Dominique Lestel- Langage Et Communications Animales
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8/10/2019 Dominique Lestel- Langage Et Communications Animales
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Dominique Lestel
Langage et communications animales.In: Langages, 36e anne, n146, 2002. pp. 91-100.
Abstract
Results on animal communications have exploded these last 20 years. If nobody still thinks that animal may have a kind of
language as humans have, complexity of animal communications have been shown to be much more complex that what had
been previously thought: traditions, meta-communication, innovation and abilities to manipulate information through deception,
especially among primates, as well as great plasticity in referential processes have been observed. Simple syntaxes and dialogic
situations have also been shown among animal communications, but no species studied to date seem able to naturally refer to
presentles phenomena. We nevertheless must be cautious. Our intuitions about animal communications are often wrong.
Examples of not yet solved problems abond. We can refer to what G. Bateson said about inability of animal to express negation,
suggestion by P. Marier that play behaviour is the great analog with human language in animals, or D. Dennett's about the lack of
secrecy among vervet monkeys. It seems to be an illusory belief to look for THE great feature of human language, compared with
animal communications. It is more fruitful to consider that a number of meaningful differences distinguish language and animal
communications. Such a careful and technical position being adopted here had already been defended by British biologist J.B.S.
Haldane in the fifties, but it is still the best one.
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Lestel Dominique. Langage et communications animales. In: Langages, 36e anne, n146, 2002. pp. 91-100.
doi : 10.3406/lgge.2002.2404
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lgge_0458-726X_2002_num_36_146_2404
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/author/auteur_lgge_863http://dx.doi.org/10.3406/lgge.2002.2404http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lgge_0458-726X_2002_num_36_146_2404http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lgge_0458-726X_2002_num_36_146_2404http://dx.doi.org/10.3406/lgge.2002.2404http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/author/auteur_lgge_863 -
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Dominique LESTEL
cole normale
suprieure
LANGAGE
ET
COMMUNICATIONS
ANIMALES
Linguistes
et thologues
ont manqu une
remarquable
occasion de travaillernsemble
dans
les
annes 50,
la suite
d'un
dbat entre Benveniste,
von
Frisch
et
aldane sur
la
nature
du
langage
des
abeilles. 50 ans
plus tard, les
rsultats ontxplos
non
seulement
sur
le langage
des
abeilles mais
aussi sur
les communicationsnimales de faon plus gnrale,
en milieu naturel
ou dans des
situations
expriment
ales
i
personne
ne
pense
plus
qu'il
puisse
exister
chez
l'animal
un
langage
de mme
nature
que
celui
qu'utilise l'humain, la
complexit des communications animales s'est
rvle
tre beaucoup plus labore
que
ce que
l'on
pensait
alors.
La
question
des
diffrences
entre
communications animales
et
communications humaines acquiert
du
coup une pertinence nouvelle,
de
mme que
celle de
savoir comment le langage a pu
merger partir des modes
de
communication
de
l'animal.
1. Les abeilles
ont-elles
un langage?
Un
dbat manqu
dans
les
annes
50
En 1952, Emile Benveniste publie
un
article sur les
travaux
de Karl von
Frisch dans
le
premier numro de la
revue
Diogne. Le linguiste franais
estime
que
l'humain
est
capable pour la premire
fois
de se
reprsenter le fonctionnement
d'un
langage
animal. Pour lui, les
abeilles
produisent et
comprennent
de vritables messages
et
elles
manifestent une
relle aptitude
symboliser
en tablissant
une correspondance
conventionnelle entre
leur
comportement
et
la localisation
d'une
source de
nourrit
ure. ette
communication symbolique est pourtant loin d'tre un langage
humain.
E.
Benveniste
attire
en effet
l'attention
sur sept
diffrences
qui
empchent
d'assimiler
le
langage
des
abeilles
et le
langage humain.
1)
Le message
des
abeilles passe exclu
sivement
par
la
danse
alors
que
le
langage
humain
est
vocal
par
essence.
2)
La
commun
ication
des
abeilles s'effectue ncessairement la lumire, alors
que
le langage
humain
reste
efficace
dans l'obscurit. 3) Les abeilles ne connaissent pas le
dialogue
qui
est
la
condition du
langage humain.
4)
L'absence de dialogue conduit les
abeilles
ne communiquer
que
sur une
donne objective. Benveniste
souligne en particulier
qu'aucune
abeille
ne peut
reproduire
un message qui est convoy par
un
autre insecte
si elle-mme n'a
pas
t
directement
tmoin
de
ce quoi le message se rfre. Aucune
abeille, autrement
dit,
ne
peut construire
de
message partir d'un autre
message.
5) Le
message
de l'abeille
se rapporte
toujours
la nourriture et les seules variantes concer
nentes
donnes de sa localisation
spatiale. 6) Chez
l abeille, il
existe
un rapport
nces
saire
entre
la
rfrence
objective
et
la
forme
linguistique
qui n'existe
pas
dans
le
langage
humain. 7) Enfin, le message des abeilles
ne
se
laisse
pas analyser.
Il
n'y a pas
cette double articulation par laquelle Martinet caractrise le langage
humain.
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E.
Benveniste
conclut de ces
carts
que
la communication des abeilles n'est pas
un
langage
mais un code de signaux.
En 1954, dans
le
numro
7
de la mme revue,
K. von
Frisch rpond
Benveniste
dans une lettre
la rdaction.
Aprs avoir corrig
quelques donnes factuelles
du
linguiste,
l'thologue
autrichien
souligne
en
particulier
que
le
contenu
du
message
ne
se
rapporte pas toujours
un
seul phnomne, la nourriture,
mais aussi
au choix d'un
logement.
Le langage des
abeilles,
estime von Frisch, est plus
merveilleux
que ce
qui
existe
chez les
autres
animaux.
2.
Comparer communications animales et
langage
50 ans aprs ce
dbat
o
en
sommes-nous
?
Reprenons
et
compltons les objections
d'E. Benveniste
la
lumire
des
travaux
les plus rcents
en thologie.
Qu'il
n'y
ait
pas
de
message
labor
partir
d'un
autre
message
chez
l'animal
est
en partie vrai
seulement. Car
s'il n'y a
pas de
transmission
de
message
chez
l'animal,
on trouve
en
revanche des traditions sur la faon
de
transmettre des messages
chez
certains
animaux. On
peut
ainsi
citer le
cas du singe vervet,
dont
l'usage appropri
des
cris
d'alarme
et
les rponses
que
ces
derniers suscitent en retour
sont
traditionnels
(Seyfarth & Cheney, 1997), ou celui des orques et des baleines (Bain,
1986). Plus
gn
ralement
chez de
trs nombreux
animaux
les dialectes correspondent des caractris
tiquesocales et acquises des
modes de
communication qui
se
transmettent
entre
gnrations (Grant Se
Grant, 1996).
La reflexivit
est
la capacit de communiquer
sur
la communication
et
les
exemples
de
mta-communication
abondent
chez
l'animal,
sans
tre
ncessairement
phatiques.
Les
femelles des
singes
cureuils (Saimiri sciureus) qui ont une affiliation
forte
entre
elles changent des
cris
qualifis de chuck (Newman & Symmes, 1982). S'agit-il
rellement
de commentaires
sur
la
relation
sociale
en cours
comme on l'a
suggr ?
G.
Bateson
(1955)
a estim que des
signaux de
jeux utiliss par
certains
animaux
entrent dans cette catgorie1
ainsi
que le partage des motifs
de
chants par des
oiseaux
qui sont
socialement
proches. Chez ces
derniers,
Charles Snowdon
estime
qu'il
ne
s'agit
pas vraiment de communication sur la communication mais du
recours un
plus haut niveau d'abstraction
que
les communications les plus habituelles qui portent
sur les tats
motionnels,
la nourriture ou les prdateurs. La question du
jeu,
souleve
par
G. Bateson,
n'est
pas
la
seule
occurrence
de
mta-communication chez
l'animal.
On
l'observe aussi quand un
animal
adulte
corrige un jeune
qui s'exprime incorrecte
mentar exemple quand un jeune vervet met un signal d'alarme dans un
contexte
qui
ne le justifie
pas (Seyfarth
&
Cheney, 1980).
L'ouverture
permet la langue
de construire de
nouvelles expressions travers sa
structure
grammaticale et
d'assigner de
nouvelles significations des
lments
nouveaux
ou anciens.
De
faon plus gnrale,
les
capacits d'innovation
de l'animal
sont
beaucoup
plus importantes que ce qu'on croit
en
gnral. Jane Goodall (1968) a
ainsi dcrit des modes passagres
de
manipulation
de
vgtaux. De mme T. Nishida
(1980)
a
signal
Mahale l'apparition d'un comportement qui exprime la
frustration,
le
1. Quand un
animal joue,
il
dit
aussi son
partenaire
ceci est un jeu
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leaf-clipping
, le pinage-de-feuilles , qui n'existe pas ailleurs. On
pourrait
multi
plier es exemples, mais c'est
dans
le chant des
oiseaux
ou des baleines que l'innova
tionst
la
plus constante.
On
a observ
des tromperies
et
des ruses
chez
de nombreuses espces de
primates et
ce
phnomne
s'inscrit
l encontre
d'une
trop
grande
rigidit
de
la
rfrence
des
messages. Un
certain
nombre d animaux
ne
sont pas
seulement
capables de
donner un
autre sens
ce
qu'ils
expriment (dans le
cas du
jeu) mais
ils semblent
aussi tre capables
de
manipuler
le sens de leurs expressions, c'est--dire de rfrer sciemment une
situa
tion u
un
phnomne qui n'existe pas. La littrature sur la tromperie
et
la ruse s'est
beaucoup dveloppe depuis l'article
de Byrne et
Whiten
(1988) sur l'intelligence machia-
vlienne des
primates.
Celle-ci
concerne surtout de faux comportements
et non
de faux
messages
en
gnral, mais
ces
derniers existent nanmoins
chez
l'animal. Les
meilleurs
exemples portent encore
sur
les oiseaux. Merles noirs (Turdus merula)
et grives
musi
ciennes (Turdus
philomelos)
lancent
de faux
cris
d'alarme,
alors que
les prdateurs signals
sont
absents (Thielke &
Thielke, 1964). C'est
une
situation qui arrive
d'ailleurs plutt
quand
la
comptition
pour
la
nourriture
oppose
des
oiseaux
d'espces
diffrentes.
Un
tel
comportement
est
galement observ chez les
msanges
(Moller, 1988) ou chez des
espces d'Amazonie (Lanio versicolor
et Thamnotnanes schistogynus) (Munn, 1986).
Les communications animales
sont-elles
toutes dpourvues
d'une
double
articulation
? Des
syntaxes simples
ont t
rapportes
chez
les tamarins (Saguinus
oedipus) (Cleveland & Snowdon,
1982),
les
ouistitis
nains (Cebus
pygmaea)
(Pola &
Snowdon,
1975), les
capucins
(Cebus
olivaceus)
(Robinson, 1984), ou les macaques
rhsus (Hauser & Fowler, 1991).
Les msanges tte
noire
structurent mme leurs
chants
selon
une authentique (et
primitive) grammaire
generative
-
et ce sont les seuls
animaux
non
humains qui sont connus pour avoir cette
particularit
(Hailman et
Ficken, 1987
;
Hailman,
Ficken
&
Ficken,
1987
;
Hailman
et
alii,
1985),
mme
si
elles
n'ont visiblement pas la capacit de gnrer un nombre infini de combinaisons.
Chaque
structure
spare de
ces
chants
d'oiseaux
a-t-elle une signification distincte ?
Dans
l'tat
actuel de
nos
connaissances,
aucune donne n'accrdite une telle hypot
hse, en
particulier
chez les msanges
tte
noire. C. Snowdon (1999) estime nan
moins que
cette objection
est
faible partir
du moment
o Chomsky peut crire
que
Colorless green ideas
sleeps
furiously
illustre le travail
de
la grammaire en
l'absence de toute
signification
fonctionnelle. La combinaison
des
cris individuels
en
phrases qui maintiennent
la signification
des lments
individuels
se
rencontre
cependant chez les
tamarins et
chez les capucins. Certains
cris
de singes ont ainsi une
structure
ABC,
mais
il
reste difficile
de
dterminer
si
la
structure
CBA
est
smanti-
quement
diffrente
ou si elle est
interprte
de
la mme faon
par
les singes. noter
cependant que les
langues
de
signes,
reconnues aujourd'hui comme des langues
authentiques, ne
possdent pas
cette
double structure.
Exclure le
dialogue
des communications animales est sans doute un peu rapide.
J.
B. S.
Haldane (1953)
remarquait
que les
abeilles prennent des dcisions
de
faon
interactive pour choisir le
site
d'une ruche. Par ailleurs, des occurrences
qui
se produisent
au cours d'interactions
complexes entre
deux ou trois
animaux
ont t dcrites d'une
faon qui pourrait prendre
la
forme
d'un dialogue. Tous es rituels duo qui ont t dcrits
en
thologie peuvent ainsi
tre
caractriss comme des dialogues, mme s'ils sont figs, et
s'ils
restent
trs
rptitifs.
Les oiseaux
chanteurs
peuvent
aussi
apprendre
le
dialecte
d'une
autre population, ou
le
chant
d'une
espce diffrente
avec
laquelle
ils
sont
en
contact
(Mundiger, 1970
; Nowicki,
1989
;
Hausberger
et alii, 1995).
Des
phnomnes
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voisins sont observs
chez des primates. Quand
on lve ensemble
des mres
de maca
ques
rhsus ou
de
macaques japonais,
les
unes et
les
autres apprennent rpondre aux
cris
de
leurs enfants adopts.
De
mme,
les singes
vervets
sont
sensibles aux cris
d'alarme
des spros
superbes
(Sprea
superbus)
(Hauser, 1988),
mles
et femelles gibbons mains
blanches se coordonnent
de
faon labore
au
cours de leurs chants (Deputte,
1982),
et les
animaux domestiques
rpondent
aux
ordres
des
humains.
Un
critre
d unicit
suppose du
langage humain
concerne
sa
capacit
percevoir
des sons de parole comme parole.
Les enfants
discriminent les sons avant de pouvoir
les exprimer. On a pu montrer par ailleurs que des espces
non
humaines montrent
qu'une
perception
des catgories et la capacit percevoir des sons n'est pas une fonc
tion qui dpend
de
la capacit
les produire
et
que de
nombreuses
espces non
humaines catgorisent leurs
propres
sons. Les
macaques
japonais, par exemple, ont
sept variantes diffrentes
de
la
vocalisation
du
Coo qui sont utilises dans des
contextes
diffrents (S.
Green,
1975).
Pour
revenir aux
abeilles (Apis
mellifera)
voques par
E. Benveniste,
leur danse en
vol
constitue toujours
un
trs
bon exemple
non
humain
de
dplacement.
Comme
von
Frisch, l'un des meilleurs spcialistes des
abeilles,
James Gould estime toujours que
leurs danses
peuvent
tre
considres
comme
un
authentique langage.
Elles
se
rfrent
en
effet des fleurs qui sont loignes dans l'espace et dans le
temps
et
leur
structure
s'appuie sur
des
conventions arbitraires (Gould
&
Gould,
1988).
La
direction
du soleil,
par
exemple,
est associe
un
en haut
d'une faon que rien n'impose.
Pour
Apis
mellifera
carnica,
une
distance de 45 mtres
est
reprsente
par un frtillement. Le
mme comportement
correspond cependant
une
distance de
20
mtres
pour
A.m.ligustica et une
distance de
12
mtres
pour A.m. lamarckii. Ces conventions sont
donc arbitraires,
mais
c'est
un
arbitraire de l'espce. D'autre part, la
dimension symbol
ique
es
danses
ne
fait
plus
de
doute
comme
le montre
une
exprience
ingnieuse.
Gould (1974, 1975a, 1975b) fait
en
effet mentir les abeilles
recruteuses
quand elles
indiquent l'endroit o
est
localise la nourriture convoite en manipulant exprimen
talement
eur environnement. Les
abeilles
recrutes
se
rendent
ainsi
l'endroit
qui
est
indiqu
tort
par
la
danse et non
celui
o
se trouve effectivement la
nourriture.
la
mme
poque, Schricker
(1974) empoisonne des
recruteuses
avec
du parathion. Il
les
conduit
par
l-mme
surestimer la
distance
qui spare le nid et la source
de
nourri
turet les recruteuses se rendent
de
faon prfrentielle
l'endroit
qui
est
dsign
par
les recrutes,
et
non
l
o se trouve
effectivement les ressources nutritives.
De
nombreux points
restent pourtant troublants.
Les
danses silencieuses restent
ineffi
caces
et
les raisons pour lesquelles les danses sont si imprcises quand la nourriture
est
proche
de
la
ruche
restent
obscures.
Mme pour
des
sources
plus
loignes,
des
carac
tristiques importantes comme la hauteur laquelle se
trouve
la source
vise
ne
sont
pas rfrencies.
La
danse
des
abeilles
apparat comme un curieux mlange
la
fois
tonnamment prcis et
bizarrement
inefficace. Contrairement
aux
annes 50,
les
abeilles ne sont plus
considres comme
aussi
exceptionnelles
quand
on compare
leurs
communications celles d'autres espces. Boesch (1991) a dcrit par exemple des
chimpanzs
communs (Pan
troglodytes)
sauvages
qui utilisaient2
un
curieux
mode de
communication
en
tambourinnant contre des arbres dans la fort
et
Savage-Rumbaugh
et
al.
(1996) ont expliqu longuement les raisons qui les conduisent
penser que
des
2.
J'emploie l'imparfait
car
c'est curieusement
un
mode
de
communication
limit
dans
le
temps
et
dans l'espace, de surcrot restreint aux grands mles.
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bonobos
sauvages (Pan paniscus) du Zare donnent des indications sur les chemins
suivis et les directions adoptes pour
se
retrouver le soir.
3. La situation problmatique
des
primates
Malgr ces
derniers travaux,
les
primates
posent un
problme
dlicat quand on
cherche comprendre l'mergence
du langage.
Gntiquement trs
proches de
l'humain, puisqu'ils partagent plus de 98
de
nos gnes, ces
animaux
possdent quel
ques-uns des comportements sociaux et techniques les plus
complexes
jamais observs
chez
un
animal alors que leurs communications restent
d'une
grande primitivit,
surtout si
on
les compare certains chants
d'oiseaux.
Peter Marier (1970) s'est mme
demand s'il n'y aurait pas plus de convergence entre les chants d'oiseaux
et le
langage qu'avec n'importe quel autre systme de communication animale.
Les
chants
des
gibbons, pour ne
parler
que
d'eux, ont des caractristiques
qui
suivent
les
lois
de la
gntique
quand
on
croise
des
espces
diffrentes
;
ils
sont
donc
sous
contrle
gnt
ique. De
mme, les
expressions vocales de
macaques rhsus qui
sont levs
isolment
diffrent
peu de
celles
de
leurs congnres qui ont t
levs
normalement (Seyfarth &
Cheney, 1997), alors
que
des oiseaux
qui
ont
t
levs dans
la
solitude
ou qui sont
sourds restent incapables
de
chanter
normalement. Humains
et
oiseaux ont une
production vocale qui
est
trs diffrente de celle des primates
non
humains.
Ce problme thorique est
plutt un
problme mthodologique. C.
Snowdon,
qui
estime
que les
cris
d'alarme ont t
indment privilgis,
adopte
une autre
approche.
Il
s'intresse aux
expressions vocales
travers lesquelles
les
ouistitis maintiennent des
relations
affiliatives entre compagnons sociaux.
Il trouve
ainsi une flexibilit des
communications
qui
rend
plausible
l'tablissement
de
lignes
de convergence
avec
le
langage.
Il
montre en particulier
que
les ouistitis
nains
(Cebuella pygmaea) et les tamar
ins
Sanguinus
oedipus) tmoignent
d'une
plasticit
vocale
remarquable.
Au moyen
de
trilles vocales, les ouistitis nains
lancent
des appels
moduls
individualiss dont
la
frquence possde une
intonation leve. Ni reflexives ni automatiques, ces squences
s'organisent
selon un
ordre
rgulier
de
prise de
parole (Snowdon &
Cleveland,
1984). Chaque ouistiti visualise ainsi une carte
sociale de
son groupe.
Quand
deux
colonies
se runissent,
leurs trilles respectives
se transforment de
la
mme
faon
que
des humains
modifient
leur langue
quand
ils rejoignent un nouveau
groupe social.
Le babillage de ces ouistitis nains
pendant
les vingt
premires
semaines de
leur vie
prsente
de
surcrot
une
structure
voisine
de
celui
des
bbs
humains
(Elowson et
alii,
1998). Prcoce, rythmique et rptitif, il puise dans
un
sous-ensemble des sons adultes.
Sur 21 000
appels
tudis, 71 ressemblent des
appels
d'adultes, et 19
sont
reconnais-
sabls
comme des variantes
d'expressions adultes.
Chez les bbs humains et
chez
les
petits
ouistitis ce babillage dpourvu de rfrentiel constitue un acte social. Loin d'tre un
artefact de laboratoire,
on
le trouve aussi chez les ouistitis nains sauvages et chez
d'autres
espces du genre Callithrix comme les ouistitis communs (C.jacchus) et les ouistitis argent
(Cargentata).
Le ouistiti apprend clairement
vocaliser
travers
ce babillage. Compars
ce dernier, les chants immatures des oiseaux sont plus loigns
du
babillage des
bbs.
Chez les
oiseaux,
ce sont
gnralement
les mles qui
chantent dans l'hmisphre
nord
et
la priode
de
babillage commence
avec
la pubert. Ce
chant
ne
reprsente d'ailleurs
que
l'une
des
nombreuses vocalisations
de
l'oiseau.
Chez
les
enfants
humains,
au
contraire,
le
babillage
commence
bien avant la pubert,
il
n'est
pas propre
aux mles, et
il
inclut un
large nombre
de
phonmes qui seront utiliss plus tard dans la
parole.
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Enfin,
l'ontogense
des
vocalisations
enregistres
pendant
le partage
de nourriture
chez les
ouistitis
suggre
qu'il existe une forme
d'enseignement de
la part des
adultes
qui faciliterait l'approvisionnement
prcoce
des enfants et l'usage appropri des
appels associs
de
la nourriture.
L'approche
de
C.
Snowdon
est frappante,
parce
qu'elle
suggre
que
les
communic
ationses primates les plus proches de celles de l'humain se
trouvent
chez des
petits
singes queue sud-amricains, des capuccins,
et non
chez les grands singes
anthro
podes
africains.
Cette proximit est
de
surcrot
accentue
au niveau
du
babillage des
bbs et
non
celui
des
communications adultes.
Cette situation est exemplaire des
difficults que nous rencontrons
quand nous
essayons
de
tracer un
tableau
cohrent
des communications animales et
que nous
tentons
de les
comparer avec celles
de
l'humain.
De multiples difficults rendent pourtant un tel projet assez
problmatique.
4. Des
questions
qui restent en suspens
Dans les pages qui prcdent, j'ai tent
de
montrer
qu'il est extrmement
difficile
de dterminer avec prcision ce qui distingue le langage humain
des
communications
animales en
toute
rigueur.
L'une
des
raisons de
cette
situation tient la
difficult
de
faire entrer
cette question dans une
problmatique
continuiste ou
discontinuiste
simple. Toutes les caractristiques du langage humain se retrouvent un
degr
ou
un
autre
dans
les communications animales ;
mais
le langage est le seul systme
de
communication avoir toutes ces caractristiques ensemble (Snowdon, 1999). De ce
point
de vue, les scnarios qui cherchent reconstituer la phylogense du langage se
trouvent
dans une posture dlicate. Tous tiennent en effet
pour acquis que
nous
avons
une reprsentation satisfaisante
des
communications
animales,
ce
qui est
loin
d'tre
le
cas,
et
que
le
langage
prsente
un
avantage adaptatif
dterminant
que
nous
avons
la
possibilit de reconstituer,
ce qui ne va
pas
de soi.
II est
illusoire de
chercher LA caractristique
du
langage.
L tude
minutieuse des
communications
animales
laisse
plutt
penser
que
le langage
se distingue par le
biais
d'une multitude d'carts signifiants. C'tait d'ailleurs, implicitement, la dmarche
d'E. Benveniste qui cherchait distinguer le
langage
des abeilles et le langage
humain
dans le dtail technique
de
leurs caractristiques respectives. Reprer ces carts constitue
un vritable
travail
de taupes
et
nous
ne
cherchons pas ncessairement aux
meilleurs
endroits. Prenons
titre d'exemple
une diffrence
entre
le
langage
et
les
chants d'oiseau
qui
n'est
jamais discute mais qui
est pourtant
massive
leur dure physique.
L'oiseau
chante
rarement
des
squences qui
excdent
15
secondes.
Encore sont-elles
rares.
La
plupart
des oiseaux ne dpassent pas 6 secondes, et la moyenne s'tablit autour
de
3
secondes, comme la plupart des perroquets. Seuls
l'homme
et la baleine bosses ont des
squences
non rptes
qui ont
des longueurs
plus
longues
(Harshorne, 1974).
On
pourrait
multiplier les exemples de
problmes ponctuels
qui restent encore larg
ement
en
friche ou d'intuitions
qui
attendent encore d'tre srieusement discutes. Ainsi,
la remarque
de
G. Bateson qui caractrise
la
communication
animale par son impossibil
t
'exprimer
la ngation est-elle
malheureusement reste
lettre
morte,
comme celle de
P.
Marier
(1977) selon laquelle c'est
le
jeu qui
est le
grand analogue au langage humain,
ou
celle de
D.
Dennett (1987)
qui s'interroge sur l'absence
de
secret chez
les singes
vervets.
Il
n'existe
pas d'tude
sur
les
mtaphores chez
l'animal
l exception
d'une
remarque de
G. Bateson (1966) qui
en
dcrit l'usage par
un
loup
du
Brookfield Zoo
Chicago. Le chercheur britannique
observe
le chef de bande se diriger
vers
son rival qui
96
-
8/10/2019 Dominique Lestel- Langage Et Communications Animales
8/11
copule
avec une
femelle
laquelle
il
n'a normalement
pas
accs ; mais au
lieu
de
mettre
en pices l'impudent,
il
lui abaisse quatre
fois
la tte avant de repartir.
G.
Bateson inter
prte ce comportement comme une action mtaphorique
par
laquelle
le
chef de la meute
exprime
le
fait
qu'il est un
adulte et un
an
et que l'autre n'est
qu'un
bb.
Nos
intuitions
propos
des
communications
animales
sont
de
surcrot
souvent
fausses. Si le
langage
permet
de dvelopper
des formes
propres de
narrativit,
il
n'en
est pas lui-mme une condition ncessaire. Ds que se dgage une
possibilit de
mime
merge
une narrativit potentielle. Un animal qui joue raconte dj une histoire
comme celui qui trompe
un
concurrent potentiel. Un bon exemple
de
la faiblesse
de
nos intuitions sur les communications animales concerne les mammifres marins.
Les
dauphins,
en
particulier, ont suscit de nombreux
espoirs
dans les
annes 60.
Maints
ctologues pensaient
que
les dauphins, qui sont
incontestablement des animaux excep
tionnellement intelligents,
doivent possder
un systme
de communication d'une
trs
grande complexit. Gregory
Bateson
tait
reprsentatif de
ces
espoirs. Dans les
annes
60, il exprimait
l'ide que
si le dauphin
n'avait
certainement pas
un
langage comme
celui
de
l'homme,
son
systme
de
communication
devait
en revanche
tre
trs
labor.
Il
caractrisait la communication animale comme une communication analogique qui
porte sur les relations
et
le langage comme une communication digitale qui porte
plutt
sur
les choses. Dans ce tableau,
le dauphin
constitue lui
seul
une catgorie
avec une
communication digitale
qui porte sur les relations. Si un
tel
langage-
dauphin existe,
il
reste encore
tre trouv.
Par contre,
les
sifflements
d'identit des
dauphins,
dont
l'hypothse
a t
originellement mise
par Caldwell &
Caldwell (1968),
a rcemment
fait l'objet
d'tudes longitudinales qui en ont
rvl
la richesse et la
complexit (B. McCowan &
D.
Reiss,
1995).
La
position prudente et technique loigne des
grandes gnralisations
que
j'adopte
ici
a
dj
t
dfendue,
d'une
certaine
manire,
au
cours
de
la
controverse
qui
opposait
E. Benveniste
et K. von
Frisch, mais ni
par le linguiste
franais ni par l'thologue autri
chien.
Un
troisime
personnage apparat
en
effet
en contrejour
dans ce dbat. Si
son
intervention
est oublie
aujourd'hui, elle
n'en reste
pas moins
la
plus
intressante
mon sens. Le
biologiste
anglais
J .
B.
S. Haldane rpond
en effet
lui
aussi
Benveniste
dans un article
de
Diogne
publi
en 1953. Loin
de
se focaliser d'emble sur
les
diff
rences et similitudes entre le langage des
abeilles
et le langage
de
l'homme,
J. B. S. Haldane
adopte
une approche trs diffrente
en
se demandant ce qui distingue
et ce
que
lie
une
action et
une
communication.
J. B. S.
Haldane ne
nie pas la porte des
dcouvertes de von Frisch. Au contraire,
il crit que
celles-ci sont comparables au
dchiffrage des
hiroglyphes
par
Champollion. Mais il importe de distinguer
soigneu
sement
ce
qui
est
dcrit
et
l'interprtation
qui
en
est
donne.
Dans
une
ruche,
les
abeilles
excutent
incontestablement
des mouvements qui suscitent
en retour
des
rponses chez d'autres
abeilles
; doit-on
en conclure
pour
autant que
les premires
communiquent
une information sur
la
source
de
nourriture repre ? Pas
ncessaire
mentuelques-uns
de
ces
mouvements
peuvent
aisment tre
considrs
comme des
faons d'exprimer l'action venir. Haldane
en conclut
logiquement
que la
distinction
entre
communication
et action
n'est pas aussi claire qu'elle
en
a
l'air.
Non seulement
l'animal peut exprimer des
mouvements
d'intention mais il peut de
surcrot
y
rpondre. Plus
ces
mouvements
seront ritualiss
et plus
aise
en
sera
la rponse.
Haldane suggre donc que
la
danse
des
abeilles est un mouvement d'intention
extrme
ment
itualis
avant
une
sortie
qui
amne
n'importe
quelle
autre
abeille
effectuer
une
sortie
semblable plutt
que la communication d'un
message.
La danse des abeilles est
une prdiction
de
ses
mouvements
futurs
plutt
qu'une description
de ses
mouvements
97
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9/11
passs.
Surtout,
il
tire
de
son interprtation une consquence intressante sur une
parti
cularit
du
langage humain qui a
permis
le passage
du
discours vocateur qui vise
l'avenir au discours descripteur qui parle
du pass. L'humain
est celui
qui
s'intresse au
pass. L'homme
diffre des autres animaux
par
ses rapports
avec le
temps
et
les
rapports de communication
entre
les
hommes
doivent
tre jugs dans cette perspective.
Haldane
estime
que
les
danses
des
abeilles
sont
intressantes
cause
de
leur
ambigut
temporelle
qui en font la
fois
des
prophties
et des histoires.
5.
Conclusion
Ceux qui abordent la
question
de
l'apparition du langage dans une
perspective
volutionniste suivent
en gnral une
dmarche
classique. Ils commencent par isoler
une caractristique dterminante du
langage
qui n'existe dans
aucune communication
animale.
Ils cherchent ensuite
mettre
en
vidence
les
avantages
adaptatifs
qui
en
dcoulent. Ils dterminent enfin les raisons de son mergence et
de
son
adoption
par le
groupe humain dans lequel elle est initialement apparue. Une
telle
dmarche
rencontre
de
multiples difficults.
Elle
suppose
suffisamment connues les
communications animales pour
dterminer
avec
un
minimum
de
fiabilit ce
qui
leur
manque
par rapport
au langage.
Elle requiert
une connaissance minimale des
usages du langage
et une reprsentation satisfaisante
du
passage
des qualits structurelles
du langage
aux avantages comportementaux que
procurent
les
langues.
Les chercheurs
qui
adoptent cette approche considrent qu'ils
ont une reprsentation efficiente du
contexte
cologique des
premiers
hominids
parlants
et
qu'ils peuvent
dterminer
avec une
exactitude
raisonnable les
comporte
mentsui
sont
privilgis
par
l'usage
concomitant
du
langage.
Trop
souvent, les
auteurs de ces scnarios tiennent pour
acquis
qu'un avantage thorique
du
langage
conduit
ncessairement
son
exploitation
adaptative mthodique
alors que
la facult
de
le faire
est aussi
une comptence
qu'il
faut
expliquer de
faon
adaptative.
Les
tenants
de
cette approche estiment par ailleurs
qu'ils
ont une ide
claire de
la nature
des
preuves empiriques
qu'ils pourraient apporter pour valider ou rfuter
ses
hypo
thses
thoriques.
Enfin, une telle approche nglige habituellement de dterminer les
inconvnients
et
les
cots d'un
accs au
langage
alors mme
que
ces
informations sont
indispensables pour
dterminer
dans quelle mesure l'usage du langage
est vraiment
adaptatif par
rapport
aux autres modes de communication
animale.
Communications animales
et
langage doivent donc
tre
replacs
dans
une
conomie
cognitive et
sociale
plus large pour tre
compars de faon
fconde et
pour
comprendre
comment
le
deuxime
a
pu merger
des
premires.
Au
contraire de
N.
Chomsky, je ne vois aucun obstacle majeur
intrinsque
qui pourrait empcher le
succs
d'une
telle entreprise ; au contraire des volutionnistes comme S. Pinker, je
ne
pense pas que
nous
ayons
actuellement des informations
suffisantes pour
l'valuer
justement.
Les
communications animales sont le plus souvent dcrites comme des
sous-langages.
Il est alors
ais,
en
partant de cette reprsentation, d'en dduire
que le
langage permet
une communication plus performante
que celle
de tout autre espce
et
de
chercher
les raisons adaptatives qui
ont
conduit
cet
tat de fait. Une telle vision
nous
flatte
sans doute
mais ne
repose
sur
rien
de
tangible.
Une
authentique
cologie
compare
de
la
rationalit permettrait de pouvoir l'affirmer
en toute rigueur, et
celle-ci
reste encore
l'tat
de projet.
98
-
8/10/2019 Dominique Lestel- Langage Et Communications Animales
10/11
Les
animaux
ne parlent certainement
pas au sens o
un
humain
peut le faire. Les
difficults
se situent
dans une caractrisation
juste de
la
complexit
des communicat
ions
nimales. Un
systme de
communication
peut tre
moins
complexe
que le
langage
et
tre nanmoins
trs
complexe.
Un
obstacle majeur
une apprhension juste des
zoosmiotiques tient d'ailleurs
plus notre ethnocentrisme qu' un
anthropomorphisme
de
principe,
au
demeurant
assez
inconsistant,
auquel
nous
faisons
en gnral
allusion.
Nous apprhendons encore trop les communications animales comme des espces du
langage tel
que
nous
le
concevons dans nos
propres
cultures
- en
insistant
par
exemple
sur le message qui serait convoy
par
l'animal. Nous
ne
devons pas sous-estimer les
piges d'une caractrisation
du
langage humain lui-mme qui rsulte conjointement
d'une
histoire
phylogntique, d'une
histoire culturelle et d'une
histoire
individuelle.
Nous
avons beaucoup
de mal
apprhender ce qui
est en jeu
dans
le
recouvrement
de ces
temporalits
de
nature diffrente au
sein
desquelles
volue
le langage. Benve-
niste estimait que
l'une
des diffrences
majeures qui
sparent
les
communications
de
l'animal
et le
langage de l'homme
renvoie la capacit
de
ce dernier
de
pouvoir parler
de
tout.
Comme
ironisait
Haldane,
comment
s'assurer
d'une
telle
comptence
?
Il
est
sans
doute plus exact,
et
tout aussi impressionnant,
de
dire
que
le langage
permet
de
parler
d'infiniment plus de choses que n'importe quelle communication animale, selon
des
modalits
sans
quivalents chez
ces
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