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La compagnie Un ange passe présente « Et Elsa boit » De Adeline Picault Avec Clémentine Pons Mise en scène Anne Bourgeois Création lumière Philippe Mathieu Festival off d’Avignon du 10 juillet au 2 août 2008 Théâtre La Luna / 12h20 Adeline Picault est boursière de la fondation Beaumarchais, du Centre National du Théâtre et lauréate en 2007 du prix France Inter/France Culture/SACD Relations presse : Hélène SITBON (01 45 61 24 20 / 06 84 01 50 49) [email protected]

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La compagnie Un ange passe présente

« Et Elsa boit »

De Adeline Picault

Avec Clémentine Pons Mise en scène Anne Bourgeois

Création lumière Philippe Mathieu

Festival off d’Avignon du 10 juillet au 2 août 2008 Théâtre La Luna / 12h20

Adeline Picault est boursière de la fondation Beaumarchais, du Centre National du Théâtre

et lauréate en 2007 du prix France Inter/France Culture/SACD

Relations presse : Hélène SITBON (01 45 61 24 20 / 06 84 01 50 49) [email protected]

"Et Elsa boit" ou le cadeau d’une jeune auteur à une jeune actrice Adeline Picault a écrit ce monologue en pensant à Clémentine Pons. Depuis qu'elle l’avait vue, il y a trois ans, interpréter La Mouette à la Classe Libre de l'école Florent, elle souhaitait écrire pour elle.

Entre temps, Clémentine a joué pendant deux ans au théâtre, du Claudel, du Goldoni, du Jean-Michel Ribes… et Adeline a écrit de nombreux textes, plusieurs fois récompensés… Elle n’en a pas pour autant renoncé à son projet : son dernier texte, Et Elsa boit est destiné à Clémentine. Et Elsa boit présente une jeune femme seule à un bar. Au fil des verres, elle nous raconte son histoire, celle du rêve d'écrire, celle de la solitude de quelqu'un qui n'arrive pas à se confronter aux autres, qui souffre de se réfugier en permanence dans son monde imaginaire. Cette femme nous

fait voyager grâce à ce trop plein d'images qui n'appartiennent qu'à elle, qu'elle déverse entre rires et larmes, entre humour et sincérité, entre histoires fantasmées et histoires trop réelles. Avec ce texte le rire et l'émotion sont au rendez-vous ! Un monologue fort destiné à faire vibrer la comédienne auquel il est destiné appellent une mise en scène très simple : deux tabourets de bar, une femme assise. Cela offre un grand champ de possibilités de représentation : en plein air ou en intérieur, en première partie de soirée ou en deuxième partie de soirée etc. Un trio auteur-interprète-metteur en scène dynamique La rencontre de Clémentine Pons avec Anne Bourgeois lors d’un travail sur Roland Topor donne naissance à une complicité qui s’épanouie autour de la création de Et Elsa Boit. Adeline Picault, Clémentine Pons et Anne Bourgeois forment un trio aux affinités véritables. Et Elsa Boit offre la possibilité de faire entendre avec tendresse, radicalité et humour une parole très féminine. Et cela aussi plait à ces trois femmes. Etroits petits tours Etroits petits tours est le premier recueil de monologues d’Adeline Picault, paru en février 2008 aux Editions théâtrales : Et Elsa boit en est le premier texte. Adeline Picault propose des partitions très contemporaines pour le jeu. Ecriture de comédienne, passée par le corps des acteurs : ses textes forts montrent la violence de personnages face à leur public, sans tabous, fébriles.

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Histoires de plumes d’oiseaux

« La première fois que j'ai vu Clémentine Pons, elle jouait du Tchekhov dans un cours de théâtre. C'était ça. Elle jouait. Elle était Nina dans La Mouette. A bien s'y attarder, je lui voyais déjà quelques ailes qui donnent à rêver et une plume c'est certain. La plume, je lui ai piquée pour m'en servir et parce que je ne voyais pas comment faire sans. Les mots pour cette comédienne il fallait aller les regarder voler et pour ça... Oui. La chanson de l'alouette: "on te plumera". C'est tout. Clémentine Pons descend d'une constellation parfaitement inconnue et à mon écriture, elle est étrangement familière, elle est

étrangement la maison. La deuxième fois, elle jouait encore, pas du Tchekhov et dans un vrai théâtre. C'était ça. Elle jouait. Singulière et entière, tellement entière dans ce qu'elle est sur un plateau. La troisième fois, j'ai téléphoné pour lui dire, je te fais un texte, un qui te ressemble parfois oui, parfois non, souvent oui quand même et qui est un oiseau ça, j'espère. Et nous avons pris à seize heures et des poussières rendez-vous dans un café. A deux heures du matin, après trois lieux différents, mille discussions improbables et la certitude de s'être trouvées, j'avais une nouvelle amie immédiate et sans concession. Alors l'alouette a fini ce texte avec une plume de mouette. Et déposé son point final. Son début. L'alouette attend la comédienne maintenant pour se faire un nid en brindilles et haut perché. Et voilà l'histoire. Et voilà la comptine. "Et Elsa boit" est écrit pour Clémentine, j'insiste, pour Clémentine, pour que pleinement elle soit à son endroit du théâtre, pour qu'elle ne se contourne pas, pour que, c'est ça... Elle joue. Et pour que dans le public je sois la première, oui la première à m'en émerveiller encore. Applaudir un oiseau quand même, ce n'est pas tous les jours. Non. Clémentine, elle est le verso de tous les jours. C'est ça. Elle joue. »

Adeline PICAULT juillet 2007

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Note d’intention de la metteur en scène « Il y a dans le duo Adeline Picault / Clémentine Pons l’évidence d’une rencontre auteur-actrice qui frappe les sens. Complices dans le son, dans le rapport quasi charnel qu’elles entretiennent avec le langage, liées par le verbe comme si elles écrivaient ensemble, les deux jeunes artistes se répondent dans l’art du monologue, l’une servant l’autre, portées par la joie de donner du texte, de donner du théâtre, du jeu, du style, de la force. J’ai assisté à une première lecture spontanée de l’actrice face à son auteur, sans pouvoir deviner laquelle des deux se réjouissait le plus de montrer à l’autre combien elle l’avait comprise : il est très rare de trouver chez les jeunes auteurs d’aujourd’hui tant d’amour pour l’acteur, et cependant avec tant d’empreinte, tant d’identité dans l’écriture, tant d’intégrité dans la droiture du message poétique. De la même manière, rares sont les jeunes acteurs qui acceptent avec autant d’évidence une écriture si particulière que celle d’Adeline Picault, un phrasé si proche de la poésie pure qu’il pourrait dissimuler, pour qui lirait trop vite, tout le merveilleux concret dont l’acteur a besoin pour exister. J’ai beaucoup ri. J’ai ri à gorge déployée à ce texte incroyable qui magnifie l’actrice, tout comme j’ai ri à cette interprète au son cristallin, à la voix haut perchée qui jouait en riant, elle aussi, un texte où le désespoir se boit, s’absorbe, se déguste comme un bon vin. Car c’est bien de dégustation qu’il s’agit, d’un monologue aux allures de poésie surréaliste qui n’attendait que d’être honorablement incarné pour se révéler limpide, cocasse, burlesque, touchant, bouleversant…L’histoire est simple : une jeune femme boit et nous parle, sans cesser de rire de la désuétude de son histoire. Qui sommes-nous ? Le barman ? Sa conscience ? Un vrai public ? Peu importe, elle est appuyée sur son comptoir sans aucun misérabilisme, et elle rit…Elle rit de nous raconter ses déboires avec un garçon, elle plonge dans le vertige d’une langue raffinée, une langue de peintre, une langue parfois sublime si peu appropriée à la gaîté de l’alcool, une langue qui ne se « rit » pas et qui pourtant devient presque normale dans la bouche de la jeune femme désinhibée : un monologue à emporter partout, à jouer partout où l’on veut crier qu’il y a des auteurs forts dont la spécificité de l’écriture s’accommode à merveille avec un jeu drôle, vivant et actuel. Une seule mise en scène possible : suivre la musique du texte comme une partition, pousser la comédienne vers une vérité qui lui permette à la fois de « dire » ET de « ressentir »…Ne rien faire d’autre que d’aider à battre la musique de mots dans le cœur de son interprète qui les chante déjà si bien… »

Anne BOURGEOIS Juin 2007

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Adeline Picault Auteur Boursière de la fondation Beaumarchais ainsi que du CNT, elle a reçu en 2007 le prix France Inter/SACD de la pièce radiophonique. Après son séjour en résidence à la Maison des Auteurs de Limoges, son premier texte Si Seulement Un regard a été présenté lors du festival des Francophonies en Limousin en octobre 2007. Deux de ses pièces radiophoniques, Et d’un ventre pleure une montagne et Finir à l’infini, ont été créées sur France Inter en 2007. En février 2008 paraît Etroits petits tours aux éditions Théâtrales. Elle sera en résidence d’écriture à la Chartreuse à l’automne 2008.

Clémentine PONS Comédienne

Après la Classe Libre de l’Ecole Florent où elle travaille les classiques, elle intègre la troupe de Musée Haut, Musée Bas de Jean-Michel Ribes. Après deux saisons au Théâtre du Rond-Point puis en tournée, elle participe à l’adaptation cinématographique de la pièce. Dans le film qui sort à l'automne 2008, Clémentine Pons participe à un duo comique en présence de Valérie Lemercier. En parallèle elle tient plusieurs premiers rôles dont celui de Donna Florida dans La Guerre de Carlo Goldoni au Théâtre Mouffetard, de Josie dans Barreaux de Rona Munro au Guichet Montparnasse et de Beata dans La Cantate à trois voix de Paul Claudel à la Crypte de Saint Sulpice. Avec Elsa boit, c’est la première fois que Clémentine est seule en scène.

Anne BOURGEOIS Metteur en scène Son parcours est caractérisé par l’éclectisme. Travaillant dans le théâtre privé comme dans le public, se nourrissant de textes à la fois classiques et contemporains, ce qui la guide est avant tout l’amour de l’acteur. En 2007, elle met en scène Alain Delon et Mireille Darc dans Sur la Route de Madison, puis monte La Mouette au Théâtre 14. En novembre 2007, elle a mis en scène pour le Théâtre du Rond-Point Les Diablogues de J. Dubillard, interprété par François Morel et Jacques Gamblin, repris pour la saison 2008-2009. En 2008, elle a dirigé Véronique Jeannot et

Marc Fayet dans la pièce Avec deux ailes, à l'affiche depuis le mois de mai dernier au Petit Théâtre de Paris. Cet été elle sera en Avignon avec la pièce de Fabrice Roger-Lacan Cravate Club.

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La Compagnie Un Ange Passe Co-fondée en 2006 par d’anciens élèves de l’Ecole Florent, la compagnie « Un Ange Passe » a d’abord pour but de promouvoir les écritures contemporaines au théâtre. - Percolateur Blues de Fabrice Melquiot a été créé au Théâtre des Déchargeurs à Paris en Juin 2006. - Emoi au bord du monde de Adeline Picault a été créé dans le cadre du festival off d’Avignon 2007 au Pulsion Théâtre, ce monologue devrait être repris prochainement à Paris. Compagnie Un ange passe Association loi de 1901 SIRET : 489 154 773 00019 / APE : 923A / Licence d'entrepreneur de spectacles n°7502785 Adresse : 60, rue de l'Arbre Sec 75001 PARIS http://www.compagnieunangepasse.com « Et Elsa boit… » : fiche technique Un texte d’Adeline Picault Avec Clémentine Pons Mise en scène : Anne Bourgeois Création lumière : Philippe Mathieu Production : Compagnie Un ange passe, avec le soutien de l’association Beaumarchais et en partenariat avec le Laboratoire de la Création (Mairie de Paris) Administration : Mathias Daval Attachée de presse : Hélène Sitbon Et Elsa boit n'a pas besoin de beaucoup plus que de la seule présence en scène de son interprète. Deux tabourets de bar, un éclairage de 4 mètres sur 4 maximum, cela devrait suffire ! Et Elsa boit est un monologue qui dure environ une heure. En première partie de soirée ou en dernière partie de soirée, dans une grande ou une petite salle, Et Elsa boit peut s'emporter partout. Dates de programmation du spectacle - Paris : festival de Charonne le 19 avril 2008. Le Saint-Blaise : angle de la rue St Blaise et de la rue du Clos. 75020 Paris. - Lille : au Théâtre le Biplan les 16 et 17 mai 2008. Théâtre le Biplan : 19, rue Colbert. 59000 Lille. http://www.lebiplan.org/ 03 20 12 91 11. - Avignon : au Théâtre La Luna pendant tout le festival off de juillet-août 2008. Théâtre de la Luna : 1, rue Séverine. 84000 Avignon / 04 90 86 96 28. - Bruxelles : le projet est en attente de dates, il d’ores et déjà obtenu le soutien de l’Ambassade de France.

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« Et Elsa boit »

Extraits

« Je peux être submergée par ce qui glisse tellement volonté de vivre sans chaussures à crampons… »

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C’est le troisième. Ca déboîte ! Que je m’envoie et dans lequel je m’envoie. C’est le troisième Malibu orange. La terre est bleue comme. L’alcool. L’ivresse. L’effleuré. Et le peintre Klein. Un mec pas si clean. Qui dessine des flammes. Entoile des chalumeaux de feux tziganes. Et fout son pinceau sur des timbres postes. Au nom du bleu. Il y a ce dessous de verre qui fait le malin. C’est pour éviter les auréoles. Sur la table. Pour que ce soit propre. Propre. Les hommes ont cessé avec chercher les auréoles et les ailes en plume blanche. Rompu le saint décollage de ce qui colle aux credo. Ils ont rendu les armes. Ils ont pendu les larmes. Couci-couça. Comme ci. Comme ça. Fait une embardée au cercle. Tailladé le charme. D’ailleurs plus personne n’écrit en blanc. C’est fini, over, old-fashioned. Sauf. Sauf. Sauve. Sauve qui peut. Sauf la craie. Elle se défend bien. La craie. Et son bruit d’ongles sur le tableau implacable impeccable. Sauf le typex. Le correcteur. L’éradiqueur. De mots. Et de ce qu’ils croient être des fautes. Mais où c’est si claudiquant, hésitant, incertain que j’aime. J’aime où ça trébuche. Une phrase. Une grammaire. Et une virgule.

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Et tout le reste. Je peux être submergée par ce qui glisse tellement volonté de vivre sans chaussures à crampons. Pieds nus, je le cherche pieds nus le verglas des hommes, des moments et de l’orange. J’ai peur. La peur avec mains mal assurées et respiration mode accéléré petit chien. Parce que j’accouche en picolant. J’accouche et c’est ma naissance à moi. Peur d’un monde où les anges ne doivent pas laisser de traces. De ce monde de nettoyage et de cette idée-là de saisir, de parfaitiser, de se débarrasser de la blancheur d’un envol ultra bright, ultra white. Angoisse d’épurer la purification de la pureté. D’ajouter à l’ajout. Et d’en reprendre en même temps. Les mots en noir. C’est imbécile. Ecrire en noir. C’est insoutenable. Les mots. Pareils aux endeuillées en Espagne, au Portugal ou ailleurs. Des robes qui tapinent au fond. Sans jamais achever leur boulot et faire crever et faire jouir pour de bon. Il y a des pays où la mort est blanche. Un mot tuera toujours. Quelque chose. Quelque part. Quelqu’un. Mais depuis la couleur d’un kleenex. C’est tout. C’est ainsi. C’est le troisième. Ca déboîte ! C’est le troisième mirage que j’avale. Le troisième liquide à faire rire qui accède à ma plomberie. A tout mon tuyautage. De haut en bas. Diagonales comprises. Méridionale éprise et prise pour de bon à force du « tel est pris qui croyait prendre » qui finalement termine en s’éprenant. Méridionale met le doigt dans la prise et du jus lui vient aux mains, celui mélangé au Malibu qui chaloupe entre ses tunnels d’organes et ses chemins d’artères. Il y va l’alcool. Même là où on pourrait dire : non dans cette canalisation, dans cette encablure la terre est bleue, elle n’y va pas. Si. Elle y va. Partout. Sans restriction.

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Ni concessions. Ni hésitations. Elle goûte le dedans de ce que je suis comme femme. Il faut que vous sachiez. Un bidule. J’ai un bidule qui se cache au fond du cœur et dans ma boîte à dent de lait. Secret. Le mot c’est secret. J’ai un secret. Rien que le mot secret est un secret alors c’est pas easy ici avec les je te jure, je ne répéterai rien à personne. Pas easy ici. Un vrai de vrai. Je ne sais pas si je vais vous le dire. Non je ne vais pas vous le dire. J’aime rire. J’aime tellement rire. C’est pour ça le suspens. J’hésite parce qu’il a un certificat d’authenticité et des poinçons. Ce n’est pas une contrefaçon du tout. Du tout. C’est un secret entre moi et moi. C’est tout. C’est tout. J’hésite. Mais quand même. Je vais vous le dire parce que. Parce qu’il y a eu des fuites. Alors autant éclaircir. Je veux du clair. A cause de la neige dans la bouche. Et des blouses des médecins. Pour le cerisier en fleurs aussi. Alors voilà je me lance, j’y vais, sans filet, je vous le confidence : JE SUIS UNE FILLE QUI FUIT. Je fuis. Pas simplement parce que j’ai trop bu. Non. Pas parce que j’ai envie de pisser non plus. J’ai envie de pisser pourtant. Où sont les toilettes s’il vous plaît ? Je fuis au niveau organique, émotionnel, cérébral et au niveau de mes jambes qui se barrent en courant chaque fois que. Tout le temps. Mes sentiments à moi ils envahissent sur tous les fronts : le communal, le départemental, le national, l’international et l’interplanétaire. Ils s’allongent sur le monde parce que le monde s’est trop allongé sur eux. Ils s’en vont de mon corps vers des marées à fort coefficient et ils les débordent.

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Soir de pleine lune ou pas. Soir de bitume ou pas. Et non, cela ne me fait pas marrer. Alors les dessous de verre ils peuvent bien couci-couça, comme ci, comme ça, je m’en fous au fond. J’ai donné rendez-vous à un homme. Ca ce n’est pas secret défense du tout, parce bon cela nous faisait un petit bout de temps plutôt grand que se tourner autour, que je te regarde quand tu ne regardes pas et que tu me regardes quand je ne te regarde pas et que tout ça et que je le voulais. Le fameux. L’obséquieux. Le religieux rencard. Et l’homme dedans. Souci du début. Oui j’ai attaqué, oui un peu artillerie lourde, oui un petit peu les gros sabots mais au bout d’un moment il fallait bien que. En somme. Ok. Je vous l’accorde pas les sabots, la fabrique complète de toutes les paires de sabots du monde, chevaux compris, depuis le mec qui coupe le bois à celui qui met en forme pour que le pied soit confortable dans la chaussure, mais où c’est jamais confortable de toute manière. Alors. Un éléphant à Limoges, il aurait été moins gros que moi dans ce moment. Vous savez quoi, il a dit oui. Eh oui, il a dit oui. Ah ça, ça vous. Hein ? Epatant ! Je suis un éléphant complètement craquant rapport à mes origines méridiennes méridionales. Rapport à mon prénom qui s’achève par un A. Elsa. Je sais ça n’envoie pas tout de suite de la Méditerranée, mais à la longue couci-couça comme ci comme ça, la marée monte et quelque chose se sale et ça annule le versant de la femme qui brise de la porcelaine. Puis faute aux parents. Espagnols pourtant, mais Elsa. Fantaisie de déclaration à la mairie. J’avais préparé une demande assez nuage, dans l’effleurement poétique, dans l’émouvant mouvement du mouvant et j’ai dit : Je suis Elsa, tu serais d’accord pour prendre un verre au café des hortensias ? Il a dit ah. J’ai dit bah. Il a dit oui Elsa, mais pas les hortensias. J’ai dit de toute façon c’est un café qui n’existe pas. Il a dit je m’appelle Thomas. J’ai dit « wah ». Et on est tombé d’accord sur le bar des derniers pas. Alors que c’était le premier. Rue Magenta. Vingt-deux heures.

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Tout ça pour ça. Tout ces A pour ça. Elsa comme les yeux de l’amoureuse du poète dans ses gons. Ce sont mes deux préférés René Tank et Louis, lui qui luit. J’aime rire. J’aime tellement rire.

******* C’est le septième. Ca déboîte ! Le pistolet est dans ma main depuis le début. Je sais m’en servir. Je n’ai pas peur. J’avance vers mon rêve. Je tremble un peu, c’est tout. L’émotion. Je suis une infinitive sans début ni fin ni milieu, je suis une femme infinie, tout va advenir. Il bande clair et net. Il bande sombre et net. Les volets sont fermés et les bouches ouvertes. Il me regarde me déshabiller. Je dis : tu viens d’où ? Il dit : d’ici. Je dis : ta peau vient d’où ? Il dit : de là-bas. Je tremble un peu, c’est tout. C’est joli. C’est très joli. Mon corps blanc contre le sien quelques minutes c’est un piano. Rien de plus qu’un piano. (…) Il bande sans restriction et je le reçois entre mes jambes, entre la conscience et l’irraisonnable plaisir d’être prise par mon rêve, à cru, couci-couça, comme ci comme ça. Il dit : j’aime. Je dis : moi aussi. Il dit : tu aimes ? Je dis : moi aussi. On ne se parle plus avec les mots, il n’y a plus que les corps ensemble, les gestes, les marques, les rougeurs et les audaces, l’impudeur terrifiante de cet inéluctable abandon. Puis je viens. Je viens. Parce que je sais le volcan qui suivra. Je sais. Pour une fois.

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Je pense à un zèbre et à un panda alternativement. Puis il vient. Il vient. Ca bouscule à l’intérieur. Il crie depuis mille ans à cet instant-là. Il crie. Et je crire. Et je écrire. Le spleen bon sang ! Les toilettes bon sang ! Et je reste fuyante de haut en bas, dégoulinante, abreuvoir inapte à s’abreuver. Il dit : on a bien fait d’éviter le café des hortensias, je suis heureux, on a bien fait. Il dit : je pourrais te dire des tas de mots d’amour de films mais je les cache au fond pour ne pas te faire peur, parce que c’est la première fois que toi et moi et on planque dessous quand c’est trop tout. Il dit : je pourrais même t’écrire un poème ici maintenant. Je dis : c’est vrai ? Il dit : oui. Et c’est là au moment où il dit poème que je saisis le pistolet et que je le bute. Oui. Je le bute. Je le bute parce que je marche au rêve, je marche vers rêve. Je chiale mon blues. Je vise le visage. Ca lui fait un troisième œil. Je tue un homme. Je tue Thomas. Je tue celui qui vient de m’échouer à son plaisir. Au nom de mon rêve. Et parce que couci-couça comme ci comme ça ce n’est plus possible d’être Elsa et bibliothécaire. Etre Elsa. Etre infinitive. Etre écrire. La craie était prévue, je l’avais achetée en bonne et due forme dans une superette tout ce qu’il y a de plus classique. Et je la prends. Et je le prends. Et j’écris. Et j’écris. Et j’écris. Et j’écris. Et j’écris. Et j’écris. Et j’écris. Et j’écris. Et j’écris.

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Enfin. (…). J’ai flingué Thomas. En blanc, je lui jette à la fronde des mots à n’en plus finir et dans tous les recoins. Et partout. Et j’aime. Ce plaisir-là. J’écris. En vrac, mais j’y parviens, j’y viens, j’y reviens. Où sont les toilettes s’il vous plaît ? Je suis au bar des derniers pas. J’ai trop bu. Je ne tiens pas l’alcool. Je tiens à l’alcool. J’ai besoin d’une écharpe. Je suis frigorifixionnée. L’ampoule rouge a rendu l’âme là-bas. Le pompier n’est pas si pompier. Je ne me rappelle pas très bien. Le pistolet. Où je l’ai caché. Tout tourne. Elsa a trop bu. De toute façon. Ecrire en noir. C’est insoutenable. Un mot tuera toujours. Quelque chose. Quelque part. Quelqu’un. Mais depuis la couleur d’un kleenex. C’est tout. C’est ainsi. J’ai posé un lapin que j’aurais baptisé Carotte à un grand black baptisé Thomas. Pour le lapin la faute au secret. Je pleure. Je pleure Baudelaire qui en a lui. Alors que j’étouffe. Pour le grand black la faute au corps. Je pleure. Je pleure le spleen. Il me fallait un corps pour écrire. Couci-couça comme ci comme ça. C’est aussi simple que ça. Je me souviens. Flou.

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Mais je me souviens. Sur son torse, j’ai gravé couleur neige : FAIRE L’AMOUR ET ECRIRE FAIRE L’AMOUR A ECRIRE MOTS DANS CORPS CORPS DANS MOTS CORPS FOUS A LIRE ET A RELIER C’est que les mots en noir, c’est insoutenable. C’est que terminer bibliothécaire. C’est qu’Elsa quand même. Est-ce que quelqu’un sait où sont les toilettes ? Couci-couça comme ci comme ça. J’aime rire. J’aime tellement rire.

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Contacts

Relations presse :

Hélène SITBON :

01 45 61 24 20 / 06 84 01 50 4 [email protected]

Contact artistique :

Clémentine PONS 06 63 33 37 36

Contact administratif :

Mathias DAVAL 06 07 28 00 46

[email protected]

http://www.compagnieunangepasse.com

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