EMDH Bulletin 54

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A 9 ar I e \ v ô fr '#'"":! III ttt -d t , l La journée commence. Par équipe de deux, les jeunes parteDt vers un quartier touristique pour vendre des bouteilles d'eau à la sauvette. Les policiers à vélo les interpellent. Il.sconûsquent leur marchandise, mais les laissent repartir. Ici deux jeunes sur les quais de Paris, le passeur / l'adulte surveille pour les prévenir en cas de descente de police. Plus de stock ! Le passeur/ I'adulte a prévu des cachettes pour des ravitaillements rapides sous les plaques d'égout des trottoirs. Leurs outils de travail: un seau, quelques bouteilles. Leurs clients : des touristes assoiffés. Un moyen de survivre et de rembourser leur voyage. Itl ffi ll::lfi,lliX iu! '* {

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Plus de stock ! Le passeur/ I'adulte a prévu des cachettes pour des ravitaillements rapides sous les plaques d'égout des trottoirs. La journée commence. Par équipe de deux, les jeunes parteDt vers un quartier touristique pour vendre des bouteilles d'eau à la sauvette. Leurs outils de travail: un seau, quelques bouteilles. Leurs clients : des touristes assoiffés. Un moyen de survivre et de rembourser leur voyage. \ v ô , l { 9 a r I e iu! ffi ll::lfi,lliX A

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La journée commence.

Par équipe de deux, lesjeunes parteDt vers un

quartier touristique pour

vendre des bouteilles d'eau

à la sauvette.

Les policiers à vélo les

interpellent. Il.s conûsquent

leur marchandise, mais les

laissent repartir.

Ici deux jeunes sur les

quais de Paris, le passeur /l'adulte surveille pour les

prévenir en cas de descente

de police.

Plus de stock !

Le passeur/ I'adulte a

prévu des cachettes pour

des ravitaillements rapides

sous les plaques d'égout

des trottoirs.

Leurs outils de travail:

un seau, quelques

bouteilles. Leurs clients :

des touristes assoiffés.

Un moyen de survivre

et de rembourser leur

voyage.

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Lettres râcrites par des enfantsdu Pendjab en nmai eoo6

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AVant que j'arrive en France,je pensais que la France étaitun pays beau et bon orl lesgens étaient gentils. Je pensaisqrlen partant pour la France,j'étudierais et que je construiraismon avenir, alors qu'en restant enÆghanistan il ne se passerait rien.Dans notre pays, il n'y a pas de loiet l'argent n'est pas investi pourl'école. Alors j'ai pensé que c'étaitmieux de partir, pour étudier etdevenir quelqu'un.

Ali

f 'ai pensé à la France

comme un lieu de paradis, commecelui de mes rêves. Tous les gens quiviennent en Europe ont des droits.

f'arriverai à mon but en Europe, maquête pourra être accomplie si je faisbeaucoup d'efforts. J'espère une vie oùil y a de la loi. La vie construite autourde la loi est très bien.Il rn est arrivé une tragédie pendant

mon voyage. Quand nous étions aumilieu de la mer, il y a eu une tempête,le canot a été renversé et je suis tombéen mer. Au bout de cinq minutesde nage, j'ai rejoint mon ami quiétait dans le canot, puis nous avonscontinué à ramer jusqu'à notre arrivée.

Muhamad

InterviewSoizlcVeillard,

Médiatrice au centre d'accuêll pour

enfants mineurs lsolés 6trangersd 'EMDH

Elle a travaillé sept ans en Roumame,notamm€nt auprès des enfants des ruesSon rôle de médiatrice lui permet d'établirle lien entre le pays d'origine du jeune

et la France.

Pourriez-vous évoquer le cas desmineurs pendjabi ?Depuis 2002, nous avons étéconfrontés avec Zubair Tâhir,médiateur référent pour la zonedu Pakistan, à I'arrivee de jeunes

du Penjab. Il fallait identifier lepourquoi de leur migration afind'apporter des réponses appropriéesà leur situation. Ils se retrouvaient

sans papiers et sans repères dans unpays dont ils ne connaissaient pas lalangue,

Vous revenez du Pendjab, qu 'est -ce qui

a motivé votre voyage ?Zubair avait déjà une bonneconnaissance du terrain après deuxmissions effectuées au Pendjab.Puis dans le cadre d'un projet dedocumentaire coordonné par France2, nous sommes partis tous les deuxafrn que je puisse prendre le relaisentre les jeunes et leur famille. Dansun premier temps, nous avons priscontact avec des familles, afin deIeur expliquer dans quelle situationse trouvait leurs enfants et de mieuxcomprendre les motifs pour lesquelsces familles envoyaient les jeunes enEurope. Dans un deuxième temps,nous cherchions des partenairespour faire un travail de prévention

en amont. f'ai découvert une régionassez riche avec une forte traditionmigratoire. Dès quatorze ans,I'enfant est considéré comme unadulte. La migration constitue unrite de passage.

Les parents ont- i ls conscience desdi f f icu l tés que rencontre un mineurparachuté en Europe ?

Ils ne conçoivent pas l'isolementauquel leur enfant est confronté,ni même la rupture culturelle. Onn'évoque pas l'échec. La question dela réussite sociale est extrêmementimportante. Pour I'enfant, un retourau Penjab n'est pas envisageable.Le salaire moyen est l'équivalent decent euros par mois, en cas de retouril mettrait plus de dix ans pourrembourser la dette de sa famille.