7/29/2019 ETRE LIBRE N 251 (Avril-Juin 1972)

    36/36

    QUELQUES NOMS PARMI NOS COLLABORATEURS

    CRIVAINS ET CONFRENCIERS

    A. HERRMANN.Grard TIRY.L.-F. BECKETT.Denise GREINDL.WEI WU WEI.Christmas HUMPHREYS.Marcel LECOMTE (f).Gilberte AIGRISSE.Jean KLEIN.D. T. SUZUKI (t).

    A.W. WATTS.Professeur Sohaku OGAT A (Universit de Washington).Carlo SU ARES (Paris).Andr NIEL (Paris).Docteur Roger GODEL (Egypte) (f).Docteur J acques KALMAR (Grenoble).Docteur BERTHOLET, Laurat Universit de Lausanne (t).J. de MARQUETTE, Docteur en Sciences, Philosophie et Lettres (t)A. DAVID- NEEL, crivain, exploratrice du T hibet(f).Professeur MASSON- OURSEL, professeur en Sorbonne, crivain

    orientaliste (f).

    Ren FOUERE.Jean HERBERT, crivain indianiste.Professeur H. MANGIN, crivain chiroscopie mdicale (t).Jean MALLINGER, avocat, crivain pythagoricien.H. K. IRANSCHAHR, crivain persan (t).SWAMI SIDDHESWARANANDA, charg de cours aux Universits

    franaises (f ).Professeur G. J. CREPPY, du Togo, Ecole Hautes Etudes Religieuses,

    Sorbonne.Professeur Robert TOURNAIRE.Roger VANMALDER.Stphane LUPASCO.

    LIBRAIRIES OU SE TROUVE LA REVUE ETRE LIBRE . :

    Librairie Vega, 175, boulevard Saint- Germain, Paris.Librairie Nizet, 21, rue de Seine, Paris (6e).

    Imprimerie VAN DOORSLAER, rue des Coteaux, 198200 1030 BRUXELLES.