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Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête qualitative exploratoire sur les expériences
entrepreneuriales des femmes Ilnuatsh dans le contexte communautaire de la Première Nation des
Pekuakamiulnuatsh
Thèse
Francesca Croce
Doctorat en sciences de l'administration
Philosophiæ doctor (Ph. D.)
Québec, Canada
© Francesca Croce, 2019
iii
Entrepreneuriat féminin autochtone. Une enquête qualitative exploratoire sur les expériences entrepreneuriales des femmes Ilnuatsh dans le contexte
communautaire de la Première Nation des Pekuakamiulnuatsh
Thèse
Francesca Croce
Sous la direction de :
Pascal Paillé, directeur de recherche Thierry Rodon, codirecteur de recherche
iv
RÉSUMÉ L’entrepreneuriat féminin autochtone (EFA) est considéré aujourd’hui comme un
thème de recherche émergent. Il suscite un intérêt de plus en plus important pour les
décideurs de politiques publiques et les organisations internationales. En effet, il a été qualifié
comme une stratégie afin d’améliorer les conditions de vie des femmes autochtones, qui
sont partout dans le monde, malheureusement, victimes de discrimination et de plusieurs
formes de violence systémique.
Malgré l’intérêt que suscite le développement socioéconomique des femmes autochtones,
la carence actuelle des études sur le sujet nuit à la compréhension des caractéristiques de
l’EFA, qui demeure aujourd’hui un sujet d’étude très peu exploré, particulièrement par la
communauté de chercheurs en administration et en entrepreneuriat. En conséquence, le
présent projet de recherche doctorale vise à combler cette lacune, à la fois théorique et
empirique, grâce à la réalisation d’une enquête qualitative sur les expériences
entrepreneuriales des femmes autochtones.
Grâce à une démarche qualitative exploratoire, collaborative et participative avec le milieu
communautaire, la présente enquête qualitative sur les expériences entrepreneuriales des
femmes a été réalisée au cours de l’été 2018 au sein d’une communauté autochtone du
Québec, soit la communauté de Mashteuiatsh, qui appartient à la Première Nation des
Pekuakamiulnuatsh. Cette enquête a été réalisée auprès de 22 femmes entrepreneures
Ilnuatsh et de 5 acteurs du développement économique de la communauté.
Ce projet de recherche doctorale s’inscrit dans les approches critiques en entrepreneuriat
visant à élargir l’analyse de l’EFA aux aspects traditionnels de l’entrepreneuriat ainsi qu’aux
modes de vie propres aux femmes autochtones. Par sa démarche exploratoire, donc, ce
projet de recherche fait état des connaissances actuelles sur les expériences
entrepreneuriales des femmes Ilnuatsh, tout en promouvant leur vision de l’entrepreneuriat
et leur vécu, et en expliquant comment le contexte communautaire influence leurs
expériences entrepreneuriales.
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Les résultats de l’enquête de terrain exploratoire ont permis de mettre en lumière dix
thèmes émergents liés à l’analyse de l’EFA : 1) Motivations; 2) Valeurs; 3) Auto-
représentation de la EFA; 4) Obstacles; 5) Facteurs facilitants; 6) Savoir-faire local; 7) Rôle
de la femme; 8) Modes de vie et traditions; 9) Perception de l’entrepreneuriat; 10) Hybridité
entrepreneuriale. De plus, le corpus empirique a permis de reconstituer l’analyse du
contexte communautaire afin de contextualiser et de mieux comprendre les
expériences entrepreneuriales des femmes autochtones entrepreneures dans leur contexte
d’action.
Les résultats de cette recherche viennent combler la lacune scientifique existante sur le
phénomène de l’EFA et remettent aussi en question les fondements épistémologiques de
la discipline de l’entrepreneuriat « classique », telle qu’elle est divulguée et connue
aujourd’hui dans l’académie. Sur le plan pratique, les résultats de cette recherche doctorale
fournissent aux praticiens des recommandations visant particulièrement le développement de
l’EFA et l’amélioration des initiatives existantes. Sur le plan social, cette recherche
favorisera, tant par le processus utilisé que par la diffusion des résultats, l’intégration des
femmes autochtones dans l’activité économique de la province de Québec, tout comme
au niveau national et international, et une plus grande implication des femmes dans le
développement socioéconomique de leur communauté autochtone d’appartenance.
Mots clés : Approches critiques, contexte communautaire, enquête qualitative, entrepreneuriat, expériences entrepreneuriales, femmes autochtones, Québec.
vi
ABSTRACT
Nowadays, Indigenous women entrepreneurship (IWE) is considered as an emerging
research theme. It attracts a growing interest from policy-makers and international
organizations. Indeed, it was described as a strategy to improve the living conditions of
indigenous women, who are unfortunately considered everywhere in the world as victims
of discrimination and several forms of systemic violence.
There is an interest in the socio-economic development of indigenous women, but there
are also insufficient studies on the topic, which undermines the understanding of the IWE
characteristics. IWE is still very little explored by the research community, especially in
administration and entrepreneurship. As a result, this doctoral research project aims to
fill this gap, both theoretically and empirically, by conducting a qualitative survey on the
entrepreneurial experiences of indigenous women.
Using a qualitative and exploratory approach, with the cooperation and the participation of
the community, this qualitative survey on the entrepreneurial experiences of indigenous
women was conducted during the summer of 2018 in an indigenous community within the
Province of Québec: the community of Mashteuiatsh, which belongs to the
Pekuakamiulnuatsh First Nation. This qualitative survey is based on 22 women
entrepreneurs Ilnuatsh and 5 actors of the economic development of the community.
This doctoral research project is inspired by critical approaches to entrepreneurship and
aims at broadening the analysis of IWE to the traditional aspects of entrepreneurship and
to indigenous women’s lifestyles. Through its exploratory approach, this research project
reports current knowledge of the entrepreneurial experiences of Ilnuatsh women, while
promoting their experiences and vision of entrepreneurship, and explains how the
community context impacts their entrepreneurial experiences.
The results of this exploratory survey highlight 10 emergent themes related to the IWE
analysis: 1) Motivations; 2) Values; 3) Self-representation of the IWE; 4) Obstacles; 5)
Facilitating factors; 6) Local know-how; 7) Role of the indigenous woman; 8) Lifestyles and
traditions; 9) Perception of entrepreneurship; 10) Entrepreneurial hybridity. In addition, the
vii
empirical body of work has allowed the analysis of the community context to be
reconstructed in order to contextualize and better understand the entrepreneurial
experiences of indigenous women entrepreneurs in their context of action.
The results of this research help fill the existing scientific gap on IWE, and also challenge
the epistemological foundations of the “classic” entrepreneurship as disclosed and
known today within the academy. In practical terms, the results of this doctoral research
provide practitioners with specific recommendations for the development of IWE as well as
the improvement of existing initiatives. In social terms, through the process used and the
disclosure of results, this research will contribute to a better integration of indigenous
women in the economic activity of the Province of Québec, and both at a national and
international level, and to a greater involvement of indigenous women in the socio-
economic development of their home indigenous communities.
Keywords: Critical approaches, community context, entrepreneurship, entrepreneurial experiences, Indigenous women, qualitative inquiry, Québec.
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TABLE DES MATIERÈS
RESUME IV
ABSTRACT VI
TABLE DES MATIERES VIII
LISTE DES FIGURES, TABLEAUX XII
LISTE DES SIGLES, ACRONYMES ET ABREVIATIONS XIV
DEDICACES XV
REMERCIEMENTS XVI
AVANT-PROPOS XVII
INTRODUCTION 1
PREMIERE PARTIE DE LA THESE 3
CADRE THEORIQUE DE REFERENCE 3
CHAPITRE 1 4
ÉLÉMENTS DE PROBLÉMATIQUE 4
1.1 ENTREPRENEURIAT AUTOCHTONE ET DEVELOPPEMENT SOCIOECONOMIQUE 4 1.2 PERSPECTIVES CRITIQUES DE LA RECHERCHE 5 1.3 ENTRE ENTREPRENEURIAT ET CULTURES AUTOCHTONES 6 1.4 PROBLEME DE LA RECHERCHE 7 1.5 QUESTIONS DE RECHERCHE ET OBJECTIFS 9 1.5.1 QUESTION DE RECHERCHE GENERALE 9 1.5.2 QUESTIONS DE RECHERCHE SPECIFIQUES 10 1.5.3 OBJECTIF GENERAL 10 1.5.4 OBJECTIFS SPECIFIQUES 11 1.6 TERRAIN DE L’ENQUETE QUALITATIVE 11 1.6.1 LA PREMIERE NATION DES INNUS 12 1.6.2 PREMIERE NATION DES PEKUAKAMIULNUATSH 14
CHAPITRE 2 15
ENTREPRENEURIAT AUTOCHTONE : PERSPECTIVE INTERNATIONALE 15
2.1 INTRODUCTION GENERALE 15 2.2 « CONTEXTUALISED INDIGENOUS ENTREPRENEURIAL MODELS: A SYSTEMATIC REVIEW OF INDIGENOUS ENTREPRENEURSHIP LITERATURE » 16
CHAPITRE 3 50
ENTREPRENEURIAT AUTOCTHONE : PERSPECTIVE NATIONALE 50
ix
3.1 INTRODUCTION GENERALE 50 3.2 « INDIGENOUS ENTREPRENEURSHIP, SOCIETY AND THE DIMENSIONS OF DIVERSITY: AN OVERVIEW OF THE CANADIAN NATIONAL CONTEXT » 51 DISCUSSION 60 THIS CHAPTER OFFERED AN OVERVIEW OF IE IN THE NATIONAL CANADIAN CONTEXT, TAKING INTO ACCOUNT THIS COUNTRY’S HISTORY OF COLONIZATION AND ITS EFFECTS ON CONTEMPORARY CANADIAN SOCIETY REGARDING THE PRACTICES OF ABORIGINAL PEOPLES. THIS IS PARTICULARLY TRUE WITH RESPECT TO THE FIRST NATIONS COMMUNITIES LIVING ON RESERVES. THIS ANALYSIS LINKED THE SOCIOLOGICAL ASPECT OF IE TO THE INTERRELATED HISTORICAL, SOCIO-CULTURAL, POLITICAL AND FINANCIAL DIMENSIONS. 61
CHAPITRE 4 68
ENTREPRENEURIAT AUTOCHTONE : PERSPECTIVE DE GENRE 68
4.1 « INDIGENOUS WOMEN ENTREPRENEURSHIP : ANALYSIS OF AN EMERGING RESEARCH THEME AT THE INTERSECTION OF INDIGENOUS ENTREPRENEURSHIP AND WOMEN ENTREPRENEURSHIP» 68
DEUXIEME PARTIE DE LA THESE 93
METHODE, RESULTATS ET CONTRIBUTIONS DE LA THESE 93
CHAPITRE 5 94
ASPECTS MÉTHODOLOGIQUES DE LA RECHERCHE 94
5.1 CONSIDERATIONS ETHIQUES 94 5.1.1 CONSIDÉRATIONS ÉTHIQUES EN MILIEUX AUTOCHTONES 95 5.1.2 DEMARCHE COLLABORATIVE ET PARTICIPATIVE 96 5.2 APPROCHE QUALITATIVE EXPLORATOIRE 99 5.2.1 ENQUÊTE QUALITATIVE 100 5.2.2 ENTREVUE SEMI-DIRECTIVE 101 5.3 POPULATION VISEE POUR LA REALISATION DE L’ENQUETE 102 5.3.1 FEMMES ENTREPRENEURES ILNUATSH 102 5.3.2 ACTEURS DU DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE 103 5.4 ÉLABORATION DES INSTRUMENTS 103 5.4.1 GUIDE D’ENTREVUE SEMI-DIRECTIVE AUPRÈS DES FEMMES ENTREPRENEURES ILNUATSH 103 5.4.2 GUIDE D’ENTREVUE POUR LES ACTEURS DU DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE 104 5.5 DEROULEMENT DE L’ENQUETE QUALITATIVE 105 5.5.1 STRATEGIE D’ACCES AU TERRAIN ET MODALITES DE RECRUTEMENT 106 5.5.2 ENTREVUES INDIVIDUELLES 107 5.5.3 ENTREVUE DE GROUPE 107 5.6 BILAN DE L’ENQUETE QUALITATIVE 107 5.6.1 PROFIL SOCIODEMOGRAPHIQUE DES FEMMES ILNUATSH 108 5.7 RESULTATS ATTENDUS 109 5.8 PLAN D’ANALYSE DES DONNEES 109 5.9 VALIDATION ET PRESENTATION DES RESULTATS 111 5.10 VALORISATION DES RESULTATS DE LA RECHERCHE 112
CHAPITRE 6 113
ANALYSE DU CONTEXTE COMMUNAUTAIRE DE MASHTEUITASH 113
x
6.1 ENTREPRENEURIAT ET CONTEXTE SOCIOCULTUREL : INTRODUCTION DES FACTEURS CONTEXTUELS 113 6.2 ENTREPRENEURIAT ET CONTEXTE COMMUNAUTAIRE AUTOCHTONE : INTRODUCTION AU MODELE DE KEVIN HINDLE 115 6.3 ANALYSE DU CONTEXTE COMMUNAUTAIRE DE MASHTEUIATSH, INSPIREE DU MODELE DE HINDLE 119 6.3.1 ANALYSE DU CONTEXTE COMMUNAUTAIRE : PARTIE DESCRIPTIVE DU MODÈLE 120 6.3.2 ANALYSE DU CONTEXTE COMMUNAUTAIRE : PARTIE ANALYTIQUE DU MODELE 128 6.4 ANALYSE DU CONTEXTE COMMUNAUTAIRE : FACTEURS CONTEXTUELS EMERGENTS 131 6.5 MODELE ELARGI DE HINDLE 135
CHAPITRE 7 140
ANALYSE DE L’EFA 140
7.1 PRINCIPAUX THEMES LIES A L’ANALYSE DE L’EFA 140 7.1.1 MOTIVATIONS 141 7.1.2 VALEURS 147 7.1.3 AUTOREPRESENTATION DE LA FEMME 150 7.1.4 OBSTACLES 154 7.3.5 FACTEURS FACILITANTS 164 7.1.6 SAVOIR-FAIRE LOCAL 168 7.1.7 ROLE DE LA FEMME 171 7.1.8 TRADITIONS ET MODES DE VIE 174 7.3.9 PERCEPTION DE L’ENTREPRENEURIAT 179 7.3.10 HYBRIDITE ENTREPRENEURIALE 182 7.2 ANALYSE INTEGREE DES THEMES : LES METACATEGORIES 185 7.2.1 PREMIERE METACATEGORIE : ANALYSE DE L’IDENTITE ENTREPRENEURIALE DES FA 186 7.2.2 DEUXIEME METACATEGORIE : ANALYSE DU PARCOURS ENTREPRENEURIAL DES FEA 188 7.2.3 TROISIEME METACATEGORIE : MECANISMES SOCIOCULTURELS DE TRANSPOSITION DANS L’ENTREPRENEURIAT 190 7.2.4 QUATRIEME METACATEGORIE : TAXONOMIES ET TYPOLOGIES DE L’EFA 192
CHAPITRE 8 195
CONTRIBUTIONS DE LA THÈSE 195
8.1 CONTRIBUTIONS SUR LE PLAN THEORIQUE 195 8.2 CONTRIBUTIONS SUR LE PLAN PRATIQUE 197 8.3 CONTRIBUTIONS SUR LE PLAN SOCIAL 198 8.4 LIMITES DE LA RECHERCHE DOCTORALE 199 8.5 PLAN POUR LES RECHERCHES FUTURES 201
CONCLUSION 204
BIBLIOGRAPHIE 207
ANNEXE A : ANNONCE DE RECRUTEMENT POUR LES FEMMES ENTREPRENEURES ILNUATSH EN ENTREVUE INDIVIDUELLE 213
ANNEXE B : SCRIPT POUR LE RECRUTEMENT DIRECT POUR LES FEMMES ENTREPRENEURES ILNUATSH EN ENTREVUE INDIVIDUELLE 214
xi
ANNEXE C : SCRIPT POUR LE RECRUTEMENT DIRECT POUR LES FEMMES ENTREPRENEURES ILNUATSH EN GROUPE DE DISCUSSION 215
ANNEXE D: ANNONCE DE RECRUTEMENT POUR LES ACTEURS DU DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE EN ENTREVUE INDIVIDUELLE 216
ANNEXE E : GUIDE D’ENTREVUE POUR LES FEMMES ENTREPRENEURES ILNUATSH EN ENTREVUE INDIVIDUELLE 217
ANNEXE F : GUIDE D’ENTREVUE POUR LES FEMMES ENTREPRENEURES ILNUATSH EN GROUPE DE DISCUSSION 220
ANNEXE G : GUIDE D’ENTREVUE POUR LES ACTEURS DU DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE EN ENTREVUE INDIVIDUELLE 222
ANNEXE H : FORMULAIRE DE CONSENTEMENT À L’INTENTION DES FEMMES ENTREPRENEURES ILNUATSH EN ENTREVUE INDIVIDUELLE 224
ANNEXE I : FORMULAIRE DE CONSENTEMENT À L’INTENTION DES FEMMES ENTREPRENEURES ILNUATSH EN GROUPE DE DISCUSSION 228
ANNEXE L: FORMULAIRE DE CONSENTEMENT À L’INTENTION DES ACTEURS DU DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE EN ENTREVUE INDIVIDUELLE 232
xii
LISTE DES FIGURES, TABLEAUX
Figure 1 : Processus collaboratif de la recherche avec le milieu, première partie Figure 2: Processus de la recherche avec le milieu, deuxième partie Figure 3 : Modèle de Kevin Hindle (2010) Figure 4 : Nature processuelle du modèle de Kevin Hindle (2010) Figure 5 : Carte du Nitassinan, territoire traditionnel Figure 6 : Configuration institutionnelle de la communauté de Mashteuiatsh Figure 7 : Analyse du contexte communautaire, révision de la partie analytique Figure 8 : Analyse de l’EECA (Croce, 2019), adapté de Hindle (2010) Figure 9 : Présentation des thèmes émergents liés à l’EFA Figure 10 : Cartographie des motivations chez les femmes Ilnuatsh Figure 11 : Cartographie des valeurs chez les femmes Ilnuatsh Figure 12 : Cartographie de l’autoreprésentation chez les femmes Ilnuatsh Figure 13 : Cartographie des obstacles chez les femmes Ilnuatsh Figure 14 : Cartographie des facteurs facilitants chez les femmes Ilnuatsh Figure 15 : Cartographie du savoir-faire local chez les femmes Ilnuatsh Figure 16 : Cartographie du rôle de la femme chez les femmes Ilnuatsh Figure 17 : Cartographie des traditions et modes de vie chez les femmes Ilnuatsh Figure 18 : Cartographie de la perception de l’entrepreneuriat chez les femmes Ilnuatsh Figure 19 : Cartographie de l’hybridité entrepreneuriale chez les femmes Ilnuatsh Figure 20 : Regroupement des thèmes en méta-catégories Figure 21 : Première métacatégorie : analyse de l’identité entrepreneuriale des FEA Figure 22 : Deuxième métacatégorie : analyse du parcours entrepreneurial des FEA Figure 23 : Troisième métacatégorie : analyse des mécanismes socioculturels de transposition dans l’entrepreneuriat Figure 24 : Quatrième métacatégorie : analyse des taxonomies et typologies de l’EFA
xiii
Tableau 1 : Profil démographique des communautés Innues Tableau 2 : Répartition des participantes Ilnuatsh selon le type d’activité et le lieu d’opération Tableau 3 : Profil sociodémographique des participantes Ilnuatsh Tableau 4 : Analyse du contexte communautaire : révision de la partie descriptive
xiv
LISTE DES SIGLES, ACRONYMES ET ABRÉVIATIONS APNQL : Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador CDEPNQL : Commission du développement économique des Premières Nations et du Labrador CERUL : Comite éthique de l’Université Laval DPI : Développement Piekuakami Ilnuatsh EECA : Écosystème entrepreneurial communautaire autochtone EFA : Entrepreneuriat féminin autochtone ENFFADA : Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées FAQ : Femmes Autochtones du Québec PT : Pekuakamiulnuatsh Takuhikan SAA : Secrétariat aux Affaires Autochtones SDEI : Société de Développement économique Ilnu
xv
DÉDICACES
Je dédie cette thèse à la mémoire des femmes et des filles autochtones disparues et assassinées du Québec, du Canada et d’ailleurs.
xvi
REMERCIEMENTS
J’aimerais d’abord exprimer ma profonde reconnaissance envers la communauté de
Mashteuiatsh pour m’avoir accueillie avec autant de bienveillance dans le cadre de ma
recherche doctorale. Je remercie le chef de la communauté, monsieur Clifford Moar, le
conseil des élus Katakuhimatsheta ainsi que la direction générale d’avoir approuvé à
l’unanimité ce projet de recherche.
Je suis extrêmement reconnaissance envers madame Isabelle Lalancette, conseillère au
développement de l’autonomie gouvernementale au sein du Conseil de bande de la
communauté de Mashteuiatsh, Pekuakamiulnuatsh Takuhikan, porteuse du projet de
recherche au sein de la communauté, qui a su m’accompagner avec brio, bienveillance et
professionnalisme tout au long des étapes de ce projet de recherche. Son soutien, sa
participation et sa collaboration ont été infiniment précieux tout au long du processus et
indispensable pour la réussite de ce projet de recherche. Merci de tout mon cœur.
J’en profite également pour remercier madame Doris Paul, coordonnatrice au
développement de la main-d’œuvre, et madame Audrey Bouchard, conseillère aux
entreprises à la SDEI (Société de développement économique ilnu), toutes deux membres du
comité-conseil qui a été mis en place pour le suivi du projet de recherche. Merci aussi à
madame Hélène Boivin, coordonnatrice aux affaires gouvernementales et stratégiques, ainsi
qu’à tout le comité de recherche de la communauté pour les échanges fructueux qui ont eu
lieu et qui ont mené à la définition finale du projet de recherche.
Très chaleureusement, je tiens à remercier tous les participants de l’enquête qualitative. Sans
eux, cette recherche n’aurait pas pu être menée à bien avec autant de satisfaction. Tout
particulièrement, je tiens à remercier les femmes entrepreneures de la communauté de
Mashteuiatsh, les chefs d’entreprises, les artistes et les artisanes, qui ont été si généreuses
pendant les entrevues et qui m’ont accueillie comme l’une des leurs, moi, une étudiante
étrangère. Je garde en mémoire tous ces moments de bonheur si précieux que j’ai partagés
avec elles.
xvii
J’aimerais maintenant remercier l’ensemble de la communauté scientifique de cette thèse.
Tout d’abord, Pascal Paillé, directeur de recherche, et Thierry Rodon, codirecteur de
recherche. J’offre mes sincères et chaleureux remerciements particulièrement à mon
directeur de recherche, monsieur Pascal Paillé, qui a été d’une attention et d’un soutien
exceptionnels. Sa confiance en mes capacités, ses encouragements, son profond sens
pédagogique et sa grande expérience comme professeur et chercheur m’ont permis de réussir
cette expérience doctorale et d’en faire une expérience professionnelle marquante et unique.
Merci infiniment. C’était aussi un grand privilège d’avoir pu bénéficier de l’expertise et de
l’accompagnement de mon codirecteur de recherche, monsieur Thierry Rodon, un
professeur passionné depuis des années par la recherche en milieux autochtones. Son
encadrement a contribué à une meilleure compréhension des questions autochtones.
J’aimerais aussi remercier les autres membres du comité de thèse. Chacun a su apporter ses
contributions, si précieuses et si riches. Il s’agit des professeurs Norrin Halilem (Université
Laval), membre interne du comité, Michel Racine (Université Laval), membre interne du
comité et Olivier Germain (UQAM), examinateur externe. J’aimerais aussi remercier
madame Carole Lalonde, directrice des programmes de doctorat, d’avoir présidé avec autant
de savoir-faire la soutenance de thèse, toute l’équipe de direction des programmes de
doctorat, et particulièrement Judy-Anne Hélie, pour son soutien et son accompagnement
tout au long des étapes du doctorat.
J’aimerais remercier infiniment mes précieux mentors, fidèles et bienveillants, qui savent
m’apporter toujours le meilleur et qui ont fait la différence dans mon parcours. Je remercie
mes amis et amies de toujours ainsi que ma famille, qui a su me soutenir malgré la grande
distance. Pour conclure, je remercie infiniment toutes les personnes qui m’ont soutenue
pendant cette expérience doctorale, elles sont nombreuses, et tout-e-s les professeur-e-s que
j’ai pu rencontrer à l’occasion des conférences et des colloques.
Merci d’avoir cru en mes capacités et de m’avoir encouragée dans mes ambitions.
xviii
AVANT-PROPOS Cette thèse fait l’objet d’une insertion d’articles et d’un chapitre.
Le premier article1 a été soumis en juin 2017 et publié en décembre 2017 dans la revue
Journal of management & Organisation dans le cadre d’un numéro spécial sur l’entrepreneuriat
autochtone et l’innovation dirigé par les professeurs Jason Mika, Lorraine Warren, Dennis
Foley and Farah R. Palmer.
Le chapitre2 a été soumis en juillet 2018 et publié en mars 2019 dans un ouvrage collectif
portant sur le thème de la diversité, du management et de l’inclusion, dirigé par les
professeurs Andri Georgiadou, Maria Gonzalez-Perez et Miguel Olivas-Lujan.
Le deuxième article3 a été soumis en janvier 2019 et publié en juin 2019 dans la revue
Ethnic and Racial Studies.
1 Croce, F. (2017). Contextualised indigenous entrepreneurial models: A systematic review of indigenous entrepreneurship literature, Journal of Management Organization, 23(6), 886-906. 2 Croce F. (2019). Indigenous Entrepreneurship (IE), Society and the Dimensions of Diversity: An Overview of the Canadian National Context, in: Georgiadou, A., Gonzalez-Perez, M.A. and Olivas-Lujan, M.R. (Dir.). Diversity within diversity management: Country-based perspectives. Advanced Series in Management, Emerald Group Publishing. 3 Croce, F. (2019). Indigenous women entrepreneurship: analysis of a promising research theme at the intersection of indigenous entrepreneurship and women entrepreneurship, Ethnic and Racial Studies, 1-22.
INTRODUCTION
Après le premier chapitre de cette thèse, qui a pour objectif d’introduire les éléments
problématiques du projet de recherche doctorale, la thèse est divisée en deux parties.
La première partie de la thèse présente le cadrage théorique de l’étude doctorale, lequel est
divisé en trois chapitres :
o Le deuxième chapitre introduit une analyse de l’entrepreneuriat autochtone au
niveau international, plus précisément une revue de littérature systématique portant
sur la littérature existante à l’échelle internationale sur l’entrepreneuriat autochtone,
ce qui a permis de dégager trois modèles entrepreneuriaux autochtones : modèle
rural, modèle urbain et modèle éloigné;
o Le troisième chapitre introduit une analyse de l’entrepreneuriat autochtone au
niveau national et plus particulièrement une revue de littérature de l’entrepreneuriat
autochtone dans le contexte canadien, ce qui a permis de cibler trois dimensions de
la diversité : la dimension socioculturelle, la dimension institutionnelle et la
dimension financière;
o Le quatrième chapitre introduit, quant à lui, une analyse de l’EFA et intègre dans
l’analyse de ce phénomène les particularités qui sont propres à la perspective de
genre relativement à l’entrepreneuriat autochtone. Cette analyse est étayée par le
cadre théorique de l’intersectionnalité et de la positionnalité.
La deuxième partie de la thèse présente à son tour les questions méthodologiques, les
résultats de l’étude doctorale ainsi que les contributions de la thèse, et se compose de quatre
chapitres :
o Le cinquième chapitre aborde les aspects méthodologiques de la présente
recherche doctorale, qui ont fait l’objet d’une démarche collaborative et participative
2
avec le milieu autochtone, et ce, dans le respect des protocoles de recherche existants
au Québec;
o Le sixième chapitre présente une analyse du contexte communautaire de
Mashteuiatsh, qui a été inspirée du modèle diagnostic du professeur Kevin Hindle. À
la suite de cette analyse, le modèle a été élargi en fonction de facteurs émergents
identifiés avec les résultats de la recherche;
o Le septième chapitre introduit dix thèmes émergents relatifs à l’analyse de l’EFA
qui permettent de mieux comprendre les particularités du phénomène et de l’étude.
Les dix thèmes sont ensuite regroupés, et quatre métacatégories sont ciblées à partir
de la mise en relation des thèmes;
o Le huitième chapitre présente les contributions théoriques, pratiques et sociales de
la recherche doctorale ainsi que les principales limites du projet de recherche et des
pistes pour de futures recherches.
Après la conclusion et la bibliographie de la présente thèse, les dix annexes sont
appuyées par des documents inhérents à l’éthique de la recherche doctorale, tels que les
formulaires de consentement pour les participantes et les participants de la recherche, ainsi
que les annonces de recrutement et les guides d’entrevues qui ont été élaborés pour la
réalisation de l’enquête qualitative.
3
PREMIÈRE PARTIE DE LA THÈSE
CADRE THÉORIQUE DE RÉFÉRENCE
4
CHAPITRE 1
ÉLÉMENTS DE PROBLÉMATIQUE
Ce projet de recherche doctorale est né d’une curiosité scientifique de la chercheuse qui
souhaitait approfondir sa compréhension de ce qui est aujourd’hui connu dans l’académie
sous le nom d’entrepreneuriat autochtone et d’entrepreneuriat féminin autochtone plus
particulièrement. De façon significative, au-delà de l’intérêt scientifique, ce projet de
recherche doctorale se justifie par l’importance que revêt la promotion de l’entrepreneuriat
autochtone et, chez les femmes autochtones plus particulièrement, comme levier pour le
développement socioéconomique des populations autochtones dans le contexte actuel, tant
au niveau canadien qu’international. Ce chapitre présente les principaux axes d’analyse
associés au sujet de la présente recherche doctorale : il s’agit de l’importance du
développement socioéconomique des peuples autochtones, de la relation entre
entrepreneuriat et cultures autochtones, ainsi que des perspectives critiques sur lesquelles
cette recherche doctorale repose. De plus, la structuration de la problématique de la
recherche, des questions de la recherche, des objectifs de l’étude ainsi que le terrain de la
recherche doctorale sont présentés dans le premier chapitre de la présente thèse.
1.1 Entrepreneuriat autochtone et développement socioéconomique
Les peuples autochtones représentent une minorité très diversifiée dans l’ensemble de la
population mondiale. Cependant, ils partagent certains défis. Citons à titre d’exemple,
l’expropriation des terres, les différentes formes de violence, la discrimination dans la société
et les enjeux liés à la colonisation, à la pauvreté et à plusieurs autres problèmes
socioéconomiques (United Nations, 2009). Dans les dernières décennies, les instances
internationales comme la Banque mondiale, les Nations Unies ou le Fonds international de
développement agricole portent une attention particulière au développement des peuples
autochtones dans le monde, notamment en mettant en place plusieurs projets qui visent à
soutenir et à valoriser ces populations qui sont encore aujourd’hui excessivement
marginalisées sur le plan du développement socioéconomique (Banque mondiale, 2016).
5
Les travaux scientifiques et académiques portant sur l’entrepreneuriat autochtone – et qui
demeurent très récents (p. ex., Dana, 2015) si l’on compare à ceux de la littérature
entrepreneuriale en général – convergent sur le fait que le développement de
l’entrepreneuriat chez les peuples autochtones représente un élément important de
l’amélioration des conditions de vie des populations autochtones et qu’il encourage les
autochtones dans leur quête d’autonomie, de bien-être et d’affirmation identitaire. Par
conséquent, l’entrepreneuriat autochtone est considéré depuis peu comme une stratégie qui
pourrait possiblement sortir les communautés autochtones de la pauvreté et de la
marginalisation qui les caractérisent (Anderson, 2002; Hindle et Lansdowne, 2005; Hindle et
Moroz, 2009; Peredo, Anderson, Galbraith, Honig et Dana, 2004). Or, les fonctions sociale
et économique de l’entrepreneuriat autochtone semblent être inséparables dans l’analyse de
ce phénomène et sont réputées importantes pour le développement socioéconomique des
populations autochtones. C’est pourquoi ce point de départ, et par conséquent la
dissociation contestée de l’entrepreneuriat social ou économique dans l’étude de
l’entrepreneuriat autochtone, suggère la prise en considération des approches critiques, en
entrepreneuriat plus particulièrement, pour la réalisation de cette étude doctorale.
1.2 Perspectives critiques de la recherche
Thème de recherche relativement récent, l’entrepreneuriat autochtone, selon la définition
adoptée jusqu’à présent au sein de la communauté de chercheurs, concerne la création, la
gestion et le développement des entreprises fondées par les autochtones, et à l’avantage des
autochtones (Hindle et Lansdowne, 2005). Cette définition, tout en s’inspirant des modèles
entrepreneuriaux classiques, limite en quelque sorte l’entrepreneuriat autochtone
exclusivement à la création d’entreprises, alors qu’il a été souligné que l’entrepreneuriat
autochtone puisse aller bien au-delà des aspects entrepreneuriaux classiques (Croce, 2017 b).
En effet, l’entrepreneuriat autochtone a jusqu’à présent été principalement analysé à travers
les « lunettes interprétatives » de l’entrepreneuriat en général; il a été, par exemple, considéré
comme une forme d’entrepreneuriat qui se situe entre l’entrepreneuriat économique et
l’entrepreneuriat social (Anderson, Honig et Peredo, 2006; Tapsell et Woods, 2008; 2010) et
a été analysé, encore une fois, en faisant référence au paradigme de l’entrepreneuriat
classique.
6
Le présent projet de recherche doctorale vise donc les approches critiques en entrepreneuriat
(Germain et Jacquemin, 2017) et en entrepreneuriat autochtone plus particulièrement. Il tend
à sortir des sentiers battus en entrepreneuriat, avec l’intention d’analyser l’entrepreneuriat
autochtone comme une forme singulière d’entrepreneuriat et non comme une continuation
de ce qui est déjà connu dans la recherche effectuée dans le milieu. De plus, cette approche
critique de la recherche en ce qui a trait à la déconstruction des connaissances s’associe dans
cette étude doctorale à la démarche critique propre aux milieux autochtones quand il s’agit
de la recherche académique (p. ex., Assemblée des Premières Nations du Québec et du
Labrador, 2014; Tuhiwai, 2012). Étant encore jeune, la recherche entrepreneuriale en milieu
autochtone doit se distinguer parmi les diverses approches de la recherche en vue de
s’affirmer et de « décoloniser » la recherche en milieu autochtone. Ce projet de recherche
doctorale tient donc compte de cette double approche critique de la recherche, provenant
autant du milieu académique, afin de nourrir des réflexions épistémologiques nécessaires à
l’avancement des connaissances et de la science, que du milieu autochtone, avec un esprit
collaboratif et participatif de la recherche.
1.3 Entre entrepreneuriat et cultures autochtones
En considération des approches critiques de la recherche, ce projet de recherche doctorale
vise à analyser l’entrepreneuriat autochtone, plus particulièrement celui des femmes, en
prenant en compte les cultures autochtones. Afin de faire ressortir l’authenticité de ce
phénomène entrepreneurial dans les contextes autochtones, les modes de vie, la vision du
monde et les systèmes socioéconomiques traditionnels des autochtones se doivent d’être pris
en compte dans la présente recherche doctorale.
Bien que les populations autochtones aient rarement été considérées comme
entrepreneuriales dans le sens moderne du terme (Shane et Venkataraman, 2000), plusieurs
formes d’entrepreneuriat sont inhérentes aux cultures autochtones (Gallagher et Lawrence,
2012; Haar et Delaney, 2009). Ainsi, la conception de l’entrepreneuriat chez les autochtones
doit correspondre à leur vision du monde et à leur organisation sociétale, qui demande une
interprétation économique du système n’étant pas forcément la même interprétation que
celle d’un système économique allochtone.
7
Ce projet de recherche doctorale tend donc à explorer et à faire correspondre les réalités de
l’EFA et les diversités des populations autochtones à leur propre conception de
l’entrepreneuriat. Tout en reconnaissant le lien que l’entrepreneur, en tant qu’individu,
nourrit, grâce à ses contextes culturels (Welter, 2011), les facteurs socioculturels de ces
populations, leurs valeurs, leurs cultures et leurs modes de vie feront donc partie intégrante
de l’analyse. Au-delà des types d’entrepreneuriat autochtone définis et soutenus par les
structures gouvernementales (p. ex., Affaires autochtones et du Nord Canada – Programme
d’entrepreneuriat autochtone [PEA]), l’entrepreneuriat autochtone se doit d’être exploré en
tenant compte des traits culturels authentiques des Autochtones et du regard que ces
derniers portent sur l’entrepreneuriat à partir de leur vécu et de leurs expériences de vie.
Dans un même ordre d’idées, la considération des cultures autochtones remet en question la
pertinence des apports théoriques de l’entrepreneuriat classique en prenant en compte le lien
qui relie l’entrepreneuriat et les cultures autochtones. Il reste ainsi à déterminer si les théories
existantes à l’égard de l’entrepreneuriat moderne sont elles aussi pertinentes dans l’étude de
l’entrepreneuriat autochtone.
1.4 Problème de la recherche
Malgré l’attention sociopolitique actuelle portée sur la question des femmes autochtones et
sur leur développement économique plus particulièrement, l’EFA demeure un phénomène
entrepreneurial qui demande à être mieux compris d’un point de vue académique.
Effectivement, si à présent les études concernant les femmes autochtones (p. ex., Wilson,
2005) portent sur la compréhension des modes de vie et des rôles traditionnels des femmes
autochtones au sein de leur communauté d’appartenance et de leur milieu de vie, l’analyse du
lien qui subsiste entre l’entrepreneuriat et ces femmes est encore nouvelle chez les
chercheurs en administration et en entrepreneuriat, plus particulièrement (Croce, 2016;
Croce, Brière et Tremblay, 2016).
Plusieurs recherches ont été réalisées dans les dernières décennies sur l’entrepreneuriat
autochtone (p. ex., Dana et Anderson, 2007), sans forcément intégrer la perspective de genre
dans l’analyse, qui demeure encore à approfondir (p. ex., Croce, 2019b; Ratten et Dana,
2017; Wood et Davidson, 2011). La perspective de genre doit donc être davantage élaborée
dans la recherche effectuée dans le milieu académique pour faire état des particularités et des
8
aspects sociologiques qui sont propres aux différentes identités des femmes autochtones
(Affaires Autochtones et Développement du Nord Canada, 2012) et qui sont à faire
correspondre avec la construction sociale de l’entrepreneuriat chez les femmes autochtones.
À ce jour, la littérature scientifique existante sur l’EFA témoigne de quelques études qui ont
eu lieu dans plusieurs pays du monde, comme l’Australie (Pearson et Daff, 2014; Pearson et
Helms, 2012; Wood et Davidson, 2011), le Canada (Lituchy, Reavley, Lvina et Abraira, 2006;
Orser et Riding, 2016; Todd, 2012), l’Afrique, l’Asie et l’Amérique latine (Cahn, 2008; Dzisi,
2008; Martinez Nova, 2003). Bien qu’il existe des études sur les femmes autochtones et
l’entrepreneuriat, la compréhension de l’EFA comme forme singulière d’entrepreneuriat
ayant ses propres caractéristiques mérite encore d’être approfondie. En effet, si la littérature
sur l’EFA fait état de certaines motivations pour les femmes autochtones à se lancer en
affaires (p. ex., Wood et Davidson, 2011) – par exemple, la volonté de s’émanciper, de
vaincre la pauvreté et d’aider les membres de la communauté – et des obstacles propres aux
femmes à l’égard de l’entrepreneuriat (p. ex., Pearson et Daff, 2014), du point de vue de la
recherche, un questionnement épistémologique sur la compréhension de ce phénomène
s’impose, car cette littérature encore embryonnaire évoque principalement une vision de
l’entrepreneuriat capitaliste et colonialiste (Tuhiwai, 2012; Weber, 1995) qui limite en quelque
sorte la compréhension sociologique du phénomène et sa complexité.
C’est à partir de cette réflexion qu’a vu le jour ce projet de recherche doctorale. En
mobilisant les approches critiques de la recherche en entrepreneuriat (p. ex., Tedmanson,
Verduyn, Essers et Gartner, 2012; Verduijn, Dey, Tedmanson et Essers, 2014). Ce projet de
recherche fera état du regard et des visions des femmes autochtones envers l’entrepreneuriat.
Il sera ainsi possible de comprendre le phénomène à partir des déterminants socioculturels
qui leur sont propres. En effet, si l’entrepreneuriat a été reconnu comme une stratégie
possible pour améliorer les conditions de vie des femmes autochtones (p. ex., Pearsons et
Helms, 2012), il reste encore à approfondir ce phénomène et surtout la signification que peut
avoir l’entrepreneuriat pour ces femmes.
L’identification de cet écart, d’une part – qui existe entre l’importance de l’entrepreneuriat
comme levier de développement des populations autochtones – et d’autre part, la carence
9
des recherches réalisées à ce jour sur l’entrepreneuriat des femmes autochtones, et en
considération des perspectives autochtones, est à l’origine de la problématique de cette
recherche doctorale. Afin de réduire l’écart, la présente recherche doctorale se focalise sur la
restitution des expériences entrepreneuriales des femmes autochtones : c’est grâce à la
compréhension de leurs expériences qu’il est possible de faire émerger les catégories
d’analyse relatives aux caractéristiques de l’EFA.
Pour cette raison, la présente recherche doctorale se veut avant tout exploratoire et vise la
compréhension des expériences entrepreneuriales des femmes autochtones, en passant par la
contextualisation du contexte communautaire. La carence des données empiriques sur les
expériences entrepreneuriales des femmes autochtones en prenant en compte les contextes
communautaires autochtones semble être une importante piste de recherche en vue de
réduire l’écart. Grâce à une enquête qualitative, l’état des connaissances des expériences
entrepreneuriales telles qu’elles sont vécues par les femmes entrepreneures autochtones
permettra de dégager des éléments pertinents, tant d’un point de vue théorique que pratique,
associés à l’EFA comme une forme distincte d’entrepreneuriat.
1.5 Questions de recherche et objectifs
1.5.1 Question de recherche générale
En ce qui concerne l’analyse de la littérature existante sur l’EFA et la problématique de
recherche qui a été soulevée, la question de recherche principale de cette étude doctorale
s’articule autour de l’expérience entrepreneuriale des femmes autochtones. Elle se justifie par
la compréhension du phénomène, en passant par la compréhension et l’étude des
expériences entrepreneuriales des femmes autochtones de façon à discerner plusieurs aspects
du phénomène et à mettre en lumière les principales caractéristiques.
La question de recherche principale de cette étude doctorale est la suivante :
o Comment les femmes autochtones vivent-elles leurs expériences entrepreneuriales
dans leurs contextes d’action?
10
1.5.2 Questions de recherche spécifiques
Pour faire suite à la question principale, les questions de recherche spécifiques associées au
présent projet de recherche doctorale sont les suivantes :
o Comment les femmes entrepreneures autochtones conçoivent-elles l’entrepreneuriat
et que représente pour elles l’entrepreneuriat?
o Comment le savoir-faire traditionnel et les modes de vie autochtones se
transposent-ils dans les activités entrepreneuriales?
o Comment le contexte communautaire et la culture de la réserve influencent-ils
les expériences entrepreneuriales des femmes autochtones?
1.5.3 Objectif général
L’objectif général de ce projet de recherche est de réaliser un état de connaissances quant
aux expériences entrepreneuriales des femmes entrepreneures autochtones.
En effet, considérant le peu d’études menées à ce jour sur le sujet et la carence des données
empiriques en contexte québécois, et dans plusieurs contextes communautaires plus
précisément, il devient impératif de réaliser une recherche visant à faire émerger les
expériences des femmes autochtones en entrepreneuriat, tel que le perçoivent et le vivent les
femmes autochtones. Il s’agit donc, à travers l’expérience entrepreneuriale de ces femmes, de
réaliser un état de connaissance, soit un portrait qui favorisera la compréhension des
fondements sociologiques de l’EFA et qui fera émerger la culture entrepreneuriale des
femmes autochtones dans toute sa spécificité. Il s’agit aussi de réaliser un état des
connaissances, ou un portait, relativement aux expériences des femmes autochtones, tout en
tenant compte notamment de la diversité des activités entrepreneuriales, des cultures et des
contextes.
Cet état de connaissances vise également à mettre à l’épreuve des faits empiriques sur les
concepts théoriques et managériaux qui sont propres à la discipline de l’entrepreneuriat au
11
sens large et à l’entrepreneuriat autochtone plus particulièrement. Il contribuera également au
développement d’un cadre théorique propre à l’EFA, qui repose sur les expériences
concrètes des femmes autochtones.
1.5.4 Objectifs spécifiques
Les objectifs spécifiques de la recherche sont les suivants :
o Déterminer les caractéristiques de l’entrepreneuriat féminin autochtone (EFA);
o Répertorier les expériences entrepreneuriales des femmes autochtones en tenant
compte du contexte communautaire et des types d’activités entrepreneuriales;
o Comprendre la culture entrepreneuriale des femmes autochtones à l’intérieur et à
l’extérieur des réserves;
o Mettre à l’épreuve des faits empiriques sur les concepts théoriques et les
techniques managériales propres à l’entrepreneuriat classique;
o Analyser les pratiques entrepreneuriales relativement au cadre de référence
sociologique des femmes entrepreneures autochtones.
1.6 Terrain de l’enquête qualitative
Les peuples autochtones sont nombreux et diversifiés dans le monde (United Nations,
2009). Au Canada, la Constitution canadienne (1982) reconnaît trois groupes autochtones,
qui sont respectivement :
o les Premières Nations;
o les Métis;
o les Inuit.
Dans la province de Québec, dans laquelle la présente étude doctorale a eu lieu, on compte
onze (11) nations autochtones, soit dix Premières Nations et une nation inuite (Secrétariat
12
aux Affaires Autochtones, 2011). Comme les différences socioculturelles qui existent entre
les nations et les groupes autochtones sont très élevées, il a été jugé préférable de considérer
un seul groupe autochtone pour la réalisation de ce projet de recherche doctorale. De cette
façon, les écarts potentiels issus des différences entre les groupes autochtones ont pu être
réduits.
Aux fins de la réalisation de cette recherche doctorale, une des dix Premières Nations a été
choisie. Le choix d’une Première Nation s’explique par le fait qu’au Québec, « 60 % des
femmes autochtones ont déclaré être membres des Premières Nations (catégorie qui
comprend les Indiens inscrits ou non inscrits), tandis que 33 % étaient Métisses et 4 %,
Inuites » (O’Donnell et Wallace, 2011) » ( Croce et al.., 2016, p. 17).
Parmi les onze Premières Nations, le choix est dirigé sur la Première Nation des Innus, la
plus populeuse au Québec, comptant 19 955 membres (source : Statistiques des populations
autochtones du Québec 2015, http://www.autochtones.gouv.qc.ca/nations/population.htm). De plus,
cette Première Nation présente un bon dynamisme entrepreneurial si on la compare aux
autres Premières Nations du Québec (Secrétariat aux Affaires Autochtones, 2011). Pour les
raisons qui ont été exposées, cette thèse sur l’EFA se concentre sur les femmes autochtones
qui appartiennent à la Première Nation des Innus.
1.6.1 La Première Nation des Innus
Même si elles font partie de la même Première Nation, les communautés innues sont
diversifiées sur plusieurs plans. Tout d’abord, il importe de souligner que cette Première
Nation est composée au total de onze communautés autochtones réparties au Québec et au
Labrador (Secrétariat aux Affaires Autochtones, 2011). Dans la province de Québec, là où
cette étude doctorale a eu lieu, on compte neuf communautés autochtones innues
(Secrétariat aux Affaires Autochtones, 2011) :
1. Communauté de Pessamit (Conseil des Innus de Pessamit);
2. Communauté d’Essipit (Conseil de la Première Nation des Innus Essipit);
3. Communauté de La Romaine (Conseil des Innus d’Unamen Shipu);
4. Communauté de Mashteuiatsh (Pekuakamiulnuatsh Takuhikan);
13
5. Communauté de Matimekosh (Conseil de la Nation Innu);
6. Communauté de Mingan (Conseil des Innus de Ekuanitshit);
7. Communauté de Nutashkuan (Conseil des Montagnais de Nutashkuan);
8. Communauté de Pakuashipi (Conseil des Innus de Pakuashipi);
9. Communauté d’Uashat-Maliotenam (Conseil Innu Takuaikan).
Il est important de souligner que le développement économique et socio-institutionnel des
communautés des Innus est très diversifié, tout comme l’est leur profil démographique, tel
que l’indique le tableau 1.
Sur réserve Hors-réserve Total
Innus (Montagnais)
Betsiamites 2 893 1 032 3 925
Essipit 215 514 729
La Romaine 1 116 45 1 161
Mashteuiatsh 2 085 4 447 6 562
Matimekosh–Lac John 847 117 964
Mingan * * 622
Natashquan 1 003 94 1 097
Pakuashipi * * 363
Uashat-Maliotenam 3 506 1 026 4 532
TOTAL 12 616 7 339 19 955
Tableau 1 : Profil démographique des communautés innues Source : Statistiques des populations autochtones du Québec 2015; site Web du SAA http://www.autochtones.gouv.qc.ca/nations/population.htm
Si certaines communautés innues sont plus peuplées que d’autres, il est aussi vrai que leurs
institutions responsables du développement économique présentent des différences. Le
positionnement géographique des communautés innues est aussi très varié : certaines
communautés se situent en milieu éloigné – comme la Romaine (à 400 kilomètres au nord-
est de Sept-Îles et accessible seulement par avion ou par bateau) et Pakuashipi (à
550 kilomètres au nord-est de Sept-Îles et accessible seulement par avion ou par bateau) –,
tandis que d’autres sont accessibles par la route – comme Mashteuiatsh (à 6 kilomètres de
Roberval), Uashat-Maliotenam (situé à l’est de Sept-Îles), Mingan (à 200 kilomètres à l’est de
14
Sept-Îles et accessible par la route 138) et Nutashkuan (à 336 kilomètres à l’est de Sept-Îles et
accessible par la route 138 et par bateau).4
1.6.2 Première Nation des Pekuakamiulnuatsh
En raison de la diversité des réalités autochtones, des cultures et des styles de vie dans les
communautés autochtones (United Nations, 2009), de la diversité des profils des femmes
autochtones (Affaires Autochtones et Développement du Nord Canada, 2012) et de la
variété du positionnement géographique des communautés relativement à l’analyse de
l’entrepreneuriat autochtone, la présente enquête qualitative était initialement conçue pour
tenir compte des différenciations existantes et explorer l’EFA dans toute sa diversité.
Compte tenu de la diversité systémique des communautés autochtones au Québec dans la
construction sociale de l’expérience entrepreneuriale des femmes, cette enquête qualitative
visait initialement à comprendre les expériences des femmes entrepreneures en fonction de
différents contextes communautaires. Or, dans le cadre de cette étude doctorale, plusieurs
communautés de la Première Nation des Innus avaient été considérées aux fins de l’analyse
de l’EFA et classifiées en référence aux trois modèles entrepreneuriaux autochtones issus de
la revue systématique sur l’entrepreneuriat autochtone (Croce, 2017b).
Au cours de l’enquête qualitative, la réceptivité, l’étroite collaboration avec la communauté
de Mashteuiatsh ainsi que le taux élevé de participation des femmes Ilnuatsh pendant
l’enquête de terrain ont fait en sorte que ce projet de recherche s’est limité seulement à la
communauté de Mashteuiatsh. Il importe aussi de souligner que ce projet de recherche
doctoral est le résultat d’une démarche collaborative et participative avec le milieu
autochtone, maintenue tout au long du processus, tel qu’il sera introduit dans le chapitre
méthodologique.
4 Source : https://www.aadnc-aandc.gc.ca/Mobile/Nations/profile_pakuashipi-fra.html
15
CHAPITRE 2
ENTREPRENEURIAT AUTOCHTONE : PERSPECTIVE INTERNATIONALE
Ce deuxième chapitre introduit, quant à lui, un article conceptuel qui présente une revue
systématique de la littérature internationale existante sur l’entrepreneuriat autochtone. Cet
article a été publié en 2017 dans un numéro spécial sur l’entrepreneuriat autochtone et
l’innovation de la revue Journal of management & Organization5. Les résultats de cette revue de
littérature systématique ont permis de cibler trois modèles entrepreneuriaux autochtones – le
modèle urbain, le modèle rural et le modèle éloigné – qui représentent une façon de
systématiser les modèles entrepreneuriaux autochtones et de les appliquer à l’étude des
communautés autochtones dans le monde. Les résultats de cette revue systématique
proposent, donc, une classification conceptuelle servant à cerner des pistes de recherche
pour le développement de l’entrepreneuriat autochtone comme thème de recherche.
2.1 Introduction générale
La justification de cette revue systématique repose sur la nécessité, à la fois théorique et
pratique, de combler une lacune à ce jour encore existante dans la littérature académique sur
l’entrepreneuriat autochtone. Cette lacune concerne la contextualisation de modèles
entrepreneuriaux autochtones (Hindle, 2010), qui se doit d’être prise en compte afin de
mettre en lumière les spécificités de l’entrepreneuriat autochtone dans différents contextes
dans le monde. En effet, bien que les particularités de la population entrepreneuriale à
laquelle l’entrepreneuriat autochtone fait référence ont permis à l’entrepreneuriat autochtone
de se distinguer comme thème de recherche à part entière, distinctement de l’étude des
autres populations entrepreneuriales minoritaires ethniques (Peredo et al., 2004) et comme
une sous-forme de l’entrepreneuriat ethnique (Anderson et Giberson, 2003; Dana et
Anderson, 2007), plusieurs recherches sont encore nécessaires aujourd’hui pour le
développement d’un cadre théorique propre à ce thème de recherche (Frederick, 2008). 5 Croce, F. (2017). Contextualised indigenous entrepreneurial models: A systematic review of indigenous
entrepreneurship literature, Journal of Management Organization, 23(6), 886-906.
16
En effet, si l’entrepreneuriat autochtone est en plein essor aujourd’hui, il demeure
caractérisé par une fragmentation conceptuelle, et les résultats de cette revue systématique
représentent une façon de faire avancer les connaissances quant à la classification des
modèles entrepreneuriaux autochtones.
2.2 « Contextualised indigenous entrepreneurial models: A systematic review
of indigenous entrepreneurship literature »
Even though there are an estimated 370 million indigenous peoples around the world, less
than 5% of the world’s population (United Nations, 2009), this statistical minority represents
a third of the world’s 900 million poorest people (World Bank, 2016). Entrepreneurship has
been identified as a major resource for indigenous self-empowerment, economic
development and poverty reduction (Anderson, 2001; Hindle & Lansdowne, 2005; Hindle &
Moroz, 2009; Peredo, Anderson, Galbraith, Honig, & Dana, 2004) and this paper aims to
systematically review literature on indigenous entrepreneurship. The purpose of the paper is
to determine trends and commonalities in indigenous entrepreneurship models that could
contribute to theoretical discussions and assist policy-makers and practitioners to improve
their effectiveness in supporting indigenous economic and entrepreneurial development
initiatives within socio-cultural and geographically localized contexts.
Located in 90 countries, there are approximately 5,000 indigenous groups and close to
4,000 indigenous languages spoken around the world (United Nations, 2009). Additionally,
according to Survival International, around 100 indigenous tribes have still not been
discovered. The International Fund for Agricultural Development (IFAD) states that the
lands where indigenous peoples live represent 80% of the planet’s biodiversity and they have
a fundamental role in managing the world’s natural resources (IFAD, 2012).
In varying proportions, indigenous peoples are present on the five continents. According to
the IFAD (2012), 70% of the total international indigenous population lives in Asia. In
China, according to the United Nations (UN), the indigenous minority represents less than
9% of the total population, but accounts for about 40% of the country’s poorest population
(UN, 2009). However, in some Latin American countries, such as Bolivia and Guatemala,
indigenous peoples represent more than half of the total population (United Nations, 2009).
In Africa, according to the International Work Group on Indigenous Affairs, there are an
17
estimated 50 million indigenous peoples (African Commission on Human and Peoples’
Rights, 2006). In Australia, the 2011 Census Post Enumeration Survey (PES) estimated the
Aboriginal and Torres Strait Islander population at 662,300 people or about 3% of the total
population (Australian Bureau of Statistics, 2013). In Canada, indigenous peoples represent
4.3% of the total Canadian population and almost half of the Aboriginal population lives on
reserves, but are increasingly migrating to urban areas all across Canada (Statistics Canada,
2013). In the United States, according to the 2010 Census, there are 2.9 million indigenous
peoples, identified as American Indians and Alaska Natives (United States Census Bureau,
2012).
According to the statistics presented here, indigenous peoples are considered an ethnic
minority of the total population. The diversity among indigenous groups across the world is
impressive from a cultural, socio-economic and structural point of view (UN, 2009), but
nonetheless indigenous peoples share some common problems, including discrimination, the
expropriation of land, marginalization and violence, abuse and identity acceptance (UN,
2013). For this reason, the United Nations Permanent Forum on Indigenous peoples has not
adopted a general definition for indigenous peoples, instead, they consider the issue in terms
of identification (UN, 2009).
The Secretariat of the Permanent Forum on Indigenous Issues (SPFII) was established in
2002 (resolution 57/197 of the General Assembly) within the United Nations’ New York-
based Division for Social Policy and Development (DSPD), to inform the United Nations
organizations, governments and the public about the issues facing indigenous peoples
worldwide and to promote exchanges between member states and representatives of
indigenous peoples. In the 2015 resolution concerning the rights of indigenous peoples, the
General Assembly of the United Nations requested that the President include representatives
of indigenous organizations in official bodies with the Member States to allow indigenous
representatives and institutions to participate in meetings of the United Nations. To protect
indigenous peoples, the Declaration on the Rights of Indigenous Peoples of the United
Nations, adopted in 2007, stipulates the rights of these populations (UN, 2007). Also, The
International Day of the World’s Indigenous Peoples, every August 9, was established in 1995 to
raise awareness of the difficulties specific to indigenous peoples regarding human rights,
education and health. In line with United Nations resolutions, various governments have
18
been proactive regarding indigenous economic development, including governmental
development strategies focused on entrepreneurship as a major resource for economic
development and poverty reduction for indigenous peoples.
In Australia for example, the Australian Government’s Indigenous Economic Development
Strategy aims to support the development of aboriginal entrepreneurship (Australian
Government, 2007). In 2013, the Canadian Government implemented the Aboriginal
Business and Entrepreneurship Development (ABED) Program that aims to support
indigenous entrepreneurs at different stages of the entrepreneurial process and provide
funding for indigenous businesses through Aboriginal Financial Institutions (AFIs).
Despite governmental efforts to develop indigenous entrepreneurship to improve
indigenous well-being and indigenous economic empowerment, an underlying lack of
indigenous specificity and contextualization has contributed to the failure of these initiatives
(Shoebridge, Buultjens, & Lila Singh, 2012). The need to understand the causes of these
failures requires more contextualized research on indigenous entrepreneurship from an
indigenous perspective in order to conduct in-depth and qualitative analysis of the contextual
factors affecting indigenous entrepreneurship policies, strategies, and practices around the
world (Hindle, 2010).
A systematic review aimed at gathering, evaluating and synthesizing all of the studies on
indigenous entrepreneurship is, therefore, important for its theoretical contribution,
identification of indigenous entrepreneurship models and practices across different contexts,
and for recommendations to policy-makers and practitioners on indigenous peoples’
aspirations for entrepreneurial and economic development.
This systematic review was conducted by electronically and manually searching articles
through academic literature with querying eight selected databases (ABI/ Inform Complete,
Business Source Complete, Web of Science, International Bibliography of the Social Sciences, Academic
Search, Sociological Abstract, Entrepreneurial Studies Source, Bibliography of Native North America) and
using specific words related to indigenous peoples such as Indigenous, Aboriginal, Torres Strait
Islanders, First Nations, Native Nations, Native American, Metis, Inuits, American Indian and Native
People. From 1,199 articles initially identified, 25 articles were selected for this systematic
19
review. The results and analysis formed three broad models of indigenous entrepreneurship
based on geographic localization and degree of urbanization: 1) urban indigenous
entrepreneurship; 2) remote indigenous entrepreneurship; and 3) rural indigenous
entrepreneurship.
Following the introduction, the paper is organized into five sections. First, the theoretical
and practical needs for this systematic review are outlined. Second, the research protocol and
methodological aspects are introduced. Third, the main findings of the systematic review are
presented and analyzed. Fourth, the characteristics of the three indigenous entrepreneurship
models are presented and discussed. Fifth, the implications of the study are presented in the
conclusions and avenues for future research on indigenous entrepreneurship are suggested.
Indigenous entrepreneurship and the systematic review context
In the academic literature, indigenous entrepreneurship has been defined as, “the creation,
management and development of new ventures by Indigenous peoples for the benefit of
Indigenous peoples” (Hindle & Lansdowne, 2005: 132). Therefore, according to the
definition proposed by the authors, the concept of indigenous ownership and benefit are
central to indigenous entrepreneurship. In recent decades, research on indigenous
entrepreneurship has begun to appear in the literature (Dana, 2015; Dana & Anderson, 2007;
Frederick, 2008; Hindle & Lansdowne, 2005; Peredo & Chrisman, 2006). This topic has
affirmed itself as an independent field of research from the mainstream entrepreneurial
literature and is distinct from ethnic entrepreneurship, which mostly concerns the
entrepreneurial activities of immigrants or other major ethnic groups (Dana, 2007b), even if
differences and similitudes need to be explored further between indigenous entrepreneurship
and ethnic entrepreneurship (Kushnirovich, Heilbrunn & Davidovich, 2017; Peredo et al.,
2004).
The initial literature on indigenous entrepreneurship identified indigenous values as the
driving force behind entrepreneurial activities, providing evidence that indigenous
entrepreneurs see entrepreneurship differently from the classic individualistic perspective
that has emerged in the mainstream literature on entrepreneurship (Anderson, 1999; 2001).
This literature also emphasized indigenous entrepreneurship as a tool for indigenous
20
economic development, overcoming the exogenous economic development conception of
indigenous communities through external assistance (Peredo, et al., 2004). Therefore, this
endogenous view of indigenous economic development recognized the efforts of indigenous
entrepreneurs in building their own socio-economic community development and
indigenous empowerment in the global economy (Anderson & Giberson, 2004; Peredo, et
al., 2004).
Since the 2000s, however, the theoretical debate in the indigenous entrepreneurship
literature has focused more closely on understanding the different indigenous contexts and
their indigenous entrepreneurial outcomes (Hindle, 2010). In this regard, it is appropriate to
recall that, globally, indigenous entrepreneurs belong to very diverse indigenous realities with
respect to their geographical position, history, and political status (United Nations, 2009).
Moreover, these specific indigenous realities have emerged from their own national realities
regarding their attitudes toward resisting cultural assimilation and striving for self-indigenous
affirmation (Peredo et al., 2004). Despite the fact that context has been recognized as an
important factor affecting entrepreneurial activities in mainstream entrepreneurship (Welter,
2011), very few studies have emerged on the specificities of different entrepreneurial
configurations in indigenous contexts.
Recent literature on the topic of indigenous entrepreneurship models, however, suggests that
a contingency approach should be adopted to analyze and illuminate the different
community entrepreneurial models (Hindle, 2010; Peredo et al., 2004). Although there is
consensus in the indigenous entrepreneurship literature on the question of “why” and
“what” indigenous entrepreneurship is, the question of “how” it occurs requires more
research before endogenous models of indigenous entrepreneurship can be established. In
support of this theoretical position, some researchers (Shoebridge, et al., 2012) have
demonstrated the minimal success of some governmental policies and initiatives on
indigenous entrepreneurship. In this regard, the social cognitive theories of entrepreneurship
show that entrepreneurial behavior is not universal and it can change according to the
cognitive perspectives of the entrepreneurs (e.g., Mitchell, Busenitz, Lant, McDougall,
Morse, & Smith, 2002). Hindle (2010) highlighted this issue in the indigenous
entrepreneurship literature by proposing a diagnostic model to analyze indigenous contextual
21
factors, cultural and structural, that need to be considered for outlining different indigenous
entrepreneurship outcomes.
This theoretical debate represents the starting point for this systematic review. The
relationship between indigenous entrepreneurs, the indigenous community and the context
within which they are all situated is highlighted as a non-generalizable and complex
relationship, requiring further exploration.
If certain conceptual evidence concerning indigenous entrepreneurship is considered such as
the differences between indigenous and non-indigenous entrepreneurs (Dana, 2007a), the
motivations of indigenous entrepreneurs (Dana, 2007a; Foley, 2003; Hindle & Moroz, 2009)
or the strategies they put in place to successfully develop indigenous entrepreneurship
(Ferrazzi, 1989; Hindle, Anderson, Giberson & Kayseas, 2005; McDaniels, Healey & Kyle
Paisley, 1994), a theoretically integrated study on indigenous entrepreneurship literature that
exists could help to overcome the lack of awareness and understanding of indigenous
entrepreneurship models in scholarly literature (Anderson, 2001; Hindle & Lansdowne,
2005; Hindle, & Moroz, 2009; Peredo et al., 2004).
While initiatives and governmental programs are locally based, in the indigenous
entrepreneurship literature, the theoretical debate focuses more closely on modeling
indigenous entrepreneurship and identifying contextual factors (Hindle, 2010). Despite the
fact that indigenous entrepreneurship has been affirmed as a full field of research in the last
decade (Hindle & Moroz, 2009), the universality of indigenous entrepreneurial models is still
a relatively un-explored phenomenon.
Thus, there is a theoretical and practical need to conduct a systematic review on international
indigenous entrepreneurship. As highlighted by Denyer and Tranfield (2009), the legitimacy
of developing a systematic literature review is based both on the theoretical debate around
the chosen topic and on the practical utility of the systematic review’s results.
Regarding the theoretical justification for this systematic review, an analysis of the
indigenous entrepreneurship literature reveals the need to identify various indigenous
entrepreneurial models and their characteristics. Indeed, the legitimacy of indigenous
entrepreneurship as a branch requires a better understanding of different indigenous
22
entrepreneurship contexts. This systematic review is further justified by the current
theoretical debate on the topic put forward by Hindle (2000) who established the need for a
contextualized analysis of indigenous entrepreneurship, and also by the growing maturity of
the indigenous entrepreneurship literature in the last 20 years. Regarding the practical
justification for a systematic review, despite governmental and international initiatives for the
benefit of indigenous peoples and their entrepreneurial and economic development, these
initiatives lack contextualized strategies that reflect the different indigenous realities that exist
around the globe (UN, 2009).
Therefore, this systematic review aims to answer the research question: what are the
indigenous entrepreneurship models and practices according to the different indigenous
contexts globally? By identifying and comparing scholarly literature on indigenous
entrepreneurship across various national and geographic contexts, an integrative framework
could be developed that allows policy-makers and practitioners to adapt initiatives for the
economic and entrepreneurial development of indigenous peoples. The theoretical objective
of this systematic review is to illuminate the different indigenous entrepreneurship
characteristics and models and integrate these in a way that is applicable in a variety of
contexts. The practical objective of this systematic review is to provide practitioners with a
comprehensive review of the literature and to orient decision makers toward contextualized
indigenous entrepreneurship strategies and models.
METHODOLOGY
A systematic review is a rigorous and scientific literature review process aimed at gathering,
evaluating and synthesizing all of the studies on a predetermined topic. It also identifies the
gaps in the literature to help further scientific knowledge (Denyer & Tranfield, 2009;
Kitchenham, 2004; Staples & Niazi, 2007). A systematic review differs from a classic
literature review because it is based on recognized scientific methods (Tranfield, Denyer, &
Smart, 2003) and on a well-defined research strategy (Kitchenham, 2004). Systematic reviews
are, therefore, based on a scientific process since it guarantees the objectivity of the
approach, its transparency and its ability to be reproduced by other researchers (Tranfield,
Denyer, & Smart, 2003).
23
Kitchenham (2004) identified three major phases for conducting a systematic review: 1)
planning the review; 2) conducting the review; and 3) reporting the review. The first phase of
a systematic review – planning the review – refers to identifying both the theoretical and
practical needs to conduct a systematic review. It also includes developing a research
protocol. This has been completed in the previous section. The second stage - conducting
the review, refers to the process of identifying studies, the selection process, the study quality
assessment, the data extraction, monitoring, synthesis and analysis. The third phase -
reporting the review, refers to the results and the discussion of the systematic review.
The following section outlines how the search strategy for this systematic review on
indigenous entrepreneurship in different contexts globally was developed. This refers to the
step-by-step methodological aspects of conducting the systematic review: the selection of
electronic databases, the keyword search string, the inclusion and exclusion criteria, the time
horizon, the study quality assessment procedure, and the manual search methods utilized,
including the identification of the most cited papers and the most relevant authors.
Electronic databases
To complete this systematic review, eight specialized databases were identified on the advice
of a librarian specialist in documentary resources in business and entrepreneurship. As
outlined by Dana and Anderson (2007), it was important to consider the multidisciplinary
nature of indigenous entrepreneurship (i.e., from the perspectives of anthropology, business,
management and sociology) when selecting the electronic databases. The eight identified
databases are given in Table 1.
Table 1, Electronic databases used in the study
Business Databases ABI/ Inform Complete
Business Source Complete
Multidisciplinary Databases Web of Science
International Bibliography of the Social Sciences
Academic Search
Databases in Sociology Sociological Abstract
24
Databases in Entrepreneurship Entrepreneurial Studies Source
Databases in Ethnology Bibliography of Native North America
Keyword search string
The electronic databases were searched using a predefined keyword search string. The first
part of the keyword search string concerned the study population: indigenous peoples. It is
appropriate to note that in the scientific literature, the term “indigenous” is a generic term
designating various indigenous peoples around the world and that its operational definition
can vary according to the different indigenous groups (United Nations, 2009). Therefore, for
the sake of completeness, all terminologies related to indigenous peoples that were identified
using a Thesaurus (available on the article database systems) were included in the keyword
search string. The second part of the keyword search string concerned the intervention, that
is, the object under study, which in this case was entrepreneurship. To avoid a study
procedure that was too selective, other keywords generated from the research question, such
as concepts, characteristics or models, were not included in the search strategy. The keyword
search string used for the electronic search was:
“Indigenous OR Aboriginal OR Torres Strait Islanders OR First Nations OR Native
Nations OR Native American OR Metis OR Inuit OR American Indian OR Native
People”
AND
“Entrepreneur*”
Inclusion and exclusion criteria
Concerning the inclusion criteria chosen for this systematic review, only peer reviewed and
academic articles, published in English and presenting cultural, social and organizational
variables were included. Other variables, such as individual, economic or financial variables,
were not taken into consideration for this study because they are not congruent with this
study’s research question, which requires the analysis of the socio-cultural contexts of
indigenous entrepreneurship. The inclusion and exclusion criteria are given in Table 2.
25
Table 2, Inclusion and exclusion criteria
Inclusion Criteria Exclusion Criteria
Language: English Language: other than English
Publication: peer reviewed academic articles. Publication: books, conference papers,
professional articles, editorials.
Variables: cultural, organizational, social Variables: individual, financial, economic.
Time horizon
The time horizon for this systematic review spanned from January 1, 1995 to December 31,
2016. The first year included in this systematic review, 1995, is the year that the International
Day of the World Indigenous People was established, following the decision of the United Nations
General Assembly in 1994. It is acknowledged that research on indigenous entrepreneurship
may have been published prior to 1995, but it is widely accepted in the academy that
research on indigenous entrepreneurship seems to emerge in the 2000s (Hindle, 2010).
Quality assessment procedure
As Kitchenham (2004) pointed out, although quality is difficult to define, criteria must be
applied to guarantee the systematic review’s quality. To determine if indigenous
entrepreneurship is a recognized topic in the international academy, a journal ranking
verification system, following the Australian Business Deans Council (ABDC) ranking,
served as the quality criteria. The identified journals that were not part of the ABDC ranking
were excluded, although it is acknowledged that publications outside of the ABDC ranking
system could be considered in future research with a more critical interpretation of what
constitutes ‘quality’ literature.
Preliminary Results
Searching the eight databases using the previously defined keyword chain gave an initial
result of 1,796 articles. The distribution of the number of articles obtained from the eight
databases searched is shown in Table 3. A rigorous selection process was conducted
26
(Kitchenham, 2004) and the End Note software was used at the various stages to keep an
accurate record of the article details.
Table 3, Articles according to databases
ABI/Inform Complete 325
Business Source Complete 411
Web Of Science 334
IBSS 140
Academic Search Premier 312
Sociological Abstract 130
Entrepreneurial studies sources 101
Bibliography of Native North America 43
TOTAL 1796
Elimination process
The selection process started by eliminating duplicates. This reduced the number of articles
to 1,199 from the 1,796 articles that were initially identified from the eight electronic
databases. After eliminating the duplicates, two major stages were implemented. First, the
titles, abstracts and the keywords were read to verify the articles’ congruence with the
keyword chain and research question driving the systematic literature review. This operation
resulted in the selection of 168 articles from 1,199 articles.
In the second stage, the articles were read in full to identify those that analyzed the
phenomenon chosen for this study, specifically the socio-cultural context of indigenous
entrepreneurship. This process resulted in the selection of 24 articles from the 168 articles
identified during the first selection process.
Finally, the quality control procedure was applied to these 24 articles eliminating those
journals that were not included in the Australian ABDC ranking. This lead to a final result of
20 articles selected from the electronic database search.
Manual process
27
Using the results of this electronic database search, a complementary manual search was
conducted. First, the references from the final papers selected using the electronic search
were used to identify those papers on indigenous entrepreneurship responding to the
inclusion criteria of this systematic review that were not found using the electronic search.
With this verification process, two more articles were added after applying the quality
control.
To the final list, journals that were cited more than once were identified: Journal of Small
Business and Entrepreneurship, The International Journal of Entrepreneurship and Innovation, and
Journal of Enterprising Communities: people and places of global economy. A manual search of
indigenous entrepreneurship articles responding to the inclusion criteria established for this
systematic review was conducted in the two journals ABDC ranked (Journal of Small Business
and Entrepreneurship and Journal of Enterprising Communities: people and places of global economy)
covering the entire period of this systematic review, from January 1, 1995 to December 31,
2016. However, no relevant articles were added during this stage.
Then, a manual search was completed by identifying the most important authors, which are
those who appeared as authors at least twice in the final list of selected articles. These
authors were contacted by email to obtain their complete list of publications on this topic.
This process added two more articles. Finally, an Internet search was conducted using the
words in the keyword search string, and one more article was added during this step. This
lead to a final result of 25 articles that were included in this systematic review. The final list
of selected articles is presented in Table 4 and the entire selection process is illustrated in
Figure 1.
Table 4, Final articles selected6
Auteur Year Journal Search
1 April, W.I. 2008 The International Journal Of Entrepreneurship And Innovation E
2 Haar, J., & Delaney, B. 2009 New Zeeland Journal Of Applied Business Research E
66E:ElectronicSearch.R:ReferencesControl.A:MostImportantAuthors.I:Internet.
28
3 Dana, L.P., Dana, T.,
& Anderson, R.B.
2005 Journal of Small Business & Entrepreneurship E
4 Cahn, M. 2008 Entrepreneurship & Regional Development E
5 Brower, J. 1999 Economic and Political Weekly E
6 Chan, J.H., Iankova,
K., Zhang, Y.,
McDonald, T. & Qi,
X.
2016 Journal of Sustainable Tourism E
7 Co, M.J. 2003 South African Journal of Business Management E
8 Curry, G.N. 2005 Journal of Small Business & Entrepreneurship E
9 Dana, L.P. 1995 Entrepreneurship Theory & Practice E
10 Dana, L. P. 2010 Global Business And Economic Review E
11 Foley, D,. &
O'Connor, A.J.
2013 Journal Of Small Business Management E
12 Johnstone, H. 2008 Journal of Enterprising Communities: People and Places in the
Global Economy
E
13 Lee-Ross, D., &
Mitchell, B.
2007 Journal Of Developmental Entrepreneurship E
14 Mason, A., Dana, L.P.,
& Anderson, R.B.
2008 The International Journal Of Entrepreneurship and Innovation E
15 Ndemo, B. 2005 Journal Of Small Business and Entrepreneurship E
16 Pascal, V., and Stewart,
V.
2008 The International Journal Of Entrepreneurship And Innovation E
17 Tapsell, P. & Woods,
C.
2008 Journal of Enterprising Communities: People and Places in the
Global Economy
E
18 Zapalska, A. M..,
Dabb, H., & Perry, G.
2003 Asia Pacific Business Review E
19 Dana, L.P. 2008 The International Journal Of Entrepreneurship And Innovation E
20 Foley, D. 2008 Journal of Enterprising Communities: People and Places in the
Global Economy
E
29
21 Fuller, D., Buultjens, J.,
& Cummings, E.
2005 Tourism Management R
22 Reihana, F., Sisley, M.,
& Modlik, H.
2007 International Journal Entrepreneurship and Small Business R
23 Dana, L.P., &
Anderson, R.B.
2011 International Journal Of Entrepreneurship and Small Business A
24 Mason, A.M., Dana,
L.P., & Anderson, R.B.
2009 International Journal Of Entrepreneurship and Small Business A
25 Khan, M.K. 2014 International Journal Entrepreneurship and Small Business I
Fig. 1, Selection process
Analytical process
The analysis on the selected articles was performed using an Excel file that contained the
information necessary to develop the descriptive, in-depth and critical analysis of the
indigenous entrepreneurship literature gathered. The descriptive analysis included the
publication year, methodology, journal, and the geographical area of the research. A more in-
Total
1796
Duplicates
1199
597
Yes
No
168
1031
Yes
No
FirstSelec;on
SecondSelec;on
24
144
Yes
No
Manualsearch
QualityControl
20
4
Yes
No
References,Journal,AuthorsandInternet
22
2
2
0
25
FinalAr;cles
Electronicsearch
2
1
30
depth analysis included identification of the indigenous entrepreneurship models, the
theoretical perspectives used in the studies, the research questions, and the methods used by
researchers. The critical analysis of the studies included an analysis of the localization or
socio-cultural contexts of the studies, a summary of the key results, the limitations of the
studies and the avenues for future research. All levels of analysis will now be presented.
Trend in the research focus
The period of the articles selected for this systematic review begins in 1999. It is evident that
the literature from the 2000s onward tends to explain indigenous entrepreneurship as a lever
for economic development rather than understanding the different practices and models of
indigenous entrepreneurship (Anderson, 2001). The evolution of the studies over time is
presented in Figure 2.
Fig. 2, Literature trend analysis
Trend in methodology
Regarding the methodology, most of the studies (15) were conducted using a qualitative
method, as interviews, non-participants’ observations and case studies, while a minority were
conducted using a quantitative method (3). The rest of the studies analyzed were conceptual
(7). The methodological distribution of the studies is given in Figure 3.
Fig. 3, Methodological trend
Série1,10
2
4
6
8
10
AxisTitle
Série1
31
Trend in the socio-cultural context of studies
Most of the studies selected focus on North America (8), and Oceania (11). The rest
of the studies (7) focus on other areas of the world, which are Africa (3), India (1), China (1),
Finland (1) and Pakistan (1). With regards to Oceania, studies have a focus on New Zealand
(6), Australia (4) and Samoa (1). One of these studies (April, 2008) is on New Zealand and
Africa. With regards to North America, they concern mainly Canada (7) and United States
(1).
In the studies on indigenous entrepreneurship in Oceania, much of the literature is focused
on providing governments with the tools to promote and develop indigenous
entrepreneurship as a particular form of entrepreneurship that can contribute to national
economic development (e.g., Zapalska, Dabb, & Perry, 2003). Therefore, this literature
mostly includes policy recommendations oriented toward and focused on action plans and
initiatives to be implemented. However, this body of literature shows the variety of socio-
cultural contexts of indigenous communities in Oceania, according to the cultures of
indigenous peoples of New Zealand (e.g., Foley, 2008; Tapsell & Woods, 2008) and of
Australia (e.g., Curry, 2005; Lee-Ross, 2007).
On the contrary, indigenous entrepreneurial literature in North America is more descriptive
and ethnographic, focusing on the way indigenous peoples live in their communities.
Moreover, literature in North America underlines the differences in the structural factors
impacting indigenous entrepreneurial activities in these community’s contexts, with regards,
Qualitative
Quantitative
Conceptual
32
for example, to Inuit peoples located in the Canadian North (e.g., Dana & Anderson, 2011;
Mason, Dana & Anderson, 2009), which is very different from the social and cultural
contexts of Native Americans in the United States (Pascal & Stewart, 2008).
Literature on indigenous entrepreneurship in the other locations around the world, such as
Africa (April, 2008; Co, 2003; Ndemo, 2005), India (Brower, 1999), Chine (Chan & al., 2016)
Finland (Dana, 2008) and Pakistan (Khan, 2014), demonstrated the variety of social and
societal contexts not only with regards to indigenous entrepreneurship, but also with regards
to indigenous peoples’ conditions of life. In the case of Africa, for example, socioeconomic
and religious variables (Co, 2003) tend to be included in the analysis of indigenous
entrepreneurship to explain the disadvantages indigenous peoples face.
DISCUSSION
By analyzing the final articles selected for this systematic review, three indigenous
entrepreneurship models were interpreted: 1) the urban indigenous entrepreneurship model;
2) the remote indigenous entrepreneurship model; and 3) the rural indigenous
entrepreneurship model. This continuum of indigenous entrepreneurship models resulted
from analyzing the different entrepreneurial research perspectives that were adopted to
analyze indigenous entrepreneurship in different socio-cultural localizations that varied from
urban, rural to remote. These entrepreneurial research perspectives are represented by the
analysis of entrepreneurship as enterprises and small businesses creation, informal activities
of entrepreneurs and subsistence activities of indigenous peoples.
Therefore, these classification models offer a systematic way to organize the insights from a
systematic review of indigenous entrepreneurship literature that is contextualized by
considering the relationship between an indigenous community’s localization and the forms
of entrepreneurship the community undertakes, situated within the definition of
entrepreneurship through which indigenous entrepreneurship has been analyzed.
Indigenous realities can vary considerably within the same country (UN, 2009). Forming
contextualized indigenous entrepreneurship models (i.e., urban, rural, remote) enabled
consideration of indigenous peoples and communities as independent of the country in
33
which they are located, acknowledging their aspirations to preserve their indigenous identity,
cultures and history within a particular geographical location (Peredo et al., 2004).
The critical analysis of articles selected indicated that the socio-cultural context of indigenous
communities and degree of urbanization are central to the classification of indigenous
entrepreneurship models outlined in this paper. This is because socio-cultural context and
degree of urbanization in particular may affect how much external and national cultural
influences affect the indigenous culture and way of life and this is reflected in the processes
and outcomes informing the indigenous entrepreneurship models.
According to the analysis, urban indigenous entrepreneurship and remote indigenous
entrepreneurship represent indigenous entrepreneurial outcomes at opposite ends of the
spectrum. However, the rural indigenous entrepreneurship model represents an intermediary
one. The three models are discussed and compared in the following sections, and the
framework for the indigenous entrepreneurship models is presented in Figure 4.
Fig. 4, Indigenous entrepreneurship models framework
Urban indigenous Entrepreneurship Model
The urban indigenous entrepreneurship (UIE) model represents the indigenous
entrepreneurship that emerges in urban contexts. The UIE model is similar to the
mainstream entrepreneurship model, which is based on a capitalist conception of
entrepreneurial activities and focuses on formal business creation. The analysis of UIE
indicated a capitalist and mainstream interpretation of entrepreneurship that was applied to
indigenous entrepreneurship processes and outcomes in the urban context. Urban
indigenous entrepreneurship is characterized by the availability of infrastructure,
Urban Indigenous Entrepreneurship
Remote Indigenous Entrepreneurship
Rural Indigenous Entrepreneurship
34
technological tools, information networks and business opportunities in urban settlement
areas, influencing, therefore, indigenous entrepreneurial activities that are based in urban
contexts.
For example, Johnstone (2008) described a successful model of economic development in a
study of one Mi’kmaq community, the Membertou First Nation in Cape Breton, Nova
Scotia. This community is an urban-based reserve located in the city of Sidney, Nova Scotia,
that has taken advantage of its geographical position to improve its economic development.
The community leaders accomplished this by attracting non-indigenous entrepreneurs not
from the reserve and inviting them to conduct businesses in the community. The study by
Johnstone measured success in this context in terms of profitability and economic
development. Therefore, the researcher analyzed indigenous entrepreneurship with respect
to the development of organizations, specifically focusing on sole proprietorship enterprises.
The definition of indigenous entrepreneurship used in the study is close to the mainstream
definition of entrepreneurship. Thus, the study participants selected are individual
entrepreneurs according to the capitalistic paradigm of entrepreneurship, based on wealth
accumulation. This model parallels the western model of entrepreneurship that is mainly
based on the identification of opportunities (Shane & Venkataraman, 2000) and takes shape
with the creation of formal businesses.
In their analysis of entrepreneurship in Iqaluit, the capital of Nunavut, Canada, Dana and
colleagues (Dana, Dana & Anderson, 2005) argued that indigenous peoples are lost between
two worlds, the traditional Inuit world and the modern non-Inuit world. In this way,
proximity to the “modern” world, represented by non-indigenous peoples, affects the
authenticity of indigenous entrepreneurship. In their study on indigenous entrepreneurship
in Iqaluit, the researchers conducted interviews with opportunity seeking individuals, people
who choose to become entrepreneurs, which the authors defined according to the western
model of entrepreneurship, and individuals engaged in reactionary self-employment,
motivated by a given situation such as the need to fulfill personal needs. The “western”
conception of entrepreneurship also influences the urban indigenous entrepreneurship
model through the presence of non-indigenous inhabitants, who may also be living in the
indigenous urban contexts. In his study on the development of cooperatives in Nunavik,
35
Dana (2010) defines Kuujjuak, known as Fort Cimo until 1980, as a modern Inuit urban
settlement that was created to establish western companies.
In their study on the entrepreneurship of the indigenous peoples of New Zealand, the
Māori, Haar and Delaney (2009) analyzed Māori entrepreneurship, adopting the rational and
western perspective of entrepreneurship as business creation and attempted to understand
how indigenous values are integrated into and affect the overall evolution of a business, in
terms of business success, performance and opportunity recognition. The introduction of
the concept of “whanaungatanga,” a Maori cultural value related to the collective form of
communication and sharing, could be a useful resource for indigenous entrepreneurs in
terms of establishing collective networks in urban contexts. Additionally, the authors found
that Māori entrepreneurs have developed networks within the urban context to overcome
the barriers to indigenous entrepreneurship and promote the diversification of businesses in
non-traditional areas.
As underlined by Foley and O’Connor in their study of Aboriginal Australians, Native
Hawaiians, and the Māori of Aotearoa, New Zealand, indigenous entrepreneurship in urban
areas offers the unique possibility of networking with non–indigenous peoples (Foley, 2008;
Foley & O’Connor; 2013), an element that suggests urban indigenous entrepreneurship
models are similar to modern and westernized explanations of entrepreneurship.
The urban indigenous entrepreneurship model is also similar to ethnic entrepreneurship
(Anderson & Giberson, 2003; Dana, 2007), because, as indigenous entrepreneurship studies
on urban localizations show, it is characterized by a tendency to integrate the indigenous
cultural paradigm with the dominant cultural paradigm (Peredo et al., 2004).
Remote Indigenous Entrepreneurship Model
Contrary to the urban indigenous entrepreneurship model, the remote indigenous
entrepreneurship model takes place in remote contexts where indigenous entrepreneurship is
oriented more toward sustainable economic development operated by indigenous
entrepreneurs. The very low level of urbanization of some remote indigenous communities
characterizes the difficulties facing any remote environment with respect to the modern and
western conception of entrepreneurship. Therefore, these remote localizations affect
36
indigenous entrepreneurship and how it is practiced as well as impacting the way indigenous
cultures are preserved in remote indigenous communities. Moreover, regarding remote
indigenous entrepreneurship, the researchers adopted a more indigenous approach which
aimed to describe the experience and practices of indigenous entrepreneurs through
narratives, interviews and ethnography.
Khan (2014) conducted the first study on the Kalash community of northern Pakistan, an
indigenous tribe living in villages located in three isolated mountains: Bumburet, Rumbur
and Birir. The Kalash community is an indigenous tribe that has preserved its own culture
largely as a result of its remote location. In the study, Khan highlighted the ancestral culture
and traditional practices of Kalash peoples characterized by an agro-pastoral division of
labor and a pastoral subsistence economy. With case study analysis and in-depth interviews
taking the narrative forms of entrepreneur’s experiences and practices, the researcher
attempted to explore the entrepreneurship world of this remote community. The researcher
also emphasized the importance of reconciling cultural heritage with modernism and
concluded with the challenges facing the development of entrepreneurship in remote areas.
Mason, Dana and Anderson (2008) analyzed entrepreneurship in Coral Harbour, a remote
community in Nunavut, Canada. In this study, the authors investigated whether, for
communities in these remote contexts where employment prospects are low and
infrastructure and services are limited, entrepreneurship provides a means of self-sufficiency.
The research design consisted of observing participants, conducting in-depth interviews and
involving community members in the overall research process. Using these methods, the
authors observed that entrepreneurship in this remote community was generally represented
by self-employment that relied on natural and knowledge resources traditionally available in
the community. For example, the researchers described the preparation of certain products,
sculptures, rings and clothing, as representative of the community’s commercial activities. In
the analysis, the authors outlined how these products are the results of a specific cultural
heritage and that the indigenous business and knowledge is transmitted from family to
family.
In a remote community in Nunavut, Arviat, Dana and Anderson (2011) found that the
community mainly consisted of indigenous Inuit inhabitants. In this context, entrepreneurial
37
activity consisted of subsistence activities based on fishing, hunting and trapping. Mason and
her colleagues (Mason, et al., 2009) in their study in Rankin Inlet, a remote community in
Nunavut, recognized the existence of some formal businesses in the community. However,
they emphasized that informal entrepreneurship in the form of commercial transactions that
are not legally structured and subsistence self-employment activity where there is no
commercial transaction are prominent in the community.
Fuller, Buultjens, and Cummings (2005) analyzed the viability of an indigenous business
development operated by an indigenous clan in Ngukurr, a remote Indigenous community in
northern Australia. The authors concluded that the cultural values, the traditions of
indigenous peoples, and their attachment to their land need to be considered as a priority in
the business development practices of indigenous entrepreneurs.
The remote indigenous entrepreneurship model is characterized by the dominant paradigm
of the indigenous cultures, where, due to the remoteness of these communities, there is
minimal opportunity for mainstream culture to influence indigenous cultures or expressions
of indigenous entrepreneurship. While the socio-cultural isolation of certain indigenous
communities from mainstream communities makes it easier to preserve indigenous culture
and ways of life, it also hinders entrepreneurial activities due to a lack of clients and the
means for entrepreneurial development. When indigenous peoples reside in remote areas,
the lack of mentors, market opportunities and the appropriate infrastructure for
entrepreneurial development is evident. Thus, entrepreneurship mainly takes the form of
self-subsistence (Mason, et al., 2009). Therefore, the remoteness of some indigenous
communities deprives many, if not most, entrepreneurs of the necessary tools for their
entrepreneurial activities in the modern conception of the term.
Rural Indigenous Entrepreneurship Model
The rural indigenous entrepreneurship model represents an intermediate step between the
urban indigenous entrepreneurship model and the remote indigenous entrepreneurship
model. This rural model is specific to indigenous communities localized in rural contexts,
where the way of life combines tradition and modernity (Dana, 2008; Lee-Ross & Mitchell,
2007).
38
In his study on indigenous entrepreneurship in rural villages in Papua New Guinea, Curry
(2005) analyzed how the social embeddedness of indigenous businesses in rural contexts
affects the insolvency of indigenous enterprises. In doing this, the author outlined the
importance of the indigenous logic of exchange (gift exchange) and the importance of
indigenous social dimensions in shaping indigenous small businesses. Using two case studies,
the author concluded that in rural communities, the logic of profit accumulation is still
subordinated to the indigenous logic of exchange and the community’s social rules. These
two dominant factors, therefore, affect indigenous business relationships and practices.
Functioning between subsistence and capitalism, indigenous businesses in rural areas have
objectives that are broader than economic interests.
Cahn (2008) conducted a similar case study on micro-enterprises in certain rural indigenous
communities in the country of Samoa, the Pacific Islands. In this study, Cahn explored the
relationship between indigenous entrepreneurship and the Samoan culture and way of life,
called fa’a Samoa, to understand the sustainability of micro-enterprises. The researcher
argued that harmonization between the indigenous way of life and small businesses is
important to ensuring the sustainability of the enterprises. In indigenous communities where
indigenous exchanges prevail between community members, the enterprises achieve both
economic and noneconomic outcomes. Moreover, in the rural context, entrepreneurial
activities can be collectively organized because the entire community becomes the
entrepreneur and the goals of the entrepreneurial activities are the community’s goals. In this
case, rural entrepreneurial activities are mostly community-oriented.
In his study on how globalization affects local indigenous enterprise development in the
south Indian state of Karnataka, Brouwer (1999) emphasized this community aspect and
demonstrated the importance of indigenous values for indigenous entrepreneurs. The author
affirmed that the perspectives in India’s internal regions differ considerably from those in
the coastal regions. This is reflected in entrepreneurial activities that are based on the logic of
social exchange.
In a study on entrepreneurship in the Masaai indigenous tribe in Kenya, Africa, Ndemo
(2005) analyzed how the changes imposed by modernity, for example the modernization of
land, affect the Masaai peoples’ entrepreneurship behavior. The Masaai community has
39
traditionally been organized into a pastoralist communal system with a semi-nomadic
lifestyle. The researcher investigated how the Masaai people perceived the transition from
pastoralism to modern entrepreneurship because the Maasai people’s traditional economic
system is different from the national market economy. One hundred and thirteen enterprises
located in different Masaai districts were sampled for the survey. The researchers analyzed
the enterprises using the modern conception of entrepreneurship development, including
opportunity recognition, small business management and orientation to success. The
research results showed that even when the Masaai peoples are motivated and encouraged to
be entrepreneurs, their indigenous culture remains the most important factor.
Indigenous peoples living in rural areas face social and economic changes. Chan and
colleagues (Chan, Iankova, Zhang, McDonald & Qi, 2016) highlight this aspect in the study
on tourism gentrification in indigenous rural areas that they conducted in China. The
indigenous Hani and Yi communities in the Honghe Hani Rice Terraces in the Yunnan
Province of southern China have maintained the rice-terrace ecosystem for years, as a local
cultural practice for subsistence. The development of tourism and the related gentrification
in this rural area has brought changes and challenges to the traditional way of life for these
indigenous peoples.
April (2008) analyzed the entrepreneurial activities of two indigenous groups located in two
different countries: the Khoi-Khoi of Namibia, a subtribe of the San people, and the Ngai
Tahu peoples, a subtribe of the Māori of New Zealand. These two indigenous groups live in
different socio-cultural contexts. However, both must navigate the tension between
individualism and collectivism regarding entrepreneurial activities, based on the resources of
their lands for subsistence. The study recognized the importance of culture to these two
indigenous groups, and the researchers investigated how their cultural values can motivate
entrepreneurial activities.
Pascal and Stewart (2008) recognized the importance of a community’s geographical
position. In their study on Native American entrepreneurship, they analyzed the relationship
between indigenous firm performance and proximity to economic clusters. As many Native-
American reservations are located in rural areas, the study’s conclusion suggested that
economic clusters in urban areas affect indigenous firm performance.
40
A Comparative Analysis of Indigenous Entrepreneurship Models
The three indigenous entrepreneurship models that were collectively identified, urban,
remote and rural, represent the different features and practices of indigenous
entrepreneurship in these diverse geographical contexts. As previously mentioned, the
localization of indigenous communities determines the degree of external cultural impact on
indigenous values, entrepreneurial behavior and outcomes. This is also reflected in the
theoretical perspectives and different methodologies researchers use to study indigenous
entrepreneurship according to these contexts or localizations that traverse national borders.
Therefore, the relationship between indigenous entrepreneurship, the contextual location of
the community and the theoretical perspectives informing these studies contributed to the
identification of indigenous entrepreneurship models’ elements and outcomes.
Overall, Tapsell and Woods (2010) highlighted that context has often been overlooked when
it comes to indigenous entrepreneurship, especially in relation to identifying the
opportunities that underpin entrepreneurial activities. In fact, not only is opportunity
affected by cultural perception, but it is also determined by socio-cultural context and
location. For this reason, entrepreneurial experiences, opportunities and outcomes in urban,
remote and rural contexts differ. Therefore, in the analysis of indigenous entrepreneurship
models, localization is not the only important variable. It represents a starting point for
capturing the reality of indigenous entrepreneurship.
According to the analysis of the literature systematically reviewed, the urban and remote
indigenous entrepreneurship models represent opposite ends of the spectrum. The
localization of indigenous communities is an important consideration (Reihana, Sisley, &
Modlik, 2007), as an urban location can influence the opportunity to create a business and
ensure its development, according to the modern conception of business and
entrepreneurship. This is mostly specific to the urban indigenous entrepreneurship model,
where proximity to the modern world influences the entrepreneurial outlook and motivation
for profit of indigenous individuals and communities. The theoretical perspectives on
entrepreneurship that researchers have adopted when studying indigenous entrepreneurship
in urban contexts consider the proximity to modernity and formal business creation models.
41
In contrast, the remote indigenous entrepreneurship model describes entrepreneurship in
indigenous communities that are connected to the traditional indigenous way of life and still
isolated from modernity. In these remote contexts, the indigenous peoples continue
practicing subsistence activities.
As an intermediate step between these two models, the rural indigenous entrepreneurship
model describes communities that are based mainly on pastoralism and practice a way of life
that is connected to the land and the resources it provides. Even though the indigenous
peoples living in these rural locations tend to practice a modern form of entrepreneurship,
they face social and economic challenges and operate at the interface between the modern
and the traditional way of life. At the same time, it also represents the interface between
urban and remote indigenous entrepreneurship research perspectives. For example,
researchers that focus on rural indigenous entrepreneurship focused both on the enterprises,
from a modern perspective, and on the culture of indigenous peoples, from an indigenous
perspective. The characteristics of each model are summarized in Table 5.
Table 5, Indigenous entrepreneurship models specificities
Urban Indigenous
Entrepreneurship
Rural Indigenous
Entrepreneurship
Remote Indigenous
Entrepreneurship
Modernity Modernity/ Tradition Tradition
Opportunity oriented Both Necessity oriented
Hybrid culture Indigenous Culture Indigenous Culture
Individual Community Community/Tribe
Profit Non profit Subsistence
The characteristics of each of the indigenous entrepreneurship models proposed represent
important criteria for analyzing contextualised indigenous entrepreneurship that should be
developed into an authentic indigenous entrepreneurial ecosystem approach. Recently,
entrepreneurship studies (e.g., Minimala & Wasdani, 2015) have shown the importance of
the entrepreneurial ecosystem approaches based on a systemic approach to entrepreneurship
that recognize the importance of the environment in entrepreneurial development. This field
sees, therefore, entrepreneurial activity as an individual’s “response” to their entrepreneurial
42
environment rather than an individual “action” analyzed from a micro perspective that
focuses exclusively on the attitude and behavior of the individual entrepreneurs. Even
though the concept of entrepreneurial ecosystems conceived on the notion of territoriality
has only been applied to regions, nations and countries (e.g., Acs, Autio & Szerb, 2014; Kim,
Kim, & Yang, 2012), the concept has not yet been explored in reference to socio-cultural
contexts or locations of indigenous communities. This could represent a conceptual
opportunity to explore the applicability of the three indigenous entrepreneurship models
presented in this study to the development of an indigenous entrepreneurial eco-system
approach.
Also, the results of this systematic literature review call into question the definition of
indigenous entrepreneurship, adopted by the scientific community and mainstream academy,
specifically that it is “the creation, management and development of new ventures by
Indigenous peoples for the benefit of Indigenous peoples” (Hindle & Lansdowne, 2005:
132). From a critical perspective of indigenous entrepreneurship, this definition is influenced
by the western paradigm of entrepreneurship that sees the creation of businesses as the
successful expression of indigenous entrepreneurship. However, the results of this
systematic review of literature and the analysis of these three proposed models of indigenous
entrepreneurship demonstrates that this conception does not correspond to the full reality of
indigenous entrepreneurship, specifically with respect to the remote and rural contexts
studied. Indigenous entrepreneurship research is characterized by the complexity of
indigenous peoples and the theoretical and methodological approaches used to analyze
indigenous entrepreneurship processes, experiences, outcomes and opportunities.
CONCLUSION
The objective of this systematic review was to analyze and integrate the existing international
literature on indigenous entrepreneurship in order to identify models of indigenous
entrepreneurship that were contextualized. Three indigenous entrepreneurship models,
namely urban, rural and remote, were proposed and illustrated through the relationship
between the localization of the indigenous communities and indigenous peoples in relation
to mainstream communities and the theoretical/methodological perspectives adopted in
indigenous entrepreneurship research. The localization of indigenous peoples in urban,
43
remote or rural contexts combined with the use of diverse theories and methodologies
determined how the development and characteristics of indigenous businesses and
entrepreneurial activities were interpreted and explained.
The results of this systematic review provide an integrative conceptual framework for the
development of indigenous entrepreneurship research. So far, indigenous entrepreneurship
has mainly been approached and analyzed as a phenomenon that is different than
mainstream entrepreneurship, but also as a uniform phenomenon with its own ‘one-size-fits-
all’ framework. The results of this systematic review contradict this assumption of
indigenous entrepreneurship and demonstrate that indigenous entrepreneurship should not
be analyzed as a homogeneous phenomenon. The complexity and the diversities of
indigenous contexts, indigenous entrepreneurs and indigenous businesses should be further
developed and considered in the research of typologies of indigenous entrepreneurship.
Beyond the inter-societal level of analysis, which relates to the fact that indigenous peoples
represent a minority of the total population and share common challenges, the intra-societal
indigenous economic, structural and economic diversities among indigenous peoples must
also be considered when developing indigenous entrepreneurship conceptual frameworks.
The contextualized/localized classification of indigenous entrepreneurship models proposed
in this article is one step in this direction. Moreover, the three indigenous entrepreneurship
models proposed in this review show the constructed nature of entrepreneurship models,
which varies on a continuum from indigenous entrepreneurship which reflects the formal
enterprise from the point of view of the western conception of entrepreneurship, to
indigenous entrepreneurship which represents the traditional entrepreneurial activities
related to indigenous cultures and ways of life. According to the three different localizations,
indigenous entrepreneurship is analyzed from a western assumption of entrepreneurship in
relation to the modern market economy system instead of an indigenous assumption of
entrepreneurship related to the traditional indigenous economic system.
Therefore, this systematic review’s main contribution to theory and practice is in bridging
the fragmentation that currently exists in the indigenous entrepreneurship field. This is done
through the proposal of a different classification of indigenous entrepreneurship models
based on the contextualization and localization of the studies as urban, remote and rural.
44
This classification needs to be explored further by developing conceptual dimensions and
examining the applicability of these models in various indigenous communities and
entrepreneurial endeavors. Moreover, depending on the different localizations of indigenous
communities, such studies could focus on indigenous businesses and small enterprises or on
indigenous entrepreneurial activities. A more sophisticated articulation of these activities
needs to be further explored for the advancement of the field. Also, the importance of the
localization of indigenous peoples and communities on the development of different
indigenous entrepreneurial forms suggests that indigenous entrepreneurship should be
further explored through the concept of indigenous entrepreneurial ecosystems, including
the notion of territoriality and resources available in urban, rural and remote contexts.
Concerning the practical contributions, the classification proposed may help policy makers
develop programs tailored more effectively to the contexts within which indigenous peoples
live and function as indigenous entrepreneurs. Following the results of this systematic
review, this is particularly relevant as access to finance is not the only effective measure for
meeting the needs of all indigenous entrepreneurs. This is because, depending on the urban,
rural, and remote entrepreneurship models, indigenous entrepreneurial development needs
can vary. For example, the governmental strategies adopted for indigenous peoples in urban
contexts may not be effective for communities in rural or remote contexts because these
communities conceive of and practice indigenous entrepreneurship differently.
The policies implemented therefore, must understand and acknowledge the authentic forms
of indigenous entrepreneurship in various locations and indigenous contexts and examine
the potential of certain assimilative policies. Therefore, contingent approaches for
indigenous entrepreneurship development could be proposed on the bases of the
localization and structure of the indigenous communities around the globe. Consideration
must also be given to diversifying the programs and initiatives offered to the variety of
indigenous entrepreneurs according to the three indigenous entrepreneurship models
proposed in this study.
Regarding future research avenues, a broader systematic review of literature could be
considered that includes academic literature on indigenous entrepreneurship that falls
outside of mainstream ‘quality’ sources (i.e., ABDC ranking). This may provide a wider
45
range of literature to explore and understand the conceptualization and practice of
indigenous entrepreneurship in order to test the face validity and applicability of contextual
classifications of indigenous entrepreneurship models proposed in this study. A qualitative
meta-analysis could also be an important step to broadening the analysis according to the
three models identified. Above all, what this study has confirmed is that it is important to
contextually analyze indigenous entrepreneurship as an outcome of the relationship between
indigenous peoples, indigenous cultures and the environments in which they live.
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50
CHAPITRE 3
ENTREPRENEURIAT AUTOCTHONE :
PERSPECTIVE NATIONALE
Le troisième chapitre 7 fait suite au premier article sur la littérature internationale sur
l’entrepreneuriat autochtone et présente une analyse contextuelle de l’entrepreneuriat
autochtone à l’échelle nationale et dans le contexte canadien, plus particulièrement. Il a
comme objectif de prendre en compte les particularités qui peuvent exister au pays en ce qui
a trait aux pratiques liées à l’entrepreneuriat autochtone. Une revue de littérature qui a été
mené sur l’entrepreneuriat autochtone dans le contexte canadien a permis de faire émerger
ses particularités et de cibler trois dimensions de la diversité : 1) la dimension socioculturelle;
2) la dimension institutionnelle; 3) la dimension financière. L’analyse présentée dans le
présent chapitre a fait l’objet d’une publication dans un ouvrage collectif portant sur la
diversité, l’inclusion et le management dans les perspectives nationales. Ce chapitre est
reproduit dans la présente thèse avec l’autorisation de son éditeur, Emerald Publishing
Limited 8.
3.1 Introduction générale
La question de l’entrepreneuriat autochtone soulève une certaine complexité dans son
analyse, non seulement parce qu’elle est liée aux questions du développement
socioéconomique, mais aussi parce qu’elle est conditionnée par plusieurs aspects
sociopolitiques. En effet, dans certains contextes, notamment celui du Canada,
7Croce, F. (2019). Indigenous Entrepreneurship (IE), Society and the Dimensions of Diversity: An Overview of the Canadian National Context, in: Georgiadou, A., Gonzalez-Perez, M.A. and Olivas-Lujan, M.R. (dir.). Diversity within diversity management: Country-based perspectives. Advanced Series in Management. Emerald Group Publishing. DOI of the chapter: 10.1108/S1877-63612019000002101. 8 Le chapitre est © Emerald Publishing Limited et la présente version a été autorisée à apparaître dans cette thèse. Emerald n’accorde pas la permission de copier, distribuer ou héberger ce chapitre ailleurs sans l’autorisation expresse d’Emerald Publishing Limited.
51
l’entrepreneuriat autochtone est conditionné par les traités et les revendications territoriales
qui lient les autochtones comme les allochtones (Asch, 1997; Belanger, 2008), par les aspects
relatifs à la gouvernance (Anderson et Giberson, 2003) et par plusieurs aspects législatifs (Loi
sur les Indiens, 1876), lesquels déterminent un ensemble de règles normatives et
institutionnelles (Bherer, Gagnon et Roberge, 1989) ayant un impact considérable sur les
pratiques des entrepreneurs autochtones à l’intérieur et à l’extérieur des réserves.
Enfin, le chapitre fait suite à l’analyse proposée dans la revue systématique en entrepreneuriat
autochtone et a pour but de dépasser, du point de vue de l’analyse, les généralités inhérentes
aux trois modèles entrepreneuriaux autochtones présentés dans la revue systématique. Ainsi,
le chapitre analyse les particularités du phénomène à l’échelle nationale. À la suite d’une
revue de littérature propre au contexte canadien, trois dimensions de la diversité inhérente à
l’entrepreneuriat autochtone au Canada ont été cernées : la dimension socioculturelle; la
dimension institutionnelle et la dimension financière. En conclusion, le chapitre dévoile des
pistes de recherche possibles sur le sujet.
3.2 « Indigenous Entrepreneurship, Society and the Dimensions of Diversity:
An Overview of the Canadian National Context »
Indigenous groups make up a minority of the peoples living on the five continents (United
Nations, 2009). They are identified as the first inhabitants of a territory and have experienced
colonization (Peredo, Anderson, Galbraith, Honig and Dana, 2004). As a consequence of
this process of colonization and domination, indigenous peoples still face discrimination and
social barriers in various contemporary societies (Dana and Anderson, 2007).
From a sociocultural standpoint, there is great diversity among indigenous groups (United
Nations, 2009). This high level of diversity renders the classification of indigenous peoples
rather complex. The United Nations recognizes about 5000 indigenous groups globally
(United Nations, 2009). Thus, there are so many indigenous groups, representing so many
cultures, languages and indigenous identities, that according to the United Nations, the issue
is better considered in terms of self-identification in which indigenous peoples identify
themselves as being part of an indigenous group (United Nations, 2009).
52
Importantly, regarding indigenous peoples, diversity is not only inherent to the differences
between indigenous groups and indigenous cultures, but also to the national context in
which indigenous peoples are situated. Indigenous groups are found in both developing
countries in Africa and Asia and in developed countries such as Canada, Australia and the
United States. These countries vary greatly in terms of economic growth, socio-economic
development and institutional orientation.
As a consequence, when conducting a sociological analysis of the issues facing indigenous
peoples, some structural features must also be considered in the contextual analysis in order
to consider the different national global contexts. Despite sharing a common experience of
discrimination, colonization and abuse, we must keep in mind certain historical aspects
regarding the different ways indigenous peoples have evolved depending on their specific
country (e.g. Armitage, 1995) and which still affect how indigenous peoples live in these
countries and practice entrepreneurship. While IE refers to globally recognized
entrepreneurial practices (Croce, 2017; Dana and Anderson, 2007), there are certain unique
features in each nation depending on the social aspects and structural factors of the societies
at the national level.
IE in Canada is a growing entrepreneurial phenomenon (Canadian Council for Aboriginal
Business, 2016 ; Flanagan, Alcantara and Le Dressay, 2010) and the government supports it
(e.g. Aboriginal Business and Entrepreneurship Development -ABED - Indigenous and
Northern Affairs Canada).
The current IE boom has been identified as a strategy for improving the condition of
aboriginal peoples all across the country. In fact, in recent years, there has been a growing
interest in the situation of Aboriginal peoples in Canada and entrepreneurship seems to
provide a potential solution for indigenous peoples who are still facing poverty and social
discrimination (e.g. Anderson, 1999; 2001). Inspired by this emerging phenomenon and its
importance in the Canadian context, this paper aims to explore how diversity in this
particular context affects the practice of IE.
53
Thus, this chapter aims to offer an overview of IE in the specific context of Canada. Even
though IE is practised everywhere and certain global entrepreneurial models have been
identified (e.g. Croce, 2017), IE must also be analyzed and contextualized in the specific
frameworks that are represented by the national contexts globally.
There are some specific features that indigenous entrepreneurs face and non-indigenous
entrepreneurs do not. Taking into account diversity in the particular Canadian context,
which is identified across three dimensions: 1) the cultural dimension; 2) the institutional
dimension and; 3) the financial dimension, a contextual analysis is offered in this chapter for
the Canadian context.
After the introduction, this chapter is organized as follows: The first section introduces IE
research and demonstrates how this research theme has been incorporated into the scientific
literature on entrepreneurship and how it has managed to distinguish itself as a research
field. The second section introduces the main indigenous groups of Canada, the Canadian IE
perspective and the three dimensions of diversity. In the discussion, the relationship and
interactions between these dimensions are analyzed in relation to IE in the Canadian
context. This chapter’s main contribution is to explore the IE frameworks at the national
level. In the conclusion, research avenues and limitations will be explored.
Indigenous Entrepreneurship (IE) Research Area
In the literature, IE has been defined as “the creation, management and development of new
ventures by Indigenous people for the benefit of Indigenous people” (Hindle and
Lansdowne, 2005: 132). According to this definition, IE is an entrepreneurial business
venture adopted by a particular category of people, indigenous people, for the purposes and
objectives of indigenous peoples. Even so, it has been argued that IE goes beyond this
restricted definition and also encompasses the traditional economic activities of indigenous
peoples other than simple business creation (e.g. Croce, 2017; Dana and Anderson, 2007).
Even though it represents a recent research topic, the analysis of IE in the literature is not
new. The first IE studies appeared in the past two decades (e.g. Anderson, 1997, 1999, 2002;
Anderson, Honig and Peredo, 2006; Dana, 1995; 1996; 2007; 2010; Dana and Anderson,
54
2007; Foley, 2003; 2008). From a practical perspective, these first IE studies focused on the
socio-political attention dedicated to indigenous peoples. In fact, indigenous peoples still
face difficult living conditions and social problems including marginalization, language
barriers, poverty, violence, low educational attainment, abuse and land grabbing (e.g. Wood
and Davidson, 2011). The major international development organizations, such as the
United Nations and the World Bank, have also recognized the importance of indigenous
issues worldwide.
Within IE, therefore, entrepreneurship is identified as a lever for socio-economic
development of this population (Anderson, 2001; Hindle and Lansdowne, 2005; Hindle and
Moroz, 2009; Peredo et al., 2004). For example, the Harvard Project on American Indian
Economic Development (1987), set up by two professors from Harvard University (Cornell
and Kalt, 2007), aimed to understand the determining factors for the socio-economic
development of indigenous communities in the United States.
Beyond the socio-political circumstances that contribute to the emergence of IE’s analysis,
another aspect can be established to contextualize IE’s origin at the theoretical level. Over
the last two decades, the research theme of Social Entrepreneurship has emerged (e.g.
Austin, Stevenson and Wei-Skillern, 2006; Johnson, 2000; Peredo and McLean, 2006;
Roberts and Woods, 2005; Zadek and Thake, 1997), which is defined as entrepreneurial
activities with social objectives (Fayollle and Matlay, 2010) or with a social mission (Peredo
and McLean, 2006). Therefore, SE differs from commercial entrepreneurship because, while
commercial entrepreneurs have a financial goal, social entrepreneurs have a social goal
(Austin et al., 2006; Roberts and Woods, 2005).
SE has emerged as a new approach to addressing the social problems of populations and to
cope with reduced funding for public initiatives (Johnson, 2000). A social enterprise is a
business which may conduct lucrative activity but whose goal is to meet the needs that the
entrepreneurs have identified within society. In sum, the main characteristic of social
entrepreneurship is the creation of social value rather than economic value at the individual
level (e.g. Zadek and Thake, 1997). As IE seems to focus on the socio-economic
development of indigenous communities, IE can be contextualized within the broader
55
research theme represented by SE. For example, Tapsell and Woods (2008; 2010) have
argued that IE has an important role to play in the theoretical development of SE.
Anderson, Honig and Peredo (2006) explained that IE is a form of entrepreneurship that
exists at the intersection of social and economic entrepreneurship.
The Aboriginal Peoples of Canada: Society and Diversity within Diversity The Canadian constitution (1982) recognizes three groups of Aboriginal peoples, the Indian,
the Metis and the Inuit peoples of Canada. According to Statistics Canada (2016), Aboriginal
peoples represent about 4.9% of the total Canadian population. The majority of Aboriginal
peoples in Canada identify as First Nations, totalling about 977, 230 (Statistics Canada,
2016). The Metis represent about 587,545 people (Statistics Canada, 2016) followed by the
Inuit, who make up a minority at 65,025 (Statistics Canada). The majority of First Nations
people hold registered Indian status and live on reservations (Statistics Canada, 2016). Most
Inuit people live in the Inuit Nunangat in the four Inuit regions of Northern Canada,
specifically, Nunavut, Nunavik, Inuvialuit and Nunatsiavut.
Even though indigenous groups represent a minority of Canadians, they also represent a
growing population when compared to the non-indigenous population (Statistics Canada,
2016). According to Statistics Canada, from 2006 to 2016, the indigenous population
increased by 42.5%. Moreover, this population is also young, with an average age of 32 years
old (Statistics Canada, 2016). Within these groups, there is also great linguistic diversity:
more than 70 indigenous languages are spoken across Canada (Statistics Canada, 2016).
Canada is home to over 50 First Nations groups and more than 630 First nation
communities (Indigenous and Northern Affairs Canada website - Government of Canada).
Indigenous peoples are part of Canada’s history (e.g. Morton, 2017). Specifically, this history
was one of colonization regarding the indigenous peoples within the Canadian society and
the assimilation policies that have been implemented. The cultural appropriation inherent to
the colonization process (Henderson and Wakenham, 2009) was represented by a policy of
Indian assimilation and Indian protection (Leslie, 2002). However, this process of
colonization has been considered a form of cultural genocide (MacDonald, 2007).
Indigenous residential schools – IRS - (MacDonald, 2007; Stanton, 2011) were established
56
(from the mid 1880s until the 1970s) which housed more than 100,000 indigenous children
(MacDonald, 2007). The Royal Commission on aboriginal Peoples and Truth and Reconciliation
Commission of Canada (TRC) is a commission established for the purpose of documenting the
impact of residential schools (Niezen, 2013).
The Indian Act passed in 1876 and still in effect today, had a complex evolution (Leslie,
2002). With the Indian Act, the government outlined the criteria an individual must meet to
be considered an Indian and hold Indian status. It also outlined the legal rights accorded to
Indians and the administration of reserves with the formation of Band Councils. However,
the Indian Act does not apply to the Inuit or Metis peoples, even though the Canadian
constitution recognizes three groups of Aboriginal peoples (Indians, Metis and Inuit). Inuit
peoples have a long history of land claims and striving for self-determination (e.g. Dahl,
Hicks and Jull, 2000) whereas the Metis have been also recognized as Aboriginal peoples of
Canada (e.g. Andersen, 2011).
Regarding the practice of entrepreneurship, how is this practice shaped by the diversity
represented among the Aboriginal peoples of Canada as compared to the non-indigenous
population? How does the history of indigenous peoples and their colonization still affect
the current expression of this entrepreneurship? The answers to these questions are complex
when considering the diversity within diversity that defines the indigenous peoples of
Canada. Nonetheless, it is possible to offer an overview of IE in Canada that takes into
account the scope of this diversity and its multiple dimensions in society. When analyzing
IE, diversity is not only a key concept because of the diversity among indigenous peoples,
but also because of the historical and structural features of the context in which they are
located.
Thus, this chapter provides a contextual analysis. Indigenous peoples represent diversity
within Canadian society, and this diversity has been analyzed at different levels. The
dimensions of diversity have been taken into consideration to offer an overview for the
analysis of IE that could serve further discussions and inform the management of diversity
regarding IE across national contexts. A review of the literature has revealed specific
dimensions. When these are examined individually and together, they offer a unique analysis
57
and perspective of IE in the Canadian context which takes into account both the ambitions
of indigenous entrepreneurs as individual and the features of the context in which they live.
These features are the outcomes of history, the process of colonization and the concrete
opportunities indigenous peoples have for practising IE across the national contexts.
The Socio-Cultural Dimension o f IE in Canada
Despite the differences between the aboriginal groups living in Canada (Statistics Canada,
2016), these three groups share some common challenges within Canadian society. As in
almost every society where indigenous peoples live, indigenous peoples must strive for their
rights and self-determination. The issue of recognition as indigenous peoples within
Canadian society is also very important (e.g. Coulthard, 2007). When it comes to IE in
Canada, one of the most important aspects to highlight is the sociocultural aspect affecting
its expression. Aboriginal peoples have undergone a process of colonization which has led
them to a condition of marginalization and inferiority over the years.
In fact, IE in the contemporary Canadian context has been identified as a strategy for
indigenous communities to overcome the poverty they face (e.g. Anderson and Giberson,
2003). This is connected to the social situation experienced by the majority of the Aboriginal
peoples of Canada, specifically, the First Nations living on Indian reserves. The indigenous
peoples of Canada also still face discrimination and marginalization resulting from structural
barriers in society (e.g. Barsh, 1994). Therefore, the first dimension that emerges in the
analysis of IE in the Canadian context is the sociocultural dimension.
In both their practices and outlook, indigenous and non-indigenous entrepreneurs differ
with respect to entrepreneurship. Many studies support the assertion that indigenous
entrepreneurs are influenced by their values, norms and worldviews (e.g. Dana and
Anderson, 2007).
Although there are many indigenous cultures in Canada, they share a particular worldview
and certain common values. Indigenous entrepreneurs seem to be mainly motivated by non-
economic factors rather than economic ones (Lindsay, 2005). In this perspective, for
indigenous entrepreneurs the well-being of community members is more important than
individual profit (e.g. Anderson and Giberson, 2003). Indeed, one of the main motivations
58
identified is to ensure socio-economic development to improve living conditions and
promote social well-being and a sense of belonging in their communities (Lindsay, 2005;
Lituchy et al., 2006; Tapsell and Woods, 2008b; Wood and Davidson, 2001).
Entrepreneurship is linked to indigenous identities and there is a need to support IE while
respecting indigenous values and cultures (e.g. Chapman, McCaskill and Newhouse, 1992;
Gallagher and Lawrence, 2012). It is also important for indigenous peoples to see how their
values can take shapes through indigenous business development (e.g. Anderson and
Giberson, 2003; Anderson, Kayseas, Dana and Hindle, 2004).
The Inst i tut ional Dimension o f IE in Canada
Another important aspect affecting the expression of IE in Canada relates to the political
dimension. Some Aboriginal peoples in Canada (except for the Inuit, Metis and non-status
Indians) are still subject to the Indian Act, created in 1876 by the Canadian Parliament under
the British North America Act of 1867. The Indian Act defines the Indian status, their legal
rights and the administration of reserves with the establishment of Band Councils, which
replaced the various forms of indigenous governments that existed prior to colonization.
With the creation and establishment of the Band Council (1867), the government affected
indigenous entrepreneurial development. Bherer and colleagues (Bherer, Gagnon and
Roberge, 1989) explained some of the institutional constraints associated with IE in Canada,
including the Indian Act and its economic and legislative implications, highlighting how the
legislative framework had an enormous impact on the lives of indigenous entrepreneurs. For
example, the Band Council influences the entrepreneurial activities and choices of individual
entrepreneurs because in certain remote communities, it acts as a collective entrepreneur by
setting up business communities (Bherer et al., 1989). The Band Council can play an
important role in land claims and bargaining processes that result in significant economic
spin-offs for these indigenous business communities (Anderson et al., 2004). Another
important issue is access to the land and property held by the Band Council and the limited
space on the reservations (Cachon, 2000).
Governance and political aspects that affect IE include Band Councils that influence
59
entrepreneurial activity at different stages (Kayseas, Hindle and Anderson, 2006; Bherer,
Gagnon and Roberge, 1989), as the lack of community support for business creation
projects (e.g. Weir, 2007). Regarding the Indian Act, it curbs off-reservation aboriginal
economic contributions because it limits commercial transactions and loans (Kayseas, Hindle
and Anderson, 2006). For example, because of the unseizable goods on the reserves, it is
difficult for indigenous entrepreneurs to obtain a bank loan from conventional financial
institutions (Kayseas et al., 2006). Entrepreneurship for the Aboriginal peoples of Canada is
therefore limited by property rights issues (Flanagan, Alcantara and Le Dressay, 2010).
The Financial Dimension o f IE in Canada
When it comes to entrepreneurship, access to both social and financial capital is important
for entrepreneurs. However, the Aboriginal peoples of Canada still have limited access to
information networks on business opportunities specific to aboriginal entrepreneurs and
social capital (e.g. Cachon, 2000). In addition, Aboriginal peoples also face significant
barriers accessing financial capital (e.g. Ketilson, 2014; Ferrazzi, 1989; Lituchy et al., 2007).
Literature underlines that access to capital and funding opportunities represents one of the
major barriers to IE in Canada (Anderson, 2002; Lituchy et al., 2007; Ferrazzi, 1989;
Ketilson, 2014; Weir, 2007) as this involves access to traditional financial banking systems
and attracting investors onto reserves (e.g. Cachon, 2000). This is because the unseizable
goods on the reservation make it difficult for aboriginal entrepreneurs to obtain a bank loan
from conventional financial institutions (Cachon, 2000; Kayseas, Hindle and Anderson,
2006).
Regarding access to capital, resources and expertise, partnership with non-aboriginal
institution seems to present a good solution (e.g. Ferrazzi, 1989; Boyd and Trosper, 2009).
Even though indigenous entrepreneurs have limited access to funding when compared to
non-indigenous entrepreneurs across the country, there are some specific institutions, such
as the Aboriginal Financial Institutions, that provide financial access to indigenous
entrepreneurs (Indigenous and Northern Affairs Canada). However, access to funding still
remains one of the main issues that must be improved when it comes to aboriginal
businesses in Canada (Canadian Council for Aboriginal Business, 2016).
60
Discussion
This chapter has provided an analysis of IE in the Canadian context that considers the
diversity, sociocultural, institutional and financial dimensions. This analysis supports the idea
that IE should be analyzed in a systemic and contextualized manner (e.g. Hindle, 2010;
Welter, 2006) and should be thought of as a process.
In reference to the World Bank’s definition, Peredo and colleagues (2004) point out specific
factors that need to be considered when it comes to indigenous peoples. These include a
“close attachment to ancestral territories and the natural resources in them; 2) the presence
of customary social and political institutions; 3) economic systems primarily oriented to
subsistence production; 4) an indigenous language, often different from the predominant
language and 5) self-identification and identification by others as members of a distinct
cultural group” (Peredo et al., 2004: 4).
Thus, beyond all of the cultural aspects specific to indigenous peoples and having a
significant impact on their entrepreneurial practices (Foley, 2008), it is important to take into
account the legislative, political and territorial aspects specific to certain indigenous
populations (e.g. Cornell and Kalt, 2000). IE in Canada is characterized by the complex
interaction of all of these aspects, which in one way or another, determine the choices made
by indigenous entrepreneurs or aspiring indigenous entrepreneurs and the development of
their business.
Above all, when it comes to IE, the developed economies paradigm as a base for
entrepreneurship needs to be reconsidered. This is because indigenous entrepreneurs are not
only creative individuals bringing innovation to the economy in the Shumpeterian sense -
tending towards opportunity identification, they are also individuals responding to personal
or social objectives.
The indigenous entrepreneur’s social and cultural environment can influence the form of
their entrepreneurship and the conception of the indigenous entrepreneur’s social desirability
(Bherer et al., 1989). In a way, this represents a paradigm shift when it comes to approaching
IE, as most entrepreneurial theories developed to explain entrepreneurial behaviour are not
61
adequate for understanding IE.
Studies of IE have shown how the indigenous values, context and social norms influence the
concept of entrepreneurship, which seems to be more socially oriented than economically
oriented. For example, performance indicators (Djik, 1996), which are widely used in the
entrepreneurial literature, such as growth factors, turnover and number of employees, are
not very suitable for measuring the performance of some indigenous businesses. Indigenous
entrepreneurs do not necessarily have the same aspirations as non-indigenous entrepreneurs.
Lindsay (2005) notes that indigenous entrepreneurs accord importance to interpersonal
relationships and intangible values rather than to material values associated with wealth
accumulation. Thus, it is important to recall that even if indigenous entrepreneurs are
present on the five continents (Dana and Anderson, 2007) and different indigenous
entrepreneurial models have been identified (e.g. Croce, 2017), there are some differences
according to the national context. The financial and institutional dimensions analyzed in this
chapter are a good example of cross-countries potential differences.
Conclusion
This chapter offered an overview of IE in the national Canadian context, taking into account
this country’s history of colonization and its effects on contemporary Canadian society
regarding the practices of Aboriginal peoples. This is particularly true with respect to the
First Nations communities living on reserves. This analysis linked the sociological aspect of
IE to the interrelated historical, socio-cultural, political and financial dimensions.
However, the analysis presented in this chapter contains some limitations. Analyzing IE in
the specific Canadian context is complicated by the diversity between the Aboriginal groups
in this country. These include Indians - registered Indians and non-status Indians- Metis and
the Inuit. Additionally, the Indian Act still affects the practices of indigenous entrepreneurs,
particularly the First Nations peoples over of all living on the Indian reserves.
Future research should, therefore, attempt to provide a more in-depth dimensional analysis
including these three groups of indigenous peoples and analyzing the similarities and
differences between them. Exploring the above-mentioned dimensions within the three
62
groups could be a good research avenue for better understanding IE in the Canadian
context, particularly regarding the Metis, non-status Indians and urban Aboriginals.
Nonetheless, analyzing the IE framework in contemporary societies is an interesting research
avenue that must be explored, not only to compare the differences between developing and
developed countries, but also within various developed countries. Therefore, a sociological
approach to IE is needed to have a better understanding of this phenomenon.
Beyond all cultural aspects specific to indigenous peoples and which have a significant
impact on entrepreneurial practices (Foley, 2008), it is important to take into account the
legislative, political and territorial aspects specific to certain indigenous populations (Cornell
and Kalt, 2000) and the socio-political mechanisms that differentiate indigenous populations
throughout the world. IE is characterized by the complexity of all these aspects, which in
one way or another determine the choices made by entrepreneurs or aspiring indigenous
entrepreneurs and the development of their businesses.
It can be concluded, therefore, that IE practises represent the visible part of the iceberg. The
multiple interrelated political dynamics and history are at the bottom. Thus, it is difficult to
understand IE without taking into account the history and socio-political aspects that
underlie this phenomenon. It is important to understand the colonial history in different
countries and the effect this history still has on IE. It has been argued that entrepreneurship
is not a universal phenomenon (Welter, 2011), and thus, exploring the dynamics that
influence the social construction of IE remains a fascinating research adventure, both for
developed and developing countries, where indigenous peoples are practising
entrepreneurship.
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68
CHAPITRE 4
ENTREPRENEURIAT AUTOCHTONE : PERSPECTIVE DE GENRE
Le quatrième chapitre, présente, quant à lui, un article de nature conceptuelle qui a été publié
en juin 2019 dans la revue académique Ethnic & Racial Studies9. L’article en question propose
une analyse de l’EFA comme thème de recherche émergent qui intègre à la fois la
perspective autochtone et la perspective de genre. Pour cela, cet article mobilise le cadre
théorique de l’intersectionnalité et de la positionnalité qui permettent de comprendre comment
plusieurs dimensions identitaires peuvent assumer certaines formes entrepreneuriales
uniques. Les outils analytiques mobilisés permettent d’intégrer plusieurs concepts, dans ce
cas l’identité de genre et l’identité autochtones, dans une seule dimension d’analyse. Cet
article propose, donc, de croiser les deux perspectives afin de dégager les particularités qui
sont propres à l’EFA.
4.1 « Indigenous women entrepreneurship : analysis of an emerging research
theme at the intersection of indigenous entrepreneurship and women
entrepreneurship»
While indigenous women represent one of the most socially marginalized populations in the
world (International Fund for Agricultural Development [IFAD], 2004), entrepreneurship
has often been highlighted as an important – even magical – force for women’s
empowerment (International Labour Organization [ILO], 2011) and socio-economic
development of women in poverty (e.g. Miniti, 2010; Shah and Saurabh, 2015; Terjesen and
Amoros, 2010; Williams, 2009; Williams and Martinez, 2014).
Despite the assumption that developing an entrepreneurial spirit among indigenous women
could contribute to the promotion of their well-being and that of their home communities,
scholars have, until now, dedicated limited attention to explore indigenous women
entrepreneurship (IWE), which remains a research topic underrepresented in the academia. 9Dans ce chapitre, la version initiale de l’article est présentée.
69
In fact, even though there have been several studies on women entrepreneurship (WE; e.g.
Ahl, 2006; Bardasi, Sabarwal, and Terrell, 2011) and on indigenous entrepreneurship (IE; e.g.
Anderson, 1999, 2002; Dana, 1996, 2007; Foley, 2003, 2008a), particularly in the context of
North America, these two perspectives have rarely intersected until now, and very little has
been analysed and discussed when it comes to the specificities of IWE. What happens, thus,
when the indigenous and gender perspectives combine and intersect with entrepreneurship?
This study aims to fill this gap in the literature by analysing IWE at the intersection of these
two perspectives; as IWE combines three conceptual dimensions – indigenousness, gender,
and entrepreneurship – that are integrated in a unique research theme, the way gender and
indigenousness intersect and shape indigenous women’s experiences deserve to be
theoretically explored. To perform this intersectional analysis, the emerging phenomenon of
IWE is, therefore, considered at the intersection of WE, IE, and entrepreneurship, as
illustrated in Figure 1.
Figure 1. Conceptual dimensions integrated in IWE’s analysis
Entrepreneurship(E)
IndigenousEntrepreneurship
(IE)
WomenEntrepreneurship
(WE)
IndigenousWomenEntrepreneurship
(IWE)
70
This study highlights the structural complexity of IWE and provides an analytical framework
for the understanding of IWE within intersectionality and positionality (e.g. Anthias, 2013,
2014; Romero and Valdez, 2016), which are analytical tools that make it possible to
understand how diverse and complex the entrepreneurial experiences of indigenous women
can be. More particularly, this breadth of experience is analysed and framed according to
different realities, practices, and identities of indigenous women entrepreneurs globally.
This study therefore contributes to the research framing development of IWE, in terms of
explaining what theoretical and practical implications it may have. The analysis of IWE
provided in this paper represents a first step in gaining insights into the dimensions that need
to be explored and considered in the theoretical development of IWE and its future research
agenda. At the practical level, the outcomes of the analysis provided in this paper can serve
to support international organizations in promoting indigenous women’s empowerment
through adapted and effective entrepreneurial initiatives inspired by the characteristics of
IWE.
Following the introduction, this paper is organized as follows: first, the emergence of IWE
in the mainstream field of entrepreneurship is contextualized in terms of the contemporary
attention and empowerment of indigenous women globally. After this sociological analysis,
the methodology section is introduced, providing the databases searched for the realization
of this conceptual paper. Following the analysis of selected papers, main intersections
between IWE, IE, and WE, are presented, incorporating the theories of intersectionality and
positionality. Finally, in the conclusions, theoretical and practical implications of this study
are outlined.
A sociological overview of the emergence of IWE in the field of entrepreneurship
Unfortunately, indigenous women face additional gender-based problems, including poverty
and limited access to education (Towar and Irazabal, 2014; Gentry and Metz, 2017; Moyle
and Dollard, 2008; Wood and Davidson, 2011). Even more strikingly, they are often victims
of different forms of violence, such as sexual, psychological, and physical violence (Amnesty
International, 2014); importantly, indigenous women are victims of violence not only in main
societies, but also in their own indigenous communities, where sexism is very prevalent
71
(Forum Internacional de Mujeras Indigenas [FIMI], 2006; Pearson and Daff, 2014; Todd,
2012). The societal discrimination indigenous women encounter leaves them extremely
vulnerable and exposes them to many risks, particularly in developing countries
(Dimitrakopoulu, 1994; Wilson, Gamez and Ivanova, 2010).
Violence against indigenous women has been regarded as “femicide”, in consideration of the
characteristics that this phenomenon assumes and the number of murdered and missing
indigenous women across the world (FIMI, 2006; Romero, Estrada, Marceau and Rice,
2017); in some developed countries, such as Canada, it has been also considered “a national
human rights crisis” (Amnesty International, 2014, p. 2), and missing or murdered
indigenous women have been the focus of a national inquiry into Missing and Murdered
Indigenous Women and Girls (MMIWG), which was established to understand the causes of
the systemic discrimination that indigenous women face in the Canadian national context,
with the objective of identifying recommendations on the issue of indigenous women with
regard to policies and practices.
Although several associations have been created around the world to support the causes and
struggles of indigenous women in their everyday lives (e.g. Native Women's Association of
Canada, [NWAC]; Quebec Native Women, [FAQ]; Ontario Native Women Association,
[ONWA]; The National Aboriginal and Torres Women's Alliance Strait Islander,
[NATSIWA]; etc.), understanding the causes of the gender-based violence that indigenous
women experience in different contexts globally remains a very complex analysis (e.g.
Burman, 2016). The main systems of domination intersect with structural inequities within
indigenous communities and, as result of the interrelations of these complex dynamics,
discrimination and marginalization emerge as central to social status definitions of mostly
indigenous women.
Regarding the situation of indigenous women in Canada, Gerber (2014) refers to the triple
discrimination that indigenous women experience, related to race, in being indigenous, to
institutional constraints, as subjects of the Indian Act (1876), and to gender, in being
women. Until 1985, indigenous women who married white men lost their “Indian status”,
unlike their male counterparts, and consequentially lost the right to live on reserves and all
72
other benefits specific to indigenous members of an indigenous community (Gerber, 2014).
Stout and Kipling (1998) also pointed out that discrimination against indigenous women
occurs at several levels, as they are discriminated against and victimized not only in white
contemporary societies as a minority of the social categories of women and indigenous
people, but also, more importantly, within their own indigenous communities, where sexism
and lateral violence are very prevalent (Pearson and Daff, 2014; Todd, 2012).
If it is clear, however, that indigenous women experience multiple levels of systemic
discrimination and marginalization in both societies and indigenous communities, it is also
evident that their ways of life and their entrepreneurial and economic roles in communities
have been under-explored, owing to the patriarchal colonial logic that excludes women from
the decision-making process (Kuokkanen, 2011). In fact, until now, very little focus has been
placed on the leadership and traditional knowledge-transfer roles assigned to indigenous
women within their own communities, and how this could empower them when it comes to
entrepreneurship, based on their economic potential to improve their living conditions and
those of the community’s members (Dzisi, 2010; Ward and Kiruswa, 2013). In fact, research
surrounding the issues of indigenous women has mainly been the focus of anthropologists
and sociologists (Gondon and Stern, 1993; Wilson, 2005), whose studies have mainly
focused on social issues, difficulties, and the systematic discrimination faced by indigenous
women in contemporary societies and are based on Western perspectives influenced by
colonial logic.
Thus, indigenous women’s entrepreneurial potential has been neglected not only at practical
levels but also in the academy; in fact, when compared to the WE studies that began to
appear in the late 1980s in the entrepreneurial literature (e.g. Brush, 1992; Hisrich and Brush,
1985, 1987), IWE studies were late to arrive, as were funding and business start-up programs
specifically meant for indigenous women’s entrepreneurial and economic development,
unlike funding programs for women entrepreneurs in general, which were established in the
late 1980s.
IWE is not merely a new topic in academia; importantly, it is its emergence that needs to be
underlined. In fact, the emergence of this promising research theme in the field of
73
entrepreneurship needs to be contextualized and understood within the current push for
global gender equality and ending gender-based violence for indigenous women overall.
Indigenous women are recognized not only because they have an important role in achieving
sustainable development goals (IFAD, 2004), but also because they are leading their own
emancipation process and gender self-determination within communities.
Aligned with the sociological analysis of this group of underrepresented and marginalized
entrepreneurs who are indigenous women, the emergence of IWE highlights the
understanding of indigenous women’s activities as a tool for advancing self-emancipation,
leadership development, well-being, and self-confidence through economic and social
empowerment (e.g. Rindova, Barry, and Ketchen Jr, 2009; Qureshi, Pervez, and Sudhir,
2016; Movono and Dahles, 2017; Kuokkanen, 2011). If different research perspectives
coexist within the mainstream field of entrepreneurship – based on opportunity recognition,
economic innovation and/or internationalization (e.g. Shane and Venkataraman, 2000), and
entrepreneurial behaviour – the emergence of IWE in the mainstream field of
entrepreneurship shapes the sociological conceptual framework based on the interrelation of
violence, self-determination, and the emancipation of indigenous women, as illustrated in
Figure 2.
Figure 2. Sociological framework for the emergence of IWE in the field
IWE’sEmergence
ViolenceandDiscriminations
IndigenousWomenEmancipation
IndigenousSelf–Discrimination
74
Methodology
For the purpose of this study, a literature review was conducted. Different databases on
various fields of study were searched, as this topic requires a multidisciplinary research
approach, including contributions from sociology, anthropology, entrepreneurship, and
management. The selected databases included businesses databases (ABI/Inform Global,
Business Source and Entrepreneurial Studies Source), a sociological database (Sociological
Abstract), a Feminist database (Women Studies International), and Google Scholar.
According to the framework presented related to the emergence of IWE, the literature
review was conducted using the following search keywords: “indigenous women” AND
“entrepreneurship” OR “economic empowerment”. In consideration of the emergence of
the topic, no temporal horizons and language restrictions were applied for these research
articles, and all peer-reviewed academic articles were included in the analysis. Pertinent
articles were selected based on a reading of the abstracts; the selected papers are presented
and analysed in the section below, and they provide an overview of the existing studies on
IWE in order to identify the trends and commonalities, main concepts, and research
perspectives that are related to the analysis of this emerging research topic.
IWE Research Area: Presentation and Analysis
Querying the selected databases highlights the fact that academic articles on this topic are
still a rarity within mainstream entrepreneurship literature. Fewer than twenty international
research articles on indigenous women entrepreneurs have been identified worldwide, both
in developed regions such as Europe (Udén, 2008), Australia (Moyle and Dollard, 2008;
Pearson and Daff, 2014; Pearson and Helms, 2012; Wood and Davidson, 2011), and Canada
(e.g. Diochon, 2014; Lituchy, Reavley, Lvina, and Abraira, 2006; Orser and Riding, 2016;
Todd, 2012) and in developing regions such as Africa (Chamlee-Wright, 2002; Dzisi, 2008;
Witbooi and Ukpere, 2011), Latin America (Galindo-Reyes, Ciruela-Lorenzo, Pérez-Moreno,
and Pérez-Canto, 2016; Maguirre, Ruelas, and De La Torre, 2016; Martinez Nova, 2003), and
Asia (Movono and Dahles, 2017; Taibi, Ishak, and Tuah, 2018).
It is well recognized that indigenous communities face very distinct global realities (e.g.
United Nations, 2006) and entertain distinct cultural notions in terms of gender perspectives
75
(e.g. Padilla-Melandez and Ciruela-Lorenzo, 2018); indigenous women in communities also
lead varied lifestyles according to societal rules, community values, and structural
inequalities. Existing studies on IWE provide insights into this emerging field of study in
various global contexts. It is clear, however, that indigenous women entrepreneurs are
underrepresented in the entrepreneurial literature when compared to other categories of
entrepreneurs, such as women or indigenous entrepreneurs.
If this paucity of studies has already been underlined (e.g. Diochom, 2014; Wood and
Davidson, 2011), it appears even more evident in some northern and less populous regions,
as in the case of the Inuit regions of Canada, especially when compared to studies that have
been already conducted on indigenous men entrepreneurs in the Arctic (e.g. Dana, 1995;
Dana and Anderson, 2005; Mason, Dana, and Anderson, 2008). In fact, in Northern Canada,
where major economic activities are based on economic opportunities such as construction
or the extraction of natural resources, and entrepreneurship is traditionally considered to be
primarily a male activity (Orser and Riding, 2016), the empowerment of Inuit women is
considered a real challenge (e.g. Chamberlain, 2002).
With the exception of a study on First Nations’ women in the Atlantic region of Canada by
Diochon (2014), existing research mostly relies on qualitative approaches – such as
interviews, observations and case studies – and is primarily exploratory and aimed at
understanding the IWE phenomenon. There is also a dearth of knowledge concerning the
socio-demographic profiles of indigenous women entrepreneurs (e.g. Taibi, Ishak, and Tuah,
2018), contrary to the first wave of WE research in the 1970s and 1980s that studied the
population of women entrepreneurs by examining their psychological traits and socio-
demographic characteristics (e.g. Bardasi, Sabarwal, and Terrell, 2011; Brush, 2006; Fouquet,
2005). In fact, with regard to indigenous women entrepreneurs, Pearson and Daff (2014)
point out that the scarcity of official statistics on this population makes it difficult to carry
out a specific analysis describing their education, socio-demographic profiles, and
professional entrepreneurial and non-entrepreneurial experiences.
In IWE literature, the research approach to entrepreneurship is diversified. In some studies,
IWE has been analysed through the lenses of gender-equality achievement, indigenous
76
women’s empowerment, and business-capacity advancement for indigenous women (e.g.
Galindo-Reyes, Ciruela-Lorenzo, Pérez-Moreno, and Pérez-Canto, 2016; Maguirre, Ruelas,
and De La Torre, 2016; Moyle and Dollard, 2008; Uden, 2012). As some indigenous
communities are in primarily male-dominated cultures, studies highlight the fact that the
involvement of women in entrepreneurial activities presents them with opportunities to
achieve gender equality, better well-being, and both personal and economic empowerment
(Moyle and Dollard, 2008).
This is true both in developing and developed countries where, at different levels, indigenous
women face discrimination from the dominant society, experience poverty, and often have a
low economic status (e.g. Moyle and Dollard, 2008). In Latin America, Galindo-Reyes and
colleagues (2016) highlighted the gender inequalities of indigenous rural women living in one
of the poorer communities in Bolivia, called Tapacarí, and illustrated how cooperative-based
rural tourism initiatives can contribute and collectively improve the lives of such women
facing structural discrimination.
Importantly, existing studies also underscore some motivations of indigenous women when
they start a business (e.g. Pearson and Daff, 2014; Pearson and Helms, 2012; Taibi, Ishak,
and Tuah, 2018; Wood and Davidson, 2011). Wood and Davidson (2011), in their study of
Australian indigenous women, concluded that push factors – for example the willingness to
help members of the community escape poverty or to give children the same opportunities
afforded to their non-indigenous counterparts – are more important for indigenous women
than pull factors, which are based on individual accomplishment and financial success. Helping
family members is also a motivating factor among Melanue women, indigenous Malaysian
women who sell sago-based food products (Taibi, Ishak, and Tuah, 2018). These findings
align with the outcomes of Pearson and Daff study (2014), which considers the motivators
of Australian Aboriginal women based on two main categories: the “social motivators”,
which involve improving the living conditions of community members and upholding the
traditions of the community, and the “economic motivators”, which create economic value
for the community while providing entrepreneurs with economic independence and work
opportunities (Pearson and Daff, 2014).
77
IWE’s studies have also drawn attention to specific barriers and challenges that indigenous
women encounter in various countries with regard to entrepreneurship (e.g. Orser and
Riding, 2006; Witbooi and Ukpere, 2011). Orser and Riding (2006) specifically explored how
indigenous and non-indigenous women differ in their entrepreneurial ventures in Northern
Canada, a geographic area that has been relatively unexplored in terms of studies on
indigenous women entrepreneurs, although Dimitrakopoulu (1994) also explored this topic
in an article based on a report from the Northern Women’s Development Network
(NWDN), which included both indigenous and non-indigenous women.
Among the specific barriers, the IWE literature review underlines how financial barriers
(Lituchy et al., 2006; Todd, 2012; Moyle and Dollard, 2008; Wood and Davidson, 2011) can
impact indigenous women’s entrepreneurial activities as well as the cultural and social
stereotypes indigenous they face (Pearson and Daff, 2014; Wood and Davidson, 2011).
According to Pearson and Daff (2014), barriers can be also related to resources, such as
economic resources and transportation, as well as to culture, including a community’s
practices and values related to the social division of labour between indigenous men and
indigenous women. Chamlee-Wright (2002), in her study on Shona women, also highlighted
the strategies that urban women entrepreneurs use to overcome barriers created by an
oppressive cultural context that defines indigenous women’s economic status.
When studies on indigenous women entrepreneurs are analysed, the diverse activities and
profiles of indigenous women stand out, as IWE is represented by formal activities, such as
the development of the capacity of indigenous women’s small enterprises (e.g. Lituchy et al.,
2006). Lituchy and colleagues (2006) explored the experiences of indigenous women
entrepreneurs in Québec, Canada, focusing on Québec’s Mohawk community, examining
the definition of success as conceived by eleven indigenous women who own small
businesses in urban areas. Exploring IWE from the perspective of small-business
enterprises, they analyse IWE using entrepreneurial behaviour theory, trait theory, and the
environmental approach, concluding that indigenous women define entrepreneurial success
not in terms of profit but as a quality.
IWE is also represented by the traditional and informal activities of indigenous women
78
(Chamlee-Wright, 2002; Martinez Nova, 2003). Martinez Nova (2003) analyses the informal
activities of indigenous women in Mexico by studying street vendors who, because of
stereotyping, are all called “Maria”; these marginalized indigenous women conduct business
in response to their vulnerable situation and cultural traditions. In this case, entrepreneurial
activity represents their only option for profitable professional activity; thus, necessities
become opportunities.
Indigenous women entrepreneurs are also represented by African urban-market women in
Zimbabwe (Chamlee-Wright, 2002) whose social status is subject to a double oppression
related not only to the status of women in pre-colonial societies but also to the status of
indigenous women in contemporary societies. The twin aspects of marginalization that they
face – as indigenous people and as women – is therefore underlined when examining their
entrepreneurial activities. In their study of indigenous women in Africa, Witbooi and Ukpere
(2011) also highlighted the double discrimination that women face with regard to accessing
financial resources compared to men entrepreneurs.
Some conceptions of entrepreneurship, such as innovation, internationalization, and
creativity, have not been analysed in this young IWE literature. According to studies, a
prominent characteristic that emerges in IWE is the attention that indigenous women
entrepreneurs pay to the social well-being of their indigenous community members (e.g.
Lituchy et al., 2006; Pearson and Daff, 2014; Todd, 2012) because the social impact of
entrepreneurship seems to be more important than the accumulation of individual profit
(e.g. Pearson and Daff, 2014). In fact, in all types of activities – formal, informal, or
traditional – indigenous women are knowledgeable about their community (e.g. Lituchy et
al., 2006; Martinez Nova, 2003; Pearson and Daff, 2014).
According to the literature, it is clear that the status of indigenous women in their
communities and societies is central to how they conceive entrepreneurship and the
development of their entrepreneurial practices. This is because, in addition to facing
discrimination related to their race, they must also contend with gender inequalities within
their own ethnic-indigenous group. This evidence offers an important conclusion to the
literature review.
79
Conclusions to the literature review: Developing an indigenous–gender-integrated
perspective
If studies that analysed IWE provide an insight into its nature and some main concepts that
are associated with this emerging and promising research topic, a literature review also,
importantly, highlights how diversified the experiences of indigenous women entrepreneurs
can be in various contexts globally. A literature review analysis also suggests that the status,
roles, and institutional constraints that indigenous women entrepreneurs experience in the
contexts of their lives are central to understanding the diversity of their experiences. The
IWE phenomenon therefore needs to be explored in all its complexity in order to
understand the representations that indigenous women can have about entrepreneurship
based on their realities.
In fact, identities related to the status and roles that indigenous women entrepreneurs
assume by being both indigenous and women seem to be of primary importance in their
entrepreneurial experiences and activities. Some overlapping factors between IE–WE and
IWE have emerged, which are related to gender, race, and the status of indigenous women in
society. Moreover, these complexity and interrelationship are framed in diverse, global
contexts. Thus, it is through their contextualized entrepreneurial experiences that it is
possible to deepen our understanding of the phenomenon of IWE. Conceptually and
theoretically speaking, this complexity can be analysed within intersectionality and
positionality (e.g. Dy, Marlow, and Martin, 2017; Seron, 2016), which are analytical tools in
gender and critical studies illumining the complexities and diversities of multiple identities
and how they intersect.
The intersectional and positional perspectives are, therefore, adopted to address the initial
understanding of IWE and its future research development; IWE studies, in fact, suggest
that, instead of considering the experiences of indigenous women entrepreneurs as being
dissociated from the experiences of women entrepreneurs and those of indigenous
entrepreneurs, it should be understood that indigenous women’s experiences are an outcome
of the relationship between their status and social position within the structural inequality of
societies and communities. Diverse aspects of the identities of indigenous women result
from this understanding; therefore, the complexity of IWE, which combines multiple
80
dimensions (gender, class, and ethnicity) in a unique topic that requires a multidimensional
analysis, as illustrated in Figure 3. Intersectionality and positionality contribute to a better
understanding of the multidimensional and unique entrepreneurial experiences of indigenous
women entrepreneurs and of how gender and indigenous perspectives are integrated. The
link between entrepreneurship, WE-IE, and IWE is explored in the section below following
an introduction to intersectionality and positionality.
Figure 3: IWE at the intersection- within Intersectionality and Positionality.
Introduction to intersectionality and positionality
In the early 1970s, some African American feminists began to critique the dominant feminist
position promoted by white feminists because it excluded their perspectives on the
intersection of multiple identities (McCall, 2005; Shields, 2008). Intersectionality thus began
as a critical movement aimed at mainstream feminism (e.g. Davis, 1981; 2008). It has now
become central to some feminist theories (e.g. Shields, 2008), and its analytical framework
has been adopted in critical feminist studies (e.g. Dy, Marlow & Martin, 2017) that have
appeared in opposition to dominant feminist theory (Davis, 2008).
The word intersectionality was first proposed in 1989 by Kimberlé W. Crenshaw, a professor
at the UCLA School of Law, in reference to the experience of black women with regard to
some American laws. In intersectionality, gender, as experienced in society, is a social
construct and an outcome of the interrelation of diverse social identities. Therefore, the
concept of social identity (e.g. Valdez, 2011) and the intersections and interdependence of
IndigenousWomen
Entrepreneurship
IndigenousEntrepreneurship
WomenEntrepreneurship
Race/Ethnicity Gender
Socialposition
81
multiple dimensions – sex, gender, race, and class – are central to intersectionality.
Consequently, intersectionality recognizes multiple forms of oppression and privilege. In
other words, it is possible to identify various forms of inequality that depend on various
intersections of identities and levels of the social hierarchy. Intersectionality also considers
inequality in social structures and in multiple systems of oppression (Romero and Valdez,
2016). Thus, it examines the intersection of contexts, cultures, sex, gender, race, ethnicity,
and power structures. With regard to positionality, a concept introduced by Linda Alcoff
(1988), various social identities can be understood as the outcomes of positional social
relationships (Anthias, 2013).
Intersectionality has recently been incorporated into the study of entrepreneurship. More
precisely, it has been used to analyse certain minority groups and has been adopted to study
minority entrepreneurs as members of ethnic groups or as women entrepreneurs (e.g. Dy,
Marlow, and Martin, 2017; Yuval-Davis, 2006). Intersectionality has also been used in ethnic
entrepreneurship studies to explain how the experience of some marginalized groups is not
one-dimensional (Valdez and Romero, 2016). In entrepreneurship, multiple identities
intersect and create unique entrepreneurial experiences.
Discussion: Exploring the Intersections between IWE, IE, and WE
The experiences of indigenous women entrepreneurs at the intersection of ethnicity and
gender are rather complex, but IWE can be broadly discussed in all its complexity from the
perspectives of intersectionality and positionality. In order to understand the experiences of
indigenous women entrepreneurs, it is therefore necessary to examine how the
entrepreneurial systems of female minorities intersect with current knowledge on
entrepreneurs who are women and/or indigenous people." To accomplish this, in discussing
IWE from an intersectional and positional perspective, some contributions from the IE and
WE research fields are invoked to ground the argument and discuss how indigenous women
entrepreneurs integrate their identities at various levels.
In some respects, the experiences of indigenous women entrepreneurs are similar to those of
their male counterparts; in fact, as indigenous people represent the pre-colonial populations
of the world (Frederick, 2009), indigenous men and women have endured the same systemic
82
discrimination in relation to the dominant society as being part of minority ethnic groups.
Affected by colonial policies, they were and sometimes still are marginalized in
contemporary societies, and they strive for self-determination and better living conditions
(Anderson, 1999; 2002); moreover, in some national contexts, such as that of Canada, this
means that they experience gender-blind institutional constraints resulting from colonialist
policies that limit their entrepreneurial development; an example of this includes the
limitations under the Indian Law.
When it comes to entrepreneurship, consequently, IE can be discussed as a process that
embraces peoples, rules, and a particular institutional context. Because indigenous women, as
well as men, have experienced colonization, the marginalization specific to indigenous
women has been partially studied, and it seems that few efforts have been made to
distinguish the discrimination faced by indigenous women and those experienced by
indigenous men (e.g. Stout and Kipling, 1988). The lack of a gendered perspective in IWE
analysis has already been highlighted (Wood and Davidson, 2011) as most studies seem to
adhere to the traditional perspective of women’s entrepreneurship. However, gender
perspective related to the analysis of IWE is important and needs to be developed further in
order to understand its specificities. What happens, though, when the component of gender
intersects with the indigenous perspective in relation to entrepreneurial practices?
Gender is a social construct, and what is expected of women to be socially accepted as women
varies from society to society according to rules and values (e.g. Lindsey, 2016). Importantly,
the social identities related to women have been prominently considered in the research
development of WE. Far from adopting the male model as the entrepreneurial norm, the
gendered perspective, with its sociological contributions, instead analyses the sociocultural
realities and the socialization process of women in order to understand how identity and
gender relations determine and can impact their entrepreneurial activities, taking into
account the identity of women entrepreneurs within societal structures (e.g. Crompton,
Lewis and Lyonette, 2007). A second wave of research that emerged in the 1990s is based on
an analysis of the roles socially attributed to women entrepreneurs in diverse societal
contexts. Within this research perspective, gender is no longer merely seen as a variable to be
described but as one to be understood (Bourgain and Chaudat, 2015; Gupta, Turban, Wasti,
83
and Sikdar, 2009; Lorna and Fleck, 2013; Malach-Pines and Schwartz, 2008); this constitutes
the emergence of a gender-oriented approach to entrepreneurship (e.g. Jennings and Brush,
2013) and the so-called integrated perspective (Brush, 1992) breaking with the normative
approach.
It has been widely recognized in academia that gender shapes the entrepreneurial practices of
women, and this is true also when it comes to indigenous women entrepreneurs, who
experience entrepreneurship differently owing to their multiple identities as indigenous
women. Pearson and Daff (2014) in the analysis of entrepreneurship as practised by
indigenous women in Australia pointed out that the community considers certain
entrepreneurial activities to be limited to indigenous men and underlined the fact that
entrepreneurship among indigenous women had not developed owing to the prevalent
patriarchal cultures of these indigenous communities. Importantly, patriarchy is a concept
that has been particularly highlighted when it comes to gender and entrepreneurship,
especially in relation to women’s development, where women live in male-dominated
contexts and are less often expected to become entrepreneurs (e.g. Bullough, 2013).
Because of the knowledge on how indigenous and gender identities intersect, there is,
therefore, a need to develop the indigenous–gender-integrated perspective for the research
development of IWE. The evolution of WE studies recognizes the importance of the
gendered perspective and women’s social roles as factors impacting entrepreneurship, and
IWE should therefore be considered as a process occurring in specific indigenous contexts,
oriented to gender specificities. Thus, building a theoretical framework for IWE implies
employing a gender perspective that, similar to WE, recognizes the specific characteristics of
indigenous women in their entrepreneurial practices as compared to indigenous men. To go
a step further, it is a matter of constructing an indigenous–gender-integrated perspective by
taking into account the authenticity of gender differences of indigenous women beyond any
artificial feminization imposed by the process of colonization (e.g. Burton, 1999; McGrath
and Stevenson, 1996; Wilson, 2005).
IWE should be analysed and studied through a gendered approach oriented to indigenous
specificities within the framework of intersectionality. Research should analyse how these
84
identities intersect and shape the unique experiences of indigenous women entrepreneurs,
through intersectionality and positionality. Based on local contexts, some IWE studies (e.g.
Martinez Nova, 2003) have highlighted that entrepreneurship among indigenous women is a
way of life and a continuation of an educational process rather than the identification of
opportunities, as seen in diverse profiles of indigenous women entrepreneurs globally. The
evidence of this is related to the class and social position of indigenous women
entrepreneurs, and positionality can contribute to explaining the complexity of this
phenomenon.
If, on the contrary, we do not establish a gendered perspective in IWE, what will be the
consequences in terms of future research? Some will use the same theoretical framework for
indigenous men and women entrepreneurs, neglecting the sociological and anthropological
aspects of indigenous women in the contexts of their lives, which are of primary importance.
Scientifically speaking, it would also, in a sense, negate the scientific advances made in WE
and constitute a return to the past and the adoption of a so-called traditionalist perspective.
Intersectionality and positionality, therefore, comprise an analytical framework suited to the
analysis of IWE, and they represent a potential avenue to be explored in future research on
IWE.
Theoretical and Practical Implications of the Intersectional Analysis
From the intersectional analysis outlined in this paper, important contributions can be
underlined. At the theoretical level, the indigenous–gender-integrated perspective developed
in the paper, with the integration of three conceptual dimensions – those related to
indigenousness, gender, and entrepreneurship – makes possible a transformative
interpretation of what is already known about entrepreneurship, WE, and IE. In fact,
entrepreneurship can be understood from the perspective of indigenous women
experiencing double discrimination because of their identities as women and as indigenous
people. This social constructivist perspective discusses, therefore, classic theories, concepts,
and paradigms already known in entrepreneurial research and needs to be reconsidered in
relation to the experiences of indigenous women, as IWE needs to be explained from an
indigenous perspective based on the insights of indigenous cultures.
85
Additionally, at a practical level, while this is a novel topic within mainstream research with
little established literature, its emergence in the field is related to its significant societal
impacts and potential to produce practical recommendations for international practitioners
and policymakers and promote the empowerment of indigenous women globally (FIMI,
2006; IFAD, 2004). In 2004, the United Nations Permanent Forum on Indigenous Issues
(UNPFII) devoted its attention to these indigenous women. In recent decades, international
organizations have begun making efforts to consider proper solutions for the issues related
to indigenous women and to develop gender policies adapted to different indigenous
contexts globally (e.g. Gender Equality in the Arctic Challenges, Iceland, 2014; National
Aboriginal Women’s Summit III, 2011). In view of the attention paid to the marginal social
conditions of indigenous women globally, appropriate policies regarding indigenous women
entrepreneurs, based on a better understanding of their practices, barriers, motivations, and
experiences should be developed in order to empower them through entrepreneurship and
self-employment initiatives. Specific gender-based initiatives on IWE at the local, national,
and international levels can help indigenous women improve their lives and communities in
both urban and remote rural contexts.
Conclusions and future research avenues
This conceptual paper offers an overview of IWE studies and builds an analytical framework
for the development of this research topic within intersectionality and positionality, the
insights into which help in providing a better understanding of indigenous women
entrepreneurs’ experiences not only as women entrepreneurs but also as representatives of
marginalized and underrepresented indigenous people. Therefore, this paper provides an
outline for the analysis of indigenous women entrepreneurs’ experiences at the intersection
of diverse social identities related to gender, class, and ethnicity as they are expressed in
specific socio-cultural contexts and social structures.
Because of the different status and roles indigenous women assume in society and in their
home communities, understanding their experiences is the key for a better analysis of this
promising research field. Within the intersection of gender, indigenousness, and
entrepreneurship, based on the experiences of indigenous women, we can also understand
the structural inequalities at different levels, the social contexts, and the visions that
86
indigenous women have about entrepreneurship. The discussion of entrepreneurship
proposed in this paper, based on an understanding of indigenous women’s identities and the
challenges they face, should therefore encourage change and sustainable empowerment
through improved self-confidence and business capacity. The knowledge imparted from this
promising research topic is, therefore, important for many stakeholders, academics, and
practitioners at the international, national, and local levels. Most significantly, this research
topic is crucial to enhance awareness of the importance of the entrepreneurial efforts of
indigenous women and to strengthen their conviction that they can live better and more
promising lives.
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93
DEUXIÈME PARTIE DE LA THÈSE
MÉTHODE, RÉSULTATS ET CONTRIBUTIONS DE LA THÈSE
94
CHAPITRE 5
ASPECTS MÉTHODOLOGIQUES DE LA RECHERCHE
Ce cinquième chapitre introduit le devis méthodologique de la présente recherche doctorale,
lequel a été conçu pour répondre aux questions de recherche ciblées, conformément aux
objectifs de l’étude doctorale. Les aspects traités dans ce chapitre sont : l’approche
méthodologique retenue, la stratégie de la recherche, le terrain de la recherche doctorale, la
population visée, l’organisation de la collecte des données, le déroulement de l’enquête
qualitative et le suivi mis en place pour la validation des résultats de la recherche. De façon
importante, la démarche collaborative et participative de cette recherche doctorale, qui a eu
lieu de concert avec les acteurs concernés de la communauté autochtone de Mashteuiatsh,
est mise de l’avant de manière transversale dans tout le processus de la recherche, de la
définition du projet à la diffusion des résultats, en passant par la vérification et la validation
de ceux-ci. Ainsi, ce chapitre souligne l’importance des aspects éthiques de la présente
recherche doctorale, et plus particulièrement les aspects éthiques touchant la recherche en
milieu autochtone.
5.1 Considérations éthiques
Si les aspects éthiques de la recherche sont réputés fondamentaux dans toutes les recherches
impliquant des êtres humains (p.ex. Josy Lévy et Bergeron, 2010), et si les enjeux liés à
l’éthique s’avèrent aussi importants pour les chercheurs en sciences sociales (p.ex. Vassy et
Keller, 2008) pour ce qui est des recherches en milieu autochtone, les considérations
éthiques prennent alors une dimension toute particulière (Asselin et Basile, 2012), car elles
influencent le design de la recherche dans son ensemble.
Dans le cadre de cette recherche doctorale, comme il s’agit d’une recherche sur les femmes
entrepreneures autochtones membres d’une Première Nation, la chercheuse de cette étude a
porté une attention particulière aux lignes directrices établies par les instances afférentes
concernant les pratiques exemplaires de la recherche en milieu autochtone. Ce projet de
95
recherche doctorale est donc conforme aux protocoles existants en matière de recherche sur
des sujets autochtones au Québec.
Il est important de souligner que, bien que ce projet de recherche doctorale soit présenté
dans une séquence linéaire conforme aux protocoles de recherche académique, le devis
méthodologique, dans son élaboration et sa définition ultime, est le résultat d’un processus à
la fois interactif et itératif qui s’est déroulé entre les différentes parties prenantes de cette
recherche doctorale, d’une part du milieu académique et d’autre part du milieu autochtone. Si
la recherche qualitative se caractérise par la flexibilité de son approche (Maxwell, 2013) –
notamment en ce qui concerne l’interaction entre les différentes parties prenantes du design
de la recherche qualitative –, ce projet de recherche doctorale comprend quant à lui une
dynamique d’interaction et une construction sociale de recherche et des connaissances qui
sont fort présentes et qui sous-tendent le lien étroit qui peut exister entre les méthodologies,
l’épistémologie et les cultures.
5.1.1 Considérations éthiques en milieux autochtones
Quand il est question de recherche en milieu autochtone, il faut savoir que plusieurs
protocoles de recherche ont été établis par les instances autochtones et gouvernementales
afin d’établir un cadre d’action qui favorise le bon déroulement des recherches impliquant les
peuples autochtones. Dans le contexte canadien, par exemple, il est important de citer le
Protocole de recherche de la Commission royale sur les peuples autochtones (1996) et celui
du Groupe consultatif interagences en éthique de la recherche (2015). D’autres protocoles
ont également été établis pour les recherches qui sont réalisées en particulier sur les femmes
autochtones, comme celui de l’Association des femmes autochtones du Canada (2011) et
celui de Femmes autochtones du Québec (2012).
Dans le cadre de la présente recherche doctorale, la démarche utilisée est inspirée du
protocole de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador (2014). Ce
protocole doit être pris en compte pour les recherches effectuées dans la province de
Québec, province où cette recherche doctorale a été réalisée. Aussi, la démarche tient
compte des lignes directrices du protocole de recherche de Femmes autochtones du Québec
(2012) qui souligne l’importance de mobiliser majoritairement les femmes autochtones dans
le processus de recherche d’une étude visant les femmes.
96
L’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador (APNQL) a établi en 2005
un protocole de recherche qui définit toutes les étapes d’un projet de recherche, de sa
conception à la diffusion des résultats. Ce protocole doit être respecté dans le cadre d’une
recherche sur les Premières Nations du Québec. La mise en œuvre de ce protocole se
déroule dans un contexte plus large, qui a trait au débat sur la décolonisation de la recherche
en milieu autochtone, une recherche qui, malheureusement, jette trop souvent un regard
colonialiste et allochtone (p. ex., Tuhiwai, 2012), sans retombées positives pour les
communautés autochtones qui participent à l’étude. En outre, ce protocole de recherche
porte une attention particulière à l’ensemble du processus de recherche, notamment à toutes
les étapes qui ont lieu avant, pendant et après la recherche. Il vise aussi à outiller les
communautés autochtones et les communautés de chercheurs qui participent à la recherche
en milieu autochtone. Ajoutons que ce protocole fait appel aux principes de propriété, de
contrôle, d’accès et de possession des résultats (PCAPMD), tout en se basant sur les valeurs
de respect et de partage.
Ce projet de recherche doctorale respecte les protocoles de recherche de référence. D’une
part, il repose sur une approche de collaboration et de respect avec le milieu autochtone, qui
a participé activement à l’étude; d’autre part, il repose sur une démarche participative avec la
communauté autochtone de Mashteuiatsh, comme le présente la section suivante. La
collaboration avec les interlocuteurs et les acteurs de la communauté de Mashteuiatsh touche
tout le processus de la recherche doctorale, soit les étapes de définition du projet de
recherche, de réalisation de l’entente de recherche, de déroulement de l’enquête qualitative
ou de présentation et de validation des résultats. Ainsi, ce chapitre valorise la démarche
collaborative et participative de la recherche doctorale, qui s’appuie sur un esprit de
collaboration, tout en soulignant les aspects éthiques de la recherche en milieu autochtone.
5.1.2 Démarche collaborative et participative
Ce projet de recherche doctorale a été réalisé avec une démarche collaborative et
participative qui a eu lieu avec la communauté autochtone de Mashteuiatsh. Cette démarche
concerne tout le processus de la recherche doctorale, de la définition du projet de recherche
à la validation et à la diffusion des résultats. Un tout premier contact a été établi avec la
communauté de Mashteuiatsh au début de l’été 2017. Ce premier contact s’est fait par un
97
intermédiaire, M. Emmanuel Bertrand-Gauvin, de la Commission de développement
économique des Premières Nations du Québec et du Labrador (CDEPNQL), responsable
du projet Femmes d’affaires, réalisé au sein de cette organisation autochtone du Québec, à
Wendake.
La manifestation d’intérêt de la chercheuse qui a mené la présente recherche doctorale à
réaliser l’étude dans la communauté de Mashteuiatsh a été bien accueillie. C’est
Mme Isabelle Lalancette, responsable de la direction d’Économie, emploi et partenariat
stratégiques du Conseil de bande de la communauté Pekuakamiulnuatsh Takuhikan, qui a
reçu la demande. Étant donné que le projet de recherche concerne le volet économique et
entrepreneurial, Mme Lalancette a été désignée comme interlocutrice principale pour la
chercheuse et porteuse du projet dans la communauté de Mashteuiatsh.
Après les premiers contacts avec le milieu autochtone, le projet de recherche doctorale a été
orienté en fonction du protocole de recherche communautaire pour les projets de recherche,
lui-même inspiré du protocole de recherche de l’APNQL. Comme le prévoit le protocole,
une première étape consistait à l’invitation de la chercheuse par la communauté à une
rencontre présentielle avec le comité de recherche de la communauté de Mashteuiatsh,
principalement composé pour l’occasion de femmes 10 Ilnuatsh, qui font partie de la
communauté et qui représentent différentes instances communautaires, notamment le musée
et les services sociaux.
Cette première rencontre entre la chercheuse et les acteurs du milieu a eu lieu le 30 août 2017
et a eu pour objectif d’introduire le projet de recherche doctorale et de comprendre les
attentes et les exigences de la communauté à l’égard du projet de recherche. Plus
précisément, ces premières discussions avec le comité de recherche visaient à expliquer et à
établir les grandes lignes du projet de recherche doctorale, les méthodes envisagées, la
population visée par le recrutement, la période de collecte de données ainsi que les
contributions du projet de recherche pour la communauté de Mashteuiatsh et l’ensemble de
ses membres.
10 Réf : Protocole de recherche de Femmes autochtones du Québec.
98
Pendant cette première rencontre avec les acteurs du milieu communautaire, le comité de
recherche a fourni des commentaires, qui ont été pris en compte par la chercheuse dans la
définition et l’encadrement du présent projet de recherche doctorale. Le comité de recherche
a notamment souligné l’importance de considérer le phénomène entrepreneurial au-delà de la
« création d’entreprise », avec comme objectif d’explorer une forme entrepreneuriale typique
à la communauté de Mashteuiatsh. Pour cette raison, il a été convenu avec le comité de
recherche que l’étude prendrait également en compte, dans la population à l’étude, non
seulement les femmes entrepreneures qui représentent les chefs d’entreprise, mais aussi les
artistes et les artisanes de la communauté.
Après consensus autour du projet de recherche, l’étape suivante consistait en la rédaction de
l’entente de recherche, nécessaire pour la réalisation du projet de recherche dans la
communauté. Cette étape a aussi fait l’objet d’une étroite collaboration, durant plusieurs
mois, entre la chercheuse et le porteur du projet. Il importait d’ailleurs de comprendre : les
exigences de la communauté de Mashteuiatsh à l’égard de la conservation des données et de
la diffusion des résultats de la recherche doctorale; la définition des règles de confidentialité
et d’anonymisation des participants à l’étude doctorale; les aspects concernant le
consentement libre, préalable et éclairé, des participants, comme le prévoient entre autres les
directives du Comité d’éthique de la recherche avec des êtres humains de l’Université Laval
(CÉRUL).
À la fin du processus, le porteur du projet dans la communauté a présenté le projet de
recherche au cercle des élus de la communauté – Katakuhimatsheta – aux fins d’approbation.
Le projet de recherche a été approuvé par résolution le 13 mars 2018, puis l’entente de
recherche a été signée le 20 mars 2018. Le dossier incluant l’approbation de la communauté a
par la suite été approuvé par le CÉRUL, le 18 avril 2018 (numéro d’approbation : 2018-
076 / 18-04-2018). Les principales étapes présentées relativement au processus collaboratif
de la recherche doctorale avec le milieu sont indiquées ci-dessous (figure 1).
99
Figure 1: Processus collaboratif de la recherche avec le milieu, première partie Source : Enquête qualitative, Croce (2019)
5.2 Approche qualitative exploratoire
Cette recherche doctorale s’appuie sur une approche qualitative de type exploratoire.
Comme les phénomènes de l’entrepreneuriat chez les femmes autochtones sont méconnus,
ce projet de recherche doctorale se veut exploratoire et repose sur une méthodologie
qualitative (p. ex., Creswell, 2018; Denzin et Lincoln, 2011; Giordano, 2003; Maxwell, 2013;
Miles et Huberman, 2003; Paillé et Mucchielli, 2012; Silverman, 2010). La carence en études
sur l’EFA d’une part et l’insuffisance des statistiques sur la population entrepreneuriale à
l’étude (Pearson et Daff, 2014) d’autre part justifient l’exploration de ce phénomène
entrepreneurial au moyen d’une approche qualitative, qui sert à faire émerger et à mettre en
lumière de nouvelles catégories conceptuelles propres à l’EFA. Ainsi, l’approche qualitative
permet de restituer des connaissances ignorées.
Dans un même ordre d’idée, les questions de recherche qui visent l’exploration, en vue de
favoriser la compréhension de certaines réalités et des phénomènes de l’EFA, permettent
d’acquérir des connaissances nouvelles et de combler ainsi les lacunes existantes. La
démarche exploratoire propre à la recherche qualitative met en lumière les réalités et
Première rencontre avec le comité de recherche ( 30 août 2017)
Rédaction de l'entente de recherche (2017-2018)
Résolution du projet de recherche (13 mars 2018)
Signature de l'entente de recherche (20 mars 2018)
Approbation du comité éthique de l’ Université Laval ( 18 avril 2018 )
100
favorise, par l’exploration, la compréhension de l’objet de l’étude. La recherche qualitative
est aussi synonyme de recherche de complexité car on y évalue la relation du chercheur avec
l’environnement de l’étude, le terrain de la recherche, les parties prenantes, ses a priori, son
expérience personnelle à l’égard du sujet et son interprétation des résultats. La validité des
connaissances issues de la recherche qualitative dépend de la bonne gestion du « chercheur
qualitatif » dans le cadre de ce projet de recherche doctorale, réalisé par une « chercheuse
allochtone » de nationalité italienne, dans un milieu autochtone, en vue de la compréhension
d’un « fait social » autochtone. L’ensemble de ces éléments fait en sorte que la recherche
qualitative ne peut pas être représentée par un processus simple et linéaire car elle représente
en soi une construction sociale.
5.2.1 Enquête qualitative
Dans le cadre de la présente recherche doctorale, la stratégie de recherche retenue est celle
de l’enquête qualitative (Bréchon, 2011; Ghiglione, et Metalon, 1998; Paillé, 2012; Rondeau
et Paillé, 2016). Ce choix se justifie par une enquête qui prévoit d’interroger un certain
nombre d’individus (Ghiglione et Matalon, 1998; Papinot, 2014) visant à cerner les
expériences des acteurs interrogés. L’enquête qualitative repose sur une approche
méthodologique issue de la sociologie et de la psychologie qui a été avancée par le sociologue
Dubet (1994) et qui cherchait à se positionner en rupture avec le déterminisme
méthodologique (Durkheim, 1895), considérant les faits sociaux comme des faits externes
aux individus. Or, l’enquête qualitative se base sur la subjectivité des acteurs dans le cadre de
la recherche en sciences sociales et permet d’approfondir les connaissances sur un sujet à
partir du point de vue des personnes interrogées pendant l’enquête.
L’enquête qualitative vise à comprendre et à interpréter le sens que donnent les acteurs à
leurs expériences (Weber, 1995), à leur vision d’un sujet donné et à leur subjectivité
(Bréchon, 2011). Pour ce faire, des entrevues ont été menés auprès d’un certain nombre de
personnes sur une question donnée (Ghiglione et Metalon, 1998). Ajoutons que le concept
d’« expérience entrepreneuriale », un point central dans cette recherche visant à comprendre
l’EFA, impose un travail de terrain qui favorise la contextualisation des expériences des
femmes autochtones dans leur contexte de vie. Cette enquête qualitative, dont l’unité
d’analyse est principalement la femme entrepreneure autochtone, a contribué à dresser un
101
portrait diversifié des expériences entrepreneuriales, tout en tenant compte des diversités
structurelles et socioculturelles des contextes autochtones.
5.2.2 Entrevue semi-directive
Si les enquêtes peuvent être de type qualitatif ou quantitatif (Bréchon, 2011) dans le cadre de
ce projet de recherche doctorale, il a été question d’une enquête de terrain de type qualitatif.
Par conséquent, la principale technique de recherche qui a été utilisée est l’entrevue.
Plusieurs techniques d’entrevue existent et conviennent à la recherche qualitative et, plus
particulièrement, à l’enquête qualitative (Baribeau et Royer, 2012; Gubrium et Holstein,
2002; Royer, Baribeau et Duchesne, 2009; Ghiglione et Metalon, 1998). En général,
l’entrevue a lieu auprès d’une seule personne à la fois, et non auprès de plusieurs personnes
simultanément, comme c’est le cas pour une entrevue de groupe (Baribeau et Germain,
2010). Quel que soit son type, l’entrevue constitue une technique de collecte de données sur
un sujet précis. Elle représente également une interaction sociale entre les chercheurs et la
personne interrogée dans laquelle il faut prendre en compte la désirabilité sociale et plusieurs
règles de conduite d’entrevue (Anado n et Guillemette, 2007). Il s’agit d’un instrument vivant
(Giacobbi et Roux, 1990).
Baribeau et Royer (2012) ciblent plusieurs types d’entrevue ou d’entretien – non directif, en
profondeur, compréhensif, récit de vie, explicitation, semi-dirigé et individuel (Gubrium et
Holstein, 2002). La classification des entrevues s’effectue selon la directivité de celles-ci, des
objectifs à atteindre et du niveau de formalité (Royer, Baribeau et Duchesne, 2009). Le
chercheur se retrouve donc devant plusieurs choix lorsqu’il souhaite mener une enquête
qualitative, des choix qui vont de l’entretien non directif (en profondeur ou libre) au
questionnaire fermé (Ghiglione et Metalon, 1998). Le choix du type d’entretien doit être mis
en relation avec la typologie des données recherchées.
Afin de répondre à la question de l’étude du projet de recherche doctorale – qui porte
principalement sur la compréhension de l’expérience entrepreneuriale des femmes Ilnuatsh
en fonction de leur conception de l’entrepreneuriat et de leur contexte d’appartenance –, le
type d’entrevue à privilégier est l’entrevue semi-directive. En effet, ce type d’entrevue
102
permettra d’obtenir des données grâce à des thèmes préfixés (Ghiglione et Metalon, 1998) et
à un guide d’entrevue.
5.3 Population visée pour la réalisation de l’enquête
La population visée pour la réalisation de cette enquête qualitative était composée de deux
groupes principaux :
1) des femmes entrepreneures Ilnuatsh membres de la communauté de Mashteuiatsh,
vivant sur réserve et hors réserve;
2) des acteurs du développement économique communautaire.
5.3.1 Femmes entrepreneures Ilnuatsh
En ce qui concerne les femmes entrepreneures Ilnuatsh, deux critères de sélection avaient
été ciblés pendant le processus de rédaction de l’entente de recherche. Pour rendre compte
de la diversité des expériences des femmes entrepreneures Ilnuatsh et répondre aux
questions de recherche de l’étude, les critères de sélection qui s’appliquaient alors aux
femmes étaient les suivants :
a) Être une femme Ilnuatsh dont l’activité entrepreneuriale a lieu à l’intérieur et à
l’extérieur de la communauté;
b) Tenir compte de différentes typologies d’activité entrepreneuriale, soit :
- Entrepreneuriat de type individuel
- Entrepreneuriat de type collectif;
- Entrepreneuriat – travail autonome;
- Entrepreneuriat communautaire;
- Entrepreneuriat traditionnel.11
La prise en compte de ces deux critères a permis de dresser un portrait diversifié des
expériences des femmes entrepreneures Ilnuatsh et de déterminer ainsi les caractéristiques du
11 Cette définition de l’entrepreneuriat devait être issue des résultats de la recherche doctorale.
103
phénomène par une démarche exploratoire. C’est en tenant compte des différents profils et
types d’activités des femmes entrepreneures qu’il a été possible de faire ressortir la
complexité du phénomène de l’EFA en considération des expériences diversifiées des
femmes, malgré le fait que celles-ci appartenaient toutes au même contexte communautaire.
5.3.2 Acteurs du développement économique
Des entrevues ont été réalisées auprès des acteurs du développement économique de la
communauté et des personnes-ressources du Conseil de bande. Ces entrevues ont permis
d’élargir l’analyse du phénomène de l’EFA au contexte communautaire. Pour répondre aux
questions de recherche préfixées, cette enquête qualitative a également été élargie aux acteurs
du développement économique de la communauté de Mashteuiatsh, ce qui a ouvert les
portes à une analyse du contexte communautaire et à la vision des acteurs à l’égard de
l’entrepreneuriat des femmes Ilnuatsh.
5.4 Élaboration des instruments
Dans le cadre de cette enquête qualitative, deux guides d’entrevue semi-directive pour les
femmes entrepreneures et pour les acteurs du développement économique ont été rédigés
afin de mesurer les concepts à l’étude.
5.4.1 Guide d’entrevue semi-directive auprès des femmes entrepreneures Ilnuatsh
La présente enquête visait à recueillir des renseignements sur l’expérience entrepreneuriale
auprès d’un certain nombre de femmes entrepreneures autochtones. Pour atteindre l’empirie,
une attention particulière a été portée à l’opérationnalisation du concept d’« expérience
entrepreneuriale » lors de l’élaboration du guide d’entrevue auprès des femmes Ilnuatsh. Le
concept d’expérience a été opérationnalisé en fonction des éléments connus : d’une part, une
dimension donnée de cette expérience correspondait à la création d’entreprise, et d’autre
part, à la production artisanale. Afin d’explorer les autres formes possibles – entre les deux –,
une dimension était consacrée à l’hybridité.
En vue de répondre à la question du présent projet de recherche doctorale, un guide
d’entrevue semi-directive a été rédigé pour permettre à la chercheuse d’obtenir les
renseignements nécessaires sur les expériences entrepreneuriales des femmes Ilnuatsh.
L’objectif du guide est de laisser les participantes parler librement de leur expérience
104
entrepreneuriale, à partir d’un guide thématique pouvant orienter l’entrevue sans que les
thèmes leur soient imposés (Paillé, 1991).
Il importe de noter que l’élaboration du guide thématique tient compte de la traduction du
langage du chercheur pour la personne interrogée. Les dimensions conceptuelles à prendre
en considération, relativement aux expériences entrepreneuriales, sont mentionnées ci-
dessous :
1. Création d’entreprise et parcours entrepreneurial;
2. Production artisanale et savoir-faire local (SFL);
3. Formes hybrides de l’entrepreneuriat;
4. Évaluation du parcours;
5. Perception de la FEA à l’égard de l’EFA;
6. Conclusion (projection dans l’avenir);
7. Profil de la femme entrepreneure autochtone.
Le questionnaire commençait par l’histoire de vie et le vécu de la répondante. Les questions
centrales étaient consacrées au processus de l’entreprise ou de production artisanale. En
guise de conclusion est présenté un bilan de l’expérience de la femme et son positionnement
par rapport à l’entrepreneuriat. Puis, à la fin du questionnaire, le profil des répondantes a été
établi.
5.4.2 Guide d’entrevue pour les acteurs du développement économique
Cette étude vise à comprendre le contexte circonscrit dans lequel les femmes autochtones
entrepreneures agissent au quotidien. Pour ce faire, le guide d’entrevue semi-directive des
acteurs du développement économique s’inspire du modèle diagnostique de Hindle (2000).
Dans son article How Community Context Affects Entrepreneurial Process: A Diagnostic Framework
(2010), Hindle propose un modèle de diagnostic communautaire qui prend en compte les
particularités culturelles et structurelles d’une communauté autochtone et leur incidence sur
le processus entrepreneurial.
Le modèle de Hindle répond à un besoin de systématisation quant à la manière dont le
contexte communautaire autochtone influence le processus entrepreneurial, tout en
105
regroupant les principales catégories précisées dans la littérature scientifique. Il s’agit d’un
modèle de diagnostic communautaire qui peut aussi être utile pour l’évaluation du potentiel
entrepreneurial d’une communauté autochtone et propose une façon systématique de réaliser
une enquête sur le terrain à partir d’un cadre théorique.
Dans le cadre de la présente étude doctorale, le modèle utilisé vient donc appuyer l’analyse
des expériences des femmes entrepreneures Ilnuatsh dans le contexte communautaire de
Mashteuiatsh, sans oublier l’analyse systématique du contexte communautaire qui a permis
de systématiser les expériences des femmes entrepreneures autochtones, à l’intérieur et à
l’extérieur des communautés.
Les facteurs, à la fois structurels et humains, qui sont ciblés dans ce modèle suggèrent
notamment l’élaboration du guide d’entrevue semi-directive orientant les entrevues avec les
acteurs du développement économique ou du Conseil de bande. Dans le cadre de l’étude du
contexte, les dimensions à prendre en compte correspondent aux facteurs structurels et
humains d’une communauté. Les renseignements recueillis en suivant le modèle de Hindle
permettront la reconstitution du profil entrepreneurial d’une communauté et amélioreront la
contextualisation des expériences des femmes entrepreneures membres de cette
communauté.
D’après le modèle de Hindle (2010), les dimensions prises en compte sont :
1) les facteurs structurels : Territoire et infrastructures, Gouvernance et institutions,
Droit de propriété et gestion de capitaux;
2) les facteurs humains : Ressources humaines, Vision du monde, Relations sociales.
3) l’analyse des obstacles à l’activité entrepreneuriale des femmes propres à la
communauté;
4) les programmes appuyant l’activité entrepreneuriale des femmes.
5.5 Déroulement de l’enquête qualitative
Une fois l’approbation éthique de l’Université Laval (CÉRUL) obtenue, le 18 avril 2018, la
chercheuse de l’étude a pris contact avec Mme Isabelle Lalancette, à qui elle a fait parvenir un
106
plan d’action détaillé présentant les principales étapes de la collecte de données envisagée.
Un premier entretien téléphonique a eu lieu avec Mme Lalancette avant le déplacement dans
la communauté afin de convenir des grandes lignes de la collecte des données.
Cette collecte, qui a servi pour l’enquête qualitative, a eu lieu à l’été 2018. La chercheuse a
séjourné à deux reprises dans la communauté de Mashteuiatsh, soit pendant un total de
15 jours;12
o Le premier séjour a eu lieu du 21 au 31 mai 2018;
o Le deuxième séjour a eu lieu du 18 au 21 juin 2018.
Le Conseil de bande a réservé un bureau pour la chercheuse pendant ses deux séjours. En
outre, pour assurer le bon déroulement du projet de recherche, un comité-conseil a été créé à
l’interne par le porteur du projet dans la communauté, Mme Isabelle Lalancette.13 Au début de
l’enquête, le comité-conseil et la chercheuse ont tenu une première rencontre, le
22 mai 2018, afin de valider les documents liés au recrutement des participantes et de définir
les différentes stratégies d’accès au terrain pour le recrutement aux fins de l’enquête.
5.5.1 Stratégie d’accès au terrain et modalités de recrutement
En raison de l’absence d’une base de données complète sur les femmes entrepreneures, la
première phase du séjour visait à recueillir sur place tous les renseignements nécessaires et
complémentaires à l’étude, en consultation avec le comité-conseil, et à obtenir les
renseignements sur le nombre de femmes entrepreneures de la communauté et à l’extérieur
de celle-ci. Une liste des femmes entrepreneures de Mashteuiatsh, résidentes ou non, a été
fournie par la Société de développement économique ilnu (SDEI). Certains documents, tels
que les annonces de recrutement, ont été bonifiés sur place, notamment en précisant le
numéro de résolution du projet. Quant aux acteurs du développement économique, ils ont
12En raison de la collaboration du milieu et du taux élevé de participation des femmes Ilnuatsh, les deux séjours ont largement suffi pour la collecte de données de l’étude. 13 Ce comité-conseil était composé de trois personnes : Isabelle Lalancette, Doris Paul, coordonnatrice au développement de la main-d’œuvre, et Audrey Bouchard, conseillère aux entreprises de la SDEI. Cette triade était chargée d’accompagner et de conseiller la chercheuse tout au long de sa recherche.
107
été désignés en consultation avec le comité-conseil. Une annonce de recrutement leur a été
transmise. La stratégie utilisée pour le recrutement des femmes entrepreneures s’est faite de
différentes façons. Or, les femmes entrepreneures innues habitant à l’extérieur de la
communauté ont été proposées par des membres de la communauté vu les liens que ces
derniers entretiennent avec les membres résidents et non résidents de la communauté innue.
5.5.2 Entrevues individuelles
Pendant son séjour, la chercheuse de la présente étude doctorale a été accompagnée dans la
réserve afin d’assurer son déplacement, lorsque nécessaire, pour réaliser ses entrevues avec
les femmes Ilnuatsh et les acteurs du développement économique. Les entrevues se sont
tenues dans différents lieux, selon les disponibilités et les exigences de chaque répondante,
par exemple au siège social des entreprises, au domicile personnel de la participante ou dans
les locaux des organisations ou des associations visées. Certaines entrevues se sont également
déroulées dans les locaux du Conseil de bande, puisqu’un bureau avait été réservé à la
chercheuse pour la durée de son séjour.
5.5.3 Entrevue de groupe
Pendant l’enquête de terrain, un groupe de discussion a été créé, composé de femmes
Ilnuatsh entrepreneures. Ce groupe a été formé en vue de restituer l’expérience
entrepreneuriale des femmes artisanes qui font partie du Puakuteu (Comité de femmes de
Mashteuiatsh) et qui ont l’habitude de travailler ensemble. Ainsi, il a été jugé important
d’adapter la méthode à la réalité.14
5.6 Bilan de l’enquête qualitative
L’enquête qualitative qui a été réalisée au sein de la communauté de Mashteuiatsh pour la
recherche doctorale en question a mobilisé 27 membres de la communauté, soit 5 acteurs du
développement économique et 22 femmes entrepreneures Ilnuatsh. Ces dernières
représentent différentes typologies d’activités entrepreneuriales, sur réserve et hors réserve,
comme l’indique le tableau 2.
14 Une demande de modification a été présentée au CÉRUL le 27 mai 2018 et approuvée le 31 mai 2018 : no d’approbation : 2018-076 A-1/31-05-2018.
108
Type d’entrepreneuriat Sur réserve Hors réserve Total
Chef d’entreprise 4 1 5
Travailleuse autonome 2 1 3
Artiste 1 - 1
Artisane 11 - 11
Entrepreneure communautaire 1 - 1
Entrepreneure coopérative 1 - 1
Total 22
Tableau 2 : Répartition des participantes Ilnuatsh par type d’entrepreneuriat et lieu d’activité Source : Enquête qualitative, Croce (2019)
5.6.1 Profil sociodémographique des femmes Ilnuatsh
Du point de vue sociodémographique, le profil des femmes Ilnuatsh qui ont participé à
l’enquête qualitative est très diversifié. Parmi les renseignements recueillis, citons le statut
juridique, l’âge, le degré de scolarité, l’état civil et le nombre d’enfants des femmes
interrogées.
Ces renseignements sont présentés dans le tableau 3 ci-dessous :
Statut juridique Âge Scolarité État civil Enfants
1 Statuée indienne 49 Sec. I Veuve 8
2 Statuée indienne 38 Primaire Célibataire 0
3 Statuée indienne 19 Cégep Célibataire 0
4 Statuée indienne 50 Sec. II Conjoint de fait 2
5 Statuée indienne 45 Sec. II Mariée 2
6 Statuée indienne 45 Primaire Célibataire 4
7 Statuée indienne 48 Primaire Conjoint de fait 12
8 Statuée indienne 67 Sixième année Célibataire 2
9 Statuée indienne 53 Huitième année Mariée 2
10 Statuée indienne 58 Sec. I Mariée 4
11 Statuée indienne 62 Certificat Mariée 2
12 Statuée indienne 31 Baccalauréat Mariée 4
13 Statuée indienne 32 Diplôme d’études collégiales
Célibataire 3
14 Statuée indienne 64 Certificat Conjoint de fait 1
109
15 Statuée indienne 61 Troisième année Divorcée 5
16 Statuée indienne 45 Maîtrise Célibataire 0
17 Statuée indienne 64 Certificat Mariée 3
18 Statuée indienne 53 Sec. V Mariée 4
19 Statuée indienne 23 Cégep Célibataire 0
20 Statuée indienne 52 Maîtrise Célibataire 2
21 Statuée indienne 42 Universitaire Célibataire 3
22 Statuée indienne - - - -
Tableau3 : Profil sociodémographique des femmes ilnuatsh Source : Enquête qualitative, Croce (2019)
5.7 Résultats attendus
Cette recherche doctorale avait pour objectif principal la réalisation d’un état des
connaissances sur les expériences entrepreneuriales des femmes autochtones dans une
démarche exploratoire de l’EFA. Le projet proposait une façon systématique de réaliser une
enquête exploratoire sur le terrain à partir d’un cadrage théorique afin de systématiser et de
comprendre les expériences des femmes entrepreneures autochtones dans un contexte
communautaire.
À l’issue de cette enquête qualitative, les principaux résultats escomptés étaient les suivants :
o Analyse du contexte communautaire lié à l’EFA, avec la restitution des acteurs du
développement économique;
o Compréhension des expériences entrepreneuriales des femmes selon le type d’activité
et le contexte (communautaire ou hors réserve), avec la restitution des femmes
entrepreneures autochtones.
5.8 Plan d’analyse des données
L’analyse du corpus empirique a été divisée en plusieurs étapes (p. ex., Blais et Martineau,
2006; Miles and Huberman, 2003). Les entrevues préalablement enregistrées ont été
retranscrites intégralement avec l’autorisation écrite des participantes. Chaque participante
s’est vu attribuer un code unique. Par la suite, les données brutes contenues dans un fichier
110
Word ont été importées dans le logiciel d’analyse qualitative du texte NVivo.
Pour répondre aux questions de recherche de l’étude, l’analyse du corpus empirique a été
divisée en deux étapes distinctes.
Dans un premier temps, les entrevues qui ont été réalisées auprès des acteurs du
développement économique ont été analysées pour en extraire les caractéristiques du
contexte communautaire autochtone de Mashteuiatsh. Comme cette étude doctorale est axée
sur l’analyse de l’EFA et tient compte du contexte communautaire, il a été convenu de
soutirer d’abord les principales caractéristiques du contexte communautaire de Mashteuiatsh.
Dans le cadre de cette analyse, les principales variables, inspirées du modèle de Hindle,
étaient les suivantes :
1) Infrastructures et territoire;
2) Ressources humaines;
3) Gouvernance et institutions;
4) Relations sociales et visions du monde;
5) Droit des propriétés et gestion du capital;
5) Barrières et programmes de soutien, et mesures d’accompagnement entrepreneurial.
Dans un deuxième temps, l’EFA a été analysé à partir des 22 entrevues réalisées auprès des
femmes Ilnuatsh. La méthode d’analyse de contenu adoptée pour l’analyse des données
venait appuyer un travail de qualification des données (Paille et Mucchielli, 2012). Cette
méthode est privilégiée pour déterminer les significations et les unités de sens des mots des
participantes (Larivee, 2013; Harding, 2004; Strauss et Corbin, 1994).
Les unités de sens ont été relevées – segments de texte qui présentent une signification
unique –, et des catégories ont été créées au moyen d’une première opération de codage
descriptif et d’une codification libre (p. ex., Saldana, 2009). Les catégories émergentes ont
ensuite été analysées en vue de créer des regroupements thématiques et des sous-thèmes
(Ryan et Russell Bernard, 2003).
111
Les principaux axes d’analyse des données étaient les suivants :
o Analyse du profil des femmes entrepreneures;
o Analyse des expériences et des parcours entrepreneuriaux des femmes
entrepreneures en relation avec le type d’activité;
o Analyse du savoir-faire local SFL en lien avec la typologie de l’EFA;
o Analyse des types et des formes de l’EFA.
Par la suite, les résultats des entrevues réalisées auprès des femmes entrepreneures Ilnuatsh
ont été mis en relation avec l’analyse du contexte communautaire. Ainsi, il était possible de
contextualiser les expériences des femmes selon leurs contextes d’action. L’analyse des
résultats présentés dans le chapitre est structurée en deux parties. Tout d’abord, les
principaux thèmes relatifs à l’EFA ont été déterminés. Ensuite, une analyse du contexte a été
réalisée, puis l’analyse intégrée des expériences et du contexte sera présentée.
5.9 Validation et présentation des résultats
Tel qu’il est indiqué dans l’entente de recherche, la validation et la vérification des résultats
de cette recherche doctorale ont été exécutées par étapes, toujours dans une démarche
collaborative et participative avec le milieu communautaire où la recherche a eu lieu. Dans
un premier temps, la chercheuse a effectué la présentation des résultats préliminaires aux fins
de validation et de vérification auprès de la direction d’Économie, emploi et partenariats
stratégiques et du Comité-conseil le 3 décembre 2018 au sein du Conseil de bande. Suivant
l’approbation et les quelques recommandations particulières, en ce qui concerne notamment
le statut de la femme Ilnuatsh dans la communauté, conformément à l’évolution de la loi C-
31, une deuxième présentation s’est déroulée devant le comité de recherche de la
communauté, le 28 janvier 2019, aux fins de validation officielle des résultats de la recherche.
Quant à la diffusion des résultats de la recherche, deux principales activités ont eu lieu.
Tout d’abord, une présentation des résultats de la recherche a été réalisée devant les
membres du Conseil des élus de la communauté de Mashteuiatsh, Katakuhimatsheta, et la
direction générale pour approbation et discussion des résultats à l’occasion d’une réunion
spécial. Par la suite, une présentation sous forme de table ronde a été organisée dans la
112
communauté à la Salle communautaire de Mashteuiatsh afin de communiquer et de discuter
des résultats de la recherche aux femmes ayant participé à l’enquête.
L’ensemble des étapes mentionnées en ce qui a trait à la validation et à la diffusion des
résultats de la recherche doctorale est illustré à la figure 2.
Figure 2 : Processus collaboratif de la recherche avec le milieu, deuxième partie Source : Enquête qualitative, Croce (2019)
5.10 Valorisation des résultats de la recherche
Les résultats de cette recherche doctorale seront utiles à la SDEI dans la conception d’un
plan d’action et d’une stratégie visant l’accompagnement des femmes Ilnuatsh
entrepreneures au sein de la communauté. Ainsi, une révision de l’offre de services a été
possible grâce aux résultats de cette recherche doctorale.
Validation des résultats préliminaires auprès du comité-conseil, 3 décembre 2018
Validation des résultats préliminaires auprès du comité de recherche, 28 janvier 2018
Présentation des résultats de la recherche aux femmes Ilnuatsh, 23 avril 2019
Présentation des résultats de la recherche au Conseil des élus, 23 avril 2019
113
CHAPITRE 6
ANALYSE DU CONTEXTE COMMUNAUTAIRE DE
MASHTEUITASH
Ce sixième chapitre présente une analyse du contexte communautaire de Mashteuiatsh, la
communauté autochtone lnue dans laquelle cette étude doctorale a eu lieu. Afin de répondre
à une des questions de recherche préfixées de cette étude doctorale, soit celle de comprendre
l’impact du contexte sur le phénomène entrepreneurial des femmes, le contexte
communautaire a été considéré dans l’analyse du phénomène de l’EFA en vue de
comprendre et de contextualiser les expériences des femmes lnuatsh. Dans l’esprit de cette
recherche doctorale, le degré de différenciation qui existe entre les communautés
autochtones a été pris en compte dans la réflexion initiale afin de mieux comprendre
comment cela peut influencer et déterminer les expériences entrepreneuriales des femmes
Ilnuatsh. Dans le présent chapitre est présenté le contexte communautaire à l’aide du modèle
diagnostic communautaire de Hindle (2010); en plus des facteurs structurels et humains qui
sont proposés par l’auteur, l’analyse du corpus empirique a permis de faire émerger de
nouveaux facteurs contextuels et d’élargir ainsi le modèle original en y ajoutant de nouvelles
catégories d’analyse portant sur le contexte communautaire.
6.1 Entrepreneuriat et contexte socioculturel : introduction des facteurs
contextuels
Contrairement aux approches psychologiques ou économiques (p. ex. Cantillon, 1952;
Schumpeter, 1934) qui ont servi à l’analyse des activités entrepreneuriales à un niveau
microéconomique, qui porte d’ailleurs sur les activités et les comportements des
entrepreneurs, les approches macro issues de la sociologie sont reconnues pour tenir compte
du contexte socioculturel dans lequel l’activité des individus s’inscrit.
Ainsi, quand il s’agit d’entrepreneuriat, l’objet de l’analyse passe de l’entrepreneur comme
individu, avec ses caractéristiques de personnalité et son impact économique sur la société, à
l’étude de l’entrepreneuriat comme phénomène social. Dans le premier cas, l’entrepreneur
114
est considéré comme ayant un rôle proactif sur l’activité entrepreneuriale, inspirée par
exemple par la prise de décision, la prise de risque et l’esprit d’innovation. Toutefois, avec
l’approche systémique, l’activité entrepreneuriale représente plutôt une réponse de l’individu
à son environnement ainsi que les interactions avec les différentes parties prenantes de
l’écosystème entrepreneurial. Or, l’activité entrepreneuriale de l’individu n’est pas déterminée
par des décisions individuelles, mais plutôt par le contexte et les caractéristiques des milieux.
La littérature entrepreneuriale qui se consacre à l’étude de l’influence du contexte sur le
processus entrepreneurial a été analysée selon un grand nombre de facteurs d’influence
externes à l’individu. Certains de ces facteurs sont liés aux aspects structurels, tandis que
d’autres sont plutôt associés aux aspects socioculturels. En ce qui concerne les facteurs
structurels, plusieurs études sur la gouvernance (p. ex., Ben-Hafaïedh et Boubaker, 2003) ont
démontré qu’avec la mise en place des stratégies de développement entrepreneurial et de
développement territorial, la gouvernance peut avoir des répercussions plus ou moins
favorables sur le processus entrepreneurial. De plus, les institutions et la législation
influencent le développement économique et peuvent représenter soit une contrainte soit un
facteur facilitant pour les activités entrepreneuriales. Ajoutons que l’environnement
structurel aussi influe sur le processus entrepreneurial, grâce à l’exploitation des possibilités
entrepreneuriales dans un environnement donné (p.ex. Julien, 2007). La démarche utilisée
pour repérer ces possibilités est donc parfois simplifiée par les organisations du
développement économique, qui ont pour mission de soutenir et de financer les activités
entrepreneuriales au niveau territorial. Tous ces facteurs qui dépendent de la structure sont
contextuels au processus entrepreneurial.
Parmi les facteurs d’ordre socioculturel, la création entrepreneuriale a été mise en relation
avec le capital social et les réseaux sociaux (Alder et Kwon, 2002; Bauernschuster, Falck et
Heblich, 2010; Pirolo et Presutti, 2010). En effet, la littérature académique démontre que le
capital social favorise la création entrepreneuriale de façon bien plus importante que le
capital financier (Mueller, 2007). Au-delà de la création entrepreneuriale, il faut savoir que le
réseau entrepreneurial est réputé indispensable à toute phase du processus entrepreneurial, à
la survie des entreprises et à leur développement (Lamine, Fayolle et Chebbi, 2014).
Maintenant, à l’égard du capital social et au-delà de la vision individualiste (Portes, 1998),
115
d’autres recherches reprennent le concept de Bourdieu voulant que le capital social d’un
individu ne soit pas indépendant de son capital économique et culturel (Coleman, 1988).
Aussi, entre les cultures et l’entrepreneuriat, la relation se présente sur plusieurs tableaux :
d’une part, la culture touche à différents plans - régional, national ou générationnel - et peut
influencer le comportement entrepreneurial et les décisions des entrepreneurs; d’autre part,
la culture entrepreneuriale peut être considérée comme un outcome, qu’on peut retrouver dans
un pays ou une région, par exemple, et qui représente le résultat d’un contexte précis et des
relations de la triple hélice (Kim, Kim et Yang, 2012). Ainsi, la culture entrepreneuriale d’une
région ou d’un pays est associée strictement au concept d’écosystème entrepreneurial.
Les approches systémiques ont aussi donné de l’importance à la relation des différents
facteurs du milieu dans le processus entrepreneurial. Les études qui présentent une approche
systémique en entrepreneuriat se situent dans les recherches sur les écosystèmes, lesquelles
reconnaissent l’importance de l’environnement ou du contexte comme un facteur
influençant le comportement de l’entrepreneur et celui des entreprises (cycle de vie des
entreprises). Les études de Acs et collègues (2016) et de Kim et collègues (2012) ont le
même constat : l’entrepreneuriat est un phénomène qui est corrélé au développement
économique d’une région ou d’une nation, et l’étude des écosystèmes permet une vision de
l’ensemble des taux entrepreneuriaux afin d’orienter les décideurs publics dans les stratégies
décisionnelles. Non seulement tous ces facteurs sont contextuels et varient d’un milieu à
l’autre, mais ils varient également selon la nature du contexte , tel que une nation, une région
ou une communauté autochtone.
6.2 Entrepreneuriat et contexte communautaire autochtone : introduction au
modèle de Kevin Hindle
Quand on traite du contexte en milieu autochtone, il se crée alors une unité d’analyse
spécifique, autant sur le plan territorial que sociopolitique : les communautés autochtones,
soit les réserves du Canada. Lorsque les modèles analysés et les interlocuteurs rencontrés se
trouvent dans ces espaces circonscrits, il devient pertinent de parler d’entrepreneuriat
autochtone communautaire. Les réserves sont des territoires de compétences fédérales qui
ont été créés à la suite de traités, de revendications territoriales et d’autres ententes qui
servent les Indiens de plein droit. Les réserves sont régies par la Loi sur les Indiens et, du point
116
de vue de la gouvernance, par les conseils de bande, ce qui implique des dynamiques
sociopolitiques bien particulières (Jorgensen, 2007). Les communautés autochtones sont, par
leurs structures, des organisations présentes, et leur positionnement géographique crée des
contextes territoriaux bien précis ainsi que des réalités différentes les unes des autres.
Certains auteurs (p.ex. Hindle et Lansdowne, 2005; Hindle et Moroz, 2010) s’entendent sur
le fait que les concepts traités dans la littérature entrepreneuriale générique ne peuvent pas
être assimilés et transposés dans les réalités des contextes communautaires autochtones. Par
exemple, en ce qui concerne le capital social, Foley (2008) a démontré les particularités du
réseau autochtone et explique comment la relation entre la culture, le capital social et le
réseautage influence les entrepreneurs autochtones et leur activité entrepreneuriale. La vision
du capital social élaborée par Coleman (1988) est, dans ce sens, dépassée par celle de Putman
(2000), par l’acception collective du capital social dans les relations internes d’un groupe
social ou communautaire bien précis.
Plusieurs études ont été consacrées à l’explication de l’influence du contexte communautaire
sur le processus entrepreneurial (Mason, Dana et Anderson, 2009) et aussi sur les initiatives
entrepreneuriales (Anderson, Honing et Peredo, 2006; Peredo et Chrisman, 2006). Dans
cette littérature, qui s’interroge sur la relation entre l’entrepreneuriat autochtone et le
contexte communautaire, on retrouve de façon importante la contribution d’un auteur,
Kevin Hindle (2010) qui dans son article « How community context affects entrepreneurial
process: A diagnostic framework », propose un modèle de diagnostic élaboré pour évaluer
l’incidence des principaux facteurs d’influence du contexte sur le processus entrepreneurial.
Le modèle analytique de Hindle est un modèle complexe qui regroupe les différents facteurs
d’influence ciblés à cet effet dans la littérature scientifique. Il répond alors à un besoin de
systématisation de l’influence qu’exerce le contexte sur le processus entrepreneurial, tout en
regroupant les principales catégories indiquées dans la littérature scientifique. Ce modèle a
plusieurs objectifs : celui d’évaluer la capacité entrepreneuriale dans un contexte
communautaire et celui d’évaluer son potentiel entrepreneurial. Il sert également au
diagnostic du projet de développement communautaire en vue d’évaluer son efficacité dans
un contexte déterminé. L’objectif du modèle est de définir la communauté et ses
117
caractéristiques, et de déterminer si la communauté en question est viable pour les initiatives
entrepreneuriales.
Le modèle de Kevin Hindle est illustré dans la figure 3 ci-dessous :
Figure 3 : Modèle de Kevin Hindle (2010)15 Source : Kevin Hindle (2010) Le modèle de Hindle est un modèle structuré en plusieurs parties : la première partie se
compose de deux piliers principaux, ce que Hindle appelle les fondements de chaque
processus entrepreneurial. Ces deux piliers englobent un total de six facteurs, dont cinq
forment les éléments de base qui permettent d’évaluer la capacité descriptive du modèle et
qui sont répartis sur une base pyramidale en ordre d’importance, du plus important pour le
développement entrepreneurial au sein d’une communauté autochtone donnée au moins
important.
Quant aux facteurs structurels, Hindle en mentionne trois :
o Ressources physiques;
o Gouvernance et institutions;
o Droit de propriété et gestion du capital.
15 Le modèle est reproduit dans cette thèse de doctorat avec l’autorisation de son auteur, Kevin Hindle. La citation exacte du modèle est la suivante : « Figure 1. How community context affects entrepreneurial process: a diagnostic framework » Kevin Hindle, 2010, page 619.
118
À la base du processus entrepreneurial figurent les ressources physiques d’un territoire, c’est-
à-dire les infrastructures, les accès routiers et les matières premières, comme les mines et les
ressources hydrauliques. Les ressources physiques se doivent d’être prises en compte dans le
développement des activités entrepreneuriales. Le deuxième facteur concerne quant à lui la
gouvernance et les institutions : la gouvernance influe sur les processus entrepreneuriaux et
les décisions des entrepreneurs, ce qui, dans le contexte autochtone, a été étudié de façon
bien particulière (Cornell et Kalt, 2000). Le troisième facteur présenté est le droit de
propriété, ce qui est très important dans les questions autochtones en lien avec
l’entrepreneuriat, fait découlant de la Lois sur les Indiens.
Quant aux facteurs humains, Hindle en cible deux principaux, de la partie descriptive du
modèle :
o Ressources humaines (démographie et capital humain);
o Vision du monde et relations sociales.
Deux des trois facteurs présentés dans la pyramide sont des éléments de la connaissance et
font partie de la base descriptive de tout modèle entrepreneurial. Le premier facteur de cette
catégorie touche les ressources humaines. Il s’agit de la capacité en ressources humaines de la
communauté et de ses compétences en vue de développer les activités entrepreneuriales. Le
deuxième facteur concerne la vision du monde et les relations sociales qui dominent dans la
communauté, c’est-à-dire la structure des relations sociales au sein de la communauté
autochtone.
Enfin, le troisième facteur est celui de l’analyse des obstacles. Il s’agit de l’élément de
transition entre la partie descriptive du modèle et sa partie analytique. Ce facteur est relatif à
l’analyse des obstacles qui freinent l’activité entrepreneuriale d’une communauté et
représente la frontière entre l’environnement et l’interaction de deux systèmes. Si ce modèle
est examiné de façon pyramidale, il est évident qu’un constat doit être fait quant aux
ressources physiques ou humaines, aux aspects socioculturels, soit la gouvernance et les
réseaux d’affaires, et au droit de propriété. Dans son modèle, Kevin Hindle détermine les
facteurs contextuels et leur ordre dans le diagnostic du processus entrepreneurial. Après
119
avoir ciblé les cinq éléments de base et avoir analysé les obstacles propres à une
communauté, il conclut à un diagnostic partiel du modèle entrepreneurial de la communauté
et à une vision du portrait entrepreneurial d’une communauté donnée. Par la suite, l’auteur
indique les étapes du modèle qui sont représentées par le pont du milieu (figure 4). Il s’agit
de la partie analytique du modèle de Kevin Hindle, qui prévoit la mise en œuvre des
programmes et des actions qui peuvent contribuer à surmonter les obstacles
communautaires. Il s’agit d’une part des ressources humaines à utiliser et d’autre part des
infrastructures nécessaires au développement entrepreneurial. La nature processuelle du
modèle de Hindle est présentée dans la figure 4 :
Figure 4 : Nature processuelle du modèle de Kevin Hindle16 Source : Kevin Hindle (2019)
6.3 Analyse du contexte communautaire de Mashteuiatsh, inspirée du modèle
de Hindle
Afin de répondre à une des questions de recherche préfixées de cette étude doctorale quant à
la compréhension de l’influence du contexte communautaire sur les expériences
entrepreneuriales des femmes Ilnuatsh et à une meilleure compréhension de l’EFA comme
phénomène entrepreneurial contextualisé, une analyse du contexte de la communauté de
16 Le modèle est reproduit dans cette thèse avec autorisation de son auteur, Kevin Hindle. La citation exacte du modèle est la suivante: « Figure 2. Working through the framework sequentially » Kevin Hindle, 2010, page 621.
120
Mashteuiatsh a été réalisée au cours de la présente enquête qualitative, inspirée des travaux
du professeur Kevin Hindle, dont il est question dans les sections précédentes.
Pour cette raison, plusieurs acteurs du développement économique ont été rencontrés
pendant l’enquête qualitative, puis interrogés conformément au guide d’entrevue semi-
directif. Or, pour l’analyse du corpus empirique, des regroupements thématiques ont été
extraits afin de faire émerger les caractéristiques du contexte communautaire et les
principales variables prédéfinies selon l’interprétation de la chercheuse de ce modèle.
L’analyse est restituée dans les sections suivantes, en deux parties : 1) partie descriptive et 2)
partie analytique. L’analyse des facteurs pris en compte ainsi que les verbatim correspondants
sont présentés ici.
6.3.1 Analyse du contexte communautaire : partie descriptive du modèle
Inspirées du modèle de Hindle, les variables à l’étude pour la partie descriptive sont : 1)
Infrastructures et territoire; 2) Démographie et capital humain; 3) Gouvernance et
institutions; 4) Relations sociales et vision du monde; 5) Droit de propriété et gestion du
capital. Ces variables sont présentées ci-dessous.
o Infrastructures et territoire
La communauté de Mashteuiatsh est située dans la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean, dans
la province de Québec. Le territoire qu’occupe la communauté de Mashteuiatsh compte une
petite superficie de 15,24 km² sur les berges du lac Saint-Jean, comme le mentionne ce
répondant :
« Il faut savoir aussi que le territoire n’est pas immense non plus à Mashteuiatsh, car on est enclavé par Roberval, Saint-Prime, donc ce n’est pas très grand, Mashteuiatsh. » A_11
Par ailleurs, il est important de noter qu’au-delà du territoire de la réserve, délimité par le
gouvernement fédéral, le territoire traditionnel revendiqué au gouvernement par le Conseil
de bande « Nitassinan » s’étend sur une superficie beaucoup plus grande, qui est estimée à
13 000 km² (figure 5).
121
Figure 5 : Carte du Nitassinan, territoire traditionnel Source : Site web de la communauté de Mashteuiatsh https://www.mashteuiatsh.ca/membre-de-la-communaute/carte-de-nitassinan.html
Du point de vue des infrastructures, la communauté de Mashteuiatsh est accessible par
route, piste cyclable et voie ferroviaire, laquelle traverse la communauté, mais elle ne
bénéficie d’aucun transport en commun. La communauté dispose d’une rue principale
appelée Ouiatchouan. C’est par elle qu’on peut accéder au Conseil de bande, à plusieurs
entreprises, à diverses organisations communautaires et au parc industriel, tel que l’indique ce
répondant :
« Le parc industriel a de la place, mais l’accessibilité au parc industriel n’est pas optimale présentement, parce qu’on n’est pas sur la route régionale, donc […] il faut toujours bifurquer, tu sais. C’est un détour pour venir à Mashteuiatsh, donc on n’est pas sur la route régionale, donc quelqu’un qui voudrait se partir un commerce et a besoin d’être sur la voie passante, bien la voie passante, ici, c’est la Rue Ouiatchouan. Ce sont les gens de Mashteuiatsh majoritairement qui passent là […] » A_11
122
La communauté dispose aussi d’une église, d’un musée (le Musée amérindien de
Mashteuiatsh), d’une école, d’un pensionnat, d’un espace culturel communautaire (site
Uashassihtsh) et d’un centre d’information touristique.17
o Démographie et capital humain
La communauté de Mashteuiatsh appartient à la Première Nation des Innus. Ses habitants
sont appelés les Pekuakamiulnuatsh. Concernant la population de cette communauté, un des
répondants affirme ce qui suit :
« Mashteuiatsh est une communauté autochtone qui regroupe environ 6 800 membres. Dans les 6 800 membres, il y a environ 2 000 résidents qui sont dans la communauté. » A_04
La répartition hommes-femmes de la communauté de Mashteuiatsh révèle que beaucoup de
femmes membres de la communauté demeurent à l’extérieur en raison de certains
événements qui ont mené à l’exclusion des femmes de la communauté, comme le précise un
répondant :
« […] donc, 60 % des membres de la communauté demeurent à l’extérieur de la réserve, puis beaucoup de ces femmes-là demeurent à l’extérieur de la réserve à cause de la Loi sur les Indiens à l’époque, qui ne permettait pas aux femmes qui se mariaient avec des non-Autochtones de rester ici. Les femmes sont beaucoup à l’extérieur, puis quand la Loi sur les Indiens a changé pour permettre aux femmes de retrouver leur statut et à leurs enfants, ici, il y a eu une espèce de boycottage de cet événement-là par les élus. Les élus n’ont pas accepté de donner les services à ces femmes-là, donc cela n’a pas facilité le retour des femmes dans la communauté.18 » A_10
Hormis la capacité démographique, l’analyse du corpus empirique a fait émerger l’analyse du
capital humain de la communauté. Dans ce contexte, les répondants affirment que, bien que
la communauté de Mashteuiatsh présente un bon potentiel de capital humain, il est
présentement sous-utilisé dans la communauté en ce qui a trait à l’entrepreneuriat. En effet,
17 Source : Site web de la communauté de Mashteuiatsh. 18 Il importe de souligner que ceci représente l’opinion d’un répondant et que l’interprétation des faits ne se substitue pas aux faits réels.
123
au-delà du Conseil de bande, qui est un employeur important, le reste de la population
nécessite une formation accrue selon ces deux répondants :
« Il y a un potentiel à Mashteuiatsh de main-d’œuvre, qui est sous-utilisée présentement, parce qu’on n’a pas beaucoup de […] au-delà du Conseil, qui est un gros employeur. Nos entreprises à Mashteuiatsh font souvent affaire à l’extérieur de Mashteuiatsh. » A_11
OU
« Les femmes ont besoin du personnel avec des formations spécifiques, qui ont des bacs, etc., toutes ces connaissances-là […], parce qu’une grande majorité de la main-d’œuvre actuellement qui est disponible, mais ce sont des gens qui ont peu de formation, dans certains cas, qui n’ont pas fini leur secondaire. Cette employabilité-là, elle existe, mais pour ce qui est des autres, c’est un peu plus difficile, oui. Elles doivent avoir recours à la manœuvre à l’extérieur. » A_18
o Gouvernance et institutions
Mashteuiatsh est une communauté autochtone qui se distingue par la présence de plusieurs
institutions responsables du développement économique de ses membres. Outre le Conseil
de bande, qui représente l’appareil politico-administratif de la communauté, le corpus
empirique a permis de relever, par les témoignages des répondants, les institutions qui s’y
trouvent et leur rôle respectif. Il s’agit des suivants :
- Société de développement économique Ilnu (SDEI);
- Caisse Desjardins;
- Développement Piekuakami Ilnuatsh (DPI).
De plus, l’analyse du corpus empirique permet de comprendre comment la volonté politique
a façonné la configuration institutionnelle propre à la communauté de Mashteuiatsh. Ainsi,
dans cet écosystème entrepreneurial, chaque organisation semble avoir une mission bien
définie :
« Le Conseil n’est pas une entité légale au niveau de l’entrepreneuriat, là […] c’est un organisme public. Donc, le Conseil a formé DPI, et DPI s’est développé en Pekuakamiulnuatsh. DPI, c’est une société en commandite dont le Conseil est
124
commanditaire. Donc, ça devient l’entité d’affaires qui est le bras d’affaires du Conseil. Autrement dit, le Conseil allait chercher des contrats de gré à gré, et il les faisait réaliser par DPI, et DPI, lui, qui est l’entrepreneuriat collectif, mais qui est une entité légale d’affaires, était le bras d’affaires agissant. Alors, la SDEI, la différence, c’est que c’est un regroupement de gens d’affaires qui donne les services de développement économique à la communauté et qui a une entente administrative avec le Conseil. La SDEI n’appartient pas au Conseil; par contre, le Conseil, dans sa responsabilité gouvernementale, c’est lui qui reçoit les fonds pour donner des services du développement économique. » A_10
La figure ci dessous (figure 6) illustre, donc, la configuration institutionnelle de la
communauté de Mashteuiatsh:
Figure 6 : Configuration institutionnelle de la communauté de Mashteuiatsh Source : Enquête qualitative, Croce (2019) En ce qui concerne la gouvernance, les répondants rencontrés affirment que le Conseil de
bande ne présente aucune orientation particulière liée au développement de l’entrepreneuriat
chez les femmes Ilnuatsh :
« Moi, je te dirais que l’orientation du Conseil est beaucoup plus sur le développement de l’entrepreneuriat en général. À ma connaissance, il n’y a pas d’orientation spécifique pour le développement ou la priorisation du développement de l’entrepreneuriat chez les femmes : c’est à l’intérieur de son développement en général. » A_18
ET
Société en commandite
Conseil de bande
SDEI
DPI
Caisse Desjardins
Regroupement des gens d’affaires
Institution financière
Entité politico-administrative
125
« Le conseil est impliqué dans les différents organismes où les femmes sont interpellées. Il y a plusieurs organismes autres que dans l’entrepreneuriat qui fait que les femmes sont aidées. Ici, on ne nous a jamais demandé de mettre l’emphase sur les femmes entrepreneures. Quand on parle d’entrepreneuriat ou de l’entreprise il n’y a pas de sexe, tous ceux qui désirent entreprendre : pas de sexe, pas d’âge. » A_01
Soulignons toutefois une attention portée à l’égard de la promotion du statut des femmes
autochtones qui sont membres de la communauté :
« Pas particulièrement pour les femmes, malgré que je dirais que la dernière année, ce conseil-là a été élu il y a un an environ, puis dans la campagne électorale, on a fait beaucoup des représentations […], parce qu’on est un organisme qui est en place avec le milieu, et on s’est organisé pour faire valoir les préoccupations des organismes communautaires. Puis, à travers ces activités-là de sensibilisation, on a parlé beaucoup du comité des femmes et du projet pour soutenir les femmes. » A_03
L’analyse du contexte institutionnel permet d’affirmer que l’institution qui prend en charge le
développement économique des membres ainsi que la promotion de l’entrepreneuriat au sein
de la communauté est la SDEI. Aussi, cette organisation n’a pas de spécificité pour le
développement économique des femmes :
« Je dirais qu’il n’y a pas d’organismes spécifiques au développement entrepreneurial des femmes; c’est plus des organismes qui prennent en charge le développement de l’entrepreneuriat en général […] Entre autres, il y a nous, qui pouvons contribuer au développement, mais tu as surtout la Société de développement économique ilnu, la SDEI que l’on appelle, qui elle, c’est plus son rôle d’accompagner, de supporter, de mettre en place des services pour aider au développement de l’entrepreneuriat. » A_18
ET
« Je pense qu’il y a un niveau d’accompagnement qui est présent dans notre communauté, au niveau des phases du plan d’affaires, prédémarrage d’entreprises, c’est un organisme de la communauté qui se trouve à […] de qui relèvent ces activités-là. Donc, que ce soit pour les femmes entrepreneures ou les entrepreneurs en général, je pense qu’on a quand même un accompagnement qui se fait. On a certaines possibilités. » A_04
126
Quant à l’institution financière, la Caisse Desjardins, elle ne met pas l’emphase sur le
développement de l’entrepreneuriat chez les femmes Ilnuatsh :
« Moi, je peux vous parler pour la Caisse. C’est très “de genré” là, moi là […] Un entrepreneur peut être une femme ou un homme. Nous, ce qu’on rencontre, ce sont des entrepreneurs et entrepreneures. Je ne veux pas savoir si c’est un homme ou une femme. Il n’y aurait pas de favoritisme de fait. Le centre, on a notre division entreprise chez Desjardins qui traite les dossiers d’entrepreneurs. » A_11
Les témoignages des répondants permettent aussi de statuer qu’il existe un niveau de service
et d’accompagnement sur réserve :
« Je pense que oui, au niveau des structures, on est quand même assez bien équipés en termes de services, les gens ne les connaissent pas ou ils ne savent pas jusqu’où ils peuvent les utiliser. Puis, le problème qu’il y a, c’est qu’on a une attitude de fonctionnaire, puis on est dans notre bureau et on ne sort pas de là […] Si tu ne viens pas me voir parce que t’as un projet et tout ça, bien. Puis, moi, ma job est d’être ici. » A_10
o Relations sociales et vision du monde
Dans la communauté, les relations sociales semblent être caractérisées, encore aujourd’hui,
par le patriarcat; en affaires, la femme occupe encore aujourd’hui un rôle de deuxième plan
dans la communauté :
« Je dirais que les problématiques, pour les femmes, c’est les mêmes : au niveau de la loi, j’aurais tendance à dire qu’on a les mêmes contraintes que les hommes peuvent vivre. C’est plus au niveau, je dirais… pas au niveau de la Loi sur les Indiens, mais plus au niveau de la mentalité, peut-être au niveau du développement de l’entrepreneuriat chez les femmes […] » A_18
OU
« La colonisation a amené ce phénomène-là, puis aujourd’hui les femmes se sentent encore deuxièmes. Puis, je le vois avec le groupe de femmes avec lequel je travaille : ce n’est pas des gens qui vont aller au front. […] Puis, on a remarqué que les femmes qui ont plus ce cran-là, d’aller au front et de défendre les idées, même si parfois ce n’est pas défendable, mais au moins elles osent le faire, ça va
127
être des femmes non autochtones qui ont marié des autochtones. […] C’est un peu dommage, mais en tout cas, la communauté est comme cela, et pourtant les femmes, ce sont elles qui gèrent la maison, qui gèrent la famille, qui s’occupent de toutes les […] tu sais, la femme ici, elle gère la famille, elle gère sa carrière, c’est elle qui mène le bal, tu sais. On va avoir de plus en plus les jeunes hommes s’organiser, là, mais ce n’est pas la majorité. » A_18
o Droit de propriété et gestion du capital
En ce qui concerne le droit de propriété dans la communauté, les acteurs du développement
économique rencontrés affirment au cours des entrevues que la Loi sur les Indiens a un impact
important et négatif sur le droit de propriété des biens de la communauté, tel que l’explique
ce répondant :
« Il faut savoir que la Loi sur Indiens rend aussi la prise de garantie sur une caution, une maison […] Vous avez terminé de payer votre maison, c’est votre bien, moi, je ne peux pas prendre des biens sur votre maison, je ne peux pas hypothéquer votre maison présentement pour la donner en garantie […] Donc, si vous voulez, je ne sais pas, on va donner un exemple : si vous souhaitez acheter un commerce à Roberval, puis que vous avez terminé de payer votre maison, vous avez une équité sur votre maison. Ben, si vous habitez en dehors de Roberval, la personne va prendre votre équité sur la maison en garantie […], mais puisque vous êtes à Mashteuiatsh, on n’est pas capable, donc cela est un frein aussi à l’investissement des gens. » A_11
OU
« Oui, l’insaisissabilité, ça, c’est très, très […] Ça amène un problème, parce qu’un entrepreneur sur réserve, étant insaisissable, ça fait que, lorsqu’il veut emprunter, il a toujours besoin d’un cautionnement. C’est une chose difficile, que ce soit homme ou femme, quand tu veux entreprendre, ici, il faut que tu te dises : ici, bon, si je veux acheter un bâtiment ou des équipements, et tu as besoin d’un prêt, pour un prêt, t’as besoin de quelqu’un qui cautionne, il y a ça aussi. » A_01
Avec l’objectif de pallier ce problème, un fonds de cautionnement a été créé dans la
communauté, comme l’indiquent ces répondants :
« Oui, il y a un fonds de garantie des prêts qui existe, qui est en collaboration entre Desjardins, le Conseil Pekuakamiulnuatsh Takuhikan et Rio Tinto. Il y a un fond d’un peu plus de 4 millions, si je ne me trompe pas, qui existe à
128
Mashteuiatsh et qui va venir garantir les prêts, et c’est bon pour l’entrepreneur de Mashteuiatsh. » A_11
6.3.2 Analyse du contexte communautaire : partie analytique du modèle
Dans cette section, la partie analytique du modèle de Hindle est reproduite et représentée par
deux étapes distinctes, comme dans le modèle de Hindle : 1) analyse des obstacles
communautaires et 2) actions contextualisées.
1) Analyse des obstacles
Les acteurs du développement économique ont partagé certaines difficultés qui sont liées au
développement de l’entrepreneuriat et qui doivent être mises en relation avec le contexte
communautaire. Grâce à l’analyse du corpus empirique, les obstacles qui ont été répertoriés
sont les suivants :
o Bas niveau de la scolarité des femmes autochtones :
« Écoutez, je vous dirais qu’on est en train de faire des avancées là-dessus. Je regarde au Québec, les femmes osent entreprendre maintenant. Les femmes autochtones, est-ce que moi je pense que les femmes autochtones ont des facteurs qui les empêchent comparativement aux femmes québécoises, si on veut? […] C’est sûr que dans certaines communautés, c’est difficile : souvent, les femmes n’ont pas ça facile. Ici, à Mashteuiatsh, il y a plusieurs organismes pour venir en aide. Est-ce qu’elles vont toutes demander de l’aide? Ça, j’imagine que non, c’est comme un peu partout ailleurs […] Est-ce que le facteur “étude”, est-ce qu’au niveau de la scolarité, c’est une chose qui peut faire en sorte que les femmes ont moins le goût parce que la scolarité est moins haute, ou ont dû arrêter pour s’occuper de la famille? […] » A_01
o Implication familiale des femmes autochtones :
« Souvent, les femmes autochtones ont des enfants jeunes. Donc, ça peut être un facteur qui fait qu’étant jeunes, elles ont le premier enfant, le deuxième, elles s’occupent de la famille et puis […] elles sont peut-être moins aptes à vouloir pousser dans ce sens-là. La famille, la culpabilité, parce que quand tu es entrepreneure, tu ne comptes plus tes heures. C’est des heures et des heures : difficiles pour une femme. La femme autochtone a souvent plusieurs enfants, je ne dirais pas plus que la femme québécoise, mais c’est un autre… c’est une autre mentalité, donc… laisser la maison et dire : “Là, maintenant, je me consacre à mon entreprise”, ce n’est pas évident, ce n’est pas évident. » A_01
o Manque de confiance des femmes autochtones
129
« Les femmes, on dirait, ont plus de misère. Les femmes, on est… on est… déjà, on est indépendantes, donc on n’aime pas devoir raconter, étaler nos finances, étaler notre vie ou […] Souvent, elles vont venir ici, mais elles ont peur, elles ont peur de se faire voler son idée, de se faire voler son projet, donc elles vont être plus réticentes, plus méfiantes que les hommes. En partant peut-être les femmes, on est plus méfiantes des hommes un peu dans tout, mais il n’y a pas de différences dans l’entrepreneuriat. C’est effectivement la méfiance, la peur. » A_01
o Préjugés et stéréotypes liés au rôle de la femme en affaires :
« Malheureusement, même si on est en 2018, on fait encore face à certains préjugées, par exemple que la place d’une femme, ce n’est pas nécessairement en affaires. Malheureusement, ça doit être des messages qui peuvent possiblement se véhiculer, quand on sait que c’est faux. Mais je suis convaincu qu’elles font face à ces préjugés-là. Chez nous, à Mashteuiatsh, est-ce que c’est plus problématique qu’ailleurs? C’est malheureux à dire, mais je ne saurais pas dire. J’ai une perception que c’est tout aussi difficile, qu’on véhicule malheureusement certains préjugés aussi. Mais est-ce que c’est plus qu’ailleurs? Je ne le sais pas, je ne le sais pas, je devrais peut-être être au courant, mais je ne pourrais pas dire. » A_04
o Sexisme et patriarcat sur le plan communautaire :
« Je pense qu’au niveau culturel, les femmes ont à évoluer pour devenir des dirigeants, puis être capables de faire face à la musique. Je vais donner un exemple sur lequel souvent on est confronté : quand on est un entrepreneur, on doit prendre des décisions. On est souvent en majorité dans des contextes avec des hommes, parce qu’on est très peu des femmes. Et quand on adopte le style des hommes, dans une certaine façon, là, pas adopter leur style, mais on joue sur la patinoire, avec ce qu’on est comme femme, je dirais que les hommes ont un peu de difficulté à accepter le même message dit par une femme de ce qui serait dit par un homme. On se confronte beaucoup à ça, donc au niveau culturel, au niveau des mentalités, je dirais qu’il y a une difficulté. » A_18
2) Actions contextualisées
Les acteurs du développement économique communautaire qui ont été interviewés pendant
l’enquête qualitative ont partagé certaines améliorations qui peuvent être apportées à la
communauté et qui sont potentiellement utiles pour soutenir les activités des femmes
entrepreneures Ilnuatsh. Les améliorations qui ont été répertoriées sont les suivantes :
o Sensibilisation à l’entrepreneuriat :
« Je pense que ce qu’il faudrait est de publiciser aux efforts qu’on veut des femmes entrepreneures, autant du côté du conseil qu’ici, à la SDEI. Je pense
130
qu’un peu tout le monde dans la communauté aurait intérêt à […] publiciser, sensibiliser encore plus. J’ai l’impression que ça se fait, mais je m’aperçois que peut-être cela ne se fait peut-être pas assez, puis est-ce qu’il y a un désir d’entreprendre qui est fort? Je ne sais pas, je ne peux pas répondre à ça. » A_01
o Programmes propres aux femmes entrepreneures autochtones :
« Peut-être que ce serait bien, un programme destiné aux femmes qui désirent entreprendre. » A_01
o Regroupements de femmes entrepreneures autochtones :
« Je dirais ce que je disais tantôt : de faire des regroupements pour échanger sur ce qu’on vit. Ce serait un plus. C’est sûr qu’à partir du moment où on a des regroupements, des associations, ça peut être juste […] Ces gens-là sont des messagers pour parler. Mais maintenant, à mon goût, on est beaucoup plus seules dans notre bateau. » A_18
o Incitatifs financiers :
« Il pourrait y avoir des bourses dédiées aux femmes entrepreneures ici, pour les aider, parce qu’on le sait que c’est dur de se partir une entreprise. C’est dur pour tout le monde de se partir une entreprise. En plus, c’est dur pour une femme de se partir une entreprise pour différentes raisons qu’on a énumérées tout à l’heure. » A_11
o Promotion des femmes dans le journal de la communauté :
« Comme je vous disais tout à l’heure, il faut promouvoir. Il faut faire beaucoup de promotion de tout ça. On a un journal qui est lu et reçu par tous les membres de la communauté : c’est le journal mensuel. C’est un mensuel qu’on a et qui devrait avoir une chronique là-dedans pour présenter une femme entrepreneure, soit tous les mois ou aux deux mois, dépendamment du nombre qu’on a […] Présenter ce qu’elles font, depuis quand elles font ça, c’était quoi leur rêve en faisant ça? Une petite entrevue d’une demi-page […] ça ferait connaître ce qu’elles font […] Les gens pourraient être surpris de l’effet que cela va avoir à long terme. » A_11
o Travailler sur la confiance de la femme :
« Je pense qu’il y a un avenir pour les femmes entrepreneures, mais il faut d’abord qu’on travaille sur toute la croissance personnelle de la femme, pour qu’elle puisse s’épanouir, pour qu’elle puisse prendre confiance en elle, puis qu’après ça elle sache qu’elle est capable de faire de grandes choses. Parce qu’elle est capable. Elle est capable, mais elle ne le sait pas, puis elle est toujours bloquée par son environnement, tu sais. Elle se sent responsable de tout, puis coupable de ne pas le faire […] Si on ne travaille pas sur cette confiance et la croissance personnelle de passer par-dessus, tu sais. Il y a des femmes qui ont
131
tellement eu des blessures, qui sont… qui ont été utilisées comme femmes-objets, partout là. » A_10
o Soutien des femmes en politique :
« Des fois, on parle en politique, il y a une sous-représentativité des femmes en politique, de façon générale. Cela pourrait passer par là aussi, peut-être pour ouvrir certaines portes aux femmes entrepreneures. » A_04
o Développer le soutien destiné aux femmes entrepreneures :
« Je pense qu’on pourrait développer davantage le soutien qu’on pourrait amener collectivement aux entrepreneures autochtones, via les différentes entités qu’on a, via aussi les associations plus nationales, au niveau de la grandeur du Québec. Je pense, entre autres, à l’APNQL. Probablement, je ne sais pas s’ils ont en place une instance entrepreneures au féminin, je ne suis pas certain, mais selon moi, il devrait y en avoir une, au même titre que différentes autres associations. » A_04
6.4 Analyse du contexte communautaire : facteurs contextuels émergents
En plus des facteurs indiqués par le modèle de Hindle (2010), le corpus empirique a permis
de déterminer plusieurs facteurs qui sont associés à l’analyse contextuelle de la communauté
autochtone et qui se doivent d’être pris en compte pour favoriser la compréhension de la
configuration contextuelle de la communauté. En effet, hormis les facteurs structurels et les
facteurs humains propres au modèle de Hindle, d’autres facteurs contextuels semblent être
très pertinents dans l’analyse d’un contexte communautaire autochtone donné, quand il s’agit
de la compréhension contextualisée de l’EFA et des expériences entrepreneuriales des
femmes Ilnuatsh.
Ainsi, les facteurs qui ont émergé et qui ont été répertoriés au cours de l’analyse du corpus
empirique sont les suivants : 1) Positionnement géographique de la communauté; 2) Niveau
du développement socioéconomique de la communauté; 3) Déterminants culturels;
4) Contexte entrepreneurial de la communauté et 5) Vision du changement.
1) Positionnement géographique de la communauté Outre le territoire et les infrastructures, les acteurs rencontrés ont expliqué comment le
positionnement géographique de la communauté de Mashteuiatsh semble influer sur les
132
activités entrepreneuriales des femmes Ilnuatsh, tel que l’affirme un acteur du
développement économique :
« Beaucoup plus que si, admettons, on était dans le milieu de la forêt : parce qu’il y a plusieurs communautés qui sont dans la forêt, très très éloignées […] Donc, oui, on a des écoles, on a des cégeps […] Oui, je crois que le positionnement géographique, ici, fait en sorte qu’on a tout pour pouvoir stimuler l’entrepreneuriat. » A_11
Il a aussi été mis en évidence que le positionnement géographique a une incidence sur le
degré d’influence des communautés avoisinantes, comme l’exprime cet acteur :
« C’est sûr que, être dans un coin aussi urbanisé comme on l’est, dans le fonds, entre la ville de Roberval, Saint-Félicien et le lac, Saguenay, qui n’est pas très loin, au niveau des opportunités, c’est clair […] Mais, encore une fois, autant chez les hommes que chez les femmes, c’est sûr que le fait d’être urbanisés, les gens de la communauté, les femmes, peuvent se permettre de voir plus les femmes entrepreneures qui sont dans les villes avoisinantes. Donc, cela peut susciter un intérêt plus marqué et cela pourrait peut-être avoir une incidence et augmenter le numéro plus rapidement. » A_11
2) Niveau du développement socioéconomique de la communauté À partir de l’analyse du corpus empirique, les acteurs ont fait savoir que la communauté de
Mashteuiatsh est considérée comme une communauté autochtone qui est très dynamique
comparativement aux autres communautés membres de la Première Nation des Innus.
« Notre communauté, je vous dirais que je considère notre communauté comme étant très dynamique au niveau du degré d’avancement, comme on parlait tantôt, par rapport aux autres au niveau du développement économique. » A_04
OU
« Mashteuiatsh est une très belle communauté autochtone, qui a beaucoup évolué à travers les années, les dernières années, surtout. Étant originaire de Roberval, moi, j’ai vu Mashteuiatsh quand j’étais tout jeune et je vous dirais que depuis mon retour je suis agréablement surpris de voir tous les programmes et toute la prise en charge. » A_11
OU
133
« Plus de diplômes, pas plus instruits, ils ont plus de diplômes. Donc, le fait que les gens ont les diplômes, ces gens-là ont travaillé dans les différents ministères, puis souvent la communauté a été pour des projets pilotes pour essayer les choses, parce que justement les gens avaient les diplômes. Les gens travaillaient dans les ministères, essayaient des affaires dans la communauté qu’ils connaissaient, donc c’était à Mashteuiatsh, donc cela a été un avantage parce qu’on s’est développés beaucoup au niveau des services, puis au niveau économique aussi, parce qu’il y a des entreprises qui ont vu le jour grâce à ça, là. Quand c’est développé, c’est grâce à des subventions, tu comprends. » A_10
Malgré le niveau de développement de la communauté, il a aussi été mis en évidence, par les
acteurs, que la communauté éprouvait certains problèmes sociaux, que l’on retrouve aussi
dans d’autres communautés autochtones, comme l’admet ce répondant :
« On fait face à certaines problématiques sociales, je vous dirais que les autres également, au niveau des taux d’assurance-emploi, au niveau des gens qui vivent de la sécurité du revenu, au niveau des problématiques sociales très sérieuses, toxicomanie et divers, on fait également face à cela. » A_04
3) Déterminants culturels À partir de l’analyse du corpus empirique, la culture du milieu autochtone d’appartenance est
aussi mise de l’avant :
« Pour avoir travaillé aussi hors réserve, puis maintenant depuis trois ans ici, je pense que c’est de redonner beaucoup. Habituellement, à l’extérieur, on va redonner quand on sera rendu très, très haut dans la société […] À un moment donné, on va redonner, on dirait, pour se sentir bien […] Elles vont redonner tout de suite, on dirait. Il y a beaucoup d’ouverture là-dessus […] » A_11
4) Contexte entrepreneurial de la communauté L’analyse du corpus empirique a permis de cerner d’autres facteurs relatifs au diagnostic
entrepreneurial communautaire selon l’analyse de l’EFA dans un milieu donné. Ces facteurs
permettent, en combinaison avec les autres facteurs contextuels, de mieux comprendre
l’EFA d’une communauté. Au total, quatre facteurs sont associés au contexte entrepreneurial
comparativement aux femmes entrepreneures de la communauté ciblées par le corpus
empirique : 1) Présence entrepreneuriale; 2) Profil entrepreneurial; 3) Culture
entrepreneuriale; 4) Secteurs d’activité.
134
o Présence entrepreneuriale Quant à la présence entrepreneuriale des femmes Ilnuatsh de la communauté, les acteurs ont
exprimé la sous-représentation de celles-ci dans l’entrepreneuriat. L’acteur du
développement économique suivant en fait part :
« Il faut que les femmes prennent de plus en plus de place au niveau de l’entrepreneuriat : c’est important. Elles représentent à peu près 55 % de la population; chez nous, ça doit être à peu près la même affaire. Bien, il y a trop peu des femmes entrepreneures, et il devrait y en avoir au même niveau que la représentativité qu’elles occupent. » A_04
o Profil entrepreneurial
Les répondants font aussi état du profil entrepreneurial des femmes entrepreneures llnuatsh
au sein de la communauté, qui semblent être en majorité des artisanes :
« Je vous dirais que c’est plus traditionnel ici, dans l’artisanat. Il y a beaucoup de femmes qui sont dans l’artisanat ici. On a juste à voir, lors du grand rassemblement, les différentes tentes qui peuvent y avoir au niveau de l’artisanat. Ce sont des femmes habituellement qui sont là […] On a l’occasion d’avoir également, je crois, au mois de mars, un salon de l’artisanat. On voit que ce sont des femmes qui sont là. On a même de jeunes femmes qui maintenant font de l’artisanat, mais c’est souvent une activité traditionnelle. » A_11
o Culture entrepreneuriale Un autre facteur relatif à l’analyse du contexte entrepreneurial et relevé à partir des
témoignages des répondants est le facteur de la culture entrepreneuriale, typique aux femmes
Ilnuatsh. Cette culture entrepreneuriale est basée sur le partage et le volet communautaire,
comme l’expriment ces répondants :
« L’autre chose, c’est sûr que les femmes ici, comme je disais tantôt, sont plus au niveau des organismes communautaires. C’est plus dans ce sens-là. Donc, la culture des femmes est plus à caractère social qu’à caractère économique. Pour l’instant, on est plus dans ces domaines-là. On n’est pas beaucoup dans le domaine vraiment économique, où on se confronte à une grande majorité d’hommes. On n’est pas beaucoup. » A_18
ET
135
« Moi, je les vois beaucoup dans les activités économiques présentement basées là-dessus : sur le bien-être, le partage de leur communauté… Ce n’est pas : “Je veux devenir riche, et après ça on verra ce qu’on peut faire pour les autres. C’est ensemble qu’on va avancer”. Donc, ça, je pense que c’est ce qui les caractérise le plus. » A_11
o Secteurs d’activité Enfin, l’analyse du corpus empirique a permis de mettre en relief les secteurs d’activité
porteurs :
« Je vous dirais qu’ici les entreprises opérées par des femmes, c’est souvent les commerces de services. Ce que je vois, je pense, ça fonctionne très bien. Les femmes ont des garderies, elles gagnent très bien leur vie, celles qui ont des garderies. Au niveau de la restauration, je pense à une en particulier qui fonce : ça va très bien. J’ai une femme qui a une boutique : ça va super bien. Ensuite, au niveau coiffure esthétique, je pense qu’elles gagnent bien leur vie aussi. » A_01
Vision du changement L’analyse du corpus empirique a permis de faire émerger la vision du changement liée à
l’EFA qu’ont exprimée pendant l’enquête les acteurs du développement économique
rencontrés. Les changements ont été ciblés, et il s’agit principalement de changements
relatifs au rôle et à la place de la femme dans la communauté, comme ce répondant
l’indique :
« Je pense que la vision du futur est qu’on n’a rien vu. On n’a rien vu, parce que ces femmes-là vont sortir de plus en plus, vont prendre leur place, et ça peut être juste bon pour la société, tant au niveau politique. Et pas juste ici, partout, et aussi au niveau entrepreneurial. » A_01
6.5 Modèle élargi de Hindle
Les facteurs contextuels émergents que l’analyse du corpus empirique a pu mettre en lumière
ont suggéré à la chercheuse de cette étude doctorale l’élaboration d’une extension du modèle
diagnostic communautaire de Hindle (2010) pour une meilleure compréhension de la
configuration contextuelle de la communauté de Mashteuiatsh relativement à l’analyse de
l’EFA. Cette démarche d’analyse contextualisée de l’EFA dans un milieu bien défini a été
possible grâce à cet exercice diagnostic, qui a été réalisé avec et par les acteurs du
136
développement économique communautaire au cours de l’enquête de terrain. Les facteurs
émergents qui ont été ciblés par le corpus empirique viennent élargir le modèle de départ.
Autant du point de vue des facteurs structurels que des facteurs humains, l’analyse s’enrichit
de facteurs explicatifs du contexte communautaire.
Le modèle élargi, qui a été élaboré en fonction de l’empirie, conserve la nature progressive de
l’analyse, qui se réalise par étapes. Ainsi, l’analyste peut concevoir la configuration du
contexte par étapes. Une première partie du modèle se veut toujours descriptive, tandis que
la deuxième sera plus analytique. La partie descriptive regroupe différents déterminants
communautaires (tableau 4), et la deuxième regroupe l’analyse des obstacles, la vision
commune du changement et les actions contextualisées à mettre en œuvre (figure 7).
La révision de la partie descriptive représente une évolution de la première partie du modèle
de Hindle, qui se voulait composée des facteurs à la fois structurels et humains. Les facteurs
contextuels émergents ont été intégrés dans ce nouveau modèle. L’ensemble des facteurs
contextuels se compose de quatre typologies des déterminants, comme l’illustre le tableau 4 :
Déterminants communautaires de base
• Territoire et infrastructures • Positionnement géographique • Démographie et capital humain • Niveau de développement socioéconomique.
Déterminants socioculturels
• Vision du monde • Relations sociales • Culture du milieu
Déterminants institutionnels
• Gouvernance et institutions • Soutien et programmes • Droit de propriété et gestion du capital
Déterminants entrepreneuriaux
• Présence entrepreneuriale • Profil entrepreneurial • Culture entrepreneuriale • Secteurs d’activité
Tableau 4 : Analyse du contexte communautaire : révision de la partie descriptive Source : Enquête qualitative, Croce (2019)
La deuxième partie du modèle, celle qui est analytique, découle de l’analyse de la première
partie et définit la relation entre les obstacles communautaires et les actions contextualisées à
137
mettre en œuvre (figure 7). Les acteurs du milieu autochtone auront à propulser ces actions
en passant par la vision du changement.
Figure 7 : Analyse du contexte communautaire – Révision de la partie analytique Source : Enquête qualitative, Croce (2019)
La mise en relation des deux parties entraîne un nouveau modèle, qui se compose de sept
étapes d’analyse distinctes et progressives :
Étape 1 : Analyse des déterminants de base
À cette première étape d’analyse, il faut prendre en considération les déterminants de base
liés à la capacité entrepreneuriale, sans oublier les grandes différences qui peuvent exister
entre les communautés autochtones. Les déterminants de base ont été élargis en fonction des
facteurs émergents, comme le positionnement géographique d’une communauté donnée et
son niveau de développement socioéconomique. Ces deux facteurs viennent renforcer
l’analyse de base à l’égard d’une communauté autochtone.
Étape 2 : Analyse des déterminants socioculturels
Ici, il importe d’envisager les déterminants socioculturels d’une communauté autochtone en
fonction de trois facteurs contextuels, qui sont la vision du monde, les relations sociales et la
culture du milieu autochtone. L’analyse du corpus empirique a permis de faire la distinction
entre les relations sociales et la culture du milieu. Si les premières peuvent être influencées
par des facteurs externes comme le processus de colonisation, la culture du milieu
autochtone demeure quant à elle intacte au fils des ans. On retrouve ici encore l’interface
avec l’environnement externe.
Obstacles Vision du changement
Actions contextualisées
138
Étape 3 : Analyse des déterminants institutionnels
À cette étape, il importe de considérer les déterminants institutionnels d’une communauté
autochtone. Il peut s’agir à la fois des ressources financières disponibles, des institutions
présentes et des programmes mis en place pour soutenir les activités entrepreneuriales des
femmes membres de la communauté. Ce nouveau modèle indique comment les
déterminants institutionnels liés au contexte communautaire se situent dans une interface
externe, soulignant ainsi la relation entre le communautaire, le provincial et le fédéral.
Étape 4 : Analyse des déterminants entrepreneuriaux
Il importe, à l’étape 4, de prendre en compte les déterminants entrepreneuriaux d’une
communauté, ce qui représente une des valeurs ajoutées majeures du modèle. En effet, le
corpus empirique a permis de cibler les facteurs liés aux déterminants entrepreneuriaux, par
exemple la présence entrepreneuriale des femmes, le profil entrepreneurial, la culture
entrepreneuriale et les secteurs d’activités. Cette dernière étape met fin au processus
diagnostic descriptif d’une communauté donnée, ce qui procure une vision générale du
potentiel et de l’orientation de la communauté autochtone quant à l’entrepreneuriat.
Étape 5 : Analyse contextuelle des obstacles
Une fois le cheminement de la première partie du modèle réalisé, on parvient à mieux
comprendre une communauté autochtone par les possibilités à explorer en ce qui a trait au
développement entrepreneurial des femmes autochtones. Ceci amène l’analyse des obstacles
communautaires, qui peuvent être différents et qui sont liés aux déterminants
communautaires explorés précédemment.
Étape 6 : Analyse de la vision du changement
La sixième étape d’analyse consiste à prendre en compte le point de vue des acteurs du
développement économique communautaire. Si l’analyse des obstacles propres à la
communauté possède une certaine objectivité, la mise en œuvre des changements passe
inévitablement par le point de vue des acteurs qui s’impliquent à différents niveaux dans la
communauté. Il s’agit d’une étape intermédiaire entre la compréhension des obstacles
propres à la communauté et les actions contextualisées à mettre en œuvre.
139
Étape 7 : Analyse des actions contextualisées
À cette dernière étape, il importe de déterminer les actions et les améliorations nécessaires,
qui sont aussi de nature contextuelle. Elles font suite à l’analyse des obstacles du milieu, qui
sont également liés au contexte communautaire. Enfin, la mise en œuvre des actions découle
de la considération des visions du changement des acteurs du milieu, sans lesquels ces
actions sont impossibles. Ainsi, l’analyse proposée par ce modèle représente un exercice
diagnostic participatif et collaboratif avec les acteurs.
Afin de reproduire la nature à la fois endogène et exogène de l’analyse du contexte
communautaire, le modèle élargi avance le concept émergent de l’écosystème entrepreneurial
communautaire autochtone (EECA). Ce modèle élargi, tout comme les étapes à suivre, est
représenté dans la figure 8.
Figure 8 : Analyse de l’EECA, Croce (2019) – Adaptée de Hindle (2010) Source : Enquête qualitative, Croce (2019)
Partie descriptive du modèle
Territoire et infrastructures Démographie et capital humain
Profil géographique Profil socio-économique
Droit de propriété et gestion du capital
Vision du monde et relations sociales
Partie analytique du modèle
5. Obstacles communautaires
6. Visions du changement
7. Actions contextualisées
1. Déterminants de base
4. Déterminants entrepreneuriaux Présence entrepreneuriale Profil entrepreneurial
Culture entrepreneuriale Secteurs d’activité
Gouvernance et institutions Culture du milieu
2. Déterminants Institutionnels
3.Déterminants Socio-culturels
140
CHAPITRE 7
ANALYSE DE L’EFA
Ce septième chapitre présente les résultats de la recherche doctorale selon l’analyse de l’EFA.
Conformément aux objectifs de la présente étude exploratoire, les données recueillies dans le
cadre de l’enquête de terrain permettent de répondre aux questions de recherche préfixées de
l’étude et de mieux comprendre les caractéristiques de l’EFA. L’analyse du corpus empirique
a permis de cibler dix thèmes émergents, qui sont liés à l’entrepreneuriat chez les femmes
autochtones et qui permettent d’explorer ce phénomène, tout en approfondissant les
données déjà connues par la communauté de chercheurs en sciences sociales qui se sont
penchés sur le sujet. Outre l’analyse individuelle des dix thèmes, qui est présentée dans ce
chapitre, la mise en relation avec ces thèmes a permis de déterminer quatre métacatégories
associées à l’EFA, lesquelles représentent quatre angles de lecture pour la compréhension et
l’étude du phénomène. Ces métacatégories sont : 1) l’analyse de l’identité entrepreneuriale
des FE; 2) l’analyse du parcours des FEA; 3) l’analyse des mécanismes de transposition dans
l’entrepreneuriat; 4) l’analyse des taxonomies et des typologies de l’EFA.
7.1 Principaux thèmes liés à l’analyse de l’EFA
Le corpus empirique a permis de cibler dix thèmes liés à l’analyse exploratoire de
l’entrepreneuriat chez les femmes autochtones. Cette section présente ces dix thèmes
pendant le processus de codage, soit les « Nodes » dans NVivo et les sous-thèmes
correspondants.
Le choix des thèmes est justifié par les critères suivants :
1) La nature et le contenu des questions posées;
2) Le cheminement logique de la conversation et du guide d’entretien;
3) La redondance des mots et les argumentaires majeurs des répondantes.
Les verbatim qui seront présentés dans le présent chapitre ont fait l’objet d’un processus de
141
réduction, selon le critère de redondance des informations recueillies19. Les dix thèmes
soumis à cette analyse sont présentés à la figure 9.
Figure 9 : Présentation des thèmes émergents liés à l’EFA Source : Enquête qualitative, Croce (2019)
7.1.1 Motivations
Parmi les thèmes ciblés à partir du corpus empirique, citons les motivations des femmes
Ilnuatsh à se lancer en affaires. Les résultats de cette enquête qualitative exploratoire
suggèrent que les motivations des femmes entrepreneures Ilnuatsh sont très diversifiées, bien
qu’elles appartiennent toutes à un même contexte de vie.
Les motivations des femmes rencontrées ont été regroupées en quatre catégories
principales :
19 Un verbatim peut apparaître plusieurs fois dans la thèse.
Motivations
Auto- représentation
Valeurs
Obstacles
Facteurs facilitants
Rôle
de la femme
Modes de vie et traditions
Savoir-faire local
Perception de l’entrepreneuriat
Hybridité entrepreneuriale
Metacatégorie 1 Metacatégorie 2 Metacatégorie 3 Metacatégorie 4
Identité entrepreneuriale des femmes autochtones
Parcours des femmes entrepreneures autochtones
Mécanismes de transposition dans l’entrepreneuriat
Taxonomies et typologies de
l’entrepreneuriat
142
1) Motivations individuelles;
2) Motivations culturelles;
3) Motivations sociales;
4) Motivations économiques.
Les motivations individuelles comportent les motivations qui sont liées à la femme en tant
que personne, à ses aspirations à la fois personnelles et professionnelles, et à son attitude.
Les motivations individuelles ont été regroupées en trois catégories principales :
o Conciliation travail-famille;
o Expression de l’identité de la femme;
o Valorisation de la femme.
Certaines femmes Ilnuatsh affirment faire le choix de l’entrepreneuriat, car elles sont
motivées par la conciliation entre le travail et la famille et par la possibilité de concilier leurs
tâches familiales, comme l’indique cette répondante :
« J’ai toujours adoré les enfants. Puis, je voulais passer plus de temps avec les miens, fait que ça me permettait de concilier travail-famille. » F_08
De plus, l’entrepreneuriat représente pour les femmes Ilnuatsh une occasion de s’exprimer
pleinement, de faire ce qu’elles aiment dans leur travail, d’être indépendantes et de vivre de
leur passion, qui correspond à leurs propres valeurs :
« Je pense, c’est de vouloir faire ce qu’on aime […] Quand on se lance en affaires, ce n’est pas pour être pris par un patron. Pour être entrepreneure, il faut comme vouloir la liberté de choisir ses projets, de choisir ce qu’on veut faire, puis c’est vraiment… tu fais ce choix-là, avec ce que tu veux faire, ce que tu aimes faire, tu sais. » F_07
D’autres femmes rencontrées font aussi état de motivations individuelles. Par exemple, elles
peuvent être motivées par la volonté de relever des défis personnels, d’améliorer leur estime
de soi et de se valoriser comme femmes à travers des activités entrepreneuriales, et par le
sentiment de réalisation et d’accomplissement que le travail leur apporte. La chercheuse a
143
rencontré une femme artisane qui affirme que le travail peut être valorisant et gratifiant pour
la femme :
« Il y a aussi le fait que quand les gens reçoivent le cadeau, ils reçoivent le sac, ils sont heureux, ils sont contents. Ils peuvent transporter leurs choses dedans, puis c’est valorisant pour la femme. » GD
Mentionnons également les motivations culturelles, qui sont liées à la culture autochtone,
tel que :
o Partage de la culture autochtone;
o Respect des traditions autochtones.
Parmi ces catégories de motivations, on retrouve celles qui correspondent au partage et à la
transmission de la culture autochtone. Dans ce contexte, les femmes Ilnuatsh seraient
motivées par le partage et la transmission des connaissances touchant à la culture
autochtone, ce qui peut se faire par des activités entrepreneuriales ou en dehors de leurs
communautés d’appartenance, tel que l’expriment ces deux femmes rencontrées :
« Avec le temps, j’ai appris à accueillir, à vouloir donner, à vouloir transmettre, puis j’ai pris des formations de tourisme, d’animation, au niveau de nos connaissances, de nos compétences, puis le patrimoine, et tout ça. Fait que depuis plusieurs années que je travaille dans le tourisme. » F_09
OU
« C’est le travail. J’adore ça. J’aime travailler dans le public : tu voyages, tu voyages avec les gens qui viennent ici en fin de compte. Parce que de leur donner l’explication, comment c’est fait, de quelle nation qu’ils arrivent, que ce soit du monde de Montréal ou des alentours, de l’Europe, la France… ils sont satisfaits de la manière dont, nous, on leur répond. » F_09
La création d’entreprise serait alors, dans ce contexte, une occasion pour les femmes de
répandre la culture autochtone à l’extérieur de la communauté et de la faire connaître à un
public beaucoup plus large, voire à l’échelle internationale :
144
« Parce que c’était une grosse demande, j’ai travaillé longtemps au Musée amérindien. Ça a été demandé, là aussi, quand je faisais des animations […] Les Français veulent venir en forêt avec nous autres. Quand, en automne, on se prépare, on leur dit qu’on s’en va en forêt. Ils disent : “Ah, j’aimerais y aller avec vous”, mais je dis : “Je ne peux pas, je ne peux pas recevoir personne encore.” » F_03
Ajoutons que l’entrepreneuriat représente pour les femmes l’occasion de perpétuer les
traditions autochtones et les valeurs qui sont propres à leur culture :
« Ça fait longtemps, depuis mon jeune âge, que je vivais dans les traditions et nos valeurs culturelles. J’ai tout acquis ce que m’ont transmis mes parents […] ma famille. C’est ça qui m’a motivée à aller faire cela en territoire. » F_03.
En ce qui concerne les motivations sociales, les femmes entrepreneures autochtones sont
motivées par l’entraide et par l’aide apportée aux membres de la communauté ou aux
membres de leur famille, plus particulièrement il s’agit de :
o Entraide;
o Promotion d’une vision communautaire;
o Être un modèle pour les autres femmes.
Par exemple, cette femme entrepreneure Ilnuatsh souhaite pouvoir aider sa famille avec la
réalisation entrepreneuriale :
« Pouvoir aider ma famille, qu’ils aient quelque chose en main, éventuellement.» F_09
À partir du corpus empirique, on constate aussi qu’il importe particulièrement aux femmes
rencontrées de soutenir l’intégration sociale des autres femmes membres de la communauté :
« C’est ça, nous autres, comment on dit des fois avec les gens, on engage les personnes autochtones. En tout cas, pour ce qui est en haut, on engage les femmes autochtones, c’est de leur montrer. » F_06
OU
145
« C’est d’aider les femmes, parce que, pour moi, c’est le pilier d’une famille, la femme […] Plus que l’homme, parce que c’est elle qui porte les enfants, puis qui les élève. Si elle est ébranlée et qu’elle ne fonctionne pas bien, la famille en entier va en souffrir. » F_12
D’une façon plus générale, il importe pour les femmes de faire une différence dans leur
communauté en promouvant une vision de type communautaire et d’être ainsi une
inspiration pour les autres :
« Puis, moi, je suis quelqu’un […] J’ai tout le temps des idées dans ma tête. Je suis quelqu’un qui a besoin de faire la différence dans sa communauté et dans des communautés partout où que je vis. J’ai besoin… je ne sais pas, je suis faite de même, tu sais […] Je suis intègre, puis ce n’est pas un effort pour moi de réfléchir. Moi, mon objectif, ce n’est pas ça. C’est de redonner à la communauté, tu sais, je suis plus communautaire. » F_12
L’autre catégorie de motivations est les motivations économiques, qui englobent les
facteurs suivants :
o Création d’emploi;
o Contribution à la création de la relève et de la main-d’œuvre;
o Développement d’une économie communautaire.
En ce qui concerne la création d’emploi, le corpus empirique permet de statuer que les
femmes Ilnuatsh sont motivées par la création d’emploi. D’une part, les femmes peuvent
être motivées par le fait de créer de l’emploi pour elles-mêmes, en raison du manque de
possibilités professionnelles auquel les femmes se heurtent dans la communauté.
Cette motivation économique concerne les femmes de différents profils entrepreneuriaux,
qu’elles soient chefs d’entreprise ou travailleuses autonomes, comme l’indiquent ces deux
répondantes :
« Nous, on a toujours travaillé dans l’artisanat, mais je veux dire, on voulait créer notre emploi. Notre but, c’était ça, parce qu’il n’y a pas beaucoup d’emploi ici, puis, c’est ça, on a créé notre emploi. » F_02
146
ET
« Ok. Premièrement, j’ai fait mon bac interdisciplinaire en Arts, puis je suis restée peut-être un an comme cela, mais je ne trouvais pas vraiment du travail dans ce domaine-là. » F_07
Dans les témoignages des femmes, la motivation économique qui est liée à la création
d’emploi est élargie à la considération des membres de la communauté. Ainsi, les femmes
font part de leurs désirs de créer des emplois pour les membres en raison du problème de
l’employabilité qui existe dans la communauté :
« Pour le moment, non, parce qu’on est comme en démarrage, mais le but, c’est d’intégrer le plus possible les gens de la communauté. » F_13
De plus, l’analyse du corpus empirique précise comment les femmes Ilnuatsh sont motivées
par la possibilité d’intégrer les autres femmes de la communauté au marché du travail, tel que
cette répondante l’indique :
« C’est ça, nous autres, comment on dit des fois avec les gens, on engage les personnes autochtones. En tout cas, pour ce qui est en haut, on engage les femmes autochtones. » F_06
Les femmes Ilnuatsh sont aussi motivées par le fait de créer la relève et d’obtenir du
personnel formé de la communauté, ce qui représente un défi majeur, tel qu’il est introduit
dans le chapitre pour ce qui est des obstacles communautaires précédant le cadre de l’analyse
du contexte communautaire :
« Ce qui me motive, c’est la relève, puis aussi de pouvoir aider ma famille, qu’ils aient quelque chose en main, éventuellement. » A_09
La dernière motivation économique qui émerge de l’analyse est que les femmes veulent
apporter, grâce à l’entrepreneuriat, un modèle économique différent, qui se base sur les
valeurs communautaires et le partage et qui peut s’arrimer avec la culture de la communauté.
Cette femme entrepreneure Ilnuatsh en fait mention :
147
« Bien, moi, par rapport aux nouvelles entreprises que moi je prends en main, dans l’entreprise familiale, parce que je suis en processus de relève, ce sont vraiment des entreprises qui sont axées sur le développement économique, collectif, l’économie circulaire. Tu sais, c’est vraiment quelque chose, un modèle que je compte apporter, qui est différent un petit peu, qui rejoint quand même les valeurs de base qu’on avait, mais en créant des entreprises ailleurs. » F_13
L’ensemble des motivations des femmes Ilnuatsh observées dans le cadre de cette enquête
qualitative est illustré à la figure 10 :
Figure 10 : Cartographie des motivations chez les femmes Ilnuatsh Source : Enquête qualitative, Croce (2019)
7.1.2 Valeurs
L’analyse du corpus empirique a permis de cibler plusieurs valeurs qui accompagnent et
soutiennent les motivations des femmes Ilnuatsh à se lancer en affaires. Dans le cadre des
entrevues, plusieurs valeurs ont été mises en évidence par les femmes entrepreneures
Ilnuatsh rencontrées.
Motivations
Individuelles Culturelles
Sociales Économiques
Création d’emploi
Développement d’une économie communautaire
Partage de la culture
Entraide
Promotion d’une vision communautaire
Expression de l’identité de la femme
Valorisation de la femme
Respect des traditions
Conciliation travail-famille
Modèle pour d'autres femmes Création de la relève
148
Comme c’est le cas pour les motivations, les valeurs que les femmes ont mentionnées sont
très diversifiées. Au total, l’analyse du corpus empirique a permis de relever 22 valeurs
distinctes : 1) Tradition; 2) Transmission des connaissances; 3) Entraide; 4) Respect; 5)
Fierté; 6) Famille; 7) Authenticité; 8) Sécurité; 9) Créativité; 10) Appartenance
communautaire; 11) Respect de l’environnement; 12) Valorisation de la culture autochtone;
13) Plaisir; 14) Indépendance; 15) Compréhension; 16) Développement du savoir; 17)
Développement de la conscience;18) Rigueur; 19) Honnêteté; 20) Confiance; 21) Partage; 22)
Unité.
Plusieurs valeurs qui ont été mentionnées par les femmes Ilnuatsh concernent leur identité
autochtone. En effet, dans les témoignages des femmes Ilnuatsh, certaines de ces valeurs
font référence à leur appartenance communautaire et à leur milieu de vie autochtone;
d’autres valeurs, en revanche, sont interprétées comme étant plus proches de la dimension
féminine, la dimension relationnelle, associée à l’entrepreneuriat et au management. Ces
valeurs se rattachent à la perspective de genre, alors que d’autres s’arriment plutôt avec
l’identité autochtone, et ainsi avec l’appartenance ethnique des femmes autochtones.
Afin d’approfondir l’analyse des valeurs, l’ensemble des valeurs a été divisé en deux
catégories d’analyse :
1. Valeurs liées à l’identité de genre;
2. Valeurs liées à l’identité autochtone.
Pour les femmes Ilnuatsh qui ont été rencontrées, la compréhension, la confiance et la
rigueur importent, tel que l’exprime cette chef d’entreprise Ilnuatsh:
« Oui. La femme est plus minutieuse, elle est moins agressive. Elle va s’impliquer plus qu’un homme, elle est plus ouverte. Puis, elle est l’écoute, parce qu’une mère ou un père, c’est différent. Moi, je le vois toujours dans le sens de la famille. » F_05
OU cette travailleuse autonome Ilnuatsh:
149
« Moi, c’est sûr que c’est le respect, savoir communiquer, savoir être, savoir faire. La compréhension aussi, c’est à peu près ça. » F_16
La plupart des valeurs que les femmes Ilnuatsh mettent de l’avant semblent être liées à
l’appartenance autochtone : il s’agit, par exemple, du sentiment d’appartenance
communautaire qui les habite :
« Tu comprends, je ne suis pas une entrepreneure juste pour faire du cash. Je suis une entrepreneure avec une vision communautaire, une vision en lien avec mes valeurs. Je pense que c’est de même qu’il faudrait l’expliquer. » F_12
Il y a également l’importance et l’attachement à la tradition autochtone et à la transmission
des connaissances qui constituent une fierté pour les femmes Ilnuatsh entrepreneures :
« L’environnement, la culture autochtone dans le sens de l’essence, de la conscience de l’environnement animiste dans lequel on vit, avec lequel on est en interdépendance, ou même en dépendance. L’environnement n’est pas dépendant de nous. Nous autres, on est dépendants de lui. Cette conscience, c’est ma plus grande valeur. C’est l’unité, peut-être. » F_12
OU
« Entrepreneure, comment je me vois… Les valeurs aussi, c’est donner le temps juste, voyons… comment on appelle ça, les informations, les bonnes informations qui viennent de nous, qui viennent de notre nation, notre authenticité. » F_09
Dans les témoignages des femmes rencontrées, certaines valeurs sont plus courantes que
d’autres. Citons notamment la tradition, la transmission des connaissances, le respect, la
famille, l’authenticité, la rigueur et l’entraide. La valeur la plus fréquente à être nommée par
les femmes Ilnuatsh est le respect. Ce dernier est interprété de façons différentes, c’est-à-dire
le respect pour soi-même, pour ses propres valeurs, pour son identité autochtone ou pour le
travail des autres.
C’est d’ailleurs le respect pour les autres qui est la plus importante pour les femmes :
150
« C’est le respect. Le respect. Le respect des choses. Je n’ai jamais essayé de copier […] À Mashteuiatsh, il y a des belles brodeuses, puis des fois, j’ai des gens ici qui arrivent et qui me demandent des chemises avec des dessins brodés comme à Mashteuiatsh. Je dis : “Regarde, je vais faire ta chemise. Va te la faire broder à Mashteuiatsh.” » F_18
L’ensemble des valeurs qui ont été identifiées sont représentées dans la figure ci-dessous
(Figure 11).
Figure 11 : Cartographie des valeurs chez les femmes Ilnuatsh Source : Enquête qualitative, Croce (2019)
7.1.3 Autoreprésentation de la femme
Un autre thème qui émerge de l’analyse du corpus empirique est celui de l’autoreprésentation
de la FEA. Ce thème communique la façon dont les femmes entrepreneures Ilnuatsh
s’autoreprésentent socialement dans leur contexte de vie et à partir des valeurs et des normes
qui leur sont propres. Le regard « sociologique » de la femme entrepreneure à l’égard de son
propre statut entrepreneurial est mis de l’avant par l’analyse de ce thème.
Valeurs
Relations Culture
Communauté Individu Confiance
Créativité
Entraide
Appartenance
Développement du savoir
Transmission Sécurité
Compréhension
Respect
Tradition
Honnêteté
Unité
Partage
Rigueur
Indépendance
Identité de genre Identité autochtone
Authenticité
Plaisir
Famille Fierté
Valorisation
Respect de l’environnement;
Développement de la conscience
151
Tout comme pour les motivations présentées dans la section précédente, les représentations
sociales qui ont été exprimées par les répondantes Ilnuatsh sont aussi très diversifiées, bien
qu’elles semblent toutes liées, dans leur signification, à leur appartenance communautaire,
voire ethnique. Au total, l’analyse du corpus empirique a permis de déterminer six
représentations sociales distinctes que les femmes entrepreneures Ilnuatsh ont exprimées au
cours des entrevues. Pour une meilleure compréhension, ces représentations ont été
regroupées en trois catégories :
1. Les représentations orientées vers la personne;
2. Les représentations orientées vers la société et le social;
3. Les représentations orientées vers la culture.
En ce qui concerne les représentations orientées vers la personne, on retrouve celles que la
femme Ilnuatsh nourrit pour son propre statut, en relation avec sa propre identité en tant
que femme entrepreneure autochtone. Ici, deux représentations s’ajoutent :
o Femme entrepreneure dirigeante (leader);
o Femme entrepreneure émancipée.
D’une part, la femme entrepreneure Ilnuatsh se perçoit comme une femme qui est en
mesure d’affirmer son leadership et son autonomie, tel que l’exprime cette répondante :
« Moi, je dirais que c’est quelqu’un qui représente un leader, puis qui représente […] Tu sais, chez nous, dans nos valeurs, c’est la grand-mère des fois à qui on se réfère, parce qu’elle a du vécu. Puis, des fois, je me dis que la femme entrepreneure, je la vois comme une personne qui a un certain leadership comme ça. Elle a des expériences de vie, qui se décide de devenir autonome dans ses affaires, puis de dire : “Bien, moi, je vais m’aligner comme ça. Moi, c’est de même que je la perçois”. » F_15
La femme entrepreneure Ilnuatsh se représente elle-même comme une femme émancipée,
qui est capable de s’affirmer pour la promotion de l’égalité entre les sexes et de dépasser les
stéréotypes coloniaux sur le genre et l’appartenance ethnique. On retrouve, dans ce cas, la
152
représentation sociale de la femme entrepreneure émancipée. Ces deux répondantes Ilnuatsh
en ont d’ailleurs discuté :
« Quelqu’un de fort, puis qui a de bonnes valeurs, je pense, parce que pour se lancer en affaires, je n’en connais pas beaucoup. Il faut comme avoir… des couilles! Il faut foncer. Il faut y aller. Puis, on verra ce qui arrive. » F_07
OU
« En fait, la femme entrepreneure, aujourd’hui, c’est simplement l’avancée du monde, un peu. Je pense que je suis pour l’égalité des sexes, pour le travail, dans tout. Pour moi, c’est juste une motivation de plus. C’est un but à obtenir, pas un but, mais c’est un objectif qui peut être plaisant, tout simplement parce que ça prouve aujourd’hui, en étant autochtone, malgré tout ce que notre peuple a pu subir dans l’histoire, on est capable de se relever et de passer par-dessus, puis de montrer aux gens qu’on est comme tout le monde, peu importe notre nationalité, peu importe notre race, on va dire notre ethnie. Fait que… c’est juste plaisant pour ça. » F_19
Le corpus empirique a aussi permis la mise en perspective de la valence sociale de la femme
entrepreneure, qui est accentuée par les représentations sociales des femmes Ilnuatsh liées à
la fois au plan communautaire et au plan familial. Or, la femme entrepreneure est perçue
comme une femme protectrice, qui représente un modèle pour les autres femmes de la
communauté et la femme entrepreneure qui symbolise le pilier de la famille :
1) Femme entrepreneure modèle sociétale;
2) Femme entrepreneure pilier de la famille;
3) Femme entrepreneure protectrice.
Le rôle de la femme entrepreneure protectrice est mis de l’avant par cette répondante :
« Bien, de faire les choses pour nos familles, pour nos communautés, pour aider, pour […] être en relation avec le territoire, avec des valeurs associées à la femme, la femme protectrice, la femme […] et non la femme dominatrice. Il ne faut pas rentrer dans le rôle de la domination. Pour moi, une femme entrepreneure que je vais admirer, c’est une femme entrepreneure […] Ce ne serait pas une femme entrepreneure qui va être dominante comme l’homme entrepreneur peut être dominant dans sa vision de patriarcat. » F_02
OU
153
« C’est quelqu’un qui veut aider les gens, essayer de […] comme moi, c’est la matière première, c’est pour aider les gens à travailler plus. Dans nos traditions, parce qu’il y a aussi une guérison qui se fait quand on travaille comme ça […] on ne pense pas à autre chose, tu sais, à nos problèmes. On oublie nos problèmes, on travaille. » F_02
Du point de vue d’une artisane, la femme représente aussi le pilier de la famille :
« Moi, je pense que l’artisane représente aussi la mère, le centre de la famille. C’est elle qui montre, c’est elle qui fait les choses à la maison. Moi, je pense que c’est ça. Je pense que c’est avec tout ce que tu fais, que tu peux faire des dessins sur tes sacs, que tu vas penser les choses. Comme une belle fleur que tu as à la maison, tu la transmets dans ton sac. » GD
La femme est aussi un modèle pour les autres femmes, une source d’apprentissage modèle :
« Pour moi, c’est un modèle, une inspiration. Elle représente de l’apprentissage. Je ne sais pas comment le dire. C’est vers elle que je veux me tourner pour apprendre. Elle m’inspire. » GD
En ce qui concerne la dimension culturelle, on retrouve :
1) Femme entrepreneure ambassadrice du patrimoine.
La femme entrepreneure Ilnuatsh est aussi perçue comme une ambassadrice du patrimoine
de la communauté. Elle est perçue comme une femme qui dispose de connaissances et qui
perpétue les traditions autochtones, comme l’exprime cette répondante Ilnuatsh:
« Je me vois comme transmetteur, ambassadrice du patrimoine, de l’histoire des communautés. C’est ça. Je veux transmettre mes compétences, mes connaissances aux gens de la communauté, même les gens d’ailleurs, les gens de la communauté, ici, pour faire une relève. » F_09
L’ensemble des représentations exprimées par les femmes est illustré dans la figure 12.
154
Figure 12 : Cartographie de l’autoreprésentation chez les femmes Ilnuatsh Source : Enquête qualitative, Croce (2019)
7.1.4 Obstacles
Le corpus empirique a permis de cibler et d’analyser un certain nombre d’obstacles que les
femmes entrepreneures Ilnuatsh rencontrent au cours de leur expérience entrepreneuriale.
Ces obstacles ne se situent pas tous au même niveau d’analyse et peuvent être regroupés en
plusieurs catégories. Parmi les barrières auxquelles les femmes entrepreneures Ilnuatsh se
heurtent, on retrouve cinq catégories principales :
1) Obstacles individuels;
2) Obstacles socioculturels;
3) Obstacles financiers;
4) Obstacles institutionnels;
5) Obstacles communautaires.
Auto- Représentation
Représentations orientées vers la personne
Représentations orientées vers la culture
Représentations orientées vers la société et le social
Femme entrepreneure ambassadrice du patrimoine
Femme entrepreneure modèle sociétale
Femme entrepreneure pilier de la famille
Femme entrepreneure émancipée
Femme entrepreneure dirigeante (leader)
Femme entrepreneure protectrice
155
Les femmes Ilnuatsh ont évoqué plusieurs obstacles individuels. Ceux-ci concernent
principalement les attitudes et les aptitudes de la femme, les questions identitaires et l’identité
de la femme entrepreneure autochtone.
Parmi les obstacles individuels, plusieurs facteurs ont été observés :
1. Facteurs psychologiques;
2. Facteurs liés aux compétences professionnelles;
3. Facteurs liés au parcours de vie;
4. Facteurs liés à l’attitude personnelle.
En ce qui concerne les facteurs psychologiques, les femmes Ilnuatsh rencontrées
mentionnent un manque de valorisation de la femme autochtone et le manque de confiance
en soi, ce qui peut se refléter dans les choix d’entrepreneuriat. En effet, le manque de
confiance représenterait, pour ces femmes, un gros frein à la décision de se lancer en affaires.
Cette femme entrepreneure Ilnuatsh, travailleuse autonome, en fait mention :
« Les obstacles venaient surtout de moi, parce que […] au début, c’est sûr, tu n’as pas beaucoup de confiance en toi. Puis : “As-tu fait le bon choix?”. Comme je disais, je n’aime pas me mettre en valeur. Je n’aime pas ça, parler de moi comme… vendre ma salade. » F_07
Aussi, cette femme entrepreneure s’est prononcée sur le sujet :
« Le plus grand frein que je vois, c’est le manque de confiance, puis le manque de connaissances des femmes entrepreneures par rapport à ça. » F_13
Parmi les obstacles individuels figurent également les obstacles qui sont liés aux compétences
professionnelles des femmes. Ici, les femmes Ilnuatsh rencontrées expriment plusieurs
difficultés, comme le manque d’habiletés en gestion ou le manque de compétences
nécessaires à la réalisation de tâches informatiques, par exemple :
« Oui, parce que là, on me demande tout le temps des papiers. Il faut que j’écrive beaucoup. J’ai de la difficulté avec l’ordinateur. Je ne suis pas très habile là-
156
dedans. Il faut tout le temps que je trouve quelqu’un pour m’aider à transcrire mes papiers. » F_03
Quant à l’esprit d’entreprendre, plus particulièrement, il peut s’agir de la capacité de savoir
promouvoir ses propres services ou d’avoir de bonnes capacités relationnelles afin de
négocier les contrats avec les clients potentiels. Ces aspects peuvent représenter une barrière,
comme l’indique une travailleuse autonome :
« Pour cela, j’ai eu beaucoup de misère. Comme aller chercher les premiers contrats, parce que je n’allais pas de l’avant justement. J’étais comme gênée, là. » F_07
Les obstacles individuels comptent aussi les difficultés liées au parcours de vie des femmes
autochtones. Mentionnons par exemple des difficultés personnelles relativement à des
problématiques sociales, comme l’abus de drogue et d’alcool :
« Oui, quand je consommais de la drogue et de la boisson, cela m’a donné beaucoup de […] c’était un temps où j’étais perdue. Aujourd’hui, je regrette un peu de ce passage-là […] de ma consommation. Si je n’avais pas consommé, j’aurais continué à faire de l’artisanat, j’en aurais fait plus. J’aurais commencé plus jeune à faire mon entreprise. » F_03
Pour conclure cette partie sur les obstacles individuels, mentionnons les barrières liées à
l’attitude personnelle de la femme, à sa capacité d’adaptation, par exemple, la capacité
d’intégrer le travail dans son mode de vie, et la gestion de l’interface travail-famille :
« C’est surtout l’adaptation. Mon travail est comme intégré dans mon mode de vie, parce que c’est directement dans ma maison, où je vis, donc… Je suis comme 24 sur 24, 7 sur 7 sur mon lieu de travail, fait que… » F_08
Les femmes Ilnuatsh qui ont été rencontrées dans le cadre de la présente enquête ont partagé
plusieurs obstacles socioculturels. Dans cette catégorie se trouvent les obstacles qui
concernent l’implication de la femme Ilnuatsh à la vie sociale, à ses relations avec les autres
membres de la communauté autochtone ou la société québécoise.
157
Les femmes Ilnuatsh rencontrées ont cité les facteurs suivants, issus des obstacles
socioculturels :
1. Manque du soutien du milieu;
2. Manque du réseautage;
3. Préjugés;
4. Sexisme et patriarcat;
5. Perception sociale de l’entrepreneuriat.
Les femmes Ilnuatsh rencontrées ont soulevé le manque de soutien de leur milieu, au niveau
politique, communautaire ou familial. Le manque de soutien représente un obstacle et, en
conséquence, une source de démotivation à l’activité entrepreneuriale, comme le
communique cette répondante :
« Quand tu veux lancer une entreprise, il y a tout le temps quelqu’un qui bloque, qui va mettre des barrières. Parce qu’ils vont nous dire : “On a déjà eu une entreprise de même”. Ça ne marche pas parce que c’est la même communauté, pareil, là. On essaie de lancer une entreprise, puis ils disent tout le temps qu’on n’a pas d’argent pour faire partir une entreprise. » GD
OU
« Ça dépend des places. Il faut que… si tu ne fais pas partie de la bonne gang, c’est un peu plus difficile. » F _ 06
Un autre obstacle déterminé dans la catégorie socioculturelle est celui du manque
d’occasions d’affaires. En effet, les femmes entrepreneures autochtones qui souhaitent se
lancer en affaires se retrouvent devant un défi de taille : un manque de réseautage. Ajoutons
que l’isolement que subissent les femmes Ilnuatsh représente un obstacle lorsque vient le
temps pour elles de faire connaître leur organisation. Cette femme Ilnuatsh en fait part :
«J’ai toujours voulu ouvrir une entreprise. Je serais capable de faire ça, mais c’est vraiment le manque d’argent, puis l’opportunité. Moi, je n’ai pas eu des contacts. Des fois, tu peux avoir de bons amis, tu sais, qui disent : “Regarde on va investir dans tes choses”. Mais encore là… » F_15
158
Les femmes Ilnuatsh font état de plusieurs préjugés, dont deux principaux préjugés, perçus
comme un obstacle. Le fait, par exemple, d’habiter sur une réserve autochtone et aussi d’être
une femme autochtone peut représenter un obstacle. Il en va de même pour la façon dont
elles sont perçues par les personnes qui vivent à l’extérieur de la communauté, comme
l’explique cette répondante :
« J’espère que les femmes entrepreneures puissent abolir les barrières, pas les femmes entrepreneures… pas des barrières pour les femmes entrepreneures autochtones, que le fait d’habiter dans une communauté ne soit pas un frein à ce que les gens puissent venir vers nous. Puis que, nous autres, on puisse faire appel aux autres. Puis, il faut être fortes, il faut continuer d’avancer […] de ne pas lâcher, puis de croire… de croire à ce qu’on fait, quand on croit à ce qu’on fait, c’est déjà ça. » F_17
De plus, la double discrimination que les femmes autochtones vivent est mise de l’avant :
« Puis, être femme […] je ne sais pas si c’est parce que moi j’entends souvent parler que les femmes, on n’a pas de… comment je pourrais dire. C’est rare que les femmes réussissent chez les Autochtones, parce qu’il y en a plusieurs qui pensent qu’on fait juste que consommer, puis qu’on ne s’occupe pas de nos enfants ou quoi que ce soit tu sais. » F -15
Plusieurs obstacles socioculturels sont inhérents au tissu social et représentent les relations
inégalitaires qui existent entre les hommes autochtones et les femmes autochtones au sein
des communautés. Par ailleurs, l’analyse du corpus empirique permet de statuer que certains
stéréotypes sont liés à l’époque coloniale, comme le sexisme et le patriarcat :
« Non. Plus maintenant. Auparavant, oui, par rapport à tous les jugements et tout ça. Ce que le monde pensait qu’une femme ne pouvait pas faire face à une telle affaire, puis que c’est l’homme qui doit le faire. Aujourd’hui, non. Il n’y a pas de […] » F _ 09
OU
« Je pense que pour une génération, oui, ça a été plus difficile, mais pour les plus jeunes de mon âge, on voit que c’est possible. Mais comme je te disais, c’est comme encore une espèce d’époque où la femme était considérée… pas moins
159
bonne, mais… c’était comme derrière là. Mais aujourd’hui, on le sait qu’on est égaux. En tout cas, moi, je le sais. » F _ 07
ET
« Auparavant, oui, par rapport à tous les jugements et tout ça, ce que le monde pensait qu’une femme ne pouvait pas faire face à une telle affaire, puis que c’est l’homme qui doit le faire, aujourd’hui non, il n’y a pas de […] » F _ 17
Pour conclure avec les obstacles socioculturels, on retrouve la perception sociale de
l’entrepreneuriat. Ce dernier est perçu comme un domaine à tradition masculine, tel que
l’affirme cette répondante Ilnuatsh :
« On n’entendait pas parler, puis c’était surtout un domaine masculin si je peux dire. » F_07
Une autre catégorie d’obstacles qu’ont mentionnée les femmes Ilnuatsh, c’est les obstacles
financiers.
Le défi financier semble concerner plusieurs femmes entrepreneures Ilnuatsh, selon le type
d’activité entrepreneuriale et le contexte dans lequel l’activité entrepreneuriale se déroule.
Pour les femmes autochtones, le défi financier peut s’articuler de différentes façons et
représenter un défi à plusieurs niveaux.
Voici les trois principaux facteurs soulevés relativement aux obstacles financiers :
1. Ressources financières propres limitées;
2. Difficulté d’accès au financement;
3. Manque des dispositifs financiers adaptés.
Tout d’abord, les femmes Ilnuatsh rencontrées expliquent comment les ressources
financières limitées dont elles disposent les empêchent d’avoir un fonds de roulement
nécessaire au démarrage de leurs activités entrepreneuriales. Cette répondante s’est
prononcée sur le sujet :
160
« Parce que, nous, c’est dur d’avoir de l’argent […] à nous aider à partir […] On nous demande tout le temps un fonds […] un fonds pour commencer. » F_03
Un autre obstacle financier consiste en l’accès difficile au financement pour les femmes
autochtones entrepreneures. En effet, les femmes Ilnuatsh admettent avoir du mal à obtenir
du financement pour le démarrage d’entreprises ou des subventions pour les organisations.
Cette difficulté semble être encore plus présente chez les femmes entrepreneures qui sont
membres de la communauté et qui demeurent hors réserve. Voici ce qu’en dit cette
travailleuse autonome :
« Je n’ai pas eu le droit aux mêmes subventions que j’aurais eues si j’avais travaillé avec la communauté. Ça m’a aidée, quand même, ça a été super bien, mais sinon je pense que ça a pu me nuire un petit peu de ne pas rester sur la communauté à ce moment-là. » F_19
Pour conclure, on retrouve parmi les obstacles financiers le manque de dispositifs financiers
adaptés aux femmes autochtones, qui, comme elles sont à la fois autochtones et assujetties à
la Loi sur les Indiens sur réserve, sont exclues de l’accès au financement grâce aux prêts
bancaires conventionnels, comme l’indique cette répondante :
« Bien, premièrement, à cause qu’on est régis par la Loi sur les Indiens, non. Ça ne nous aide pas pantoute. Tu sais, on ne peut pas emprunter de l’argent. C’est compliqué quand on a des projets, puis on veut les mettre en place, parce que c’est ça, on n’est pas solvables. On n’est pas saisissables. Fait qu’on ne peut pas emprunter d’argent. Fait que ce n’est pas facile pour ça, à cause qu’on est des autochtones, des Premières Nations sur une réserve. » F_12
Plusieurs obstacles qui ont été ciblés sont institutionnels.
Les obstacles qui sont réputés institutionnels sont principalement liés à la capacité d’une
organisation d’offrir un service ou un accompagnement, ou sont liés à la culture
organisationnelle d’une institution donnée. Or, trois principaux obstacles institutionnels ont
été relevés à partir de l’analyse du corpus empirique :
161
- Relations interinstitutionnelles;
- Manque d’accompagnement;
- Lenteur des procédures.
En ce qui concerne le premier facteur, celui-ci émerge, comme c’est le cas de l’identité
autochtone, d’une institution. Il peut représenter un obstacle pour l’organisation pour ce qui
est de la gestion des relations externes. Cela peut avoir des répercussions sur l’activité des
femmes Ilnuatsh, tel que l’expose cette répondante :
« Moi, je vois la différence dans le sens que chacune des organisations a sa culture. Alors, dans la culture autochtone, c’est différent. C’est différent dans le sens que, admettons, si on prend Roberval qui est près, c’est que la femme a peut-être moins de difficultés à ce qu’on réponde à ses besoins pour ouvrir son entreprise. Tandis qu’ici, c’est différent. On a la SDEI, qui aide comme j’ai dit tantôt, mais je pense qu’elle a aussi un défi à relever lorsqu’elle se retrouve dans des comités extérieurs. C’est que, de plus en plus, on assiste à des comités extérieurs, puis vu qu’on est autochtones, on n’a pas le droit de telle affaire, vu qu’on est autochtones, on n’a pas le droit à l’autre affaire. Alors, c’est ce milieu-là qui est difficile. » F_16
Dans cette catégorie d’obstacles figure aussi le manque d’accompagnement perçu par les
femmes Ilnuatsh. En effet, les femmes entrepreneures évoquent la difficulté, dans la
réalisation de leurs plans d’affaires, du suivi pour la gestion de leur projet entrepreneurial ou
le manque d’infirmations en ce qui a trait au soutien entrepreneurial. Ces répondantes en
font mention :
« Difficultés, j’aurais aimé qu’on me rappelle, mettons pour cette affaire ou pour la suite des choses. C’est sûr, il faut que je fasse un pas, un premier pas. Peut-être pas le premier pas, mais un pas, pour que les autres fassent un pas aussi. Je fais deux pas, deux pas, mais j’aurais aimé qu’on me revienne pareil, qu’ils m’appellent pour dire : “Puis […], tu es rendue où […] comment ça va?”, dans mon projet […], mais je n’ai pas eu d’appel, là. » F_09
ET
« On dirait qu’on n’a pas de soutien. On cherche. Mon plan d’affaires, ça fait depuis l’année passée que j’ai commencé, et puis on dirait que c’est long à faire un plan d’affaires. » F_03
162
Un dernier obstacle institutionnel est celui de la lenteur des procédures en ce qui a trait à la
bureaucratie :
« Je ne penserais pas, parce que moi, quand j’ai suivi mon plan d’affaires, j’étais avec des blanches. Je sais que les autres femmes aussi essayaient de faire leurs affaires, mais je pense que les autres ont plus de facilité, parce que, nous autres, on a beaucoup de difficultés. Tu sais, il faut attendre le ministère des Affaires indiennes pour signer nos papiers. C’est long, c’est très long. » F _ 02
La répondante suivante évoque ce qui est encore plus fort concernant les membres hors
réserve :
« Mais, pour moi, pour ma part, ce qui a été plus compliqué, plus difficile de mon côté, c’est que je suis une femme autochtone en dehors de la réserve, en dehors de la communauté. Donc, j’ai dû faire affaire avec un bureau à Québec. Donc, c’était difficile de travailler avec la SDEI, de travailler avec Québec, pour joindre les deux ensemble. La communication était difficile. Ça a été un processus plus long, plus compliqué aussi. » F_19
Finissons avec les obstacles communautaires. Ces obstacles ne sont pas propres aux
femmes entrepreneures Ilnuatsh; ils sont plutôt liés au contexte communautaire. Or, les
femmes ont fait état de deux obstacles :
1. Obstacles liés à la logistique;
2. Obstacles liés aux ressources humaines.
Les obstacles logistiques sont causés par le manque de locaux dans la communauté pour y
installer une entreprise, pour faire de l’artisanat ou pour stocker du matériel. Ceci est perçu
comme un obstacle autant par les femmes Ilnuatsh à la tête d’une entreprise que par les
artisanes :
« Avant, on était à Mashteuiatsh. On voulait s’acheter un terrain-là, mais on n’a pas été capables d’avoir l’emplacement qu’on voulait. Fait qu’un moment donné, on a décidé, on a dit : “Regarde, si on n’a pas ça, on sort du territoire”. Puis, on avait déjà exploité ici. » F_06
OU
163
« Oui. Avant, il y avait des difficultés, parce qu’on n’avait pas de place où se rencontrer, les femmes. Là, il y a une couple d’années qu’ils ont commencé à faire des endroits où les femmes peuvent se rassembler pour faire des choses, parce que, avant, on travaillait seules à la maison. Mon seul endroit était la table de la cuisine. » F_03
Un deuxième obstacle communautaire observé par les femmes est représenté par le manque
de relève dans la communauté autochtone :
« On les demande… Ils sont difficiles aussi à trouver pour venir travailler, tu sais. Nous autres, c’est sept jours sur sept. Tu rentres le matin, puis tu ne sais pas l’heure à laquelle tu finis le soir. On a une heure qui est déterminée, mais tu ne finis jamais, surtout l’été, tu ne finis jamais. Puis, en automne, tu ne finis jamais à cinq heures ou à six heures. Il y a toujours des gens qui arrivent. Des fois, tu peux partir plus tard. » F_06
L’ensemble des obstacles que les femmes Ilnuatsh rencontrent sont illustrés à la figure 13 :
Figure 13 : Cartographie des obstacles chez les femmes Ilnuatsh Source : Enquête qualitative, Croce (2019)
Obstacles
Individuels Socioculturels
Institutionnels Financiers Ressources financières limitées
Accès au financement
Relations
interinstitutionnelles
Accompagnement
Lenteur des procédures
Soutien du milieu
Facteurs professionnels
Facteurs psychologiques
Sexisme et patriarcat
Manque des dispositifs adaptés
Réseautage
Communautaires
Ressources humaines Logistique
Parcours de vie
Attitude personnelle
Préjugées
Perception social
164
7.3.5 Facteurs facilitants
Un autre thème que l’analyse du corpus empirique a permis de cerner est celui relatif aux
facteurs facilitants. Les femmes entrepreneures Ilnuatsh rencontrées ont fait état d’un certain
nombre de facteurs facilitants, qui sont susceptibles de leur venir en aide dans le cadre de
leurs activités entrepreneuriales. Les différents facteurs facilitants qui ont été exprimés
touchent principalement le soutien dont les femmes Iluatsh ont besoin.
Les facteurs facilitants qui ont été mentionnés par les femmes Ilnuatsh peuvent être :
1) Individuels ;
2) Socioculturels ;
3) Financiers ;
4) Logistiques ;
5) Institutionnels.
Tout d’abord, le soutien individuel que convoitent les femmes entrepreneures Ilnuatsh peut
être psychologique. En effet, les femmes expriment le besoin d’être soutenues
psychologiquement et de retrouver la confiance en soi nécessaire à toute femme
entrepreneure pour réussir son projet entrepreneurial :
« Quand on pense à se partir en affaires, c’est parce qu’on a un talent, parce qu’on est bon à quelque chose qu’on aime faire, mais il y a toute la question de la confiance, tu sais, la petite poussée qui te dit : “Oui, tu es capable!” » F_07
ET
« Arrêter de croire qu’on est inférieures. Puis, tu sais, puis de croire qu’on est égales. Il faut y croire; si on n’y croit pas, ça ne marchera pas, tu sais. Puis, on n’est pas supérieures, on n’est pas inférieures. » F_12
Il importe aussi pour les femmes Ilnuatsh rencontrées d’avoir du soutien professionnel.
Pour les femmes Ilnuatsh, le soutien professionnel peut prendre différentes formes; les
femmes expriment le besoin d’avoir du mentorat, de la formation dans la communauté et
165
aussi de l’accompagnement en gestion de projet. La répondante suivante s’est exprimée à ce
sujet :
« Difficultés, j’aurais aimé qu’on me rappelle, mettons pour cette affaire ou pour la suite des choses. C’est sûr, il faut que je fasse un pas, un premier pas. Peut-être pas le premier pas, mais un pas, pour que les autres fassent un pas aussi. Je fais deux pas, deux pas, mais j’aurais aimé qu’on me revienne pareil, qu’ils m’appellent pour dire : “Puis […], tu es rendue où […] comment ça va?”, dans mon projet […], mais je n’ai pas eu d’appel, là. » F_09
ET
« Facilitant… Ce qui aurait été facilitant, pour moi, ça aurait été de… Je ne sais pas. Je pense que c’est moi qui me suis mis des freins. Parce que probablement qu’il y a plein de services qui sont offerts, mais je ne suis jamais allée les chercher. Fait que c’est moi qui ai mis un frein à ce que j’aurais eu besoin. Peut-être plus de formations offertes dans la communauté, les formations pour s’améliorer, n’importe quelle sorte de formation en rapport à ce que je fais comme entreprise. Je pense que ceci aurait été facilitant pour moi, de pouvoir avoir un soutien comme cela. Suivre des formations dans la communauté, ça aurait été bien. » F _ 17
Le soutien qui est nécessaire aux femmes Ilnuatsh peut aussi être socioculturel. Par
exemple, du point de vue social, les femmes Ilnuatsh expriment le besoin d’avoir des
modèles en entrepreneuriat dont elles peuvent s’inspirer tout au long du parcours
entrepreneurial:
« Ça dépend des moments, peut-être. Il y a beaucoup de monde qui peut nous aider. Donc, c’est encourageant pour moi. J’ai beaucoup de personnes aussi autour de moi qui sont entrepreneures ou qui ont un peu de fibre entrepreneuriale. Donc, cela m’a beaucoup aidée aussi. » F_19
Les femmes rencontrées expriment aussi le besoin de pouvoir rencontrer les autres
entrepreneures et de comprendre leurs expériences ainsi que leurs stratégies de réseautage :
« Peut-être juste des rencontres, des petits groupes avec d’autres personnes, femmes ou hommes entrepreneurs, juste pour voir eux comment cela se passe, avoir leur expérience. Moi, je suis chanceuse. J’avais quand même ma mère, mais dans des domaines complètement différents. » F_07
166
Ajoutons aussi le fait d’être soutenue par la communauté autochtone et de se sentir
intégrées dans le milieu d’appartenance:
« Sûrement, j’aimerais qu’il y ait plus de femmes entrepreneures, puis qu’elles soient aidées par la communauté […] Comment dire… Parce qu’on est habitués, on est considérés comme des enfants au niveau de la loi […] Fait qu’on n’est pas capables de se démarquer de l’extérieur à ici. Puis, il faudrait qu’il soit plus soutenu par notre communauté de ce point de vue-là. Je ne sais pas comment t’exprimer ça. » F_05
OU
« Peut-être, admettons habiter dans la communauté, parce qu’il y en a des autochtones qui n’habitent pas nécessairement dans la communauté. Ça aide, après ça, comme je disais tantôt, la famille, là. Si la famille fait de l’artisanat, bien tu vas plus en faire. Admettons, si tu t’intègres aussi dans la communauté, si tu participes aussi aux activités. Des choses comme ça, là. » GD
Le soutien qui a été exprimé par les femmes Ilnuatsh peut être aussi financier. En effet, les
femmes Ilnuatsh rencontrées pendant l’enquête de terrain expriment le besoin d’être
soutenue financièrement, tel que l’affirme cette répondante :
« C’est sûr que si […] parce qu’il y a un trois ans qu’on a eu une partie monétaire du Conseil, et une partie monétaire du SAA, le Secrétariat aux Affaires autochtones, dans le projet FIA. Ces trois ans-là ont été très bénéfiques pour l’entreprise, parce qu’on n’avait pas le souci du financement, ce qui nous a permis de développer. C’est certain que si, dans un côté financier, c’était réglé, ce serait un grand défi de classé, ça, c’est certain. » F_19
D’une manière générale la question financière touche autant le développement d’une
organisation que la femme entrepreneure dans le démarrage de ses activités. Ce qui peut être
facilitant, par exemple, serait de donner accès à des petits montants d’argent pour démarrer
une entreprise, comme le mentionne une répondante :
« Avoir eu des montants d’argent peut-être disponibles, peut-être pas obligé d’être sans intérêt ou quoi que ce soit, mais disponibles, au moins, pour faire le départ d’une entreprise. » F_15
Il peut également s’agir de financement pour l’achat du matériel. C’est d’ailleurs ce que
communique cette femme artisane Ilnuatsh :
167
« J’aimerais qu’on m’aide surtout pour le cuir, pour acheter du cuir, pour acheter mes perles, pour acheter mes affaires qu’il me faut. L’achat du matériel. » F_14
Le soutien qui a été ciblé à partir des témoignages des femmes Ilnuatsh peut aussi être
logistique. Ce type de soutien concerne le manque d’espace pour travailler en collaboration,
pour faire de l’artisanat, par exemple, et pour installer son entreprise au sein de la
communauté :
« Ce que j’entends là-dedans, qu’on aurait une salle, qu’on aurait une grande salle, puis que toutes les femmes viendraient pour que ça continue. Admettons, on aurait une salle ici, à Pointe-Bleue, une grosse salle, il y a des salles […] J’aimerais que quelqu’un développerait pour que le monde il y en ait là, au moins pour que ça continue. » F _ 14
Enfin, le soutien peut être aussi institutionnel. Il s’agit alors du cautionnement dont les
femmes Ilnuatsh peuvent avoir besoin. Voici ce qu’en dit une des répondantes :
« C’est différent. Le cautionnement, c’est juste qu’ils mettent une signature pour dire que cette entreprise-là, elle est bien […] Tu sais, les personnes en arrière de tout ça, si vous ne voulez pas accepter la caution parce qu’ils ont une maison qui est claire aux autres, bien nous […], on est prêts à cautionner parce qu’on le sait. Les autres ils seraient capables de venir chercher ma maison s’il arrive quelque chose. » F_05
Aussi, l’amélioration des procédures organisationnelles en ce qui a trait aux membres hors
réserve peut s’avérer un facteur facilitant :
« Moi, d’habiter sur la communauté, ça aurait pu être plus facile pour moi. J’aurais eu à faire directement avec le DMO, donc j’aurais pu avoir quelqu’un en face de moi, plutôt qu’être devant mon ordinateur ou au téléphone pour être en communication avec Québec. Fait qu’il y en avait qui s’occupaient plus de certaines choses. » F_19
Les facteurs facilitants qui ont été mentionnés par les femmes sont représentés dans la
Figure 14.
168
Figure 14 : Cartographie des facteurs facilitants chez les femmes Ilnuatsh Source : Enquête qualitative, Croce (2019)
7.1.6 Savoir-faire local
Un autre thème émergent issu du corpus empirique de l’analyse de l’EFA est celui du savoir-
faire local (SFL). L’analyse du corpus empirique a permis de cibler plusieurs aspects associés
au SFL :
1) Origine du SFL;
2) Acquisition du SFL;
3) Transmission du SFL;
4) Partage du SFL;
5) Valorisation du SFL.
Tout d’abord, les témoignages des femmes Ilnuatsh permettent de comprendre l’origine du
SFL. En effet, les répondantes rencontrées au cours de l’enquête qualitative témoignent que
Facteurs facilitants
Socioculturels Individuels
Logistiques Institutionnels Cautionnement
Procédures
Réseautage
Modèles en entrepreneuriat
Facteurs professionnels
Financiers
Subvention/ Financement Prêts bancaires
Soutien du milieu communautaire
Soutien politique
Facteurs psychologiques
169
leur SFL est typique aux cultures autochtones et que son origine est intimement liée à
l’appartenance communautaire. D’ailleurs, on retrouve le SFL dans plusieurs communautés
autochtones, comme le précise cette répondante Ilnuatsh :
« En tout cas, il y en a chez les Attikameks, les Montagnais, il y en a chez les Algonquins, les Cris, pas mal dans toutes les communautés, je trouve. » F_12
Malgré une base commune propre à la culture autochtone en général, les femmes Ilnuatsh
affirment que certaines différences peuvent subsister entre les peuples autochtones et entre
les communautés autochtones plus précisément. Or, le SFL serait adapté selon les peuples et
les lieux. Les témoignages de deux répondantes permettent de mieux comprendre cet
aspect :
« Non. Je pense que c’est généralisé, je peux dire. Il y a peut-être certaines choses que chaque communauté, chaque nation, ont leurs particularités, là, mais là, je pourrais dire, c’est comme les raquettes, comment on appelle ça… Le castor, c’est beaucoup plus d’ici. Puis, les façons de faire, admettons le dessin, les décorations, c’est particulier, chaque nation, je pourrais dire. » F_09
En ce qui concerne l’acquisition du SFL, les répondantes affirment qu’il est normalement
acquis pendant la jeunesse. Cette acquisition provient des membres de la famille, notamment
par les femmes et principalement par la mère ou une tante, ou encore par les grands-parents
ou, encore, par les aînés de la communauté :
« Pour moi, j’ai appris quand j’étais jeune, avec ma grande mère à faire la broderie, mais depuis qu’elle est partie, je n’avais jamais rebrodé. Fait que quand je suis arrivée ici, en janvier, j’ai réappris, puis je n’ai pas arrêté depuis janvier. » F_18
OU « Ma mère faisait de l’artisanat. Ma mère faisait beaucoup d’artisanat : des poupées, des raquettes… Puis, elle faisait aussi des mocassins, des sacs, des mitaines pour mes frères. C’est pour ça que pendant ce temps-là j’ai appris à faire de l’artisanat. » F_14
ET
170
« Un aîné de la communauté, là il est décédé, il nous a montré à faire de l’artisanat quand j’étais jeune. Puis, depuis ce temps-là, je n’ai pas arrêté. » F_02
Les répondantes traitent aussi de la transmission du SFL dans la communauté
d’appartenance, qui semble se faire de génération en génération :
« Notre famille a toujours fait de l’artisanat. Ma tante faisait des mocassins, elle perlait, puis elle travaillait aussi dans les boutiques d’artisanat, là. C’est de génération en génération, je veux dire. » F_02
En ce qui concerne le partage du SFL, les femmes Ilnuatsh rencontrées affirment que le
SFL est partagé au sein de la communauté, notamment par des activités communautaires, qui
s’adressent autant aux femmes membres de la communauté qu’aux jeunes, tel que le
mentionnent ces deux femmes Ilnuatsh :
« Oui, je l’ai fait tout au début, mais là, j’ai comme pas le temps. Oui, j’ai partagé mon savoir-faire avec d’autres […] Des fois, je prends des jeunes qui viennent travailler ici, comme des projets étudiants et tout ça. J’essaie de montrer ce que je peux faire. » F_02
OU « Oui. Avec les femmes, je l’ai fait ici dans la communauté. J’ai donné des cours […] sur l’artisanat, la couture, le perlage. J’en ai donné beaucoup, mais là, j’ai arrêté de donner, je veux plus travailler en forêt. » F_03
En ce qui concerne la valorisation du SFL, l’analyse du corpus empirique a permis de
déterminer trois façons dont le SFL peut être valorisé, soit dans le cadre des événements
communautaires, soit dans les produits, soit au sein des organisations s’il s’agit de la
définition d’une mission d’entreprise, par exemple :
« Oui. Dans le sens que, plus par rapport à mon entreprise qui est reliée aux produits de santé naturelle, nous ce qu’on vise dans cette entreprise, c’est vraiment de ramener […] parce que, de plus en plus, le marché des produits de santé naturelle se retourne vers les médecines traditionnelles. Fait que dans cette entreprise, ce qu’on vise, c’est de ramener le savoir traditionnel autochtone à
171
travers les produits qu’on va pouvoir commercialiser au niveau local, provincial et international, même. » F_13
L’articulation de ce thème est illustrée à la figure 15 ci-dessous.
Figure 15 : Cartographie du SFL chez les femmes Ilnuatsh Source : Enquête qualitative, Croce (2019)
7.1.7 Rôle de la femme
L’analyse du corpus empirique a soulevé le thème - Rôle de la femme -, qui met en
perspective le lien qui relie l’entrepreneuriat et le rôle des femmes autochtones et son
évolution au fil des années. Dans l’analyse de ce thème de recherche, plusieurs facteurs ont
été cernés, puis regroupés en trois dimensions d’analyse sociohistorique :
o Rôle de la femme dans la période précoloniale;
o Rôle de la femme dans la période coloniale;
o Rôle de la femme dans la période postcoloniale.
Tout d’abord, l’analyse du corpus empirique a permis de préciser le rôle de la femme dans la
période précoloniale. Les femmes Ilnuatsh rencontrées ont mentionné que la division du
genre au sein des sociétés traditionnelles autochtones, et particulièrement ilnue, était basée
Savoir –faire local
Origine
Innus, Cris
Communautés autochtones
Famille
Aînés de la communauté.
Partage
Valorisation
Jeunesse
Acquisition
Transmission
Formation pour les femmes
Activités communautaires
Intégration des jeunes
De génération en génération :
Produits
Organisations
Événement communautaires
172
sur la complémentarité des rôles socialement attribués à l’homme comme à la femme, tel que
l’exprime cette répondante Ilnuatsh :
« On sait que chez les Premières Nations, traditionnellement, il y avait des rôles : la femme avait un rôle, l’homme avait un rôle, mais chacun avait son importance, puis l’importance était égale. Il n’y avait pas de soumission, il n’y avait rien […] traditionnellement. » F_12
De plus, cette complémentarité des rôles reposait sur la reconnaissance et le respect de la
diversité de genre et de la répartition égalitaire du travail :
« C’est sûr que la femme avait peut-être des choses plus à elle. Puis, que l’homme, admettons au niveau du quotidien, la job c’est beaucoup plus lui qui le faisait, sauf que c’était tout le temps en complémentarité, par exemple. À mon idée, c’est ce que j’ai toujours vu là. Puis, dans les derniers temps, avec toute la mentalité blanche, ça a comme changé, la vision et les pensées des gens. » F_09
Or, l’implication de la femme Ilnuatsh était reconnue comme une attente sociétale autour du
rôle de la femme dans la communauté :
« On était plus portées à rester à la maison, à élever nos enfants, parce que l’homme partait. Il allait chercher la nourriture, puis il revenait. » F_05
Les témoignages des femmes Ilnuatsh ont aussi permis de mettre en lumière la subordination
de la femme autochtone par rapport aux hommes de la communauté. Cette subordination
que les femmes Ilnuatsh affirment avoir subie semble être liée à l’époque coloniale, selon les
témoignages des répondantes, comme celui ci-dessous :
« Je pense que pour une génération, oui, ça a été plus difficile, mais pour les plus jeunes de mon âge, on voit que c’est possible. Mais, comme je te disais, c’est comme encore une espèce d’époque où la femme était considérée… pas moins bonne, mais […] était comme derrière, là. Mais, aujourd’hui, on le sait qu’on est égaux, en tout cas, moi je le sais. Je pense que c’est plus la religion qui a fait ça, parce qu’on lit des textes, puis on s’en rend compte. Même les aînés en parlent […] que la femme n’était pas moins ou plus. Puis, elle avait ses tâches, puis elle faisait ses choses, puis il n’y avait pas une question de […] c’est une question d’attitude, dans le fond […] Puis, il y a eu la religion. C’était comme le mari, il a péché, puis les pensionnats, vraiment, la religion qui a tapé sur la tête […] Ma
173
génération n’a pas vécu ça, puis […] En tout cas, dans ma famille, je n’ai jamais vécu du sexisme. » F_07
ET « Non. Pas la culture autochtone. La culture blanche, c’est la culture blanche, ça. La culture autochtone, pour la femme et l’homme, là, mon idée à moi, il y a toujours eu une complémentarité. » F_09
Aussi, l’analyse du corpus empirique a permis de déterminer les enjeux contemporains
autour du rôle de la femme Ilnuatsh qui semblent être liés à l’époque postcoloniale. Or, il
s’agit principalement du changement relatif au rôle de la femme autochtone dont font part
les répondantes.
Il s’agit, par exemple, de la place de la femme autochtone dans son milieu de vie et de
l’égalité des sexes, tel que l’exprime cette répondante :
« En fait, la femme entrepreneure aujourd’hui, c’est simplement l’avancée du monde, un peu. Je pense que je suis pour l’égalité des sexes, pour le travail, dans tout, pour moi, c’est juste une motivation de plus. C’est un but à obtenir, pas un but, mais c’est un objectif qui peut être plaisant, tout simplement parce que ça prouve aujourd’hui, en étant autochtone, malgré tout ce que notre peuple a pu subir dans l’histoire, eh bien on est capable de se relever et de passer par-dessus, puis de montrer aux gens qu’on est comme tout le monde, peu importe notre nationalité, peu importe notre race. On va dire notre ethnie, fait que […] c’est juste plaisant pour ça. » F_19
ET
« Je pense qu’on va en avoir de plus en plus. Oui, parce que justement les femmes veulent décider de leur futur. On entend beaucoup parler de l’égalité des salaires et tout ça. Je pense que ça va donner justement le respect de la femme, puis que ce sont des humaines, pareil comme des hommes. » F_07
Par ailleurs, il importe aussi de mettre en valeur la perspective autochtone de l’égalité, qui
demeure loin d’une perspective féministe :
« Je ne sais pas. Ça appartient autant à la femme qu’à l’homme d’avoir des entreprises, si c’est son souhait. Je ne sais pas. Je ne suis pas dans cette dualité-là, tu sais. J’ai déjà été féministe, mais là on dirait que je ne le suis plus; on dirait que j’ai comme de la misère à […] » F_12
174
Finalement, en lien avec le rôle de la femme dans la période postcoloniale, il importe aussi de
souligner la reconnaissance de la place des femmes par les membres de la communauté :
« Oui. Il y a encore du travail. Il va toujours y en avoir, parce que ça commence […] ils commencent à reconnaître la femme, puis il y a de plus en plus d’associations des femmes […] Fait que c’est ces femmes-là qui on fait qu’il y a plus d’ouverture auprès des femmes. » F_05
L’analyse du rôle de la femme est présentée sous forme de graphique dans la figure 16.
Figure 16 : Cartographie du rôle de la femme chez les femmes Ilnuatsh Source : Enquête qualitative, Croce (2019)
7.1.8 Traditions et modes de vie
L’analyse du corpus empirique a permis d’identifier le lien qui existe entre l’entrepreneuriat
chez les femmes autochtones Ilnuatsh, leurs traditions autochtones et leurs modes de vie;
lien qui subsiste selon le type d’activité des femmes entrepreneures Ilnuatsh rencontrées.
Rôle de la femme
Période coloniale Période précoloniale
Subordination de la femme
Complémentarité des rôles
Implication familiale de la femme
Période postcoloniale
Égalités des sexes
Reconnaissance du milieu
Sexisme
Culture blanche, pensionnats, religion
Changements du rôle de la femme
Division traditionnelle
Affirmation et émancipation
Division égalitaire du travail
175
Dans l’analyse, les traditions propres à la culture autochtone semblent être inséparables des
modes de vie, ce qui a permis d’unir les deux composantes dans l’analyse du même thème
émergent.
Trois dimensions y sont présentées :
1) Traditions autochtones;
2) Mode de vie traditionnel;
3) Traditions, modes de vie et entrepreneuriat.
Tout d’abord, l’analyse du corpus empirique a relevé les traditions propres à la culture
autochtone, telles que :
o Artisanat autochtone;
o Médecine traditionnelle.
Force est de constater que l’artisanat est une tradition typique à la culture autochtone, tel que
l’affirme cette répondante Ilnuatsh artisane :
« Artisane, c’est plutôt la couture, l’artisanat, le perlage, le brodage, faire des bourses, des mocassins quand le temps s’y prête. Je fais des tentes, des tentes prospecteurs, puis des tentes rondes de chez nous […] Oui. Ce sont des traditions d’ici, des Pekuakamiulnuatsh, de mes parents. Le couteau croche, je devais essayer, mais c’est le temps qui me manque encore, sauf que mes parents ont toujours travaillé dans ces choses-là, tant ma mère que mon père, mes frères aussi. Je sais que mes frères ont beaucoup travaillé le couteau croche. » F_09
OU « Parce que c’est vraiment traditionnel, l’artisanat. Ça veut dire : ça part de tes parents qui t’ont montré à perler […] J’avais même des cousins qui travaillaient le panache […] le perlage et tout ça […] Tu sais, c’est la tradition, c’est ton père ou ta mère qui t’ont transmis ça. » F _ 05
À partir des témoignages de ces femmes, un lien se forme entre l’artisanat, une tradition, et
l’attente sociétale autour des femmes autochtones entrepreneures:
176
« Oui. C’est dans notre culture, c’est aux femmes de faire ça. » GD
Par la suite, une autre tradition qui a été mise en valeur est celle de la médecine traditionnelle,
qui semble être liée au savoir ancestral :
« Moi, j’ai des livres qui viennent de la communauté. Donc, je connais un peu des choses, ma mère en connaît aussi. Puis, des gens qui ont des problèmes respiratoires, des rhumes, des choses comme cela, on les conseille, puis ils prennent ce qu’ils veulent prendre, puis ça va comme ça. » F_19
L’analyse des traditions révèle que celles-ci sont intimement liées au mode de vie, un mode
de vie d’autrefois, qui concerne la vie sur les territoires ancestraux. Par exemple, en ce qui a
trait à l’artisanat autochtone – qui représente une tradition autochtone –, il est mentionné
comment il était lié autrefois aux activités pouvant avoir lieu sur le territoire. En effet, les
objets que produisaient les femmes avaient plutôt comme objectif de répondre et d’être
utiles dans la vie quotidienne, en lien avec leur mode de vie. En effet, leur utilité
correspondait au mode de vie autochtone sur le territoire :
« Comme un sac, c’est comme un moyen de transport pour […] Dans le temps, c’était les pièges, les cartouches. Quand les hommes partaient à la chasse, on leur faisait chacun un sac. Puis, même pour les fourrures, c’est la même affaire. Comme le porte-fusil, c’est ça, ça vient de là. » GD
Dans les témoignages des femmes Ilnuasth, plusieurs dimensions correspondant au territoire
ont été relevées et qui sont respectivement :
- Saison;
- Chasse;
- Forêt;
- Produit naturel.
Tout d’abord, le mode de vie sur le territoire était très lié aux saisons, tel que cette
répondante l’affirme :
177
« Oui. Dans la tradition, c’était beaucoup par rapport aux saisons, je pourrais dire. C’est sûr que nous, on n’a pas eu le temps de voir ces choses-là par saison, parce que, étant à l’école et aux pensionnats, on n’a pas vu ça, mais c’était beaucoup […] ce qu’on m’a dit, ce qu’on m’a conté, puis ce que j’ai lu aussi, c’était beaucoup par saison, les choses de saisons, là. Comme la peau de l’orignal, admettons, c’est meilleur à tel mois pour pouvoir tuer pour la peau, puis pour la façon de travailler la peau et tout ça. C’est plus facile […] en tout cas, ces différences-là […] à telle date, à tel mois, ça se travaille mieux. » F_09
De plus, ce mode de vie accorde l’importance à la forêt et aux produits issus de la nature :
« En lien avec les modes de vie et les traditions, oui, je pense que oui. Si on remonte encore à l’historique de la communauté, autrefois les antibiotiques ou tous les médicaments qu’on pouvait avoir, on soignait avec tous ce qu’on trouvait sous notre main. Fait que c’est vraiment […] ça remonte au plus profond de nous, là. Au plus profond de nos traditions. Soigner avec tout ce qu’on peut trouver en forêt, puis des choses comme cela. » F_ 19
ET
« C’est sûr que quand tu es en territoire, tu as tout ce qu’il te faut, dans la culture […] Ce que tu fais dans l’artisanat, comme les racines, les écorces, je fais tout […] même la peau de l’orignal, pour faire des mocassins […] c’est là que tu te sens […] » F_03
Une fois les traditions des femmes autochtones et les modes de vie mis de l’avant, il est
possible d’examiner la transposition des traditions et les modes de vie dans l’entrepreneuriat
chez les femmes Ilnuatsh.
Voici ce qu’en dit cette répondante :
« Si je comprends […], tu vas pouvoir me replacer, s’il le faut. Comment je pourrais dire? Des fois, j’ai l’impression, de quoi je m’inspire de la communauté, c’est un mode de vie qui est passé, puis que, présentement, ce n’est plus nécessairement tout à fait présent. Quelqu’un pratique encore quelque chose, des savoirs ou des choses comme cela, mais on dirait que c’est quelque chose, mais c’est une inspiration quand même que j’ai face à notre mode de vie. Mais aidez-moi un petit peu là, j’essaie de… Je ne sais pas si j’ai compris la question ou quoi là, mais […] » F_15
178
Ce lien étroit entre traditions et modes de vie peut se retrouver dans la conception des
produits :
« Oui. Je pense, je pourrais dire oui, parce que, comment je peux dire… Le naturel, comme le cuir d’orignal, j’aime beaucoup travailler avec. C’est sûr que je n’en fais pas autant, mais j’essaie d’aller chercher ce que mes parents prenaient pour faire telle chose, tel vêtement, telle bottine […] Oui, des fois, j’en fais avec du cuir qu’on achète, mais c’est parce que des fois, on n’a pas le choix, là. J’essaie aussi d’arranger, de tanner les peaux d’orignal, là, les peaux d’animaux. » F_19
Et aussi dans les activités que peuvent organiser les femmes entrepreneures :
« Dans le fond, une fois par année, il y a une activité en territoire qui est organisée, des activités de tradition autochtone, dans le temps de la chasse au cours du mois d’octobre, on va chasser l’orignal ou le chevreuil ou on va trapper le lièvre. » F_08
Les femmes peuvent s’inspirer, dans les activités entrepreneuriales, d’un mode de vie qui
n’est plus présent aujourd’hui, mais qui demeure dans leur esprit lorsqu’elles créent une
organisation :
« Même si tu vas parler avec des aînés, puis ils ne seront pas d’accord avec ce que je vais dire, parce qu’ils ont été catholicisés et ils ont perdu le sens, la profondeur de ce qui se faisait, mais tu sais, la chasse se faisait dans une conscience de la relation au monde et de la relation au monde des esprits. Dans le sens que, si on tuait un animal, on prenait son crâne et on l’accrochait a l’arbre, puis on le laissait là jusqu’à ce qu’il tombe. C’était pour remercier l’esprit de l’animal. Fait qu’on était en constante connexion avec l’esprit des choses, l’esprit des arbres, l’esprit de tout. C’est une conscience de la forme de vie, que tout est vivant, en fait, tu sais, puis précieux et interrelié. Moi, mon approche en art thérapie s’inspire carrément de tout ça, ramène les gens à ça, qui pour moi était la clé de la force, au fond de l’être. Fait que, oui, je m’inspire grandement de la tradition. » F_12
L’ensemble de l’analyse concernant les traditions et les modes de vie est illustrée à la figure
17.
179
17 : Cartographie des modes de vie et des traditions chez les femmes Ilnuatsh Source : Enquête qualitative, Croce (2019)
7.3.9 Perception de l’entrepreneuriat
Le corpus empirique a fait ressortir ce thème – la perception de l’entrepreneuriat – qui vient
clarifier la signification que les femmes autochtones peuvent avoir de l’entrepreneuriat et
comprendre leur grille d’interprétation de ce phénomène.
Cette analyse révèle deux significations majeures liées à deux typologies de
l’entrepreneuriat chez les femmes Ilnuatsh:
o Entrepreneuriat dans la logique de la vente;
o Entrepreneuriat dans la logique du partage.
Pour certaines femmes Ilnuatsh qui ont été rencontrées pendant l’enquête qualitative,
l’action d’entreprendre ou de disposer d’un esprit entrepreneurial correspond à un gain
d’argent contre des services, ou des produits, tel que l’indique cette femme entrepreneure
Ilnuatsh :
Traditions et Modes de vie
Mode de vie traditionnel
Traditions autochtones
Médicine traditionnelle
Artisanat autochtone Traditions, modes de vie et entrepreneuriat
Produits Activités
Saisons
Territoire
Cultures autochtones
Chasse
Naturel
Organisation
Forêt
180
« Ça reste un esprit entrepreneurial, parce que, quand même, tu te fais payer pour les services que tu donnes. » F_15
Dans cette logique, pour certaines femmes, l’entrepreneuriat correspond au fait d’avoir un
magasin ou de créer une entreprise. Cette répondante en fait mention :
« Entrepreneuriat, oui, mais pas comme l’entrepreneuriat […] pour moi, l’entrepreneuriat, ce que j’entends […] c’est quelqu’un qui a un magasin. C’est ça que j’entends pour moi. » F_14
Dans cette catégorie entrepreneuriale sur l’entreprise, deux composantes majeures se
démarquent : la présence d’employées au sein de l’organisation et la rentabilité de
l’organisation. En ce qui concerne le premier aspect, voici ce qu’en dit cette femme Ilnuatsh :
« Être capable de gérer une entreprise, être au-dessus des autres, être propriétaire, être capable de gérer. À part de madame […] il y a des femmes ici qui pourraient le faire, mais elles sont plus […] On a besoin des femmes ici en politique […] Elles se dirigent par là. On est contents. On va laisser aux hommes les entreprises! » F _ 18
OU
« Il y a une grosse différence entre (nom de l’entreprise), puis les autres […] parce qu’ils ont un commerce; ils sont plusieurs personnes. Moi, j’étais toute seule, puis je n’ai pas de relève non plus. La seule chose que je peux faire c’est de transmettre aux autres ce que je connais. » F_18
Dans cette conception de l’entrepreneuriat, la rentabilité d’une entreprise est mise de
l’avant par cette répondante:
« Une entreprise c’est comme un magasin : tu produis pour vendre. Mais, nous autres, ce n’est pas ça ce qu’on fait ici. On produit pour donner, puis ça fait du bien d’être […] » GD
D’autre part, l’analyse du corpus empirique a aussi permis de cibler une deuxième
signification que les femmes Ilnuatsh donnent à l’entrepreneuriat qui, dans ce contexte, serait
plutôt perçu par les femmes comme un moyen de régulation sociale dans une dynamique
d’échanges avec les autres membres de la communauté d’appartenance.
181
Dans cette perspective, la production artisanale assume une signification complètement
différente, comme le propose cette femme Ilnuatsh :
« C’est pareil comme quand il y a du monde qui essaie de mettre une ligne entre l’art puis l’artisanat. Si tu pratiques de l’artisanat de la façon dont je viens de te parler, ce n’est pas de l’artisanat. Le seul artisanat pratiqué vraiment comme de l’artisanat, c’est si tu le fais dans le but de répéter un objet dans le but de le vendre. Là, ton objectif n’est plus pareil; tu n’es pas en train de te connecter avec les esprits, puis de faire une création symbolique qui va te donner de la force. Tu es en train de répéter les objets, dans le but de les vendre. Ton objectif n’est plus pareil. Puis, je te l’ai dit plus tôt en partant, moi je ne fais jamais les choses pour l’argent. Ça s’applique autant en art, autant en entreprise, à toutes les sphères de la vie. » F_12
L’analyse du corpus empirique vient statuer que la production artisanale peut être reliée à
deux logiques économiques différentes. Au delà de la conception entrepreneuriale associée à
la vente, selon le corpus empirique, l’artisanat était associé à un mode de vie dont la finalité
n’était pas celle de vendre des objets, comme le communique cette répondante :
« On n’a pas vraiment réfléchi à ça. Je pense que ce sont des choses qu’on réfléchit, qu’on pense, ce qu’on pourrait faire pour qu’on puisse améliorer ce domaine-là. Parce que, dans le fond, aujourd’hui, nous autres, comme on disait au début, c’était pour donner les sacs, faire des cadeaux pour les gens qu’on reçoit. Pour en faire une entreprise, pour le démarrage d’une entreprise […] on n’a pas vraiment pensé à ça. C’est en train de mijoter, mais […] » GD
OU
« Une entreprise c’est comme un magasin. Tu produis pour vendre, mais nous autres, ce n’est pas ça qu’on fait ici. On produit pour donner, puis ça fait du bien d’être […] » GD
L’articulation du thème – perception sociale de l’entrepreneuriat – est représentée dans la
figure 18.
182
Figure 18 : Cartographie de la perception de l’entrepreneuriat chez les femmes Ilnuatsh Source : Enquête qualitative, Croce (2019)
7.3.10 Hybridité entrepreneuriale
L’analyse du corpus empirique a fait ressortir ce dernier thème de l’hybridité
entrepreneuriale, qui vient mettre en valeur la forme entrepreneuriale propre à l’EFA, tel que
observé dans le milieu étudié. Dans les témoignages des femmes rencontrées, on constate
que l’entrepreneuriat est caractérisé par une nature hybride.
Cette femme entrepreneure Ilnuatsh s’est prononcée sur le sujet :
« Je ne suis ni l’une ni l’autre, parce que ce n’est pas une dualité. Il faudrait que le monde arrête de parler d’artisans, d’artistes contemporaines. Ce n’est pas une dualité, ça. Ce n’est pas une dualité. Je suis contemporaine dans le sens que je ne m’arrêterais pas à des formes, mais je vais me servir de toutes mes connaissances ancestrales et traditionnelles pour arriver à faire quelque chose. Moi, je porte tout ça dans moi. Ce n’est pas une dualité. Dans moi, tout est super bien uni. Non, moi, je n’embarque pas dans la dualité. » F_12
Perception de l’entrepreneuriat
Logique de la vente Logique du partage Modes de vie
Employés
Organisation
Rentabilité
183
L’analyse de l’hybridité entrepreneuriale souligne deux composantes majeures :
o Déterminants modernes de l’entrepreneuriat;
o Déterminants traditionnels de l’entrepreneuriat.
En ce qui concerne les déterminants modernes de l’entrepreneuriat, les femmes Ilnuatsh
rencontrées font état de certaines caractéristiques, qui sont considérées comme faisant partie
de la modernité. Il s’agit des matériaux, des outils ou, encore, des moyens de communication
utilisés, tel que cette répondante l’indique:
« Il y a des choses de modernes, admettons, comme les filets de pêche. On en faisait de telle façon auparavant, puis maintenant c’est avec comme une corde que l’on fait là. » F_09
ET
« Par exemple le moteur, le moteur à canots. J’ai ça dans ma tête, là. Oui, nos parents en prenaient. Ils s’en servaient, mais on n’avait pas de ça avant. Mais là, pour qu’on puisse être capables de pouvoir faire ce qu’on veut offrir à la clientèle, il faut y aller avec ce qu’on peut avoir, ce qu’on peut, ce qu’on a, en tout cas. Il y a bien d’autres choses qu’on peut s’en servir pareil, comme les canots, les rabaskas, ce ne sont pas de chez nous. D’autres nations s’en sont servi, puis ils avaient ça dans leurs communautés. » F_09
En revanche, en ce qui concerne les déterminants traditionnels de l’entrepreneuriat, les
femmes Ilnuatsh rencontrées citent certaines caractéristiques, qui sont considérées comme
faisant partie de la tradition autochtone. Il s’agit, par exemple, du SFL, ou, encore, des
connaissances ancestrales. Voici ce qui explique cette répondante, qui parle du filet de
pêche :
« Purement traditionnel, ce serait que le brut, que l’objet que le geste […] » F _ 07
Les déterminantes traditionnelles sont associées aux cultures autochtones :
« Traditionnel, moi, je pense que ça vient d’une culture, tandis que moderne, c’est plus général. » F_GD
184
De plus, l’analyse de ce thème de recherche permet de statuer que cette hybridité
entrepreneuriale peut prendre plusieurs formes. En effet, l’analyse explique comment elle se
manifeste autant au sein des organisations, par exemple dans le cadre de la mission
d’entreprise :
« On va chercher un savoir traditionnel qui est là, des connaissances qui sont là par rapport à certains éléments actifs de la plante, mais qui étaient limites, aussi, par rapport aux outils qu’il y avait pour mieux comprendre les molécules, pour mieux comprendre les choses. Aujourd’hui, on peut faire le pont pour aller chercher vraiment des molécules spécifiques dans les produits. Je pense qu’il faut utiliser le savoir ancestral qui était là, démontrer que ça fait des millénaires qu’ils les utilisent, et puis que ça fonctionne. Mais en même temps, je dirais pour les clients, pour les entreprises plus modernes, on va dire, qui ont besoin de comprendre c’est quoi qui fait que ça fonctionne, c’est quoi la molécule, c’est quoi les effets sur la santé. » F_13
L’articulation du thème – hybridité entrepreneuriale- est représentée dans la figure ci-dessous
(figure 19).
Figure 19 : Cartographie de l’hybridité entrepreneuriale chez les femmes Ilnuatsh Source : Enquête qualitative, Croce (2019)
Hybridité entrepreneuriale
Déterminants moderne de l’E
Déterminants traditionnel de l’E Savoir-faire
Connaissances ancestrales Activité
Produit Service
Culture
Matériaux
Outils
Moyens de communication
Organisation
185
7.2 Analyse intégrée des thèmes : les métacatégories
Les dix thèmes que l’analyse du corpus théorique a permis de déterminer ont été mis en
relation entre eux et ont été élevés, dans le cadre de l’analyse, au rang de métacatégories. Le
regroupement a été réalisé par association, entre les thèmes et les sous-thèmes
correspondants. Au total, le regroupement des thèmes a engendré quatre métacatégories :
1) Analyse de l’identité entrepreneuriale des FA ;
2) Analyse du parcours entrepreneurial des FEA;
3) Analyse des mécanismes socioculturels de transposition dans l’entrepreneuriat;
4) Analyse des taxonomies et typologies de l’EFA.
Les quatre métacatégories sont illustrées à la figure 20 ci-dessous :
Figure 20 : Regroupement des thèmes en métacatégories Source : Enquête qualitative, Croce (2019)
Les quatre métacatégories permettent une meilleure analyse du phénomène de l’EFA. Ainsi,
il est possible d’explorer ce phénomène au niveau conceptuel dans toute sa complexité
Motivations
Autoreprésentation
Valeurs
Obstacles
Facteurs facilitants
Rôle
de la femme
Modes de vie et traditions
Savoir-faire local
Perception de l’entrepreneuriat
Hybridité entrepreneuriale
Métacatégorie 1 Métacatégorie 2 Métacatégorie 3 Métacatégorie 4
Identité entrepreneuriale des femmes autochtones
Parcours des femmes entrepreneures autochtones
Mécanismes de transposition dans l’entrepreneuriat
Taxonomies et typologies de
l’entrepreneuriat
186
puisque les quatre métacatégories font état de la diversité de l’analyse quand il s’agit de
recherches en EFA, en représentant quatre perspectives d’interprétation du phénomène.
7.2.1 Première métacatégorie : analyse de l’identité entrepreneuriale des FA
À partir de la mise en relation entre les motivations, les valeurs et les représentations sociales
qui ont été exprimées par les femmes Ilnuatsh, il est possible d’identifier cette première
métacatégorie, qui concerne l’identité entrepreneuriale des FEA (figure 21).
Figure 21 : Première métacatégorie : analyse de l’identité entrepreneuriale des FEA Source : Enquête qualitative, Croce (2019)
La première métacatégorie suggère l’exploration du phénomène entrepreneurial des femmes
autochtones à partir de la compréhension de leur identité entrepreneuriale. En raison des
caractéristiques qui sont propres à cette population entrepreneuriale, tel que le vécu et
l’appartenance ethnique et communautaire, l’identité entrepreneuriale des femmes
autochtones se distingue des identités entrepreneuriales des autres catégories de femmes
entrepreneures, c’est-à-dire les femmes entrepreneures allochtones ou les femmes
entrepreneures appartenant à d’autres minorités ethniques.
La mise en relation entre les trois thèmes – valeurs, motivations et autoreprésentation –
ajoute de la profondeur à la réflexion émergente sur l’EFA, ce qui permet l’élévation
conceptuelle de l’analyse à l’égard de cette première métacatégorie, qui évalue l’identité
entrepreneuriale des FA. Si l’identité entrepreneuriale est un concept qui est encore
aujourd’hui sous-exploré chez les femmes entrepreneures appartenant à des minorités
ethniques (p. ex., Essers et Benschops, 2007), cette réalité est encore plus marquante lorsqu’il
s’agit de femmes entrepreneures autochtones, car, comme cette thèse en témoigne, il s’agit
d’une population entrepreneuriale encore sous-représentée dans la recherche académique.
Motivations Valeurs Autorépresentation
187
Ainsi, l’analyse des valeurs et des représentations sociales de la FEA que l’analyse du corpus
empirique a permis de mettre en valeur vient compléter et approfondir la compréhension de
motivations qui sont propres aux femmes autochtones, qui s’alignent, donc, à leurs valeurs et
à la façon dont elles se autoreprésentent dans leur contexte de vie.
La « motivation entrepreneuriale » est un concept de plus en plus exploré dans la recherche
entrepreneuriale en général et en entrepreneuriat féminin. Les études existantes en EFA ont
déjà permis de mettre en perspective certaines motivations qui sont propres aux femmes
autochtones qui souhaite se lancent en affaires. Citons notamment la promotion du bien-être
des membres de la communauté ainsi que la valorisation de l’économie du partage et
communautaire, qui prime sur l’esprit individualiste de l’entrepreneuriat (p. ex., Pearson et
Daff, 2014; Lituchy et al. 2006). Les résultats de cette enquête qualitative ont permis de
mieux comprendre et d’élargir l’éventail des motivations des femmes autochtones à se lancer
en affaires. Ces motivations sont diversifiées et sont liées à la fois à la sphère individuelle,
sociale, économique et culturelle.
D’une part, certaines motivations liées à la sphère individuelle rejoignent les motivations des
femmes entrepreneures en général ; mentionnons, par exemple, le besoin d’émancipation,
l’affirmation de soi et la conciliation travail-famille (p. ex., Akehurst, Simarro et Mas-Tur,
2012). D’autre part, pour les autres motivations soulevées grâce au corpus empirique, une
considération toute particulière s’impose, parce qu’on observe que les motivations sont
inséparables du contexte de vie immédiat des femmes autochtones et de leur vécu. Il importe
d’ailleurs de souligner que les motivations classifiées comme économiques et sociales
semblent être complémentaires dans les témoignages des femmes rencontrées. Ainsi, la
fonction économique et la fonction sociale de l’entrepreneuriat sont directement liées.
Par exemple, parmi les motivations économiques des femmes Ilnuatsh, on retrouve la
création d’emplois, en considération du manque d’emplois qui touche les femmes de la
communauté autochtone. Dans ce contexte, les motivations économiques peuvent être
comprises à partir de leurs motivations sociales, car les femmes autochtones rencontrées ne
font pas mention de la richesse matérielle comme un cumul de richesse financière. Bien que
certaines motivations soient, donc, économiques, les résultats démontrent qu’elles peuvent
188
avoir une valence sociale importante, dans la mesure où les retombées sont importantes pour
la communauté et le bien-être de ses membres. Les motivations des femmes sont appuyées
par des valeurs et dans leur analyse, les dimensions communautaires et autochtones priment
sur les valeurs associées à l’identité féminine. Dans le même ordre d’idées, la plupart des
représentations sociales semblent être liées au communautaire et à la vie sociale.
7.2.2 Deuxième métacatégorie : analyse du parcours entrepreneurial des FEA
La relation entre les obstacles que les femmes Ilnuatsh rencontrent au cours de leur parcours
entrepreneurial et les facteurs que les femmes perçoivent comme facilitant l’activité
entrepreneuriale a permis non seulement de mieux documenter les expériences
entrepreneuriales des femmes autochtones, mais aussi d’identifier cette deuxième
métacatégorie, qui se consacre à l’analyse du parcours des FEA (figure 22).
Figure 22 : Deuxième métacatégorie : analyse du parcours entrepreneurial des FEA Source : Enquête qualitative, Croce (2019)
L’analyse du parcours des femmes autochtones se base sur la considération des particularités
qui leur sont propres. Cette deuxième métacatégorie représente, donc, le croisement des
difficultés réelles qu’ont éprouvées les femmes entrepreneures autochtones et de la
projection de ces dernières comme solutions à appliquer à l’activité entrepreneuriale.
S’il est vrai que les femmes entrepreneures en général rencontrent au cours de leurs parcours
entrepreneuriaux des obstacles qui concernent leur identité de genre, par exemple la
conciliation travail-famille ou la sous-représentation des femmes dans des domaines
traditionnellement considérés comme masculins (p. ex., Calás, Smircich et Bourne, 2009;
Piacentini, 2013; Ronsen, 2014), certains obstacles concernent d’autant plus les femmes
autochtones par leur statut particulière dans la société.
Une analyse de la littérature portant sur ces obstacles a déjà permis de cibler des obstacles
Obstacles Facteurs facilitants
189
précis que les femmes autochtones entrepreneures rencontrent dans leur parcours
entrepreneurial, lesquels ont été regroupés dans différentes typologies d’obstacles (Croce,
2016; Croce et al., 201620), qui sont respectivement :
o Obstacles individuels : comme les facteurs sociodémographiques, psychologiques ou
professionnels (p.ex. Glenice et Davidson, 2011; Moyle et Dollard, 2008; Pearson et
Daff, 2014);
o Obstacles socioculturels : comme les stéréotypes, les responsabilités familiales, le
rapport à l’argent (p.ex. Glenice et Davidson, 2011; McDonnell, 1999; Pearson et
Daff, 2014; Todd, 2012);
o Obstacles structurels : comme l’accès au financement et aux réseaux
d’accompagnement (p.ex. Lituchy et al., 2006; McDonnell, 1999; Moyle et Dollard,
2008; Todd, 2012).
Les résultats de cette enquête qualitative permettent non seulement d’élargir l’éventail des
obstacles existants qui se sont dressés devant les femmes autochtones, mais aussi
d’approfondir l’analyse des obstacles et de mieux comprendre leurs particularités. Compte
tenu des résultats de cette thèse, une révision des obstacles issus de la revue de littérature sur
les femmes entrepreneures autochtones (Croce, 2016; Croce et al. 2016) est possible.
Il importe aussi de souligner qu’un des obstacles majeurs à l’activité entrepreneuriale des
femmes autochtones est représenté par l’obstacle financier. Si plusieurs auteurs soulignent à
quel point l’accès au financement représente un problème pour ces femmes qui optent pour
l’entrepreneuriat (p. ex., Akehurst, Simarro et Mas-Tur, 2012; Braidford, Stone et Tesfaye,
2013; Calás, Smircich et Bourne, 2009; Croce et al., 2016; Piacentini, 2013; Ronsen, 2014), la
question financière est encore plus marquante pour les femmes d’une autre origine ethnique
(Carter, Mwaura, Ram, Trehan et Jones, 2015) et pour les femmes autochtones en particulier.
20 Un regroupement de ces obstacles figure sous forme de tableau dans un rapport du Conseil du statut de la femme sur l’entrepreneuriat féminin autochtone : Croce et al. (2016). « Entrepreneuriat féminin autochtone. Portrait des obstacles, facteurs facilitants et mesures de soutien spécifiques. » Conseil du statut de la femme, Québec.
190
En effet, quand il s’agit d’entrepreneuriat autochtone au Canada, la question financière prend
une ampleur toute particulière. Par ailleurs, une analyse contextuelle de l’entrepreneuriat
autochtone au Canada a permis d’identifier la dimension financière comme une dimension
de la diversité en ce qui concerne l’analyse des pratiques entrepreneuriales autochtones
(Croce, 2019). Le capital financier disponible est difficilement accessible aux Autochtones
étant donné que les biens ne peuvent être saisis sur les réserves, selon la Loi sur les Indiens, et
les femmes entrepreneures, tout comme les hommes entrepreneures autochtones, sont
exclues des circuits de prêts traditionnels bancaires. Par conséquent, l’obstacle financier est
compris dans une dynamique sociohistorique beaucoup plus large qui a trait à la colonisation
de peuples autochtones.
Il est important de noter que les résultats de cette enquête qualitative ont permis aussi
d’élargir les facteurs structurels en tenant compte de certains facteurs d’ordre institutionnels
et des facteurs communautaires. Soulignons que ces derniers sont propres à la communauté
et aux institutions qui œuvrent dans le développement entrepreneurial des femmes. Quant
aux facteurs facilitants les activités entrepreneuriales des femmes, les mêmes facteurs qui
sont perçus comme obstacles par les femmes s’y trouvent, ce qui vient forger cette
métacatégorie sur le parcours entrepreneurial des femmes autochtones.
7.2.3 Troisième métacatégorie : mécanismes socioculturels de transposition dans
l’entrepreneuriat
La relation entre les trois thèmes concernés - SFL, traditions et modes de vie, et rôle de la
femme- produit cette troisième métacatégorie, qui représente les mécanismes socioculturels
de transposition dans l’entrepreneuriat (figure 23). Plus précisément, ces trois thèmes
dégagent un cadre interprétatif offrant une meilleure compréhension de l’EFA du point de
vue de la construction sociale du phénomène.
Celui-ci est lié à la fois à l’expression de la culture autochtone – du point de vue des
pratiques entrepreneuriales qui trouvent leurs fondements dans le SFL, les traditions et les
modes de vie des femmes autochtones – et aux aspects sociétaux – du point de vue du
« consensus social » découlant du rôle de la femme entrepreneure Ilnuatsh, qui est partagé au
sein de la communauté autochtone et issu du processus de colonisation.
191
Figure 23 : Troisième métacatégorie : analyse des mécanismes socioculturels de transposition dans l’entrepreneuriat Source : Enquête qualitative, Croce (2019)
De cette métacatégorie émerge le lien et la relation dialectique qui existent entre la culture et
la société; cette dernière est influencée inévitablement par les changements sociétaux et les
événements qui affectent les organisations sociétales d’une communauté ou d’une société
donnée. C’est donc à partir de la combinaison de ces deux grilles de lecture, relatives à la
culture et à l’organisation sociale, que cette troisième métacatégorie trouve sa pertinence.
L’analyse du corpus empirique vient expliquer comment certaines dimensions liées aux
modes de vie et aux traditions déterminent les pratiques entrepreneuriales et se transposent,
à leur tour, dans les activités entrepreneuriales des femmes, peu importe leur type d’activités.
Les résultats de cette enquête qualitative ont permis de faire émerger les caractéristiques
culturelles qui sont propres aux femmes autochtones Ilnuatsh. La culture, dont les traditions
font partie, demeure intacte et figure dans les pratiques entrepreneuriales des femmes,
malgré le changement dans le mode de vie de la population autochtone et de l’organisation
sociale et sociétale. Il est évident, par contre, que cette dernière puisse évoluer au fil du
temps, comme dans la division de genre entre les femmes et les hommes. En effet, il importe
de souligner ce qui suit :
« Il existe, donc, une relation historique et dynamique entre le sexe et le genre : la masculinité et la féminité sont un produit contextuel, relatif, qui traverse différentes cultures et sociétés, donnant naissance à de multiples systèmes de significations qui régulent les relations de genre au sein des contextes sociohistoriques et culturels spécifiques qui les ont déterminés » (Croce, 2015, 87).21
21 Traduction littéraire de : Croce, F. (2015). La seduzione : il gioco strategico delle emozioni. Un viaggio nella
cultura somala. Roma : Edizioni Accademiche Italiane (ISBN 978-3-639-65738-8).
Savoir-faire
local
Traditions et
modes de vie Rôle de la femme
192
Les résultats de cette recherche doctorale ont mis en perspective l’évolution du rôle de la
femme Ilnuatsh. Ainsi, dans le lien qui subsiste entre le rôle de la femme autochtone et
l’entrepreneuriat, le consensus social autour du statut de la femme entrepreneure autochtone
dans un contexte donné se transpose dans l’acceptation sociale de la femme entrepreneure et
de son développement entrepreneurial comme tel.
La valence sociale autour du rôle de la femme entrepreneure autochtone est soulignée,
comme le précisent ces deux répondantes :
« Prendre notre vie en main, prendre les choses en main, des décisions, puis […] aller où d’autres peut-être ne seraient jamais allés eux-mêmes. Fait que, c’est courir au lieu de marcher. » F_19
ET « Moi, je trouve que ça représente que la femme autochtone sort de son cocon. Je vais dire qu’elle s’éveille plus, qu’elle participe à plus des choses, qu’elle entreprend aussi des défis qui autrefois on ne voyait pas, ou très peu. » F_16
7.2.4 Quatrième métacatégorie : taxonomies et typologies de l’EFA
À partir de la mise en relation entre le thème de la perception sociale de l’entrepreneuriat
chez les femmes Ilnuatsh et le thème de l’hybridité entrepreneuriale, il est possible
d’identifier cette quatrième métacatégorie qui, quant à elle, fait état des taxonomies et des
formes entrepreneuriales qui sont propres à l’EFA (figure 24).
Figure 24 : Quatrième métacatégorie : analyse des taxonomies et typologie de l’EFA Source : Enquête qualitative, Croce (2019)
Si la taxonomie, qui réfère à la classification des objets, de l’EFA provient de la signification
que les femmes Ilnuatsh donnent au phénomène entrepreneurial, auquel le thème de la
Perception sociale de l’entrepreneuriat
Hybridité entrepreneuriale
193
perception de l’entrepreneuriat fait mention dans cette thèse, l’expression de l’EFA dans le
contexte actuel, ce dont témoigne le thème de l’hybridité entrepreneuriale qui réfère aux
déterminantes modernes et traditionnelles de l’entrepreneuriat, permet de comprendre sa
forme entrepreneuriale particulière. L’analyse de la perception sociale de l’entrepreneuriat
chez les femmes Ilnuatsh a permis de classifier l’EFA en deux types d’entrepreneuriat. D’une
part, l’expérience entrepreneuriale que les femmes Ilnuatsh ont partagée fait référence à la
création d’entreprise, dont la finalité majeure, dans son essence, est représentée par la vente,
en référence à la conception classique de l’entrepreneuriat; d’autre part, la logique du partage
domine la forme entrepreneuriale traditionnelle.
Si la recherche entrepreneuriale se situe principalement dans le paradigme du capitalisme, les
résultats de cette enquête qualitative permettent d’affirmer que cette conception
d’entreprendre et celle de l’entrepreneuriat, qui est principalement liée à l’accumulation des
richesses matérielles basée sur la vente, ne représente qu’un produit sociétal d’une époque
donnée. Max Weber (1967) considérait l’entrepreneur comme l’acteur principal du
développement industriel et théorisait l’« esprit du capitalisme » en situant l’entrepreneur au
centre de la croissance entrepreneuriale. Dans la conception wébérienne, l’entrepreneur
représente le produit même du capitalisme occidental. Celui-ci coïncide avec
l’industrialisation et la modernisation du monde. Or, pour le sociologue Max Weber,
l’entrepreneur incarne les mêmes caractéristiques de son époque, c’est-à-dire la rationalité,
car l’entrepreneur obtient, grâce à son « agir rationnel », la rentabilité de l’entreprise à travers
le calcul méthodique et la gestion rationnelle du compte capital, ce qui ne pourrait pas être
garanti par une conduite de type affectif et traditionnel.
Le système de motivation qui détermine l’action de l’entrepreneur est, selon Max Weber,
exclusivement lié à la rationalité. Ainsi, il ne traite pas de la créativité ou des aspects
socioaffectifs de l’entrepreneur, mais exclusivement de son agir rationnel. Cette vision
d’entreprendre liée à l’entrepreneur et à son entreprise est donc circonscrite dans une époque
socioculturelle bien définie, soit celle de la modernité. Cependant, cette lecture économique
de l’entrepreneuriat ne restitue qu’une partie du phénomène entrepreneurial des femmes
autochtones que ce projet de recherche doctorale met en perspective. Hormis l’agir rationnel
de la femme entrepreneure, la conduite « affective et traditionnelle » de la femme
194
entrepreneure autochtone se doit d’être comprise pour identifier les aspects qui sont liés à
l’entrepreneuriat dit « traditionnel » ou « authentique » des femmes Ilnuatsh. Par ailleurs, cet
aspect peut être compris et peut s’expliquer au niveau théorique grâce aux théories de
l’échange social (p. ex., Homans, 1958; Mauss, 1973).
Les deux conceptions de l’entrepreneuriat trouvent, donc, leur légitimation dans la lecture
d’un système économique d’un milieu donné et reposent sur les déterminants socioculturels
des femmes autochtones. Le témoignage d’un acteur du développement économique qui a
été rencontré pendant l’enquête de terrain permet de bien comprendre la question soulevée :
« L’entrepreneuriat féminin n’est pas une histoire qui remonte à très très loin […] Peut-être qu’il y a eu quelques exemples, mais c’est très récent […] C’est encore plus récent ici, à Mashteuiatsh. Donc, même s’il y avait de l’entrepreneuriat, il y avait de l’artisanat qui se faisait. C’était beaucoup d’échange, du troc et tout ça […], mais des commerçants qui vendent un produit et tout ça […] et qui embauchent des employés, ce n’est pas énorme. » A_11
Cette dernière métacatégorie restitue la profondeur sociologique du phénomène de l’EFA, au
croisement du point de vue des femmes et de son expression sur le plan pratique. On y
retrouve, d’une part, la signification de l’entrepreneuriat, qui est liée aux codes et aux normes
sociétales qui sont typiques d’un contexte socioculturel donné et, d’autre part, l’interrelation
des mécanismes d’influences en société qui donnent origine à une forme entrepreneuriale
hybride. Ainsi, dans cette dernière métacatégorie, le lien étroit qui existe entre la femme
entrepreneure, elle-même le produit d’un contexte socioculturel donné, et ses actions, quel
que soit le produit façonné, l’activité ou, encore, l’organisation, trouve sa place dans la
compréhension de l’EFA.
195
CHAPITRE 8
CONTRIBUTIONS DE LA THÈSE
À partir des considérations exposées dans cette thèse, plusieurs contributions se dégagent de
la recherche doctorale dont il est question ici, sur les plans théorique, pratique et social.
8.1 Contributions sur le plan théorique
Trois principales contributions théoriques sont issues de cette thèse de doctorat.
La première contribution théorique concerne l’EFA.
De prime abord, cette thèse contribue de façon significative à ce qui était connu à la suite de
recherches sur l’EFA, mais aussi à ce qui était méconnu dans l’académie sur le sujet.
Soulignons que les dix thèmes émergents issus de l’analyse du corpus empirique ainsi que
leur regroupement en quatre principales métacatégories favorisent l’approfondissement des
connaissances sur la relation qui subsiste entre l’entrepreneuriat et les femmes
autochtones. Cette recherche de doctorat a permis de mieux documenter et explorer les
réalités des femmes entrepreneures autochtones, qui sont, à ce jour, encore très peu connues
par les chercheurs en sciences sociales.
L’ensemble de dix thèmes émergents a contribué à la compréhension du phénomène. En
effet, bien que la littérature existante sur l’EFA ait fait état de certains concepts comme les
motivations des femmes autochtones et les obstacles auxquels elles se heurtent, très peu de
recherches ont été menées jusqu’à présent sur la manière dont l’entrepreneuriat peut être
perçu, vécu et conçu par les femmes autochtones, notamment en tenant compte des
différenciations sociologiques qui sont propres à leur identité de genre.
Ainsi, la variété des dix thèmes et des sous-thèmes découlant de la recherche doctorale met
en perspective les particularités de l’EFA comme une forme distincte d’entrepreneuriat et
non comme une continuité des bagages théoriques et interprétatifs existants, au sens large de
196
l’entrepreneuriat. Sur le plan scientifique, cette recherche doctorale permet d’ajouter de
nouvelles données empiriques sur les femmes entrepreneures autochtones, qui sont à ce
jour encore très peu nombreuses dans la province de Québec notamment, et favorise la
structuration d’une contribution théorique quant à la combinaison de thèmes en
métacatégories reposant sur la restitution des portraits diversifiés des femmes entrepreneures
autochtones.
La deuxième contribution théorique vise l’entrepreneuriat autochtone.
Cette contribution à l’égard de l’entrepreneuriat autochtone est représentée par
l’enrichissement du modèle 22 de Kevin Hindle relativement à l’analyse des contextes
communautaires. Cette thèse, par son approche contextualisée des expériences
entrepreneuriales des femmes entrepreneures autochtones, vient approfondir la réflexion
existante dans la communauté académique quant au contexte à prendre en compte
concernant les pratiques de l’entrepreneuriat autochtone. L’analyse du corpus empirique a
permis d’approfondir cette réflexion et suggère la considération du concept d’écosystème
entrepreneurial communautaire autochtone, qui dépasse celui du contexte
communautaire.
Le présent projet de recherche a pour but de systématiser les expériences entrepreneuriales
dans différentes communautés autochtones et suscite une réflexion sur la particularité des
écosystèmes entrepreneuriaux autochtones comme des écosystèmes à part entière,
englobés dans des écosystèmes régionaux ou nationaux. Les résultats de cette enquête de
terrain révèlent que le contexte communautaire est un espace symbolique plutôt qu’un
territoire circonscrit. Cette appartenance au contexte est partagée entre le territoire de la
réserve et le sentiment d’appartenance à un territoire bien plus large.
Si d’une part les communautés autochtones au Canada – les réserves – sont sujettes à des
règlementations très précises et représentent des « espaces sociétaux » circonscrits dans un
territoire provincial et national, le maintien de la culture autochtone et des traditions
22 Analyse de l’écosystème entrepreneurial communautaire autochtone (Croce, 2019), adaptée de Hindle (2010).
197
typiques relève d’anciens modes de vie. Or, le concept d’écosystème (EECA) souhaite
restituer cette réalité complexe qui est propre au contexte communautaire.
La troisième contribution théorique concerne l’entrepreneuriat.
Par la compréhension de l’EFA, cette thèse apporte une contribution significative à la
discipline de l’entrepreneuriat en général. Les résultats de cette enquête qualitative ont
permis de constater que les théories, les concepts et les définitions actuelles à l’égard de
l’entrepreneuriat ne parviennent pas forcément à couvrir les réalités des femmes
entrepreneures autochtones et que de nouveaux concepts et dispositifs théoriques pourraient
en conséquence être élaborés en appui à la validation empirique.
Cette thèse, dont la démarche s’inscrit dans les approches critiques en entrepreneuriat,
permet donc de rediscuter et de repenser les fondements de l’entrepreneuriat en tant que
discipline. L’approche critique de la présente thèse est ainsi respectée, tout comme son
positionnement critique envers la transposition des modèles entrepreneuriaux
classiques sur les populations autochtones, sans toutefois prendre en compte les
caractéristiques et les particularités socioculturelles qui sont propres aux Autochtones, et
particulièrement aux femmes autochtones.
Cette thèse contribue alors au développement d’une sociologie de l’entrepreneuriat, qui se
base sur une analyse contextuelle des phénomènes entrepreneuriaux ainsi que sur la
multidisciplinarité.
8.2 Contributions sur le plan pratique
Au Canada, plusieurs initiatives soutenant le développement entrepreneurial chez les femmes
autochtones sont déjà présentes et de plus en plus nombreuses depuis quelques années. À
titre d’exemple, l’Association des femmes autochtones du Canada (AFAC) dirige un projet
visant à soutenir l’entrepreneuriat chez les femmes autochtones par la voie du mentorat.
Dans la province de Québec, la Commission de développement économique des Premières
Nations du Québec et du Labrador (CDEPNQL), une organisation rattachée à l’Assemblée
des Premières Nations du Québec et du Labrador (APNQL), se consacre à accompagner les
198
femmes autochtones dans le processus de création d’entreprises. Au Québec, le Secrétariat
aux affaires autochtones (SAA) gère un fonds d’investissement qui, dans sa dernière version,
c’est-à-dire le Fonds d’initiatives autochtones III, propose un volet distinct destiné au
soutien financier des femmes entrepreneures autochtones.
Les résultats de cette recherche doctorale peuvent être orientés vers l’amélioration de
l’encadrement, qui est destiné au développement entrepreneurial des femmes
autochtones, et augmenter ainsi l’efficacité des mesures existantes grâce à de nouvelles
connaissances générées par cette recherche doctorale. Ces connaissances auront permis une
compréhension approfondie des particularités du phénomène en question. Les résultats de la
recherche sur l’EFA peuvent ainsi contribuer à améliorer les programmes
gouvernementaux actuels et les politiques existantes en matière d’entrepreneuriat,
lesquels visent à soutenir les femmes entrepreneures autochtones du Québec et d’ailleurs au
Canada et dans le monde. Les résultats de la présente recherche doctorale favorisent le
soutien offert aux femmes entrepreneures autochtones en fonction des particularités de
l’EFA et de la complexité de ce phénomène.
8.3 Contributions sur le plan social
À ce jour, au Canada, la question des femmes autochtones suscite un intérêt grandissant et
sans précédent. On compte actuellement plus de 1 200 femmes autochtones disparues ou
assassinées au pays (source : Le Soleil, 2016, faisant état de bien plus que 1 200 femmes
autochtones disparues ou assassinées au Canada). Pour une population autochtone globale
qui est estimée à 4,3 % de l’ensemble de la population du pays (Affaires autochtones et
Développement du Nord Canada, 2012; Statistique Canada, 2013), ce phénomène a été
interprété comme un véritable f éminic ide des femmes autochtones (Welter, 2014).
Si les causes de cette violence sont multiples et d’ordre systémique, et si elles nécessitent
d’être explorées davantage, il va sans dire que les femmes autochtones représentent une des
catégories sociales les plus marginalisées et désavantagées sur le plan socioéconomique
(Lariviere, Boulanger, Champagne, Dubois et Bouchard, 2016; Stout et Kipling, 1988). En
effet, les femmes autochtones sont victimes de violence et font trop souvent face à la
précarité financière au quotidien (Pearson et Daff, 2014).
199
Depuis 2015, une enquête indépendante sur les femmes autochtones (Enquête nationale
sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées [ENFFADA]) a été
amorcée par le gouvernement canadien sous l’initiative du premier ministre Justin Trudeau.,
une enquête qui visait à faire la lumière sur la violence systémique que les femmes
autochtones vivent à l’échelle nationale (Enquête nationale sur les femmes et les filles
autochtones disparues et assassinées, 2019).
Parmi les solutions possibles visant l’autonomisation économique et l’amélioration de la
vie des femmes autochtones, la voie de l’entrepreneuriat représente une avenue
prometteuse. La promotion de l’EFA représente donc, dans ce contexte particulier, une voie
fortement encouragée par les instances politiques gouvernementales afin d’accompagner les
femmes autochtones dans leur quête d’autonomie.
Sur le plan social, cette recherche contribue, tant par le processus utilisé que par la diffusion
des résultats, non seulement à une meilleure intégration des femmes autochtones dans
l’activité économique de la province de Québec, mais aussi à une plus grande implication des
femmes autochtones dans le développement socioéconomique de leur communauté
d’appartenance.
8.4 Limites de la recherche doctorale
Cette recherche doctorale visait, par une approche qualitative exploratoire, à comprendre les
expériences entrepreneuriales des femmes entrepreneures Ilnuatsh, tout en tenant compte de
différents types d’activités entrepreneuriales et du contexte communautaire dans lequel
l’activité des femmes Ilnuatsh s’inscrit.
Malgré l’approfondissement des connaissances qu’auront permis les résultats de cette
recherche exploratoire, cette dernière n’est pas sans limites.
Trois principales limites ont été ciblées relativement à ce projet de recherche doctorale :
La première limite consiste en la diversité inhérente aux peuples autochtones.
200
Cette limite est représentée par les diversités culturelles des peuples autochtones (United
Nations, 2009), ce qui limite la généralisation des résultats de cette enquête qualitative, dont
la validité interne peut être importante, contrairement à la validité externe; la démarche
qualitative de la recherche atteint ses limites dans la présente recherche en raison des profils
diversifiés des femmes, selon leur appartenance à une identité autochtone donnée.
Néanmoins, les résultats de cette étude pourront aboutir à une systématisation des
expériences entrepreneuriales des femmes entrepreneures en milieu autochtone, ce qui
orientera les recherches ultérieures portant sur d’autres contextes communautaires
autochtones à l’échelle nationale ou internationale.
La deuxième limite concerne la nature interprétative propre à la recherche qualitative.
La nature interprétative qui est propre à la recherche qualitative évoque la dualité des points
de vue, celui de la chercheuse de la présente étude doctorale et ceux des acteurs du milieu.
Bien que cette recherche doctorale repose sur une approche collaborative et participative
avec le milieu autochtone, l’intersubjectivité de cette double perspective implique
inévitablement que les connaissances qui découlent de cette recherche doctorale représentent
le résultat d’un consensus autour du sujet à l’étude, dans le cadre de ce processus de co-
construction des connaissances.
Une troisième limite touche la méthodologie utilisée.
Le choix méthodologique de l’enquête qualitative a été exposé dans le chapitre
méthodologique de cette thèse de doctorat. Malgré l’intérêt que suscite la stratégie de
recherche utilisée lors de l’enquête qualitative, il va de soi que cette stratégie peut aussi
représenter des limites comme le manque de profondeur dans la compréhension de certains
thèmes. Par ailleurs, d’autres stratégies de recherche peuvent s’avérer efficaces pour
approfondir la compréhension des parcours entrepreneuriaux des femmes autochtones.
Citons notamment les approches narratives ou ethnographiques.
201
8.5 Plan pour les recherches futures
Les résultats de cette recherche doctorale permettent non seulement de mieux comprendre
le phénomène de l’EFA grâce à une validation empirique effectuée auprès de 27 participants
dans un contexte précis, mais ils permettent également d’avancer des pistes pour la recherche
académique à venir. Force est de constater que des recherches plus approfondies sont
nécessaires pour mieux comprendre ce phénomène émergent, du point de vue des
populations autochtones et en particulier des femmes autochtones.
À l’aide du cadre théorique mobilisé dans cette étude doctorale, c’est-à-dire celui de
l’intersectionnalité et de la positionalité, de nombreuses pistes de recherche peuvent être ciblées
étant donné que le sujet doit être saisi selon différents niveaux d’analyse afin de comprendre
les expériences diversifiées des femmes entrepreneures autochtones en relation avec les
contextes autochtones et les inégalités structurelles. Il est important pour les chercheurs et
les praticiens d’établir un programme de recherche visant le développement de l’EFA afin de
comprendre comment les pratiques entrepreneuriales des femmes autochtones prennent
forme dans divers contextes et diverses structures sociales.
Il importe, en effet, de mener des recherches qui traitent de la complexité des intersections
possibles entre le genre et le statut autochtone afin d’examiner comment ces deux
perspectives façonnent les expériences des femmes entrepreneures autochtones à l’échelle
locale, nationale et internationale, tout en tenant compte des différences culturelles,
sociopolitiques et économiques des peuples autochtones. Plus particulièrement, afin
d’explorer les caractéristiques du phénomène, l’analyse de l’EFA peut être approfondie selon
les axes de recherche suivants :
o EFA et identité autochtone : Les femmes autochtones appartiennent à des groupes
autochtones très divers. Ainsi, un travail sociologique approprié est nécessaire pour
développer des catégories analytiques qui distinguent les identités multiples des
femmes entrepreneures autochtones et leurs caractéristiques par rapport à leurs
activités entrepreneuriales;
202
o EFA et identité sociale des FA : L’intersection de multiples niveaux de
discrimination subis par les femmes autochtones est liée à leur identité sociale. Des
recherches sont alors nécessaires pour explorer comment les expériences
entrepreneuriales des femmes autochtones se construisent en fonction de leur
identité sociale au sein de leur communauté;
o EFA et localisation géographique : Il est important de considérer l’emplacement
géographique de diverses communautés autochtones, non seulement dans les zones
urbaines, mais aussi dans les zones isolées, afin de comprendre comment
l’urbanisation et les contacts avec les peuples non autochtones influencent les
décisions, les pratiques et les réalités des femmes entrepreneures autochtones;
o EFA et facteurs institutionnels : En ce qui concerne les intersections des
structures sociales, il est important d’explorer comment les expériences des femmes
autochtones sont façonnées dans les contextes et les cadres particuliers dans lesquels
des facteurs institutionnels, y compris les règles et les politiques, régulent les
pratiques de l’EFA;
o EFA et capital social : Plusieurs études ont démontré l’importance du capital social
et des réseaux sociaux en ce qui concerne l’entrepreneuriat. Plus d’études sont
nécessaires pour déterminer comment les femmes autochtones utilisent leurs réseaux
sociaux pour mener leurs activités et pour définir une nouvelle vision du capital
social du point de vue des femmes autochtones;
o EFA et savoir autochtone : Il importe aussi d’explorer et de comprendre comment
les femmes autochtones, détentrices de connaissances traditionnelles dans leur
communauté, peuvent exploiter leurs connaissances dans le développement et la
gestion d’entreprises en vue d’évaluer les compétences de ces dernières dans les
pratiques de gestion;
o EFA et marginalisation : Une analyse approfondie des pratiques entrepreneuriales
des femmes autochtones est requise quant au concept de marginalisation sociale, qui
203
se situe dans ce contexte à plusieurs niveaux : être une femme, être autochtone et
vivre dans une réserve. Une telle analyse explorera l’incidence de la marginalisation
sur les choix et les activités entrepreneuriales de l’EFA;
o EFA et profils ou types d’activités : Plusieurs recherches doivent également être
menées pour approfondir la compréhension des caractéristiques en ce qui concerne
les activités entrepreneuriales diversifiées des femmes entrepreneures autochtones.
204
CONCLUSION La présente recherche doctorale a été conçue dans le but de comprendre un phénomène très
peu connu dans le monde académique d’aujourd’hui, mais qui revêt une grande importance
sociale pour les communautés autochtones et pour le développement socioéconomique des
femmes autochtones en particulier : l’entrepreneuriat féminin autochtone.
Les résultats de cette enquête qualitative exploratoire permettent de tirer des conclusions
importantes qui favorisent la compréhension de ce phénomène. La diversité des profils et
des expériences des femmes entrepreneures Ilnuatsh rencontrées pendant l’enquête de
terrain témoigne de la complexité du phénomène, qui ne peut pas être réduit à une simple
analyse monolithique de l’entrepreneuriat. En effet, les femmes Ilnuatsh qui ont
participé au projet de recherche ont surtout mis de l’avant la diversité des points de vue et
des visions à l’égard de l’entrepreneuriat féminin dans un contexte autochtone.
Si l’appropriation de l’entrepreneuriat chez les femmes autochtones demeure diversifiée,
la présente thèse confirme que l’EFA est un phénomène complexe. Il va sans dire que sa
compréhension passe par une analyse interdisciplinaire de ce qui est connu aujourd’hui
sous le nom d’entrepreneuriat. Dans la compréhension de l’EFA, les apports de l’histoire, de la
sociologie, de l’anthropologie et de ceux du management doivent être réunis pour en arriver
à une compréhension authentique de la complexité inhérente à l’EFA. La compréhension
de ce phénomène prend son sens à partir de ses fondements interdisciplinaires fort
importants. Dans un même ordre d’idées, l’association des mots entrepreneuriat, féminin
et autochtone représente, pour l’avancement des connaissances scientifiques, un processus
transformatif et non accumulatif.
Cette thèse de doctorat démontre avant tout que la compréhension de l’entrepreneuriat chez
les femmes autochtones signifie aussi la connaissance des inégalités structurelles qui
existent encore aujourd’hui dans les communautés autochtones et qui sont issues des
relations coloniales entre les peuples autochtones et les peuples colonisateurs. Par
conséquent, il est possible d’avancer une analyse de ces expériences en fonction de plusieurs
205
niveaux, qui tiendra compte non seulement du contexte dans lequel la femme entrepreneure
autochtone agit, mais aussi du positionnement de la femme autochtone dans ce contexte.
Bien que le contexte ait été pris en compte dans cette recherche doctorale et qu’il puisse
constituer un « espace partagé » par plusieurs femmes autochtones qui sont membres d’une
même communauté, ce même contexte est susceptible de représenter un cadre d’action
différencié pour ces femmes, qui n’ont pas toutes les mêmes « codes » en ce concerne
l’entrepreneuriat et l’action d’entreprendre. Or, cette thèse confirme que les apports de
l ’ intersec t ionnal i t é et ceux de la posi t ionnal i t é sont indispensables pour comprendre les
multiples niveaux de l’expérience entrepreneuriale des femmes autochtones, car ils
permettent de comprendre comment les différents aspects de l’identité entrepreneuriale des
femmes autochtones prennent forme dans leurs expériences entrepreneuriales. Ces
expériences peuvent d’ailleurs être comprises comme étant à l’intersection des rôles et des
identités que les femmes autochtones assument dans ces contextes.
Ajoutons que cette thèse vient confirmer la construction « sociale », voire la valence
« sociologique », de l’entrepreneuriat à partir de la signification que les femmes autochtones
attribuent elles-mêmes à l’entrepreneuriat et à partir de leur statut dans la société, de leurs
valeurs, de leurs normes et de leur vécu. Ainsi, l’orientation socioculturelle à l’égard de
l’entrepreneuriat est à la fois partagée entre les anciens modes de vie autochtones et la
logique coloniale toujours présente.
Cette thèse témoigne aussi d’un processus de co-construction des connaissances avec les
acteurs des milieux autochtones, qui ont collaboré et participé à la présente recherche
doctorale. Elle appuie également la nécessité de mieux contextualiser la recherche sur l’EFA
dans la dynamique interculturelle et collaborative de la recherche en milieu autochtone,
dans l’objectif de correspondre à la vision et aux valeurs des peuples autochtones. Ainsi, le
présent projet respecte l’esprit critique de la recherche tout en tenant compte du point de
vue des acteurs du milieu, autant dans l’élaboration de la recherche que dans la validation de
ses résultats. Par conséquent, cette thèse doctorale évoque l’esprit critique de l’étude, qui
repose sur l’épistémologie de la recherche dans le développement des connaissances qui
découlent du travail effectué sur le terrain, en milieu autochtone.
206
Si l’objectif principal de cette recherche doctorale était de mieux comprendre un
phénomène précis – celui de l’entrepreneuriat féminin autochtone, encore très peu connu
dans la communauté des chercheurs en sciences sociales et plus particulièrement en sciences
de l’administration –, ses résultats donnent l’espoir d’avoir atteint cet objectif dans un
contexte bien précis, celui d’une communauté autochtone du Québec. Il sera important de
s’interroger sur ce que les résultats de cette recherche doctorale dégagent et de comprendre
l’EFA selon d’autres contextes internationaux.
Force est de constater que cette recherche doctorale représente un point de départ et un
levier dans la continuité de l’étude et la compréhension des caractéristiques de l’EFA dans
d’autres pays du monde.
207
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213
ANNEXE A : ANNONCE DE RECRUTEMENT POUR LES FEMMES ENTREPRENEURES ILNUATSH EN ENTREVUE INDIVIDUELLE
Texte électronique (courriel diffusé via l’adresse courriel du chercheur de l’Université Laval). Objet : Proposition d’entrevue individuelle (recherche femmes entrepreneures ilnu). Bonjour Madame, Je fais appel à vous car vous êtes une femme entrepreneure, artiste ou artisane ilnu. Votre contact a été fourni par madame Lalancette de Pekuakamiulnuatsh Takuhikan et/ou madame Bouchard de la Société de Développement Economique Ilnu. Avec la présente, je sollicite votre disponibilité pour une entrevue individuelle qui se tiendrait au cours de la semaine du 21 au 27 mai dans un lieu de votre convenance. Cette entrevue sera réalisée dans le cadre du projet de recherche doctoral : « Entrepreneuriat féminin autochtone. Une recherche sur les femmes entrepreneures ilnu de la Première Nation des Pekuakamiulnuatsh». Il s’agit d’un projet de doctorat en Sciences de l’Administration de l’Université Laval sous la direction du Professeur Pascal Paillé, de la Faculté des Sciences de l’administration de l’Université Laval, et du professeur Thierry Rodon, de la Faculté des Sciences sociales de l’Université Laval. L’objectif de cette recherche est de comprendre les expériences entrepreneuriales des femmes entrepreneures ilnu et les caractéristiques de l’entrepreneuriat féminin autochtone. Pendant cet entretien, nous allons discuter autour des thèmes préfixés : votre parcours et votre expérience entrepreneuriale, votre savoir-faire artisanal, votre conception de l’entrepreneuriat féminin autochtone. L’entrevue individuelle est d’une durée approximative d’une heure et vous pourrez vous retirer à tout moment. L’entrevue sera enregistrée, mais les propos seront rendus anonymes. Votre partage d’expérience est très important pour la finalité de mon étude de doctorat et votre disponibilité à l’entretien sera fortement appréciée. Je reste en attente de votre retour. Pour toute information complémentaire, n’hésitez pas à me contacter : CROCE Francesca [email protected] Je vous remercie à avance de votre collaboration, Très cordialement. Francesca CROCE Ce projet a été approuvé par le Comité d’éthique de la recherche de l’Université Laval : No d’approbation 2018-076 / 18-04-2018 et par Pekuakamiulnuatsh Takuhikan le 13 mars 2018 (N° résolution : 7005).
214
ANNEXE B : SCRIPT POUR LE RECRUTEMENT DIRECT POUR LES FEMMES ENTREPRENEURES ILNUATSH EN ENTREVUE INDIVIDUELLE Bonjour madame, Mon nom est Francesca Croce. Je suis étudiante au doctorat à la Faculté des Sciences de l’administration de l’Université Laval, sous la direction du professeur Pascal Paillé et du professeur Thierry Rodon. Ma recherche de doctorat porte sur l’entrepreneuriat féminin autochtone. Plus précisément ma recherche de doctorat a pour objectif de comprendre quelles sont les caractéristiques de l’entrepreneuriat féminin autochtone. Pour cela, je rencontre les femmes entrepreneures autochtones, artistes ou artisanes afin de comprendre leurs expériences et leurs parcours comme femmes entrepreneures. Pour la réalisation de mon étude, j’ai choisi la première nation des innues. C’est pour cette raison que j’aimerais vous rencontrer, parce que vous êtes une femme entrepreneure ilnu. Je serai reconnaissante de votre participation dans le cadre de mon étude. L’entrevue que je vous propose de réaliser concerne quelques thèmes établis, comme votre parcours comme femme entrepreneure, les obstacles que vous avez rencontréS, votre avis sur l’entrepreneuriat chez les femmes autochtones, votre expertise et savoir-faire local ou, encore, votre vécu comme femme entrepreneure, artisanes et/ou artistes (vos valeurs, vos traditions et votre environnent). Votre participation à cette entrevue est totalement volontaire et vous êtes libre d’interrompre l’entrevue à tout moment si vous le désirerez. L’entrevue sera enregistrée, mais les propos seront rendus anonymes. Je vous remercie pour votre précieuse collaboration. Votre participation, le cas échéant, sera de grande utilité pour la finalité de mon étude. Francesca Croce. Ce projet a été approuvé par le Comité d’éthique de la recherche de l’Université Laval : No d’approbation 2018-076 / 18-04-2018 et par Pekuakamiulnuatsh Takuhikan le 13 mars 2018 (N° résolution : 7005).
215
ANNEXE C : SCRIPT POUR LE RECRUTEMENT DIRECT POUR LES FEMMES ENTREPRENEURES ILNUATSH EN GROUPE DE DISCUSSION
Bonjour mesdames, Mon nom est Francesca Croce. Je suis étudiante au doctorat à la Faculté des Sciences de l’administration de l’Université Laval, sous la direction du professeur Pascal Paillé et du professeur Thierry Rodon. Ma recherche de doctorat porte sur l’entrepreneuriat féminin autochtone. Plus précisément ma recherche de doctorat a pour objectif de comprendre quelles sont les caractéristiques de l’entrepreneuriat féminin autochtone. Pour cela, je rencontre les femmes entrepreneures autochtones, artistes ou artisanes afin de comprendre leurs expériences et leurs parcours comme femmes entrepreneures. Pour la réalisation de mon étude, j’ai choisi la première nation des innues. C’est pour cette raison que j’aimerais vous rencontrer, parce que vous êtes des femmes entrepreneures ilnu. Je serai reconnaissante de votre participation dans le cadre de mon étude. Le groupe de discussion que je vous propose de réaliser, d’une durée d’environ une heure et demie, concerne quelques thèmes établis, comme votre parcours comme femme entrepreneure, les obstacles que vous avez rencontré, votre avis sur l’entrepreneuriat chez les femmes autochtones, votre expertise et savoir-faire local ou, encore, votre vécu comme femme entrepreneure, artisanes et/ou artistes (vos valeurs, vos traditions et votre environnent). Votre participation à ce groupe de discussion est totalement volontaire et vous êtes libre d’interrompre le groupe de discussion à tout moment si vous le désirerez. Avec votre consentement, le groupe de discussion pourrait être enregistré, mais les propos seront rendus anonymes. Je vous remercie pour votre précieuse collaboration. Votre participation, le cas échéant, sera de grande utilité pour la finalité de mon étude. Francesca Croce.
Ce projet a été approuvé par le Comité d’éthique de la recherche de l’Université Laval : No d’approbation 2018-076 / 18-04-2018 et par Pekuakamiulnuatsh Takuhikan le 13 mars 2018 (N° résolution : 7005).
216
ANNEXE D: ANNONCE DE RECRUTEMENT POUR LES ACTEURS DU DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE EN ENTREVUE INDIVIDUELLE
Texte électronique (courriel diffusé via l’adresse courriel du chercheur de l’Université Laval). Objet : Proposition d’entrevue individuelle (recherche femmes entrepreneures ilnu). Madame, Monsieur, Je fais appel à vous car vous êtes un acteur du développement économique local. Votre contact a été fourni par madame Lalancette de Pekuakamiulnuatsh Takuhikan et/ou madame Bouchard de la Société de Dévéloppement Economique Ilnu. Avec la présente, je sollicite votre disponibilité pour une entrevue individuelle qui se tiendrait au cours de la semaine du 21 au 27 mai dans un lieu de votre convenance. Cette entrevue sera réalisée dans le cadre du projet de recherche doctoral : « Entrepreneuriat féminin autochtone. Une recherche sur les femmes entrepreneures ilnu de la Première Nations des Pekuakamiulnuatsh ». Il s’agit d’un projet de doctorat en Sciences de l’Administration de l’Université Laval sous la direction du Professeur Pascal Paillé, de la Faculté des Sciences de l’administration de l’Université Laval, et du professeur Thierry Rodon, de la Faculté des Sciences sociales de l’Université Laval. L’objectif de cette recherche est de comprendre les expériences entrepreneuriales des femmes entrepreneures ilnu, leur vécu et leur conception de l’entrepreneuriat féminin autochtone. Pendant cet entretien, d’une durée approximative d’une heure, nous allons discuter autour des thèmes préfixés comme l’influence du contexte communautaire sur l’entrepreneuriat féminin autochtone et les mesure de soutien aux femmes entrepreneures autochtones au sein de la communauté. Votre participation à cette entrevue est totalement volontaire et vous êtes libre d’interrompre l’entrevue à tout moment si vous le désirez. L’entrevue sera enregistrée, mais les propos seront rendus anonymes. Votre partage d’expérience est très important pour la finalité de mon étude de doctorat et votre disponibilité à l’entretien sera fortement appréciée. Je reste en attente de votre retour. Pour toute informations complémentaires n’hésitez pas à me contacter : CROCE Francesca [email protected] Je vous remercie à l’avance de votre collaboration, Très cordialement. Francesca CROCE Ce projet a été approuvé par le Comité d’éthique de la recherche de l’Université Laval : No d’approbation 2018-076 / 18-04-2018 et par Pekuakamiulnuatsh Takuhikan le 13 mars 2018 (N° résolution : 7005).
217
ANNEXE E : GUIDE D’ENTREVUE POUR LES FEMMES ENTREPRENEURES ILNUATSH EN ENTREVUE INDIVIDUELLE Date : __________________________________________________________________ Heure (début et fin) : _______________________________________________________ Lieu : ___________________________________________________________________ Information sur la participante Nom : __________________________________________________________________ Communauté : ___________________________________________________________ Organisation : ___________________________________________________________ Introduction
• Présentation de la chercheuse • Rappel de l’objectif de l’étude • Formulaire de consentement • Confidentialité
1. Création d’entreprise et parcours entrepreneurial
• Quel est votre secteur d’activités? • Pouvez-vous nous décrire votre parcours en entrepreneuriat jusqu’à ce jour?
Comment l’idée de devenir entrepreneure vous est-elle venue? Depuis combien de temps êtes-vous entrepreneure?
• Pourquoi vouliez-vous devenir entrepreneure? Votre environnement était-il une source de motivation ou plutôt de découragement? Pourquoi avez-vous crée cette entreprise ?
• Qui vous a le plus motivé à faire un tel choix : les amis, la famille, autre? • Votre milieu de vie motive-t-il l’entrepreneuriat féminin autochtone? • Existe-t-il des mesures de soutien destinées exclusivement aux FEA? • Concernant vos activités, vous sentez-vous soutenue ou limitée par votre milieu?
2. Production artisanale et savoir-faire local (SFL)
• Qu’est-ce que vous produisez ? Est-ce qu’il s’agit d’une tradition ? • Quel type de SFL avez-vous acquis dans votre vie? À quel moment vous l’avez
appris ? Par qui ? • Ce SFL a-t-il été utile à votre parcours d’entrepreneure? • Quelle est l’origine de ce SFL? Est-il spécifique à votre communauté ? • Comment pouvez-vous valoriser ce SFL dans le développement de votre activité?
218
• Comment votre mode de vie et vos traditions déterminent-ils votre production artisanale ?
• Partagez-vous vos expériences, vos activités avec la famille et d’autres femmes?
3. Formes hybrides de l’entrepreneuriat
• Quelle est, selon vous, la différence entre ces deux types d’entrepreneuriat? • Dans quel type d’entrepreneuriat (traditionnel ou moderne) classez-vous votre
activité? • Votre profil d’entrepreneure (traditionnel ou moderne) est-il le résultat de l’influence
du contexte dans lequel vous avez vécu et grandi ? • Quel type d’entrepreneuriat (traditionnel ou moderne) convient le mieux à votre
communauté? 4. Évaluation du parcours
• Comment évaluez-vous votre expérience en entrepreneuriat? Avez-vous rencontré des difficultés particulières durant votre parcours? Si oui, lesquelles? Spécifiques aux femmes autochtones ?
• Qu’est-ce qui aurait pu être facilitant dans votre processus de création d’entreprises? 5. Perception de la FEA 23à l’égard de l’EFA
• Que représente pour vous la femme entrepreneure en général? Qu’en est-il de la
femme entrepreneure autochtone? • La FEA est-elle différente des autres femmes du pays? Est-il plus difficile pour une
femme entrepreneure autochtone de percer? • Comment décrivez-vous la femme entrepreneure? Comment définiriez-vous
l’entrepreneuriat féminin autochtone? Que signifie entreprendre pour vous ? • Que représente pour vous l’entrepreneuriat en général, et l’entrepreneuriat féminin
autochtone en particulier? Comment vous définissez une femme entrepreneure? • Quelles sont les valeurs qui vous tiennent le plus à cœur et que vous transférez dans
les activités entrepreneuriales ?
Conclusion (se projeter dans l’avenir)
• Quelle est votre vision future de l’EFA à l’égard de votre parcours ? • Quels sont, selon vous, les moyens permettant de développer l’entrepreneuriat des
femmes autochtones?
23 FEA : femme entrepreneure autochtone
219
Profil de la femme entrepreneure autochtone
• Quel est votre statut légal? • Quel âge avez-vous? • Quel est votre niveau de scolarité? • Quel est votre état civil? • Avez-vous des enfants?
Fin de l’entrevue. Merci de votre collaboration, les informations obtenues sont des plus utiles pour la réalisation de cette étude.
220
ANNEXE F : GUIDE D’ENTREVUE POUR LES FEMMES ENTREPRENEURES ILNUATSH EN GROUPE DE DISCUSSION
Date : _________________________________________________________________ Heure (début et fin) : _____________________________________________________ Lieu : _________________________________________________________________ Information sur les participantes Communauté : ___________________________________________________________ Organisation : ____________________________________________________________ Introduction
• Présentation de la chercheuse • Rappel de l’objectif de l’étude • Formulaire de consentement • Confidentialité
Production artisanale et savoir-faire local :
• Qu’est-ce que vous produisez ? Est-ce qu’il s’agit d’une tradition ? • Quel type de SFL avez-vous acquis dans votre vie? À quel moment vous l’avez
appris ? Par qui ? • Quelle est l’origine de ce SFL? Est-il spécifique à votre communauté ? • Comment trouvez-vous les matériaux pour la production? • Comment votre mode de vie et vos traditions déterminent-ils votre production
artisanale ? • Partagez-vous vos expériences, vos activités avec la famille et d’autres femmes? • Avez-vous l’habitude de travailler en groupe? Pourquoi ? Souvent ? • Comment commercialisez-vous vos produits ? Êtes-vous soutenu par votre milieu? • Qu’est-ce que vous motivez le plus ?
Formes hybrides de l’entrepreneuriat :
• Dans quel type d’entrepreneuriat (traditionnel ou moderne) classez-vous votre activité?
• Quelle est, selon vous, la différence entre ces deux types d’entrepreneuriat? • Votre profil d’entrepreneure (traditionnel ou moderne) est-il le résultat de l’influence
du contexte dans lequel vous avez vécu et grandi ?
221
• Quel type d’entrepreneuriat (traditionnel ou moderne) convient le mieux à votre communauté?
Évaluation du parcours :
• Comment évaluez-vous votre expérience comme femme artisane ? Avez-vous rencontré des difficultés particulières durant votre parcours? Si oui, lesquelles? Spécifiques aux femmes autochtones ? Qu’est-ce qui aurait pu être facilitant pour vous ?
Perception de la FEA à l’égard de l’EFA :
• Que représente pour vous la femme artisane ? Qu’en est-il de la femme entrepreneure autochtone?
• La FEA est-elle différente des autres femmes du pays? Est-il plus difficile pour une femme entrepreneure autochtone de percer?
• Comment décrivez-vous la femme entrepreneure? Comment définiriez-vous l’entrepreneuriat féminin autochtone? Que signifie entreprendre pour vous ?
• Que représente pour vous l’entrepreneuriat en général, et l’entrepreneuriat féminin autochtone en particulier? Comment vous définissez une femme entrepreneure?
• Quelles sont les valeurs qui vous tiennent le plus à cœur? Conclusion (se projeter dans l’avenir) :
• Quelle est votre vision future de l’EFA à l’égard de votre parcours ? • Quels sont, selon vous, les moyens permettant de soutenir les activités artisanales et
développer l’entrepreneuriat des femmes autochtones? Fin de l’entrevue Profil des femmes artisanes
• Quel est votre statut légal? • Quel âge avez-vous? • Quel est votre niveau de scolarité? • Quel est votre état civil? • Avez-vous des enfants?
Merci de votre collaboration, les informations obtenues sont des plus utiles pour la réalisation de cette étude.
222
ANNEXE G : GUIDE D’ENTREVUE POUR LES ACTEURS DU DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE EN ENTREVUE INDIVIDUELLE Date : __________________________________________________________________ Heure (début et fin) : _______________________________________________________ Lieu : ___________________________________________________________________ Information sur les participantes Communauté : ___________________________________________________________ Organisation : ____________________________________________________________ Rôle : ___________________________________________________________________ Introduction
• Présentation de la chercheuse • Rappel de l’objectif de l’étude • Formulaire de consentement • Confidentialité
1) Milieu autochtone d’appartenance
• À quelle communauté autochtone appartenez-vous? • Pourriez-vous me parlez de votre milieu autochtone? • Votre communauté compte-t-elle beaucoup de femmes entrepreneures? • Ces femmes possèdent-elles une entreprise ou s’agit-il pour la plupart d’activités
traditionnelles?
2) Les facteurs structurels
• Les infrastructures présentes dans la communauté permettent-elles aux femmes de développer leurs activités entrepreneuriales?
• Le positionnement géographique de votre communauté a-t-il un impact sur l’activité entrepreneuriale des femmes? Si oui, quel est-il?
• Quelles sont les institutions présentes sur place qui prennent en charge le développement économique des femmes de la communauté?
• Quelle est l’orientation du conseil de bande à ce sujet? • Comment la Loi sur les Indiens influence-t-elle l’entrepreneuriat chez les femmes et le
développement des activités?
223
3) Les facteurs culturels
• Quels services de ressources humaines, le cas échéant, la communauté offre-t-elle aux femmes qui souhaitent se lancer en affaire? Ces ressources sont-elles suffisantes?
• Comment les femmes Ilnuatsh conçoivent-elles l’entrepreneuriat? Quelles sont les valeurs mises de l’avant? Pourquoi se lancent-elles en affaire? En quoi sont-elles différentes des hommes entrepreneures de la communauté?
• Existe-t-il un réseau de soutien destiné aux femmes entrepreneures Ilnuatsh? La communauté offre-t-elle une association ou des activités de soutien (p. ex., un évènement spécifique, une possibilité de mentorat, etc.)?
4) Programmes spécifiques de soutien à l’activité entrepreneuriale des femmes
• Votre communauté offre-t-elle des programmes destinés aux femmes entrepreneures? De quels outils ces femmes disposent-elles?
5) Analyse des obstacles à l’activité entrepreneuriale des femmes
• À quels obstacles se heurtent les femmes entrepreneures dans votre communauté? • Quelles améliorations pourraient être apportées pour contribuer aux expériences des
femmes entrepreneures de votre communauté ?
6) Vision future de l’EFA
• Comment voyez-vous l’avenir de l’EFA dans votre communauté et au Québec, plus particulièrement?
Merci de votre collaboration, les informations obtenues sont des plus utiles pour la réalisation de cette étude.
224
ANNEXE H : FORMULAIRE DE CONSENTEMENT À L’INTENTION DES FEMMES ENTREPRENEURES ILNUATSH EN ENTREVUE INDIVIDUELLE
Présentation du chercheur
Cette recherche est réalisée dans le cadre du projet de doctorat de Mme Francesca Croce, dirigé par M. Pascal Paillé, professeur au département de management (Faculté des Sciences de l’Administration, Université Laval) et M. Thierry Rodon, professeur au département de science politique (Facultés de Sciences sociales, Université Laval).
Avant d’accepter de participer à ce projet de recherche, veuillez prendre le temps de lire et de comprendre les renseignements qui suivent. Ce document vous explique le but de ce projet de recherche, ses procédures, avantages, risques et inconvénients. Nous vous invitons à poser toutes les questions que vous jugerez utiles à la personne qui vous présente ce document.
Nature de l’étude
La recherche a pour finalité d’étudier les expériences entrepreneuriales des femmes innues au Québec afin d’identifier les caractéristiques de l’entrepreneuriat féminin autochtone. Déroulement de la participation
Votre participation à cette recherche consiste à participer à une entrevue individuelle, d’une durée approximative d’une heure et demie, qui portera sur les éléments suivants:
• Votre parcours comme femme entrepreneure ;
• Votre expérience entrepreneuriale ;
• Votre savoir-faire artisanal ;
• Votre compréhension de l’entrepreneuriat féminin autochtone ;
• Vos motivations, vos nécessités et vos obstacles ;
• Votre communauté autochtone d’appartenance.
Avantages, risques ou inconvénients possibles liés à votre participation
Le fait de participer à cette recherche vous offre une occasion de réfléchir et de discuter en toute confidentialité à votre propre expérience professionnelle en tant que femmes autochtones entrepreneures.
Si le fait de raconter votre expérience suscite des réflexions ou des souvenirs émouvants ou désagréables, n’hésitez pas à en parler avec la personne qui mène l’entrevue. La ressource en mesure de vous aider, au besoin, est la suivante :
Commission de la santé et des services sociaux des Premières Nations du Québec et
225
du Labrador
250, place Chef Michel Laveau, local 102
Wendake, Québec, G0A 4V0 Téléphone : (418) 842-1540
Participation volontaire et droit de retrait
Vous êtes libre de participer à ce projet de recherche. Vous êtes libre de prendre une pause ou refuser de répondre à une ou plusieurs questions.
Vous pouvez aussi mettre fin à votre participation sans conséquence négative ou préjudice et sans avoir à justifier votre décision. Si vous décidez de mettre fin à votre participation, il est important d’en prévenir le chercheur dont les coordonnées sont incluses dans ce document. Tous les renseignements personnels vous concernant seront alors détruits.
Confidentialité et gestion des données
Les mesures suivantes seront appliquées pour assurer la confidentialité des renseignements fournis par les participants:
• les noms des participants ne paraîtront dans aucun rapport;
• les divers documents de la recherche seront codifiés et seul le chercheur aura accès à la liste des noms et des codes;
• les résultats individuels des participants ne seront jamais communiqués;
• les matériaux de la recherche, incluant les données et les enregistrements, seront conservés dans l’ordinateur du chercheur Croce Francesca;
• les matériaux de la recherche, incluant les données et les enregistrements, seront détruits deux ans après la fin de la recherche, soit en décembre 2020, mais les données anonymisées seront conservées pour utilisation ultérieure *;
• la recherche fera l'objet de publications dans des revues scientifiques, et aucun participant ne pourra y être identifié ;
• un court résumé des résultats de la recherche sera expédié aux participants qui en feront la demande en indiquant l’adresse où ils aimeraient recevoir le document, juste après l’espace prévu pour leur signature.
* Si vous êtes d’accord, une copie des données (sous forme nominalisée ou de-nominalisée) sera transmise à Pekuakamiulnuatsh Takuhikan.
Remerciements
Votre collaboration est précieuse pour nous permettre de réaliser cette étude et je vous remercie d’y participer.
Signatures
226
Je soussigné(e) ______________________________consens librement à participer à la recherche intitulée : Entrepreneuriat féminin autochtone. Une recherche sur les femmes entrepreneures ilnu de la Premiere Nations des Pekuakamiulnuatsh. J’ai pris connaissance du formulaire et j’ai compris le but, la nature, les avantages, les risques et les inconvénients du projet de recherche. Je suis satisfait(e) des explications, précisions et réponses que le chercheur m’a fournies, le cas échéant, quant à ma participation à ce projet.
1. J’autorise Croce Francesca à transmettre une copie de ce formulaire de consentement à Pekuakamiulnuatsh Takuhikan :
Oui _______ Non_______
2. Je suis d’accord à ce que Croce Francesca puisse transmettre une copie de mon entrevue à Pekuakamiulnuatsh Takuhikan :
Oui _______ Non_______
3. Je suis d’accord à ce que Croce Francesca puisse transmettre une copie de mon entrevue à Pekuakamiulnuatsh Takuhikan, sous forme :
De-nominalisé_____ Nominalisé_______
__________________________________________ ____________________
Signature du participant, de la participante Date
Un court résumé des résultats de la recherche sera expédié aux participants qui en feront la demande en indiquant l’adresse où ils aimeraient recevoir le document. Les résultats ne seront pas disponibles avant le 05-2019. Si cette adresse changeait d’ici cette date, vous êtes invité(e) à informer la chercheure de la nouvelle adresse où vous souhaitez recevoir ce document.
L’adresse (électronique ou postale) à laquelle je souhaite recevoir un court résumé des résultats de la recherche est la suivante :
227
J’ai expliqué le but, la nature, les avantages, les risques et les inconvénients du projet de recherche au participant. J’ai répondu au meilleur de ma connaissance aux questions posées et j’ai vérifié la compréhension du participant.
__________________________________________ ____________________
Signature du chercheur Date
Renseignements supplémentaires
Si vous avez des questions sur la recherche, sur les implications de votre participation ou si vous souhaitez vous retirer de la recherche, veuillez communiquer avec CROCE Francesca à l’adresse courriel suivant : [email protected]
Plaintes ou critiques
Toute plainte ou critique sur ce projet de recherche pourra être adressée au Bureau de l'Ombudsman de l'Université Laval : Pavillon Alphonse-Desjardins, bureau 3320 2325, rue de l’Université Université Laval Québec (Québec) G1V 0A6 Renseignements - Secrétariat : (418) 656-3081 Ligne sans frais : 1-866-323-2271 Courriel : [email protected]
Copie de la chercheuse Copie PT
Copie du participant
228
ANNEXE I : FORMULAIRE DE CONSENTEMENT À L’INTENTION DES FEMMES ENTREPRENEURES ILNUATSH EN GROUPE DE DISCUSSION
Présentation du chercheur
Cette recherche est réalisée dans le cadre du projet de doctorat de Mme Francesca Croce, dirigé par M. Pascal Paillé, professeur au département de management (Faculté des Sciences de l’Administration, Université Laval) et M. Thierry Rodon, professeur au département de science politique (Facultés de Sciences sociales, Université Laval).
Avant d’accepter de participer à ce projet de recherche, veuillez prendre le temps de lire et de comprendre les renseignements qui suivent. Ce document vous explique le but de ce projet de recherche, ses procédures, avantages, risques et inconvénients. Nous vous invitons à poser toutes les questions que vous jugerez utiles à la personne qui vous présente ce document.
Nature de l’étude
La recherche a pour finalité d’étudier les expériences entrepreneuriales des femmes innues au Québec afin d’identifier les caractéristiques de l’entrepreneuriat féminin autochtone. Déroulement de la participation
Votre participation à cette recherche consiste à participer à une groupe de discussion, d’une durée approximative d’une heure et demie, qui portera sur les éléments suivants:
• Votre parcours comme femme entrepreneure ;
• Votre expérience entrepreneuriale ;
• Votre savoir-faire et production artisanale ;
• Votre compréhension de l’entrepreneuriat féminin autochtone ;
• Vos motivations, vos nécessités et vos obstacles ;
• Votre communauté autochtone d’appartenance.
Avantages, risques ou inconvénients possibles liés à votre participation
Le fait de participer à cette recherche vous offre une occasion de réfléchir et de discuter en toute confidentialité à votre propre expérience professionnelle en tant que femmes autochtones entrepreneures.
Si le fait de raconter votre expérience suscite des réflexions ou des souvenirs émouvants ou désagréables, n’hésitez pas à en parler avec la personne qui mène l’entrevue. La ressource en mesure de vous aider, au besoin, est la suivante :
229
Commission de la santé et des services sociaux des Premières Nations du Québec et du Labrador
250, place Chef Michel Laveau, local 102
Wendake, Québec, G0A 4V0 Téléphone : (418) 842-1540
Participation volontaire et droit de retrait
Vous êtes libre de participer à ce projet de recherche. Vous êtes libre de prendre une pause ou refuser de répondre à une ou plusieurs questions.
Vous pouvez aussi mettre fin à votre participation sans conséquence négative ou préjudice et sans avoir à justifier votre décision. Si vous décidez de mettre fin à votre participation, il est important d’en prévenir le chercheur dont les coordonnées sont incluses dans ce document. Tous les renseignements personnels vous concernant seront alors détruits.
Confidentialité et gestion des données
Les mesures suivantes seront appliquées pour assurer la confidentialité des renseignements fournis par les participants:
• les noms des participants ne paraîtront dans aucun rapport;
• les divers documents de la recherche seront codifiés et seul le chercheur aura accès à la liste des noms et des codes;
• les résultats individuels des participants ne seront jamais communiqués;
• les matériaux de la recherche, incluant les données et les enregistrements, seront conservés dans l’ordinateur du chercheur Croce Francesca;
• les matériaux de la recherche, incluant les données et les enregistrements, seront détruits deux ans après la fin de la recherche, soit en décembre 2020, mais les données anonymisées seront conservées pour utilisation ultérieure *;
• la recherche fera l'objet de publications dans des revues scientifiques, et aucun participant ne pourra y être identifié ;
• un court résumé des résultats de la recherche sera expédié aux participants qui en feront la demande en indiquant l’adresse où ils aimeraient recevoir le document, juste après l’espace prévu pour leur signature.
* La confidentialité reliée aux groupes de discussion dépend également des personnes qui y participent, en dépit des mesures prises par la chercheuse pour la protéger. Les participants s’engagent donc à respecter la nature confidentielle des propos échangés lors de cette rencontre.
230
Si vous êtes d’accord, une copie des données (sous forme nominalisée ou de-nominalisée) sera transmise à Pekuakamiulnuatsh Takuhikan.
Remerciements
Votre collaboration est précieuse pour nous permettre de réaliser cette étude et je vous remercie d’y participer.
Signatures Je soussignée ____________________________ (Nom de la participante) consente librement à participer à la recherche intitulée : Entrepreneuriat féminin autochtone. Une recherche sur les femmes entrepreneures ilnu de la Premiere Nations des Pekuakamiulnuatsh. J’ai pris connaissance du formulaire et j’ai compris le but, la nature, les avantages, les risques et les inconvénients du projet de recherche. Je suis satisfaite des explications, précisions et réponses que le chercheur m’a fournies, le cas échéant, quant à ma participation à ce projet.
4. Je autorise Croce Francesca à transmettre une copie de ce formulaire de consentement à Pekuakamiulnuatsh Takuhikan :
Oui _______ Non_______
5. Je suis d’accord à ce que Croce Francesca puisse transmettre une copie transcrite du groupe de discussion à Pekuakamiulnuatsh Takuhikan :
Oui _______ Non_______
6. Je suis d’accord à ce que Croce Francesca puisse transmettre une copie de notre groupe de discussion à Pekuakamiulnuatsh Takuhikan, sous forme :
De-nominalisé_____ Nominalisé_______
_______________________ ____________________
Signature de la participante Date
231
Un court résumé des résultats de la recherche sera expédié aux participantes qui en feront la demande en indiquant l’adresse où ils aimeraient recevoir le document. Les résultats ne seront pas disponibles avant le 05-2019. Si cette adresse changeait d’ici cette date, vous êtes invité(e) à informer la chercheuse de la nouvelle adresse où vous souhaitez recevoir ce document.
L’adresse (électronique ou postal) à laquelle je souhaite recevoir un court résumé des résultats de la recherche est le suivant :
J’ai expliqué le but, la nature, les avantages, les risques et les inconvénients du projet de recherche au participant. J’ai répondu au meilleur de ma connaissance aux questions posées et j’ai vérifié la compréhension du participant.
__________________________________________ ___________________
Signature du chercheur Date
Renseignements supplémentaires
Si vous avez des questions sur la recherche, sur les implications de votre participation ou si vous souhaitez vous retirer de la recherche, veuillez communiquer avec CROCE Francesca à l’adresse courriel suivant : [email protected]
Plaintes ou critiques
Toute plainte ou critique sur ce projet de recherche pourra être adressée au Bureau de l'Ombudsman de l'Université Laval : Pavillon Alphonse-Desjardins, bureau 3320 2325, rue de l’Université Université Laval Québec (Québec) G1V 0A6 Renseignements - Secrétariat : (418) 656-3081 Ligne sans frais : 1-866-323-2271 Courriel : [email protected]
Copie de Pekuakamiulnuatsh Takuhikan Et
Copies des participantes Et
Copie du chercheur
232
ANNEXE L: FORMULAIRE DE CONSENTEMENT À L’INTENTION DES ACTEURS DU DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE EN ENTREVUE INDIVIDUELLE Présentation du chercheur
Cette recherche est réalisée dans le cadre du projet de doctorat de Mme Francesca Croce, dirigé par M. Pascal Paillé, professeur au département de management (Faculté des Sciences de l’Administration, Université Laval) et M. Thierry Rodon, professeur au département de science politique (Facultés de Sciences sociales, Université Laval).
Avant d’accepter de participer à ce projet de recherche, veuillez prendre le temps de lire et de comprendre les renseignements qui suivent. Ce document vous explique le but de ce projet de recherche, ses procédures, avantages, risques et inconvénients. Nous vous invitons à poser toutes les questions que vous jugerez utiles à la personne qui vous présente ce document.
Nature de l’étude
La recherche a pour finalité d’étudier les expériences entrepreneuriales des femmes innues au Québec afin d’identifier les caractéristiques de l’entrepreneuriat féminin autochtone. Déroulement de la participation
Votre participation à cette recherche consiste à participer à une entrevue individuelle, d’une durée approximative d’une heure et trente minutes qui portera sur les éléments suivants:
• Information générale sur le potentiel entrepreneurial de votre communauté (ressources culturelles, matérielles, sociales, structurelles et économiques) ;
• Information générale sur les obstacles et les initiatives mises en place pour les femmes entrepreneures de votre communauté;
Avantages, risques ou inconvénients possibles liés à votre participation
Le fait de participer à cette recherche vous offre une occasion de réfléchir et de discuter en toute confidentialité à votre propre expérience professionnelle.
Si le fait de raconter votre expérience suscite des réflexions ou des souvenirs émouvants ou désagréables, n’hésitez pas à en parler avec la personne qui mène l’entrevue. La ressource en mesure de vous aider, au besoin, est la suivante :
Commission de la santé et des services sociaux des Premières Nations du Québec et du Labrador 250, place Chef Michel Laveau, local 102 Wendake, Québec, G0A 4V0 Téléphone : (418) 842-1540
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Participation volontaire et droit de retrait
Vous êtes libre de participer à ce projet de recherche. Vous êtes libre de prendre une pause ou refuser de répondre à une ou plusieurs questions.
Vous pouvez aussi mettre fin à votre participation sans conséquence négative ou préjudice et sans avoir à justifier votre décision. Si vous décidez de mettre fin à votre participation, il est important d’en prévenir le chercheur dont les coordonnées sont incluses dans ce document. Tous les renseignements personnels vous concernant seront alors détruits.
Confidentialité et gestion des données
Les mesures suivantes seront appliquées pour assurer la confidentialité des renseignements fournis par les participants:
• les noms des participants ne paraîtront dans aucun rapport;
• les divers documents de la recherche seront codifiés et seul le chercheur aura accès à la liste des noms et des codes;
• les résultats individuels des participants ne seront jamais communiqués;
• les matériaux de la recherche, incluant les données et les enregistrements, seront conservés dans l’ordinateur du chercheur Croce Francesca ;
• les matériaux de la recherche, incluant les données et les enregistrements, seront détruits deux ans après la fin de la recherche, soit en décembre 2020, mais les données anonymisées seront conservées pour utilisation ultérieure *;
• la recherche fera l'objet de publications dans des revues scientifiques, et aucun participant ne pourra y être identifié ;
• un court résumé des résultats de la recherche sera expédié aux participants qui en feront la demande en indiquant l’adresse où ils aimeraient recevoir le document, juste après l’espace prévu pour leur signature.
* Si vous êtes d’accord, une copie des données (sous forme nominalisée ou de-nominalisée) sera transmise à Pekuakamiulnuatsh Takuhikan.
Remerciements
Votre collaboration est précieuse pour nous permettre de réaliser cette étude et nous vous remercions d’y participer.
Signatures Je soussigné(e) ______________________________consens librement à participer à la recherche intitulée : Entrepreneuriat féminin autochtone. Une recherche sur les femmes entrepreneures ilnu de la Premiere Nations des Pekuakamiulnuatsh.
234
J’ai pris connaissance du formulaire et j’ai compris le but, la nature, les avantages, les risques et les inconvénients du projet de recherche. Je suis satisfait(e) des explications, précisions et réponses que le chercheur m’a fournies, le cas échéant, quant à ma participation à ce projet.
7. J’autorise Croce Francesca à transmettre une copie de ce formulaire de consentement à Pekuakamiulnuatsh Takuhikan :
Oui _______ Non_______
8. Je suis d’accord à ce que Croce Francesca puisse transmettre une copie de mon entrevue à Pekuakamiulnuatsh Takuhikan :
Oui _______ Non_______
9. Je suis d’accord à ce que Croce Francesca puisse transmettre une copie de mon entrevue à Pekuakamiulnuatsh Takuhikan, sous forme :
De-nominalisé_____ Nominalisé_______
__________________________________________ ____________________
Signature du participant, de la participante Date
Un court résumé des résultats de la recherche sera expédié aux participants qui en feront la demande en indiquant l’adresse où ils aimeraient recevoir le document. Les résultats ne seront pas disponibles avant le 05-2019. Si cette adresse changeait d’ici cette date, vous êtes invité(e) à informer la chercheuse de la nouvelle adresse où vous souhaitez recevoir ce document.
L’adresse (électronique ou postale) à laquelle je souhaite recevoir un court résumé des résultats de la recherche est la suivante :
J’ai expliqué le but, la nature, les avantages, les risques et les inconvénients du projet de recherche au participant. J’ai répondu au meilleur de ma connaissance aux questions posées et j’ai vérifié la compréhension du participant.
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__________________________________________ ____________________
Signature du chercheur Date
Renseignements supplémentaires
Si vous avez des questions sur la recherche, sur les implications de votre participation ou si vous souhaitez vous retirer de la recherche, veuillez communiquer avec CROCE Francesca à l’adresse courriel suivant : [email protected]
Plaintes ou critiques
Toute plainte ou critique sur ce projet de recherche pourra être adressée au Bureau de l'Ombudsman de l'Université Laval : Pavillon Alphonse-Desjardins, bureau 3320 2325, rue de l’Université Université Laval Québec (Québec) G1V 0A6 Renseignements - Secrétariat : (418) 656-3081 Ligne sans frais : 1-866-323-2271 Courriel : [email protected]
Copie de Pekuakamiulnuatsh Takuhikan Et
Copies des participants Et
Copie du chercheur