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1 Dossier pédagogique : Madame Rosa – Réalisé par Van den Berghe D. pour la compagnie E la Nave Va
Madame Rosa
D’après la vie devant soi d’Emile Ajar
« La première chose que je peux vous dire c’est qu’on habitait au sixième à pied et que pour Madame Rosa, avec tous ces kilos qu’elle portait sur elle et seulement deux jambes, c’était une vraie source de vie quotidienne, avec tous les soucis et les peines. Elle nous le rappelait chaque fois qu’elle ne se plaignait pas d’autre part, car elle était également juive. Sa santé n’était pas bonne non plus et je peux vous dire aussi dès le début que c’était une femme qui aurait mérité un ascenseur. »
2 Dossier pédagogique : Madame Rosa – Réalisé par Van den Berghe D. pour la compagnie E la Nave Va
Table des matières
1. Présentation de la pièce de théâtre
2. Romain Gary ( 21 mai 1914 – 2 décembre 1980)
3. Madame Rosa : histoire d’un projet.
4. Présentation globale du dossier pédagogique
A. Activités 1 : Analyse de la pièce B. Activités 2 : Réflexion sur la notion d’identité. C. Activités 3 : A toi de déjouer le langage !
3 Dossier pédagogique : Madame Rosa – Réalisé par Van den Berghe D. pour la compagnie E la Nave Va
1. Présentation de la pièce de théâtre Madame Rosa
Je est tant d’autres
Rachid Benbouchta, en homme de 49 ans, incarne un Momo qui revient sur les traces de son enfance. A cette époque étrange, sordide et merveilleuse où il vivait avec cette femme énorme qui n’était pas sa mère. De cette tranche de vie, dans ce trou à juif où l’amour, la peur et la joie règnent, il fait revivre Madame Rosa de tout son verbe. On sent la misère et la rage de vivre. On sent la vulgarité et la noblesse de cœur. On sent la difficulté à être quand on a été jeté dans la vie et on sent la famille, la force de la tradition et de la transmission. Tout est histoire d’amour dans ce duo qui ne s’épargne rien mais pas seulement. Il est aussi question d’identité qui ne se trouve certainement pas là où on l’attend. Qu’est-‐ce qu’être le fils de quelqu’un ? Qu’est-‐ce qu’être une mère ? Qui est juif ? Qui ne l’est pas ? Qu’est-‐ce qu’un arabe ? Qu’est-‐ce qu’un musulman ? A travers sa mise en scène, Jean-‐François Politzer éprouve la quête de réconciliation de Romain Gary. Ici, la prostituée est aussi la mère. L’adulte est également l’enfant. Le monde d’aujourd’hui fait écho au monde d’hier. La juive éduque le musulman. La mort renforce la vie. Le populaire élève le débat. Mais la réconciliation n’empêche pas de pointer du doigt la différence puisqu’elle n’est jamais un prétexte pour l’exclusion. La différence est un jardin qu’il faut accepter et cultiver. Madame Rosa engueulait Banania mais celui-‐ci s’en foutait parce qu’il n’avait que trois ans et des sourires. Je pense que Madame Rosa aurait peut-‐être donné Banania à l’Assistance mais pas son sourire et comme on ne pouvait pas l’un sans l’autre, elle était obligée de les garder tous les deux. C’est moi qui étais chargé de conduire Banania dans les foyers africains de la rue Bisson pour qu’il voie du noir, Madame Rosa y tenait beaucoup. — Il faut qu’il voie du noir, sans ça, plus tard, il va pas s’associer. …. Madame Rosa ne savait pas du tout si Banania qui s’appelait Touré était un Malien ou un Sénégalais ou un Guinéen ou autre chose, sa mère se défendait rue Saint-‐Denis avant de partir en maison à Abidjan et ce sont des choses qu’on ne peut pas savoir dans le métier. Moïse était aussi très irrégulier mais là Madame Rosa était coincée parce que l’Assistance publique ils pouvaient pas se faire ça entre Juifs…. Et la scène renvoie également à la vie puisque Jean-‐François Politzer et Rachid Benbouchta livrent également la rencontre de leurs deux mondes, leurs deux sensibilités qui, s’unissant autour d’une adaptation émouvante, remuante et sincère, nous rappellent que dans une œuvre qui semble avoir tout dit, tout est encore à réinventer.
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2. Romain Gary ( 21 mai 1914 – 2 décembre 1980)
Romain Gary, de son vrai nom Roman Kacew, n’aura de cesse de pousser les limites de l’identité. Pour lui, elle n’est certainement pas déterminée une fois pour toute. Il ne va pas se priver d’utiliser des pseudonymes :EmileAjar, ShatanBogat, FoscoSinibaldi, Roman Gary. En russe, « Kacew » signifie « boucher » tandis que « Gary » signifie « Briller », on comprendra tout de suite le désir de changer de nom pour un homme dont les aspirations sont de devenir le prochain Victor Hugo. Il sera plusieurs noms mais il aura également plusieurs vies car il aura été aviateur, diplomate, résistant, scénariste et romancier.
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Il va d’ailleurs être le seul romancier à obtenir deux fois le prix Goncourt sous le nom d’emprunt Émile Ajar et celui de Romain Gary. Personne et personnage formidable, il est le plus français des polonais, le juif et le goy qui a vécu dans la misère et le faste. Tantôt humble et tantôt mégalomane, il est un homme multiple qui aura été puissant et impuissant, riche ou misérable qui aura aimé les femmes quand elles ne l’auront pas dominé. Il n’aura eu de cesse de se réinventer sans oublier d’où il vient et ce qu’il doit à sa mère, Mina Owczynska, dont l’amour infini et dévorant aura participé à la construction de sa personnalité. 1Portrait d'archives daté de novembre 1945, de l'écrivain français Romain Gary, en uniforme militaire, signant des autographes sur ses photos.• Crédits : PIGISTE -‐ AFP
2Romain Gary (à droite) © Service historique de la Défense
3. Jean Seberg et Romain Gary
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En effet, ce fils adoré de sa mère a été élevé comme un prince malgré les difficultés financières que connait cette dernière. En quittant les pogroms du communisme, elle l’emmène à Nice en 1928. Elle lui transmettra un amour de la France, pays des lumières et des poètes, pays des libertés et de la culture. Gary lui rendra hommage dans son œuvre, faisant d’elle une star à travers différents personnages, Madame Rosa, l'ancienne prostituée juive anxieuse prête à tout pour défendre son petit et dans le livre La promesse de l’aube dans lequel la figure maternelle est centrale. Devenu français en 1935, il va publier ses premiers ouvrages mais son premier roman Le vin des Morts ne sera accepté par aucun éditeur. Licencié en droit, il décide d’intégrer l’École de l’Air de Salon de Provence. Il va fuir à Glasgow lorsque la guerre éclate et rejoindra Les Forces libres françaises vouant une admiration pour De Gaule. C’est durant la guerre qu’il débutera l’écriture de son premier succès littéraire « Éducation européenne ». Sa mère mourra en 1941 sans qu’il n’ait pu la revoir. En 1944, il est grièvement blessé puis est décoré de la croix de guerre. À Londres, il fait la connaissance de Lesley Blanch, une journaliste qu’il épouse en 45. La même année, la Légion d’Honneur lui est attribuée, mais surtout, Éducation européenne est publiée chez Calmann-‐Lévy et obtient le prix des Critiques. Malraux, Camus, Aragon et Kessel, entre autres, reconnaissent la naissance d’un grand écrivain. Romain Gary entre alors en diplomatie et se retrouve en poste à Sofia. Aux prémices de la guerre froide, on juge qu’un homme qui parle couramment le russe, le polonais, l’anglais et l’allemand peut y être utile. En 1948, Romain Gary devient officiellement son nom d’état civil. Alors porte-‐parole de la délégation française à l’ONU, il publie Les couleurs du jour. Il sera Consul général de France jusqu’en 1961. Il reçoit le Goncourt en 1956 pour Les racines du cielet il quittera précipitamment les États-‐Unis pour obtenir son prix. En 1959, l’actrice Jean Seberg et Gary tombent éperdument amoureux, de cet amour naitra leur fils Alexandre Diego. En visite avec l’actrice à Varsovie, il se retrouve sur l’emplacement du ghetto. De ce bouleversant voyage jaillira La Danse de Gengis qui paraîtra l’année suivante. Plusieurs romans de Gary sont adaptés au cinéma et il a lui-‐même réalisé Les Oiseaux vont mourir au Pérou. En 1968, Gary et Jean se séparent tout en continuant à vivre dans la même rue à Paris. En 1975, Gary reçoit sous le pseudonyme d’ÉmileAjar,avec la complicité de son petit cousin, Paul Pavlowitch, son deuxième Goncourt. En 1979, Jean Seberg meurt. L’année suivante Romain Gary met fin à ses jours avec son
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vieux pistolet d’ordonnance. Il laisse un mot déclarant que ce suicide n’a aucun lien avec la mort de Jean. En 1981 enfin, le mystère Ajar est levé: Gary et lui ne font plus qu’un définitivement.
Sous le nom de Roman Kacew3
• 1935 : L'Orage (nouvelle publiée le 15 février 1935 dans Gringoire) • 1935 : Une petite femme (nouvelle publiée le 24 mai 1935 dans Gringoire) • 1937 : Le Vin des morts
Sous le nom de Romain Gary
• 1943 : Géographie humaine (nouvelle86) • 1945 : Éducation européenne – prix des Critiques • 1946 : Sergent Gnama (nouvelle87) • 1946 : Tulipe • 1949 : Le Grand Vestiaire • 1952 : Les Couleurs du jour • 1956 : Les Racines du ciel – prix Goncourt • 1960 : La Promesse de l'aube • 1961 : Johnnie Cœur (théâtre) • 1962 : Gloire à nos illustres pionniers (nouvelles) • 1963 : Lady L. • 1965 : Adieu Gary Cooper (The Ski Bum) • 1965 : Pour Sganarelle (Frère Océan 1) (essai) • 1966 : Les Mangeurs d'étoiles (La Comédie américaine 1) • 1967 : La Danse de Gengis Cohn (Frère Océan 2) • 1967 : Dix ans après ou la plus vieille histoire du monde (nouvelle88) • 1968 : La Tête coupable (Frère Océan 3) • 1969 : Adieu Gary Cooper (La Comédie américaine 2) • 1970 : Chien blanc • 1970 : Le Grec89 (ébauche de roman inachevé) • 1970 : À bout de souffle89 (ébauche de roman inachevé) • 1971 : Les Trésors de la mer Rouge • 1972 : Europa • 1973 : Les Enchanteurs • 1974 : La nuit sera calme (entretien fictif) • 1975 : Au-‐delà de cette limite votre ticket n'est plus valable • 1975 : Les oiseaux vont mourir au Pérou • 1977 : Clair de femme • 1977 : Charge d'âme • 1979 : La Bonne Moitié (théâtre) • 1979 : Les Clowns lyriques • 1980 : Les Cerfs-‐volants • 1981 : Vie et mort d'Émile Ajar (posthume) • 1984 : L'Homme à la colombe (version posthume définitive) • 2005 : L'Orage (nouvelles)
3 https://fr.wikipedia.org/wiki/Romain_Gary
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• 2007 : Tulipe ou la Protestation (théâtre : adaptation scénique du roman) • 2014 : Le Sens de ma vie. Entretien, préface de Roger Grenier70
Sous le pseudonyme de FoscoSinibaldi
• 1958 : L'Homme à la colombe
Sous le pseudonyme de ShatanBogat
• 1974 : Les Têtes de Stéphanie
Sous le pseudonyme d’Émile Ajar
• 1974 : Gros-‐Câlin • 1975 : La Vie devant soi (prix Goncourt) • 1976 : Pseudo • 1979 : L'Angoisse du roi Salomon
Œuvre cinématographique • 1968 : Les oiseaux vont mourir au Pérou • 1972 : Police Magnum / Kill !
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3. Madame Rosa : histoire d’un projet.
Jean-‐François Politzer : « J’aurais voulu être le fils de Romain Gary »
La rencontre avec une œuvre nous renvoie parfois si profondément à nous-‐même qu’on y voit dans l'auteur un familier, un parent, le père qu’on aurait voulu avoir. Cette rencontre, Jean-‐François Politzer, metteur en scène, acteur et dramaturge l’a faite avec Romain Gary lorsqu’il était encore adolescent. De lui, il a tout lu. Il a utilisé son œuvre dans son parcours d’étudiant : son examen de maturité sur les mères adoptives est une occasion d’exploiter La vie devant soi et son mémoire à l’IAD a comme sujet Europa. Plus qu’un auteur, il est le fil rouge de sa vie car il l’a ramené à ses propres origines juives et son identité multiple qu’il a découverte par petit bout. Plus que de l’écrivain, c’est de l’homme dont il aurait voulu être le fils. Pour Jean-‐François, Romain Gary est un joyeux mélancolique, plein d’humours, traits de personnalité qui le ramènent à sa judéité. Si l’on peut s’imaginer le père illustre, la mère de Jean-‐François est quant à elle bien présente et instinctivement en travaillant sur le spectacle, c’est à elle qu’il rend hommage, à son amour maternel. Pour mettre en scène une œuvre aussi forte, il a également fallu que la fiction rencontre merveilleusement la réalité car Rachid Benbouchta, l’acteur qui joue Momo, est arabe. La scène a permis la réinvention de l’identité. Cette réécriture identitaire s’est faite de manière à ce que le spectateur reconnaisse le narrateur dans le comédien. A ce rendez-‐vous des identités, Jean-‐François Politzer voit, dans La vie devant soi, la réconciliation à différentes niveaux. Tout d’abord, les origines juives et arabes qui sont là, évidentes, sans être le prétexte du rejet. Les origines sociales qui ne sont pas le jouet de la fatalité. Le père de Jean-‐François en est l’exemple parfait car ce dernier a gravi les échelons passant de balayeur à directeur designer.
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Tandis que Momo et Madame Rosa sont des damnés qui se vengent de la damnation. Il y a également la réconciliation de l’homme de 49 ans avec l’enfant qu’il a été. A travers une logique de poupée russe, Momo reprend possession de son passé afin de pouvoir tourner la page. A travers cette adaptation forte, émouvante, élégante et moderne Jean-‐François Politzer livre un hommage à Roman Kacew tel un fils qui ne démérite pas. La naissance d’un projet artistique n’est pas toujours évidente. Rachid Benbouchta, comédien principal, seul sur scène, explique à travers cette interview la naissance et la construction du projet Madame Rosa. Comment est né ce projet ?
Rachid Benbouchta :Lorsque j'ai lu le livre, j'ai immédiatement eu envie de le donner à entendre sur scène. J'ai voulu mettre en scène un jeune acteur pour jouer Momo mais le projet n'a pas pu se faire. Je suis resté avec mon envie de partager ce texte et j'ai alors décidé de le jouer moi-‐même.
Pour le choix du metteur en scène, j’ai très vite pensé à Jean-‐François Politzer avec qui j’ai beaucoup travaillé et dont je connaissais la passion pour Romain Gary.
Quelles ont été les difficultés pour monter cette pièce ?
Rachid Benbouchta : Il fallait trouver un axe dramaturgique simple et cohérent pour que je puisse dire la parole d'un enfant de 14 ans alors que j’en ai 49. Jean-‐François est un excellent dramaturge et il a trouvé les axes qui donnaient du sens à cette version de l’œuvre de Romain Gary. Est-‐ce qu’il s’agit de l’œuvre intégrale ? Rachid Benbouchta : Non, on a pris le premier et le dernier chapitre presque intégralement et tous les endroits où il était question de Madame Rosa. Et on a construit, à partir de ça, un ensemble cohérent. Est-‐ce que ça a été un long travail de jouer ce monologue ? Rachid Benbouchta : On peut dire ça. On a commencé à travailler très tôt et on se voyait une à deux fois par semaine avec Jean-‐François. Ça m’a permis de penser constamment à ce projet et de le laisser mûrir.
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J'ai dû beaucoup "gommer" mon jeu, l'épurer au maximum, faire confiance en l’être humain que je suis et faire confiance à la force du texte sans chercher à mettre un ton car la langue de Gary est suffisamment imagée, drôle et très théâtrale de par sa richesse. Qu’est-‐ce que tu penses de l’œuvre de Romain Gary en ayant travaillé ce texte ? Rachid Benbouchta : Évidemment, j’avais déjà lu plusieurs œuvres de lui et en travaillant ce texte, j’ai approfondi mes connaissances et j’ai découvert la richesse de tout ce qui est évoqué, des différents thèmes et de la langue. Et surtout, ça a confirmé ce que je pensais déjà – à savoir que derrière l’écrivain, on sent un homme qui a une vraie noblesse, pas larmoyant, pas complaisant, avec beaucoup d’humour. Et avoir cet homme-‐là comme référent pour jouer, c’est un beau modèle. Est-‐ce que tu peux évoquer cette force à travers les personnages ? Rachid Benbouchta : Le monde de Madame Rosa transmis à Momo est dénué de racisme. La conscience du mal qui a été fait au peuple juif est dit sans complaisance, juste les faits. Et en même temps, ce discours donné par Romain Gary dans la bouche d’un arabe est un geste fort. En dehors de la réconciliation entre musulman et juif, quelle autre force se dégage de cette œuvre ? Rachid Benbouchta : Il s’agit d’une version contemporaine des Misérables de Victor Hugo car Gary donne la parole à des gens populaires qui ont conscience de la fragilité dans laquelle ils vivent, et qui s'entraident. D’ailleurs, Momo, dit plusieurs fois dans le roman qu’un jour il remerciera tous ceux qui les ont aidés. Et cette humanité touche indéniablement le spectateur parce qu’il s’agit d’une vraie parole fraternelle. Une parole d’humain à humain.
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4. Présentation globale du dossier pédagogique
Cette pièce de théâtre permet de sensibiliser les jeunes à la question de la différence et de
l’identité à travers des exercices qui pourront les remettre en question en les interrogeant sur leurs connaissances et leurs préjugés.
Compétences à mettre en œuvre
Entrer en relation avec les autres
• Être capable de prendre activement part à un travail d’équipe
• Apprendre le sens de la nuance, se méfier des attitudes manichéennes Recueillir et traiter l’information
• Extraire des données d’un texte
• Noter les informations utiles, sous une forme utilisable dans le traitement des données
Distinguer son mode de pensée de ceux des autres et se dégager de son propre système de références
• Envisager et croiser différents points de vue
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A. Activités 1 : Analyse de la pièce
1.Résume en quelques phrases l’intrigue de la pièce.
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3. Qui est le personnage principal ? Que sais-‐tu de lui ? ……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………… …………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………
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4. Explique le titre de la pièce « Madame Rosa ». ……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………… 5. Décris physiquement et psychologiquement le personnage de Madame Rosa ? ……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………
6. Explique la relation qui unit Madame Rosa et Momo ? ……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………… …………………………………………………………………………………………………………………………………… 7. Qui sont Moïse et Banania ? Que sais-‐tu d’eux ? ……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………… …………………………………………………………………………………………………………………………………… 8. Quel est le passage de la pièce qui t'a le plus touché ? Pourquoi ? …………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………… …………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………… 9. Ecris un court avis critique à l’intention du metteur en scène. (Ce dernier recevra ta critique avant de venir à l’école pour une rencontre après la représentation)
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10. Note 5 questions que tu veux poser au metteur en scène après avoir vu la pièce. ………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………
B. Activités 2 : Réflexion sur la notion d’identité. Dans l’encadré ci-‐dessous, écris un maximum de mots qui sont des indicateurs de ton identité. Partage oralement tes réponses avec tes camarades de classe.
Mon identité Lis attentivement le texte suivant et réponds aux questions ci-‐dessous.
L'identité4
"Papiers s'il vous plait", l'agent qui me demande ça cherche à m'identifier et me demande, en un sens, qui je suis. Que disent nos papiers? Comme leur nom l'indique ce sont des papiers d'identité". Mon identité c'est ce qui fait de moi qui je suis et me permet de le rester. Or qui dit identité, dit d'abord "différence", c'est-à-dire ce qui me différencie des autres. On peut alors se demander si notre état civil fait de nous des êtres uniques ou bien s'il sert uniquement à nous différencier des autres? Notre état civil, commence avec notre nom de famille, celui-ci indique une appartenance (à une famille qui elle-même appartient à un pays, donc à une histoire, et à une religion aussi -que nous la pratiquions ou pas). Nos appartenances sont toujours multiples: on n'est jamais que français ou algérien, on est français et femme et de telle catégorie socioculturelle... C'est cette multiplicité qui fait qu'il n'y a pas deux Français ou deux Algériens identiques. Notre identité est toujours complexe, complexité que le xénophobe ou le sexiste n'arrivent manifestement pas à comprendre. Mais nos appartenances, si complexes soient-elles, suffisent-elle pour nous définir? Sommes-nous uniquement le résultat de l'histoire de notre famille ou de notre pays? Ensuite vient le prénom, celui-ci est commun avec un nombre plus ou moins important
4http://philo.pourtous.free.fr/Atelier/Textes/identite.htm
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d'autres personnes, et même si nous étions le ou la seul(e) à le porter cela suffirait-il à faire de nous un être unique? La date de naissance indique l'appartenance à une époque. Qu'est-ce qui est resté identique depuis cette date? Nous ne sommes plus du tout ce que nous étions à notre naissance, ni même il y a 10 ans. En fait nos cellules se renouvellent entièrement tous les 15 ans. Qu'est-ce qui ne peut pas changer en nous? Nos pensées changent, nos émotions aussi. Qu'est-ce qui reste identique? C'est pour ces raisons que nous devons régulièrement changer la photo de notre carte d'identité. D'ailleurs nous avons mis nous même du temps à nous reconnaître dans ce visage. D'après les psychologues il faut attendre autour des 3 ans pour que l'enfant se reconnaisse dans le miroir (c'est ce qu'on appelle "le stade du miroir"). Notre identité est donc le résultat d'une identification progressive à notre image, à notre histoire et à l'histoire de notre groupe (ou à celui auquel on a choisi d'appartenir). Même si on a l'impression que c'est une donnée (moi c'est moi, mon caractère, mon appartenance, ma culture...), c'est une construction. Il faut rappeler ici que le terme de "personne" vient du mot latin qui désignait à l'origine le masque de théâtre. Notre identité est-elle autre chose qu'un masque, celui que les autres nous font porter dans le jeu social et auquel nous même nous identifions pour être reconnu, pour nous sentir exister?
1. Après la lecture de ce texte, donne ta définition de l’identité et confronte-‐la avec tes camarades de classe.
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C. Activités 3 : A toi de déjouer le langage !
Lis attentivement le texte ci-‐dessous. « Dans La Vie devant soi,Gary/Ajar invente un style, dans le genre parlé, familier, mais sans argot, qui éclate en formules cocasses, incongrues, lapidaires. Les phrases sont déforméeset provoquent un effet comique.La Vie devant soiest avant tout une histoire de langue. Dès les premières pages, on tombe sous le charme du parler du petit Momo. Élevé à l’école de la rue, Momo maltraite la grammaire et la syntaxe, déforme les mots et les expressions, mais offre en même temps un langage poétique et puissamment littéraire. Tout le récit repose sur cet exercice de style extrêmement périlleux mais parfaitement réussi puisque dès la première page,on oublie totalement l’écrivain. Toute l’attention du lecteur est portée vers cet enfant singulier qui nous raconte la vie de tout ce petit monde à sa manière. »5 Comme tu viens de le lire, Romain Gary utilise le langage pour renforcer ses personnages. A toi de jouer avec les mots de Romain Gary en utilisant tes mots et ton langage pour jouer la scène ci-‐dessous devant la classe. Pour ce faire, travaille avec 1 ou 2 camarades de classe.
5http://theatredeliege.be/wp-‐content/uploads/2014/11/Cahier_pedagogique_La_vie_devant_soi.pdf
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Séquence 56 La seule chose qui pouvait remuer un peu Madame Rosa quand elle était tranquillisée c’était si on sonnait à la porte. Elle avait une peur bleue des Allemands. C’est une vieille histoire et c’était dans tous les journaux et je ne vais pas entrer dans les détails mais Madame Rosa n’en est jamais revenue. … C’était du dernier comique, cette peur que Madame Rosa avait des coups de sonnette. … Madame Rosa à l’époque devait faire déjà dans les quatre-‐vingt-‐quinze kilos et des poussières, eh bien, elle giclait de son lit comme une dingue et dégringolait la moitié d’un étage avant de s’arrêter. … Souvent on n’avait même pas à se lever pour appuyer sur la sonnette parce que Madame Rosa faisait ça toute seule. ... J’avais repéré l’endroit où Madame Rosa cachait la clé de la cave et une fois, j’y suis allé pour voir. ... C’est là que j’ai entendu un bruit et j’ai sauté en l’air mais c’était seulement Madame Rosa. … — Il faut pas en parler à personne, Momo. Donne-‐moi ça. … — Madame Rosa, qu’est-‐ce que c’est ici ? Pourquoi vous y venez, des fois au milieu de la nuit ? C’est quoi ? … — C’est ma résidence secondaire, Momo. Allez, viens. ... Jure-‐moi de ne jamais en parler à personne, Momo. — Je vous le jure, Madame Rosa. — Khaïrem ?… — Khaïrem. … — C’est mon trou juif, Momo. — Ah bon alors ça va. — Tu comprends ? — Non, mais ça fait rien, j’ai l’habitude. — C’est là que je viens me cacher quand j’ai peur. — Peur de quoi, Madame Rosa ? — C’est pas nécessaire d’avoir des raisons pour avoir peur, Momo. Ça, j’ai jamais oublié, parce que c’est la chose la plus vraie que j’aie jamais entendue. Réécriture du texte : …………………………………………………………………………………………...…………………………………………………………………………………………………...…………………………………………………………………………………..…………….…………………………………………………………………………………………….……………….. …………………………………………………………………………………………...…………………………………………………………………………………………………...…………………………………………………………………………………..…………….…………………………………………………………………………………………….……………….. …………………………………………………………………………………………...…
6Extrait de la pièce « Madame Rosa »
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