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ELEMENTS CITY LIVRE I - V.0.

MATHIEU PRADALET

Titre original : ELEMENTS CITY - LIVRE 1

Edition 2017, pour le texte.

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Pour Mann’ahou.Ta foi transporte les montagnes.

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TABLE DES MATIÈRES

Chapitre 0Un autre départ. 5 ...................................................Chapitre 2 14...........................................................

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Chapitre 0Un autre départ.

L’alarme.

Et le voyant lumineux de confirmation s’illumina. Cette fois-ci plus aucun doute, il ne s’agissait pas d’un exercice. Eva se leva brusquement. Les muscles saillants de ses jambes éjectant le fauteuil en arrière, les paumes fermement posées sur son bureau, la jeune femme ne devait plus réfléchir. Simplement exécuter les ordres, un à un.- Mes amis, il est temps, articula-t-elle de son mieux.Une autre femme, plus âgée, étouffa un sanglot. Sa main gauche était crispée sur un mug portant son prénom, Marie, qui laissait échapper un peu de café à chaque tremblement. Cette situation avait été prévue et répétée des dizaines de fois. Pourtant, elle présentait un taux d’échec élevé et beaucoup n’étaient pas prêts à ce saut dans l’inconnu. Marie esquissa un début de protestation.- Nous ne pouvons pas nous le permettre… Tu le sais, l’interrompit Eva. Marie baissa les yeux, hochant frénétiquement la tête comme si elle tentait de se persuader que c’était le bon choix alors que son corps semblait exprimer le contraire. L’assistant d’Eva était un iPortunity de classe II, type

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Chiyogami, baptisé Alba. Elle avait choisi de lui donner la forme d’une chauve-souris blanche, du genre ectophylla. D’un bref regard à son iPortunity qui se trouvait posé sur une lampe de bureau, la jeune femme lui transmit une information limpide et indiscutable. Il fallait maintenant quitter l’étage et se diriger vers les tubes de protection. L’immeuble avait été équipé de manière à respecter les normes les plus strictes en cas d’attaque. L’installation de ces tubes, surnommés « endives» à cause de leur forme de fuseau blanc écarlate, avait ancré dans le coeur des employés une angoisse profonde et quotidienne. Leur présence rappelait à chaque instant qu’une charge était possible et qu’elle serait implacable. L’alarme avait interrompu le chargement énergétique de l’iPortunity. Celui-ci prit son envol et poussa un cri aigu, demandant à sa maîtresse s’il pouvait continuer son chargement en se plaçant sur sa nuque. Eva acquiesça tout en inclinant légèrement le cou pour faciliter son atterrissage. Les minuscules griffes métalliques de la chauve-souris se plantèrent dans sa peau avec précision. Une vague de chaleur inonda son crâne, signifiant que la connexion avec son assistant avait réussi et qu’elle bénéficiait maintenant de son énergie. Aussitôt, l’iPortunity ressenti le rythme cardiaque anormalement élevé de sa maîtresse. L’instant était grave. Il lui fallait servir au mieux. Alba modifia immédiatement son mode de comportement afin de réagir sans latence aux futures sollicitations. Eva se plaça à l’entrée du bureau et invita l’ensemble du personnel à bien vouloir quitter les lieux.- Ceci n’est pas un exercice. Je vous remercie de suivre la procédure et de ne rien emporter avec vous, si ce n’est votre assistant, intima-t-elle.Les employés qui occupaient le bureau approuvèrent l’ordre dans un silence de plomb. Certains posèrent délicatement ce

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qu’ils tenaient sur leur bureau respectif, d’autres les laissèrent choir à même le sol, comme si cela n’avait plus d’importance. Malgré son âge, la jeune femme faisait preuve d’un sang froid exemplaire. Elle se plaça dans l'embrasure de la grande porte d’entrée et compta les différents collaborateurs qui se présentaient à elle.- Nous al lons maintenant pénétrer dans la zone d’embarquement. Si vous le souhaitez vous pouvez jeter un dernier regard vers la lumière du jour, proposa-t-elle.Eva se serait bien passée de devoir prononcer cela. Pourtant, c’était une étape des instructions à suivre. L’ensemble de ses collaborateurs se retourna vers la baie vitrée que l’on voyait au loin dans l’étage, comme guidé par un étrange tropisme. Une brume glacée semblait maintenant caresser la surface de l’immeuble. Elle ne voyait que les dos de ses amis mais distinguait très clairement la peur intense qui les dévorait. Marie était en sueur, les mains agitées de tremblements. Alors qu’ils se dirigeaient vers la salle d’embarquement, des enceintes dissimulées dans le plafond jouèrent une musique qui se voulait apaisante. La contradiction évidente entre la mélodie joyeuse et la situation apocalyptique n’eurent pour seul effet que d’accentuer davantage l’affolement général. L’équipe pénétra dans le sas de décontamination. A leur grand étonnement, cette pièce arborait une tapisserie vert pastel, ainsi que de nombreux tableaux aux cadres faussement anciens. Disposés en cercle, des fauteuils élimés remplissaient m a l a d r o i t e m e n t l ’ e s p a c e . L ’ e n d r o i t a v a i t é t é intentionnellement usé afin de lui donner un aspect chaleureux. Les collaborateurs se regardèrent, interloqués. Ce fut Marie qui brisa le silence, la voix tremblante.- Qu’allons nous devenir, Eva ? demanda-t-elle, se cramponnant au dossier d’un canapé.- Je ne le sais pas. Mais tout ira pour le mieux, Marie… Il n’y a aucun simulacre. Tout est vrai pour nous. Nous devons aller

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au-delà, répondit la jeune femme, d’une voix douce qui se voulait rassurante. - Nous suivons la procédure la plus rapide. Nous n’avons pas le temps de nous déshabiller, ordonna-t-elle à l’écran de contrôle. A ces mots, un faisceau lumineux balaya l’ensemble des corps, tandis qu’un silence embarrassé envahissait la pièce. Une fois la décontamination effectuée, l’ensemble du personnel pénétra dans la salle d’embarquement. Il s’agissait d’une pièce circulaire avec, en son centre, l’ensemble des « endives  », disposé tel un bouquet de fleurs. Sur les portes de chacun des tubes était gravé un curieux message.

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STOCK PERMANENT. MODELE3.QUE VOTRE ESPRIT SOIT, QUE VOTRE ESPRIT DEMEURE

AU-DELÀ DU TEMPS, AU-DELÀ DES CONFLITS, NOUS PROTEGEONS VOTRE ÂME ET CONSERVONS VOTRE VIE.

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Eva n’avait pas le souvenir de ces inscriptions. Cela l’intrigua mais le contexte ne lui offrait guère le temps pour une autre réflexion. Chaque collaborateur suivait les étapes avec rigueur et se plaçait maintenant dans les tubes.Marie sanglotait, l’air profondément troublé, ses lèvres minces recourbées dans un semblant de sourire. La jeune femme lui sourit à son tour, lui offrant ainsi tout le réconfort et l’amour dont elle disposait. Ce moment de compassion et d’échange lui rappela la nature même de sa mission. - Nos successeurs ne résoudront pas le problème. Nous devons revenir, songea-t-elle.Son rythme cardiaque était redevenu stable. Si stable, en comparaison avec la tachycardie affolée de ses compagnons, que le système de surveillance cardiaque semblait percevoir une anomalie. Avant que cette donne ne devienne un problème

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supplémentaire, elle prit de court la machine et ordonna le lancement de la procédure finale. Soudain une vapeur rose s'éleva dans le tube. Son parfum sucré lui sembla écoeurant, presque agressif. - N’ayez crainte mes amis, ce produit va simplement faire baisser notre taux d’adrénaline puis nous endormir. Adieu compagnons. Que nos retrouvailles se fassent dans un monde apaisé, murmura-t-elle.Elle vit son amie Marie, ainsi que tous ses compagnons sombrer dans le sommeil artificiel. La tête fermement maintenue par le sarcophage rembourré de silicone, ils étaient prêts à être placés en sécurité. Le tube de Marie fut brusquement aspiré dans le sol, comme si la terre l’avait dévoré sans le moindre effort. Voir son amie partir aussi brusquement créa en elle un sentiment d’angoisse. Qu’allait-il se passer ? La reverrait-elle vivante ? Cette émotion incontrôlée était dangereuse. Elle devait se ressaisir pour le bien de sa communauté. Elle serra les dents et donna l’ordre aux machines de poursuivre le déroulement. Accompagné d’un bruit de succion brutal, l’ensemble des tubes fut absorbé. Une fois certaine que tous les autres étaient partis, elle offrit un signe d’assentiment à l’écran de contrôle. Un simple hochement de la tête et le processus était lancé. Les yeux hermétiquement clos, le corps quasiment anesthésié, Eva perçut une multitude d’aiguilles cribler son corps. Alors, dans un dernier effort, elle ouvrit sa bouche et s’adressa à Alba qu’elle devinait en suspension derrière la vitre de son tube.

«Va et protège-le».L’iPortunity vit disparaître sa maîtresse dans un souffle. Elle resta quelques instants à fixer la trappe par laquelle elle venait de s’évanouir, se demandant si, par un heureux hasard, elle

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resurgirait du néant, comme si tout ça était un mauvais rêve. Mais ses capteurs lui donnaient une information contraire. L’un après l’autre, ils perdaient toute connexion avec Eva. Plus de vision, plus de sensibilité thermique à sa peau, plus de rythme cardiaque... Seul persistait le signal de localisation du tube qui s’éloignait, peu à peu. Alba quitta la salle d’embarquement et regagna le bureau pour se placer face à la grande baie vitrée. La neige qui tourbillonnait encore quelques minutes auparavant semblait s’être évaporée comme par magie. Une épaisse couverture nuageuse d’un noir de jais avait entièrement enveloppé la ville. Ses reflets bleu métallique grésillaient dans les milliers de fenêtres du quartier des affaires. Tout se passait comme l’avait prédit le programme de simulation. Il ne restait que très peu de temps. Sa maîtresse devait à présent avoir atteint la zone de sécurité. Le moment où sa capsule passerait hors signal était imminent... Derrière la baie vitrée se tenait un épouvantable spectacle. Les derniers androïdes qui n’avaient pas eu le temps de se réfugier dans les bâtiments tentaient par tous les moyens de se mettre à l’abri. Certains escaladaient les gouttières en espérant trouver une trappe oubliée, d’autres frappaient sans relâche aux portes d’entrée, espérant de l’aide de leurs propriétaires. Soudainement, l’alarme 2 retentit, plus forte, plus stridente encore. Celle-ci avait été conçue de manière à prévenir de l’imminence de l’attaque. A son écoute, le doute n’était plus permis. Le mal était proche, l’épreuve inévitable. Les androïdes cessèrent de tambouriner aux portes qui demeuraient fermées. Leur résignation fut immédiate. Ils se retournèrent vers Alba, leurs visages dénués de tristesse, comme pour lui offrir un dernier au revoir. Ce signal avait sonné le glas et leur comportement donnait à croire qu’ils acceptaient dorénavant leur funeste destinée. L’iPortunity, qui

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connaissait leur moteur comportemental, s’inclina et partagea un instant leur sort, saluant la beauté de leur esprit et l'élégance de leur attitude. La chauve-souris ferma brièvement les yeux afin de se recueillir. Lorsqu’elle les ouvrit, l’ensemble des androïdes avait disparu. Ils avaient consenti à quitter ce monde de la manière la plus digne à leurs yeux. Mourir discrètement dans les rues adjacentes était leur choix. Brusquement, une batterie d’explosions déchira l’horizon à une cinquantaine de kilomètres du bâtiment où Alba se trouvait. Les immenses écrans publicitaires qui habillaient certains murs de la ville grillèrent immédiatement. L’iPortunity ressentit l'extinction des bornes refuges auxquelles il était relié. L’opération en cours semblait couvrir plusieurs milliers de kilomètres. Les impacts observables eurent lieu exactement au même moment. Une synchronisation parfaite dont la signature ne laissait aucun doute. Pourtant, le calcul de l’alignement et de l’espacement échappait à Alba. Ne plus recevoir les informations des refuges la plaçait dans une situation qu’elle n’avait jamais connue jusqu’alors. Cette méconnaissance du terrain et de la progression de l'ennemi lui inspirait une boucle de réflexion terrifiante. Alba sentit alors un picotement d’une intensité inédite. A cet instant, elle ne savait pas si sa maîtresse était en sécurité. Rien ne pouvait certifier que son tube de protection se soit correctement fermé dans le sous-sol. Ce risque mettait ses circuits en surchauffe. Un flot de mélancolie la déstabilisa au plus profond de son architecture, remettant en cause sa mission et sa destinée. Alors qu’elle titubait sur ses pattes de céramique, elle découvrit avec horreur l’immense orage naître au loin. Nourri par l’ensemble des bombes, il venait lécher de ses tentacules électriques un monde déjà rongé par la désolation. Devant ses yeux crépitait ce spectacle de fin du monde dont on lui avait tant parlé. Au loin, les boucliers de protection

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des divers quartiers de la ville éclataient un à un au passage de l’onde électromagnétique, semblables à de fragiles bulles de savon. Une lumière grise et froide se répandait de rue en rue à une vitesse incroyable. Rien ne pouvait l’arrêter. C’est alors qu’une sensation jusque là inconnue s’empara d’elle. Avant que la vague d'énergie destructrice ne l’atteigne, il lui sembla que quelque chose avait déjà changé. Peut-être était-ce une anticipation mécanique, ou bien un dérèglement apporté par cet effroyable orage. Peu importe. Il y avait là quelque chose de nouveau, une différence impalpable qui s'affirmait pourtant peu à peu avec une étrange acuité. Une merveille l'enveloppa alors. Une odeur d’asphalte mouillé, de champs détrempés par les précipitations. Le parfum d’une pluie nouvelle qui nettoie les âmes et leur offre la possibilité d’un autre départ. Ainsi, un avenir semblait soudainement possible, au delà de cette monstrueuse fatalité. Elle ne savait pas quand aurait lieu le renouveau mais cela ne la décourageait pas un seul instant. 10 ans ? 100 ans ? Peu importe ! L’espoir de revoir sa maîtresse lui donnait une force inattendue. Ainsi, au milieu de cette pièce souillée par les altérations des hommes, Alba ouvrit les ailes, face à la grande baie vitrée. Et dans un dernier effort, elle se redressa, fière et minuscule devant l'immense bouillonnement électrique, fixa l’horizon invisible et mourut.

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Chapitre 2 12/3/2017

Chers lecteurs,

Certains imprévus empêchent Mathieu de publier le nouveau chapitre ce soir. Vous serez tenu au courant par les différents réseaux sociaux d’Elements City de sa mise en ligne.

Nous vous prions d’accepter nos excuses pour ce retard.

L’équipe d’Elements City.

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