7/21/2019 ELENA CASSIN (1909-2011)

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ELENA CASSIN (1909-2011)

 

Jean-Jacques Glassner 

P.U.F. | Revue d'assyriologie et d'archéologie orientale

2010/1 - Vol. 104

pages 1 à 2

 

ISSN 0373-6032

Article disponible en ligne à l'adresse:

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Pour citer cet article :

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Glassner Jean-Jacques, « Elena Cassin (1909-2011) »,

Revue d'assyriologie et d'archéologie orientale , 2010/1 Vol. 104, p. 1-2. DOI : 10.3917/assy.104.0001

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  ELENA CASSIN  [RA 104-2010]2

unanime. Elle y met en lumière cette catégorie de textes qui est celle des ventes-adoptions, deriches propriétaires ayant pour coutume d’agrandir leurs domaines en ayant recours à de telscontrats, l’adopté remettant à son père adoptif un cadeau qui n’est autre qu’un prix d’achat, enéchange d’une part d’héritage sur un bien foncier. L’occasion, pour elle, de montrer combien il

est difficile de ramener le vocabulaire des sources juridiques orientales à la terminologie dudroit romain. On y trouve aussi la forte influence de l’enseignement de Marcel Mauss et deLucien Lévy-Bruhl.

L’étude des textes de Nuzi l’accompagne pendant toute la durée de sa carrière scientifi-que, depuis « La caution à Nuzi »,  RA 34, 1937, pp. 154-168, jusqu’à « Être femme à Nuzi.Remarques sur l’adoption matrimoniale », dans : Pierre Bonte, éd.,  Épouser au plus proche.

 Inceste, prohibitions et stratégies matrimoniales autour de la Méditerranée, Éditions de l’Écoledes Hautes Études en Sciences Sociales, Paris, 1994, pp. 129-147. Sans oublier, dansl’intervalle, le premier volume d’ Anthroponymie et Anthropologie de Nuzi, Undena, Malibu1977.

En réalité, Nuzi est le point de départ de presque tous ses travaux de recherche. L’Adoption, pour ne citer qu’un exemple, a pour continuateur l’important « Symboles de ces-

sion immobilière dans l’ancien droit mésopotamien »,  L’Année sociologique, 1952, pp. 107-161.

Entre 1965 à 1967, elle est, aux côtés de Jean Bottéro et Jean Vercoutter, l’éditrice destrois volumes de la Fischer Weltgeschichte consacrés à l’Orient ancien, auxquels contribuent,en ce qui concerne la Mésopotamie, Dietz Otto Edzard, Adam Falkenstein et René Labat. Elle ytraite elle-même de la Mésopotamie dans la seconde moitié du IIe millénaire et donc du Mitanniet de Nuzi.

En 1968 parait une autre de ses œuvres maîtresses, La Splendeur divine. Introduction àl’étude de la mentalité mésopotamienne, Mouton, Paris - La Haye. Partant de l’observation d’ungroupe de mots que leurs significations premières rattachent tous à l’idée de splendeur oud’éclat, parfois de crainte, elle montre qu’il convient de distinguer entre les termes qui dési-

gnent un rayonnement émanant d’une personne et ceux qui parlent des mêmes rayonnementsqui sont concentrés sur la personne. Elle enrichit ce premier point par l’étude du termemelammû dans les sources littéraires, lequel dit la source et le symbole du pouvoir. En un mot,c’est à l’exposé d’une véritable philosophie de la splendeur lumineuse qu’elle se livre. Elle nousenseigne que pour tout ce qui est épanouissement, santé, plaisir, luxuriance, vigueur, lesMésopotamiens n’avaient pas trouvé de meilleur dénominateur commun que l’image de lalumière et de son rayonnement, rejetant dans l’obscurité tout ce qui était diminution de vie,maladie, dégénérescence, désordre et mort.

Ses principaux articles sont réunis par ses amis, en 1987, dans un ouvrage,  LeSemblable et le différent, Symbolismes du pouvoir dans le Proche-Orient ancien, paru aux Édi-tions de la Découverte, Paris, 1987.

Mais la Mésopotamie n’est pas son unique centre d’intérêt. Dans son ouvrage San Nicandro, Histoire d’une conversion, Plon, Paris 1957, elle fait connaître la conversion au judaïsme, en pleine époque fasciste, entre 1930 et 1938, d’un groupe d’habitants de SanNicandro, un bourg perdu dans le Gargano, où le train n’est arrivé qu’en 1931, mais qui estaussi un haut lieu des luttes agraires en Italie du Sud ! L’ouvrage est réédité en 1993, enrichid’une postface de l’auteur qui résume sa rencontre avec les survivants et les enfants desconvertis en Israël où ils sont partis en 1949-1950, aux éditions Quai Voltaire.

Deux études viennent compléter cette enquête sur l’Italie du Sud, l’une sur la diffusiondu protestantisme en Italie méridionale ( Archives de Sociologie Religieuse 1956, pp. 55-72),l’autre sur le catholicisme et les dissidences chrétiennes en Calabre (Cahier de la Fondation

 Nationale des Sciences Politiques 104, 1959, pp. 225-261).Elena Cassin est partie discrètement, en silence, avec une pointe d’humilité.

Jean-Jacques GLASSNER 

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