Eglise catholique dans le canton de Vaud - ÉVANGILE À LA ......Pour la croyante que je suis, cela...

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1 ÉVANGILE À LA MAISON Après Marc et Luc, c’est au tour des Actes des Apôtres d’être discutés entre amis. PAGE 7 CANONISATION Jean XXIII et Jean-Paul II vont être inscrits sur la liste officielle des saints. Décodage. PAGE 8 MÉTIER D’EGLISE Roland Muggli est diacre au sein de l’UP La Venoge- L’Aubonne. Portrait. PAGE 9 La résurrection aujourd’hui A la suite du Christ, et comme pour les témoins d’Emmaüs, des traces de résurrection sont présentes ici et maintenant. Un médecin, deux théologiens et un philosophe en témoignent. PAGES 2 - 5 ET 12 Avril 2014 N O 02 www.cath-vd.ch JAB 1300 Eclépens CC Dépôt Annette Mayer, responsable du Département Santé, avec la doctoresse Pascale Gabet Henry. Jean-Brice Willemin

Transcript of Eglise catholique dans le canton de Vaud - ÉVANGILE À LA ......Pour la croyante que je suis, cela...

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    ÉVANGILE À LA MAISONAprès Marc et Luc, c’est au

    tour des Actes des Apôtres

    d’être discutés entre amis. PAGE 7

    CANONISATIONJean XXIII et Jean-Paul II

    vont être inscrits sur la liste

    offi cielle des saints.

    Décodage. PAGE 8

    MÉTIER D’EGLISERoland Muggli est diacre au

    sein de l’UP La Venoge-

    L’Aubonne. Portrait.

    PAGE 9

    La résurrection aujourd’huiA la suite du Christ, et comme pour les témoins d’Emmaüs, des traces de résurrection sont présentes ici et maintenant. Un médecin, deux théologiens

    et un philosophe en témoignent. PAGES 2 - 5 ET 12

    Avril 2014 NO

    02 www.cath-vd.ch

    JAB1300 Eclépens CC Dépôt

    Annette Mayer, responsable du Département Santé, avec la doctoresse Pascale Gabet Henry. Jean-Brice Willemin

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    Après une

    petite hé-

    s i ta t ion,

    la doctoresse

    Pascale Ga bet

    Henry a volon-

    tiers accepté de

    se laisser « exa-

    miner », de se

    confi er au jour-

    naliste désireux

    de connaître

    com ment elle vit

    la ré surrection

    pascale au quo-

    tidien.

    « Née un mardi

    d’avant Pâques

    à Lyon, j’ai natu-

    rellement hérité

    du prénom de

    Pascale. Et j’ai été éduquée

    dans la confi ance en un Dieu

    d’amour plutôt que punitif. Plus

    tard, j’ai grandi dans la foi par la

    musique et grâce à mon mari ré-

    formé, Vaudois de l’Eglise libre,

    avec qui j’ai approfondi ma foi ;

    nous allions ensemble au culte

    ou à la messe. »

    Au diapason du ciel par la musiquePascale Gabet Henry est restée

    dans l’Eglise grâce à la musique.

    Cette ancienne organiste de la

    paroisse Saint-Maurice de Pully

    a été initiée à l’orgue liturgique

    par le prêtre lyonnais Marcel

    Godard, « l’un des acteurs du re-

    nouveau de la musique liturgique

    après Vatican II », compositeur

    de certaines hymnes du fi lm Des

    hommes et des dieux. « Par la

    musique, je prie et me mets au

    diapason du ciel », confi e-t-elle.

    « C’est un sentiment de joie,

    semblable à celle ressentie à

    contempler des fl eurs ou rece-

    voir un appel téléphonique ami-

    cal. »

    Deux témoins de résurrections se dévoilentDOSSIER Quelques jours après la résurrection pascale, voici venu le temps d’entendre les disciples d’Emmaüs dimanche prochain à la messe. Une médecin et une théologienne engagée dans les milieux de la santé nous ont raconté les résurrections quotidiennes dont elles sont les témoins ; autant dans leur propre vie que dans les rencontres de leur engagement professionnel.

    Se relever. Se remettre de-bout dans son être profond. Après une chute, une mala-die, un deuil, il est possible de se relever. Après le mal subi, il est possible de se remettre debout au travers du long processus de libération de la rage et de la vengeance. Même après le mal commis, il est possible d’être relevé par la réception de la miséricorde venue de plus loin.Un jour ou l’autre, la vie nous fait traverser des moments de relèvement. Alors nous perce-vons que des forces venues de plus loin que nous sont à l’œuvre. Elles nous sont données par ceux qui nous entourent, mais aussi par la Source de la vie, de l’amour, de l’unité.Se relever d’entre les morts. C’est l’expression utilisée par le Nouveau Testament pour parler de la Résurrection, celle du Christ. Et avec Lui, la nôtre.Il est fascinant de voir que c’est le même mot que pour les relèvements du quotidien. La résurrection, bien qu’elle garde une part fondamen-tale de mystère, se présente comme le moment plénier, où nous sommes relevés de tout au-delà du voile de la mort. « Il n’y a plus ni larmes, ni douleur, ni peine, ni irrespect, ni désa-veu de l’amour », dit le livre de l’Apocalypse. Mais joie, paix, lumière, concorde, unité.J’aime cette parenté de voca-bulaire entre se relever et res-susciter. Elle nous donne un appui pour la foi en la résur-rection.Car la résurrection est déjà commencée en nous lorsque nous nous relevons, accom-pagnés de forces plus grandes que nous. Pour dire vrai, elle est à l’œuvre en nous depuis notre baptême et même notre naissance. Nous vivons déjà des bribes d’expérience du relèvement d’entre les morts. Alléluia !

    Ce sont des repères de vie qui

    ont aidé Pascale Gabet Henry

    à revivre, à ressusciter après le

    décès subit de son cher mari.

    « Se sachant malade, il s’était

    préparé à partir. Je ne suis pas

    tombée grâce à ma foi, au sou-

    tien de mes proches et à la force

    transmise par mon mari. Il n’avait

    pas peur de la mort.

    L’amour toujours Deux heures avant, par un mer-

    veilleux dimanche d’été, il disait

    n’avoir jamais été aussi heureux

    et en paix. Dans le faire-part, j’ai

    re-pris ces mots de l’écrivain et

    philosophe chrétien Louis Evely :

    « L’amour permet d’envisager la

    mort, car lorsqu’on aime profon-

    dément, on sait qu’on a atteint

    une valeur que la mort ne peut

    détruire. » Et l’amour perdure.

    « J’ai l’impression de vivre tou-

    jours avec lui, différente. »

    « Révéler à mes patients leurs capacités d’auto-guérison »Ce nouveau chemin de vie, Pas-

    cale Gabet Henry le parcourt

    par la prière et la confi ance en

    Dieu. C’est ce qu’elle essaye de

    transmettre à ses patients. « Je

    soigne d’abord leurs symptômes

    physiques et cherche à voir ce

    qu’il y a en-dessous, les origines

    émotionnelles et spirituelles. En

    en parlant ensemble, ils voient

    plus clair en eux, peuvent recon-

    naître et utiliser leurs potentiali-

    tés. Cela les aidera à se soigner

    eux-mêmes. » Et avec les pa-

    tients indifférents ou incroyants ?

    « Je les incite à s’adresser à

    une force universelle, une force

    de vie, un ange-gardien. » A

    condition d’accepter la transcen-

    dance ?

    « C’est fondamental. Mes

    malades ne se sentent alors

    plus tous seuls. Ils accepteront

    d’ouvrir leurs volets pour que la

    lumière entre à fl ots en eux. Et

    ils sont amenés peu à peu à un

    chemin de pardon pour trouver

    l’harmonie avec eux-mêmes et

    leur entourage ».

    Jean-Brice Willemin

    Edito

    Marc Donzé,vicaire épiscopal

    Traces de Résurrection

    La doctoresse Pascale Gabet Henry dans son cabinet.

    « Ressuscitée malgré la mort »

    Jean-Brice Willemin

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    Deux témoins de résurrections se dévoilent

    Annette Mayer, responsable du Département Santé, se confi e à Olivier Schöpfer.

    « Vivre la résurrection se passe dans la relation »

    Pour Annette Mayer, res-

    ponsable du Département

    de la Santé de l’Eglise

    catholique dans le canton de

    Vaud, la question fondamentale

    est : « Qu’est-ce qui se passe,

    au plus intime de la personne,

    qui a besoin de ressusciter,

    d’être animée pour retourner à

    la vie ? La résurrection ne prend

    son sens que si, dans un mou-

    vement d’humilité, je peux des-

    cendre dans les profondeurs, me

    confronter à ces zones de mort

    et les identifi er, les nommer. Si

    l’on reste dans une posture d’au-

    tosatisfaction ou de suffi sance, il

    est diffi cile de vivre l’expérience

    de la résurrection. » La résurrec-

    tion n’arrive donc pas n’importe

    où, elle se passe là où il y a une

    prise de conscience de sa fragi-

    lité, de ses limites et de ses bles-

    sures.

    La personne se retrouve d’abord

    avec elle-même. « Croire en la

    réalité de la résurrection, croire

    en la force du Christ ressuscité

    dans ma vie, c’est moins un fait

    d’annonce que d’expérience vi-

    vante. Ce n’est qu’après que l’on

    peut mettre des mots dessus,

    la nommer. Vivre des bouts de

    résurrection se passe toujours

    dans la relation interpersonnelle.

    Pour la croyante que je suis, cela

    ne peux pas se passer hors de

    ce lien au Christ vainqueur de la

    mort, de toute mort. »

    Ici et maintenantLa résurrection se pose en terme

    d’ici et de maintenant. « Si on relit

    le récit de la résurrection de La-

    zare, on voit Marthe dire, un peu

    en « bonne élève », à l’annonce

    de la mort de son frère : Je sais,

    je sais, il va ressusciter au der-

    nier jour. Mais la foi de Marthe

    en la résurrection, Jésus la sort

    de la temporalité en disant : ‘Je

    suis la résurrection et la vie’. Si je

    m’attache à Celui qui est la vie,

    c’est à n’importe quel moment de

    l’existence que je peux faire l’ex-

    périence que Dieu relève, qu’il

    met debout, qu’il adresse sans

    cesse ce ‘Sors de ton tombeau’

    PRIÈRE

    Toi qui es CheminDonne-nous de croire

    qu’en toute impasse

    s’offre un passage

    Toi qui es VéritéDonne-nous de croire

    que de toute errance

    nous pouvons nous réveiller

    Toi qui es VieDonne-nous de croire

    que de toute mort

    tu viens nous relever

    Montre-nous le Père,Qui n’est pas ailleurs,

    mais au cœur

    de notre humanité,

    quand nous marchons,

    quand nous veillons,

    quand nous vivons.

    (Francine Carrillo)

    dans l’ici et le maintenant. »

    « Ce qui donne particulièrement

    sens au travail d’aumônerie, à

    l’hôpital ou dans les EMS, c’est

    de comprendre, dans la ren-

    contre avec les patients et les

    personnes âgées, la différence

    entre l’idée du corps abimé et

    une perspective du corps blessé,

    poursuit Annette Mayer. La pre-

    mière s’inscrit dans une logique

    de réparation, pour retourner à

    l’état antérieur. Pour le second,

    c’est la conscience de notre vul-

    nérabilité existentielle qui invite à

    intégrer la blessure et à marcher

    avec. D’ailleurs, le corps ressus-

    cité du Christ garde les traces

    de son martyre, ce n’est pas

    un corps idéalisé. Le travail de

    l’aumônier que je suis consiste

    à accompagner le patient sur le

    chemin de l’intégration des ef-

    fets de la maladie, de l’accident,

    pour pouvoir avancer dans son

    histoire d’homme ou de femme

    debout. »

    La réalité du Vendredi-Saint et du Samedi-SaintDe son expérience personnelle,

    Annette tire encore un lien entre

    ce qu’elle vit et les jours qui

    précèdent la Résurrection du

    dimanche de Pâques : « Le Ven-

    dredi-Saint, c’est la confrontation

    dure à la souffrance et à la mort.

    C’est ce jour qui nous pousse à

    nous demander ce qui doit être

    ressuscité en nous. Mais le pas-

    sage à la vie nous met dans les

    conditions du Samedi-Saint. Il

    nous met devant l’expérience de

    l’absence, du vide qui est à tra-

    verser. Une expérience qui peut

    nous hanter. C’est spécialement

    marquant en gériatrie. Annon-

    cer, parler de la résurrection doit

    s’accompagner d’une attention

    fi ne et fi dèle à l’expérience du

    vide et de l’absence d’espoir que

    beaucoup de personnes vivent

    face à leur dépendance crois-

    sante. Sinon, ce ne sont que des

    paroles creuses. Tenir le Same-

    di-Saint, c’est porteur de vie, et

    la traversée de ce vide est déjà

    prémisses de résurrection. »

    Olivier Schöpfer

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    Ils cheminent. Sur la route entre

    Emmaüs, où ils vont, et Jéru-

    salem d’où ils viennent. Deux

    heures de marche. C’est la fi n de

    la journée. Tous deux viennent

    de vivre les événements effroy-

    ables d’une condamnation à mort

    et d’une crucifi xion ; d’un homme

    qui promettait aux foules et à ses

    proches la venue du Royaume.

    Ils n’y comprennent rien et sont

    dévastés par la tristesse et la

    déception.

    L’Evangile parle en effet de

    visages sombres : alors, ce

    Royaume ? Qu’est-ce que ça

    voulait dire ? Les propos d’un

    mythomane, d’un prétentieux,

    d’un imposteur ?

    Jésus vivant ?Survient un autre marcheur. Qui

    les interroge : « De quoi par-

    lez-vous ? » Eux sont d’emblée

    passablement agacés : quoi, tu

    ne sais pas ce qui s’est passé

    à Jérusalem ? De quoi d’autre

    pourrions-nous parler ? Et ils

    expliquent à Jésus, Fils du Dieu

    Vivant relevé d’entre les morts –

    car c’est Lui – ce que Lui, préci-

    sément, vient de vivre : Son juge-

    ment, Sa condamnation, Sa mise

    à mort.

    Les deux compagnons sont dé-

    faits. Il y a bien sûr ces femmes

    qui ont vu le tombeau vide et qui

    évoquent des Anges, affi rmant

    que l’Homme est vivant.... C’est

    vrai, le corps n’est plus là. Mais

    c’est tellement farfelu.

    Benêts de Vaudois ?A ce moment, Jésus se lâche,

    comme on dit aujourd’hui. En

    Vaudois ça donnerait à peu près

    ceci : « Vous êtes des benêts

    ou bien ? Et ce qu’ont annoncé

    les prophètes : Vous en faites

    quoi, bon sang de bon sang ? ! » Il commence par leur dire qu’ils sont sans intelligence et lents à croire.

    Ah bon ? L’intelligence aurait donc quelque chose à voir avec la rapidité à faire confi ance ? Et il se lance dans un long exposé sur ce qui est dit de Lui dans les Ecritures. En arrivant chez eux à Emmaüs, ils invitent Jésus – ne sachant toujours pas qui Il est – à souper. Le soir tombe, il faut se sustenter. Alors leur invité prend du pain, le bénit, le rompt et le leur donne. Et là, leurs yeux s’ouvrent, ils le reconnaissent... mais Il a déjà disparu.

    Il est vivant !Du coup, ils se lèvent de table, et repartent dans le sens inverse, vers Jérusalem. Il fait nuit désor-mais, il faudra remarcher deux heures dans l’obscurité. Mais il n’y a pas une minute à perdre pour raconter ce qu’ils viennent de vivre, et annoncer ce qui depuis 2000 ans aujourd’hui ne cesse de bouleverser et de dé-ranger la donne du monde : Oui, Il a vraiment été relevé d’entre les morts.

    DOSSIER Chrétienne à la foi profonde, la journaliste et essayiste* Aline Viredaz témoigne combien le récit des disciples d’Emmaüs, que nous entendrons à l’évangile de ce dimanche 4 mai, reste un message renversant pour les croyants, et les incroyants, de XXIe siècle. (Réd.)

    Le message fou des disciples d’Emmaüs

    C’est ce que les disciples devaient se dire, calfeutrés dans la maison après la mort de Jésus.

    « Fichez-nous la paix. On y croyait, on lui faisait con-fi ance, et il est mort. Alors maintenant, on préfère s’en-fermer, par peur d’être déçu à nouveau. »

    Et quelque chose d’inattendu se passe. Il surgit de nulle part. Comment il a fait pour passer les murs, pour s’arracher aux griffes de la mort, ce n’est pas la question. Il est là. « Fichez- nous la paix », se disaient les disciples quelques secondes avant. « La paix est avec vous », leur répond le Christ. Et ce n’est pas une parole en l’air, non. Cette paix, ils la ressentent, ils la reçoivent, comme un souffl e qui les traverse, comme un frisson qui change tout. C’est une paix qui est d’un autre ordre que celle à laquelle les disciples aspiraient, quand ils voulaient qu’on leur fi che la paix.

    La paix que le Christ apporte est une paix qui rend libre… elle nous ouvre aux pos-sibles, elle nous délivre de la peur : peur de l’autre et de ses jugements, peur de l’échec et de notre culpabilité.Et si c’était ça, la ré-surrection ? Et si elle n’était pas seulement pour après la mort, mais déjà pour maintenant ? Comme des « mini résurrections » que l’on peut vivre au quotidien : se relever d’une chute, goûter à la chaleur du soleil après une période de ténèbres… Se sentir en paix, avec soi, avec les autres. Ô Christ, donne-nous ta paix !

    La parole à :

    PasteureAnouk Troyon,Aumônerie UNIL

    On imagine les deux compères complètement excités sur le tra-jet du retour. Quand ils arrivent à Jérusalem auprès des disciples et de leurs amis tous réunis, ils n’ont qu’un mot à la bouche : C’est bien vrai ! Le Seigneur s’est réellement réveillé.

    Mystère de la FoiLes chrétiens convaincus sont des fous de Pâques, ce vent de force 7, 8, 9... Incommen-surable. Quelle joie immense d’avoir reçu la capacité de se laisser décoiffer l’âme !Pourquoi moi, pourquoi pas ce-lui-ci, ou celle-là ?

    Mystère de ce don. Et comme je voudrais que tous ceux que j’aime soient pris dans ce maels-tröm défi nitif. Allons, Seigneur Jésus, Fils du Dieu Vivant relevé d’entre les morts, un p’tit coup d’pouce ! Faites-les trembler, que diable ! Heu... pardon.

    Aline Viredaz

    La journaliste Aline Viredaz avec son compagnon à quatre pattes.

    * « Là où je vais », Aline Viredaz (Editions Labor et Fides), 2008

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    lité avant la votation fédérale

    sur le salaire minimal du 18 mai

    prochain. Savoir s’il appartient à

    l’Etat de le fixer et quel doit être

    le niveau de ce minimum est

    controversé. Mais la question du

    salaire équitable est cruciale. Le

    Conseil de la Pastorale œcumé-

    nique dans le monde du travail

    a repris les réflexions du concile

    Vatican II (Gaudium et Spes 67) :

    Un salaire équitable doit naturel-

    lement se justifier par « les fonc-

    tions et la productivité de cha-

    cun » ; il doit aussi tenir compte

    « de la situation de l’entreprise

    et du bien commun. » L’équilibre

    économique de l’entreprise est

    important. L’équilibre de la société

    dans laquelle elle se trouve aussi.

    Les rémunérations qu’elle distri-

    bue doit y contribuer.

    Les hommes et les femmes que

    nous rencontrons sont blessés

    par le chômage et l’exclusion. Si

    nous pouvons les aider à se rele-

    ver, nous avons témoigné de la

    résurrection. Mais nous sommes

    aussi appelés à agir sur les struc-

    tures sociales et économiques

    quand elles sont blessantes.

    Sans cela, nous admettrions que

    la violence a le dernier mot. Or,

    après Pâques, nous savons qu’il

    n’en est rien !

    Jean-Claude Huot

    La résurrection face aux personnes démuniesDOSSIER Rendre compte de la joie de la Résurrection à des personnes qui risquent sans cesse de se retrouver sans revenu ? Pas évident ! Quelle bonne nouvelle apporter quand l’impasse matérielle domine et qu’aucune solution n’apparaît ? L’aumônier de la Pastorale du monde du travail, Jean-Claude Huot, propose d’y réfl échir à l’occasion de la fête du 1er mai.

    Dans la pastorale du monde

    du travail, je rencontre

    des personnes qui vivent

    dans l’extrême précarité. Au chô-

    mage depuis longtemps, elles

    dépendent de l’aide sociale. Mi-

    grantes, certaines ne bénéficient

    même pas de cette aide. Alors

    quand vient une offre de travail,

    le soulagement est intense… et la

    désillusion parfois brutale.

    Pour 28 heures hebdomadaires

    on a proposé à une mère de

    famille 1 000 francs de salaire

    mensuel, moins de 9 francs par

    heure pour garder des enfants et

    faire le ménage. Ou encore, pour

    un homme qui a dix ans d’expé-

    rience, un emploi à mi-temps

    payé 1 750 francs (le plein temps

    serait à 3 500 francs) pour faire

    la vaisselle dans la cuisine d’un

    hôtel.

    Cette réalité est observée par-

    tout dans le Canton, tant par les

    aumôniers de l’Eglise que par les

    assistants sociaux de Caritas.

    Certains salaires sont si bas qu’ils

    ne permettent pas de vivre de

    manière autonome.

    Comme au XIXe siècleCette violence n’est pas nouvelle.

    En 1891, le Pape Léon XIII écri-

    vait déjà : « Si, contraint par la né-

    cessité ou poussé par la crainte

    d’un mal plus grand, l’ouvrier

    accepte des conditions dures,

    que d’ailleurs il ne peut refuser

    parce qu’elles lui sont imposées

    par le patron ou par celui qui fait

    l’offre du travail, il subit une vio-

    lence contre laquelle la justice

    proteste. » (Encyclique Rerum

    Novarum 34.4)

    Dès lors, les papes rappelleront

    sans cesse l’impératif de la digni-

    té humaine dans l’aménagement

    des conditions de travail. Pour

    l’enseignement social de l’Eglise,

    le salaire doit permettre au travail-

    leur et à sa famille de mener une

    vie digne, pas seulement se nour-

    rir, se vêtir et se loger, mais aussi

    participer à des activités sociales,

    culturelles ou religieuses.

    Enseignement social en pratiqueCet enseignement reste d’actua-

    Les épiceries Caritas vendent des produits alimentaires à des prix très bas aux

    personnes dans le besoin.

    Depuis septembre 2013, je suis

    plongé dans le Département

    Solidarités.

    Pastorale œcuménique dans le

    monde du travail : la réalité de la

    migration me saute au visage.

    Les personnes que je rencontre

    viennent de loin parfois, ne

    savent pas toujours le français.

    Elles cherchent de quoi vivre,

    n’ont plus rien ailleurs. Que leur

    proposer ? L’écoute ne suffi t

    pas. Elles veulent travailler et

    ne trouvent rien. Les solutions

    restent rares. J’admire la force

    de ces personnes sans loge-

    ment et sans revenu ; mais je

    suis indigné face à l’injustice qui

    les frappe !

    Le Département : une quinzaine

    de personnes engagées corps

    et âme avec les plus précarisés,

    en prison, dans la rue. Un dyna-

    misme extraordinaire. A chaque

    réunion nous échangeons sur

    notre vécu. Ensemble, nous

    portons les souffrances parta-

    gées dans l’eucharistie. Foi et

    vie indissociée ! L’indignation

    devient espérance.

    Et nous pourrions faire mieux.

    Le Pape François demande

    de mettre en œuvre l’Evangile

    pour transformer la société. A

    Renens, les acteurs du Dépar-

    tement travaillent avec la pa-

    roisse, avec les communautés

    linguistiques. Ces liens peuvent

    se renforcer, non seulement

    dans l’Ouest lausannois, mais

    dans tout le Canton. Les Di-

    manches solidaires ou les per-

    manences Accueil en sont des

    exemples. Pour une Eglise

    « qui entend la clameur pour

    la justice et veut y répondre de

    toutes ses forces ». Alors la joie

    de l’Evangile rayonnera !

    Regard neufsur l’Eglisedans le Canton :

    Jean-ClaudeHuot, agent pastoral

    au Département

    Solidarités

    A l’occasion de la fête du travail, jeudi 1er mai, la Pastorale œcu-

    ménique dans le monde du travail organise une soirée à l’église

    Saint-Laurent à Lausanne. Une célébration œcuménique aura lieu

    à 18h30, suivie d’une collation avant un éclairage éthique sur l’ini-

    tiative pour un salaire minimum.

    La soirée sera l’occasion d’aller au-delà de la votation sur l’initiative

    sur les salaires équitables. La célébration rendra grâce pour ce

    don qui nous est fait de contribuer à la Création.

    Un débat suivra sur les enjeux éthiques du salaire minimal. Avec

    Pierre-Alain Praz, directeur de Caritas-Vaud et Pierre Bühler, pro-

    fesseur de théologie systématique à l’Université de Zurich.

    Infos : www.cath-vd.ch/mondedutravail

    Le travail mis en valeur

    Carita

    s-m

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  • 6

    Les deux sociologues vau-

    dois de l’UNIL, René Knü-

    sel et Hakim Ben Salah,

    relèvent que le dimanche vécu

    aujourd’hui par les chefs de

    famille est bien différent d’il y

    a cinquante ans. Les priorités

    ont changé. Repos et vie spi-

    rituelle communautaire ont été

    remplacés par tout ce qui n’a

    pu être fait pendant la semaine :

    prendre du temps avec ses en-

    fants ou ses vieux parents, faire

    du sport, terminer ses tâches

    domestiques ou même préparer

    le travail du lundi. Le choix pour

    l’organiser n’est plus collectif,

    mais très largement individuel.

    La pratique religieuse est dès

    lors passée au second plan,

    favorisée par des modes de vie

    urbains et individualistes.

    Le jour du Seigneur est vécu bien différemment aujourd’hui qu’il y a cinquante ans, que ce soit pour la messe dominicale, en famille ou en termes de loisirs. Pour y réfl échir, Mgr Charles Morerod a notamment invité trois sociologues pour en débattre avec les agents pastoraux du diocèse. Et le vicaire épiscopal du canton de Vaud, l’abbé Marc Donzé, a prolongé la discussion lors de la récente assemblée cantonale de la Pastorale. Etat des lieux.

    Les 400 agents pastoraux réunis à l’Université de Fribourg lèvent des cartons coloriés pour donner leurs réponses au questionnaire des sociologues. Ceux-ci en ont

    tiré les conclusions quelques minutes après la fi n de ce sondage « in vivo ».

    Réfl exions collectives sur le sens du dimanche

    Les sociologues ont vu leurs hy-pothèses confi rmées par les 420 agents pastoraux du diocèse réunis en session de l’automne dernier. Dans le passé, disent 64% d’entre eux, « on profi -tait de reprendre des forces ». Aujourd’hui, pour 81% des interviewés, « on gère d’abord des occupations sociales et sportives, à concilier avec des contraintes professionnelles. »

    Et la messe du dimanche ?Dès lors, pour les Eglises, il s’agit d’investir ces nouveaux espaces de la culture, du sport et des loisirs, d’être là où les gens continuent de se rencon-trer. En effet, commentent les sociologues de la session, « les services religieux ne constituent

    plus une activité structurante pour les familles. Si certains parents et enfants sont encore attachés à une vie spirituelle, c’est de plus en plus hors des cadres institutionnels, notam-ment chez les jeunes marqués par une certaine indifférence au pouvoir d’autorité, de transmis-sion et de transcendance. » Le repos dominical est en priorité familial et laïc !

    Un jour encore sacré ?La société de consommation n’a pas encore réussi à faire ou-vrir massivement les portes des magasins le dimanche, relèvent ces analystes de nos pratiques de vie. Mais le jour du Sei-gneur – c’est le sens du terme dimanche – restera-t-il marqué

    par la visite de Dieu parmi les hommes ? Il reste encore sacré pour nombre de migrants et de seniors.

    Comment rejoindre les familles ?Et pour les familles, pour les jeunes qui font bande à part ? Les forces vives des Eglises sont appelées à les rejoindre, si elles veulent encore offrir du sacré le dimanche à l’ensemble de la société dans les lieux de culture, de divertissement, de sport ; là où les gens se ren-contrent le dimanche. C’est un sacré défi que les communau-tés catholiques sont appelées à relever ces prochaines années.

    Jean-Brice Willemin

    Diocèse LGF

  • 7

    Le groupe genevois P.U.S.H. invité pour fêter l’Evangile à la maison.

    Plus de 80 agents pasto-raux et bénévoles ont réfl échi à la manière de donner un nouveau sens au dimanche dans le cadre de l’assemblée de la Pastorale du 12 mars dernier. L’assemblée a discuté d’exemples vécus.

    Comment peut ainsi se vivre de manière plus vivante nos rassemblements communau-taires ? Trois grands témoins ont raconté comment ils ont organi-sé et participé à des moments festifs en Eglise.

    Messes multiculturellesMarie a raconté avec enthou-siasme l’animation à la basi-lique Notre-Dame de Lausanne, en équipe, des cinq messes du dimanche de la Mission uni-verselle en octobre dernier. « Nous étions une trentaine de personnes de diverses natio-nalités. Nous avons collaboré, cheminé ensemble dans un dia-logue et un respect de toutes les cultures. Je relève cette réac-

    tion entendue de fi dèles : Vous étiez dans la lumière. » Deux autres témoins d’origine étrangère ont raconté avec enthousiasme leur participa-tion à la crèche vivante de Noël de la paroisse St-Amédée de Lausanne. « Des personnes d’autres religions ont joyeuse-ment participé à la fête de la naissance de Jésus. »

    Accueillir les inconnusParmi les participants, on rele-vait l’importance de se sentir ac-cueilli et reconnu pour établir des liens en communauté. « Il faut soigner l’accueil au début des offi ces et faciliter les rencontres avec de nouveaux paroissiens, par exemple en organisant des apéritifs sur le parvis et en allant à la rencontre des personnes inconnues ; il y a une conver-sion intérieure à entreprendre pour se rendre disponible. Cela permet de mieux se rassembler pour prier ensemble », ont rele-vé des participants.

    JBW

    Plus de 80 personnes ont participé à l’Assemblée de la Pastorale à La Longeraie

    à Morges.

    La lecture en groupe des Evan-giles à la maison a débuté en automne 2011 dans le canton de Vaud. Après Marc et Luc, c’est au tour des Actes des Apôtres d’être discutés entre amis. Pour fêter le démarrage de ce nouveau cha-pitre du Nouveau Testament, ils sont invités à une grande fête vendredi 6 juin à l’église St-Amé-dée de Bellevaux à Lausanne. L’intuition fondatrice de l’Evan-gile à la maison, c’est de convier et rassembler chez soi quelques voisins, amis ou proches, pour un temps de lecture et de par-tage de la Bible. Avec le souhait de s’ouvrir à des interlocuteurs éloignés de l’Eglise. Depuis décembre 2011, de nombreux groupes se sont ainsi réunis chez des particuliers pour lire un Evangile et vivre un temps de partage. Le propos n’est pas de « convaincre », mais de se mettre, ensemble, à l’écoute de textes qui sont toujours à rece-voir à neuf, quels que soient ses croyances, expériences ou degrés d’engagement dans une Eglise.

    Histoire œcuméniqueAprès un premier parcours sur l’Evangile selon Marc en 2011-12, la lecture de l’Evangile selon Luc a été l’occasion, dès l’au-

    tomne 2012, d’une riche collabo-ration œcuménique entre Eglises catholique et réformée du canton de Vaud. De nouveaux groupes ont alors été créés, mixtes et diversifi és. La célébration de vendredi 6 juin à 18 heures, avant-veille de la Pentecôte, marque le lancement offi ciel de la lecture des Actes des Apôtres. Elle intègrera un groupe de jeunes encadrés par deux professionnels chrétiens du monde du spectacle. La partie son et lumière de la célébration est ainsi confi ée à Fabrice Kas-par, leader du groupe rock chré-tien P.U.S.H. Fondé à Genève en 2002, le groupe collabore avec des chrétiens de tous horizons, des croyants d’autres religions et aussi des personnes agnos-tiques. Et c’est Fabien Moulin, metteur en scène et directeur de troupe valaisan, qui prêtera sa voix à la lecture de textes choisis du livre des Actes. A la fi n de cette rencontre, il sera possible de se renseigner sur la manière de constituer un nou-veau groupe ou de rejoindre un groupe existant, mais aussi et surtout de partager une sympa-thique agape offerte à tous.

    Sr Isabelle Donegani

    et Béatrice Vaucher

    Evangile à la maison à fêter à Lausanne

    exions collectives sur le sens du dimancheAssemblée de la Pastorale à la Longeraie

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  • 8

    Pourquoi canoniser quelqu’un ?La canonisation désigne l’acte par lequel le pape inscrit une personne sur la liste officielle des saints. Elle a pour but de

    proposer en exemple au peuple

    chrétien le témoignage d’un des

    membres défunts de l’Eglise et

    d’autoriser ou de prescrire un

    culte public en son honneur.

    Ce culte public se traduit par

    l’attribution d’un jour de fête au

    calendrier et par la possibilité

    d’exposer des images et des

    reliques dans les églises.

    A quand remonte la procédure ?La première déclaration offi-

    cielle de la part de l’Eglise de

    la sainteté d’une personne est

    la bulle pontificale envoyée par

    Jean XV en 993 aux évêques

    de France et de Germanie, pour

    leur signaler qu’Ulrich, évêque

    d’Augsbourg, devait être consi-

    déré comme saint. Mais dès les

    premiers siècles, les évêques

    s’étaient réservé le droit de dé-

    clarer qui pouvait être reconnu

    comme saint, tant les martyrs et

    les saints étaient populaires. Au

    XIIe siècle, le pape Alexandre III

    a restreint ce droit au seul sou-

    verain pontife. Un siècle plus

    tard, Innocent III en a défini

    les règles. Il y eut plusieurs ré-

    formes à travers les siècles, la

    dernière ayant été apportée par

    Jean-Paul II avec la Constitution

    apostolique du 25 janvier 1983

    (Divinus Perfectionis Magister),

    destinée à simplifier la procé-

    dure et à y associer davantage

    les évêques.

    Quels sont les critères ?Pour être reconnue comme

    sainte, une personne doit rem-

    plir plusieurs conditions. Elle doit

    avoir un rayonnement spirituel

    après sa mort, signe de sa par-

    ticipation à la sainteté de Dieu

    et assurance que son exemple

    est accessible et bienfaisant au

    peuple chrétien. Les miracles

    qui peuvent lui être attribués re-

    vêtent à ce titre une grande im-

    portance ; ils sont considérés par

    l’Eglise comme un signe de Dieu

    pour confirmer la sainteté de la

    personne. La seconde condi-

    tion est le martyre, ou les vertus

    chrétiennes, marque d’une fois

    vivante et démonstration que la

    sainteté n’est pas inaccessible à

    l’homme.

    Quelle est la procédure ?La procédure se présente

    comme celle d’un procès cano-

    nique. Le postulateur de la cause

    doit adresser une requête écrite

    à l’évêque du diocèse où est

    mort le candidat à la sainteté. Le

    dossier comprend une biogra-

    phie, une copie de l’ensemble de

    son œuvre, une liste de témoins

    pour les causes récentes, l’avis

    d’experts, les résultats de l’en-

    quête, véritable instruction judi-

    ciaire.

    C’est alors la Congrégation

    pour la causes des saints (ins-

    tituée par Paul VI en 1965 ;

    DÉCODAGE Le di-manche 27 avril 2014, Jean XXIII et Jean-Paul II seront canonisés, c’est-à-dire qu’ils seront in-scrits au catalogue des saints. Décryptage d’une pratique millénaire.

    La canonisation, c’est quoi ?

    auparavant, ces questions rele-

    vaient de la Congrégation des

    rites) qui va mener à son terme

    l’examen de la cause. Cette

    Congrégation présidée par un

    préfet est constituée de cardi-

    naux, d’évêques, d’historiens,

    de théologiens, de médecins

    (s’il y a miracles). Dans le cours

    de la procédure intervient le pro-

    moteur de la foi, sorte d’avocat

    général dont la mission est de

    rien laisser dans l’ombre, même

    les choses négatives (d’où l’ap-

    pellation d’ « avocat du diable »,

    qui est passée dans le langage

    courant).

    Si les délibérations de la

    Congrégation sont positives, le

    dossier est alors remis au pape,

    à qui revient l’ultime décision.

    Olivier Schöpfer

    avait pris place parmi les jeunes

    évêques qui déclenchaient des

    applaudissements, remplissant

    peu à peu toute l’aula. Beau sym-

    bole de l’aggiornamento qu’avait

    voulu Jean XXIII : un Concile qui

    renouvelle « la rencontre avec

    Jésus ressuscité, rayonnant dans

    l’Eglise entière, pour le salut, la

    joie et les splendeurs de tous les

    peuples humains ». Plus tard,

    Jean-Paul II fera maintes fois réfé-

    rence dans ses messages du 1er

    janvier à l’encyclique Pacem in ter-

    ris de Jean XXIII.

    Comment Jean–Paul II a-t-il intégré le souffl e du Concile ?Vatican II voulait renforcer la com-

    munion dans la diversité, par la

    Quelle fi liation entre ces deux papes ?Elle était visible pendant le concile.

    Karol Wojtyla, nommé évêque en

    1958 par Pie XII, a participé à la 1re

    session de fi n 1962, qui a eu une

    infl uence décisive pour faire entrer

    Vatican II, programmé par la Curie,

    dans une Eglise peuple de Dieu. Il

    Trois questions à :

    Abbé Jean-Marie Pasquier, ancien curé du Saint-

    Rédempteur

    collégialité épiscopale, et en pro-

    mouvant les Eglises locales. Qu’en

    est-il advenu sous Jean-Paul II ?

    On en attendait davantage ;

    il s’est efforcé de promouvoir

    l’œcuménisme, surtout avec les

    orthodoxes, et aussi le dialogue

    interreligieux. Qu’on pense à la

    rencontre d’Assise où pour la pre-

    mière fois des croyants du monde

    entier prièrent côte à côte ! Sur un

    autre plan, l’Europe de l’Est lui doit

    beaucoup pour la chute du mur de

    Berlin. Par contre, sa lutte contre

    le communisme l’a marqué néga-

    tivement pour comprendre la théo-

    logie de la libération et soutenir

    l’engagement des communautés

    latino-américaines qui s’y réfé-

    raient.

    Va-t-on fêter ensemble Jean XXIII et Jean-Paul II ? Dieu merci, le pape François cé-

    lèbre le même jour cette double

    canonisation. Mais ces saints

    demeurent si différents dans leur

    manière d’incarner l’Evangile – en

    particulier leur attitude à l’égard

    des faibles et des exclus de ce

    monde et au sein de l’Eglise – qu’il

    vaut mieux, selon moi, respec-

    ter cette distance, jusque dans le

    calendrier. Jean-Paul II a écrit une

    magnifi que encyclique sur Dieu

    riche en miséricorde, mais com-

    ment en a-t-il témoigné à l’égard

    des divorcés remariés ou des

    prêtres désireux de se marier reli-

    gieusement ? Qui ouvrira un jour

    ces portes si longtemps fermées ?

    Le pape François ?

  • 9

    Mécanicien-électricien de profession, Roland Mug-gli a senti très tôt l’appel à une vocation de service dans l’Eglise. De mère protestante, élevé dans cette confession, il choisit à 22 ans d’entreprendre une formation pour devenir diacre. Il effectue divers stages, en Suisse, en Allemagne et en France, à Taizé. « Mes premiers contacts avec Taizé remontent

    à 1964. C’était la période du

    concile Vatican II, et on ressen-

    tait une effervescence réelle.

    Elle s’est traduite, au fil des

    années et jusqu’à aujourd’hui,

    par un œcuménisme plus grand.

    C’est encore plus vrai avec le

    pape François. »

    Il se marie à 35 ans – avec son

    épouse, ils ont eu trois enfants

    – et est consacré diacre dans

    l’Eglise protestante vaudoise.

    Durant quelques années, il a

    travaillé comme infirmier chef,

    puis directeur dans un EMS

    Roland Muggli a très tôt entendu l’appel du Christ.

    de la région lausannoise. Au

    fil du temps, il acquiert la certi-

    tude que l’Eglise protestante ne

    répondait pas pleinement à sa

    vision d’Eglise, spécialement

    le fait de ne pas reconnaître la

    présence réelle du Christ dans

    l’eucharistie.

    Ordonné en 2009« A ma retraite, j’ai demandé

    mon entrée dans la pleine com-

    munion de l’Eglise catholique.

    Ca n’a pas été facile pour mon

    épouse, mais elle l’a accepté.

    Je ne parle pas de conversion,

    mais plutôt d’une prolongation

    de mon ministère de diacre. »

    En 2009, il est ordonné diacre

    par Mgr Genoud à Morges. « Ce

    fut une journée magnifique »,

    dit-il, les yeux encore emplis de

    lumière.

    Roland Muggli conçoit son rôle

    actuel comme étant au service

    du Christ et de l’Eglise. « Je

    coordonne la préparation des

    liturgies, pour les rendre plus

    vivantes. Je préside aussi la

    célébration de baptêmes et de

    services funèbres, ainsi que

    quelques mariages. »

    Un service de charitéOutre la liturgie et la parole, son

    service est également axé sur

    la charité, notamment dans le

    cadre de la Conférence Saint

    Vincent de Paul. « J’en suis le

    président depuis cinq ans. Il

    y a deux ans, l’Association St

    Vincent de Paul de la région

    morgienne est devenue œcu-

    ménique. Il est important que

    nous travaillions ensemble pour

    tout ce qui est social. Nous

    avons une bonne collaboration

    avec l’Armée du Salut et les

    Eglises évangéliques de Morges

    et de Lonay. Nous aidons les

    plus pauvres, et notamment les

    MÉTIER D’EGLISE Roland Muggli est diacre au sein de l’UP La Venoge-L’Aubonne. Son riche parcours de vie trace en fi ligrane l’évolution ecclésiale du Canton.Portrait.

    Plus de 70 ans à l’écoute du Christ

    eu un grand choc émotionnel. Et

    entre le Christ que je fréquente et

    moi, il y a encore une table percée,

    où la fl amme des petits lumignons

    vacille au moindre courant d’air.

    Ils ont refait le chauffage dans

    l’église, mais j’y ai toujours froid.

    Peut-être parce que j’y vais rare-

    ment pour remercier, mais plutôt

    quand je vais mal, quand le froid

    est à l’intérieur de moi. Il m’est

    plus facile de remercier à genoux

    devant un pré de violettes le nez

    dans l’herbe, qu’à genoux sur un

    banc. Mes genoux ne sont plus

    ce qu’ils étaient de toute façon.

    Comme mon cœur, ils sont désen-

    chantés. Une bougie pour mes

    enfants, « Seigneur, garde-les en

    vie... » Je pourrais tout affronter,

    personnes qui ont des difficultés

    financières. Nous ne donnons

    pas d’argent, mais du soutien et

    des aides matérielles, en payant

    certaines factures et en donnant

    des bons Caritas et Migros. Il y

    a une grosse augmentation des

    demandes, et il n’est pas tou-

    jours facile de discerner qui est

    vraiment dans le besoin. »

    A 76 ans, et tant qu’il en a la

    force, Roland Muggli continue

    d’être un beau serviteur de

    l’Eglise.

    Olivier Schöpfer

    Le Jésus que je fréquente est en

    plâtre creux. Je le sais bien, je ne

    suis pas dupe. Il est cloué sur une

    croix de bois qui tient au mur avec

    des vis et des boulons. A ses pieds,

    dans des vases en cristal épais,

    des chrysanthèmes rose pâle à

    l’odeur tenace baignent dans l’eau

    jaunie, des étoiles de Noël rouge

    napperon, des azalées en pot qui

    perdent toutes leurs feuilles d’un

    seul coup, comme si elles avaient

    Pour vous, qui est Jésus ?

    La réponse de

    Claude-IngaBarbey, comédienne

    mais pas ça.

    Ce matin, sur le prie-Dieu voisin,

    un homme africain pleure. Il prie et

    il pleure, devant le Jésus en plâtre.

    J’essaye de dire le Notre Père,

    mais je n’arrive pas à me concen-

    trer. Je voudrais toucher l’épaule

    de cet homme, lui dire que s’il a

    besoin d’aide, je peux peut-être

    faire quelque chose. Mais je n’ose

    pas. J’ai peur. Peur d’aller vers

    cet homme et qu’il me demande

    de l’argent, ou une autre chose

    impossible. Au moment de m’en

    aller je tourne enfi n la tête et je le

    regarde vraiment. Il a la tête bais-

    sée, il murmure pour la centième

    fois la même prière. Je le regarde,

    mais il ne me voit pas. J’envie sa

    foi, mon sac de courses au bout du

    bras. J’envie sa ferveur.

    D’habitude, à cette heure-là,

    l’église est vide, et j’aime transgres-

    ser la distance sacrée qui nous sé-

    pare et aller coller mon front contre

    la jambe du Christ qui est juste à la

    bonne hauteur. Comme un enfant

    fi évreux, je trouve un apaisement

    dans ce contact pierreux. J’y puise

    de la force. Mais ce matin, je n’ose

    pas, mon Jésus de plâtre est déjà

    pris, il est en consultation. Et le

    cas semble grave, plus grave que

    le mien.

    Lorsque je sors de l’église, la lu-

    mière est vive. S’il m’avait rendu

    mon regard, je lui aurais parlé. Que

    Dieu me pardonne de n’avoir pas

    touché son épaule, mais il y a des

    moments où je me sens comme le

    Jésus en plâtre, peinte, creuse et

    immobilisée contre le mur par des

    vis et des boulons.

    Jean-B

    rice W

    illem

    in

  • 10

    Adresses utilesMission de langue allemande, avenue Vinet 27, 1004 Lausanne, tél. 021 648 41 50Mission de langue portugaise, avenue de Morges 60, 1004 Lausanne, tél. 021 323 14 58

    DÉPARTEMENTSDépartement 0-15 ans, chemin des Mouettes 4, CP 600, 1001 Lausanne, tél. 021 613 23 53Département 15-25 ans, boulevard de Grancy 29, 1006 Lausanne, tél. 021 612 61 30Département Adultes, chemin des Mouettes 4, CP 600, 1001 Lausanne, tél. 021 613 23 33Département Santé, chemin des Mouettes 4, CP 600, 1001 Lausanne, tél. 021 613 23 67Département Solidarités, chemin des Mouettes 4, CP 600, 1001 Lausanne, tél. 021 613 23 88

    Support informatique, 021 613 23 20 et 079 126 72 47Support AVEC, 021 613 23 15Support www.cath-vd.ch, 021 613 23 26

    UP Nyon - Terre Sainte, rue de la Colombière 18, 1260 Nyon, tél. 021 635 45 80 UP Prilly - Prélaz, avenue de Morges 66, 1004 Lausanne, tél. 021 624 45 55UP Renens - Bussigny, avenue de l’Eglise-catholique 2b, 1020 Renens,tél. 021 634 01 44UP Riviera, avenue des Planches 27, 1820 Montreux, tél. 021 963 37 08UP Notre-Dame de Tours, Chemin des Rites 2, 1566 St-Aubin (FR), tél. 026 677 11 42UP St-Barnabé, rue Guillermaux 17, 1530 Payerne, tél. 026 660 21 96UP St-Pierre les Roches, rue de l’Eglise 17, 1670 Ursy, tél. 021 909 50 37Décanat d’Aigle, rue du Rhône 4, 1860 Aigle, tél. 024 466 23 88

    MISSIONS LINGUISTIQUESMission de langue espagnole, chemin des Mouettes 4, CP 600, 1001 Lausanne, tél. 021 613 23 73Mission de langue italienne, rue Orient-Ville 16, 1005 Lausanne, tél. 021 323 14 58Mission de langue anglaise, avenue de Béthusy 54, 1012 Lausanne

    DIRECTIONVicariat épiscopal, chemin des Mouettes 4, CP 600, 1001 Lausanne, tél. 021 613 23 43FEDEC-VD, chemin des Mouettes 4, CP 600, 1001 Lausanne, tél. 021 613 23 13

    UNITES PASTORALESUP Chasseron-Lac, rue Maison-Rouge 14, 1400 Yverdon-les-Bains, tél. 024 424 20 50UP Dent-de-Vaulion, chemin de la Dame 1, 1350 Orbe, tél. 021 441 32 90UP Grand-Vevey, rue des Chenevières 4, 1800 Vevey, tél. 021 944 14 14UP Gros-de-Vaud, rue St-Jean 7, 1040 Echallens, tél. 021 882 22 52UP La Venoge - L’Aubonne, rue du Rond-Point 2, 1110 Morges, tél. 021 811 40 10UP Lausanne Lac, chemin de Beau-Rivage 3, 1006 Lausanne, tél. 021 616 51 43UP Lausanne Nord, avenue de Chailly 38, 1012 Lausanne, tél. 021 652 37 32UP L’Orient, avenue des Collèges 29, 1009 Pully, tél. 021 728 15 57UP Notre-Dame Lausanne, rue du Valentin 3, 1004 Lausanne, tél. 021 318 82 00

    ImpressumEditeur : FEDEC-VD.Adresse : chemin des Mouettes 4, CP 600, 1001 Lausanne.Directeur de la publication : abbé Marc Donzé, vicaire épiscopal.Comité éditorial : abbés Marc Donzé, et Thierry Schelling, François Rouiller, Olivier Schöpfer et Jean-Brice Willemin.Rédacteur responsable : Jean-Brice Willemin.Mise en page : Eva Mikulski.Ont aussi collaboré à ce numéro : Textes : Sr Isabelle Donegani, Jean-Claude Huot, Béatrice Vaucher, Aline Viredaz et Maria Zufferey.Photos : Internet, Caritas et Jean-Brice Willemin. Relecture : Pierre-André Werlen.Tél. : 021 613 23 23 Fax : 021 613 23 24E-mail : [email protected] Internet : www.cath-vd.chrelais, journal de réfl exions et d’informations de l’Eglise catholique dans le canton de Vaud, est un trimestriel gratuit, tiré à 4 100 ex. Prochaine parution : 1er juillet 2014.

    Conférence-débatsur cinquante ansde vie catholique

    La Fédération ecclésiastique catholique romaine du canton de Vaud (FEDEC-VD) fête en 2014 son 50ème anniver-saire. A cette occasion, elle organise plusieurs manifesta-tions tout au long de l’année. Le prochain rendez-vous, une conférence-débat sur les catholiques dans le canton de Vaud ces 50 dernières an-nées, aura lieu mardi 20 mai 2014 à 18h30 à l’Université de Lausanne-Dorigny (bâti-ment Anthropole, salle 1129).Le professeur René Knüsel fera un exposé historico-so-ciologique sur l’évolution de la communauté catholique du-rant ces cinquante dernières ans (« De la discrimination à l’intégration ? »). Ensuite, une table ronde sera animée par M. Justin Favrod, journaliste à 24 Heures, avec la parti-cipation de quatre person-nalités catholiques (Ariane Dayer, Ada Marra, Bruno de Kalbermatten, Jean-Jacques Schwaab) et d’une person-nalité réformée (Jean-Paul Perrin).

    « L’argent trompeur » d’Yvan Mudry

    Rivtél

    La démonstration de l’essayistelausannois repose sur le constat que nos sociétés occidentales fonctionnent sur les principes de l’économie libérale. Yvan Mudry les a bien compris, lorsqu’il tra-vaillait comme journaliste écono-

    mique à L’Agefi et au Journal de Genève. « Appliqués à la lettre, ces principes libéraux amènent à considérer chaque individu comme autonome, sans dette existentielle, sans obligation puisqu’il ne doit rien à personne et qu’il peut donc poursuivre égo-ïstement son intérêt personnel. Ce credo économique est dépas-sé, anti-écologique et contraire à notre conception spirituelle dans l’Eglise catholique, selon laquelle tout vient de Dieu et retourne à

    LIVRES Le théologien Yvan Mudry, devenu journaliste économique puis chroniqueur religieux, vient de publier L’argent trompeur. Un titre provocateur pour expliquer comment l’argent peut pervertir les relations entre les hommes s’il devient sacré, honoré comme le veau d’or des anciens.

    lui, si bien que l’homme ne peut pas refermer la main sur ses ri-chesses. »

    Don et contre-donPour Yvan Mudry, les hommes de nos sociétés prospères sont invités à changer de conception de vie, à cesser de croire qu’ils se suffi sent à eux-mêmes pour se comprendre comme individus insérés dans une histoire collec-tive, dans une communauté. « Le rapport à l’argent devient alors tout autre. L’argent acquis, nous sommes amenés à le considérer comme un cadeau, c’est-à-dire invités à le redonner sous une forme que nous allons imaginer au contact d’autrui. »C’est ainsi qu’Yvan Mudry conçoit l’homme dans une com-munauté, soignant son rapport au Dieu-amour par la prise de risques dans ses relations ma-térielles, en valorisant le don. Il l’explicite ainsi : « Pour se libérer de l’emprise de l’argent, il faut être intimement convaincu que celui que nous possédons ne nous appartient pas. »

    Jean-Brice Willemin

    « L’argent trompeur », Yvan Mudry

    (Editions Saint-Augustin)

    Sur la photo ci-contre, Yvan Mudry,

    auteur du livre, dont la couverture est

    en illustration ci-dessus.

  • 11

    Courrier des lecteurs

    Votre avis nous intéresse. Faites-le nous connaître à l’adresse suivante : Jean-Brice Willemin, Service de l’information, chemin des Mouettes 4, CP 600, 1001 Lausanne ou par mail : [email protected].

    Merci pour vos efforts pour offrir une revue « catholique » dans le Canton. Cependant, je vais rompre le consensus de louanges qui fi gure régulière-ment dans le courrier des lec-

    teurs.

    J’ai lu plusieurs numéros de

    relais, mais de véritablement

    catholique je ne trouve rien.

    Un journal « catholique » devrait

    expliquer, éclairer, commenter,

    enseigner la doctrine catho-

    lique. Il devrait démontrer sa

    cohérence, sa logique et son

    équilibre. Il devrait être un relais

    entre ce qu’enseigne l’Eglise

    catholique romaine et les per-

    sonnes. Il devrait faire aimer

    l’Eglise.

    Quant au questionnaire sur

    la famille, faut-il s’étonner de

    tels résultats quand on sait par

    d’autres sondages que de très

    nombreux catholiques ne croient

    plus ni à la Présence réelle, ni

    à la résurrection du Christ, ni à

    l’enfer et ne comprennent plus

    le sens du sacerdoce ministériel

    tant la confusion entre prêtres

    sécularisés et laïcs cléricalisés

    est à son comble.

    Dans ce diocèse, vivent des

    catholiques romains ! Parfois, ils sont traditionalistes. Le manque de sensibilité et de charité de certains prêtres font qu’ils sont « confi nés » dans des chapelles. Ils ne font aucun bruit et vivent leur foi de manière décom-plexée, joyeuse et lumineuse sans vouloir faire la révolution. Ils ne font pas de compromis avec le magistère, les dogmes, le catéchisme offi ciel. Ils confor-ment leurs vies et leurs actes aux enseignements et aux vérités que l’Eglise enseigne. Ils passent par la porte étroite ! L’Amour est aussi exigence !

    Une suggestion, si humblement vous me la permettez, au lieu de nous présenter une Eglise catholique résolument moder-

    niste, en décalage avec Rome, laissez de la place au catholi-cisme ! Pour répondre au sou-hait de réformes en accord avec les idées du monde, il y a des communautés réformées. Là, pas de dogmes, pas de lignes de conduite, une totale liberté de pensée. Mais si le sel de la terre s’affadit, que se passe-t-il ? Si le phare cesse d’éclairer la mer en ne montrant pas les écueils, que devient le navire ?

    Parce que le monde est devenu relativiste, faut-il répudier l’héri-tage que d’autres nous ont lais-sé ? Nous avons à le transmettre intégralement ; aux hommes de choisir ! Là est la vraie liberté. Franco Amoroso,

    La Tour-de-Peilz

    Le père Emonet interpelléMerci pour le dernier relais. Je ne l’ai pas encore lu en entier, mais je suis tombé sur une phrase du père Emonet, en page 5 : « Cette encyclique donne la priorité à la procréa-tion, plutôt qu’à l’amour, dans la sexualité du couple.... » C’est faux et c’est une calomnie. C’est un scandale d’écrire une chose pareille et en plus de la publier ! Certes, l’encyclique a posé et pose des problèmes, mais ce commentaire est déplacé, et c’est le moins que l’on puisse

    dire.Nous sommes mariés depuis 1961 et nous savons de ce que nous parlons, notre mariage étant presque contemporain de cette encyclique ! Je ne veux pas en dire plus ici. Il est impor-tant surtout que je vous aie dit ma totale opposition à cette dé-claration du père Emonet.Jean-Pierre et Mireille Jolliet,

    Saint-Légier

    Réponse du père EmonetJe suis totalement d’accord avec ces remarques, même si je trouve le ton un peu trop agres-sif et passionné. La formulation de mon propos n’est pas très heureuse, je le reconnais. Je ne prétendais pas porter un juge-ment sur l’encyclique Humanae Vitae ni dire mon propre senti-ment, mais seulement rappeler comment elle avait été reçue et perçue dans le grand public.Pierre Emonet, sj, Genève

    L’image d’une Eglise joyeuseJe viens de lire avec grand inté-rêt les deux derniers numéros de relais. J’ai noté que votre journal se veut simultanément de réfl exions et d’informations, deux objectifs forts pertinents et jusqu’ici bien remplis. Les réfl exions donnent l’image d’une Eglise joyeuse et proche des préoccupations de chacun, leurs auteurs évitant le langage souvent abscons et confus de certaines homélies, le discours moralisateur et dogmatique, mais aussi les exposés théolo-giques qui ont leur place, non pas ici, mais dans des revues spécialisées et elles sont nom-breuses. Les informations ap-portent un excellent éclairage sur les évènements religieux, culturels et administratifs, qui peuvent intéresser l’ensemble des catholiques vaudois. Je me réjouis de découvrir les pro-chains numéros.Joseph Frund, Corseaux

    Un relais vraiment catholique ?

    Un idéal essentiellement évangéliqueMerci pour votre journal qui me permet de sentir vibrer un peu l’Eglise catholique en terre vau-doise. Un relais de réfl exions et d’informations, c’est ce qu’il se veut. Puis-je exprimer le sou-hait d’y trouver des réfl exions plus approfondies sur le plan théologique ou spirituel (et pas seulement sociologique) et des informations plus largement ou-vertes sur les autres chrétiens, les autres religions ou courants spirituels ? On ne peut être ca-tholique juste entre soi, il y a né-cessité d’ouverture, de décloi-sonnement et d’un regard plus vaste. Ne réduisez pas l’Eglise catholique dans le canton de Vaud à n’être qu’une petite épi-cerie de quartier !

    Dans le dernier numéro de relais, vous donnez la parole à deux témoins « en lisière de l’idéal catholique. » S’il y a un idéal pour un chrétien, il n’est

    ni catholique, ni même romain, il est essentiellement évangé-lique. Et ce n’est pas celui d’une perfection, encore moins d’une règle disciplinaire suivie à la lettre ! Mais c’est l’ouverture d’un cœur bienveillant et com-patissant. Celle que Jésus nous montre lorsqu’il s’assied sur la margelle de nos puits d’attente, d’égarements et de solitudes. Celle du Pape François qui dit : « Qui suis- je, pour me permettre de juger ? »Merci encore pour votre travail et votre engagement !Antoinette Bochatay Royer,

    Chamoson

  • 12

    DOSSIER L’aumônerie de l’EPFL a invité Fabrice Hadjadj sur le campus d’Ecublens pour une confé-rence aux étudiants. L’écrivain et philosophe français, directeur de l’Institut Européen « Philanthropos » à Bourguillon-Fribourg, a livré à relais quelques réfl exions et confi dences sur le sens de la résurrection du Christ. Interview.

    Fabrice Hadjadj : « La gloire présuppose la croix »

    Vous avez des origines juives, des racines arabes et une identité de catho-lique français. Que veut dire concrètement dans votre vie la résurrection du Christ ?Ce qu’il y a de très bon dans cette question, c’est son ad-verbe : « concrètement. » La foi en la résurrection ne doit pas être abstraction ni une évasion. Son au-delà ne saurait nous pousser à déserter l’ici-bas. C’est pourquoi on ne dit pas « je crois en la résurrection » – c’est à dire en un concept ou un état général – mais « je crois en Jésus crucifi é sous Ponce Pilate et ressuscité le troisième jour », une personne concrète inscrite dans un événement historique. C’est là, peut-être, que le juif que je suis rejoint le chrétien que je suis devenu, et le rend attentif au danger d’une espèce de « résurrectionnisme » éthé-ré qui nous sortirait de la chair et du temps.

    Que fait d’ailleurs Jésus ressus-cité ? Son corps glorieux pour-rait constituer un objet de fasci-nation et d’extase, et les fi dèles tomber sous hypnose. Mais Jé-sus les ramène à la réalité. Avec les disciples d’Emmaüs, avec les apôtres au Cénacle ou sur les bords du lac de Tibériade, il mange, il commente les écri-tures, il réinscrit le miracle dans l’histoire du Salut, comme n’im-porte quel rabbin, et puis il les envoie en mission, il les pousse à le reconnaître et à le mani-fester, non pas dans son corps splendide, mais dans n’importe quel visage ordinaire. Le témoin de la résurrection est avant tout un envoyé au quotidien : le signe qu’il a connu la gloire, c’est qu’il est capable d’aimer l’individu le

    plus terne. Voilà le concret. Est-ce que j’y arrive ?Il y a encore autre chose. La résurrection n’est pas la même chose que l’immortalité. Pour faire un bon ressuscité, il faut d’abord un bon mort. Il n’y a pas ici de fuite devant le tragique de notre condition mortelle. Tout au contraire. Le ressuscité est le même que le crucifi é, la gloire présuppose la croix. C’est donc le corps en tant que vulnérable et livré dans l’amour qui est en jeu, et non quelque fantasme de superpuissance impassible et dominatrice.

    Doit-on mourir pour res-susciter ou le sommes-nous déjà un peu… ressus-cités ?Nous sommes déjà entièrement ressuscités… mais en espé-rance, dans le Christ. Notre condition terrestre et notre condition glorieuse partagent une seule et même vie, qui est celle de la charité. À cette heure, la charité est comme la graine enfouie, qui, de sa tige naissante peine à percer l’obs-curité du sol ; là-bas, on la verra fl eurir de toutes ses fl eurs mul-ticolores, et ployer sous l’abon-dance de ses fruits. La condition de ressuscité apparaît donc déjà dans l’amour du prochain, diffi cile et obscur sur la terre, heureux et lumineux dans le ciel.

    Elle se manifeste aussi dans le fait d’assumer notre condition charnelle. C’est très important aujourd’hui, où l’on rêve de devenir un cyborg. Si l’on croit que le Verbe a assumé et sauvé notre chair vulnérable et mor-telle, alors on doit aimer cette chair vulnérable et mortelle, et comprendre qu’il y a plus de

    grâce dans un enfant trisomique ou une vieille dévote voûtée sur son chapelet, que dans un Ro-bocop suréquipé ou une blindée Superwoman.

    Qu’est-ce qu’une Pâque chrétienne peut apporter dans un monde qui sacra-lise moins Dieu et plus l’in-dividu ?Cette manière de s’exprimer est victime d’une vision concur-rentielle des choses : moins on sacralise Dieu, plus on sacralise l’individu, ou inversement. C’est ce que croient les fondamenta-listes religieux aussi bien que les fondamentalistes athées. Les premiers disent : Il faut plus de Dieu, et donc écraser l’hu-main. Les seconds : Il faut plus d’humanité, et donc éliminer Dieu. Mais cela ne marche pas comme ça, parce qu’on ne peut aimer le Créateur sans aimer sa créature, ni la créature sans son Créateur. On ne peut reje-ter Dieu sans rejeter l’humain. Et c’est bien ce que l’on voit aujourd’hui, où l’exploitation de l’humain est extrême, jusqu’à

    faire de lui un cobaye, que ce soit comme objet de la Charia ou comme matériel pour la tech-noscience. La Pâque vient nous rappeler l’unité de l’humain et du divin jusque dans la mort, et que Dieu a voulu qu’on le recon-naisse sous les traits du faible, du malfaiteur, du blasphémateur même…

    Comment croire encore à la résurrection de la chair ?Si on pouvait répondre au com-ment, on ferait de la foi le résul-tat d’une recette. Or elle n’est justement pas le résultat d’une recette, mais le donné d’une rencontre. Elle ne relève pas de la technique, mais de l’évé-nement. De toute façon, nous croyons toujours déjà un peu en la résurrection de la chair, dès lors que nous avons de la ten-dresse pour les personnes dans leur corps, devinant dans leur visage une singularité qui ne veut pas disparaître.

    Propos recueillis par

    Maria Zuffrey,

    aumônier UNIL-EPFL

    Maria Zufferey, aumônier à l’EPFL, questionne Fabrice Hadjadj.

    Jean-B

    rice W

    illem

    in