Editorial A l’heure où s’écrivent ces lignes, le début du ... Encres Sympathiques/15... ·...
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Editorial
A l’heure où s’écrivent ces lignes, le début du premier
trimestre 2015 a connu des évènements tragiques. L’écrit, le
dessin, la satire, sauf à être inodore ou futiles, sont porteurs
d’engagements.
Pour notre part, notre raison d’être est non seulement la
défense mais la promotion de notre belle langue française. En jeu,
la connaissance d’un langage des plus harmonieux et, par là-même
d’une communication, toute sauf vulgaire, porteuse de valeurs de
culture, d’ouverture, de tolérance. Mais également d’exigences.
Pétrie de ces convictions, notre association Encres Vives
invite les écrivains et poètes, fabulistes et conteurs, à griffer le
vélin de leurs plumes aux mille couleurs, créant nouvelles, contes,
poèmes et fables selon leur inspiration.
Au sein du Carrefour de l’Orientation de Cholet nous avons,
pour la première fois, affirmé notre présence par un panneau
présentant notre association et le concours de nouvelles et de
poésies, lequel vient de se terminer courant mars.
Parutions et concours n’ont d’autre ambition que de mettre
en valeur notre Langue Belle, par nos écrits et/ou dans les œuvres
des candidats.
L’année de l’écrit sera intense et nous l’espérons
merveilleuse, en ce qu’elle permet l’éclosion ou la révélation de
dons insoupçonnés.
Le président, Guy Roy
Revue de l’Association « Encres Vives » Siège Social : 73 Rue Saint Pierre 49300 Cholet Tél : 02 41 71 98 34
E-mail : [email protected] www.encres-vives.fr
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Coup de blues
Il est des jours parfois où tout part de travers. Des jours sans… sans allant, sans relief, sans ressort Où l’on souhaite expédier, allergiques à l’effort, Nos affaires courantes au diable vauvert.
Souvent on sait pourquoi on joue les rabat-joie… Une bouffée sournoise d’un bonheur envolé
Une contrariété, des rêves désenchantés Ou bien, on peut l’avouer, une bonne gueule de bois.
Mais il arrive aussi que l’on recherche en vain, En paix avec soi-même et avec son prochain, Pourquoi ce coup de blues, pourquoi ce flottement Qui vous plombe soudain d’un fardeau oppressant.
Subissons-nous la suite d’un pied trop mal posé Qui, dès le saut du lit, rend le matin chagrin ?
Ou d’une conjonction d’astres désordonnée Dont l’effet maléfique freine le moindre entrain ?
C’est un mauvais moment. On se fait une raison. On souhaite ardemment le retour de la flamme Qui, à coup sûr, vaincra ce triste vague à l’âme Pour remettre de l’ordre enfin dans la maison.
Si rien n’est à l’étal au cœur de chaque vie Sensible aux invasions de la mélancolie,
A ces passages à vide sachons donner un sens Pour mieux trouver en soi tout ce qui les compense ?
Pensons que, dans l’histoire, les plus grands romantiques Ont, face à leurs tourments, cherché la solution. En modelant leurs œuvres de formes poétiques Ils trouvèrent dans le spleen source à inspiration. Contre l’humeur maussade, dressons des paravents. Un vol de tourterelle, un regard vers l’espace, Un souvenir heureux qui remonte en surface Et nous voilà parés, apaisés, comme avant…
Yves Point
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Le crayon… et sa page
Des mots, toujours des mots, quelques petits dessins C’est si bon de créer, de repenser le monde
Bousculer les acquis, prendre un air assassin Laisser flotter dans l’air, comme un parfum de fronde.
La guerre ! Il n’en veut pas, pourtant trouve raison De se moquer de tout, pour paraître d’époque
Libre de raconter, faire péroraison C’est pour ça qu’il écrit, et c’est pour ça qu’il croque.
Mais se dit : Halte-là, il faut tout arrêter Lorsque ça va trop loin… qu’arrive la violence
On n’est pas fait pour tuer, mais pour nous accepter Reprenons nos esprits, tous unis dans l’urgence.
Ce mot chéri de tous, ancré dans nos mémoires « LIBERTE » mon amie, on a su te chanter
Nous te trouvions toujours au fil de nos histoires Aurais-tu disparu ?... Je vais te replanter.
Je ne suis qu’un crayon, marié avec sa page Et je veux continuer, en faisant attention
A semer de l’humour, du rire qu’on partage Avec beaucoup de joie et de modération.
Marie-France Joyeaux
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Après les hiéroglyphes, une nouvelle manière de communiquer nettement plus actuelle est apparue. Il s’agit de « EMOJI ». Cette « langue » permet d’envoyer des sms ou des mails à l’aide d’émoticones. Par exemple :
Traduction :
« Mon cœur, veux-tu m’épouser et partir à New-York pour faire la fête ? »
A vous de jouer pour la réponse...
Histoire vraie Dans une école, en Vendée, l’institutrice apprend aux élèves les mesures de capacité. Elle en arrive aux mesures des liquides et dit : « La plus petite mesure de capacité, c’est le millilitre. Puis viennent le centilitre, le décilitre, et la mesure de base qui est…? » « Le litre » ! Crient en chœur tous les enfants. « Bravo ! Très bien. Et qu’y-a-t-il au-dessus du litre demande l’institutrice ? » Et toute la classe répond en chœur :
« Le bouchon » !
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LE JOUR attendu
Ils étaient là, tous les deux ; assis autour de la table. LUI, essuyant des poussières imaginaires avec sa main, ELLE refaisant sur son corsage des plis déjà bien tracés. De temps à autre… ils se regardaient, d’un air soucieux. LUI, versait dans son verre quelques gouttes de vin blanc et ELLE repartait dans la cuisine à petits pas précieux, en hochant la tête.
Dans une heure, leur fille serait ici, venant présenter ce jour leur futur gendre et tous les deux, anxieux, guettaient déjà celui qui franchirait la porte. ELLE sortit de son mutisme et l’interrogea. « Il est blond ou brun ? »
ELLE ne se souvenait plus. IL la regarda, stupéfait, excédé. « Il est… ». Non ! Il ne se souvenait pas non plus de la description faite par leur fille. Il n’en avait retenu que le fait qu’elle allait les quitter. Lorsqu’ils entendirent le bruit de la voiture, ils se rapprochèrent l’un de l’autre, par solidarité et pour se réconforter. Ensemble, ils jetèrent un regard sur le parterre de tulipes rouges que tous deux choyaient avec amour.
Le bruit des pneus crissant dans les allées du jardin les sortit de leur engourdissement. Dans un grand éclat de rire et se tenant par la main, le couple franchit la porte. Méfiants, inquiets, ils regardèrent le nouvel arrivant, les lèvres serrées et le cou raide. Cet homme était celui qui dès ce soir les obligerait à un partage angoissé, celui du roi Salomon. L’œil allumé et soupçonneux, IL fut le premier à lui serrer la main mais avec un sourire avare et en commençant un inventaire détaillé. ELLE, l’embrassa avec un air contraint et retrouva immédiatement son rôle d’hôtesse pour lui faire bonne impression. Ce futur gendre était beau, avec un regard clair qui se posait sur les gens avec un air chaleureux. Les traits étaient fins comme les personnages des images pieuses. Leur fille avait du goût. Cet homme distingué ne l’entraînerait pas dans un duo à remous. Toutefois, LUI et ELLE se regardèrent d’un air entendu et à tour de rôle commencèrent à lui poser quelques questions insidieuses, lentement, genre dégustation de crabes, délicatement, à la petite cuillère, mais jusqu’au bout. Le jeune homme y répondit avec une égale gentillesse. Lorsque les chaises se rapprochèrent des tables et que le champagne coula dans les coupes on entendit dehors un brouhaha joyeux. La jeune fille se tourna vers ses parents d’un air candide. -Papa et Maman, je vous avais dit, je crois, que Jean-Paul a déjà deux enfants ! LUI reposa son verre en tremblotant. ELLE, mit la main à sa joue devenue subitement rouge. La porte s’ouvrit avec fracas. Deux chenapans entrèrent, avec, chacun un bouquet de fleurs dans les mains ; des tulipes rouges, celles, cueillies dans le parterre du jardin et que tous les deux arrosaient chaque jour avec amour.
Jackline René
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Délicieuse et surprenante langue française
Recueilli par Louis Frétellière
Pourquoi dit-on qu’il y a un
Embarras de voitures Quand il y en a trop
Et
Embarras d’argent Quand il n’y en a pas assez ?
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Pourquoi parle-t-on des quatre coins de la Terre
Alors qu’elle est ronde ?
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Quand un homme se meurt, On dit qu’il s’éteint. Quand il est mort On l’appelle feu ?!
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Pourquoi appelle-t-on
Coup de grâce
Le coup qui tue ?
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On remercie un employé
Quand on n’est pas content de ses services.
************************* Pourquoi dit-on d’un pauvre malheureux ruiné et qui n’a même plus un lit
dans lequel se coucher, qu’il est dans de beaux draps ?
************************** On passe souvent des nuits blanches
Quand on a les idées noires…
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L’artiste et les poupées
Peintre figuratif il cherchait une toile sur laquelle brosser les traits de
quelque étoile. Il exigeait du lin, arguant que son talent était bien au-delà d’un coton décadent.
Il fureta partout, dans toutes les boutiques : rien de bon en dehors des tissus acryliques. Il ne lui resta plus qu’un salon de couture pour dénicher un lé de très bonne facture…
« Vous céder mon tissu ? Monsieur, n’y comptez pas ! Laissez donc mes coupons au creux de mon cabas ! »
« Ma mie qu’en faites-vous ? Ils ont tant de couleurs ! Venez donc avec moi,
Voyez notre labeur ! »
Il entre en l’atelier où l’on fait des poupées et distingue en premier où elles sont coupées ; selon un patron-base en tout point respecté. Tout écart de ciseaux se doit d’être évité.
Puis il faut employer, pour l’ourlet, les aiguilles, procéder au bourrage en morceaux de guenilles. Les cheveux composés de jolis brins de laine, donnent à la poupée des airs de châtelaine. Les boutons, bien choisis avec discernement sont fixés avec soin sur tout le vêtement. Les visages sont peints, naïfs, rieurs, aimables. Toute femme est artiste aux dons insoupçonnables… Afin que ces
poupées aient de fières allures il nous faut les doter de seyantes chaussures…
Le peintre est étonné, pour tout dire ébahi devant tant de doigté. Il en reste ébloui…
Alors sans barguigner, il acheta Suzette qui d’entre les poupées était la plus coquette !
Guy Roy
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Chez ma coiffeuse, par Maurice Michenaud
« Mon enfant a six ans, mon mari est plombier, Ça nous a fait du bien, ces huit jours de congés,
Le temps était clément, nous avons bricolé, Et vous, comment ça va ? Toujours à jardiner ? »
Je suis chez ma coiffeuse, l’aviez-vous deviné ?
Ses rondeurs ont le charme des femmes… enveloppées, Mais ses doigts sont légers dans les cheveux mouillés,
Quand elle se déplace, l’air en est parfumé.
Je l’ouïs vaguement, narines dilatées Par toutes ces odeurs mi-douces, mi-poivrées,
Flottant vers le fauteuil où je suis engoncé, En attendant mon tour, détendu, reposé.
Depuis la nuit des temps, vous l’avez remarqué,
Vous trouverez toujours les mêmes illustrés Dessus les guéridons des coiffeurs, des barbiers,
Les Gala, les Closer, et leurs photos glacées.
C’est là que, des peoples, les vies sont étalées : Acteurs et footballeurs, animateurs télé,
Les riches héritiers, les bimbos déjantées, Enfin, de notre monde, tous les privilégiés.
J’apprends que Miss Machin, ses charmes, a dévoilés,
Qu’au bal des Débutantes, Lolita a dansé Avec un vieux barbon possédant un duché,
Une banque en Andorre, un yacht à Saint Tropez.
Bientôt, c’est à mon tour de me faire shampouiner, Ma coiffeuse reprend le cours de ses idées,
Me demande, souriante, si, bonne, est ma santé, Si le temps me convient, comment elle doit couper !
Et moi, face au miroir, je ne peux m’empêcher, Devant la Figaro et ses seins animés, D’imaginer la dame en Lady habillée,
Dans les bras d’un marquis en perruque poudrée.
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Identification : C’est véritablement le plus petit gallinacé d’Europe, à tel point que sa petite taille la fait souvent confondre, au premier coup d’œil, avec les poussins volants d’autres gallinacés tels que les perdrix. Cette première impression est rapidement infirmée par le fait que ses ailes paraissent pointues, alors que les autres gallinacés en général présentent une aile au dessin très arrondi, ce qui est très différent. Ce petit oiseau brunâtre ne présente aucun caractère de plumage évident hormis les stries blanchâtres des flancs et le dessin facial noir. Son dessus est brun rayé de noir et de jaune-crème formant deux bandes plus ou moins nettes. Le dessous est crème, la gorge est blanchâtre encadrée de bandes sombres. Trois rayures jaunâtres couvrent le dessus de la tête. La queue extrêmement courte, accentue l’impression de silhouette massive.
Habitat : La caille des blés vit habituellement sur des terrains plats ou légèrement onduleux à moins de mille mètres d’altitude, mais elle peut atteindre une altitude de mille huit cents mètres dans certaines vallées des Alpes et davantage dans l’Himalaya. Sa présence va aux prairies, aux champs de céréales (blé, orge, avoine, seigle), ainsi qu’aux étendues de luzernes et aux terrains frais.
Comportements : La caille des blés appartient à l’ordre des galliformes qui comprend également la poule domestique. Elle a, comme cette dernière, un corps rond et massif, ainsi que des aptitudes limitées au vol. Pourtant, c’est un oiseau migrateur qui effectue de longs voyages. Contrairement aux autres oiseaux migrateurs, les cailles ne suivent pas les mêmes routes chaque année et peuvent même changer de zone de nidification ou d’hivernage. Les mâles migrent avant les femelles pour prendre possession de leur territoire d’où ils repoussent leurs rivaux en chantant. Lorsque les femelles arrivent, elles commencent à chercher un endroit favorable pour nicher. En été, la caille des blés est présente dans toute l’Europe et à l’est, jusqu’en Chine. En hiver, elle migre vers le sud en grand nombre.
Nidification : La caille des blés est un nicheur obstiné. Si la ponte est détruite, la caille entreprend une deuxième nichée et même une troisième. Elle fait son nid au sol, parmi la végétation dense, en général dans l’herbe haute ou les céréales, à l’abri des prédateurs. Une fois que le mâle a établi son territoire et que la femelle a choisi un endroit pour nicher, le couple se forme. La femelle répond au chant du mâle avec son propre chant et l’attire vers elle. Le mâle s’approche
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de la femelle et tourne autour d’elle, le plumage hérissé et les ailes pendantes, puis roucoule doucement. Après cette parade nuptiale, très semblable à celle des pigeons, les oiseaux sont unis et s’accouplent. Les liens qui unissent les couples durent pendant toute la saison de reproduction : mâles et femelles chantent souvent ensemble. La femelle pond un œuf par jour pendant environ dix jours, puis les incube pendant quelques dix-huit jours. Le mâle ne prend aucune part à l’incubation. Les jeunes cailles savent voler à l’âge de trois semaines et sont prêtes à partir en migration à deux mois.
Régime : Au printemps, la caille des blés se nourrit essentiellement d’insectes, sauterelles et fourmis. Cette alimentation riche en protéines permet à l’oiseau de reprendre des forces après son long voyage migratoire et de se préparer à l’élevage de ses jeunes. Plus tard dans la saison, la caille mange davantage de graines. Lorsqu’elles deviennent abondantes, elles constituent sa nourriture principale. La caille niche dans les champs de céréales, de luzerne ou de plantes oléagineuses où elle mange les graines tombées à terre. Le régime alimentaire très énergétique de la caille lui permet de faire des réserves de graisse avant d’entreprendre sa migration d’automne de l’Europe et de la Chine vers l’Afrique et l’Inde.
Joseph Guédon
Faire du (bon) pain n’est pas donné à tout le monde. Le boulanger doit parfaitement maîtriser tout son art pour satisfaire ses clients préférés. Il devra ainsi éviter autant que possible de « Faire de la tendresse », ce qui signifie dans le jargon de cette profession, confectionner une pâte trop collante. L’origine est facile à comprendre : quelqu’un de tendre est très câlin et donne volontiers des baisers aux personnes qu’il aime, au risque de se montrer pot de colle….
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Où sont passées nos amours déçues ?
Où êtes-vous réfugiées, amours d’adolescents ? Demeurez-vous toujours dans le monde des vivants ?
Nous ne savons plus rien de vous depuis ce temps. Avez-vous oublié toutes nos idylles d’antan ?
Qu’êtes-vous donc devenues amourettes d’enfants ? Longez-vous toujours le bois en vous promenant ?
Où sont passées nos amitiés d’adolescents ? Y pensez-vous, seules, le soir en vous endormant ?
Où êtes-vous donc ce soir amours d’un instant ? Bien sûr vous nous aviez dit de les oublier.
Vous n’y croyiez pas, pour nous c’était différent. Mais si par hasard nous pouvions nous retrouver ?
Gabriel Gallard
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Je tricote, je tricote Je tricote tout le temps Je tricote, je tricote Je tricote le temps
Une seconde à l’envers, j’ai le cœur de travers Et pour la côte anglaise, je frise le malaise
Une minute à l’endroit, je me sens comme un roi
Mon ami de Jersey veut encore me griser
Une heure de point de riz et je rie, et je rie…
Je tricote, tu tricotes On tricote nos sentiments
Je tricote, tu tricotes On tricote gentiment
Au début du coton, avec augmentations Et des rangs bien serrés, pour la solidité.
De l’écheveau de soie, effleuré par nos doigts, Les mailles ont glissé vers la frivolité.
Un peu rêche la laine, usée par de la peine Les aiguilles ont tourné, fait, défait et refait.
Détricotent, retricotent C’est ce que font les vieux amants
Je tricote, tu retricotes Pour qu’on reste vieux amants.
Monique Lefèvre-Maure
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Non, il n’a pas neigé,
Et pourtant… du blanc un peu partout,
Sur les toits, Les pelouses,
Au sommet des haies. C’est déjà l’hiver
La lumière tamisée, Du gris, du gris, toutes les nuances du gris,
Du gris clair jusqu’aux nuages, Au gris foncé de l’horizon,
Au gris « embrouillardé » le long des routes.
Le vent De frais glisse au piquant.
Oui, l’hiver s’annonce Et alors,
C’est son heure, A chaque saison son tour.
Et il fait si bon dedans Devant une cheminée où pétillent les étincelles,
Avant de se retrouver Là-haut dans la chambrette,
Chaleur contre chaleur.
L’hiver a du bon…
Gilles Troger
Retour de l’Hiver
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Les bruits du dortoir
A l’entour d’une heure du matin, Dans ce lit qui n’est pas le mien, Je cherche en vain à me lover Dans les bras roses de Morphée.
Mais la bougresse et ses deux seins Batifolent loin du chemin Avec d’autres chats à fouetter, Des peaux plus douces à caresser.
Et dans mon drap de soie câlin, Dans ce dortoir pour pèlerins, J’écoute les bruits familiers, Souvent les mêmes chaque nuitée.
N’en déplaise à Monsieur Rufin * Je peux veiller le cœur serein, Mon « Immortelle randonnée » S’en est toujours accommodée.
Si pour tous les esprits chagrins, Les ronflements des pérégrins Ont des relents d’ébriété, Moi, j’en connais de très variés.
Légers soupirs de chérubins, Grognements sourds de marcassins, Et tous ces sons bien cadencés Se répondent sur l’oreiller.
Frères ronfleurs des lits voisins, J’ai dû ronfler, c’est le destin De ceux qui marchent la journée Et se retrouvent pour dîner.
Des autres bruits, je ne dis rien, D’ailleurs je ne suis pas certain De les avoir identifiés, Je suis discret, vous le savez …
Maurice Michenaud
*Jean Christophe Rufin de l’Académie française a écrit « Immortelle randonnée, Compostelle malgré moi » - Editions Guérin
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J’ai lu : « Le crabe » de Michèle Corfdir. Editions Alain Bargain
Un roman qui fut cadré dans « Enquêtes et suspense ». De temps en temps il faut savoir se faire peur. Ce thriller écrit sur fond de psychologie, vous promène sur la côte bretonne, la chemise humide mais les lèvres sèches. Plus gris que le ciel, plus noir que le noir, un tueur en série dominant le passé, vous fait grelotter entre la terre et la mer. Vous tournez les pages avec des yeux hagards, frôlant l’infarctus en suppliant le ciel de vous donner la force de fermer le livre.
Ce roman est bien construit. Il est taillé comme un menhir et vous laisse perplexe. Ne cherchez pas des moments velours, ou des moments de repos. Les personnages ont la douceur d’une huitre et si vous offrez ce roman à une femme fragile, elle se demandera si vous ne désirez pas l’achever.
Jackline René
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Statistiques….
Un professeur en sciences du comportement, officiant dans une université bretonne, est spécialisé dans les études originales.
Celui qui avait démontré que les serveuses obtiennent un plus gros pourboire lorsqu’elles sont vêtues de rouge… vient de faire une nouvelle découverte :
Le pouvoir d’attractivité des femmes dépend de la hauteur de leurs talons !
Plus il est haut, plus ces dames se font rapidement accoster. Pour prouver ses théories, il a demandé à un panel de femmes de se rendre dans le même
bar avec des chaussures plates, des escarpins à talons de 5 cm, puis de 8 cm.
Le résultat fut probant : selon la hauteur, elles ont attendu de quatorze à huit minutes avant d’être abordées.
Moralité : pour ne pas être importunée, portez des tongs…
Le crabe
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AUX QUATRE SAISONS
Au réveil du printemps, te souviens-tu ma belle ? Nous allions à pas lents, dans les bois refleuris. Nous allions en chantant dans la clarté nouvelle Enluminer nos corps, goûter au paradis.
Dans un parfum de violette, Qui embaumait ton blanc jupon.
Refrain :
Et je t’ai aimé chaque saison Et dans le lit de ma mémoire Sommeille en paix la belle histoire D’un clair de lune, d’une passion.
Pendant l’été brûlant, te souviens-tu ma belle ? Nous courions inconscients dans les vapeurs du soir. Nous courions inconscients dans les vagues rebelles. Se mirant dans les eaux comme dans un miroir.
Et sur la plage, les galets Voyaient tomber ton blanc jupon.
Au refrain.
Dès l’automne naissant, te souviens-tu ma belle ? Nous frémissions ensemble sous les arbres dorés Nous frémissions de joie lorsqu’une cascatelle Apaisait notre soif dans l’aurore feutrée.
Discrètement un vent léger Faisait voler ton blanc jupon.
Au refrain.
Ah ! Ces longs hivers blancs ! Te souviens-tu ma belle ? Nous dessinions des cœurs sur le tapis neigeux. Nous dessinions nos vies dans les brumes nouvelles, Figés dans le silence, le silence des cieux. Et le givre luisant Faisait briller ton blanc jupon.
Au refrain.
Paroles de Louis Frétellière. A la recherche d’un compositeur-interprète…
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-Dis-moi ce que tu veux, tout bas à l’oreille, et je te promets qu’une bonne surprise fera ton bonheur !
-Oh oui ! Je vous le dis tout de suite. D’abord, je voudrais un beau cartable comme celui des autres petites filles. Et puis un bonnet car le mien est vieux, des bouts de laine sont tirés. Il n’est plus joli. Il est trop vieux !
-Moi aussi je suis vieux et je ne suis plus très joli sans doute.
-Ah ! Je n’avais pas remarqué, mais tu es gentil et tu as des cadeaux, c’est le principal. Au fait, tu sais où j’habite pour me porter quelque chose qui m’empêchera de pleurer ?
-Non, pas encore, mais tu vas me donner ton adresse.
-Pas besoin, tu peux la deviner, le Père Noël sait tout.
-Alors, un bonnet bien chaud et un joli cartable sont tes souhaits les plus chers. Eh bien je suis sûr que tu seras exaucée. Et un jouet supplémentaire te ferait peut-être plaisir ?
Quelques jours plus tard, le matin du 25 décembre, un bol de lait était préparé près de la cheminée. C’est maman qui avait pensé à cette attention.
Mi-Jo se lève d’un bond dans sa chambre, part en courant vers sa maman. Mi-Jo crie de joie : « C’est Noël, tu viens voir dans mes chaussures. Je suis sûre que le Père Noël est passé ».
Les cadeaux débordent des chaussures : un paquet, deux, trois… On va prendre le temps de les déballer.
-Tiens, maman, regarde sur tes chaussures, il y a une enveloppe.
On entend « toc-toc » à la fenêtre. Les regards se détournent dans cette direction.
-Oh ! Il est encore là ! - Invitons-le, dit maman
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Et le Père Noël entre discrètement. Il s’assoit un peu à l’écart laissant à leur joie Mi-Jo et sa maman.
-Commençons par maman. Mi-Jo préfère garder le plus longtemps possible la surprise de découvrir ses cadeaux.
Dans l’enveloppe, une petite carte :
« Maman de Mi-Jo et fille bien-aimée du Père Noël ».
Qu’est-ce que cela veut dire ?
Et le dialogue s’engage entre la maman et le Père Noël.
Un secret va se révéler…
Josiane Rolland Résidence « Montana »
Cholet
Les quatre préceptes de la sagesse chinoise destinés aux
femmes sont :
-Il est important de trouver un homme qui t’aide dans les tâches ménagères, travaux pénibles et qui ait un bon emploi. -Il est important de trouver un homme d’esprit, ayant beaucoup
d’humour et qui te fasse rire. -Il est important de trouver un homme sur lequel tu puisses compter, en qui tu aies confiance et qui ne te mente jamais. - Il est important que ces trois hommes ne se connaissent jamais…
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Au fil du temps, pensées douces-amères, par Marité Vendée
80 ! 80 ! Tralalala-Lalalère chantent toutes ces années costumées en lutin, ronde joyeuse gambadant allègrement autour de moi, invisible mais réelle.
Mais à mes pieds, une faille profonde s’écarte qu’il va falloir franchir.
Alors je me retourne et contemple, dans une nostalgie tendre ce temps passé fait de multiples petits bonheurs, grandes joies, chagrins oubliés. Toutes ces saisons traversées dans leur beauté, leur tristesse aussi parfois : surprendre la nature dans son lever, ses odeurs fraiches, la rosée du petit matin, les feux du soir dans la cheminée, les couchers de soleil sang et or aux horizons lointains. Les découvertes, les amitiés.
Et les enfants. Ah ! Les enfants, toujours liés à moi dans leur indépendance. Souvenirs sans cesse présents à ma mémoire et à mon cœur.
Foin des réminiscences… Ce passage, ce fossé devant moi est inquiétant dans son mystère futur, douloureux sans doute.
« Ô vieillesse ennemie voici donc venir ton infamie » !
Devant cette peur il ne me reste qu’à mettre des mots pour l’apprivoiser.
C’est la fin d’un temps et le début d’un autre, voilà. Il me faudra sans doute quitter les flamboyances de l’arrière-saison, abandonner ce style vestimentaire qui ne sera plus de mon âge, laisser apparaître la neige sur mes cheveux, accepter que ma bouche ressemble à un œillet froissé, que les rides sur ma peau, façonnées par les années soient permanentes. Et toutes ces choses qui vont se perdre dans l’oubli comme des larmes dans la pluie, ne plus savoir que les roses sont roses… Suivre à petits pas l’infinie cohorte vers l’inéluctable quand ce sera l’heure de partir.
Heureusement pour moi, j’ai toujours aimé les « Ailleurs » !
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Le « Plan » du Ministre -Antidote inédit à la crise du chômage-
Pour ce vieux routard de la politique D’être nommé dans le gouvernement En tant qu’ami et fidèle du président Fut le couronnement d’un parcours héroïque. Lui, le colleur d’affiches, l’obscur militant, Devenait tout à coup enfin, un personnage. Pour peu qu’on lui donnât du temps Il marquerait à coup sûr son passage : Au su de tous, au grand jour Il saurait magnifier la République A l’aide d’éloquents discours Ponctués de chaleureuses envolées lyriques.
Las ! Il apprit lors d’un communiqué de presse Qu’il devenait ministre du travail !
Qu’incessamment, sous peu, avec force détails -vu la situation, sans concession ni mollesse-
Il soumettrait un définitif plan de crise Pour juguler la montée du chômage
Dont tous dans le passé avaient eu la hantise.
En vain protesta-t-il : -Et c’était bien dommage. On le prenait vraiment au dépourvu :
Il n’y connaissait rien… Ce n’était pas mystère !- Trop tard ! Tous les postes étaient pourvus.
D’ailleurs qui d’autre aurait envié ce ministère ?
Dès lors, jour et nuit, il chercha des solutions Ballotté dans un abîme de réflexions. Des idées, il lui aurait fallu des idées ! D’ordinaire… Il empruntait celles des autres Qu’il exploitait avant qu’elles soient démodées
Ou mises au rencart par de bons apôtres… Mais le président les lui avaient interdites
Il exigeait du neuf et non des redites : Du tam-tam, du plein la vue car dans l’immédiat
Il voulait donner satisfaction aux médias.
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Pas facile en ce monde à l’envers Ou bien entendu, tout chaloupait de travers Et n’était qu’illusion, scandale ou faribole !
Les jeunes, à grand peine éjectés de l’école, Dans l’ennui, s’en vont errants par monts et par vaux. Sans but comme sans foi ni lois. A la recherche désabusée d’un emploi Et ne rencontrent pour trouver leurs idéaux Que de quelconques petits boulots.
-… Les vieux, au contraire, avides de vivre,
Leur carrière voulant, à tout prix, la poursuivre : Plus que jamais convaincus de leur importance
Et croyant dur comme fer à leur avenir… Passé soixante-dix printemps, n’ont qu’un désir
Une dernière fois, sauver encor La France Car à moins d’excéder un âge canonique
Ils ne sauraient assumer bonne politique !
-… Tous, non sans raisons étaient mécontents. Pourquoi un job, un métier dont on n’a que faire
Et devoir s’échiner sa vie durant Uniquement par nécessité pécuniaire :
(L’auto, l’appart, la femme et les lardons) ? Tandis qu’avec peine on s’y intéresse
Sonne déjà l’heure de l’abandon Et la retraite vous laisse en pleine détresse.
Il se devait d’enrayer cette absurdité. Tout à coup ce fut l’éblouissement Et le plan à bâtir, dans sa simplicité. Lui apparut d’une incontournable évidence. On voulait du neuf ? Il ferait assurément Pour le moins du révolutionnaire. Les jeunes, on ne savait quoi en faire ? -leurs études excluant toute chance- Eh bien, de plein droit entre trente et cinquante ans, Ils partiraient en retraite dorénavant. Ainsi ils pourraient acquérir expérience Et, de par ce monde se mûrir, « s’éclater ». Avant de perdre toute espérance. Puis, leur restant de vie, ils iraient travailler.
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Tout rentrait dans l’ordre avec son plan Et bientôt on ne parlerait plus de chômage.
A ceux qui craindraient la baisse de rendement, La belle affaire justement
Puisqu’il faudrait –et c’était bien là tout l’avantage- Deux personnes au moins, voire bien davantage -vu leur état- pour s’acquitter d’un même emploi.
Quel beau spectacle de surcroît. Lorsqu’on voudrait créer barrage ou autoroute,
Que des vieillards conscients de leur utilité -dans la joie, somme toute !-
Serpentant sur la colline au petit matin, Et, afin d’en renforcer la solidité,
Déversant leur sac de terre un à un… Sous les yeux réjouis de dirigeants cacochymes
Un peu comme on dit que cela se passe en Chine !
Quand il s’efforça d’expliquer ce plan bizarre Des plus tonitruants un tollé s’éleva
Et la presse déclencha si grand tintamarre Qu’illico, le président le démissionna.
Par bonheur, ses électeurs restèrent fidèles. Il put de nouveau tout à loisir, -Devenu à vie « Monsieur Le Ministre »- Inaugurer le moindre pont, la moindre stèle Coupant les rubans avec égal plaisir.
Seul lui semblait toujours un peu sinistre, A la fin de ses brillants discours,
D’entendre tout à coup tous les tambours Sans vergogne évoquer à ses oreilles De douloureux souvenirs en sommeil
En sonnant des plus gaiement De vigoureux « Plan et rata…plan » !
Philippe Selrach
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BAYONNE fut la première ville de France à découvrir le chocolat au début du XVIIème
siècle…
Le cacao est originaire l’Amérique latine, partie du monde découverte par les Espagnols. Les explorateurs n’avaient pas estimé le caractère précieux de ces fèves brunes. Elles ressemblaient tant à des « crottes de bique », que, dit-on, Christophe Colomb jeta par-dessus bord la cargaison offerte par les Amérindiens… Pour la première fois, c’est Cortès qui en 1524, expédia ces fèves à la cour d’Espagne. Et c’est à BAYONNE que l’on découvrit le chocolat, car l’infante d’Espagne vint épouser Louis XIII en France et apporta ces aliments dans ses bagages. Puis Marie-Thérèse d’Autriche et Louis XIV en populariseront l’usage. Ce dernier accorde, par une lettre-patente, à un certain David Chaillou, le « privilège exclusif de
faire, vendre et débiter une certaine composition se nommant chocolat ». Ce privilège prit fin en 1693. Le chocolat sera alors conditionné par les marchands d’épices et les apothicaires. On lui attribue des vertus revigorantes, digestives et…aphrodisiaques.
Les maîtresses de Louis XV – La Pompadour et La du Barry – en raffolent ; elles vont en populariser la consommation. On raconte que Ninon de Lenclos en servira à Voltaire et que Marie-Antoinette le buvait additionné de poudre d’orchidée. Cette reine créera le poste de « Chocolatier de la Reine ».
Dégusté par Louis Frétellière…
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Automne ocre
Par la baie entr’ouverte, L’automne entre à flot de lumière,
Un ruisseau de brume S’étire au-dessus du jardin ;
L’humus chante ses effluves, Des couleurs chaudes et généreuses
Revêtent les arbres Ondulent au souffle léger d’un vent apaisé.
Je n’attends maintenant que votre visite Mon amie,
Vous ne pouvez manquer La fête de l’ocre, La venue de cette
Si belle saison. Ensemble, les dernières couleurs
Nous cueillerons. Comme des baisers
Sur nos fronts.
Gilles Troger
++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++ Petite annonce…
Me voilà aujourd’hui exposé en vitrine, tel un véhicule d’occasion au « Garage des cœurs à prendre ». Après quelques années d’usure en couple, première main proposée en l’état, contrôle technique OK. Malgré quelques traces intérieures des accidents de la vie, la carrosserie extérieure est acceptable. Modèle unique de ligne racée, encore bien coté à l’Argus. Beau châssis. Entièrement d’origine et en bon état. Un peu de diésel au démarrage. Seule énergie pour le faire avancer : les sentiments et l’attention qu’on lui porte.
Collectionneuses et chauffardes, s’abstenir…
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Identification : Oiseau forestier au beau plumage brun-rouge rappelant la couleur des feuilles mortes. Dessous jaunâtre finement barré. Tête tonde au long bec droit. Chant : En croule, le mâle émet trois ou quatre « Ouort-Ouort-Ouort » grognants et sourds conclus par « Pissp » perçant et explosif. On l’entend d’assez loin (environ 300 m.) Habitat : Elle fréquente les régions boisées entrecoupées de champs et de clairières, surtout avec des fourrés humides et des massifs de conifères. Lors de la reproduction, fréquente les terrains marécageux, les marais, les prairies humides et les rivages. Comportement : Elle s’active, surtout au crépuscule. Son vol rapide, aux changements brusques de direction, est très caractéristique. C’est un oiseau discret. Les meilleures chances de la voir sont au printemps en avril et juin, au crépuscule, quand elle traverse une clairière ou longe un layon, en vol nuptial. Vol : Plus lent que la bécassine. Surprise, la bécasse des bois s’envole dans bruissement d’ailes en zigzaguant entre les arbres. Nidification : Le nid est une petite cuvette dans le sol forestier garnie de feuilles mortes. La couveuse étant sur le sol, la protection des prédateurs est essentiellement assurée par son camouflage. La femelle pond de mi-mars à mai, quatre œufs brun grisâtre, tachés de roux et maculés de gris. L’incubation dure trois semaines. La femelle surveille les jeunes qui quittent le nid à quelques heures. Ils se nourrissent seuls deux à trois semaines après. Régime : La bécasse des bois se nourrit surtout de vers, d’insectes, de larves diverses et de petits mollusques.
Joseph Guédon
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Du Reg à l’oasis
A Fernande et Paco Cagigao fondateurs d’Achalay, Association d’aide à l’enfance défavorisée à Lima, au Pérou.
En France, Terre de Vie soutient cette Association.
ABNEGATION
Secrétaire à Genève, dans un organisme de l’ONU Pour un congrès à Lima, Fernande est venue Délaissant les belles demeures, les musées de la ville Elle s’est hasardée dans un sordide bidonville.
Là où les enfants délaissés, maltraités Pour vivre sont poussés à mendier, voler Parfois déficients mentaux, attardés, violents Ils ne peuvent compter sur l’aide de leurs parents.
Profondément marquée par tant de misère Elle qui est jeune et ne manque de rien Se demande ce qu’elle pourrait bien faire Pour ces enfants voyous qui tendent la main.
Le congrès terminé, c’est décidé, elle restera à Lima. A Lausanne la ville où elle habite, elle ne retournera pas. Pour tout abandonner d’une existence bien réglée Il faut être inconscient ou plein d’humanité.
Plus tard, Fernande rencontre Paco Il est professeur de psycho Dans un collège d’enfants handicapés. De cet altruisme commun un grand amour est né.
LE REG
Prendre la main tendue de ces enfants blessés Pour ce couple devient une nécessité Oui, mais pour les sortir de leur misère Il faut trouver asile, un coin de terre.
Ils ont une opportunité Un terrain leur est proposé Sorte de REG inculte sans verdure Mais disposant d’une eau pure.
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Alors avec quelques adolescents Dans les bâtiments existants Qu’il fallait restaurer Ils sont venus habiter.
Comme le facteur Cheval Pour son plaisir idéal A la main, parfois à genoux Ils ont récupéré les cailloux.
La terre, de ses pierres débarrassée Puis par des bisses bien irriguée Ne demande qu’à être cultivée A prouver sa fécondité.
l’oasis
Au fil des jours et des années San Andréa : Foyer-ferme est né. Oasis providentielle pour la culture De l’homme et de la nature.
Hier inhospitalière, cette désertique terre Aujourd’hui luxuriante et généreuse Est devenue mère nourricière D’une petite communauté heureuse.
Dans ce havre verdoyant Se reconstruit l’enfant. Dans le respect et la tendresse Tout est fait pour qu’il progresse.
Participation au travail agricole Allers et retours à l’école Apprentissage d’un métier Et de la vie en société.
Pour les adultes que le handicap Prive de leur autonomie Cieneguilla, sera une autre étape Préparée par nos deux amis.
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LE RELAIS
Arrive le temps redouté Où le relais doit être passé Pour prendre un repos bien mérité Après avoir tant donné, tant aimé.
Cette oasis, terre d’abondance Pour l’accueil de l’enfance Créée par la volonté humaine Doit rester une aubaine.
Cette formidable aventure Mérite qu’elle perdure. Partir ce n’est pas fuir Vous pourrez revenir.
Vous avez créé ACHALAY En Quechua : « Que c’est joli ». Qu’il est beau en effet Le chemin de votre vie.
Par votre sourire plein de bonté Qui ne peut qu’humaniser Puissiez-vous encore longtemps Donner vos encouragements.
Pour les regs en oasis transformés Soyez vivement remerciés Bienfaiteurs de l’humanité.
André Joint
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Pourquoi le temps passe-t-il si vite ?
Ce matin, le ciel brille à travers les carreaux Embrumés, éclairant mes modestes rideaux.
J’aime intensément cette lumière printanière. Pourquoi m’interpelle-t-elle, ô luciole éphémère ?
Demain matin les oiseaux me réveilleront. Mes rêves d’enfant, par magie resurgiront.
Oh ! Si je pouvais revivre les bonheurs d’antan, Ne serait-ce, ô ciel, qu’un seul petit printemps.
Après-demain l’été sera là de nouveau, Les blés revêtiront leurs habits les plus beaux. En leur sein se cacheront d’autres aventures.
Dis-moi, ô Dieu, pourquoi, rien sur cette terre ne dure ?
Gabriel Gallard
°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°° Le saviez-vous ?
Créés le 15 janvier 1790 à Paris, les départements français ont été découpés de manière à ce que tout citoyen puisse accéder à son chef-lieu en un maximum d’une journée…à cheval ! Avant la Révolution, on parlait de Province, (qui vient de pro vincere : territoire conquis). Il y avait différents types de provinces : les militaires avec leurs grands fiefs, les ecclésiastiques avec des cités liées à des diocèses, les judiciaires avec des parlements, des baillages, des pays et des sénéchaussées. Egalement des provinces fiscales dont certaines avaient un état, des généralités, des intendances… Dans le projet des Constituants, la ville retenue comme chef-lieu devait concentrer les sièges de toutes les autorités, donc disposer à la fois, d’un tribunal, d’une université, d’une place militaire, d’un évêché. On ne put mettre ce projet à exécution, car certaines villes protestèrent…
Parcouru par Louis Frétellière
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LA CRYPTE
Le vaste périmètre, par Guy Roy
Alternance de coups de vent et d’accalmies. Sifflements succédant aux chuintements feutrés. Quelle nuit ! Par bonheur, le muret grossièrement édifié me protège des rafales. A la fin je sombre dans un sommeil qui m’était contesté. Bien au chaud dans mon duvet en plume d’oie.
Brrrr ! Il fait frisquet. Eveillé, j’ouvre la fermeture de la tente. Le vent s’est apaisé. Je glisse une tête dans l’entrebâillement. Les nuages poursuivent leur route. Ma couverture de survie s’est fait la malle pour aller s’entortiller amoureusement autour d’un arbuste épineux. Elle doit ressembler à une tranche de gruyère.
En reptation, je m’extirpe de mon couchage et m’étire lentement. J’enfile mes vêtements, chausse mes brodequins. Puis j’effectue un petit tour d’inspection. Tout perdure dans une stabilité saisissante : c’est le temps immobile du Lozère.
Il me faut ranger mon sac, récupérer ma couverture de survie, trouée, déchirée, mais qu’importe.
Orientons-nous ! J’emploie un pluriel qui m’apparaît singulier. La couche nuageuse, moins épaisse que la veille, me laisse entrevoir le lever du soleil. Je dois me diriger vers le nord en le déterminant approximativement. Avant de partir, je me restaure de biscuits consistants, d’abricots séchés et d’une timbale d’eau froide ! « Terre de Lozère, terre de misère ». (Dicton local).
Foin de jérémiades, sac au dos, chapeau vissé sur le crâne, je m’engage d’un bon pas dans ce que je surnomme la steppe. Les alentours sont dégagés sur 360°. Quelques arbrisseaux me servent de repères d’alignement avec le Finiels. Ma progression s’apparente à une marche topo, comme l’épreuve pyrénéenne « Neige et rocher ». Toute expérience sert à son heure.
Il m’importe pour l’instant de localiser la
providentielle source. Elle sourd certainement d’un petit chaos vers le nord, c’est un peu sommaire comme précision. Je surveille les tons de la végétation, laquelle doit se colorer d’un vert plus tendre parmi peut-être quelques sapins nains. Qui sait ? Je progresse, en maintenant mon cap, choisissant mes balises végétales avec rigueur. Il n’y a pas âme qui vive en ces lieux.
Là, sur ma gauche, de petits rocs émergent de plusieurs taillis herbeux. Et si c’était la
source ! Je vais aller voir. Je dois aussi conserver mon orientation. Je plan te un de mes bâtons à l’endroit où je quitte mon itinéraire. Arrivant aux rochers je ne vois aucun signe d’une quelconque source. Des sorbiers nains semblent pourtant se plaire ici. Je contourne les taillis et…
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La voilà !!! Le granit a été creusé formant une cuvette peu profonde, où frémit une onde claire. Un petit filet d’eau glisse doucement sur un défaut de roche pour se perdre dans l’humus proche. Au bord de cette cavité, les anciens cévenols avaient taillé un banc rudimentaire. Je m’assieds. Il reste un espace suffisant pour y installer mon réchaud de camping. Je pose ma petite casserole pleine d’eau. Je me réjouis à l’idée de savourer un café lozérien. La source m’émet aucun gargouillis. A plus de cent mètres je distingue ce qui me semble être un renard. Il doit avoir soif lui aussi.
J’emplis d’eau ma grande bouteille et mes deux gourdes. Je charge le sac sur mon dos et reviens à mon bâton repère. Cette petite pause m’a fait du bien.
Si je persiste et maintiens mon orientation, je dois arriver, d’après ma carte, à une combe. Secrètement j’espère que ce sera la bonne. Pour l’heure, je me contente de descendre la douce pente du côté nord. Ce Lozère est un crâne immense. Arrondi par combien de millénaires d’érosion. Je n’en sais rien. Les cailloux indiquent que c’est une forte tête. Tout randonneur peut le dominer mais c’est lui qui nous use et usera nombre de générations futures de marcheurs.
Une brise fraîche se lève. Elle m’atteint en pleine face. Ce petit nordet m’accompagne. Les précautions d’alignement de mes repères retardent ma progression. Le manque de boussole se fait cruellement sentir.
Aucune combe sur mon trajet. Je m’arrête un instant. Quelques fines tranches de viande séchée, des biscuits, des fruits secs et une bonne rasade d’eau de source, voilà qui me requinque.
La pente est progressivement plus accentuée. J’emprunte les éboulis rocailleux, parmi lesquels la végétation est restée rase. Je crois déceler une vague trace d’un ancien sentier. Rien n’est sûr. Je traverse des bouquets épars de timides arbustes. Il serait bon que je fasse le point. Le Finiels est hors de vue depuis longtemps. Je me juche sur un promontoire, une minuscule bosse, qui me permet de dominer la flore environnante.
Je suis surpris. D’un regard circulaire, je constate que je suis au seuil d’une combe. Une grande, une immense combe dont je ne puis apprécier la superficie tant elle est vaste. Est-ce bien le lieu de ma quête ? Ce serait inespéré. Par contre les végétaux, ronces, épineux, petits feuillus s’y entremêlent. Véritables refuges pour la faune sauvage : carnassiers, rongeurs, oiseaux, cohabitent en un voisinage parfois cruel.
Comment entreprendre des recherches dans cette étendue hostile. A l’horizon, vers le
nord, j’identifie les lignes d’un hameau ou d’une bourgade. Je pourrai toujours m’y référer pour fixer mon cap.
Le seul outil qui me serait utile à l’instant, serait une serpe ou un coupe-coupe. Ce n’est
pas la jungle, mais il sera difficile de prospecter dans cet univers inextricable. Mes connaissances en géologie sont rudimentaires. Cette cuvette surdimensionnée est
sans doute le résultat d’un effondrement ou glissement de terrain ou même de secousses telluriques. Les volcans d’Auvergne sont des voisins.
Où chercher dans ce milieu hostile ? Tout se complique. Et pourtant je suis persuadé
que je touche au but. Ruines, vestiges, pierres taillées ou sculptées dorment dans les parages.
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Avec méthodologie, je devrai quadriller secteur par secteur. Il est impossible de découvrir la moindre trace. Les « Gounauds » y avaient judicieusement choisi d’aménager un asile…
J’en étais là de mes réflexions quand j’entends soudain un bruit de moteur. C’est celui
d’un quad qui pétarade. Un jeune homme le chevauche avec habileté en le maintenant sur la ligne de crête. Je l’appelle en criant. Ca y est, il m’entend et m’aperçoit. Après quelques passages périlleux il arrive près de moi. « Que faites-vous par ici ? Vous randonnez sur le vieux ? (C’est ainsi qu’on nomme Le Lozère). -Oui et non, lui dis-je -Comment ça oui et non ? Vous n’êtes pas perdu au moins ? -Non, non. J’ai bousillé ma boussole en montant au Finiels. Je suis à la recherche d’un ancien refuge huguenot qui doit se trouver quelque part au sein de cette combe. -J’ai entendu mon grand-père évoquer ce refuge, au cours des veillées. Il qualifiait ce lieu « d’aven de la sorcière ou des sorciers » ; je ne me souviens plus. Vous savez, les vieux en rajoutent toujours. Ils parlent de nuits sans lune, de feux-follets, de bruits de cascades souterraines les temps d’orage… Moi je ne m’aventure jamais en ce creux ! Même si les anciens fabulent, je ne suis pas téméraire. -Il y a peut-être du vrai, cependant ? -Oui, après tout ! Toutefois il vous faudrait un outil si vous voulez progresser dans cette brousse. Attendez-moi, je reviens dans une demi-heure ! »
Sur ce, il enfourche son quad et disparaît. La topographie du terrain ne semble pas avoir de secrets pour lui.
Moi Je M’assieDs et…J’attenDs !
A suivre : La découverte !
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Finale de la ligue des champions de foot. Toutes les places sont vendues depuis des mois. Dans le stade, un homme est assis, une place libre à côté de lui. Ce qui a le don d’énerver un de ses voisins qui en aurait bien fait profiter un ami. -A qui appartient cette place, car c’est quand même honteux de laisser une place libre le jour de la finale, lance-t-il à l’homme seul. -C’est la place de ma femme lui répond-il. On allait à tous les matchs ensemble depuis qu’on était mariés. Mais elle vient de décéder. Le voisin, embarrassé, s’excuse et lui présente ses condoléances. Puis il lui demande : -Et il n’y avait personne d’autre de la famille ou des amis proches qui auraient voulu sa place ? -Ben si ! Mais ils sont tous à l’enterrement !
Cherche âme sœur… « Sale caractère, vilain, mal élevé, radin, jamais un mot d’amour, râleur,
mauvais joueur, pas sportif, oisif, casanier, pas cultivé, pas d’esprit et surtout, aucun humour ».
Vous avez compris, bien sûr, que je parle de celui qui vous a laissée.
Moi, je suis tout le contraire… Evidemment…
L’homme parfait…
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Elle se cachait dans le creux d’un village, abandonnée de tous, déjà bien dégradée. Des herbes folles l’entouraient, quelques pierres du parvis, disjointes, écrasées, voulaient rappeler un passé… mais qui était son histoire ?
SI JE L’IMAGINAIS… Je me reporte loin, très loin dans le temps, le temps des châteaux, des seigneurs et de la vie d’autrefois. Il y avait, comme aujourd’hui, des hommes qui travaillaient durement pour servir leurs maîtres. Ces maîtres étaient exigeants parfois, mais bons ou mauvais, ils ont tissé l’histoire.
Dans ma tête, je vois un beau prince et je l’appellerais : Le Chevalier Noir… Tout de sombre vêtu, il entre dans la vieille chapelle… Ce n’est pas par hasard s’il est ici, car il veut retourner aux sources de son enfance et sortir de ces non-dits qui l’oppressent… Il suppose… Il cherche… Va-t-il retrouver le cercle familial qui lui a conféré, de par ses aïeux, ses qualités et ses défauts. Il les connaît bien ses défauts, surtout cette colère qui le fait parfois bondir sans raison.
La Chapelle est sombre, mais un rayon de soleil couchant traverse le vieux vitrail… Il éclaire les pierres tombales, à même le sol… alors là, notre prince tombe à genoux ; il vient de découvrir le nom d’un ancêtre lointain. Sa maman, le soir, dans le silence du crépuscule lui contait la belle histoire de sa famille. Tu dois toujours, disait-elle, être fier du bien accompli par ceux qui nous ont précédés et te montrer digne pour continuer notre lignée… Aujourd’hui, de tels mots ne sont plus employés, c’est peut-être dommage.
Le Chevalier Noir regarde les murs de la Chapelle… avec les fresques délavées, il devine et retrouve la vie des Saints, leur parcours, leurs mérites… et les souvenirs affluent : le repas de la Cène avec les apôtres, la vie des martyrs, des évangélistes et ce Saint-Christophe… au fait, il s’appelle Christophe, notre Chevalier.
Que c’est bon d’avoir des références, de se dire : je sais maintenant pourquoi je ressens tant de choses… Je suis fier de mon passé.
Est-elle utopique l’histoire de mon Chevalier Noir ?... Peut-être, mais ce soir, dans ce lieu abandonné, glacial, il faut essayer de rêver…
Rêver de cette lumière qui fait danser les ombres sur les murs.
Rêver du beau Chevalier et de la Chapelle de Saint-Christophe.
Marie-France Joyeaux
La Chapelle du Chevalier
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Prière
Viens, allumons un cierge pour celui qui repose. Glacé comme ses doigts, que ta main le dépose,
Sans remous de sa peau, figé d’éternité, Inerte à ta douleur, vers le ciel, élancé.
Petite, presque bleue pour ranimer tes yeux, Hésitant à s’éteindre, tremblante depuis peu, Dans la cire brûlante la flamme de son cœur Se redresse, vacille et prend de la hauteur.
Laisse couler les larmes et réchauffe ton âme Lis dans ses doux reflets et devient cette femme
Sur qui toujours il veille. Continue le chemin A l’ombre de la vie, retisse un lendemain.
Et si par un frisson le vent doit l’épuiser Reçois-le sur le front juste comme un baiser De celui qui s’est tu dans le même chagrin
Le feu de votre Amour ne peut pas être vain.
Monique Lefèvre-Maure Pour Marie-Laure
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Je ne sais pas dessiner… par Maurice Michenaud
Je ne sais pas dessiner, Je le regrette aujourd’hui,
Je voudrais faire des portraits, Les portraits de mes amis.
La coupe au bol de CABU M’a toujours fait rigoler
Et son sourire ingénu Ce matin me fait pleurer.
J’aurais mis à WOLINSKI Un faux nez, une perruque
Pour cacher sa calvitie Je sens le froid sur ma nuque.
TIGNOUS n’était pas teigneux
Il peignait en vermillon Les caïds de sa banlieue
IL me laisse comme un con.
Leur patron c’est CHARBonnié La terreur des terroristes
Sa tête était recherchée Ce soir, je me sens art…triste.
HONORE le littéraire
Ses rébus, ses devinettes, Comme moi septuagénaire,
Je sens que la vie s’arrête.
Je ne veux pas oublier Celui qui dans C dans l’Air,
Souriant mais indigné, Affrontait ses adversaires.
Il avait tout pour me plaire, S’appelait Bernard MARIS
Oncle BERNARD pour CHARLIE.
J’en veux à la terre entière !
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Conte de Noël 2014 – Oublié dans le fond de la hotte….
Le Noël de la lune
« Les enfants, ne soyez pas dans la lune comme cela, les vacances ce n’est pas encore pour aujourd’hui », dit le maître d’école à sa classe qui se laissait aller à la rêverie. C’est vrai, nous ne sommes que le huit décembre jour ou nuit de la pleine lune. « En restera-t-il pour Noël ? » se demande Gringalet. (Est-ce son vrai nom ou un surnom vu son apparence physique ? L’histoire ne le dit pas). En tout cas le plus petit de la classe, mais aussi le plus rêveur, « A chacun sa spécialité », se dit-il souvent pour se rassurer ! Il se souvient à ce moment-là de la leçon sur les « sphases » de la lune. Je sais, il avait compris et écrit « Les phrases de la lune », et depuis, il écoutait la lune, il écrivait sur la lune, à propos de la lune quand on le prétendait dans ou sur la lune, on se débrouille comme on peut avec ses défauts ! « Prenez votre cahier et votre porte-plume et racontez votre plus beau Noël », avait tonné le maître, pensant par-là les ramener sur terre dans l’ordre du travail !
Alors Gringalet se cala ferme sur sa chaise, commença son conte, qui mérite le détour, il écrivit, il écrivit…
Mon plus beau Noël c’est celui de la lune, tout au moins celui que je lui ai préparé, imaginé ! Depuis longtemps, je me demandais comment la lune,
solitaire, passerait la fête de Noël ? Elle serait bien triste sans doute !
Le Père Noël, car il existe toujours dans ces cas-là, dans ces histoires-là pourrait-il
s’aventurer jusque là-bas, là-haut ? Je sais bien, dans le ciel il y a déjà deux chariots, un grand et un petit (plus scientifiquement on dit La Petite et la Grande Ourse). Encore faudrait-il qu’il puisse se hisser jusque là-haut ! Le mieux ne serait-il pas de hisser le bonhomme au bonnet rouge jusque sur la lune ou de le propulser ? Oui mais, comment ?
Gringalet qui s’intéressait aux affaires du monde, échafauda un projet :
Il faudrait que les pays puissants qui pensent plus souvent qu’il ne faut à la guerre,
au lieu de cela, élaborent ensemble un grand projet pacifique susceptible de réconcilier tous les appétits et les énergies. Moi, Gringalet, je vais leur en proposer un qui réjouira beaucoup de monde, à commencer par les enfants et quand les enfants sont convaincus, les adultes, même les plus sérieux, finissent souvent par céder !
Il suffirait de contacter la NASA et de lui proposer un largage exceptionnel sur la lune un jour fixé ou une nuit déterminée. Et Gringalet avec des camarades de classe si souvent dans la lune et quelques adultes restés un peu enfants (Oui, il y en a encore !), de constituer une association de sauvegarde de la paix et de la lune ayant pour objectif non pas de la coloniser pour y mettre des bases militaires ou une étape pour conquérir l’espace et y régner en maître contre d’éventuels extra-terrestres, mais pour y déposer un homme généreux entraînant l’accord d’une bonne partie de la population terrestre : le Père Noël.
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Là-haut pourrait constituer une base de réserves en vue d’alimenter ses voyages annuels. Il pourrait inonder la terre non de bombes ou d’intentions malfaisantes, mais d’étoiles scintillantes à éparpiller sur tous les sapins confectionnés dans les chaumières et inonder les imaginations de rêves !
Après de longues et ardues négociations avec les haut-placés, les diplomates, les ingénieurs (car il y a beaucoup de gens sérieux dans ces sphères). Certes, après l’opération, chacun retournerait à ses affaires, mais cela aurait été un geste symbolique fort et exemplaire pour d’autres éventuels projets non belliqueux !
Le 22 décembre, dans un superbe feu d’artifice, une fusée décolla d’un Cap bien connu, se mit en orbite autour de l’astre des nuits et, le 24 décembre, au cœur de la nuit terrestre, s’approcha au plus près de la surface lunaire et y parachuta le plus beau Père Noël qu’on n’ait jamais vu ! Du rouge, du rouge, du doré, écharpe, bonnet, chaussures et tout à l’avenant… !
Celui-ci, surpris, mais enchanté de cette aventure inattendue, se dit qu’il avait là grande place pour ses réserves de chariots et de jouets, mais se demanda qui lui avait fait un tel cadeau. Il se gratta la barbe et, regardant sur la terre, y vit d’immenses farandoles d’enfants, qui, cette nuit, recevraient peut-être moins de cadeaux pour cause de distributeur occupé, mais si heureux d’offrir cette surprise au roi du chariot !
Quant à la lune, c’est bien la première fois qu’elle ne passerait pas cette veillée dans la solitude. « C’est mon plus beau Noël », se dit-elle surprise. Elle ne put prendre le temps de se faire belle. Peu importe, n’est-elle pas d’elle-même toujours belle ?
Je sais, le 24 décembre, la lune n’en est qu’à son premier quartier. D’ici, on ne verra pas grand-chose !
Mais attendez un peu. Le 5 janvier ce sera la pleine lune.
Regardez bien la surface, certes, en noir et blanc, mais avec un peu d’imagination… ! Vous verrez les formes d’un chariot, d’un bonnet et le reste, vous n’aurez qu’à y ajouter des couleurs. Je sais, tout cela n’est peut-être pas rationnel, crédible et alors … !
Allez demander à Gringalet et au maître d’école, je les ai rencontrés et ils m’ont certifié conforme ce récit avec lequel je vous souhaite un JOYEUX NOËL !
Gilles Troger
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Le Homard, de Jeff KOONS, par Maurice Michenaud
Avertissement :
De l’Art Contemporain
Je ne sais presque rien
J’aime mieux les tableaux
Du bon Arcimboldo
Alors ces vers badins
Sont pour les béotiens
Mes amis provinciaux
Loin de Bernard Arnaud…
Accroché aux cimaises
Au plafond du Musée
Et couleur rouge-fraise
Vous regarde amusé
De ses yeux ronds de braise
L’innocent crustacé.
Pourquoi faire du trapèze
Doit-il se demander
Il n’est pas très à l’aise
Il est désemparé
Il va faire un malaise
S’il n’est pas décroché.
Il regrette la glaise
Où il était caché
Près d’une portugaise
Belle huître ensablée
Qui lui contait fadaises
De sa voix emperlée.
Ah ! Filer à l’anglaise
Antennes déployées
Lui semble une hypothèse
On peut toujours rêver
Mais la gardienne obèse
Saura l’en empêcher.
Pardon pour ces foutaises
Qui me font délirer
Il faut que je me taise
Jeff KOONS vient d’arriver
Pour ramasser le pèze
Des mécènes avisés
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Nuit de Noël, par Gilles Troger
Noir glacial, Monde gelé craquelant,
La nouvelle lune N’est pas de ce côté du firmament,
Les étoiles trop lointaines.
Pourtant un scintillement Insistant
Pas de lune Pas de planètes visibles !
Quoi ?
Une comète peut-être, Immense chevelure,
Allongée dans le vent sidéral, Mine réjouie
D’un annonceur de bonnes nouvelles ; Venue de si loin,
Des confins du sombre, Chargée d’une chaleur
Volée au soleil lors de son long voyage.
Elle vient envoyer sur la terre Son chant de bonheur ;
« Suivez-moi, Faites taire vos canons, Effacez vos frontières,
Chantez en chœur la paix retrouvée ».
Comète de mon cœur, Dans mes bras sans peur…
J’aime votre message, Merci d’exister.
41
Infos…
Notre adhérente Andréa Wiemert, vient de publier son livre :
« La Vie comme elle va » - Edition Edilivre
(Extraits visibles sur Google).
Retrouvez toutes les activités de l’Association Encres Vives Sur notre site internet : www.encres-vives.fr
N’hésitez pas à nous contacter !
Conception et réalisation de cette maquette : Christiane Métayer
Tirage : Atelier d’impression de la Ville de Cholet
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Ci-dessous, un poème de Monsieur Alain HOULOU
Extrait de son recueil intitulé « Alidades et Théodolites »
Avec son aimable autorisation
Code bleu
A Colbert
De Gros Morne au Lamentin La canne à sucre pleure sous la pluie Le ravet court sur la terre trempée La chaîne glisse sur la peau métallique La course libre dans la brousse
Souvenir qui couve Avec le wolof, le peul et le mandingue Carbet prison sans avenir A tué la case de la mère Créole de Martinique Tes frères sont partout Les tiens ont disparu Morts sur un bateau
En Afrique restés Au loin transplantés
Langue dépossédée, temps capturé L’espace a pour borne celles de la plantation
De Gros Morne au Lamentin La canne à sucre pleure sous la pluie
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« ENCRES VIVES »
Au Carrefour de L’Orientation, à Cholet.
Il a plu pendant deux jours. Un clair soleil apparut à l’aube du troisième. Tout comme s’il fallait saluer la réussite de cette nouvelle édition du Carrefour de l’Orientation.
Pour la première fois, Encres Vives pouvait installer un panneau à
l’entrée de cette manifestation. La conception et la réalisation de ce panneau exigèrent du travail. Disons
que ce fut réussi. Le graphisme et la couleur attiraient l’attention des visiteurs. Nous étions palpablement VISIBLES, pour quelques jours. Petit complément à la formidable existence de notre SITE, tenu et mis à jour avec la compétence de notre secrétaire.
Nous avons été récompensés par les jeunes et les adultes qui sont venus s’enquérir de notre réalité. En particulier le dernier matin… L’effort a payé.
Que dire du débat ou plus exactement de l’Apport de Monsieur Alain HOULOU ; Celui-ci nous a partagé son savoir d’une façon érudite, donnant des éclairages argumentés sur les immenses Poètes que sont CESAIRE et SENGHOR.
Cette rencontre a comblé les participants. Au terme de Francophonie,
Monsieur HOULOU préfère celui de « Francopolyphonie », tant est divers l’usage de notre belle langue dans les pays du monde…
Permettez qu’ici j’exprime ma satisfaction d’avoir vécu ce Carrefour, où Encres Vives a pris, selon moi, une bonne…Orientation !
Le président,
Guy Roy