Dossier de presse - Fred Mars Landois

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www.mars-factory.com 1 Dossier de presse - Février 2012 FRED MARS LANDOIS 1 « La première fois que j’ai vu Beaubourg j’avais huit ans et je me souviens que j’avais été très énervé » Fred Mars Landois «Portrait à la Drina» 2011, © Milomir Kovacevic, tirage sur papier Barité

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Dossier de presse de l'artiste Fred Mars Landois

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Dossier de presse - Février 2012

FRED MARS LANDOIS

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« La première fois que j’ai vu Beaubourg j’avais huit ans et je me souviens que j’avais été très énervé »

Fred Mars Landois

«Portrait à la Drina» 2011, © Milomir Kovacevic, tirage sur papier Barité

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Dossier de presse - Février 2012

FRED MARS LANDOIS

Portrait

Sélection d’œuvres

Texte critique de Hauviette Bethemont

Interview de Pascale Riou

Informations pratiques

p. 3

p. 4

p. 11

p. 13

p.16

Sommaire

Eureka Utopie, 2010, sérigraphie, 70cm X 50cm, 10 exemplaires

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FRED MARS LANDOIS

Biographie

Diplômé de l’Ecole des Beaux-Arts de Valence, il y a étudié la peinture, l’édition, de la sérigraphie à l’offset.

Sans medium privilégié, l’artiste est au service du Projet et s’entoure d’une équipe de spécialistes pour réaliser chacun d’entre eux.

Historiques ou mythologiques, les références qui composent son Œuvre sont toujours populaires. Fred Mars Landois place son art à la croisée de la critique et du politique.

Fred Mars Landois est né en 1975. Il a créé l’association «A Musée la galerie» en 2001.Il vit et travaille à Lyon.

Expositions

2012 “My galerist drives a Jaguar“ galerie modernart Lyon

2011“Vanité ta mère“ la Twall StrasbourgFoire «Docks Art Fair» LyonExposition «Itinérance» ValenceExposition «Vanité ta mère» Mur st martin Paris

2010 Foire «Chic art fair» Paris“Nobody know the trouble I’ve seen” galerie modernart, Lyon“même quand on peint un incendie il faut se méfier d’ou vient le vent” Identité remarquable, OrléansFestival play box grnd zéro, Lyon“Something in the way” galerie 10m2/Duplex, Sarajevo

2009 “le pieu” La halle de Pont en Royans

2008 “winter festival of Sarajevo” “Video Salon 3”, galerie 10m2 Sarajevo mars

2007Résidence de trois mois à Sarajevo dans le cadre du projet “Zlatana ribica”. “video salon 2” galerie 10m2 Sarajevo

2005“Fulltime/ultime” galerie 10m2 Sarajevo“BOOK’S” galerie 10m2 Sarajevo

2004“Le linéaire” galerie Hotel Clérieux Romans “Veni, Vidi, Exposui n°1 et n°2” galerie Bordeline Nantes, avril “J-1” galerie Castel Coucou Forbach “Veni, Vidi, Exposui n°3” galerie Octave Cowbell Metz Classe APAC avec l’institut d’art de Villeurbanne au collège Kandelaft du Chasey d’Azergue (Rhône)

2003“In and out” galerie in and out Grenoble mai

2002 “Le jardin des possibles” Lyon“Zivio !” Collegium Artisticum Sarajevo“Le jardin des possibles” Lyon“Zivio !” Collegium Artisticum Sarajevo

2001“Au-dessus du volcan“ Maison du parc, Cébazat“Inauguration“ Galerie Le linéaire, Romans

2000“La belle aventure“ Galerie le Linéaire, Romans “Camping 2000“ Parc François Mitterand, le Linéaire, Romans“Hublot“ ART 3, Valence

1998“Assis de préférence“ ERBA , Valence

PublicationsCatalogue/programme “ winter of Sarajevo”Catalogue “le quintenat” galerie octave cowbell“in my bed magazine” http://www.inmybedmagazine.com

Portrait

© Élise Boularan

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Sélection d’œuvres

The Place of the Dead Rider, 2012, pare-brise, trous. Photographie © Juan Robert

Playground, 2012, structure métallique et projectionPhotographie © Juan Robert

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Sélection d’œuvres

Écriture ordure, slogans poétiques et autre fragrance du moment 2012, papier rivolli, pochoir. Photographie © Juan Robert

Le Douxième Homme, 2012, maillot et lettrage adhésif. Photographie © Juan Robert

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Sélection d’œuvres

Vue de l’exposition «My galerist drives a Jaguar» Photographie © Juan RobertAbracadabra, flexible lumineux et The place of the Dead rider, 2012

Vue de l’exposition «My galerist drives a Jaguar» Photographie © Juan RobertVanité ta mère, 2011, offset et «Portrait à la Drina» 2011, © Milomir Kovacevic, tirage sur papier Barité

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Sélection d’œuvres

Vanité ta mère, 2011, offset, 100 cm x 70 cm, 29 exemplairesPhotographie © Juan Robert

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Sélection d’œuvres

Le gris c’est du fuschia pour les chiens, 2011, projet d’intervention sur mur urbain

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Sélection d’œuvres

Un fleuve est plus libre que moi, intervention au festival winter Sarajevo en 2009 Affiches retranscription en photo

Un chevalet à Sarajevo, photographie (sans date)

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Sélection d’œuvres

Joie de recevoir, 2010, sérigraphie, 70cm x 50cm, 10 exemplaires

Fatamorgana, 2010, cage en acier et fuméePhotographie © Juan Robert

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FRED MARS LANDOIS

Memento mori

Les vanités sont un thème récurrent dans le travail de Fred Mars Landois. Il s’agit en fait du simple dessin d’un crâne, réduit à quelques points. Une esquisse de chiffres qui invite, comme dans un jeu, à relier d’un trait les numéros les uns après les autres afin d’obtenir, et ce même pour le plus médiocre des dessinateurs, un résultat tout à fait convenable. Cette re-présentation en devenir, ce squelette du plus commun des dénominateurs humains semble à priori renvoyer avec légèreté à la mort. Et pourtant, cette évocation de jeu d’enfant où intervient sans préavis la grande faucheuse parle mieux que tout autre de la vacuité de la vie et de son aspect éphémère. Son titre vanité ta mère ,qui peut glisser à tous instants de sens jusqu’ à nique ta mère , y ajoute une note caustique, délibérément iconoclaste.

Si on lui demande pourquoi ces vanités ?, l’artiste répond qu’aujourd’hui, le thème est devenu si banal que tout le monde y va de son petit crâne sur papier ou toile, il propose donc de simplifier en quelque sorte le travail en offrant une grille prête à l’emploi. Une dérision qui lui sied bien, lui qui justement fait de chacune de ses œuvres des propositions en-tre rire et larmes. Le souffle léger de la mort traine dans l’exposition, jamais dans le pathos mais dans une juste distance que lui offre l’humour. Humour noir bien entendu. Dans la pièce intitulée The place of the dead rider, on retrouve le fameux crâne incrusté dans un parebrise de voiture. Cette fois ci pas d’éclat de vitre façon accident calamiteux mais des trous (rappelant les points du dessin) élégants et aussi propres que s’ils avaient été réalisés par un magnum. Sur la surface lisse et légèrement bombée, ils apparaissent dans l’épaisseur de la lumière, fan-tômes encore d’un scénario que l’on devine catastrophique, car impacté du côté passager de la voiture plus communément appelé « place du mort ».

Dans la même veine, le douzième homme, pièce réalisée à partir d’un maillot aux rayures noires et blanches semblant lever les bras au ciel, et qui cache bien des jeux d’interprétations. Pour les connaisseurs, c’est le Maillot de foot d’un certain Michel Platini qui autrefois excellait dans ce sport. Alors, Platini, le douzième homme et les bras levés font comme une équation barbare évo-quant dans nos mémoires une image arrêtée, celle du stade de Heysel où la pelouse a fini sanglan-te sous les coups et les corps de supporters. Le douzième homme est pour les spécialistes de foot, le douzième joueur indispensable à l’équipe c’est-à-dire le supporter, fan de son club et du ballon rond et donc prêt au sacrifice final du spectacle, mais on peut considérer que dans cette histoire là, il est aussi le douzième juré ( du film d’Heywood Gould) qui renvoie de fait à l’ombre de la jus-tice, immanente ou frileusement humaine .

Texte critique de Hauviette Bethemont

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FRED MARS LANDOIS

Fred Mars Landois aime mélanger les sens, les mots en un curieux melting pot donnant forme à une poésie un rien fracassée. Une touche de désespoir, un mal à la vie, un mal à la mort qui restent habilement esthétiques afin d’éviter la vulgarité des grands effrois. Fred Landois aime les chemins de traverse et sa douce violence se débusque au coin de rébus, de jeux de sens. Il sait instaurer suffisamment d’intimité pour ne jamais ployer sur une quelconque brutalité.

Le carton d’invitation le dit, son galeriste conduit une Jaguar, ce qui suppose que cet artiste sait choisir sur des critères de raffinement les personnes qui l’entourent. Un peu d’élégance dans un monde brut, un peu de clichés pour le supporter, comme s’il était nécessaire de le romancer un peu pour le rendre acceptable. Dans l’exposition, Fred Mars Landois a, du reste, tenu à accrocher le portrait du dit galeriste sur un mur (Galerist at home), clin d’œil au temps passé de l’histoire de l’art où les tableaux rendaient hommage aux collectionneurs et mécènes, dérision de son propre rôle dans cet univers devenu mondain. Et pour adoucir le tout, il a ajouté juste à côté en lettres lumineuses le mot abracadabra, réfé-rence à l’enfance, à la naïveté car après tout il y a aussi du plaisir à être tout simplement là. Une note de magie qui fait apparaître et disparaître des princes charmants comme des lapins, alors pourquoi pas les artistes ?

Toujours en jeux d’image et rencontre inattendue, ces photographies du village olympique de Sara-jevo (Moj Milo), presque dorées et sublimées dans la grande laideur de son architecture. Sarajevo comme une autre référence indispensable qui court depuis longtemps dans le travail de Fred Lan-dois. Une ville que l’artiste aime, une ville détruite à la frontière de l’histoire et de la violence. Un espace urbain border line qui correspond bien à ce voyageur funambule qui parcours sur un fil des tracés imaginaires, partageant son flegme dérisoire face à la cruauté banalisée de notre quo-tidien. Timide introspectif, il a trouvé avec les mots matière à donner et faire résonner sa petite musique. Ritournelle sous forme d’haïku, pleine d’ironie et de désespérance maitrisée « j’aimerais que ma vie soit comme une porte de frigidaire, tu l’ouvres, ça s’éclaire ».

Fred Mars Landois propose sa version de la danse macabre, une étreinte délicate et poétique où le memento mori se ferait chanson dans une boite à musique.

Hauviette Bethemont

Exposition Fred MARS Landois : My galerist drives a Jaguarmodernart Galerie janvier 2012

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FRED MARS LANDOIS

PR : Peux-tu te présenter rapidement ?

FL : Je suis nais à Vizille, j’ai passé 6 ans aux beaux-art de Valence, j’ai eu mon DNSEP. Ensuite je me suis installé à Lyon, tout en continuant ma démarche artistique, en faisant des allers-retour à Sarajevo et en créant le collectif AMG avec Damir Radovic.

PR : Tu as parlé d’aller-retours à Sarajevo, quels liens as-tu avec cette ville ?

FL : La première fois que je suis allé à Sarajevo, c’était en avril 1998, après avoir rencontré Damir Radovic qui était étudiant dans la même section que moi, en première année.

J’avais le projet de coller des affiches représentant des Tours de Babel dans des villes que je trouvais problématiques, et Sarajevo en faisait partie. Donc je lui ai lancé à la volée, « si tu pars à Sarajevo, je te suis. ». En fait il devait partir et je l’ai suivi sur un coup de tête.

PR : Quel était ce projet de Tours de Babel ?

FL : Je voyais ça comme une déambulation. Il s’agissait d’appréhender une ville, les gens, des lieux, pas forcément touristiques ou connus mais qui correspondaient à ce geste. Pendant la guerre de Yougoslavie, j’étais lycéen, je m’intéressais au conflit mais il me paraissait très compliqué. Le fait de rencontrer Damir qui avait vécu 9 mois de guerre là-bas, m’a aidé à faire tomber pas mal d’a priori, de préjugés, que j’avais sur la guerre.

On a traversé l’Italie en train, où on était tous les deux des étrangers. C’est une fois arrivés à Ancône que je l’ai entendu parler sa langue, le serbo-croate, pour la première fois.

On a traversé la Croatie avec ses parents en voiture, et là je commençais à avoir une certaine pression, une vraie remise en question sur le projet en lui-même, sur ce que j’allais faire là-bas.

Moi j’étais étudiant aux beaux-arts et ce fut un vrai questionnement humain et artistique. On est arrivé à Sarajevo, et c’est le réel que j’ai pris en pleine tête : je n’avais vu les images que par la télé et là je découvrais où il avait vécu, je voyais des impacts de balles dans son appartement, il m’a expliqué que les lignes de front avaient été positionnées en face de ses fenêtres. On a marché dans la ville pendant deux ou trois jours. En 98, marcher avec un appareil photo était mal vu, les gens nous dévisageaient beaucoup.

Je me suis senti mal d’avoir un appareil photo et j’ai décidé de le laisser ; tout de suite ça s’est mieux passé. Un de mes déclics a été le stade olympique qui était transformé en cimetière clandestin. On était entourés de tombes, et je ne me suis plus senti de faire ce projet là, n’étant pas journaliste, ni bosniaque, juste un artiste : ce n’était pas mon rôle.

On est resté quinze jours à Sarajevo et un soir les images de neuf lieux précis me sont apparues et c’est devenu un besoin de faire cette action. On est donc allé coller des affiches dans la nuit et les photos ont été prises le lendemain.

Ça a été le premier point marquant avec Sarajevo et marquant pour mon travail.

PR : Quelles sont tes références artistiques ?

FL : La première fois que j’ai vu Beaubourg j’avais huit ans et je me souviens que j’avais été très énervé.

J’étais avec mon père, qui n’avait pas de connaissances en histoire de l’art mais qui voulait me faire connaître ce milieu, et je me souviens d’une colère monstre par rapport à ce que je voyais.

En tête j’ai les Support Surface : je comprenais pas pourquoi des fenêtres posées étaient de l’art, je comprenais pas pourquoi un type qui faisait un carré bleu était exposé. J’étais énervé et impuissant face à ça.

« L’idée était que ce travail commencé allait me suivre, c’était une forme virile et revendicatrice pour dire que tant que je vivrai je serai artiste et tant que je serai artiste vous aurez affaire à moi.»

Interview de Pascale Riou

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FRED MARS LANDOIS

La seule chose qui m’avait amusée c’était la boutique de Ben, je trouvais ça vivant, drôle, attrayant ; il y avait des messages, de l’humour. Donc Ben, bien que j’en sois revenu maintenant, a beaucoup compté dans mon envie de faire de l’art.

Ensuite, Duchamp et Warhol, évidement, sont de vraies références, mais je prends ce que je veux dans leur travail. Ernest Pignon Enest, le collage en fait, m’a intéressé. PR : As-tu un médium privilégié ?

FL : Je suis rentré aux beaux-arts de Valence car je voulais toucher à tout, et cette école me paraissait former à tous les médiums. Je me suis beaucoup intéressé à l’édition, de la sérigraphie à l’offset. En deuxième année j’ai abandonné la peinture. Je n’ai pas de médium privilégié, c’est l’idée du projet qui importe et je choisis un médium en fonction.

Il y a aussi la particularité que je ne produis rien, je fais faire. J’ai une équipe, je connais des spécialistes dans chaque domaine et je leur demande de faire les choses à ma place. Je travaille avec une graphiste que je connais depuis des années, qui a suivi mon travail et qui met en page, fait ma charte, etc. Avant je ne n’expliquais pas cette façon de travailler, aujourd’hui oui. Si j’écris un texte et qu’il y a des fautes, pour moi ce n’est pas important car je m’attache au fond. Mais je sais que pour certaines personnes l’orthographe est primordiale.

Donc je veux que pour mes textes comme pour mes images il n’y ait pas de fautes, pas de fautes techniques, que rien n’empêche le premier regard sur la pièce. Si je propose une photo, il ne faut pas qu’il y ait d’erreur d’ombre, que je puisse la montrer à des connaisseurs et que rien ne les gène, que la photo sois parfaite techniquement.

PR : Si j’ai bien compris, tu t’occupes du fond et tu délègue la forme à des professionnels pour que chaque pièce soit lisible par tout le monde ?

FL : C’est tout à fait ça.

PR : Donc, comment vois-tu ton activité artistique : comme un temps de travail, une production, une réflexion ?

FL : Déjà, c’est quelque chose que je ne dissocie pas de moi. En fait, tous mes projets sont compliqués, même si l’apparence est celle de la simplicité. Il faut toujours une recherche pour trouver la bonne personne, le bon objet. Il y a un long temps de travail en amont. Je laisse la réalisation aux autres mais tout le travail en amont est là pour bien expliquer ce que je veux. Cela coûte plus cher, prend plus de temps, mais je ne suis jamais déçu par ce que je propose.

PR : Quand tu dis que le travail en amont est un temps d’explication, c’est une explication pour toi-même, pour les réalisateurs des pièces ?

FL : Tout à fait. C’est un temps pour prendre conscience de l’enjeu, de tous les paramètres et pour pouvoir bien expliquer le projet aux spécialistes qui vont se charger de la

réalisation. Après, quand on me pose des questions sur mon travail je dis souvent : « regardez d’abord ». Il y a toujours des références « populaires » : je ne parle pas d’un monde onirique mais de choses accessibles, d’expériences.

Les références sont ordinaires, même quand je parle de moi-même tout le monde peut se reconnaître ; mêmes si les références sont historiques ou mythologiques, elles sont abordables. Ce n’est jamais de l’obtus. Par contre, je n’aime pas expliquer mon travail. D’abord parce que ce n’est pas moi qui l’expliquerais le mieux ; ensuite, je ne sais pas si un travail s’explique. Une fois qu’un travail est exposé, il ne m’appartient plus, je peux donner des pistes mais je n’ai pas à donner d’explications didactiques.

On peut néanmoins toujours y voir un fil rouge. La Tour de vigie sera le plus gros fil rouge. Je n’ai pas envie de perdre le public mais je n’ai pas envie de lui donner toute la solution de l’énigme non plus.

PR : Tu ne veux pas donner de clés de lecture à ton travail mais il y a déjà des messages dans tes pièces.

FL : Ce n’est pas un travail d’autiste ; toute une partie de mon travail tourne autour d’une forme de communication, que ce soit par l’édition, le slogan, les cartes postales. C’est important de savoir qu’une partie du boulot m’échappe, écrire une carte postale c’est instaurer un mode de communication que je ne gère plus une fois que la carte est achetée par quelqu’un.

PR : Vois-tu ton travail comme art critique ou art politique ?

FL : Je fais de l’art politique au sens large du terme. C’est-à-dire que je ne suis pas un animal politique, le sujet m’intéresse mais pas d’un point de vue politicien. Je propose une relecture de la politique, si beaucoup de choses sont artistiques, beaucoup de choses sont politiques. Quant à l’art critique pour critiquer... ce qui me dérange dans la critique c’est lorsqu’on ne propose rien. J’essaie de proposer des choses. C’est vrai que dans mon travail je m’amuse de l’art.

PR : Tu es quand même dans le milieu de l’art par ton activité artistique mais aussi en étant dans l’associatif et en ayant un atelier avec d’autres personnes à Lyon. Peux-tu en dire plus ?

FL : L’association date de 2001, elle s’appelle A Musée la Galerie. L’idée était un collectif à deux, avec Damir Radovic, afin d’avoir une structure pour faire des événements et y inviter des amis artistes. C’était l’idée du cheval de Troie, de faire rentrer des gens dans le milieu de l’art. On s’en est servi

« Je n’ai pas de médium privilégié, c’est l’idée du projet

qui importe et je choisis un médium en fonction. »

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FRED MARS LANDOIS

pour faire une exposition à Sarajevo en 2002, pour inviter des artistes français et bosniaques à Sarajevo puis faire repartir l’exposition en France. L’association fait également partie de la FRAAP, fédération des réseaux et associations d’artistes plasticiens, qui soulève des problèmes qui m’intéressent : le droit à l’image, le statut de l’artiste, la formation de l’artiste. Les choses qui fédèrent m’intéressent. PR : Est-ce que ton pseudonyme te sert pour faire des choses différentes de celles que tu signerais de ton patronyme ?

FL : Aujourd’hui je le réutilise pour des travaux érotiques, c’est une autre partie de mon personnage. C’est un peu une protection aussi.

PR : Peux-tu parler plus en détails de tes cartes postales ?

FL : Avec le lycée, on était venu à Grenoble voir une exposition de Boetti qui faisait du mél art. Jusque là, j’avais une vision de l’art très basique : pour moi l’art était un tableau, ou une photographie par exemple. Ecrire et que cela devienne de l’art, que quelque chose voyage et fasse de l’art, m’a fait réfléchir. J’ai pris conscience que l’art n’est pas seulement quelque chose d’accroché dans un musée ou une galerie. J’ai développé cela ensuite.

J’ai aussi fait un workshop avec Martine Aballéa, et j’étais toujours dans le stéréotype de L’œuvre à poser, à exposée et j’ai travaillé sur des multiples et vu que l’art pouvait être des serviettes, sans être un produit de consommation mais un produit artistique. Ma démarche a avancé en ce sens, je n’aurais pas de complexe à faire des assiettes sans faire du Ben ou du produit commercial. L’objet n’est pas détourné, on revient à cette démarche dans laquelle on reconnaît l’objet.

En ce qui concerne les cartes postales, j’ai découvert un collectif Carted, qui édite des cartes postales. J’ai fait avec eux une série « Tout va pour le mieux dans le mailer daemon » et vais continuer à faire appel à eux. Comme je suis représenté par une galerie je vais les mettre en vente. Mais j’ai une centaine de slogans, voire plus, donc se pose le problème de trouver la phrase, ou la raison de mettre telle phrase sur une carte postale, et à qui je la destine. Cette année c’était ma carte de vœux, mais je les envoie aussi lors d’actions artistiques.

PR : Peux-tu revenir en détails sur le projet de la Tour de Vigie ?

FL : En troisième année des beaux-arts, je me suis fait viré car mon travail était trop éparse et j’étais incapable de le porter. Tous les boulots étaient liés entre eux par un fil rouge, plus ou moins autobiographique, et d’un certain côté ces boulots étaient mis avant moi ; c’est-à-dire que je me cachais derrière.

En revenant à l’école en fin de la troisième année, j’ai pris le contre-pied, je me suis dit « vous voulez me voir, vous me verrez ». J’ai pris une salle pour moi tout seul, j’ai mis des sacs de sable devant ; c’était ma citadelle. A l’intérieur, j’avais mis 43 tableaux noirs et j’avais écrit « J’ai 23 ans et je peins des tableaux noirs », il y avait la référence à Mano Solo - que personne ne voyait.

Ces tableaux noirs étaient le point de départ, toutes les pièces dans la citadelle étaient liées à mon histoire, il y avait une photo de ma mort, des photos d’écrans noirs qu’à l’époque je traçais dans la rue. Mon travail est passé mais a fait grincer des dents. En cinquième année, j’ai voulu faire une référence à ces tableaux noirs et j’ai fait un triptyque où je les saluais ; intitulé « J’ai 26 ans et je peins toujours des tableaux noirs », et j’ai tout balancé devant le jury. C’était ma dernière pièce aux beaux-arts.

L’idée était que ce travail commencé allait me suivre, c’était une forme virile et revendicatrice pour dire que tant que je vivrai je serai artiste et tant que je serai artiste vous aurez affaire à moi. A Lyon, j’ai eu peur que mon travail tourne trop autour de moi ; j’ai fait beaucoup de choses par rapport à Sarajevo, aux frontières, aux origines. Cela a pris une grande part dans mon travail, qui, pour moi, a plusieurs branches. Pour l’exposition à La Halle, j’ai voulu trouver un catalyseur de mon travail. Avant, je savais que le liant était les tableaux noirs, aujourd’hui c’est la chanson Le pieu, chanson catalane de l’époque franquiste, qui fait une synthèse de mon travail. L’idée était de faire tourner l’exposition et d’ajouter à chaque fois de nouvelles pièces sous l’égide du Pieu.

En poursuivant ma réflexion, je suis arrivé à la Tour de vigie et au constat que je faisais aussi partie de mon travail et que cela faisait longtemps que je ne m’étais pas réinscrit dedans. La Tour de vigie est une façon de faire voir ma position, et de pouvoir diffuser le reste de mes travaux. Je suis souvent frustré de présenter des pièces sans que les gens puissent voir l’avant de mon travail parce que je fais rarement des chef-d’œuvres, c’est-à-dire des pièces en tant que telles, qui vivent en tant que telles.

Quand j’exposais avec Damir Radovic, on ne se consultait pas mais on avait la même ligne, quand on mettait nos travaux ensemble, sans se concerter, il y avait des échos, des références communes, une respiration. Je n’aime pas présenter une pièce unique mais plutôt plusieurs pièces qui se font des rappels, qui se complètent, donnent d’autres pistes. Je produit moins qu’à l’époque des beaux-arts mais je me suis toujours vu comme une usine ; mon site internet s’appelle la Factory, pour la référence à Warhol mais aussi au communisme, au stakhanovisme. Je sais que dans l’idée produire beaucoup est mal vu par les galeries, mais je travaille à l’instinct donc comme ça.

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FRED MARS LANDOIS

Fred Landois/ MARS.

20, montée des Carmélites69001 Lyon, France

Tel : +33 (0)6 10 07 92 01email : [email protected] web : www.mars-factory.com

Representé par la Modernart galerie :

65 Boulevard de la Croix-Rousse 69004 Lyon, France.

Horaires d’ouverture:mardi au samedi de 16h à 20h et sur rendez-vous.

email : [email protected] web : http://www.modernartgalerie.fr

Dossier de presse : caroline boudehen www.caromaligne.com [email protected]

Informations pratiques