EDITORIAL NOTRE « CRÈCHE DE NOËL » C - Laics … · didactique et analytique sur l’identité...

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1 EDITORIAL NOTRE « CRÈCHE DE NOËL » Chers frères et sœurs en saint Dominique, Chers amis, Vous venez de choisir votre nouveau Conseil vicarial. Son premier travail a été de se répartir les tâches. C’est en tant que responsable vicariale laïque et avec beaucoup d’émotion que je vous adresse ce premier éditorial. Avant toute chose, tout le Conseil se joint à moi pour vous remercier pour la confiance que vous nous faites et pour remercier le Conseil précédent pour le travail accompli. Il est encore trop tôt pour vous partager des orientations pour les quatre années qui viennent. Le Conseil doit travailler en partenariat avec vous. Cependant, je peux préciser l’esprit dans lequel je souhaite animer le Conseil. Je désire qu’il trouve son dynamisme entre tradition et créativité. Tradition parce que nous appartenons à ce grand Ordre qui plonge ses racines au cœur de l’Evangile. Créativité parce qu’à l’exemple de saint Dominique, ne devons-nous pas aller porter cette Bonne Nouvelle aux frontières de notre monde, hors de nos habitudes ? Le renouvellement d’une grande partie du Conseil sera un gage d’innovation. Je compte sur eux. Je souhaite aussi que les liens entre le Conseil et les Fraternités se développent dans la clarté et dans le respect des richesses déposées par le Seigneur au fond de chacun. Pour terminer, en ce temps de Noël, je voudrais que le Conseil et chacune de nos Fraternités deviennent « crèche de Noël », un lieu où le Seigneur peut prendre vie dans la fragilité de nos existences, dans la chaleur de nos regards les uns pour les autres, dans l’accueil bouleversant de sa Parole et dans l’ouverture de notre cœur à son Amour. Notre Dieu ne demande qu’à entrer dans notre histoire pour cheminer avec notre humanité. Sainte fête de Noël à toutes et à tous ! Dominique Olivier o.p. Responsable vicariale laïque des Fraternités dominicaines de Belgique-sud

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EDITORIAL

NOTRE « CRÈCHE DE NOËL »

Chers frères et sœurs en saint Dominique, Chers amis,

Vous venez de choisir votre nouveau Conseil vicarial. Son premier travail a été de se répartir les tâches. C’est en tant que responsable vicariale laïque et avec beaucoup d’émotion que je vous adresse ce premier éditorial. Avant toute chose, tout le Conseil se joint à moi pour vous remercier pour la confiance que vous nous faites et pour remercier le Conseil précédent pour le travail accompli. Il est encore trop tôt pour vous partager des orientations pour les quatre années qui viennent. Le Conseil doit travailler en partenariat avec vous. Cependant, je peux préciser l’esprit dans lequel je souhaite animer le Conseil. Je désire qu’il trouve son dynamisme entre tradition et créativité. Tradition parce que nous appartenons à ce grand Ordre qui plonge ses racines au cœur de l’Evangile. Créativité parce qu’à l’exemple de saint Dominique, ne devons-nous pas aller porter cette Bonne Nouvelle aux frontières de notre monde, hors de nos habitudes ? Le renouvellement d’une grande partie du Conseil sera un gage d’innovation. Je compte sur eux. Je souhaite aussi que les liens entre le Conseil et les Fraternités se développent dans la clarté et dans le respect des richesses déposées par le Seigneur au fond de chacun. Pour terminer, en ce temps de Noël, je voudrais que le Conseil et chacune de nos Fraternités deviennent « crèche de Noël », un lieu où le Seigneur peut prendre vie dans la fragilité de nos existences, dans la chaleur de nos regards les uns pour les autres, dans l’accueil bouleversant de sa Parole et dans l’ouverture de notre cœur à son Amour. Notre Dieu ne demande qu’à entrer dans notre histoire pour cheminer avec notre humanité.

Sainte fête de Noël à toutes et à tous !

Dominique Olivier o.p. Responsable vicariale laïque des Fraternités dominicaines

de Belgique-sud

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La crèche de Bayonne, XVème siècle

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Lisons une jolie histoire ensemble pendant la veillée de Noël…

LA VIERGE AUX OISEAUX

par les frères Jean et Jérôme Tharaud de l’Académie française

LA Vierge fuyait avec l’enfant devant les soldats du roi Hérode. En chemin elle rencontra la colombe, et la colombe lui demanda :

– Où vas-tu avec ton enfant ?

La Vierge alors lui répondit :

– Je fuis les soldats du roi Hérode.

Mais déjà on apercevait la poussière que faisaient les cavaliers, et la colombe s’envola.

La Vierge continuait de fuir devant les soldats du roi Hérode.

En chemin elle rencontra la caille, et la caille lui demanda :

– Où vas-tu avec ton enfant ?

La Vierge alors lui répondit :

– Je fuis les soldats du roi Hérode.

Mais déjà on entendait le galop des chevaux, et la caille aussi s’envola.

La Vierge s’enfuyait toujours devant les soldats du roi Hérode.

En chemin elle rencontra l’alouette, et l’alouette lui demanda :

– Où vas-tu avec ton enfant ?

La Vierge alors lui répondit :

– Je fuis les soldats du roi Hérode.

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Lisons une jolie histoire ensemble pendant la veillée de Noël…

Mais déjà on entendait les jurons des soudards, et l’alouette fit cacher la Vierge derrière une touffe de sauge.

Les soldats d’Hérode ont rencontré la colombe, et ils ont dit à la colombe :

– Colombe, as-tu vu passer une femme avec son enfant ?

La colombe leur a répondu :

– Soldats, elle a passé par ici. Et elle leur montra le chemin que la Vierge avait suivi.

Les soldats d’Hérode ont rencontré la caille, et ils ont dit à la caille :

– Caille, as-tu vu passer une femme avec son enfant ?

La caille leur a répondu :

– Soldats, elle a passé par ici. Et elle leur montra, à son tour, le chemin que la Vierge avait suivi.

Les soldats d’Hérode ont rencontré l’alouette, et ils ont dit à l’alouette :

– Alouette, as-tu vu passer une femme avec son enfant ?

L’alouette leur a répondu :

– Soldats, elle a passé par ici. Mais elle les conduisit très loin de la sauge, de la Vierge et de l’enfant.

Or, sachez à présent ce qu’il advint des trois oiseaux. Dieu a condamné la colombe à roucouler une plainte sans fin, et la caille à raser la terre d’un vol qui la livre au chasseur. Quant à l’alouette, sa récompense est de porter, chaque matin, le salut de la Vierge au soleil.

Jérôme et Jean THARAUD, Les contes de la Vierge édités par les éditions Plon à Paris (1940)

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Les travaux des Fraternités de Belgique-sud et de la Famille dominicaine de Flandre à Bruxelles, le 13 octobre 2007

« L’EUROPE, PROMESSES OU INQUIÉTUDES »

Réussie : on en jugera par la qualité des exposés que nous reproduisons ici très largement, sinon dans leur totalité. A la recherche de l’identité européenne : une ébauche historique

Après les mots de bienvenue des co-présidents de cette journée de formation, Michel Linder, responsable vicarial laïque des Fraternités laïques dominicaines de Belgique-sud, et Bert Van Goethem, président de Dominicaanse Familie Vlaanderen, la parole est donnée à Georges Devinck, qui déblaie le terrain par un exposé assez complet, très didactique et analytique sur l’identité européenne. Une définition qu’il veut actuelle, contemporaine, mais qui plonge ses racines dans un passé riche en événements et en concepts. La première incursion dégage une racine importante : celle de l’empire romain d’Occident. Elle retrace la fin de la domination romaine, l’invasion des Huns, la destitution du dernier empereur romain, la victoire de Clovis et l’apparition d’une nouvelle identité culturelle avec Charlemagne. Les Germains assument en fait la continuité de l’histoire européenne en adoptant la langue latine, la foi chrétienne et l’institution ecclésiale. Toute cette période se dessine sur la carte de géopolitique de la fin de l’ère romaine. On la trouvera à la page suivante. L’observateur très attentif ne manquera pas de remarquer que cette carte ressemble étrangement à celle que le président Sarkozy a présentée pour soutenir son projet d’alliance entre les pays riverains de la Méditerranée.

Une journée de formation audacieuse et fort réussie que celle qui s’est tenue le samedi 13 octobre 2007 dans l’auditorium de la Communauté internationale Saint Dominique de l’avenue de la Renaissance à Bruxelles. Audacieuse, parce qu’elle a été conçue, organisée et réalisée en faisant fi des différences culturelles et linguistiques des laïcs dominicains de Belgique.

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LA JOURNÉE DE FORMATION SUR L’EUROPE

Georges Devinck nous aide ensuite à examiner une deuxième racine européenne : l’empire romain d’Orient, celui de Byzance. C’est l’évocation de Constantinople, la munificence et la richesse de cette civilisation gréco-romaine, avec ses contrastes, sa liturgie et son organisation ecclésiale différente, et une organisation de la société qui mêle empire terrestre et église. Jusqu’à l’avènement de l’empereur Constantin qui rétablira le dualisme des pouvoirs. Le survol historique de cette période s’achève avec le Moyen Age qui fait la synthèse par juxtaposition des cultures gréco-romaine et romaine latine. A pas de géant, Georges Devinck traverse enfin les temps modernes, depuis la chute de Constantinople jusqu’à la redistribution des cartes au lendemain de la révolution française. Avec la situation particulière de la Russie qui, d’une part, devient l’héritière de l’orthodoxie et d’autre part devient une nation occidentale avec Pierre le Grand et Catherine II. Cette période s’achève par le séisme politique et culturel de la révolution française, dont les conséquences seront nombreuses et persistantes : une grande différenciation des classes, la philosophie des Lumières, le rejet de l’absolutisme royal, la disparition du sens sacré de l’Histoire et de l’Etat. Dieu est devenu une affaire privée dans un état séculier.

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LA JOURNÉE DE FORMATION SUR L’EUROPE Suit alors, au terme de cette vaste incursion historique, une analyse très synthétique de l’universalité de la culture européenne et de la crise contemporaine. La synthèse proposée aligne d’abord une série de constats : l’Europe perd ses valeurs spirituelles et religieuses, l’Islam prend pied et devient une référence spirituelle, le Bouddhisme remplit le vide spirituel. Par ailleurs, l’Europe exporte sa démocratie, sa sécularisation, sa technicité et son art de vivre, mais sa culture et sa foi ne font plus recette en dehors de ses frontières. On assiste à la confrontation d’un certain nombre de modèles de civilisation. Le modèle latin, un modèle laïque : l’Etat, qui se fonde sur la « raison », refuse le fondement religieux, vit dans un régime de séparation entre l’Etat et la religion, laquelle est considérée comme une affaire privée. Le modèle germanique : fondé sur un protestantisme étatique et ecclésial, il veut réaliser une alliance entre l’Etat et la Société, l’Etat se fonde sur la philosophie des Lumières mais aussi sur le christianisme, et il assure la liberté de religion. C’est la situation que l’on connaît en Angleterre, en Scandinavie et en Allemagne. On découvre ensuite le modèle nord-américain : une séparation entre l’Eglise et l’Etat, une conception missionnaire universelle de la religion, une influence réelle du facteur religieux en politique, un fléchissement de l’héritage chrétien tempéré par l’immigration hispanique. Mais on note que l’église catholique y est la communauté de foi la plus importante et qu’elle affirme une identité forte. Suivent encore deux modèles socialistes, l’un totalitaire, l’autre démocratique. Le modèle socialiste totalitaire : cristallisé par le système du communisme-marxisme, il se fonde sur le matérialisme historique et athée, il bannit la religion, le bien-être matériel est son seul critère de bonheur, et son économie est planifiée et bureaucratique. Le modèle socialiste démocratique : il s’oppose au libéralisme radical, il entend éveiller la conscience sociale, il entend corriger les idées ultra-libérales et même « dépasser » la religion. On sait le déclin des modèles communistes et marxistes. Sans se départir d’un travail qui, à gros traits de fusain, avait le mérite d’avoir mis en place les ingrédients historiques de l’Europe, Georges Devinck introduit la suite des débats par une réflexion globale : au-delà de l’union économique et monétaire, il faut doter l’Europe de vraies valeurs.

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LA JOURNÉE DE FORMATION SUR L’EUROPE

Trois éléments à avancer pour la nouvelle Constitution européenne

Après avoir permis à Georges Devinck de planter le décor d’une manière macroscopique, le deuxième intervenant de la Famille dominicaine de Flandre, Roger Pieters, se livrera à une analyse très pointue de la situation actuelle. Une analyse qui, à chaque moment, prendra la forme d’un appel à quelque engagement chrétien. Roger Pieters dégage d’abord trois axes de réflexion, trois « piliers » de construction. Le premier élément dont il faudra tenir compte dans la nouvelle Constitution est la nécessité d’accorder une priorité à la dignité et aux droits de l’Homme par rapport aux droits des Etats. Une priorité qui postule une détermination des valeurs et de la dignité humaine, de la liberté, de la solidarité et de l’égalité en tenant compte d’un ordre supérieur, et de l’humain qui est « à l’image de Dieu ». Le deuxième pilier constitutionnel doit se rapporter à la famille et au mariage. Si les rouages de vie harmonieuse en société tournent en roue libre, on voit s’éloigner l’image de l’humain dans sa dignité. Troisième pilier de la démonstration : il faut permettre à la minorité des chrétiens d’Occident d’être le levain de la société, de façon à pouvoir témoigner de leur engagement et à offrir à l’Europe le meilleur de leur héritage. Quels sont, à l’estime de l’intervenant qui s’inspire des documents publiés par la COMECE (secrétariat des Conférences épiscopales de la Communauté européenne), les chances et les dangers qui se dresseront sur le chemin de l’Europe ? Chances et dangers par rapport à quoi ? D’abord, par rapport à la recherche d’une identité européenne. On a considéré d’abord, non sans raison, qu’un des premiers objectifs à atteindre serait d’établir une monnaie européenne unique. Mais dans le même temps, on a modifié les références de l’agir. On a remplacé les Dix Commandements par de nouvelles normes, qui ont eu pour aboutissement d’une part la libération sexuelle et d’autre part l’établissement d’un numerus clausus pour la population mondiale. Dans le même temps encore, on assiste à la multiplication des conférences sur le climat qui matérialise la crainte d’épuiser les réserves naturelles mondiales. On en vient ainsi à devoir envisager deux correctifs à une liberté sans frein : celle qui concerne la sexualité et celle qui concerne les rapports de l’homme avec son environnement, avec la nature.

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LA JOURNÉE DE FORMATION SUR L’EUROPE

L’exposé de Roger Pieters s’est clôturé par une série de propositions tournant autour de ce que l’on pourrait considérer comme notre tâche face aux défis contemporains. Il faut que la dignité humaine demeure le pilier de toute conception éthique, et on n’a pas le droit de biaiser sur ce point. La foi dans le Créateur est la meilleure garantie du respect de la dignité humaine. Par ailleurs, le « savoir faire » de l’Homme ne peut jamais constituer la seule norme. Les expériences historiques de l’humanité, exposées dans toutes les grandes religions, doivent demeurer la source des conceptions humaines, elles doivent être les indicateurs du savoir, également pour les non-croyants. Nier ces expériences et les effacer de la vie des hommes témoignerait d’un orgueil qui, en définitive, conduirait à une incompréhension et à un vide total de l’humain.

Tenir la Bible d’une main, et le journal de l’autre…

C’est à Françoise Kunsch, de la Fraternité Dominique Pire de la Sarte (Huy), qu’il appartient de prendre le relais du côté des francophones. Elle le fait avec cette franchise que les citoyens de Huy reconnaissent à leur conseillère communale. « Le texte que nous avons dû lire, dit Françoise Kunsch, est un rapport demandé par les évêques de la COMECE. Il a été rédigé par un comité de sages regroupant des personnalités catholiques issues du monde diplomatique, scientifique et politique et son objet est de décrire les valeurs qui fondent l'Union européenne en relation avec la doctrine sociale de l'Eglise. L’idée de réfléchir sur ce rapport de la COMECE n'a pas fait que des heureux au sein de ma fraternité. La majorité s'est demandée ce qu'un texte à portée finalement politique venait faire dans une réunion où d'habitude on se penche sur l'Evangile ou sur l'un ou l'autre texte de l'une des grandes figures de l'Ordre. Je dois avouer que, pour ma part, bien que dubitative au départ, cette démarche m'a par la suite fort intéressée, je me suis plongée dans la réalité européenne et j'ai bien vite mesuré mon ignorance. Le rapport avec mon engagement de laïque dominicaine m'est par contre apparu évident ». « Tenir la Bible d'une main et le journal de l'autre, n'était-elle pas une devise bien connue dans l'Ordre des prêcheurs et cette journée me donnait l'occasion de l'appliquer. Je remercie les organisateurs de m'en avoir donné l'opportunité. Je vous donne en vrac les réflexions et les questions que m'a inspirées cette étude ».

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LA JOURNÉE DE FORMATION SUR L’EUROPE « Paix aux hommes de bonne volonté » chantent les anges dans la grotte de Bethléem. « La paix soit avec vous » dit Jésus à ses disciples lorsqu'il entre au cénacle après sa résurrection. L'Evangile commence et finit par une salutation de paix. Et dans le texte qui nous a été donné de lire, ce qui frappe d'abord c'est la place centrale qu'occupe la paix dans la construction européenne : les Pères fondateurs ont voulu faire en sorte que les pays qui s'étaient déchirés dans trois guerres sanglantes en moins d'un siècle (1870, 1914, 1940) soient désormais tellement intégrés économiquement, commercialement et monétairement qu'il leur devienne impossible d'envisager de se faire encore la guerre. Cela a marché et cela marche encore. On n'a jamais eu dans nos pays une aussi longue période de paix. Première remarque, la paix, valeur éminemment évangélique, doit se matérialiser, elle doit se faire de façon économique et politique ». « Le projet européen rejoint aussi la dimension universelle qui est inscrite dans le message évangélique. "De toutes les nations, faites des disciples" (Mt 28,19). Le projet de l'Union n'est pas un projet égoïste, recroquevillé sur lui-même : l'Europe est ouverte sur le monde, son projet se veut pacificateur pour l'ensemble du monde. Il est pour beaucoup de pays une référence, un exemple, un espoir pour leur propre avenir. En sommes-nous toujours conscients? » « Dans le préambule de la Charte des droits fondamentaux, on peut lire ceci : " les peuples de l'Europe, en établissant entre eux une union sans cesse plus étroite, ont décidé de partager un avenir pacifique fondé sur des valeurs communes. Consciente de son patrimoine spirituel et moral, l'Union se fonde sur des valeurs indivisibles de dignité humaine, de liberté, d'égalité et de solidarité ; elle repose sur le principe de la démocratie et le principe de l'Etat de droit. Elle place la personne au cœur de son action en instituant la citoyenneté de l'Union et en créant un espace de liberté, de sécurité et de justice". « Il y a là un projet de société qui va bien plus loin que le grand marché auquel on a réduit l'Union car il se donne une dimension vraiment politique et sociale ; ce projet, pour nous chrétiens, va dans le sens du Royaume de Dieu à construire car il met au cœur des choix politiques la richesse et les exigences du personnalisme chrétien qui met l'être humain, aimé de Dieu, au cœur de tout projet de société ».

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LA JOURNÉE DE FORMATION SUR L’EUROPE « Mais, comme vous le savez, ce projet de traité constitutionnel signé à Rome en octobre 2004 n'a pas abouti. En Belgique, la Chambre et le Sénat ont ratifié ce texte dans une relative indifférence. Je me dis aujourd'hui qu'il aurait été important d'organiser à ce moment pour tous les citoyens et dans les écoles des débats et discussions honnêtes à propos d'un texte qui, somme toute, en établissant une constitution pour l'Europe, concernait notre avenir et engageait notre destin. Il est passé quasiment inaperçu. Grande responsabilité du monde politique qui préfère souvent concocter des projets en vase clos entre initiés sans débat contradictoire. Grande discrétion de l'Eglise de Belgique qui se montre très frileuse quant il s'agit de politique ». « L'Eglise de France, par contre, que ce soit pour le référendum ou les récentes élections présidentielles, a joué un rôle d'alerte auprès des catholiques pour les inciter à être vigilants sur quelques thèmes prioritaires, leur a donné des pistes de réflexion rappelant que des réalités se rapprochent du Royaume de Dieu et que d'autres s'en écartent. En France et aux Pays-Bas, le référendum a donné lieu à de grands débats retransmis par les télévisions, mais finalement les deux pays ont dit non au traité. Une des raisons de ce refus, c'est qu'il y était inscrit des perspectives ultra-libérales qui ont fait peur, comme la marchandisation de tous les biens, de tous les services. Il ne faut pas se leurrer : ce n'est pas le "non" qui fera que l'Europe sera moins libérale car, si l'Europe aujourd'hui est libérale, c'est parce que la majorité des gouvernements actuels le sont ». « Une remarque intéressante aussi de Sylvie Goulard (présidente du mouvement européen sur le site www.politiquebonnenouvelle.orgémanant de la mission étudiante catholique de France) : "je rappelle aux Français qu'ils élisent non seulement le chef de l'Etat français mais aussi une autorité européenne : Bruxelles, c'est nous tous, ce sont nos dirigeants qui contribuent à la prise de décision". « Par conséquent, nos choix au niveau communal, régional, national ont une répercussion sur les décisions au niveau européen. L'Europe n'est pas si loin de nous. J'ai donc pris conscience que les valeurs qui fondent l'Europe sont celles que je dois défendre d'abord et avant tout là où je vis, là où je suis engagée ».

« Et nous, chrétiens, qu'avons-nous encore à dire aujourd'hui? » se demande enfin Françoise Kunsch. « Les mentalités ont changé depuis

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LA JOURNÉE DE FORMATION SUR L’EUROPE la création de l'Europe. Dans un monde désenchanté qui exalte l'individu et sa liberté face aux doctrines et autres traditions, l'homme du 21ème siècle est malgré tout en recherche de sens, en attente de repères. La Foi chrétienne a encore une parole à dire dans les grands débats actuels. Nous devons être des "signifiants" sans avoir peur d'aller à contre-courant quand certaines valeurs sont en danger, alliant une grande force de conviction à une grande humilité face à la complexité du monde d'aujourd'hui. Il est temps que le monde catholique engagé et progressiste soit plus visible car de grands enjeux nous attendent : les problèmes éthiques, bioéthiques, les problèmes d'environnement, de mélanges de cultures, etc. « Et nous voilà, laïcs dominicains, face à nos responsabilités : La Bible dans une main : l'étude de cette parole qui nous fait vivre, qui se dévoile encore aujourd'hui et qui n'a pas encore fini de porter tous ses fruits; et le Journal dans l'autre : notre engagement dans la société civile et la défense de la démocratie dont l'enjeu est de faire d'un homme un citoyen, membre actif de la cité, d'un Etat, de l'Europe ». Françoise Kunsch termine son exposé par un souhait, un espoir : redonner à la chose politique ses lettres de noblesse, réhabiliter ce travail. « Car aujourd'hui, dit-elle, la démocratie est en danger : pour le vivre tous les jours en politique communale, c'est l'indifférence, la désaffection de la population pour la politique, son ignorance de la complexité des problèmes et son désintérêt pour le bien commun qui permettent la mal-gouvernance et les abus que vous connaissez tous. Nous, les conseillers de l'opposition, nous avons beau nous battre, dénoncer, nous prêchons dans le vide. Les gens n'aiment pas qu’on leur apporte de mauvaises nouvelles et qu’on les mette face à leurs responsabilités ! C'est pourtant au niveau local que le peuple peut exprimer et exiger des réponses aux questions qu'il se pose et c'est au niveau communal qu'il peut le plus facilement contrôler le pouvoir qui s'exerce. Le poids de l'opinion publique au niveau communal est immense. Le sociologue allemand Max Weber disait : "La politique, c'est le goût de l'avenir". La Politique, pour nous, laïcs dominicains, c'est le goût du Royaume de Dieu à créer aujourd'hui ici, en Europe et dans le monde.

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LA JOURNÉE DE FORMATION SUR L’EUROPE

Le devenir européen est à la fois un processus et un défi…

Le quatrième grand exposé de la journée, celui d’Anne de Kemmeter, du nouveau groupement fraternel « Polygonium » de Liège, a débuté sous la forme d’un témoignage qui vira progressivement en analyse pointue de la situation politique européenne en général et en conclusion dominicaine. Ecoutons-la… « C’est au Canada, à Ottawa, après quelques mois de vie sur le nouveau continent que quelque chose a commencé à se dessiner en moi. Indéfinissable au début, une sorte de malaise, un manque : qu’est-ce qui me manquait ? des vieilles pierres, des rues pavées et défoncées, de petits chemins charmants, des églises romanes, des cathédrales... A Ottawa, tout est rectiligne, large, immense... Peu à peu, je prenais conscience d’appartenir au vieux continent, à l’Europe. Les vieilles pierres, témoins de l’histoire, faisaient partie de mon environnement et, je pourrais presque dire, faisaient partie de moi. La découverte d’un pays autre, d’une altérité, me renvoyait en miroir ce que moi j’étais. Je me sentais de plus en plus différente. Comment exprimer cette différence ? » « Mais qu’est-ce qu’être européen ? S’agit-il de conquérir la citoyenneté européenne ou de la perdre ? Comme l’indique le Traité de Rome à l’article 17, « Est citoyen de l’Union toute personne ayant la nationalité d’un Etat membre ». Le Traité ajoute par ailleurs que « la citoyenneté de l’Union complète la citoyenneté nationale et ne la remplace pas », confirmant ainsi à la fois le respect de la diversité et la possibilité d’identités multiples : unicité et pluriformité ». « Le citoyen européen est le produit et le réceptacle de son passé national. Comme l’écrit Cees Nooteboom dans L’enlèvement d’Europe (Europes, coll. Bouquins, 1991), le citoyen européen « est perché au sommet d’une pyramide historique qu’il doit en même temps faire tenir en équilibre sur sa tête. C’est à la fois impossible et obligé. Le produit de l’histoire doit se charger de cette histoire ». Le citoyen européen se construit depuis un demi-siècle comme produit et réceptacle de l’ensemble des histoires nationales de l’Union, il est un passage de ces histoires nationales ».

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LA JOURNÉE DE FORMATION SUR L’EUROPE « Il s’agit là d’un héritage qu’on ne saurait refuser. On est déjà quelque chose avant de naître. Comme la vie, l’identité est donnée ; mais en même temps elle se conquiert, ou elle se perd. Et c’est à cette conquête que notre identité de chrétien, de dominicain nous invite tout particulièrement ». « Qu’en est-il d’abord de ce nouvel héritage qu’on appelle la réunification ? La récente réunification de notre continent vient enrichir considérablement cette conquête intérieure : avec « l’Autre Europe » (Milosz), un nouvel héritage, que pareillement nous ne saurions refuser, s’ouvre à nous, méconnu, donc négligé. Nous voici donc appelés à nous réapproprier la part centre-européenne de notre héritage culturel et intellectuel. Il s’agit de « partir à la découverte d’un continent immergé ou encore mal identifié de notre culture – une sorte de royaume de l’esprit qui nous aurait jusqu’à présent échappé ». Nous y découvrirons, par exemple, une pléiade de très grands romanciers européens tels que Sandor Marai, Milos Tsernianski, Aharon Appelfeld, Peter Esterhazy, Imre Kertesz, des penseurs comme Czeslaw Milosz et Jan Patocka, et tant d’autres, issus de cette Europe où le nazisme et le communisme ont menacé d’anéantissement l’esprit européen, et qui nous apportent une contribution essentielle à notre façon de concevoir le sens que nous entendons donner à l’Europe de demain ». « Pour nous dominicains, cette réappropriation identitaire pourrait également passer par une réactivation des échanges avec nos frères et sœurs dominicains de l’Autre Europe. Lorsque nous vivions en Croatie, nos rencontres avec la communauté dominicaine de Zagreb ont considérablement élargi nos horizons ». « Au-delà de cet héritage qui nous vient de l’Autre Europe, il y a aussi celui que nous apportent tous ceux qui, issus de tous les horizons, ont acquis la citoyenneté européenne, et que nous sommes également invités à nous approprier progressivement. Au risque d’être provocante, je citerais en guise d’exemple le romancier Salman Rushdie, citoyen britannique (qui n’a pas écrit que les Versets sataniques). Cet héritage est comparable à une grande maison dont une aile vient de nous échoir en héritage d’un lointain cousin. Et cette maison désormais réunie repose sur trois piliers. »

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LA JOURNÉE DE FORMATION SUR L’EUROPE

« Quels sont donc les trois piliers de l’Europe ? Lors de la Troisième Assemblée œcuménique européenne, qui s’est tenue à Sibiu le 6 septembre dernier, le président Barroso se référait à Paul Valéry, qui disait que l’Europe repose sur trois piliers : Athènes, Rome, Jérusalem, c’est-à-dire la philosophie, le droit et la religion. Ces piliers soutiennent les valeurs européennes d’humanisme et de démocratie dans lesquelles les Pères de l’Europe ont voulu créer l’espace européen, avec l’objectif d’une paix durable (plus jamais la guerre entre nous), avec une méthode, la solidarité et selon le principe de la liberté et du respect de la diversité (concrètement : la liberté d’expression, la liberté de religion et la liberté de création, principes sur lesquelles l’Union européenne ne peut transiger sans trahir sa vocation ». « Devenir Européen ? C’est un processus, et aussi un défi. Et c’est ensemble que nous venons «habiter» la maison européenne. De quelle manière ? − En développant une identité forte par la prise de conscience. Le

romancier hongrois Gyorgy Konrad dit à cet égard que l’Europe est un « état d’esprit – ou plutôt un état des esprits, dont le centre de gravité est la préservation de la dignité humaine et dont la priorité devrait résider dans la mise en œuvre d’une nouvelle « morale politique » transcendant les frontières nationales.

− En recherchant une identité forte pour une rencontre vraie : habiter pleinement notre maison et en faire un espace d’identité et un espace de rencontre.

− En relevant aussi les défis actuels : voici venu le temps des Fils fondateurs, selon la formule de T. Bertoncini ».

« Au terme de cinquante années de mise en œuvre progressive de la vision politique et de l’intuition humaniste de ses Pères fondateurs, l’Europe est aujourd’hui appelée à réussir sa réunification et à se projeter dans un monde globalisé. Le double « non » français et néerlandais au projet de constitution européenne est venu démontrer une fois de plus que le despotisme éclairé des Pères fondateurs, efficace au vu de ses réalisations, avait cependant creusé un déficit démocratique énorme. A mesure que l’impact de l’unification européenne sur la vie quotidienne des citoyens a augmenté, le besoin de transparence et de légitimité de la gouvernance bruxelloise est devenu plus impératif ».

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LA JOURNÉE DE FORMATION SUR L’EUROPE « A une semaine exactement de la possible adoption d’une version simplifiée du traité constitutionnel, nous nous trouvons à la croisée des chemins. S’ouvre le temps des « Fils fondateurs ». Nous sommes en effet appelés à travailler à une refondation de l’Europe, à adapter l’édifice européen aux aspirations citoyennes et aux défis du 21e siècle. Nous avons tous la responsabilité de projeter dans l’avenir l’héritage des pères fondateurs et à devenir des fils, des petits-enfants fondateurs. Inutile de dire que l’esprit dominicain nous portera dans ce projet. Résumons-nous : • Chrétien en Europe : un projet personnel et un projet d’Eglise. Vivre

en chrétien dans la maison Europe :• Nous sommes invités à faire entendre le message de la foi. Celle-ci

nous donne un ancrage fort et participe de notre identité. • Notre foi nous donne aussi élan et dynamisme pour vivre les valeurs

au quotidien. • Nous n’avons pas le monopole des valeurs d’humanisme et de

démocratie. Les chrétiens n’ont pas à tenir une mentalité d’assiégés ni à occuper une position haute. Il s’agit plutôt d’assumer une qualité de présence aux autres et d’être pleinement acteur dans la société : engagement et responsabilité. Solidarité avec les Eglises d’Orient, d’Afrique et d’Asie.

• Comme le disait D. Bonhöffer, le chrétien se doit d’avoir le journal dans une main et la Bible dans l’autre.

Pour compléter nos recherches : quelques titres d’ouvrages :

Anne de Kemmeter termina son exposé en signalant une série d’ouvrages susceptibles de compléter nos recherches :

Cees Nooteboom : De omweg naar Santiago (Désir d’Espagne Actes Sud 1993), Dans les montagnes des Pays-Bas, Rituels... W.G. Sebald : Austerlitz, Folio Gallimard, Les émigrants, Actes Sud 1999, Les anneaux de Saturne, Actes Sud 1999. Predrag Matvejevitch : La Méditerranée et l’Europe, Leçons au Collège de France et autres essais, Fayard 2005.

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LA JOURNÉE DE FORMATION SUR L’EUROPE Sandor Marai : Confessions d’un bourgeois, Le Livre de Poche 3369, Métamorphose d’un mariage, Albin Michel 2006, Divorce à Buda, Le Livre de Poche 3386, Les braises, L’Héritage d’Esther Le Livre de Poche 3374 Agota Kristof : La Trilogie des jumeaux, Seuil 1991. Antonio Muñoz Molina : Séfarade, coll. Points Seuil1387, En l’absence de Bianca, coll. Points 1426. Europes, de l’Antiquité au XXe siècle, anthologie critique et commentée. Yves Hersant, Fabienne Durand-Bogaert, éditions Robert Laffont, coll. Bouquins, Paris 2000. Granta : The magazine of new writing (www.granta.com) : cette revue littéraire fait découvrir de nouveaux écrivains, notamment issus de l’émigration tels que Monica Ali (Brick Lane), Hanif Kureishi, Zadie Smith...

A nos amis abonnés

Si vous êtes membres d’une fraternité, le prix de votre abonnement est, depuis cette année, inclus dans la cotisation annuelle. A tous nos amis qui ne sont pas membres d’une fraternité dominicaine, nous demandons de faire l’effort – si ce n’est déjà fait – de payer sans tarder leur abonnement. (Voir p. 32)

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L’ASSEMBLÉE ET LE CHAPITRE VICARIAL LAÏQUEdu 24 novembre 2007 pour l’élection du Conseil

Samedi 24 novembre 2007 ont eu lieu, dans la grande salle de réunion du couvent dominicain de l’avenue de la Renaissance à Bruxelles, l’Assemblée vicariale laïque des Fraternités laïques dominicaines de Belgique-sud, dont le but assigné était d’échanger et de commenter les réalisations du Conseil sortant de mandat, suivi d’un Chapitre vicarial électif chargé d’élire un nouveau Conseil vicarial des fraternités laïques dominicaines pour la période 2008-2012. Après avoir statué par vote secret que le nombre des membres du Conseil vicarial laïque serait de sept conseillers (et deux suppléants), l’Assemblée a entendu un rapport d’activité du responsable vicarial. Dans son rapport de sortie de charge, Michel Linder résuma les points forts de ce mandat : une vingtaine d’engagements, deux nouvelles fraternités, la réalisation d’un Directoire, un « pont » jeté entre laïcs dominicains du sud et de nord de la Belgique, la reprise des célébrations de la fête de saint Dominique, puis il ouvrit un certain nombre de pistes pour le futur : repenser la formule du bulletin de liaison, initier un site informatique propre, poursuivre la réalisation d’un répertoire, multiplier les contacts avec les pays proches…sans oublier le 800ème anniversaire, cette année, des fraternités laïques dominicaines. La discussion qui suivi ce rapport fut animée et franche, témoignant de la vitalité des fraternités. Les vœux, remarques, regrets ou suggestions ont fusé en tous sens. Pour Amitiés Dominicaines, on proposa de refondre les comités de rédaction et de lecture, et d’étudier la possibilité d’amener les textes sur internet. Regrets de ne pas avoir disposé de rapports écrits pour la sortie de charge, de ne pas disposer des comptes rendus du Conseil dans les fraternités, de ne pas accorder plus d’attention à la vie de la fraternité et à son développement spirituel… Tout un bouillonnement d’idées qui forme un joli bouquet de résolutions pour le futur Conseil. Le Chapitre qui suivit a élu comme membres du Conseil vicarial (par ordre du nombre de voix obtenues) : Dominique Olivier, Hedwige Lambert, Guido Van Damme, Germaine Ligot, Bénédicte Jerebzoff-Van Damme, Anne de Kemmeter et Jeanne Berck. Au cours de leur premier conseil le 30 novembre 2007, les membres ont élu Dominique Olivier comme Responsable vicariale laïque des Fraternités dominicaines de Belgique-sud, et ils ont chargé Guido Van Damme de la Formation, Hedwige Lambert du Secrétariat, Germaine Ligot des Finances, Bénédicte Jerebzoff-Van Damme de la Revue et du futur Site, ainsi que Anne de Kemmeter comme adjointe à la Formation.

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Buenos Aires – 17-24 mars 2007 Thème: “Dominicains laïcs : Compagnons dans la prédication”

Parler aujourd’hui encore du Congrès international va paraître, à certains, dépassé et inutile. A l’heure actuelle, les événements se succèdent si rapidement qu’il est important de rappeler les plus marquants de l’année, et celui-ci en fut un. S’envoler vers l’Argentine pour participer au Congrès international des Fraternités laïques de mars 2007, à Buenos-Aires, y représenter la Province de Suisse et y rencontrer des laïcs dominicains du monde entier, voilà une occasion qui ne se présente pas tous les jours. On attendait cet événement depuis 21 ans. C’est en 1985 qu’eut lieu le premier Congrès international des Fraternités laïques dominicaines à Montréal, Canada. Un souvenir nous en reste puisque notre règle actuelle porte l’empreinte de ses travaux. C’est donc le 17 mars, en début d’après-midi, que nous rejoignons le Centre de renouveau chrétien à Pilar, à environ 80 km de Buenos-Aires, où se dérouleront ces journées. La joie des retrouvailles (nous sommes une soixantaine de délégués), le bonheur de découvrir des visages de frères et sœurs de tous les coins du monde et l’accueil chaleureux de la Fraternité de Buenos-Aires laissent présager des journées inoubliables d’échanges, de prières, de réflexion, dans un cadre merveilleux de verdure et de fraîcheur –- malheureusement, à cette période, envahi de moustiques!… Ce Congrès a été souhaité et mis sur pied par le Frère Jerry Stookey, promoteur général des Fraternités laïques, avec la collaboration du Frère David Kammler et des membres du Conseil international des Fraternités laïques (CIFLD). Nous voici logés dans des locaux très confortables et équipés des techniques les plus modernes, nous permettant de travailler efficacement. Les langues officielles sont l’espagnol, l’anglais et le français, avec traduction simultanée lors des séances plénières. Mais déjà des amitiés se nouent, la confiance et la bonne humeur règnent. Le premier soir, Frère Jerry Stookey nous accueille en nous rappelant que notre vie, engagée dans la mission de l’Ordre est, comme le rêvait Dominique, de

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LE CONGRÈS INTERNATIONAL DES FRATERNITÉS rayonner, par l’exemple et la prédication, l’Amour du Christ pour le monde, avec les moyens dont nous disposons et malgré les conditions si différentes dans lesquelles nous vivons. Le dimanche 18 mars, nous avons le plaisir de vivre l’eucharistie au Couvent des Dominicains de Buenos-Aires, célébrée par le Maître de l’Ordre, Frère Carlos Aspiroz Costa. Puis suivent de merveilleux moments de convivialité avec les membres de la Fraternité du lieu et les Frères qui nous feront visiter leur belle ville. Plusieurs participeront au Congrès en assurant, soit les liturgies journalières dans les trois langues officielles, soit les traductions. Le lendemain, après présentation de tous les délégués, il faut se mettre au travail. Nous sommes répartis en six groupes qui traiteront, chacun, l’un des thèmes suivants: Prédication, prière et contemplation - Etude et formation - Statuts et règlement - Gouvernement - Finances et économie - Présence des laïcs dans l’Ordre, l’Eglise et la famille dominicaine. J’ai choisi de m’impliquer dans ce dernier. Je ne vais pas développer ici les travaux de chaque commission, je ne parlerai que de ceux auxquels j’ai eu le bonheur de participer. Pour connaître les décisions finales, il faudra se référer aux Actes du Congrès, lorsqu’ils seront disponibles. Voilà une belle occasion de prendre conscience des différences culturelles et d’interprétation et de découvrir que, parfois, les mêmes mots ont des significations opposées. Les réalités vécues par les laïcs sont souvent dramatiques : liberté d‘expression muselée et réunions interdites. Respecter l’autre dans son vécu, c’est lui redonner confiance et lui ouvrir une lucarne d’espoir. Dans certains pays, la formation est insuffisante et il ne s’y trouve aucun représentant de l’Ordre. C’est pourquoi il fut suggéré d’envisager un programme commun de formation, accessible sur Internet. Cette seule journée m’oblige à l’humilité et à la discrétion pour accueillir tout ce que m’apporte l’autre. Dans notre commission, l’esprit de tolérance est très présent : on nous demande d’être ouvert aux jeunesses dominicaines, de travailler à leur promotion, de veiller à les laisser avancer à leur rythme, de leur permettre de s’engager pour un projet et de développer un programme qui leur soit adapté. Autre question : comment être attractifs? Plus important que la publicité, préférer le contact direct, l‘action et surtout chercher à “faire envie”. Privilégier la collaboration avec les Frères.

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LE CONGRÈS INTERNATIONAL DES FRATERNITÉS Dans les paroisses, les laïcs s’engagent dans la catéchèse, l’accompagnement des confirmands, l’aide aux mourants, les groupes bibliques, le ministère des prisons. Chacun réfléchira comment agir dans son milieu. J’ai profité pour signaler qu’à Fribourg, le Frère Jean-Bernard Dousse, avec l’aide d’une laïque, a mis sur pied, à leur demande, la pastorale des gens du voyage. Il vient d’obtenir de Rome la reconnaissance de “sa paroisse itinérante”. Ce fait particulier mérite d’être relevé, car il confirme que “rien n’est impossible à Dieu” et que Sa grâce agit là où on s’y attend le moins. A la fin de la journée, chaque groupe a rédigé son rapport. Ces rapports seront présentés, discutés et votés les jours suivants, lors des séances plénières. Ce Congrès nous a aussi permis de vivre de belles célébrations, d’entendre de riches prédications faites par des laïcs, et nous réserva des instants de prière et de méditation intenses. Les soirées nous apportent une détente. L’Irlande d’abord, puis l’Argentine nous offrent le charme de leurs chants et danses folkloriques. La dernière soirée, pleine d’émotion, fut consacrée à la mission du Frère Robert Clarck, à « La Union » dans le nord de l’Argentine. La pauvreté y est extrême, comme l’illustra son film. Il a ouvert là-bas une école afin de permettre aux enfants d’apprendre un métier. Cette situation suscite chez nous un grand mouvement de solidarité et, spontanément, un chapeau mexicain, un sari, un vêtement africain brodé et d’autres objets sont “mis aux enchères”, et leur produit remis au Frère pour la poursuite de cette belle œuvre. Est-il encore nécessaire de dire que c’est avec un cœur rayonnant de reconnaissance, de foi renouvelée, d’espoir de nous revoir et d’amour plus fort pour le monde que nous avons pris le chemin du retour !

Micheline Ruggli-Progin Responsable laïque pour la province de Suisse

Domdidier (Fribourg)

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LES ACTUALITÉS RELIGIEUSES DANS LE MONDE

IRLANDE : Des paroisses anglicanes deviennent catholiques

Selon le journal The Irish Catholic, trois paroisses de l'Eglise d'Irlande à Down, Tyrone et Laois, ont introduit une requête pour rentrer dans l'Eglise catholique. Les trois paroisses suivent le rite dit «traditionnel» qui apparut en 1991 lorsque les évêques anglicans irlandais prirent la décision de consacrer des femmes à la prêtrise. Selon The Irish Catholic, il est exceptionnel qu'un groupe de communautés anglicanes avec tous les membres de leurs paroisses veulent rentrer dans l'Eglise catholique. La Congrégation pour la Doctrine de la Foi a confirmé avoir reçu cette demande. Les chefs religieux anglicans concernés par cette affaire n'ont donné à ce jour aucun commentaire, «dans l'attente d'une réponse du Vatican».

ISLANDE : nomination d’un évêque suisse

INDE ET BIRMANIE : musulmans et chrétiens unis dans l’adversité

Il existe des pays où les chrétiens comme les musulmans sont soumis à des restrictions de leur liberté. Ce qui les incite à collaborer plutôt qu'à s'affronter. La Birmanie et l'Inde en sont des exemples.

En Birmanie, selon les chiffres officiels, les chrétiens représentent 6% de la population et les musulmans 4%. En réalité, les uns et les autres sont deux fois plus nombreux. Ils appartiennent en général à des minorités ethniques. La répression du régime les frappe plus durement que les bouddhistes, qui constituent la grande majorité de la population. Durant ces derniers mois, chrétiens et musulmans se sont ainsi unis pour soutenir la révolte pacifique des moines bouddhistes contre les militaires communistes au pouvoir.

Mgr Pierre Bürcher, évêque auxiliaire de Lausanne, Genève et Fribourg (LGF), et actuel président de l'oeuvre "Catholica Unio Internationalis", a été nommé par le pape Benoît XVI évêque du diocèse de Reykjavik, en Islande. Il succède en tant que sixième évêque de Reykjavik à Mgr Johannes Gijsen, un évêque néerlandais qui a atteint la limite d'âge.

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ACTUALITÉS – ACTUALITÉS – ACTUALITÉS - ACTUALITÉS

Mais l'exemple le plus manifeste de la collaboration entre chrétiens et musulmans est celui de l'Inde. La société indienne est encore dominée par un système hiérarchique de castes, qui pénalise ceux qui sont en bas de l'échelle, les dalits ou "intouchables". Les castes font partie intégrante de la tradition hindouiste, la religion dominante en Inde. Celui qui n'appartient pas à cette religion n'est donc pas soumis au système des castes. Si des dalits se convertissent au christianisme ou à l'islam – sortant ainsi, en théorie, du système des castes – ils perdent aussi la protection des emplois que la loi leur réserve. Au final, ils subissent plus de discriminations qu'auparavant. La collaboration entre chrétiens et musulmans ne se limite pas aux pressions politiques. Dans certaines localités habitées par des dalits, les leaders des deux religions organisent ensemble des repas festifs où tout le monde se sert dans le même plat géant de riz et de légumes. Le but est de faire tomber les barrières entre les "intouchables " et les castes supérieures. Au cours de ces dernières années, chrétiens et musulmans se sont aussi unis pour se défendre contre d'autres actes – plus graves – de persécution. En 2002, lorsque des groupes extrémistes hindouistes ont lancé des pogroms contre les musulmans dans l'Etat du Gujarat, les chrétiens sont venus à leur secours et ont hébergé les musulmans qui fuyaient.

ASIE : l'Eglise se développe bien sur l’ensemble du continent De grandes perspectives et d'immenses espoirs s'offrent à l'Eglise en Asie, même dans des circonstances qui apparaissent aujourd'hui adverses, a estimé l'archevêque Nikola Eterovi, Secrétaire général du Synode des évêques, lors de la 11ème réunion du Conseil spécial pour l'Asie du Secrétariat général du Synode des évêques. En Asie, l'Eglise se développe très bien, elle est vivante, il suffit de penser à la Corée, au Vietnam, aux Philippines et à la Chine elle-même", a-t-il déclaré à l'Osservatore Romano.Malgré cela, "il existe de très grandes difficultés, notamment concernant la liberté de religion et la tragédie de la violence, surtout au Proche-Orient. Aujourd'hui, en Asie, l'Eglise, même là où elle ne rassemble qu'un nombre restreint de fidèles, a un rôle important dans le dialogue avec les autres religions et une influence considérable dans la société". De ce point de vue, a-t-il dit, le Synode est pour l'Asie un point de repère et d'unité pour des réalités très différentes les unes des autres : c'est le cas des Lineamenta (document préparatoire de toute assemblée du Synode des évêques) qui ont été traduits et diffusés depuis quelques temps en chinois et en arabe.

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ACTUALITÉS – ACTUALITÉS – ACTUALITÉS - ACTUALITÉS

Lors d'un débat sur la "promotion et la protection des droits de l'homme" au siège de l'ONU à New York, Mgr Celestino Migliore a ainsi dénoncé "les conversions obligatoires, les exécutions, la profanation de lieux de culte, l'expulsion de minorités religieuses", les qualifiant de "violations du droit à la liberté religieuse" contenu dans la Déclaration universelle des droits de l'homme ainsi que dans d'autres déclarations internationales. Selon le diplomate du Saint-Siège, "pour encourager la paix et la compréhension entre les peuples, il est nécessaire que les religions et leurs symboles soient respectés et que les croyants ne soient pas l'objet de provocations qui diffament leurs convictions religieuses". (Sources : nos informations de l’étranger nous parviennent par l’entremise de l’agence Cathobel)

TRIBUNE DE L’ONU : le Saint-Siège défend la liberté religieuse dans le monde

Par la voix de son Observateur permanent auprès des Nations Unies, le Saint-Siège s'est dit "sérieusement inquiet du fait que la liberté religieuse ne soit pas accordée pour de nombreuses personnes dans différentes parties du monde".

NOTRE ILLUSTRATION EN COULEURS DE LA PAGE COUVERTURE est la reproduction d’une icône de l’archange Michel réalisée par Jacques Noé, responsable de la fraternité laïque Saint Dominique de Liège. Chaque année, Jacques Noé organise des stages de formation à l’écriture d’icônes pendant les mois d’été. Ceux qui sont intéressés par cet art qui relie si bien la vie de prière à celle de la création artistique peuvent obtenir le programme 2008 et s’inscrire auprès de Jacques Noé, rue de la Bruyère 90 à 4100 Seraing. Tél. : 04/336 29 82

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Trois nouvelles ordinations à Bruxelles C’est le samedi 15 décembre à 15h que les frères Didier Croonenberghs, Patrick Gillard et Stéphane Braun devaient être ordonnés par le Cardinal Danneels, archevêque de Malines-Bruxelles, en l'église du Couvent des dominicains de Bruxelles. Le numéro de Noël d’Amitiés Dominicaines étant déjà à l’impression, nous n’avons pu rendre compte de l’événement dans la présente livraison. Ce qui ne nous empêche pas de leur adresser toutes nos félicitations et de les assurer de nos prières. Le frère Didier Croonenberghs est né à Namur en 1978. Juriste de formation, il a rejoint l'Ordre des Frères prêcheurs en 2002. Après son noviciat à Strasbourg, il a fait profession le 14 septembre 2003. Il a étudié la philosophie et la théologie à Louvain-la-Neuve et termine actuellement ses études de théologie dans la province d'Angleterre, à l'université d'Oxford. Il réside au couvent des dominicains de cette même ville. Le frère Patrick Gillard est né en 1977 à Etterbeek. Après avoir travaillé en tant qu'assistant social auprès des jeunes, il est entré chez les dominicains en 2002. Après son noviciat à Strasbourg, il a fait profession le 14 septembre 2003. Il poursuit ses études de théologie à la Faculté de théologie de l'Université catholique de Louvain à Louvain-la-Neuve. Il réside au couvent des dominicains de Froidmont à Rixensart et travaille également à l'aumônerie de la prison d'Ittre. Le frère Stéphane Braun est né à Uccle en 1944. Architecte de formation, il est père de quatre enfants qui lui ont déjà donné sept petits-enfants. Veuf de Marie-Noëlle Levie, il a rejoint l’Ordre des Frères prêcheurs en janvier 2003 et a fait profession simple (pour 3 ans) le 24 janvier 2004. Il a étudié la théologie à l’Institut Lumen Vitae. Il assume également divers apostolats, notamment la coordination et l’animation des « Week-ends Fiancés » à Froidmont et il est membre de l’équipe du Pub « Le Blackfriars » à Louvain-La-Neuve. Il exerce aussi plusieurs services communautaires à Froidmont et, depuis peu, la responsabilité

LA VIE DOMINICAINE – LA VIE DOMINICAINE

CHEZ NOS FRÈRES

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VIE DOMINICAINE – VIE DOMINICAINE – VIE DOMINICAINE de syndic adjoint du Vicariat. Il continue en outre son activité d’architecte, notamment pour œuvrer à des projets de la famille dominicaine.

Guy Bedouelle o.p. nommé Recteur à Angers Le dominicain Guy Bedouelle, professeur à l'Université de Fribourg, devient recteur de l'Université Catholique de l'Ouest (UCO), en France. Nommé en juillet dernier par la Congrégation romaine pour l'Education Catholique, il entre en fonction le 1er janvier 2008.

DANS NOS FRATERNITÉS

Notre retraite de printemps A nos agendas ! Nous nous retrouverons tous ensemble pour la grande retraite des Fraternités laïques dominicaines de Belgique-sud du vendredi 11 au dimanche 13 avril 2008 au Foyer de Charité de Nivezé (Spa). Le lieu est de ceux qui invitent à la méditation….

verbes : lire, écouter, s’approprier, donner l’Evangile pour devenir des messagers de Bonne Nouvelle. Que les responsables de fraternités veillent à recueillir dès à présent la liste des participants. Les détails pratiques vous parviendront par courrier dans vos fraternités respectives au début de l’année prochaine. Infos et inscriptions auprès de Guido Van Damme, 1070 Chaussée d’Alsemberg 1180 Bruxelles (Tél. : 0494/34.16.30) (E-mail : [email protected])

La retraite aura pour thème « Evangile et messagers de Bonne Nouvelle », un parcours spirituel riche et une occasion de ressourcement dont le guide éclairé sera le frère Emmanuel Dolez o.p., d’origine française, membre de la Communauté dominicaine internationale de Bruxelles. Le parcours proposé s’articulera autour de quatre

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VIE DOMINICAINE – VIE DOMINICAINE – VIE DOMINICAINE Fraternité Catherine de Sienne (Bruxelles) La fraternité prend un nouveau départ après les élections du 25 octobre. Patrick Ansia prend la succession de Dominique Lawalrée comme responsable de la fraternité, et il est assisté au Conseil par Geneviève Linder et Claire-Annie Lawalrée. Au programme de cette année encore, l’achèvement de la série d’échanges sur les objections les plus courantes à la Foi. Fraternité Fra Angelico (Bruxelles) Après des élections au mois de septembre, qui ont vu la réélection d’Anne Dubruille au poste de responsable de fraternité, assistée au Conseil par Chantal Janssens et Bénédicte Jerebzoff-Van Damme, nous avons consacré deux réunions à l’étude des psaumes. En décembre, nous avons poursuivi avec joie le travail sur Emmanuel Levinas, avec l’aide de Sr Claire-Marie Monnet o.p., en nous appuyant sur une remarquable émission juive du Jour du Seigneur. Fraternité Saint Dominique (Liège) Depuis un mois, deux nouvelles personnes participent aux réunions de la fraternité. Les travaux et les méditations de cette fin d’année sont axés sur le thème « Les femmes de l’Ancien et du Nouveau Testament ».

Fraternité Saint Albert le Grand (Rixensart).

Maurice Luca nous a présenté saint Thomas d'Aquin avec beaucoup de clarté et avec des textes à l'appui. Nous avons fêté saint Albert le Grand au mois de novembre. Nous comptons étudier le thème de la vérité, peut-être à partir des textes des Cahiers Saint Dominique. Nous commençons en tous cas la lecture pour le mois de janvier. Parmi les dix membres de la fraternité, trois ont déjà fait leur engagement définitif. Les autres sont appelés à prendre une décision d'ici Noël pour un engagement temporaire ou définitif.

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VIE DOMINICAINE – VIE DOMINICAINE – VIE DOMINICAINE Fraternité Sainte Catherine de Sienne (Huy) Il a fallu modifier le programme des travaux de la fraternité : la première épître de Saint Jean est tellement riche que plusieurs réunions ont été ajoutées au schéma de départ. On remet donc à la prochaine réunion l’examen du programme de 2008. Plusieurs projets se bousculent au portillon, dont une étude du livre de Job. Il faut tout de même signaler, sans offenser sa modestie, l’efficience avec laquelle Eulalie Dehotte aide à la préparation des réunions. A moins de trois ans de son centenaire, cela mérite bien un coup de chapeau.

Fraternité Dominique Pire (La Sarte – Huy) La fraternité vient d’achever la préparation de la Neuvaine 2008 de la Sarte et de mettre au point le programme et la liste des intervenants. La Neuvaine sera axée sur les Dix Commandements, auquel a été ajouté un onzième, tiré de l’Evangile : « Aimez-vous les uns les autres ». La fraternité va maintenant s’attaquer à l’étude des Actes des Apôtres. Groupement fraternel Polygonium (Liège) Le groupe fraternel « Polygonium » continue son petit bonhomme de chemin en accueillant régulièrement de nouveaux curieux. Nous sommes actuellement onze participants, avec notre assistant religieux. Sous son initiative, nous avons découvert la richesse et le caractère « bien trempé » et novateur de Ste Catherine de Sienne. Nous avons été surpris par la modernité des images utilisées dans les Dialogues. Notre prochain travail consistera en une lecture continue de l’Evangile de Luc et déjà nous nous réjouissons de nos partages. Chacun apprécie la convivialité de nos rencontres et la profondeur des échanges. Ce qui est de bon augure pour la longévité du groupe et son avenir. Groupement fraternel Benoît XI (Domuni-Bruxelles) Un nouveau groupement fraternel dominicain laïc se constitue à Bruxelles, dans la mouvance de Domuni, l’Université dominicaine sur internet. Il portera le nom de Benoît XI, qui fut pape et dominicain au début du 14ème siècle, et le démarrage est prévu en janvier. Guido Van Damme o.p. en sera le responsable et le frère Michel Van Aerde o.p. a été nommé assistant religieux du groupe.

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LES LIVRES – LES LIVRES – LES LIVRES – LES LIVRES

Le Cardinal y aborde de front les questions d'actualité : le rôle des laïcs, la place des femmes, l'autorité dans l'Eglise, la réconciliation avec les Traditionalistes, la réforme liturgique, l'Opus Dei, et exprime le danger qu'il y a à vouloir juger trop rapidement de la « clôture » de certaines questions. Ces entretiens permettent de considérer la dynamique du dialogue comme le signe sûr que l'Esprit, le « Souffle », n'est pas éteint et de revenir aux fondamentaux de la foi qui anime chaque chrétien.

DEUX NOUVELLES PUBLICATIONS DU CARDINAL DANNEELS « N'éteignez pas le Souffle » (I Th 5, 19). Ces mots que St Paul a adressé aux Thessaloniciens au Ier siècle n'ont rien perdu de leur actualité ! Dans un entretien approfondi accordé à Dennis Gira, le Cardinal Godfried Danneels se réfère à cette phrase pour exprimer sa conception du dialogue qui selon lui se révèle indispensable. Il exprime l'urgence à maintenir toutes les formes du dialogue : au sein même de l'Eglise, avec les autres religions, avec les laïcs.

Vient aussi, dans notre corbeille de Noël, la brochure devenue aujourd’hui traditionnelle que le Cardinal publie aux grandes fêtes. Celle de Noël est consacrée à un mal du siècle : le stress. Le mot 'stress' est aujourd'hui omniprésent dans notre société. Nul jour ne passe sans que ce sujet ne soit évoqué. Peut-être nous dévore-t-il à son tour? Dans sa publication de Noël, le cardinal Godfried Danneels débusque les effets du stress sur les individus, la famille ou l'Eglise. Le "Burn-out spirituel" survient en effet aussi bien dans la vie personnelle du chrétien que dans la paroisse ou l'assemblée. Le Cardinal analyse ce mal de façon convaincante, mais nous propose également des remèdes.

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LES LIVRES – LES LIVRES – LES LIVRES – LES LIVRES

COUP D’ŒIL SUR LES NOUVEAUTÉS DE « LUMEN VITAE »

Sacrée catéchèse ! Quand tu déranges familles et paroisses

de Gilles Routhier

Traditionnellement, paroisses et familles étaient les deux institutions sur lesquelles reposait la transmission de la foi. Toutes deux ont été affectées par la crise de la culture qui a ébranlé nos sociétés depuis le milieu du XXe siècle. Même si, aujourd’hui, on ne peut pas penser la catéchèse seulement à partir de ces deux institutions, il importe d’approfondir leur contribution à la formation chrétienne. Renonçant à réfléchir à partir de la famille idéale ou de la paroisse de nos rêves, il s’agit d’examiner de façon réaliste les limites de leurs apports, mais aussi les possibilités qu’elles offrent. Au-delà de ce constat et renversant la perspective, il est instructif d’observer ce que deviennent ces deux institutions lorsqu’elles se laissent travailler de l’intérieur par l’activité catéchétique. Gilles Routhier est professeur de théologie pratique à la Faculté de théologie et de sciences religieuses de l’Université de Laval (Québec).

Maladies et guérisons Que dit la Bible ?

de Guy Van Hoomissen s.j.

La Bible ne contient aucun texte qui puisse être considéré comme un traité médical mais de nombreux passages, dispersés dans toute la Bible, ne manquent pas d’évoquer les maladies et la guérison pour en donner le sens. Ecrits dans un contexte religieux et médical éloigné du nôtre, ces textes parlent-ils encore aux hommes et aux femmes du XXIesiècle ? On trouvera ici quelques clés de lecture pour entrer dans les textes de la Bible (Ancien et Nouveau Testament), en situer certaines affirmations, et y trouver un soutien dans l’épreuve que constitue toujours la maladie. Guy Vanhoomissen, jésuite, ordonné en 1977, a passé plusieurs années en Inde. Depuis 1984, il enseigne l’Ecriture Sainte au Centre Lumen Vitae. Il a publié aux éditions Lumen Vitae une présentation des récits de l’Exode dans le Pentateuque : En commençant par Moïse. De l’Egypte à la Terre promise, 2002.

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LES LIVRES – LES LIVRES – LES LIVRES – LES LIVRES

Ses « Carnets » retracent les deux années de préparation, les quatre sessions conciliaires, ainsi que les trois inter-sessions. Ils nous donnent d'assister à la discussion des schémas, mais aussi, lors des réunions de la Commission théologique et des sous-commissions, à l'élaboration et à la correction des textes ensuite soumis aux Pères conciliaires. L'éminent théologien est pour le lecteur un guide sûr, l'introduisant dans le bouillonnement théologique que fut le Concile, et lui permettant de saisir les enjeux de débats parfois animés. Le Père de Lubac n'hésite pas, en effet, à exprimer nettement ce qu'il pense des théologiens qui l'entourent, des nouvelles conceptions qui se font jour à la faveur du Concile, ou des problèmes qu'il juge les plus graves pour la foi chrétienne. C'est ainsi à une plus grande intelligence historique et théologique du Concile que ces « Carnets » nous invitent.

AUX ÉDITIONS DU CERF A PARIS

Carnets du Concile, tomes 1 et 2

Par Henri de Lubac « Une nouvelle étonnante. » C'est par ces mots que le Père Henri de Lubac, dont l'orthodoxie avait été si vivement mise en cause, consigna l'annonce de sa participation au Concile Vatican Il.

AUX ÉDITIONS fidélité/SALVATOR

Promesses de bonheur Homélies pour l’année A

Dans la préface qu’il écrit pour ce livre attachant, Timothy Radcliffe o.p. note que « ces homélies nous touchent tout simplement parce que Philippe Cochinaux est profondément véridique. Il manifeste que les hommes et les femmes sont appelés à devenir des dévoileurs de vérité. Il ne prend pas de gants pour nous appeler à la responsabilité active devant les souffrances que nous rencontrons ».

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AVIS AU LECTEUR

Merci d'envoyer vos commentaires, suggestions ou propositions d'articles à :

Mme Bénédicte Jerebzoff-Van Damme 1070 chaussée d’Alsemberg

1180 Uccle Bruxelles

Tél. : 02/230.67.02 ou 0474/97.15.02 Fax : 02/230.50.92

E-mail : [email protected]

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Administration, diffusion, trésorerieDominique Van Buylaere

Rédaction

Bénédicte Jerebzoff-Van Damme et Guido Van Damme