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LES ÉCO SUPPLÉMENTS - MAI 2016 CE SUPPLÉMENT NE PEUT ÊTRE VENDU SÉPARÉMENT SUPPLÉMENTS DRÂA - TAFILALET nouveau pôle économique DRÂA TAFILALET LA CARAVANE DES RÉGIONS DU MAROC ÉTAPE 4

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LES ÉCO SUPPLÉMENTS - MAI 2016 CE SUPPLÉMENT NE PEUT ÊTRE VENDU SÉPARÉMENT

SUPPLÉMENTS

DRÂA-TAFILALET

nouveau pôleéconomique

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Drâa-Tafilalet a rarement été sous lefeu des projecteurs. Pourtant, sonétendue géographie, ses atouts etson potentiel font d’elle l’une des

régions les plus en vue du royaume. Il suffitde rappeler que la province de Ouarzazateabrite un des projets phares de ces dernièresannées, en l’occurrence la centrale solaireNoor. L’inauguration de la phase 1 a fait en-trer la région dans le club très select des ré-gions productrices d’énergies renouvelables.Au-delà, ladite région regorge d’opportunitésd’investissements dans plusieurs secteursd’activités. Tourisme, agriculture oasienne,produits du terroir, mines, cinéma, artisanat…plusieurs secteurs d’activité peuvent pren-dre de l’ampleur dans l’économie de la régionà condition de les inscrire dans une visionglobale qui prend en considération les spé-cificités et contraintes de chaque compo-sante. Néanmoins, la région, nouvellementcréée par le nouveau découpage territorial(Drâa de l'ancienne région Souss-Massa-Drâa et Tafilalet de l'ancienne région Mek-nès-Tafilalet) fait face à de nombreux défis.Le premier est démographique : le taux d’ac-

croissement de la population est de moinsd'1%, avec une concentration de la popula-tion dans les zones rurales (65,7%). À cela,s’ajoute un taux d’analphabétisme élevé,surtout chez les femmes (45,1%). Sur le plande la production de la richesse, la région dis-

pose d’un PIB de 27 MMDH. Drâa-Tafilalet ar-rive ainsi à la neuvième place sur les 12 ré-gions du Maroc ; sa part dans le PIB nationalne dépasse pas 3,3%. De facto, le PIB par ha-bitant est le plus faible du royaume avec16.021 DH. Cela dit, la croissance dynamique

de la région durant la décennie 2000 avecune croissance de 5,8% permet d’espérer undécollage économique dans les années àvenir. Pour y arriver, ladite région prépare unplan d’action de développement régional

pour lancer un nouveau cycle de développe-ment juste et global. Ce plan d’action consti-tuera un contrat avec tous les partenaires,qu’ils soient citoyens, établissements publicsou des intervenants privés et partenairesétrangers. En termes de priorités, la réalisa-tion des infrastructures routières pour dés-enclaver la région et drainer de nouveaux in-vestisseurs arrivera certainement enpremier lieu. l

Vers un développement juste et global

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DOSSIER RÉALISÉ PAR SALAHEDDINE LEMAIZI & TARIK HARISommaire

Nouvelle région, nouveaux défis 4Plan d’action : Les priorités de 2016 6La région en chiffres 7Interview : Lahbib Choubani, président du Conseil régional de Drâa-Tafilalet 8-9Agriculture : Que planter en terres arides ? 10Secteur minier : Les nouveaux gisements de croissance 11Tourisme : Se réinventer ou périr 12Interview : Bouchaib Erraziki, directeur du Centre régional d’investissement (CRI) de Drâa-Tafilalet 13Industrie cinématographique : Un potentiel sous-exploité 14Interview : Abdellatif El Ansari, président régional de la CGEM Drâa-Tafilalet 15L’opérateur de la région : Acwa Power développeur de Noor Ouarzazate 16Interview : Mohamed El Ansari, président de la Chambre de commerce, d’industrie et de services de la région Drâa-Tafilalet 17La lutte contre la pauvreté, un défi régional 18La région se prépare au changement climatiqueInvestissement, le secteur public en éclaireur 19

Née du nouveaudécoupage territorial,cette régionaffiche de grandesambitions.

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sont nombreux, la région faisant face àde nombreux défis.

Désenclavement «La région Drâa-Tafilalet est en effet unerégion nouvellement créée, ce qui veutdire que sur le terrain, nous n’avons héritéde rien, ni même sur le plan administratifou encore logistique», expliquait LahbibChoubani, président du Conseil de la ré-gion le 28 février dernier (cf.www.le-seco.ma). Pour lui, il faut d’abord désen-claver la région à travers la mise en placed’une politique d’accessibilité routière etaérienne. Sur le plan routier, plusieursprojets sont attendus pour améliorer laconnectivité de cette région. Il en estainsi de la double voie reliant Meknès àErrachidia et Zagora, des routes reliantOuarzazate à Demnate et Tinghir à BeniMellal. Certes, ce sont des programmescoûteux sur le plan budgétaire, mais in-contournables pour rendre ladite régionplus viable. L’exemple le plus édifiant estcelui du réaménagement de la «route 9»reliant Ouarzazate à Marrakech. Avec uncoût d'1,7 MMDH, la mise à niveau de

cette route de 175 km comprend notam-ment un dédoublement à la sortie deMarrakech et à l'entrée de Ouarzazate,une troisième voie pour les poids lourdssur les sections à fortes pentes et laconstruction de 18 ouvrages d’art. Àterme, ce projet devrait réduire sensible-ment les accidents mortels, surtout auniveau du col de Tichka, puis jeter lesponts entre deux pôles touristiques, enl’occurrence Marrakech et Ouarzazate.Sur le plan des liaisons aériennes, le ta-bleau n’a rien de reluisant. Les fré-quences aériennes sont en effet jugéesinsuffisantes par les opérateurs touris-tiques qui pointent aussi du doigt lacherté des prix, ce qui réduit l’attractivitéde la région. Selon Lahbib Choubani, laquestion fait partie des priorités de sonconseil et une solution ne tardera pas àvoir le jour. «Nous avons travaillé avec leministre de l’Équipement et du transportainsi qu'avec Royal Air Maroc pour la si-gnature d’une nouvelle convention. Elleprévoit la liaison des trois aéroports (Er-rachidia, Ouarzazate et Zagora) avecMarrakech. Par cette convention, les vols

Le nouveau découpage territoriala donné naissance à une nou-velle région : Drâa-Tafilalet. Unnouveau conglomérat puisque

Drâa appartenait dans l’ancienne orga-nisation administrative à la régionSouss-Massa, tandis que Tafilalet rele-vait précédemment de la région deMeknès. Pour la Commission consulta-tive de la régionalisation, «les associa-tions précédentes dans un même en-semble entre des zones trop inégalesn’ont pas été génératrices d’avantagestangibles (à l’image du Tafilalet, vucomme une annexe lointaine du Saiss etdes régions du Dra’a qui n’ont pas de rai-son d’être rattachées au Souss)». L’idéedonc est de créer une nouvelle régionavec des composantes qui ont lesmêmes atouts et font face aux mêmesdifficultés pour enclencher une dyna-mique de développement. Le résultat estune région de taille moyenne qui s’étalesur 132.167 km2, abrite 1.392.501 habi-tants et regroupe les villes de Ouarza-zate, Midelt, Tinghir, Zagora avec Erra-chidia comme chef-lieu. Déjà les défis

vont couvrir toute la semaine pour Erra-chidia et Ouarzazate, tandis que pour Za-gora, le nombre de vols sera porté à 4.Côté prix, le prix du billet sera de 500 DHau lieu de 600 DH. C’est la région qui vasupporter cette différence (100 DH parbillet)», a ajouté le président de la région.

Investissement L’autre défi que ce dossier inscrit en têtedes priorités du Conseil régional est l’in-vestissement. La région regorge d’oppor-tunités d’investissements dans plusieurssecteurs d’activités. Tous les acteurs dela région s’accordent en effet à dire quecelle-ci dispose d’une plateforme écono-mique à même de permettre d’enclen-cher une dynamique de développementet de création de richesses. Tourisme,agriculture oasienne, produits du terroir,mines, cinéma, artisanat…Plusieurs sec-teurs d’activité peuvent prendre de l’am-pleur dans l’économie de la région àcondition de les inscrire dans une visionglobale qui prenne en considération lesspécificités et contraintes de chaquecomposante. Ainsi, s’agissant de l’agri-culture, les opérateurs économiquesexigent une valorisation des produits lo-caux, en particulier ceux du terroir. Er-foud, qui abrite chaque année le Saloninternational des dattes, peut constituerune plateforme importante à ce niveau.Les ksours et kasbahs de la région, sa ri-chesse culturelle, ses oasis sont d’autresatouts à mettre en avant pour «vendre»la destination aussi bien à l’étranger quesur le plan national. Ceci passe par despré-requis de base : augmenter la capa-cité d’accueil de la région, améliorer saconnectivité, investir dans la formationprofessionnelle pour mettre à sa dispo-sition une main-d’œuvre qualifiée…Autre atout de cette région, le 7e art !Plusieurs villes de ladite région, Ouarza-zate en tête, sont devenues les sites detournages pour de grandes productionsétrangères, favorisant l’émergence d’uneindustrie qui est en plein essor. L’indus-trie minière n’est pas en reste et de-meure un potentiel sous-exploité. Imi-der, Imini, Bouaâzer, Bleida…Plusieursmines de la région regorge de richesses(manganèse, cobalt, argent, nickel,plomb…) peuvent se traduire par des re-tombées économiques et sociales nonnégligeables sur la région si elles sontmieux exploiter. Dans tous ces secteurs,le potentiel et les opportunités sont là :il suffit de les valoriser pour attirer lesinvestisseurs. l

Nouvelle région, nouveaux défisw Issue du nouveau découpage territorial, Drâa-Tafilalet est une région où tout reste à faire.Infrastructures, routes, liaisons aériennes...Un coup d’accélérateur est nécessaire pour mettre cetterégion sur les rails du développement.

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le wali de la région Drâa-Tafilalet et gouver-neur de la province d'Errachidia, MohamedFanid, les gouverneurs des provinces deMidelt, Ouarzazate, Zagora, Tinghir, lesélus…Ledit plan, doté d’une enveloppe de304,6 MDH, prévoit le lancement de plu-sieurs projets durant cette année. Sur le

plan économique, l’accent a été mis surl'appui aux entreprises dans la région,l'aménagement de routes et de circuitstouristiques dans le milieu rural et l'organi-sation des zones d'activités économiques(8 MDH). Il s'agit aussi de redynamiser lesmarchés de gros, créer des zones pour desactivités traditionnelles et artisanales(5 MDH), attirer les investissements,renouveler l'accord relatif au trans-port aérien (15 MDH) et améliorerl'économie sociale et la commercia-lisation des produits de la région (5MDH). Côté formation, il s’agit decréer des centres régionaux pour laformation, la formation continue etl'emploi (10 MDH), tandis que le do-maine du développement rural seraaxé sur la promotion des activités non agri-coles (5 MDH) et le développement intégréen milieu rural (126 MDH). La culture n’estpas en reste avec la préservation des sitesarchéologiques, le soutien des festivalsculturels et la création d'institutions œu-vrant dans le domaine artistique (10 MDH).Le volet environnemental est égalementcouvert par ce plan d’action, qui prévoitl'aménagement et la gestion des parcs ré-

Lors de sa session ordinaire de marsdernier, tenue à Errachidia, le Conseilde la région Drâa-Tafilalet a adoptéson plan d’action pour l’année en

cours. Tous les acteurs régionaux ont prispart aux travaux de cette réunion : LahbibChoubani, président du Conseil de la région,

gionaux, l'élaboration d'une stratégie régio-nale pour l'économie de l'énergie et de l'eauainsi que la promotion des initiatives liéesaux énergies renouvelables (10 MDH).Dans le domaine du développement éco-nomique, l'action portera sur l'améliorationde l'attractivité des secteurs territoriaux etle renforcement de la compétitivité (10MDH). Concernant le secteur de l'emploi,l'accent sera mis sur le soutien des projetsgénérateurs de revenus (5 MDH), tandisque pour le domaine du développementrural, il sera procédé au soutien au camping(5 MDH), au développement des zones oa-siennes (5 MDH) ainsi qu'au soutien logis-tique (5 MDH). Le secteur de la recherchescientifique, quant à lui, portera pour sapart sur le financement de projets scienti-

fiques (10 MDH) alors que le domaine dutourisme sera axé sur la réhabilitation dessites touristiques (5 MDH). Enfin, s'agissantdu développement social, il sera procédé àla signature d'un accord de partenariat, desolidarité et de soutien social (12 MDH),outre la contribution à la réhabilitation ducentre de la région (plus de 19 MDH) et laconstruction du siège du Conseil régional(plus de 33 MDH). l

Les priorités fixées pour 2016Développement

w Le Conseil de la région Drâa-Tafilalet a approuvé le projet du plan d'action au titre de l'année 2016.Doté d’un budget de 304,6 MDH, il couvre plusieurs secteurs socio-économiques. Un appui aux entreprises localeset l’amélioration des infrastructures sont aussi au programme.

Marchés de gros, ZI,centres de formation,activités agricoles...les projets.

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LA RÉGION EN CHIFFRESwDrâa-Tafilalet est dotée d’un gros potentiel économique dans les secteurs de l’agriculture, l’énergie et le tourisme.

Coup de projecteur sur les principaux indicateurs de la région.

Population1.635.008 habitants

4,8% de la Population nationale

Population active

63,4% âgées entre 15-59 ans

Taux d’urbanisation34,3%

Langues48,8% parlent en Tamazigh

29,9% le Tachilhit

Taux d’analphabétisme 34%

132.167 km2

18,5% de la superficie du royaume

5 provinces : Errachidia, Midelt, Ouarzazate, Tinghir et Zagora,

16 communes urbaines et 109 communes rurales

Part dans le PIB national(27 milliards de DH)

15.600 DH

1,2 MMDHInvestissements publics (infrastructures et éducation)

2,2 MMDHInvestissement des Etablissements et entreprisespublics (2% de la part nationale)

304,6 MDHPlan d'action 2016

126 MDHAppui au monde rural

15 MDHAppui à la desserte aérienne

10 MDHAppui à la formation continueet à l’emploi

8 MDHAppui aux opérateurs privés

10 MDHAppui à l artisanat et à l économie solidaire

3,3%

Part dU secteur primaire

Part dU secteur secondaire

PIB par Habitant(27.350 DH moyenne nationale)

Ouarzazate

Errachidia

Indicateurs administratifs

Indicateurs démographiques

Indicateurs économiques

Part dU secteur tertiaire

Plan de développement de la région

75%19%6%

structure du PIB régional

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«Tout reste à faire !»l Infrastructures, industrie, transport, services....les chantiers sont nombreux. Le plan dedéveloppement régional de Drâa-Tafilalet devrait être fin prêt d’ici fin juin prochain.

LAHBIBCHOUBANIPrésident du Conseil régional de Drâa-Tafilalet

Quels sont les principaux atouts de la ré-gion que vous présidez ?Contrairement à ce que l’on peut penser,la région Drâa-Tafilalet est une régionriche en ressources naturelles, lesquellesfont l'objet d'une compétitivité à l'échelleinternationale. Sur le plan touristique, larégion occupe une place très importanteau niveau national. Plusieurs facteurs etbeaucoup de richesses (agricoles, éner-gétique, minières, etc.) font de la régionune force compétitive. Exception faite duphosphate, la région dispose de près de50% des ressources minières au niveaunational. En matière d’énergie solaire, parexemple, il est clair que la région occupeaujourd’hui une place très importante,notamment sur le plan international. Laproblématique qu’il y a -etc’est là que réside le défi-c’est que la région n’est pasencore reliée aux autres ré-gions du pays par le biais,notamment, d'un réseauroutier facilitant l'accès. Demême, la région Drâa-Tafila-let ne dispose pas encored’un transport aérien qui soitau niveau des richesses dontelle dispose. Côté gouvernance, il fautsavoir que les richesses naturelles sontextraites dans cette région, mais ellessont acheminées vers d’autres régionspour y être traitées. Cela signifie que lavaleur ajoutée de ces ressources ne se

lement. Ce centre pourra aussi donnerson avis sur les contraintes et les problé-matiques rencontrées. Cela permettrad’aboutir à un plan d’action qui sera basésur des indicateurs scientifiques.

Où en êtes-vous dans la préparation duplan de développement régional ?La situation de la région Drâa-Tafilalet estexceptionnelle. Le directeur du CRI a éténommé il y a tout juste deux mois, ce quiveut dire que cette situation institution-nelle ne nous permet pas encore d’avoirde données statistiques au niveau duconseil de la région. Nous sommes ac-tuellement à l’œuvre pour la mise enplace d’un plan d’action concerté. Unecommission technique régionale, com-posée d’ingénieurs provinciaux, travailleen étroite collaboration avec le conseilrégional pour l’élaboration de ce plan dedéveloppement régional. Nous pensonsque le projet devrait être fin prêt d’ici finjuin ou début juillet. Dès que le projet seraficelé, nous allons inviter les experts etchercheurs de la région à y adjoindreleurs avis. Nous le voterons ensuite auconseil de la région avant de le soumet-tre au roi Mohammed VI en 2017. Il est ànoter que plusieurs dossiers sont priori-taires pour nous. Comme je l’ai souligné,il y a des ressources naturelles dans larégion. Mais il y a aussi des difficultés,notamment le déficit lié à l’enclavement.Trouver des solutions aux problèmes de

ressent pas au niveau local. Or, tout celaconstitue des contraintes pour la région,laquelle est pourtant connue par sescompétences et ses richesses.

Justement, y a-t-il une vision chiffrée dupotentiel de Drâa-Tafilalet ?La région Drâa-Tafilalet est une région ré-cemment créée. Nous partons doncd’une structure qui est nulle. Les donnéesdisponibles aujourd’hui sont des donnéesprovinciales. Pour l’heure, la collecte deces données et leur rassemblement dansle cadre d’une vision régionale n’est pasencore possible, ce qui constitue un pro-blème. En effet, il n’y a pas encore de vi-sion chiffrée de la région Drâa-Tafilalet.C’est pourquoi nous avons invité les ex-

perts et chercheurs de la région à menerune réflexion sur la mise en place d’uncentre d’études qui sera dédié à celle-ci.Ce centre pourra nous aider à concrétiserune vision chiffrée de toutes les richessesnaturelles de notre région, mais pas seu-

la région, c’est surtout apporter des so-lutions aux problèmes des transportsaérien et routier. Il y a aussi le dossierfoncier sur lequel nous travaillons. Il est àsouligner que Drâa-Tafilalet figure parmiles régions disposant d’une réserve im-portante en terres collectives, mais ellen'en profite pas encore. Nous préparonsd'ailleurs l’organisation d'une rencontrerégionale pour débattre de ce dossier dufoncier. Dois-je le souligner, le loyer deces terres, aujourd'hui, n'incite pas les in-vestisseurs à venir car les prix restenttrès élevés. Il faut donc une logique inter-médiaire à même de protéger cette ri-chesse foncière pour l’exploiter dans lecadre des investissements. D’où l’intérêtde ce forum régional, qui sera organiséprochainement.

Cela signifie-t-il que vous avez besoin deplus de temps pour pouvoir faire aboutirce plan d’action ?Effectivement, nous avons besoin de plusde temps. Nous n'avons toujours pas dedirecteurs de services au niveau de la ré-gion. Les offres de concours seront bientôtlancées pour recruter les chefs et direc-teurs des différents services. Ceci dit,nous avons quand même une idée sur lesaxes généraux du plan de développementrégional de Drâa-Tafilalet. Le premier axeest relatif, notamment, aux principales ri-chesses sur lesquelles nous devons tra-vailler. Le deuxième axe est, lui, lié aux ré-

Une réforme estnécessaire,notamment enmatière de fiscalitélocale.

formes devant être entreprises pour que ces richessesnaturelles puissent constituer une valeur ajoutée pour larégion. En termes de richesses minières, par exemple, 50%des richesse nationales se trouvent dans la région Drâa-Tafilalet. Cependant, le problème est que nous ne dispo-sons pas aujourd'hui de la traçabilité de cette richesse mi-nière qui quitte la région. Certes, elle est extraite ici maiselle est acheminée vers d’autres régions pour y être traitée.La réflexion aujourd’hui consiste à renforcer le système decontrôle. Dans la région Drâa-Tafilalet, il n’y a pas deBourse contrôlant ce que l'on y extrait, comme minerais.Aujourd’hui, qu’il s’agisse de l’or, du cuivre, du cobalt ou dela barytine, ces minerais sont certes extraits de cette ré-gion, mais ils sont transportés vers d’autres régions dupays. Il faut dire qu'à lui seul, ce dossier montre l’ampleurdes failles qui se situent au niveau des systèmes régle-mentaire, organisationnel et institutionnel, auxquelles ilfaudrait remédier pour que la région puisse enfin bénéficier

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investisseurs doivent aussi bénéficier de leur activité,quelle qu’elle soit. Cependant, il faut aussi que la com-mune et le citoyen puissent en profiter. Cette équationest aujourd’hui déséquilibrée dans le domaine minier.

En quoi consistera votre stratégie pour attirerdes investissements dans la région ?Nous devons faire face à toutes les contraintes qui n'inci-tent pas les investisseurs à venir s'installer dans la région.Le premier dossier sur lequel nous travaillons actuellementest celui de la convention de transport aérien, laquelle serasignée avec RAM. On doit d’ailleurs la ficeler très prochai-nement. Il faut dire que ce problème de transport aérienest un réel problème. Il y a aussi la question de la recherchescientifique. Il s'agit là d'un dossier très important. En effet,la région a beaucoup de ressources naturelles, et nous es-timons que nous devons aussi travailler sur ce dossier dela recherche scientifique et de l’université. l

de ses richesses. Notons que la province d’Errachidia, àelle seule, exporte près d’une tonne de barytine. Cette ma-tière est utilisée dans l’industrie chimique (pour fabriquer,par exemple, de la peinture). Elle a une grande valeur, maisson impact sur la province reste très faible. Soulignonsque, pour une tonne d’or, la commune perçoit seulement3 DH, et 1 DH pour une tonne de barytine. Il est de l’intérêtde l’État que ces richesses soient gérées de manièretransparente et avec une bonne gouvernance afin qu’il yait un impact sur les communes et sur les citoyens.

Que préconisez-vous ?Une réforme est nécessaire, notamment en ce quiconcerne la loi fiscale locale. La région ne peut pas conti-nuer à attendre l’aide de l’État et les fonds de solidaritépour vivre. La région a ses richesses, et ces dernièresdoivent être réglementées et organisées pour quemême l’investisseur puisse en profiter. Il est clair que les

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Valeur ajoutéeLa région de Drâa-Tafilalet est en effetcaractérisée par une diversité agro-éco-logique favorable pour le développementd’une large gamme de productions spé-cifiques et à haute valeur ajoutée. Eneffet, la zone du Tafilalet, à titre d’exem-ple, permet la culture de dattes noblestelles que le mejhoul, le boufeggous, lehenné, le gombo, les plantes aroma-tiques et médicinales ainsi que l’élevaged’ovins de race D’man, connue pour saprolificité et l’élevage de l’abeille jaunesaharienne. La situation de la zone per-mettrait également le développementd’un label bio et de produits de terroir.L’agro-industrie constituerait aussi unpôle prometteur pour les investisse-ments futurs compte tenu de la diversi-fication et de la qualité des productionsagricoles de la zone. Il faut savoir que larégion a déjà une expérience notable enmatière d’investissement agricole. Eneffet, plusieurs investisseurs ont jeté leurdévolu sur la région en créant des exploi-tations modernes de palmiers dattiers,de pommiers et d’oliviers, des unités deproduction d’élevage intensif et l’exploi-

tation des plantes aromatiques et médi-cinales…autant d’expériences réussiespar les investisseurs dans la région. «Larégion regorge de potentialités naturellesimmenses et elle présente des opportu-nités d’investissement à saisir, surtoutdans ce territoire encore vierge. Le rôledes opérateurs économiques est de va-loriser ce potentiel pour permettre lacréation de la richesse et de l’emploi»,précise le directeur du CRI.

Menaces Néanmoins, l’agriculture oasienne dansla région est guettée par plusieurs me-naces. Ce n’est un secret pour per-

Le Centre régional d’investisse-ment de Drâa-Tafilalet a réaliséun diagnostic des secteurs por-teurs de la région (voir p.13). En

dressant l’état des lieux, trois pôles éco-nomiques ressortent comme les piliersdu développement régional : l’agriculture,les mines & énergie et les services (tou-risme, industrie culturelle..). Le patron duCRI, Bouchaib Erraziki, estime que l’agri-culture peut constituer un véritable levierde développement. «Notre territoire sespécialise dans des niches à haute va-leur ajoutée commerciale, telles que lavariante des dattes «majhoul». D’ailleurs,depuis le lancement du Plan de dévelop-pement de la filière, la région d’Erfoud aconnu un flux massif d'investissements.Plus de 25.000 hectares de palmiersdattiers ont été plantés», indique-t-il. Enplus de ce produit phare, la région re-gorge des produits du terroir. Les filièresdu henné, de la rose du Grand Atlas à Ke-laat M'gouna et de la poterie à Mideltpermettent le développement écono-mique de ces zones ainsi que la créationd’une richesse partagée par les popula-tions locales.

sonne, la situation des oasis du Sudmarocain est critique et tous les fac-teurs préfigurent une accélérationconsidérable des effets de la désertifi-cation avec la dégradation des oasis,dont le rôle social, écologique et écono-mique est majeur pour la région. Le dé-partement de l’Urbanisme, qui cha-peaute la stratégie d’aménagement etde développement des oasis au Maroc,avait dressé un constat alarmant : l’ag-gravation de la pénurie d’eau qui résulted’un déséquilibre entre la capacité dumilieu et l’augmentation des besoins ;le gâchis des ressources en eau dû à lasuccession de la sécheresse et à lamultiplication anarchique du pompageautour des anciennes palmeraies ; les2% d’espaces cultivés sont malmenéspar le surpompage des nappes ; lesprélèvements effectués par les nou-velles exploitations installées en péri-phérie des palmeraies s’effectuent audétriment de la palmeraie. Consé-quence, les superficies cultivables ontbaissé de plus de 20%, les productionsde 16%, les niveaux d’intensification de45% et le palmier dattier a vu sa pro-duction chuter de 34%. Le ministère amis en place plusieurs actions pour li-miter les dégâts. Entre autres pistesexplorées, la reconversion progressivede l’agriculture oasienne par l’agricul-ture paysagère et le développement del’agriculture-bio ; l’action sur toutes lesformes de gâchis de l’eau, en inversantla posture par la dotation selon la de-mande et selon les vocations dechaque bassin ; la réduction de la pres-sion démographique au niveau de lapalmeraie par la consolidation des cen-tres en termes de services publics etde services d’intérêt économique gé-néral pour qu’ils assurent un emploi deproximité et deviennent des lieux deproduction de la valeur ajoutée ; la sau-vegarde des écosystèmes et la préser-vation de la biodiversité en mobilisantla coopération internationale… l

Que planter en terres arides ?Agriculture

w Erigée en premier pôle de développement de la région par le CRI, l’agriculture oasienne regorge deniches à haute valeur ajoutée. Produits du terroir, palmier-dattiers, pommiers...mais plusieurs défisrestent à relever, notamment celui de l’eau et la lutte contre la désertification.

Sidattes, une vitrine internationale

Suite à des directives royales, le Salon international des dattes (Sidattes) se tient chaque année à Erfoud de-puis 2010. Depuis, ce rendez-vous incontournable pour la filière est devenu un espace privilégié pour mettreen exergue l'agriculture oasienne, ses enjeux et ses défis. C’est aussi un espace de débat pour répondre à laquestion de développer tous les sous-secteurs liés à l'écosystème oasien. «Ce Salon représente la principalevitrine de la filière dattière et le témoin de son progrès continu, du professionnalisme croissant de ses acteursainsi que de son évolution vers une véritable activité économique et sociale prometteuse dans la région»,indique Bachir Saoud, le président du Sidattes.

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Les ÉCO Suppléments - mai 2016 XI

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valorisation et la recherche scientifique. Elles sont lesdeux pistes du développement pour ce secteur dans lesannées à venir. Les opportunités d’investissement exis-tent dans la cartographie, les études géologiques, géo-

40%des permis d’exploitation au Marocsont délivrés à Drâa-Tafilalet, horsphosphate. L’industrie extractive

dans la région est classée en quatrième position auMaroc. Entre 1998 et 2009, la valeur ajoutée régionaliséedu secteur représente 6% du secteur au Maroc, aprèsBéni Mellal Khénifra (57%), Marrakech-Safi (26,4%) etLaâyoune-Saguia El Hamra (8,2%). Malgré la richesse dusol de la région, la valorisation fait toujours défaut.

Valorisation et recherche scientifique Le potentiel minier de la province de Ouarzazate se com-pose du manganèse, barytine, fer oligiste, cobalt et sel.211 permis de recherche ont été délivrés. 12 sociétéssont présentes dans la région. Le secteur dans cetteprovince emploie 1.650 personnes, dont la majorité tra-vaille dans les mines de Bouazar et Imini. À Tinghir, lesecteur minier joue un rôle primordial en parallèle avecle secteur d’Artisanat dans le développement écono-mique de la province. La province de Tinghir disposed’une mine d’argent à Imider qui constitue la plus grandemine du royaume pour l'extraction et la valorisation duminerai d'argent. Le gisement d’Imider est exploité parla Société métallurgique d’Imider (SMI) filiale de la So-ciété nationale d’investissement (SNI). La provinceabrite aussi d’autres métaux tels que le zinc, le plomb,barytine, pyrophyllite qui sont exploités sous autorisationet en utilisant des moyens traditionnels. Dans le territoirede la province de Zagora, les permis de recherche sontau nombre de 142 et les permis d’exploitation ont atteint41. Les six opérateurs miniers en activité dans la pro-vince emploient 62 personnes. Ils exploitent des minesde barytine et de fer oligiste. Le diagnostic du Centre ré-gional d’investissement (CRI) du secteur minier montreque la création d’emplois et la valeur ajoutée sont enchute par rapport aux secteurs de l’Énergie et l’Agricul-ture. Pour renverser cette tendance, le CRI insiste sur la

physiques et géochimiques. L’ingénierie minière estégalement un secteur porteur pour améliorer la valori-sation. Le transport, la logistique et le marketing dans lesecteur sont également à améliorer, selon le CRI. l

Secteur minier,les nouveauxgisementsde croissancew Selon le CRI, la création d’emploiset la valeur ajoutée sont en baissedans le secteur minier. L’ambition estde revaloriser le potentiel existant.

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XII Les ÉCO Suppléments - mai 2016

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voir le jour», regrette le directeur du CPT. Ils’agit d’investissements qataris ou natio-naux (Ouarzazate Lake City, valorisationdes kasbahs). La relance de la destinationà l’ordre du jour dans la profession.

Exister sans Marrakech Le CPT a présenté un diagnostic de la si-tuation, lors d’une journée consacrée à lapromotion de l’investissement dans larégion, le 9 mai 2016. Il ressort que letourisme régional traîne de nombreusesdifficultés. En plus du manque d’investis-sements, le secteur souffre de difficultéspour accéder aux crédits, du manque depromotion de la destination, d'absenced’animation et de la désorganisation dusecteur. À cela s’ajoutent des donnéesstructurelles comme l’enclavement de larégion et le manque de liaisons aé-riennes. «Ces éléments ont conduit à ladégradation de la prestation dans le sec-teur», note le CPT dans son diagnostic. Après cet état des lieux, l’heure est à larelance. «Le tourisme est un secteurtransverse qui dynamise toute l’écono-mie locale, notamment à Ouarzazate,Zagora, M'hamid El Ghizlane, Erfoud,Taouz», rappelle le CRI. L’objectif est defaire de Ouarzazate une destination àpart entière au lieu d’être un complémenttouristique pour Marrakech. «La destina-tion est en train de connaître une muta-tion profonde vers sa qualification endestination touristique à part entière et

même pourvoyeuse de richesses versles zones touristiques avoisinantes»,souhaite le CRI. La priorité est de valoriserla vocation d’un tourisme culturel et depatrimoine (kasbah, oasis et ksour) ainsique le tourisme écologique et naturel(zones de montagnes, zones oasis,zones classées RAMSAR et dunes de sa-bles). Le nouveau découpage régionalest une opportunité pour la destination.L’offre régionale a été renforcée par lesdestinations d’Errachidia et Midelt. Le pa-trimoine d’Errachidia est constitué demonuments historiques d’une part, avecles vestiges de Sijilmassa, le MausoléeMoulay Ali Cherif, et d’autre part les ksour(Ksar el Fida, Ksar oulad Abdelhalim, KsarAbouaam, Ksar Maadid, Ksar Meski).Pour le amateurs de tourisme désertiqueet oasien, la ville d’Errachidia permet departir à la découverte des dunes de sablede Merzouga, le village pittoresque, le site

Avec -27% des nuitées enregis-trées dans les hôtels classés et-24% des arrivées dans cesétablissements en 2015, Ouar-

zazate a clôturé une nouvelle année dansle rouge. Cette contre-performance duredepuis 2009. Le taux d’occupation est fai-ble, il a atteint la moyenne de 21%, avecune durée du séjour ne dépassant pas lejour et demi. Au Centre régional d’inves-tissement (CRI) Drâa-Tafilalet, on préfèreparler de «difficultés». «Le secteur neconnaît pas de crise, il s’agit de difficultésconjoncturelles, en lien avec le contexterégional et international», avance Bou-chaib Erraziki, directeur du CRI. Pourtant,la ville et sa région sont passées du statutde 4e destination au Maroc en 2002 à la10e en 2014. La crise que connaissent lesprincipaux marchés émetteurs expliquecette situation. En 2015, le marché fran-çais s’est effondré (-55%), mais aussi l'es-pagnol (-17%), le britannique (-50%) ouencore l'italien (-59%). Zoubir Bouhoud,directeur du Centre provincial du tourisme(CTP) de Ouarzazate, estime que «la des-tination a été sacrifiée par la Vision 2010.La priorité a été donnée à d’autres régionsdu Maroc». La Vision 2020 a tenté de rec-tifier le tir, sans grand succès. Le territoire «Atlas et Vallées», recensantOuarzazate, les vallées et les oasis ainsique le Haut Atlas, visait la relance de ladestination. Il se positionnait comme «ladestination phare de l’écotourisme et dudéveloppement durable». Les objectifsétaient ambitieux. La capacité litière de-vrait progresser de 10.600 lits, les arrivéesde touristes non résidents devraient at-teindre 2 millions de touristes par an. Àcinq ans de cette échéance, les arrivéestouristiques en 2015 n’ont pas dépassé les212.000 touristes. «La destination souffred’un problème de taille critique», diagnos-tique Bouhoud. La Vision 2020 devraitdrainer des investissements de la régionpour résoudre ce problème. Or, les enga-gements d’investissement sur le terrainne sont pas concrétisés. «Les investisse-ments sont en souffrance. Même que plu-sieurs projets ont été signés sans jamais

Tifounacine, la haute vallée de Gheris, lapalmeraie de Goulmima, la palmeraie duZiz, celle de Jorf et Tourong, la sourcebleue de Meski. Pour sa part, Midelt estune ville à la jonction des chaînes duMoyen Atlas et du Haut Atlas oriental, etsa population est de 60.000 habitants.Midelt possède un climat montagnardavec, très souvent, de la neige en hiver.À cette altitude, la végétation monta-gnarde (sapins, cèdres) remplace majo-ritairement la végétation méditerra-néenne (chêne, olivier etc.). Mis à partune kasbah, l’endroit se résume à uneville-étape lors de la visite des environsde Ouarzazate. On peut aisément rejoin-dre le cirque de Jaffar. De Midlet, il estégalement possible d’effectuer l’ascen-sion du mont Ayachi, qui dure deux àtrois jours. l

Se réinventer ou périrTourisme

w Le secteur du tourisme traverse une période de turbulences. Les professionnels de la régionsont à la recherche de pistes de relance.

Propositions

Le CPT propose une série de mesures et l’institution d’une commission pour le suivi des chantiers suivants : • Les projets d’investissement : projets de valorisation des kasbah, de la zone touristique située autour

de la commune de Tarmigt, projet Biladi • Le désenclavement aérien et terrestre• L’instauration d’une paix sociale• Des mesures fiscales et l'exonération des charges sociales de la CNSS, etc.• Des fonds de mise à niveau• L’assainissement du secteur.

CHIFFRESCLÉ

82établissementsd’hébergements

classés

2.947chambres

6.059lits

125transporteurs

touristiques

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Les ÉCO Suppléments - mai 2016 XIII

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«La région a les moyensde se démarquer»

BOUCHAIBERRAZIKIDirecteur du Centre régional d’investissement (CRI)de Drâa-Tafilalet

Quelles sont les potentialités écono-miques de la région Drâa-Tafilalet ?La région regorge de potentialités natu-relles immenses et elle présente desopportunités d’investissement à saisir,surtout dans ce territoire encore vierge.Elle peut facilement se démarquer. Lerôle des opérateurs économiques est devaloriser ce potentiel pour permettre lacréation de la richesse et de l’emploi. LeCRI a réalisé un diagnostic de la région.De cet état des lieux, trois pôles écono-miques ressortent comme les piliers dudéveloppement régional. L’agricultureest le premier pôle économique de larégion, il est suivi du pôle «mines eténergie» et enfin des services avec letourisme et l’industrie culturelle.

Quels sont les atouts du pôle agricole ?La région se distingue par l’agricultureoasienne. Notre territoire se spécialisedans des niches à haute valeur ajoutéecommerciale, telles que la variante desdattes «majhoul». D’ailleurs, depuis lelancement du Plan de développementde la filière, la région d’Erfoud a connuun flux massif des investissements.Plus de 25.000 hectares de palmiersdattiers ont été plantés. En plus de ceproduit phare, la région regorge desproduits du terroir. Les filières duhenné, de la rose du Grand Atlas à Ke-laât M'gouna et de la poterie à Mideltpermettent le développement écono-mique de ces zones ainsi que la créa-tion d’une richesse partagée par les po-pulations locales.

hôtel 5 étoiles dans la région.

Mais comment relancer le secteur ?Le développement du tourisme dans larégion est lié au tourisme durable, spé-cialement à Ouarzazate et Erfoud. Les ri-chesses naturelles sont importantes etdiversifiées. Dans ce territoire, nous dis-posons de zones montagneuses et dedunes de sables. L’aérien est à améliorerpour dépasser les quelques lacunes ac-tuelles. L’existence de trois aéroportsdans la région (Ouarzazate, Zagora et Er-rachidia) mérite d’être développée auprofit du secteur touristique.

Comment se porte le secteur de l’indus-trie cinématographique ?L’industrie culturelle et spécialement l’in-dustrie cinématographique constitue uneimage de marque de ce territoire. Dansles prochaines semaines, nous allons ac-cueillir le tournage de la série PrisonBreak. Le succès de la région est basé suune offre adaptée à ce genre d’opéra-teurs. La région est connue par ses sitesnaturels de décor et paysages adaptés àla réalisation cinématographique (vuespanoramiques, plaines, plateaux, kas-bahs, dunes, lacs, oasis, etc). La régiondispose aussi de quatre studios interna-tionaux et de deux structures de forma-tion académique et professionnelle dansle domaine du cinéma. La région capita-lise sur son actif riche (200 films ou sériestélévisées, marocains ou étrangers), unsavoir-faire en développement (techni-cité, figurants, artisans, etc), un coût de

Le secteur minier est un pôle historiquede la région, comment promouvoir ce pi-lier de l’économie régionale ?La région est connue pour son potentielminier, mais ces ressources sont peu va-lorisées. Il faut savoir que 40% des auto-risations minières nationales sont déli-vrées dans cette zone. Les sols de larégion regorgent de barytine, cobalt, fer,cuivre, manganèse, etc. Le secteurconnaît une structuration profonde pourpermettre une professionnalisationpoussée grâce à l’arrivée des investis-seurs du Maroc et de l’étranger. La valo-risation reste le maillon faible de la chaînede valeur. Des efforts sont à déployer partous les intervenants dans cette phasede restructuration du secteur. Le lance-ment du Programme solaire marocaindepuis la région a fait du secteur del’énergie un pilier important dans la ré-gion. Les projets de Noor à Ouarzazate età Midelt sont de grands projets structu-rants pour l’ensemble de la région.

Le tourisme dans la région traverse unecrise, comment relancer l’investissementdans ce secteur ?Non, ce secteur ne connaît pas decrise, il s’agit de difficultés conjonctu-relles. Ce secteur connaît des hauts etdes bas en fonction du contexte régio-nal et international. Le secteur n’est pasen crise, ce sont des difficultés passa-gères et cycliques. D’ailleurs, les opéra-teurs économiques s’apprêtent à re-lancer les investissements. Comme entémoigne le projet de construction d’un

production compétitif comparativementà nos concurrents en Tunisie, en Afriquedu Sud ou en Roumanie pour attirer lesproductions nationales et étrangères. Àcela s’ajoute l’existence de structuresd’accompagnement et de facilités admi-nistratives (Film commission, one stopshop) dans la région.

Comment le CRI œuvre pour améliorer leclimat des affaires ?La diversité de notre territoire est unatout majeur pour la région afin d'attirerles investisseurs et les fidéliser. Notreapproche se base sur la construction derelations, de partenariats et de passe-relles entre l’administration territoriale,les élus et le secteur privé. Le Comité ré-gional pour le climat des affaires, créé enfévrier dernier, est un outil adapté pourarriver à ce but. Ce comité est aujourd’huiopérationnel. La finalité de ce travail estde surmonter les difficultés et les en-traves à l’investissement dans la région,en facilitant toutes les procédures admi-nistratives nécessaires à l’acte d’investir.C’est pour cette raison que nous dispo-sons d’un siège à Errachidia et d’une an-tenne à Ouarzazate.

Quel est le bilan de la création d’entre-prises depuis le début de l’année ?Le nouveau CRI a vu le jour en janvier.Nos services ont pu accompagner lacréation de 220 entreprises en troismois. L’essentiel des entreprises ont étécréées à Errachidia et Ouarzazate et àmoindre mesure à Tinghir et Midelt. l

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XIV Les ÉCO Suppléments - mai 2016

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et crée des milliers d’emplois dans la ré-gion. À Ouarzazate par exemple, près de90.000 personnes (artisans, figurants,techniciens, hôteliers, commerçants…)vivent d’une manière directe ou indirectede cette manne. Cela en dit long sur lepoids de cette industrie naissante.

ObstaclesNéanmoins, cette niche prometteusedemeure freinée dans son élan par plu-sieurs obstacles. Faiblesse des investis-sements drainés, manque d'actions de

promotion, défaut d’organisation des ac-teurs…Ceci alors que la concurrence estde plus en plus ardue pour attirer lesgrandes productions avec des politiquesde subventions pour accueillir les tour-nages, mais le principal handicap qui re-

vient le plus souvent est l’enclavementde la région. L’aérien est le premier fac-teur pointé du doigt, et plus précisémentl’insuffisance de liaisons et la cherté desbillets. Cet obstacle est sur le point d’êtresurmonté puisque le Conseil de la régionet la Royal Air Maroc sont en train de fi-naliser une convention pour augmenterla fréquence des vols et réduire les prix,mais au-delà du désenclavement de la-dite région, tous les acteurs s’accordentà dire que le développement de cetteniche de croissance passe nécessaire-ment par une intégration de sa chaîne devaleur : financement, production, marke-ting, création de centres de formation detechniciens spécialisés….Le conseil del’ancienne région (Souss-Massa-Drâa)avait mis en place un plan stratégique2008-2016 pour hisser la ville de Ouar-zazate et la région en général au rang desdestinations leaders pour les tournages,mais les résultats escomptés n’ont pasété au rendez-vous…

Stratégie Plusieurs objectifs sont fixés cetteannée: la région devrait atteindre 38 pro-ductions étrangères et drainer des reve-

En 2015, le Maroc a accueilli letournage de 20 longs-métragesétrangers, pour une enveloppebudgétaire de 143,73 MDH. Le

Centre cinématographique (CCM), quiavance ces chiffres, indique que plu-sieurs productions étrangères (améri-caines, anglaises, françaises, alle-mandes, italiennes…) ont jeté leur dévolusur le royaume. Évidemment, Ouarzazates’est accaparée la part de lion dans cesproductions, mais au-delà de cette villedevenue la destination préférée des réa-lisateurs et producteursétrangers, d’autres compo-santes de la région Drâa-Ta-filalet, notamment Zagora,Tinghir et Midelt, ont tous lesatouts pour prendre la mêmevoie. Paysage ravissant,dunes, oasis, montagnes, cli-mat présaharien…Bref, undécor naturel qui ne manquepas d’attitrer les grands producteurs ci-nématographiques. Sur le plan socio-économique, les retombées sont nonnégligeables. Les productions étrangèresgénèrent annuellement un chiffre d’af-faires supérieur à 100 millions de dollars

nus de l’ordre de 2 MMDH avec en primela création de 8.000 emplois. Au pro-gramme aussi figure la création d’une«Film Commission», guichet unique des-tiné à l’accueil des producteurs, étrangersnotamment. Sans oublier la création del’association «Ouarzazate Film Commis-sion» en janvier 2008 qui a entrepris plu-sieurs actions pour promouvoir la desti-nation. Seulement, alors que la deadlinede cette stratégie arrive à sa fin, les pro-fessionnels du secteur s’accordent à direque l’on est loin, très loin des objectifsvisés. Le projet le plus structurant decette stratégie, «One Stop Shop», qui de-vait ériger Ouarzazate en ville cinémato-graphique permettant aux producteursde faire tout le travail sur place (montage,mixage, post-production…) n’a pastrouvé le chemin de la réalisation. Encause, plusieurs difficultés administra-tives et financières. D’emblée, le projet abuté sur un problème de foncier. Les 200hectares qui devaient abriter le «OneStop Shop» sont des terres collectivesdont la tutelle revient au ministère de l’In-térieur. Du coup, deux problèmes se sontposés. D’abord, sur le plan administratif, ilfallait que le Conseil provincial achète leterrain auprès des ayants droit et letransfère à l’investisseur. Ensuite, sur leplan financier, le coût s’est avéré hors deportée de la collectivité. Toujours sur leregistre du financement, la stratégie2008-2016 a dénombré 6 chantiers àentreprendre pour une enveloppe glo-bale estimée à 43 MMDH. Selon plusieurssources, aucune tranche de ce montantn’a encore été débloquée. l

Un potentiel sous-exploitéIndustrie cinématographique

w En s’accaparant près de 75% des productions cinématographiques étrangères tournées au Maroc,la province d’Ouarzazate a tous les atouts pour développer l’industrie du 7e art.

38 productionsétrangères sontprogrammées en2016 pour 2 MMDHde revenus.

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Quels sont les secteurs d’activité qui ont le potentiel pourse développer dans la région ?Les secteurs clés de la région ne sont pas nombreux. Il ya d’abord le tourisme, qui peut se développer davantage,vu les atouts de la région (désert, oasis, kasbahs…). La ré-gion est aussi connue par son activité minière qui repré-sente une part importante dans le tissu économique de larégion. L’agriculture offre aussi de nombreux débouchés.Le palmier-dattier prend ainsi du poids dans plusieurs par-ties de la région, et est couronné par le Salon internationaldes dattes qui se tient à Erfoud. Enfin, la région est propicepour le développement de l’énergie solaire. Le projet deNoor à Ouarzazate en est le parfait exemple.

Mais le potentiel de ces secteurs, en particulier les mineset tourisme, demeure sous-exploité…Parce qu’il n’y a pas une politique générale qui inscrit tousces secteurs dans une vision de développement. Parexemple, Ouarzazate et environs sont devenus une des-tination très prisée pour le tournage des films étrangers,mais il n’y a pas une vision claire pour ce secteur qui peutdrainer beaucoup d’investissements et créer de l’emploidans la région. Ceci est valable pour les autres secteurs.Avec l’installation du conseil régional, on espère qu’unenouvelle dynamique sera enclenchée pour donner unnouveau souffle à ces secteurs.

La jonction de Drâa et Tafilalet dans le nouveaudécoupage a-t-elle servi la région ?La nouvelle configuration a un double tranchant. Le côté po-sitif est que les différentes composantes de la région sontpratiquement sur un pied d’égalité; elles ont les mêmesatouts mais aussi les mêmes contraintes et difficultés. Enrevanche, sur le plan administratif, Drâa-Tafilalet demeuredivisée entre quatre régions. Si l’on exclut l’académie de l’en-seignement et quelques administrations comme celle del’Équipement et du Transport, il y a peu de directions régio-nales implantées dans la région. Pour les administrationsles plus importantes (impôts, ANAPEC, mines…), il faut sedéplacer à Agadir ou à Beni Mellal. C’est une grande aber-ration qu’il faut résoudre le plus tôt possible.

Quelles sont les autres priorités, selon vous ?Tout d’abord, il faut désenclaver la région. Ceci peut ré-soudre plusieurs problèmes. Sur le plan aérien, le Conseilrégional est en train de négocier une convention avecRAM et le ministère de l’Équipement et du transport. Elleprévoit notamment la liaison des trois aéroports de la ré-gion (Errachidia, Ouarzazate et Zagora) avec Marrakech.

Il faut que d’autres actions suivent sur le plan routier. Surle registre du climat des affaires, il y a plusieurs entravesà l’investissement. Il en est ainsi du foncier industriel qui

demeure rare et inadapté. La lourdeur des procéduresadministratives, notamment les délais trop longs pour lacréation d’une entreprise, se pose aussi avec acuité. l

Abdellatif El AnsariPrésident régional de la CGEM Drâa-Tafilalet

Q/R

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XVI Les ÉCO Suppléments - mai 2016

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III (150 MW) totaliseront à terme 510 MW decapacité de production par le biais de l'éner-gie solaire. La sélection de la multinationalesaoudienne s'est effectuée suite à un appeld'offres international lancé par MASEN. Cemarché a été adjugé en 2012 sur la base deplusieurs critères. L’offre d’Acwa Power a étéjugée comme proposant la tarification lamoins chère par kilowatt/heure produit,combinée avec la technologie la plus adap-tée. «Pour Noor I, Acwa Power, a présentéune offre 28,8% inférieure à celle du

deuxième soumissionnaire soit 2,5 MMDHd'économie pour le Maroc», rappelle l’entre-prise. Étendue sur 450 ha, Noor I a une ca-pacité installée de 160 MW et comprend537.600 miroirs incurvés. La station pro-duira de l’énergie électrique en utilisant latechnologie thermo-solaire (CSP), avec descollecteurs cylindro-paraboliques et auraune capacité de stockage de 3 heures àpleine puissance. Le chantier de ce projet aété bénéfique pour la région. «En phase deconstruction, la centrale a employé approxi-

Le 4 février 2016, le roi MohammedVI inaugurait, à Ouarzazate, la pre-mière phase du complexe solaire,Noor I. Aux commandes de ce

projet le secteur public via MASEN (Mo-roccan Agency for Solar Energy) et uneentreprise privée, Acwa Power. Fondé en2002 à Riyad par huit conglomérats ainsique deux Fonds souverains saoudiens, cegroupe est développeur, investisseur, co-propriétaire et exploitant de centralesélectriques et de dessalement d’eau demer. À Ouarzazate, Acwa Power signeson premier projet en Afrique du Nord.L’entreprise est déjà présente au Moyen-Orient, Afrique du Sud, Asie du Sud-Est etEurope de l’Est, où elle exploite 32 cen-trales de production d'énergie.

Soutien à l’emploi local Acwa Power est le développeur de la sta-tion Noor I, première étape dans le pro-gramme solaire marocain. Le développe-ment des projets solaires de OuarzazateNoor I (160 MW), Noor II (200 MW) et Noor

mativement 2.000 personnes dont 80%sont Marocains et originaires pour près de lamoitié, de la région de Ouarzazate», affirmel’entreprise. Deux ans plus tard, Acwa Powerdécroche le marché de Noor II et III. «L'offred’ACWA Power, adjudicataire en 2014, per-mettra au Maroc d'économiser 1,1 MMDH encomparaison avec la deuxième offre la pluscompétitive», explique l’entreprise. Les deuxprochaines phases devront voir le jour fin2017. «Représentant une valeur totale de 2milliards USD, les projets Noor II et Noor III uti-lisent, au même titre que NOOR I, l'énergiethermo-solaire (CSP) et seront équipésd’une capacité de stockage thermique d'en-viron 7,2 heures pour NOOR II et 8 heurespour Noor III permettant à ces centralesd'approvisionner le marché aussi bien le jourque la nuit et contribuant de manière signi-ficative à répondre à la forte demanded'électricité même en heures de pointe»,s’engage l’entreprise. NOOR II emploiera latechnologie des miroirs paraboliques, tandisque Noor II utilisera la technologie du récep-teur central. Acwa Power s’est engagée lorsde la phase II et III à s’approvisionner pour unminimum de 35% de la valeur des projetsauprès des entrepreneurs et industriels ma-rocains en vue d’une intégration industrielleoptimale et en soutien à l'économie locale.Rappelons enfin que la société de projetAcwa Power Ouarzazate SA est détenue àhauteur de 70% par Acwa Power. Elle com-prend également dans son capital MASENCapital à hauteur de 25% ainsi que TSK etAries pour 2,5% chacun. «Organisé selon lemodèle BOOT (Build, Own, Operate andTransfer), la centrale NOOR I porte un enga-gement d’achat d’électricité de 25 ans auterme duquel la propriété de la centraleélectrique sera transférée à MASEN. La sta-tion Noor I a été construite par un consor-tium comprenant Acciona Infraestructuras,Acciona Ingenieria, Sener Ingenieria y Siste-mas et TSK Electronica y Electricidad. Noor Iest exploitée par Nomac, filiale dédiéed'Acwa Power en charge de l'exploitation etde la maintenance de ses centrales. l

Acwa Power, développeurde Noor Ouarzazate

L’opérateur de la région

w Le Plan solaire marocain a été annoncé à Ouarzazate en 2009. En février dernier, il prenait formeavec l’inauguration de sa première phase. Coup de projecteur sur le développeur de ce projet.

RSE, Engagement auprès de la communauté

Dans le cadre de son implantation au Maroc et notamment à Ouarzazate, Acwa Power se mobilise au sein de sa communauté en développant plusieursactions de RSE. L’entreprise s’est investie dans des formations en lien avec ses activités afin d’améliorer l’employabilité des ressources locales. Cetteaction a été développée en partenariat avec l’OFPPT Agadir et la Commune rurale de Ghassate. 71 jeunes vivants dans les douars voisins du complexeNoor ont bénéficié de ces formations. Pour améliorer l’autonomie des femmes, une convention a été signée avec le ministère de l’Artisanat afin d’organiserdes sessions de formation au profit des femmes issues des villages qui se situent dans le voisinage du complexe solaire Noor, dans des activités tellesque la coupe-couture, la broderie et le tissage. En plus des actions de réhabilitation des palmiers dattiers dans la zone, Acwa Power procède à desopérations de soutien à l’élevage. 284 brebis et 15 moutons ont été distribués à 142 familles de ces villages. «L’étape suivante est d’accompagner lesbénéficiaires en vue de leur organisation en coopérative d’élevage», souhaite l’entreprise.

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À Ouarzazate,Acwa Power signeson premier projeten Afrique du Nord.

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Les ÉCO Suppléments - mai 2016 XVII

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ÉTAPE4

Comment la CCIS de Drâa Tafilalet s’est adaptéeau nouveau découpage régional ?Avant le nouveau découpage régional, les provinces quiforment notre région, à savoir Ouarzazate, Errachidia,Tinghir, Midelt et Zagora avaient déjà les mêmes ten-dances et pratiques économiques, donc ce qui est nou-veau est que la zone d’action de la Chambre s’est élargie.Pour nous, la régionalisation est un vrai catalyseur pourconcerter les efforts de tous les acteurs économiquesafin de répondre aux attentes des habitants dans cescinq provinces. Dans ce cadre, nous avons tenu à ga-rantir une représentativité de la Chambre via la créationd'annexes dans les autres provinces (Tinghir et Midelt).Aussi, dans le cadre de notre programme d’actions ap-prouvés lors de la dernière AG tenue à Zagora en janvierdernier, nous avons tenu à intégrer des actions de sen-sibilisation, d’accompagnement et de formation au profitdes TPE et PME ainsi que des projets économiques àl’échelle régionale tout en tenant compte des particula-rités et des besoins des habitants dans chaque province.

Quels sont vos chantiers prioritaires ?Avant de répondre, il faut signaler que le gouvernementaccompagne les CCIS dans leur régionalisation à traversle Plan de développement des Chambres de commerce,d’industrie et de services et de leur fédération, qui vise àrepositionner ces institutions de manière à leur permet-tre de jouer le rôle de catalyseur de la régionalisation, dudéveloppement économique et le bras opérationnel pourle déploiement local des stratégies sectorielles et desprogrammes d’appui. De ce fait, notre Chambre s’estfixée comme objectif stratégique de renforcer sa posi-tion, consolider son autonomie financière et contribuerdavantage au développement économique de la région.Notre Chambre envisage dans ce cadre de mettre enplace une offre de prestations ciblées, orientées clientset génératrices de revenus. En plus de ses prestationshabituelles, nous souhaitons fournir aussi des servicesà plus forte valeur ajoutée, dont notamment le dévelop-pement d’infrastructures d’accueil, la création et la ges-tion de projets économiques de grande envergure.

Quels sont les axes opérationnels de ce plan d’action ?Les chantiers prioritaires de la Chambre pour la période2016-2021 se déclinent en trois objectifs. En premierlieu, nous procéderons à la création d’un centre d’af-faires et d'un centre juridique et d'arbitrage au siège dela CCIS à Ouarzazate. En second lieu, nous allons créerun institut de formation aux métiers des mines qui in-

tègre un laboratoire d'analyse géochimique à Errachi-dia et enfin nous allons contribuer à la création dezones d’activités économiques dédiées à l’industrie et

au secteur des énergies renouvelables et ceci en coor-dination avec les différents acteurs économiquesconcernés. l

Mohamed El AnsariPrésident de la Chambre de commerce, d’industrieet de services de la région Drâa-Tafilalet

Q/R

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XVIII Les ÉCO Suppléments - mai 2016

DRÂATAFILALET

LA CARAVANEDES REGIONSDU MAROC

ÉTAPE4

nisation est le plus faible au Maroc avec34,3% vivant dans les centres urbains(Errachidia, Midelt, Tinghir et Ouarzza-zate). La population active (14-59 ans)représente 63% de la population. Durantdes décennies, les conditions de vie dif-ficiles des populations et l’absence d’ac-tivité économique ont poussé la jeunesse

de Drâa à quitter celle-ci pour d’autresprovinces. Le solde migratoire à Drâa estmême négatif. La région souffre égale-ment d’un taux élevé d’analphabétisme. Ilatteint 34% et passe à 45,1% chez lesfemmes de la région. Si des progrès ontété réalisés en matière de scolarisationavec 95% d’accès à l’école primaire, des

Drâa-Tafilalet détient le triste record dela région enregistrant le taux de pau-vreté le plus élevé au Maroc. La com-

mune de Bleida, dans la province de Zagora,illustre la sévérité de la pauvreté qui sévitdans ce vaste territoire. Dans cette com-mune rurale, 52,4% de la population vit avecmoins de 10 DH/jour, soit le taux le plus élevédans une commune marocaine. De facto, lePIB par habitant dans la région est le plus fai-ble du Maroc. Il était de 15.600 DH en 2013contre 27.350 DH au niveau national. La ré-gionalisation comme nouveau mode degouvernance est une nouvelle chance, pourla région, de combler ces énormes déficits.

Santé et éducation en souffrance Ce territoire est dominé par des com-munes rurales enclavées. Le taux d’urba-

améliorations restent nécessaires pourgarantir aux enfants de la région, surtoutles filles, l’accès au secondaire. Le secteurde la santé ne se porte pas mieux. Lesprovinces de Zagora et Tinghir sont dé-clarées «déserts médicaux». Le person-nel médical et paramédical rechigne às’installer dans la région, et le ministèrede la Santé consacre peu de ressourcesà cette zone. Pour les équipements, leshôpitaux provinciaux ne disposent pas descanners ou du matériel médical néces-saire aux opérations complexes. «Lesservices sociaux restent en dessous desnormes nationales, essentiellement dansle secteur de la santé», constate uneétude officielle portant sur la communede Zagora. Les habitants de cette ville etde toute la région sont toujours obligés dese déplacer à Agadir, Marrakech ou Mek-nès pour recevoir des soins de deuxièmeet troisième niveaux. l

La lutte contre la pauvreté, un défi régionall Les déficits sociaux sont considérables dans la région. Le développement économique passepar un développement humain équitable.

«Certaines usines de traitement rejettentdes effluents contenant des résidus desubstances toxiques (Pb, Cu, cyanure,)qui peuvent constituer des risques pourles ressources en eau de la région. Cesrejets miniers sont généralement cana-lisés dans des bassins de décantation»,

constate le même rapport. L’urbanisationnon contrôlée est également probléma-tique dans la région. Les villes oasiennesde première importance (Ouarzazate, Er-rachidia), des villes de second ordre (Tin-ghir, Zagora) ou de petites villes oa-siennes émergentes (Erfoud, Raissani,

Coincée entre le désert au sud et àl’est, la région est dominée par devastes territoires arides. «Des mil-

liers d’hectares sont menacés d’ensable-ment dans les zones de Zagora et d'Erra-chidia. Les oasis du Tafilalet sont fortementtouchés par l’érosion éolienne qui décapeles surfaces superficielles des sols»,constate le département de l’Environne-ment dans son rapport 2015. Le ministèrerecommande «des mesures de protectionpermettant de réduire la vitesse du vent».

Risques multiples La salinisation des sols est un deuxièmefacteur de danger dans la région, surtoutdans les périmètres irrigués. Parmi leszones touchées se trouvent Ouarzazateet Tafilalet. L’exploitation des ressourcesminières peut être aussi source de nui-sance pour l’environnement de la région,exerçant une pression sur la biodiversité.

Rich, Tinjdad) connaissent une urbanisa-tion galopante, pouvant se faire au détri-ment des territoires naturels. À celas’ajoutent les problématiques posées parles activités agricoles et touristiques (si-tuation dans les dunes de Merzouga).Dans le secteur de l’urbanisme, la régionélabore un programme de développe-ment territorial durable résilient au chan-gement climatique avec un budget de2MDH. Le secteur des eaux et forêts luttecontre la désertification et mobilise pourles prochaines années une enveloppe de34 MDH pour l’aménagement et le déve-loppement forestier à travers le reboise-ment/régénération de 4.891 ha dans larégion. À cela s’ajoutent des travauxd’ouverture et de réhabilitation de 29 kmde chemins forestiers avec un coût glo-bal de 3 MDH et l’amélioration de la bio-diversité avec un coût de 2 MDH, la cor-rection de 26.211 m³ de ravins avec unmontant d’environ 8 MDH et la luttecontre l’ensablement sur 85 ha avec uncoût de 2,92 MDH. l

La région se prépare au changement climatiquel L’écosystème de la région Drâa-Tafilalet est fragile. Face à l’érosion des sols, l’aridité et le stresshydrique, la région planche sur des solutions d’atténuation.

SOURCE : HCP, 2007

Midelt 14,7 25,6 Zagora 32,4 27,1 TINGHIR 21,3 26,4 Ouarzazate 15,7 24,1 National 4,2 11,5

PROVINCE TAUX DE PAUVRETÉ TAUX DE VULNÉRABILITÉ

INDICES DE LA PAUVRETÉ ET DE LA VULNÉRABILITÉ (EN %)

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Les ÉCO Suppléments - mai 2016 XIX

DRÂATAFILALET

LA CARAVANEDES REGIONS

DU MAROC

ÉTAPE4

deuxième projet est porté par lesORMVA Ouarzazate et Tafilalet. Il s’agitdes chantiers d’aménagement de lagrande hydraulique (barrage), le servicede l’eau, les actions d’appui, les projetsdu pilier II du Plan Maroc vert ainsi queles actions de développement agricole.Les autres actions concernent les pe-tites et moyennes hydrauliques, lesaménagements hydro-agricoles enzone bour et le Conseil agricole en ma-tière d’irrigation. L’investissement glo-bal prévu par l’ORMVA Ouarzazate etl’ORMVA Tafilalet au titre de 2016 estrespectivement de 200 MDH et 71 MDH.

Équipements et transports : 1,11 MMDHPour atténuer l’enclavement de la ré-gion, un programme d’aménagementdes routes a été mis en place. En 2016,ce programme mobilise un investisse-ment d'1,11 MMDH et se décline commesuit : aménagement de la Route natio-nale n°9 entre Aït Ourir et Zagora à tra-vers Tichka pour 850 MDH ; programmede réparation des dégâts liés aux inon-dations à Ouarzazate (66,5 MDH), Tin-ghir (15 MDH), Zagora (180,5 MDH) etMidelt (6 MDH) et programme de main-

tenance routière des ouvrages d’art(167 MDH). Pour améliorer la desserteaérienne de la région, les travaux demodernisation des infrastructures aé-roportuaires devront démarrer prochai-nement. L’aéroport de Zagora sera dotéd’un nouveau terminal d’une capacitéde 250.000 voyageurs/an. Quant à l’aé-roport d’Errachidia, la construction unterminal pour accueillir 300.000 voya-geurs/an est aussi prévue. Le montantde ces investissements n’est pas en-core connu.

Éducation et formation : 137 MDHLe secteur de l’éducation souffre denombreux déficits dans la région. Le mi-nistère de tutelle continue ses effortspour améliorer l’offre éducative. 102MDH seront injectés dans ce secteur.Ces investissements concernent lacréation de 2 écoles communautairesdans le cadre du programme de luttecontre les disparités territoriales et so-ciales dans le monde rural, avec unmontant de 22 MDH, le remplacementde 48 salles préfabriquées (9,66 MDH)et l'achèvement de 9 projets en cours auniveau des académies de la région (70

Solaire et agriculture : 2,1 MDHLes Établissements et entreprises pu-bliques (EPP) ont consacré 1,9% de leursinvestissements en 2014 à la région deDrâa-Tafilalet. Cette nouvelle région ar-rive au 10e rang national avec 1,38MMDH d’investissements. En 2015, lapart de la région dans les investisse-ments des EPP est passée à 3,3% avec3,4 MMDH. Pour cette année, ces inves-tissements devront s’inscrire en baissepour atteindre 2% des investissementsdes EPP, soit 2,189 MMDH. Ces investis-sements sont alloués à deux secteurs,l’énergie renouvelable et l’agriculture.Deux grands projets d’investissementont été programmés dans le cadre de laloi de Finances 2016 (LF 2016) par deuxétablissements publics, MoroccanAgency For Solar Energy (MASEN) etl’Office régional de mise en valeur agri-cole (ORMVA). Pour MASEN, l’investis-sement concerne le soutien à la réalisa-tion des projets NOOR II & III. Uneenveloppe de 847 MDH a été allouéepour le développement de centrales deproduction d’électricité d’origine solaire.Ce projet est aujourd’hui une carte devisite de choix pour la région. Le

MDH). Les possibilités de formation dansl’enseignement supérieur dans la régionrestent faibles. Le ministère de l’Ensei-gnement supérieur compte réaliser unecité universitaire à Errachidia pour un in-vestissement de 10 MDH. Pour le voletformation professionnelle, un Institut deformation aux métiers des énergies re-nouvelables et de l’efficacité énergé-tique d’Ouarzazate est en cours deconstruction pour un budget de 25 MDH.

Industrie et tourisme : 20 MDHLa région n’a pas de vocation industrielle.La part du secteur secondaire dans lePIB régional est de 16% contre 75% pourles services. Pour attirer des investisse-ments industriels, l’État met sur la table20 MDH dans les secteurs de l’industrieet du tourisme, la priorité est donnée auxzones d’activités et à la formation. 2,4MDH seront alloués à la construction deparcs industriels intégrés locatifs et 2,5MDH pout la réhabilitation des ZI exis-tantes. De nouvelles zones d’activitééconomiques, qui seront vouées à lacréation, pour un montant de 5 MDH,sont à l'étude. Dans le tourisme, le cen-tre d’excellence à l’Institut spécialisé detechnologie appliquée hôtelière et tou-ristique d’Ouarzazate demandera un in-vestissement de 5,35 MDH.

Artisanat et économie sociale et solidaire : plus de 2 MDHLe ministère de l’Artisanat prévoit des in-vestissements en 2016 de plus 2 MDH.Cet investissement vise l’accompagne-ment des groupements d’artisanat de larégion. Ce budget se répartit entre l’appuià ces groupements pour l’acquisition dematériel technique et d’hygiène et sécu-rité pour 1,5 MDH. La certification desunités de production conformes au rè-glement d’usage de la marque Tapis AitOuaouzguit sera soutenue par ce dépar-tement à travers un financement de100.000 DH. Le contrôle des produits depoterie bénéficiera d’un chèque de200.000 DH. Pour permettre la certifica-tion des unités de production conformesau règlement d’usage du label national, leministère financera un projet à hauteurde 214.000 DH. l

Investissement, le secteur public en éclaireurw L’État multiplie les investissements pour encourager les opérateurs privés à s’installer dans la région de Drâa-Tafilalet.

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Pour atténuerl’enclavementde la région,un programmed’aménagementdes routes a étémis en place.