Edito - Juillet Musical de Saint-Hubert€¦ · 2. L’oiseau de feu et sa danse & Variations de...

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« 2007 est une année capitale pour le Juillet Musical de Saint-Hubert, Festival du Luxem- bourg, représentant de notre Province au sein du Festival de Wallonie : nous fêtons en effet cette année notre cinquantième anniversaire, et – atout majeur – nous le fêtons dans le cadre du très grand événement que repré- sentera pour le Luxembourg belge l’opéra- tion « Luxembourg et Grande Région, Capi- tale européenne de la Culture 2007 ». C’est pourquoi notre Province, profondément atta- chée à la coopération transfrontalière, consi- dère que le Festival de Wallonie, en décidant de prendre pour thème cette année « Au- delà des frontières », n’aurait pas pu opérer un meilleur choix. Le programme que nous avons mis sur pied sera digne de cet anniversaire, et nous per- mettra sûrement, j’en suis convaincu, de bat- tre le record d’assistance atteint en 2006. Nous entamerons cette année notre colla- boration avec le célèbre Festival de Wiltz en accueillant l’Orchestre Philharmonique du Luxembourg qui se produira dans un pro- gramme similaire à Wiltz le 6 juillet et à Saint-Hubert le 7. Un des quatre concerts « Coups de cœur » que nous organiserons en 2007 pour donner l’occasion à des jeu- nes talents prometteurs de notre Province et d’ailleurs de se produire en public, sera donnée par un jeune pianiste prodige grand- ducal sélectionné à notre demande par le Président du Festival de Wiltz. Comme en 2005 et 2006, les meilleurs élè- ves des Académies de Musique de notre Pro- vince se produiront – à Saint-Hubert le 30 juin – dans le cadre d’un « Festival des Jeu- nes » définitivement installé désormais dans notre programme annuel. Nous amplifierons en 2007, en collaboration avec la Cellule Article 27 du Nord - Luxem- bourg, l’ASBL Lire et Ecrire et l’ASBL A Parte, auxquelles vont notre reconnaissance, notre effort en vue d’accueillir à nos concerts des spectateurs financièrement démunis, et ce à des prix très bas. Je remercie également les généreux spon- sors, mécènes et partenaires du Juillet Musical, et la Province de Luxembourg qui, notamment avec l’aide de la Fédération Tou- ristique du Luxembourg belge, ont comme les années précédentes, maintenu voire accru leur importante contribution financière à notre Festival. Je vous attends plus nombreux que jamais aux spectacles du Juillet Musical 2007. Edito Bernard Caprasse Président du Juillet Musical de Saint-Hubert Gouverneur du Luxembourg JUILLET MUSICAL dE SAInT-HUbErT 2007

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« 2007 est une année capitale pour le Juillet Musical de Saint-Hubert, Festival du Luxem-bourg, représentant de notre Province au sein du Festival de Wallonie : nous fêtons en effet cette année notre cinquantième anniversaire, et – atout majeur – nous le fêtons dans le cadre du très grand événement que repré-sentera pour le Luxembourg belge l’opéra-tion « Luxembourg et Grande Région, Capi-tale européenne de la Culture 2007 ». C’est pourquoi notre Province, profondément atta-chée à la coopération transfrontalière, consi-dère que le Festival de Wallonie, en décidant de prendre pour thème cette année « Au-delà des frontières », n’aurait pas pu opérer un meilleur choix.

Le programme que nous avons mis sur pied sera digne de cet anniversaire, et nous per-mettra sûrement, j’en suis convaincu, de bat-tre le record d’assistance atteint en 2006.

Nous entamerons cette année notre colla-boration avec le célèbre Festival de Wiltz en accueillant l’Orchestre Philharmonique du Luxembourg qui se produira dans un pro-gramme similaire à Wiltz le 6 juillet et à Saint-Hubert le 7. Un des quatre concerts « Coups de cœur » que nous organiserons en 2007 pour donner l’occasion à des jeu-nes talents prometteurs de notre Province

et d’ailleurs de se produire en public, sera donnée par un jeune pianiste prodige grand-ducal sélectionné à notre demande par le Président du Festival de Wiltz.

Comme en 2005 et 2006, les meilleurs élè-ves des Académies de Musique de notre Pro-vince se produiront – à Saint-Hubert le 30 juin – dans le cadre d’un « Festival des Jeu-nes » définitivement installé désormais dans notre programme annuel.

Nous amplifierons en 2007, en collaboration avec la Cellule Article 27 du Nord - Luxem-bourg, l’ASBL Lire et Ecrire et l’ASBL A Parte, auxquelles vont notre reconnaissance, notre effort en vue d’accueillir à nos concerts des spectateurs financièrement démunis, et ce à des prix très bas.

Je remercie également les généreux spon-sors, mécènes et partenaires du Juillet Musical, et la Province de Luxembourg qui, notamment avec l’aide de la Fédération Tou-ristique du Luxembourg belge, ont comme les années précédentes, maintenu voire accru leur importante contribution financière à notre Festival.

Je vous attends plus nombreux que jamais aux spectacles du Juillet Musical 2007.

Edito

Bernard CaprassePrésident du Juillet Musical de Saint-Hubert

Gouverneur du Luxembourg

JUILLET MUSICAL dE SAInT-HUbErT 2007

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C’est avec une pointe d’émotion que votre conseiller artistique vous parle du 50e anni-versaire de ce festival ; budget exceptionnel et coproductions qui ne le sont pas moins, elles sont nombreuses pour ce jubilé. Thème général, « Au-delà des frontières » ce qui nous permettra de réaliser des programmes novateurs.

Feu d’artifice pour le concert d’ouverture à la Basilique de St Hubert, Emmanuel Krivine, Akiko Suwanai, et l’Orchestre Philharmonique du Luxembourg, trois inédits qui vont vous couper le souffle. Stravinsky, Prokofiev et Schumann vont faire battre les cœurs. Coproduction avec le Festival de Wiltz : début d’une collaboration qui, nous en som-mes sûrs, s’avérera profitable aux deux parties.

Libin, La Hispanoflamenca qui va illustrer une fameuse période de l’histoire, la Flan-dre et l’Espagne, musique polyphonique des XVIe et XVIIe S ; du soleil dans un pro-gramme panaché et diversifié qui sera aussi apprécié que le concert de l’année der-nière avec les Muffatti.

Retour à la Basilique avec un projet européen, inscrit au programme de « Luxembourg et Grande Région, Capitale européenne de la Culture 2007 », et coproduit avec Namur. Maximilien de Bavière, mécène le plus éclectique de son temps, gouvernant nos régions, installant sa cour à Bruxelles, puis à Mons, dans le comté de Namur, le duché de Luxem-bourg et enfin retournant en Bavière, « fréquentant » l’Espagne, la France ; son maî-tre de chapelle, Pietro Torri, dont on déploiera tout le faste pour un de ses oratorios : une illustration parfaite du génie de la « Grande Région ».

Lieu exceptionnel, La Converserie, musiciens exceptionnels, Paul Meyer, clarinette, et Abdel- Rahman El Bacha, piano, invité d’honneur du Festival de Wallonie, dans des œuvres de Robert Schumann et Johannes Brahms, un moment très attendu et passionnant.

Nous revenons au jazz manouche à Libramont qui connaîtra une nouvelle fois un suc-cès extraordinaire, Patrick Saussois, guitare, Tcha Limberger, violon, et trois membres de la famille De Cauter, guitares, sax soprano et contrebasse ; attachez vos ceintures, ceci va décoller !

Nassogne, Le Livre Vermeil de Montserrat, manuscrit très précieux (Catalogne), réper-toire musical de chants, méditations et danses dédiés à la Vierge Noire, interprétés par les pèlerins dans une attitude pieuse ; aussi une première et un travail de recherche. Coproduction Festival de Wallonie, Namur, Stavelot, Hainaut et Brabant Wallon. Pro-gramme très chatoyant.

Lavacherie, l’excellent Quatuor Debussy, 1er grand prix du 17e grand Concours Interna-tional d’Evian 1993, 3e victoire de la musique classique 1996, interprétant des œuvres peu jouées, Lekeu, Dvorak et Debussy.

La clôture avec en exclusivité pour la Province de Luxembourg, le pianiste Jean-Claude Vanden Eynden, dans un tour des régions d’Europe ; spectacle, non conventionnel, tout en couleurs et illustrant parfaitement le thème du Festival de Wallonie 2007.

Bon vent à tous,

Edito

Philippe GREISCHAdministrateur-délégué

Député provincial

Le Juillet Musical de Saint-Hubert fête cette année ses cinquante ans d’existence, tout comme, par exemple, le Traité de Rome, la Médiathèque de la Communauté Française de Belgique ou, dans un tout autre regis-tre, Gaston Lagaffe, le célèbre anti-héros de bande dessinée créé par Frankin ... Excu-sez du peu !

1957 - 2007, cinquante années séparent ces deux dates, 50 ans de concerts donnés à Saint-Hubert par les plus grands artistes contemporains, parmi lesquels je citerai, de manière tout à fait subjective, des interprè-tes aussi prestigieux qu’Edouardo Del Puyo, Maurice André, Lola Bobesco, Stéphane Gra-pelli, Gheorge Zamfir, les chefs d’orchestre Jean Martinon et Jean-Claude Casadsus, la cantatrice Teresa Stich-Randall, en dehors de nombreux artistes, ensembles et orchestres belges ...

Pour son jubilé, le Juillet Musical s’est déli-bérément inscrit dans Luxembourg et Grande Région, capitale européenne de la culture 2007, en accueillant l’Orchestre Philharmo-nique de Luxembourg le 7 juillet prochain dans la basilique de Saint-Hubert. De plus, un jeune pianiste prodige du Grand-Duché de Luxembourg se produira, aux côtés de jeu-nes talents issus de notre Province, dans le cadre des concerts «Coups de coeur».

Permettez-moi également de vous recom-mander le «Festival des Jeunes», qui se déroulera à Saint-Hubert le 30 juin, et auquel participeront les meilleurs élèves des Acadé-mies de Musique de la Province de Luxem-bourg.

Aux côtés des Festivals de Namur, de Stave-lot, du Brabant Wallon, de Liège, du Hainaut et de Bruxelles, le Juillet Musical de Saint-Hubert contribue, depuis 1971, à promou-voir la musique d’hier et d’aujourd’hui au sein du Festival de Wallonie, l’un des plus prestigieux ambassadeurs de la culture wal-lonne en Belgique et à l’étranger.

Longue vie au Juillet Musical !

Introduction

Michel BAUDUINConseiller artistique

JUILLET MUSICAL dE SAInT-HUbErT 2007

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Juillet 2007 - 20h30Samedi 7SAINT-HUBERT - Basilique

Cap à l’Est ! Suivre le cours majestueux et tumultueux du Rhin,

magnifiquement peint en musique par Schumann,

c’est, au bout du voyage, aborder les rivages de la Russie

éternelle, de ses ors … et de ses feux !

De la Grande Région à l’Oural :Feu d’artifice pour le 50e anniversaire

JUILLET MUSICAL dE SAInT-HUbErT 2007

Programme :Igor Stravinsky (�88� - �97�)Oiseau de Feu (version 1919) 1. Introduction 2. L’oiseau de feu et sa danse & Variations de l’oiseau de feu 3. Ronde des Princesses 4. Danse infernale du roi Kastcheï 5. Berceuse 6. Final

Sergej Prokofiev (�89� - �9��)Concerto n°2 en sol mineur, op. 63 pour violon et orchestre 1. Allegro moderato 2. Andante assai 3. Allegro, ben marcato

HHH

Robert Schumann (�8�0 - �8�6)Symphonie n° 3 en Mib majeur, op. 97 « Rhénane » 1. Lebhaft 2. Scherzo : sehr mässig 3. Nicht schnell 4. Feierlich 5. Lebhaft

Orchestre Philharmoniquedu LuxembourgDirection : Emmanuel KRIVINE

Akiko SUWANAI, violon

Sergej Prokofiev

Robert Schumann

Igor Stravinsky

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[email protected]ève de l’Arc-en-ciel, 98 6700 Arlontél. 063 231 811 - fax 063 231 895

Pour le bien-êtredes luxembourgeoisPrésents !

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Les pièces pour piano et les importants cycles de lieder constituent incontestablement la part la plus significative du génie créateur de Robert Schumann. Son œuvre sympho-nique, parfois controversée sur le plan de l’orchestration, possède également d’indé-niables qualités, notamment sur le plan de l’invention mélodique et de l’unité organique entre les différents mouvements. Lorsqu’il aborde l’orchestre, Schumann n’envisage donc pas l’instrumentation et ses subti-lités de coloris comme un élément essen-tiel de l’acte créateur, lui préférant la mise au point de constructions savantes et l’ex-pression généreuse des sentiments. Ce cli-mat d’heureuse créativité transparaît nette-ment dans la plus célèbre de ses symphonies, la Symphonie n°3, dite « Rhénane », écrite en 1850. Schumann rassemble ici dans une harmonie exceptionnelle monde extérieur et monde intérieur, à travers un discours musi-cal d’une grande liberté qui met en exer-gue les qualités mélodiques et rythmiques contrastées d’un matériel thématique tou-jours plein d’imagination. L’œuvre, en cinq mouvements, est sensée refléter effective-ment « l’épisode d’une vie sur les bords du Rhin ». L’inspiration est ici d’un souffle gran-diose. Elle incarne en figures sonores fasci-nantes les moindres inflexions de la fantai-sie, de l’angoisse et du rêve, en un tout à la fois puissant et cohérent par-delà la diver-sité des thèmes, des ambiances, des struc-tures. Le premier mouvement oppose un thème d’ouverture, enivrant et syncopé, à un deuxième thème plus mélancolique en sol mineur. Le développement, concis, offre une admirable cohésion organique, permet-tant au mouvement entier d’atteindre des sommets d’énergie triomphante. Une évi-dente volonté d’unité traverse l’œuvre, qui se traduit par la présence de rappels théma-tiques d’un mouvement à l’autre. Le thème de quarte du quatrième mouvement, Maes-toso, retentit déjà dans le Scherzo et dans l’Andante. Il réapparaît également dans le Vivace final, où triomphe une écriture poly-phonique et contrapuntique d’une extraor-dinaire force rythmique.

Brillant rythmicien, lui aussi (dans une veine encore bien plus spectaculaire…), Serge Pro-kofiev s’est toujours révélé un symphoniste racé à l’imagination fertile et au tempéra-ment généreux. Ses deux concertos pour violon, composés à dix-huit ans d’intervalle, comptent parmi les plus brillantes réussites du genre au XXe siècle. Certes, le composi-teur n’y révolutionne guère la technique de l’instrument, dont il exploite à merveille les qualités de chant et de souplesse, mais il le met excellemment en valeur au sein d’un écrin musical bigarré et vivifiant. Contempo-rain du ballet Roméo & Juliette, ainsi que du Concerto pour violon « à la mémoire d’un

ange » d’Alban Berg, le 2e concerto pour vio-lon, en sol mineur, de Prokofiev a été créé à Madrid en 1935. De struc-ture classique, en trois mouvements, il débute par l’ex-position par le soliste seul d’un premier thème de caractère médita-

tif, bientôt repris par l’orchestre en guise de « fond sonore » à d’autres envolées virtuo-ses du soliste. Le second thème, subtilement modulant, ajoute ensuite sa propre couleur au sein d’un développement d’une grande densité contrapuntique (laquelle constitue l’une des marques distinctives de l’œuvre toute entière). Les qualités mélodiques de l’instrument soliste éclatent à nouveau dans le second mouvement, volontiers pastoral et d’expression intériorisée, avant que l’Allegro final apporte un contraste certain en propo-sant une explosion de rythmes et de disso-nances soutenue par un caractère dansant affirmé. De quoi conclure cet opus sous le signe d’une extrême vitalité, sans conces-sion.

Rythme, danse et vitalité sont aussi, incon-testablement, les maîtres mots de l’Oiseau de Feu, l’un des trois grands ballets écrits

Les compositeurs et les oeuvres

par Igor Stravinsky pour Serge Diaghilev (créé en 1910 sous la direction de Gabriel Pierné). Tout est ici mouvement et vivacité. L’expression de l’Oiseau de Feu, dont le titre même évoque la mobilité de la flamme, sa puissance, sa vitesse, se caractérise par un lyrisme très exubérant, d’une sensibi-lité presque fauve. L’orchestre de Stravinsky sonne ici avec des accents résolument nou-veaux même s’il s’inscrit dans une tradition qui doit encore beaucoup aux ballets de Tchaïkovsky ou à l’enseignement de Rimski-Korsakov. Ainsi, il est évident que le compo-siteur emprunte abondamment son maté-riau d’une part au fonds populaire russe, à la manière d’un Borodine, pour la partie mélodique, et, d’autre part, aux échelles har-moniques par tons entiers ou chromatiques développées par Rimski. Mais partant de là, quel monde sonore nouveau Stravinsky est-il capable d’inventer ! Glissandi des cordes ou des trombones, flatterzunge des flûtes et des cuivres, usage virtuose de la percussion, alliages d’harmonies et de timbres « barba-res », dissonances brutales, mise en œuvre de mètres irréguliers, d’ostinatos, de césures violentes, de silences surprenants… tout est ici mis au service d’un monde sonore renou-velé dans lequel brille un nouveau traitement du timbre, à la fois brut et chatoyant, qui éclate en une magie de couleurs éclatan-tes. Au-delà, l’œuvre apparaît très fortement structurée malgré une grande diversité d’at-mosphères, alternant lyrisme contemplatif et heurts dramatiques exacerbés. Au total, Stravinsky signe ici une partition fascinante, qui ravit l’auditeur par sa fantastique opposi-tion constante entre ombre et lumière, entre naïveté et cruauté. Depuis la création triom-phale de l’œuvre à Paris, le public ne s’y est jamais trompé !

Prokofiev au piano

Leon Bakst- projet de costume pour le ballet L’Oiseau de feu (1910)

Pierre Justin Ouvrie, Souvenirs des bords du Rhin

JUILLET MUSICAL dE SAInT-HUbErT 2007

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JUILLET MUSICAL dE SAInT-HUbErT 2007

Emmanuel KRIVINE, chef d’orchestreD’origine russe par son père et polonaise par sa mère, Emmanuel Krivine s’enthousiasme très jeune pour l’orgue et la musique symphonique. C’est pourtant comme violoniste qu’il débute : 1er prix du Conservatoire de Paris à 16 ans, pensionnaire de la Chapelle Musicale Reine Elisabeth, il étudie avec Henryk Szeryng et Yehudi Menuhin et s’impose dans les concours les plus renommés.

En 1965, sa rencontre avec Karl Böhm à Salzburg donne un tournant décisif à sa carrière; il délaisse peu à peu l’archet pour la baguette. Chef invité per-manent du Nouvel Orchestre Philharmonique de Radio France de 1976 à 1983, il occupe ensuite le poste de Directeur Musical de l’Orchestre National de Lyon de 1987 à 2000 comme celui de l’Orches-tre Français des Jeunes durant 7 ans, poste auquel il revient de 2001 au printemps 2004.

Parallèlement, il multiplie les concerts et les tour-nées avec les meilleures formations dont: le Berliner Philharmoniker, le Concertgebouw d’Amsterdam, le London Symphony Orchestra, l’Orchestre National de France, le Chamber Orchestra of Europe, NHK Tokyo,

le Yomiuri Symphony Orches-tra, les orchestres de Bos-ton, Cleveland, Philadelphie, Los Angeles, Montreal et les orchestres symphoniques de Sydney et Melbourne. Durant la saison 2003-2004, s’ajou-teront à ces formations pres-tigieuses: le London Philhar-monic Orchestra, l’Orchestre Philharmonique de Rotter-

dam et, aux Etats-Unis, les orchestres de Houston, Saint Paul Chamber, Minneapolis, Cincinnati, Dallas, Atlanta et Toronto.

Depuis la saison 2002-2003 Emmanuel Krivine est chef invité privilégié de l’Orchestre Philharmonique du Luxembourg. En octobre 2002, il a enregistré son premier CD (œuvres de Joseph-Guy Ropartz) avec l’OPLux pour le label « Timpani ». En octobre 2003, il a dirigé l’orchestre lors de la visite d’Etat de LL. AA. RR. le Grand Duc et la Grande Duchesse au Danemark.

C’est avec enthousiasme qu’Emmanuel Krivine a accepté d’être le chef principal d’un tout nouvel orchestre, La Chambre Philharmonique, créé par un groupe de musiciens venant des quatre coins d’Eu-rope. Ensemble, ils se consacrent à la découverte et à l’interprétation d’un répertoire classique et roman-tique jusqu’à nos jours, choisissant les instruments appropriés à l’œuvre et son époque.

Depuis septembre 2006, Emmanuel Krivine est chef titulaire de l’Orchestre Philharmonique du Luxem-bourg.

Akiko Suwanai « Sa prestation s’approche à tous les égards — ton, technique, interprétation — des sommets de ce qu’il est possible d’atteindre au violon. » – Melinda

Bargreen, Seattle Times, 2 avril 2005.La violoniste Akiko Suwanai, plus jeune lauréate de l’histoire du Concours Internatio-nal Tchaikovsky, a mené une carrière internatio-nale aussi prolixe que prestigieuse en tant que soliste. Akiko Suwanai a collaboré avec des chefs d’orchestre renommés, parmi lesquels Pierre Boulez, Lorin Maazel, Zubin Mehta, Seiji Ozawa et Wolfgang Sawallisch. Parmi les sommets de sa carrière, citons ses concerts avec l’Orchestre Philharmonique de Berlin, les Orchestres Philharmoniques de New York et de Los Angeles, l’Orchestre Symphonique de Boston, l’Or-chestre Symphonique National de Washington, les Orchestres Philharmoniques de Philadelphia et du Minnesota ainsi que lors des festivals Ravinia, Marl-boro, Rheingau, de Lockenhaus, du Schleswig Hols-tein et de Berlin.On a récemment pu l’écouter au Festival de Pâques de Lucerne dans le concerto pour violon de Berg avec le Gustav Mahler Jugend Orchester sous la conduite de Pierre Boulez, lors d’une tournée euro-péenne avec Sakari Oramo et l’Orchestre Sympho-nique de Birmingham et d’une tournée aux Etats-Unis avec l’Orchestre Philharmonique Tchèque sous la direction d’Andrey Boreyko.

Les moments forts de la saison 2005/6 ont été ses concerts avec l’Orchestre du Théâtre Mariinsky de Saint-Pétersbourg sous la conduite de Valery Gergiev et avec l’Orchestre Radio-symphonique de Francfort, son interprétation du concerto de Berg au Concertge-bouw d’Amsterdam avec l’Orchestre Philharmonique de la radio néerlandaise sous la direction de Vladimir Ashkenazy, du même concerto avec l’Orchestre Phil-harmonique de la BBC sous la direction de Gianan-drea Noseda, et une tournée suisse avec l’Orchestre National de Belgique et Mikko Franck. Elle se pro-duira prochainement avec l’Orchestre Symphonique de Seattle, l’Orchestre Hallé sous la conduite de Mark Wigglesworth, l’Orchestre Symphonique de Stavan-ger, l’Orchestre National d’Ile de France, l’Orches-tre du Brabant, l’Orchestre Symphonique de Barce-lone et l’Orchestre Philharmonique de Malaisie. Au Japon, elle travaillera avec Eschenbach et l’Orchestre de Paris et avec Dohnányi et l’Orchestre Symphonique du NDR. Ses apparitions en récital incluent le Lou-vre avec Martin Fröst et Boris Berezovsky et le Cle-veland Museum of Art en avril 2007. A l’été 2007, Akiko Suwanai donnera la première mondiale du sep-tième concerto pour piano de Peter Eötvös au Fes-tival de Lucerne sous la direction de Pierre Boulez, une œuvre qu’elle interprétera également (sous la baguette d’Eötvös lui-même) avec l’Orchestre Sym-phonique de Gothenburg et avec le SWR Stuttgart.

Orchestre Philharmonique du LuxembourgDepuis sa fondation en 1933, en tant qu’orchestre de Radio Luxembourg, l’Orchestre Philharmonique du Luxembourg joue un rôle prépondérant dans la vie musicale du Grand-Duché. Par ses tournées, ses concerts à l’étranger, l’orchestre est le fleuron le plus représentatif de la vie musicale luxembourgeoise. Henri Pensis, Louis de Froment, Leopold Hager et David Shallon, ses quatre directeurs musicaux sur près de 70 ans d’existence, ont donné à l’Orchestre Philharmonique une flatteuse réputation internatio-

Les interprètes

nale. De septembre 2002 à juin 2006, le chef britan-nique Bramwell Tovey présidait aux destinées de l’or-chestre. Emmanuel Krivine en est le directeur musical et chef titulaire depuis septembre 2006.En résidence à la Philharmonie de Luxembourg, l’Or-chestre Philharmonique y organise deux prestigieu-ses séries de concerts ainsi que des concerts pour les jeunes et pour les familles. Des chefs d’orchestre et des solistes de renommée internationale participent aux concerts de l’Orchestre à Luxembourg ainsi qu’à l’étranger. En 2006/2007, se sont produits : Gerd Albrecht, Péter Eötvös, Vladimir Fedoseyev, Sir Neville Marriner, Jukka-Pekka Saraste, Arturo Tamayo, Michel Dalberto, David Garrett, Hakan Hardenberger, Daniel Hope, Janine Jansen, Sophie Koch, Claire-Marie Le Guay, Elisabeth Leonskaya, Sergeï Khachatryan, Oleg Meisenberg, Alexander Melnikov, Vadim Repin...

En Europe, ses tournées l’ont conduit dans des villes telles que Vienne (Musikverein), Berlin (Philharmo-nie) Munich (Gasteig), Francfort (Alte Oper), Colo-gne (Philharmonie), Linz (Brucknerhaus), Salzbourg (Festspielhaus), Paris (Théâtre des Champs-Elysées, Théâtre du Châtelet), Bruxelles (Palais des Beaux-Arts), Amsterdam (Concertgebouw), Rotterdam, Lon-dres (Barbican), Moscou (Conservatoire Tchaïkovsky), Athènes (Megaron) et Wroclav (Pologne).

En 2003, l’Orchestre Philharmonique a fait une tour-née en Asie (Macao, Chine et Corée du Sud) et en octobre 2004, il a fait sa première tournée aux Etats-Unis. L’Orchestre remporta un triomphe avec ‘Standing Ovation’ à Avery Fisher Hall, Lincoln Cen-ter, New York. Le ‘Kansas City Star’ parlait d’un ‘Top Flight International Ensemble’.

L’Orchestre Philharmonique du Luxembourg a réa-lisé une vingtaine d’enregistrements discographi-ques pour le label parisien Timpani : une intégrale des œuvres pour orchestre ainsi que la musique de chambre de Maurice Ohana, une intégrale des œuvres pour orchestre de lannis Xenakis (quatre CD sont sortis, cinq autres vont paraître), un CD consa-cré au compositeur suisse contemporain Klaus Huber, des œuvres (la plupart en première mondiale) de Ernest Bloch, Lili Boulanger, Jean Cras (dont l’opéra Polyphème sous la direction de Bramwell Tovey), Arthur Honeg-ger, Bohuslav Martinu, Gabriel Pierné, Francis Poulenc, Albéric Magnard, Albert Roussel, Joseph-Guy Ropartz (l’opéra Le Pays ainsi qu’un disque de mélodies et d’œuvres pour orchestre, ce dernier sous la direction d’Emmanuel Krivine). La production dis-cographique a été récompensée par plus de 70 prix internationaux, dont le ‘Best Record of the Year’ des ‘Classical Awards’ au MIDEM pour ‘Cydalise et le Chèvre-Pied’ de Gabriel Pierné et un ‘Orphée d’Or’ de l’Académie du disque Lyrique à Paris pour le pre-mier enregistrement de l’opéra ‘Polyphème’ de Jean Cras. Les plus récentes productions discographiques de l’Orchestre sont consacrées à des œuvres pour orchestre d’Ivo Malec (ce CD a reçu de nombreux prix dont le Diapason d’Or de l’année), de Georges Auric, Gabriel Pierné et Vincent d’Indy. Ce dernier CD dirigé par Emmanuel Krivine a lui aussi été couronné de nombreux prix. Capriccio a publié en 2006 l’en-registrement de la Missa Solemnis de Ludwig van Beethoven sous la direction de Michael Gielen.

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sont heureux de vous accueillir ce 8 juillet au concert et vous proposent d’autres rendez-vous :

Libin - Cabaret jazz - 13 octobreProgramme New Orléans en collaboration avec Notre Maison.

Druss Lecomte et son Band.

Tellin - Musique Classique - 11 novembre - église - 16h00Thème : « Influence de la musique italienne sur Jean Sébastien Bach ».

Direction : Jean Tubery.

Lions Club TransinneHaute-Lesse

Vierre et Lesse

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Programme :�607 - Don Quijote en Bruselas

Don Quichotte à Bruxelles

Introduction • Españoletas Gaspar Sanz • Texte : En un lugar de la Mancha… Miguel de Cervantes • Salga la luna, el cavallero Juan Vásquez

L’Émotion devant les Histoires et la Littérature• Pavana al ayre español Gaspar Sanz • Texte : Quiero que sepas… Miguel de Cervantes • Paseábase el Rey moro Anon. / Luys de Narváez l’Amour Humaine• Folias Gaspar Sanz• Por la puenta, Juana Anon. • Texte : Y como el cura dijese

que los libros… Miguel de Cervantes • Claros y frescos rios Anon.

La Fête• Intro – Jacaras Antonio de Sta Cruz • Seguidillas en eco Anon. • Villano. Gaspar Sanz • Trompicábalas Juan Hidalgo • Texte : Llego la noche... Miguel de Cervantes • Canario anon. XVII ème siècle • Chacona Juan Aranyes La Mort• Pater Noster Adriaan Willaert / Alonso Mudarra • Texte : Epitafio Miguel de Cervantes • Lamentaciones: Aleph / Teth Pedro Ruimonte • Clamavi Philippe Rogier • Domine quando veneris

(Motete de Difuntos) Matheo Romero (Matthieu Rosmarin) • Lantururú Gaspar Sanz • Lanterlu Jacob van Eyck

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Juillet 2007 - 20h30Dimanche 8LIBIN - Eglise

L’Espagne, au temps de Cervantès

et de son Don Quichotte, prend une nouvelle dimension

musicale en utilisant toutes les ressources spécifiques

d’une terre gorgée de soleil, au tempérament généreux.

En voici le portrait, tout en nuances et en contrastes.

De Pierre Phalèse à Don Quichotte :La Flandre et l’Espagne

JUILLET MUSICAL dE SAInT-HUbErT 2007

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La HispanoflamencaMarta Rodrigo, soprano

Gunther Vandeven, alto

Antonio Trigueros, ténor

Bart Vandewege, basse et direction

Juan Carlos de Mulder, vihuela et guitare baroque

Luis de Victoria

Adriaan Willaert

Juan Hidalgo

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La date de 1607 n’a pas été prise par hasard comme référence au programme de ce soir. Elle est en effet très représentative d’une époque de bouleversements, d’évolutions fondamentales, de remises en question. L’année 1607 voit la première publication du Don Quijote de Cervantès hors d’Espagne, plus précisément à Anvers, chez Roger Vel-pius. Preuve ici aussi d’une véritable ouver-ture au monde, d’une capacité à appréhender la réalité de cultures différentes. L’occasion de découvrir, pour les lecteurs des anciens « Pays-Bas » les trésors de la culture hispa-nique, jusque-là quelque peu occultés par les aléas de l’histoire qui ont vu les armées de Charles-Quint et de Philippe II déferler sur nos contrées pour y mener de sanglantes campagnes contre les protestants.La rencontre culturelle, et plus particuliè-rement musicale, entre les compositeurs « franco-flamands », issus de nos régions, et les musiciens espagnols est pourtant déjà une réalité depuis un siècle. C’est en effet la fameuse école franco-flamande qui domine la création musicale au 16e siècle. Les plus importantes chapelles musicales européen-nes sont confiées à ces musiciens d’exception qui impriment à l’ensemble de la vie culturelle du continent (tout au moins en terre catho-lique) leur manière, faite d’une conjonction

entre la parfaite maîtrise du contrepoint et une inépuisable verve mélodique. Les grands de ce monde n’hésitent donc pas à envoyer l’un ou l’autre « sergent recruteur » dans notre région afin de pister les jeunes talents susceptibles de rehausser de leur génie le prestige de leur chapelle, et donc de leur cour. C’est ainsi que se retrouve en Espa-gne, entre autres, Philippe Rogier, un jeune artiste originaire de Namur ou d’Arras (les archives disponibles ne tranchent pas défi-nitivement la question). Rogier accède rapi-dement aux plus hautes fonctions, et devient le maître de chapelle de Philippe II, à Madrid. Fêté comme l’un des plus brillants composi-teurs de sa génération, ses œuvres font bien-tôt le bonheur de deux prestigieuses biblio-thèques, celles de l’Alacazar à Madrid et celle de Jean IV roi du Portugal, à Lisbonne. Deux bibliothèques qui seront malheureusement détruites par des incendies, ce qui nous prive aujourd’hui d’une bonne partie des œuvres de Rogier. Ce qui en subsiste apporte pour-tant la preuve d’un art merveilleusement équilibré, entre rigueur d’écriture et inspi-ration libre. Rogier est aussi l’un des pre-miers franco-flamands à s’ouvrir à l’influence des musiciens autochtones (tel Antonio de Cabezon, le premier des grands organistes espagnols) et à la richesse du folklore local, si coloré et si spécifique.Cette ouverture, le successeur de Rogier à Madrid, Mateo Romero, l’exploite plus encore. Derrière ce nom à consonance his-panique se cache pourtant un autre de nos musiciens, Matthieu Rosmarin, d’origine lié-geoise. Comblé d’honneurs après son acces-sion au titre de maestro de capilla en 1598 (on le connaît sous le titre d’El Maestro Capi-tán, et il est fait chevalier de l’ordre de la Toi-son d’Or…), le compositeur se révèle proli-fique, tant dans le domaine de la musique sacrée que dans celui du répertoire pro-fane, où toute la saveur du folklore local, de ses rythmes marqués et de sa générosité de tempérament éclatent au grand jour. En contraste, on en viendrait presque à considé-rer l’art de Tomas Luis de Victoria, authenti-que musicien espagnol, comme moins repré-

Les compositeurs et les oeuvres

sentatif d’une veine typiquement locale. C’est que la facture de ses œuvres (toutes religieu-ses) s’apparente très fort à celle de Palestrina et de l’école romaine qu’il a fréquenté avec assiduité. Le style sévère du compositeur, très épuré et très strict dans sa forme, cache pourtant une autre facette de l’âme hispa-nique, celle du feu qui couve sous la cendre. En quelque sorte, si le contenant adopte un grand classicisme, le contenu, lui, traduit avec force le regard intense d’un mystique. Sous la rigueur ténébreuse vit l’âme d’un hidalgo, fière et généreuse.

Miguel de Cervantes

JUILLET MUSICAL dE SAInT-HUbErT 2007

Manuscrit Pedro Ruimonte

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JUILLET MUSICAL dE SAInT-HUbErT

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2007

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1607Don Quijote en BruselasDon Quichotte à Bruxelles

Chapitre I En un lugar de la Mancha…

Qui traite de la qualité et des occupations du fameux hidalgo don Quichotte de la Manche.

Dans une bourgade de la Manche, dont je ne veux pas me rappeler le nom, vivait, il n’y a pas long-temps, un hidalgo, de ceux qui ont lance au râte-lier, rondache antique, bidet maigre et lévrier de chasse. Un pot-au-feu, plus souvent de mouton que de bœuf, une vinaigrette presque tous les soirs, des abatis de bétail le samedi, le vendredi des lentilles, et le dimanche quelque pigeonneau outre l’ordinaire, consumaient les trois quarts de son revenu. Le reste se dépensait en un pourpoint de drap fin et des chausses de panne avec leurs pantoufles de même étoffe, pour les jours de fête, et un habit de la meilleure serge du pays, dont il se faisait honneur les jours de la semaine. Il avait chez lui une gouvernante qui passait les quarante ans, une nièce qui n’atteignait pas les vingt, et de plus un garçon de ville et de campagne, qui sellait le bidet aussi bien qu’il maniait la serpette. L’âge de notre hidalgo frisait la cinquantaine ; il était de complexion robuste, maigre de corps, sec de visage, fort matineux et grand ami de la chasse. On a dit qu’il avait le surnom de Quixada ou Que-sada, car il y a sur ce point quelque divergence entre les auteurs qui en ont écrit, bien que les conjectures les plus vraisemblables fassent enten-dre qu’il s’appelait Quijana. Mais cela importe peu à notre histoire ; il suffit que, dans le récit des faits, on ne s’écarte pas d’un atome de la vérité.

Or, il faut savoir que cet hidalgo, dans les moments où il restait oisif, c’est-à-dire à peu près toute l’an-née, s’adonnait à lire des livres de chevalerie, avec tant de goût et de plaisir, qu’il en oublia presque entièrement l’exercice de la chasse et même l’ad-ministration de son bien. Sa curiosité et son extra-vagance arrivèrent à ce point qu’il vendit plusieurs arpents de bonnes terres à labourer pour acheter des livres de chevalerie à lire. Aussi en amassa-t-il dans sa maison autant qu’il put s’en procu-rer. Mais, de tous ces livres, nul ne lui paraissait aussi parfait que ceux composés par le fameux Feliciano de Silva. En effet, l’extrême clarté de sa prose le ravissait, et ses propos si bien entortillés lui semblaient d’or ; surtout quand il venait à lire ces lettres de galanterie et de défi, où il trou-vait écrit en plus d’un endroit : « La raison de la déraison qu’à ma raison vous faites, affaiblit tel-lement ma raison, qu’avec raison je me plains de votre beauté ; » et de même quand il lisait : « Les hauts cieux qui de votre divinité divine-ment par le secours des étoiles vous fortifient, et vous font méritante des mérites que mérite votre grandeur. »

Avec ces propos et d’autres semblables, le pau-vre gentilhomme perdait le jugement. Il passait les nuits et se donnait la torture pour les compren-dre, pour les approfondir, pour leur tirer le sens des entrailles, ce qu’Aristote lui-même n’aurait pu faire, s’il fût ressuscité tout exprès pour cela.

Salga la luna, el cavallero.Salga la luna, el cavallero,Salga la luna y vámonos luego.Cavallero aventurero,Salga la luna por entero,Salga la luna y vámonos luego.Salga la luna, el caballero,Salga la luna y vámonos luego.

Chapitre XXIII Quiero que sepas…

De ce qui arriva au fameux don Quichotte dans la Sierra Moréna, l’une des plus rares aventures que rapporte cette véridique histoire.

Il faut que tu saches, Sancho, que tous, ou du moins la plupart des chevaliers errants des temps passés, étaient de grands troubadours, c’est-à-dire de grands poëtes et de grands musiciens : car ces deux talents, ou ces deux grâces, pour les mieux nommer, sont essentielles aux amoureux errants. Il est vrai que les strophes des anciens chevaliers ont plus de vigueur que de délicatesse.

– Lisez autre chose, dit Sancho ; peut-être trou-verez-vous de quoi nous satisfaire. »

Don Quichotte tourna la page.

« Ceci est de la prose, dit-il, et ressemble à une lettre.

– À une lettre missive ? demanda Sancho.

– Elle ne me semble, au commencement, qu’une lettre d’amour, répondit don Quichotte.

de ce que tu as fait, et que je ne tire pas ven-geance de ce que je ne désire plus. »

Romance del rey moro que perdió Alhama

Paseábase el rey moropor la ciudad de Granada,desde la puerta de Elvirahasta la de Vivarrambla.—¡Ay de mi Alhama!Cartas le fueron venidasque Alhama era ganada;las cartas echó en el fuegoy al mensajero matara.—¡Ay de mi Alhama!Descabalga de una mulay en un caballo cabalga,por el Zacatín arribasubido se había al Alhambra.—¡Ay de mi Alhama!Como en el Alhambra estuvo,al mismo punto mandabaque se toquen sus trompetas,sus añafiles de plata.—¡Ay de mi Alhama!Y que las cajas de guerraapriesa toquen al arma,porque lo oigan sus moros,los de la Vega y Granada.—¡Ay de mi Alhama!Los moros, que el son oyeronque al sangriento Marte llama,uno a uno y dos a dos

juntado se ha gran batalla.—¡Ay de mi Alhama!Allí habló un moro viejo,de esta manera hablara:-¿Para qué nos llamas, rey, para qué es esta llamada?—¡Ay de mi Alhama!—Habéis de saber, amigos,una nueva desdichada,que cristianos de bravezaya nos han ganado Alhama. —¡Ay de mi Alhama!Allí habló un alfaquíde barba crecida y cana: —Bien se te emplea, buen rey, buen rey, bien se te empleara. —¡Ay de mi Alhama! Mataste los Bencerrajes, que eran la flor de Granada; cogiste los tornadizosde Córdoba la nombrada. —¡Ay de mi Alhama!Por eso mereces, rey, una pena muy doblada:que te pierdas tú y el reino y aquí se pierda Granada. —¡Ay de mi Alhama!

Por la Puente, Juana

Por la puente, Juana, que no por el agua.

Agora que el tiempo con las manos francas de jazmin y rosa compone tu cara.Y da a tus cabellos el oro de Arabia,A tus dientes perlas y a tus labios grana.

Por la puente, Juana, que no por el agua.

No aguardes des que el mismo con la mano helada marchite las rosas vuelva el oro plata.Vas por agua agora desnuda y descalza sin ver que los tiempos pasan como el agua

Por la puente, Juana, que no por el agua.

Chapitre XXXII Y come la cura dijese…

Qui traite de ce qui arriva dans l’hôtellerie à toute la quadrille de don Quichotte.

« Je ne sais comment cela peut se faire, s’écria l’hôtelier ; car, pour mon compte, en vérité, je ne connais pas de meilleure lecture au monde. J’ai là deux ou trois de ces livres qui m’ont souvent rendu la vie, non-seulement à moi, mais à bien d’autres. Dans le temps de la moisson, quantité de moissonneurs viennent se réunir ici les jours de fête, et, parmi eux, il s’en trouve toujours quel-qu’un qui sait lire, et celui-là prend un de ces livres à la main, et nous nous mettons plus de trente autour de lui, et nous restons à l’écouter avec tant de plaisir, qu’il nous ôte plus de mille che-veux blancs. Du moins, je puis dire de moi que, quand j’entends raconter ces furieux et terribles coups d’épée que vous détachent les chevaliers, il me prend grande envie d’en faire autant, et je voudrais entendre lire les jours et les nuits.

– Et moi tout de même, ajouta l’hôtesse, puisque je n’ai de bons moments dans ma maison que ceux que vous passez à entendre lire, car vous êtes alors si occupé, si ébahi, que vous ne vous souvenez pas seulement de gronder.

– Oh ! c’est bien vrai, continua Maritornes, et, en bonne foi de Dieu, j’ai grand plaisir aussi à écou-ter ces choses, qui sont fort jolies ; surtout quand on raconte que l’autre dame est sous des oran-gers, embrassant son chevalier tout à l’aise, tan-dis qu’une duègne monte la garde, morte d’en-vie et pleine d’effroi. Je dis que tout cela est doux comme miel.

– Et à vous, que vous en semble, ma belle demoi-selle ? dit le curé, s’adressant à la fille de l’hô-tesse.

– Sur mon âme, seigneur, je ne sais trop, répondit-elle ; mais j’écoute comme les autres, et, bien que je ne comprenne guère, en vérité, je me divertis aussi d’entendre. Mais ce ne sont pas les coups dont mon père s’amuse tant, qui m’amusent, moi ; ce sont les lamentations que font les chevaliers quand ils sont loin de leurs dames, et vraiment j’en pleure quelquefois de la pitié qu’ils me donnent.

– Ainsi, mademoiselle, reprit Dorothée, vous ne les laisseriez pas se lamenter longtemps, si c’était pour vous qu’ils fussent à pleurer ?– Je ne sais trop ce que je ferais, répondit la jeune fille ; mais je sais bien qu’il y en a parmi ces dames de si cruelles, que leurs chevaliers les appellent tigres, panthères et autres immondices. Ah ! Jésus ! quelle espèce de gens est-ce donc, sans âme et sans conscience, qui, pour ne pas regarder un honnête homme, le laissent mourir ou devenir fou ? Je ne sais pas pourquoi tant de façons ; si elles font tout cela par sagesse, que ne se marient-elles avec eux, puisqu’ils ne deman-dent pas autre chose ?

– Taisez-vous, petite fille, s’écria l’hôtesse ; on dirait que vous en savez long sur ce sujet, et il ne convient pas à votre âge de tant savoir et de tant babiller.

– Puisque ce seigneur m’interrogeait, répondit-elle, il fallait bien lui répondre.

Claros y frescos rios

Claros y frescos ríosQue mansamente vaisSiguiendo vuestro natural camino;Desiertos montes míos,Que en tal estado estáisDe soledad muy triste de contino;Aves en quien hay tinoDe estar siempre cantado;Árboles que vivís,Y al fin también morís,Y estáis perdiendo tiempos y ganando;Oídme juntamenteMi voz amarga, ronca y tan doliente!

Pues quiso mi venturaQue hubiese de apartarmeDe quien jamás osé pensar partirme;En tanta desventuraConviene consolarme,Que no es agora tiempo de morirme.

El alma ha de estar firme:Que en un tan bajo estadoVergonzosa es la muerte;Si acabo en mal tan fuerte,Todos dirán que voy desesperado;Y quien tan bien amóNo es bien que digan que tan mal murió

Trompicavalas amor

Trompicavalas amor a las niñas de barajas.¿y como las trompicavalas con celos que son del descuydo trampas,pues a pesar de lo frio aun a los biexos abrasan.

Chapitre LXII Llego la noche…

Qui traite de l’aventure de la tête enchantée, ainsi que d’autres enfantillages que l’on ne peut s’em-pêcher de conter.

La nuit vint, et l’on regagna la maison, où il y eut grande assemblée de dames ; car la femme de don Antonio, qui était une personne de qualité, belle, aimable, enjouée, avait invité plusieurs de ses amies pour qu’elles vinssent faire honneur à son hôte et s’amuser de ses étranges folies. Elles vinrent pour la plupart ; on soupa splendidement, et le bal commença vers dix heures du soir. Parmi les dames, il s’en trouvait deux d’humeur folâ-tre et moqueuse, qui, bien qu’honnêtes, étaient un peu évaporées, et dont les plaisanteries amu-saient sans fâcher. Elles s’évertuèrent si bien à faire danser don Quichotte, qu’elles lui exténuè-rent non-seulement le corps, mais l’âme aussi. C’était une chose curieuse à voir que la figure de don Quichotte, long, fluet, sec, jaune, serré dans ses habits, maussade, et, de plus, nullement léger. Les demoiselles lui lançaient, comme à la dérobée, des œillades et des propos d’amour ; et lui, aussi comme à la dérobée, répondait dédaigneusement à leurs avances. Mais enfin, se voyant assailli et serré de près par tant d’agaceries, il éleva la voix et s’écria :

« Fugite, partes adversœ ; laissez-moi dans mon repos, pensées mal venues ; arrangez-vous, mes-dames, avec vos désirs, car celle qui règne sur les miens, la sans pareille Dulcinée du Toboso, ne per-met pas à d’autres que les siens de me vaincre et de me subjuguer. »

Cela dit, il s’assit par terre, au milieu du salon, brisé et moulu d’un si violent exercice.

Chacona

Primera de cuatro sietes, ¿de qué sirve que te pongas en la mano del mortero en la mejilla dos rosas?

Vida bona, la vida bona,Esta vieja es la chacona.

¿de qué sirve que te hagas tortuga entre blandas tocas?¿y en ese monjil negro finjas gravedad y honra?¿de qué sirve que te mirles

y que te frunzas de bocasi jugando con los años,ganaste por setentona?

Pater Noster

Pater noster qui ee in celis,Sanctificetur nomen tuum,Adveniat regnum tuum,Fiat voluntas tua,Sicut in caelo et in terra.Panem nostrum quotidianumDa nobis hodie,Et dimitte nobis debita nostraSicut et nos dimittimus,Debitoribus nostris,Et ne nos inducas in tentationem.Sed libera nos a malo.Amen.

Chapitre LXXIV Epitafio

Comment don Quichotte tomba malade, du tes-tament qu’il fit, et de sa mort.

« Ci-gît l’hidalgo redoutable qui poussa si loin la vaillance, qu’on remarqua que la mort ne put triompher de sa vie par son trépas.

« Il brava l’univers entier, fut l’épouvantail et le croque-mitaine du monde ; en telle conjoncture, que ce qui assura sa félicité, ce fut de mourir sage et d’avoir vécu fou. »

Lamentaciones

Aleph.Meminavit et adduxit in tenebras et non in lucemTantum in me vertit et convertit manum suam tota die.

Teth.Bonus est Dominus sperantibus in eum animae querenti illum.Bonum est prestolari cum silentio salutare Dei Bonum est viro,Cum portaverit iugum ab adolescentia sua.

Clamavi

Clamavi de tribulatione mea ad DominumEt exaudivit me, de ventre inferi, clamavi,Et exaudisti vocem meam.

Domine quando veneris

Domine, quando veneris judicare terram,Ubi me abscondam a vultu irae tuae?Quia peccavi nimis in vita mea.Commisa mea pavesco,Et ante te erubesco:Dum veneris judicare Noli me condemnare.Quia peccavi nimis in vita mea.

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JUILLET MUSICAL dE SAInT-HUbErT 2007

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Zoning de Latour6761 Virton - Belgique

Téléphone : (32-63) 24 32 11Fascimile : (32-63) 24 34 24

Leader mondial de l’emballage flexible en polypropy-lène et polyéthylène orienté, ExxonMobil Chemical Films Europe est installé sur le zoning industriel de Latour depuis plus de 20 ans.L’usine de Virton est un site dédié à la production de films plastiques spéciaux, destinés à l’emballage alimentaire et à l’étiquetage. 95% de la production de l’usine de Virton est exportée.

L’entreprise est certifiée ISO 9001 et a mis en place un programme d’hygiène afin de rencontrer les normes du secteur alimentaire.

ExxonMobil Chemical Films Europe dispose de 3 sites de production en Europe (Pays-Bas, Italie et Belgique) et emploie près de 500 personnes sur le site de Virton, où sont aussi présentes les activités de Recherche & Développement et d’Ingénierie.

Comme tout site de production d’ExxonMobil, l’usine de Virton met tout en oeuvre pour garantir la sécurité et la santé de chacun de ses employés et pour protéger l’environnement.

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La Hispanoflamenca

La Hispanoflamenca (Madrid) s’est spécialisé dans la musique polyphonique du XVIe et du XVIIe siècle provenant des Pays-Bas et de la péninsule ibérique, en portant une atten-tion particulière de l’attention aux composi-teurs du Nord qui ont été tenter leur chance dans le sud et inversement. Les compositions publiées en Flandre, et plus rarement des publications musicales ou manuscrits pro-venant d’Espagne compose leur répertoire.

Le terme « hispanoflamenca » est utilisé depuis le XVe siècle pour indiquer l’influence de la peinture flamande sur les maîtres espa-gnols.

La distribution de La Hispanoflamenca com-prend des chanteurs qui sont sur le devant de la scène avec des ensembles tels que le Collegium Vocale Gent (Philippe Herrewe-ghe), La Capella Reial de Catalunya (Jordi Savall), Al Ayre Español (Eduardo López

Banzo) et l’Amsterdam Baroque Choir (Ton Koopman). Par le mélange du chaud timbre espagnol et des voix nordiques plus fines, il se forme une couleur de timbre à part qui selon le directeur artistique Bart Vandewege rassem-ble des qualités d’un Rioja et d’un geniè-vre flamand.

La Hispanoflamenca a été de nombreuses fois au Festival de Flandre à Anvers, à Bru-ges, à Courtrai et dans le cadre des concerts du béguinage à Saint-Trond, au Internatio-naal Stemmenfestival Mortsel, et au Holland Festival voor Oude Muziek Utrecht.

En 2005 le premier CD de La Hispanofla-menca a paru. Cettes première mondiale de lamentations de Rimonte a été acclamée par la presse et le public internationaux. (Klara / Et’cetera KTC 4009). Un deuxième disque avec le Requiem de Rimonte a paru en novembre 2006.

Lesinterprètes

Bart Vandewege

Bart Vandewege est actif en tant que chan-teur, chef d’orchestre et compositeur. Il tra-vaille entre autres avec le Collegium Vocale Gent (Philippe Herreweghe), l’Amsterdam Baroque Choir (Ton Koopman), La Petite Bande (Sigiswald Kuijken), Concerto Köln, Il Giardino Armonico, Freiburger Barockor-chester...Il a régulièrement été invité comme chef d’orchestre et a enregistré divers CD avec des compositions oubliées de Fétis et Lem-mens, ou des œuvres du compositeur amé-ricain Elliott Carter. Comme compositeur il travaille souvent dans le domaine du théâtre, du cinéma et de la danse, entre autres pour le Vlaamse Opera et la VRT.

La Hispanoflamenca

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Bart Vandewege

Royal Syndicat d’Initiativede Saint-Hubert

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Programme :

Pietro Torri : Oratorio « Le Martyre des Macchabées » :oratorio pour Maximilien-Emmanuel de Bavière

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Juillet 2007 - 20h30Samedi 14SAINT-HUBERT - Basilique

Mécène fastueux, Maximilien-Emmanuel de Bavière a sillonné l’Europe, de Munich à Paris, en passant par Cologne, Liège, Namur et Luxembourg, à la tête d’une chapelle musicale prestigieuse. Voici l’occasion de découvrir ce personnage hors du commun, à travers un chef-d’œuvre méconnu de son maître de chapelle, Pietro Torri.

Le Grand Mécène : Maximilien-Emmanuel de Bavière

JUILLET MUSICAL dE SAInT-HUbErT 2007

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Choeur de Chambre de Namur

Les AgrémensDirection : Jean Tubéry

François-Nicolas Geslot (haute-contre) : Le jeune Macchabée

Anne Magouët (soprano) : La mère du jeune Macchabée

Alain Buet (baryton) : Antiochus

Bruno Rostand (basse) : Eléazar

Matthieu Chapuis (ténor) : Menelaus

Etienne Debaisieux (basse): le grand prêtre

Renaud Tripathi (haute-contre), Benoît Porcherot (ténor)

et Vincent Lesage (ténor) : assistants et Israélites

Maximilien-Emmanuel de Bavière

Le préféréles yeux fermés*

* Depuis 40 ans les Belges font confi ance à Nutella,la pâte à tartiner la plus vendue (Source: Nielsen).

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C’est à Peschiera del Garda, près de Vérone, que Pietro Torri voit le jour, vers 1650. On ignore tout de sa formation musicale, jus-qu’à son entrée comme maître de chapelle à la cour de Bayreuth en 1684. Cinq ans plus tard, il est au service de Maximilien-Emma-nuel de Bavière : c’est auprès de ce musicien et mécène exceptionnels qu’il accomplira toute sa carrière. Lorsque Maximilien-Emma-nuel est choisi comme gouverneur des Pays-Bas espagnols en 1692, Torri l’accompagne à Bruxelles, avec le titre de maître de chapelle. En 1699, à la mort de Joseph-Ferdinand de Bavière – fils de Maximilien-Emmanuel et héritier présomptif de la couronne d’Espa-gne –, le gouverneur quitte Bruxelles pour regagner Munich. Maximilien-Emmanuel qui, pour soutenir les droits de son héritier à la couronne d’Espagne, avait combattu les armées de Louis XIV, change alors de camp. Il se range aux côtés du roi de France et défend les intérêts du duc d’Anjou, petit-fils de Louis XIV et, par ailleurs, neveu de Maxi-milien-Emmanuel. Ce dernier est alors mis au ban de l’Empire et se retrouve dans une situation délicate qui le contraint à revenir à Bruxelles en octobre 1704. Pour autant, Maximilien-Emmanuel ne renonce pas au plaisir de la musique et se fait accompagner par ses musiciens, dans toutes ses errances qui le conduisent à Mons, à Compiègne, à Suresnes, à Saint-Cloud, puis à Namur et à Luxembourg. Torri travaille non seulement pour Maximilien-Emmanuel, mais aussi pour son frère Joseph-Clément, prince-électeur de Cologne, puis de Liège, lui aussi exilé et lui aussi mélomane passionné. Joseph-Clément se fixe à Lille, puis à Valenciennes où il se fait aménager un théâtre. L’exil des deux frères prend fin en 1715 : Maximilien-Emmanuel, toujours accompagné de Torri, rentre alors définitivement à Munich, où le compositeur meurt en 1737.Durant toutes ces années d’exil, Torri com-posa de nombreuses œuvres, non seu-lement des cantates « da camera », mais aussi des opéras profanes, ainsi que des ora-torios sacrés destinés spécifiquement à être chantés durant le Carême. Tant en quantité

qu’en qualité, le corpus d’oratorios laissé par Torri est le plus important avant l’avè-nement d’Haendel. La plupart sont écrits sur des livrets italiens, mais deux au moins ont été composés sur des livrets français : ils constituent l’acte de naissance de l’oratorio dramatique français. Le librettiste du Mar-tyre des Maccabées est inconnu, mais il doit s’agir de François Passerat, secrétaire per-sonnel de Maximilien-Emmanuel, puis de son frère Joseph-Clément. Par son sujet, l’œuvre relève à la fois de la tragédie biblique et de la tragédie sainte : en effet, les frères Macca-bées sont, avec les saints Innocents, les seu-les figures de l’Ancien Testament à avoir été reconnues comme saints par l’Église catholi-que romaine. Le texte biblique rapporte avec force détails les supplices affreux que le roi séleucide Antiochus Épiphane aurait fait subir aux juifs entre 175 et 160 avant Jésus-Christ. Après avoir placé la statue de Jupi-ter olympien dans le temple de Jérusalem, Antiochus voulut forcer les juifs à abandon-ner leur culte et leurs usages. Le vieil Éléazar, l’un des premiers d’entre les docteurs de la loi, refusa de manger du porc et se présenta de lui-même au supplice. C’est son exemple que suivirent les sept frères Maccabées. Les six aînés qui avaient aussi refusé de manger de cette viande impure, subirent des sup-plices atroces. Lorsque vint le tour du cadet pour lequel Antiochus éprouvait une affec-tion paternelle, celui-ci, pris de pitié, préféra la douceur : il proposa à l’enfant de lui tenir lieu de père et de le mettre au rang de ses favoris s’il abjurait. Devant son refus, Antio-chus invita la mère des Maccabées, si elle voulait sauver son fils, à le convaincre. Mais

Le compositeur et son oeuvre

la mère ne fit – pour autant que cela fût nécessaire – que renforcer encore sa déter-mination. Enflammé de colère, Antiochus les fit alors périr tous deux. Le sujet du martyre des Maccabées doit son succès au fait qu’il peut être lu comme une préfiguration de la persécution des chrétiens à Rome et, d’autre part, au fait que la mère des Maccabées pré-figure la Vierge, mère du Christ, acceptant le sacrifice de son fils voulu par Dieu.Parmi les nombreux oratorios de Torri dont les manuscrits nous sont parvenus, le choix de Jean Tubéry s’est très rapidement porté sur Le martyre des Maccabées, en raison de la fusion, originale et réussie, des styles ita-lien et français qu’il propose. Torri fait partie de ces compositeurs quelque peu délaissés par les historiens de la musique, étant consi-déré comme un « conséquent » de l’opéra vénitien florissant de la seconde moitié du XVIIe siècle – le style d’un Cavalli ou d’un Cesti lui était de toute évidence familier –, ou encore comme un contemporain « moins talentueux » d’Alessandro Scarlatti, dont le nom fut retenu pour représenter l’école dra-matique au tournant du siècle. C’est, sans doute, oublier trop facilement que Torri, par ses séjours à Bruxelles et en France où il entendit les opéras de Lully, fut un des pré-curseurs de la symbiose entre goûts italien et français, qui allait être par la suite connue, reconnue et acclamée sous l’appellation de « goûts réunis ». De fait, l’écriture instru-mentale de Torri possède la concision et l’ef-ficacité d’un Corelli, ses arie n’envient ni les mélismes ni la fluidité d’un Steffani ou d’un Scarlatti, ses récits reprennent l’évidence rhétorique et descriptive d’un Lully, dont les chœurs et la plénitude sonore se trouvent encore amplifiées et embellies ici. Originaire d’Italie, ayant œuvré en Bavière, séjourné en Belgique, voyagé en France et rencontré des Anglais… Pietro Torri est sans doute le plus digne représentant des « compositeur euro-péens » de la première moitié du siècle des Lumières, et mérite une re-découverte digne de son génie, et de sa reconnaissance par les plus grands de son temps.

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P A R S Y M P A T h I ELe Martyre des Macchabées

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Le martyre des Macchabées [Sinfonia avanti : adagio-vite]

ACTE PREMIERSCèNE PREMIèREÉLEAZAR, LE JEUNE MACCHABEE, CHŒUR D’ISRAELITES

éLEAZARDans quel gouffre de maux, dans quelle horrible peine,Israël, te vois-tu réduit ?Un ennemi cruel t’accable et te poursuit :Rien ne peut adoucir sa rigueur inhumaine ;Le sang coule partout, le temple est profané,Les prêtres fugitifs, le peuple consterné,Tout pleure, tout languit, et jusqu’au sanctuaire,Ce lieu si saint, si redouté,Au pouvoir maintenant d’un vainqueur téméraire,Gémit dans la captivité.Dieu d’Israël, dieu de nos pères,Arrête ton courroux, et finis nos misères.

ChŒuR D’ISRAELITESDieu d’Israël, dieu de nos pères,Arrête ton courroux, et finis nos misères.

LE JEuNE MACChABEEAh ! quel excès de maux, d’abominations !De la sainte cité, pleurons la destinée ;Hélas ! elle languit, esclave infortunée,Sous le barbare joug des autres nations.

éLEAZARRespectons, respectons la justice divine ;Nos péchés attirent son courroux.Et si dieu permet notre ruine,Il ne faut en accuser que nous.

LE JEuNE MACChABEEÉtrange aveuglement ! funeste idolâtrie !Une main criminelle, en cet auguste lieu,Vient de placer sur l’autel du vrai dieu,De Jupiter le simulacre impie.Mourrons, ou pour venger ces profanations,Et de l’autel, le sacré privilège,Renversons cet idole aux yeux des nations :C’est trop longtemps souffrir leur affreux sacrilège.Contre ces criminels, laisse agir ton courroux.Que ton bras, dieu vengeur, s’arme ici du tonnerrePour punir la rigueur qu’ils exercent sur nous.De ces audacieux, viens délivrer la terre ;Et puisque leur fureur te déclare la guerre,Qu’ils tombent expirants, sous l’effet de tes coups.

ChŒuR D’ISRAELITESDe ces audacieux, viens délivrer la terre ;Et puisque leur fureur te déclare la guerre,Qu’ils tombent expirants, sous l’effet de tes coups.

éLEAZARLoin de songer à ces vengeances,Il faut souffrir sans murmurer,Dieu nous ordonne d’endurerEt les affronts, et les offenses.

LE JEuNE MACChABEEAu milieu des tourments, sans espoir, sans défense,Mes six frères déjà languissent dans les fers.N’attendons pas qu’une injuste puissanceAjoute d’autres maux à ceux qu’ils ont soufferts.

Courrons, volons à la vengeance.Que les vivants succombent sous nos coupsEt pour punir qui nous offenseSuivons les mouvements d’un trop juste courroux.

éLEAZARDemandons à ce dieu, par nos larmes,Qu’il daigne finir nos malheurs.Nous obtiendrons moins par les armes,Que par la prière et les pleurs.

ChŒuR D’ISRAELITESDemandons à ce dieu, par nos larmes,Qu’il daigne finir nos malheurs.Nous obtiendrons moins par les armes,Que par la prière et les pleurs.

LE JEuNE MACChABEEMais qu’aperçois-je, hélas ! jusque dans ce saint lieu,L’impie Antiochus porte un pied téméraire !Veut-il par sa présence insulter au vrai dieu ?Y vient-il assouvir sa rage sanguinaire ?

éLEAZARD’un impitoyable vainqueur,N’attendons rien que de funeste.Faisons notre devoir, sans craindre sa rigueur,Et dieu disposera du reste.

SCèNE DEUXIèMEANTIOCHUS, MENELAUS, ÉLEAZAR, LE JEUNE MACCHABEE,CHŒUR D’ISRAELITES, SUITE ET GARDES D’ANTIOCHUS

MENELAuSRien ne s’oppose plus, seigneur, à nos désirs.Tout cède à l’effort de nos armes ;Et l’on voit régner les plaisirs,Où régnait autrefois le trouble, et les alarmes.Vous triomphez malgré sa résistance ;Et de vos plus fiers ennemis,Vous avez abattu l’orgueil et la constance.Ce peuple si suspect à nos lois est soumis.Après tant de travaux guerriers,Venez, vous délasser dans les bras de la gloire.Ah ! qu’il est doux, à l’ombre des lauriers,De goûter en repos les fruits de la victoire.

ANTIoChuSMon bonheur, il est vrai, surpasse mon espoir.Mais je ne puis souffrir qu’un reste de rebelles,Sous le voile apparent d’être à leur dieu fidèles ;Méprisent Jupiter, et bravent mon pouvoir.Qu’on adore le dieu qui lance le tonnerre :Faites partout fumer l’encens sur ses autels.Il est maître du ciel, je le suis de la terre :Offrez-nous le tribut qu’on doit aux immortels.

LE JEuNE MACChABEEAh ! quelle barbarie !Que d’orgueil, et d’impiété !

ANTIoChuSChacun doit suivre cette envie,Et céder à ma volonté,Ou s’apprêter à payer de sa vieL’excès de sa témérité.

éLEAZARL’autorité des rois a des bornes prescrites.Ils peuvent en tyrans immoler leurs sujets,Employer nos trésors à d’injustes projets,

Et franchir à leur gré les plus saintes limites ;Mais quel que soit l’effort d’un orgueilleux pouvoir,Il ne s’étend point jusqu’à l’âme.Et celui qu’un vrai zèle enflamme,Ne trahit jamais son devoir.On s’acquiert ici-bas une illustre mémoireQuand on meurt en servant sa patrie et son roi ;Mais on s’assure au ciel d’une immortelle gloire,Quand on meurt pour son dieu, pour son culte et sa loi.

ANTIoChuSEs-tu si las de vivre, insensé, téméraire ?N’excite point ma fureur contre toi.L’encensoir à la main, songe à me satisfaire :Ma volonté te doit servir de loi.

éLEAZARJe n’adore qu’un dieu, c’est lui seul qui m’enflamme,Lui seul doit recevoir nos vœux, et notre encens.On ne me verra point, seigneur, dans mes vieux ans,Pour épargner ce corps, trahir ainsi mon âme.

ANTIoChuSTu mourras donc perfide.

éLEAZAROui, je mourrai content :Vous pouvez m’immoler dans cet auguste temple.Trop heureux, si je puis, seigneur, par mon exemple,Raffermir dans la foi le peuple qui m’entend.

DEuX ISRAELITESDans le péril qui nous menace,Vivez, soyez notre secours.Déjà le sang dans nos veines se glace,Feignez du moins pour conserver nos jours.

éLEAZARMa vie, hélas, n’est pas si précieuse.Que dirait-on de moi, si dans l’âge où je suis,Accablé d’ans, de faiblesse et d’ennuis,J’évitais par la feinte une mort glorieuse ?Si je suivais vos conseils trop humains,Je souillerais mon nom d’une tache trop noire :Non, c’est dieu qui m’anime ; il y va de sa gloire :Pour m’ébranler, tous vos efforts sont vains.

DEuX ISRAELITESHélas ! que nous sommes à plaindre !Dissimuler un peu, n’est pas trahir sa foi.Pour nous sauver, contraignez-vous à feindre.

éLEAZARCette feinte est indigne et de vous, et de moi.Tout Israël croirait, et j’en frémis encore,Que j’aurais lâchement abandonné les miens ;Et de la loi de dieu, que sans cesse j’adore,Passé honteusement à celle des païens.Il faut donner à la jeunesseUn exemple de fermeté,Qui puisse être un jour imité.Et ne pas souiller ma vieillesseNi démentir tant de sagesse,Par une horrible impiété.

ANTIoChuSQu’il meure !

LE JEuNE MACChABEEAh ! juste ciel !

ANTIoChuSQu’on l’arrache du temple !Qu’un prompt trépas réponde à sa témérité ;Et puisqu’il veut servir d’exemple,Qu’il en soit un affreux de ma sévérité.

éLEAZARJ’avais encor si peu de temps à vivre,Que de mes faibles jours,Je verrai sans regret trancher le triste cours.

LE JEuNE MACChABEELe ciel m’ordonne de vous suivre.Je crains peu de la mort les funestes horreurs :Je marche sur vos pas. Si vous mourez, je meurs.

[éLEAZAR]Seigneur, dont la sainte sciencePénètre jusqu’au fond des cœurs,Fais du mien, parmi les douleurs,Un modèle de patience.Si mon corps affaibli souffre dans ces momentsDe quelques maux la rude atteinte,Mon âme trouvera mille et mille agrémentsDe les endurer pour ta crainte.

[Marche]

ANTIoChuSMais déjà l’on s’apprête à commencer la fête,Qu’en l’honneur de Bacchus, de couronnes ornés,Célèbrent à l’envi, nos peuples fortunés.La troupe dans ces lieux s’avance.Il est temps que chacun vénère sa puissance.

[Marche pour ceux qui viennent célébrer la fête de Bacchus]

ChŒuRChantons Bacchus et ses attraits.PREMIER ASSISTANTChantons Bacchus et ses attraits.Ah ! que son empire a de charmes.Exempt de soucis et d’alarmes,On n’y respire que la paix.

ChŒuRChantons Bacchus et ses attraits.Deuxième AssistantQue Cérès et Bacchus, toujours d’intelligence,Surpassent nos plus doux souhaits.Qu’ils versent dans ces lieux une heureuse abondance.Qu’ils nous comblent de leurs bienfaits.

ChŒuRChantons Bacchus et ses attraits.Ah ! que son empire a de charmes.Exempt de soucis et d’alarmes,On n’y respire que la paix.

ACTE IISCèNE PREMIèRE

ANTIoChuS, seulTriste remords, funeste inquiétude,Ne cesserez-vous point de déchirer mon cœur.J’ai fait du crime, hélas ! une longue habitude,Et sur tout Israël exercé ma fureur :Mais j’éprouve à mon tour un supplice trop rude,Et les maux des vaincus font trembler les vainqueurs ?

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Triste remords, funeste inquiétude,Ne cesserez-vous point de déchirer mon cœur.Ce pays abondant réduit en solitude,N’est que le moindre effet d’une injuste rigueur.Des morts et des mourants, l’affreuse multitudeM’inspire au fond de l’âme, une secrète horreur.Triste remords, funeste inquiétude,Ne cesserez-vous point de déchirer mon cœur.

SCèNE IIANTIOCHUS, MENELAUS,GARDES

MENELAuSÉléazar est mort ; et les six MacchabéesOnt vu presque à l’instant trancher leurs destinées.Le dernier s’avançait pour subir le même sort :Mais le peuple passant d’une sombre tristesseÀ tout ce que la rage inspire de plus fort,Touché de son malheur, et plaignant sa jeunesse,Demande à haute voix qu’on diffère sa mort.On s’empresse, on avance, on menace, on murmure,Le fatal sacrifice est encor suspendu.

ANTIoChuSDieux ! qui peut égaler le tourment que j’endure ?

MENELAuSQuoi ! je vous vois, seigneur, interdit, éperdu !Sans crainte, ni remords, ordonnez qu’il périsse.Pour un peu de sang répandu,Faut-il qu’un [si] grand cœur frémisse ?

ANTIoChuSOn doit tout redouter d’un peuple furieux.Mais qu’on amène ci ce jeune audacieux.Entre la colère et la gloire,Mon triste cœur est partagé.Il faut sur mon dépit remporter la victoire,Ou venger pleinement mon honneur outragé.

MENELAuSVoulez-vous qu’un peuple rebelleNous brave avec impunité ?La pitié deviendrait à vous-même cruelle.Songez plutôt, songez à votre sûreté.Un roi qu’on offense,Qui peut se venger,Par trop de clémenceS’expose au danger.Il doit sans contrainteRépandre du sang,S’il faut par la crainteAffermir son sang.

ANTIoChuSJe n’ai que trop suivi cette injuste maxime ;Mes yeux sont effrayés de tant de châtiments !Un trône fondé sur le crime,Chancèle et tombe en peu de temps.Ah ! que d’amertume environne,L’éclat pompeux d’une couronne !Au lieu de la félicitéQue promet un rang si sublime,On trouve abîme sur abîmeEt jamais de tranquillité.Ah ! que d’amertume environne,L’éclat pompeux d’une couronne !Quel monarque est toujours content ?Rien n’est à couvert de la foudre.Un seul coup peut réduire en poudre

Le trône le plus éclatant.Ah ! que d’amertume environne,L’éclat pompeux d’une couronne !

MENELAuSLe criminel paraît.

SCèNE IIIANTIOCHUS, MENELAUS, LE JEUNE MACCHABEE,GARDES, TROUPE D’ISRAELITES

ANTIoChuSApproche, malheureux.Malgré ton crime, et malgré ton audace,Je t’offre encore un pardon généreux.Il ne tiendra qu’à toi d’obtenir cette grâce.

LE JEuNE MACChABEEPour m’ébranler, tu fais de vains efforts.Éléazar n’est plus, mes six frères sont morts.À ces cœurs généreux, loin de vouloir survivre,Mon devoir, mon honneur, tout m’invite à les suivre.

ANTIoChuSQue je plains ta jeunesse, et ton aveuglement !Renonce à ces vaines chimères,Et pour jouir du sort le plus charmant,Abandonne le culte, et les lois de tes pères.Du tendre mouvement, qui m’entraîne vers toi ;Tu verras les effets surpasser les promesses :Je te comblerai de richesses ;Tu seras le premier de l’Empire après moi ;Et recevras pour récompenseTout ce qui peut flatter un cœur ambitieux,Des honneurs éclatants, des biens en abondance.C’est ton roi qui le jure à la face des dieux.

LE JEuNE MACChABEEC’est aux trésors du ciel que tout mon cœur aspire :Rien ne peut ébranler ma constance et ma foi.Je préfère, tyran, ce qu’ordonne la loiAux honneurs du plus vaste empire.Favorables tourments, heureuse cruauté,Qui pour des douleurs passagères,Et des peines assez légères,Nous comblent de bonheur en toute éternité !Mes six frères déjà, grâce à ta barbarie,Après avoir constamment résisté,Jouissent dans le ciel d’une éternelle vie.J’ai mêmes désirs, même envie,Et j’aurai, si je meurs, même félicité.Grand dieu, soyez-nous favorable ;Les peuples qui suivent vos lois,Dans le malheur qui les accable,Vous en conjurent par ma voix.Rendez-leur cet amour de père.Daignez changer leur triste sort ;Et que votre juste colèrePuisse finir à notre mort.

ANTIoChuSCe dieu, dont Israël implore la clémence,Est trop longtemps sourd à vos cris.Il l’abandonne à ma vengeance,Sans que pour l’arrêter, il ait rien entrepris :Témoignage certain de son peu de puissanceQui devrait détromper vos crédules esprits.

LE JEuNE MACChABEESi pour nous corriger, et punir nos offenses,Le châtiment de dieu s’est étendu sur nous,Par de sincères pleurs, et d’humbles pénitences,Nous pourrons à la fin désarmer son courroux.Mais tremble, cruel, pour toi-même.Un jour viendra que dieu, justement irrité,Las de souffrir cette insolence extrême,Punira ton orgueil, et ton impiété.Ne te flatte donc point d’une espérance vaine ;Et puisque ta fureur s’arme contre sa loi,Au jugement de dieu, tu souffriras la peineQue mérite, barbare, un tyran tel que toi.

ANTIoChuSNe crois pas, malheureux, qu’un tel discours m’étonne ;Je crains peu de ton dieu la haine et le courroux.Qu’il s’arme contre moi, qu’il menace, qu’il tonne,Sans m’ébranler, j’en attendrai les coups.Un cœur animé par la gloire,Sans crainte, s’expose au trépas.Ce n’est qu’en livrant des combats,Qu’on peut espérer la victoire,Et le péril n’étonne pasUn cœur animé par la gloire.

LE JEuNE MACChABEECrains le ciel irrité, crains sa juste rigueur.Moi-même je frémis de l’horrible tempête,Que ton implacable fureur,Par tant de cruauté, rassemble sur ta tête.

LE JEuNE MACChABEE ET ANTIoChuSL’enfer, pour nous venger, s’apprête à t’engloutir,Ses abîmes ouverts troublent la terre et l’onde.Mais par un sage repentir,Tu peux encor te garantirDu tonnerre qui déjà gronde.

ChŒuR D’ISRAELITES, parlant à AntiochusChŒuR D’IDoLATRES, parlant à MacchabéeL’enfer, pour nous venger, s’apprête à t’engloutir,Ses abîmes ouverts troublent la terre et l’onde.Mais par un sage repentir,Tu peux encor te garantirDu tonnerre qui déjà gronde.

ANTIoChuSQuelle indigne pitié s’oppose à ma vengeance ?Déjà [le] bras levé, qui peut me retenir ?Un jeune audacieux nous brave et nous offense,Que tardons-nous à l’en punir ?Non, il faut l’immoler à ma juste colère.Mais un trouble secret qui s’élève en mon cœur,M’inspirant, malgré moi, des tendresses de père,Suspend encor mes coups, et parle en sa faveur.Employons contre lui les larmes d’une mère :Jamais la voix du sang ne se peut étouffer.De cet esprit altier, l’orgueil me désespère.La nature peut-être en pourra triompher.

LE JEuNE MACChABEEQui t’empêche à l’instant de punir mon audace ?Pourquoi tenter d’inutiles efforts ?Fais suivre les effets, barbare, à la menace ;Et m’épargne du moins ces cris et ces transports.Quelle est la peine que j’endure !Après tant de rudes combats,Faut-il, si proche du trépas,Surmonter encor la nature ?Quelle est la peine que j’endure !

Hélas ! dans les vives douleurs,Où son âme est ici plongée,Pourrai-je résister aux pleursD’une tendre mère affligée ?

ANTIoChuSC’est pour t’arracher à la mortQue j’emprunte aujourd’hui le secours de ses larmes ;Mais après ce dernier effort,À périr pour ta loi si tu trouves des charmes,Ingrat, je t’abandonne aux rigueurs de ton sort.L’amour se transforme en furieQuand on dédaigne ses ardeurs ;Et si tu ne donnes ton cœur,Tu donneras au moins ta vie.Vous autres, cependant, par d’humbles sacrifices ;Rendez-nous tous les dieux propices.

SCèNE IVLE GRAND PRETRE DE JUPITER,CHŒUR ET TROUPE DE SACRIFICATEURS

LE GRAND PRETREÔ Jupiter, reçois nos vœux.Maître du ciel et de la terre,Qui tiens en tes mains le tonnerre,Daigne rendre ton peuple heureux.

ChŒuR DES SACRIFICATEuRSÔ Jupiter, reçois nos vœux.Maître du ciel et de la terre,Qui tiens en tes mains le tonnerre,Daigne rendre ton peuple heureux.

LE GRAND PRETREQue les horreurs d’une sanglante guerreNe troublent point nos plaisirs et nos jeux.Ô Jupiter, reçois nos vœux.Maître du ciel et de la terre.

ChŒuR DES SACRIFICATEuRSQue les horreurs d’une sanglante guerreNe troublent point nos plaisirs et nos jeux.Ô Jupiter, reçois nos vœux.Maître du ciel et de la terre.

[Première entrée de sacrificateurs]

LE GRAND PRETRERevenez après tant d’alarmes,Revenez, revenez, tranquille paix.Éloignez d’ici pour jamais,La terreur et le bruit des armes.Revenez après tant d’alarmes,Revenez, revenez, tranquille paix.Ramenez avec vous les charmes,Les ris, les jeux et les attraits.[Deuxième entrée de sacrificateurs]

ChŒuR DES SACRIFICATEuRSRevenez après tant d’alarmes,Revenez, revenez, tranquille paix.Ramenez avec vous les charmes,Les ris, les jeux et les attraits.

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ACTE TROISIèMESCèNE PREMIèRELA MERE DES MACCHABEESGARDES

LA MERE DES MACChABEESÔ déplorable état ! ô mère infortunée !Ciel ! que veut-on de moi dans le trouble où je suis ?J’ai vu d’Éléazar trancher la destinée ;Sous le fer des bourreaux, j’ai vu tomber mes fils.Mais cet excès de barbarieN’offense point et mon cœur et mes yeux,Comme l’affreuse idolâtrie ;Que je vois triompher dans ces augustes lieux.Quand on voit sous la tyrannieCeux avec qui le sang nous lie,Est-il un plus cruel malheur ?Mais quand d’une fureur extrême,On voit qu’on s’attaque à dieu même,La peine augmente, et la douleur.Mais il me reste un fils, dont la tendre jeunesseEst de mes tristes jours l’espérance et l’appui,Unique et cher objet de ma juste tendresse.Sauvons-le, s’il se peut, ou mourons avec lui.La gloire de ce mondePasse dans un instant :Le vent qui trouble l’ondeN’est pas plus inconstant.Armons-nous de couragePour affronter la mort :On craint toujours l’orage,Tant qu’on n’est point au port.

SCèNE DEUXIèMEANTIOCHUS, LA MERE DES MACCHABEESGARDES

ANTIoChuSPour rendre un fils aux larmes de sa mère,Tout criminel qu’il est, je suspends mon courroux.LA MERE DES MACChABEESAh ! seigneur, pour ce fils, j’embrasse vos genoux.

ANTIoChuSIl ne tiendra qu’à lui d’apaiser ma colère.Après ses transports furieux ;Dans le péril qui le menace,Qu’il cède à mes désirs, qu’il fléchisse les dieux,Et fasse ce qu’il doit pour obtenir ma grâce.Il ose me braver : je pourrais aujourd’huiPunir ce téméraire et me venger de lui :Mais la pitié qui pour lui m’intéresse,Me parle encore en sa faveur.J’excuse les transports d’une aveugle jeunesse,Et son âge et son sang désarment ma rigueur.Un grand cœur sensible à la gloire,Des outrages reçus, ne se souvient jamais.Mais au contraire, des bienfaits,Il conserve toujours chèrement la mémoire.

LA MERE DES MACChABEESQuoi ! vous voulez, pour épargner son sang,Après avoir versé celui de tous ses frères,Qu’ébloui par l’éclat des titres et du rang,Il renonce, seigneur, à la loi de ses pères ?Dans ce dessein, n’attendez rien de moi.Je connais trop l’ardeur de son âme fidèle ;Il n’aspire, comme eux, qu’à la gloire éternelle,Et ne trahira point son devoir et sa foi.

ANTIoChuSPressez, priez, pleurez, tâchez à l’y résoudre :Il n’a plus que vous pour appui :Il est temps de songer à détourner la foudre,Qui s’apprête à tomber sur lui.

LA MERE DES MACChABEESÀ ciel ! qui connaissez le tourment que j’endure,Soutenez mon courage en ces nouveaux combats ;Et faites qu’au péril du plus affreux trépasLe devoir, en ce jour, surmonte la nature.Mon cœur succombe, en ses ennuis pressants,À tant de malheurs déplorables.Il suffirait des seuls maux que je sens ;Pour faire plusieurs misérables.

ANTIoChuSS’il refuse ma grâce après un tel effort,Si son cœur obstiné persiste dans son crime,Qu’il soit de sa fureur la sanglante victime ;Et sortant de ces lieux, qu’on le mène à la mort.Pour le sauver, n’épargnez point les larmes :Je sais quel est du sang la force et le pouvoir.

LA MERE DES MACChABEESMalgré mon trouble et mes alarmes,Qu’il vienne : je suis prête à remplir mon devoir.

SCèNE III

LA MERE DES MACChABEES, seuleCruel amour, inutile tendresse,Pour ce que j’aime, hélas ! cessez de m’alarmer.Par le secours d’une austère sagesse,Mon cœur, contre lui-même, est tout prêt à s’armer.Cruel amour, inutile tendresse,Pour ce que j’aime, hélas ! cessez de m’alarmer.La raison pour moi s’intéresse,Et le devoir sera vainqueur :Mais pour surmonter ma faiblesse,Qu’il en coûte cher à mon cœur.Cruel amour, inutile tendresse,Ah ! ne m’attaquez plus avec tant de rigueur.

SCèNE IVLA MERE DES MACCHABEES, LE JEUNE MACCHABEES, GARDES

LA MERE DES MACChABEESHélas ! dans la douleur amèreQui m’accable en ce triste jour,Prenez pitié de votre mère,Et ne trahissez point ses vœux et son amour.Songez avec quelle tendresseJ’ai pris soin de vos jeunes ans.Combien m’a-t-il coûté de peines et de temps,Pour vous inspirer la sagesse.

LE JEuNE MACChABEEMon cœur à vos lois est soumis :C’est de vous que je tiens le jour et la naissance.J’ai trop d’amour et de reconnaissancePour oublier jamais que je suis votre fils.

LA MERE DES MACChABEESQue le tyran vous déclare la guerre ;Qu’il vous immole en ce saint lieu :Versez avec plaisir tout votre sang pour dieu.Regardez le ciel et la terre,Ces flambeaux de la nuit, cet astre lumineuxQui répand tant de biens dans ces climats heureux ;Ces bois, ces prés et ces fontaines,

Ces ruisseaux murmurants dans nos fertiles plaines ;Tout ce qui sous le ciel est ici renfermé :Vous comprendrez alors, par ces précieux gages,Et par tant de divins ouvrages,Que dieu, par son pouvoir, de rien a tout formé.Ne craignez donc point la menaceD’un superbe vainqueur qui s’arme contre vous ;Et résistez avec audaceAux barbares transports de son plus fier courroux.

LE JEuNE MACChABEELa mort la plus cruelleNe saurait m’empêcherD’être à mon dieu fidèle.C’est à lui seulement que je veux m’attacher.Qu’on me livre la guerreDans ces funestes lieux,Les grandeurs de la terreNe sauraient éblouir ni mon cœur ni mes yeux.

LA MERE DES MACChABEESCes grandeurs sont trop peu durables.Qu’un bonheur plus solide excite vos souhaits.Les honneurs ici-bas, les biens sont périssables :Mais les trésors du ciel ne tarissent jamais.Le sang vous unit à vos frères.Vous étiez tous les fruits d’un tendre et chaste amour.Il faut encor, par des liens sincères,Que la vertu vous unisse à son tour.Ô mon cher fils, ma plus douce espérance,Servez d’exemple à la postérité ;Et soyez avec eux uni dans la souffrance,Comme vous l’avez tous étéDans le sein qui vous a porté.

LE JEuNE MACChABEENon, non, faîtes trêve à vos larmes.Dans ce péril pressant, que craignez-vous de moi ?Ah ! ne m’offensez plus par d’indignes alarmes.Non, je n’obéis point aux volontés du roi ;Et mon cœur ne trouve des charmesQu’à suivre du seigneur le précepte et la loi.

LA MERE DES MACChABEESÔ vertu que j’admire ! ô trop heureuse mère !Ta constance, mon fils, a calmé mes douleurs.

LA MERE DES MACChABEES ET LE JEuNE MACChABEEBravons le fier tyran, méprisons sa colère.Et cherchons dans la mort la fin de nos malheurs.Versons du sang pour le dieu qu’on révèreSi ce n’est pas assez de répandre des pleurs.

SCèNE VANTIOCHUS, LA MERE DES MACCHABEES, LE JEUNE MACCHABEESMENELAUS, GARDES, TROUPE D’ISRAELITES

ANTIoChuSÀ mes désirs, est prêt à se rendre ?Et faut-il lui donner ou sa grâce ou la mort ?

LE JEuNE MACChABEEFrappe, cruel, c’est trop attendre.Tu peux, quand tu voudras, ordonner de mon sort.Le ciel sera la récompenseD’une âme fidèle au seigneur.Et pour un moment de souffrance,J’espère un éternel bonheur.C’est un dieu qui m’appelle et m’enflamme ;Avec ardeur, j’obéis à sa voix,Tout prêt d’abandonner et mon corps et mon âme

Pour la défense de nos lois.Puisse-t-il, quelque jour, te convaincre en tout lieuÀ confesser toi-même, qu’il est le seul et le vrai dieu.

ANTIoChuSPuis-je encor, juste ciel ! retenir ma colère ?Est-ce là tout le fruit des conseils d’une mère ?Tu refuses, cruel, de te rendre à ses pleurs ?

LA MERE DES MACChABEES ET LE JEuNE MACChABEENon, non, détrompe-toi, barbare.Nous cherchons l’un et l’autre à finir nos malheurs.Et la mort, que pour dieu, ta rage nous prépare,Sera, pour nous, le plus grand des bonheurs.

ANTIoChuSAh ! c’en est trop ! et le dernier outrageM’inspire une juste fureur.La pitié fait place à la rage ;Et je n’ai plus pour vous que mépris et qu’horreur.Qu’ils aillent tous les deux, ces malheureux complices,Après cet insolent transport,Expier leurs forfaits au milieu des supplices.Pour des ingrats comme eux, c’est trop nous faire d’effort.Allez, sans différer, qu’on leur donne la mort.

SCèNE VIANTIOCHUS, TROUPE D’ISRAELITES, GARDES

ANTIoChuSNon, non, ma trop juste colère,Pour eux, ne finira jamais.Que n’ai-je point tenté de fairePour les gagner à force de bienfaits ?De tous les vices d’habitude,Qui corrompent l’homme et le cœur,Il n’en est point qui fasse plus d’horreurQue celui de l’ingratitude.Qu’on m’accuse de cruauté,Que le peuple alarmé tremble, pleure, gémisse,Il faut, par un juste supplice,Mettre mon trône en sûreté.Ôtons leur à la fois les moyens et l’envieDe répandre du sang pour défendre leurs lois :Ils pourraient attenter jusqu’à ma propre vie.Qui ne craint point les dieux, respecte peu les lois.

SCèNE DERNIèREANTIOCHUS, MENELAUS, TROUPE D’ISRAELITES, GARDES

MENELAuSLe sang du fils et de la mèreA lavé votre offense, et satisfait les dieux.

ANTIoChuSPour assouvir notre colère,Allons en repaître nos yeux.

ChŒuR D’ISRAELITESCélébrons du vrai dieu la gloireSon saint nom est partout vainqueur.Des saints martyrs conservons la mémoire.La vérité par eux triomphe de l’erreurEt vient de remporter une illustre victoire.

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JUILLET MUSICAL dE SAInT-HUbErT

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JUILLET MUSICAL dE SAInT-HUbErT 2007

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Jean Tubéry

Passionné par la musique italienne du XVIIe siècle, Jean Tubéry, après des études de flûte à bec aux conservatoires de Toulouse et d’Amsterdam, décide de se consacrer à l’un des instruments les plus appropriés à la faire revivre : le cornet à bouquin.Il suit alors l’enseignement de Bruce Dic-key à la Schola Cantorum de Bâle, dont il obtient le diplôme de concertiste. Il a joué avec les ensembles Clemencic Consort, Clé-ment Janequin, Les Arts Florissants, Colle-gium Vocale de Gand, Concerto Vocale, Hes-perion XXI, Huelgas, Cantus Cölln, Elyma, La Petite Bande, Il Giardino Armonico, etc…

En 1990, il fonde l’ensemble La Fenice, avec lequel il obtient dans la foulée le Premier Prix des Concours Internationaux de Musi-que Ancienne de Bruges et de Malmö. Il a enregistré pour les firmes Ricercar, Accent, Erato, Harmonia Mundi, Sony Classical, Vir-gin, Opus 111, Naïve… ainsi que pour de nombreuses radios et télévisions nationales en Europe, aux Etats-Unis et au Japon.La série discographique « L’héritage de Mon-teverdi » réalisée avec le label Ricercar, a été saluée par la presse spécialisée comme un « évènement majeur dans l’univers du XVIIe siècle... ».

Par ailleurs, Jean Tubéry enseigne le cornet à bouquin et donne des cours d’interpréta-tion au Conservatoire Supérieur – C.N.R. de Paris et au Conservatoire Royal de Bruxel-les. Il est invité à donner des master-clas-ses au conservatoire national de Lyon, du Luxembourg, au Centre vocal européen, au Mannes College de New York, à l’université d’été du Connecticut, à la Case University de Cleveland, à la Schola Cantorum de Bâle, à l’université d’Oxford et à la Musikhochs-chule de Trossingen (Allemagne).

Son intérêt pour le répertoire vocal l’amène également à la direction de chœur, qu’il a étudiée auprès de Hans Martin Linde et Pierre Cao. Il a ainsi été sollicité par des ensembles tels que Jacques Moderne (Tours), Arsys (Vézelay), Dunedin Consort (Edimburgh), Norway Solistenkor (Oslo) et le Chœur de Chambre de Namur dont il est le chef titulaire, sur un répertoire allant de la Renaissance au baroque français du Grand Siècle. Leurs récents enregistrements consa-crés à Giovanni Gabrieli et à Marc Antoine Charpentier ont été qualifiés par la critique de « références dans ce domaine ».

Dans le domaine de la musique scénique, il a été invité à diriger la « Rappresentatione di Anima e Corpo » de Cavalieri au Théâtre Royal de la Monnaie à Bruxelles en 2001.La même année, Jean Tubéry est nommé Chevalier de l’ordre des Arts et des Let-tres par le Ministre de la Culture Catherine Tasca.En 2003, il reçoit avec l’ensemble La Fenice et le Chœur de Chambre de Namur le grand Prix de l’Académie Charles Cros pour les enregistrements « Messe pour la Toison d’Or » de Mateo Romero, et « Trionfi Sacri » de Giovanni Gabrieli.

A l’occasion du quinzième anniversaire de son ensemble La Fenice en 2005, Jean Tubéry a dirigé et mis en espace l’Orfeo de Monteverdi en France, Belgique et Espagne. La même année, Il se voit confié la direction

Les interprètes

artistique du Chœur de Chambre de Namur. A la tête de cette formation et de l’orchestre baroque Les Agrémens, il aborde un réper-toire plus tardif allant jusqu’aux Cantates de Jean-Sébastien Bach, créant l’événement aux Festivals d’art sacré de Lourdes, Paris, Lyon.

Enfin, ses tout derniers enregistrements consacrés à Marc-Antoine Charpentier et Giacomo Carissimi ont été unanimement salués par la presse musicale internationale, reconnaissant en son travail une rigueur musicologique au service d’une inventivité artistique toujours renouvelée.

Les AgrémensDirection : Guy Van Waas

Le Centre de Chant Choral de la Commu-nauté française de Belgique a créé l’ensem-ble Les Agrémens (Orchestre Baroque de Namur) en 1995, afin d’offrir au Chœur de Chambre de Namur, dont la réputation dans le domaine de la musique ancienne est main-tenant bien établie, un partenaire fiable et compétent susceptible de l’épauler dans ses propres productions de musique baroque.

L’ensemble Les Agrémens se réunit ponctuel-lement pour assurer des concerts en Belgi-que comme à l’étranger, seul ou en collabo-ration avec le Chœur de Chambre de Namur et d’autres ensembles, sous la direction de chefs invités de renommée internationale. Dans son recrutement et son fonctionne-ment, l’ensemble Les Agrémens privilégie bien entendu la qualité, en s’assurant de la participation de quelques instrumentistes de très haut niveau, membres des principaux orchestres baroques européens. D’autre part, en adjoignant à ces derniers de jeunes musi-ciens belges, il tente de susciter des voca-tions au sein d’une nouvelle génération d’ar-tistes, en les encourageant à la pratique de la musique ancienne sur instruments d’épo-que et en leur offrant de nouveaux débou-chés dans ce domaine.

JeanTubéry

Réuni une première fois autour de Pierre Cao pour des concerts Haendel en décem-bre 1995, l’orchestre a vu ses prestations unanimement saluées par la critique. L’un de ces concerts a fait l’objet d’une captation en télévision par la RTBF.Les saisons suivantes, l’orchestre s’est pro-duit notamment sous la direction de Pierre Cao (Passion selon St Jean de J.S. Bach), de Frieder Bernius (Messes de J.S. Bach et J.D. Zelenka, Répons de la Semaine Sainte de J.D. Zelenka), de Françoise Lasserre (œuvres pour double chœur et double orchestre de A. Vivaldi), de Florian Heyerick (Die Tages-zeiten de G.P. Telemann), de Wieland Kuij-ken (œuvres de J.C. Bach, A. Caldara, Pas-sion selon St-Matthieu de G.P. Telemann) et de Guy Van Waas (œuvres de W.A. Mozart – Symphonies & Airs de concert – J. Haydn, G. F. Haendel – Aci, Galatea e Polifemo -, G.P. Telemann, J.S. Bach, etc.) et Jean Tubéry (Te Deum de M.A. Charpentier, Cantates de J.S. Bach,…).

En 2001, Guy Van Waas a été nommé chef principal des Agrémens.

Au disque, Les Agrémens ont notamment publié chez Ricercar des enregistrements consacrés à Johann Christian Bach (Gloria in excelsis Deo, dir. Wieland Kuijken), aux compositeurs wallons qui ont brillé à Paris à la fin du 18ème siècle, parmi lesquels Fran-çois-Joseph Gossec (Symphonies, dir. Guy Van Waas) et André-Modeste Grétry (Airs & Ballets, dir. Guy Van Waas), ainsi qu’au Te Deum de Marc-Antoine Charpentier dir. Jean Tubéry).

L’orchestre prépare pour les saisons à venir d’autres projets d’enregistrement, ainsi qu’une première production d’opéra.

Les Agrémens bénéficient du soutien de la Communauté française Wallonie-Bruxelles (service de la musique et de la danse), de la Loterie Nationale, de la Ville et de la Pro-vince de Namur.

Chœur de Chambre de NamurDirection : Jean Tubéry

C’est en 1987 que le Centre de Chant Cho-ral de la Communauté française de Belgi-que a créé le Chœur de Chambre de Namur (ensemble vocal de la Communauté française de Belgique).

Cet ensemble à géométrie variable se com-pose de 12 à 24 choristes qui travaillent sous la direction de leur chef titulaire, Jean Tubéry, ou de chefs invités prestigieux tels que Eric Ericson, Erik van Nevel, Louis Devos, Marc Minkowski, Timothy Brown, Kenneth Mont-gomery, Pierre Cao (chef principal de 1992 à 1995), Jean-Claude Malgoire, Denis Menier (chef principal de 1995 à 1999), Simon Hal-sey, Sigiswald Kuijken, Peter Phillips, Pierre Bartholomée, Patrick Davin (co-directeur artistique de 2002 à 2005), Roy Goodman, Michael Schneider, Philippe Pierlot, Philippe Herreweghe, Jordi Savall, etc.

Dès sa création, le Chœur de Chambre de Namur a pu aborder de grandes œuvres du répertoire choral (oratorios de Haendel, messe, motets et passions de Bach, Requiems de Mozart et Fauré, œuvres contemporai-nes…) tout en s’attachant à la défense du patrimoine musical de sa région d’origine (concerts et enregistrements consacrés à Lassus, Rogier, Hayne, Fiocco, Gossec, Gré-try,…). Le Chœur de Chambre de Namur s’est produit au sein de festivals réputés : en Belgique, bien entendu (Festivals de Wal-lonie et de Flandres,…), mais aussi en France (Centre de Musique Baroque de Versailles, Festivals d’Ambronay, de Pontoise, du Vieux Lyon, Folle Journée de Nantes,…), en Espa-gne (Lerida, Salamanca, Barcelona, St-Jac-

ques de Compostelle,…), ailleurs en Europe (Prague, Budapest, Amsterdam, Innsbruck, Varsovie, Rovoreto,…) ainsi qu’au Canada et aux Etats-Unis. Il a également à son actif une trentaine d’en-registrements réalisés par les firmes Ricer-car, Erato, Deutsche Harmonia Mundi, Vir-gin, Cyprès, Eufoda, K617 et Astrée-Auvidis. Ces disques ont été grandement appréciés par la critique (nominations aux Victoires de la Musique Classique à Paris, Choc du Monde de la Musique, Diapason d’Or, Joker de Cres-cendo, 10 de Classica-Répertoire, Prix Ceci-lia,…). Le Chœur de Chambre de Namur s’est également vu attribuer le Grand Prix de l’Académie Charles Cros en 2003 et le Prix Liliane Bettencourt 2006, décerné à Paris par l’Académie des Beaux-Arts.

Le Chœur de Chambre de Namur s’est produit avec l’Orchestre Philharmonique de Liège, l’Orchestre National de Lille, le Koninklijk Filharmonisch Orkest van Vlaanderen, Concerto Armonico Buda-pest, le Ricercar Consort, La Grande Ecu-rie et la Chambre du Roy, La Petite Bande, Les Musiciens du Louvre, les Amsterdamse Bach Solisten, l’ensemble La Fenice, La Sta-gione Frankfurt, les Talens Lyriques et l’en-semble Les Agrémens. Pour les prochaines saisons, diverses collaborations sont pré-vues avec, entre autres, Christophe Rous-set, Guy Van Waas, Paul Dombrecht et Eduardo López Banzo.

Réalisé avec l’aide de la Communauté fran-çaise Wallonie-Bruxelles, Direction Géné-rale de la Culture, Secteur de la Musique. Le Chœur de Chambre de Namur bénéficie également du soutien de la Loterie Nationale, de la Ville et de la Province de Namur.

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JUILLET MUSICAL dE SAInT-HUbErT

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JUILLET MUSICAL dE SAInT-HUbErT 2007

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