En dix mots comme en cent n°3 Avril 2015- « Dis-moi dix mots… que tu accueilles »

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« En dix mots comme en cent » Le journal des « dix mots » en Rhône-Alpes n° 3 Avril 2015 20 e Semaine de la langue française et de la francophonie du 14 au 22 mars 2015

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Découvrez toutes les créations retenues dans le cadre du jeu des "dix mots" 2015 en Rhône-Alpes et des articles inédits autour de projets, parcours, pratiques autour de la langue française ! Enlivrez-vous !

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« En dix mots comme en cent »Le journal des « dix mots » en Rhône-Alpes

n° 3 — Avril 2015

20e Semaine de la langue française et de la francophonie du 14 au 22 mars 2015

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AMALGAMEn. m. 1. Alliage du mercure et d’autres métaux [qu’il liquéfie]2. FIG. Mélange hétérogène de personnes ou de choses denature différente.

BRAVOinterj. et n. m. 1. Exclamation dont on se sert pour applaudir, pour approuver.2. n. m. Applaudissement, marque d’approbation.

CIBLERv. tr. [conj. 1] 1. Déterminer, circonscrire en tant que cible. Chercher à fairecorrespondre (un produit) à une cible. 2. Prendre pour cible.

GRIGRIn. m.[VAR. GRIS-GRIS]1. Amulette (Afrique, Antilles).2. Petit objet magique, porte-bonheur (ou malheur).

INUITn. et adj. Esquimau. REM. Courant au Canada où l’emploi de esquimau estofficiellement proscrit.

KERMESSEn. f. 1. Au Pays-Bas, en Belgique, dans le nord de la France, fêtepatronale villageoise, foire annuelle célébrée avec de grandesréjouissances en plein air.2. COUR. Fête de bienfaisance, souvent en plein air.

KITSCH OU KITCHn. f. 1. Se dit d’un style et d’une attitude esthétique caractériséspar l’usage hétéroclite d’éléments démodés ou populaires,considérés comme de mauvais goût par la culture établieet produits par l’économie industrielle.2. PAR EXT. D’un mauvais goût baroque et provocant.

SÉRENDIPITÉn. f.1. ANGLIC. Capacité à faire par hasard, lors d’une recherche, une découverte inattendue et à en saisir la portée.

WIKIn.m.Site web collaboratif dont le contenu peut être librement modifié par les visiteurs autorisés.

ZÉNITUDEn. f. PLAIS. État de sérénité.

édito

2015 est une année particulière à bien des égards pour l’équipe de l’Espace Pandora, opérateur délégué del’opération « Dis-moi dix mots » et de la Semaine de la langue française et de la Francophonie en Rhône-Alpes.Parce que, notamment, nous fêtons deux anniversaires remarquables : celui de la Semaine de la langue françaiseet de la Francophonie, qui en est à sa 20e édition, et celui de l’Espace Pandora, qui mène et poursuit ses actionsculturelles en faveur du livre et de l’écrit depuis 30 ans !

En Rhône-Alpes, la Semaine de la langue française et de la Francophonie a soufflé ses vingt bougies avec un airde changement ! Tout d’abord par une ouverture haute en couleurs et en poésie, avec la Nuit du Slam à Lyon,organisée par La Tribut du Verbe. Puis par un nouvel événement, « Sans frontières fixes », soirée de débatcitoyen organisé en partenariat avec La Caravane des dix mots, complice de l’Espace Pandora. Et enfin, parce que nous avons pris le thème de cette 20e édition au pied de la lettre en organisant pour lapremière fois la journée de restitution régionale « Les dix mots font la fête ! » hors de l’agglomérationlyonnaise, accueillis chaleureusement par la Ville de Vienne et les acteurs de ViennAgglo.

Ainsi, vous ouvrez-là un numéro tout particulier de En dix mots comme en cent, et c’est avec bonheur etémotion que nous vous le dédions, tout en vous remerciant pour votre confiance : à vous, partenaires, artistes,professionnels, particuliers, fidèles et aussi nouveaux venus... Soulignons par ailleurs que les dix mots étaient placés cette année sous le signe de l’accueil, un thème précieuxet, malheureusement, d’actualité si l’on considère les événements qui ont marqué le début de l’année... Unthème qui nous rappelle que l’Autre est une richesse, et qu’il nourrit aussi cette langue française que noussommes si nombreux à partager.

Julie Dorille, chargée de développement culturel Thierry Renard, directeur

Espace Pandora Opérateur délégué « Dis-moi dix mots » en Rhône-Alpes

Définitions extraites du dictionnaire Le Petit Robert 2014.

•AMALGAME•BRAVO•CIBLER•GRIGRI•INUIT••KERMESSE•KITSCH•SÉRENDIPITÉ•WIKI•ZÉNITUDE•

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Cher Abraham Bengio, depuis 1999et l'invention du jeu des « dix mots »,vous avez toujours été un acteur et unsoutien décisifs de la Semaine de lalangue française et de la francophonie,un initiateur même, d'abord au servicede l'État (dRAC Rhône-Alpes etdélégation générale à la languefrançaise et aux langues de France),

puis, ensuite, comme directeur général adjoint de la RégionRhône-Alpes. d'où vous vient cet élan, cet enthousiasme,cette passion pour notre commune langue ?

Le linguiste est forcément schizophrène. D’une part, il saitque « toutes les langues sont égales en dignité » : toutesoffrent des sonorités incomparables, inventent des solutionsgrammaticales inédites, font émerger du réel une vision dumonde singulière (comme le ciseau de Michel-Ange extrait dumarbre informe des chefs d’œuvre). De l’autre, il a un faiblepour sa langue maternelle, si douce, si mélodieuse, capable detout exprimer, jusqu’à la plus subtile nuance. Dans mon cas,c’est un peu particulier puisque j’ai eu successivement deuxlangues maternelles… J’aime d’amour la langue française,quand elle accueille la diversité de ses dialectes ; je l’aime quandelle ne fait de l’ombre à personne et veut qu’on vienne à ellepar pure passion amoureuse.

Mais votre intérêt pour les langues ne s'arrête pas à lalangue française. Vous en parlez plusieurs, nous l'avionslonguement évoqué, en 2007, lors d'un entretien réalisé pourvotre livre paru à l'enseigne de La passe du vent, Quandquelqu'un parle, il fait jour. Non seulement vous vousintéressez aux langues du monde mais, encore, ce qui peutparaître un peu plus décalé, vous vous passionnez (c'est lemot !) pour les langues régionales de notre pays. Expliquez-nous votre engagement...

Relisons Dom Juan : « Non, non : la constance n'est bonneque pour des ridicules ; toutes les belles ont droit de nouscharmer, et l'avantage d'être rencontrée la première ne doitpoint dérober aux autres les justes prétentions qu'elles onttoutes sur nos cœurs […] Je conserve des yeux pour voir lemérite de toutes, et rends à chacune les hommages et les tributsoù la nature nous oblige ». Remplacez « les belles » par « leslangues » et nous y sommes : je suis un libertin linguistique !Quant aux langues régionales, ce sont simplement des languesnationales à qui il a manqué une armée pour asseoir leurconquête…

Vous allez, dans quelques mois, quittez vos responsabilitésau sein de la Région Rhône-Alpes. Quelles traces aimeriez-vous laisser derrière vous ? Quel rapide bilan pouvez-voustirer de ces années passées en terre rhône-alpine ?

Exercice périlleux… Disons : le combat pour les valeursrépublicaines au moment de l’alliance contre-nature deCharles Millon avec le Front national ; les travaux derénovation et d’extension de la Maison d’Izieu, arrachés dehaute lutte à un gouvernement frileux ; et l’extraordinaireréussite technologique, culturelle et artistique de la Cavernedu Pont d’Arc, réplique de la fameuse grotte. Et mon plus cuisantéchec : n’avoir pas su convaincre l’État de faire de la culture, àla faveur de la loi NOTRe, une compétence obligatoire descollectivités publiques, au même titre que les lycées, les trainsou l’aide sociale. Aujourd’hui, la culture est menacée, nonseulement financièrement, mais – ce qui est plus grave –idéologiquement : sa légitimité est à nouveau remise enquestion.

Et puis, pour refermer ce court entretien, j'aimerais vousdemander quels sont vos projets pour le futur immédiat ? Et,aussi, quels sont vos dix mots préférés...

Mais… encore est vive la souris ! Bien sûr, j’ai l’âme lourdeencore de lectures inassouvies, pour parodier Cyrano, mais jevoudrais m’engager davantage pour la laïcité, la culturescientifique et technique, la défense des humanités etc. Onreste en contact ?

Allez, sans réfléchir :

Mémoire

Palimpseste

Gougnafier

Nébuleuse

Belluaire

Clitoris

République

Salmigondis

Insomnie

Chatoyant

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Abraham Bengio, directeur général adjoint de la Région Rhône-Alpes

Propos recueillis par Thierry Renard

© dR

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« En dix mots comme en cent » – Avril 2015 – Page 4

La Semaine en images

Exposition « dix mots vus par... » • Alliance Française de Lyon le 20 mars 2015 • © DR

Sans frontières fixes • Théâtre des Asphodèles • Mardi 17 mars 2015 • © Xavier Lassablière

Vote du public pour le tournoi de slamNuit du slam le samedi 14 mars 2015 • © Flavian Dubourget

Laure Morali et Joséphine Bacon • lecture sur la scène du Marché GareNuit du slam le samedi 14 mars 2015 • © Marie Delorme

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Cocteau Mot Lotov, poète slamÀ quoi sert la sérendipité

« Capacité à faire par hasard, lors d’unerecherche, une découverte inattendue et à ensaisir la portée »La sérendipitéTout d’abord, pour m’avoir attribué ce mot, jeremercie les organisateursC’est en effet inattendu

Je me mets au boulotJ’écris la première ligne Le mot est souligné par le correcteurautomatique de mon ordinateurGénéralement, c’est bon signe

Aucun mot n’est simple Chacun a sa richesseChacun a ses recoinsC’est un mot comme un autreC’est juste qu’on s’en sert moinsÇa n’est pas sa fautemais à l’usage de ce mot, nous trouvons desfreins

Qui s’en sert ?Une portion infime de la populationQuelques intellectuels qui veulent épater lagalerie...pendant une expositiondes rats de bibliothèque et des souris delibrairiedes gens du ministère... rien, j’vous dis

Et le mot vient d’AngleterreUne langue indigeste aux gourmets dufrançaisdégoût semblable au niveau alimentaire

Et puis qui peut être sincère avec ce motqui va dire : « oh vous savez ma plus grandedécouverte je l’ai faite par hasard ! »Bon, quelques esprits humbles l’ont reconnu,mais ils sont raresNon, chacun veut faire croire qu’une idée vient d’une longue réflexionméthodique, cartésienne, consciente, fruitd’une volonté et d’une intentiontirée aux meilleures sources d’inspiration et dedocumentationEt même si chacun sait ce qui se passe dans uncerveaula difficulté de tirer une idée claire du magmaneuronalla difficulté de ne pas redire, d’être originalla sérendipité pour un penseur, qu’est-ce queça vaut ?

Et puis enfin, et surtout, dernier frein, ce n’estpas qu’il y a trop de syllabesmais ce mot a une tournure bizarre qui le rendimprononçable

C’est le genre de mot qui nécessite unentrainement intensifavant de pouvoir l’utiliser en public sans seridiculiser par un bafouillage intempestifEt comme il ne vient pas naturellement dansune conversationIl faut élaborer une stratégie qui va l’amenerpar quelques glissements subtils dans ladiscussionou saisir le bon moment pour le placerExemple :

− J’étais au marché des créateurs dimanchedernier

− Tu sais, chez tout créateur, il y a une partde sérendipité, j’veux dire.

Et c’est le problème, personne ne voit ce quevous voulez direpuisque personne ne le connaît, et qu’une foisqu’il a été placé, il faut l’expliquer

− Alors tu vois c’est la capacité...ce qui est toujours pénible pour la fluiditéd’une conversationEt maintenant que c’est fait, que c’est placé,que dire d’autre ?L’objectif est atteint, le dialogue s’éteintMais c’est là qu’une tierce personne intervient

− D’ailleurs, ça me fait penser à un truc...

Et la conversation va repartir à bâtonsrampantsrompus, sur un tout autre sujet, encore plusexaltantet notons que ce passage du coq à l’âne peutêtre assimilé à de la sérendipitéUne sorte de sérendipité vulgaire très commune aux assemblées alcooliséespreuve que ce mot devrait être popularisépour qu’un jour on puisse entendre auxcomptoirs des bistrots français :

− Roger, c’est ma tournée, mais tu la sers endix pités !

Cela dit, nous risquons là de retomber dansnos problèmes de prononciation, que l’alcoolaggrave.

Je suis là, la serrant et la lacérantJe suis là à la direLà, lacérant la sérendipité et la serrantmais à quoi ça sert ?À quoi sert le cerfle cerf tiré dans le pré de l’étéà quoi sert le temps et sa rapiditéà quoi sert le répit du riredans le sentir du direà quoi sert dire la vérité

à quoi sert l’empireà quoi sert l’identité de l’entité dépitéeà quoi sert de répéter le pire et la pitiéà quoi sert le serpent et que lui ditla pie dans la pente de la prairieà quoi sert le tendreà quoi sert se pendreà quoi sert le tueur en sériet’enserrant dans ses ritesà quoi sert d’espérer s’en tirerà quoi sert ce rang de députésà quoi sert la sérendipité ?

L’écriture automatique en est une formeLaisser aller le mot aux mouvements del’inconscientLaisser surgir l’image nouvelle, le sens inéditLa sérendipité c’est le hors-norme

L’exemple le plus célèbre de sérendipité, et leplus lourd de conséquencesc’est lorsque Christophe Collomb a découvertles Amériques en cherchant les IndesUn coup de génie !Depuis le monde est devenu dingueJe vous le dis, la sérendipité c’est tendance

La sérendipité est un signe de santémentale, psychologique, intellectuellequand l’esprit reste ouvert à trouver ce qu’ilne cherche pasquand l’esprit ne cherche pas mais qu’il trouvequand mêmequand le problème apparaît là où était lasolution ou quand la solution apparaît là où il n’y avaitaucun problèmeLa sérendipité c’est la surprise du chefC’est l’éclair qui traverse la têteBref, c’est un moment de fête !

Ce texte est allé vite Le slam n’a pas le temps pour le silenceparce que l’heure est à l’urgenceAucune bonne idée ne vient plus des effets decausalitéLa nouveauté viendra de l’idée jaillissant dansla spontanéité de l’association hasardeuse de visionséloignéeset l’aléa des entrechoquements mondialisésN’est-ce pas inattendu ? Mais tu l’as bienentendu :

l’avenir de la pensée appartient à lasérendipitéEt puis maintenant que je sais le dire sansbafouillerje ne vais pas m’en priver.

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Jean-Yves Loude, écrivain et ethnologueUn bon grigri n’a pas de prix

Mohammed El Amraoui, poète et traducteurPetit inventaire kitsch du salon de coiffure Le Coq d’or

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Moi, Ti’Mandé dit « le Dévoré », je n’ai pas choisi d’avoir été choisi,tiré par les cheveux alors que je m’enfuyais. Les rebelles sont arrivésau village à l’heure où les enfants dansaient. La guerre était proche,mais on ne l’entendait pas. Personne ne l’a vue venir. Les hommesqui résistèrent n’eurent pas le temps d’insulter les mercenaires :« Fils de l’hyène et du chacal ! Métis de l’Enfer ! » Pas le temps d’uneprière pour que soient épargnés leurs fils ou leur femme. Épargnerest un mot qui fait rire un « Dévoré », se plier de rire, roter de rireun « Dévoré ». C’est ce que je suis devenu. Ils m’ont attrapé, jeté dans un camion, nourri au camp. C’est vrai,cela faisait longtemps que je n’avais pas autant mangé. Ils m’ontmontré des filles à consommer, ont fouillé mon short m’ont saisi lesexe jusqu’à ce que je gueule et que je jure, m’ont collé une armedans les bras. J’ai flingué un chien pour preuve, comme premierexercice. Ensuite, il n’y a pas de fin. La fièvre du meurtre monte decette partie du ventre où se noie la répulsion dans le liquide de lapeur. D’abord on tue sous la surveillance d’un chef qui a cinq ansde plus que soi, qui n’a plus d’yeux pour voir, mais des yeux pourbrûler. Les filles étaient notre butin. On nous poussait aux reins etque s’accomplisse le destin ! J’ai mangé mon âme et j’ai craché lahonte. J’ai bouffé jusqu’au souvenir de ma mère. J’ai oublié monnom.On m’appelle le « Dévoré ». C’est tout. Celui qu’un diable affaméd’or et assoiffé de vengeance mange de l’intérieur. Il faut mecraindre. La cruauté a brodé des galons sur les épaules de monteeshirt déchiré. Capitaine Dévoré. Les titres s’attrapent au nombrede cadavres. Mon maillot ne sent pas bon. Je suis celui qui arrêteles convois dans la courbe des pistes. Un enfant les bras en croixqui inspire plus de crainte qu’un kapokier entravant la route. La peur

m’a quittée. Un matin, elle ne s’est pas réveillée. Elle aussi, je l’aibutée. Trois amulettes bien accrochées aux points cardinaux demon intimité, là où le grigriman les a placées et que seule uneconquise en fonction d’amour puisse observer. Les grigris sont meschiens de garde. Le féticheur a remué les lèvres et a mâché uneformule inaudible vendue pour une sourate infaillible. La peur areculé. Le féticheur a dit : ne jamais les détacher, dormir avec, selaver trois fois après les ébats et sacrifier. Le grigriman ne s’est pasmoqué des génies. Il m’a demandé trois taureaux. Tarif de capitaine !Il a dit. Plus on paie, plus les balles s’écartent. L’exigence etl’efficacité. Un bon grigri n’a pas de prix. Ça s’est vite su que leDévoré était protégé. La peur a changé de culottes. Il ne fait pasbon rencontrer l’enfant au rictus, le rebelle que rien n’atteint, ni lapitié, ni les projectiles. J’ai la réputation de tordre la bouche quandj’étends les bras et barre la route, une kalache dans chaque main.C’est une musique toute simple, la mélodie de la kalache. Deuxpressions des doigts et voilà les pantalons qui tombent, les pochesqui se vident, les billets qui s’évadent des soutiens gorges. Inutilede résister. Les rançonnés savent bien qu’un commando entier degamins drogués, excités, se cache dans les fourrés et qu’ils se ferontun plaisir de tirer. Et que tout ça au fond, c’est pour la liberté, pourla dignité du peuple qui mérite d’être éclairé. Pour l’éclairage, il fautpayer. Il y a plein de soldats officiels qui comprennent très bien, toutde suite. Ils lâchent leurs armes, tournent les fesses et font la courseavec le lièvre rusé, l’animal malin qui dit que pelage troué se vendmoins bien. Les fuyards répètent à chaque angle tordu de la savaneque la lutte est inégale, à cause de mes grigris. Ma réputationgrandit. Mon profit aussi. Je prends garde de partager le butin.Toujours. Le grigriman n’a pas précisé si la sourate et les amulettesprotégeaient des balles tirées dans le dos.

Le pied trébuche au seuil. Un rideau de porte, fils de perles quioscillent et teintent, et l’œil trébuche aussi, et je regarde en haut,autour, en face : équations bancales d’un chic bancal, semblable àcelui que j’ai connu, enfant, chez des voisins ou des tantes. Chaquechose est anagramme d’un kitsch vieilli

Chaque chose est

un point figé d’un temps

qui a perdu sa brillance

Chaque chose, dans ce point de vieillesse, coïncide avec le rêve d’être,

au présent,

originale

Chaque chose est, sans être ce qu’elle est, et signifie rien ou s’useà signifier

Le temps s’arrête, le temps arrêté dans le coin, à l’angle, dans unependule posée, cadran marron et chiffres romains marron etaiguilles marron

des fleurs aussi dans un vase japonais, penchées toujours au mêmeendroit, et le rose devenu pâle à force, et s’émane une odeurplastique, je me demande quel génie a inventé des fleurséternellement vivantes, sans germes, sans grains

Sur une table faux marbre, un chien en faïence. La tête disproportionnée se penche et se rétracte, comme si elledisait puis regrettait une confidence à une tour Effel en miniature,à côté

La dorure d’un soleil couchant sur un mur regarde sur le mur d’en-face une calligraphie dorée, et, à côté, des pèlerins font la rondeautour de la Kaaba dans un cadre doré

Le noir des fauteuils faux cuir brille

Le lustre pend fébrilement et brille aussi, poids baroque et mornesenjolivures, gonflées de redites, de déjà copié, falsifié, et poussièresd’antan dans une lumière maladroite

Le coiffeur mâche le chewing-gum, accompagne un air dans l’air du temps qui sort de la radio

Moi, sur le fauteuil, timidement, je regarde.

Les choses attentives en silence, mal à l’aise dans leur kitsch, meregardent,

se défont dans l’œil et le souvenir.

Et je ferme l’œil.

Substance du poème, complice de ma gêne.

Et

j’organise quelques mots dans ma tête et évalue leur justesse etdistille et répète sans relâche et comme si un écho de mes motstraversaient jusqu’aux choses dans une vallée opaque.

Et le coiffeur me fait signe que c’est mon tour.

Dans le miroir, les choses fixent mon dos. Les mots se figent autintement sourd des ciseaux.

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Billet d’humeur La chance d’un autre jour

Composition du jury régional des « dix mots » 2015le mardi 3 mars à 18h30 au Centre Culturel Œcuménique (CCO) de Villeurbanne – 6 groupes de jurés

Les objectifs du jeu des « dix mots » :

– inciter toute personne à une expression individuelle ou collective,

– permettre la valorisation de cette expression grâce à différents supports (textuels, visuels, sonores, multimédias).

En 2015, 723 textes et 228 créations plastiques ont été reçus dans le cadre de l’appel à contributions des « dix mots » en Rhône-Alpes.

Ici sont réunis 54 textes et 10 créations plastiques, tous retenus de manière anonyme.

Repères :Opération « Dis-moi dix mots »

Organisation :Ministère de la Culture et de la Communication (Délégation générale à la langue française et aux langues de France).

Partenaires francophones :Belgique, France, Suisse, Québec et Organisation Internationale de la Francophonie (70 pays dans le monde). Plus d’infos : www.dismoidixmots.culture.fr

Comité de pilotage Rhône-Alpes :Direction régionale des affaires culturelles de Rhône-Alpes ; Préfecture du Rhône ; Direction régionale de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale ; Directiondépartementale de la cohésion sociale du Rhône ; Région Rhône-Alpes ; Délégation académique aux arts et à la culture de Lyon ; Agence Rhône-Alpes pour le livre et ladocumentation ; les associations Filigrane, Caravane des dix mots et Espace Pandora.

« Un jourIl y aura autre chose que le jour »

Boris Vian, Je voudrais pas crever

Tout allait bien, ou presque. L'année 2014 s'achevait, peu à peu. Et nous marchions vers des horizons nouveaux, indépassables : les « 30 ans » de l'EspacePandora et le quarantième anniversaire de l'assassinat de Pier Paolo Pasolini, immense poète à qui nous avions décidé de rendre hommage en sautantpar-dessus la frontière des langues. Nous étions en route pour 2015, soulagés, et impatients. Mais les attentats du mois de janvier ont eu lieu et, aprèseux, une suite d'horribles séquences à traverser, ici ou là, ici et là. La barbarie avait refait surface ou, plutôt, elle poursuivait son aventure sanguinaireen disant son nom, son nom qui est le nom du crime et de l'intolérance. La sauvagerie est inhumaine et elle piétine les êtres et leurs langues sans sesoucier des lendemains.

Maintenant, nos lendemains ne chanteront plus jamais si nous ne réagissons pas d'emblée, avec les modestes armes qui sont les nôtres, face à l'horreurtotale. C'est pourquoi il faut tenir le coup et maintenir le cap, coûte que coûte. C'est pourquoi il faut résister avec les armes du poème, de la lettred'amour, de la chanson simple et de l'humour. Résister, encore, en défendant partout sur la planète la liberté d'expression et la liberté d'émotion.Résister, pour de bon, parce qu'il existe, bel et bien, des valeurs universelles et démocratiques. Les arts et les sentiments ne sont pas neutres, ils endisent long sur nous et sur la chance d'un autre jour. Notre République est fatiguée, elle aussi. Aidons-la à renaître de ses cendres. Formons le derniercarré du PAL (Poésie. Amour. Liberté.) en inventant, toujours, de nouveaux laboratoires linguistiques et artistiques. Cela en vaut la peine, je vous assure...

Thierry Renard

Pierre-Pascal ANTONINI, Espace PandoraThierry AUZER, Théâtre des AsphodèlesClara BEDDELEEM, volontaire en service civiqueAbraham BENGIO, Région Rhône-Alpes Juliette BERROTERAN, plasticienneAdèle BLIN, Caravane des dix motsPhilippe CAMAND, Agence Rhône-Alpes pour le livre et

la documentation (ARALD) Marie DELORME, Espace PandoraPhilippe DELPY, Préfecture du RhôneJulie DORILLE, Espace PandoraNicolas DUMAS, association ManzanilloBenoît GUILLEMONT, DRAC Rhône-AlpesYves HENRI, plasticien

Brigitte JOUVE-VILLARD, DRAC Rhône-AlpesMyriam KABLAKJ, Caravane des dix motsMichel KNEUBÜHLER, consultantFernanda LEITE, Centre Culturel Œcuménique (CCO)Raphaële MASURE, Caravane des dix motsNellie MEUNIER, ViennAggloJamel MORGHADI, Espace PandoraToufik OUAHDI, Unité Éducative d’Activité de Jour (UEAJ) de VénissieuxThierry RENARD, Espace PandoraMarie-Caroline ROGISTER, Espace PandoraAthénaïs THÉODOSSOPOULOS, FiligranePatrice VANDAMME, Les arTpenteursSonia VIEL, École Louis-Pasteur

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Ma nounou en boubou, un bibi sur la tête, doudou de mon tonton,prochainement ma tata, qui m’appelle mon bébé et parfois moncoco, a perdu son grigri, et mon pépé que mémé dit gaga, lecherche, mais à son traintrain, plan-plan, moi aussi j’ai perdu unjoujou, mon yo-yo, mais dans mon dodo j’ai encore mon doudoucracra, et au-dessus, un petit oiseau qui fait cui-cui.

Ma nounou, elle l’a perdu son grigri pendant qu’on jouait à dadaet à faire coucou, le loulou tout foufou d’un affreux jojo, un titique Nounou dit un peu neuneu, l’a mordue au mollet, ça lui a faitbobo, elle a couru et c’est là qu’elle l’a perdu son grigri, et le titi,tout zinzin, il a serré le kiki du loulou…

Moi, ma nounou, je l’aime bien, elle me fait mimi, elle me nettoiele pipi, le caca du cucu, et pour faire dodo, elle me chante le petitquinquin, elle aime bien chanter du yéyé ma nounou, elle aimebien danser aussi au flonflon de l’orchestre et au crincrin de Gigi,même que des fois, elle met un tutu qui fait froufrou, et elle dansele cancan ou le cha-cha-cha.

Des fois, elle cherche dans ma tête s’il y a un toto, ou si la mouchetsé-tsé a pas pondu, que ça pourrait me donner le béribéri qu’elledit, parce que après, elle dit, on est tout gnangnan…

Des fois aussi, c’est la fête, les femmes font le youyou, même unegrosse dondon qui apporte le couscous au pili-pili et une autre quisent bon l’agar-agar, un gros baba, moi j’aime bien le baba…c’estmieux que le lolo du néné, ou le bibi qui fait glouglou.

Mon papa, il dit qu’il aime pas la fin du mois, parce qu’il doitdonner des soussous à ma nounou, alors il fait un peu de blabla, ildit on fait fifty-fifty, mais il lui donne quand même, il dit : « Ellenous prend tout cette nana, les soussous et le tonton, et après, onfait tintin, et c’est moi le gogo… ».

Claude JAMBON, 69 ans01460 BRION

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Cela fait soixante-sept ans que je vais à Soulac-sur-Mer,Soulac, c'est mon voyageJ'y suis allée la première foisDans le ventre de ma mèreL'histoire entre Soulac et ma familleEst mystérieuseSemble venir de la nuit des tempsElle s'est transmise de mère en filleBien avant mon arrière-grand-mèreJ'ai rencontré mon premier mari à SoulacJ'avais treize ansJ'y ai emmené mon deuxième mariMes enfants y viennent avec mes petits-enfants.On ne s'ennuie jamais à SoulacBalades à vélo sur le banc de sableRecherche de mûres dans la forêtAutrefois, l'odeur des pots de résine dans les pinsLes crevettes avec un verre de blancLes céteaux et les tellinesLes œillets des dunesLes plages immensesSoulac, c'est la libertéIl n'y a plus d'attaches à SoulacLes plages désertées hors saisonL'amalgame des rougesDans le coucher de soleilÀ Soulac, je regardeÀ Lyon, je peins Soulac.

Régine LAROCHE, 67 ansATELIER d’ÉCRITURE CENTRES DE L’AURAL

69008 LyONIntervenant :

Claudine Arnaud – Les arTpenteurs

Jean-Claude THEVENET, 72 ans74200 ALLINGES-MESINGES

ANAGRAMME POLAiRE

iil a

NNeigé

uune nuit d’hiver

iil s’est caché dans sa

TTanière

Pénélope CuiRiNiER, 12 ansCOLLÈGE JEAN-PERRIN

69009 LyonProfesseur de lettres : Mme Monfront

LE TEMPS dES iNuiTS

Jour, nuit,Le temps des inuitsLe froid se répand

À perte de nuit.Étendue glacée,

Le temps se détend,S’étire,

Le jour se retire.Chaleur de l’igloo retrouvé,

Temps du réconfort,Le chasseur dort.

danièle VAudAN, 59 ans01390 MIONNAy

CiBLER

Six épis de blés, bleus, blessés :signe de la cible pour une flèche.« Oh, les six blés, vous êtes ciblés ! »

ikram ACEMClasse de 5e 6

COLLÈGE ÉMILE-ZOLA69220 BELLEVILLE

Professeur : Sandrine TROLy

Page 9: En dix mots comme en cent n°3 Avril 2015- « Dis-moi dix mots… que tu accueilles »

« En dix mots comme en cent » – Avril 2015 – Page 9

ARTiCLE :

uN SÉRuM dE PAix

Un scientifique français cherchant à créer unmédicament contre une maladie grave, s’esttrompé dans ses calculs.Finalement par sérendipité, il créait un sérumde pacificité. Distribué à tous les pays pour arrêter tous lesconflits, les pays s’aident maintenant entre eux,les gens sont généreux et agréables. Le racisme, la discrimination n’existent plus. Nous sommes maintenant dans un monde uniet soudé. Ce sérum a permis d’arrêter les guerres et lesconflits entre pays. Tous les pouvoirs de la bombe nucléaire sontabolis. Nous sommes maintenant dans un monde dezénitude.

Alexandre GiVRE et kilian BERLANdAFPMA DE PÉRONNAS

Premières électrotechniques – BAC PRO01960 PÉRONNAS

Professeur animateur : François Grevy SÉRENdiPiTÉ

Sérendipité, Sérendipité… mais qu’est-ce queça peut bien vouloir dire ? Totalement dépitéepar ce vocable elle se jette sur les dictionnairesde la maison ; rien dans le Petit Robert, ni dansle Petit Larousse. Perplexe, elle cherchedésespérément où elle pourrait trouver del’aide. Bien sûr, panne d’internet, au fin fond desa Gironde, panne récurrente, donc aucunsecours possible de ce côté-là. Il y avaitautrefois dans le salon un grand Robert achetélorsque les enfants faisaient leurs études. Il adû être rangé au grenier. Elle gravit lentementles marches de l’échelle de meunier. Le greniers’impose à elle, poussiéreux, encombré. Aprèsune inspection parfois difficile, elle retrouveles caisses de livres, livres d’enfants, livres dejeux, romans en tous genres… Ah, voilà lesencyclopédies. Elle ouvre le carton, le Robertest bien là, rouge un peu passé sous sescouvertures de plastique. Elle attrape le volume Romb…Z. Son œil estalors attiré par un petit fascicule bleu clair dontelle se saisit, abandonnant le dictionnaire. Ellereconnaît l’écriture aimée. Le cœur battant,elle ouvre lentement le livret. Il est plein depoèmes d’amour écrits pour elle. Le tempsenfui à jamais refait surface, doucement,comme une caresse, comme un baiser oublié.Bien enfoui au fond du grenier, tout était là,tout était là présent. Elle ferme les yeux, le jourest plus doux. Elle ne saura sûrement jamaisce que signifie « Sérendipité », peu importe…

dany HENRiOTATELIER D’ÉCRITURE

« LES SCRIBES EN DÉLIRE »69002 LyON

Les inuits ont posé leurs valises sur labanquiseMais ils ne comprennent pas la logiquedes occidentauxLes occidentaux ont posé leurshélicoptères sur la banquiseMais ils ne comprennent pas la logiquedes inuitsPour le ravitaillement, les inuits creusentdes puitsDans la glace et ils pêchent avec unharponPour le ravitaillement, les occidentaux sefont livrerÀ domicile des boites de conserve depoissonDeux logiques s'affrontent et ne seconfondent pas.

Pierre BLANCHARd, 82 ansATELIER D’ÉCRITURE

LE TEMPS DE LA POÉSIEhOPITAL GERIATRIQUE

DES ChARPENNES69100 VILLEURBANNE

Intervenant : Claudine Arnaud – Les arTpenteurs

Ma maison est grande parce que j’ai une girafe,un lion, un serpent, un chaton et j’ai acheté desrobes kitsch pour tous mes animaux.Au magasin, j’ai acheté un lapin et un crapaudet j’ai fait un amalgame.À l’école, on a fait une kermesse et j’ai fait unspectacle de magie. J’ai transformé la maîtresseen lapin et tout le monde a dit bravo !

imène BELAHdid, 8 ansÉCOLE DES GÉRANIUMS

69009 LyONProfesseur : Isabelle Bally

ACCuEiLLiR LE SAVOiR PAR iNTERNET

Je n'aime pas le kitsch, préférant la modernité,Internet est pour moi une fête, comme une kermesse,

On y trouve l'explication de mots compliqués comme sérendipitéC'est un monde de zénitude, plein de promesses.

Je navigue dans un environnement ciblé, pour les jeunes de mon âge,Ne faites pas d'amalgame, internet permet de beaux apprentissages.

Et quand je lis d'intéressants articles sur les inuits dans WikiJ'ai envie de dire bravo... c'est exquis !

Gabrielle duBOuxCOLLÈGE SAINT-ChARLES

Classe de 6e

13200 ARLESDocumentaliste : Flavia NUNES-COCONAS

LES POSTÉRiEuRS

Ah bah bravo !Bravo les gars vous êtes géniauxMétro Boulot DodoBingo ! Vous avez touché le gros lot !

Ah bah bravo !Plus de cadeauxPour ces tristes états d'âmeBam ! Et là, c'est le drame !Cibler, viser, tirersur tous les amalgames.

Révolte-toi ! Libère-toi !Délaisse tes chichis et tes grigrisAssume tes rides, Assume tes rimes !Et bouge tes miches !

Toute la tristitude de ton attitudemontre ta platitudeGarde la béatitudeFume de la zénitudeEt prends un peu d'altitude !

T'as le droit d'être une quicheAvec des vêtements kitschDans notre monde WikiTout est permis.Mais ne sois pas asserviSinon c'est une illusion de vie Dans laquelle tu t'assoupis.

Révolte-toi ! Libère-toi !Délaisse tes chichis et tes grigrisAssume tes rides, Assume tes rimes !Et bouge tes miches !

Allez, viens, c'est la fin de la kermesseOn n'est plus tenu en laisseVas-y... Montre tes fessesQuelque soit leur couleurVas-y... N'aies plus peurEnsemble, on assumera notre sort.

COLLECTIF : Sarah RAkOTOMANANA, ChloédEBuiRE, Marie-Amélie MARCO, Gabrielle

ROuGNY, Tessa BARBANçON, CéliaANzALONE, Julien dELCROix, Benjamin

GENdRE, Rayane GiARRAFFA, GuillaumeNGuYEN et Victor MESNY

LyCÉE PRIVÉ LA XAVIÈRE69008 LyON

Animatrice : Nadia GUIChARD

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« En dix mots comme en cent » – Avril 2015 – Page 10

kiTSCH

Femme bonnicheFemme potichePastichePour un décor kitschElles s’en fichentS’en contrefichentD’être prises pour des quichesOu des godichesElles bichentLeur bonheur, elles l’affichentPas de triche Le kitschElles kiffent.

AnnetteATELIER D’ART-ThÉRAPIE

69450 SAINT CyR AU MONT D’ORAnimatrices : Christine ChALARD,

Annette PELTIER et Odile METTLING

LA CAGE Aux dix MOTS

Ouvrez, ouvrez la cage aux dix mots.Regardez-les s’exprimer, c’est beau.Les enfants, si vous voyez des petits grigris prisonniers,Ciblez-leur la porte vers la sérendipité.Les enfants, si vous voyez des petits inuits prisonniers,Ciblez-leur la porte vers la sérendipité.Les enfants, si vous voyez des vieux kitsch abandonnés,Ciblez-leur la porte vers la sérendipité.Les enfants, si vous voyez des kermesses en pleine zénitude,Ciblez-leur la porte vers la sérendipité.Ouvrez, ouvrez la cage à tous ces mots.Bravo de ne pas faire d’amalgame et oublions Wiki.Chantons, chantons…Ouvrez, ouvrez la cage aux dix mots.

Monique dANTONNYATELIER D’ÉCRITURE ChATULIVRE

26300 ChATUZANGE LE GOUBETAnimatrices : Evelyne ChOVET et Agnès CAROSSO

Bravo, le musée des Confluences a enfin ouvert ses portes !L’afflux de public policé, sans effusion, ni grigri, attendant en toutezénitude le sésame d’entrée sur les grandes marches blanches m’a faitpenser à quelque futuriste kermesse paroissiale sur le parvis d’unecathédrale. Un mystère de la sérendipité peut-être, que cet édifice, rencontreimprobable entre la dureté de l’architecture du bâtiment etl’emblématique limpide mouvance de la jonction de deux cours d’eau !On serait tenté de faire l’amalgame entre un aspect franchement polaire(sans aucun rapport avec la grâce des objets exposés provenant de lacivilisation inuite), et une vision ciblée d’une culture inaccessible, valorisantl’ère industrielle tout en en méprisant le kitsch.J’attends avec impatience de lire sur le wiki les premières impressions desprivilégiés qui ont pu y entrer !

Claudine dELERCE, 55 ansATELIER D’ÉCRITURE DE L’ASSOCIATION

GÉNÉRATION EN MOUVEMENT CLAUDINE DELERCE69160 TASSIN LA DEMI LUNE

Animatrice : Claudine DELERCE

Je cherche mon verre de jajaEt je ne trouve qu’un verre de théJe suis sérendipitée.

Muriel BERTHOLET, 41 ansATELIER D’ÉCRITURE

ARIMC PÔLE OUVERT D’ÉCULLy69130 ÉCULLy

Intervenant : Claudine Arnaud – Les arTpenteurs

CiBLER

Le signe de la liberté est cibléUn sifflet retentitUne blessure, en silence Le sens de la vie touché au cœur La fin est proche.

Andréa BRAC dE LA PERRiÈRECOLLÈGE ÉMILE-ZOLA

Classe de 5e 669220 BELLEVILLE

Professeur : Sandrine TROLy

Amalgame : gamme en do mise à mal par un profanateur d’orgues

Bravo : mot hurleur qui frappe des pieds et des mains

Cibler : verbe utilisé pour faire des petits trous mortels avec l’air (l’r) d’un autre

Grigris : escargots siamois

inuit : un I nu comme un ver roulé en huit

kermesse : rassemblement festif celte avec concours de saut de menhirs

kitsch : tarte ratée mais bonne pour le design

Sérendipité : mot à mâcher et remâcher syllabe par syllabe un grand nombrede fois pour que s’en dégage une saveur inattendue

Wiki : kiwi aux mœurs inversées

zénitude : ensemble des charges pesant sur les épaules des aînés

Annick GRiVETLES ATELIERS DE LA RUE RAISIN

42000 SAINT-ÉTIENNEAnimatrice : Véronique GUILLAUME

isabelle LEPAGNOT, 48 ans – 69700 SAINT-ROMAIN-EN-GIER

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« En dix mots comme en cent » – Avril 2015 – Page 11

iNuiT – Fabio VERiSSiMO, 11 ans – ATELIER ART DU CENTRE SOCIAL DE GRIGNy – 69520 Grigny – ANIMATRICE : Evelyne DROZ

Dix mots qui sont certes savoureux pris individuellement mais dont chacun a sa propre couleur, sa saveur, sa consistance... ces dix mots jedois en faire une brochette, les assembler sur une pique, les enrober de marinade, les torturer sur le feu de la braise pour concocter un metdigeste et sapide :

Pour être en situation propice à la sérendipité il importe d'être réceptif, de se placer dans un état de quiétude, d'harmonie, de zénitude, puisil faut se constituer un bagage de connaissances, collectées et enrichies par les wikis ; on approfondit soit dans le domaine-cible où on excellesoit dans le grand minestrone où bouillonnent les mots les idées les acquis : en grand alchimiste on mélange, on trie, on unit, on amalgame.Mélanger, métisser, maitres-mots de toute activité humaine... y compris festive : feria au sud, kermesse au nord : on y mange et on y boit, ony échange et on y danse ; accordéons flonflons et lampions ; on joue, on gagne des poupées plus ou moins kitsch ; on écoute les bonimenteurs...voulant jouer avec les amulettes et mettre le feu au rationnel on fait l'emplette d'un grigri ! Une clameur et des bravos nous attirent nousmagnétisent... spectacles d'illusionniste de jongleur ou d'acrobate ! Puis le mouvement de balancier qui nous avait attiré dans le tumulte nouspousse doucement vers le calme et la sérénité...Nuit qui s'étire et jour sans fin, transportés au loin chez les inuits, glissant dans l'immensité... oubliant nos immenses cités...

CONSTRUIRE PUIS DÉTRUIRE, UNE GRANDE LOI DE LA NATURE :Défaisons à présent la brochette de nos dix mots dans l'assiette de la francophonie, et dégustons un à un, pour mieux en garder la saveur,quelques morceaux choisis particulièrement exotiques :

Un amalgame parfumé arabe, fait de mercure et d'argent, certes forts peu comestibles, mais recelant tous les mystères des alchimistes de lamatière et des idées.

Un grigri sénégalais pimenté de gingembre et d'irrationnel.

Un wiki sucré d'origine comme un ananas hawaien et symbole de la connaissance facile à assimiler et le meilleur pour la faim (!) cette fameusesérendipité : on nous apporta ce mot, ostentatoire telle une hure rotie sur un plateau d'argent, nous le trouvâmes moins prétentieux lorsquenous l'eûmes googolisé ; et enfin amadoué, nous le ferons définitivement nôtre, comme nous avons fait nôtres ses prédécesseurs :procrastination paradigme et consorts !

Pierre CLAuSTRE, 62 ans38200 VIENNE

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COLLECTiF – ÉCOLE ÉLÉMENTAIRE yOURI-GAGARINE – Classes de CM1/CM2 – 69120 VAULX-EN-VELIN – Enseignante : Cécile ROUChOUSE

« En dix mots comme en cent » – Avril 2015 – Page 12

Amalgame : danse arabe où, exceptionnellement, hommes et femmes se trouvent sur la même ronde.

Bravo : nom donné, en provençal, à un petit garçon courageux.

Cibler : être efficace, en Suisse alémanique.

Grigri : insecte nocturne dans les zones désertiques, qui émet un chant proche de celui du grillon.

inuit : il vaut mieux préférer l’écriture « e-nuit ». C’est le noir sur la toile quand Internet bugge.

kermesse : bière belge ambrée, fermentée deux fois.

kitsch : nom donné en Bavière aux beffrois de l’époque rococo.

Sérendipité : exclamation signifiant le dépit, la frustration en vieil anglais. Remplacé aujourd’hui, en français, par « zut » !

Wiki : jeu de société tahitien où chaque joueur doit découvrir rapidement qui est son partenaire.

zénitude : nom donné à la ligne d’horizon lorsque le soleil se couche et que seule l’aura éclaire encore le relief.

isabelle CATTELAiN, 56 ansATELIER D’ÉCRITURE DE LA

MJC DE BELLEGARDE-EN-FOREZ42210 BELLEGARDE-EN-FOREZ

Animatrice : Isabelle CATTELAIN

SLAM AVEC SÉRENdiPiTÉ

Pitié ! Las d'être assis, serré dans cette salle à transpirer sur la sérendipité.

Lacère, la serre, serre, cerf, sert, serpent, hareng, pis, la pis lazuli, serti, tipi, pis que de dîner de dips épicés hanté par un édenté endetté,serré par ce type, trempé, sorti de la piste de danse.

Pitié ! Assez disserté !

Du thé, des radis, une tendre pensée, une idée, un hippie, une pépite ou seulement un répit mais décapitez la sérendipité !

Annie FANTiNO-LuYSSEN69100 VILLEURBANNE

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« En dix mots comme en cent » – Avril 2015 – Page 13

LE dÉBuT dE MA NOuVELLE ViE

Je m'appelle Camellia. Il y a cinq ans, j'ai rencontré un garçon,Polo. Il est très beau, très gentil mais surtout très maladroit.hier il m'a donné rendez-vous au parc. Je me suis préparéemais je m'attends au pire. Il est là, tout seul sur un banc. Il sortune petite boite à bijoux en bois avec plein de strass, il se metà genoux et dit d'une petite voix tremblante :« Camellia veux-tu devenir ma femme ? »Il allait me passer la bague au doigt quand, tout à coup, il lalâche et elle tombe dans l’égout. Il en fabrique une avec unebrindille. Je suis surprise mais elle me plaît bien. Nous décidonsde partir à Bali pour nous marier dès le jour suivant.Nous ciblons une jolie mairie un peu kitsch. J’ai revêtu unerobe blanche avec une grande traîne sur laquelle marche Polo.À la sortie, tout le monde crie « BRAVO, BRAVO ! ».Plus tard, c'est un inuit qui apporte le gâteau. Et là encore,Polo glisse et renverse la pièce montée.Je garde ma zénitude mais je sens que ma vie risqued’apparaître sur Wiki si je ne trouve pas de grigri.

Maeva ziANECOLLÈGE GEORGES-POMPIDOU

Classe de 6e C38640 CLAIX

Animatrice : Nicole Loynet

CiBLER CEux dE CHARLiE

Ceux qui croquaient nos figures libres Ceux qui faisaient forniquer l’insolenceCeux dont l’encre du talent noircissait les veines Ceux qui décapaient nos consciences endormies Ceux qui n’avaient que des crayons pour armesCeux qui gardaient le visage découvert et confiantCeux qui n’aimaient que les gilets pare-bêtise.

Satire, combat pacifique, liberté d’expression.

Ça se détruit avec de la haine et une bonne panoplie :Courageusement s’armerEnfiler sa cagoule, ajuster son gilet pare-ballesEt, à bout portant, tirer, tirer, tirer…

Ça tire, carnage sanguinaire, humanité en berne.

Pensez-vous pouvoir étouffer l’humourFaire taire la raison, museler le courage ?Aujourd’hui, nous sommes tous des Charlie libres etsonnés.Pour le silence, ne vous trompez pas, c’est juste uneminute.Ensuite, nous serons nombreux et en rangs serrés à soutenir les rotatives de la liberté d’expression. Insolemment, résolument.

Nous cibler tous, le pourrez- vous ?Sachez que, d’où ils sont, ceux que vous avez tuésContinueront sans fin à faire des bras d’honneurPour répondre haut et fort à vos délires armés.

Babette COuSiNASSOCIATION POUR LA PROMOTION DE L’ÉCRITURE

ET DE LA LECTURE (APPEL 73 MDE)MAISON DES ASSOCIATIONS

73000 ChAMBÉRyAnimatrice : Sylvie MORA-hALBwAChS

s' A malgamer les uns et les autres

M élange des genres et des cultures, une

A utre idée de la vie ensemble émerge

L e mouvement créatif des mélanges

G arde la forme ronde du monde

A grandit les possibilités d'invention

M alaxe la pâte des hommes :

E vidence de la force des mélanges

Lali BOuRdOuLi, 49 ansASSOCIATION MIRLy SOLIDARITÉ

69005 & 69009 LyonAnimatrice : Claudine Arnaud

AMALGAME – Stéphanie duPY, Noël POzzO di BORGO, Cécile GEORGES, Brigitte MERCiER, Françoise FEuTRY, Marie-Pierre GuiYOuLEATELIER Tremplin ANEPA – 69001 LyON - Animatrice : Elisabeth ChADI

LA kERMESSE dESdix MOTS

Serrant dix pépites, mes doigts – d’unesempiternelle plume – accueillent et picorentles dix mots rieurs, transparaissant de lasérendipité ! Trépider, me pétrir de la sèvequi me pique, atypique ! L’œil s’hyperlie àl’hypertexte. Sans ouï-dire, je prétexte ducontexte et je capte le wiki... avec tact ; ils’emballe, je déballe une cargaison de grigrisqui me grisent, je m’agrippe, prends pourcible l’indicible ; je zappe, zozote et m’insufflede zénitude mais la muse impassible, d’unrevers kitsch, s’amuse ; inaccessible, elle mequitte ! Ça me gratte et je glisse dans lemagma cuisant de la crise d’eczéma, j’ai lesgammas qui grimpent ! Faut-il revoir mesgammes ? Danser la bergamasque ? Oh,m’agourmandir, concocter un amalgame decocktails servis sous la coque d’un igloo lanuit, s’il ne nuit à l’inuit, dans la discontinuitéde mes abracadabras ! Ah, cette magie desbravos brandis par l’amoureux du slam quis’ébaudit avant de rejoindre la kermessepour la grand-messe des dits mots.

Marie-France MORiAuxATELIER D’ÉCRITURE DU

SALON DES POÈTES DE LyON69003 LyON

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« En dix mots comme en cent » – Avril 2015 – Page 14

SONGE CHROMATiQuE

Je me suis enfermée dans une bulle, ma bulle.

Jamais je ne m’étais retrouvée dans un moment aussi doux. Lorsque j’aifermé les yeux, la première couleur qui est apparue était le bleu. La couleurdu ciel une couleur sereine et pleine de merveilles. La deuxième était le violetprune magnifique, velouté. Puis le rouge, une couleur forte, intense, pleined’imprévus. Mais ma couleur favorite c’est le vert bleu, un bleu canard tendreet précieux. Et c’est ainsi que se déroula ce songe chromatique.

J’étais dans un climat de parfaite zénitude !

Ce moment était privilégié ! Il n’a duré que quelques secondes mais il auraitpu durer davantage, j’en aurais été la première ravie !

Lou BORdET, 12 ansCOLLÈGE JEAN-PERRIN

69009 LyonProfesseur de lettres : Mme Monfront

AMALGAME

L’information, quel amalgame !Vies publiques et vies privéesÀ tout instant sont dévoilées.Comment n’y pas perdre son âme ?

COLLECTiF – Participants de 40 à 87 ansATELIER D’ÉCRITURE DE LA BIBLIOThEQUE DE POISAT

38320 POISATAnimatrice : Laurence JAMES

LA kERMESSE

Mesdames, Messieurs, vous avez fait le déplacement, depuisvotre ville, je vous dis bravo ! Vous êtes les bienvenus dansnotre troisième kermesse de l'année !

Sachez que nous avons mis les moyens afin de vous accueilliravec joie et zénitude. Il ne s'agit pas d'un wiki, ce que nousvous proposons est une réalité, comme vous pourrez leconstater au fil de votre promenade autour des stands.

En effet, vous pourrez, au gré de vos préférences, chiner nonseulement des objets kitsch, des grigris (encore très prisés)mais, et cela vous paraîtra inoui, vous aurez encore l'occasionde faire connaissance avec des objets crées par le peuple lnuk.Ces inuits, venus d'Amérique du Nord, vous surprendront parleurs créations !

Attention, nous ne ferons pas l'amalgame entre les objetsrecherchés pour raisons sentimentales ou tout autres raisons,avec les sérendipités qui ont le pouvoir de nous surprendre,car inattendues ou accidentelles. L'innovation de notrekermesse est qu'elle va vous permettre de cibler desinventions techniques ou scientifiques. Nous apprendronsalors, si nous sommes attirés par la science ou la technique,comment certaines inventions ont été découvertes de façoninattendue !

Ainsi, nous vous laissons le plaisir de vous promener au gréde votre fantaisie, mais en sachant que cette promenade, touten vous distrayant, vous ouvrira l’esprit sur des découvertes.Nous espérons que votre journée sera agréable et instructiveet vous procurera un irrésistible désir de revenir l’an prochain.

Bonne journée à tous et bons achats !

LaurisCOLLÈGE SAINT-ChARLES

Classe de 6e

13200 ARLESDocumentaliste : Flavia NUNES-COCONAS

MOTS dE TOuS âGES

J’ai cinq ansJe pleure parce que maman elle a pas mis grigri dans mon cartable, que maintenant c’est l’heuredes couchettes et que les autres ils ont tous leurs doudous. La maitresse me caresse les cheveux.

J’ai quinze ans et deux joursBon d’accord Norbert ça fait un peu kitsch mais il est trop cool. Et puis quand il remue les jambesau rythme du son avec son casque sur la tête il me fait planer. J’crois que j’suis folle amoureuse.

J’ai quinze ans et cinq jours (je hais les week-ends) Il s’est assis à côté de moi dans le car ! On a parlé, on a ri et puis on a parlé encore. Avant dedescendre il m’a embrassée, très vite. Il est trop beau. J’en suis dingue. En rentrant j’ai sautillécomme quand mémé m’emmenait à la kermesse.

J’ai vingt-trois ansAujourd’hui je me marie. Il s’appelle Alban. On s’est connu à la BU. Je cherchais le livre L’Avisdes mots et j’ai trouvé l’homme de ma vie. y a un terme pour ce type de hasard je crois, «sérendipité » un truc comme ça.

J’ai trente-deux ansC’est bien le temps partiel. Je peux aller chercher Claire à l’école avec Nicolas. Il adore ça. Il faitdes bravos avec ses petites mains dès qu’il la voit arriver. C’est bon les enfants. Je vais leur fairedes crêpes pour le goûter.

J’ai quarante-six ansLa conseillère d’orientation demande à Nicolas de cibler son objectif professionnel. Parce qu’ellesavait ce qu’elle voulait faire elle à seize ans ? En plus j’suis pas sûre que son métier existait àl’époque alors …

J’ai cinquante-quatre ansJe suis à Pôle Emploi. Virée parce que je suis trop vieille. Je regarde les manteaux râpés et lesbaskets trouées. Derrière les portes, des cris, des rires, des pleurs. Les employés doivent boufferdes tonnes de capsules de zénitude pour encaisser tout ça.

J’ai soixante-trois ansOn va voir les jumeaux ce week-end. Le train est en retard et ça m’énerve alors je pianote surmon téléphone. Je profite du wifi pour errer entre Wiki et willemse. Alban lit le journal. C’estfou ce qu’il est devenu patient depuis qu’il est grand-père.

J’ai soixante-dix-sept ansMarie-Pierre m’a demandé de l’accompagner à une conférence sur les inuits. La dernière foisc’était sur les Papous. Il me manque. Je passerai par le cimetière avant.

J’ai quatre-vingt-neuf ansC’est mon anniversaire. Tous les pensionnaires sont autour de moi, attendant que je souffle mesbougies. Cet amalgame de crème et de confiture dégoulinante me révulse. Qu’est-ce qu’ellecroit la directrice. Qu’elle peut me servir de la charpie parce que j’ai plus de dents ?

Véronique LYANT 69380 ChATILLON

AMALGAME – Estelle GuiLLAuME, 12 ans – ATELIER ART DU CENTRE SOCIAL DE GRIGNy – 69520 Grigny ANIMATRICE : Evelyne DROZ

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« En dix mots comme en cent » – Avril 2015 – Page 15

AMALGAME

Amalgame… amalgamePic et pic et colégramOn dirait une comptine, ça sonne bien…halte-là, on ne rit plus, on risque la dériveIl ne faut pas tout mélangerPas d’amalgameC’est devenu un leitmotivOr, il me vient l’image de la confection d’un gâteau :

Prenez 3 œufs, mélangez bien les blancs et les jaunes, puis ajoutez un yaourt, fouettez pouramalgamer, versez 2 mesures de sucre, remuez vivement. Incorporez peu à peu 3 mesures de farine,la pâte devient lisse et homogène, reste le demi-verre d’huile, la levure et le petit paquet de sucrevanillé, et enfournez.On a bien mélangé tous ces ingrédients, mais personne ne pense que les œufs sont de la farine, ni quefarine égale sucre, par contre, chacun reconnait que c’est l’alliance de ces divers produits qui a fait cegâteau. À aucun moment, on ne dénigre l’un ou l’autre, chacun est important, indispensable, sinon legâteau est raté. Si l’on avait cassé un œuf mauvais, on l’aurait écarté, mais l’on n’aurait pas jeté toutle panier…Ce serait bien si l’on pouvait faire de même avec toutes les communautés vivant chez nousAmstramgram… Amalgame ?

Reconnaître les valeurs de chacun, les mêler à celles de l’autre, comme pour faire un gros bouquet,aux multiples couleurs, aux sublimes senteurs

AMALGAME… PIC ET PIC ET COLÉGRAM ?

Monique GAuTHiER, 75 ansATELIER PAROLES DE PLUMES

69100 VILLEURBANNEAnimatrice : Annie FANTINO

CEux Qu’ON N’APPELLE PLuS !

À tous ceux qui font des amalgamesArrêtez de vous prendre pour BatmanJe regarde, Tu regardes la même chose que moiUne fois c'est l'un, une fois c'est l'autreMais au final chacun sa faute.

Au 20h on ne parle que de ce qui ne va pasLes crimes s'organisent comme des kermessesMais n'oublie pas Que ceux qui les commettent Sont emplis de sécheresses et de faiblesses.

Malgré tous ces grigrisL'avenir n'est pas encore écritEt main dans la main, tous ensemble,Le monde grâce à toutes ses sérendipitésNe finira pas décapité.

On finit tous ciblés, blessés, touchés, coulésEt les causes sans but perdent toute crédibilité

Bravo, je m'incline devant tant de stupidité, Mais je me relève avec ceux qui ont des idées,Pour créer, innover et penser.

Changeons notre attitudeEt que règne sur le monde une pleine zénitude.Un petit verre de wiki posé sur le balcon Peut-être que ça aidera le monde à tourner plus rond.

Malgré tous ces grigrisL'avenir n'est pas encore écritEt main dans la main, tous ensemble,Le monde grâce à toutes ses sérendipitésNe finira pas décapité.

COLLECTiF : Adam diOuRi, Marie BARATERRO, Anaïs BERTHOME, Alix CHARViN, Marjorie CHENiVESSE, Cécile GOdARd, Élodie LAMBERTi,

Jade LAuRiAN, Luciana OLiVEiRA, Maryline PHAN et Léa CLERCLyCÉE PRIVÉ LA XAVIÈRE

69008 LyONAnimatrice : Nadia GUIChARD

z e suis, n'en doutez pas, un précieux instant ivre,

E n donnant le bien-être et la douceur de vivre ;

N e résistez zamais à l'appel qui délivre ;

i l va de soi qu'un soir ce calme savoir-vivre,

T ête à tête avec lui, vous voudrez bien le suivre ;

u n peu de rêve encor quand vous prenez un livre,

d ans un fauteuil douillet ou votre lit de cuivre,

E n restant zen, ze sais que vous pourrez survivre.

Jacqueline PAuT, 67 ansATELIER D’ÉCRITURE DU SALON DES POÈTES DE LyON

69003 LyONContact : Marie-France MORIAUX

Va vient revientAmalgame de regrets– Il suit sa canne

Bravo ! Le soleilEnfin décide d’obéirÀ la météo

Tri sélectifLes pétales de cerisierCiblent le bac jaune

La tellineRamassée dans le sable– Grigri des vacances

Salle de coursPar la fenêtre la neige– Rêver aux inuits

Frissons sous la pluieAbandonnée sous la brumekermesse d’automne

Lui tient compagnieLa forêt d’oiseaux colorésPapier peint kitsch

Sérendipité ?Ah ! Oui ! Sérendipité ! Mais oui bien sûr

Les yeux rivésÀ son iPhoneBug d’Amour sur Wiki

Magazines ouvertsMêlés aux draps froissészénitude dominicale.

Christiane OuRLiAC, 59 ans93100 MONTREUIL

Je vous ai réunis pour faire le point sur notre campagne publicitaire :Pour ce produit nous avons ciblé un créneau de clientèle très précis.Il ne s'agit pas de faire un amalgame avec les produits de nos concurrents.Notre produit n'est pas un quelconque grigri bas de gamme, il est trèskitch.Il ne se commercialisera pas dans des foires et autres kermesses, ni surInternet avec Google et autres wikis, pas question de le trouver en faisantde la sérendipité.Comme support de notre campagne, nous avons choisi de photographierun inuit qui consultera l'heure, il est en état de zénitude complet, ensouriant face à l'immensité du désert arctique.Je tiens à remercier et à dire bravo à notre service publicitaire qui aélaboré cette campagne.

Joseph SANdiER, 67 ansATELIER D’ÉCRITURE DE L’ASSOCIATION

GÉNÉRATION EN MOUVEMENT69160 TASSIN-LA-DEMI-LUNE

Animatrice : Claudine DELERCE

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« En dix mots comme en cent » – Avril 2015 – Page 16

zÉNiTudE

Dans le calme et le silence J'apprends mes leçons, Dans le calme et le silence Je pense, Dans le calme et le silence J'imagine des histoires, Dans le calme et le silence La zénitude prend place.

Maude GAuTHiERCOLLÈGE ÉMILE-ZOLA

Classe de 5e 669220 BELLEVILLE

Professeur : Sandrine TROLy

HASARd Ou SÉRENdiPiTÉ ?...

Boulevard des concitoyens,La kermesse bat son plein,Et dans l’amalgame des baraques,L’odeur du caramel qui craque,À l’appel de la gourmandise,Un manège venu de la banquise,Prônait ses rennes et ses traineaux,En chantant à tue-tête,Dans ce méli-mélo de fête,« Douce France berceau de la tolérance »Cher pays de l’abondance !...Bizarre d’entendre cette voix amieEntonnée par ce voyageur conquis.Ciblé par les enfants, les badauds,Le hasard ou la sérendipité,Surpris de voir un bel inuit,Conduire avec zénitudeSa foraine équipée sous les bravos,Et le cliquetis des grelots.Messagers en kitsch de wiki,Qui réveillent un grigri,Au cœur des passantsL’imaginaire d’un conte d’antan,Petite étoile qui luit,D’un doux instant de plénitude !...

Anne-Marie PERSONNE, 83 ans69004 LyON

TRANSPARENCE

Transparence de l’air, blancheur de l’univers :voici la grande kermessede la rencontre entre ciel et terre,où les mots, fines pâtisseriesdéguisés en grigris,content fleurette aux poètes.

Par sérendipité se crée la musiquedes « sanglots longs des violons »,amalgame du chant général unique,diffusé en musique de fond.

L’inuit, dans le vent de la toundra, l’entendra, loin du kitch et des modes et des époques,dans une zénitude de neige, plongé,une fois ses rennes à l’abri, rassemblées.

« Wiki ! Wiki ! » C’est à son troupeau qu’il le criera, pour le faire avancer, dans ces sites ciblés de Mongolie toujours changeants,où le chien jaune, en courant, suit les enfants.

« Saute sur le traîneau, on te cachera sous les peaux.Tu es le brave chien qu’il nous faut,« Bravo ! » « Bravo ! »,tu es doux et flamboyant,tu es doux à nos mains d’enfants ».

danièle SAVOiE, 72 ans69100 VILLEURBANNE

LA SÉRENdiPiTÉ

En décortiquant les lettres et les syllabes de cetitre on peut faire une foule de mots, qui peuvents’exprimer en un slam délirant.

Danse ! Et la piste pépiteLa danse transpirePitre, errant, serpent !Tendre serpentLa danse rend tendreLa danse rite l’artRapidité, pitre dépitéLa danse rapidité Pitre, pitié, pissée, lapée, la danseDis ! Pitié la danse !La danse éventrée La danse éventée La danse, dîner priséLa danse, atterrée La danse tendre ! Et lasse Puis sérendipité et la danse serpente Étreinte de la danse La danse serpent, tente, tente, tente, La danse serpente, serpente… Étreinte de la danse Transe de la danse ! Pitié la danse ! Pitié la danse !Répit la danse ! Répit la danse !Assis ! Assis ! SérendipitéDanse éteinte, étripée éventréeDanse lasse. Étreinte, étripée, éventéeÉteinte, la danse ! Éteinte, la danse ! Éteinte, la danse !

Janie ARGOud69800 SAINT-PRIEST

iGLOOS ET iNuiTS

Petits igloos de glacehabitations fragilessous la voie lactéeDans cet universen voie de réchauffementCivilisation sur un filinuits et igloosOurs polairesen voie de disparitionCivilisation sur un filOurs polairescherchant désespérément la placesur un bloc de glaceen voie de dissolutionQui pense à vous ?

Myriam MONFRONTCOLLÈGE JEAN-PERRIN

69009 Lyon

Pour moi, Grigri est un oiseau qui chanteQui me fait penser à ma famille.C’est difficile.Grigri est un plaisir d’amourUn jour de bonheurAvoir envie de faire plaisir à quelqu’un.Grigri est une chance et me permet de faire des chosesextérieuresFaire voir aux gens que l’on peut faire un spectacleQui me remplit de joieGrigri les gens sont souvent étonnésGrigri me permet de faire autre chose que la danse,Comme la terre, le décopatch.Grigri me permet de rentrer en week-end en famille.J’en suis fièrePour moi, Grigri représente le bonheur.

dominique JARRu, 58 ans ATELIER ARIMC PÔLE OUVERT D’ÉCULLy

69130 ÉCULLyIntervenant :

Claudine ARNAUD – Les arTpenteurs

SÉRENdiPiTÉ – Jean-Philippe Duran, 40 ans – 69270 FONTAINES-SUR-SAÔNE

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« En dix mots comme en cent » – Avril 2015 – Page 17

VOYAGE dE L'AFRiQuEVERS L'OCCidENT

Le premier contact avec l'Occident

C'est la ville de Paris en 1984

1er choc : le mois de novembre, il fait froid

2ème choc : tout est gris

3ème choc : me retrouver à suivre instinctivement la foule

pressée du métro, comme s'il fallait fuir un danger imminent

4ème choc : les voisins, sur le pas de leur porte, qui ne saluent pas

5ème choc : l'exiguïté de l'appartement

6ème choc : les gens qui dorment dans la rue,

Les blancs qui me demandent l'aumône

7ème choc : mon porte-monnaie emporté dans une rame de

métro

8ème choc : la kermesse de quartier où, d'une table à l'autre,

Rien ne se dit

9ème choc : les visites des monuments et des musées de Paris,

qui me permettent de sortir des cartes postales

10ème choc : toucher du doigt les splendeurs du génie français

Ferdinant TCHANGA, 64 ansATELIER D’ÉCRITURE CENTRES DE L’AURAL

69008 LyONIntervenant : Claudine ARNAUD – Les arTpenteurs

Ils étaient huit inuits. Ils sont partis chez le Père Nuite. Ils se sont perdus dans lanuite. En mangeant des frites mal cuites et des biscuites, ils regardent les papillonsde nuite. Ils ont oublié les fruites. Ils entendent du bruite, ils prennent la fuite, c'estl’huître géante qui les poursuite. Vuite ! De la fumée ! Pfuit ! Voilà le Père Nuite. Laporte est ouverte, les huit inuits ne sont plus en fuite !

AntufatiCOLLÈGE AIMÉ-CÉSAIRE

Classe ULIS69120 Vaulx-en-Velin

Animatreurs : Mme BAZIN , M. BAFOUNTAet Vanessa COUARD, documentaliste

uN MONdE FANTASTiQuE

En bas de chez moi, dans mon quartier, il y a desserpents kitsch, des inuits qui volent sur des licorneset des kiwis qui font du Wiki : on se croirait à unekermesse ! Un jour ma voisine la papillote géante m'aoffert un grigri et une photo du Laos. Là-bas, lescerises volent, les pandas crient « bravo » : c'est unamalgame de choses incroyables !

Juliette d.COLLÈGE GEORGES-POMPIDOU

Classe de 6e D38640 CLAIX

Animatrice : Nicole LOyNET

Venez, montez sur les montagnes russesdes tournures, tirez aux fléchettes sur lesfautes, tournez, retournez et tournezencore sur le grand manège syntaxique,n'ayez pas peur du kitsch, régalez vous dedictons sucrés, de petites maximes un peugrasses, amusez-vous, chamboulez tout,fêtez comme il se doit la facétieuse languefrançaise !

Agathe dESGRANGESATELIER D’ÉCRITURE ChATULIVRE

26300 ChATUZANGE LE GOUBETAnimatrices :

Evelyne ChOVET et Agnès CAROSSO

AA ttention à ne pas tout

MM élanger

AA ttention à ne pas

LL oger tout le monde à la même enseigne, à ne pas

GG énéraliser

AA ttention à ne pas

MM almener, marginaliser ou menacer

EE vitons les Amalgames

Mariglen et Shkelzen dAuTi, Emil JiVkOV,Altin kONESHA, Mirela iasmina SAiN,

Noémia BERNARdO, Widad et Baber CHAdLi,Omran EL kHAOudi, Fouad FOuGHALi,

Saadaoui MERMOuCHi, Magomed MuSTRiGOV,Chanel LONGO, Hadjer SAdiA,

Faissoilli SAid et Mody TOuRE.COLLÈGE hONORÉ-D’URFÉ

42024 SAINT-ÉTIENNEEnseignantes FLE/FLS :

Justine FOURNIER et Maggie IyASSUArts plasiques : Laurence GRAB

zÉNiTudE – Enfants du C.L.A.E. – CENTRE SOCIAL ET CULTUREL DES BAROLLES69230 SAINT-GENIS-LAVAL – ANIMATEUR : François NAGIR

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« En dix mots comme en cent » – Avril 2015 – Page 18

SLAM dE BiENVENuE

Chez nous, ça sent la cage d'escalier, ou bien legazon coupé.Chez nous, pas de zénitude, si tu sors, t’es ciblé.Nous sommes les renfermés.Chez nous ça sent le grigri mouillé, les merguez deskermesses, les kleenex imbibés de barbes à papa maldigérées. Un amalgame de rêves Perfusés.Nous sommes les renfermés.Chez vous ça sent surement plus fort, ça sent un peuplus que wiki, ça sent l’inouï, ça sent comme ça crie, ça inuit l’inusité, mais ça sentcomme ça vit.Chez nous, ça sent comme chez nous, vague écho devos bravos,De vos récits récités, de vos récitals étalés. Murs malinsonorisés.Nous sommes les renfermés.Chez nous ça sent la peur, ça sent les espoirs en-allés,ça sent les courses au Bricomarché. Les zéros comme écot.Chez nous, ça sent la sérendipité différée.Nous sommes les renfermés.Chez nous ça sent le brushing kitch, le pliz qui crise,ça sent les plis capitalistes.Les restes d’étal. État létal capitonné.Nous sommes les renfermés.

COLLECTiFCOLLÈGE ÉMILE ZOLA

Classe de 3e 569220 BELLEVILLE

Professeur : Nathalie PerekAnimateur : hassan Guaid

zÉNiTudE

Assis dans la juste attitude,Le moine au regard de cristalLaisse venir la zénitudeDans la vacuité du mental.

COLLECTiFATELIER D’ÉCRITURE

BIBLIOThEQUE DE POISAT38320 POISAT

Animatrice : Laurence JAMES

Bravo l'artisteBercée par ta musiqueMe suis endormie

Léa AOuN, 53 ansASSOCIATION MIRLy SOLIDARITÉ

69005 & 69009 LyonAnimatrice : Claudine ARNAUD

Sur la mappemondeRêvant d'être aventureuseJe cible un point au hasard

Josiane PARACCHiNi, 85 ansATELIER LE TEMPS DE LA POÉSIE

hÔPITAL GÉRIATRIQUE DES ChARPENNES69100 VILLEURBANNE

Intervenant : Claudine Arnaud – Les arTpenteurs

Figurez-vous que certains hurluberlus rhône-alpains n'ont d'autres grigrisque de proposer à leurs contemporains de s'amuser à écrire avec desmots qu'on ne choisit même pas !

Attention, pas d'amalgame, c'est pas du Queneau qu'on nous demandemais…presque !

On a :

• le droit de faire du kitch, du marrant, du triste, du vrai, du faux,

• de faire appel à Wiki pour nous aider, faire jeune, et en faire parler !

• de cibler notre support comme on veut : récits, dessins, collages,poèmes, vidéos, chansons...

• d'écrire en rond, en biais, de bas en haut, de haut en bas, en diagonale,en gras, en vert, en rouge

• jaune ou bleu sur du papier peint, glacé, alu, carton et même sur unécran !

• de malaxer les mots, les sons, les sens, dans la sérendipité la plusabsolue !

On fait ce que l'on veut ! Ce que l'on veut je vous dis !

Si ça c'est pas la zénitude attitude, reste plus qu'à rejoindre les inuits aufin fond du Canada !

Après, on poste, on attend et on croise les doigts ! …

Car si on participe, on peut être publié !

En plus, on nous promet une grande kermesse pour nous direjoyeusement : Bravo ! Bravo ! Bravo !, danser tous ensemble et boire unverre en lisant les contributions de chacun...

Je vous promets, avec les 10 mots, on se donne toujours rendez-vouspour l'année prochaine !

Nathalie NuEL, 42 ans42000 SAINT-ÉTIENNE

Un grigri gris est tombé comme un pantin mou sur le sol gris. Grise sa mine et gris letapis perle sur lequel il s'est endormi, grisé de zénitude...

Françoise JACQuET, 60 ansATELIER D’ÉCRITURE DE LA MJC

01120 MONTLUEL

kiTSCH – Nathalie C. – CENTRE hOSPITALIER DE SAINT-CyR-AU-MONT-D’OR – Animatrices : Christine ChALARD, Annette PELTIER, Odile METTLING

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« En dix mots comme en cent » – Avril 2015 – Page 19

PETiT PRÉCiS à L’uSAGE d’uN JEuNEAMOuREux dES TEMPS MOdERNES

Un peu kitch, un brin rétro, sembleront ces quelques mots, que troubadours etautres trouvères déclamèrent sous les bravos, lors de ripailles et autres kermesses,si populaires en ces temps féodaux.Briser la glace, sans équivoque, sera pour vous le maître-mot. Tel un inuit guettantle phoque, vos paroles seront son javelot.Cibler son cœur pour mieux l’ouvrir, à vos paroles, à vos récits. Vos complimentsseront sincères. Pour cela, nul besoin de recourir à Wiki ou autre grigri, réservésaux êtres nés sans esprit.Et si, hélas !, il s’avérait que son sourire si spontané laisse apparaître quelquesamalgames ou autres particularités, il conviendrait d’accepter, selon le principe desérendipité, ces découvertes inopinées. Et pour conclure sans plus tarder, un dernier conseil à vous donner : lors du premierbaiser, la zénitude sera votre meilleure alliée !

Nathalie FERNANdEzATELIER D’ÉCRITURE ChATULIVRE

26300 ChATUZANGE LE GOUBETAnimatrices : Evelyne Chovet et Agnès Carosso

Nous sommes à la Sorbonne que nous visitons dans le cadre d'une rencontreinternationale où figurait au programme un exposé sur l’évolution de la languefrançaise. Une occasion de rencontrer un amalgame d'étudiants, d’étudiantes detoutes couleurs de toutes nationalités.

La salle « des pas perdus » offrait une ambiance festive, bruyante, une sorte dekermesse des mots entendus... Des groupes s'étaient formés, et échangeaient leurs impressions, voire leurétonnement, dans ce temple pour un temps de la francophonie...

• T'as entendu, ils nous ont piqué grigri, s’esclaffe un étudiant congolais.

• Pas méchant ! Ça se comprend très bien pour ces français devenus superstitieux !rajoute son voisin ivoirien.

• J'ai failli hurler de dépit quand j'ai entendu wiki, moi, Krystelle, néo-zélandaise.Je sais ce qu'est devenu notre aptéryx national Kiwi : un fruit chinois... et maintenanten lui faisant un tête-à-queue, on l'introduit dans l'univers web, mystérieusementà la source d'une découverte !

• Oh oh ! Trépigne l'anglais, impatient d'intervenir. Que ne nous ont-ils pasemprunté ces français, nous qui avons créé le langage informatique entre autres. Àcroire que leurs académiciens n'ont guère d'imagination ! Un exemple : sérendipitéquel hasard, qui conduit à une découverte. C'est joli ce mot ! C'est savant, c'estanglais !

Une étudiante bavaroise en costume folklorique s'avance vers notre groupe,heureuse d'apporter son eau au moulin.

– Et oui, le conférencier a cité un mot de chez nous kitsch, pour qualifier deringardes, d'indigestes, pourquoi pas d'anesthésiques, des expressions désuètes...J'avais cru comprendre « quiche » mais le professeur nous avait averti de ne pasgoûter à ce « plat ». Par contre, je vous invite à dénicher les mots souvent trèsbeaux, d'origine germanique.

Parmi toutes les interventions, répliques spontanées, à ces échanges linguistiques,littéraires, internationaux, une voix soudaine fusa, semblant cibler toute l'assistancedéambulante... les regards se portèrent vers cet homme, assis, discret, absent ;étudiant attardé ou touriste curieux qu'un bonnet de fourrure et un anorakrappelant le pelage d'un isatis nous présentaient comme un inuit descendu de sabanquise.

Brusquement, il se leva, et prenant l'assistance à témoin, il prononça ces quelquesmots : « Venez chercher chez nous la zénitude ! Bravo, et merci pour votre accueil ».

Un long et vibrant applaudissement ébranla ce haut lieu de la culture française. Puisl'homme disparut tranquillement.

Jean JACQuiN, 82 ansATELIER D’ÉCRITURE DE L’ASSOCIATION

GÉNÉRATION EN MOUVEMENT69160 TASSIN-LA-DEMI-LUNE

Animatrice : Claudine DELERCE

iNuiT – COLLECTiF – Classe de CE1 – ÉCOLE MIChEL SERVET – Enseignant : Raphaël VULLIEZ

MAudiTS dix MOTS

GRiGRi, gragra, grogro, grugru, Ah ! Gruyère ! Non grigri.

kiTSCH, pitsch, pschitt, quiche, Ah ! Ouich !

SÉRENdiPiTÉ, serpendité, serre en pitié, serpent dépité, Ah ! C’est pitié !

zÉNiTudE, altitude, platitude, zen en étude, Ah ! Zen zen ! Non zinzin.

Wiki, kiwi, kiwiki, qui qu’a vu qui ? wikiki, Ah ! waykiki !

iNuiT, inouit ou inuit ? huit à huit ou ouit à ouit ? Ah oui oui y va vite. C’est inouï !

kERMESSE, mais qu’est-ce ? Merques, messker ?

CiBLER, sabler, cribler, ciller, blairer, blibli, blabla !

AMALGAME, galamal, glamalam, glamaval, Ah ! Vague à l’âme !

BRAVO ! ALLÔ ! NON MAIS ALLÔ QUOI ! Bravo.

BERNAdETTE PANTEL, 64 ans38320 POISAT

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« En dix mots comme en cent » – Avril 2015 – Page 20

En « dix mots » comme en cent...

Édité à l’occasion de la 20e Semaine de la langue française et de la francophonie (14 au 22 mars 2013) par l’Espace Pandora.

Renseignements : Espace Pandora – 04 72 50 14 78

Directeur de la publication : Thierry Renard

Rédactrice en chef : Julie Dorille

Conception graphique et suivi : Myriam Chkoundali

Visuel de couverture : © Calligraphie de Salima Lekouara

Impression : IPS — REyRIEUX (01)

ISSN 2268-4832

Les dix mots font la fête ! à VienneSamedi 21 mars 2015

On écoute...

On récompense... On lit...

On danse avec Les Gars de la marine...

On expose...

On conféslam avec La Tribut du Verbe…

©M

arie

Delo

rme

Bref, on fait la fête !