Emile GALLÉ (1846-1908) · (1846-1908) "Depuis longtemps, je suis épris des bois de pays, ......

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MONTAGNIER DIANE MAR 54 2008-2009 Lycée POINSO-CHAPUIS Dossier Marqueterie Emile GALLÉ (1846-1908) "Depuis longtemps, je suis épris des bois de pays, du chêne au grain robuste et fier, du noyer odorant et fin, des cuivres étincelants sur les crédences lorraines, des rouets vosgiens au tournage délicat". (1889)

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  • MONTAGNIER DIANE MAR 54 2008-2009 Lycée POINSO-CHAPUIS

    Dossier Marqueterie

    Emile GALLÉ (1846-1908)

    "Depuis longtemps, je suis épris des bois de pays,

    du chêne au grain robuste et fier, du noyer odorant et fin, des cuivres étincelants sur les crédences

    lorraines, des rouets vosgiens au tournage délicat". (1889)

  • SOMMAIRE

    A) EMILE GALLÉ p.3

    1) Biographie p.3 2) Influences p.5 3) Meubles représentatifs p.6

    Salon p.6 Salle à manger p.7 Chambre à coucher p.8

    B) CONTEXTE HISTORIQUE p.10

    1) Evènement historiques p.10 2) Inventions et évènements culturels p.11

    C) ART NOUVEAU p.13

    1) Historique p.13 2) Inspiration p.14 3) Matériaux p.16 4) Mobiliers p.17

    D) ETUDE D’UNE MARQUETERIE p.19

    1) Techniques p.19 2) Etude d’une marqueterie de Gallé p.20 Calque p.21 Etude colorée p.22

  • A) EMILE GALLÉ

    1) Biographie

    Emile Gallé est né le 4 mai 1846. Fils d’un maître verrier, il est très tôt en contact avec le monde de l’art (faïencerie et cristal) et du commerce. Après l’obtention de son baccalauréat littéraire à Nancy, il se rend en Allemagne, à Weinar de 1862 à 1866, pour faire des études de minéralogie, philosophie, dessin, et botanique. Il s’intéresse à la chimie et apprend les métiers du bois et du verre, notamment les techniques du verre soufflé. Il se lie d’amitié avec Victor Prouvé, et tous deux expérimentent la chimie du verre et sa décoration. En 1866, il se rend à Meisenthal, en Moselle, pour entreprendre de sérieuses études de verrerie.

    En 1870, il s’engage dans l’armée suite à l’annexion de l’Alsace et la Lorraine par la

    Bismarck. Très marqué par la défaite française, suivi du soulèvement de la commune de Paris, il se rend à Londres en 1871. Il travaille au musée Kensington et au jardin botanique de Kew Gardens. Il entreprend ensuite une série de voyage qui le mènera en Italie, en Suisse, ainsi qu’à Paris, où il découvre l’art des cristaux anciens et le style arabe de Brocard, et les vases d’inspiration japonaise d’Eugène Rousseau.

    Au cours de ces voyages, Gallé visite énormément de musée, et s’inspire des objets d’art et de la verrerie de style médiévale, islamique ou rococo.

    Très influencé par la nature, notamment les plantes, les insectes et les animaux, ses

    verreries reflètent son génie et son inventivité quant aux techniques qu’il emploi. Il met à profit son don d’observation et devient l’un des pionniers de l’Art Nouveau.

    Coupe en verre soufflé à la libellule,1903.

    Vase de style syrien, 1880.

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  • Dès 1865, il se lance dans l’art du bois. En duo avec son ami Victor Prouvé, il réalise ses premiers meubles, d’une grande élégance et de décoration raffinée. Il étudie de près les veinages, le grain et la texture des bois, surtout exotiques.

    En 1873, il retourne s’installer à Nancy, sa ville natale et prend, un an après, la

    direction artistique de l’entreprise familiale. Il réalise ses propres verreries et entreprend de construire quelques meubles qui le font remarquer lors d’expositions parisiennes.

    En 1875, il épouse Henriette Grimm, fille de pasteur et héritière d’une miroiterie. Il monte par la suite sa propre entreprise en 1883, véritable usine regroupant plusieurs métiers d’arts, notamment la faïencerie, la verrerie et l’ébénisterie. Il fait construire de nouveaux fourneaux et ateliers pour accroître sa production, sans perdre de vue la découverte de nouvelles techniques de verrerie. Son entreprise emploie près de 300 employés, étroitement surveillés et encadrés. Le salaire de ses ébénistes est de 6 francs par jour (soit environ 4 fois plus q’une ouvrière parisienne). Ses meubles sont alors essentiellement vendus à de riches collectionneurs ou des particuliers fortunés.

    Gallé obtient de nombreux prix lors d’expositions universelles ou d’arts, ce qui permet

    à sa renommée de prendre une dimension mondiale, et d’être fait officier de la Légion d’Honneur. En 1901, il fonde avec l’aide de ses collaborateurs, dont Victor Prouvé et Louis Majorelle, l’Ecole de Nancy. Elle prend rapidement de l’essor grâce au mouvement de l’Art Nouveau.

    Le 23 septembre 1904, il meurt d’une leucémie à l’âge de 58 ans, laissant derrière lui

    de nombreux écrits que sa femme publie en 1908, sous le nom de « Ecrits pour l’Art ». Victor Prouvé reprend la direction de l’usine.

    Emile Gallé laisse derrière lui de nombreux chefs-d’œuvre, d’une qualité remarquable, même s’il reste plus connu pour ses verreries. Ses créations en matière de mobiliers reflètent un goût prononcé pour la nature, que son talent a magnifié. Il a réussi à utiliser ses connaissances pour élaborer ses décorations.

    Il reste l’un des principaux pionniers de l’Art Nouveau et ébéniste de son temps, en innovant dans la marqueterie, très japonisante.

    Bureau, 1900.

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  • 2) Influences

    Emile Gallé, est depuis toujours passionné par la nature. C’est cette passion qui le pousse à dessiner très tôt le monde qui l’entoure.

    Lors de ses voyages en Europe, il s’imprègne de tous les styles qu’il voit. En se promenant dans les jardins, il observe les formes (florales ou animales) et couleurs, en vue de les retranscrire dans ses travaux.

    Grâce à un étudiant japonais, Gallé s’intéresse à l’art nippon. On retrouve dans ses verreries de l’époque cette influence orientale. Ses connaissances approfondies en matière de plantes, d’insectes, de formes et de couleurs lui valurent d’inspirer de nombreux artistes.

    L’Art Nouveau lui permet de créer ses plus belles œuvres, puisque puisant son essence au cœur de la nature.

    Bien que s’inspirant de la nature, Gallé puise aussi sa créativité dans la littérature,

    notamment dans la poésie de Chateaubriand, Victor Hugo et Baudelaire. Il rend hommage à ce dernier en créant un vase intitulé « les fonds de mer », en référence à un de ses poèmes, ainsi qu’un cabinet intitulé « les Fleurs du Mal », marqueté de fleurs sombres et sinistres. Il grave sur de nombreux vases des vers et des citations de grands poètes (contemporains comme Hugo ou Baudelaire, mais aussi beaucoup plus anciens comme Lamartine ou Virgile).

    Il s’intéresse au monde floral. Dans ses vases, on retrouve avec constance la violette.

    Pour le mobilier, ce sont les blés, les chardons, les iris. Toutes les fleurs ont des formes épanouies, reposantes. Les nénuphars et roseaux et bambous lui viennent de son inspiration japonaise. Les légumes et fruits, le monde pastoral, reviennent pour le mobilier régional qu’il confectionne pour ses proches.

    Etagère Alla Japonica 1900 et Vase à la carpe 1876. Tous les deux sont fortement inspirés de l’art nippon.

    Coffre, 1900.

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  • Après le monde végétal, il s’inspire dès les années 1900 du monde animal, en particulier celui des insectes. Ses animaux de prédilection sont les libellules, les scarabées, les papillons et plus ponctuellement les grenouilles et les têtards. Les oiseaux sont aussi des thèmes récurrents.

    Grâce à la création de l’Ecole de Nancy, Gallé crée ses meubles en s’inspirant de l’ Art Nouveau, mais en conservant une certaine distance, le considérant comme trop répétitif et pas assez créatif. Il reste toutefois un acteur majeur de ce mouvement artistique.

    3) Meubles représentatifs

    Voici quelques meubles qui caractérisent l’œuvre d’Emile Gallé. Chaque meuble correspond à une partie de la maison, ici le salon, la salle à manger et la chambre à coucher.

    Salon

    Ce guéridon est en noyer massif, créé en 1901. Haut de 77 centimètres, c’est un mobilier typique du salon. Il possède 2 plateaux, pour plus de commodité. Le haut de chaque pied est sculpté d’une libellule. Les ailes se rejoignent pour former la ceinture du plateau supérieur, alors que le corps des libellules forment les pieds en un gracieux galbe, rappelant la forme « jarret de chien ». Les nervures et les détails soulignent le côté léger de l’insecte.

    Les deux plateaux sont entièrement marquetés de feuilles, en bois

    naturel, dans des teintes proches de celles du bâti du guéridon.

    Guéridon aux Libellules, 1900.

    Détail en vue 3/4

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  • Salle à manger

    Ce buffet est en noyer. Il est composé de deux corps. Le bas du corps est composé d’un ventail central, encadré de deux petits plateaux aux rebords moulurés. Le haut du corps est une tablette surélevée, enchâssée dans un panneau, également mouluré et marqueté. Des bronzes ciselés et dorés en forme d’épis semblent supporter le plateau principal du buffet. La tige des épis descend le long des montants du ventail, jusqu’au pied du buffet.

    La marqueterie du ventail représente un paysage pastoral, où apparaît en premier plan une vigne, en second plan des champs, et en arrière plan un village et son église nichés dans un bosquet.

    La marqueterie du panneau représente au premier plan des épis de blés et des

    coquelicots. Au second plan, on peut voir des personnages s’activer pour les moissons dans les champs. On note la présence d’une charrette et du cheval, qui souligne la ruralité de la scène.

    Par le motif de ces marqueteries, on peut comprendre l’utilité de ce meuble dans la salle à manger. Par la récurrence de l’image des blés et le thème de la moisson, ce meuble est donc une panetière.

    Buffet-desserte 1902-1903

    Détails d’une reproduction du ventail.

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  • Ce buffet est en noyer. Il est composé de 2 corps. Il est très assorti au buffet précédant, du point de vue structurel : le bas du corps possède un ventail et des plateaux sur les côtés, les épis en bronze ciselés et dorés reviennent. Le haut du corps diffère légèrement, si ce n’est qu’à la place de la tablette, une vitrine est agencée. Toutes les bordures sont moulurées.

    La marqueterie du ventail représente au premier plan des feuillages et un papillon en vol. En arrière plan, on distingue un château ou un fort. C’est un paysage de vignoble.

    La marqueterie du panneau représente des feuilles de vignes, ainsi que des grappes de raisin.

    On peut donc déduire par son décor que la vitrine recevait le service de verre à vin.

    Chambre à coucher

    Ce lit était destiné au mariage de Henry Hirsch, ami d’Emile Gallé. Le lit est assorti du mobilier, c’est-à-dire d’une armoire, une commode, une vitrine et deux chaises.

    Buffet-vitrine, 1902-1903

    Détails de la marqueterie

    Lit Aube et Crépuscule, 1904.

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  • A la tête au pied du lit, il est représenté deux papillons sculptés, sur un fond de marqueterie en paysage.

    Gallé a énormément travaillé sur la nacre pour ce lit. Le corps du papillon du bas de lit est en cristal, aux couleurs nacrées. Des incrustations et assemblages de nacre créés les motifs des ailes. Des oiseaux marquetés volent. Le paysage est donc diurne. C’est un papillon de jour, qui symbolise le réveil.

    Le papillon du haut de lit semble semer une poussière, faite de nacre, qui symbolise le

    repos et le rêve. C’est un papillon de nuit, car il est plus sombre et le paysage est nocturne. Les stries de ses ailes sont en ébène.

    Les papillons s’opposent, l’un le jour, l’autre la nuit. Les essences employées pour la marqueterie proviennent essentiellement d’arbres

    fruitiers.

    Le papillon de jour du bas du lit

    Détail du corps du papillon et de la marqueterie avec les oiseaux

    Détail du papillon de nuit et de sa traînée de poussière de nacre

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  • B) CONTEXTE HISTORIQUE

    1) Evénements historiques La fin du XIXème et le début du XXème siècle est une période très instable. En effet, la

    révolution industrielle se mêle aux débuts de la troisième république et aux guerres franco-allemandes, tout en instaurant des réformes dans la société. Ces changements radicaux des modes de vie, de pensées bouleversent la France.

    La vie d’Emile Gallé commence avec l’annexion de l’Alsace par Bismarck, le 6 août 1870.

    Face aux armées prussiennes et allemandes, la France de Napoléon subit une grave défaite. À cette annonce, les Parisiens proclament la république le 4 septembre 1870. La Commune de Paris se met en place à partir du 26 mars 1871 pour contrer les conditions difficiles imposées par la Prusse.

    La troisième république est mise en place peu après. Encore une fois, à l’intérieur même

    de la république, des conflits opposent les belligérants (Mac Mahon, monarchiste et des partisans de l’assemblée républicaine). Face à ce conflit, de nouvelles élections ont lieu. Les républicains gagnent. Grâce à ces élections, la France devient, en 10 ans, une république, ou le président de la République se cantonne donc à une fonction représentative, laissant le pouvoir au président du Conseil et au Parlement.

    De nombreux droits sont installés : liberté de la presse (1881), de syndiquer et de divorcer (1884). Apparaissent aussi les symboles de la République (la Marianne, la Marseillaise), ainsi que les principales fêtes nationales (14 juillet).

    Jules Ferry opère ses grandes réformes dans l’éducation (écoles gratuite,

    obligatoire et laïque).

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  • Malgré tout, la république et secoué par de nombreuses crises, comme l’affaire Dreyfus, la montée de l’antisémitisme et la lutte comme l’influence de l’église. En 1905, l’assemblée nationale vote la loi de séparation de l’église et l’état.

    C’est aussi l’époque des colonies (Nord de l’Afrique et Amérique du Nord). Ces

    conquêtes sont en parties effectuées pour des raisons économiques et apporter des matières premières à l’état français. La colonisation apporte l’immigration, face à pauvreté de la démographie française à cette époque. Ce flux d’étrangers venus d’Afrique du Nord, Belgique et Italie provoque des réactions d’antisémitisme.

    La France qui est encore un pays essentiellement agricole subit l’exode rural face aux prémices de l’industrialisation.

    Au début du XXe siècle, l'affrontement entre la France et l'Allemagne à propos du Maroc (coup de Tanger, crise d'Agadir), conduit à une multiplication des incidents diplomatiques.

    Les Français ont de plus en plus peur face à l’Allemagne. La course à l’armement et la poussée démographique de l’Allemagne ne fait qu’amplifier les peurs. De plus, l’esprit des français est encore très marqué par l’annexion de l’Alsace

    L'assassinat de l'archiduc François-Ferdinand à Sarajevo, héritier du trône d’Autriche, souligne les tensions à l’intérieur de l’Europe.

    Face aux éléments qui s’enchaînent, aux tensions et malentendus qui opposent les pays, l’Allemagne déclare la guerre à la Russie le 1er juillet 1914. Plusieurs pays européens entrent en guerre contre l’Allemagne, suivis bientôt par de nombreux pays étrangers. La Première Guerre Mondiale vient de commencer.

    2) Invention et évènement culturels

    De nouvelles inventions voient le jour, comme la lampe à incandescences, mise au point par Edison en 1875, la première automobile à moteur essence en 1891, l’invention de la cinématographie par les frères Lumière.

    Affaire Dreyfus

    Lampe à incandescence

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  • A paris, les expositions universelles sont des évènements de grande ampleur, qui diffusent les découvertes de chaque pays.

    C’est aussi l’époque de Monet et Renoir en peinture, avec leur style différent des canons

    classiques. Victor Hugo rentre d’exil grâce à l’installation de la république. Zola publie Germinal qui

    créé la polémique autour du milieu ouvrier. En 1907, Picasso peint les Demoiselles d’Avignon.

    Cette époque a littéralement révolutionné le monde artistique en France. Elle a profondément bouleversé les mœurs et les modes de vie. Les découvertes technologiques et scientifiques améliorent les conditions de vie, alors que des artistes précurseurs, architectes, peintres, ébénistes, cherchent à renouveler le cadre de vie et trouvent dans la nature une nouvelle source d’inspiration. Les peintres se libèrent des canons artistiques. Apparaît alors l’impressionnisme, le surréalisme et tous les mouvements qui aboutiront à l’art abstrait. Les instabilités politiques n’ont fait qu’accentuer les volontés de changement, de rupture.

    Hall de l’exposition Universelle de 1900

    Impression soleil levant, 1872, Monet.

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  • C) ART NOUVEAU

    1) Historique

    C’est un mouvement de rénovation artistique qui marqua l'Europe à la fin du XIXème

    siècle et au début du XXème siècle, dans les arts décoratifs et l'architecture. C’est un style qui est essentiellement décoratif et esthétique, qui met en relief l’emploi de la courbe, surtout florale, qui naît en Grande-Bretagne.

    Face à l’industrialisation et aux prémices de la production de masse, les artistes

    prônent le travail traditionnel, l’observation de la nature, l’art japonais, et rejettent toutes références classiques héritées de la Renaissance. Pour eux, il n’y a pas de séparation entre les arts nobles (sculpture et peinture) et les arts mineurs (arts décoratifs), ce qui modifie radicalement le mobilier et l’architecture de l’époque. Les artistes proposent une alternative du renouveau des formes pour couper court avec les styles du passé. Ils se définissent comme « anti-académiques ».

    Le premier bâtiment « Art Nouveau », ou considéré comme tel, est l’hôtel Tassel à Bruxelles, de Victor Horta, où la fluidité des espaces fait écho aux courbes végétales qui investissent ferronneries, mosaïques, fresques et vitraux, qui sont autant d’éléments structurant qu’éléments d’ornementation.

    Paris donne le ton européen de développement de cet art, notamment avec les entrées

    du métropolitain, et les affiches, principalement consacrées aux femmes.

    Hôtel Tassel

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  • L’asymétrie donne une dynamique nouvelle aux bâtiments. Mais c’est à Nancy ou l’Art Nouveau prend véritablement son essor, grâce aux artistes de l’Ecole de Nancy, qui s’approprient cet art de revendication comme moyens d’expression régionaliste, face à l’annexion de l’Alsace par l’Allemagne.

    Cet art est involontairement rattrapé par son succès lors des expositions universelles à

    Paris, notamment celle de 1900. Le mouvement s’étend en Angleterre, en Belgique, en Suisse, et en Allemagne, où on

    retrouve les artistes les plus actifs. Le style diffère selon les pays, mais garde le même principe de courbe et d’inspiration.

    L’Art Nouveau ne survécut pas à la première guerre mondiale, et fut supplanté par l’Art Déco, moins cher et plus conforme à la production de masse d’avant et après guerre.

    2) Inspiration

    L’Art Nouveau puise son inspiration dans la nature. Les motifs sont chargés de symboles. Le thème principal est la courbe, naturelle, que l’on retrouve dans le « coup de fouet » des chaises, ou bien dans les sinuosités des sculptures, les arabesques des verreries et les volutes des ornementations. Les formes sont souples, épurées avec une nouvelle volonté d’inspiration, puisée droit au cœur de la nature.

    Ce style a été fortement influencé par le Japon, pays qui était alors très fermé. En

    1862, ce pays participe pour la première fois à une exposition universelle. Dès lors, l’Europe va être submergée par les stylisations, les asymétries, les estampes et les calligraphies.

    L’Art Nouveau s’inscrit dans l’histoire car en rejetant toutes idées de conformisme, de

    banalité et d’industrie, il a redéfini l’art et l’architecture moderne. Les créations sont très personnelles et ne sont pas au goût de tous. De nombreux détracteurs appellent l’Art Nouveau le « style nouille » ou « style métro » en références aux arabesques et aux bouches de métro parisien.

    Collier, par Alfons Mucha

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  • Les couleurs sont douces, dans les tons pastels (bleu et vert pâle, gris, rose, beige…) Les thèmes végétaux s’axent autour de fleurs délicates et fragiles comme l’iris, le narcisse,

    l’orchidée, ou bien de végétation marine, comme les nénuphars et les algues. Les artistes recherchent les végétaux souples, qui se prêtent aux courbes raffinées et à la finesse. Le blé tient une place à part entière dans le mobilier régional, tout comme le chardon. Tout doit être agréable à l’œil, en rappelant imperceptiblement la nature et montrer sa beauté.

    Pour les animaux, l’Art Nouveau retient ceux qui se prêtent à la légèreté, à la grâce et à la

    souplesse, comme majoritairement les libellules, véritable idole des artistes. On retrouve aussi les oiseaux (hirondelles), les lézards, les papillons, les hippocampes etc.…

    Le corps des femmes a largement été exploité, souvent drapé. La chevelure

    joue un rôle essentiel dans le jeu des courbes.

    Dessus d’une table basse de Gallé

    Buffet de Louis majorelle.

    Signature de Gallé incluse dans un papillon marqueté

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  • 3) Matériaux Les matériaux sont diverses. On retrouve le verre en première place, avec ses jeux de

    transparences et de lumières, chers aux artistes. On voit apparaître à cette époque de larges baies vitrées ou entrées lumineuses, comme l’a fait Jacques Gruber à Nancy. Les vitraux de Vuillard ou Toulouse-Lautrec réduisent la luminosité, mais ceci est compensé grâce à l’éclairage électrique.

    La ferronnerie et notamment la fonte se prête aux rambardes des

    balcons, aux entrées des métros (Les plus représentatives sont celles d’Hector Guimard), car le métal à la possibilité de créer de superbes torsades et volutes.

    La pierre de taille et la brique permettent d’inscrire des touches de couleurs dans la

    monotonie des façades. La céramique égaye la grisaille urbaine avec ses couleurs chatoyantes au-dessus des

    portes et fenêtre, représentant des fresques aux décors inaltérables. On en retrouve dans de nombreuses villes de France.

    L’Art Nouveau a permit à la mosaïque de redorer ses blasons. En effet, les pavements dans les entrées de maisons ou les plafonds se prêtent à cet art et de nombreux artistes comme Gaudi chasse l’uniformité des parcs en égayant les bancs de mosaïque.

    Dans les intérieurs, le papier peint et le lambris prennent de l’ampleur.

    Vitrail de Louis Confort Tiffany

    Castel Béranger, 1894-1898, par Hector Guimard

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  • Les boiseries sont de bois naturel (acajou et noyer pour leur couleur chaude). Enfin, utilisé massif ou en placage, on retrouve en bois exotique l’acajou, l’ébène, le

    sycomore, et des bois régionaux français, comme le chêne, le noyer et des essences de bois fruitiers comme le poirier. Ces bois étaient usités pour le mobilier, mais aussi pour la marqueterie, qui prend un nouvel et considérable essor grâce à la multitude des essences que les artistes pouvait trouver (environ 600 essences à l’époque).

    4) Mobilier

    Le petit mobilier, comme les fauteuils, chaises ou canapés, sont

    recouverts de soieries ou de velours.

    Les petits meubles, comme les guéridons ou les sellettes sont très appréciés du monde bourgeois, car ils permettent d’exposer des œuvres d’arts (sculptures) ou bien de mettre en valeur des éléments de décors d’intérieur (lampe, plante, vase etc.)

    La table est l’élément principal de l’intérieur. Elle est souvent à rallonge pour rappeler la convivialité. Les chaises sont assorties à la table. L’assise est en cuir pour le confort. Par souci d’utilité, les chaises sont facilement déplaçables grâce à leur traverses hautes qui possèdent des ouvertures.

    Le bureau est large, et possède peu ou pas de tiroirs. Il semble très solennel, imposant. Très sculpté ou mouluré, il est parfois orné de bronze.

    Chaise, de Eugène Gaillard

    Bureau Orchidées, 1904, Louis Majorelle.

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  • Dans la chambre à coucher, le lit étant la pièce phare, il est souvent de grande dimension, imposant. La coiffeuse est l’armoire sont assortis.

    Dans chaque pièce, le mobilier était assorti, pour un effet esthétique. Les bois exotiques

    étaient appréciés pour leur veinage et la chaleur de leur couleur (acajou, padouk).

    Lit, 1904, Eugène Vallin

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  • D) ETUDE D’UNE MARQUETERIE

    1) Technique

    La principale technique à cette époque est la technique élément

    par élément (par paquets séparés). Elle est usitée car les motifs employés sont picturaux (paysages, fleurs etc.). Elle permet de ne pas laisser apparaître les joints laissés par le passage de la scie, à la différence de la découpe par superposition.

    A cette époque, les marqueteurs utilisaient encore le chevalet de marqueteur, avec sa scie en bocfil.

    Avec plus de 600 essences de bois différentes et disponibles, le choix était donc très

    varié pour l’époque. Grâce au développement important du commerce, l’utilisation de bois exotique n’était pas un problème. Les marqueteurs n’employaient guère, voire pas du tout de bois coloré. Les essences les plus utilisées étaient celles d’arbres fruitiers et exotiques.

    Les ébénistes et marqueteurs les plus représentatifs du style Art nouveau sont Eugène Gaillard, Louis Majorelle et Emile Gallé.

    L’art nouveaux a permit de mêler élégamment les matériaux anciens (bois et pierre) avec les matériaux nouveaux (verre et métaux) afin de les inscrire dans un patrimoine urbain neuf.

    Grâce aux nouvelles techniques et découvertes, les artistes ont pu améliorer leur travail, notamment en verrerie, en ferronnerie et en ébénisterie. Ils avaient compris la nécessité d’une rupture totale avec le passé et avaient cherché d’autres sources d’inspiration afin de renouveler les formes et les décors du mobilier, tout en admettant l’usage de la machine.

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  • 2) Etude d’une marqueterie

    J’ai choisi une marqueterie qui figure sur une vitrine de Gallé, exposée au Musée des Arts et Métiers. Cette vitrine a été construite en 1905 dans le but d’exposer les verreries de Gallé, mais c’est aussi un chef-d’œuvre en elle-même. Sur les huit tableaux de marqueterie, seuls deux sont de Gallé. Les décors sont très classiques, à motif floraux.

    La marqueterie que j’ai choisi représente des narcisses qui semblent se balancer dans le souffle du vent. Le mouvement des feuilles et des tiges est très gracieux et apporte une sorte d’harmonie et de douceur à l’ensemble. L’agencement des fleurs forme une ligne en courbe et contre-courbe, ce qui équilibre la composition. Il n’y a que 7 essences de bois employées. 4 essences sont indigènes. Sur le calque, elles sont représentées par les chiffres suivants :

    1 : Palissandre du Brésil

    4 : Noyer

    9 : Erable

    15 : Wapacou

    19 : Acajou d’Amérique

    20 : Orme

    24 : Citronnier

    Montagnier Diane MAR 54 -Dossier sur Emile Gallé- Page 20

  • Calque

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  • Etude colorée

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