Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

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Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête qualitative exploratoire sur les expériences entrepreneuriales des femmes Ilnuatsh dans le contexte communautaire de la Première Nation des Pekuakamiulnuatsh Thèse Francesca Croce Doctorat en sciences de l'administration Philosophiæ doctor (Ph. D.) Québec, Canada © Francesca Croce, 2019

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Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête qualitative exploratoire sur les expériences

entrepreneuriales des femmes Ilnuatsh dans le contexte communautaire de la Première Nation des

Pekuakamiulnuatsh

Thèse

Francesca Croce

Doctorat en sciences de l'administration

Philosophiæ doctor (Ph. D.)

Québec, Canada

© Francesca Croce, 2019

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Entrepreneuriat féminin autochtone. Une enquête qualitative exploratoire sur les expériences entrepreneuriales des femmes Ilnuatsh dans le contexte

communautaire de la Première Nation des Pekuakamiulnuatsh

Thèse

Francesca Croce

Sous la direction de :

Pascal Paillé, directeur de recherche Thierry Rodon, codirecteur de recherche

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RÉSUMÉ L’entrepreneuriat féminin autochtone (EFA) est considéré aujourd’hui comme un

thème de recherche émergent. Il suscite un intérêt de plus en plus important pour les

décideurs de politiques publiques et les organisations internationales. En effet, il a été qualifié

comme une stratégie afin d’améliorer les conditions de vie des femmes autochtones, qui

sont partout dans le monde, malheureusement, victimes de discrimination et de plusieurs

formes de violence systémique.

Malgré l’intérêt que suscite le développement socioéconomique des femmes autochtones,

la carence actuelle des études sur le sujet nuit à la compréhension des caractéristiques de

l’EFA, qui demeure aujourd’hui un sujet d’étude très peu exploré, particulièrement par la

communauté de chercheurs en administration et en entrepreneuriat. En conséquence, le

présent projet de recherche doctorale vise à combler cette lacune, à la fois théorique et

empirique, grâce à la réalisation d’une enquête qualitative sur les expériences

entrepreneuriales des femmes autochtones.

Grâce à une démarche qualitative exploratoire, collaborative et participative avec le milieu

communautaire, la présente enquête qualitative sur les expériences entrepreneuriales des

femmes a été réalisée au cours de l’été 2018 au sein d’une communauté autochtone du

Québec, soit la communauté de Mashteuiatsh, qui appartient à la Première Nation des

Pekuakamiulnuatsh. Cette enquête a été réalisée auprès de 22 femmes entrepreneures

Ilnuatsh et de 5 acteurs du développement économique de la communauté.

Ce projet de recherche doctorale s’inscrit dans les approches critiques en entrepreneuriat

visant à élargir l’analyse de l’EFA aux aspects traditionnels de l’entrepreneuriat ainsi qu’aux

modes de vie propres aux femmes autochtones. Par sa démarche exploratoire, donc, ce

projet de recherche fait état des connaissances actuelles sur les expériences

entrepreneuriales des femmes Ilnuatsh, tout en promouvant leur vision de l’entrepreneuriat

et leur vécu, et en expliquant comment le contexte communautaire influence leurs

expériences entrepreneuriales.

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Les résultats de l’enquête de terrain exploratoire ont permis de mettre en lumière dix

thèmes émergents liés à l’analyse de l’EFA : 1) Motivations; 2) Valeurs; 3) Auto-

représentation de la EFA; 4) Obstacles; 5) Facteurs facilitants; 6) Savoir-faire local; 7) Rôle

de la femme; 8) Modes de vie et traditions; 9) Perception de l’entrepreneuriat; 10) Hybridité

entrepreneuriale. De plus, le corpus empirique a permis de reconstituer l’analyse du

contexte communautaire afin de contextualiser et de mieux comprendre les

expériences entrepreneuriales des femmes autochtones entrepreneures dans leur contexte

d’action.

Les résultats de cette recherche viennent combler la lacune scientifique existante sur le

phénomène de l’EFA et remettent aussi en question les fondements épistémologiques de

la discipline de l’entrepreneuriat « classique », telle qu’elle est divulguée et connue

aujourd’hui dans l’académie. Sur le plan pratique, les résultats de cette recherche doctorale

fournissent aux praticiens des recommandations visant particulièrement le développement de

l’EFA et l’amélioration des initiatives existantes. Sur le plan social, cette recherche

favorisera, tant par le processus utilisé que par la diffusion des résultats, l’intégration des

femmes autochtones dans l’activité économique de la province de Québec, tout comme

au niveau national et international, et une plus grande implication des femmes dans le

développement socioéconomique de leur communauté autochtone d’appartenance.

Mots clés : Approches critiques, contexte communautaire, enquête qualitative, entrepreneuriat, expériences entrepreneuriales, femmes autochtones, Québec.

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ABSTRACT

Nowadays, Indigenous women entrepreneurship (IWE) is considered as an emerging

research theme. It attracts a growing interest from policy-makers and international

organizations. Indeed, it was described as a strategy to improve the living conditions of

indigenous women, who are unfortunately considered everywhere in the world as victims

of discrimination and several forms of systemic violence.

There is an interest in the socio-economic development of indigenous women, but there

are also insufficient studies on the topic, which undermines the understanding of the IWE

characteristics. IWE is still very little explored by the research community, especially in

administration and entrepreneurship. As a result, this doctoral research project aims to

fill this gap, both theoretically and empirically, by conducting a qualitative survey on the

entrepreneurial experiences of indigenous women.

Using a qualitative and exploratory approach, with the cooperation and the participation of

the community, this qualitative survey on the entrepreneurial experiences of indigenous

women was conducted during the summer of 2018 in an indigenous community within the

Province of Québec: the community of Mashteuiatsh, which belongs to the

Pekuakamiulnuatsh First Nation. This qualitative survey is based on 22 women

entrepreneurs Ilnuatsh and 5 actors of the economic development of the community.

This doctoral research project is inspired by critical approaches to entrepreneurship and

aims at broadening the analysis of IWE to the traditional aspects of entrepreneurship and

to indigenous women’s lifestyles. Through its exploratory approach, this research project

reports current knowledge of the entrepreneurial experiences of Ilnuatsh women, while

promoting their experiences and vision of entrepreneurship, and explains how the

community context impacts their entrepreneurial experiences.

The results of this exploratory survey highlight 10 emergent themes related to the IWE

analysis: 1) Motivations; 2) Values; 3) Self-representation of the IWE; 4) Obstacles; 5)

Facilitating factors; 6) Local know-how; 7) Role of the indigenous woman; 8) Lifestyles and

traditions; 9) Perception of entrepreneurship; 10) Entrepreneurial hybridity. In addition, the

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empirical body of work has allowed the analysis of the community context to be

reconstructed in order to contextualize and better understand the entrepreneurial

experiences of indigenous women entrepreneurs in their context of action.

The results of this research help fill the existing scientific gap on IWE, and also challenge

the epistemological foundations of the “classic” entrepreneurship as disclosed and

known today within the academy. In practical terms, the results of this doctoral research

provide practitioners with specific recommendations for the development of IWE as well as

the improvement of existing initiatives. In social terms, through the process used and the

disclosure of results, this research will contribute to a better integration of indigenous

women in the economic activity of the Province of Québec, and both at a national and

international level, and to a greater involvement of indigenous women in the socio-

economic development of their home indigenous communities.

Keywords: Critical approaches, community context, entrepreneurship, entrepreneurial experiences, Indigenous women, qualitative inquiry, Québec.

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TABLE DES MATIERÈS

RESUME IV

ABSTRACT VI

TABLE DES MATIERES VIII

LISTE DES FIGURES, TABLEAUX XII

LISTE DES SIGLES, ACRONYMES ET ABREVIATIONS XIV

DEDICACES XV

REMERCIEMENTS XVI

AVANT-PROPOS XVII

INTRODUCTION 1

PREMIERE PARTIE DE LA THESE 3

CADRE THEORIQUE DE REFERENCE 3

CHAPITRE 1 4

ÉLÉMENTS DE PROBLÉMATIQUE 4

1.1 ENTREPRENEURIAT AUTOCHTONE ET DEVELOPPEMENT SOCIOECONOMIQUE 4 1.2 PERSPECTIVES CRITIQUES DE LA RECHERCHE 5 1.3 ENTRE ENTREPRENEURIAT ET CULTURES AUTOCHTONES 6 1.4 PROBLEME DE LA RECHERCHE 7 1.5 QUESTIONS DE RECHERCHE ET OBJECTIFS 9 1.5.1 QUESTION DE RECHERCHE GENERALE 9 1.5.2 QUESTIONS DE RECHERCHE SPECIFIQUES 10 1.5.3 OBJECTIF GENERAL 10 1.5.4 OBJECTIFS SPECIFIQUES 11 1.6 TERRAIN DE L’ENQUETE QUALITATIVE 11 1.6.1 LA PREMIERE NATION DES INNUS 12 1.6.2 PREMIERE NATION DES PEKUAKAMIULNUATSH 14

CHAPITRE 2 15

ENTREPRENEURIAT AUTOCHTONE : PERSPECTIVE INTERNATIONALE 15

2.1 INTRODUCTION GENERALE 15 2.2 « CONTEXTUALISED INDIGENOUS ENTREPRENEURIAL MODELS: A SYSTEMATIC REVIEW OF INDIGENOUS ENTREPRENEURSHIP LITERATURE » 16

CHAPITRE 3 50

ENTREPRENEURIAT AUTOCTHONE : PERSPECTIVE NATIONALE 50

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3.1 INTRODUCTION GENERALE 50 3.2 « INDIGENOUS ENTREPRENEURSHIP, SOCIETY AND THE DIMENSIONS OF DIVERSITY: AN OVERVIEW OF THE CANADIAN NATIONAL CONTEXT » 51 DISCUSSION 60 THIS CHAPTER OFFERED AN OVERVIEW OF IE IN THE NATIONAL CANADIAN CONTEXT, TAKING INTO ACCOUNT THIS COUNTRY’S HISTORY OF COLONIZATION AND ITS EFFECTS ON CONTEMPORARY CANADIAN SOCIETY REGARDING THE PRACTICES OF ABORIGINAL PEOPLES. THIS IS PARTICULARLY TRUE WITH RESPECT TO THE FIRST NATIONS COMMUNITIES LIVING ON RESERVES. THIS ANALYSIS LINKED THE SOCIOLOGICAL ASPECT OF IE TO THE INTERRELATED HISTORICAL, SOCIO-CULTURAL, POLITICAL AND FINANCIAL DIMENSIONS. 61

CHAPITRE 4 68

ENTREPRENEURIAT AUTOCHTONE : PERSPECTIVE DE GENRE 68

4.1 « INDIGENOUS WOMEN ENTREPRENEURSHIP : ANALYSIS OF AN EMERGING RESEARCH THEME AT THE INTERSECTION OF INDIGENOUS ENTREPRENEURSHIP AND WOMEN ENTREPRENEURSHIP» 68

DEUXIEME PARTIE DE LA THESE 93

METHODE, RESULTATS ET CONTRIBUTIONS DE LA THESE 93

CHAPITRE 5 94

ASPECTS MÉTHODOLOGIQUES DE LA RECHERCHE 94

5.1 CONSIDERATIONS ETHIQUES 94 5.1.1 CONSIDÉRATIONS ÉTHIQUES EN MILIEUX AUTOCHTONES 95 5.1.2 DEMARCHE COLLABORATIVE ET PARTICIPATIVE 96 5.2 APPROCHE QUALITATIVE EXPLORATOIRE 99 5.2.1 ENQUÊTE QUALITATIVE 100 5.2.2 ENTREVUE SEMI-DIRECTIVE 101 5.3 POPULATION VISEE POUR LA REALISATION DE L’ENQUETE 102 5.3.1 FEMMES ENTREPRENEURES ILNUATSH 102 5.3.2 ACTEURS DU DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE 103 5.4 ÉLABORATION DES INSTRUMENTS 103 5.4.1 GUIDE D’ENTREVUE SEMI-DIRECTIVE AUPRÈS DES FEMMES ENTREPRENEURES ILNUATSH 103 5.4.2 GUIDE D’ENTREVUE POUR LES ACTEURS DU DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE 104 5.5 DEROULEMENT DE L’ENQUETE QUALITATIVE 105 5.5.1 STRATEGIE D’ACCES AU TERRAIN ET MODALITES DE RECRUTEMENT 106 5.5.2 ENTREVUES INDIVIDUELLES 107 5.5.3 ENTREVUE DE GROUPE 107 5.6 BILAN DE L’ENQUETE QUALITATIVE 107 5.6.1 PROFIL SOCIODEMOGRAPHIQUE DES FEMMES ILNUATSH 108 5.7 RESULTATS ATTENDUS 109 5.8 PLAN D’ANALYSE DES DONNEES 109 5.9 VALIDATION ET PRESENTATION DES RESULTATS 111 5.10 VALORISATION DES RESULTATS DE LA RECHERCHE 112

CHAPITRE 6 113

ANALYSE DU CONTEXTE COMMUNAUTAIRE DE MASHTEUITASH 113

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6.1 ENTREPRENEURIAT ET CONTEXTE SOCIOCULTUREL : INTRODUCTION DES FACTEURS CONTEXTUELS 113 6.2 ENTREPRENEURIAT ET CONTEXTE COMMUNAUTAIRE AUTOCHTONE : INTRODUCTION AU MODELE DE KEVIN HINDLE 115 6.3 ANALYSE DU CONTEXTE COMMUNAUTAIRE DE MASHTEUIATSH, INSPIREE DU MODELE DE HINDLE 119 6.3.1 ANALYSE DU CONTEXTE COMMUNAUTAIRE : PARTIE DESCRIPTIVE DU MODÈLE 120 6.3.2 ANALYSE DU CONTEXTE COMMUNAUTAIRE : PARTIE ANALYTIQUE DU MODELE 128 6.4 ANALYSE DU CONTEXTE COMMUNAUTAIRE : FACTEURS CONTEXTUELS EMERGENTS 131 6.5 MODELE ELARGI DE HINDLE 135

CHAPITRE 7 140

ANALYSE DE L’EFA 140

7.1 PRINCIPAUX THEMES LIES A L’ANALYSE DE L’EFA 140 7.1.1 MOTIVATIONS 141 7.1.2 VALEURS 147 7.1.3 AUTOREPRESENTATION DE LA FEMME 150 7.1.4 OBSTACLES 154 7.3.5 FACTEURS FACILITANTS 164 7.1.6 SAVOIR-FAIRE LOCAL 168 7.1.7 ROLE DE LA FEMME 171 7.1.8 TRADITIONS ET MODES DE VIE 174 7.3.9 PERCEPTION DE L’ENTREPRENEURIAT 179 7.3.10 HYBRIDITE ENTREPRENEURIALE 182 7.2 ANALYSE INTEGREE DES THEMES : LES METACATEGORIES 185 7.2.1 PREMIERE METACATEGORIE : ANALYSE DE L’IDENTITE ENTREPRENEURIALE DES FA 186 7.2.2 DEUXIEME METACATEGORIE : ANALYSE DU PARCOURS ENTREPRENEURIAL DES FEA 188 7.2.3 TROISIEME METACATEGORIE : MECANISMES SOCIOCULTURELS DE TRANSPOSITION DANS L’ENTREPRENEURIAT 190 7.2.4 QUATRIEME METACATEGORIE : TAXONOMIES ET TYPOLOGIES DE L’EFA 192

CHAPITRE 8 195

CONTRIBUTIONS DE LA THÈSE 195

8.1 CONTRIBUTIONS SUR LE PLAN THEORIQUE 195 8.2 CONTRIBUTIONS SUR LE PLAN PRATIQUE 197 8.3 CONTRIBUTIONS SUR LE PLAN SOCIAL 198 8.4 LIMITES DE LA RECHERCHE DOCTORALE 199 8.5 PLAN POUR LES RECHERCHES FUTURES 201

CONCLUSION 204

BIBLIOGRAPHIE 207

ANNEXE A : ANNONCE DE RECRUTEMENT POUR LES FEMMES ENTREPRENEURES ILNUATSH EN ENTREVUE INDIVIDUELLE 213

ANNEXE B : SCRIPT POUR LE RECRUTEMENT DIRECT POUR LES FEMMES ENTREPRENEURES ILNUATSH EN ENTREVUE INDIVIDUELLE 214

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ANNEXE C : SCRIPT POUR LE RECRUTEMENT DIRECT POUR LES FEMMES ENTREPRENEURES ILNUATSH EN GROUPE DE DISCUSSION 215

ANNEXE D: ANNONCE DE RECRUTEMENT POUR LES ACTEURS DU DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE EN ENTREVUE INDIVIDUELLE 216

ANNEXE E : GUIDE D’ENTREVUE POUR LES FEMMES ENTREPRENEURES ILNUATSH EN ENTREVUE INDIVIDUELLE 217

ANNEXE F : GUIDE D’ENTREVUE POUR LES FEMMES ENTREPRENEURES ILNUATSH EN GROUPE DE DISCUSSION 220

ANNEXE G : GUIDE D’ENTREVUE POUR LES ACTEURS DU DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE EN ENTREVUE INDIVIDUELLE 222

ANNEXE H : FORMULAIRE DE CONSENTEMENT À L’INTENTION DES FEMMES ENTREPRENEURES ILNUATSH EN ENTREVUE INDIVIDUELLE 224

ANNEXE I : FORMULAIRE DE CONSENTEMENT À L’INTENTION DES FEMMES ENTREPRENEURES ILNUATSH EN GROUPE DE DISCUSSION 228

ANNEXE L: FORMULAIRE DE CONSENTEMENT À L’INTENTION DES ACTEURS DU DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE EN ENTREVUE INDIVIDUELLE 232

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LISTE DES FIGURES, TABLEAUX

Figure 1 : Processus collaboratif de la recherche avec le milieu, première partie Figure 2: Processus de la recherche avec le milieu, deuxième partie Figure 3 : Modèle de Kevin Hindle (2010) Figure 4 : Nature processuelle du modèle de Kevin Hindle (2010) Figure 5 : Carte du Nitassinan, territoire traditionnel Figure 6 : Configuration institutionnelle de la communauté de Mashteuiatsh Figure 7 : Analyse du contexte communautaire, révision de la partie analytique Figure 8 : Analyse de l’EECA (Croce, 2019), adapté de Hindle (2010) Figure 9 : Présentation des thèmes émergents liés à l’EFA Figure 10 : Cartographie des motivations chez les femmes Ilnuatsh Figure 11 : Cartographie des valeurs chez les femmes Ilnuatsh Figure 12 : Cartographie de l’autoreprésentation chez les femmes Ilnuatsh Figure 13 : Cartographie des obstacles chez les femmes Ilnuatsh Figure 14 : Cartographie des facteurs facilitants chez les femmes Ilnuatsh Figure 15 : Cartographie du savoir-faire local chez les femmes Ilnuatsh Figure 16 : Cartographie du rôle de la femme chez les femmes Ilnuatsh Figure 17 : Cartographie des traditions et modes de vie chez les femmes Ilnuatsh Figure 18 : Cartographie de la perception de l’entrepreneuriat chez les femmes Ilnuatsh Figure 19 : Cartographie de l’hybridité entrepreneuriale chez les femmes Ilnuatsh Figure 20 : Regroupement des thèmes en méta-catégories Figure 21 : Première métacatégorie : analyse de l’identité entrepreneuriale des FEA Figure 22 : Deuxième métacatégorie : analyse du parcours entrepreneurial des FEA Figure 23 : Troisième métacatégorie : analyse des mécanismes socioculturels de transposition dans l’entrepreneuriat Figure 24 : Quatrième métacatégorie : analyse des taxonomies et typologies de l’EFA

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Tableau 1 : Profil démographique des communautés Innues Tableau 2 : Répartition des participantes Ilnuatsh selon le type d’activité et le lieu d’opération Tableau 3 : Profil sociodémographique des participantes Ilnuatsh Tableau 4 : Analyse du contexte communautaire : révision de la partie descriptive

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LISTE DES SIGLES, ACRONYMES ET ABRÉVIATIONS APNQL : Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador CDEPNQL : Commission du développement économique des Premières Nations et du Labrador CERUL : Comite éthique de l’Université Laval DPI : Développement Piekuakami Ilnuatsh EECA : Écosystème entrepreneurial communautaire autochtone EFA : Entrepreneuriat féminin autochtone ENFFADA : Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées FAQ : Femmes Autochtones du Québec PT : Pekuakamiulnuatsh Takuhikan SAA : Secrétariat aux Affaires Autochtones SDEI : Société de Développement économique Ilnu

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DÉDICACES

Je dédie cette thèse à la mémoire des femmes et des filles autochtones disparues et assassinées du Québec, du Canada et d’ailleurs.

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REMERCIEMENTS

J’aimerais d’abord exprimer ma profonde reconnaissance envers la communauté de

Mashteuiatsh pour m’avoir accueillie avec autant de bienveillance dans le cadre de ma

recherche doctorale. Je remercie le chef de la communauté, monsieur Clifford Moar, le

conseil des élus Katakuhimatsheta ainsi que la direction générale d’avoir approuvé à

l’unanimité ce projet de recherche.

Je suis extrêmement reconnaissance envers madame Isabelle Lalancette, conseillère au

développement de l’autonomie gouvernementale au sein du Conseil de bande de la

communauté de Mashteuiatsh, Pekuakamiulnuatsh Takuhikan, porteuse du projet de

recherche au sein de la communauté, qui a su m’accompagner avec brio, bienveillance et

professionnalisme tout au long des étapes de ce projet de recherche. Son soutien, sa

participation et sa collaboration ont été infiniment précieux tout au long du processus et

indispensable pour la réussite de ce projet de recherche. Merci de tout mon cœur.

J’en profite également pour remercier madame Doris Paul, coordonnatrice au

développement de la main-d’œuvre, et madame Audrey Bouchard, conseillère aux

entreprises à la SDEI (Société de développement économique ilnu), toutes deux membres du

comité-conseil qui a été mis en place pour le suivi du projet de recherche. Merci aussi à

madame Hélène Boivin, coordonnatrice aux affaires gouvernementales et stratégiques, ainsi

qu’à tout le comité de recherche de la communauté pour les échanges fructueux qui ont eu

lieu et qui ont mené à la définition finale du projet de recherche.

Très chaleureusement, je tiens à remercier tous les participants de l’enquête qualitative. Sans

eux, cette recherche n’aurait pas pu être menée à bien avec autant de satisfaction. Tout

particulièrement, je tiens à remercier les femmes entrepreneures de la communauté de

Mashteuiatsh, les chefs d’entreprises, les artistes et les artisanes, qui ont été si généreuses

pendant les entrevues et qui m’ont accueillie comme l’une des leurs, moi, une étudiante

étrangère. Je garde en mémoire tous ces moments de bonheur si précieux que j’ai partagés

avec elles.

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J’aimerais maintenant remercier l’ensemble de la communauté scientifique de cette thèse.

Tout d’abord, Pascal Paillé, directeur de recherche, et Thierry Rodon, codirecteur de

recherche. J’offre mes sincères et chaleureux remerciements particulièrement à mon

directeur de recherche, monsieur Pascal Paillé, qui a été d’une attention et d’un soutien

exceptionnels. Sa confiance en mes capacités, ses encouragements, son profond sens

pédagogique et sa grande expérience comme professeur et chercheur m’ont permis de réussir

cette expérience doctorale et d’en faire une expérience professionnelle marquante et unique.

Merci infiniment. C’était aussi un grand privilège d’avoir pu bénéficier de l’expertise et de

l’accompagnement de mon codirecteur de recherche, monsieur Thierry Rodon, un

professeur passionné depuis des années par la recherche en milieux autochtones. Son

encadrement a contribué à une meilleure compréhension des questions autochtones.

J’aimerais aussi remercier les autres membres du comité de thèse. Chacun a su apporter ses

contributions, si précieuses et si riches. Il s’agit des professeurs Norrin Halilem (Université

Laval), membre interne du comité, Michel Racine (Université Laval), membre interne du

comité et Olivier Germain (UQAM), examinateur externe. J’aimerais aussi remercier

madame Carole Lalonde, directrice des programmes de doctorat, d’avoir présidé avec autant

de savoir-faire la soutenance de thèse, toute l’équipe de direction des programmes de

doctorat, et particulièrement Judy-Anne Hélie, pour son soutien et son accompagnement

tout au long des étapes du doctorat.

J’aimerais remercier infiniment mes précieux mentors, fidèles et bienveillants, qui savent

m’apporter toujours le meilleur et qui ont fait la différence dans mon parcours. Je remercie

mes amis et amies de toujours ainsi que ma famille, qui a su me soutenir malgré la grande

distance. Pour conclure, je remercie infiniment toutes les personnes qui m’ont soutenue

pendant cette expérience doctorale, elles sont nombreuses, et tout-e-s les professeur-e-s que

j’ai pu rencontrer à l’occasion des conférences et des colloques.

Merci d’avoir cru en mes capacités et de m’avoir encouragée dans mes ambitions.

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AVANT-PROPOS Cette thèse fait l’objet d’une insertion d’articles et d’un chapitre.

Le premier article1 a été soumis en juin 2017 et publié en décembre 2017 dans la revue

Journal of management & Organisation dans le cadre d’un numéro spécial sur l’entrepreneuriat

autochtone et l’innovation dirigé par les professeurs Jason Mika, Lorraine Warren, Dennis

Foley and Farah R. Palmer.

Le chapitre2 a été soumis en juillet 2018 et publié en mars 2019 dans un ouvrage collectif

portant sur le thème de la diversité, du management et de l’inclusion, dirigé par les

professeurs Andri Georgiadou, Maria Gonzalez-Perez et Miguel Olivas-Lujan.

Le deuxième article3 a été soumis en janvier 2019 et publié en juin 2019 dans la revue

Ethnic and Racial Studies.

1 Croce, F. (2017). Contextualised indigenous entrepreneurial models: A systematic review of indigenous entrepreneurship literature, Journal of Management Organization, 23(6), 886-906. 2 Croce F. (2019). Indigenous Entrepreneurship (IE), Society and the Dimensions of Diversity: An Overview of the Canadian National Context, in: Georgiadou, A., Gonzalez-Perez, M.A. and Olivas-Lujan, M.R. (Dir.). Diversity within diversity management: Country-based perspectives. Advanced Series in Management, Emerald Group Publishing. 3 Croce, F. (2019). Indigenous women entrepreneurship: analysis of a promising research theme at the intersection of indigenous entrepreneurship and women entrepreneurship, Ethnic and Racial Studies, 1-22.

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INTRODUCTION

Après le premier chapitre de cette thèse, qui a pour objectif d’introduire les éléments

problématiques du projet de recherche doctorale, la thèse est divisée en deux parties.

La première partie de la thèse présente le cadrage théorique de l’étude doctorale, lequel est

divisé en trois chapitres :

o Le deuxième chapitre introduit une analyse de l’entrepreneuriat autochtone au

niveau international, plus précisément une revue de littérature systématique portant

sur la littérature existante à l’échelle internationale sur l’entrepreneuriat autochtone,

ce qui a permis de dégager trois modèles entrepreneuriaux autochtones : modèle

rural, modèle urbain et modèle éloigné;

o Le troisième chapitre introduit une analyse de l’entrepreneuriat autochtone au

niveau national et plus particulièrement une revue de littérature de l’entrepreneuriat

autochtone dans le contexte canadien, ce qui a permis de cibler trois dimensions de

la diversité : la dimension socioculturelle, la dimension institutionnelle et la

dimension financière;

o Le quatrième chapitre introduit, quant à lui, une analyse de l’EFA et intègre dans

l’analyse de ce phénomène les particularités qui sont propres à la perspective de

genre relativement à l’entrepreneuriat autochtone. Cette analyse est étayée par le

cadre théorique de l’intersectionnalité et de la positionnalité.

La deuxième partie de la thèse présente à son tour les questions méthodologiques, les

résultats de l’étude doctorale ainsi que les contributions de la thèse, et se compose de quatre

chapitres :

o Le cinquième chapitre aborde les aspects méthodologiques de la présente

recherche doctorale, qui ont fait l’objet d’une démarche collaborative et participative

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2

avec le milieu autochtone, et ce, dans le respect des protocoles de recherche existants

au Québec;

o Le sixième chapitre présente une analyse du contexte communautaire de

Mashteuiatsh, qui a été inspirée du modèle diagnostic du professeur Kevin Hindle. À

la suite de cette analyse, le modèle a été élargi en fonction de facteurs émergents

identifiés avec les résultats de la recherche;

o Le septième chapitre introduit dix thèmes émergents relatifs à l’analyse de l’EFA

qui permettent de mieux comprendre les particularités du phénomène et de l’étude.

Les dix thèmes sont ensuite regroupés, et quatre métacatégories sont ciblées à partir

de la mise en relation des thèmes;

o Le huitième chapitre présente les contributions théoriques, pratiques et sociales de

la recherche doctorale ainsi que les principales limites du projet de recherche et des

pistes pour de futures recherches.

Après la conclusion et la bibliographie de la présente thèse, les dix annexes sont

appuyées par des documents inhérents à l’éthique de la recherche doctorale, tels que les

formulaires de consentement pour les participantes et les participants de la recherche, ainsi

que les annonces de recrutement et les guides d’entrevues qui ont été élaborés pour la

réalisation de l’enquête qualitative.

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PREMIÈRE PARTIE DE LA THÈSE

CADRE THÉORIQUE DE RÉFÉRENCE

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CHAPITRE 1

ÉLÉMENTS DE PROBLÉMATIQUE

Ce projet de recherche doctorale est né d’une curiosité scientifique de la chercheuse qui

souhaitait approfondir sa compréhension de ce qui est aujourd’hui connu dans l’académie

sous le nom d’entrepreneuriat autochtone et d’entrepreneuriat féminin autochtone plus

particulièrement. De façon significative, au-delà de l’intérêt scientifique, ce projet de

recherche doctorale se justifie par l’importance que revêt la promotion de l’entrepreneuriat

autochtone et, chez les femmes autochtones plus particulièrement, comme levier pour le

développement socioéconomique des populations autochtones dans le contexte actuel, tant

au niveau canadien qu’international. Ce chapitre présente les principaux axes d’analyse

associés au sujet de la présente recherche doctorale : il s’agit de l’importance du

développement socioéconomique des peuples autochtones, de la relation entre

entrepreneuriat et cultures autochtones, ainsi que des perspectives critiques sur lesquelles

cette recherche doctorale repose. De plus, la structuration de la problématique de la

recherche, des questions de la recherche, des objectifs de l’étude ainsi que le terrain de la

recherche doctorale sont présentés dans le premier chapitre de la présente thèse.

1.1 Entrepreneuriat autochtone et développement socioéconomique

Les peuples autochtones représentent une minorité très diversifiée dans l’ensemble de la

population mondiale. Cependant, ils partagent certains défis. Citons à titre d’exemple,

l’expropriation des terres, les différentes formes de violence, la discrimination dans la société

et les enjeux liés à la colonisation, à la pauvreté et à plusieurs autres problèmes

socioéconomiques (United Nations, 2009). Dans les dernières décennies, les instances

internationales comme la Banque mondiale, les Nations Unies ou le Fonds international de

développement agricole portent une attention particulière au développement des peuples

autochtones dans le monde, notamment en mettant en place plusieurs projets qui visent à

soutenir et à valoriser ces populations qui sont encore aujourd’hui excessivement

marginalisées sur le plan du développement socioéconomique (Banque mondiale, 2016).

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Les travaux scientifiques et académiques portant sur l’entrepreneuriat autochtone – et qui

demeurent très récents (p. ex., Dana, 2015) si l’on compare à ceux de la littérature

entrepreneuriale en général – convergent sur le fait que le développement de

l’entrepreneuriat chez les peuples autochtones représente un élément important de

l’amélioration des conditions de vie des populations autochtones et qu’il encourage les

autochtones dans leur quête d’autonomie, de bien-être et d’affirmation identitaire. Par

conséquent, l’entrepreneuriat autochtone est considéré depuis peu comme une stratégie qui

pourrait possiblement sortir les communautés autochtones de la pauvreté et de la

marginalisation qui les caractérisent (Anderson, 2002; Hindle et Lansdowne, 2005; Hindle et

Moroz, 2009; Peredo, Anderson, Galbraith, Honig et Dana, 2004). Or, les fonctions sociale

et économique de l’entrepreneuriat autochtone semblent être inséparables dans l’analyse de

ce phénomène et sont réputées importantes pour le développement socioéconomique des

populations autochtones. C’est pourquoi ce point de départ, et par conséquent la

dissociation contestée de l’entrepreneuriat social ou économique dans l’étude de

l’entrepreneuriat autochtone, suggère la prise en considération des approches critiques, en

entrepreneuriat plus particulièrement, pour la réalisation de cette étude doctorale.

1.2 Perspectives critiques de la recherche

Thème de recherche relativement récent, l’entrepreneuriat autochtone, selon la définition

adoptée jusqu’à présent au sein de la communauté de chercheurs, concerne la création, la

gestion et le développement des entreprises fondées par les autochtones, et à l’avantage des

autochtones (Hindle et Lansdowne, 2005). Cette définition, tout en s’inspirant des modèles

entrepreneuriaux classiques, limite en quelque sorte l’entrepreneuriat autochtone

exclusivement à la création d’entreprises, alors qu’il a été souligné que l’entrepreneuriat

autochtone puisse aller bien au-delà des aspects entrepreneuriaux classiques (Croce, 2017 b).

En effet, l’entrepreneuriat autochtone a jusqu’à présent été principalement analysé à travers

les « lunettes interprétatives » de l’entrepreneuriat en général; il a été, par exemple, considéré

comme une forme d’entrepreneuriat qui se situe entre l’entrepreneuriat économique et

l’entrepreneuriat social (Anderson, Honig et Peredo, 2006; Tapsell et Woods, 2008; 2010) et

a été analysé, encore une fois, en faisant référence au paradigme de l’entrepreneuriat

classique.

Page 23: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

6

Le présent projet de recherche doctorale vise donc les approches critiques en entrepreneuriat

(Germain et Jacquemin, 2017) et en entrepreneuriat autochtone plus particulièrement. Il tend

à sortir des sentiers battus en entrepreneuriat, avec l’intention d’analyser l’entrepreneuriat

autochtone comme une forme singulière d’entrepreneuriat et non comme une continuation

de ce qui est déjà connu dans la recherche effectuée dans le milieu. De plus, cette approche

critique de la recherche en ce qui a trait à la déconstruction des connaissances s’associe dans

cette étude doctorale à la démarche critique propre aux milieux autochtones quand il s’agit

de la recherche académique (p. ex., Assemblée des Premières Nations du Québec et du

Labrador, 2014; Tuhiwai, 2012). Étant encore jeune, la recherche entrepreneuriale en milieu

autochtone doit se distinguer parmi les diverses approches de la recherche en vue de

s’affirmer et de « décoloniser » la recherche en milieu autochtone. Ce projet de recherche

doctorale tient donc compte de cette double approche critique de la recherche, provenant

autant du milieu académique, afin de nourrir des réflexions épistémologiques nécessaires à

l’avancement des connaissances et de la science, que du milieu autochtone, avec un esprit

collaboratif et participatif de la recherche.

1.3 Entre entrepreneuriat et cultures autochtones

En considération des approches critiques de la recherche, ce projet de recherche doctorale

vise à analyser l’entrepreneuriat autochtone, plus particulièrement celui des femmes, en

prenant en compte les cultures autochtones. Afin de faire ressortir l’authenticité de ce

phénomène entrepreneurial dans les contextes autochtones, les modes de vie, la vision du

monde et les systèmes socioéconomiques traditionnels des autochtones se doivent d’être pris

en compte dans la présente recherche doctorale.

Bien que les populations autochtones aient rarement été considérées comme

entrepreneuriales dans le sens moderne du terme (Shane et Venkataraman, 2000), plusieurs

formes d’entrepreneuriat sont inhérentes aux cultures autochtones (Gallagher et Lawrence,

2012; Haar et Delaney, 2009). Ainsi, la conception de l’entrepreneuriat chez les autochtones

doit correspondre à leur vision du monde et à leur organisation sociétale, qui demande une

interprétation économique du système n’étant pas forcément la même interprétation que

celle d’un système économique allochtone.

Page 24: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

7

Ce projet de recherche doctorale tend donc à explorer et à faire correspondre les réalités de

l’EFA et les diversités des populations autochtones à leur propre conception de

l’entrepreneuriat. Tout en reconnaissant le lien que l’entrepreneur, en tant qu’individu,

nourrit, grâce à ses contextes culturels (Welter, 2011), les facteurs socioculturels de ces

populations, leurs valeurs, leurs cultures et leurs modes de vie feront donc partie intégrante

de l’analyse. Au-delà des types d’entrepreneuriat autochtone définis et soutenus par les

structures gouvernementales (p. ex., Affaires autochtones et du Nord Canada – Programme

d’entrepreneuriat autochtone [PEA]), l’entrepreneuriat autochtone se doit d’être exploré en

tenant compte des traits culturels authentiques des Autochtones et du regard que ces

derniers portent sur l’entrepreneuriat à partir de leur vécu et de leurs expériences de vie.

Dans un même ordre d’idées, la considération des cultures autochtones remet en question la

pertinence des apports théoriques de l’entrepreneuriat classique en prenant en compte le lien

qui relie l’entrepreneuriat et les cultures autochtones. Il reste ainsi à déterminer si les théories

existantes à l’égard de l’entrepreneuriat moderne sont elles aussi pertinentes dans l’étude de

l’entrepreneuriat autochtone.

1.4 Problème de la recherche

Malgré l’attention sociopolitique actuelle portée sur la question des femmes autochtones et

sur leur développement économique plus particulièrement, l’EFA demeure un phénomène

entrepreneurial qui demande à être mieux compris d’un point de vue académique.

Effectivement, si à présent les études concernant les femmes autochtones (p. ex., Wilson,

2005) portent sur la compréhension des modes de vie et des rôles traditionnels des femmes

autochtones au sein de leur communauté d’appartenance et de leur milieu de vie, l’analyse du

lien qui subsiste entre l’entrepreneuriat et ces femmes est encore nouvelle chez les

chercheurs en administration et en entrepreneuriat, plus particulièrement (Croce, 2016;

Croce, Brière et Tremblay, 2016).

Plusieurs recherches ont été réalisées dans les dernières décennies sur l’entrepreneuriat

autochtone (p. ex., Dana et Anderson, 2007), sans forcément intégrer la perspective de genre

dans l’analyse, qui demeure encore à approfondir (p. ex., Croce, 2019b; Ratten et Dana,

2017; Wood et Davidson, 2011). La perspective de genre doit donc être davantage élaborée

dans la recherche effectuée dans le milieu académique pour faire état des particularités et des

Page 25: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

8

aspects sociologiques qui sont propres aux différentes identités des femmes autochtones

(Affaires Autochtones et Développement du Nord Canada, 2012) et qui sont à faire

correspondre avec la construction sociale de l’entrepreneuriat chez les femmes autochtones.

À ce jour, la littérature scientifique existante sur l’EFA témoigne de quelques études qui ont

eu lieu dans plusieurs pays du monde, comme l’Australie (Pearson et Daff, 2014; Pearson et

Helms, 2012; Wood et Davidson, 2011), le Canada (Lituchy, Reavley, Lvina et Abraira, 2006;

Orser et Riding, 2016; Todd, 2012), l’Afrique, l’Asie et l’Amérique latine (Cahn, 2008; Dzisi,

2008; Martinez Nova, 2003). Bien qu’il existe des études sur les femmes autochtones et

l’entrepreneuriat, la compréhension de l’EFA comme forme singulière d’entrepreneuriat

ayant ses propres caractéristiques mérite encore d’être approfondie. En effet, si la littérature

sur l’EFA fait état de certaines motivations pour les femmes autochtones à se lancer en

affaires (p. ex., Wood et Davidson, 2011) – par exemple, la volonté de s’émanciper, de

vaincre la pauvreté et d’aider les membres de la communauté – et des obstacles propres aux

femmes à l’égard de l’entrepreneuriat (p. ex., Pearson et Daff, 2014), du point de vue de la

recherche, un questionnement épistémologique sur la compréhension de ce phénomène

s’impose, car cette littérature encore embryonnaire évoque principalement une vision de

l’entrepreneuriat capitaliste et colonialiste (Tuhiwai, 2012; Weber, 1995) qui limite en quelque

sorte la compréhension sociologique du phénomène et sa complexité.

C’est à partir de cette réflexion qu’a vu le jour ce projet de recherche doctorale. En

mobilisant les approches critiques de la recherche en entrepreneuriat (p. ex., Tedmanson,

Verduyn, Essers et Gartner, 2012; Verduijn, Dey, Tedmanson et Essers, 2014). Ce projet de

recherche fera état du regard et des visions des femmes autochtones envers l’entrepreneuriat.

Il sera ainsi possible de comprendre le phénomène à partir des déterminants socioculturels

qui leur sont propres. En effet, si l’entrepreneuriat a été reconnu comme une stratégie

possible pour améliorer les conditions de vie des femmes autochtones (p. ex., Pearsons et

Helms, 2012), il reste encore à approfondir ce phénomène et surtout la signification que peut

avoir l’entrepreneuriat pour ces femmes.

L’identification de cet écart, d’une part – qui existe entre l’importance de l’entrepreneuriat

comme levier de développement des populations autochtones – et d’autre part, la carence

Page 26: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

9

des recherches réalisées à ce jour sur l’entrepreneuriat des femmes autochtones, et en

considération des perspectives autochtones, est à l’origine de la problématique de cette

recherche doctorale. Afin de réduire l’écart, la présente recherche doctorale se focalise sur la

restitution des expériences entrepreneuriales des femmes autochtones : c’est grâce à la

compréhension de leurs expériences qu’il est possible de faire émerger les catégories

d’analyse relatives aux caractéristiques de l’EFA.

Pour cette raison, la présente recherche doctorale se veut avant tout exploratoire et vise la

compréhension des expériences entrepreneuriales des femmes autochtones, en passant par la

contextualisation du contexte communautaire. La carence des données empiriques sur les

expériences entrepreneuriales des femmes autochtones en prenant en compte les contextes

communautaires autochtones semble être une importante piste de recherche en vue de

réduire l’écart. Grâce à une enquête qualitative, l’état des connaissances des expériences

entrepreneuriales telles qu’elles sont vécues par les femmes entrepreneures autochtones

permettra de dégager des éléments pertinents, tant d’un point de vue théorique que pratique,

associés à l’EFA comme une forme distincte d’entrepreneuriat.

1.5 Questions de recherche et objectifs

1.5.1 Question de recherche générale

En ce qui concerne l’analyse de la littérature existante sur l’EFA et la problématique de

recherche qui a été soulevée, la question de recherche principale de cette étude doctorale

s’articule autour de l’expérience entrepreneuriale des femmes autochtones. Elle se justifie par

la compréhension du phénomène, en passant par la compréhension et l’étude des

expériences entrepreneuriales des femmes autochtones de façon à discerner plusieurs aspects

du phénomène et à mettre en lumière les principales caractéristiques.

La question de recherche principale de cette étude doctorale est la suivante :

o Comment les femmes autochtones vivent-elles leurs expériences entrepreneuriales

dans leurs contextes d’action?

Page 27: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

10

1.5.2 Questions de recherche spécifiques

Pour faire suite à la question principale, les questions de recherche spécifiques associées au

présent projet de recherche doctorale sont les suivantes :

o Comment les femmes entrepreneures autochtones conçoivent-elles l’entrepreneuriat

et que représente pour elles l’entrepreneuriat?

o Comment le savoir-faire traditionnel et les modes de vie autochtones se

transposent-ils dans les activités entrepreneuriales?

o Comment le contexte communautaire et la culture de la réserve influencent-ils

les expériences entrepreneuriales des femmes autochtones?

1.5.3 Objectif général

L’objectif général de ce projet de recherche est de réaliser un état de connaissances quant

aux expériences entrepreneuriales des femmes entrepreneures autochtones.

En effet, considérant le peu d’études menées à ce jour sur le sujet et la carence des données

empiriques en contexte québécois, et dans plusieurs contextes communautaires plus

précisément, il devient impératif de réaliser une recherche visant à faire émerger les

expériences des femmes autochtones en entrepreneuriat, tel que le perçoivent et le vivent les

femmes autochtones. Il s’agit donc, à travers l’expérience entrepreneuriale de ces femmes, de

réaliser un état de connaissance, soit un portrait qui favorisera la compréhension des

fondements sociologiques de l’EFA et qui fera émerger la culture entrepreneuriale des

femmes autochtones dans toute sa spécificité. Il s’agit aussi de réaliser un état des

connaissances, ou un portait, relativement aux expériences des femmes autochtones, tout en

tenant compte notamment de la diversité des activités entrepreneuriales, des cultures et des

contextes.

Cet état de connaissances vise également à mettre à l’épreuve des faits empiriques sur les

concepts théoriques et managériaux qui sont propres à la discipline de l’entrepreneuriat au

Page 28: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

11

sens large et à l’entrepreneuriat autochtone plus particulièrement. Il contribuera également au

développement d’un cadre théorique propre à l’EFA, qui repose sur les expériences

concrètes des femmes autochtones.

1.5.4 Objectifs spécifiques

Les objectifs spécifiques de la recherche sont les suivants :

o Déterminer les caractéristiques de l’entrepreneuriat féminin autochtone (EFA);

o Répertorier les expériences entrepreneuriales des femmes autochtones en tenant

compte du contexte communautaire et des types d’activités entrepreneuriales;

o Comprendre la culture entrepreneuriale des femmes autochtones à l’intérieur et à

l’extérieur des réserves;

o Mettre à l’épreuve des faits empiriques sur les concepts théoriques et les

techniques managériales propres à l’entrepreneuriat classique;

o Analyser les pratiques entrepreneuriales relativement au cadre de référence

sociologique des femmes entrepreneures autochtones.

1.6 Terrain de l’enquête qualitative

Les peuples autochtones sont nombreux et diversifiés dans le monde (United Nations,

2009). Au Canada, la Constitution canadienne (1982) reconnaît trois groupes autochtones,

qui sont respectivement :

o les Premières Nations;

o les Métis;

o les Inuit.

Dans la province de Québec, dans laquelle la présente étude doctorale a eu lieu, on compte

onze (11) nations autochtones, soit dix Premières Nations et une nation inuite (Secrétariat

Page 29: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

12

aux Affaires Autochtones, 2011). Comme les différences socioculturelles qui existent entre

les nations et les groupes autochtones sont très élevées, il a été jugé préférable de considérer

un seul groupe autochtone pour la réalisation de ce projet de recherche doctorale. De cette

façon, les écarts potentiels issus des différences entre les groupes autochtones ont pu être

réduits.

Aux fins de la réalisation de cette recherche doctorale, une des dix Premières Nations a été

choisie. Le choix d’une Première Nation s’explique par le fait qu’au Québec, « 60 % des

femmes autochtones ont déclaré être membres des Premières Nations (catégorie qui

comprend les Indiens inscrits ou non inscrits), tandis que 33 % étaient Métisses et 4 %,

Inuites » (O’Donnell et Wallace, 2011) » ( Croce et al.., 2016, p. 17).

Parmi les onze Premières Nations, le choix est dirigé sur la Première Nation des Innus, la

plus populeuse au Québec, comptant 19 955 membres (source : Statistiques des populations

autochtones du Québec 2015, http://www.autochtones.gouv.qc.ca/nations/population.htm). De plus,

cette Première Nation présente un bon dynamisme entrepreneurial si on la compare aux

autres Premières Nations du Québec (Secrétariat aux Affaires Autochtones, 2011). Pour les

raisons qui ont été exposées, cette thèse sur l’EFA se concentre sur les femmes autochtones

qui appartiennent à la Première Nation des Innus.

1.6.1 La Première Nation des Innus

Même si elles font partie de la même Première Nation, les communautés innues sont

diversifiées sur plusieurs plans. Tout d’abord, il importe de souligner que cette Première

Nation est composée au total de onze communautés autochtones réparties au Québec et au

Labrador (Secrétariat aux Affaires Autochtones, 2011). Dans la province de Québec, là où

cette étude doctorale a eu lieu, on compte neuf communautés autochtones innues

(Secrétariat aux Affaires Autochtones, 2011) :

1. Communauté de Pessamit (Conseil des Innus de Pessamit);

2. Communauté d’Essipit (Conseil de la Première Nation des Innus Essipit);

3. Communauté de La Romaine (Conseil des Innus d’Unamen Shipu);

4. Communauté de Mashteuiatsh (Pekuakamiulnuatsh Takuhikan);

Page 30: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

13

5. Communauté de Matimekosh (Conseil de la Nation Innu);

6. Communauté de Mingan (Conseil des Innus de Ekuanitshit);

7. Communauté de Nutashkuan (Conseil des Montagnais de Nutashkuan);

8. Communauté de Pakuashipi (Conseil des Innus de Pakuashipi);

9. Communauté d’Uashat-Maliotenam (Conseil Innu Takuaikan).

Il est important de souligner que le développement économique et socio-institutionnel des

communautés des Innus est très diversifié, tout comme l’est leur profil démographique, tel

que l’indique le tableau 1.

Sur réserve Hors-réserve Total

Innus (Montagnais)

Betsiamites 2 893 1 032 3 925

Essipit 215 514 729

La Romaine 1 116 45 1 161

Mashteuiatsh 2 085 4 447 6 562

Matimekosh–Lac John 847 117 964

Mingan * * 622

Natashquan 1 003 94 1 097

Pakuashipi * * 363

Uashat-Maliotenam 3 506 1 026 4 532

TOTAL 12 616 7 339 19 955

Tableau 1 : Profil démographique des communautés innues Source : Statistiques des populations autochtones du Québec 2015; site Web du SAA http://www.autochtones.gouv.qc.ca/nations/population.htm

Si certaines communautés innues sont plus peuplées que d’autres, il est aussi vrai que leurs

institutions responsables du développement économique présentent des différences. Le

positionnement géographique des communautés innues est aussi très varié : certaines

communautés se situent en milieu éloigné – comme la Romaine (à 400 kilomètres au nord-

est de Sept-Îles et accessible seulement par avion ou par bateau) et Pakuashipi (à

550 kilomètres au nord-est de Sept-Îles et accessible seulement par avion ou par bateau) –,

tandis que d’autres sont accessibles par la route – comme Mashteuiatsh (à 6 kilomètres de

Roberval), Uashat-Maliotenam (situé à l’est de Sept-Îles), Mingan (à 200 kilomètres à l’est de

Page 31: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

14

Sept-Îles et accessible par la route 138) et Nutashkuan (à 336 kilomètres à l’est de Sept-Îles et

accessible par la route 138 et par bateau).4

1.6.2 Première Nation des Pekuakamiulnuatsh

En raison de la diversité des réalités autochtones, des cultures et des styles de vie dans les

communautés autochtones (United Nations, 2009), de la diversité des profils des femmes

autochtones (Affaires Autochtones et Développement du Nord Canada, 2012) et de la

variété du positionnement géographique des communautés relativement à l’analyse de

l’entrepreneuriat autochtone, la présente enquête qualitative était initialement conçue pour

tenir compte des différenciations existantes et explorer l’EFA dans toute sa diversité.

Compte tenu de la diversité systémique des communautés autochtones au Québec dans la

construction sociale de l’expérience entrepreneuriale des femmes, cette enquête qualitative

visait initialement à comprendre les expériences des femmes entrepreneures en fonction de

différents contextes communautaires. Or, dans le cadre de cette étude doctorale, plusieurs

communautés de la Première Nation des Innus avaient été considérées aux fins de l’analyse

de l’EFA et classifiées en référence aux trois modèles entrepreneuriaux autochtones issus de

la revue systématique sur l’entrepreneuriat autochtone (Croce, 2017b).

Au cours de l’enquête qualitative, la réceptivité, l’étroite collaboration avec la communauté

de Mashteuiatsh ainsi que le taux élevé de participation des femmes Ilnuatsh pendant

l’enquête de terrain ont fait en sorte que ce projet de recherche s’est limité seulement à la

communauté de Mashteuiatsh. Il importe aussi de souligner que ce projet de recherche

doctoral est le résultat d’une démarche collaborative et participative avec le milieu

autochtone, maintenue tout au long du processus, tel qu’il sera introduit dans le chapitre

méthodologique.

4 Source : https://www.aadnc-aandc.gc.ca/Mobile/Nations/profile_pakuashipi-fra.html

Page 32: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

15

CHAPITRE 2

ENTREPRENEURIAT AUTOCHTONE : PERSPECTIVE INTERNATIONALE

Ce deuxième chapitre introduit, quant à lui, un article conceptuel qui présente une revue

systématique de la littérature internationale existante sur l’entrepreneuriat autochtone. Cet

article a été publié en 2017 dans un numéro spécial sur l’entrepreneuriat autochtone et

l’innovation de la revue Journal of management & Organization5. Les résultats de cette revue de

littérature systématique ont permis de cibler trois modèles entrepreneuriaux autochtones – le

modèle urbain, le modèle rural et le modèle éloigné – qui représentent une façon de

systématiser les modèles entrepreneuriaux autochtones et de les appliquer à l’étude des

communautés autochtones dans le monde. Les résultats de cette revue systématique

proposent, donc, une classification conceptuelle servant à cerner des pistes de recherche

pour le développement de l’entrepreneuriat autochtone comme thème de recherche.

2.1 Introduction générale

La justification de cette revue systématique repose sur la nécessité, à la fois théorique et

pratique, de combler une lacune à ce jour encore existante dans la littérature académique sur

l’entrepreneuriat autochtone. Cette lacune concerne la contextualisation de modèles

entrepreneuriaux autochtones (Hindle, 2010), qui se doit d’être prise en compte afin de

mettre en lumière les spécificités de l’entrepreneuriat autochtone dans différents contextes

dans le monde. En effet, bien que les particularités de la population entrepreneuriale à

laquelle l’entrepreneuriat autochtone fait référence ont permis à l’entrepreneuriat autochtone

de se distinguer comme thème de recherche à part entière, distinctement de l’étude des

autres populations entrepreneuriales minoritaires ethniques (Peredo et al., 2004) et comme

une sous-forme de l’entrepreneuriat ethnique (Anderson et Giberson, 2003; Dana et

Anderson, 2007), plusieurs recherches sont encore nécessaires aujourd’hui pour le

développement d’un cadre théorique propre à ce thème de recherche (Frederick, 2008). 5 Croce, F. (2017). Contextualised indigenous entrepreneurial models: A systematic review of indigenous

entrepreneurship literature, Journal of Management Organization, 23(6), 886-906.

Page 33: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

16

En effet, si l’entrepreneuriat autochtone est en plein essor aujourd’hui, il demeure

caractérisé par une fragmentation conceptuelle, et les résultats de cette revue systématique

représentent une façon de faire avancer les connaissances quant à la classification des

modèles entrepreneuriaux autochtones.

2.2 « Contextualised indigenous entrepreneurial models: A systematic review

of indigenous entrepreneurship literature »

Even though there are an estimated 370 million indigenous peoples around the world, less

than 5% of the world’s population (United Nations, 2009), this statistical minority represents

a third of the world’s 900 million poorest people (World Bank, 2016). Entrepreneurship has

been identified as a major resource for indigenous self-empowerment, economic

development and poverty reduction (Anderson, 2001; Hindle & Lansdowne, 2005; Hindle &

Moroz, 2009; Peredo, Anderson, Galbraith, Honig, & Dana, 2004) and this paper aims to

systematically review literature on indigenous entrepreneurship. The purpose of the paper is

to determine trends and commonalities in indigenous entrepreneurship models that could

contribute to theoretical discussions and assist policy-makers and practitioners to improve

their effectiveness in supporting indigenous economic and entrepreneurial development

initiatives within socio-cultural and geographically localized contexts.

Located in 90 countries, there are approximately 5,000 indigenous groups and close to

4,000 indigenous languages spoken around the world (United Nations, 2009). Additionally,

according to Survival International, around 100 indigenous tribes have still not been

discovered. The International Fund for Agricultural Development (IFAD) states that the

lands where indigenous peoples live represent 80% of the planet’s biodiversity and they have

a fundamental role in managing the world’s natural resources (IFAD, 2012).

In varying proportions, indigenous peoples are present on the five continents. According to

the IFAD (2012), 70% of the total international indigenous population lives in Asia. In

China, according to the United Nations (UN), the indigenous minority represents less than

9% of the total population, but accounts for about 40% of the country’s poorest population

(UN, 2009). However, in some Latin American countries, such as Bolivia and Guatemala,

indigenous peoples represent more than half of the total population (United Nations, 2009).

In Africa, according to the International Work Group on Indigenous Affairs, there are an

Page 34: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

17

estimated 50 million indigenous peoples (African Commission on Human and Peoples’

Rights, 2006). In Australia, the 2011 Census Post Enumeration Survey (PES) estimated the

Aboriginal and Torres Strait Islander population at 662,300 people or about 3% of the total

population (Australian Bureau of Statistics, 2013). In Canada, indigenous peoples represent

4.3% of the total Canadian population and almost half of the Aboriginal population lives on

reserves, but are increasingly migrating to urban areas all across Canada (Statistics Canada,

2013). In the United States, according to the 2010 Census, there are 2.9 million indigenous

peoples, identified as American Indians and Alaska Natives (United States Census Bureau,

2012).

According to the statistics presented here, indigenous peoples are considered an ethnic

minority of the total population. The diversity among indigenous groups across the world is

impressive from a cultural, socio-economic and structural point of view (UN, 2009), but

nonetheless indigenous peoples share some common problems, including discrimination, the

expropriation of land, marginalization and violence, abuse and identity acceptance (UN,

2013). For this reason, the United Nations Permanent Forum on Indigenous peoples has not

adopted a general definition for indigenous peoples, instead, they consider the issue in terms

of identification (UN, 2009).

The Secretariat of the Permanent Forum on Indigenous Issues (SPFII) was established in

2002 (resolution 57/197 of the General Assembly) within the United Nations’ New York-

based Division for Social Policy and Development (DSPD), to inform the United Nations

organizations, governments and the public about the issues facing indigenous peoples

worldwide and to promote exchanges between member states and representatives of

indigenous peoples. In the 2015 resolution concerning the rights of indigenous peoples, the

General Assembly of the United Nations requested that the President include representatives

of indigenous organizations in official bodies with the Member States to allow indigenous

representatives and institutions to participate in meetings of the United Nations. To protect

indigenous peoples, the Declaration on the Rights of Indigenous Peoples of the United

Nations, adopted in 2007, stipulates the rights of these populations (UN, 2007). Also, The

International Day of the World’s Indigenous Peoples, every August 9, was established in 1995 to

raise awareness of the difficulties specific to indigenous peoples regarding human rights,

education and health. In line with United Nations resolutions, various governments have

Page 35: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

18

been proactive regarding indigenous economic development, including governmental

development strategies focused on entrepreneurship as a major resource for economic

development and poverty reduction for indigenous peoples.

In Australia for example, the Australian Government’s Indigenous Economic Development

Strategy aims to support the development of aboriginal entrepreneurship (Australian

Government, 2007). In 2013, the Canadian Government implemented the Aboriginal

Business and Entrepreneurship Development (ABED) Program that aims to support

indigenous entrepreneurs at different stages of the entrepreneurial process and provide

funding for indigenous businesses through Aboriginal Financial Institutions (AFIs).

Despite governmental efforts to develop indigenous entrepreneurship to improve

indigenous well-being and indigenous economic empowerment, an underlying lack of

indigenous specificity and contextualization has contributed to the failure of these initiatives

(Shoebridge, Buultjens, & Lila Singh, 2012). The need to understand the causes of these

failures requires more contextualized research on indigenous entrepreneurship from an

indigenous perspective in order to conduct in-depth and qualitative analysis of the contextual

factors affecting indigenous entrepreneurship policies, strategies, and practices around the

world (Hindle, 2010).

A systematic review aimed at gathering, evaluating and synthesizing all of the studies on

indigenous entrepreneurship is, therefore, important for its theoretical contribution,

identification of indigenous entrepreneurship models and practices across different contexts,

and for recommendations to policy-makers and practitioners on indigenous peoples’

aspirations for entrepreneurial and economic development.

This systematic review was conducted by electronically and manually searching articles

through academic literature with querying eight selected databases (ABI/ Inform Complete,

Business Source Complete, Web of Science, International Bibliography of the Social Sciences, Academic

Search, Sociological Abstract, Entrepreneurial Studies Source, Bibliography of Native North America) and

using specific words related to indigenous peoples such as Indigenous, Aboriginal, Torres Strait

Islanders, First Nations, Native Nations, Native American, Metis, Inuits, American Indian and Native

People. From 1,199 articles initially identified, 25 articles were selected for this systematic

Page 36: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

19

review. The results and analysis formed three broad models of indigenous entrepreneurship

based on geographic localization and degree of urbanization: 1) urban indigenous

entrepreneurship; 2) remote indigenous entrepreneurship; and 3) rural indigenous

entrepreneurship.

Following the introduction, the paper is organized into five sections. First, the theoretical

and practical needs for this systematic review are outlined. Second, the research protocol and

methodological aspects are introduced. Third, the main findings of the systematic review are

presented and analyzed. Fourth, the characteristics of the three indigenous entrepreneurship

models are presented and discussed. Fifth, the implications of the study are presented in the

conclusions and avenues for future research on indigenous entrepreneurship are suggested.

Indigenous entrepreneurship and the systematic review context

In the academic literature, indigenous entrepreneurship has been defined as, “the creation,

management and development of new ventures by Indigenous peoples for the benefit of

Indigenous peoples” (Hindle & Lansdowne, 2005: 132). Therefore, according to the

definition proposed by the authors, the concept of indigenous ownership and benefit are

central to indigenous entrepreneurship. In recent decades, research on indigenous

entrepreneurship has begun to appear in the literature (Dana, 2015; Dana & Anderson, 2007;

Frederick, 2008; Hindle & Lansdowne, 2005; Peredo & Chrisman, 2006). This topic has

affirmed itself as an independent field of research from the mainstream entrepreneurial

literature and is distinct from ethnic entrepreneurship, which mostly concerns the

entrepreneurial activities of immigrants or other major ethnic groups (Dana, 2007b), even if

differences and similitudes need to be explored further between indigenous entrepreneurship

and ethnic entrepreneurship (Kushnirovich, Heilbrunn & Davidovich, 2017; Peredo et al.,

2004).

The initial literature on indigenous entrepreneurship identified indigenous values as the

driving force behind entrepreneurial activities, providing evidence that indigenous

entrepreneurs see entrepreneurship differently from the classic individualistic perspective

that has emerged in the mainstream literature on entrepreneurship (Anderson, 1999; 2001).

This literature also emphasized indigenous entrepreneurship as a tool for indigenous

Page 37: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

20

economic development, overcoming the exogenous economic development conception of

indigenous communities through external assistance (Peredo, et al., 2004). Therefore, this

endogenous view of indigenous economic development recognized the efforts of indigenous

entrepreneurs in building their own socio-economic community development and

indigenous empowerment in the global economy (Anderson & Giberson, 2004; Peredo, et

al., 2004).

Since the 2000s, however, the theoretical debate in the indigenous entrepreneurship

literature has focused more closely on understanding the different indigenous contexts and

their indigenous entrepreneurial outcomes (Hindle, 2010). In this regard, it is appropriate to

recall that, globally, indigenous entrepreneurs belong to very diverse indigenous realities with

respect to their geographical position, history, and political status (United Nations, 2009).

Moreover, these specific indigenous realities have emerged from their own national realities

regarding their attitudes toward resisting cultural assimilation and striving for self-indigenous

affirmation (Peredo et al., 2004). Despite the fact that context has been recognized as an

important factor affecting entrepreneurial activities in mainstream entrepreneurship (Welter,

2011), very few studies have emerged on the specificities of different entrepreneurial

configurations in indigenous contexts.

Recent literature on the topic of indigenous entrepreneurship models, however, suggests that

a contingency approach should be adopted to analyze and illuminate the different

community entrepreneurial models (Hindle, 2010; Peredo et al., 2004). Although there is

consensus in the indigenous entrepreneurship literature on the question of “why” and

“what” indigenous entrepreneurship is, the question of “how” it occurs requires more

research before endogenous models of indigenous entrepreneurship can be established. In

support of this theoretical position, some researchers (Shoebridge, et al., 2012) have

demonstrated the minimal success of some governmental policies and initiatives on

indigenous entrepreneurship. In this regard, the social cognitive theories of entrepreneurship

show that entrepreneurial behavior is not universal and it can change according to the

cognitive perspectives of the entrepreneurs (e.g., Mitchell, Busenitz, Lant, McDougall,

Morse, & Smith, 2002). Hindle (2010) highlighted this issue in the indigenous

entrepreneurship literature by proposing a diagnostic model to analyze indigenous contextual

Page 38: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

21

factors, cultural and structural, that need to be considered for outlining different indigenous

entrepreneurship outcomes.

This theoretical debate represents the starting point for this systematic review. The

relationship between indigenous entrepreneurs, the indigenous community and the context

within which they are all situated is highlighted as a non-generalizable and complex

relationship, requiring further exploration.

If certain conceptual evidence concerning indigenous entrepreneurship is considered such as

the differences between indigenous and non-indigenous entrepreneurs (Dana, 2007a), the

motivations of indigenous entrepreneurs (Dana, 2007a; Foley, 2003; Hindle & Moroz, 2009)

or the strategies they put in place to successfully develop indigenous entrepreneurship

(Ferrazzi, 1989; Hindle, Anderson, Giberson & Kayseas, 2005; McDaniels, Healey & Kyle

Paisley, 1994), a theoretically integrated study on indigenous entrepreneurship literature that

exists could help to overcome the lack of awareness and understanding of indigenous

entrepreneurship models in scholarly literature (Anderson, 2001; Hindle & Lansdowne,

2005; Hindle, & Moroz, 2009; Peredo et al., 2004).

While initiatives and governmental programs are locally based, in the indigenous

entrepreneurship literature, the theoretical debate focuses more closely on modeling

indigenous entrepreneurship and identifying contextual factors (Hindle, 2010). Despite the

fact that indigenous entrepreneurship has been affirmed as a full field of research in the last

decade (Hindle & Moroz, 2009), the universality of indigenous entrepreneurial models is still

a relatively un-explored phenomenon.

Thus, there is a theoretical and practical need to conduct a systematic review on international

indigenous entrepreneurship. As highlighted by Denyer and Tranfield (2009), the legitimacy

of developing a systematic literature review is based both on the theoretical debate around

the chosen topic and on the practical utility of the systematic review’s results.

Regarding the theoretical justification for this systematic review, an analysis of the

indigenous entrepreneurship literature reveals the need to identify various indigenous

entrepreneurial models and their characteristics. Indeed, the legitimacy of indigenous

entrepreneurship as a branch requires a better understanding of different indigenous

Page 39: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

22

entrepreneurship contexts. This systematic review is further justified by the current

theoretical debate on the topic put forward by Hindle (2000) who established the need for a

contextualized analysis of indigenous entrepreneurship, and also by the growing maturity of

the indigenous entrepreneurship literature in the last 20 years. Regarding the practical

justification for a systematic review, despite governmental and international initiatives for the

benefit of indigenous peoples and their entrepreneurial and economic development, these

initiatives lack contextualized strategies that reflect the different indigenous realities that exist

around the globe (UN, 2009).

Therefore, this systematic review aims to answer the research question: what are the

indigenous entrepreneurship models and practices according to the different indigenous

contexts globally? By identifying and comparing scholarly literature on indigenous

entrepreneurship across various national and geographic contexts, an integrative framework

could be developed that allows policy-makers and practitioners to adapt initiatives for the

economic and entrepreneurial development of indigenous peoples. The theoretical objective

of this systematic review is to illuminate the different indigenous entrepreneurship

characteristics and models and integrate these in a way that is applicable in a variety of

contexts. The practical objective of this systematic review is to provide practitioners with a

comprehensive review of the literature and to orient decision makers toward contextualized

indigenous entrepreneurship strategies and models.

METHODOLOGY

A systematic review is a rigorous and scientific literature review process aimed at gathering,

evaluating and synthesizing all of the studies on a predetermined topic. It also identifies the

gaps in the literature to help further scientific knowledge (Denyer & Tranfield, 2009;

Kitchenham, 2004; Staples & Niazi, 2007). A systematic review differs from a classic

literature review because it is based on recognized scientific methods (Tranfield, Denyer, &

Smart, 2003) and on a well-defined research strategy (Kitchenham, 2004). Systematic reviews

are, therefore, based on a scientific process since it guarantees the objectivity of the

approach, its transparency and its ability to be reproduced by other researchers (Tranfield,

Denyer, & Smart, 2003).

Page 40: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

23

Kitchenham (2004) identified three major phases for conducting a systematic review: 1)

planning the review; 2) conducting the review; and 3) reporting the review. The first phase of

a systematic review – planning the review – refers to identifying both the theoretical and

practical needs to conduct a systematic review. It also includes developing a research

protocol. This has been completed in the previous section. The second stage - conducting

the review, refers to the process of identifying studies, the selection process, the study quality

assessment, the data extraction, monitoring, synthesis and analysis. The third phase -

reporting the review, refers to the results and the discussion of the systematic review.

The following section outlines how the search strategy for this systematic review on

indigenous entrepreneurship in different contexts globally was developed. This refers to the

step-by-step methodological aspects of conducting the systematic review: the selection of

electronic databases, the keyword search string, the inclusion and exclusion criteria, the time

horizon, the study quality assessment procedure, and the manual search methods utilized,

including the identification of the most cited papers and the most relevant authors.

Electronic databases

To complete this systematic review, eight specialized databases were identified on the advice

of a librarian specialist in documentary resources in business and entrepreneurship. As

outlined by Dana and Anderson (2007), it was important to consider the multidisciplinary

nature of indigenous entrepreneurship (i.e., from the perspectives of anthropology, business,

management and sociology) when selecting the electronic databases. The eight identified

databases are given in Table 1.

Table 1, Electronic databases used in the study

Business Databases ABI/ Inform Complete

Business Source Complete

Multidisciplinary Databases Web of Science

International Bibliography of the Social Sciences

Academic Search

Databases in Sociology Sociological Abstract

Page 41: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

24

Databases in Entrepreneurship Entrepreneurial Studies Source

Databases in Ethnology Bibliography of Native North America

Keyword search string

The electronic databases were searched using a predefined keyword search string. The first

part of the keyword search string concerned the study population: indigenous peoples. It is

appropriate to note that in the scientific literature, the term “indigenous” is a generic term

designating various indigenous peoples around the world and that its operational definition

can vary according to the different indigenous groups (United Nations, 2009). Therefore, for

the sake of completeness, all terminologies related to indigenous peoples that were identified

using a Thesaurus (available on the article database systems) were included in the keyword

search string. The second part of the keyword search string concerned the intervention, that

is, the object under study, which in this case was entrepreneurship. To avoid a study

procedure that was too selective, other keywords generated from the research question, such

as concepts, characteristics or models, were not included in the search strategy. The keyword

search string used for the electronic search was:

“Indigenous OR Aboriginal OR Torres Strait Islanders OR First Nations OR Native

Nations OR Native American OR Metis OR Inuit OR American Indian OR Native

People”

AND

“Entrepreneur*”

Inclusion and exclusion criteria

Concerning the inclusion criteria chosen for this systematic review, only peer reviewed and

academic articles, published in English and presenting cultural, social and organizational

variables were included. Other variables, such as individual, economic or financial variables,

were not taken into consideration for this study because they are not congruent with this

study’s research question, which requires the analysis of the socio-cultural contexts of

indigenous entrepreneurship. The inclusion and exclusion criteria are given in Table 2.

Page 42: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

25

Table 2, Inclusion and exclusion criteria

Inclusion Criteria Exclusion Criteria

Language: English Language: other than English

Publication: peer reviewed academic articles. Publication: books, conference papers,

professional articles, editorials.

Variables: cultural, organizational, social Variables: individual, financial, economic.

Time horizon

The time horizon for this systematic review spanned from January 1, 1995 to December 31,

2016. The first year included in this systematic review, 1995, is the year that the International

Day of the World Indigenous People was established, following the decision of the United Nations

General Assembly in 1994. It is acknowledged that research on indigenous entrepreneurship

may have been published prior to 1995, but it is widely accepted in the academy that

research on indigenous entrepreneurship seems to emerge in the 2000s (Hindle, 2010).

Quality assessment procedure

As Kitchenham (2004) pointed out, although quality is difficult to define, criteria must be

applied to guarantee the systematic review’s quality. To determine if indigenous

entrepreneurship is a recognized topic in the international academy, a journal ranking

verification system, following the Australian Business Deans Council (ABDC) ranking,

served as the quality criteria. The identified journals that were not part of the ABDC ranking

were excluded, although it is acknowledged that publications outside of the ABDC ranking

system could be considered in future research with a more critical interpretation of what

constitutes ‘quality’ literature.

Preliminary Results

Searching the eight databases using the previously defined keyword chain gave an initial

result of 1,796 articles. The distribution of the number of articles obtained from the eight

databases searched is shown in Table 3. A rigorous selection process was conducted

Page 43: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

26

(Kitchenham, 2004) and the End Note software was used at the various stages to keep an

accurate record of the article details.

Table 3, Articles according to databases

ABI/Inform Complete 325

Business Source Complete 411

Web Of Science 334

IBSS 140

Academic Search Premier 312

Sociological Abstract 130

Entrepreneurial studies sources 101

Bibliography of Native North America 43

TOTAL 1796

Elimination process

The selection process started by eliminating duplicates. This reduced the number of articles

to 1,199 from the 1,796 articles that were initially identified from the eight electronic

databases. After eliminating the duplicates, two major stages were implemented. First, the

titles, abstracts and the keywords were read to verify the articles’ congruence with the

keyword chain and research question driving the systematic literature review. This operation

resulted in the selection of 168 articles from 1,199 articles.

In the second stage, the articles were read in full to identify those that analyzed the

phenomenon chosen for this study, specifically the socio-cultural context of indigenous

entrepreneurship. This process resulted in the selection of 24 articles from the 168 articles

identified during the first selection process.

Finally, the quality control procedure was applied to these 24 articles eliminating those

journals that were not included in the Australian ABDC ranking. This lead to a final result of

20 articles selected from the electronic database search.

Manual process

Page 44: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

27

Using the results of this electronic database search, a complementary manual search was

conducted. First, the references from the final papers selected using the electronic search

were used to identify those papers on indigenous entrepreneurship responding to the

inclusion criteria of this systematic review that were not found using the electronic search.

With this verification process, two more articles were added after applying the quality

control.

To the final list, journals that were cited more than once were identified: Journal of Small

Business and Entrepreneurship, The International Journal of Entrepreneurship and Innovation, and

Journal of Enterprising Communities: people and places of global economy. A manual search of

indigenous entrepreneurship articles responding to the inclusion criteria established for this

systematic review was conducted in the two journals ABDC ranked (Journal of Small Business

and Entrepreneurship and Journal of Enterprising Communities: people and places of global economy)

covering the entire period of this systematic review, from January 1, 1995 to December 31,

2016. However, no relevant articles were added during this stage.

Then, a manual search was completed by identifying the most important authors, which are

those who appeared as authors at least twice in the final list of selected articles. These

authors were contacted by email to obtain their complete list of publications on this topic.

This process added two more articles. Finally, an Internet search was conducted using the

words in the keyword search string, and one more article was added during this step. This

lead to a final result of 25 articles that were included in this systematic review. The final list

of selected articles is presented in Table 4 and the entire selection process is illustrated in

Figure 1.

Table 4, Final articles selected6

Auteur Year Journal Search

1 April, W.I. 2008 The International Journal Of Entrepreneurship And Innovation E

2 Haar, J., & Delaney, B. 2009 New Zeeland Journal Of Applied Business Research E

66E:ElectronicSearch.R:ReferencesControl.A:MostImportantAuthors.I:Internet.

Page 45: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

28

3 Dana, L.P., Dana, T.,

& Anderson, R.B.

2005 Journal of Small Business & Entrepreneurship E

4 Cahn, M. 2008 Entrepreneurship & Regional Development E

5 Brower, J. 1999 Economic and Political Weekly E

6 Chan, J.H., Iankova,

K., Zhang, Y.,

McDonald, T. & Qi,

X.

2016 Journal of Sustainable Tourism E

7 Co, M.J. 2003 South African Journal of Business Management E

8 Curry, G.N. 2005 Journal of Small Business & Entrepreneurship E

9 Dana, L.P. 1995 Entrepreneurship Theory & Practice E

10 Dana, L. P. 2010 Global Business And Economic Review E

11 Foley, D,. &

O'Connor, A.J.

2013 Journal Of Small Business Management E

12 Johnstone, H. 2008 Journal of Enterprising Communities: People and Places in the

Global Economy

E

13 Lee-Ross, D., &

Mitchell, B.

2007 Journal Of Developmental Entrepreneurship E

14 Mason, A., Dana, L.P.,

& Anderson, R.B.

2008 The International Journal Of Entrepreneurship and Innovation E

15 Ndemo, B. 2005 Journal Of Small Business and Entrepreneurship E

16 Pascal, V., and Stewart,

V.

2008 The International Journal Of Entrepreneurship And Innovation E

17 Tapsell, P. & Woods,

C.

2008 Journal of Enterprising Communities: People and Places in the

Global Economy

E

18 Zapalska, A. M..,

Dabb, H., & Perry, G.

2003 Asia Pacific Business Review E

19 Dana, L.P. 2008 The International Journal Of Entrepreneurship And Innovation E

20 Foley, D. 2008 Journal of Enterprising Communities: People and Places in the

Global Economy

E

Page 46: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

29

21 Fuller, D., Buultjens, J.,

& Cummings, E.

2005 Tourism Management R

22 Reihana, F., Sisley, M.,

& Modlik, H.

2007 International Journal Entrepreneurship and Small Business R

23 Dana, L.P., &

Anderson, R.B.

2011 International Journal Of Entrepreneurship and Small Business A

24 Mason, A.M., Dana,

L.P., & Anderson, R.B.

2009 International Journal Of Entrepreneurship and Small Business A

25 Khan, M.K. 2014 International Journal Entrepreneurship and Small Business I

Fig. 1, Selection process

Analytical process

The analysis on the selected articles was performed using an Excel file that contained the

information necessary to develop the descriptive, in-depth and critical analysis of the

indigenous entrepreneurship literature gathered. The descriptive analysis included the

publication year, methodology, journal, and the geographical area of the research. A more in-

Total

1796

Duplicates

1199

597

Yes

No

168

1031

Yes

No

FirstSelec;on

SecondSelec;on

24

144

Yes

No

Manualsearch

QualityControl

20

4

Yes

No

References,Journal,AuthorsandInternet

22

2

2

0

25

FinalAr;cles

Electronicsearch

2

1

Page 47: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

30

depth analysis included identification of the indigenous entrepreneurship models, the

theoretical perspectives used in the studies, the research questions, and the methods used by

researchers. The critical analysis of the studies included an analysis of the localization or

socio-cultural contexts of the studies, a summary of the key results, the limitations of the

studies and the avenues for future research. All levels of analysis will now be presented.

Trend in the research focus

The period of the articles selected for this systematic review begins in 1999. It is evident that

the literature from the 2000s onward tends to explain indigenous entrepreneurship as a lever

for economic development rather than understanding the different practices and models of

indigenous entrepreneurship (Anderson, 2001). The evolution of the studies over time is

presented in Figure 2.

Fig. 2, Literature trend analysis

Trend in methodology

Regarding the methodology, most of the studies (15) were conducted using a qualitative

method, as interviews, non-participants’ observations and case studies, while a minority were

conducted using a quantitative method (3). The rest of the studies analyzed were conceptual

(7). The methodological distribution of the studies is given in Figure 3.

Fig. 3, Methodological trend

Série1,10

2

4

6

8

10

AxisTitle

Série1

Page 48: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

31

Trend in the socio-cultural context of studies

Most of the studies selected focus on North America (8), and Oceania (11). The rest

of the studies (7) focus on other areas of the world, which are Africa (3), India (1), China (1),

Finland (1) and Pakistan (1). With regards to Oceania, studies have a focus on New Zealand

(6), Australia (4) and Samoa (1). One of these studies (April, 2008) is on New Zealand and

Africa. With regards to North America, they concern mainly Canada (7) and United States

(1).

In the studies on indigenous entrepreneurship in Oceania, much of the literature is focused

on providing governments with the tools to promote and develop indigenous

entrepreneurship as a particular form of entrepreneurship that can contribute to national

economic development (e.g., Zapalska, Dabb, & Perry, 2003). Therefore, this literature

mostly includes policy recommendations oriented toward and focused on action plans and

initiatives to be implemented. However, this body of literature shows the variety of socio-

cultural contexts of indigenous communities in Oceania, according to the cultures of

indigenous peoples of New Zealand (e.g., Foley, 2008; Tapsell & Woods, 2008) and of

Australia (e.g., Curry, 2005; Lee-Ross, 2007).

On the contrary, indigenous entrepreneurial literature in North America is more descriptive

and ethnographic, focusing on the way indigenous peoples live in their communities.

Moreover, literature in North America underlines the differences in the structural factors

impacting indigenous entrepreneurial activities in these community’s contexts, with regards,

Qualitative

Quantitative

Conceptual

Page 49: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

32

for example, to Inuit peoples located in the Canadian North (e.g., Dana & Anderson, 2011;

Mason, Dana & Anderson, 2009), which is very different from the social and cultural

contexts of Native Americans in the United States (Pascal & Stewart, 2008).

Literature on indigenous entrepreneurship in the other locations around the world, such as

Africa (April, 2008; Co, 2003; Ndemo, 2005), India (Brower, 1999), Chine (Chan & al., 2016)

Finland (Dana, 2008) and Pakistan (Khan, 2014), demonstrated the variety of social and

societal contexts not only with regards to indigenous entrepreneurship, but also with regards

to indigenous peoples’ conditions of life. In the case of Africa, for example, socioeconomic

and religious variables (Co, 2003) tend to be included in the analysis of indigenous

entrepreneurship to explain the disadvantages indigenous peoples face.

DISCUSSION

By analyzing the final articles selected for this systematic review, three indigenous

entrepreneurship models were interpreted: 1) the urban indigenous entrepreneurship model;

2) the remote indigenous entrepreneurship model; and 3) the rural indigenous

entrepreneurship model. This continuum of indigenous entrepreneurship models resulted

from analyzing the different entrepreneurial research perspectives that were adopted to

analyze indigenous entrepreneurship in different socio-cultural localizations that varied from

urban, rural to remote. These entrepreneurial research perspectives are represented by the

analysis of entrepreneurship as enterprises and small businesses creation, informal activities

of entrepreneurs and subsistence activities of indigenous peoples.

Therefore, these classification models offer a systematic way to organize the insights from a

systematic review of indigenous entrepreneurship literature that is contextualized by

considering the relationship between an indigenous community’s localization and the forms

of entrepreneurship the community undertakes, situated within the definition of

entrepreneurship through which indigenous entrepreneurship has been analyzed.

Indigenous realities can vary considerably within the same country (UN, 2009). Forming

contextualized indigenous entrepreneurship models (i.e., urban, rural, remote) enabled

consideration of indigenous peoples and communities as independent of the country in

Page 50: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

33

which they are located, acknowledging their aspirations to preserve their indigenous identity,

cultures and history within a particular geographical location (Peredo et al., 2004).

The critical analysis of articles selected indicated that the socio-cultural context of indigenous

communities and degree of urbanization are central to the classification of indigenous

entrepreneurship models outlined in this paper. This is because socio-cultural context and

degree of urbanization in particular may affect how much external and national cultural

influences affect the indigenous culture and way of life and this is reflected in the processes

and outcomes informing the indigenous entrepreneurship models.

According to the analysis, urban indigenous entrepreneurship and remote indigenous

entrepreneurship represent indigenous entrepreneurial outcomes at opposite ends of the

spectrum. However, the rural indigenous entrepreneurship model represents an intermediary

one. The three models are discussed and compared in the following sections, and the

framework for the indigenous entrepreneurship models is presented in Figure 4.

Fig. 4, Indigenous entrepreneurship models framework

Urban indigenous Entrepreneurship Model

The urban indigenous entrepreneurship (UIE) model represents the indigenous

entrepreneurship that emerges in urban contexts. The UIE model is similar to the

mainstream entrepreneurship model, which is based on a capitalist conception of

entrepreneurial activities and focuses on formal business creation. The analysis of UIE

indicated a capitalist and mainstream interpretation of entrepreneurship that was applied to

indigenous entrepreneurship processes and outcomes in the urban context. Urban

indigenous entrepreneurship is characterized by the availability of infrastructure,

Urban Indigenous Entrepreneurship

Remote Indigenous Entrepreneurship

Rural Indigenous Entrepreneurship

Page 51: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

34

technological tools, information networks and business opportunities in urban settlement

areas, influencing, therefore, indigenous entrepreneurial activities that are based in urban

contexts.

For example, Johnstone (2008) described a successful model of economic development in a

study of one Mi’kmaq community, the Membertou First Nation in Cape Breton, Nova

Scotia. This community is an urban-based reserve located in the city of Sidney, Nova Scotia,

that has taken advantage of its geographical position to improve its economic development.

The community leaders accomplished this by attracting non-indigenous entrepreneurs not

from the reserve and inviting them to conduct businesses in the community. The study by

Johnstone measured success in this context in terms of profitability and economic

development. Therefore, the researcher analyzed indigenous entrepreneurship with respect

to the development of organizations, specifically focusing on sole proprietorship enterprises.

The definition of indigenous entrepreneurship used in the study is close to the mainstream

definition of entrepreneurship. Thus, the study participants selected are individual

entrepreneurs according to the capitalistic paradigm of entrepreneurship, based on wealth

accumulation. This model parallels the western model of entrepreneurship that is mainly

based on the identification of opportunities (Shane & Venkataraman, 2000) and takes shape

with the creation of formal businesses.

In their analysis of entrepreneurship in Iqaluit, the capital of Nunavut, Canada, Dana and

colleagues (Dana, Dana & Anderson, 2005) argued that indigenous peoples are lost between

two worlds, the traditional Inuit world and the modern non-Inuit world. In this way,

proximity to the “modern” world, represented by non-indigenous peoples, affects the

authenticity of indigenous entrepreneurship. In their study on indigenous entrepreneurship

in Iqaluit, the researchers conducted interviews with opportunity seeking individuals, people

who choose to become entrepreneurs, which the authors defined according to the western

model of entrepreneurship, and individuals engaged in reactionary self-employment,

motivated by a given situation such as the need to fulfill personal needs. The “western”

conception of entrepreneurship also influences the urban indigenous entrepreneurship

model through the presence of non-indigenous inhabitants, who may also be living in the

indigenous urban contexts. In his study on the development of cooperatives in Nunavik,

Page 52: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

35

Dana (2010) defines Kuujjuak, known as Fort Cimo until 1980, as a modern Inuit urban

settlement that was created to establish western companies.

In their study on the entrepreneurship of the indigenous peoples of New Zealand, the

Māori, Haar and Delaney (2009) analyzed Māori entrepreneurship, adopting the rational and

western perspective of entrepreneurship as business creation and attempted to understand

how indigenous values are integrated into and affect the overall evolution of a business, in

terms of business success, performance and opportunity recognition. The introduction of

the concept of “whanaungatanga,” a Maori cultural value related to the collective form of

communication and sharing, could be a useful resource for indigenous entrepreneurs in

terms of establishing collective networks in urban contexts. Additionally, the authors found

that Māori entrepreneurs have developed networks within the urban context to overcome

the barriers to indigenous entrepreneurship and promote the diversification of businesses in

non-traditional areas.

As underlined by Foley and O’Connor in their study of Aboriginal Australians, Native

Hawaiians, and the Māori of Aotearoa, New Zealand, indigenous entrepreneurship in urban

areas offers the unique possibility of networking with non–indigenous peoples (Foley, 2008;

Foley & O’Connor; 2013), an element that suggests urban indigenous entrepreneurship

models are similar to modern and westernized explanations of entrepreneurship.

The urban indigenous entrepreneurship model is also similar to ethnic entrepreneurship

(Anderson & Giberson, 2003; Dana, 2007), because, as indigenous entrepreneurship studies

on urban localizations show, it is characterized by a tendency to integrate the indigenous

cultural paradigm with the dominant cultural paradigm (Peredo et al., 2004).

Remote Indigenous Entrepreneurship Model

Contrary to the urban indigenous entrepreneurship model, the remote indigenous

entrepreneurship model takes place in remote contexts where indigenous entrepreneurship is

oriented more toward sustainable economic development operated by indigenous

entrepreneurs. The very low level of urbanization of some remote indigenous communities

characterizes the difficulties facing any remote environment with respect to the modern and

western conception of entrepreneurship. Therefore, these remote localizations affect

Page 53: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

36

indigenous entrepreneurship and how it is practiced as well as impacting the way indigenous

cultures are preserved in remote indigenous communities. Moreover, regarding remote

indigenous entrepreneurship, the researchers adopted a more indigenous approach which

aimed to describe the experience and practices of indigenous entrepreneurs through

narratives, interviews and ethnography.

Khan (2014) conducted the first study on the Kalash community of northern Pakistan, an

indigenous tribe living in villages located in three isolated mountains: Bumburet, Rumbur

and Birir. The Kalash community is an indigenous tribe that has preserved its own culture

largely as a result of its remote location. In the study, Khan highlighted the ancestral culture

and traditional practices of Kalash peoples characterized by an agro-pastoral division of

labor and a pastoral subsistence economy. With case study analysis and in-depth interviews

taking the narrative forms of entrepreneur’s experiences and practices, the researcher

attempted to explore the entrepreneurship world of this remote community. The researcher

also emphasized the importance of reconciling cultural heritage with modernism and

concluded with the challenges facing the development of entrepreneurship in remote areas.

Mason, Dana and Anderson (2008) analyzed entrepreneurship in Coral Harbour, a remote

community in Nunavut, Canada. In this study, the authors investigated whether, for

communities in these remote contexts where employment prospects are low and

infrastructure and services are limited, entrepreneurship provides a means of self-sufficiency.

The research design consisted of observing participants, conducting in-depth interviews and

involving community members in the overall research process. Using these methods, the

authors observed that entrepreneurship in this remote community was generally represented

by self-employment that relied on natural and knowledge resources traditionally available in

the community. For example, the researchers described the preparation of certain products,

sculptures, rings and clothing, as representative of the community’s commercial activities. In

the analysis, the authors outlined how these products are the results of a specific cultural

heritage and that the indigenous business and knowledge is transmitted from family to

family.

In a remote community in Nunavut, Arviat, Dana and Anderson (2011) found that the

community mainly consisted of indigenous Inuit inhabitants. In this context, entrepreneurial

Page 54: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

37

activity consisted of subsistence activities based on fishing, hunting and trapping. Mason and

her colleagues (Mason, et al., 2009) in their study in Rankin Inlet, a remote community in

Nunavut, recognized the existence of some formal businesses in the community. However,

they emphasized that informal entrepreneurship in the form of commercial transactions that

are not legally structured and subsistence self-employment activity where there is no

commercial transaction are prominent in the community.

Fuller, Buultjens, and Cummings (2005) analyzed the viability of an indigenous business

development operated by an indigenous clan in Ngukurr, a remote Indigenous community in

northern Australia. The authors concluded that the cultural values, the traditions of

indigenous peoples, and their attachment to their land need to be considered as a priority in

the business development practices of indigenous entrepreneurs.

The remote indigenous entrepreneurship model is characterized by the dominant paradigm

of the indigenous cultures, where, due to the remoteness of these communities, there is

minimal opportunity for mainstream culture to influence indigenous cultures or expressions

of indigenous entrepreneurship. While the socio-cultural isolation of certain indigenous

communities from mainstream communities makes it easier to preserve indigenous culture

and ways of life, it also hinders entrepreneurial activities due to a lack of clients and the

means for entrepreneurial development. When indigenous peoples reside in remote areas,

the lack of mentors, market opportunities and the appropriate infrastructure for

entrepreneurial development is evident. Thus, entrepreneurship mainly takes the form of

self-subsistence (Mason, et al., 2009). Therefore, the remoteness of some indigenous

communities deprives many, if not most, entrepreneurs of the necessary tools for their

entrepreneurial activities in the modern conception of the term.

Rural Indigenous Entrepreneurship Model

The rural indigenous entrepreneurship model represents an intermediate step between the

urban indigenous entrepreneurship model and the remote indigenous entrepreneurship

model. This rural model is specific to indigenous communities localized in rural contexts,

where the way of life combines tradition and modernity (Dana, 2008; Lee-Ross & Mitchell,

2007).

Page 55: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

38

In his study on indigenous entrepreneurship in rural villages in Papua New Guinea, Curry

(2005) analyzed how the social embeddedness of indigenous businesses in rural contexts

affects the insolvency of indigenous enterprises. In doing this, the author outlined the

importance of the indigenous logic of exchange (gift exchange) and the importance of

indigenous social dimensions in shaping indigenous small businesses. Using two case studies,

the author concluded that in rural communities, the logic of profit accumulation is still

subordinated to the indigenous logic of exchange and the community’s social rules. These

two dominant factors, therefore, affect indigenous business relationships and practices.

Functioning between subsistence and capitalism, indigenous businesses in rural areas have

objectives that are broader than economic interests.

Cahn (2008) conducted a similar case study on micro-enterprises in certain rural indigenous

communities in the country of Samoa, the Pacific Islands. In this study, Cahn explored the

relationship between indigenous entrepreneurship and the Samoan culture and way of life,

called fa’a Samoa, to understand the sustainability of micro-enterprises. The researcher

argued that harmonization between the indigenous way of life and small businesses is

important to ensuring the sustainability of the enterprises. In indigenous communities where

indigenous exchanges prevail between community members, the enterprises achieve both

economic and noneconomic outcomes. Moreover, in the rural context, entrepreneurial

activities can be collectively organized because the entire community becomes the

entrepreneur and the goals of the entrepreneurial activities are the community’s goals. In this

case, rural entrepreneurial activities are mostly community-oriented.

In his study on how globalization affects local indigenous enterprise development in the

south Indian state of Karnataka, Brouwer (1999) emphasized this community aspect and

demonstrated the importance of indigenous values for indigenous entrepreneurs. The author

affirmed that the perspectives in India’s internal regions differ considerably from those in

the coastal regions. This is reflected in entrepreneurial activities that are based on the logic of

social exchange.

In a study on entrepreneurship in the Masaai indigenous tribe in Kenya, Africa, Ndemo

(2005) analyzed how the changes imposed by modernity, for example the modernization of

land, affect the Masaai peoples’ entrepreneurship behavior. The Masaai community has

Page 56: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

39

traditionally been organized into a pastoralist communal system with a semi-nomadic

lifestyle. The researcher investigated how the Masaai people perceived the transition from

pastoralism to modern entrepreneurship because the Maasai people’s traditional economic

system is different from the national market economy. One hundred and thirteen enterprises

located in different Masaai districts were sampled for the survey. The researchers analyzed

the enterprises using the modern conception of entrepreneurship development, including

opportunity recognition, small business management and orientation to success. The

research results showed that even when the Masaai peoples are motivated and encouraged to

be entrepreneurs, their indigenous culture remains the most important factor.

Indigenous peoples living in rural areas face social and economic changes. Chan and

colleagues (Chan, Iankova, Zhang, McDonald & Qi, 2016) highlight this aspect in the study

on tourism gentrification in indigenous rural areas that they conducted in China. The

indigenous Hani and Yi communities in the Honghe Hani Rice Terraces in the Yunnan

Province of southern China have maintained the rice-terrace ecosystem for years, as a local

cultural practice for subsistence. The development of tourism and the related gentrification

in this rural area has brought changes and challenges to the traditional way of life for these

indigenous peoples.

April (2008) analyzed the entrepreneurial activities of two indigenous groups located in two

different countries: the Khoi-Khoi of Namibia, a subtribe of the San people, and the Ngai

Tahu peoples, a subtribe of the Māori of New Zealand. These two indigenous groups live in

different socio-cultural contexts. However, both must navigate the tension between

individualism and collectivism regarding entrepreneurial activities, based on the resources of

their lands for subsistence. The study recognized the importance of culture to these two

indigenous groups, and the researchers investigated how their cultural values can motivate

entrepreneurial activities.

Pascal and Stewart (2008) recognized the importance of a community’s geographical

position. In their study on Native American entrepreneurship, they analyzed the relationship

between indigenous firm performance and proximity to economic clusters. As many Native-

American reservations are located in rural areas, the study’s conclusion suggested that

economic clusters in urban areas affect indigenous firm performance.

Page 57: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

40

A Comparative Analysis of Indigenous Entrepreneurship Models

The three indigenous entrepreneurship models that were collectively identified, urban,

remote and rural, represent the different features and practices of indigenous

entrepreneurship in these diverse geographical contexts. As previously mentioned, the

localization of indigenous communities determines the degree of external cultural impact on

indigenous values, entrepreneurial behavior and outcomes. This is also reflected in the

theoretical perspectives and different methodologies researchers use to study indigenous

entrepreneurship according to these contexts or localizations that traverse national borders.

Therefore, the relationship between indigenous entrepreneurship, the contextual location of

the community and the theoretical perspectives informing these studies contributed to the

identification of indigenous entrepreneurship models’ elements and outcomes.

Overall, Tapsell and Woods (2010) highlighted that context has often been overlooked when

it comes to indigenous entrepreneurship, especially in relation to identifying the

opportunities that underpin entrepreneurial activities. In fact, not only is opportunity

affected by cultural perception, but it is also determined by socio-cultural context and

location. For this reason, entrepreneurial experiences, opportunities and outcomes in urban,

remote and rural contexts differ. Therefore, in the analysis of indigenous entrepreneurship

models, localization is not the only important variable. It represents a starting point for

capturing the reality of indigenous entrepreneurship.

According to the analysis of the literature systematically reviewed, the urban and remote

indigenous entrepreneurship models represent opposite ends of the spectrum. The

localization of indigenous communities is an important consideration (Reihana, Sisley, &

Modlik, 2007), as an urban location can influence the opportunity to create a business and

ensure its development, according to the modern conception of business and

entrepreneurship. This is mostly specific to the urban indigenous entrepreneurship model,

where proximity to the modern world influences the entrepreneurial outlook and motivation

for profit of indigenous individuals and communities. The theoretical perspectives on

entrepreneurship that researchers have adopted when studying indigenous entrepreneurship

in urban contexts consider the proximity to modernity and formal business creation models.

Page 58: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

41

In contrast, the remote indigenous entrepreneurship model describes entrepreneurship in

indigenous communities that are connected to the traditional indigenous way of life and still

isolated from modernity. In these remote contexts, the indigenous peoples continue

practicing subsistence activities.

As an intermediate step between these two models, the rural indigenous entrepreneurship

model describes communities that are based mainly on pastoralism and practice a way of life

that is connected to the land and the resources it provides. Even though the indigenous

peoples living in these rural locations tend to practice a modern form of entrepreneurship,

they face social and economic challenges and operate at the interface between the modern

and the traditional way of life. At the same time, it also represents the interface between

urban and remote indigenous entrepreneurship research perspectives. For example,

researchers that focus on rural indigenous entrepreneurship focused both on the enterprises,

from a modern perspective, and on the culture of indigenous peoples, from an indigenous

perspective. The characteristics of each model are summarized in Table 5.

Table 5, Indigenous entrepreneurship models specificities

Urban Indigenous

Entrepreneurship

Rural Indigenous

Entrepreneurship

Remote Indigenous

Entrepreneurship

Modernity Modernity/ Tradition Tradition

Opportunity oriented Both Necessity oriented

Hybrid culture Indigenous Culture Indigenous Culture

Individual Community Community/Tribe

Profit Non profit Subsistence

The characteristics of each of the indigenous entrepreneurship models proposed represent

important criteria for analyzing contextualised indigenous entrepreneurship that should be

developed into an authentic indigenous entrepreneurial ecosystem approach. Recently,

entrepreneurship studies (e.g., Minimala & Wasdani, 2015) have shown the importance of

the entrepreneurial ecosystem approaches based on a systemic approach to entrepreneurship

that recognize the importance of the environment in entrepreneurial development. This field

sees, therefore, entrepreneurial activity as an individual’s “response” to their entrepreneurial

Page 59: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

42

environment rather than an individual “action” analyzed from a micro perspective that

focuses exclusively on the attitude and behavior of the individual entrepreneurs. Even

though the concept of entrepreneurial ecosystems conceived on the notion of territoriality

has only been applied to regions, nations and countries (e.g., Acs, Autio & Szerb, 2014; Kim,

Kim, & Yang, 2012), the concept has not yet been explored in reference to socio-cultural

contexts or locations of indigenous communities. This could represent a conceptual

opportunity to explore the applicability of the three indigenous entrepreneurship models

presented in this study to the development of an indigenous entrepreneurial eco-system

approach.

Also, the results of this systematic literature review call into question the definition of

indigenous entrepreneurship, adopted by the scientific community and mainstream academy,

specifically that it is “the creation, management and development of new ventures by

Indigenous peoples for the benefit of Indigenous peoples” (Hindle & Lansdowne, 2005:

132). From a critical perspective of indigenous entrepreneurship, this definition is influenced

by the western paradigm of entrepreneurship that sees the creation of businesses as the

successful expression of indigenous entrepreneurship. However, the results of this

systematic review of literature and the analysis of these three proposed models of indigenous

entrepreneurship demonstrates that this conception does not correspond to the full reality of

indigenous entrepreneurship, specifically with respect to the remote and rural contexts

studied. Indigenous entrepreneurship research is characterized by the complexity of

indigenous peoples and the theoretical and methodological approaches used to analyze

indigenous entrepreneurship processes, experiences, outcomes and opportunities.

CONCLUSION

The objective of this systematic review was to analyze and integrate the existing international

literature on indigenous entrepreneurship in order to identify models of indigenous

entrepreneurship that were contextualized. Three indigenous entrepreneurship models,

namely urban, rural and remote, were proposed and illustrated through the relationship

between the localization of the indigenous communities and indigenous peoples in relation

to mainstream communities and the theoretical/methodological perspectives adopted in

indigenous entrepreneurship research. The localization of indigenous peoples in urban,

Page 60: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

43

remote or rural contexts combined with the use of diverse theories and methodologies

determined how the development and characteristics of indigenous businesses and

entrepreneurial activities were interpreted and explained.

The results of this systematic review provide an integrative conceptual framework for the

development of indigenous entrepreneurship research. So far, indigenous entrepreneurship

has mainly been approached and analyzed as a phenomenon that is different than

mainstream entrepreneurship, but also as a uniform phenomenon with its own ‘one-size-fits-

all’ framework. The results of this systematic review contradict this assumption of

indigenous entrepreneurship and demonstrate that indigenous entrepreneurship should not

be analyzed as a homogeneous phenomenon. The complexity and the diversities of

indigenous contexts, indigenous entrepreneurs and indigenous businesses should be further

developed and considered in the research of typologies of indigenous entrepreneurship.

Beyond the inter-societal level of analysis, which relates to the fact that indigenous peoples

represent a minority of the total population and share common challenges, the intra-societal

indigenous economic, structural and economic diversities among indigenous peoples must

also be considered when developing indigenous entrepreneurship conceptual frameworks.

The contextualized/localized classification of indigenous entrepreneurship models proposed

in this article is one step in this direction. Moreover, the three indigenous entrepreneurship

models proposed in this review show the constructed nature of entrepreneurship models,

which varies on a continuum from indigenous entrepreneurship which reflects the formal

enterprise from the point of view of the western conception of entrepreneurship, to

indigenous entrepreneurship which represents the traditional entrepreneurial activities

related to indigenous cultures and ways of life. According to the three different localizations,

indigenous entrepreneurship is analyzed from a western assumption of entrepreneurship in

relation to the modern market economy system instead of an indigenous assumption of

entrepreneurship related to the traditional indigenous economic system.

Therefore, this systematic review’s main contribution to theory and practice is in bridging

the fragmentation that currently exists in the indigenous entrepreneurship field. This is done

through the proposal of a different classification of indigenous entrepreneurship models

based on the contextualization and localization of the studies as urban, remote and rural.

Page 61: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

44

This classification needs to be explored further by developing conceptual dimensions and

examining the applicability of these models in various indigenous communities and

entrepreneurial endeavors. Moreover, depending on the different localizations of indigenous

communities, such studies could focus on indigenous businesses and small enterprises or on

indigenous entrepreneurial activities. A more sophisticated articulation of these activities

needs to be further explored for the advancement of the field. Also, the importance of the

localization of indigenous peoples and communities on the development of different

indigenous entrepreneurial forms suggests that indigenous entrepreneurship should be

further explored through the concept of indigenous entrepreneurial ecosystems, including

the notion of territoriality and resources available in urban, rural and remote contexts.

Concerning the practical contributions, the classification proposed may help policy makers

develop programs tailored more effectively to the contexts within which indigenous peoples

live and function as indigenous entrepreneurs. Following the results of this systematic

review, this is particularly relevant as access to finance is not the only effective measure for

meeting the needs of all indigenous entrepreneurs. This is because, depending on the urban,

rural, and remote entrepreneurship models, indigenous entrepreneurial development needs

can vary. For example, the governmental strategies adopted for indigenous peoples in urban

contexts may not be effective for communities in rural or remote contexts because these

communities conceive of and practice indigenous entrepreneurship differently.

The policies implemented therefore, must understand and acknowledge the authentic forms

of indigenous entrepreneurship in various locations and indigenous contexts and examine

the potential of certain assimilative policies. Therefore, contingent approaches for

indigenous entrepreneurship development could be proposed on the bases of the

localization and structure of the indigenous communities around the globe. Consideration

must also be given to diversifying the programs and initiatives offered to the variety of

indigenous entrepreneurs according to the three indigenous entrepreneurship models

proposed in this study.

Regarding future research avenues, a broader systematic review of literature could be

considered that includes academic literature on indigenous entrepreneurship that falls

outside of mainstream ‘quality’ sources (i.e., ABDC ranking). This may provide a wider

Page 62: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

45

range of literature to explore and understand the conceptualization and practice of

indigenous entrepreneurship in order to test the face validity and applicability of contextual

classifications of indigenous entrepreneurship models proposed in this study. A qualitative

meta-analysis could also be an important step to broadening the analysis according to the

three models identified. Above all, what this study has confirmed is that it is important to

contextually analyze indigenous entrepreneurship as an outcome of the relationship between

indigenous peoples, indigenous cultures and the environments in which they live.

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Page 67: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

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CHAPITRE 3

ENTREPRENEURIAT AUTOCTHONE :

PERSPECTIVE NATIONALE

Le troisième chapitre 7 fait suite au premier article sur la littérature internationale sur

l’entrepreneuriat autochtone et présente une analyse contextuelle de l’entrepreneuriat

autochtone à l’échelle nationale et dans le contexte canadien, plus particulièrement. Il a

comme objectif de prendre en compte les particularités qui peuvent exister au pays en ce qui

a trait aux pratiques liées à l’entrepreneuriat autochtone. Une revue de littérature qui a été

mené sur l’entrepreneuriat autochtone dans le contexte canadien a permis de faire émerger

ses particularités et de cibler trois dimensions de la diversité : 1) la dimension socioculturelle;

2) la dimension institutionnelle; 3) la dimension financière. L’analyse présentée dans le

présent chapitre a fait l’objet d’une publication dans un ouvrage collectif portant sur la

diversité, l’inclusion et le management dans les perspectives nationales. Ce chapitre est

reproduit dans la présente thèse avec l’autorisation de son éditeur, Emerald Publishing

Limited 8.

3.1 Introduction générale

La question de l’entrepreneuriat autochtone soulève une certaine complexité dans son

analyse, non seulement parce qu’elle est liée aux questions du développement

socioéconomique, mais aussi parce qu’elle est conditionnée par plusieurs aspects

sociopolitiques. En effet, dans certains contextes, notamment celui du Canada,

7Croce, F. (2019). Indigenous Entrepreneurship (IE), Society and the Dimensions of Diversity: An Overview of the Canadian National Context, in: Georgiadou, A., Gonzalez-Perez, M.A. and Olivas-Lujan, M.R. (dir.). Diversity within diversity management: Country-based perspectives. Advanced Series in Management. Emerald Group Publishing. DOI of the chapter: 10.1108/S1877-63612019000002101. 8 Le chapitre est © Emerald Publishing Limited et la présente version a été autorisée à apparaître dans cette thèse. Emerald n’accorde pas la permission de copier, distribuer ou héberger ce chapitre ailleurs sans l’autorisation expresse d’Emerald Publishing Limited.

Page 68: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

51

l’entrepreneuriat autochtone est conditionné par les traités et les revendications territoriales

qui lient les autochtones comme les allochtones (Asch, 1997; Belanger, 2008), par les aspects

relatifs à la gouvernance (Anderson et Giberson, 2003) et par plusieurs aspects législatifs (Loi

sur les Indiens, 1876), lesquels déterminent un ensemble de règles normatives et

institutionnelles (Bherer, Gagnon et Roberge, 1989) ayant un impact considérable sur les

pratiques des entrepreneurs autochtones à l’intérieur et à l’extérieur des réserves.

Enfin, le chapitre fait suite à l’analyse proposée dans la revue systématique en entrepreneuriat

autochtone et a pour but de dépasser, du point de vue de l’analyse, les généralités inhérentes

aux trois modèles entrepreneuriaux autochtones présentés dans la revue systématique. Ainsi,

le chapitre analyse les particularités du phénomène à l’échelle nationale. À la suite d’une

revue de littérature propre au contexte canadien, trois dimensions de la diversité inhérente à

l’entrepreneuriat autochtone au Canada ont été cernées : la dimension socioculturelle; la

dimension institutionnelle et la dimension financière. En conclusion, le chapitre dévoile des

pistes de recherche possibles sur le sujet.

3.2 « Indigenous Entrepreneurship, Society and the Dimensions of Diversity:

An Overview of the Canadian National Context »

Indigenous groups make up a minority of the peoples living on the five continents (United

Nations, 2009). They are identified as the first inhabitants of a territory and have experienced

colonization (Peredo, Anderson, Galbraith, Honig and Dana, 2004). As a consequence of

this process of colonization and domination, indigenous peoples still face discrimination and

social barriers in various contemporary societies (Dana and Anderson, 2007).

From a sociocultural standpoint, there is great diversity among indigenous groups (United

Nations, 2009). This high level of diversity renders the classification of indigenous peoples

rather complex. The United Nations recognizes about 5000 indigenous groups globally

(United Nations, 2009). Thus, there are so many indigenous groups, representing so many

cultures, languages and indigenous identities, that according to the United Nations, the issue

is better considered in terms of self-identification in which indigenous peoples identify

themselves as being part of an indigenous group (United Nations, 2009).

Page 69: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

52

Importantly, regarding indigenous peoples, diversity is not only inherent to the differences

between indigenous groups and indigenous cultures, but also to the national context in

which indigenous peoples are situated. Indigenous groups are found in both developing

countries in Africa and Asia and in developed countries such as Canada, Australia and the

United States. These countries vary greatly in terms of economic growth, socio-economic

development and institutional orientation.

As a consequence, when conducting a sociological analysis of the issues facing indigenous

peoples, some structural features must also be considered in the contextual analysis in order

to consider the different national global contexts. Despite sharing a common experience of

discrimination, colonization and abuse, we must keep in mind certain historical aspects

regarding the different ways indigenous peoples have evolved depending on their specific

country (e.g. Armitage, 1995) and which still affect how indigenous peoples live in these

countries and practice entrepreneurship. While IE refers to globally recognized

entrepreneurial practices (Croce, 2017; Dana and Anderson, 2007), there are certain unique

features in each nation depending on the social aspects and structural factors of the societies

at the national level.

IE in Canada is a growing entrepreneurial phenomenon (Canadian Council for Aboriginal

Business, 2016 ; Flanagan, Alcantara and Le Dressay, 2010) and the government supports it

(e.g. Aboriginal Business and Entrepreneurship Development -ABED - Indigenous and

Northern Affairs Canada).

The current IE boom has been identified as a strategy for improving the condition of

aboriginal peoples all across the country. In fact, in recent years, there has been a growing

interest in the situation of Aboriginal peoples in Canada and entrepreneurship seems to

provide a potential solution for indigenous peoples who are still facing poverty and social

discrimination (e.g. Anderson, 1999; 2001). Inspired by this emerging phenomenon and its

importance in the Canadian context, this paper aims to explore how diversity in this

particular context affects the practice of IE.

Page 70: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

53

Thus, this chapter aims to offer an overview of IE in the specific context of Canada. Even

though IE is practised everywhere and certain global entrepreneurial models have been

identified (e.g. Croce, 2017), IE must also be analyzed and contextualized in the specific

frameworks that are represented by the national contexts globally.

There are some specific features that indigenous entrepreneurs face and non-indigenous

entrepreneurs do not. Taking into account diversity in the particular Canadian context,

which is identified across three dimensions: 1) the cultural dimension; 2) the institutional

dimension and; 3) the financial dimension, a contextual analysis is offered in this chapter for

the Canadian context.

After the introduction, this chapter is organized as follows: The first section introduces IE

research and demonstrates how this research theme has been incorporated into the scientific

literature on entrepreneurship and how it has managed to distinguish itself as a research

field. The second section introduces the main indigenous groups of Canada, the Canadian IE

perspective and the three dimensions of diversity. In the discussion, the relationship and

interactions between these dimensions are analyzed in relation to IE in the Canadian

context. This chapter’s main contribution is to explore the IE frameworks at the national

level. In the conclusion, research avenues and limitations will be explored.

Indigenous Entrepreneurship (IE) Research Area

In the literature, IE has been defined as “the creation, management and development of new

ventures by Indigenous people for the benefit of Indigenous people” (Hindle and

Lansdowne, 2005: 132). According to this definition, IE is an entrepreneurial business

venture adopted by a particular category of people, indigenous people, for the purposes and

objectives of indigenous peoples. Even so, it has been argued that IE goes beyond this

restricted definition and also encompasses the traditional economic activities of indigenous

peoples other than simple business creation (e.g. Croce, 2017; Dana and Anderson, 2007).

Even though it represents a recent research topic, the analysis of IE in the literature is not

new. The first IE studies appeared in the past two decades (e.g. Anderson, 1997, 1999, 2002;

Anderson, Honig and Peredo, 2006; Dana, 1995; 1996; 2007; 2010; Dana and Anderson,

Page 71: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

54

2007; Foley, 2003; 2008). From a practical perspective, these first IE studies focused on the

socio-political attention dedicated to indigenous peoples. In fact, indigenous peoples still

face difficult living conditions and social problems including marginalization, language

barriers, poverty, violence, low educational attainment, abuse and land grabbing (e.g. Wood

and Davidson, 2011). The major international development organizations, such as the

United Nations and the World Bank, have also recognized the importance of indigenous

issues worldwide.

Within IE, therefore, entrepreneurship is identified as a lever for socio-economic

development of this population (Anderson, 2001; Hindle and Lansdowne, 2005; Hindle and

Moroz, 2009; Peredo et al., 2004). For example, the Harvard Project on American Indian

Economic Development (1987), set up by two professors from Harvard University (Cornell

and Kalt, 2007), aimed to understand the determining factors for the socio-economic

development of indigenous communities in the United States.

Beyond the socio-political circumstances that contribute to the emergence of IE’s analysis,

another aspect can be established to contextualize IE’s origin at the theoretical level. Over

the last two decades, the research theme of Social Entrepreneurship has emerged (e.g.

Austin, Stevenson and Wei-Skillern, 2006; Johnson, 2000; Peredo and McLean, 2006;

Roberts and Woods, 2005; Zadek and Thake, 1997), which is defined as entrepreneurial

activities with social objectives (Fayollle and Matlay, 2010) or with a social mission (Peredo

and McLean, 2006). Therefore, SE differs from commercial entrepreneurship because, while

commercial entrepreneurs have a financial goal, social entrepreneurs have a social goal

(Austin et al., 2006; Roberts and Woods, 2005).

SE has emerged as a new approach to addressing the social problems of populations and to

cope with reduced funding for public initiatives (Johnson, 2000). A social enterprise is a

business which may conduct lucrative activity but whose goal is to meet the needs that the

entrepreneurs have identified within society. In sum, the main characteristic of social

entrepreneurship is the creation of social value rather than economic value at the individual

level (e.g. Zadek and Thake, 1997). As IE seems to focus on the socio-economic

development of indigenous communities, IE can be contextualized within the broader

Page 72: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

55

research theme represented by SE. For example, Tapsell and Woods (2008; 2010) have

argued that IE has an important role to play in the theoretical development of SE.

Anderson, Honig and Peredo (2006) explained that IE is a form of entrepreneurship that

exists at the intersection of social and economic entrepreneurship.

The Aboriginal Peoples of Canada: Society and Diversity within Diversity The Canadian constitution (1982) recognizes three groups of Aboriginal peoples, the Indian,

the Metis and the Inuit peoples of Canada. According to Statistics Canada (2016), Aboriginal

peoples represent about 4.9% of the total Canadian population. The majority of Aboriginal

peoples in Canada identify as First Nations, totalling about 977, 230 (Statistics Canada,

2016). The Metis represent about 587,545 people (Statistics Canada, 2016) followed by the

Inuit, who make up a minority at 65,025 (Statistics Canada). The majority of First Nations

people hold registered Indian status and live on reservations (Statistics Canada, 2016). Most

Inuit people live in the Inuit Nunangat in the four Inuit regions of Northern Canada,

specifically, Nunavut, Nunavik, Inuvialuit and Nunatsiavut.

Even though indigenous groups represent a minority of Canadians, they also represent a

growing population when compared to the non-indigenous population (Statistics Canada,

2016). According to Statistics Canada, from 2006 to 2016, the indigenous population

increased by 42.5%. Moreover, this population is also young, with an average age of 32 years

old (Statistics Canada, 2016). Within these groups, there is also great linguistic diversity:

more than 70 indigenous languages are spoken across Canada (Statistics Canada, 2016).

Canada is home to over 50 First Nations groups and more than 630 First nation

communities (Indigenous and Northern Affairs Canada website - Government of Canada).

Indigenous peoples are part of Canada’s history (e.g. Morton, 2017). Specifically, this history

was one of colonization regarding the indigenous peoples within the Canadian society and

the assimilation policies that have been implemented. The cultural appropriation inherent to

the colonization process (Henderson and Wakenham, 2009) was represented by a policy of

Indian assimilation and Indian protection (Leslie, 2002). However, this process of

colonization has been considered a form of cultural genocide (MacDonald, 2007).

Indigenous residential schools – IRS - (MacDonald, 2007; Stanton, 2011) were established

Page 73: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

56

(from the mid 1880s until the 1970s) which housed more than 100,000 indigenous children

(MacDonald, 2007). The Royal Commission on aboriginal Peoples and Truth and Reconciliation

Commission of Canada (TRC) is a commission established for the purpose of documenting the

impact of residential schools (Niezen, 2013).

The Indian Act passed in 1876 and still in effect today, had a complex evolution (Leslie,

2002). With the Indian Act, the government outlined the criteria an individual must meet to

be considered an Indian and hold Indian status. It also outlined the legal rights accorded to

Indians and the administration of reserves with the formation of Band Councils. However,

the Indian Act does not apply to the Inuit or Metis peoples, even though the Canadian

constitution recognizes three groups of Aboriginal peoples (Indians, Metis and Inuit). Inuit

peoples have a long history of land claims and striving for self-determination (e.g. Dahl,

Hicks and Jull, 2000) whereas the Metis have been also recognized as Aboriginal peoples of

Canada (e.g. Andersen, 2011).

Regarding the practice of entrepreneurship, how is this practice shaped by the diversity

represented among the Aboriginal peoples of Canada as compared to the non-indigenous

population? How does the history of indigenous peoples and their colonization still affect

the current expression of this entrepreneurship? The answers to these questions are complex

when considering the diversity within diversity that defines the indigenous peoples of

Canada. Nonetheless, it is possible to offer an overview of IE in Canada that takes into

account the scope of this diversity and its multiple dimensions in society. When analyzing

IE, diversity is not only a key concept because of the diversity among indigenous peoples,

but also because of the historical and structural features of the context in which they are

located.

Thus, this chapter provides a contextual analysis. Indigenous peoples represent diversity

within Canadian society, and this diversity has been analyzed at different levels. The

dimensions of diversity have been taken into consideration to offer an overview for the

analysis of IE that could serve further discussions and inform the management of diversity

regarding IE across national contexts. A review of the literature has revealed specific

dimensions. When these are examined individually and together, they offer a unique analysis

Page 74: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

57

and perspective of IE in the Canadian context which takes into account both the ambitions

of indigenous entrepreneurs as individual and the features of the context in which they live.

These features are the outcomes of history, the process of colonization and the concrete

opportunities indigenous peoples have for practising IE across the national contexts.

The Socio-Cultural Dimension o f IE in Canada

Despite the differences between the aboriginal groups living in Canada (Statistics Canada,

2016), these three groups share some common challenges within Canadian society. As in

almost every society where indigenous peoples live, indigenous peoples must strive for their

rights and self-determination. The issue of recognition as indigenous peoples within

Canadian society is also very important (e.g. Coulthard, 2007). When it comes to IE in

Canada, one of the most important aspects to highlight is the sociocultural aspect affecting

its expression. Aboriginal peoples have undergone a process of colonization which has led

them to a condition of marginalization and inferiority over the years.

In fact, IE in the contemporary Canadian context has been identified as a strategy for

indigenous communities to overcome the poverty they face (e.g. Anderson and Giberson,

2003). This is connected to the social situation experienced by the majority of the Aboriginal

peoples of Canada, specifically, the First Nations living on Indian reserves. The indigenous

peoples of Canada also still face discrimination and marginalization resulting from structural

barriers in society (e.g. Barsh, 1994). Therefore, the first dimension that emerges in the

analysis of IE in the Canadian context is the sociocultural dimension.

In both their practices and outlook, indigenous and non-indigenous entrepreneurs differ

with respect to entrepreneurship. Many studies support the assertion that indigenous

entrepreneurs are influenced by their values, norms and worldviews (e.g. Dana and

Anderson, 2007).

Although there are many indigenous cultures in Canada, they share a particular worldview

and certain common values. Indigenous entrepreneurs seem to be mainly motivated by non-

economic factors rather than economic ones (Lindsay, 2005). In this perspective, for

indigenous entrepreneurs the well-being of community members is more important than

individual profit (e.g. Anderson and Giberson, 2003). Indeed, one of the main motivations

Page 75: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

58

identified is to ensure socio-economic development to improve living conditions and

promote social well-being and a sense of belonging in their communities (Lindsay, 2005;

Lituchy et al., 2006; Tapsell and Woods, 2008b; Wood and Davidson, 2001).

Entrepreneurship is linked to indigenous identities and there is a need to support IE while

respecting indigenous values and cultures (e.g. Chapman, McCaskill and Newhouse, 1992;

Gallagher and Lawrence, 2012). It is also important for indigenous peoples to see how their

values can take shapes through indigenous business development (e.g. Anderson and

Giberson, 2003; Anderson, Kayseas, Dana and Hindle, 2004).

The Inst i tut ional Dimension o f IE in Canada

Another important aspect affecting the expression of IE in Canada relates to the political

dimension. Some Aboriginal peoples in Canada (except for the Inuit, Metis and non-status

Indians) are still subject to the Indian Act, created in 1876 by the Canadian Parliament under

the British North America Act of 1867. The Indian Act defines the Indian status, their legal

rights and the administration of reserves with the establishment of Band Councils, which

replaced the various forms of indigenous governments that existed prior to colonization.

With the creation and establishment of the Band Council (1867), the government affected

indigenous entrepreneurial development. Bherer and colleagues (Bherer, Gagnon and

Roberge, 1989) explained some of the institutional constraints associated with IE in Canada,

including the Indian Act and its economic and legislative implications, highlighting how the

legislative framework had an enormous impact on the lives of indigenous entrepreneurs. For

example, the Band Council influences the entrepreneurial activities and choices of individual

entrepreneurs because in certain remote communities, it acts as a collective entrepreneur by

setting up business communities (Bherer et al., 1989). The Band Council can play an

important role in land claims and bargaining processes that result in significant economic

spin-offs for these indigenous business communities (Anderson et al., 2004). Another

important issue is access to the land and property held by the Band Council and the limited

space on the reservations (Cachon, 2000).

Governance and political aspects that affect IE include Band Councils that influence

Page 76: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

59

entrepreneurial activity at different stages (Kayseas, Hindle and Anderson, 2006; Bherer,

Gagnon and Roberge, 1989), as the lack of community support for business creation

projects (e.g. Weir, 2007). Regarding the Indian Act, it curbs off-reservation aboriginal

economic contributions because it limits commercial transactions and loans (Kayseas, Hindle

and Anderson, 2006). For example, because of the unseizable goods on the reserves, it is

difficult for indigenous entrepreneurs to obtain a bank loan from conventional financial

institutions (Kayseas et al., 2006). Entrepreneurship for the Aboriginal peoples of Canada is

therefore limited by property rights issues (Flanagan, Alcantara and Le Dressay, 2010).

The Financial Dimension o f IE in Canada

When it comes to entrepreneurship, access to both social and financial capital is important

for entrepreneurs. However, the Aboriginal peoples of Canada still have limited access to

information networks on business opportunities specific to aboriginal entrepreneurs and

social capital (e.g. Cachon, 2000). In addition, Aboriginal peoples also face significant

barriers accessing financial capital (e.g. Ketilson, 2014; Ferrazzi, 1989; Lituchy et al., 2007).

Literature underlines that access to capital and funding opportunities represents one of the

major barriers to IE in Canada (Anderson, 2002; Lituchy et al., 2007; Ferrazzi, 1989;

Ketilson, 2014; Weir, 2007) as this involves access to traditional financial banking systems

and attracting investors onto reserves (e.g. Cachon, 2000). This is because the unseizable

goods on the reservation make it difficult for aboriginal entrepreneurs to obtain a bank loan

from conventional financial institutions (Cachon, 2000; Kayseas, Hindle and Anderson,

2006).

Regarding access to capital, resources and expertise, partnership with non-aboriginal

institution seems to present a good solution (e.g. Ferrazzi, 1989; Boyd and Trosper, 2009).

Even though indigenous entrepreneurs have limited access to funding when compared to

non-indigenous entrepreneurs across the country, there are some specific institutions, such

as the Aboriginal Financial Institutions, that provide financial access to indigenous

entrepreneurs (Indigenous and Northern Affairs Canada). However, access to funding still

remains one of the main issues that must be improved when it comes to aboriginal

businesses in Canada (Canadian Council for Aboriginal Business, 2016).

Page 77: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

60

Discussion

This chapter has provided an analysis of IE in the Canadian context that considers the

diversity, sociocultural, institutional and financial dimensions. This analysis supports the idea

that IE should be analyzed in a systemic and contextualized manner (e.g. Hindle, 2010;

Welter, 2006) and should be thought of as a process.

In reference to the World Bank’s definition, Peredo and colleagues (2004) point out specific

factors that need to be considered when it comes to indigenous peoples. These include a

“close attachment to ancestral territories and the natural resources in them; 2) the presence

of customary social and political institutions; 3) economic systems primarily oriented to

subsistence production; 4) an indigenous language, often different from the predominant

language and 5) self-identification and identification by others as members of a distinct

cultural group” (Peredo et al., 2004: 4).

Thus, beyond all of the cultural aspects specific to indigenous peoples and having a

significant impact on their entrepreneurial practices (Foley, 2008), it is important to take into

account the legislative, political and territorial aspects specific to certain indigenous

populations (e.g. Cornell and Kalt, 2000). IE in Canada is characterized by the complex

interaction of all of these aspects, which in one way or another, determine the choices made

by indigenous entrepreneurs or aspiring indigenous entrepreneurs and the development of

their business.

Above all, when it comes to IE, the developed economies paradigm as a base for

entrepreneurship needs to be reconsidered. This is because indigenous entrepreneurs are not

only creative individuals bringing innovation to the economy in the Shumpeterian sense -

tending towards opportunity identification, they are also individuals responding to personal

or social objectives.

The indigenous entrepreneur’s social and cultural environment can influence the form of

their entrepreneurship and the conception of the indigenous entrepreneur’s social desirability

(Bherer et al., 1989). In a way, this represents a paradigm shift when it comes to approaching

IE, as most entrepreneurial theories developed to explain entrepreneurial behaviour are not

Page 78: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

61

adequate for understanding IE.

Studies of IE have shown how the indigenous values, context and social norms influence the

concept of entrepreneurship, which seems to be more socially oriented than economically

oriented. For example, performance indicators (Djik, 1996), which are widely used in the

entrepreneurial literature, such as growth factors, turnover and number of employees, are

not very suitable for measuring the performance of some indigenous businesses. Indigenous

entrepreneurs do not necessarily have the same aspirations as non-indigenous entrepreneurs.

Lindsay (2005) notes that indigenous entrepreneurs accord importance to interpersonal

relationships and intangible values rather than to material values associated with wealth

accumulation. Thus, it is important to recall that even if indigenous entrepreneurs are

present on the five continents (Dana and Anderson, 2007) and different indigenous

entrepreneurial models have been identified (e.g. Croce, 2017), there are some differences

according to the national context. The financial and institutional dimensions analyzed in this

chapter are a good example of cross-countries potential differences.

Conclusion

This chapter offered an overview of IE in the national Canadian context, taking into account

this country’s history of colonization and its effects on contemporary Canadian society

regarding the practices of Aboriginal peoples. This is particularly true with respect to the

First Nations communities living on reserves. This analysis linked the sociological aspect of

IE to the interrelated historical, socio-cultural, political and financial dimensions.

However, the analysis presented in this chapter contains some limitations. Analyzing IE in

the specific Canadian context is complicated by the diversity between the Aboriginal groups

in this country. These include Indians - registered Indians and non-status Indians- Metis and

the Inuit. Additionally, the Indian Act still affects the practices of indigenous entrepreneurs,

particularly the First Nations peoples over of all living on the Indian reserves.

Future research should, therefore, attempt to provide a more in-depth dimensional analysis

including these three groups of indigenous peoples and analyzing the similarities and

differences between them. Exploring the above-mentioned dimensions within the three

Page 79: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

62

groups could be a good research avenue for better understanding IE in the Canadian

context, particularly regarding the Metis, non-status Indians and urban Aboriginals.

Nonetheless, analyzing the IE framework in contemporary societies is an interesting research

avenue that must be explored, not only to compare the differences between developing and

developed countries, but also within various developed countries. Therefore, a sociological

approach to IE is needed to have a better understanding of this phenomenon.

Beyond all cultural aspects specific to indigenous peoples and which have a significant

impact on entrepreneurial practices (Foley, 2008), it is important to take into account the

legislative, political and territorial aspects specific to certain indigenous populations (Cornell

and Kalt, 2000) and the socio-political mechanisms that differentiate indigenous populations

throughout the world. IE is characterized by the complexity of all these aspects, which in

one way or another determine the choices made by entrepreneurs or aspiring indigenous

entrepreneurs and the development of their businesses.

It can be concluded, therefore, that IE practises represent the visible part of the iceberg. The

multiple interrelated political dynamics and history are at the bottom. Thus, it is difficult to

understand IE without taking into account the history and socio-political aspects that

underlie this phenomenon. It is important to understand the colonial history in different

countries and the effect this history still has on IE. It has been argued that entrepreneurship

is not a universal phenomenon (Welter, 2011), and thus, exploring the dynamics that

influence the social construction of IE remains a fascinating research adventure, both for

developed and developing countries, where indigenous peoples are practising

entrepreneurship.

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CHAPITRE 4

ENTREPRENEURIAT AUTOCHTONE : PERSPECTIVE DE GENRE

Le quatrième chapitre, présente, quant à lui, un article de nature conceptuelle qui a été publié

en juin 2019 dans la revue académique Ethnic & Racial Studies9. L’article en question propose

une analyse de l’EFA comme thème de recherche émergent qui intègre à la fois la

perspective autochtone et la perspective de genre. Pour cela, cet article mobilise le cadre

théorique de l’intersectionnalité et de la positionnalité qui permettent de comprendre comment

plusieurs dimensions identitaires peuvent assumer certaines formes entrepreneuriales

uniques. Les outils analytiques mobilisés permettent d’intégrer plusieurs concepts, dans ce

cas l’identité de genre et l’identité autochtones, dans une seule dimension d’analyse. Cet

article propose, donc, de croiser les deux perspectives afin de dégager les particularités qui

sont propres à l’EFA.

4.1 « Indigenous women entrepreneurship : analysis of an emerging research

theme at the intersection of indigenous entrepreneurship and women

entrepreneurship»

While indigenous women represent one of the most socially marginalized populations in the

world (International Fund for Agricultural Development [IFAD], 2004), entrepreneurship

has often been highlighted as an important – even magical – force for women’s

empowerment (International Labour Organization [ILO], 2011) and socio-economic

development of women in poverty (e.g. Miniti, 2010; Shah and Saurabh, 2015; Terjesen and

Amoros, 2010; Williams, 2009; Williams and Martinez, 2014).

Despite the assumption that developing an entrepreneurial spirit among indigenous women

could contribute to the promotion of their well-being and that of their home communities,

scholars have, until now, dedicated limited attention to explore indigenous women

entrepreneurship (IWE), which remains a research topic underrepresented in the academia. 9Dans ce chapitre, la version initiale de l’article est présentée.

Page 86: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

69

In fact, even though there have been several studies on women entrepreneurship (WE; e.g.

Ahl, 2006; Bardasi, Sabarwal, and Terrell, 2011) and on indigenous entrepreneurship (IE; e.g.

Anderson, 1999, 2002; Dana, 1996, 2007; Foley, 2003, 2008a), particularly in the context of

North America, these two perspectives have rarely intersected until now, and very little has

been analysed and discussed when it comes to the specificities of IWE. What happens, thus,

when the indigenous and gender perspectives combine and intersect with entrepreneurship?

This study aims to fill this gap in the literature by analysing IWE at the intersection of these

two perspectives; as IWE combines three conceptual dimensions – indigenousness, gender,

and entrepreneurship – that are integrated in a unique research theme, the way gender and

indigenousness intersect and shape indigenous women’s experiences deserve to be

theoretically explored. To perform this intersectional analysis, the emerging phenomenon of

IWE is, therefore, considered at the intersection of WE, IE, and entrepreneurship, as

illustrated in Figure 1.

Figure 1. Conceptual dimensions integrated in IWE’s analysis

Entrepreneurship(E)

IndigenousEntrepreneurship

(IE)

WomenEntrepreneurship

(WE)

IndigenousWomenEntrepreneurship

(IWE)

Page 87: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

70

This study highlights the structural complexity of IWE and provides an analytical framework

for the understanding of IWE within intersectionality and positionality (e.g. Anthias, 2013,

2014; Romero and Valdez, 2016), which are analytical tools that make it possible to

understand how diverse and complex the entrepreneurial experiences of indigenous women

can be. More particularly, this breadth of experience is analysed and framed according to

different realities, practices, and identities of indigenous women entrepreneurs globally.

This study therefore contributes to the research framing development of IWE, in terms of

explaining what theoretical and practical implications it may have. The analysis of IWE

provided in this paper represents a first step in gaining insights into the dimensions that need

to be explored and considered in the theoretical development of IWE and its future research

agenda. At the practical level, the outcomes of the analysis provided in this paper can serve

to support international organizations in promoting indigenous women’s empowerment

through adapted and effective entrepreneurial initiatives inspired by the characteristics of

IWE.

Following the introduction, this paper is organized as follows: first, the emergence of IWE

in the mainstream field of entrepreneurship is contextualized in terms of the contemporary

attention and empowerment of indigenous women globally. After this sociological analysis,

the methodology section is introduced, providing the databases searched for the realization

of this conceptual paper. Following the analysis of selected papers, main intersections

between IWE, IE, and WE, are presented, incorporating the theories of intersectionality and

positionality. Finally, in the conclusions, theoretical and practical implications of this study

are outlined.

A sociological overview of the emergence of IWE in the field of entrepreneurship

Unfortunately, indigenous women face additional gender-based problems, including poverty

and limited access to education (Towar and Irazabal, 2014; Gentry and Metz, 2017; Moyle

and Dollard, 2008; Wood and Davidson, 2011). Even more strikingly, they are often victims

of different forms of violence, such as sexual, psychological, and physical violence (Amnesty

International, 2014); importantly, indigenous women are victims of violence not only in main

societies, but also in their own indigenous communities, where sexism is very prevalent

Page 88: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

71

(Forum Internacional de Mujeras Indigenas [FIMI], 2006; Pearson and Daff, 2014; Todd,

2012). The societal discrimination indigenous women encounter leaves them extremely

vulnerable and exposes them to many risks, particularly in developing countries

(Dimitrakopoulu, 1994; Wilson, Gamez and Ivanova, 2010).

Violence against indigenous women has been regarded as “femicide”, in consideration of the

characteristics that this phenomenon assumes and the number of murdered and missing

indigenous women across the world (FIMI, 2006; Romero, Estrada, Marceau and Rice,

2017); in some developed countries, such as Canada, it has been also considered “a national

human rights crisis” (Amnesty International, 2014, p. 2), and missing or murdered

indigenous women have been the focus of a national inquiry into Missing and Murdered

Indigenous Women and Girls (MMIWG), which was established to understand the causes of

the systemic discrimination that indigenous women face in the Canadian national context,

with the objective of identifying recommendations on the issue of indigenous women with

regard to policies and practices.

Although several associations have been created around the world to support the causes and

struggles of indigenous women in their everyday lives (e.g. Native Women's Association of

Canada, [NWAC]; Quebec Native Women, [FAQ]; Ontario Native Women Association,

[ONWA]; The National Aboriginal and Torres Women's Alliance Strait Islander,

[NATSIWA]; etc.), understanding the causes of the gender-based violence that indigenous

women experience in different contexts globally remains a very complex analysis (e.g.

Burman, 2016). The main systems of domination intersect with structural inequities within

indigenous communities and, as result of the interrelations of these complex dynamics,

discrimination and marginalization emerge as central to social status definitions of mostly

indigenous women.

Regarding the situation of indigenous women in Canada, Gerber (2014) refers to the triple

discrimination that indigenous women experience, related to race, in being indigenous, to

institutional constraints, as subjects of the Indian Act (1876), and to gender, in being

women. Until 1985, indigenous women who married white men lost their “Indian status”,

unlike their male counterparts, and consequentially lost the right to live on reserves and all

Page 89: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

72

other benefits specific to indigenous members of an indigenous community (Gerber, 2014).

Stout and Kipling (1998) also pointed out that discrimination against indigenous women

occurs at several levels, as they are discriminated against and victimized not only in white

contemporary societies as a minority of the social categories of women and indigenous

people, but also, more importantly, within their own indigenous communities, where sexism

and lateral violence are very prevalent (Pearson and Daff, 2014; Todd, 2012).

If it is clear, however, that indigenous women experience multiple levels of systemic

discrimination and marginalization in both societies and indigenous communities, it is also

evident that their ways of life and their entrepreneurial and economic roles in communities

have been under-explored, owing to the patriarchal colonial logic that excludes women from

the decision-making process (Kuokkanen, 2011). In fact, until now, very little focus has been

placed on the leadership and traditional knowledge-transfer roles assigned to indigenous

women within their own communities, and how this could empower them when it comes to

entrepreneurship, based on their economic potential to improve their living conditions and

those of the community’s members (Dzisi, 2010; Ward and Kiruswa, 2013). In fact, research

surrounding the issues of indigenous women has mainly been the focus of anthropologists

and sociologists (Gondon and Stern, 1993; Wilson, 2005), whose studies have mainly

focused on social issues, difficulties, and the systematic discrimination faced by indigenous

women in contemporary societies and are based on Western perspectives influenced by

colonial logic.

Thus, indigenous women’s entrepreneurial potential has been neglected not only at practical

levels but also in the academy; in fact, when compared to the WE studies that began to

appear in the late 1980s in the entrepreneurial literature (e.g. Brush, 1992; Hisrich and Brush,

1985, 1987), IWE studies were late to arrive, as were funding and business start-up programs

specifically meant for indigenous women’s entrepreneurial and economic development,

unlike funding programs for women entrepreneurs in general, which were established in the

late 1980s.

IWE is not merely a new topic in academia; importantly, it is its emergence that needs to be

underlined. In fact, the emergence of this promising research theme in the field of

Page 90: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

73

entrepreneurship needs to be contextualized and understood within the current push for

global gender equality and ending gender-based violence for indigenous women overall.

Indigenous women are recognized not only because they have an important role in achieving

sustainable development goals (IFAD, 2004), but also because they are leading their own

emancipation process and gender self-determination within communities.

Aligned with the sociological analysis of this group of underrepresented and marginalized

entrepreneurs who are indigenous women, the emergence of IWE highlights the

understanding of indigenous women’s activities as a tool for advancing self-emancipation,

leadership development, well-being, and self-confidence through economic and social

empowerment (e.g. Rindova, Barry, and Ketchen Jr, 2009; Qureshi, Pervez, and Sudhir,

2016; Movono and Dahles, 2017; Kuokkanen, 2011). If different research perspectives

coexist within the mainstream field of entrepreneurship – based on opportunity recognition,

economic innovation and/or internationalization (e.g. Shane and Venkataraman, 2000), and

entrepreneurial behaviour – the emergence of IWE in the mainstream field of

entrepreneurship shapes the sociological conceptual framework based on the interrelation of

violence, self-determination, and the emancipation of indigenous women, as illustrated in

Figure 2.

Figure 2. Sociological framework for the emergence of IWE in the field

IWE’sEmergence

ViolenceandDiscriminations

IndigenousWomenEmancipation

IndigenousSelf–Discrimination

Page 91: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

74

Methodology

For the purpose of this study, a literature review was conducted. Different databases on

various fields of study were searched, as this topic requires a multidisciplinary research

approach, including contributions from sociology, anthropology, entrepreneurship, and

management. The selected databases included businesses databases (ABI/Inform Global,

Business Source and Entrepreneurial Studies Source), a sociological database (Sociological

Abstract), a Feminist database (Women Studies International), and Google Scholar.

According to the framework presented related to the emergence of IWE, the literature

review was conducted using the following search keywords: “indigenous women” AND

“entrepreneurship” OR “economic empowerment”. In consideration of the emergence of

the topic, no temporal horizons and language restrictions were applied for these research

articles, and all peer-reviewed academic articles were included in the analysis. Pertinent

articles were selected based on a reading of the abstracts; the selected papers are presented

and analysed in the section below, and they provide an overview of the existing studies on

IWE in order to identify the trends and commonalities, main concepts, and research

perspectives that are related to the analysis of this emerging research topic.

IWE Research Area: Presentation and Analysis

Querying the selected databases highlights the fact that academic articles on this topic are

still a rarity within mainstream entrepreneurship literature. Fewer than twenty international

research articles on indigenous women entrepreneurs have been identified worldwide, both

in developed regions such as Europe (Udén, 2008), Australia (Moyle and Dollard, 2008;

Pearson and Daff, 2014; Pearson and Helms, 2012; Wood and Davidson, 2011), and Canada

(e.g. Diochon, 2014; Lituchy, Reavley, Lvina, and Abraira, 2006; Orser and Riding, 2016;

Todd, 2012) and in developing regions such as Africa (Chamlee-Wright, 2002; Dzisi, 2008;

Witbooi and Ukpere, 2011), Latin America (Galindo-Reyes, Ciruela-Lorenzo, Pérez-Moreno,

and Pérez-Canto, 2016; Maguirre, Ruelas, and De La Torre, 2016; Martinez Nova, 2003), and

Asia (Movono and Dahles, 2017; Taibi, Ishak, and Tuah, 2018).

It is well recognized that indigenous communities face very distinct global realities (e.g.

United Nations, 2006) and entertain distinct cultural notions in terms of gender perspectives

Page 92: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

75

(e.g. Padilla-Melandez and Ciruela-Lorenzo, 2018); indigenous women in communities also

lead varied lifestyles according to societal rules, community values, and structural

inequalities. Existing studies on IWE provide insights into this emerging field of study in

various global contexts. It is clear, however, that indigenous women entrepreneurs are

underrepresented in the entrepreneurial literature when compared to other categories of

entrepreneurs, such as women or indigenous entrepreneurs.

If this paucity of studies has already been underlined (e.g. Diochom, 2014; Wood and

Davidson, 2011), it appears even more evident in some northern and less populous regions,

as in the case of the Inuit regions of Canada, especially when compared to studies that have

been already conducted on indigenous men entrepreneurs in the Arctic (e.g. Dana, 1995;

Dana and Anderson, 2005; Mason, Dana, and Anderson, 2008). In fact, in Northern Canada,

where major economic activities are based on economic opportunities such as construction

or the extraction of natural resources, and entrepreneurship is traditionally considered to be

primarily a male activity (Orser and Riding, 2016), the empowerment of Inuit women is

considered a real challenge (e.g. Chamberlain, 2002).

With the exception of a study on First Nations’ women in the Atlantic region of Canada by

Diochon (2014), existing research mostly relies on qualitative approaches – such as

interviews, observations and case studies – and is primarily exploratory and aimed at

understanding the IWE phenomenon. There is also a dearth of knowledge concerning the

socio-demographic profiles of indigenous women entrepreneurs (e.g. Taibi, Ishak, and Tuah,

2018), contrary to the first wave of WE research in the 1970s and 1980s that studied the

population of women entrepreneurs by examining their psychological traits and socio-

demographic characteristics (e.g. Bardasi, Sabarwal, and Terrell, 2011; Brush, 2006; Fouquet,

2005). In fact, with regard to indigenous women entrepreneurs, Pearson and Daff (2014)

point out that the scarcity of official statistics on this population makes it difficult to carry

out a specific analysis describing their education, socio-demographic profiles, and

professional entrepreneurial and non-entrepreneurial experiences.

In IWE literature, the research approach to entrepreneurship is diversified. In some studies,

IWE has been analysed through the lenses of gender-equality achievement, indigenous

Page 93: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

76

women’s empowerment, and business-capacity advancement for indigenous women (e.g.

Galindo-Reyes, Ciruela-Lorenzo, Pérez-Moreno, and Pérez-Canto, 2016; Maguirre, Ruelas,

and De La Torre, 2016; Moyle and Dollard, 2008; Uden, 2012). As some indigenous

communities are in primarily male-dominated cultures, studies highlight the fact that the

involvement of women in entrepreneurial activities presents them with opportunities to

achieve gender equality, better well-being, and both personal and economic empowerment

(Moyle and Dollard, 2008).

This is true both in developing and developed countries where, at different levels, indigenous

women face discrimination from the dominant society, experience poverty, and often have a

low economic status (e.g. Moyle and Dollard, 2008). In Latin America, Galindo-Reyes and

colleagues (2016) highlighted the gender inequalities of indigenous rural women living in one

of the poorer communities in Bolivia, called Tapacarí, and illustrated how cooperative-based

rural tourism initiatives can contribute and collectively improve the lives of such women

facing structural discrimination.

Importantly, existing studies also underscore some motivations of indigenous women when

they start a business (e.g. Pearson and Daff, 2014; Pearson and Helms, 2012; Taibi, Ishak,

and Tuah, 2018; Wood and Davidson, 2011). Wood and Davidson (2011), in their study of

Australian indigenous women, concluded that push factors – for example the willingness to

help members of the community escape poverty or to give children the same opportunities

afforded to their non-indigenous counterparts – are more important for indigenous women

than pull factors, which are based on individual accomplishment and financial success. Helping

family members is also a motivating factor among Melanue women, indigenous Malaysian

women who sell sago-based food products (Taibi, Ishak, and Tuah, 2018). These findings

align with the outcomes of Pearson and Daff study (2014), which considers the motivators

of Australian Aboriginal women based on two main categories: the “social motivators”,

which involve improving the living conditions of community members and upholding the

traditions of the community, and the “economic motivators”, which create economic value

for the community while providing entrepreneurs with economic independence and work

opportunities (Pearson and Daff, 2014).

Page 94: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

77

IWE’s studies have also drawn attention to specific barriers and challenges that indigenous

women encounter in various countries with regard to entrepreneurship (e.g. Orser and

Riding, 2006; Witbooi and Ukpere, 2011). Orser and Riding (2006) specifically explored how

indigenous and non-indigenous women differ in their entrepreneurial ventures in Northern

Canada, a geographic area that has been relatively unexplored in terms of studies on

indigenous women entrepreneurs, although Dimitrakopoulu (1994) also explored this topic

in an article based on a report from the Northern Women’s Development Network

(NWDN), which included both indigenous and non-indigenous women.

Among the specific barriers, the IWE literature review underlines how financial barriers

(Lituchy et al., 2006; Todd, 2012; Moyle and Dollard, 2008; Wood and Davidson, 2011) can

impact indigenous women’s entrepreneurial activities as well as the cultural and social

stereotypes indigenous they face (Pearson and Daff, 2014; Wood and Davidson, 2011).

According to Pearson and Daff (2014), barriers can be also related to resources, such as

economic resources and transportation, as well as to culture, including a community’s

practices and values related to the social division of labour between indigenous men and

indigenous women. Chamlee-Wright (2002), in her study on Shona women, also highlighted

the strategies that urban women entrepreneurs use to overcome barriers created by an

oppressive cultural context that defines indigenous women’s economic status.

When studies on indigenous women entrepreneurs are analysed, the diverse activities and

profiles of indigenous women stand out, as IWE is represented by formal activities, such as

the development of the capacity of indigenous women’s small enterprises (e.g. Lituchy et al.,

2006). Lituchy and colleagues (2006) explored the experiences of indigenous women

entrepreneurs in Québec, Canada, focusing on Québec’s Mohawk community, examining

the definition of success as conceived by eleven indigenous women who own small

businesses in urban areas. Exploring IWE from the perspective of small-business

enterprises, they analyse IWE using entrepreneurial behaviour theory, trait theory, and the

environmental approach, concluding that indigenous women define entrepreneurial success

not in terms of profit but as a quality.

IWE is also represented by the traditional and informal activities of indigenous women

Page 95: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

78

(Chamlee-Wright, 2002; Martinez Nova, 2003). Martinez Nova (2003) analyses the informal

activities of indigenous women in Mexico by studying street vendors who, because of

stereotyping, are all called “Maria”; these marginalized indigenous women conduct business

in response to their vulnerable situation and cultural traditions. In this case, entrepreneurial

activity represents their only option for profitable professional activity; thus, necessities

become opportunities.

Indigenous women entrepreneurs are also represented by African urban-market women in

Zimbabwe (Chamlee-Wright, 2002) whose social status is subject to a double oppression

related not only to the status of women in pre-colonial societies but also to the status of

indigenous women in contemporary societies. The twin aspects of marginalization that they

face – as indigenous people and as women – is therefore underlined when examining their

entrepreneurial activities. In their study of indigenous women in Africa, Witbooi and Ukpere

(2011) also highlighted the double discrimination that women face with regard to accessing

financial resources compared to men entrepreneurs.

Some conceptions of entrepreneurship, such as innovation, internationalization, and

creativity, have not been analysed in this young IWE literature. According to studies, a

prominent characteristic that emerges in IWE is the attention that indigenous women

entrepreneurs pay to the social well-being of their indigenous community members (e.g.

Lituchy et al., 2006; Pearson and Daff, 2014; Todd, 2012) because the social impact of

entrepreneurship seems to be more important than the accumulation of individual profit

(e.g. Pearson and Daff, 2014). In fact, in all types of activities – formal, informal, or

traditional – indigenous women are knowledgeable about their community (e.g. Lituchy et

al., 2006; Martinez Nova, 2003; Pearson and Daff, 2014).

According to the literature, it is clear that the status of indigenous women in their

communities and societies is central to how they conceive entrepreneurship and the

development of their entrepreneurial practices. This is because, in addition to facing

discrimination related to their race, they must also contend with gender inequalities within

their own ethnic-indigenous group. This evidence offers an important conclusion to the

literature review.

Page 96: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

79

Conclusions to the literature review: Developing an indigenous–gender-integrated

perspective

If studies that analysed IWE provide an insight into its nature and some main concepts that

are associated with this emerging and promising research topic, a literature review also,

importantly, highlights how diversified the experiences of indigenous women entrepreneurs

can be in various contexts globally. A literature review analysis also suggests that the status,

roles, and institutional constraints that indigenous women entrepreneurs experience in the

contexts of their lives are central to understanding the diversity of their experiences. The

IWE phenomenon therefore needs to be explored in all its complexity in order to

understand the representations that indigenous women can have about entrepreneurship

based on their realities.

In fact, identities related to the status and roles that indigenous women entrepreneurs

assume by being both indigenous and women seem to be of primary importance in their

entrepreneurial experiences and activities. Some overlapping factors between IE–WE and

IWE have emerged, which are related to gender, race, and the status of indigenous women in

society. Moreover, these complexity and interrelationship are framed in diverse, global

contexts. Thus, it is through their contextualized entrepreneurial experiences that it is

possible to deepen our understanding of the phenomenon of IWE. Conceptually and

theoretically speaking, this complexity can be analysed within intersectionality and

positionality (e.g. Dy, Marlow, and Martin, 2017; Seron, 2016), which are analytical tools in

gender and critical studies illumining the complexities and diversities of multiple identities

and how they intersect.

The intersectional and positional perspectives are, therefore, adopted to address the initial

understanding of IWE and its future research development; IWE studies, in fact, suggest

that, instead of considering the experiences of indigenous women entrepreneurs as being

dissociated from the experiences of women entrepreneurs and those of indigenous

entrepreneurs, it should be understood that indigenous women’s experiences are an outcome

of the relationship between their status and social position within the structural inequality of

societies and communities. Diverse aspects of the identities of indigenous women result

from this understanding; therefore, the complexity of IWE, which combines multiple

Page 97: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

80

dimensions (gender, class, and ethnicity) in a unique topic that requires a multidimensional

analysis, as illustrated in Figure 3. Intersectionality and positionality contribute to a better

understanding of the multidimensional and unique entrepreneurial experiences of indigenous

women entrepreneurs and of how gender and indigenous perspectives are integrated. The

link between entrepreneurship, WE-IE, and IWE is explored in the section below following

an introduction to intersectionality and positionality.

Figure 3: IWE at the intersection- within Intersectionality and Positionality.

Introduction to intersectionality and positionality

In the early 1970s, some African American feminists began to critique the dominant feminist

position promoted by white feminists because it excluded their perspectives on the

intersection of multiple identities (McCall, 2005; Shields, 2008). Intersectionality thus began

as a critical movement aimed at mainstream feminism (e.g. Davis, 1981; 2008). It has now

become central to some feminist theories (e.g. Shields, 2008), and its analytical framework

has been adopted in critical feminist studies (e.g. Dy, Marlow & Martin, 2017) that have

appeared in opposition to dominant feminist theory (Davis, 2008).

The word intersectionality was first proposed in 1989 by Kimberlé W. Crenshaw, a professor

at the UCLA School of Law, in reference to the experience of black women with regard to

some American laws. In intersectionality, gender, as experienced in society, is a social

construct and an outcome of the interrelation of diverse social identities. Therefore, the

concept of social identity (e.g. Valdez, 2011) and the intersections and interdependence of

IndigenousWomen

Entrepreneurship

IndigenousEntrepreneurship

WomenEntrepreneurship

Race/Ethnicity Gender

Socialposition

Page 98: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

81

multiple dimensions – sex, gender, race, and class – are central to intersectionality.

Consequently, intersectionality recognizes multiple forms of oppression and privilege. In

other words, it is possible to identify various forms of inequality that depend on various

intersections of identities and levels of the social hierarchy. Intersectionality also considers

inequality in social structures and in multiple systems of oppression (Romero and Valdez,

2016). Thus, it examines the intersection of contexts, cultures, sex, gender, race, ethnicity,

and power structures. With regard to positionality, a concept introduced by Linda Alcoff

(1988), various social identities can be understood as the outcomes of positional social

relationships (Anthias, 2013).

Intersectionality has recently been incorporated into the study of entrepreneurship. More

precisely, it has been used to analyse certain minority groups and has been adopted to study

minority entrepreneurs as members of ethnic groups or as women entrepreneurs (e.g. Dy,

Marlow, and Martin, 2017; Yuval-Davis, 2006). Intersectionality has also been used in ethnic

entrepreneurship studies to explain how the experience of some marginalized groups is not

one-dimensional (Valdez and Romero, 2016). In entrepreneurship, multiple identities

intersect and create unique entrepreneurial experiences.

Discussion: Exploring the Intersections between IWE, IE, and WE

The experiences of indigenous women entrepreneurs at the intersection of ethnicity and

gender are rather complex, but IWE can be broadly discussed in all its complexity from the

perspectives of intersectionality and positionality. In order to understand the experiences of

indigenous women entrepreneurs, it is therefore necessary to examine how the

entrepreneurial systems of female minorities intersect with current knowledge on

entrepreneurs who are women and/or indigenous people." To accomplish this, in discussing

IWE from an intersectional and positional perspective, some contributions from the IE and

WE research fields are invoked to ground the argument and discuss how indigenous women

entrepreneurs integrate their identities at various levels.

In some respects, the experiences of indigenous women entrepreneurs are similar to those of

their male counterparts; in fact, as indigenous people represent the pre-colonial populations

of the world (Frederick, 2009), indigenous men and women have endured the same systemic

Page 99: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

82

discrimination in relation to the dominant society as being part of minority ethnic groups.

Affected by colonial policies, they were and sometimes still are marginalized in

contemporary societies, and they strive for self-determination and better living conditions

(Anderson, 1999; 2002); moreover, in some national contexts, such as that of Canada, this

means that they experience gender-blind institutional constraints resulting from colonialist

policies that limit their entrepreneurial development; an example of this includes the

limitations under the Indian Law.

When it comes to entrepreneurship, consequently, IE can be discussed as a process that

embraces peoples, rules, and a particular institutional context. Because indigenous women, as

well as men, have experienced colonization, the marginalization specific to indigenous

women has been partially studied, and it seems that few efforts have been made to

distinguish the discrimination faced by indigenous women and those experienced by

indigenous men (e.g. Stout and Kipling, 1988). The lack of a gendered perspective in IWE

analysis has already been highlighted (Wood and Davidson, 2011) as most studies seem to

adhere to the traditional perspective of women’s entrepreneurship. However, gender

perspective related to the analysis of IWE is important and needs to be developed further in

order to understand its specificities. What happens, though, when the component of gender

intersects with the indigenous perspective in relation to entrepreneurial practices?

Gender is a social construct, and what is expected of women to be socially accepted as women

varies from society to society according to rules and values (e.g. Lindsey, 2016). Importantly,

the social identities related to women have been prominently considered in the research

development of WE. Far from adopting the male model as the entrepreneurial norm, the

gendered perspective, with its sociological contributions, instead analyses the sociocultural

realities and the socialization process of women in order to understand how identity and

gender relations determine and can impact their entrepreneurial activities, taking into

account the identity of women entrepreneurs within societal structures (e.g. Crompton,

Lewis and Lyonette, 2007). A second wave of research that emerged in the 1990s is based on

an analysis of the roles socially attributed to women entrepreneurs in diverse societal

contexts. Within this research perspective, gender is no longer merely seen as a variable to be

described but as one to be understood (Bourgain and Chaudat, 2015; Gupta, Turban, Wasti,

Page 100: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

83

and Sikdar, 2009; Lorna and Fleck, 2013; Malach-Pines and Schwartz, 2008); this constitutes

the emergence of a gender-oriented approach to entrepreneurship (e.g. Jennings and Brush,

2013) and the so-called integrated perspective (Brush, 1992) breaking with the normative

approach.

It has been widely recognized in academia that gender shapes the entrepreneurial practices of

women, and this is true also when it comes to indigenous women entrepreneurs, who

experience entrepreneurship differently owing to their multiple identities as indigenous

women. Pearson and Daff (2014) in the analysis of entrepreneurship as practised by

indigenous women in Australia pointed out that the community considers certain

entrepreneurial activities to be limited to indigenous men and underlined the fact that

entrepreneurship among indigenous women had not developed owing to the prevalent

patriarchal cultures of these indigenous communities. Importantly, patriarchy is a concept

that has been particularly highlighted when it comes to gender and entrepreneurship,

especially in relation to women’s development, where women live in male-dominated

contexts and are less often expected to become entrepreneurs (e.g. Bullough, 2013).

Because of the knowledge on how indigenous and gender identities intersect, there is,

therefore, a need to develop the indigenous–gender-integrated perspective for the research

development of IWE. The evolution of WE studies recognizes the importance of the

gendered perspective and women’s social roles as factors impacting entrepreneurship, and

IWE should therefore be considered as a process occurring in specific indigenous contexts,

oriented to gender specificities. Thus, building a theoretical framework for IWE implies

employing a gender perspective that, similar to WE, recognizes the specific characteristics of

indigenous women in their entrepreneurial practices as compared to indigenous men. To go

a step further, it is a matter of constructing an indigenous–gender-integrated perspective by

taking into account the authenticity of gender differences of indigenous women beyond any

artificial feminization imposed by the process of colonization (e.g. Burton, 1999; McGrath

and Stevenson, 1996; Wilson, 2005).

IWE should be analysed and studied through a gendered approach oriented to indigenous

specificities within the framework of intersectionality. Research should analyse how these

Page 101: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

84

identities intersect and shape the unique experiences of indigenous women entrepreneurs,

through intersectionality and positionality. Based on local contexts, some IWE studies (e.g.

Martinez Nova, 2003) have highlighted that entrepreneurship among indigenous women is a

way of life and a continuation of an educational process rather than the identification of

opportunities, as seen in diverse profiles of indigenous women entrepreneurs globally. The

evidence of this is related to the class and social position of indigenous women

entrepreneurs, and positionality can contribute to explaining the complexity of this

phenomenon.

If, on the contrary, we do not establish a gendered perspective in IWE, what will be the

consequences in terms of future research? Some will use the same theoretical framework for

indigenous men and women entrepreneurs, neglecting the sociological and anthropological

aspects of indigenous women in the contexts of their lives, which are of primary importance.

Scientifically speaking, it would also, in a sense, negate the scientific advances made in WE

and constitute a return to the past and the adoption of a so-called traditionalist perspective.

Intersectionality and positionality, therefore, comprise an analytical framework suited to the

analysis of IWE, and they represent a potential avenue to be explored in future research on

IWE.

Theoretical and Practical Implications of the Intersectional Analysis

From the intersectional analysis outlined in this paper, important contributions can be

underlined. At the theoretical level, the indigenous–gender-integrated perspective developed

in the paper, with the integration of three conceptual dimensions – those related to

indigenousness, gender, and entrepreneurship – makes possible a transformative

interpretation of what is already known about entrepreneurship, WE, and IE. In fact,

entrepreneurship can be understood from the perspective of indigenous women

experiencing double discrimination because of their identities as women and as indigenous

people. This social constructivist perspective discusses, therefore, classic theories, concepts,

and paradigms already known in entrepreneurial research and needs to be reconsidered in

relation to the experiences of indigenous women, as IWE needs to be explained from an

indigenous perspective based on the insights of indigenous cultures.

Page 102: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

85

Additionally, at a practical level, while this is a novel topic within mainstream research with

little established literature, its emergence in the field is related to its significant societal

impacts and potential to produce practical recommendations for international practitioners

and policymakers and promote the empowerment of indigenous women globally (FIMI,

2006; IFAD, 2004). In 2004, the United Nations Permanent Forum on Indigenous Issues

(UNPFII) devoted its attention to these indigenous women. In recent decades, international

organizations have begun making efforts to consider proper solutions for the issues related

to indigenous women and to develop gender policies adapted to different indigenous

contexts globally (e.g. Gender Equality in the Arctic Challenges, Iceland, 2014; National

Aboriginal Women’s Summit III, 2011). In view of the attention paid to the marginal social

conditions of indigenous women globally, appropriate policies regarding indigenous women

entrepreneurs, based on a better understanding of their practices, barriers, motivations, and

experiences should be developed in order to empower them through entrepreneurship and

self-employment initiatives. Specific gender-based initiatives on IWE at the local, national,

and international levels can help indigenous women improve their lives and communities in

both urban and remote rural contexts.

Conclusions and future research avenues

This conceptual paper offers an overview of IWE studies and builds an analytical framework

for the development of this research topic within intersectionality and positionality, the

insights into which help in providing a better understanding of indigenous women

entrepreneurs’ experiences not only as women entrepreneurs but also as representatives of

marginalized and underrepresented indigenous people. Therefore, this paper provides an

outline for the analysis of indigenous women entrepreneurs’ experiences at the intersection

of diverse social identities related to gender, class, and ethnicity as they are expressed in

specific socio-cultural contexts and social structures.

Because of the different status and roles indigenous women assume in society and in their

home communities, understanding their experiences is the key for a better analysis of this

promising research field. Within the intersection of gender, indigenousness, and

entrepreneurship, based on the experiences of indigenous women, we can also understand

the structural inequalities at different levels, the social contexts, and the visions that

Page 103: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

86

indigenous women have about entrepreneurship. The discussion of entrepreneurship

proposed in this paper, based on an understanding of indigenous women’s identities and the

challenges they face, should therefore encourage change and sustainable empowerment

through improved self-confidence and business capacity. The knowledge imparted from this

promising research topic is, therefore, important for many stakeholders, academics, and

practitioners at the international, national, and local levels. Most significantly, this research

topic is crucial to enhance awareness of the importance of the entrepreneurial efforts of

indigenous women and to strengthen their conviction that they can live better and more

promising lives.

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Page 110: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

93

DEUXIÈME PARTIE DE LA THÈSE

MÉTHODE, RÉSULTATS ET CONTRIBUTIONS DE LA THÈSE

Page 111: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

94

CHAPITRE 5

ASPECTS MÉTHODOLOGIQUES DE LA RECHERCHE

Ce cinquième chapitre introduit le devis méthodologique de la présente recherche doctorale,

lequel a été conçu pour répondre aux questions de recherche ciblées, conformément aux

objectifs de l’étude doctorale. Les aspects traités dans ce chapitre sont : l’approche

méthodologique retenue, la stratégie de la recherche, le terrain de la recherche doctorale, la

population visée, l’organisation de la collecte des données, le déroulement de l’enquête

qualitative et le suivi mis en place pour la validation des résultats de la recherche. De façon

importante, la démarche collaborative et participative de cette recherche doctorale, qui a eu

lieu de concert avec les acteurs concernés de la communauté autochtone de Mashteuiatsh,

est mise de l’avant de manière transversale dans tout le processus de la recherche, de la

définition du projet à la diffusion des résultats, en passant par la vérification et la validation

de ceux-ci. Ainsi, ce chapitre souligne l’importance des aspects éthiques de la présente

recherche doctorale, et plus particulièrement les aspects éthiques touchant la recherche en

milieu autochtone.

5.1 Considérations éthiques

Si les aspects éthiques de la recherche sont réputés fondamentaux dans toutes les recherches

impliquant des êtres humains (p.ex. Josy Lévy et Bergeron, 2010), et si les enjeux liés à

l’éthique s’avèrent aussi importants pour les chercheurs en sciences sociales (p.ex. Vassy et

Keller, 2008) pour ce qui est des recherches en milieu autochtone, les considérations

éthiques prennent alors une dimension toute particulière (Asselin et Basile, 2012), car elles

influencent le design de la recherche dans son ensemble.

Dans le cadre de cette recherche doctorale, comme il s’agit d’une recherche sur les femmes

entrepreneures autochtones membres d’une Première Nation, la chercheuse de cette étude a

porté une attention particulière aux lignes directrices établies par les instances afférentes

concernant les pratiques exemplaires de la recherche en milieu autochtone. Ce projet de

Page 112: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

95

recherche doctorale est donc conforme aux protocoles existants en matière de recherche sur

des sujets autochtones au Québec.

Il est important de souligner que, bien que ce projet de recherche doctorale soit présenté

dans une séquence linéaire conforme aux protocoles de recherche académique, le devis

méthodologique, dans son élaboration et sa définition ultime, est le résultat d’un processus à

la fois interactif et itératif qui s’est déroulé entre les différentes parties prenantes de cette

recherche doctorale, d’une part du milieu académique et d’autre part du milieu autochtone. Si

la recherche qualitative se caractérise par la flexibilité de son approche (Maxwell, 2013) –

notamment en ce qui concerne l’interaction entre les différentes parties prenantes du design

de la recherche qualitative –, ce projet de recherche doctorale comprend quant à lui une

dynamique d’interaction et une construction sociale de recherche et des connaissances qui

sont fort présentes et qui sous-tendent le lien étroit qui peut exister entre les méthodologies,

l’épistémologie et les cultures.

5.1.1 Considérations éthiques en milieux autochtones

Quand il est question de recherche en milieu autochtone, il faut savoir que plusieurs

protocoles de recherche ont été établis par les instances autochtones et gouvernementales

afin d’établir un cadre d’action qui favorise le bon déroulement des recherches impliquant les

peuples autochtones. Dans le contexte canadien, par exemple, il est important de citer le

Protocole de recherche de la Commission royale sur les peuples autochtones (1996) et celui

du Groupe consultatif interagences en éthique de la recherche (2015). D’autres protocoles

ont également été établis pour les recherches qui sont réalisées en particulier sur les femmes

autochtones, comme celui de l’Association des femmes autochtones du Canada (2011) et

celui de Femmes autochtones du Québec (2012).

Dans le cadre de la présente recherche doctorale, la démarche utilisée est inspirée du

protocole de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador (2014). Ce

protocole doit être pris en compte pour les recherches effectuées dans la province de

Québec, province où cette recherche doctorale a été réalisée. Aussi, la démarche tient

compte des lignes directrices du protocole de recherche de Femmes autochtones du Québec

(2012) qui souligne l’importance de mobiliser majoritairement les femmes autochtones dans

le processus de recherche d’une étude visant les femmes.

Page 113: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

96

L’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador (APNQL) a établi en 2005

un protocole de recherche qui définit toutes les étapes d’un projet de recherche, de sa

conception à la diffusion des résultats. Ce protocole doit être respecté dans le cadre d’une

recherche sur les Premières Nations du Québec. La mise en œuvre de ce protocole se

déroule dans un contexte plus large, qui a trait au débat sur la décolonisation de la recherche

en milieu autochtone, une recherche qui, malheureusement, jette trop souvent un regard

colonialiste et allochtone (p. ex., Tuhiwai, 2012), sans retombées positives pour les

communautés autochtones qui participent à l’étude. En outre, ce protocole de recherche

porte une attention particulière à l’ensemble du processus de recherche, notamment à toutes

les étapes qui ont lieu avant, pendant et après la recherche. Il vise aussi à outiller les

communautés autochtones et les communautés de chercheurs qui participent à la recherche

en milieu autochtone. Ajoutons que ce protocole fait appel aux principes de propriété, de

contrôle, d’accès et de possession des résultats (PCAPMD), tout en se basant sur les valeurs

de respect et de partage.

Ce projet de recherche doctorale respecte les protocoles de recherche de référence. D’une

part, il repose sur une approche de collaboration et de respect avec le milieu autochtone, qui

a participé activement à l’étude; d’autre part, il repose sur une démarche participative avec la

communauté autochtone de Mashteuiatsh, comme le présente la section suivante. La

collaboration avec les interlocuteurs et les acteurs de la communauté de Mashteuiatsh touche

tout le processus de la recherche doctorale, soit les étapes de définition du projet de

recherche, de réalisation de l’entente de recherche, de déroulement de l’enquête qualitative

ou de présentation et de validation des résultats. Ainsi, ce chapitre valorise la démarche

collaborative et participative de la recherche doctorale, qui s’appuie sur un esprit de

collaboration, tout en soulignant les aspects éthiques de la recherche en milieu autochtone.

5.1.2 Démarche collaborative et participative

Ce projet de recherche doctorale a été réalisé avec une démarche collaborative et

participative qui a eu lieu avec la communauté autochtone de Mashteuiatsh. Cette démarche

concerne tout le processus de la recherche doctorale, de la définition du projet de recherche

à la validation et à la diffusion des résultats. Un tout premier contact a été établi avec la

communauté de Mashteuiatsh au début de l’été 2017. Ce premier contact s’est fait par un

Page 114: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

97

intermédiaire, M. Emmanuel Bertrand-Gauvin, de la Commission de développement

économique des Premières Nations du Québec et du Labrador (CDEPNQL), responsable

du projet Femmes d’affaires, réalisé au sein de cette organisation autochtone du Québec, à

Wendake.

La manifestation d’intérêt de la chercheuse qui a mené la présente recherche doctorale à

réaliser l’étude dans la communauté de Mashteuiatsh a été bien accueillie. C’est

Mme Isabelle Lalancette, responsable de la direction d’Économie, emploi et partenariat

stratégiques du Conseil de bande de la communauté Pekuakamiulnuatsh Takuhikan, qui a

reçu la demande. Étant donné que le projet de recherche concerne le volet économique et

entrepreneurial, Mme Lalancette a été désignée comme interlocutrice principale pour la

chercheuse et porteuse du projet dans la communauté de Mashteuiatsh.

Après les premiers contacts avec le milieu autochtone, le projet de recherche doctorale a été

orienté en fonction du protocole de recherche communautaire pour les projets de recherche,

lui-même inspiré du protocole de recherche de l’APNQL. Comme le prévoit le protocole,

une première étape consistait à l’invitation de la chercheuse par la communauté à une

rencontre présentielle avec le comité de recherche de la communauté de Mashteuiatsh,

principalement composé pour l’occasion de femmes 10 Ilnuatsh, qui font partie de la

communauté et qui représentent différentes instances communautaires, notamment le musée

et les services sociaux.

Cette première rencontre entre la chercheuse et les acteurs du milieu a eu lieu le 30 août 2017

et a eu pour objectif d’introduire le projet de recherche doctorale et de comprendre les

attentes et les exigences de la communauté à l’égard du projet de recherche. Plus

précisément, ces premières discussions avec le comité de recherche visaient à expliquer et à

établir les grandes lignes du projet de recherche doctorale, les méthodes envisagées, la

population visée par le recrutement, la période de collecte de données ainsi que les

contributions du projet de recherche pour la communauté de Mashteuiatsh et l’ensemble de

ses membres.

10 Réf : Protocole de recherche de Femmes autochtones du Québec.

Page 115: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

98

Pendant cette première rencontre avec les acteurs du milieu communautaire, le comité de

recherche a fourni des commentaires, qui ont été pris en compte par la chercheuse dans la

définition et l’encadrement du présent projet de recherche doctorale. Le comité de recherche

a notamment souligné l’importance de considérer le phénomène entrepreneurial au-delà de la

« création d’entreprise », avec comme objectif d’explorer une forme entrepreneuriale typique

à la communauté de Mashteuiatsh. Pour cette raison, il a été convenu avec le comité de

recherche que l’étude prendrait également en compte, dans la population à l’étude, non

seulement les femmes entrepreneures qui représentent les chefs d’entreprise, mais aussi les

artistes et les artisanes de la communauté.

Après consensus autour du projet de recherche, l’étape suivante consistait en la rédaction de

l’entente de recherche, nécessaire pour la réalisation du projet de recherche dans la

communauté. Cette étape a aussi fait l’objet d’une étroite collaboration, durant plusieurs

mois, entre la chercheuse et le porteur du projet. Il importait d’ailleurs de comprendre : les

exigences de la communauté de Mashteuiatsh à l’égard de la conservation des données et de

la diffusion des résultats de la recherche doctorale; la définition des règles de confidentialité

et d’anonymisation des participants à l’étude doctorale; les aspects concernant le

consentement libre, préalable et éclairé, des participants, comme le prévoient entre autres les

directives du Comité d’éthique de la recherche avec des êtres humains de l’Université Laval

(CÉRUL).

À la fin du processus, le porteur du projet dans la communauté a présenté le projet de

recherche au cercle des élus de la communauté – Katakuhimatsheta – aux fins d’approbation.

Le projet de recherche a été approuvé par résolution le 13 mars 2018, puis l’entente de

recherche a été signée le 20 mars 2018. Le dossier incluant l’approbation de la communauté a

par la suite été approuvé par le CÉRUL, le 18 avril 2018 (numéro d’approbation : 2018-

076 / 18-04-2018). Les principales étapes présentées relativement au processus collaboratif

de la recherche doctorale avec le milieu sont indiquées ci-dessous (figure 1).

Page 116: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

99

Figure 1: Processus collaboratif de la recherche avec le milieu, première partie Source : Enquête qualitative, Croce (2019)

5.2 Approche qualitative exploratoire

Cette recherche doctorale s’appuie sur une approche qualitative de type exploratoire.

Comme les phénomènes de l’entrepreneuriat chez les femmes autochtones sont méconnus,

ce projet de recherche doctorale se veut exploratoire et repose sur une méthodologie

qualitative (p. ex., Creswell, 2018; Denzin et Lincoln, 2011; Giordano, 2003; Maxwell, 2013;

Miles et Huberman, 2003; Paillé et Mucchielli, 2012; Silverman, 2010). La carence en études

sur l’EFA d’une part et l’insuffisance des statistiques sur la population entrepreneuriale à

l’étude (Pearson et Daff, 2014) d’autre part justifient l’exploration de ce phénomène

entrepreneurial au moyen d’une approche qualitative, qui sert à faire émerger et à mettre en

lumière de nouvelles catégories conceptuelles propres à l’EFA. Ainsi, l’approche qualitative

permet de restituer des connaissances ignorées.

Dans un même ordre d’idée, les questions de recherche qui visent l’exploration, en vue de

favoriser la compréhension de certaines réalités et des phénomènes de l’EFA, permettent

d’acquérir des connaissances nouvelles et de combler ainsi les lacunes existantes. La

démarche exploratoire propre à la recherche qualitative met en lumière les réalités et

Première rencontre avec le comité de recherche ( 30 août 2017)

Rédaction de l'entente de recherche (2017-2018)

Résolution du projet de recherche (13 mars 2018)

Signature de l'entente de recherche (20 mars 2018)

Approbation du comité éthique de l’ Université Laval ( 18 avril 2018 )

Page 117: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

100

favorise, par l’exploration, la compréhension de l’objet de l’étude. La recherche qualitative

est aussi synonyme de recherche de complexité car on y évalue la relation du chercheur avec

l’environnement de l’étude, le terrain de la recherche, les parties prenantes, ses a priori, son

expérience personnelle à l’égard du sujet et son interprétation des résultats. La validité des

connaissances issues de la recherche qualitative dépend de la bonne gestion du « chercheur

qualitatif » dans le cadre de ce projet de recherche doctorale, réalisé par une « chercheuse

allochtone » de nationalité italienne, dans un milieu autochtone, en vue de la compréhension

d’un « fait social » autochtone. L’ensemble de ces éléments fait en sorte que la recherche

qualitative ne peut pas être représentée par un processus simple et linéaire car elle représente

en soi une construction sociale.

5.2.1 Enquête qualitative

Dans le cadre de la présente recherche doctorale, la stratégie de recherche retenue est celle

de l’enquête qualitative (Bréchon, 2011; Ghiglione, et Metalon, 1998; Paillé, 2012; Rondeau

et Paillé, 2016). Ce choix se justifie par une enquête qui prévoit d’interroger un certain

nombre d’individus (Ghiglione et Matalon, 1998; Papinot, 2014) visant à cerner les

expériences des acteurs interrogés. L’enquête qualitative repose sur une approche

méthodologique issue de la sociologie et de la psychologie qui a été avancée par le sociologue

Dubet (1994) et qui cherchait à se positionner en rupture avec le déterminisme

méthodologique (Durkheim, 1895), considérant les faits sociaux comme des faits externes

aux individus. Or, l’enquête qualitative se base sur la subjectivité des acteurs dans le cadre de

la recherche en sciences sociales et permet d’approfondir les connaissances sur un sujet à

partir du point de vue des personnes interrogées pendant l’enquête.

L’enquête qualitative vise à comprendre et à interpréter le sens que donnent les acteurs à

leurs expériences (Weber, 1995), à leur vision d’un sujet donné et à leur subjectivité

(Bréchon, 2011). Pour ce faire, des entrevues ont été menés auprès d’un certain nombre de

personnes sur une question donnée (Ghiglione et Metalon, 1998). Ajoutons que le concept

d’« expérience entrepreneuriale », un point central dans cette recherche visant à comprendre

l’EFA, impose un travail de terrain qui favorise la contextualisation des expériences des

femmes autochtones dans leur contexte de vie. Cette enquête qualitative, dont l’unité

d’analyse est principalement la femme entrepreneure autochtone, a contribué à dresser un

Page 118: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

101

portrait diversifié des expériences entrepreneuriales, tout en tenant compte des diversités

structurelles et socioculturelles des contextes autochtones.

5.2.2 Entrevue semi-directive

Si les enquêtes peuvent être de type qualitatif ou quantitatif (Bréchon, 2011) dans le cadre de

ce projet de recherche doctorale, il a été question d’une enquête de terrain de type qualitatif.

Par conséquent, la principale technique de recherche qui a été utilisée est l’entrevue.

Plusieurs techniques d’entrevue existent et conviennent à la recherche qualitative et, plus

particulièrement, à l’enquête qualitative (Baribeau et Royer, 2012; Gubrium et Holstein,

2002; Royer, Baribeau et Duchesne, 2009; Ghiglione et Metalon, 1998). En général,

l’entrevue a lieu auprès d’une seule personne à la fois, et non auprès de plusieurs personnes

simultanément, comme c’est le cas pour une entrevue de groupe (Baribeau et Germain,

2010). Quel que soit son type, l’entrevue constitue une technique de collecte de données sur

un sujet précis. Elle représente également une interaction sociale entre les chercheurs et la

personne interrogée dans laquelle il faut prendre en compte la désirabilité sociale et plusieurs

règles de conduite d’entrevue (Anado n et Guillemette, 2007). Il s’agit d’un instrument vivant

(Giacobbi et Roux, 1990).

Baribeau et Royer (2012) ciblent plusieurs types d’entrevue ou d’entretien – non directif, en

profondeur, compréhensif, récit de vie, explicitation, semi-dirigé et individuel (Gubrium et

Holstein, 2002). La classification des entrevues s’effectue selon la directivité de celles-ci, des

objectifs à atteindre et du niveau de formalité (Royer, Baribeau et Duchesne, 2009). Le

chercheur se retrouve donc devant plusieurs choix lorsqu’il souhaite mener une enquête

qualitative, des choix qui vont de l’entretien non directif (en profondeur ou libre) au

questionnaire fermé (Ghiglione et Metalon, 1998). Le choix du type d’entretien doit être mis

en relation avec la typologie des données recherchées.

Afin de répondre à la question de l’étude du projet de recherche doctorale – qui porte

principalement sur la compréhension de l’expérience entrepreneuriale des femmes Ilnuatsh

en fonction de leur conception de l’entrepreneuriat et de leur contexte d’appartenance –, le

type d’entrevue à privilégier est l’entrevue semi-directive. En effet, ce type d’entrevue

Page 119: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

102

permettra d’obtenir des données grâce à des thèmes préfixés (Ghiglione et Metalon, 1998) et

à un guide d’entrevue.

5.3 Population visée pour la réalisation de l’enquête

La population visée pour la réalisation de cette enquête qualitative était composée de deux

groupes principaux :

1) des femmes entrepreneures Ilnuatsh membres de la communauté de Mashteuiatsh,

vivant sur réserve et hors réserve;

2) des acteurs du développement économique communautaire.

5.3.1 Femmes entrepreneures Ilnuatsh

En ce qui concerne les femmes entrepreneures Ilnuatsh, deux critères de sélection avaient

été ciblés pendant le processus de rédaction de l’entente de recherche. Pour rendre compte

de la diversité des expériences des femmes entrepreneures Ilnuatsh et répondre aux

questions de recherche de l’étude, les critères de sélection qui s’appliquaient alors aux

femmes étaient les suivants :

a) Être une femme Ilnuatsh dont l’activité entrepreneuriale a lieu à l’intérieur et à

l’extérieur de la communauté;

b) Tenir compte de différentes typologies d’activité entrepreneuriale, soit :

- Entrepreneuriat de type individuel

- Entrepreneuriat de type collectif;

- Entrepreneuriat – travail autonome;

- Entrepreneuriat communautaire;

- Entrepreneuriat traditionnel.11

La prise en compte de ces deux critères a permis de dresser un portrait diversifié des

expériences des femmes entrepreneures Ilnuatsh et de déterminer ainsi les caractéristiques du

11 Cette définition de l’entrepreneuriat devait être issue des résultats de la recherche doctorale.

Page 120: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

103

phénomène par une démarche exploratoire. C’est en tenant compte des différents profils et

types d’activités des femmes entrepreneures qu’il a été possible de faire ressortir la

complexité du phénomène de l’EFA en considération des expériences diversifiées des

femmes, malgré le fait que celles-ci appartenaient toutes au même contexte communautaire.

5.3.2 Acteurs du développement économique

Des entrevues ont été réalisées auprès des acteurs du développement économique de la

communauté et des personnes-ressources du Conseil de bande. Ces entrevues ont permis

d’élargir l’analyse du phénomène de l’EFA au contexte communautaire. Pour répondre aux

questions de recherche préfixées, cette enquête qualitative a également été élargie aux acteurs

du développement économique de la communauté de Mashteuiatsh, ce qui a ouvert les

portes à une analyse du contexte communautaire et à la vision des acteurs à l’égard de

l’entrepreneuriat des femmes Ilnuatsh.

5.4 Élaboration des instruments

Dans le cadre de cette enquête qualitative, deux guides d’entrevue semi-directive pour les

femmes entrepreneures et pour les acteurs du développement économique ont été rédigés

afin de mesurer les concepts à l’étude.

5.4.1 Guide d’entrevue semi-directive auprès des femmes entrepreneures Ilnuatsh

La présente enquête visait à recueillir des renseignements sur l’expérience entrepreneuriale

auprès d’un certain nombre de femmes entrepreneures autochtones. Pour atteindre l’empirie,

une attention particulière a été portée à l’opérationnalisation du concept d’« expérience

entrepreneuriale » lors de l’élaboration du guide d’entrevue auprès des femmes Ilnuatsh. Le

concept d’expérience a été opérationnalisé en fonction des éléments connus : d’une part, une

dimension donnée de cette expérience correspondait à la création d’entreprise, et d’autre

part, à la production artisanale. Afin d’explorer les autres formes possibles – entre les deux –,

une dimension était consacrée à l’hybridité.

En vue de répondre à la question du présent projet de recherche doctorale, un guide

d’entrevue semi-directive a été rédigé pour permettre à la chercheuse d’obtenir les

renseignements nécessaires sur les expériences entrepreneuriales des femmes Ilnuatsh.

L’objectif du guide est de laisser les participantes parler librement de leur expérience

Page 121: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

104

entrepreneuriale, à partir d’un guide thématique pouvant orienter l’entrevue sans que les

thèmes leur soient imposés (Paillé, 1991).

Il importe de noter que l’élaboration du guide thématique tient compte de la traduction du

langage du chercheur pour la personne interrogée. Les dimensions conceptuelles à prendre

en considération, relativement aux expériences entrepreneuriales, sont mentionnées ci-

dessous :

1. Création d’entreprise et parcours entrepreneurial;

2. Production artisanale et savoir-faire local (SFL);

3. Formes hybrides de l’entrepreneuriat;

4. Évaluation du parcours;

5. Perception de la FEA à l’égard de l’EFA;

6. Conclusion (projection dans l’avenir);

7. Profil de la femme entrepreneure autochtone.

Le questionnaire commençait par l’histoire de vie et le vécu de la répondante. Les questions

centrales étaient consacrées au processus de l’entreprise ou de production artisanale. En

guise de conclusion est présenté un bilan de l’expérience de la femme et son positionnement

par rapport à l’entrepreneuriat. Puis, à la fin du questionnaire, le profil des répondantes a été

établi.

5.4.2 Guide d’entrevue pour les acteurs du développement économique

Cette étude vise à comprendre le contexte circonscrit dans lequel les femmes autochtones

entrepreneures agissent au quotidien. Pour ce faire, le guide d’entrevue semi-directive des

acteurs du développement économique s’inspire du modèle diagnostique de Hindle (2000).

Dans son article How Community Context Affects Entrepreneurial Process: A Diagnostic Framework

(2010), Hindle propose un modèle de diagnostic communautaire qui prend en compte les

particularités culturelles et structurelles d’une communauté autochtone et leur incidence sur

le processus entrepreneurial.

Le modèle de Hindle répond à un besoin de systématisation quant à la manière dont le

contexte communautaire autochtone influence le processus entrepreneurial, tout en

Page 122: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

105

regroupant les principales catégories précisées dans la littérature scientifique. Il s’agit d’un

modèle de diagnostic communautaire qui peut aussi être utile pour l’évaluation du potentiel

entrepreneurial d’une communauté autochtone et propose une façon systématique de réaliser

une enquête sur le terrain à partir d’un cadre théorique.

Dans le cadre de la présente étude doctorale, le modèle utilisé vient donc appuyer l’analyse

des expériences des femmes entrepreneures Ilnuatsh dans le contexte communautaire de

Mashteuiatsh, sans oublier l’analyse systématique du contexte communautaire qui a permis

de systématiser les expériences des femmes entrepreneures autochtones, à l’intérieur et à

l’extérieur des communautés.

Les facteurs, à la fois structurels et humains, qui sont ciblés dans ce modèle suggèrent

notamment l’élaboration du guide d’entrevue semi-directive orientant les entrevues avec les

acteurs du développement économique ou du Conseil de bande. Dans le cadre de l’étude du

contexte, les dimensions à prendre en compte correspondent aux facteurs structurels et

humains d’une communauté. Les renseignements recueillis en suivant le modèle de Hindle

permettront la reconstitution du profil entrepreneurial d’une communauté et amélioreront la

contextualisation des expériences des femmes entrepreneures membres de cette

communauté.

D’après le modèle de Hindle (2010), les dimensions prises en compte sont :

1) les facteurs structurels : Territoire et infrastructures, Gouvernance et institutions,

Droit de propriété et gestion de capitaux;

2) les facteurs humains : Ressources humaines, Vision du monde, Relations sociales.

3) l’analyse des obstacles à l’activité entrepreneuriale des femmes propres à la

communauté;

4) les programmes appuyant l’activité entrepreneuriale des femmes.

5.5 Déroulement de l’enquête qualitative

Une fois l’approbation éthique de l’Université Laval (CÉRUL) obtenue, le 18 avril 2018, la

chercheuse de l’étude a pris contact avec Mme Isabelle Lalancette, à qui elle a fait parvenir un

Page 123: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

106

plan d’action détaillé présentant les principales étapes de la collecte de données envisagée.

Un premier entretien téléphonique a eu lieu avec Mme Lalancette avant le déplacement dans

la communauté afin de convenir des grandes lignes de la collecte des données.

Cette collecte, qui a servi pour l’enquête qualitative, a eu lieu à l’été 2018. La chercheuse a

séjourné à deux reprises dans la communauté de Mashteuiatsh, soit pendant un total de

15 jours;12

o Le premier séjour a eu lieu du 21 au 31 mai 2018;

o Le deuxième séjour a eu lieu du 18 au 21 juin 2018.

Le Conseil de bande a réservé un bureau pour la chercheuse pendant ses deux séjours. En

outre, pour assurer le bon déroulement du projet de recherche, un comité-conseil a été créé à

l’interne par le porteur du projet dans la communauté, Mme Isabelle Lalancette.13 Au début de

l’enquête, le comité-conseil et la chercheuse ont tenu une première rencontre, le

22 mai 2018, afin de valider les documents liés au recrutement des participantes et de définir

les différentes stratégies d’accès au terrain pour le recrutement aux fins de l’enquête.

5.5.1 Stratégie d’accès au terrain et modalités de recrutement

En raison de l’absence d’une base de données complète sur les femmes entrepreneures, la

première phase du séjour visait à recueillir sur place tous les renseignements nécessaires et

complémentaires à l’étude, en consultation avec le comité-conseil, et à obtenir les

renseignements sur le nombre de femmes entrepreneures de la communauté et à l’extérieur

de celle-ci. Une liste des femmes entrepreneures de Mashteuiatsh, résidentes ou non, a été

fournie par la Société de développement économique ilnu (SDEI). Certains documents, tels

que les annonces de recrutement, ont été bonifiés sur place, notamment en précisant le

numéro de résolution du projet. Quant aux acteurs du développement économique, ils ont

12En raison de la collaboration du milieu et du taux élevé de participation des femmes Ilnuatsh, les deux séjours ont largement suffi pour la collecte de données de l’étude. 13 Ce comité-conseil était composé de trois personnes : Isabelle Lalancette, Doris Paul, coordonnatrice au développement de la main-d’œuvre, et Audrey Bouchard, conseillère aux entreprises de la SDEI. Cette triade était chargée d’accompagner et de conseiller la chercheuse tout au long de sa recherche.

Page 124: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

107

été désignés en consultation avec le comité-conseil. Une annonce de recrutement leur a été

transmise. La stratégie utilisée pour le recrutement des femmes entrepreneures s’est faite de

différentes façons. Or, les femmes entrepreneures innues habitant à l’extérieur de la

communauté ont été proposées par des membres de la communauté vu les liens que ces

derniers entretiennent avec les membres résidents et non résidents de la communauté innue.

5.5.2 Entrevues individuelles

Pendant son séjour, la chercheuse de la présente étude doctorale a été accompagnée dans la

réserve afin d’assurer son déplacement, lorsque nécessaire, pour réaliser ses entrevues avec

les femmes Ilnuatsh et les acteurs du développement économique. Les entrevues se sont

tenues dans différents lieux, selon les disponibilités et les exigences de chaque répondante,

par exemple au siège social des entreprises, au domicile personnel de la participante ou dans

les locaux des organisations ou des associations visées. Certaines entrevues se sont également

déroulées dans les locaux du Conseil de bande, puisqu’un bureau avait été réservé à la

chercheuse pour la durée de son séjour.

5.5.3 Entrevue de groupe

Pendant l’enquête de terrain, un groupe de discussion a été créé, composé de femmes

Ilnuatsh entrepreneures. Ce groupe a été formé en vue de restituer l’expérience

entrepreneuriale des femmes artisanes qui font partie du Puakuteu (Comité de femmes de

Mashteuiatsh) et qui ont l’habitude de travailler ensemble. Ainsi, il a été jugé important

d’adapter la méthode à la réalité.14

5.6 Bilan de l’enquête qualitative

L’enquête qualitative qui a été réalisée au sein de la communauté de Mashteuiatsh pour la

recherche doctorale en question a mobilisé 27 membres de la communauté, soit 5 acteurs du

développement économique et 22 femmes entrepreneures Ilnuatsh. Ces dernières

représentent différentes typologies d’activités entrepreneuriales, sur réserve et hors réserve,

comme l’indique le tableau 2.

14 Une demande de modification a été présentée au CÉRUL le 27 mai 2018 et approuvée le 31 mai 2018 : no d’approbation : 2018-076 A-1/31-05-2018.

Page 125: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

108

Type d’entrepreneuriat Sur réserve Hors réserve Total

Chef d’entreprise 4 1 5

Travailleuse autonome 2 1 3

Artiste 1 - 1

Artisane 11 - 11

Entrepreneure communautaire 1 - 1

Entrepreneure coopérative 1 - 1

Total 22

Tableau 2 : Répartition des participantes Ilnuatsh par type d’entrepreneuriat et lieu d’activité Source : Enquête qualitative, Croce (2019)

5.6.1 Profil sociodémographique des femmes Ilnuatsh

Du point de vue sociodémographique, le profil des femmes Ilnuatsh qui ont participé à

l’enquête qualitative est très diversifié. Parmi les renseignements recueillis, citons le statut

juridique, l’âge, le degré de scolarité, l’état civil et le nombre d’enfants des femmes

interrogées.

Ces renseignements sont présentés dans le tableau 3 ci-dessous :

Statut juridique Âge Scolarité État civil Enfants

1 Statuée indienne 49 Sec. I Veuve 8

2 Statuée indienne 38 Primaire Célibataire 0

3 Statuée indienne 19 Cégep Célibataire 0

4 Statuée indienne 50 Sec. II Conjoint de fait 2

5 Statuée indienne 45 Sec. II Mariée 2

6 Statuée indienne 45 Primaire Célibataire 4

7 Statuée indienne 48 Primaire Conjoint de fait 12

8 Statuée indienne 67 Sixième année Célibataire 2

9 Statuée indienne 53 Huitième année Mariée 2

10 Statuée indienne 58 Sec. I Mariée 4

11 Statuée indienne 62 Certificat Mariée 2

12 Statuée indienne 31 Baccalauréat Mariée 4

13 Statuée indienne 32 Diplôme d’études collégiales

Célibataire 3

14 Statuée indienne 64 Certificat Conjoint de fait 1

Page 126: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

109

15 Statuée indienne 61 Troisième année Divorcée 5

16 Statuée indienne 45 Maîtrise Célibataire 0

17 Statuée indienne 64 Certificat Mariée 3

18 Statuée indienne 53 Sec. V Mariée 4

19 Statuée indienne 23 Cégep Célibataire 0

20 Statuée indienne 52 Maîtrise Célibataire 2

21 Statuée indienne 42 Universitaire Célibataire 3

22 Statuée indienne - - - -

Tableau3 : Profil sociodémographique des femmes ilnuatsh Source : Enquête qualitative, Croce (2019)

5.7 Résultats attendus

Cette recherche doctorale avait pour objectif principal la réalisation d’un état des

connaissances sur les expériences entrepreneuriales des femmes autochtones dans une

démarche exploratoire de l’EFA. Le projet proposait une façon systématique de réaliser une

enquête exploratoire sur le terrain à partir d’un cadrage théorique afin de systématiser et de

comprendre les expériences des femmes entrepreneures autochtones dans un contexte

communautaire.

À l’issue de cette enquête qualitative, les principaux résultats escomptés étaient les suivants :

o Analyse du contexte communautaire lié à l’EFA, avec la restitution des acteurs du

développement économique;

o Compréhension des expériences entrepreneuriales des femmes selon le type d’activité

et le contexte (communautaire ou hors réserve), avec la restitution des femmes

entrepreneures autochtones.

5.8 Plan d’analyse des données

L’analyse du corpus empirique a été divisée en plusieurs étapes (p. ex., Blais et Martineau,

2006; Miles and Huberman, 2003). Les entrevues préalablement enregistrées ont été

retranscrites intégralement avec l’autorisation écrite des participantes. Chaque participante

s’est vu attribuer un code unique. Par la suite, les données brutes contenues dans un fichier

Page 127: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

110

Word ont été importées dans le logiciel d’analyse qualitative du texte NVivo.

Pour répondre aux questions de recherche de l’étude, l’analyse du corpus empirique a été

divisée en deux étapes distinctes.

Dans un premier temps, les entrevues qui ont été réalisées auprès des acteurs du

développement économique ont été analysées pour en extraire les caractéristiques du

contexte communautaire autochtone de Mashteuiatsh. Comme cette étude doctorale est axée

sur l’analyse de l’EFA et tient compte du contexte communautaire, il a été convenu de

soutirer d’abord les principales caractéristiques du contexte communautaire de Mashteuiatsh.

Dans le cadre de cette analyse, les principales variables, inspirées du modèle de Hindle,

étaient les suivantes :

1) Infrastructures et territoire;

2) Ressources humaines;

3) Gouvernance et institutions;

4) Relations sociales et visions du monde;

5) Droit des propriétés et gestion du capital;

5) Barrières et programmes de soutien, et mesures d’accompagnement entrepreneurial.

Dans un deuxième temps, l’EFA a été analysé à partir des 22 entrevues réalisées auprès des

femmes Ilnuatsh. La méthode d’analyse de contenu adoptée pour l’analyse des données

venait appuyer un travail de qualification des données (Paille et Mucchielli, 2012). Cette

méthode est privilégiée pour déterminer les significations et les unités de sens des mots des

participantes (Larivee, 2013; Harding, 2004; Strauss et Corbin, 1994).

Les unités de sens ont été relevées – segments de texte qui présentent une signification

unique –, et des catégories ont été créées au moyen d’une première opération de codage

descriptif et d’une codification libre (p. ex., Saldana, 2009). Les catégories émergentes ont

ensuite été analysées en vue de créer des regroupements thématiques et des sous-thèmes

(Ryan et Russell Bernard, 2003).

Page 128: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

111

Les principaux axes d’analyse des données étaient les suivants :

o Analyse du profil des femmes entrepreneures;

o Analyse des expériences et des parcours entrepreneuriaux des femmes

entrepreneures en relation avec le type d’activité;

o Analyse du savoir-faire local SFL en lien avec la typologie de l’EFA;

o Analyse des types et des formes de l’EFA.

Par la suite, les résultats des entrevues réalisées auprès des femmes entrepreneures Ilnuatsh

ont été mis en relation avec l’analyse du contexte communautaire. Ainsi, il était possible de

contextualiser les expériences des femmes selon leurs contextes d’action. L’analyse des

résultats présentés dans le chapitre est structurée en deux parties. Tout d’abord, les

principaux thèmes relatifs à l’EFA ont été déterminés. Ensuite, une analyse du contexte a été

réalisée, puis l’analyse intégrée des expériences et du contexte sera présentée.

5.9 Validation et présentation des résultats

Tel qu’il est indiqué dans l’entente de recherche, la validation et la vérification des résultats

de cette recherche doctorale ont été exécutées par étapes, toujours dans une démarche

collaborative et participative avec le milieu communautaire où la recherche a eu lieu. Dans

un premier temps, la chercheuse a effectué la présentation des résultats préliminaires aux fins

de validation et de vérification auprès de la direction d’Économie, emploi et partenariats

stratégiques et du Comité-conseil le 3 décembre 2018 au sein du Conseil de bande. Suivant

l’approbation et les quelques recommandations particulières, en ce qui concerne notamment

le statut de la femme Ilnuatsh dans la communauté, conformément à l’évolution de la loi C-

31, une deuxième présentation s’est déroulée devant le comité de recherche de la

communauté, le 28 janvier 2019, aux fins de validation officielle des résultats de la recherche.

Quant à la diffusion des résultats de la recherche, deux principales activités ont eu lieu.

Tout d’abord, une présentation des résultats de la recherche a été réalisée devant les

membres du Conseil des élus de la communauté de Mashteuiatsh, Katakuhimatsheta, et la

direction générale pour approbation et discussion des résultats à l’occasion d’une réunion

spécial. Par la suite, une présentation sous forme de table ronde a été organisée dans la

Page 129: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

112

communauté à la Salle communautaire de Mashteuiatsh afin de communiquer et de discuter

des résultats de la recherche aux femmes ayant participé à l’enquête.

L’ensemble des étapes mentionnées en ce qui a trait à la validation et à la diffusion des

résultats de la recherche doctorale est illustré à la figure 2.

Figure 2 : Processus collaboratif de la recherche avec le milieu, deuxième partie Source : Enquête qualitative, Croce (2019)

5.10 Valorisation des résultats de la recherche

Les résultats de cette recherche doctorale seront utiles à la SDEI dans la conception d’un

plan d’action et d’une stratégie visant l’accompagnement des femmes Ilnuatsh

entrepreneures au sein de la communauté. Ainsi, une révision de l’offre de services a été

possible grâce aux résultats de cette recherche doctorale.

Validation des résultats préliminaires auprès du comité-conseil, 3 décembre 2018

Validation des résultats préliminaires auprès du comité de recherche, 28 janvier 2018

Présentation des résultats de la recherche aux femmes Ilnuatsh, 23 avril 2019

Présentation des résultats de la recherche au Conseil des élus, 23 avril 2019

Page 130: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

113

CHAPITRE 6

ANALYSE DU CONTEXTE COMMUNAUTAIRE DE

MASHTEUITASH

Ce sixième chapitre présente une analyse du contexte communautaire de Mashteuiatsh, la

communauté autochtone lnue dans laquelle cette étude doctorale a eu lieu. Afin de répondre

à une des questions de recherche préfixées de cette étude doctorale, soit celle de comprendre

l’impact du contexte sur le phénomène entrepreneurial des femmes, le contexte

communautaire a été considéré dans l’analyse du phénomène de l’EFA en vue de

comprendre et de contextualiser les expériences des femmes lnuatsh. Dans l’esprit de cette

recherche doctorale, le degré de différenciation qui existe entre les communautés

autochtones a été pris en compte dans la réflexion initiale afin de mieux comprendre

comment cela peut influencer et déterminer les expériences entrepreneuriales des femmes

Ilnuatsh. Dans le présent chapitre est présenté le contexte communautaire à l’aide du modèle

diagnostic communautaire de Hindle (2010); en plus des facteurs structurels et humains qui

sont proposés par l’auteur, l’analyse du corpus empirique a permis de faire émerger de

nouveaux facteurs contextuels et d’élargir ainsi le modèle original en y ajoutant de nouvelles

catégories d’analyse portant sur le contexte communautaire.

6.1 Entrepreneuriat et contexte socioculturel : introduction des facteurs

contextuels

Contrairement aux approches psychologiques ou économiques (p. ex. Cantillon, 1952;

Schumpeter, 1934) qui ont servi à l’analyse des activités entrepreneuriales à un niveau

microéconomique, qui porte d’ailleurs sur les activités et les comportements des

entrepreneurs, les approches macro issues de la sociologie sont reconnues pour tenir compte

du contexte socioculturel dans lequel l’activité des individus s’inscrit.

Ainsi, quand il s’agit d’entrepreneuriat, l’objet de l’analyse passe de l’entrepreneur comme

individu, avec ses caractéristiques de personnalité et son impact économique sur la société, à

l’étude de l’entrepreneuriat comme phénomène social. Dans le premier cas, l’entrepreneur

Page 131: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

114

est considéré comme ayant un rôle proactif sur l’activité entrepreneuriale, inspirée par

exemple par la prise de décision, la prise de risque et l’esprit d’innovation. Toutefois, avec

l’approche systémique, l’activité entrepreneuriale représente plutôt une réponse de l’individu

à son environnement ainsi que les interactions avec les différentes parties prenantes de

l’écosystème entrepreneurial. Or, l’activité entrepreneuriale de l’individu n’est pas déterminée

par des décisions individuelles, mais plutôt par le contexte et les caractéristiques des milieux.

La littérature entrepreneuriale qui se consacre à l’étude de l’influence du contexte sur le

processus entrepreneurial a été analysée selon un grand nombre de facteurs d’influence

externes à l’individu. Certains de ces facteurs sont liés aux aspects structurels, tandis que

d’autres sont plutôt associés aux aspects socioculturels. En ce qui concerne les facteurs

structurels, plusieurs études sur la gouvernance (p. ex., Ben-Hafaïedh et Boubaker, 2003) ont

démontré qu’avec la mise en place des stratégies de développement entrepreneurial et de

développement territorial, la gouvernance peut avoir des répercussions plus ou moins

favorables sur le processus entrepreneurial. De plus, les institutions et la législation

influencent le développement économique et peuvent représenter soit une contrainte soit un

facteur facilitant pour les activités entrepreneuriales. Ajoutons que l’environnement

structurel aussi influe sur le processus entrepreneurial, grâce à l’exploitation des possibilités

entrepreneuriales dans un environnement donné (p.ex. Julien, 2007). La démarche utilisée

pour repérer ces possibilités est donc parfois simplifiée par les organisations du

développement économique, qui ont pour mission de soutenir et de financer les activités

entrepreneuriales au niveau territorial. Tous ces facteurs qui dépendent de la structure sont

contextuels au processus entrepreneurial.

Parmi les facteurs d’ordre socioculturel, la création entrepreneuriale a été mise en relation

avec le capital social et les réseaux sociaux (Alder et Kwon, 2002; Bauernschuster, Falck et

Heblich, 2010; Pirolo et Presutti, 2010). En effet, la littérature académique démontre que le

capital social favorise la création entrepreneuriale de façon bien plus importante que le

capital financier (Mueller, 2007). Au-delà de la création entrepreneuriale, il faut savoir que le

réseau entrepreneurial est réputé indispensable à toute phase du processus entrepreneurial, à

la survie des entreprises et à leur développement (Lamine, Fayolle et Chebbi, 2014).

Maintenant, à l’égard du capital social et au-delà de la vision individualiste (Portes, 1998),

Page 132: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

115

d’autres recherches reprennent le concept de Bourdieu voulant que le capital social d’un

individu ne soit pas indépendant de son capital économique et culturel (Coleman, 1988).

Aussi, entre les cultures et l’entrepreneuriat, la relation se présente sur plusieurs tableaux :

d’une part, la culture touche à différents plans - régional, national ou générationnel - et peut

influencer le comportement entrepreneurial et les décisions des entrepreneurs; d’autre part,

la culture entrepreneuriale peut être considérée comme un outcome, qu’on peut retrouver dans

un pays ou une région, par exemple, et qui représente le résultat d’un contexte précis et des

relations de la triple hélice (Kim, Kim et Yang, 2012). Ainsi, la culture entrepreneuriale d’une

région ou d’un pays est associée strictement au concept d’écosystème entrepreneurial.

Les approches systémiques ont aussi donné de l’importance à la relation des différents

facteurs du milieu dans le processus entrepreneurial. Les études qui présentent une approche

systémique en entrepreneuriat se situent dans les recherches sur les écosystèmes, lesquelles

reconnaissent l’importance de l’environnement ou du contexte comme un facteur

influençant le comportement de l’entrepreneur et celui des entreprises (cycle de vie des

entreprises). Les études de Acs et collègues (2016) et de Kim et collègues (2012) ont le

même constat : l’entrepreneuriat est un phénomène qui est corrélé au développement

économique d’une région ou d’une nation, et l’étude des écosystèmes permet une vision de

l’ensemble des taux entrepreneuriaux afin d’orienter les décideurs publics dans les stratégies

décisionnelles. Non seulement tous ces facteurs sont contextuels et varient d’un milieu à

l’autre, mais ils varient également selon la nature du contexte , tel que une nation, une région

ou une communauté autochtone.

6.2 Entrepreneuriat et contexte communautaire autochtone : introduction au

modèle de Kevin Hindle

Quand on traite du contexte en milieu autochtone, il se crée alors une unité d’analyse

spécifique, autant sur le plan territorial que sociopolitique : les communautés autochtones,

soit les réserves du Canada. Lorsque les modèles analysés et les interlocuteurs rencontrés se

trouvent dans ces espaces circonscrits, il devient pertinent de parler d’entrepreneuriat

autochtone communautaire. Les réserves sont des territoires de compétences fédérales qui

ont été créés à la suite de traités, de revendications territoriales et d’autres ententes qui

servent les Indiens de plein droit. Les réserves sont régies par la Loi sur les Indiens et, du point

Page 133: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

116

de vue de la gouvernance, par les conseils de bande, ce qui implique des dynamiques

sociopolitiques bien particulières (Jorgensen, 2007). Les communautés autochtones sont, par

leurs structures, des organisations présentes, et leur positionnement géographique crée des

contextes territoriaux bien précis ainsi que des réalités différentes les unes des autres.

Certains auteurs (p.ex. Hindle et Lansdowne, 2005; Hindle et Moroz, 2010) s’entendent sur

le fait que les concepts traités dans la littérature entrepreneuriale générique ne peuvent pas

être assimilés et transposés dans les réalités des contextes communautaires autochtones. Par

exemple, en ce qui concerne le capital social, Foley (2008) a démontré les particularités du

réseau autochtone et explique comment la relation entre la culture, le capital social et le

réseautage influence les entrepreneurs autochtones et leur activité entrepreneuriale. La vision

du capital social élaborée par Coleman (1988) est, dans ce sens, dépassée par celle de Putman

(2000), par l’acception collective du capital social dans les relations internes d’un groupe

social ou communautaire bien précis.

Plusieurs études ont été consacrées à l’explication de l’influence du contexte communautaire

sur le processus entrepreneurial (Mason, Dana et Anderson, 2009) et aussi sur les initiatives

entrepreneuriales (Anderson, Honing et Peredo, 2006; Peredo et Chrisman, 2006). Dans

cette littérature, qui s’interroge sur la relation entre l’entrepreneuriat autochtone et le

contexte communautaire, on retrouve de façon importante la contribution d’un auteur,

Kevin Hindle (2010) qui dans son article « How community context affects entrepreneurial

process: A diagnostic framework », propose un modèle de diagnostic élaboré pour évaluer

l’incidence des principaux facteurs d’influence du contexte sur le processus entrepreneurial.

Le modèle analytique de Hindle est un modèle complexe qui regroupe les différents facteurs

d’influence ciblés à cet effet dans la littérature scientifique. Il répond alors à un besoin de

systématisation de l’influence qu’exerce le contexte sur le processus entrepreneurial, tout en

regroupant les principales catégories indiquées dans la littérature scientifique. Ce modèle a

plusieurs objectifs : celui d’évaluer la capacité entrepreneuriale dans un contexte

communautaire et celui d’évaluer son potentiel entrepreneurial. Il sert également au

diagnostic du projet de développement communautaire en vue d’évaluer son efficacité dans

un contexte déterminé. L’objectif du modèle est de définir la communauté et ses

Page 134: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

117

caractéristiques, et de déterminer si la communauté en question est viable pour les initiatives

entrepreneuriales.

Le modèle de Kevin Hindle est illustré dans la figure 3 ci-dessous :

Figure 3 : Modèle de Kevin Hindle (2010)15 Source : Kevin Hindle (2010) Le modèle de Hindle est un modèle structuré en plusieurs parties : la première partie se

compose de deux piliers principaux, ce que Hindle appelle les fondements de chaque

processus entrepreneurial. Ces deux piliers englobent un total de six facteurs, dont cinq

forment les éléments de base qui permettent d’évaluer la capacité descriptive du modèle et

qui sont répartis sur une base pyramidale en ordre d’importance, du plus important pour le

développement entrepreneurial au sein d’une communauté autochtone donnée au moins

important.

Quant aux facteurs structurels, Hindle en mentionne trois :

o Ressources physiques;

o Gouvernance et institutions;

o Droit de propriété et gestion du capital.

15 Le modèle est reproduit dans cette thèse de doctorat avec l’autorisation de son auteur, Kevin Hindle. La citation exacte du modèle est la suivante : « Figure 1. How community context affects entrepreneurial process: a diagnostic framework » Kevin Hindle, 2010, page 619.

Page 135: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

118

À la base du processus entrepreneurial figurent les ressources physiques d’un territoire, c’est-

à-dire les infrastructures, les accès routiers et les matières premières, comme les mines et les

ressources hydrauliques. Les ressources physiques se doivent d’être prises en compte dans le

développement des activités entrepreneuriales. Le deuxième facteur concerne quant à lui la

gouvernance et les institutions : la gouvernance influe sur les processus entrepreneuriaux et

les décisions des entrepreneurs, ce qui, dans le contexte autochtone, a été étudié de façon

bien particulière (Cornell et Kalt, 2000). Le troisième facteur présenté est le droit de

propriété, ce qui est très important dans les questions autochtones en lien avec

l’entrepreneuriat, fait découlant de la Lois sur les Indiens.

Quant aux facteurs humains, Hindle en cible deux principaux, de la partie descriptive du

modèle :

o Ressources humaines (démographie et capital humain);

o Vision du monde et relations sociales.

Deux des trois facteurs présentés dans la pyramide sont des éléments de la connaissance et

font partie de la base descriptive de tout modèle entrepreneurial. Le premier facteur de cette

catégorie touche les ressources humaines. Il s’agit de la capacité en ressources humaines de la

communauté et de ses compétences en vue de développer les activités entrepreneuriales. Le

deuxième facteur concerne la vision du monde et les relations sociales qui dominent dans la

communauté, c’est-à-dire la structure des relations sociales au sein de la communauté

autochtone.

Enfin, le troisième facteur est celui de l’analyse des obstacles. Il s’agit de l’élément de

transition entre la partie descriptive du modèle et sa partie analytique. Ce facteur est relatif à

l’analyse des obstacles qui freinent l’activité entrepreneuriale d’une communauté et

représente la frontière entre l’environnement et l’interaction de deux systèmes. Si ce modèle

est examiné de façon pyramidale, il est évident qu’un constat doit être fait quant aux

ressources physiques ou humaines, aux aspects socioculturels, soit la gouvernance et les

réseaux d’affaires, et au droit de propriété. Dans son modèle, Kevin Hindle détermine les

facteurs contextuels et leur ordre dans le diagnostic du processus entrepreneurial. Après

Page 136: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

119

avoir ciblé les cinq éléments de base et avoir analysé les obstacles propres à une

communauté, il conclut à un diagnostic partiel du modèle entrepreneurial de la communauté

et à une vision du portrait entrepreneurial d’une communauté donnée. Par la suite, l’auteur

indique les étapes du modèle qui sont représentées par le pont du milieu (figure 4). Il s’agit

de la partie analytique du modèle de Kevin Hindle, qui prévoit la mise en œuvre des

programmes et des actions qui peuvent contribuer à surmonter les obstacles

communautaires. Il s’agit d’une part des ressources humaines à utiliser et d’autre part des

infrastructures nécessaires au développement entrepreneurial. La nature processuelle du

modèle de Hindle est présentée dans la figure 4 :

Figure 4 : Nature processuelle du modèle de Kevin Hindle16 Source : Kevin Hindle (2019)

6.3 Analyse du contexte communautaire de Mashteuiatsh, inspirée du modèle

de Hindle

Afin de répondre à une des questions de recherche préfixées de cette étude doctorale quant à

la compréhension de l’influence du contexte communautaire sur les expériences

entrepreneuriales des femmes Ilnuatsh et à une meilleure compréhension de l’EFA comme

phénomène entrepreneurial contextualisé, une analyse du contexte de la communauté de

16 Le modèle est reproduit dans cette thèse avec autorisation de son auteur, Kevin Hindle. La citation exacte du modèle est la suivante: « Figure 2. Working through the framework sequentially » Kevin Hindle, 2010, page 621.

Page 137: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

120

Mashteuiatsh a été réalisée au cours de la présente enquête qualitative, inspirée des travaux

du professeur Kevin Hindle, dont il est question dans les sections précédentes.

Pour cette raison, plusieurs acteurs du développement économique ont été rencontrés

pendant l’enquête qualitative, puis interrogés conformément au guide d’entrevue semi-

directif. Or, pour l’analyse du corpus empirique, des regroupements thématiques ont été

extraits afin de faire émerger les caractéristiques du contexte communautaire et les

principales variables prédéfinies selon l’interprétation de la chercheuse de ce modèle.

L’analyse est restituée dans les sections suivantes, en deux parties : 1) partie descriptive et 2)

partie analytique. L’analyse des facteurs pris en compte ainsi que les verbatim correspondants

sont présentés ici.

6.3.1 Analyse du contexte communautaire : partie descriptive du modèle

Inspirées du modèle de Hindle, les variables à l’étude pour la partie descriptive sont : 1)

Infrastructures et territoire; 2) Démographie et capital humain; 3) Gouvernance et

institutions; 4) Relations sociales et vision du monde; 5) Droit de propriété et gestion du

capital. Ces variables sont présentées ci-dessous.

o Infrastructures et territoire

La communauté de Mashteuiatsh est située dans la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean, dans

la province de Québec. Le territoire qu’occupe la communauté de Mashteuiatsh compte une

petite superficie de 15,24 km² sur les berges du lac Saint-Jean, comme le mentionne ce

répondant :

« Il faut savoir aussi que le territoire n’est pas immense non plus à Mashteuiatsh, car on est enclavé par Roberval, Saint-Prime, donc ce n’est pas très grand, Mashteuiatsh. » A_11

Par ailleurs, il est important de noter qu’au-delà du territoire de la réserve, délimité par le

gouvernement fédéral, le territoire traditionnel revendiqué au gouvernement par le Conseil

de bande « Nitassinan » s’étend sur une superficie beaucoup plus grande, qui est estimée à

13 000 km² (figure 5).

Page 138: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

121

Figure 5 : Carte du Nitassinan, territoire traditionnel Source : Site web de la communauté de Mashteuiatsh https://www.mashteuiatsh.ca/membre-de-la-communaute/carte-de-nitassinan.html

Du point de vue des infrastructures, la communauté de Mashteuiatsh est accessible par

route, piste cyclable et voie ferroviaire, laquelle traverse la communauté, mais elle ne

bénéficie d’aucun transport en commun. La communauté dispose d’une rue principale

appelée Ouiatchouan. C’est par elle qu’on peut accéder au Conseil de bande, à plusieurs

entreprises, à diverses organisations communautaires et au parc industriel, tel que l’indique ce

répondant :

« Le parc industriel a de la place, mais l’accessibilité au parc industriel n’est pas optimale présentement, parce qu’on n’est pas sur la route régionale, donc […] il faut toujours bifurquer, tu sais. C’est un détour pour venir à Mashteuiatsh, donc on n’est pas sur la route régionale, donc quelqu’un qui voudrait se partir un commerce et a besoin d’être sur la voie passante, bien la voie passante, ici, c’est la Rue Ouiatchouan. Ce sont les gens de Mashteuiatsh majoritairement qui passent là […] » A_11

Page 139: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

122

La communauté dispose aussi d’une église, d’un musée (le Musée amérindien de

Mashteuiatsh), d’une école, d’un pensionnat, d’un espace culturel communautaire (site

Uashassihtsh) et d’un centre d’information touristique.17

o Démographie et capital humain

La communauté de Mashteuiatsh appartient à la Première Nation des Innus. Ses habitants

sont appelés les Pekuakamiulnuatsh. Concernant la population de cette communauté, un des

répondants affirme ce qui suit :

« Mashteuiatsh est une communauté autochtone qui regroupe environ 6 800 membres. Dans les 6 800 membres, il y a environ 2 000 résidents qui sont dans la communauté. » A_04

La répartition hommes-femmes de la communauté de Mashteuiatsh révèle que beaucoup de

femmes membres de la communauté demeurent à l’extérieur en raison de certains

événements qui ont mené à l’exclusion des femmes de la communauté, comme le précise un

répondant :

« […] donc, 60 % des membres de la communauté demeurent à l’extérieur de la réserve, puis beaucoup de ces femmes-là demeurent à l’extérieur de la réserve à cause de la Loi sur les Indiens à l’époque, qui ne permettait pas aux femmes qui se mariaient avec des non-Autochtones de rester ici. Les femmes sont beaucoup à l’extérieur, puis quand la Loi sur les Indiens a changé pour permettre aux femmes de retrouver leur statut et à leurs enfants, ici, il y a eu une espèce de boycottage de cet événement-là par les élus. Les élus n’ont pas accepté de donner les services à ces femmes-là, donc cela n’a pas facilité le retour des femmes dans la communauté.18 » A_10

Hormis la capacité démographique, l’analyse du corpus empirique a fait émerger l’analyse du

capital humain de la communauté. Dans ce contexte, les répondants affirment que, bien que

la communauté de Mashteuiatsh présente un bon potentiel de capital humain, il est

présentement sous-utilisé dans la communauté en ce qui a trait à l’entrepreneuriat. En effet,

17 Source : Site web de la communauté de Mashteuiatsh. 18 Il importe de souligner que ceci représente l’opinion d’un répondant et que l’interprétation des faits ne se substitue pas aux faits réels.

Page 140: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

123

au-delà du Conseil de bande, qui est un employeur important, le reste de la population

nécessite une formation accrue selon ces deux répondants :

« Il y a un potentiel à Mashteuiatsh de main-d’œuvre, qui est sous-utilisée présentement, parce qu’on n’a pas beaucoup de […] au-delà du Conseil, qui est un gros employeur. Nos entreprises à Mashteuiatsh font souvent affaire à l’extérieur de Mashteuiatsh. » A_11

OU

« Les femmes ont besoin du personnel avec des formations spécifiques, qui ont des bacs, etc., toutes ces connaissances-là […], parce qu’une grande majorité de la main-d’œuvre actuellement qui est disponible, mais ce sont des gens qui ont peu de formation, dans certains cas, qui n’ont pas fini leur secondaire. Cette employabilité-là, elle existe, mais pour ce qui est des autres, c’est un peu plus difficile, oui. Elles doivent avoir recours à la manœuvre à l’extérieur. » A_18

o Gouvernance et institutions

Mashteuiatsh est une communauté autochtone qui se distingue par la présence de plusieurs

institutions responsables du développement économique de ses membres. Outre le Conseil

de bande, qui représente l’appareil politico-administratif de la communauté, le corpus

empirique a permis de relever, par les témoignages des répondants, les institutions qui s’y

trouvent et leur rôle respectif. Il s’agit des suivants :

- Société de développement économique Ilnu (SDEI);

- Caisse Desjardins;

- Développement Piekuakami Ilnuatsh (DPI).

De plus, l’analyse du corpus empirique permet de comprendre comment la volonté politique

a façonné la configuration institutionnelle propre à la communauté de Mashteuiatsh. Ainsi,

dans cet écosystème entrepreneurial, chaque organisation semble avoir une mission bien

définie :

« Le Conseil n’est pas une entité légale au niveau de l’entrepreneuriat, là […] c’est un organisme public. Donc, le Conseil a formé DPI, et DPI s’est développé en Pekuakamiulnuatsh. DPI, c’est une société en commandite dont le Conseil est

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124

commanditaire. Donc, ça devient l’entité d’affaires qui est le bras d’affaires du Conseil. Autrement dit, le Conseil allait chercher des contrats de gré à gré, et il les faisait réaliser par DPI, et DPI, lui, qui est l’entrepreneuriat collectif, mais qui est une entité légale d’affaires, était le bras d’affaires agissant. Alors, la SDEI, la différence, c’est que c’est un regroupement de gens d’affaires qui donne les services de développement économique à la communauté et qui a une entente administrative avec le Conseil. La SDEI n’appartient pas au Conseil; par contre, le Conseil, dans sa responsabilité gouvernementale, c’est lui qui reçoit les fonds pour donner des services du développement économique. » A_10

La figure ci dessous (figure 6) illustre, donc, la configuration institutionnelle de la

communauté de Mashteuiatsh:

Figure 6 : Configuration institutionnelle de la communauté de Mashteuiatsh Source : Enquête qualitative, Croce (2019) En ce qui concerne la gouvernance, les répondants rencontrés affirment que le Conseil de

bande ne présente aucune orientation particulière liée au développement de l’entrepreneuriat

chez les femmes Ilnuatsh :

« Moi, je te dirais que l’orientation du Conseil est beaucoup plus sur le développement de l’entrepreneuriat en général. À ma connaissance, il n’y a pas d’orientation spécifique pour le développement ou la priorisation du développement de l’entrepreneuriat chez les femmes : c’est à l’intérieur de son développement en général. » A_18

ET

Société en commandite

Conseil de bande

SDEI

DPI

Caisse Desjardins

Regroupement des gens d’affaires

Institution financière

Entité politico-administrative

Page 142: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

125

« Le conseil est impliqué dans les différents organismes où les femmes sont interpellées. Il y a plusieurs organismes autres que dans l’entrepreneuriat qui fait que les femmes sont aidées. Ici, on ne nous a jamais demandé de mettre l’emphase sur les femmes entrepreneures. Quand on parle d’entrepreneuriat ou de l’entreprise il n’y a pas de sexe, tous ceux qui désirent entreprendre : pas de sexe, pas d’âge. » A_01

Soulignons toutefois une attention portée à l’égard de la promotion du statut des femmes

autochtones qui sont membres de la communauté :

« Pas particulièrement pour les femmes, malgré que je dirais que la dernière année, ce conseil-là a été élu il y a un an environ, puis dans la campagne électorale, on a fait beaucoup des représentations […], parce qu’on est un organisme qui est en place avec le milieu, et on s’est organisé pour faire valoir les préoccupations des organismes communautaires. Puis, à travers ces activités-là de sensibilisation, on a parlé beaucoup du comité des femmes et du projet pour soutenir les femmes. » A_03

L’analyse du contexte institutionnel permet d’affirmer que l’institution qui prend en charge le

développement économique des membres ainsi que la promotion de l’entrepreneuriat au sein

de la communauté est la SDEI. Aussi, cette organisation n’a pas de spécificité pour le

développement économique des femmes :

« Je dirais qu’il n’y a pas d’organismes spécifiques au développement entrepreneurial des femmes; c’est plus des organismes qui prennent en charge le développement de l’entrepreneuriat en général […] Entre autres, il y a nous, qui pouvons contribuer au développement, mais tu as surtout la Société de développement économique ilnu, la SDEI que l’on appelle, qui elle, c’est plus son rôle d’accompagner, de supporter, de mettre en place des services pour aider au développement de l’entrepreneuriat. » A_18

ET

« Je pense qu’il y a un niveau d’accompagnement qui est présent dans notre communauté, au niveau des phases du plan d’affaires, prédémarrage d’entreprises, c’est un organisme de la communauté qui se trouve à […] de qui relèvent ces activités-là. Donc, que ce soit pour les femmes entrepreneures ou les entrepreneurs en général, je pense qu’on a quand même un accompagnement qui se fait. On a certaines possibilités. » A_04

Page 143: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

126

Quant à l’institution financière, la Caisse Desjardins, elle ne met pas l’emphase sur le

développement de l’entrepreneuriat chez les femmes Ilnuatsh :

« Moi, je peux vous parler pour la Caisse. C’est très “de genré” là, moi là […] Un entrepreneur peut être une femme ou un homme. Nous, ce qu’on rencontre, ce sont des entrepreneurs et entrepreneures. Je ne veux pas savoir si c’est un homme ou une femme. Il n’y aurait pas de favoritisme de fait. Le centre, on a notre division entreprise chez Desjardins qui traite les dossiers d’entrepreneurs. » A_11

Les témoignages des répondants permettent aussi de statuer qu’il existe un niveau de service

et d’accompagnement sur réserve :

« Je pense que oui, au niveau des structures, on est quand même assez bien équipés en termes de services, les gens ne les connaissent pas ou ils ne savent pas jusqu’où ils peuvent les utiliser. Puis, le problème qu’il y a, c’est qu’on a une attitude de fonctionnaire, puis on est dans notre bureau et on ne sort pas de là […] Si tu ne viens pas me voir parce que t’as un projet et tout ça, bien. Puis, moi, ma job est d’être ici. » A_10

o Relations sociales et vision du monde

Dans la communauté, les relations sociales semblent être caractérisées, encore aujourd’hui,

par le patriarcat; en affaires, la femme occupe encore aujourd’hui un rôle de deuxième plan

dans la communauté :

« Je dirais que les problématiques, pour les femmes, c’est les mêmes : au niveau de la loi, j’aurais tendance à dire qu’on a les mêmes contraintes que les hommes peuvent vivre. C’est plus au niveau, je dirais… pas au niveau de la Loi sur les Indiens, mais plus au niveau de la mentalité, peut-être au niveau du développement de l’entrepreneuriat chez les femmes […] » A_18

OU

« La colonisation a amené ce phénomène-là, puis aujourd’hui les femmes se sentent encore deuxièmes. Puis, je le vois avec le groupe de femmes avec lequel je travaille : ce n’est pas des gens qui vont aller au front. […] Puis, on a remarqué que les femmes qui ont plus ce cran-là, d’aller au front et de défendre les idées, même si parfois ce n’est pas défendable, mais au moins elles osent le faire, ça va

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127

être des femmes non autochtones qui ont marié des autochtones. […] C’est un peu dommage, mais en tout cas, la communauté est comme cela, et pourtant les femmes, ce sont elles qui gèrent la maison, qui gèrent la famille, qui s’occupent de toutes les […] tu sais, la femme ici, elle gère la famille, elle gère sa carrière, c’est elle qui mène le bal, tu sais. On va avoir de plus en plus les jeunes hommes s’organiser, là, mais ce n’est pas la majorité. » A_18

o Droit de propriété et gestion du capital

En ce qui concerne le droit de propriété dans la communauté, les acteurs du développement

économique rencontrés affirment au cours des entrevues que la Loi sur les Indiens a un impact

important et négatif sur le droit de propriété des biens de la communauté, tel que l’explique

ce répondant :

« Il faut savoir que la Loi sur Indiens rend aussi la prise de garantie sur une caution, une maison […] Vous avez terminé de payer votre maison, c’est votre bien, moi, je ne peux pas prendre des biens sur votre maison, je ne peux pas hypothéquer votre maison présentement pour la donner en garantie […] Donc, si vous voulez, je ne sais pas, on va donner un exemple : si vous souhaitez acheter un commerce à Roberval, puis que vous avez terminé de payer votre maison, vous avez une équité sur votre maison. Ben, si vous habitez en dehors de Roberval, la personne va prendre votre équité sur la maison en garantie […], mais puisque vous êtes à Mashteuiatsh, on n’est pas capable, donc cela est un frein aussi à l’investissement des gens. » A_11

OU

« Oui, l’insaisissabilité, ça, c’est très, très […] Ça amène un problème, parce qu’un entrepreneur sur réserve, étant insaisissable, ça fait que, lorsqu’il veut emprunter, il a toujours besoin d’un cautionnement. C’est une chose difficile, que ce soit homme ou femme, quand tu veux entreprendre, ici, il faut que tu te dises : ici, bon, si je veux acheter un bâtiment ou des équipements, et tu as besoin d’un prêt, pour un prêt, t’as besoin de quelqu’un qui cautionne, il y a ça aussi. » A_01

Avec l’objectif de pallier ce problème, un fonds de cautionnement a été créé dans la

communauté, comme l’indiquent ces répondants :

« Oui, il y a un fonds de garantie des prêts qui existe, qui est en collaboration entre Desjardins, le Conseil Pekuakamiulnuatsh Takuhikan et Rio Tinto. Il y a un fond d’un peu plus de 4 millions, si je ne me trompe pas, qui existe à

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128

Mashteuiatsh et qui va venir garantir les prêts, et c’est bon pour l’entrepreneur de Mashteuiatsh. » A_11

6.3.2 Analyse du contexte communautaire : partie analytique du modèle

Dans cette section, la partie analytique du modèle de Hindle est reproduite et représentée par

deux étapes distinctes, comme dans le modèle de Hindle : 1) analyse des obstacles

communautaires et 2) actions contextualisées.

1) Analyse des obstacles

Les acteurs du développement économique ont partagé certaines difficultés qui sont liées au

développement de l’entrepreneuriat et qui doivent être mises en relation avec le contexte

communautaire. Grâce à l’analyse du corpus empirique, les obstacles qui ont été répertoriés

sont les suivants :

o Bas niveau de la scolarité des femmes autochtones :

« Écoutez, je vous dirais qu’on est en train de faire des avancées là-dessus. Je regarde au Québec, les femmes osent entreprendre maintenant. Les femmes autochtones, est-ce que moi je pense que les femmes autochtones ont des facteurs qui les empêchent comparativement aux femmes québécoises, si on veut? […] C’est sûr que dans certaines communautés, c’est difficile : souvent, les femmes n’ont pas ça facile. Ici, à Mashteuiatsh, il y a plusieurs organismes pour venir en aide. Est-ce qu’elles vont toutes demander de l’aide? Ça, j’imagine que non, c’est comme un peu partout ailleurs […] Est-ce que le facteur “étude”, est-ce qu’au niveau de la scolarité, c’est une chose qui peut faire en sorte que les femmes ont moins le goût parce que la scolarité est moins haute, ou ont dû arrêter pour s’occuper de la famille? […] » A_01

o Implication familiale des femmes autochtones :

« Souvent, les femmes autochtones ont des enfants jeunes. Donc, ça peut être un facteur qui fait qu’étant jeunes, elles ont le premier enfant, le deuxième, elles s’occupent de la famille et puis […] elles sont peut-être moins aptes à vouloir pousser dans ce sens-là. La famille, la culpabilité, parce que quand tu es entrepreneure, tu ne comptes plus tes heures. C’est des heures et des heures : difficiles pour une femme. La femme autochtone a souvent plusieurs enfants, je ne dirais pas plus que la femme québécoise, mais c’est un autre… c’est une autre mentalité, donc… laisser la maison et dire : “Là, maintenant, je me consacre à mon entreprise”, ce n’est pas évident, ce n’est pas évident. » A_01

o Manque de confiance des femmes autochtones

Page 146: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

129

« Les femmes, on dirait, ont plus de misère. Les femmes, on est… on est… déjà, on est indépendantes, donc on n’aime pas devoir raconter, étaler nos finances, étaler notre vie ou […] Souvent, elles vont venir ici, mais elles ont peur, elles ont peur de se faire voler son idée, de se faire voler son projet, donc elles vont être plus réticentes, plus méfiantes que les hommes. En partant peut-être les femmes, on est plus méfiantes des hommes un peu dans tout, mais il n’y a pas de différences dans l’entrepreneuriat. C’est effectivement la méfiance, la peur. » A_01

o Préjugés et stéréotypes liés au rôle de la femme en affaires :

« Malheureusement, même si on est en 2018, on fait encore face à certains préjugées, par exemple que la place d’une femme, ce n’est pas nécessairement en affaires. Malheureusement, ça doit être des messages qui peuvent possiblement se véhiculer, quand on sait que c’est faux. Mais je suis convaincu qu’elles font face à ces préjugés-là. Chez nous, à Mashteuiatsh, est-ce que c’est plus problématique qu’ailleurs? C’est malheureux à dire, mais je ne saurais pas dire. J’ai une perception que c’est tout aussi difficile, qu’on véhicule malheureusement certains préjugés aussi. Mais est-ce que c’est plus qu’ailleurs? Je ne le sais pas, je ne le sais pas, je devrais peut-être être au courant, mais je ne pourrais pas dire. » A_04

o Sexisme et patriarcat sur le plan communautaire :

« Je pense qu’au niveau culturel, les femmes ont à évoluer pour devenir des dirigeants, puis être capables de faire face à la musique. Je vais donner un exemple sur lequel souvent on est confronté : quand on est un entrepreneur, on doit prendre des décisions. On est souvent en majorité dans des contextes avec des hommes, parce qu’on est très peu des femmes. Et quand on adopte le style des hommes, dans une certaine façon, là, pas adopter leur style, mais on joue sur la patinoire, avec ce qu’on est comme femme, je dirais que les hommes ont un peu de difficulté à accepter le même message dit par une femme de ce qui serait dit par un homme. On se confronte beaucoup à ça, donc au niveau culturel, au niveau des mentalités, je dirais qu’il y a une difficulté. » A_18

2) Actions contextualisées

Les acteurs du développement économique communautaire qui ont été interviewés pendant

l’enquête qualitative ont partagé certaines améliorations qui peuvent être apportées à la

communauté et qui sont potentiellement utiles pour soutenir les activités des femmes

entrepreneures Ilnuatsh. Les améliorations qui ont été répertoriées sont les suivantes :

o Sensibilisation à l’entrepreneuriat :

« Je pense que ce qu’il faudrait est de publiciser aux efforts qu’on veut des femmes entrepreneures, autant du côté du conseil qu’ici, à la SDEI. Je pense

Page 147: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

130

qu’un peu tout le monde dans la communauté aurait intérêt à […] publiciser, sensibiliser encore plus. J’ai l’impression que ça se fait, mais je m’aperçois que peut-être cela ne se fait peut-être pas assez, puis est-ce qu’il y a un désir d’entreprendre qui est fort? Je ne sais pas, je ne peux pas répondre à ça. » A_01

o Programmes propres aux femmes entrepreneures autochtones :

« Peut-être que ce serait bien, un programme destiné aux femmes qui désirent entreprendre. » A_01

o Regroupements de femmes entrepreneures autochtones :

« Je dirais ce que je disais tantôt : de faire des regroupements pour échanger sur ce qu’on vit. Ce serait un plus. C’est sûr qu’à partir du moment où on a des regroupements, des associations, ça peut être juste […] Ces gens-là sont des messagers pour parler. Mais maintenant, à mon goût, on est beaucoup plus seules dans notre bateau. » A_18

o Incitatifs financiers :

« Il pourrait y avoir des bourses dédiées aux femmes entrepreneures ici, pour les aider, parce qu’on le sait que c’est dur de se partir une entreprise. C’est dur pour tout le monde de se partir une entreprise. En plus, c’est dur pour une femme de se partir une entreprise pour différentes raisons qu’on a énumérées tout à l’heure. » A_11

o Promotion des femmes dans le journal de la communauté :

« Comme je vous disais tout à l’heure, il faut promouvoir. Il faut faire beaucoup de promotion de tout ça. On a un journal qui est lu et reçu par tous les membres de la communauté : c’est le journal mensuel. C’est un mensuel qu’on a et qui devrait avoir une chronique là-dedans pour présenter une femme entrepreneure, soit tous les mois ou aux deux mois, dépendamment du nombre qu’on a […] Présenter ce qu’elles font, depuis quand elles font ça, c’était quoi leur rêve en faisant ça? Une petite entrevue d’une demi-page […] ça ferait connaître ce qu’elles font […] Les gens pourraient être surpris de l’effet que cela va avoir à long terme. » A_11

o Travailler sur la confiance de la femme :

« Je pense qu’il y a un avenir pour les femmes entrepreneures, mais il faut d’abord qu’on travaille sur toute la croissance personnelle de la femme, pour qu’elle puisse s’épanouir, pour qu’elle puisse prendre confiance en elle, puis qu’après ça elle sache qu’elle est capable de faire de grandes choses. Parce qu’elle est capable. Elle est capable, mais elle ne le sait pas, puis elle est toujours bloquée par son environnement, tu sais. Elle se sent responsable de tout, puis coupable de ne pas le faire […] Si on ne travaille pas sur cette confiance et la croissance personnelle de passer par-dessus, tu sais. Il y a des femmes qui ont

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131

tellement eu des blessures, qui sont… qui ont été utilisées comme femmes-objets, partout là. » A_10

o Soutien des femmes en politique :

« Des fois, on parle en politique, il y a une sous-représentativité des femmes en politique, de façon générale. Cela pourrait passer par là aussi, peut-être pour ouvrir certaines portes aux femmes entrepreneures. » A_04

o Développer le soutien destiné aux femmes entrepreneures :

« Je pense qu’on pourrait développer davantage le soutien qu’on pourrait amener collectivement aux entrepreneures autochtones, via les différentes entités qu’on a, via aussi les associations plus nationales, au niveau de la grandeur du Québec. Je pense, entre autres, à l’APNQL. Probablement, je ne sais pas s’ils ont en place une instance entrepreneures au féminin, je ne suis pas certain, mais selon moi, il devrait y en avoir une, au même titre que différentes autres associations. » A_04

6.4 Analyse du contexte communautaire : facteurs contextuels émergents

En plus des facteurs indiqués par le modèle de Hindle (2010), le corpus empirique a permis

de déterminer plusieurs facteurs qui sont associés à l’analyse contextuelle de la communauté

autochtone et qui se doivent d’être pris en compte pour favoriser la compréhension de la

configuration contextuelle de la communauté. En effet, hormis les facteurs structurels et les

facteurs humains propres au modèle de Hindle, d’autres facteurs contextuels semblent être

très pertinents dans l’analyse d’un contexte communautaire autochtone donné, quand il s’agit

de la compréhension contextualisée de l’EFA et des expériences entrepreneuriales des

femmes Ilnuatsh.

Ainsi, les facteurs qui ont émergé et qui ont été répertoriés au cours de l’analyse du corpus

empirique sont les suivants : 1) Positionnement géographique de la communauté; 2) Niveau

du développement socioéconomique de la communauté; 3) Déterminants culturels;

4) Contexte entrepreneurial de la communauté et 5) Vision du changement.

1) Positionnement géographique de la communauté Outre le territoire et les infrastructures, les acteurs rencontrés ont expliqué comment le

positionnement géographique de la communauté de Mashteuiatsh semble influer sur les

Page 149: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

132

activités entrepreneuriales des femmes Ilnuatsh, tel que l’affirme un acteur du

développement économique :

« Beaucoup plus que si, admettons, on était dans le milieu de la forêt : parce qu’il y a plusieurs communautés qui sont dans la forêt, très très éloignées […] Donc, oui, on a des écoles, on a des cégeps […] Oui, je crois que le positionnement géographique, ici, fait en sorte qu’on a tout pour pouvoir stimuler l’entrepreneuriat. » A_11

Il a aussi été mis en évidence que le positionnement géographique a une incidence sur le

degré d’influence des communautés avoisinantes, comme l’exprime cet acteur :

« C’est sûr que, être dans un coin aussi urbanisé comme on l’est, dans le fonds, entre la ville de Roberval, Saint-Félicien et le lac, Saguenay, qui n’est pas très loin, au niveau des opportunités, c’est clair […] Mais, encore une fois, autant chez les hommes que chez les femmes, c’est sûr que le fait d’être urbanisés, les gens de la communauté, les femmes, peuvent se permettre de voir plus les femmes entrepreneures qui sont dans les villes avoisinantes. Donc, cela peut susciter un intérêt plus marqué et cela pourrait peut-être avoir une incidence et augmenter le numéro plus rapidement. » A_11

2) Niveau du développement socioéconomique de la communauté À partir de l’analyse du corpus empirique, les acteurs ont fait savoir que la communauté de

Mashteuiatsh est considérée comme une communauté autochtone qui est très dynamique

comparativement aux autres communautés membres de la Première Nation des Innus.

« Notre communauté, je vous dirais que je considère notre communauté comme étant très dynamique au niveau du degré d’avancement, comme on parlait tantôt, par rapport aux autres au niveau du développement économique. » A_04

OU

« Mashteuiatsh est une très belle communauté autochtone, qui a beaucoup évolué à travers les années, les dernières années, surtout. Étant originaire de Roberval, moi, j’ai vu Mashteuiatsh quand j’étais tout jeune et je vous dirais que depuis mon retour je suis agréablement surpris de voir tous les programmes et toute la prise en charge. » A_11

OU

Page 150: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

133

« Plus de diplômes, pas plus instruits, ils ont plus de diplômes. Donc, le fait que les gens ont les diplômes, ces gens-là ont travaillé dans les différents ministères, puis souvent la communauté a été pour des projets pilotes pour essayer les choses, parce que justement les gens avaient les diplômes. Les gens travaillaient dans les ministères, essayaient des affaires dans la communauté qu’ils connaissaient, donc c’était à Mashteuiatsh, donc cela a été un avantage parce qu’on s’est développés beaucoup au niveau des services, puis au niveau économique aussi, parce qu’il y a des entreprises qui ont vu le jour grâce à ça, là. Quand c’est développé, c’est grâce à des subventions, tu comprends. » A_10

Malgré le niveau de développement de la communauté, il a aussi été mis en évidence, par les

acteurs, que la communauté éprouvait certains problèmes sociaux, que l’on retrouve aussi

dans d’autres communautés autochtones, comme l’admet ce répondant :

« On fait face à certaines problématiques sociales, je vous dirais que les autres également, au niveau des taux d’assurance-emploi, au niveau des gens qui vivent de la sécurité du revenu, au niveau des problématiques sociales très sérieuses, toxicomanie et divers, on fait également face à cela. » A_04

3) Déterminants culturels À partir de l’analyse du corpus empirique, la culture du milieu autochtone d’appartenance est

aussi mise de l’avant :

« Pour avoir travaillé aussi hors réserve, puis maintenant depuis trois ans ici, je pense que c’est de redonner beaucoup. Habituellement, à l’extérieur, on va redonner quand on sera rendu très, très haut dans la société […] À un moment donné, on va redonner, on dirait, pour se sentir bien […] Elles vont redonner tout de suite, on dirait. Il y a beaucoup d’ouverture là-dessus […] » A_11

4) Contexte entrepreneurial de la communauté L’analyse du corpus empirique a permis de cerner d’autres facteurs relatifs au diagnostic

entrepreneurial communautaire selon l’analyse de l’EFA dans un milieu donné. Ces facteurs

permettent, en combinaison avec les autres facteurs contextuels, de mieux comprendre

l’EFA d’une communauté. Au total, quatre facteurs sont associés au contexte entrepreneurial

comparativement aux femmes entrepreneures de la communauté ciblées par le corpus

empirique : 1) Présence entrepreneuriale; 2) Profil entrepreneurial; 3) Culture

entrepreneuriale; 4) Secteurs d’activité.

Page 151: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

134

o Présence entrepreneuriale Quant à la présence entrepreneuriale des femmes Ilnuatsh de la communauté, les acteurs ont

exprimé la sous-représentation de celles-ci dans l’entrepreneuriat. L’acteur du

développement économique suivant en fait part :

« Il faut que les femmes prennent de plus en plus de place au niveau de l’entrepreneuriat : c’est important. Elles représentent à peu près 55 % de la population; chez nous, ça doit être à peu près la même affaire. Bien, il y a trop peu des femmes entrepreneures, et il devrait y en avoir au même niveau que la représentativité qu’elles occupent. » A_04

o Profil entrepreneurial

Les répondants font aussi état du profil entrepreneurial des femmes entrepreneures llnuatsh

au sein de la communauté, qui semblent être en majorité des artisanes :

« Je vous dirais que c’est plus traditionnel ici, dans l’artisanat. Il y a beaucoup de femmes qui sont dans l’artisanat ici. On a juste à voir, lors du grand rassemblement, les différentes tentes qui peuvent y avoir au niveau de l’artisanat. Ce sont des femmes habituellement qui sont là […] On a l’occasion d’avoir également, je crois, au mois de mars, un salon de l’artisanat. On voit que ce sont des femmes qui sont là. On a même de jeunes femmes qui maintenant font de l’artisanat, mais c’est souvent une activité traditionnelle. » A_11

o Culture entrepreneuriale Un autre facteur relatif à l’analyse du contexte entrepreneurial et relevé à partir des

témoignages des répondants est le facteur de la culture entrepreneuriale, typique aux femmes

Ilnuatsh. Cette culture entrepreneuriale est basée sur le partage et le volet communautaire,

comme l’expriment ces répondants :

« L’autre chose, c’est sûr que les femmes ici, comme je disais tantôt, sont plus au niveau des organismes communautaires. C’est plus dans ce sens-là. Donc, la culture des femmes est plus à caractère social qu’à caractère économique. Pour l’instant, on est plus dans ces domaines-là. On n’est pas beaucoup dans le domaine vraiment économique, où on se confronte à une grande majorité d’hommes. On n’est pas beaucoup. » A_18

ET

Page 152: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

135

« Moi, je les vois beaucoup dans les activités économiques présentement basées là-dessus : sur le bien-être, le partage de leur communauté… Ce n’est pas : “Je veux devenir riche, et après ça on verra ce qu’on peut faire pour les autres. C’est ensemble qu’on va avancer”. Donc, ça, je pense que c’est ce qui les caractérise le plus. » A_11

o Secteurs d’activité Enfin, l’analyse du corpus empirique a permis de mettre en relief les secteurs d’activité

porteurs :

« Je vous dirais qu’ici les entreprises opérées par des femmes, c’est souvent les commerces de services. Ce que je vois, je pense, ça fonctionne très bien. Les femmes ont des garderies, elles gagnent très bien leur vie, celles qui ont des garderies. Au niveau de la restauration, je pense à une en particulier qui fonce : ça va très bien. J’ai une femme qui a une boutique : ça va super bien. Ensuite, au niveau coiffure esthétique, je pense qu’elles gagnent bien leur vie aussi. » A_01

Vision du changement L’analyse du corpus empirique a permis de faire émerger la vision du changement liée à

l’EFA qu’ont exprimée pendant l’enquête les acteurs du développement économique

rencontrés. Les changements ont été ciblés, et il s’agit principalement de changements

relatifs au rôle et à la place de la femme dans la communauté, comme ce répondant

l’indique :

« Je pense que la vision du futur est qu’on n’a rien vu. On n’a rien vu, parce que ces femmes-là vont sortir de plus en plus, vont prendre leur place, et ça peut être juste bon pour la société, tant au niveau politique. Et pas juste ici, partout, et aussi au niveau entrepreneurial. » A_01

6.5 Modèle élargi de Hindle

Les facteurs contextuels émergents que l’analyse du corpus empirique a pu mettre en lumière

ont suggéré à la chercheuse de cette étude doctorale l’élaboration d’une extension du modèle

diagnostic communautaire de Hindle (2010) pour une meilleure compréhension de la

configuration contextuelle de la communauté de Mashteuiatsh relativement à l’analyse de

l’EFA. Cette démarche d’analyse contextualisée de l’EFA dans un milieu bien défini a été

possible grâce à cet exercice diagnostic, qui a été réalisé avec et par les acteurs du

Page 153: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

136

développement économique communautaire au cours de l’enquête de terrain. Les facteurs

émergents qui ont été ciblés par le corpus empirique viennent élargir le modèle de départ.

Autant du point de vue des facteurs structurels que des facteurs humains, l’analyse s’enrichit

de facteurs explicatifs du contexte communautaire.

Le modèle élargi, qui a été élaboré en fonction de l’empirie, conserve la nature progressive de

l’analyse, qui se réalise par étapes. Ainsi, l’analyste peut concevoir la configuration du

contexte par étapes. Une première partie du modèle se veut toujours descriptive, tandis que

la deuxième sera plus analytique. La partie descriptive regroupe différents déterminants

communautaires (tableau 4), et la deuxième regroupe l’analyse des obstacles, la vision

commune du changement et les actions contextualisées à mettre en œuvre (figure 7).

La révision de la partie descriptive représente une évolution de la première partie du modèle

de Hindle, qui se voulait composée des facteurs à la fois structurels et humains. Les facteurs

contextuels émergents ont été intégrés dans ce nouveau modèle. L’ensemble des facteurs

contextuels se compose de quatre typologies des déterminants, comme l’illustre le tableau 4 :

Déterminants communautaires de base

• Territoire et infrastructures • Positionnement géographique • Démographie et capital humain • Niveau de développement socioéconomique.

Déterminants socioculturels

• Vision du monde • Relations sociales • Culture du milieu

Déterminants institutionnels

• Gouvernance et institutions • Soutien et programmes • Droit de propriété et gestion du capital

Déterminants entrepreneuriaux

• Présence entrepreneuriale • Profil entrepreneurial • Culture entrepreneuriale • Secteurs d’activité

Tableau 4 : Analyse du contexte communautaire : révision de la partie descriptive Source : Enquête qualitative, Croce (2019)

La deuxième partie du modèle, celle qui est analytique, découle de l’analyse de la première

partie et définit la relation entre les obstacles communautaires et les actions contextualisées à

Page 154: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

137

mettre en œuvre (figure 7). Les acteurs du milieu autochtone auront à propulser ces actions

en passant par la vision du changement.

Figure 7 : Analyse du contexte communautaire – Révision de la partie analytique Source : Enquête qualitative, Croce (2019)

La mise en relation des deux parties entraîne un nouveau modèle, qui se compose de sept

étapes d’analyse distinctes et progressives :

Étape 1 : Analyse des déterminants de base

À cette première étape d’analyse, il faut prendre en considération les déterminants de base

liés à la capacité entrepreneuriale, sans oublier les grandes différences qui peuvent exister

entre les communautés autochtones. Les déterminants de base ont été élargis en fonction des

facteurs émergents, comme le positionnement géographique d’une communauté donnée et

son niveau de développement socioéconomique. Ces deux facteurs viennent renforcer

l’analyse de base à l’égard d’une communauté autochtone.

Étape 2 : Analyse des déterminants socioculturels

Ici, il importe d’envisager les déterminants socioculturels d’une communauté autochtone en

fonction de trois facteurs contextuels, qui sont la vision du monde, les relations sociales et la

culture du milieu autochtone. L’analyse du corpus empirique a permis de faire la distinction

entre les relations sociales et la culture du milieu. Si les premières peuvent être influencées

par des facteurs externes comme le processus de colonisation, la culture du milieu

autochtone demeure quant à elle intacte au fils des ans. On retrouve ici encore l’interface

avec l’environnement externe.

Obstacles Vision du changement

Actions contextualisées

Page 155: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

138

Étape 3 : Analyse des déterminants institutionnels

À cette étape, il importe de considérer les déterminants institutionnels d’une communauté

autochtone. Il peut s’agir à la fois des ressources financières disponibles, des institutions

présentes et des programmes mis en place pour soutenir les activités entrepreneuriales des

femmes membres de la communauté. Ce nouveau modèle indique comment les

déterminants institutionnels liés au contexte communautaire se situent dans une interface

externe, soulignant ainsi la relation entre le communautaire, le provincial et le fédéral.

Étape 4 : Analyse des déterminants entrepreneuriaux

Il importe, à l’étape 4, de prendre en compte les déterminants entrepreneuriaux d’une

communauté, ce qui représente une des valeurs ajoutées majeures du modèle. En effet, le

corpus empirique a permis de cibler les facteurs liés aux déterminants entrepreneuriaux, par

exemple la présence entrepreneuriale des femmes, le profil entrepreneurial, la culture

entrepreneuriale et les secteurs d’activités. Cette dernière étape met fin au processus

diagnostic descriptif d’une communauté donnée, ce qui procure une vision générale du

potentiel et de l’orientation de la communauté autochtone quant à l’entrepreneuriat.

Étape 5 : Analyse contextuelle des obstacles

Une fois le cheminement de la première partie du modèle réalisé, on parvient à mieux

comprendre une communauté autochtone par les possibilités à explorer en ce qui a trait au

développement entrepreneurial des femmes autochtones. Ceci amène l’analyse des obstacles

communautaires, qui peuvent être différents et qui sont liés aux déterminants

communautaires explorés précédemment.

Étape 6 : Analyse de la vision du changement

La sixième étape d’analyse consiste à prendre en compte le point de vue des acteurs du

développement économique communautaire. Si l’analyse des obstacles propres à la

communauté possède une certaine objectivité, la mise en œuvre des changements passe

inévitablement par le point de vue des acteurs qui s’impliquent à différents niveaux dans la

communauté. Il s’agit d’une étape intermédiaire entre la compréhension des obstacles

propres à la communauté et les actions contextualisées à mettre en œuvre.

Page 156: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

139

Étape 7 : Analyse des actions contextualisées

À cette dernière étape, il importe de déterminer les actions et les améliorations nécessaires,

qui sont aussi de nature contextuelle. Elles font suite à l’analyse des obstacles du milieu, qui

sont également liés au contexte communautaire. Enfin, la mise en œuvre des actions découle

de la considération des visions du changement des acteurs du milieu, sans lesquels ces

actions sont impossibles. Ainsi, l’analyse proposée par ce modèle représente un exercice

diagnostic participatif et collaboratif avec les acteurs.

Afin de reproduire la nature à la fois endogène et exogène de l’analyse du contexte

communautaire, le modèle élargi avance le concept émergent de l’écosystème entrepreneurial

communautaire autochtone (EECA). Ce modèle élargi, tout comme les étapes à suivre, est

représenté dans la figure 8.

Figure 8 : Analyse de l’EECA, Croce (2019) – Adaptée de Hindle (2010) Source : Enquête qualitative, Croce (2019)

Partie descriptive du modèle

Territoire et infrastructures Démographie et capital humain

Profil géographique Profil socio-économique

Droit de propriété et gestion du capital

Vision du monde et relations sociales

Partie analytique du modèle

5. Obstacles communautaires

6. Visions du changement

7. Actions contextualisées

1. Déterminants de base

4. Déterminants entrepreneuriaux Présence entrepreneuriale Profil entrepreneurial

Culture entrepreneuriale Secteurs d’activité

Gouvernance et institutions Culture du milieu

2. Déterminants Institutionnels

3.Déterminants Socio-culturels

Page 157: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

140

CHAPITRE 7

ANALYSE DE L’EFA

Ce septième chapitre présente les résultats de la recherche doctorale selon l’analyse de l’EFA.

Conformément aux objectifs de la présente étude exploratoire, les données recueillies dans le

cadre de l’enquête de terrain permettent de répondre aux questions de recherche préfixées de

l’étude et de mieux comprendre les caractéristiques de l’EFA. L’analyse du corpus empirique

a permis de cibler dix thèmes émergents, qui sont liés à l’entrepreneuriat chez les femmes

autochtones et qui permettent d’explorer ce phénomène, tout en approfondissant les

données déjà connues par la communauté de chercheurs en sciences sociales qui se sont

penchés sur le sujet. Outre l’analyse individuelle des dix thèmes, qui est présentée dans ce

chapitre, la mise en relation avec ces thèmes a permis de déterminer quatre métacatégories

associées à l’EFA, lesquelles représentent quatre angles de lecture pour la compréhension et

l’étude du phénomène. Ces métacatégories sont : 1) l’analyse de l’identité entrepreneuriale

des FE; 2) l’analyse du parcours des FEA; 3) l’analyse des mécanismes de transposition dans

l’entrepreneuriat; 4) l’analyse des taxonomies et des typologies de l’EFA.

7.1 Principaux thèmes liés à l’analyse de l’EFA

Le corpus empirique a permis de cibler dix thèmes liés à l’analyse exploratoire de

l’entrepreneuriat chez les femmes autochtones. Cette section présente ces dix thèmes

pendant le processus de codage, soit les « Nodes » dans NVivo et les sous-thèmes

correspondants.

Le choix des thèmes est justifié par les critères suivants :

1) La nature et le contenu des questions posées;

2) Le cheminement logique de la conversation et du guide d’entretien;

3) La redondance des mots et les argumentaires majeurs des répondantes.

Les verbatim qui seront présentés dans le présent chapitre ont fait l’objet d’un processus de

Page 158: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

141

réduction, selon le critère de redondance des informations recueillies19. Les dix thèmes

soumis à cette analyse sont présentés à la figure 9.

Figure 9 : Présentation des thèmes émergents liés à l’EFA Source : Enquête qualitative, Croce (2019)

7.1.1 Motivations

Parmi les thèmes ciblés à partir du corpus empirique, citons les motivations des femmes

Ilnuatsh à se lancer en affaires. Les résultats de cette enquête qualitative exploratoire

suggèrent que les motivations des femmes entrepreneures Ilnuatsh sont très diversifiées, bien

qu’elles appartiennent toutes à un même contexte de vie.

Les motivations des femmes rencontrées ont été regroupées en quatre catégories

principales :

19 Un verbatim peut apparaître plusieurs fois dans la thèse.

Motivations

Auto- représentation

Valeurs

Obstacles

Facteurs facilitants

Rôle

de la femme

Modes de vie et traditions

Savoir-faire local

Perception de l’entrepreneuriat

Hybridité entrepreneuriale

Metacatégorie 1 Metacatégorie 2 Metacatégorie 3 Metacatégorie 4

Identité entrepreneuriale des femmes autochtones

Parcours des femmes entrepreneures autochtones

Mécanismes de transposition dans l’entrepreneuriat

Taxonomies et typologies de

l’entrepreneuriat

Page 159: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

142

1) Motivations individuelles;

2) Motivations culturelles;

3) Motivations sociales;

4) Motivations économiques.

Les motivations individuelles comportent les motivations qui sont liées à la femme en tant

que personne, à ses aspirations à la fois personnelles et professionnelles, et à son attitude.

Les motivations individuelles ont été regroupées en trois catégories principales :

o Conciliation travail-famille;

o Expression de l’identité de la femme;

o Valorisation de la femme.

Certaines femmes Ilnuatsh affirment faire le choix de l’entrepreneuriat, car elles sont

motivées par la conciliation entre le travail et la famille et par la possibilité de concilier leurs

tâches familiales, comme l’indique cette répondante :

« J’ai toujours adoré les enfants. Puis, je voulais passer plus de temps avec les miens, fait que ça me permettait de concilier travail-famille. » F_08

De plus, l’entrepreneuriat représente pour les femmes Ilnuatsh une occasion de s’exprimer

pleinement, de faire ce qu’elles aiment dans leur travail, d’être indépendantes et de vivre de

leur passion, qui correspond à leurs propres valeurs :

« Je pense, c’est de vouloir faire ce qu’on aime […] Quand on se lance en affaires, ce n’est pas pour être pris par un patron. Pour être entrepreneure, il faut comme vouloir la liberté de choisir ses projets, de choisir ce qu’on veut faire, puis c’est vraiment… tu fais ce choix-là, avec ce que tu veux faire, ce que tu aimes faire, tu sais. » F_07

D’autres femmes rencontrées font aussi état de motivations individuelles. Par exemple, elles

peuvent être motivées par la volonté de relever des défis personnels, d’améliorer leur estime

de soi et de se valoriser comme femmes à travers des activités entrepreneuriales, et par le

sentiment de réalisation et d’accomplissement que le travail leur apporte. La chercheuse a

Page 160: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

143

rencontré une femme artisane qui affirme que le travail peut être valorisant et gratifiant pour

la femme :

« Il y a aussi le fait que quand les gens reçoivent le cadeau, ils reçoivent le sac, ils sont heureux, ils sont contents. Ils peuvent transporter leurs choses dedans, puis c’est valorisant pour la femme. » GD

Mentionnons également les motivations culturelles, qui sont liées à la culture autochtone,

tel que :

o Partage de la culture autochtone;

o Respect des traditions autochtones.

Parmi ces catégories de motivations, on retrouve celles qui correspondent au partage et à la

transmission de la culture autochtone. Dans ce contexte, les femmes Ilnuatsh seraient

motivées par le partage et la transmission des connaissances touchant à la culture

autochtone, ce qui peut se faire par des activités entrepreneuriales ou en dehors de leurs

communautés d’appartenance, tel que l’expriment ces deux femmes rencontrées :

« Avec le temps, j’ai appris à accueillir, à vouloir donner, à vouloir transmettre, puis j’ai pris des formations de tourisme, d’animation, au niveau de nos connaissances, de nos compétences, puis le patrimoine, et tout ça. Fait que depuis plusieurs années que je travaille dans le tourisme. » F_09

OU

« C’est le travail. J’adore ça. J’aime travailler dans le public : tu voyages, tu voyages avec les gens qui viennent ici en fin de compte. Parce que de leur donner l’explication, comment c’est fait, de quelle nation qu’ils arrivent, que ce soit du monde de Montréal ou des alentours, de l’Europe, la France… ils sont satisfaits de la manière dont, nous, on leur répond. » F_09

La création d’entreprise serait alors, dans ce contexte, une occasion pour les femmes de

répandre la culture autochtone à l’extérieur de la communauté et de la faire connaître à un

public beaucoup plus large, voire à l’échelle internationale :

Page 161: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

144

« Parce que c’était une grosse demande, j’ai travaillé longtemps au Musée amérindien. Ça a été demandé, là aussi, quand je faisais des animations […] Les Français veulent venir en forêt avec nous autres. Quand, en automne, on se prépare, on leur dit qu’on s’en va en forêt. Ils disent : “Ah, j’aimerais y aller avec vous”, mais je dis : “Je ne peux pas, je ne peux pas recevoir personne encore.” » F_03

Ajoutons que l’entrepreneuriat représente pour les femmes l’occasion de perpétuer les

traditions autochtones et les valeurs qui sont propres à leur culture :

« Ça fait longtemps, depuis mon jeune âge, que je vivais dans les traditions et nos valeurs culturelles. J’ai tout acquis ce que m’ont transmis mes parents […] ma famille. C’est ça qui m’a motivée à aller faire cela en territoire. » F_03.

En ce qui concerne les motivations sociales, les femmes entrepreneures autochtones sont

motivées par l’entraide et par l’aide apportée aux membres de la communauté ou aux

membres de leur famille, plus particulièrement il s’agit de :

o Entraide;

o Promotion d’une vision communautaire;

o Être un modèle pour les autres femmes.

Par exemple, cette femme entrepreneure Ilnuatsh souhaite pouvoir aider sa famille avec la

réalisation entrepreneuriale :

« Pouvoir aider ma famille, qu’ils aient quelque chose en main, éventuellement.» F_09

À partir du corpus empirique, on constate aussi qu’il importe particulièrement aux femmes

rencontrées de soutenir l’intégration sociale des autres femmes membres de la communauté :

« C’est ça, nous autres, comment on dit des fois avec les gens, on engage les personnes autochtones. En tout cas, pour ce qui est en haut, on engage les femmes autochtones, c’est de leur montrer. » F_06

OU

Page 162: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

145

« C’est d’aider les femmes, parce que, pour moi, c’est le pilier d’une famille, la femme […] Plus que l’homme, parce que c’est elle qui porte les enfants, puis qui les élève. Si elle est ébranlée et qu’elle ne fonctionne pas bien, la famille en entier va en souffrir. » F_12

D’une façon plus générale, il importe pour les femmes de faire une différence dans leur

communauté en promouvant une vision de type communautaire et d’être ainsi une

inspiration pour les autres :

« Puis, moi, je suis quelqu’un […] J’ai tout le temps des idées dans ma tête. Je suis quelqu’un qui a besoin de faire la différence dans sa communauté et dans des communautés partout où que je vis. J’ai besoin… je ne sais pas, je suis faite de même, tu sais […] Je suis intègre, puis ce n’est pas un effort pour moi de réfléchir. Moi, mon objectif, ce n’est pas ça. C’est de redonner à la communauté, tu sais, je suis plus communautaire. » F_12

L’autre catégorie de motivations est les motivations économiques, qui englobent les

facteurs suivants :

o Création d’emploi;

o Contribution à la création de la relève et de la main-d’œuvre;

o Développement d’une économie communautaire.

En ce qui concerne la création d’emploi, le corpus empirique permet de statuer que les

femmes Ilnuatsh sont motivées par la création d’emploi. D’une part, les femmes peuvent

être motivées par le fait de créer de l’emploi pour elles-mêmes, en raison du manque de

possibilités professionnelles auquel les femmes se heurtent dans la communauté.

Cette motivation économique concerne les femmes de différents profils entrepreneuriaux,

qu’elles soient chefs d’entreprise ou travailleuses autonomes, comme l’indiquent ces deux

répondantes :

« Nous, on a toujours travaillé dans l’artisanat, mais je veux dire, on voulait créer notre emploi. Notre but, c’était ça, parce qu’il n’y a pas beaucoup d’emploi ici, puis, c’est ça, on a créé notre emploi. » F_02

Page 163: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

146

ET

« Ok. Premièrement, j’ai fait mon bac interdisciplinaire en Arts, puis je suis restée peut-être un an comme cela, mais je ne trouvais pas vraiment du travail dans ce domaine-là. » F_07

Dans les témoignages des femmes, la motivation économique qui est liée à la création

d’emploi est élargie à la considération des membres de la communauté. Ainsi, les femmes

font part de leurs désirs de créer des emplois pour les membres en raison du problème de

l’employabilité qui existe dans la communauté :

« Pour le moment, non, parce qu’on est comme en démarrage, mais le but, c’est d’intégrer le plus possible les gens de la communauté. » F_13

De plus, l’analyse du corpus empirique précise comment les femmes Ilnuatsh sont motivées

par la possibilité d’intégrer les autres femmes de la communauté au marché du travail, tel que

cette répondante l’indique :

« C’est ça, nous autres, comment on dit des fois avec les gens, on engage les personnes autochtones. En tout cas, pour ce qui est en haut, on engage les femmes autochtones. » F_06

Les femmes Ilnuatsh sont aussi motivées par le fait de créer la relève et d’obtenir du

personnel formé de la communauté, ce qui représente un défi majeur, tel qu’il est introduit

dans le chapitre pour ce qui est des obstacles communautaires précédant le cadre de l’analyse

du contexte communautaire :

« Ce qui me motive, c’est la relève, puis aussi de pouvoir aider ma famille, qu’ils aient quelque chose en main, éventuellement. » A_09

La dernière motivation économique qui émerge de l’analyse est que les femmes veulent

apporter, grâce à l’entrepreneuriat, un modèle économique différent, qui se base sur les

valeurs communautaires et le partage et qui peut s’arrimer avec la culture de la communauté.

Cette femme entrepreneure Ilnuatsh en fait mention :

Page 164: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

147

« Bien, moi, par rapport aux nouvelles entreprises que moi je prends en main, dans l’entreprise familiale, parce que je suis en processus de relève, ce sont vraiment des entreprises qui sont axées sur le développement économique, collectif, l’économie circulaire. Tu sais, c’est vraiment quelque chose, un modèle que je compte apporter, qui est différent un petit peu, qui rejoint quand même les valeurs de base qu’on avait, mais en créant des entreprises ailleurs. » F_13

L’ensemble des motivations des femmes Ilnuatsh observées dans le cadre de cette enquête

qualitative est illustré à la figure 10 :

Figure 10 : Cartographie des motivations chez les femmes Ilnuatsh Source : Enquête qualitative, Croce (2019)

7.1.2 Valeurs

L’analyse du corpus empirique a permis de cibler plusieurs valeurs qui accompagnent et

soutiennent les motivations des femmes Ilnuatsh à se lancer en affaires. Dans le cadre des

entrevues, plusieurs valeurs ont été mises en évidence par les femmes entrepreneures

Ilnuatsh rencontrées.

Motivations

Individuelles Culturelles

Sociales Économiques

Création d’emploi

Développement d’une économie communautaire

Partage de la culture

Entraide

Promotion d’une vision communautaire

Expression de l’identité de la femme

Valorisation de la femme

Respect des traditions

Conciliation travail-famille

Modèle pour d'autres femmes Création de la relève

Page 165: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

148

Comme c’est le cas pour les motivations, les valeurs que les femmes ont mentionnées sont

très diversifiées. Au total, l’analyse du corpus empirique a permis de relever 22 valeurs

distinctes : 1) Tradition; 2) Transmission des connaissances; 3) Entraide; 4) Respect; 5)

Fierté; 6) Famille; 7) Authenticité; 8) Sécurité; 9) Créativité; 10) Appartenance

communautaire; 11) Respect de l’environnement; 12) Valorisation de la culture autochtone;

13) Plaisir; 14) Indépendance; 15) Compréhension; 16) Développement du savoir; 17)

Développement de la conscience;18) Rigueur; 19) Honnêteté; 20) Confiance; 21) Partage; 22)

Unité.

Plusieurs valeurs qui ont été mentionnées par les femmes Ilnuatsh concernent leur identité

autochtone. En effet, dans les témoignages des femmes Ilnuatsh, certaines de ces valeurs

font référence à leur appartenance communautaire et à leur milieu de vie autochtone;

d’autres valeurs, en revanche, sont interprétées comme étant plus proches de la dimension

féminine, la dimension relationnelle, associée à l’entrepreneuriat et au management. Ces

valeurs se rattachent à la perspective de genre, alors que d’autres s’arriment plutôt avec

l’identité autochtone, et ainsi avec l’appartenance ethnique des femmes autochtones.

Afin d’approfondir l’analyse des valeurs, l’ensemble des valeurs a été divisé en deux

catégories d’analyse :

1. Valeurs liées à l’identité de genre;

2. Valeurs liées à l’identité autochtone.

Pour les femmes Ilnuatsh qui ont été rencontrées, la compréhension, la confiance et la

rigueur importent, tel que l’exprime cette chef d’entreprise Ilnuatsh:

« Oui. La femme est plus minutieuse, elle est moins agressive. Elle va s’impliquer plus qu’un homme, elle est plus ouverte. Puis, elle est l’écoute, parce qu’une mère ou un père, c’est différent. Moi, je le vois toujours dans le sens de la famille. » F_05

OU cette travailleuse autonome Ilnuatsh:

Page 166: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

149

« Moi, c’est sûr que c’est le respect, savoir communiquer, savoir être, savoir faire. La compréhension aussi, c’est à peu près ça. » F_16

La plupart des valeurs que les femmes Ilnuatsh mettent de l’avant semblent être liées à

l’appartenance autochtone : il s’agit, par exemple, du sentiment d’appartenance

communautaire qui les habite :

« Tu comprends, je ne suis pas une entrepreneure juste pour faire du cash. Je suis une entrepreneure avec une vision communautaire, une vision en lien avec mes valeurs. Je pense que c’est de même qu’il faudrait l’expliquer. » F_12

Il y a également l’importance et l’attachement à la tradition autochtone et à la transmission

des connaissances qui constituent une fierté pour les femmes Ilnuatsh entrepreneures :

« L’environnement, la culture autochtone dans le sens de l’essence, de la conscience de l’environnement animiste dans lequel on vit, avec lequel on est en interdépendance, ou même en dépendance. L’environnement n’est pas dépendant de nous. Nous autres, on est dépendants de lui. Cette conscience, c’est ma plus grande valeur. C’est l’unité, peut-être. » F_12

OU

« Entrepreneure, comment je me vois… Les valeurs aussi, c’est donner le temps juste, voyons… comment on appelle ça, les informations, les bonnes informations qui viennent de nous, qui viennent de notre nation, notre authenticité. » F_09

Dans les témoignages des femmes rencontrées, certaines valeurs sont plus courantes que

d’autres. Citons notamment la tradition, la transmission des connaissances, le respect, la

famille, l’authenticité, la rigueur et l’entraide. La valeur la plus fréquente à être nommée par

les femmes Ilnuatsh est le respect. Ce dernier est interprété de façons différentes, c’est-à-dire

le respect pour soi-même, pour ses propres valeurs, pour son identité autochtone ou pour le

travail des autres.

C’est d’ailleurs le respect pour les autres qui est la plus importante pour les femmes :

Page 167: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

150

« C’est le respect. Le respect. Le respect des choses. Je n’ai jamais essayé de copier […] À Mashteuiatsh, il y a des belles brodeuses, puis des fois, j’ai des gens ici qui arrivent et qui me demandent des chemises avec des dessins brodés comme à Mashteuiatsh. Je dis : “Regarde, je vais faire ta chemise. Va te la faire broder à Mashteuiatsh.” » F_18

L’ensemble des valeurs qui ont été identifiées sont représentées dans la figure ci-dessous

(Figure 11).

Figure 11 : Cartographie des valeurs chez les femmes Ilnuatsh Source : Enquête qualitative, Croce (2019)

7.1.3 Autoreprésentation de la femme

Un autre thème qui émerge de l’analyse du corpus empirique est celui de l’autoreprésentation

de la FEA. Ce thème communique la façon dont les femmes entrepreneures Ilnuatsh

s’autoreprésentent socialement dans leur contexte de vie et à partir des valeurs et des normes

qui leur sont propres. Le regard « sociologique » de la femme entrepreneure à l’égard de son

propre statut entrepreneurial est mis de l’avant par l’analyse de ce thème.

Valeurs

Relations Culture

Communauté Individu Confiance

Créativité

Entraide

Appartenance

Développement du savoir

Transmission Sécurité

Compréhension

Respect

Tradition

Honnêteté

Unité

Partage

Rigueur

Indépendance

Identité de genre Identité autochtone

Authenticité

Plaisir

Famille Fierté

Valorisation

Respect de l’environnement;

Développement de la conscience

Page 168: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

151

Tout comme pour les motivations présentées dans la section précédente, les représentations

sociales qui ont été exprimées par les répondantes Ilnuatsh sont aussi très diversifiées, bien

qu’elles semblent toutes liées, dans leur signification, à leur appartenance communautaire,

voire ethnique. Au total, l’analyse du corpus empirique a permis de déterminer six

représentations sociales distinctes que les femmes entrepreneures Ilnuatsh ont exprimées au

cours des entrevues. Pour une meilleure compréhension, ces représentations ont été

regroupées en trois catégories :

1. Les représentations orientées vers la personne;

2. Les représentations orientées vers la société et le social;

3. Les représentations orientées vers la culture.

En ce qui concerne les représentations orientées vers la personne, on retrouve celles que la

femme Ilnuatsh nourrit pour son propre statut, en relation avec sa propre identité en tant

que femme entrepreneure autochtone. Ici, deux représentations s’ajoutent :

o Femme entrepreneure dirigeante (leader);

o Femme entrepreneure émancipée.

D’une part, la femme entrepreneure Ilnuatsh se perçoit comme une femme qui est en

mesure d’affirmer son leadership et son autonomie, tel que l’exprime cette répondante :

« Moi, je dirais que c’est quelqu’un qui représente un leader, puis qui représente […] Tu sais, chez nous, dans nos valeurs, c’est la grand-mère des fois à qui on se réfère, parce qu’elle a du vécu. Puis, des fois, je me dis que la femme entrepreneure, je la vois comme une personne qui a un certain leadership comme ça. Elle a des expériences de vie, qui se décide de devenir autonome dans ses affaires, puis de dire : “Bien, moi, je vais m’aligner comme ça. Moi, c’est de même que je la perçois”. » F_15

La femme entrepreneure Ilnuatsh se représente elle-même comme une femme émancipée,

qui est capable de s’affirmer pour la promotion de l’égalité entre les sexes et de dépasser les

stéréotypes coloniaux sur le genre et l’appartenance ethnique. On retrouve, dans ce cas, la

Page 169: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

152

représentation sociale de la femme entrepreneure émancipée. Ces deux répondantes Ilnuatsh

en ont d’ailleurs discuté :

« Quelqu’un de fort, puis qui a de bonnes valeurs, je pense, parce que pour se lancer en affaires, je n’en connais pas beaucoup. Il faut comme avoir… des couilles! Il faut foncer. Il faut y aller. Puis, on verra ce qui arrive. » F_07

OU

« En fait, la femme entrepreneure, aujourd’hui, c’est simplement l’avancée du monde, un peu. Je pense que je suis pour l’égalité des sexes, pour le travail, dans tout. Pour moi, c’est juste une motivation de plus. C’est un but à obtenir, pas un but, mais c’est un objectif qui peut être plaisant, tout simplement parce que ça prouve aujourd’hui, en étant autochtone, malgré tout ce que notre peuple a pu subir dans l’histoire, on est capable de se relever et de passer par-dessus, puis de montrer aux gens qu’on est comme tout le monde, peu importe notre nationalité, peu importe notre race, on va dire notre ethnie. Fait que… c’est juste plaisant pour ça. » F_19

Le corpus empirique a aussi permis la mise en perspective de la valence sociale de la femme

entrepreneure, qui est accentuée par les représentations sociales des femmes Ilnuatsh liées à

la fois au plan communautaire et au plan familial. Or, la femme entrepreneure est perçue

comme une femme protectrice, qui représente un modèle pour les autres femmes de la

communauté et la femme entrepreneure qui symbolise le pilier de la famille :

1) Femme entrepreneure modèle sociétale;

2) Femme entrepreneure pilier de la famille;

3) Femme entrepreneure protectrice.

Le rôle de la femme entrepreneure protectrice est mis de l’avant par cette répondante :

« Bien, de faire les choses pour nos familles, pour nos communautés, pour aider, pour […] être en relation avec le territoire, avec des valeurs associées à la femme, la femme protectrice, la femme […] et non la femme dominatrice. Il ne faut pas rentrer dans le rôle de la domination. Pour moi, une femme entrepreneure que je vais admirer, c’est une femme entrepreneure […] Ce ne serait pas une femme entrepreneure qui va être dominante comme l’homme entrepreneur peut être dominant dans sa vision de patriarcat. » F_02

OU

Page 170: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

153

« C’est quelqu’un qui veut aider les gens, essayer de […] comme moi, c’est la matière première, c’est pour aider les gens à travailler plus. Dans nos traditions, parce qu’il y a aussi une guérison qui se fait quand on travaille comme ça […] on ne pense pas à autre chose, tu sais, à nos problèmes. On oublie nos problèmes, on travaille. » F_02

Du point de vue d’une artisane, la femme représente aussi le pilier de la famille :

« Moi, je pense que l’artisane représente aussi la mère, le centre de la famille. C’est elle qui montre, c’est elle qui fait les choses à la maison. Moi, je pense que c’est ça. Je pense que c’est avec tout ce que tu fais, que tu peux faire des dessins sur tes sacs, que tu vas penser les choses. Comme une belle fleur que tu as à la maison, tu la transmets dans ton sac. » GD

La femme est aussi un modèle pour les autres femmes, une source d’apprentissage modèle :

« Pour moi, c’est un modèle, une inspiration. Elle représente de l’apprentissage. Je ne sais pas comment le dire. C’est vers elle que je veux me tourner pour apprendre. Elle m’inspire. » GD

En ce qui concerne la dimension culturelle, on retrouve :

1) Femme entrepreneure ambassadrice du patrimoine.

La femme entrepreneure Ilnuatsh est aussi perçue comme une ambassadrice du patrimoine

de la communauté. Elle est perçue comme une femme qui dispose de connaissances et qui

perpétue les traditions autochtones, comme l’exprime cette répondante Ilnuatsh:

« Je me vois comme transmetteur, ambassadrice du patrimoine, de l’histoire des communautés. C’est ça. Je veux transmettre mes compétences, mes connaissances aux gens de la communauté, même les gens d’ailleurs, les gens de la communauté, ici, pour faire une relève. » F_09

L’ensemble des représentations exprimées par les femmes est illustré dans la figure 12.

Page 171: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

154

Figure 12 : Cartographie de l’autoreprésentation chez les femmes Ilnuatsh Source : Enquête qualitative, Croce (2019)

7.1.4 Obstacles

Le corpus empirique a permis de cibler et d’analyser un certain nombre d’obstacles que les

femmes entrepreneures Ilnuatsh rencontrent au cours de leur expérience entrepreneuriale.

Ces obstacles ne se situent pas tous au même niveau d’analyse et peuvent être regroupés en

plusieurs catégories. Parmi les barrières auxquelles les femmes entrepreneures Ilnuatsh se

heurtent, on retrouve cinq catégories principales :

1) Obstacles individuels;

2) Obstacles socioculturels;

3) Obstacles financiers;

4) Obstacles institutionnels;

5) Obstacles communautaires.

Auto- Représentation

Représentations orientées vers la personne

Représentations orientées vers la culture

Représentations orientées vers la société et le social

Femme entrepreneure ambassadrice du patrimoine

Femme entrepreneure modèle sociétale

Femme entrepreneure pilier de la famille

Femme entrepreneure émancipée

Femme entrepreneure dirigeante (leader)

Femme entrepreneure protectrice

Page 172: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

155

Les femmes Ilnuatsh ont évoqué plusieurs obstacles individuels. Ceux-ci concernent

principalement les attitudes et les aptitudes de la femme, les questions identitaires et l’identité

de la femme entrepreneure autochtone.

Parmi les obstacles individuels, plusieurs facteurs ont été observés :

1. Facteurs psychologiques;

2. Facteurs liés aux compétences professionnelles;

3. Facteurs liés au parcours de vie;

4. Facteurs liés à l’attitude personnelle.

En ce qui concerne les facteurs psychologiques, les femmes Ilnuatsh rencontrées

mentionnent un manque de valorisation de la femme autochtone et le manque de confiance

en soi, ce qui peut se refléter dans les choix d’entrepreneuriat. En effet, le manque de

confiance représenterait, pour ces femmes, un gros frein à la décision de se lancer en affaires.

Cette femme entrepreneure Ilnuatsh, travailleuse autonome, en fait mention :

« Les obstacles venaient surtout de moi, parce que […] au début, c’est sûr, tu n’as pas beaucoup de confiance en toi. Puis : “As-tu fait le bon choix?”. Comme je disais, je n’aime pas me mettre en valeur. Je n’aime pas ça, parler de moi comme… vendre ma salade. » F_07

Aussi, cette femme entrepreneure s’est prononcée sur le sujet :

« Le plus grand frein que je vois, c’est le manque de confiance, puis le manque de connaissances des femmes entrepreneures par rapport à ça. » F_13

Parmi les obstacles individuels figurent également les obstacles qui sont liés aux compétences

professionnelles des femmes. Ici, les femmes Ilnuatsh rencontrées expriment plusieurs

difficultés, comme le manque d’habiletés en gestion ou le manque de compétences

nécessaires à la réalisation de tâches informatiques, par exemple :

« Oui, parce que là, on me demande tout le temps des papiers. Il faut que j’écrive beaucoup. J’ai de la difficulté avec l’ordinateur. Je ne suis pas très habile là-

Page 173: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

156

dedans. Il faut tout le temps que je trouve quelqu’un pour m’aider à transcrire mes papiers. » F_03

Quant à l’esprit d’entreprendre, plus particulièrement, il peut s’agir de la capacité de savoir

promouvoir ses propres services ou d’avoir de bonnes capacités relationnelles afin de

négocier les contrats avec les clients potentiels. Ces aspects peuvent représenter une barrière,

comme l’indique une travailleuse autonome :

« Pour cela, j’ai eu beaucoup de misère. Comme aller chercher les premiers contrats, parce que je n’allais pas de l’avant justement. J’étais comme gênée, là. » F_07

Les obstacles individuels comptent aussi les difficultés liées au parcours de vie des femmes

autochtones. Mentionnons par exemple des difficultés personnelles relativement à des

problématiques sociales, comme l’abus de drogue et d’alcool :

« Oui, quand je consommais de la drogue et de la boisson, cela m’a donné beaucoup de […] c’était un temps où j’étais perdue. Aujourd’hui, je regrette un peu de ce passage-là […] de ma consommation. Si je n’avais pas consommé, j’aurais continué à faire de l’artisanat, j’en aurais fait plus. J’aurais commencé plus jeune à faire mon entreprise. » F_03

Pour conclure cette partie sur les obstacles individuels, mentionnons les barrières liées à

l’attitude personnelle de la femme, à sa capacité d’adaptation, par exemple, la capacité

d’intégrer le travail dans son mode de vie, et la gestion de l’interface travail-famille :

« C’est surtout l’adaptation. Mon travail est comme intégré dans mon mode de vie, parce que c’est directement dans ma maison, où je vis, donc… Je suis comme 24 sur 24, 7 sur 7 sur mon lieu de travail, fait que… » F_08

Les femmes Ilnuatsh qui ont été rencontrées dans le cadre de la présente enquête ont partagé

plusieurs obstacles socioculturels. Dans cette catégorie se trouvent les obstacles qui

concernent l’implication de la femme Ilnuatsh à la vie sociale, à ses relations avec les autres

membres de la communauté autochtone ou la société québécoise.

Page 174: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

157

Les femmes Ilnuatsh rencontrées ont cité les facteurs suivants, issus des obstacles

socioculturels :

1. Manque du soutien du milieu;

2. Manque du réseautage;

3. Préjugés;

4. Sexisme et patriarcat;

5. Perception sociale de l’entrepreneuriat.

Les femmes Ilnuatsh rencontrées ont soulevé le manque de soutien de leur milieu, au niveau

politique, communautaire ou familial. Le manque de soutien représente un obstacle et, en

conséquence, une source de démotivation à l’activité entrepreneuriale, comme le

communique cette répondante :

« Quand tu veux lancer une entreprise, il y a tout le temps quelqu’un qui bloque, qui va mettre des barrières. Parce qu’ils vont nous dire : “On a déjà eu une entreprise de même”. Ça ne marche pas parce que c’est la même communauté, pareil, là. On essaie de lancer une entreprise, puis ils disent tout le temps qu’on n’a pas d’argent pour faire partir une entreprise. » GD

OU

« Ça dépend des places. Il faut que… si tu ne fais pas partie de la bonne gang, c’est un peu plus difficile. » F _ 06

Un autre obstacle déterminé dans la catégorie socioculturelle est celui du manque

d’occasions d’affaires. En effet, les femmes entrepreneures autochtones qui souhaitent se

lancer en affaires se retrouvent devant un défi de taille : un manque de réseautage. Ajoutons

que l’isolement que subissent les femmes Ilnuatsh représente un obstacle lorsque vient le

temps pour elles de faire connaître leur organisation. Cette femme Ilnuatsh en fait part :

«J’ai toujours voulu ouvrir une entreprise. Je serais capable de faire ça, mais c’est vraiment le manque d’argent, puis l’opportunité. Moi, je n’ai pas eu des contacts. Des fois, tu peux avoir de bons amis, tu sais, qui disent : “Regarde on va investir dans tes choses”. Mais encore là… » F_15

Page 175: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

158

Les femmes Ilnuatsh font état de plusieurs préjugés, dont deux principaux préjugés, perçus

comme un obstacle. Le fait, par exemple, d’habiter sur une réserve autochtone et aussi d’être

une femme autochtone peut représenter un obstacle. Il en va de même pour la façon dont

elles sont perçues par les personnes qui vivent à l’extérieur de la communauté, comme

l’explique cette répondante :

« J’espère que les femmes entrepreneures puissent abolir les barrières, pas les femmes entrepreneures… pas des barrières pour les femmes entrepreneures autochtones, que le fait d’habiter dans une communauté ne soit pas un frein à ce que les gens puissent venir vers nous. Puis que, nous autres, on puisse faire appel aux autres. Puis, il faut être fortes, il faut continuer d’avancer […] de ne pas lâcher, puis de croire… de croire à ce qu’on fait, quand on croit à ce qu’on fait, c’est déjà ça. » F_17

De plus, la double discrimination que les femmes autochtones vivent est mise de l’avant :

« Puis, être femme […] je ne sais pas si c’est parce que moi j’entends souvent parler que les femmes, on n’a pas de… comment je pourrais dire. C’est rare que les femmes réussissent chez les Autochtones, parce qu’il y en a plusieurs qui pensent qu’on fait juste que consommer, puis qu’on ne s’occupe pas de nos enfants ou quoi que ce soit tu sais. » F -15

Plusieurs obstacles socioculturels sont inhérents au tissu social et représentent les relations

inégalitaires qui existent entre les hommes autochtones et les femmes autochtones au sein

des communautés. Par ailleurs, l’analyse du corpus empirique permet de statuer que certains

stéréotypes sont liés à l’époque coloniale, comme le sexisme et le patriarcat :

« Non. Plus maintenant. Auparavant, oui, par rapport à tous les jugements et tout ça. Ce que le monde pensait qu’une femme ne pouvait pas faire face à une telle affaire, puis que c’est l’homme qui doit le faire. Aujourd’hui, non. Il n’y a pas de […] » F _ 09

OU

« Je pense que pour une génération, oui, ça a été plus difficile, mais pour les plus jeunes de mon âge, on voit que c’est possible. Mais comme je te disais, c’est comme encore une espèce d’époque où la femme était considérée… pas moins

Page 176: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

159

bonne, mais… c’était comme derrière là. Mais aujourd’hui, on le sait qu’on est égaux. En tout cas, moi, je le sais. » F _ 07

ET

« Auparavant, oui, par rapport à tous les jugements et tout ça, ce que le monde pensait qu’une femme ne pouvait pas faire face à une telle affaire, puis que c’est l’homme qui doit le faire, aujourd’hui non, il n’y a pas de […] » F _ 17

Pour conclure avec les obstacles socioculturels, on retrouve la perception sociale de

l’entrepreneuriat. Ce dernier est perçu comme un domaine à tradition masculine, tel que

l’affirme cette répondante Ilnuatsh :

« On n’entendait pas parler, puis c’était surtout un domaine masculin si je peux dire. » F_07

Une autre catégorie d’obstacles qu’ont mentionnée les femmes Ilnuatsh, c’est les obstacles

financiers.

Le défi financier semble concerner plusieurs femmes entrepreneures Ilnuatsh, selon le type

d’activité entrepreneuriale et le contexte dans lequel l’activité entrepreneuriale se déroule.

Pour les femmes autochtones, le défi financier peut s’articuler de différentes façons et

représenter un défi à plusieurs niveaux.

Voici les trois principaux facteurs soulevés relativement aux obstacles financiers :

1. Ressources financières propres limitées;

2. Difficulté d’accès au financement;

3. Manque des dispositifs financiers adaptés.

Tout d’abord, les femmes Ilnuatsh rencontrées expliquent comment les ressources

financières limitées dont elles disposent les empêchent d’avoir un fonds de roulement

nécessaire au démarrage de leurs activités entrepreneuriales. Cette répondante s’est

prononcée sur le sujet :

Page 177: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

160

« Parce que, nous, c’est dur d’avoir de l’argent […] à nous aider à partir […] On nous demande tout le temps un fonds […] un fonds pour commencer. » F_03

Un autre obstacle financier consiste en l’accès difficile au financement pour les femmes

autochtones entrepreneures. En effet, les femmes Ilnuatsh admettent avoir du mal à obtenir

du financement pour le démarrage d’entreprises ou des subventions pour les organisations.

Cette difficulté semble être encore plus présente chez les femmes entrepreneures qui sont

membres de la communauté et qui demeurent hors réserve. Voici ce qu’en dit cette

travailleuse autonome :

« Je n’ai pas eu le droit aux mêmes subventions que j’aurais eues si j’avais travaillé avec la communauté. Ça m’a aidée, quand même, ça a été super bien, mais sinon je pense que ça a pu me nuire un petit peu de ne pas rester sur la communauté à ce moment-là. » F_19

Pour conclure, on retrouve parmi les obstacles financiers le manque de dispositifs financiers

adaptés aux femmes autochtones, qui, comme elles sont à la fois autochtones et assujetties à

la Loi sur les Indiens sur réserve, sont exclues de l’accès au financement grâce aux prêts

bancaires conventionnels, comme l’indique cette répondante :

« Bien, premièrement, à cause qu’on est régis par la Loi sur les Indiens, non. Ça ne nous aide pas pantoute. Tu sais, on ne peut pas emprunter de l’argent. C’est compliqué quand on a des projets, puis on veut les mettre en place, parce que c’est ça, on n’est pas solvables. On n’est pas saisissables. Fait qu’on ne peut pas emprunter d’argent. Fait que ce n’est pas facile pour ça, à cause qu’on est des autochtones, des Premières Nations sur une réserve. » F_12

Plusieurs obstacles qui ont été ciblés sont institutionnels.

Les obstacles qui sont réputés institutionnels sont principalement liés à la capacité d’une

organisation d’offrir un service ou un accompagnement, ou sont liés à la culture

organisationnelle d’une institution donnée. Or, trois principaux obstacles institutionnels ont

été relevés à partir de l’analyse du corpus empirique :

Page 178: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

161

- Relations interinstitutionnelles;

- Manque d’accompagnement;

- Lenteur des procédures.

En ce qui concerne le premier facteur, celui-ci émerge, comme c’est le cas de l’identité

autochtone, d’une institution. Il peut représenter un obstacle pour l’organisation pour ce qui

est de la gestion des relations externes. Cela peut avoir des répercussions sur l’activité des

femmes Ilnuatsh, tel que l’expose cette répondante :

« Moi, je vois la différence dans le sens que chacune des organisations a sa culture. Alors, dans la culture autochtone, c’est différent. C’est différent dans le sens que, admettons, si on prend Roberval qui est près, c’est que la femme a peut-être moins de difficultés à ce qu’on réponde à ses besoins pour ouvrir son entreprise. Tandis qu’ici, c’est différent. On a la SDEI, qui aide comme j’ai dit tantôt, mais je pense qu’elle a aussi un défi à relever lorsqu’elle se retrouve dans des comités extérieurs. C’est que, de plus en plus, on assiste à des comités extérieurs, puis vu qu’on est autochtones, on n’a pas le droit de telle affaire, vu qu’on est autochtones, on n’a pas le droit à l’autre affaire. Alors, c’est ce milieu-là qui est difficile. » F_16

Dans cette catégorie d’obstacles figure aussi le manque d’accompagnement perçu par les

femmes Ilnuatsh. En effet, les femmes entrepreneures évoquent la difficulté, dans la

réalisation de leurs plans d’affaires, du suivi pour la gestion de leur projet entrepreneurial ou

le manque d’infirmations en ce qui a trait au soutien entrepreneurial. Ces répondantes en

font mention :

« Difficultés, j’aurais aimé qu’on me rappelle, mettons pour cette affaire ou pour la suite des choses. C’est sûr, il faut que je fasse un pas, un premier pas. Peut-être pas le premier pas, mais un pas, pour que les autres fassent un pas aussi. Je fais deux pas, deux pas, mais j’aurais aimé qu’on me revienne pareil, qu’ils m’appellent pour dire : “Puis […], tu es rendue où […] comment ça va?”, dans mon projet […], mais je n’ai pas eu d’appel, là. » F_09

ET

« On dirait qu’on n’a pas de soutien. On cherche. Mon plan d’affaires, ça fait depuis l’année passée que j’ai commencé, et puis on dirait que c’est long à faire un plan d’affaires. » F_03

Page 179: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

162

Un dernier obstacle institutionnel est celui de la lenteur des procédures en ce qui a trait à la

bureaucratie :

« Je ne penserais pas, parce que moi, quand j’ai suivi mon plan d’affaires, j’étais avec des blanches. Je sais que les autres femmes aussi essayaient de faire leurs affaires, mais je pense que les autres ont plus de facilité, parce que, nous autres, on a beaucoup de difficultés. Tu sais, il faut attendre le ministère des Affaires indiennes pour signer nos papiers. C’est long, c’est très long. » F _ 02

La répondante suivante évoque ce qui est encore plus fort concernant les membres hors

réserve :

« Mais, pour moi, pour ma part, ce qui a été plus compliqué, plus difficile de mon côté, c’est que je suis une femme autochtone en dehors de la réserve, en dehors de la communauté. Donc, j’ai dû faire affaire avec un bureau à Québec. Donc, c’était difficile de travailler avec la SDEI, de travailler avec Québec, pour joindre les deux ensemble. La communication était difficile. Ça a été un processus plus long, plus compliqué aussi. » F_19

Finissons avec les obstacles communautaires. Ces obstacles ne sont pas propres aux

femmes entrepreneures Ilnuatsh; ils sont plutôt liés au contexte communautaire. Or, les

femmes ont fait état de deux obstacles :

1. Obstacles liés à la logistique;

2. Obstacles liés aux ressources humaines.

Les obstacles logistiques sont causés par le manque de locaux dans la communauté pour y

installer une entreprise, pour faire de l’artisanat ou pour stocker du matériel. Ceci est perçu

comme un obstacle autant par les femmes Ilnuatsh à la tête d’une entreprise que par les

artisanes :

« Avant, on était à Mashteuiatsh. On voulait s’acheter un terrain-là, mais on n’a pas été capables d’avoir l’emplacement qu’on voulait. Fait qu’un moment donné, on a décidé, on a dit : “Regarde, si on n’a pas ça, on sort du territoire”. Puis, on avait déjà exploité ici. » F_06

OU

Page 180: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

163

« Oui. Avant, il y avait des difficultés, parce qu’on n’avait pas de place où se rencontrer, les femmes. Là, il y a une couple d’années qu’ils ont commencé à faire des endroits où les femmes peuvent se rassembler pour faire des choses, parce que, avant, on travaillait seules à la maison. Mon seul endroit était la table de la cuisine. » F_03

Un deuxième obstacle communautaire observé par les femmes est représenté par le manque

de relève dans la communauté autochtone :

« On les demande… Ils sont difficiles aussi à trouver pour venir travailler, tu sais. Nous autres, c’est sept jours sur sept. Tu rentres le matin, puis tu ne sais pas l’heure à laquelle tu finis le soir. On a une heure qui est déterminée, mais tu ne finis jamais, surtout l’été, tu ne finis jamais. Puis, en automne, tu ne finis jamais à cinq heures ou à six heures. Il y a toujours des gens qui arrivent. Des fois, tu peux partir plus tard. » F_06

L’ensemble des obstacles que les femmes Ilnuatsh rencontrent sont illustrés à la figure 13 :

Figure 13 : Cartographie des obstacles chez les femmes Ilnuatsh Source : Enquête qualitative, Croce (2019)

Obstacles

Individuels Socioculturels

Institutionnels Financiers Ressources financières limitées

Accès au financement

Relations

interinstitutionnelles

Accompagnement

Lenteur des procédures

Soutien du milieu

Facteurs professionnels

Facteurs psychologiques

Sexisme et patriarcat

Manque des dispositifs adaptés

Réseautage

Communautaires

Ressources humaines Logistique

Parcours de vie

Attitude personnelle

Préjugées

Perception social

Page 181: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

164

7.3.5 Facteurs facilitants

Un autre thème que l’analyse du corpus empirique a permis de cerner est celui relatif aux

facteurs facilitants. Les femmes entrepreneures Ilnuatsh rencontrées ont fait état d’un certain

nombre de facteurs facilitants, qui sont susceptibles de leur venir en aide dans le cadre de

leurs activités entrepreneuriales. Les différents facteurs facilitants qui ont été exprimés

touchent principalement le soutien dont les femmes Iluatsh ont besoin.

Les facteurs facilitants qui ont été mentionnés par les femmes Ilnuatsh peuvent être :

1) Individuels ;

2) Socioculturels ;

3) Financiers ;

4) Logistiques ;

5) Institutionnels.

Tout d’abord, le soutien individuel que convoitent les femmes entrepreneures Ilnuatsh peut

être psychologique. En effet, les femmes expriment le besoin d’être soutenues

psychologiquement et de retrouver la confiance en soi nécessaire à toute femme

entrepreneure pour réussir son projet entrepreneurial :

« Quand on pense à se partir en affaires, c’est parce qu’on a un talent, parce qu’on est bon à quelque chose qu’on aime faire, mais il y a toute la question de la confiance, tu sais, la petite poussée qui te dit : “Oui, tu es capable!” » F_07

ET

« Arrêter de croire qu’on est inférieures. Puis, tu sais, puis de croire qu’on est égales. Il faut y croire; si on n’y croit pas, ça ne marchera pas, tu sais. Puis, on n’est pas supérieures, on n’est pas inférieures. » F_12

Il importe aussi pour les femmes Ilnuatsh rencontrées d’avoir du soutien professionnel.

Pour les femmes Ilnuatsh, le soutien professionnel peut prendre différentes formes; les

femmes expriment le besoin d’avoir du mentorat, de la formation dans la communauté et

Page 182: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

165

aussi de l’accompagnement en gestion de projet. La répondante suivante s’est exprimée à ce

sujet :

« Difficultés, j’aurais aimé qu’on me rappelle, mettons pour cette affaire ou pour la suite des choses. C’est sûr, il faut que je fasse un pas, un premier pas. Peut-être pas le premier pas, mais un pas, pour que les autres fassent un pas aussi. Je fais deux pas, deux pas, mais j’aurais aimé qu’on me revienne pareil, qu’ils m’appellent pour dire : “Puis […], tu es rendue où […] comment ça va?”, dans mon projet […], mais je n’ai pas eu d’appel, là. » F_09

ET

« Facilitant… Ce qui aurait été facilitant, pour moi, ça aurait été de… Je ne sais pas. Je pense que c’est moi qui me suis mis des freins. Parce que probablement qu’il y a plein de services qui sont offerts, mais je ne suis jamais allée les chercher. Fait que c’est moi qui ai mis un frein à ce que j’aurais eu besoin. Peut-être plus de formations offertes dans la communauté, les formations pour s’améliorer, n’importe quelle sorte de formation en rapport à ce que je fais comme entreprise. Je pense que ceci aurait été facilitant pour moi, de pouvoir avoir un soutien comme cela. Suivre des formations dans la communauté, ça aurait été bien. » F _ 17

Le soutien qui est nécessaire aux femmes Ilnuatsh peut aussi être socioculturel. Par

exemple, du point de vue social, les femmes Ilnuatsh expriment le besoin d’avoir des

modèles en entrepreneuriat dont elles peuvent s’inspirer tout au long du parcours

entrepreneurial:

« Ça dépend des moments, peut-être. Il y a beaucoup de monde qui peut nous aider. Donc, c’est encourageant pour moi. J’ai beaucoup de personnes aussi autour de moi qui sont entrepreneures ou qui ont un peu de fibre entrepreneuriale. Donc, cela m’a beaucoup aidée aussi. » F_19

Les femmes rencontrées expriment aussi le besoin de pouvoir rencontrer les autres

entrepreneures et de comprendre leurs expériences ainsi que leurs stratégies de réseautage :

« Peut-être juste des rencontres, des petits groupes avec d’autres personnes, femmes ou hommes entrepreneurs, juste pour voir eux comment cela se passe, avoir leur expérience. Moi, je suis chanceuse. J’avais quand même ma mère, mais dans des domaines complètement différents. » F_07

Page 183: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

166

Ajoutons aussi le fait d’être soutenue par la communauté autochtone et de se sentir

intégrées dans le milieu d’appartenance:

« Sûrement, j’aimerais qu’il y ait plus de femmes entrepreneures, puis qu’elles soient aidées par la communauté […] Comment dire… Parce qu’on est habitués, on est considérés comme des enfants au niveau de la loi […] Fait qu’on n’est pas capables de se démarquer de l’extérieur à ici. Puis, il faudrait qu’il soit plus soutenu par notre communauté de ce point de vue-là. Je ne sais pas comment t’exprimer ça. » F_05

OU

« Peut-être, admettons habiter dans la communauté, parce qu’il y en a des autochtones qui n’habitent pas nécessairement dans la communauté. Ça aide, après ça, comme je disais tantôt, la famille, là. Si la famille fait de l’artisanat, bien tu vas plus en faire. Admettons, si tu t’intègres aussi dans la communauté, si tu participes aussi aux activités. Des choses comme ça, là. » GD

Le soutien qui a été exprimé par les femmes Ilnuatsh peut être aussi financier. En effet, les

femmes Ilnuatsh rencontrées pendant l’enquête de terrain expriment le besoin d’être

soutenue financièrement, tel que l’affirme cette répondante :

« C’est sûr que si […] parce qu’il y a un trois ans qu’on a eu une partie monétaire du Conseil, et une partie monétaire du SAA, le Secrétariat aux Affaires autochtones, dans le projet FIA. Ces trois ans-là ont été très bénéfiques pour l’entreprise, parce qu’on n’avait pas le souci du financement, ce qui nous a permis de développer. C’est certain que si, dans un côté financier, c’était réglé, ce serait un grand défi de classé, ça, c’est certain. » F_19

D’une manière générale la question financière touche autant le développement d’une

organisation que la femme entrepreneure dans le démarrage de ses activités. Ce qui peut être

facilitant, par exemple, serait de donner accès à des petits montants d’argent pour démarrer

une entreprise, comme le mentionne une répondante :

« Avoir eu des montants d’argent peut-être disponibles, peut-être pas obligé d’être sans intérêt ou quoi que ce soit, mais disponibles, au moins, pour faire le départ d’une entreprise. » F_15

Il peut également s’agir de financement pour l’achat du matériel. C’est d’ailleurs ce que

communique cette femme artisane Ilnuatsh :

Page 184: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

167

« J’aimerais qu’on m’aide surtout pour le cuir, pour acheter du cuir, pour acheter mes perles, pour acheter mes affaires qu’il me faut. L’achat du matériel. » F_14

Le soutien qui a été ciblé à partir des témoignages des femmes Ilnuatsh peut aussi être

logistique. Ce type de soutien concerne le manque d’espace pour travailler en collaboration,

pour faire de l’artisanat, par exemple, et pour installer son entreprise au sein de la

communauté :

« Ce que j’entends là-dedans, qu’on aurait une salle, qu’on aurait une grande salle, puis que toutes les femmes viendraient pour que ça continue. Admettons, on aurait une salle ici, à Pointe-Bleue, une grosse salle, il y a des salles […] J’aimerais que quelqu’un développerait pour que le monde il y en ait là, au moins pour que ça continue. » F _ 14

Enfin, le soutien peut être aussi institutionnel. Il s’agit alors du cautionnement dont les

femmes Ilnuatsh peuvent avoir besoin. Voici ce qu’en dit une des répondantes :

« C’est différent. Le cautionnement, c’est juste qu’ils mettent une signature pour dire que cette entreprise-là, elle est bien […] Tu sais, les personnes en arrière de tout ça, si vous ne voulez pas accepter la caution parce qu’ils ont une maison qui est claire aux autres, bien nous […], on est prêts à cautionner parce qu’on le sait. Les autres ils seraient capables de venir chercher ma maison s’il arrive quelque chose. » F_05

Aussi, l’amélioration des procédures organisationnelles en ce qui a trait aux membres hors

réserve peut s’avérer un facteur facilitant :

« Moi, d’habiter sur la communauté, ça aurait pu être plus facile pour moi. J’aurais eu à faire directement avec le DMO, donc j’aurais pu avoir quelqu’un en face de moi, plutôt qu’être devant mon ordinateur ou au téléphone pour être en communication avec Québec. Fait qu’il y en avait qui s’occupaient plus de certaines choses. » F_19

Les facteurs facilitants qui ont été mentionnés par les femmes sont représentés dans la

Figure 14.

Page 185: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

168

Figure 14 : Cartographie des facteurs facilitants chez les femmes Ilnuatsh Source : Enquête qualitative, Croce (2019)

7.1.6 Savoir-faire local

Un autre thème émergent issu du corpus empirique de l’analyse de l’EFA est celui du savoir-

faire local (SFL). L’analyse du corpus empirique a permis de cibler plusieurs aspects associés

au SFL :

1) Origine du SFL;

2) Acquisition du SFL;

3) Transmission du SFL;

4) Partage du SFL;

5) Valorisation du SFL.

Tout d’abord, les témoignages des femmes Ilnuatsh permettent de comprendre l’origine du

SFL. En effet, les répondantes rencontrées au cours de l’enquête qualitative témoignent que

Facteurs facilitants

Socioculturels Individuels

Logistiques Institutionnels Cautionnement

Procédures

Réseautage

Modèles en entrepreneuriat

Facteurs professionnels

Financiers

Subvention/ Financement Prêts bancaires

Soutien du milieu communautaire

Soutien politique

Facteurs psychologiques

Page 186: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

169

leur SFL est typique aux cultures autochtones et que son origine est intimement liée à

l’appartenance communautaire. D’ailleurs, on retrouve le SFL dans plusieurs communautés

autochtones, comme le précise cette répondante Ilnuatsh :

« En tout cas, il y en a chez les Attikameks, les Montagnais, il y en a chez les Algonquins, les Cris, pas mal dans toutes les communautés, je trouve. » F_12

Malgré une base commune propre à la culture autochtone en général, les femmes Ilnuatsh

affirment que certaines différences peuvent subsister entre les peuples autochtones et entre

les communautés autochtones plus précisément. Or, le SFL serait adapté selon les peuples et

les lieux. Les témoignages de deux répondantes permettent de mieux comprendre cet

aspect :

« Non. Je pense que c’est généralisé, je peux dire. Il y a peut-être certaines choses que chaque communauté, chaque nation, ont leurs particularités, là, mais là, je pourrais dire, c’est comme les raquettes, comment on appelle ça… Le castor, c’est beaucoup plus d’ici. Puis, les façons de faire, admettons le dessin, les décorations, c’est particulier, chaque nation, je pourrais dire. » F_09

En ce qui concerne l’acquisition du SFL, les répondantes affirment qu’il est normalement

acquis pendant la jeunesse. Cette acquisition provient des membres de la famille, notamment

par les femmes et principalement par la mère ou une tante, ou encore par les grands-parents

ou, encore, par les aînés de la communauté :

« Pour moi, j’ai appris quand j’étais jeune, avec ma grande mère à faire la broderie, mais depuis qu’elle est partie, je n’avais jamais rebrodé. Fait que quand je suis arrivée ici, en janvier, j’ai réappris, puis je n’ai pas arrêté depuis janvier. » F_18

OU « Ma mère faisait de l’artisanat. Ma mère faisait beaucoup d’artisanat : des poupées, des raquettes… Puis, elle faisait aussi des mocassins, des sacs, des mitaines pour mes frères. C’est pour ça que pendant ce temps-là j’ai appris à faire de l’artisanat. » F_14

ET

Page 187: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

170

« Un aîné de la communauté, là il est décédé, il nous a montré à faire de l’artisanat quand j’étais jeune. Puis, depuis ce temps-là, je n’ai pas arrêté. » F_02

Les répondantes traitent aussi de la transmission du SFL dans la communauté

d’appartenance, qui semble se faire de génération en génération :

« Notre famille a toujours fait de l’artisanat. Ma tante faisait des mocassins, elle perlait, puis elle travaillait aussi dans les boutiques d’artisanat, là. C’est de génération en génération, je veux dire. » F_02

En ce qui concerne le partage du SFL, les femmes Ilnuatsh rencontrées affirment que le

SFL est partagé au sein de la communauté, notamment par des activités communautaires, qui

s’adressent autant aux femmes membres de la communauté qu’aux jeunes, tel que le

mentionnent ces deux femmes Ilnuatsh :

« Oui, je l’ai fait tout au début, mais là, j’ai comme pas le temps. Oui, j’ai partagé mon savoir-faire avec d’autres […] Des fois, je prends des jeunes qui viennent travailler ici, comme des projets étudiants et tout ça. J’essaie de montrer ce que je peux faire. » F_02

OU « Oui. Avec les femmes, je l’ai fait ici dans la communauté. J’ai donné des cours […] sur l’artisanat, la couture, le perlage. J’en ai donné beaucoup, mais là, j’ai arrêté de donner, je veux plus travailler en forêt. » F_03

En ce qui concerne la valorisation du SFL, l’analyse du corpus empirique a permis de

déterminer trois façons dont le SFL peut être valorisé, soit dans le cadre des événements

communautaires, soit dans les produits, soit au sein des organisations s’il s’agit de la

définition d’une mission d’entreprise, par exemple :

« Oui. Dans le sens que, plus par rapport à mon entreprise qui est reliée aux produits de santé naturelle, nous ce qu’on vise dans cette entreprise, c’est vraiment de ramener […] parce que, de plus en plus, le marché des produits de santé naturelle se retourne vers les médecines traditionnelles. Fait que dans cette entreprise, ce qu’on vise, c’est de ramener le savoir traditionnel autochtone à

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171

travers les produits qu’on va pouvoir commercialiser au niveau local, provincial et international, même. » F_13

L’articulation de ce thème est illustrée à la figure 15 ci-dessous.

Figure 15 : Cartographie du SFL chez les femmes Ilnuatsh Source : Enquête qualitative, Croce (2019)

7.1.7 Rôle de la femme

L’analyse du corpus empirique a soulevé le thème - Rôle de la femme -, qui met en

perspective le lien qui relie l’entrepreneuriat et le rôle des femmes autochtones et son

évolution au fil des années. Dans l’analyse de ce thème de recherche, plusieurs facteurs ont

été cernés, puis regroupés en trois dimensions d’analyse sociohistorique :

o Rôle de la femme dans la période précoloniale;

o Rôle de la femme dans la période coloniale;

o Rôle de la femme dans la période postcoloniale.

Tout d’abord, l’analyse du corpus empirique a permis de préciser le rôle de la femme dans la

période précoloniale. Les femmes Ilnuatsh rencontrées ont mentionné que la division du

genre au sein des sociétés traditionnelles autochtones, et particulièrement ilnue, était basée

Savoir –faire local

Origine

Innus, Cris

Communautés autochtones

Famille

Aînés de la communauté.

Partage

Valorisation

Jeunesse

Acquisition

Transmission

Formation pour les femmes

Activités communautaires

Intégration des jeunes

De génération en génération :

Produits

Organisations

Événement communautaires

Page 189: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

172

sur la complémentarité des rôles socialement attribués à l’homme comme à la femme, tel que

l’exprime cette répondante Ilnuatsh :

« On sait que chez les Premières Nations, traditionnellement, il y avait des rôles : la femme avait un rôle, l’homme avait un rôle, mais chacun avait son importance, puis l’importance était égale. Il n’y avait pas de soumission, il n’y avait rien […] traditionnellement. » F_12

De plus, cette complémentarité des rôles reposait sur la reconnaissance et le respect de la

diversité de genre et de la répartition égalitaire du travail :

« C’est sûr que la femme avait peut-être des choses plus à elle. Puis, que l’homme, admettons au niveau du quotidien, la job c’est beaucoup plus lui qui le faisait, sauf que c’était tout le temps en complémentarité, par exemple. À mon idée, c’est ce que j’ai toujours vu là. Puis, dans les derniers temps, avec toute la mentalité blanche, ça a comme changé, la vision et les pensées des gens. » F_09

Or, l’implication de la femme Ilnuatsh était reconnue comme une attente sociétale autour du

rôle de la femme dans la communauté :

« On était plus portées à rester à la maison, à élever nos enfants, parce que l’homme partait. Il allait chercher la nourriture, puis il revenait. » F_05

Les témoignages des femmes Ilnuatsh ont aussi permis de mettre en lumière la subordination

de la femme autochtone par rapport aux hommes de la communauté. Cette subordination

que les femmes Ilnuatsh affirment avoir subie semble être liée à l’époque coloniale, selon les

témoignages des répondantes, comme celui ci-dessous :

« Je pense que pour une génération, oui, ça a été plus difficile, mais pour les plus jeunes de mon âge, on voit que c’est possible. Mais, comme je te disais, c’est comme encore une espèce d’époque où la femme était considérée… pas moins bonne, mais […] était comme derrière, là. Mais, aujourd’hui, on le sait qu’on est égaux, en tout cas, moi je le sais. Je pense que c’est plus la religion qui a fait ça, parce qu’on lit des textes, puis on s’en rend compte. Même les aînés en parlent […] que la femme n’était pas moins ou plus. Puis, elle avait ses tâches, puis elle faisait ses choses, puis il n’y avait pas une question de […] c’est une question d’attitude, dans le fond […] Puis, il y a eu la religion. C’était comme le mari, il a péché, puis les pensionnats, vraiment, la religion qui a tapé sur la tête […] Ma

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173

génération n’a pas vécu ça, puis […] En tout cas, dans ma famille, je n’ai jamais vécu du sexisme. » F_07

ET « Non. Pas la culture autochtone. La culture blanche, c’est la culture blanche, ça. La culture autochtone, pour la femme et l’homme, là, mon idée à moi, il y a toujours eu une complémentarité. » F_09

Aussi, l’analyse du corpus empirique a permis de déterminer les enjeux contemporains

autour du rôle de la femme Ilnuatsh qui semblent être liés à l’époque postcoloniale. Or, il

s’agit principalement du changement relatif au rôle de la femme autochtone dont font part

les répondantes.

Il s’agit, par exemple, de la place de la femme autochtone dans son milieu de vie et de

l’égalité des sexes, tel que l’exprime cette répondante :

« En fait, la femme entrepreneure aujourd’hui, c’est simplement l’avancée du monde, un peu. Je pense que je suis pour l’égalité des sexes, pour le travail, dans tout, pour moi, c’est juste une motivation de plus. C’est un but à obtenir, pas un but, mais c’est un objectif qui peut être plaisant, tout simplement parce que ça prouve aujourd’hui, en étant autochtone, malgré tout ce que notre peuple a pu subir dans l’histoire, eh bien on est capable de se relever et de passer par-dessus, puis de montrer aux gens qu’on est comme tout le monde, peu importe notre nationalité, peu importe notre race. On va dire notre ethnie, fait que […] c’est juste plaisant pour ça. » F_19

ET

« Je pense qu’on va en avoir de plus en plus. Oui, parce que justement les femmes veulent décider de leur futur. On entend beaucoup parler de l’égalité des salaires et tout ça. Je pense que ça va donner justement le respect de la femme, puis que ce sont des humaines, pareil comme des hommes. » F_07

Par ailleurs, il importe aussi de mettre en valeur la perspective autochtone de l’égalité, qui

demeure loin d’une perspective féministe :

« Je ne sais pas. Ça appartient autant à la femme qu’à l’homme d’avoir des entreprises, si c’est son souhait. Je ne sais pas. Je ne suis pas dans cette dualité-là, tu sais. J’ai déjà été féministe, mais là on dirait que je ne le suis plus; on dirait que j’ai comme de la misère à […] » F_12

Page 191: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

174

Finalement, en lien avec le rôle de la femme dans la période postcoloniale, il importe aussi de

souligner la reconnaissance de la place des femmes par les membres de la communauté :

« Oui. Il y a encore du travail. Il va toujours y en avoir, parce que ça commence […] ils commencent à reconnaître la femme, puis il y a de plus en plus d’associations des femmes […] Fait que c’est ces femmes-là qui on fait qu’il y a plus d’ouverture auprès des femmes. » F_05

L’analyse du rôle de la femme est présentée sous forme de graphique dans la figure 16.

Figure 16 : Cartographie du rôle de la femme chez les femmes Ilnuatsh Source : Enquête qualitative, Croce (2019)

7.1.8 Traditions et modes de vie

L’analyse du corpus empirique a permis d’identifier le lien qui existe entre l’entrepreneuriat

chez les femmes autochtones Ilnuatsh, leurs traditions autochtones et leurs modes de vie;

lien qui subsiste selon le type d’activité des femmes entrepreneures Ilnuatsh rencontrées.

Rôle de la femme

Période coloniale Période précoloniale

Subordination de la femme

Complémentarité des rôles

Implication familiale de la femme

Période postcoloniale

Égalités des sexes

Reconnaissance du milieu

Sexisme

Culture blanche, pensionnats, religion

Changements du rôle de la femme

Division traditionnelle

Affirmation et émancipation

Division égalitaire du travail

Page 192: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

175

Dans l’analyse, les traditions propres à la culture autochtone semblent être inséparables des

modes de vie, ce qui a permis d’unir les deux composantes dans l’analyse du même thème

émergent.

Trois dimensions y sont présentées :

1) Traditions autochtones;

2) Mode de vie traditionnel;

3) Traditions, modes de vie et entrepreneuriat.

Tout d’abord, l’analyse du corpus empirique a relevé les traditions propres à la culture

autochtone, telles que :

o Artisanat autochtone;

o Médecine traditionnelle.

Force est de constater que l’artisanat est une tradition typique à la culture autochtone, tel que

l’affirme cette répondante Ilnuatsh artisane :

« Artisane, c’est plutôt la couture, l’artisanat, le perlage, le brodage, faire des bourses, des mocassins quand le temps s’y prête. Je fais des tentes, des tentes prospecteurs, puis des tentes rondes de chez nous […] Oui. Ce sont des traditions d’ici, des Pekuakamiulnuatsh, de mes parents. Le couteau croche, je devais essayer, mais c’est le temps qui me manque encore, sauf que mes parents ont toujours travaillé dans ces choses-là, tant ma mère que mon père, mes frères aussi. Je sais que mes frères ont beaucoup travaillé le couteau croche. » F_09

OU « Parce que c’est vraiment traditionnel, l’artisanat. Ça veut dire : ça part de tes parents qui t’ont montré à perler […] J’avais même des cousins qui travaillaient le panache […] le perlage et tout ça […] Tu sais, c’est la tradition, c’est ton père ou ta mère qui t’ont transmis ça. » F _ 05

À partir des témoignages de ces femmes, un lien se forme entre l’artisanat, une tradition, et

l’attente sociétale autour des femmes autochtones entrepreneures:

Page 193: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

176

« Oui. C’est dans notre culture, c’est aux femmes de faire ça. » GD

Par la suite, une autre tradition qui a été mise en valeur est celle de la médecine traditionnelle,

qui semble être liée au savoir ancestral :

« Moi, j’ai des livres qui viennent de la communauté. Donc, je connais un peu des choses, ma mère en connaît aussi. Puis, des gens qui ont des problèmes respiratoires, des rhumes, des choses comme cela, on les conseille, puis ils prennent ce qu’ils veulent prendre, puis ça va comme ça. » F_19

L’analyse des traditions révèle que celles-ci sont intimement liées au mode de vie, un mode

de vie d’autrefois, qui concerne la vie sur les territoires ancestraux. Par exemple, en ce qui a

trait à l’artisanat autochtone – qui représente une tradition autochtone –, il est mentionné

comment il était lié autrefois aux activités pouvant avoir lieu sur le territoire. En effet, les

objets que produisaient les femmes avaient plutôt comme objectif de répondre et d’être

utiles dans la vie quotidienne, en lien avec leur mode de vie. En effet, leur utilité

correspondait au mode de vie autochtone sur le territoire :

« Comme un sac, c’est comme un moyen de transport pour […] Dans le temps, c’était les pièges, les cartouches. Quand les hommes partaient à la chasse, on leur faisait chacun un sac. Puis, même pour les fourrures, c’est la même affaire. Comme le porte-fusil, c’est ça, ça vient de là. » GD

Dans les témoignages des femmes Ilnuasth, plusieurs dimensions correspondant au territoire

ont été relevées et qui sont respectivement :

- Saison;

- Chasse;

- Forêt;

- Produit naturel.

Tout d’abord, le mode de vie sur le territoire était très lié aux saisons, tel que cette

répondante l’affirme :

Page 194: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

177

« Oui. Dans la tradition, c’était beaucoup par rapport aux saisons, je pourrais dire. C’est sûr que nous, on n’a pas eu le temps de voir ces choses-là par saison, parce que, étant à l’école et aux pensionnats, on n’a pas vu ça, mais c’était beaucoup […] ce qu’on m’a dit, ce qu’on m’a conté, puis ce que j’ai lu aussi, c’était beaucoup par saison, les choses de saisons, là. Comme la peau de l’orignal, admettons, c’est meilleur à tel mois pour pouvoir tuer pour la peau, puis pour la façon de travailler la peau et tout ça. C’est plus facile […] en tout cas, ces différences-là […] à telle date, à tel mois, ça se travaille mieux. » F_09

De plus, ce mode de vie accorde l’importance à la forêt et aux produits issus de la nature :

« En lien avec les modes de vie et les traditions, oui, je pense que oui. Si on remonte encore à l’historique de la communauté, autrefois les antibiotiques ou tous les médicaments qu’on pouvait avoir, on soignait avec tous ce qu’on trouvait sous notre main. Fait que c’est vraiment […] ça remonte au plus profond de nous, là. Au plus profond de nos traditions. Soigner avec tout ce qu’on peut trouver en forêt, puis des choses comme cela. » F_ 19

ET

« C’est sûr que quand tu es en territoire, tu as tout ce qu’il te faut, dans la culture […] Ce que tu fais dans l’artisanat, comme les racines, les écorces, je fais tout […] même la peau de l’orignal, pour faire des mocassins […] c’est là que tu te sens […] » F_03

Une fois les traditions des femmes autochtones et les modes de vie mis de l’avant, il est

possible d’examiner la transposition des traditions et les modes de vie dans l’entrepreneuriat

chez les femmes Ilnuatsh.

Voici ce qu’en dit cette répondante :

« Si je comprends […], tu vas pouvoir me replacer, s’il le faut. Comment je pourrais dire? Des fois, j’ai l’impression, de quoi je m’inspire de la communauté, c’est un mode de vie qui est passé, puis que, présentement, ce n’est plus nécessairement tout à fait présent. Quelqu’un pratique encore quelque chose, des savoirs ou des choses comme cela, mais on dirait que c’est quelque chose, mais c’est une inspiration quand même que j’ai face à notre mode de vie. Mais aidez-moi un petit peu là, j’essaie de… Je ne sais pas si j’ai compris la question ou quoi là, mais […] » F_15

Page 195: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

178

Ce lien étroit entre traditions et modes de vie peut se retrouver dans la conception des

produits :

« Oui. Je pense, je pourrais dire oui, parce que, comment je peux dire… Le naturel, comme le cuir d’orignal, j’aime beaucoup travailler avec. C’est sûr que je n’en fais pas autant, mais j’essaie d’aller chercher ce que mes parents prenaient pour faire telle chose, tel vêtement, telle bottine […] Oui, des fois, j’en fais avec du cuir qu’on achète, mais c’est parce que des fois, on n’a pas le choix, là. J’essaie aussi d’arranger, de tanner les peaux d’orignal, là, les peaux d’animaux. » F_19

Et aussi dans les activités que peuvent organiser les femmes entrepreneures :

« Dans le fond, une fois par année, il y a une activité en territoire qui est organisée, des activités de tradition autochtone, dans le temps de la chasse au cours du mois d’octobre, on va chasser l’orignal ou le chevreuil ou on va trapper le lièvre. » F_08

Les femmes peuvent s’inspirer, dans les activités entrepreneuriales, d’un mode de vie qui

n’est plus présent aujourd’hui, mais qui demeure dans leur esprit lorsqu’elles créent une

organisation :

« Même si tu vas parler avec des aînés, puis ils ne seront pas d’accord avec ce que je vais dire, parce qu’ils ont été catholicisés et ils ont perdu le sens, la profondeur de ce qui se faisait, mais tu sais, la chasse se faisait dans une conscience de la relation au monde et de la relation au monde des esprits. Dans le sens que, si on tuait un animal, on prenait son crâne et on l’accrochait a l’arbre, puis on le laissait là jusqu’à ce qu’il tombe. C’était pour remercier l’esprit de l’animal. Fait qu’on était en constante connexion avec l’esprit des choses, l’esprit des arbres, l’esprit de tout. C’est une conscience de la forme de vie, que tout est vivant, en fait, tu sais, puis précieux et interrelié. Moi, mon approche en art thérapie s’inspire carrément de tout ça, ramène les gens à ça, qui pour moi était la clé de la force, au fond de l’être. Fait que, oui, je m’inspire grandement de la tradition. » F_12

L’ensemble de l’analyse concernant les traditions et les modes de vie est illustrée à la figure

17.

Page 196: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

179

17 : Cartographie des modes de vie et des traditions chez les femmes Ilnuatsh Source : Enquête qualitative, Croce (2019)

7.3.9 Perception de l’entrepreneuriat

Le corpus empirique a fait ressortir ce thème – la perception de l’entrepreneuriat – qui vient

clarifier la signification que les femmes autochtones peuvent avoir de l’entrepreneuriat et

comprendre leur grille d’interprétation de ce phénomène.

Cette analyse révèle deux significations majeures liées à deux typologies de

l’entrepreneuriat chez les femmes Ilnuatsh:

o Entrepreneuriat dans la logique de la vente;

o Entrepreneuriat dans la logique du partage.

Pour certaines femmes Ilnuatsh qui ont été rencontrées pendant l’enquête qualitative,

l’action d’entreprendre ou de disposer d’un esprit entrepreneurial correspond à un gain

d’argent contre des services, ou des produits, tel que l’indique cette femme entrepreneure

Ilnuatsh :

Traditions et Modes de vie

Mode de vie traditionnel

Traditions autochtones

Médicine traditionnelle

Artisanat autochtone Traditions, modes de vie et entrepreneuriat

Produits Activités

Saisons

Territoire

Cultures autochtones

Chasse

Naturel

Organisation

Forêt

Page 197: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

180

« Ça reste un esprit entrepreneurial, parce que, quand même, tu te fais payer pour les services que tu donnes. » F_15

Dans cette logique, pour certaines femmes, l’entrepreneuriat correspond au fait d’avoir un

magasin ou de créer une entreprise. Cette répondante en fait mention :

« Entrepreneuriat, oui, mais pas comme l’entrepreneuriat […] pour moi, l’entrepreneuriat, ce que j’entends […] c’est quelqu’un qui a un magasin. C’est ça que j’entends pour moi. » F_14

Dans cette catégorie entrepreneuriale sur l’entreprise, deux composantes majeures se

démarquent : la présence d’employées au sein de l’organisation et la rentabilité de

l’organisation. En ce qui concerne le premier aspect, voici ce qu’en dit cette femme Ilnuatsh :

« Être capable de gérer une entreprise, être au-dessus des autres, être propriétaire, être capable de gérer. À part de madame […] il y a des femmes ici qui pourraient le faire, mais elles sont plus […] On a besoin des femmes ici en politique […] Elles se dirigent par là. On est contents. On va laisser aux hommes les entreprises! » F _ 18

OU

« Il y a une grosse différence entre (nom de l’entreprise), puis les autres […] parce qu’ils ont un commerce; ils sont plusieurs personnes. Moi, j’étais toute seule, puis je n’ai pas de relève non plus. La seule chose que je peux faire c’est de transmettre aux autres ce que je connais. » F_18

Dans cette conception de l’entrepreneuriat, la rentabilité d’une entreprise est mise de

l’avant par cette répondante:

« Une entreprise c’est comme un magasin : tu produis pour vendre. Mais, nous autres, ce n’est pas ça ce qu’on fait ici. On produit pour donner, puis ça fait du bien d’être […] » GD

D’autre part, l’analyse du corpus empirique a aussi permis de cibler une deuxième

signification que les femmes Ilnuatsh donnent à l’entrepreneuriat qui, dans ce contexte, serait

plutôt perçu par les femmes comme un moyen de régulation sociale dans une dynamique

d’échanges avec les autres membres de la communauté d’appartenance.

Page 198: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

181

Dans cette perspective, la production artisanale assume une signification complètement

différente, comme le propose cette femme Ilnuatsh :

« C’est pareil comme quand il y a du monde qui essaie de mettre une ligne entre l’art puis l’artisanat. Si tu pratiques de l’artisanat de la façon dont je viens de te parler, ce n’est pas de l’artisanat. Le seul artisanat pratiqué vraiment comme de l’artisanat, c’est si tu le fais dans le but de répéter un objet dans le but de le vendre. Là, ton objectif n’est plus pareil; tu n’es pas en train de te connecter avec les esprits, puis de faire une création symbolique qui va te donner de la force. Tu es en train de répéter les objets, dans le but de les vendre. Ton objectif n’est plus pareil. Puis, je te l’ai dit plus tôt en partant, moi je ne fais jamais les choses pour l’argent. Ça s’applique autant en art, autant en entreprise, à toutes les sphères de la vie. » F_12

L’analyse du corpus empirique vient statuer que la production artisanale peut être reliée à

deux logiques économiques différentes. Au delà de la conception entrepreneuriale associée à

la vente, selon le corpus empirique, l’artisanat était associé à un mode de vie dont la finalité

n’était pas celle de vendre des objets, comme le communique cette répondante :

« On n’a pas vraiment réfléchi à ça. Je pense que ce sont des choses qu’on réfléchit, qu’on pense, ce qu’on pourrait faire pour qu’on puisse améliorer ce domaine-là. Parce que, dans le fond, aujourd’hui, nous autres, comme on disait au début, c’était pour donner les sacs, faire des cadeaux pour les gens qu’on reçoit. Pour en faire une entreprise, pour le démarrage d’une entreprise […] on n’a pas vraiment pensé à ça. C’est en train de mijoter, mais […] » GD

OU

« Une entreprise c’est comme un magasin. Tu produis pour vendre, mais nous autres, ce n’est pas ça qu’on fait ici. On produit pour donner, puis ça fait du bien d’être […] » GD

L’articulation du thème – perception sociale de l’entrepreneuriat – est représentée dans la

figure 18.

Page 199: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

182

Figure 18 : Cartographie de la perception de l’entrepreneuriat chez les femmes Ilnuatsh Source : Enquête qualitative, Croce (2019)

7.3.10 Hybridité entrepreneuriale

L’analyse du corpus empirique a fait ressortir ce dernier thème de l’hybridité

entrepreneuriale, qui vient mettre en valeur la forme entrepreneuriale propre à l’EFA, tel que

observé dans le milieu étudié. Dans les témoignages des femmes rencontrées, on constate

que l’entrepreneuriat est caractérisé par une nature hybride.

Cette femme entrepreneure Ilnuatsh s’est prononcée sur le sujet :

« Je ne suis ni l’une ni l’autre, parce que ce n’est pas une dualité. Il faudrait que le monde arrête de parler d’artisans, d’artistes contemporaines. Ce n’est pas une dualité, ça. Ce n’est pas une dualité. Je suis contemporaine dans le sens que je ne m’arrêterais pas à des formes, mais je vais me servir de toutes mes connaissances ancestrales et traditionnelles pour arriver à faire quelque chose. Moi, je porte tout ça dans moi. Ce n’est pas une dualité. Dans moi, tout est super bien uni. Non, moi, je n’embarque pas dans la dualité. » F_12

Perception de l’entrepreneuriat

Logique de la vente Logique du partage Modes de vie

Employés

Organisation

Rentabilité

Page 200: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

183

L’analyse de l’hybridité entrepreneuriale souligne deux composantes majeures :

o Déterminants modernes de l’entrepreneuriat;

o Déterminants traditionnels de l’entrepreneuriat.

En ce qui concerne les déterminants modernes de l’entrepreneuriat, les femmes Ilnuatsh

rencontrées font état de certaines caractéristiques, qui sont considérées comme faisant partie

de la modernité. Il s’agit des matériaux, des outils ou, encore, des moyens de communication

utilisés, tel que cette répondante l’indique:

« Il y a des choses de modernes, admettons, comme les filets de pêche. On en faisait de telle façon auparavant, puis maintenant c’est avec comme une corde que l’on fait là. » F_09

ET

« Par exemple le moteur, le moteur à canots. J’ai ça dans ma tête, là. Oui, nos parents en prenaient. Ils s’en servaient, mais on n’avait pas de ça avant. Mais là, pour qu’on puisse être capables de pouvoir faire ce qu’on veut offrir à la clientèle, il faut y aller avec ce qu’on peut avoir, ce qu’on peut, ce qu’on a, en tout cas. Il y a bien d’autres choses qu’on peut s’en servir pareil, comme les canots, les rabaskas, ce ne sont pas de chez nous. D’autres nations s’en sont servi, puis ils avaient ça dans leurs communautés. » F_09

En revanche, en ce qui concerne les déterminants traditionnels de l’entrepreneuriat, les

femmes Ilnuatsh rencontrées citent certaines caractéristiques, qui sont considérées comme

faisant partie de la tradition autochtone. Il s’agit, par exemple, du SFL, ou, encore, des

connaissances ancestrales. Voici ce qui explique cette répondante, qui parle du filet de

pêche :

« Purement traditionnel, ce serait que le brut, que l’objet que le geste […] » F _ 07

Les déterminantes traditionnelles sont associées aux cultures autochtones :

« Traditionnel, moi, je pense que ça vient d’une culture, tandis que moderne, c’est plus général. » F_GD

Page 201: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

184

De plus, l’analyse de ce thème de recherche permet de statuer que cette hybridité

entrepreneuriale peut prendre plusieurs formes. En effet, l’analyse explique comment elle se

manifeste autant au sein des organisations, par exemple dans le cadre de la mission

d’entreprise :

« On va chercher un savoir traditionnel qui est là, des connaissances qui sont là par rapport à certains éléments actifs de la plante, mais qui étaient limites, aussi, par rapport aux outils qu’il y avait pour mieux comprendre les molécules, pour mieux comprendre les choses. Aujourd’hui, on peut faire le pont pour aller chercher vraiment des molécules spécifiques dans les produits. Je pense qu’il faut utiliser le savoir ancestral qui était là, démontrer que ça fait des millénaires qu’ils les utilisent, et puis que ça fonctionne. Mais en même temps, je dirais pour les clients, pour les entreprises plus modernes, on va dire, qui ont besoin de comprendre c’est quoi qui fait que ça fonctionne, c’est quoi la molécule, c’est quoi les effets sur la santé. » F_13

L’articulation du thème – hybridité entrepreneuriale- est représentée dans la figure ci-dessous

(figure 19).

Figure 19 : Cartographie de l’hybridité entrepreneuriale chez les femmes Ilnuatsh Source : Enquête qualitative, Croce (2019)

Hybridité entrepreneuriale

Déterminants moderne de l’E

Déterminants traditionnel de l’E Savoir-faire

Connaissances ancestrales Activité

Produit Service

Culture

Matériaux

Outils

Moyens de communication

Organisation

Page 202: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

185

7.2 Analyse intégrée des thèmes : les métacatégories

Les dix thèmes que l’analyse du corpus théorique a permis de déterminer ont été mis en

relation entre eux et ont été élevés, dans le cadre de l’analyse, au rang de métacatégories. Le

regroupement a été réalisé par association, entre les thèmes et les sous-thèmes

correspondants. Au total, le regroupement des thèmes a engendré quatre métacatégories :

1) Analyse de l’identité entrepreneuriale des FA ;

2) Analyse du parcours entrepreneurial des FEA;

3) Analyse des mécanismes socioculturels de transposition dans l’entrepreneuriat;

4) Analyse des taxonomies et typologies de l’EFA.

Les quatre métacatégories sont illustrées à la figure 20 ci-dessous :

Figure 20 : Regroupement des thèmes en métacatégories Source : Enquête qualitative, Croce (2019)

Les quatre métacatégories permettent une meilleure analyse du phénomène de l’EFA. Ainsi,

il est possible d’explorer ce phénomène au niveau conceptuel dans toute sa complexité

Motivations

Autoreprésentation

Valeurs

Obstacles

Facteurs facilitants

Rôle

de la femme

Modes de vie et traditions

Savoir-faire local

Perception de l’entrepreneuriat

Hybridité entrepreneuriale

Métacatégorie 1 Métacatégorie 2 Métacatégorie 3 Métacatégorie 4

Identité entrepreneuriale des femmes autochtones

Parcours des femmes entrepreneures autochtones

Mécanismes de transposition dans l’entrepreneuriat

Taxonomies et typologies de

l’entrepreneuriat

Page 203: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

186

puisque les quatre métacatégories font état de la diversité de l’analyse quand il s’agit de

recherches en EFA, en représentant quatre perspectives d’interprétation du phénomène.

7.2.1 Première métacatégorie : analyse de l’identité entrepreneuriale des FA

À partir de la mise en relation entre les motivations, les valeurs et les représentations sociales

qui ont été exprimées par les femmes Ilnuatsh, il est possible d’identifier cette première

métacatégorie, qui concerne l’identité entrepreneuriale des FEA (figure 21).

Figure 21 : Première métacatégorie : analyse de l’identité entrepreneuriale des FEA Source : Enquête qualitative, Croce (2019)

La première métacatégorie suggère l’exploration du phénomène entrepreneurial des femmes

autochtones à partir de la compréhension de leur identité entrepreneuriale. En raison des

caractéristiques qui sont propres à cette population entrepreneuriale, tel que le vécu et

l’appartenance ethnique et communautaire, l’identité entrepreneuriale des femmes

autochtones se distingue des identités entrepreneuriales des autres catégories de femmes

entrepreneures, c’est-à-dire les femmes entrepreneures allochtones ou les femmes

entrepreneures appartenant à d’autres minorités ethniques.

La mise en relation entre les trois thèmes – valeurs, motivations et autoreprésentation –

ajoute de la profondeur à la réflexion émergente sur l’EFA, ce qui permet l’élévation

conceptuelle de l’analyse à l’égard de cette première métacatégorie, qui évalue l’identité

entrepreneuriale des FA. Si l’identité entrepreneuriale est un concept qui est encore

aujourd’hui sous-exploré chez les femmes entrepreneures appartenant à des minorités

ethniques (p. ex., Essers et Benschops, 2007), cette réalité est encore plus marquante lorsqu’il

s’agit de femmes entrepreneures autochtones, car, comme cette thèse en témoigne, il s’agit

d’une population entrepreneuriale encore sous-représentée dans la recherche académique.

Motivations Valeurs Autorépresentation

Page 204: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

187

Ainsi, l’analyse des valeurs et des représentations sociales de la FEA que l’analyse du corpus

empirique a permis de mettre en valeur vient compléter et approfondir la compréhension de

motivations qui sont propres aux femmes autochtones, qui s’alignent, donc, à leurs valeurs et

à la façon dont elles se autoreprésentent dans leur contexte de vie.

La « motivation entrepreneuriale » est un concept de plus en plus exploré dans la recherche

entrepreneuriale en général et en entrepreneuriat féminin. Les études existantes en EFA ont

déjà permis de mettre en perspective certaines motivations qui sont propres aux femmes

autochtones qui souhaite se lancent en affaires. Citons notamment la promotion du bien-être

des membres de la communauté ainsi que la valorisation de l’économie du partage et

communautaire, qui prime sur l’esprit individualiste de l’entrepreneuriat (p. ex., Pearson et

Daff, 2014; Lituchy et al. 2006). Les résultats de cette enquête qualitative ont permis de

mieux comprendre et d’élargir l’éventail des motivations des femmes autochtones à se lancer

en affaires. Ces motivations sont diversifiées et sont liées à la fois à la sphère individuelle,

sociale, économique et culturelle.

D’une part, certaines motivations liées à la sphère individuelle rejoignent les motivations des

femmes entrepreneures en général ; mentionnons, par exemple, le besoin d’émancipation,

l’affirmation de soi et la conciliation travail-famille (p. ex., Akehurst, Simarro et Mas-Tur,

2012). D’autre part, pour les autres motivations soulevées grâce au corpus empirique, une

considération toute particulière s’impose, parce qu’on observe que les motivations sont

inséparables du contexte de vie immédiat des femmes autochtones et de leur vécu. Il importe

d’ailleurs de souligner que les motivations classifiées comme économiques et sociales

semblent être complémentaires dans les témoignages des femmes rencontrées. Ainsi, la

fonction économique et la fonction sociale de l’entrepreneuriat sont directement liées.

Par exemple, parmi les motivations économiques des femmes Ilnuatsh, on retrouve la

création d’emplois, en considération du manque d’emplois qui touche les femmes de la

communauté autochtone. Dans ce contexte, les motivations économiques peuvent être

comprises à partir de leurs motivations sociales, car les femmes autochtones rencontrées ne

font pas mention de la richesse matérielle comme un cumul de richesse financière. Bien que

certaines motivations soient, donc, économiques, les résultats démontrent qu’elles peuvent

Page 205: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

188

avoir une valence sociale importante, dans la mesure où les retombées sont importantes pour

la communauté et le bien-être de ses membres. Les motivations des femmes sont appuyées

par des valeurs et dans leur analyse, les dimensions communautaires et autochtones priment

sur les valeurs associées à l’identité féminine. Dans le même ordre d’idées, la plupart des

représentations sociales semblent être liées au communautaire et à la vie sociale.

7.2.2 Deuxième métacatégorie : analyse du parcours entrepreneurial des FEA

La relation entre les obstacles que les femmes Ilnuatsh rencontrent au cours de leur parcours

entrepreneurial et les facteurs que les femmes perçoivent comme facilitant l’activité

entrepreneuriale a permis non seulement de mieux documenter les expériences

entrepreneuriales des femmes autochtones, mais aussi d’identifier cette deuxième

métacatégorie, qui se consacre à l’analyse du parcours des FEA (figure 22).

Figure 22 : Deuxième métacatégorie : analyse du parcours entrepreneurial des FEA Source : Enquête qualitative, Croce (2019)

L’analyse du parcours des femmes autochtones se base sur la considération des particularités

qui leur sont propres. Cette deuxième métacatégorie représente, donc, le croisement des

difficultés réelles qu’ont éprouvées les femmes entrepreneures autochtones et de la

projection de ces dernières comme solutions à appliquer à l’activité entrepreneuriale.

S’il est vrai que les femmes entrepreneures en général rencontrent au cours de leurs parcours

entrepreneuriaux des obstacles qui concernent leur identité de genre, par exemple la

conciliation travail-famille ou la sous-représentation des femmes dans des domaines

traditionnellement considérés comme masculins (p. ex., Calás, Smircich et Bourne, 2009;

Piacentini, 2013; Ronsen, 2014), certains obstacles concernent d’autant plus les femmes

autochtones par leur statut particulière dans la société.

Une analyse de la littérature portant sur ces obstacles a déjà permis de cibler des obstacles

Obstacles Facteurs facilitants

Page 206: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

189

précis que les femmes autochtones entrepreneures rencontrent dans leur parcours

entrepreneurial, lesquels ont été regroupés dans différentes typologies d’obstacles (Croce,

2016; Croce et al., 201620), qui sont respectivement :

o Obstacles individuels : comme les facteurs sociodémographiques, psychologiques ou

professionnels (p.ex. Glenice et Davidson, 2011; Moyle et Dollard, 2008; Pearson et

Daff, 2014);

o Obstacles socioculturels : comme les stéréotypes, les responsabilités familiales, le

rapport à l’argent (p.ex. Glenice et Davidson, 2011; McDonnell, 1999; Pearson et

Daff, 2014; Todd, 2012);

o Obstacles structurels : comme l’accès au financement et aux réseaux

d’accompagnement (p.ex. Lituchy et al., 2006; McDonnell, 1999; Moyle et Dollard,

2008; Todd, 2012).

Les résultats de cette enquête qualitative permettent non seulement d’élargir l’éventail des

obstacles existants qui se sont dressés devant les femmes autochtones, mais aussi

d’approfondir l’analyse des obstacles et de mieux comprendre leurs particularités. Compte

tenu des résultats de cette thèse, une révision des obstacles issus de la revue de littérature sur

les femmes entrepreneures autochtones (Croce, 2016; Croce et al. 2016) est possible.

Il importe aussi de souligner qu’un des obstacles majeurs à l’activité entrepreneuriale des

femmes autochtones est représenté par l’obstacle financier. Si plusieurs auteurs soulignent à

quel point l’accès au financement représente un problème pour ces femmes qui optent pour

l’entrepreneuriat (p. ex., Akehurst, Simarro et Mas-Tur, 2012; Braidford, Stone et Tesfaye,

2013; Calás, Smircich et Bourne, 2009; Croce et al., 2016; Piacentini, 2013; Ronsen, 2014), la

question financière est encore plus marquante pour les femmes d’une autre origine ethnique

(Carter, Mwaura, Ram, Trehan et Jones, 2015) et pour les femmes autochtones en particulier.

20 Un regroupement de ces obstacles figure sous forme de tableau dans un rapport du Conseil du statut de la femme sur l’entrepreneuriat féminin autochtone : Croce et al. (2016). « Entrepreneuriat féminin autochtone. Portrait des obstacles, facteurs facilitants et mesures de soutien spécifiques. » Conseil du statut de la femme, Québec.

Page 207: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

190

En effet, quand il s’agit d’entrepreneuriat autochtone au Canada, la question financière prend

une ampleur toute particulière. Par ailleurs, une analyse contextuelle de l’entrepreneuriat

autochtone au Canada a permis d’identifier la dimension financière comme une dimension

de la diversité en ce qui concerne l’analyse des pratiques entrepreneuriales autochtones

(Croce, 2019). Le capital financier disponible est difficilement accessible aux Autochtones

étant donné que les biens ne peuvent être saisis sur les réserves, selon la Loi sur les Indiens, et

les femmes entrepreneures, tout comme les hommes entrepreneures autochtones, sont

exclues des circuits de prêts traditionnels bancaires. Par conséquent, l’obstacle financier est

compris dans une dynamique sociohistorique beaucoup plus large qui a trait à la colonisation

de peuples autochtones.

Il est important de noter que les résultats de cette enquête qualitative ont permis aussi

d’élargir les facteurs structurels en tenant compte de certains facteurs d’ordre institutionnels

et des facteurs communautaires. Soulignons que ces derniers sont propres à la communauté

et aux institutions qui œuvrent dans le développement entrepreneurial des femmes. Quant

aux facteurs facilitants les activités entrepreneuriales des femmes, les mêmes facteurs qui

sont perçus comme obstacles par les femmes s’y trouvent, ce qui vient forger cette

métacatégorie sur le parcours entrepreneurial des femmes autochtones.

7.2.3 Troisième métacatégorie : mécanismes socioculturels de transposition dans

l’entrepreneuriat

La relation entre les trois thèmes concernés - SFL, traditions et modes de vie, et rôle de la

femme- produit cette troisième métacatégorie, qui représente les mécanismes socioculturels

de transposition dans l’entrepreneuriat (figure 23). Plus précisément, ces trois thèmes

dégagent un cadre interprétatif offrant une meilleure compréhension de l’EFA du point de

vue de la construction sociale du phénomène.

Celui-ci est lié à la fois à l’expression de la culture autochtone – du point de vue des

pratiques entrepreneuriales qui trouvent leurs fondements dans le SFL, les traditions et les

modes de vie des femmes autochtones – et aux aspects sociétaux – du point de vue du

« consensus social » découlant du rôle de la femme entrepreneure Ilnuatsh, qui est partagé au

sein de la communauté autochtone et issu du processus de colonisation.

Page 208: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

191

Figure 23 : Troisième métacatégorie : analyse des mécanismes socioculturels de transposition dans l’entrepreneuriat Source : Enquête qualitative, Croce (2019)

De cette métacatégorie émerge le lien et la relation dialectique qui existent entre la culture et

la société; cette dernière est influencée inévitablement par les changements sociétaux et les

événements qui affectent les organisations sociétales d’une communauté ou d’une société

donnée. C’est donc à partir de la combinaison de ces deux grilles de lecture, relatives à la

culture et à l’organisation sociale, que cette troisième métacatégorie trouve sa pertinence.

L’analyse du corpus empirique vient expliquer comment certaines dimensions liées aux

modes de vie et aux traditions déterminent les pratiques entrepreneuriales et se transposent,

à leur tour, dans les activités entrepreneuriales des femmes, peu importe leur type d’activités.

Les résultats de cette enquête qualitative ont permis de faire émerger les caractéristiques

culturelles qui sont propres aux femmes autochtones Ilnuatsh. La culture, dont les traditions

font partie, demeure intacte et figure dans les pratiques entrepreneuriales des femmes,

malgré le changement dans le mode de vie de la population autochtone et de l’organisation

sociale et sociétale. Il est évident, par contre, que cette dernière puisse évoluer au fil du

temps, comme dans la division de genre entre les femmes et les hommes. En effet, il importe

de souligner ce qui suit :

« Il existe, donc, une relation historique et dynamique entre le sexe et le genre : la masculinité et la féminité sont un produit contextuel, relatif, qui traverse différentes cultures et sociétés, donnant naissance à de multiples systèmes de significations qui régulent les relations de genre au sein des contextes sociohistoriques et culturels spécifiques qui les ont déterminés » (Croce, 2015, 87).21

21 Traduction littéraire de : Croce, F. (2015). La seduzione : il gioco strategico delle emozioni. Un viaggio nella

cultura somala. Roma : Edizioni Accademiche Italiane (ISBN 978-3-639-65738-8).

Savoir-faire

local

Traditions et

modes de vie Rôle de la femme

Page 209: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

192

Les résultats de cette recherche doctorale ont mis en perspective l’évolution du rôle de la

femme Ilnuatsh. Ainsi, dans le lien qui subsiste entre le rôle de la femme autochtone et

l’entrepreneuriat, le consensus social autour du statut de la femme entrepreneure autochtone

dans un contexte donné se transpose dans l’acceptation sociale de la femme entrepreneure et

de son développement entrepreneurial comme tel.

La valence sociale autour du rôle de la femme entrepreneure autochtone est soulignée,

comme le précisent ces deux répondantes :

« Prendre notre vie en main, prendre les choses en main, des décisions, puis […] aller où d’autres peut-être ne seraient jamais allés eux-mêmes. Fait que, c’est courir au lieu de marcher. » F_19

ET « Moi, je trouve que ça représente que la femme autochtone sort de son cocon. Je vais dire qu’elle s’éveille plus, qu’elle participe à plus des choses, qu’elle entreprend aussi des défis qui autrefois on ne voyait pas, ou très peu. » F_16

7.2.4 Quatrième métacatégorie : taxonomies et typologies de l’EFA

À partir de la mise en relation entre le thème de la perception sociale de l’entrepreneuriat

chez les femmes Ilnuatsh et le thème de l’hybridité entrepreneuriale, il est possible

d’identifier cette quatrième métacatégorie qui, quant à elle, fait état des taxonomies et des

formes entrepreneuriales qui sont propres à l’EFA (figure 24).

Figure 24 : Quatrième métacatégorie : analyse des taxonomies et typologie de l’EFA Source : Enquête qualitative, Croce (2019)

Si la taxonomie, qui réfère à la classification des objets, de l’EFA provient de la signification

que les femmes Ilnuatsh donnent au phénomène entrepreneurial, auquel le thème de la

Perception sociale de l’entrepreneuriat

Hybridité entrepreneuriale

Page 210: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

193

perception de l’entrepreneuriat fait mention dans cette thèse, l’expression de l’EFA dans le

contexte actuel, ce dont témoigne le thème de l’hybridité entrepreneuriale qui réfère aux

déterminantes modernes et traditionnelles de l’entrepreneuriat, permet de comprendre sa

forme entrepreneuriale particulière. L’analyse de la perception sociale de l’entrepreneuriat

chez les femmes Ilnuatsh a permis de classifier l’EFA en deux types d’entrepreneuriat. D’une

part, l’expérience entrepreneuriale que les femmes Ilnuatsh ont partagée fait référence à la

création d’entreprise, dont la finalité majeure, dans son essence, est représentée par la vente,

en référence à la conception classique de l’entrepreneuriat; d’autre part, la logique du partage

domine la forme entrepreneuriale traditionnelle.

Si la recherche entrepreneuriale se situe principalement dans le paradigme du capitalisme, les

résultats de cette enquête qualitative permettent d’affirmer que cette conception

d’entreprendre et celle de l’entrepreneuriat, qui est principalement liée à l’accumulation des

richesses matérielles basée sur la vente, ne représente qu’un produit sociétal d’une époque

donnée. Max Weber (1967) considérait l’entrepreneur comme l’acteur principal du

développement industriel et théorisait l’« esprit du capitalisme » en situant l’entrepreneur au

centre de la croissance entrepreneuriale. Dans la conception wébérienne, l’entrepreneur

représente le produit même du capitalisme occidental. Celui-ci coïncide avec

l’industrialisation et la modernisation du monde. Or, pour le sociologue Max Weber,

l’entrepreneur incarne les mêmes caractéristiques de son époque, c’est-à-dire la rationalité,

car l’entrepreneur obtient, grâce à son « agir rationnel », la rentabilité de l’entreprise à travers

le calcul méthodique et la gestion rationnelle du compte capital, ce qui ne pourrait pas être

garanti par une conduite de type affectif et traditionnel.

Le système de motivation qui détermine l’action de l’entrepreneur est, selon Max Weber,

exclusivement lié à la rationalité. Ainsi, il ne traite pas de la créativité ou des aspects

socioaffectifs de l’entrepreneur, mais exclusivement de son agir rationnel. Cette vision

d’entreprendre liée à l’entrepreneur et à son entreprise est donc circonscrite dans une époque

socioculturelle bien définie, soit celle de la modernité. Cependant, cette lecture économique

de l’entrepreneuriat ne restitue qu’une partie du phénomène entrepreneurial des femmes

autochtones que ce projet de recherche doctorale met en perspective. Hormis l’agir rationnel

de la femme entrepreneure, la conduite « affective et traditionnelle » de la femme

Page 211: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

194

entrepreneure autochtone se doit d’être comprise pour identifier les aspects qui sont liés à

l’entrepreneuriat dit « traditionnel » ou « authentique » des femmes Ilnuatsh. Par ailleurs, cet

aspect peut être compris et peut s’expliquer au niveau théorique grâce aux théories de

l’échange social (p. ex., Homans, 1958; Mauss, 1973).

Les deux conceptions de l’entrepreneuriat trouvent, donc, leur légitimation dans la lecture

d’un système économique d’un milieu donné et reposent sur les déterminants socioculturels

des femmes autochtones. Le témoignage d’un acteur du développement économique qui a

été rencontré pendant l’enquête de terrain permet de bien comprendre la question soulevée :

« L’entrepreneuriat féminin n’est pas une histoire qui remonte à très très loin […] Peut-être qu’il y a eu quelques exemples, mais c’est très récent […] C’est encore plus récent ici, à Mashteuiatsh. Donc, même s’il y avait de l’entrepreneuriat, il y avait de l’artisanat qui se faisait. C’était beaucoup d’échange, du troc et tout ça […], mais des commerçants qui vendent un produit et tout ça […] et qui embauchent des employés, ce n’est pas énorme. » A_11

Cette dernière métacatégorie restitue la profondeur sociologique du phénomène de l’EFA, au

croisement du point de vue des femmes et de son expression sur le plan pratique. On y

retrouve, d’une part, la signification de l’entrepreneuriat, qui est liée aux codes et aux normes

sociétales qui sont typiques d’un contexte socioculturel donné et, d’autre part, l’interrelation

des mécanismes d’influences en société qui donnent origine à une forme entrepreneuriale

hybride. Ainsi, dans cette dernière métacatégorie, le lien étroit qui existe entre la femme

entrepreneure, elle-même le produit d’un contexte socioculturel donné, et ses actions, quel

que soit le produit façonné, l’activité ou, encore, l’organisation, trouve sa place dans la

compréhension de l’EFA.

Page 212: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

195

CHAPITRE 8

CONTRIBUTIONS DE LA THÈSE

À partir des considérations exposées dans cette thèse, plusieurs contributions se dégagent de

la recherche doctorale dont il est question ici, sur les plans théorique, pratique et social.

8.1 Contributions sur le plan théorique

Trois principales contributions théoriques sont issues de cette thèse de doctorat.

La première contribution théorique concerne l’EFA.

De prime abord, cette thèse contribue de façon significative à ce qui était connu à la suite de

recherches sur l’EFA, mais aussi à ce qui était méconnu dans l’académie sur le sujet.

Soulignons que les dix thèmes émergents issus de l’analyse du corpus empirique ainsi que

leur regroupement en quatre principales métacatégories favorisent l’approfondissement des

connaissances sur la relation qui subsiste entre l’entrepreneuriat et les femmes

autochtones. Cette recherche de doctorat a permis de mieux documenter et explorer les

réalités des femmes entrepreneures autochtones, qui sont, à ce jour, encore très peu connues

par les chercheurs en sciences sociales.

L’ensemble de dix thèmes émergents a contribué à la compréhension du phénomène. En

effet, bien que la littérature existante sur l’EFA ait fait état de certains concepts comme les

motivations des femmes autochtones et les obstacles auxquels elles se heurtent, très peu de

recherches ont été menées jusqu’à présent sur la manière dont l’entrepreneuriat peut être

perçu, vécu et conçu par les femmes autochtones, notamment en tenant compte des

différenciations sociologiques qui sont propres à leur identité de genre.

Ainsi, la variété des dix thèmes et des sous-thèmes découlant de la recherche doctorale met

en perspective les particularités de l’EFA comme une forme distincte d’entrepreneuriat et

non comme une continuité des bagages théoriques et interprétatifs existants, au sens large de

Page 213: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

196

l’entrepreneuriat. Sur le plan scientifique, cette recherche doctorale permet d’ajouter de

nouvelles données empiriques sur les femmes entrepreneures autochtones, qui sont à ce

jour encore très peu nombreuses dans la province de Québec notamment, et favorise la

structuration d’une contribution théorique quant à la combinaison de thèmes en

métacatégories reposant sur la restitution des portraits diversifiés des femmes entrepreneures

autochtones.

La deuxième contribution théorique vise l’entrepreneuriat autochtone.

Cette contribution à l’égard de l’entrepreneuriat autochtone est représentée par

l’enrichissement du modèle 22 de Kevin Hindle relativement à l’analyse des contextes

communautaires. Cette thèse, par son approche contextualisée des expériences

entrepreneuriales des femmes entrepreneures autochtones, vient approfondir la réflexion

existante dans la communauté académique quant au contexte à prendre en compte

concernant les pratiques de l’entrepreneuriat autochtone. L’analyse du corpus empirique a

permis d’approfondir cette réflexion et suggère la considération du concept d’écosystème

entrepreneurial communautaire autochtone, qui dépasse celui du contexte

communautaire.

Le présent projet de recherche a pour but de systématiser les expériences entrepreneuriales

dans différentes communautés autochtones et suscite une réflexion sur la particularité des

écosystèmes entrepreneuriaux autochtones comme des écosystèmes à part entière,

englobés dans des écosystèmes régionaux ou nationaux. Les résultats de cette enquête de

terrain révèlent que le contexte communautaire est un espace symbolique plutôt qu’un

territoire circonscrit. Cette appartenance au contexte est partagée entre le territoire de la

réserve et le sentiment d’appartenance à un territoire bien plus large.

Si d’une part les communautés autochtones au Canada – les réserves – sont sujettes à des

règlementations très précises et représentent des « espaces sociétaux » circonscrits dans un

territoire provincial et national, le maintien de la culture autochtone et des traditions

22 Analyse de l’écosystème entrepreneurial communautaire autochtone (Croce, 2019), adaptée de Hindle (2010).

Page 214: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

197

typiques relève d’anciens modes de vie. Or, le concept d’écosystème (EECA) souhaite

restituer cette réalité complexe qui est propre au contexte communautaire.

La troisième contribution théorique concerne l’entrepreneuriat.

Par la compréhension de l’EFA, cette thèse apporte une contribution significative à la

discipline de l’entrepreneuriat en général. Les résultats de cette enquête qualitative ont

permis de constater que les théories, les concepts et les définitions actuelles à l’égard de

l’entrepreneuriat ne parviennent pas forcément à couvrir les réalités des femmes

entrepreneures autochtones et que de nouveaux concepts et dispositifs théoriques pourraient

en conséquence être élaborés en appui à la validation empirique.

Cette thèse, dont la démarche s’inscrit dans les approches critiques en entrepreneuriat,

permet donc de rediscuter et de repenser les fondements de l’entrepreneuriat en tant que

discipline. L’approche critique de la présente thèse est ainsi respectée, tout comme son

positionnement critique envers la transposition des modèles entrepreneuriaux

classiques sur les populations autochtones, sans toutefois prendre en compte les

caractéristiques et les particularités socioculturelles qui sont propres aux Autochtones, et

particulièrement aux femmes autochtones.

Cette thèse contribue alors au développement d’une sociologie de l’entrepreneuriat, qui se

base sur une analyse contextuelle des phénomènes entrepreneuriaux ainsi que sur la

multidisciplinarité.

8.2 Contributions sur le plan pratique

Au Canada, plusieurs initiatives soutenant le développement entrepreneurial chez les femmes

autochtones sont déjà présentes et de plus en plus nombreuses depuis quelques années. À

titre d’exemple, l’Association des femmes autochtones du Canada (AFAC) dirige un projet

visant à soutenir l’entrepreneuriat chez les femmes autochtones par la voie du mentorat.

Dans la province de Québec, la Commission de développement économique des Premières

Nations du Québec et du Labrador (CDEPNQL), une organisation rattachée à l’Assemblée

des Premières Nations du Québec et du Labrador (APNQL), se consacre à accompagner les

Page 215: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

198

femmes autochtones dans le processus de création d’entreprises. Au Québec, le Secrétariat

aux affaires autochtones (SAA) gère un fonds d’investissement qui, dans sa dernière version,

c’est-à-dire le Fonds d’initiatives autochtones III, propose un volet distinct destiné au

soutien financier des femmes entrepreneures autochtones.

Les résultats de cette recherche doctorale peuvent être orientés vers l’amélioration de

l’encadrement, qui est destiné au développement entrepreneurial des femmes

autochtones, et augmenter ainsi l’efficacité des mesures existantes grâce à de nouvelles

connaissances générées par cette recherche doctorale. Ces connaissances auront permis une

compréhension approfondie des particularités du phénomène en question. Les résultats de la

recherche sur l’EFA peuvent ainsi contribuer à améliorer les programmes

gouvernementaux actuels et les politiques existantes en matière d’entrepreneuriat,

lesquels visent à soutenir les femmes entrepreneures autochtones du Québec et d’ailleurs au

Canada et dans le monde. Les résultats de la présente recherche doctorale favorisent le

soutien offert aux femmes entrepreneures autochtones en fonction des particularités de

l’EFA et de la complexité de ce phénomène.

8.3 Contributions sur le plan social

À ce jour, au Canada, la question des femmes autochtones suscite un intérêt grandissant et

sans précédent. On compte actuellement plus de 1 200 femmes autochtones disparues ou

assassinées au pays (source : Le Soleil, 2016, faisant état de bien plus que 1 200 femmes

autochtones disparues ou assassinées au Canada). Pour une population autochtone globale

qui est estimée à 4,3 % de l’ensemble de la population du pays (Affaires autochtones et

Développement du Nord Canada, 2012; Statistique Canada, 2013), ce phénomène a été

interprété comme un véritable f éminic ide des femmes autochtones (Welter, 2014).

Si les causes de cette violence sont multiples et d’ordre systémique, et si elles nécessitent

d’être explorées davantage, il va sans dire que les femmes autochtones représentent une des

catégories sociales les plus marginalisées et désavantagées sur le plan socioéconomique

(Lariviere, Boulanger, Champagne, Dubois et Bouchard, 2016; Stout et Kipling, 1988). En

effet, les femmes autochtones sont victimes de violence et font trop souvent face à la

précarité financière au quotidien (Pearson et Daff, 2014).

Page 216: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

199

Depuis 2015, une enquête indépendante sur les femmes autochtones (Enquête nationale

sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées [ENFFADA]) a été

amorcée par le gouvernement canadien sous l’initiative du premier ministre Justin Trudeau.,

une enquête qui visait à faire la lumière sur la violence systémique que les femmes

autochtones vivent à l’échelle nationale (Enquête nationale sur les femmes et les filles

autochtones disparues et assassinées, 2019).

Parmi les solutions possibles visant l’autonomisation économique et l’amélioration de la

vie des femmes autochtones, la voie de l’entrepreneuriat représente une avenue

prometteuse. La promotion de l’EFA représente donc, dans ce contexte particulier, une voie

fortement encouragée par les instances politiques gouvernementales afin d’accompagner les

femmes autochtones dans leur quête d’autonomie.

Sur le plan social, cette recherche contribue, tant par le processus utilisé que par la diffusion

des résultats, non seulement à une meilleure intégration des femmes autochtones dans

l’activité économique de la province de Québec, mais aussi à une plus grande implication des

femmes autochtones dans le développement socioéconomique de leur communauté

d’appartenance.

8.4 Limites de la recherche doctorale

Cette recherche doctorale visait, par une approche qualitative exploratoire, à comprendre les

expériences entrepreneuriales des femmes entrepreneures Ilnuatsh, tout en tenant compte de

différents types d’activités entrepreneuriales et du contexte communautaire dans lequel

l’activité des femmes Ilnuatsh s’inscrit.

Malgré l’approfondissement des connaissances qu’auront permis les résultats de cette

recherche exploratoire, cette dernière n’est pas sans limites.

Trois principales limites ont été ciblées relativement à ce projet de recherche doctorale :

La première limite consiste en la diversité inhérente aux peuples autochtones.

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200

Cette limite est représentée par les diversités culturelles des peuples autochtones (United

Nations, 2009), ce qui limite la généralisation des résultats de cette enquête qualitative, dont

la validité interne peut être importante, contrairement à la validité externe; la démarche

qualitative de la recherche atteint ses limites dans la présente recherche en raison des profils

diversifiés des femmes, selon leur appartenance à une identité autochtone donnée.

Néanmoins, les résultats de cette étude pourront aboutir à une systématisation des

expériences entrepreneuriales des femmes entrepreneures en milieu autochtone, ce qui

orientera les recherches ultérieures portant sur d’autres contextes communautaires

autochtones à l’échelle nationale ou internationale.

La deuxième limite concerne la nature interprétative propre à la recherche qualitative.

La nature interprétative qui est propre à la recherche qualitative évoque la dualité des points

de vue, celui de la chercheuse de la présente étude doctorale et ceux des acteurs du milieu.

Bien que cette recherche doctorale repose sur une approche collaborative et participative

avec le milieu autochtone, l’intersubjectivité de cette double perspective implique

inévitablement que les connaissances qui découlent de cette recherche doctorale représentent

le résultat d’un consensus autour du sujet à l’étude, dans le cadre de ce processus de co-

construction des connaissances.

Une troisième limite touche la méthodologie utilisée.

Le choix méthodologique de l’enquête qualitative a été exposé dans le chapitre

méthodologique de cette thèse de doctorat. Malgré l’intérêt que suscite la stratégie de

recherche utilisée lors de l’enquête qualitative, il va de soi que cette stratégie peut aussi

représenter des limites comme le manque de profondeur dans la compréhension de certains

thèmes. Par ailleurs, d’autres stratégies de recherche peuvent s’avérer efficaces pour

approfondir la compréhension des parcours entrepreneuriaux des femmes autochtones.

Citons notamment les approches narratives ou ethnographiques.

Page 218: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

201

8.5 Plan pour les recherches futures

Les résultats de cette recherche doctorale permettent non seulement de mieux comprendre

le phénomène de l’EFA grâce à une validation empirique effectuée auprès de 27 participants

dans un contexte précis, mais ils permettent également d’avancer des pistes pour la recherche

académique à venir. Force est de constater que des recherches plus approfondies sont

nécessaires pour mieux comprendre ce phénomène émergent, du point de vue des

populations autochtones et en particulier des femmes autochtones.

À l’aide du cadre théorique mobilisé dans cette étude doctorale, c’est-à-dire celui de

l’intersectionnalité et de la positionalité, de nombreuses pistes de recherche peuvent être ciblées

étant donné que le sujet doit être saisi selon différents niveaux d’analyse afin de comprendre

les expériences diversifiées des femmes entrepreneures autochtones en relation avec les

contextes autochtones et les inégalités structurelles. Il est important pour les chercheurs et

les praticiens d’établir un programme de recherche visant le développement de l’EFA afin de

comprendre comment les pratiques entrepreneuriales des femmes autochtones prennent

forme dans divers contextes et diverses structures sociales.

Il importe, en effet, de mener des recherches qui traitent de la complexité des intersections

possibles entre le genre et le statut autochtone afin d’examiner comment ces deux

perspectives façonnent les expériences des femmes entrepreneures autochtones à l’échelle

locale, nationale et internationale, tout en tenant compte des différences culturelles,

sociopolitiques et économiques des peuples autochtones. Plus particulièrement, afin

d’explorer les caractéristiques du phénomène, l’analyse de l’EFA peut être approfondie selon

les axes de recherche suivants :

o EFA et identité autochtone : Les femmes autochtones appartiennent à des groupes

autochtones très divers. Ainsi, un travail sociologique approprié est nécessaire pour

développer des catégories analytiques qui distinguent les identités multiples des

femmes entrepreneures autochtones et leurs caractéristiques par rapport à leurs

activités entrepreneuriales;

Page 219: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

202

o EFA et identité sociale des FA : L’intersection de multiples niveaux de

discrimination subis par les femmes autochtones est liée à leur identité sociale. Des

recherches sont alors nécessaires pour explorer comment les expériences

entrepreneuriales des femmes autochtones se construisent en fonction de leur

identité sociale au sein de leur communauté;

o EFA et localisation géographique : Il est important de considérer l’emplacement

géographique de diverses communautés autochtones, non seulement dans les zones

urbaines, mais aussi dans les zones isolées, afin de comprendre comment

l’urbanisation et les contacts avec les peuples non autochtones influencent les

décisions, les pratiques et les réalités des femmes entrepreneures autochtones;

o EFA et facteurs institutionnels : En ce qui concerne les intersections des

structures sociales, il est important d’explorer comment les expériences des femmes

autochtones sont façonnées dans les contextes et les cadres particuliers dans lesquels

des facteurs institutionnels, y compris les règles et les politiques, régulent les

pratiques de l’EFA;

o EFA et capital social : Plusieurs études ont démontré l’importance du capital social

et des réseaux sociaux en ce qui concerne l’entrepreneuriat. Plus d’études sont

nécessaires pour déterminer comment les femmes autochtones utilisent leurs réseaux

sociaux pour mener leurs activités et pour définir une nouvelle vision du capital

social du point de vue des femmes autochtones;

o EFA et savoir autochtone : Il importe aussi d’explorer et de comprendre comment

les femmes autochtones, détentrices de connaissances traditionnelles dans leur

communauté, peuvent exploiter leurs connaissances dans le développement et la

gestion d’entreprises en vue d’évaluer les compétences de ces dernières dans les

pratiques de gestion;

o EFA et marginalisation : Une analyse approfondie des pratiques entrepreneuriales

des femmes autochtones est requise quant au concept de marginalisation sociale, qui

Page 220: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

203

se situe dans ce contexte à plusieurs niveaux : être une femme, être autochtone et

vivre dans une réserve. Une telle analyse explorera l’incidence de la marginalisation

sur les choix et les activités entrepreneuriales de l’EFA;

o EFA et profils ou types d’activités : Plusieurs recherches doivent également être

menées pour approfondir la compréhension des caractéristiques en ce qui concerne

les activités entrepreneuriales diversifiées des femmes entrepreneures autochtones.

Page 221: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

204

CONCLUSION La présente recherche doctorale a été conçue dans le but de comprendre un phénomène très

peu connu dans le monde académique d’aujourd’hui, mais qui revêt une grande importance

sociale pour les communautés autochtones et pour le développement socioéconomique des

femmes autochtones en particulier : l’entrepreneuriat féminin autochtone.

Les résultats de cette enquête qualitative exploratoire permettent de tirer des conclusions

importantes qui favorisent la compréhension de ce phénomène. La diversité des profils et

des expériences des femmes entrepreneures Ilnuatsh rencontrées pendant l’enquête de

terrain témoigne de la complexité du phénomène, qui ne peut pas être réduit à une simple

analyse monolithique de l’entrepreneuriat. En effet, les femmes Ilnuatsh qui ont

participé au projet de recherche ont surtout mis de l’avant la diversité des points de vue et

des visions à l’égard de l’entrepreneuriat féminin dans un contexte autochtone.

Si l’appropriation de l’entrepreneuriat chez les femmes autochtones demeure diversifiée,

la présente thèse confirme que l’EFA est un phénomène complexe. Il va sans dire que sa

compréhension passe par une analyse interdisciplinaire de ce qui est connu aujourd’hui

sous le nom d’entrepreneuriat. Dans la compréhension de l’EFA, les apports de l’histoire, de la

sociologie, de l’anthropologie et de ceux du management doivent être réunis pour en arriver

à une compréhension authentique de la complexité inhérente à l’EFA. La compréhension

de ce phénomène prend son sens à partir de ses fondements interdisciplinaires fort

importants. Dans un même ordre d’idées, l’association des mots entrepreneuriat, féminin

et autochtone représente, pour l’avancement des connaissances scientifiques, un processus

transformatif et non accumulatif.

Cette thèse de doctorat démontre avant tout que la compréhension de l’entrepreneuriat chez

les femmes autochtones signifie aussi la connaissance des inégalités structurelles qui

existent encore aujourd’hui dans les communautés autochtones et qui sont issues des

relations coloniales entre les peuples autochtones et les peuples colonisateurs. Par

conséquent, il est possible d’avancer une analyse de ces expériences en fonction de plusieurs

Page 222: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

205

niveaux, qui tiendra compte non seulement du contexte dans lequel la femme entrepreneure

autochtone agit, mais aussi du positionnement de la femme autochtone dans ce contexte.

Bien que le contexte ait été pris en compte dans cette recherche doctorale et qu’il puisse

constituer un « espace partagé » par plusieurs femmes autochtones qui sont membres d’une

même communauté, ce même contexte est susceptible de représenter un cadre d’action

différencié pour ces femmes, qui n’ont pas toutes les mêmes « codes » en ce concerne

l’entrepreneuriat et l’action d’entreprendre. Or, cette thèse confirme que les apports de

l ’ intersec t ionnal i t é et ceux de la posi t ionnal i t é sont indispensables pour comprendre les

multiples niveaux de l’expérience entrepreneuriale des femmes autochtones, car ils

permettent de comprendre comment les différents aspects de l’identité entrepreneuriale des

femmes autochtones prennent forme dans leurs expériences entrepreneuriales. Ces

expériences peuvent d’ailleurs être comprises comme étant à l’intersection des rôles et des

identités que les femmes autochtones assument dans ces contextes.

Ajoutons que cette thèse vient confirmer la construction « sociale », voire la valence

« sociologique », de l’entrepreneuriat à partir de la signification que les femmes autochtones

attribuent elles-mêmes à l’entrepreneuriat et à partir de leur statut dans la société, de leurs

valeurs, de leurs normes et de leur vécu. Ainsi, l’orientation socioculturelle à l’égard de

l’entrepreneuriat est à la fois partagée entre les anciens modes de vie autochtones et la

logique coloniale toujours présente.

Cette thèse témoigne aussi d’un processus de co-construction des connaissances avec les

acteurs des milieux autochtones, qui ont collaboré et participé à la présente recherche

doctorale. Elle appuie également la nécessité de mieux contextualiser la recherche sur l’EFA

dans la dynamique interculturelle et collaborative de la recherche en milieu autochtone,

dans l’objectif de correspondre à la vision et aux valeurs des peuples autochtones. Ainsi, le

présent projet respecte l’esprit critique de la recherche tout en tenant compte du point de

vue des acteurs du milieu, autant dans l’élaboration de la recherche que dans la validation de

ses résultats. Par conséquent, cette thèse doctorale évoque l’esprit critique de l’étude, qui

repose sur l’épistémologie de la recherche dans le développement des connaissances qui

découlent du travail effectué sur le terrain, en milieu autochtone.

Page 223: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

206

Si l’objectif principal de cette recherche doctorale était de mieux comprendre un

phénomène précis – celui de l’entrepreneuriat féminin autochtone, encore très peu connu

dans la communauté des chercheurs en sciences sociales et plus particulièrement en sciences

de l’administration –, ses résultats donnent l’espoir d’avoir atteint cet objectif dans un

contexte bien précis, celui d’une communauté autochtone du Québec. Il sera important de

s’interroger sur ce que les résultats de cette recherche doctorale dégagent et de comprendre

l’EFA selon d’autres contextes internationaux.

Force est de constater que cette recherche doctorale représente un point de départ et un

levier dans la continuité de l’étude et la compréhension des caractéristiques de l’EFA dans

d’autres pays du monde.

Page 224: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

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Page 230: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

213

ANNEXE A : ANNONCE DE RECRUTEMENT POUR LES FEMMES ENTREPRENEURES ILNUATSH EN ENTREVUE INDIVIDUELLE

Texte électronique (courriel diffusé via l’adresse courriel du chercheur de l’Université Laval). Objet : Proposition d’entrevue individuelle (recherche femmes entrepreneures ilnu). Bonjour Madame, Je fais appel à vous car vous êtes une femme entrepreneure, artiste ou artisane ilnu. Votre contact a été fourni par madame Lalancette de Pekuakamiulnuatsh Takuhikan et/ou madame Bouchard de la Société de Développement Economique Ilnu. Avec la présente, je sollicite votre disponibilité pour une entrevue individuelle qui se tiendrait au cours de la semaine du 21 au 27 mai dans un lieu de votre convenance. Cette entrevue sera réalisée dans le cadre du projet de recherche doctoral : « Entrepreneuriat féminin autochtone. Une recherche sur les femmes entrepreneures ilnu de la Première Nation des Pekuakamiulnuatsh». Il s’agit d’un projet de doctorat en Sciences de l’Administration de l’Université Laval sous la direction du Professeur Pascal Paillé, de la Faculté des Sciences de l’administration de l’Université Laval, et du professeur Thierry Rodon, de la Faculté des Sciences sociales de l’Université Laval. L’objectif de cette recherche est de comprendre les expériences entrepreneuriales des femmes entrepreneures ilnu et les caractéristiques de l’entrepreneuriat féminin autochtone. Pendant cet entretien, nous allons discuter autour des thèmes préfixés : votre parcours et votre expérience entrepreneuriale, votre savoir-faire artisanal, votre conception de l’entrepreneuriat féminin autochtone. L’entrevue individuelle est d’une durée approximative d’une heure et vous pourrez vous retirer à tout moment. L’entrevue sera enregistrée, mais les propos seront rendus anonymes. Votre partage d’expérience est très important pour la finalité de mon étude de doctorat et votre disponibilité à l’entretien sera fortement appréciée. Je reste en attente de votre retour. Pour toute information complémentaire, n’hésitez pas à me contacter : CROCE Francesca [email protected] Je vous remercie à avance de votre collaboration, Très cordialement. Francesca CROCE Ce projet a été approuvé par le Comité d’éthique de la recherche de l’Université Laval : No d’approbation 2018-076 / 18-04-2018 et par Pekuakamiulnuatsh Takuhikan le 13 mars 2018 (N° résolution : 7005).

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214

ANNEXE B : SCRIPT POUR LE RECRUTEMENT DIRECT POUR LES FEMMES ENTREPRENEURES ILNUATSH EN ENTREVUE INDIVIDUELLE Bonjour madame, Mon nom est Francesca Croce. Je suis étudiante au doctorat à la Faculté des Sciences de l’administration de l’Université Laval, sous la direction du professeur Pascal Paillé et du professeur Thierry Rodon. Ma recherche de doctorat porte sur l’entrepreneuriat féminin autochtone. Plus précisément ma recherche de doctorat a pour objectif de comprendre quelles sont les caractéristiques de l’entrepreneuriat féminin autochtone. Pour cela, je rencontre les femmes entrepreneures autochtones, artistes ou artisanes afin de comprendre leurs expériences et leurs parcours comme femmes entrepreneures. Pour la réalisation de mon étude, j’ai choisi la première nation des innues. C’est pour cette raison que j’aimerais vous rencontrer, parce que vous êtes une femme entrepreneure ilnu. Je serai reconnaissante de votre participation dans le cadre de mon étude. L’entrevue que je vous propose de réaliser concerne quelques thèmes établis, comme votre parcours comme femme entrepreneure, les obstacles que vous avez rencontréS, votre avis sur l’entrepreneuriat chez les femmes autochtones, votre expertise et savoir-faire local ou, encore, votre vécu comme femme entrepreneure, artisanes et/ou artistes (vos valeurs, vos traditions et votre environnent). Votre participation à cette entrevue est totalement volontaire et vous êtes libre d’interrompre l’entrevue à tout moment si vous le désirerez. L’entrevue sera enregistrée, mais les propos seront rendus anonymes. Je vous remercie pour votre précieuse collaboration. Votre participation, le cas échéant, sera de grande utilité pour la finalité de mon étude. Francesca Croce. Ce projet a été approuvé par le Comité d’éthique de la recherche de l’Université Laval : No d’approbation 2018-076 / 18-04-2018 et par Pekuakamiulnuatsh Takuhikan le 13 mars 2018 (N° résolution : 7005).

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215

ANNEXE C : SCRIPT POUR LE RECRUTEMENT DIRECT POUR LES FEMMES ENTREPRENEURES ILNUATSH EN GROUPE DE DISCUSSION

Bonjour mesdames, Mon nom est Francesca Croce. Je suis étudiante au doctorat à la Faculté des Sciences de l’administration de l’Université Laval, sous la direction du professeur Pascal Paillé et du professeur Thierry Rodon. Ma recherche de doctorat porte sur l’entrepreneuriat féminin autochtone. Plus précisément ma recherche de doctorat a pour objectif de comprendre quelles sont les caractéristiques de l’entrepreneuriat féminin autochtone. Pour cela, je rencontre les femmes entrepreneures autochtones, artistes ou artisanes afin de comprendre leurs expériences et leurs parcours comme femmes entrepreneures. Pour la réalisation de mon étude, j’ai choisi la première nation des innues. C’est pour cette raison que j’aimerais vous rencontrer, parce que vous êtes des femmes entrepreneures ilnu. Je serai reconnaissante de votre participation dans le cadre de mon étude. Le groupe de discussion que je vous propose de réaliser, d’une durée d’environ une heure et demie, concerne quelques thèmes établis, comme votre parcours comme femme entrepreneure, les obstacles que vous avez rencontré, votre avis sur l’entrepreneuriat chez les femmes autochtones, votre expertise et savoir-faire local ou, encore, votre vécu comme femme entrepreneure, artisanes et/ou artistes (vos valeurs, vos traditions et votre environnent). Votre participation à ce groupe de discussion est totalement volontaire et vous êtes libre d’interrompre le groupe de discussion à tout moment si vous le désirerez. Avec votre consentement, le groupe de discussion pourrait être enregistré, mais les propos seront rendus anonymes. Je vous remercie pour votre précieuse collaboration. Votre participation, le cas échéant, sera de grande utilité pour la finalité de mon étude. Francesca Croce.

Ce projet a été approuvé par le Comité d’éthique de la recherche de l’Université Laval : No d’approbation 2018-076 / 18-04-2018 et par Pekuakamiulnuatsh Takuhikan le 13 mars 2018 (N° résolution : 7005).

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ANNEXE D: ANNONCE DE RECRUTEMENT POUR LES ACTEURS DU DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE EN ENTREVUE INDIVIDUELLE

Texte électronique (courriel diffusé via l’adresse courriel du chercheur de l’Université Laval). Objet : Proposition d’entrevue individuelle (recherche femmes entrepreneures ilnu). Madame, Monsieur, Je fais appel à vous car vous êtes un acteur du développement économique local. Votre contact a été fourni par madame Lalancette de Pekuakamiulnuatsh Takuhikan et/ou madame Bouchard de la Société de Dévéloppement Economique Ilnu. Avec la présente, je sollicite votre disponibilité pour une entrevue individuelle qui se tiendrait au cours de la semaine du 21 au 27 mai dans un lieu de votre convenance. Cette entrevue sera réalisée dans le cadre du projet de recherche doctoral : « Entrepreneuriat féminin autochtone. Une recherche sur les femmes entrepreneures ilnu de la Première Nations des Pekuakamiulnuatsh ». Il s’agit d’un projet de doctorat en Sciences de l’Administration de l’Université Laval sous la direction du Professeur Pascal Paillé, de la Faculté des Sciences de l’administration de l’Université Laval, et du professeur Thierry Rodon, de la Faculté des Sciences sociales de l’Université Laval. L’objectif de cette recherche est de comprendre les expériences entrepreneuriales des femmes entrepreneures ilnu, leur vécu et leur conception de l’entrepreneuriat féminin autochtone. Pendant cet entretien, d’une durée approximative d’une heure, nous allons discuter autour des thèmes préfixés comme l’influence du contexte communautaire sur l’entrepreneuriat féminin autochtone et les mesure de soutien aux femmes entrepreneures autochtones au sein de la communauté. Votre participation à cette entrevue est totalement volontaire et vous êtes libre d’interrompre l’entrevue à tout moment si vous le désirez. L’entrevue sera enregistrée, mais les propos seront rendus anonymes. Votre partage d’expérience est très important pour la finalité de mon étude de doctorat et votre disponibilité à l’entretien sera fortement appréciée. Je reste en attente de votre retour. Pour toute informations complémentaires n’hésitez pas à me contacter : CROCE Francesca [email protected] Je vous remercie à l’avance de votre collaboration, Très cordialement. Francesca CROCE Ce projet a été approuvé par le Comité d’éthique de la recherche de l’Université Laval : No d’approbation 2018-076 / 18-04-2018 et par Pekuakamiulnuatsh Takuhikan le 13 mars 2018 (N° résolution : 7005).

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217

ANNEXE E : GUIDE D’ENTREVUE POUR LES FEMMES ENTREPRENEURES ILNUATSH EN ENTREVUE INDIVIDUELLE Date : __________________________________________________________________ Heure (début et fin) : _______________________________________________________ Lieu : ___________________________________________________________________ Information sur la participante Nom : __________________________________________________________________ Communauté : ___________________________________________________________ Organisation : ___________________________________________________________ Introduction

• Présentation de la chercheuse • Rappel de l’objectif de l’étude • Formulaire de consentement • Confidentialité

1. Création d’entreprise et parcours entrepreneurial

• Quel est votre secteur d’activités? • Pouvez-vous nous décrire votre parcours en entrepreneuriat jusqu’à ce jour?

Comment l’idée de devenir entrepreneure vous est-elle venue? Depuis combien de temps êtes-vous entrepreneure?

• Pourquoi vouliez-vous devenir entrepreneure? Votre environnement était-il une source de motivation ou plutôt de découragement? Pourquoi avez-vous crée cette entreprise ?

• Qui vous a le plus motivé à faire un tel choix : les amis, la famille, autre? • Votre milieu de vie motive-t-il l’entrepreneuriat féminin autochtone? • Existe-t-il des mesures de soutien destinées exclusivement aux FEA? • Concernant vos activités, vous sentez-vous soutenue ou limitée par votre milieu?

2. Production artisanale et savoir-faire local (SFL)

• Qu’est-ce que vous produisez ? Est-ce qu’il s’agit d’une tradition ? • Quel type de SFL avez-vous acquis dans votre vie? À quel moment vous l’avez

appris ? Par qui ? • Ce SFL a-t-il été utile à votre parcours d’entrepreneure? • Quelle est l’origine de ce SFL? Est-il spécifique à votre communauté ? • Comment pouvez-vous valoriser ce SFL dans le développement de votre activité?

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218

• Comment votre mode de vie et vos traditions déterminent-ils votre production artisanale ?

• Partagez-vous vos expériences, vos activités avec la famille et d’autres femmes?

3. Formes hybrides de l’entrepreneuriat

• Quelle est, selon vous, la différence entre ces deux types d’entrepreneuriat? • Dans quel type d’entrepreneuriat (traditionnel ou moderne) classez-vous votre

activité? • Votre profil d’entrepreneure (traditionnel ou moderne) est-il le résultat de l’influence

du contexte dans lequel vous avez vécu et grandi ? • Quel type d’entrepreneuriat (traditionnel ou moderne) convient le mieux à votre

communauté? 4. Évaluation du parcours

• Comment évaluez-vous votre expérience en entrepreneuriat? Avez-vous rencontré des difficultés particulières durant votre parcours? Si oui, lesquelles? Spécifiques aux femmes autochtones ?

• Qu’est-ce qui aurait pu être facilitant dans votre processus de création d’entreprises? 5. Perception de la FEA 23à l’égard de l’EFA

• Que représente pour vous la femme entrepreneure en général? Qu’en est-il de la

femme entrepreneure autochtone? • La FEA est-elle différente des autres femmes du pays? Est-il plus difficile pour une

femme entrepreneure autochtone de percer? • Comment décrivez-vous la femme entrepreneure? Comment définiriez-vous

l’entrepreneuriat féminin autochtone? Que signifie entreprendre pour vous ? • Que représente pour vous l’entrepreneuriat en général, et l’entrepreneuriat féminin

autochtone en particulier? Comment vous définissez une femme entrepreneure? • Quelles sont les valeurs qui vous tiennent le plus à cœur et que vous transférez dans

les activités entrepreneuriales ?

Conclusion (se projeter dans l’avenir)

• Quelle est votre vision future de l’EFA à l’égard de votre parcours ? • Quels sont, selon vous, les moyens permettant de développer l’entrepreneuriat des

femmes autochtones?

23 FEA : femme entrepreneure autochtone

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219

Profil de la femme entrepreneure autochtone

• Quel est votre statut légal? • Quel âge avez-vous? • Quel est votre niveau de scolarité? • Quel est votre état civil? • Avez-vous des enfants?

Fin de l’entrevue. Merci de votre collaboration, les informations obtenues sont des plus utiles pour la réalisation de cette étude.

Page 237: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

220

ANNEXE F : GUIDE D’ENTREVUE POUR LES FEMMES ENTREPRENEURES ILNUATSH EN GROUPE DE DISCUSSION

Date : _________________________________________________________________ Heure (début et fin) : _____________________________________________________ Lieu : _________________________________________________________________ Information sur les participantes Communauté : ___________________________________________________________ Organisation : ____________________________________________________________ Introduction

• Présentation de la chercheuse • Rappel de l’objectif de l’étude • Formulaire de consentement • Confidentialité

Production artisanale et savoir-faire local :

• Qu’est-ce que vous produisez ? Est-ce qu’il s’agit d’une tradition ? • Quel type de SFL avez-vous acquis dans votre vie? À quel moment vous l’avez

appris ? Par qui ? • Quelle est l’origine de ce SFL? Est-il spécifique à votre communauté ? • Comment trouvez-vous les matériaux pour la production? • Comment votre mode de vie et vos traditions déterminent-ils votre production

artisanale ? • Partagez-vous vos expériences, vos activités avec la famille et d’autres femmes? • Avez-vous l’habitude de travailler en groupe? Pourquoi ? Souvent ? • Comment commercialisez-vous vos produits ? Êtes-vous soutenu par votre milieu? • Qu’est-ce que vous motivez le plus ?

Formes hybrides de l’entrepreneuriat :

• Dans quel type d’entrepreneuriat (traditionnel ou moderne) classez-vous votre activité?

• Quelle est, selon vous, la différence entre ces deux types d’entrepreneuriat? • Votre profil d’entrepreneure (traditionnel ou moderne) est-il le résultat de l’influence

du contexte dans lequel vous avez vécu et grandi ?

Page 238: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

221

• Quel type d’entrepreneuriat (traditionnel ou moderne) convient le mieux à votre communauté?

Évaluation du parcours :

• Comment évaluez-vous votre expérience comme femme artisane ? Avez-vous rencontré des difficultés particulières durant votre parcours? Si oui, lesquelles? Spécifiques aux femmes autochtones ? Qu’est-ce qui aurait pu être facilitant pour vous ?

Perception de la FEA à l’égard de l’EFA :

• Que représente pour vous la femme artisane ? Qu’en est-il de la femme entrepreneure autochtone?

• La FEA est-elle différente des autres femmes du pays? Est-il plus difficile pour une femme entrepreneure autochtone de percer?

• Comment décrivez-vous la femme entrepreneure? Comment définiriez-vous l’entrepreneuriat féminin autochtone? Que signifie entreprendre pour vous ?

• Que représente pour vous l’entrepreneuriat en général, et l’entrepreneuriat féminin autochtone en particulier? Comment vous définissez une femme entrepreneure?

• Quelles sont les valeurs qui vous tiennent le plus à cœur? Conclusion (se projeter dans l’avenir) :

• Quelle est votre vision future de l’EFA à l’égard de votre parcours ? • Quels sont, selon vous, les moyens permettant de soutenir les activités artisanales et

développer l’entrepreneuriat des femmes autochtones? Fin de l’entrevue Profil des femmes artisanes

• Quel est votre statut légal? • Quel âge avez-vous? • Quel est votre niveau de scolarité? • Quel est votre état civil? • Avez-vous des enfants?

Merci de votre collaboration, les informations obtenues sont des plus utiles pour la réalisation de cette étude.

Page 239: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

222

ANNEXE G : GUIDE D’ENTREVUE POUR LES ACTEURS DU DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE EN ENTREVUE INDIVIDUELLE Date : __________________________________________________________________ Heure (début et fin) : _______________________________________________________ Lieu : ___________________________________________________________________ Information sur les participantes Communauté : ___________________________________________________________ Organisation : ____________________________________________________________ Rôle : ___________________________________________________________________ Introduction

• Présentation de la chercheuse • Rappel de l’objectif de l’étude • Formulaire de consentement • Confidentialité

1) Milieu autochtone d’appartenance

• À quelle communauté autochtone appartenez-vous? • Pourriez-vous me parlez de votre milieu autochtone? • Votre communauté compte-t-elle beaucoup de femmes entrepreneures? • Ces femmes possèdent-elles une entreprise ou s’agit-il pour la plupart d’activités

traditionnelles?

2) Les facteurs structurels

• Les infrastructures présentes dans la communauté permettent-elles aux femmes de développer leurs activités entrepreneuriales?

• Le positionnement géographique de votre communauté a-t-il un impact sur l’activité entrepreneuriale des femmes? Si oui, quel est-il?

• Quelles sont les institutions présentes sur place qui prennent en charge le développement économique des femmes de la communauté?

• Quelle est l’orientation du conseil de bande à ce sujet? • Comment la Loi sur les Indiens influence-t-elle l’entrepreneuriat chez les femmes et le

développement des activités?

Page 240: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

223

3) Les facteurs culturels

• Quels services de ressources humaines, le cas échéant, la communauté offre-t-elle aux femmes qui souhaitent se lancer en affaire? Ces ressources sont-elles suffisantes?

• Comment les femmes Ilnuatsh conçoivent-elles l’entrepreneuriat? Quelles sont les valeurs mises de l’avant? Pourquoi se lancent-elles en affaire? En quoi sont-elles différentes des hommes entrepreneures de la communauté?

• Existe-t-il un réseau de soutien destiné aux femmes entrepreneures Ilnuatsh? La communauté offre-t-elle une association ou des activités de soutien (p. ex., un évènement spécifique, une possibilité de mentorat, etc.)?

4) Programmes spécifiques de soutien à l’activité entrepreneuriale des femmes

• Votre communauté offre-t-elle des programmes destinés aux femmes entrepreneures? De quels outils ces femmes disposent-elles?

5) Analyse des obstacles à l’activité entrepreneuriale des femmes

• À quels obstacles se heurtent les femmes entrepreneures dans votre communauté? • Quelles améliorations pourraient être apportées pour contribuer aux expériences des

femmes entrepreneures de votre communauté ?

6) Vision future de l’EFA

• Comment voyez-vous l’avenir de l’EFA dans votre communauté et au Québec, plus particulièrement?

Merci de votre collaboration, les informations obtenues sont des plus utiles pour la réalisation de cette étude.

Page 241: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

224

ANNEXE H : FORMULAIRE DE CONSENTEMENT À L’INTENTION DES FEMMES ENTREPRENEURES ILNUATSH EN ENTREVUE INDIVIDUELLE

Présentation du chercheur

Cette recherche est réalisée dans le cadre du projet de doctorat de Mme Francesca Croce, dirigé par M. Pascal Paillé, professeur au département de management (Faculté des Sciences de l’Administration, Université Laval) et M. Thierry Rodon, professeur au département de science politique (Facultés de Sciences sociales, Université Laval).

Avant d’accepter de participer à ce projet de recherche, veuillez prendre le temps de lire et de comprendre les renseignements qui suivent. Ce document vous explique le but de ce projet de recherche, ses procédures, avantages, risques et inconvénients. Nous vous invitons à poser toutes les questions que vous jugerez utiles à la personne qui vous présente ce document.

Nature de l’étude

La recherche a pour finalité d’étudier les expériences entrepreneuriales des femmes innues au Québec afin d’identifier les caractéristiques de l’entrepreneuriat féminin autochtone. Déroulement de la participation

Votre participation à cette recherche consiste à participer à une entrevue individuelle, d’une durée approximative d’une heure et demie, qui portera sur les éléments suivants:

• Votre parcours comme femme entrepreneure ;

• Votre expérience entrepreneuriale ;

• Votre savoir-faire artisanal ;

• Votre compréhension de l’entrepreneuriat féminin autochtone ;

• Vos motivations, vos nécessités et vos obstacles ;

• Votre communauté autochtone d’appartenance.

Avantages, risques ou inconvénients possibles liés à votre participation

Le fait de participer à cette recherche vous offre une occasion de réfléchir et de discuter en toute confidentialité à votre propre expérience professionnelle en tant que femmes autochtones entrepreneures.

Si le fait de raconter votre expérience suscite des réflexions ou des souvenirs émouvants ou désagréables, n’hésitez pas à en parler avec la personne qui mène l’entrevue. La ressource en mesure de vous aider, au besoin, est la suivante :

Commission de la santé et des services sociaux des Premières Nations du Québec et

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225

du Labrador

250, place Chef Michel Laveau, local 102

Wendake, Québec, G0A 4V0 Téléphone : (418) 842-1540

Participation volontaire et droit de retrait

Vous êtes libre de participer à ce projet de recherche. Vous êtes libre de prendre une pause ou refuser de répondre à une ou plusieurs questions.

Vous pouvez aussi mettre fin à votre participation sans conséquence négative ou préjudice et sans avoir à justifier votre décision. Si vous décidez de mettre fin à votre participation, il est important d’en prévenir le chercheur dont les coordonnées sont incluses dans ce document. Tous les renseignements personnels vous concernant seront alors détruits.

Confidentialité et gestion des données

Les mesures suivantes seront appliquées pour assurer la confidentialité des renseignements fournis par les participants:

• les noms des participants ne paraîtront dans aucun rapport;

• les divers documents de la recherche seront codifiés et seul le chercheur aura accès à la liste des noms et des codes;

• les résultats individuels des participants ne seront jamais communiqués;

• les matériaux de la recherche, incluant les données et les enregistrements, seront conservés dans l’ordinateur du chercheur Croce Francesca;

• les matériaux de la recherche, incluant les données et les enregistrements, seront détruits deux ans après la fin de la recherche, soit en décembre 2020, mais les données anonymisées seront conservées pour utilisation ultérieure *;

• la recherche fera l'objet de publications dans des revues scientifiques, et aucun participant ne pourra y être identifié ;

• un court résumé des résultats de la recherche sera expédié aux participants qui en feront la demande en indiquant l’adresse où ils aimeraient recevoir le document, juste après l’espace prévu pour leur signature.

* Si vous êtes d’accord, une copie des données (sous forme nominalisée ou de-nominalisée) sera transmise à Pekuakamiulnuatsh Takuhikan.

Remerciements

Votre collaboration est précieuse pour nous permettre de réaliser cette étude et je vous remercie d’y participer.

Signatures

Page 243: Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête ...

226

Je soussigné(e) ______________________________consens librement à participer à la recherche intitulée : Entrepreneuriat féminin autochtone. Une recherche sur les femmes entrepreneures ilnu de la Premiere Nations des Pekuakamiulnuatsh. J’ai pris connaissance du formulaire et j’ai compris le but, la nature, les avantages, les risques et les inconvénients du projet de recherche. Je suis satisfait(e) des explications, précisions et réponses que le chercheur m’a fournies, le cas échéant, quant à ma participation à ce projet.

1. J’autorise Croce Francesca à transmettre une copie de ce formulaire de consentement à Pekuakamiulnuatsh Takuhikan :

Oui _______ Non_______

2. Je suis d’accord à ce que Croce Francesca puisse transmettre une copie de mon entrevue à Pekuakamiulnuatsh Takuhikan :

Oui _______ Non_______

3. Je suis d’accord à ce que Croce Francesca puisse transmettre une copie de mon entrevue à Pekuakamiulnuatsh Takuhikan, sous forme :

De-nominalisé_____ Nominalisé_______

__________________________________________ ____________________

Signature du participant, de la participante Date

Un court résumé des résultats de la recherche sera expédié aux participants qui en feront la demande en indiquant l’adresse où ils aimeraient recevoir le document. Les résultats ne seront pas disponibles avant le 05-2019. Si cette adresse changeait d’ici cette date, vous êtes invité(e) à informer la chercheure de la nouvelle adresse où vous souhaitez recevoir ce document.

L’adresse (électronique ou postale) à laquelle je souhaite recevoir un court résumé des résultats de la recherche est la suivante :

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227

J’ai expliqué le but, la nature, les avantages, les risques et les inconvénients du projet de recherche au participant. J’ai répondu au meilleur de ma connaissance aux questions posées et j’ai vérifié la compréhension du participant.

__________________________________________ ____________________

Signature du chercheur Date

Renseignements supplémentaires

Si vous avez des questions sur la recherche, sur les implications de votre participation ou si vous souhaitez vous retirer de la recherche, veuillez communiquer avec CROCE Francesca à l’adresse courriel suivant : [email protected]

Plaintes ou critiques

Toute plainte ou critique sur ce projet de recherche pourra être adressée au Bureau de l'Ombudsman de l'Université Laval : Pavillon Alphonse-Desjardins, bureau 3320 2325, rue de l’Université Université Laval Québec (Québec) G1V 0A6 Renseignements - Secrétariat : (418) 656-3081 Ligne sans frais : 1-866-323-2271 Courriel : [email protected]

Copie de la chercheuse Copie PT

Copie du participant

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ANNEXE I : FORMULAIRE DE CONSENTEMENT À L’INTENTION DES FEMMES ENTREPRENEURES ILNUATSH EN GROUPE DE DISCUSSION

Présentation du chercheur

Cette recherche est réalisée dans le cadre du projet de doctorat de Mme Francesca Croce, dirigé par M. Pascal Paillé, professeur au département de management (Faculté des Sciences de l’Administration, Université Laval) et M. Thierry Rodon, professeur au département de science politique (Facultés de Sciences sociales, Université Laval).

Avant d’accepter de participer à ce projet de recherche, veuillez prendre le temps de lire et de comprendre les renseignements qui suivent. Ce document vous explique le but de ce projet de recherche, ses procédures, avantages, risques et inconvénients. Nous vous invitons à poser toutes les questions que vous jugerez utiles à la personne qui vous présente ce document.

Nature de l’étude

La recherche a pour finalité d’étudier les expériences entrepreneuriales des femmes innues au Québec afin d’identifier les caractéristiques de l’entrepreneuriat féminin autochtone. Déroulement de la participation

Votre participation à cette recherche consiste à participer à une groupe de discussion, d’une durée approximative d’une heure et demie, qui portera sur les éléments suivants:

• Votre parcours comme femme entrepreneure ;

• Votre expérience entrepreneuriale ;

• Votre savoir-faire et production artisanale ;

• Votre compréhension de l’entrepreneuriat féminin autochtone ;

• Vos motivations, vos nécessités et vos obstacles ;

• Votre communauté autochtone d’appartenance.

Avantages, risques ou inconvénients possibles liés à votre participation

Le fait de participer à cette recherche vous offre une occasion de réfléchir et de discuter en toute confidentialité à votre propre expérience professionnelle en tant que femmes autochtones entrepreneures.

Si le fait de raconter votre expérience suscite des réflexions ou des souvenirs émouvants ou désagréables, n’hésitez pas à en parler avec la personne qui mène l’entrevue. La ressource en mesure de vous aider, au besoin, est la suivante :

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Commission de la santé et des services sociaux des Premières Nations du Québec et du Labrador

250, place Chef Michel Laveau, local 102

Wendake, Québec, G0A 4V0 Téléphone : (418) 842-1540

Participation volontaire et droit de retrait

Vous êtes libre de participer à ce projet de recherche. Vous êtes libre de prendre une pause ou refuser de répondre à une ou plusieurs questions.

Vous pouvez aussi mettre fin à votre participation sans conséquence négative ou préjudice et sans avoir à justifier votre décision. Si vous décidez de mettre fin à votre participation, il est important d’en prévenir le chercheur dont les coordonnées sont incluses dans ce document. Tous les renseignements personnels vous concernant seront alors détruits.

Confidentialité et gestion des données

Les mesures suivantes seront appliquées pour assurer la confidentialité des renseignements fournis par les participants:

• les noms des participants ne paraîtront dans aucun rapport;

• les divers documents de la recherche seront codifiés et seul le chercheur aura accès à la liste des noms et des codes;

• les résultats individuels des participants ne seront jamais communiqués;

• les matériaux de la recherche, incluant les données et les enregistrements, seront conservés dans l’ordinateur du chercheur Croce Francesca;

• les matériaux de la recherche, incluant les données et les enregistrements, seront détruits deux ans après la fin de la recherche, soit en décembre 2020, mais les données anonymisées seront conservées pour utilisation ultérieure *;

• la recherche fera l'objet de publications dans des revues scientifiques, et aucun participant ne pourra y être identifié ;

• un court résumé des résultats de la recherche sera expédié aux participants qui en feront la demande en indiquant l’adresse où ils aimeraient recevoir le document, juste après l’espace prévu pour leur signature.

* La confidentialité reliée aux groupes de discussion dépend également des personnes qui y participent, en dépit des mesures prises par la chercheuse pour la protéger. Les participants s’engagent donc à respecter la nature confidentielle des propos échangés lors de cette rencontre.

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Si vous êtes d’accord, une copie des données (sous forme nominalisée ou de-nominalisée) sera transmise à Pekuakamiulnuatsh Takuhikan.

Remerciements

Votre collaboration est précieuse pour nous permettre de réaliser cette étude et je vous remercie d’y participer.

Signatures Je soussignée ____________________________ (Nom de la participante) consente librement à participer à la recherche intitulée : Entrepreneuriat féminin autochtone. Une recherche sur les femmes entrepreneures ilnu de la Premiere Nations des Pekuakamiulnuatsh. J’ai pris connaissance du formulaire et j’ai compris le but, la nature, les avantages, les risques et les inconvénients du projet de recherche. Je suis satisfaite des explications, précisions et réponses que le chercheur m’a fournies, le cas échéant, quant à ma participation à ce projet.

4. Je autorise Croce Francesca à transmettre une copie de ce formulaire de consentement à Pekuakamiulnuatsh Takuhikan :

Oui _______ Non_______

5. Je suis d’accord à ce que Croce Francesca puisse transmettre une copie transcrite du groupe de discussion à Pekuakamiulnuatsh Takuhikan :

Oui _______ Non_______

6. Je suis d’accord à ce que Croce Francesca puisse transmettre une copie de notre groupe de discussion à Pekuakamiulnuatsh Takuhikan, sous forme :

De-nominalisé_____ Nominalisé_______

_______________________ ____________________

Signature de la participante Date

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Un court résumé des résultats de la recherche sera expédié aux participantes qui en feront la demande en indiquant l’adresse où ils aimeraient recevoir le document. Les résultats ne seront pas disponibles avant le 05-2019. Si cette adresse changeait d’ici cette date, vous êtes invité(e) à informer la chercheuse de la nouvelle adresse où vous souhaitez recevoir ce document.

L’adresse (électronique ou postal) à laquelle je souhaite recevoir un court résumé des résultats de la recherche est le suivant :

J’ai expliqué le but, la nature, les avantages, les risques et les inconvénients du projet de recherche au participant. J’ai répondu au meilleur de ma connaissance aux questions posées et j’ai vérifié la compréhension du participant.

__________________________________________ ___________________

Signature du chercheur Date

Renseignements supplémentaires

Si vous avez des questions sur la recherche, sur les implications de votre participation ou si vous souhaitez vous retirer de la recherche, veuillez communiquer avec CROCE Francesca à l’adresse courriel suivant : [email protected]

Plaintes ou critiques

Toute plainte ou critique sur ce projet de recherche pourra être adressée au Bureau de l'Ombudsman de l'Université Laval : Pavillon Alphonse-Desjardins, bureau 3320 2325, rue de l’Université Université Laval Québec (Québec) G1V 0A6 Renseignements - Secrétariat : (418) 656-3081 Ligne sans frais : 1-866-323-2271 Courriel : [email protected]

Copie de Pekuakamiulnuatsh Takuhikan Et

Copies des participantes Et

Copie du chercheur

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ANNEXE L: FORMULAIRE DE CONSENTEMENT À L’INTENTION DES ACTEURS DU DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE EN ENTREVUE INDIVIDUELLE Présentation du chercheur

Cette recherche est réalisée dans le cadre du projet de doctorat de Mme Francesca Croce, dirigé par M. Pascal Paillé, professeur au département de management (Faculté des Sciences de l’Administration, Université Laval) et M. Thierry Rodon, professeur au département de science politique (Facultés de Sciences sociales, Université Laval).

Avant d’accepter de participer à ce projet de recherche, veuillez prendre le temps de lire et de comprendre les renseignements qui suivent. Ce document vous explique le but de ce projet de recherche, ses procédures, avantages, risques et inconvénients. Nous vous invitons à poser toutes les questions que vous jugerez utiles à la personne qui vous présente ce document.

Nature de l’étude

La recherche a pour finalité d’étudier les expériences entrepreneuriales des femmes innues au Québec afin d’identifier les caractéristiques de l’entrepreneuriat féminin autochtone. Déroulement de la participation

Votre participation à cette recherche consiste à participer à une entrevue individuelle, d’une durée approximative d’une heure et trente minutes qui portera sur les éléments suivants:

• Information générale sur le potentiel entrepreneurial de votre communauté (ressources culturelles, matérielles, sociales, structurelles et économiques) ;

• Information générale sur les obstacles et les initiatives mises en place pour les femmes entrepreneures de votre communauté;

Avantages, risques ou inconvénients possibles liés à votre participation

Le fait de participer à cette recherche vous offre une occasion de réfléchir et de discuter en toute confidentialité à votre propre expérience professionnelle.

Si le fait de raconter votre expérience suscite des réflexions ou des souvenirs émouvants ou désagréables, n’hésitez pas à en parler avec la personne qui mène l’entrevue. La ressource en mesure de vous aider, au besoin, est la suivante :

Commission de la santé et des services sociaux des Premières Nations du Québec et du Labrador 250, place Chef Michel Laveau, local 102 Wendake, Québec, G0A 4V0 Téléphone : (418) 842-1540

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Participation volontaire et droit de retrait

Vous êtes libre de participer à ce projet de recherche. Vous êtes libre de prendre une pause ou refuser de répondre à une ou plusieurs questions.

Vous pouvez aussi mettre fin à votre participation sans conséquence négative ou préjudice et sans avoir à justifier votre décision. Si vous décidez de mettre fin à votre participation, il est important d’en prévenir le chercheur dont les coordonnées sont incluses dans ce document. Tous les renseignements personnels vous concernant seront alors détruits.

Confidentialité et gestion des données

Les mesures suivantes seront appliquées pour assurer la confidentialité des renseignements fournis par les participants:

• les noms des participants ne paraîtront dans aucun rapport;

• les divers documents de la recherche seront codifiés et seul le chercheur aura accès à la liste des noms et des codes;

• les résultats individuels des participants ne seront jamais communiqués;

• les matériaux de la recherche, incluant les données et les enregistrements, seront conservés dans l’ordinateur du chercheur Croce Francesca ;

• les matériaux de la recherche, incluant les données et les enregistrements, seront détruits deux ans après la fin de la recherche, soit en décembre 2020, mais les données anonymisées seront conservées pour utilisation ultérieure *;

• la recherche fera l'objet de publications dans des revues scientifiques, et aucun participant ne pourra y être identifié ;

• un court résumé des résultats de la recherche sera expédié aux participants qui en feront la demande en indiquant l’adresse où ils aimeraient recevoir le document, juste après l’espace prévu pour leur signature.

* Si vous êtes d’accord, une copie des données (sous forme nominalisée ou de-nominalisée) sera transmise à Pekuakamiulnuatsh Takuhikan.

Remerciements

Votre collaboration est précieuse pour nous permettre de réaliser cette étude et nous vous remercions d’y participer.

Signatures Je soussigné(e) ______________________________consens librement à participer à la recherche intitulée : Entrepreneuriat féminin autochtone. Une recherche sur les femmes entrepreneures ilnu de la Premiere Nations des Pekuakamiulnuatsh.

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J’ai pris connaissance du formulaire et j’ai compris le but, la nature, les avantages, les risques et les inconvénients du projet de recherche. Je suis satisfait(e) des explications, précisions et réponses que le chercheur m’a fournies, le cas échéant, quant à ma participation à ce projet.

7. J’autorise Croce Francesca à transmettre une copie de ce formulaire de consentement à Pekuakamiulnuatsh Takuhikan :

Oui _______ Non_______

8. Je suis d’accord à ce que Croce Francesca puisse transmettre une copie de mon entrevue à Pekuakamiulnuatsh Takuhikan :

Oui _______ Non_______

9. Je suis d’accord à ce que Croce Francesca puisse transmettre une copie de mon entrevue à Pekuakamiulnuatsh Takuhikan, sous forme :

De-nominalisé_____ Nominalisé_______

__________________________________________ ____________________

Signature du participant, de la participante Date

Un court résumé des résultats de la recherche sera expédié aux participants qui en feront la demande en indiquant l’adresse où ils aimeraient recevoir le document. Les résultats ne seront pas disponibles avant le 05-2019. Si cette adresse changeait d’ici cette date, vous êtes invité(e) à informer la chercheuse de la nouvelle adresse où vous souhaitez recevoir ce document.

L’adresse (électronique ou postale) à laquelle je souhaite recevoir un court résumé des résultats de la recherche est la suivante :

J’ai expliqué le but, la nature, les avantages, les risques et les inconvénients du projet de recherche au participant. J’ai répondu au meilleur de ma connaissance aux questions posées et j’ai vérifié la compréhension du participant.

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__________________________________________ ____________________

Signature du chercheur Date

Renseignements supplémentaires

Si vous avez des questions sur la recherche, sur les implications de votre participation ou si vous souhaitez vous retirer de la recherche, veuillez communiquer avec CROCE Francesca à l’adresse courriel suivant : [email protected]

Plaintes ou critiques

Toute plainte ou critique sur ce projet de recherche pourra être adressée au Bureau de l'Ombudsman de l'Université Laval : Pavillon Alphonse-Desjardins, bureau 3320 2325, rue de l’Université Université Laval Québec (Québec) G1V 0A6 Renseignements - Secrétariat : (418) 656-3081 Ligne sans frais : 1-866-323-2271 Courriel : [email protected]

Copie de Pekuakamiulnuatsh Takuhikan Et

Copies des participants Et

Copie du chercheur