DÉPENDANCES, SANTÉ MENTALE ET...
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DÉPENDANCES, SANTÉ MENTALE ET CRIMINALITÉ
Par Mylène Savoie
TABLE DES MATIÈRES
INTRODUCTION ........................................................................................................................................ 2
MISE EN CONTEXTE................................................................................................................................. 2
Dépendances ............................................................................................................................................. 2
Santé mentale ............................................................................................................................................ 3
Troubles concomitants .............................................................................................................................. 3
DÉPENDANCES.......................................................................................................................................... 4
Prévention ................................................................................................................................................. 4
Dissuasion ................................................................................................................................................. 8
Répression............................................................................................................................................... 10
Recommandations pour dépendances ..................................................................................................... 12
SANTÉ MENTALE.................................................................................................................................... 12
Prévention ............................................................................................................................................... 13
Dissuasion ............................................................................................................................................... 14
Répression............................................................................................................................................... 16
Recommandation pour santé mentale ..................................................................................................... 18
CONCLUSION........................................................................................................................................... 19
Recommandations principales ................................................................................................................ 19
BIBLIOGRAPHIE...................................................................................................................................... 20
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DÉPENDANCES, SANTÉ MENTALE ET CRIMINALITÉ
INTRODUCTION La criminalité est chose complexe. Il est parfois difficile d’identifier ses sources, mais certains
dénominateurs ont été identifiés clairement comme sources possibles, entre autres les problèmes de
dépendances et les problèmes de santé mentale. Ces deux thèmes seront abordés dans ce travail afin de
mieux comprendre comment ils font partie de la solution à la problématique qu’est la criminalité au
Nouveau-Brunswick. Par l’entremise de ce travail, il sera donc possible de mieux analyser ces
dénominateurs en les liants au contexte néo-brunswickois, et ainsi, de déterminer plus spécifiquement ce
qui est fait dans la province au niveau de la prévention, de la dissuasion et de la répression par rapport aux
dépendances et aux problèmes de santé mentale. Avant d’aborder en profondeur chaque thème, une mise
en contexte sera effectuée dans le but d’exposer de façon générale en quoi ce thème, par exemple les
dépendances, est lié à la criminalité. Ce document se terminera par une brève conclusion comprenant les
recommandations principales suggérées.
MISE EN CONTEXTE
Dépendances Une personne dépendante peut être amenée vers la criminalité pour plusieurs raisons. Selon,
l’annexe C du document Lignes directrices internationales pour l’estimation des coûts évitables de l’abus
de substances on dénote quatre liens proximaux entre les dépendances et le crime. Pour commencer,
l’intoxication est un facteur déterminant dans l’exécution d’actes criminels1. Souvent, des individus vont
même s’intoxiquer volontairement dans le but de commettre un crime pour ainsi avoir, par exemple, plus
de courage2. Ensuite, certains crimes sont plutôt liés à la dépendance même, notamment, par le besoin
d’avoir de l’argent pour acheter des drogues ce qui peut mener au crime du vol3. Également, on compte la
distribution de substances illicites comme faisant partie des crimes. Puis, certains crimes liés aux
substances illicites sont tout simplement donnés par la loi, par exemple, l’âge prescrit pour la
consommation d’alcool au Canada. On peut d’ailleurs faire un lien entre ces liens proximaux et les étapes
de la prévention, de la dissuasion et de la répression.
1 Santé Canada, Comité directeur international pour l’estimation des coûts évitables de l’abus de substances. Lignes directrices internationales pour l’estimation des coûts évitables de l’abus de substances, Annexe C – estimation des coûts sociaux de la criminalité attribuable à l’usage de drogues, 2006. Site Web : http://www.hc-sc.gc.ca/hl-vs/alt_formats/hecs-sesc/pdf/pubs/adp-apd/cost-cout-abus/costs-estimation-couts-fra.pdf. 2 Idem. 3 Idem.
3
Santé mentale Selon l’Organisation mondiale de la santé, la santé mentale est « un état complet de bien-être
physique, mental et social, et qui ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité (…)
la santé mentale englobe la promotion du bien-être, la prévention des troubles mentaux, le traitement et la
réadaptation des personnes atteintes de ces troubles »4. Par cette définition, on peut facilement percevoir
les trois dimensions cernées dans ce travail mentionnées précédemment.
Une mauvaise santé mentale peut mener à la délinquance et à la criminalité. Selon le Rapport
sommaire Améliorer la santé des Canadiens 2008 : Santé mentale, délinquance et activité criminelle, les
données disponibles montrent que les jeunes et les adultes incarcérés déclarent des taux de prévalence
plus élevés pour diverses maladies mentales que la population en général5. Également, on estime qu’une
personne sur cinq sera aux prises avec une maladie mentale pendant sa vie, ce qui veut dire qu’au
Nouveau-Brunswick environ 150 000 personnes souffriraient de troubles mentaux6.
Troubles concomitants La santé mentale et la toxicomanie sont souvent abordées ensemble. Toutefois, d’un point de vue
clinique, elles n’ont rien en commun7. Par contre, plusieurs s’entendent par expérience, qu’il existe un
chevauchement important et non négligeable entre les deux : par exemple, l’alcoolisme est 21 fois plus
probable parmi ceux qui souffrent d’un trouble de la personnalité antisociable, les personnes atteintes de
schizophrénie sont quatre fois plus susceptibles d’avoir un problème d’alcoolisme et parmi les personnes
qui sont traitées pour des troubles liés à la consommation d’alcool, de 70 à 80 % pourraient être atteints
de troubles mentaux8. De plus, dans le document Every door is the right door – A British Columbia
Planning Framework to Address Problematic Substance Use and Addiction il est indiqué que de 40 à 50
% des gens avec des dépendances ont aussi des problèmes de santé mentale9.
4 Organisation mondiale de la santé. Site Web : http://www.who.int/topics/mental_health/fr/. 5 Institut canadien d’information sur la santé. Améliorer la santé des Canadiens 2008 : Santé mentale, délinquance et activité criminelle - Rapport sommaire, p. 5. 6 CBC News. Consumer backgrounder: Mental health services in N.B. Octobre 2007. Site Web : http://www.cbc.ca/canada/new-brunswick/background/allinyourhead/guide.html. 7 Santé Canada. Rapport sommaire de l’atelier sur les meilleures pratiques relatives aux troubles concomitants de santé mentale et d’alcoolisme et de toxicomanie, Ottawa, février 2002. Site Web : http://www.hc-sc.gc.ca/hl-vs/alt_formats/hecs-sesc/pdf/pubs/adp-apd/mental_health-sante_mentale/mental_health-sante_mentale-fra.pdf. 8 Idem. 9 British Columbia Ministry of Health Services. Every door is the right door – A British Columbia Planning Framework to Address Problematic Substance Use and Addiction, mai 2004, p.20.
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Voilà pourquoi il devient essentiel de coordonner les services offerts dans ces deux domaines.
Malheureusement, plusieurs provinces ont de la difficulté à le faire et se sont les personnes dans le besoin
qui en souffrent10. Selon un rapport commandé par la division ontarienne de l'Association canadienne de
la santé mentale, il est important que les efforts de coordination se fassent tant à l'intérieur des systèmes
de santé mentale et de traitement des dépendances qu'entre les différents systèmes11. La collaboration
entre les deux secteurs pourrait se traduire par des ententes de formation conjointe, de partage de
l'information, de nominations conjointes du personnel, ainsi que de protocoles d'intégration du traitement
aux programmes de soutien communautaire12.
À titre indicatif, et puisqu’il est difficile de déterminer précisément les ressources financières
nécessaires pour la santé mentale et les dépendances au Nouveau-Brunswick, dans le Rapport annuel du
ministère de la Santé du Nouveau-Brunswick 2007-2008, 87.7 millions ont été dépensés aux fins de
services de dépendances et de santé mentale ce qui constitue 4.2 % du budget total annuel du ministère13.
Par rapport aux coûts spécifiques reliés à l’abus de substances, les coûts sociaux de l’abus de substances
au Canada s’élevaient à 40 milliards en 2002, ce qui inclut des dizaines de milliers de décès, des centaines
de milliers d’années de vie productives perdues et des millions de jours d’hospitalisation14. Au Nouveau-
Brunswick, en 2002 le coût total de l’abus de l’alcool était de 597 $ par habitant et pour la consommation
de drogues ce coût était de 349 $ par habitant15.
DÉPENDANCES
Prévention Il ne fait aucun doute que la prévention doit être accrue afin de réduire les dépendances. La
prévention doit être faite dès l’enfance, car il est bien documenté que le développement initial d’un enfant
est déterminant de sa santé future16. Voilà pourquoi il est important de faire la promotion de la santé et de
la prévention auprès des enfants afin d’augmenter leur résilience et de réduire les chances qu’ils
deviennent dépendant d’une substance, ce qui pourrait éventuellement les mener à commettre des
10 Santé Canada. Profil – Alcoolisme et toxicomanie traitement et réadaptation au Canada, Défis constants et programmes naissants. Site Web : http://www.hc-sc.gc.ca/hl-vs/pubs/adp-apd/profile-profil/constant-fra.php. 11 Idem. 12 Idem. 13 Ministère de la santé du Nouveau-Brunswick. Rapport annuel 2007-2008, Ministère de la santé, p. 101. 14 Centre de lutte contre l’alcoolisme et les toxicomanies. Les coûts de l’abus de substances au Canada 2002 – Points saillants, mars 2006, p. 10. 15 Idem, p. 11. 16 British Columbia Ministry of Health Services. Every door is the right door – A British Columbia Planning Framework to Address Problematic Substance Use and Addiction, mai 2004, p. 9.
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crimes17. La prévention doit bien entendu être poursuivie au cours de l’adolescence, car c’est une période
à risque pour la plupart des jeunes, et également auprès des adultes18.
Qu’est-il fait alors au niveau de la prévention au Nouveau-Brunswick? Plusieurs initiatives ont
été prises ou seront prises dans le cadre de la nouvelle Stratégie de traitement des dépendances du
Nouveau-Brunswick (voir annexe A) au niveau de la promotion de la santé et de l’intervention primaire.
Certaines initiatives pour la promotion sont les programmes de type « Participaction », le guide
alimentaire canadien et le programme SuccèsNB (lié à l’alphabétisation) pour n’en nommer que quelques
unes19. Elles visent bien entendu la santé et le bien-être de la population en général20. En ce qui a trait à
l’intervention primaire, on compte plusieurs activités qui visent la diffusion d’informations à l’ensemble
de la population pour encourager les choix sains en matière de dépendances, notamment : le Programme
« Santé, éducation et services de police en partenariat (SEP) », la Semaine nationale de sensibilisation aux
toxicomanies, des ateliers sur les drogues destinés aux jeunes, des présentations en classe, des kiosques
d’information sur l’éducation antidrogue et les services de traitement des dépendances; et des groupes de
soutien, par exemple, « Parents Learning About Drugs »21.
On peut aussi parler de l’Enquête sur la consommation de drogues par les élèves du Nouveau-
Brunswick qui a permis de recueillir de l’information à propos de l’alcool, des drogues, du jeu, de la santé
mentale et des comportements à risque connexes chez les adolescents de la province22. Cette enquête
résume bien les initiatives prises, en parlant de programmes de prévention, d’éducation et de
sensibilisation, qui amènent la participation des jeunes à des activités de discussion, d’apprentissage par
l’expérience et de résolution de problèmes, et qui fournira à ces jeunes les outils et les renseignements
nécessaires pour continuer à faire des choix responsables23.
Il ressort également de cette étude que les acteurs impliqués à ce niveau sont donc, notamment,
les parents ou tuteurs, les écoles, les collectivités et le gouvernement par leur appui et l’éducation qu’ils
donnent aux jeunes24. Il faut préciser, et le rapport de l’Enquête le souligne, que l’intervention de
17 Idem, p. 9. 18 Idem. 19 Maillet, Gisèle. Présentation Power Point Stratégie de traitement des dépendances du Nouveau-Brunswick – séances de consultation, janvier et février 2008. 20 Idem. 21 Idem. 22 Ministère de la santé du Nouveau-Brunswick. Enquête sur la consommation de drogues par les élèves du Nouveau-Brunswick – points saillants pour 2007, p.4. 23 Idem. 24 Idem, p. 22.
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professionnels, comme des intervenants en toxicomanie, dans les écoles est très efficace et comble mieux
les besoins des jeunes25. On peut donc dire que la prévention demande beaucoup de ressources humaines.
Au niveau des ressources financières, la prévention coûte bien entendu moins que pour la
répression, mais puisqu’un si grand effort est placé sur la prévention, les coûts de cette dernière sont
quand même assez élevés. Les ressources matérielles sont surtout sous forme de documentation,
information et de dépliants administrés lors des programmes, ateliers ou kiosques informatifs. Plusieurs
organismes s’occupent de la prévention au Nouveau-Brunswick, comme les régies régionales de la santé
qui offrent dans l’ensemble de la province des services de prévention et de traitement des dépendances26.
Également, le ministère de l’Éducation, le ministère de la Sécurité publique, le ministère de la Santé et du
Mieux-être font du travail important, sans oublier les communautés. Le Comité parlementaire de
l’Assemblée législative du Nouveau-Brunswick sur la Sécurité publique a aussi comme mission de
s’assurer notamment que le ministère dispense des programmes et services équitables, accessibles et axés
sur les collectivités, forme des partenariats avec les collectivités en vue de faire la promotion de pratiques
de sécurité, fait la prévention de la criminalité et donne aux contrevenants la possibilité de se réadapter27.
Nous savons donc que le Nouveau-Brunswick fait quand même du bon travail au niveau de la
prévention des dépendances, cependant, nous nous devons de regarder quels sont les autres pratiques
adoptés à l’extérieur de la province. Le document Prévention des problèmes attribuables à la
consommation d’alcool et d’autres drogues chez les jeunes – Un compendium des meilleures pratiques
donne un bon aperçu des meilleures pratiques utilisées. Avant de parler de ces dernières, il m’apparaît
important de souligner les différents types de prévention possibles. Tout d’abord, la prévention
universelle cible une vaste population et son objectif est de promouvoir la santé de la population, ou
encore de prévenir ou de retarder l’initiation à la consommation28. Selon le document, les parents (la
famille) et les écoles sont des acteurs clés de cette prévention universelle29. On parle ensuite de
prévention sélective visant à atténuer l’influence des risques (problèmes scolaires, dysfonctionnement de
la famille, pauvreté, histoire familiale de problèmes de dépendances, etc.) et à empêcher ou réduire les
problèmes attribuables à la consommation en tablant sur les forces comme les stratégies d’adaptation et
25 Idem. 26 Ministère de la santé du Nouveau-Brunswick. Rapport annuel 2007-2008, Ministère de la santé, p.73. 27 Assemblée législative du Nouveau-Brunswick, Comités parlementaires, Sécurité publique. Site Web : http://www.gnb.ca/legis/business/committees/reports/healthfirstrep-f/pubsaf-f.asp. 28 Santé Canada. Prévention des problèmes attribuables à la consommation d’alcool et d’autres drogues chez les jeunes – Un compendium des meilleures pratiques, 2001, p. 28. 29 Idem, p. 30.
7
ès à risque32.
d’autres techniques dynamiques de la vie30. Il s’avère que ces types de prévention sont beaucoup plus
efficaces que la prévention universelle pour forcer des changements chez les personnes à risque31.
Finalement, la prévention indiquée vise les jeunes qui consomment régulièrement de l’alcool ou d’autres
drogues et qui ne sont peut être pas encore dépendants mais qui sont tr
Maintenant voyons certains programmes exemplaires. Le programme Illawarra utilisé à New
South Wale en Angleterre, combine les meilleurs éléments et les meilleures bases théoriques d’autres
programmes ayant porté fruit et vise une prévention universelle33. Il se fondait sur les théories suivantes :
théorie de l’apprentissage social, théorie de la protection sociale, théorie du comportement déviant et sur
des considérations liées au développement34. Il était axé sur les préadolescents et sur les substances
légales qui servent de « porte d’entrée » et avait pour but de freiner la consommation de drogues chez les
adolescents et d’aider les jeunes à prendre des décisions favorables à leur santé35. Ce programme coûte
3 000 $ par année, on peut donc déduire que les meilleurs programmes et les plus efficaces coûtent plus
chers.
En ce qui concerne la prévention sélective, un programme exemplaire est le programme S’ouvrir
sur le monde36 qui vise les jeunes à risque (8e à 10e années). La base de se programme est fondée sur
l’apprentissage des aptitudes sociales. À court terme, le programme vise à améliorer les résultats scolaires
et l’attitude positive envers l’école, accroître l’estime de soi, le concept de soi et la compétence perçue, à
produire des changements favorables d’attitude à l’égard de la consommation d’alcool et d’autres
drogues, à améliorer les aptitudes d’adaptation, les aptitudes sociales et celles à refuser les offres des pairs
et à accroître les échanges positifs avec les pairs et les membres de la famille. Les parents des élèves sont
aussi invités à assister à une séance d’information. L’évaluation du programme a permis de déterminer
que les élèves qui y ont participé avaient réduit leur consommation de substances, avaient commis moins
de vols et avaient une meilleure attitude envers l’école. Aussi, l’intervention de personnel de la santé qui
travaillait à l’extérieur de l’école a permis d’établir des relations chaleureuses avec les élèves. Cependant,
au bout de 6 mois, bon nombre des effets bénéfiques s’étaient amoindris ou avaient disparus.
30 Idem, p. 30. 31 Idem, p.30. 32 Idem, p.65. 33 Idem. 34 Idem. 35 Idem. 36 Idem, p. 108.
8
Pour la prévention indiquée, un exemple de programme est Personal Growth Class37 offert aux
États-Unis et visant les jeunes qui ont décroché ou qui sont sur la voix de le faire. En se fondant sur le
principe que le comportement des adolescents est façonné et renforcé au moyen de relations sociales et
l’apprentissage d’aptitudes en dynamique de la vie. Selon l’évaluateur de ce programme, il est digne de
mention car il répondait aux besoins de personnes qui se trouvaient au bord du gouffre. Toutefois, il
suggère que nous devons améliorer notre connaissance des éléments qui sont efficaces pour tels ou tels
comportements, développer des aptitudes en gestion de la colère et de la dépression et mettre l’accent sur
l’équilibre émotionnel.
Dissuasion Par rapport à la dissuasion, la nouvelle Stratégie de traitement des dépendances du Nouveau-
Brunswick vise des interventions secondaires sous forme de formations, d’interventions précoces
adressées aux personnes qui risquent fortement de développer un problème ou qui démontrent les
premiers signes d’utilisation excessive de certaines substances38. L’objectif de ces interventions
secondaires est de réduire les méfaits, de limiter l’invalidité et de prévenir la dépendance « officielle »39.
En ce qui concerne des exemples d’initiatives à ce niveau mentionnées dans le cadre de la
Stratégie sur le traitement des dépendances, et donc pas nécessairement en place présentement au
Nouveau-Brunswick, on peut citer entre autres : des lignes de secours (comme celle à l’intention des
joueurs compulsifs), des tribunaux de traitement de la toxicomanie, l’échange de seringues et des groupes
d’intervention comme ROAD40. Selon le Rapport annuel du ministère de la santé 2007-2008,
chaque région du Nouveau-Brunswick offre aussi des services externes comprenant des évaluations, des
consultations et du « counseling » qu’on pourrait compter dans la catégorie dissuasion et qui ont bénéficié
à plus de 3 000 personnes en 2007-200841.
On perçoit que le Nouveau-Brunswick semble placer beaucoup d’accent sur la prévention et
qu’au fur et à mesure que les problèmes des individus s’intensifient, les soins de qualité et continus
deviennent plus difficiles à obtenir. À titre d’exemple, il y a six tribunaux de traitement des toxicomanies
37 Idem, p.112. 38 Maillet, Gisèle. Présentation Power Point Stratégie de traitement des dépendances du Nouveau-Brunswick – séances de consultation, janvier et février 2008. 39 Idem. 40 Idem. 41 Ministère de la santé du Nouveau-Brunswick. Rapport annuel 2007-2008, Ministère de la santé, p.74.
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au Canada mais aucun au Nouveau-Brunswick42. Ces tribunaux visent à réduire les crimes liés à la
toxicomanie au moyen de traitements suivis par les tribunaux et du soutien de services communautaires
offerts aux toxicomanes, ce qui du coup réduit le fardeau de la toxicomanie sur l’économie canadienne43.
Il est tout de même intéressant de prendre connaissance que le Plan provincial de la santé 2008-2009
prévoit un projet pilote pour examiner les avantages d’établir un tribunal consacré aux traitement de la
toxicomanie ayant pour but de coordonner les interventions provenant du système judiciaire pénal, du
système de traitement des dépendances et des organisations non gouvernementales partenaires afin de
réduire la consommation abusive de drogues et d’alcool, et par le fait même la criminalité44. Par contre, le
coût de ces tribunaux est très élevé car en 2003 le gouvernement fédéral canadien a investi 23 millions de
dollars sur 5 ans pour assurer le fonctionnement des deux tribunaux qui existaient déjà à l’époque et pour
favoriser la création, la mise en place et l’exploitation de quatre autres tribunaux45.
Toutefois, le Nouveau-Brunswick devrait vraiment considérer cette option comme moyen de
lutter contre la criminalité. Plusieurs recherches ont démontré que la plupart des individus ayant commis
des crimes étaient sous l’influence d’une drogue ou autre substance à ce moment. Dans le document
Attributable Fractions for Alcohol and Other Drugs in Relation to Crimes in Canada – Literature Search
and Outlines of Data Banks il est indiqué, par exemple, que selon certaines études européennes, un
individu aura consommé de l’alcool avant son crime dans 70 – 80% des cas, ce qui est comparable aux
autres pays46. D’ailleurs, selon des études conduites au Canada sur les crimes et les drogues (Lightfoot
and Hogins) dans 79 % des cas, en effet, les prisonniers incarcérés pour un crime confirmaient qu’ils
avaient consommé une substance la journée de leur crime (26 % de l’alcool, 13 % de la drogue, 40 % les
deux)47. En plus, les tribunaux de traitements des toxicomanies sont considérés dans plusieurs pays
comme, l’Australie, le Brésil, l’Écosse, l’Angleterre, l’Irlande, la Nouvelle-Zélande, la Norvège, les
Bermudes et la Jamaique48. Je tiens à préciser qu’il est parfois difficile de différencier les activités qui
sont liées à la dissuasion et à la répression, car par exemple les tribunaux de traitements de la toxicomanie
visent en fait les deux.
42 Gouvernement du Canada. Stratégie nationale antidrogue – pour des collectivités plus sûres et plus saines. Site Web : http://www.strategienationaleantidrogue.gc.ca/coll-comm/ttt-dtc.html. 43 Idem. 44 Gouvernement du NB. Transformer le système de santé du Nouveau-Brunswick : le Plan provincial de la santé 2008-2012, Initatives majeures. Site Web : http://www.gnb.ca/cnb/promos/php/Initiatives-f.pdf. 45 Centre canadien de lutte contre l’alcoolisme et les toxicomanies. FAQ sur les tribunaux de traitement de la toxicomanie. Site Web : http://www.ccsa.ca/2007%20CCSA%20Documents/ccsa-011349-2007.pdf. 46 Pernanen, Kai et Brochu, Serge. Attributable Fractions for Alcohol and Other Drugs in Relation to Crimes in Canada – Literature Search and Outlines of Data Banks, octobre 1997, p. 7. 47 Idem, p.18. 48 Idem.
10
Répression Après avoir passé par la prévention et la dissuasion, on ne peut qu’aboutir à la répression. La
répression vise surtout les gens qui ont de graves problèmes de dépendance, ce qui fait souvent en sorte
qu’ils ont de perpétuels démêlés avec le système de justice et qu’ils aboutissent souvent dans des
institutions carcérales. Cependant, ces individus ne doivent pas être négligés, car selon le document
Towards a Model System of Services and Supports for Addictions49, un modèle pour venir à bout des
dépendances doit s’étendre vers les personnes qui ne semblent pas vouloir bénéficier des programmes
déjà établis de soins.
La Stratégie de traitement des dépendances du Nouveau-Brunswick comporte un volet qui touche
à la répression, en d’autres mots les interventions tertiaires ou réduction des méfaits liés à la
dépendance50. Parmi les activités notées à cette étape, il y a notamment la gestion du sevrage, les
consultations externes en groupe ou individuelles, les programmes de désintoxication, les programme de
traitement d’entretien à la méthadone, le traitement spécialisé en établissement à court terme et à long
terme, le traitement des troubles concomitants51. Il est donc très important au niveau de la répression,
comme pour la prévention et la dissuasion, d’établir des partenariats avec d’autres secteurs comme la
santé mentale, les forces policières, le système de justice criminel, les services aux jeunes, les logements
abordables, etc.52.
Des services visant la répression sont offerts dans toutes les régions du Nouveau-Brunswick, par
exemple pour le sevrage de l’alcool, des drogues ou du jeu et pour la désintoxication aux clients admis53.
Des services de réadaptation destinés aux personnes désintoxiquées (séances de thérapies de groupe,
d’éducation, de gestion du stress, d’autosensibilisation) sont aussi offerts dans la Région 2 et dans la
région 554. On peut voir qu’à ce niveau des services de traitement des dépendances et de la santé mentale
sont souvent administrés ensemble. Du côté des traitements à long terme, un programme résidentiel à
49 Skinner, Wayne. Towards a Model System of Services and Supports for Addictions. Centre for Addiction and Mental Health, University of Toronto, p. 8. 50 Maillet, Gisèle. Présentation Power Point Stratégie de traitement des dépendances du Nouveau-Brunswick – séances de consultation, janvier et février 2008. 51 Idem. 52 Idem. 53 Ministère de la santé du Nouveau-Brunswick. Rapport annuel 2007-2008, Ministère de la santé, p.73. 54 Idem.
11
Lonewater Farm est offert pour une période de 3 à 6 mois55. Quatre cliniques de méthadone sont aussi
établies dans la province et ont offert des services à environ 900 personnes en 2007-200856.
Pour revenir aux partenariats, un bon exemple est celui entre les ministères de la Santé, de la
Sécurité publique, de l’Éducation et Portage Atlantic pour offrir des services aux jeunes qui ont besoin
d’un traitement intense en établissement après avoir été référés par les Services de traitement des
dépendances ou par les services de probation de la Sécurité publique. Le programme SEP mentionné dans
la section prévention, ci-haut, implique également le maintien de partenariats existants et la création de
nouveaux partenariats pour des initiatives communautaires axées sur les jeunes57.
En ce qui a trait à la répression pour les jeunes, le Nouvau-Brunswick compte plusieurs
programmes comme des programmes communautaires pour les jeunes contrevenants (offerts par le
ministère de la Sécurité publique, des organismes gouvernementaux et non gouvernementaux) comme par
exemple : des services d’évaluation et de consultation, des services de santé mentale, des services de lutte
contre la toxicomanie58. Ces activités pourraient être classées dans la section dissuasion.
D’autres programme destinés encore aux jeunes vise la réadaptation intensive, c'est-à-dire des
placements sous garde et de soutenir des plans pour que les jeunes détenus puissent se réinsérer dans la
collectivité59. La garde en milieu ouvert pour les jeunes, est une autre option qui permet aux jeunes
contrevenants d’obtenir des services offerts par le ministère des Services familiaux et communautaires, de
l’Éducation et de la Santé et du Mieux-être60. Le Centre de détention pour jeunes du Nouveau-Brunswick
et le centre Portage à Lac Cassidy sont d’autres établissements, à qui le ministère de la Sécurité publique
et le ministère de la Santé réfèrent des jeunes61.
Pour ce qui est des contrevenants adultes, les programmes correctionnels communautaires sont
administrés par le ministère de la Sécurité publique en partenariat avec la collectivité, et basés sur 5
grands thèmes qui touchent la plupart des contrevenants adultes de la province : la violence conjugale, la
réduction des risques, la maîtrise de la colère, le programme pour délinquants sexuels et le traitement des
toxicomanies. Dans les établissements, il semblerait que les centres correctionnels de Dalhousie, Saint-
55 Idem. 56 Idem, p. 74. 57 Idem. 58 Assemblée législative du Nouveau-Brunswick, Comités parlementaires, Sécurité publique. Site Web : http://www.gnb.ca/legis/business/committees/reports/healthfirstrep-f/pubsaf-f.asp. 59 Idem. 60 Idem. 61 Idem.
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John, Moncton, Madawaska, et d’Island view fournissent une gamme de programmes de mieux-être aux
détenus : maîtrise de la colère, alcooliques anonymes, « counselling » personnalisé, recherche d’emploi,
santé mentale, alphabétisation, services religieux, etc.62.
Recommandations pour dépendances Selon l’examen des initiatives de prévention, je peux dégager certaines recommandations. La
prévention universelle est importante mais de l’information générale peut tout de même laisser certains
jeunes indifférents. La prévention sélective semble plus efficace mais elle devrait avoir une continuation,
tout au long de l’année afin qu’à chaque jour les élèves soient rappelés de faire des choix sains. Par
rapport aux coûts, les programmes les plus efficaces semblent coûter le plus chers. La prévention est
vraiment une question de société, tous doivent travailler ensemble (incluant en premier les parents) afin
que les jeunes aient des aptitudes de relations sociales et puissent profiter au maximum de la vie.
Au niveau de la dissuasion, le Nouveau-Brunswick devrait aller de l’avant avec le projet pilote
concernant l’analyse des bienfaits d’un tribunal de traitement de la toxicomanie dans la province.
Pour ce qui est de la répression, plusieurs programmes sont offerts mais ont reconnaît un manque
de services à divers endroits de la province (ex. réadaptation pour personnes désintoxiquées). La force de
collaboration doit être améliorée entre les différents acteurs, ministères, fournisseurs de services etc. afin
de mieux desservir les gens dans le besoin. Plusieurs partenariats devraient être créés. Le nombre de
professionnels dans ce domaine devraient également être augmenté afin d’améliorer l’accessibilité des
services.
SANTÉ MENTALE Les services de santé mentale au Nouveau-Brunswick relèvent des régies régionales de la santé et
sont offerts par l’entremise des 14 centres de santé mentale communautaires et d’autres points de service
répartis dans la province63. Plusieurs services sont offerts visant, tel que mentionné dans le Rapport
annuel 2007-2008 du ministère de la Santé du Nouveau-Brunswick : la prévention, l’intervention et la
postvention64. Nous pouvons voir que plusieurs partenariats existent car les patients sont référés par
d’autres organismes ou ministères du gouvernement (ex. hôpital, cour, développement social) mais aussi
bien entendu les patients peuvent se rendre eux-mêmes aux endroits de distribution de services65.
62 Idem. 63 Ministère de la santé du Nouveau-Brunswick. Rapport annuel 2007-2008, Ministère de la santé, p.75. 64 Idem. 65 Idem.
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mentale, etc72.
Prévention En ce qui concerne la prévention pour une bonne santé mentale, le Nouveau-Brunswick possède
une Stratégie du Mieux-Être depuis 2006 (voir annexe B). Les principes directeurs de cette stratégie sont :
la théorie de l’autodétermination, le transfert des connaissances et une concentration du mieux-être autour
de quatre volets : l’encouragement d’une alimentation saine, l’accroissement de l’activité physique, la
promotion de la vie sans tabac et l’amélioration de la santé psychologique et de la résilience66. Sur le site
Web du gouvernement du Nouveau-Brunswick, plusieurs informations sont données au niveau de ces 4
volets. Celui qui nous intéresse dans ce cas précis est la santé mentale, bien que ce volet soit lié de près
aux 3 autres volets, par exemple, l’activité physique aide grandement à améliorer la santé mentale67. Un
programme implanté au Nouveau-Brunswick aidant la prévention de la mauvaise santé mentale et
d’autres problèmes chez les jeunes est le programme Le Maillon68.
Il faut préciser qu’au niveau de la prévention, les activités menées dans le cadre de la santé
mentale peuvent aussi bénéficier les personnes aux prises avec une dépendance. Selon le Rapport annuel
de l’Association canadienne pour la santé mentale, Division du Nouveau-Brunswick, plusieurs activités
sont organisées entre autres dans le but de promouvoir chez le public en général la connaissance, les
attitudes et les pratiques menant à une bonne santé mentale69. Les travailleurs des centres de santé
mentale communautaires en région ont travaillé en 2006-2007 avec 26 000 personnes au moyen
d’ateliers, de présentations, de groupes de support et sur une base individuelle70. Pour faire un bref
résumé de ces activités, (voir annexe C) certaines présentations étaient de moins de 3.5 heures (ex.
Suicide Awerness, Mental Health, Wellness, Student Link Program) et d’autres étaient de plus de 3.5
heures (ex. Dépression, Mental Illness, Self Esteem)71. D’autres activités pour la sensibilisation se font
sous forme de kiosques (38 évènements pendant l’année), d’articles de journaux, de chroniques à la radio,
d’interview à la télévision et à la radio, matériel pour le mois de la santé
Toutes ces activités sont très importantes car elles permettent la démystification de la santé
mentale et la réduction de la stigmatisation, tel que dit dans le document Enjeux et options pour mobiliser
66 Ministère du mieux-être, culture et sport. Site Web : http://www.gnb.ca/0131/wellness-f.asp. 67 Ministère mieux-être, culutre et sport du NB. Site Web : http://www.gnb.ca/0131/Healthy-NB-en_sante/index-f.asp. 68 Daigle, France. Présentation Power Point : Healthy NB en santé, Ministère du mieux-être, culture et du sport du NB. 69 Association canadienne pour la santé mentale, division du Nouveau-Brunswick. Rapport annuel 2006-2007. Site Web : http://www.nb.cmha.ca/data/1/rec_docs/1510_Annual%20Report%2006-07.pdf. 70 Idem. 71 Idem. 72 Idem.
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des discussions menant à une stratégie en matière de santé mentale73. La prévention permet en fait de
réprimer les attitudes négatives envers la maladie mentale pour ainsi éviter que les gens négligent de se
faire traiter jusqu’à ce qu’une crise survienne74.
On peut donc dire que la prévention au niveau des dépendances et de la santé mentale est fait de
la même façon dans la province du Nouveau-Brunswick, sous forme de promotion de la santé et du bien-
être en général et d’une certaine diffusion d’informations. D’ailleurs, il faut aussi ajouter que plusieurs
activités mentionnées précédemment dans la section Dépendances, au niveau de la prévention visent
essentiellement le développement d’une bonne santé mentale chez les participants, car en ayant une bonne
santé mentale on peut prendre des décisions réfléchies et donc éviter la consommation de substances et la
dépendance.
Dissuasion Je tiens à préciser qu’au niveau des ressources humaines pour la santé mentale, en 2007, environ
101 psychologues étaient embauchés, 99 travailleurs sociaux et 52 psychiatres75. Cela fait en sorte que
malgré le fait que la plupart des néo-brunswickois aux prises avec des problèmes de santé mentale
peuvent se faire prendre en considération rapidement en visitant leur médecin de famille, une clinique de
santé mentale communautaire ou une salle d’urgence, ils devront attendre longtemps pour obtenir un réel
traitement advenant que leur situation est assez sérieuse76. On peut en d’autres mots parler
d’inaccessibilité. Afin de réduire la criminalité, les gouvernements doivent réaliser qu’il faut investir plus
dans les ressources humaines destinés aux soins de santé mentale, et souvent par le fait même, dans celles
destinées au traitement des dépendances. Dans le document No Health without mental health on souligne
que l’inaccessibilité des services est sans contredis dû à la pénurie de professionnels77 :
« The demand for mental health services has been growing and is expected to surge in years
ahead. But our health professional workforce is aging and static or shrinking. Canada need to recruit, train
and retain more health professionals, including social workers, psychologists, counselors, therapists and
73 Ministère de la santé du NB. Enjeux et options pour mobiliser des discussions manant à une stratégie en matière de santé mentale, juillet 2008, p.6. 74 Idem. 75CBC News. Consumer backgrounder: Mental health services in N.B. Octobre 2007. Site Web : http://www.cbc.ca/canada/new-brunswick/background/allinyourhead/guide.html. 76 Idem. 77 National Union of Public and General employees. No Health whitout mental health – Submission to the mental health commission of Canada, mai 2008, p.6. Site Web : http://www.nupge.ca/files/images/pdf/No_Health_Without_Mental_Health.pdf.
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pharmacists. The more we put it off, the more we put off and hamper any real chance of making mental
health services accessible to levels required».
Il ne faut toutefois pas croire qu’à cause du manque de personnel, le Nouveau-Brunswick n’offre
pas de services du tout. Chaque hôpital de la province possède une unité psychiatrique qui offre des soins
aux patients atteints de troubles psychiatriques aigus et à ceux hospitalisés78. Le Nouveau-Brunswick
compte également deux hôpitaux psychiatriques qui offrent des traitements spécialisés et des services de
réadaptation aux patients atteints de troubles psychiatriques de moyenne et de longue durée nécessitant
hospitalisation79. Parlant de soins de longues durée, il existe au Nouveau-Brunswick des programmes de
soins de santé mentale communautaires de longue durée à l’intention des adultes qui ont des graves
problèmes de santé mentale ou qui ont des troubles fonctionnels de longue date ou qui risquent d’en
avoir80. Ces programmes ont pour but d’aider les clients à trouver des moyens de rétablir leurs réseaux
sociaux et d’acquérir les compétences dont ils ont besoin pour vivre au sein de la collectivité, d’où le
besoin pour les gens qui administrent le programme d’établir des liens avec la collectivité81.
Les liens avec la collectivité sont d’ailleurs très importants. Dans le Rapport du Sénat De l’ombre
à la lumière on indique qu’un éventail de services doit être disponibles dans toutes les collectivités pour
répondre aux besoins de personnes qui connaissent une maladie mentale, quelle soit légère ou grave82. On
retrouve d’ailleurs dans le Rapport, un graphique tiré d’un document du ministère de la Santé et du
Mieux-être du Nouveau-Brunswick, qui démontre bien comment un système doit placer les individus
atteints de troubles de santé mentale (ou de toxicomanie) dans son centre et que ces derniers doivent être
entourés de traitements, de soutiens et services offerts par la collectivité (voir annexe D)83. Le Nouveau-
Brunswick a aussi souligné le besoin d’un système équilibré de prestation de services qui veille à ce que
les personnes aient accès aux services appropriés dans leur collectivité tout en ayant encore accès à des
interventions plus intensives84. D’ailleurs, il s’avère qu’en moyenne fournir des services communautaires
à une personne atteinte d’une maladie mentale coûte environ 68 $ par jour, mais que traiter cette même
78 Ministère de la santé du Nouveau-Brunswick. Rapport annuel 2007-2008, Ministère de la santé, p.75. 79 Idem. 80 Idem. 81 Idem. 82 Kirbey, Micheal J. L. De l’Ombre à la lumière – la transformation des services concernant la santé mentale, la maladie mentale et la toxicomanie au Canada, Comité sénatorial permanent des affaires sociales, des sciences et de la technologie, mai 2006, p. 58. 83 Idem. 84 Ministère de la santé du NB. Enjeux et options pour mobiliser des discussions manant à une stratégie en matière de santé mentale, juillet 2008, p.7.
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ujet :
personne à l’hôpital coûte environ 481 $ par jour85. Le retour vers les collectivités est donc une option
non négligeable.
Répression Pour ce qui est de la répression du crime et de la maladie mentale, des lacunes se font sentir au
niveau du système néo-brunswickois. D’ailleurs, la Stratégie pour le Mieux-être du Nouveau-Brunswick
ne vise pas spécifiquement ou avec beaucoup d’ampleur, les gens qui sont incarcérés et qui souffrent de
troubles mentaux graves. Bien entendu, le ministère de la Sécurité publique offre aux détenus certains
programmes liés à l’amélioration de la santé mentale, tel que mentionné précédemment dans la section sur
les dépendances, mais l’étendue des programmes semble être limitée ou peut-être le manque de
continuation des programmes extérieurs et intérieurs ne se fait pas adéquatement. Cependant, en réglant le
problème à la source, par exemple le problème de santé mentale qui mène un individu à commettre des
crimes à répétition, l’économie en bénéficierait.
Pourtant, dans le document Enjeux et options, pour mobiliser des discussions menant à une
stratégie en matière de santé mentale, il est indiqué : « Il n’est plus acceptable que des gens se retrouvent
en prison sans traitement puis soient mis en liberté, seulement pour recommencer le même cycle »86.
Dans l’article A glimmer of hope : Community services and supports needed to keep people with mental
illness out of jail87 on mentionne à ce s
«For years we have adhered to this notion of having people come to a clinic for their services and
if they don’t show up, well they aren’t cooperative so we’re going to close their case. But the people who
don’t show up are the ones who need the services the most. They are the ones who often fall through the
cracks and end up in jails and prisons».
Un autre extrait de cet article mérite d’être souligné : «The mental health system is in many ways
hidden from the very people that it’s supposed to serve. Lack of resources is a significant part of that, but
often I think it’s because the services that are available haven’t been the services that really work».
85 Kirbey, Micheal J. L. De l’Ombre à la lumière – la transformation des services concernant la santé mentale, la maladie mentale et la toxicomanie au Canada, Comité sénatorial permanent des affaires sociales, des sciences et de la technologie, mai 2006, p. 58. 86 Ministère de la santé du NB. Enjeux et options pour mobiliser des discussions manant à une stratégie en matière de santé mentale, juillet 2008, p.11. 87 Chuly, Melissa. A glimmer of hope : Community services and supports needed to keep people with mental illness out of jail. Fall 2008. www.szidgest.ca.
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Le cas d’Ashley Smith démontre également les failles du système au niveau du traitement de la
santé mentale. En plus, l’une des recommandations du Rapport Ashley Smith est d’améliorer les services
de santé mentale et les services communautaires par l’entremise entre autres d’une équipe de traitement
pour offrir des programmes cliniques et du « councelling » individualisé aux adolescents du CJNB; et la
mise en œuvre des réseaux et partenariats nécessaires entre les ministères impliqués pour assurer un
traitement et des interventions cohérents et continus dans la collectivité88.
Il devient alors clair qu’afin d’assurer une continuité dans les services, il faut une collaboration
entre les différents ministères et organismes impliqués. Dans le Rapport du Sénat cette avenue est
comprise sous le terme intégration : intégration de tous les genres de services et de soutiens à tous les
ordres de gouvernement et au-delà des séparations public et privé et professionnels et non
professionnels89. Également, dans le document Enjeux et options le gouvernement du Nouveau-
Brunswick reconnaît la nécessité d’une meilleure collaboration entre les ministères puisque le
financement des services qu’une seule personne peut exiger peut provenir de ministères distincts : Les
sources écrites ne manquent pas quant à la nécessité pour les ministères de travailler en plus étroite
collaboration pour veiller à ce que les services gouvernementaux dont les personnes atteintes de maladie
mentale ont besoin soient mieux coordonnés et aident effectivement les gens à se rétablir90. Une approche
collaborative nécessiterait un peu plus de ressources humaines mais en bout de ligne ça en faudrait le
coup91.
Mais ce n’est pas seulement dans le cadre de la santé mentale qu’il faut travailler en collaboration
et intégrer les services. Pour refaire un lien avec ce qui a été mentionné dans la section Dépendances, la
province de la Colombie-Britannique reconnaît cette approche de système centré sur le client et le rapport
Every door is the right door le démontre bien : « The magnitude and complexity of problematic substance
use and mental healths problems in British Columbia underline the need for planning and integration
across sectors » (Voir annexe E pour la figure Collaborative Model of response) 92. On retrouve
également dans ce document, un bon aperçu des rôles et responsabilités requises de divers acteurs, soient :
88 L’Ombudsman et Défenseur des enfants et de la jeunesse du NB. Le Rapport Ashley Smith, juin 2008, p. 70. Site Web : http://www.gnb.ca/ombudsman/PDF/AshleySmith-f.pdf. 89 Kirbey, Micheal J. L. De l’Ombre à la lumière – la transformation des services concernant la santé mentale, la maladie mentale et la toxicomanie au Canada, Comité sénatorial permanent des affaires sociales, des sciences et de la technologie, mai 2006, p. 66. 90 Ministère de la santé du NB. Enjeux et options pour mobiliser des discussions manant à une stratégie en matière de santé mentale, juillet 2008, p.11. 91 Idem. 92 British Columbia Ministry of Health Services. Every door is the right door – A British Columbia Planning Framework to Address Problematic Substance Use and Addiction, mai 2004, p.23.
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les individus et les familles (l’individu doit développer sa connaissance et son habileté à gérer sa santé et
les familles doivent offrir du support à l’individu qui est aux prises avec des problèmes de santé mentale
et de dépendances), la communauté (plusieurs organisations et coalitions au niveau de la communauté
sont une source de solution, facilitent le transfert de l’information et permettent l’inclusion), les régies de
santé (jouent un rôle direct lorsque vient le temps d’adresser les problèmes de santé mentale et de
prévention en étant responsable de la planification, de la livraison et de l’évaluation de la prévention et
des services de santé), le ministère de la Santé (il fixe la direction stratégique, maintien la planification et
doit répondre aux nouvelles tendances et problèmes), le ministre d’état s’occupant de la santé mentale et
du traitement des dépendances (assure que ces domaines sont priorisés), le ministre pour les enfants et le
développement social (procure du support aux enfants et à leur famille) et le gouvernement provincial (les
autres ministères doivent tenir compte des problèmes socio-économiques qu’amènent la maladie mentale
et la dépendance)93.
Bien entendu on ne retrouve pas au Nouveau-Brunswick un ministre d’état pour la santé mentale
et le traitement des dépendances, mais certains acteurs gouvernementaux s’occupent de la question et font
de ce dossier leur priorité.
Recommandation pour santé mentale Au niveau de la prévention, le Nouveau-Brunswick semble faire du bon travail.
Pour ce qui est de la dissuasion, il faut investir plus dans les ressources humaines destinées aux
soins de santé mentale, et souvent par le fait même, dans celles destinées au traitement des dépendances.
Un effort doit être mis sur le recrutement de professionnels qualifiés.
Pour ce qui est de la répression, le système doit placer les individus atteints de troubles de santé
mentale (ou de toxicomanie) dans son centre et doit entourer ces derniers de traitements, de soutiens et de
services offerts par la collectivité. Tel que dit dans le Rapport Ashley Smith une amélioration des services
offerts en santé mentale dans les institutions est à privilégier. Finalement, afin d’assurer une continuité
dans les services, il faut créer des partenariats, une collaboration et une intégration entre tous les niveaux
de gouvernement, les organismes publics, privés, professionnels et non professionnels.
93 Idem, p. 47-51.
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CONCLUSION
Recommandations principales Afin de réduire la criminalité au Nouveau-Brunswick, les recommandations suivantes devraient
être considérées par rapport aux domaines de la santé mentale et des dépendances :
• Augmenter le nombre de professionnels qualifiés dans les domaines du traitement des
dépendances et de la santé mentale.
• S’assurer, tant pour le traitement des dépendances que pour la santé mentale, que les individus
ont accès à un continuum de soins (continuité dans les services), c’est-à-dire qu’ils n’assistent
pas, par exemple, à la fermeture de leur dossier à cause de leur âge ou de leur entrées et sorties à
divers centres de détention.
• Collaboration des différents ministères, organismes (publics, privés, professionnels, non-
professionnels) et des communautés (elles jouent un rôle primordial) pour placer les individus au
centre du système. Nous devons tous travailler ensemble.
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