ÉDITO : Fin de vie et psychiatrie - CH George Sand

12
Journal interne du centre hospitalier George Sand N° 43 - Avril 2015 N° 43 - Avril 2015 ÉDITO : Fin de vie et psychiatrie SOMMAIRE DOSSIER : - Loi Léonetti - Mourir en psychiatrie DES MÉTIERS ET DES GENS : - Angélique Bonnet VU DE L’INTÉRIEUR : - Le CAMSP - Atelier journal - Repas festifs aux Amandiers BRÈVES HOSPITALIÈRES Philippe ALLIBERT Directeur Adjoint Qualité, Usagers et Communication Ce nouveau numéro d’Intercom montre l’adaptabilité de notre établissement qui étoffe son offre Ce nouveau numéro d’Intercom montre l’adaptabilité de notre établissement qui étoffe son offre médico-sociale avec l’ouverture d’un Centre d’Accueil Médico-Social Précoce (CAMSP) pour les médico-sociale avec l’ouverture d’un Centre d’Accueil Médico-Social Précoce (CAMSP) pour les très jeunes enfants et leurs parents et sa capacité à modifier et améliorer ses pratiques notamment très jeunes enfants et leurs parents et sa capacité à modifier et améliorer ses pratiques notamment en EHPAD et à l’adresse des majeurs protégés. en EHPAD et à l’adresse des majeurs protégés. Il pose également une question empreinte de gravité à nous tous en tant que citoyens et en tant Il pose également une question empreinte de gravité à nous tous en tant que citoyens et en tant que professionnels de santé. que professionnels de santé. Cette question est actuellement largement débattue étant sous le regard de l’actualité. Cette question est actuellement largement débattue étant sous le regard de l’actualité. Récemment, les journaux se faisaient largement écho de l’affaire de Vincent L… personne victime Récemment, les journaux se faisaient largement écho de l’affaire de Vincent L… personne victime d’un accident de la circulation et depuis maintenue dans un état végétatif. Une partie de sa famille d’un accident de la circulation et depuis maintenue dans un état végétatif. Une partie de sa famille ou de ses proches s’est positionnée pour un arrêt des traitements, l’autre partie s’y opposant avec ou de ses proches s’est positionnée pour un arrêt des traitements, l’autre partie s’y opposant avec force. Son cas a été porté devant le Conseil d’Etat qui a finalement jugé, après nouvelles expertises force. Son cas a été porté devant le Conseil d’Etat qui a finalement jugé, après nouvelles expertises médicales, que le maintien en vie de Vincent L… relevait de l’obstination déraisonnable. La partie médicales, que le maintien en vie de Vincent L… relevait de l’obstination déraisonnable. La partie déboutée a aussitôt porté le litige devant la Cour Européenne des Droits de l’Homme qui n’a pas déboutée a aussitôt porté le litige devant la Cour Européenne des Droits de l’Homme qui n’a pas encore statué. encore statué. L’autre affaire largement médiatisée concerne le docteur Nicolas B…, médecin urgentiste, accusé L’autre affaire largement médiatisée concerne le docteur Nicolas B…, médecin urgentiste, accusé d’avoir abrégé la vie de plusieurs patients et finalement acquitté par une Cour d’Assises. Le parquet d’avoir abrégé la vie de plusieurs patients et finalement acquitté par une Cour d’Assises. Le parquet a fait appel du jugement. Le cas du docteur B… sera donc réexaminé par une autre Cour d’Assises. a fait appel du jugement. Le cas du docteur B… sera donc réexaminé par une autre Cour d’Assises. C’est dans ce contexte très médiatisé et dont on ne connaît pas encore les issues juridictionnelles C’est dans ce contexte très médiatisé et dont on ne connaît pas encore les issues juridictionnelles qu’est actuellement débattu devant le Parlement, un nouveau projet de loi sur la fin de vie qu’est actuellement débattu devant le Parlement, un nouveau projet de loi sur la fin de vie qui fera évoluer l’actuelle Loi dite Léonetti, du nom de son auteur lui-même médecin. C’est un qui fera évoluer l’actuelle Loi dite Léonetti, du nom de son auteur lui-même médecin. C’est un projet qui devrait faire consensus car il est porté, comme ce fut le cas du projet Léonetti, par des projet qui devrait faire consensus car il est porté, comme ce fut le cas du projet Léonetti, par des parlementaires de la majorité présidentielle et de l’opposition. Pourtant, des voix contestataires parlementaires de la majorité présidentielle et de l’opposition. Pourtant, des voix contestataires se sont élevées avant même que la loi ne soit définitivement votée. se sont élevées avant même que la loi ne soit définitivement votée. La fin de vie est donc un sujet qui fait débat mais on pourrait penser qu’en milieu psychiatrique La fin de vie est donc un sujet qui fait débat mais on pourrait penser qu’en milieu psychiatrique où on meurt rarement, la question ne se pose qu’avec une acuité très modérée. Les soins où on meurt rarement, la question ne se pose qu’avec une acuité très modérée. Les soins palliatifs, mode de prise en charge finalement assez récent en médecine hospitalière, relève palliatifs, mode de prise en charge finalement assez récent en médecine hospitalière, relève de la médecine somatique dans des services dédiés ou selon des modalités d’hospitalisation à de la médecine somatique dans des services dédiés ou selon des modalités d’hospitalisation à domicile. Cependant, toute personne, y compris celle dont les facultés mentales sont altérées, a domicile. Cependant, toute personne, y compris celle dont les facultés mentales sont altérées, a le droit de préparer sa mort. C’est d’abord une question individuelle avant d’être une question de le droit de préparer sa mort. C’est d’abord une question individuelle avant d’être une question de société. C’est pour cela que les professionnels de santé en psychiatrie ont le devoir de recueillir, société. C’est pour cela que les professionnels de santé en psychiatrie ont le devoir de recueillir, peut être plus encore que les autres professionnels de santé, les directives anticipées du patient peut être plus encore que les autres professionnels de santé, les directives anticipées du patient ou sa volonté oralement exprimée même si sa pathologie complique cette expression. Surtout, ou sa volonté oralement exprimée même si sa pathologie complique cette expression. Surtout, ils ne doivent pas omettre de tracer dans son dossier la personne de confiance que le patient ils ne doivent pas omettre de tracer dans son dossier la personne de confiance que le patient a désignée. En effet, l’avis de cette dernière doit être demandé lorsque le patient ne peut pas a désignée. En effet, l’avis de cette dernière doit être demandé lorsque le patient ne peut pas exprimer sa volonté. Enfin, on peut réfléchir pour l’avenir sur la fin de vie en psychiatrie, pour les exprimer sa volonté. Enfin, on peut réfléchir pour l’avenir sur la fin de vie en psychiatrie, pour les patients au long cours qui n’ont plus de domicile et pour qui, leur service d’hospitalisation ou leur patients au long cours qui n’ont plus de domicile et pour qui, leur service d’hospitalisation ou leur unité d’accueil, fait fonction de lieu de vie où ils ont leurs repères quotidiens et même affectifs. unité d’accueil, fait fonction de lieu de vie où ils ont leurs repères quotidiens et même affectifs.

Transcript of ÉDITO : Fin de vie et psychiatrie - CH George Sand

Page 1: ÉDITO : Fin de vie et psychiatrie - CH George Sand

Journal interne du centre hospitalier George Sand

N° 43 - Avril 2015 N° 43 - Avril 2015

ÉDITO : Fin de vie et psychiatrie

SOMMAIREDOSSIER :- Loi Léonetti - Mourir en psychiatrie

DES MÉTIERS

ET DES GENS :

- Angélique Bonnet

VU DE L’INTÉRIEUR :

- Le CAMSP- Atelier journal- Repas festifs aux Amandiers

BRÈVES HOSPITALIÈRES

Philippe ALLIBERTDirecteur Adjoint Qualité, Usagers et Communication

Ce nouveau numéro d’Intercom montre l’adaptabilité de notre établissement qui étoff e son off re Ce nouveau numéro d’Intercom montre l’adaptabilité de notre établissement qui étoff e son off re médico-sociale avec l’ouverture d’un Centre d’Accueil Médico-Social Précoce (CAMSP) pour les médico-sociale avec l’ouverture d’un Centre d’Accueil Médico-Social Précoce (CAMSP) pour les très jeunes enfants et leurs parents et sa capacité à modifi er et améliorer ses pratiques notamment très jeunes enfants et leurs parents et sa capacité à modifi er et améliorer ses pratiques notamment en EHPAD et à l’adresse des majeurs protégés.en EHPAD et à l’adresse des majeurs protégés.

Il pose également une question empreinte de gravité à nous tous en tant que citoyens et en tant Il pose également une question empreinte de gravité à nous tous en tant que citoyens et en tant que professionnels de santé. que professionnels de santé.

Cette question est actuellement largement débattue étant sous le regard de l’actualité. Cette question est actuellement largement débattue étant sous le regard de l’actualité. Récemment, les journaux se faisaient largement écho de l’aff aire de Vincent L… personne victime Récemment, les journaux se faisaient largement écho de l’aff aire de Vincent L… personne victime d’un accident de la circulation et depuis maintenue dans un état végétatif. Une partie de sa famille d’un accident de la circulation et depuis maintenue dans un état végétatif. Une partie de sa famille ou de ses proches s’est positionnée pour un arrêt des traitements, l’autre partie s’y opposant avec ou de ses proches s’est positionnée pour un arrêt des traitements, l’autre partie s’y opposant avec force. Son cas a été porté devant le Conseil d’Etat qui a fi nalement jugé, après nouvelles expertises force. Son cas a été porté devant le Conseil d’Etat qui a fi nalement jugé, après nouvelles expertises médicales, que le maintien en vie de Vincent L… relevait de l’obstination déraisonnable. La partie médicales, que le maintien en vie de Vincent L… relevait de l’obstination déraisonnable. La partie déboutée a aussitôt porté le litige devant la Cour Européenne des Droits de l’Homme qui n’a pas déboutée a aussitôt porté le litige devant la Cour Européenne des Droits de l’Homme qui n’a pas encore statué.encore statué.

L’autre aff aire largement médiatisée concerne le docteur Nicolas B…, médecin urgentiste, accusé L’autre aff aire largement médiatisée concerne le docteur Nicolas B…, médecin urgentiste, accusé d’avoir abrégé la vie de plusieurs patients et fi nalement acquitté par une Cour d’Assises. Le parquet d’avoir abrégé la vie de plusieurs patients et fi nalement acquitté par une Cour d’Assises. Le parquet a fait appel du jugement. Le cas du docteur B… sera donc réexaminé par une autre Cour d’Assises.a fait appel du jugement. Le cas du docteur B… sera donc réexaminé par une autre Cour d’Assises.

C’est dans ce contexte très médiatisé et dont on ne connaît pas encore les issues juridictionnelles C’est dans ce contexte très médiatisé et dont on ne connaît pas encore les issues juridictionnelles qu’est actuellement débattu devant le Parlement, un nouveau projet de loi sur la fi n de vie qu’est actuellement débattu devant le Parlement, un nouveau projet de loi sur la fi n de vie qui fera évoluer l’actuelle Loi dite Léonetti, du nom de son auteur lui-même médecin. C’est un qui fera évoluer l’actuelle Loi dite Léonetti, du nom de son auteur lui-même médecin. C’est un projet qui devrait faire consensus car il est porté, comme ce fut le cas du projet Léonetti, par des projet qui devrait faire consensus car il est porté, comme ce fut le cas du projet Léonetti, par des parlementaires de la majorité présidentielle et de l’opposition. Pourtant, des voix contestataires parlementaires de la majorité présidentielle et de l’opposition. Pourtant, des voix contestataires se sont élevées avant même que la loi ne soit défi nitivement votée.se sont élevées avant même que la loi ne soit défi nitivement votée.

La fi n de vie est donc un sujet qui fait débat mais on pourrait penser qu’en milieu psychiatrique La fi n de vie est donc un sujet qui fait débat mais on pourrait penser qu’en milieu psychiatrique où on meurt rarement, la question ne se pose qu’avec une acuité très modérée. Les soins où on meurt rarement, la question ne se pose qu’avec une acuité très modérée. Les soins palliatifs, mode de prise en charge fi nalement assez récent en médecine hospitalière, relève palliatifs, mode de prise en charge fi nalement assez récent en médecine hospitalière, relève de la médecine somatique dans des services dédiés ou selon des modalités d’hospitalisation à de la médecine somatique dans des services dédiés ou selon des modalités d’hospitalisation à domicile. Cependant, toute personne, y compris celle dont les facultés mentales sont altérées, a domicile. Cependant, toute personne, y compris celle dont les facultés mentales sont altérées, a le droit de préparer sa mort. C’est d’abord une question individuelle avant d’être une question de le droit de préparer sa mort. C’est d’abord une question individuelle avant d’être une question de société. C’est pour cela que les professionnels de santé en psychiatrie ont le devoir de recueillir, société. C’est pour cela que les professionnels de santé en psychiatrie ont le devoir de recueillir, peut être plus encore que les autres professionnels de santé, les directives anticipées du patient peut être plus encore que les autres professionnels de santé, les directives anticipées du patient ou sa volonté oralement exprimée même si sa pathologie complique cette expression. Surtout, ou sa volonté oralement exprimée même si sa pathologie complique cette expression. Surtout, ils ne doivent pas omettre de tracer dans son dossier la personne de confi ance que le patient ils ne doivent pas omettre de tracer dans son dossier la personne de confi ance que le patient a désignée. En eff et, l’avis de cette dernière doit être demandé lorsque le patient ne peut pas a désignée. En eff et, l’avis de cette dernière doit être demandé lorsque le patient ne peut pas exprimer sa volonté. Enfi n, on peut réfl échir pour l’avenir sur la fi n de vie en psychiatrie, pour les exprimer sa volonté. Enfi n, on peut réfl échir pour l’avenir sur la fi n de vie en psychiatrie, pour les patients au long cours qui n’ont plus de domicile et pour qui, leur service d’hospitalisation ou leur patients au long cours qui n’ont plus de domicile et pour qui, leur service d’hospitalisation ou leur unité d’accueil, fait fonction de lieu de vie où ils ont leurs repères quotidiens et même aff ectifs.unité d’accueil, fait fonction de lieu de vie où ils ont leurs repères quotidiens et même aff ectifs.

Page 2: ÉDITO : Fin de vie et psychiatrie - CH George Sand

Dossier

Intercom n°43 avril 20152

Comme aime à le rappeler le philosophe Eric Fiat, l’homme est un être contingent, situé entre deux certitudes indéterminées : lla naissancea naissance (et il aurait pu (et il aurait pu aussi bien ne pas aussi bien ne pas naître ; et ne pas être tel qu’il est –si bien naître ; et ne pas être tel qu’il est –si bien que si on nous deque si on nous demandait notre avis sans doute souhaite-mandait notre avis sans doute souhaite-rions nous des modifi cations-), rions nous des modifi cations-), et la mortet la mort (inévitable, sauf (inévitable, sauf que nous ignorons exactement son quand et son comment), que nous ignorons exactement son quand et son comment), et c’est pourquoi ces deux événements, inscrits au cœur de la et c’est pourquoi ces deux événements, inscrits au cœur de la vie, suscitent en nous tant d’interrogations et de perplexité. vie, suscitent en nous tant d’interrogations et de perplexité.

En ce qui concerne la mort les philosophes antiques avaient les philosophes antiques avaient résolu la question soit par le mépris (les stoïciens qui nous résolu la question soit par le mépris (les stoïciens qui nous disaient qu’il suffi sait de modifi er notre façon de la disaient qu’il suffi sait de modifi er notre façon de la concevoir concevoir pour s’en abstraire et retrouver une forme de liberté),pour s’en abstraire et retrouver une forme de liberté), soit par soit par l’indiff érence (ainsi Epicure affi rmant que «l’indiff érence (ainsi Epicure affi rmant que « la mort n’est rien ; la mort n’est rien ; si je suis là, c’est qu’elle n’est pas ; si elle est là, je n’y suis plussi je suis là, c’est qu’elle n’est pas ; si elle est là, je n’y suis plus » ; » ; et dans l’un comme l’autre cas elle ne nous concernait pas). et dans l’un comme l’autre cas elle ne nous concernait pas).

Mais un autre philosophe, plus contemporain, Emma-Mais un autre philosophe, plus contemporain, Emma-nuel Lévinas, en nous rappelant que « nuel Lévinas, en nous rappelant que « la spéculation sera la spéculation sera toujours en retard sur le témoignage toujours en retard sur le témoignage », l’a, en quelque », l’a, en quelque sorte, réintroduit sorte, réintroduit dans notre quotidien, et de récentes dans notre quotidien, et de récentes aff aires médiatiques aff aires médiatiques (situations de (situations de Chantal Sébille Chantal Sébille et de Vincent Lambert) sont venues leet de Vincent Lambert) sont venues le souligner. souligner.

L’aff aire Vincent Lambert, née d’une situation de vie vé-L’aff aire Vincent Lambert, née d’une situation de vie vé-gétative, pour laquelle certains membres de la famille gétative, pour laquelle certains membres de la famille (épouse et frères et sœurs) s’opposant à d’autres (épouse et frères et sœurs) s’opposant à d’autres (parents) (parents) souhaitaient l’application de la souhaitaient l’application de la Loi Léonetti (abstention (abstention des traitements déraisonnables),des traitements déraisonnables), a montré aussi que la loi, a montré aussi que la loi, toute impersonnelle et générale qu’elle soit, était égale-toute impersonnelle et générale qu’elle soit, était égale-ment ment en retard sur le témoignage, déclenchant un confl it en retard sur le témoignage, déclenchant un confl it juridictionneljuridictionnel, , notamment entre les juridictions françaises, notamment entre les juridictions françaises, et et cette juridiction européenne, siégeant à Strasbourg, cette juridiction européenne, siégeant à Strasbourg, émanationémanation du Conseil de l’Europe, et veillant à l’application du Conseil de l’Europe, et veillant à l’application par les états signataires de la Convention Européenne de par les états signataires de la Convention Européenne de Sauvegarde des Droits de l’Homme et des Libertés Fondamen-Sauvegarde des Droits de l’Homme et des Libertés Fondamen-talestales de 1950 : de 1950 : La Cour Européenne des Droits de l’Homme. La Cour Européenne des Droits de l’Homme.

C’est dans ce contexte, - redoublant des eff ets de - redoublant des eff ets de lobbying en faveur de la légalisation de l’euthanasie lobbying en faveur de la légalisation de l’euthanasie (considérée comme un nouveau droit de l’homme : droit (considérée comme un nouveau droit de l’homme : droit de moude mourirrir dans la dignité) - qu’à la suite d’un rapport du Pr. dans la dignité) - qu’à la suite d’un rapport du Pr. Régis Aubry, membre éminent du Comité Régis Aubry, membre éminent du Comité régional d’Ethique régional d’Ethique de Bourgogne-Franche Comté et du Comitéde Bourgogne-Franche Comté et du Comité Consultatif Na-Consultatif Na-tional d’Ethique, les députés Jean Léonetti et Alain Clayes tional d’Ethique, les députés Jean Léonetti et Alain Clayes ont déposé une proposition de loi apportant des modifi ca-ont déposé une proposition de loi apportant des modifi ca-tions à la précédente loi Léonetti, votée alorstions à la précédente loi Léonetti, votée alors à l’unanimité à l’unanimité par le par le parlement français, et dont les rapporteurs d’alors (de parlement français, et dont les rapporteurs d’alors (de la la majorité et de l’opposition) étaient les députés Nadine majorité et de l’opposition) étaient les députés Nadine Morano et Gaétan Gorce (aujourd’hui sénateur de la Nièvre). Morano et Gaétan Gorce (aujourd’hui sénateur de la Nièvre).

Cette loi Léonetti n’a d’ailleurs pas éteint le débat sur l’eutha-nasie, qui, même si on peut considérer qu’elle permet, dans certaines conditions, une euthanasie passive, ne satisfait pas les partisans de l’euthanasie active et du suicide assisté.

Ceci pourrait suffi re à démontrer que la loi ne règle pas tout, Ceci pourrait suffi re à démontrer que la loi ne règle pas tout, quelque révérence que les Français peuvent avoir envers la quelque révérence que les Français peuvent avoir envers la solennité d’une telle règle de droit, posant la question de solennité d’une telle règle de droit, posant la question de la nécessité de légiférer en ce domaine. A vrai dire la fonc-la nécessité de légiférer en ce domaine. A vrai dire la fonc-tion d’une loi en ce domaine, quel que soit son périmètre tion d’une loi en ce domaine, quel que soit son périmètre d’applid’application, est de préciser le légal et l’illégal, donc le cation, est de préciser le légal et l’illégal, donc le permis et permis et l’interdit, donc de dire les actes ou abstentions l’interdit, donc de dire les actes ou abstentions susceptibles d’être constitutifs d’infractions pénales, et susceptibles d’être constitutifs d’infractions pénales, et de défi nir des comportements ne permettant pas, toutes de défi nir des comportements ne permettant pas, toutes choses étant égales par ailleurs, qu’ils soient caractérisés choses étant égales par ailleurs, qu’ils soient caractérisés comme infraction, par exemple d’omission de porter secours comme infraction, par exemple d’omission de porter secours à personne en péril, en devenant des exceptions légales de à personne en péril, en devenant des exceptions légales de ce qui matériellement pourrait être considéré comme tel. ce qui matériellement pourrait être considéré comme tel. La loi aurait pu se contenter La loi aurait pu se contenter de défi nir une excep-de défi nir une excep-tion nouvelle considérée comme faittion nouvelle considérée comme fait justifi - justifi -catif, à apprécier plus in concreto qu’in abstracto. catif, à apprécier plus in concreto qu’in abstracto. Ce n’est pas le choix qui a été fait avec la Ce n’est pas le choix qui a été fait avec la Loi Léonetti.,., loi du 22 avril 2005 relative aux droits des maladesloi du 22 avril 2005 relative aux droits des malades et à la fi n de vie (adoptée le 12 avril 2005, et et à la fi n de vie (adoptée le 12 avril 2005, et promulguée le 22 avril), aujourd’hui codifi ée dans les promulguée le 22 avril), aujourd’hui codifi ée dans les articles L.1110-5 à L 1111-13 du Code de la Santé Publique.articles L.1110-5 à L 1111-13 du Code de la Santé Publique.

La Loi Léonetti

« La mort dans la chambre du malade »Edvard-Munch (1893)

Page 3: ÉDITO : Fin de vie et psychiatrie - CH George Sand

Intercom n°43 avril 2015 3

Dossier

Elle dispose pour l’essentiel que :

• • « L’obstination déraisonnable, c’est à dire la poursuite des actes médicaux inutiles, disproportionnés ou n’ayant d’autre eff et que le seul maintien artifi ciel de la vie » (ddu u patient) patient) sont proscritssont proscrits (sous réserve de la sauvegarde de la (sous réserve de la sauvegarde de la dignité et de la qualité de la vie du mourant, notamment dignité et de la qualité de la vie du mourant, notamment dans la prise en compte de la douleur), dans la prise en compte de la douleur), y compris lorsque y compris lorsque ce dernier est hors d’état d’exprimer sa volonté.ce dernier est hors d’état d’exprimer sa volonté. Le médecin Le médecin peut prendre le risque d’abréger la vie du patient en lui peut prendre le risque d’abréger la vie du patient en lui administrant une dose de soins palliatifs qu’il administrant une dose de soins palliatifs qu’il juge néces-juge néces-saire à son confort, à condition d’en informer lesaire à son confort, à condition d’en informer le patient, patient, éventuellement la personne de confi ance ou un proche. éventuellement la personne de confi ance ou un proche. • • La décision de cesser l’administration d’un traitement, La décision de cesser l’administration d’un traitement, lorsque le prolonger semble relever de « l’obstination déraison-lorsque le prolonger semble relever de « l’obstination déraison-nable »nable » doit être collégiale et ne peut être prise qu’après doit être collégiale et ne peut être prise qu’après consultation de la « personne de confi anceconsultation de la « personne de confi ance, qui peut être un , qui peut être un parent, un proche, ou le médecin-traitant », de la famille, ou à parent, un proche, ou le médecin-traitant », de la famille, ou à défaut d’un de ses proches et des « directives anticipées » du défaut d’un de ses proches et des « directives anticipées » du patient, quand le malade est hors d’état d’exprimer sa volon-patient, quand le malade est hors d’état d’exprimer sa volon-té, té, et de recevoir l’information nécessaire. Notons que la dé-et de recevoir l’information nécessaire. Notons que la dé-signation de la personne de confi ance doit être faite par écrit signation de la personne de confi ance doit être faite par écrit et qu’elle est révocable à tout moment. La volonté du patient et qu’elle est révocable à tout moment. La volonté du patient de limiter ou de cesser un traitement doit être respectée. Le de limiter ou de cesser un traitement doit être respectée. Le patient doit être informé des conséquences de sa décision. patient doit être informé des conséquences de sa décision. Mais le médecin, qui peut d’ailleurs faire appel à un confrère, Mais le médecin, qui peut d’ailleurs faire appel à un confrère, a le devoir de tout mettre en œuvre pour convaincre un pa-a le devoir de tout mettre en œuvre pour convaincre un pa-tient d’accepter les soins proposés (c’est une obligation de tient d’accepter les soins proposés (c’est une obligation de moyen, moyen, non de résultat). La décision du malade doit être régu-non de résultat). La décision du malade doit être régu-lièrementlièrement réévaluée et consignée dans le dossier médical in- réévaluée et consignée dans le dossier médical in-dividuel du patient, et le consentement du patient aux soins dividuel du patient, et le consentement du patient aux soins peut être retiré à tout moment. Le consentement d’un mineur peut être retiré à tout moment. Le consentement d’un mineur ou d’un majeur protégé doit être systématiquement recher-ou d’un majeur protégé doit être systématiquement recher-ché. ché. Le médecin peut passer outre au refus d’un traitement ex-Le médecin peut passer outre au refus d’un traitement ex-primé primé par le représentant légal du patient, si ce refus entraîne par le représentant légal du patient, si ce refus entraîne un risque de conséquences graves pour la santé du patient.un risque de conséquences graves pour la santé du patient.

• L’avis de la • L’avis de la « personne de confi ance », choisie par le , choisie par le patient pour l’accompagner dans ses démarches et, si le patient pour l’accompagner dans ses démarches et, si le patient le patient le souhaite, dans ses entretiens médicaux, doit être souhaite, dans ses entretiens médicaux, doit être consulté.consulté. A l’exception des directives anticipées, l’avis de la A l’exception des directives anticipées, l’avis de la personnepersonne de confi ance prévaut sur tout autre avis. En cas de confi ance prévaut sur tout autre avis. En cas de tutelle, il n’est pas possible de désigner une personne de tutelle, il n’est pas possible de désigner une personne de confi ance, et une personne de confi ance désignée anté-de confi ance, et une personne de confi ance désignée anté-rieurement à la mise en place de cette mesure de protection rieurement à la mise en place de cette mesure de protection peut être confi rmée ou révoquée par le juge des tutelles.peut être confi rmée ou révoquée par le juge des tutelles.

• Les • Les « directives anticipées indiquent les souhaits de la personne relatifs à sa fi n de vie concernant les conditions de la limitation ou de l’arrêt de traitement. Elles sont révocables à tout moment ». En cas d’inca-. En cas d’inca-pacité du patient à manifester sa volonté, le médecinpacité du patient à manifester sa volonté, le médecin doit s’y conformer si elles datent de moins de 3 ans.doit s’y conformer si elles datent de moins de 3 ans.

Les modifi cations proposées portent pour l’essentiel sur :

• La reconnaissance pour tout patient d’un • La reconnaissance pour tout patient d’un « droit à une fi n de vie digne et apaisée », qui peut conduire à la mise en , qui peut conduire à la mise en place, à la demande du patient, d’un place, à la demande du patient, d’un « traitement à visée sédative et antalgique provoquant une altération pro-fonde et continue de la vigilance jusqu’au décès, lorsque le pronostic vital est engagé à court terme », lequel est , lequel est « mis en « mis en œuvre selon une œuvre selon une procédure collégiale défi nie par le Code procédure collégiale défi nie par le Code de déontologie de déontologie médicale, l’ensemble de la procédure étant médicale, l’ensemble de la procédure étant inscrite au dossier médical »inscrite au dossier médical » du patient. du patient. « La prise en compte « La prise en compte de la souff rance, qui doit de la souff rance, qui doit être prévenue, évaluée, traitée »,être prévenue, évaluée, traitée », le le terme de souff rance remplaçantterme de souff rance remplaçant celui de douleur indiquant la celui de douleur indiquant la possibilité d’un abord psychique de celle-ci, et la mise en place de possibilité d’un abord psychique de celle-ci, et la mise en place de traitement non-médicamenteux en complément des antalgiques.traitement non-médicamenteux en complément des antalgiques.• La reconnaissance de la qualité de traitement à la nutrition • La reconnaissance de la qualité de traitement à la nutrition et à l’hydratation artifi cielles.et à l’hydratation artifi cielles.• Le refus par le patient d’un traitement ne dispense • Le refus par le patient d’un traitement ne dispense pas le médecin de la mise en place d’un suivi et d’un pas le médecin de la mise en place d’un suivi et d’un accompagnement palliatif.accompagnement palliatif. • Les directives anticipées s’imposent au médecin pour • Les directives anticipées s’imposent au médecin pour «« toutetoute décision d’investigation, d’intervention ou de traite-décision d’investigation, d’intervention ou de traite-ment, et si elles apparaissent manifestement inappropriées, ment, et si elles apparaissent manifestement inappropriées, le médecin,le médecin, pour s’en délier, doit consulter un confrère, et pour s’en délier, doit consulter un confrère, et motiver sa décision qui est inscrite dans le dossier médicalmotiver sa décision qui est inscrite dans le dossier médical ». ». Celles-ci fi gureront en mention sur la carte vitale.Celles-ci fi gureront en mention sur la carte vitale.

• • S’agissant des mineurs, les parents sont réputés personne S’agissant des mineurs, les parents sont réputés personne de confi ance.de confi ance.

Alain VERNETAlain VERNETPsychologuePsychologue

Membre du Conseil d’Orientation de l’Espace Membre du Conseil d’Orientation de l’Espace de Réfl exion Ethique – Région Centrede Réfl exion Ethique – Région Centre

Président du Comité Nivernais de Soins PalliatifsPrésident du Comité Nivernais de Soins Palliatifs

Page 4: ÉDITO : Fin de vie et psychiatrie - CH George Sand

Dossier

Intercom n°43 avril 20154

Mourir en psychiatrieLa mort et la folie ont toutes deux la caractéristique de limite ultime au savoir, elles sont le lieu où ce dernier elles sont le lieu où ce dernier vacille, où le sol des certitudes s’eff ondre sous nos pieds vacille, où le sol des certitudes s’eff ondre sous nos pieds et un certain vertige mortifère peut s’emparer de nous. En et un certain vertige mortifère peut s’emparer de nous. En réponse à ces deux grandes questions que sont la mort et la réponse à ces deux grandes questions que sont la mort et la folie pour l’humanité, et plus spécifi quement des questions folie pour l’humanité, et plus spécifi quement des questions adressées à la médecine, deux spécialités se sont forgées afi n adressées à la médecine, deux spécialités se sont forgées afi n de tenter d’appréhender ces énigmes et d’y répondre indi-de tenter d’appréhender ces énigmes et d’y répondre indi-rectement : les soins palliatifs face à la mort d’une part, et la rectement : les soins palliatifs face à la mort d’une part, et la psychiatrie face à la folie d’autre part. En eff et, si un des vœux psychiatrie face à la folie d’autre part. En eff et, si un des vœux de la « culture des soins palliatifs » de la « culture des soins palliatifs » est bien de réinscrire la est bien de réinscrire la mort dans la vie de la société, c’est mort dans la vie de la société, c’est également la mission également la mission que s’est fi xée la psychiatrie moderne dans son rapport à la que s’est fi xée la psychiatrie moderne dans son rapport à la folie : la réinscrire dans la vie ; cette philosophie ayant guidé folie : la réinscrire dans la vie ; cette philosophie ayant guidé la mise en place de la politique de secteur. la mise en place de la politique de secteur.

Les soins palliatifs et la psychiatrie peuvent être abordés par l’angle d’une réfl exion du « bien vivre » mais aussi du « bien mourir ». Si un point commun est à relever dans l’organisation de ces Si un point commun est à relever dans l’organisation de ces deux domaines que sont les soins palliatifs et la psychiatrie, deux domaines que sont les soins palliatifs et la psychiatrie, c’est bien le rapport au lieu de vie, à l’espace plutôt qu’au temps. c’est bien le rapport au lieu de vie, à l’espace plutôt qu’au temps. En eff et, et pour reprendre un historique bref de leur En eff et, et pour reprendre un historique bref de leur construction respective, les enjeux se sont régulièrement construction respective, les enjeux se sont régulièrement articulés autour des notions d’inclusion ou bien à l’in-articulés autour des notions d’inclusion ou bien à l’in-verse de rejet par rapport à un espace spécifi que. verse de rejet par rapport à un espace spécifi que. Sur ce rapport entre lieu et corps, où la mort et la folie Sur ce rapport entre lieu et corps, où la mort et la folie naissent, naissent, Michel Foucault écrivait au sein de ses confé-écrivait au sein de ses confé-rences radiophoniques de 1966 : rences radiophoniques de 1966 : « Mon corps, c’est le « Mon corps, c’est le contraire d’une utopie, ce qui n’est jamais sous un autre ciel, contraire d’une utopie, ce qui n’est jamais sous un autre ciel, il est le lieu absolu, le petit fragment d’espace avec lequel, au il est le lieu absolu, le petit fragment d’espace avec lequel, au sens strict, je fais corps. Mon corps, utopie impisens strict, je fais corps. Mon corps, utopie impitoyable. Et si, toyable. Et si, par bonheur, je vivais avec lui dans une sorte de par bonheur, je vivais avec lui dans une sorte de familia-familia-rité usée, comme avec une ombre, comme avec ces choses rité usée, comme avec une ombre, comme avec ces choses de tous les jours que fi nalement je ne vois plus et que la vie de tous les jours que fi nalement je ne vois plus et que la vie a passées à la grisaille ; comme avec ces cheminées, ces toits a passées à la grisaille ; comme avec ces cheminées, ces toits

qui qui moutonnent chaque soir devant ma fenêtre ? Mais moutonnent chaque soir devant ma fenêtre ? Mais tous les tous les matins, même présence, même blessure ; sous mes matins, même présence, même blessure ; sous mes yeux se dessine l’inévitable image qu’impose le miroir : visage yeux se dessine l’inévitable image qu’impose le miroir : visage maigre, épaules voûtées, regard myope, plus de cheveux, maigre, épaules voûtées, regard myope, plus de cheveux, vraiment pas vraiment pas beau. Et c’est dans cette vilaine coquille de ma beau. Et c’est dans cette vilaine coquille de ma tête, dans cette cage que je n’aime pas, qu’il va falloir me mon-tête, dans cette cage que je n’aime pas, qu’il va falloir me mon-trer et me promener ; trer et me promener ; à travers cette grille qu’il faudra par-à travers cette grille qu’il faudra par-ler, regarder, être regardé ; ler, regarder, être regardé ; sous cette peau, croupir. Mon sous cette peau, croupir. Mon corps, c’est le lieu sans recourscorps, c’est le lieu sans recours auquel je suis condamné. » auquel je suis condamné. »Lire ces lignes nous permet de mieux mesurer ce Lire ces lignes nous permet de mieux mesurer ce rapport au lieu : le corps est avant toutes choses cet rapport au lieu : le corps est avant toutes choses cet espace qui s’impose à l’esprit, le piège dont la folie lui rap-espace qui s’impose à l’esprit, le piège dont la folie lui rap-pelle régulièrement son existence mortelle et éphémère.pelle régulièrement son existence mortelle et éphémère.Michel Foucault est également largement connu pour son Michel Foucault est également largement connu pour son ouvrage « Histoire de la folie à l’âge classique » où il décrit ouvrage « Histoire de la folie à l’âge classique » où il décrit précisément le rapport d’exclusion entre la société et la folie, précisément le rapport d’exclusion entre la société et la folie, notamment par un processus qu’il nomme « notamment par un processus qu’il nomme « le grand le grand renfermement renfermement ».». Ce dernier reprend une description de Ce dernier reprend une description de mise mise à l’écart par le décret royal de 1656 et qui instaure l’ins-à l’écart par le décret royal de 1656 et qui instaure l’ins-titution-titution-nalisation des « indésirables » : mendiants, malades nalisation des « indésirables » : mendiants, malades mentaux et invalides. L’histoire de la psychiatrie nous obli-mentaux et invalides. L’histoire de la psychiatrie nous obli-gerait à une description bien plus large mais la progression gerait à une description bien plus large mais la progression schématique est déjà riche en enseignement dans ces diff é-schématique est déjà riche en enseignement dans ces diff é-rentes formes d’exclusion et d’inclusion par rapport à un lieu. rentes formes d’exclusion et d’inclusion par rapport à un lieu. Beaucoup plus tard, la forme asilaire évoluera notamment Beaucoup plus tard, la forme asilaire évoluera notamment suite aux avancées de la psychothérapie institutionnelle vers suite aux avancées de la psychothérapie institutionnelle vers la politique de secteur. En somme, un retour des « fous » en la politique de secteur. En somme, un retour des « fous » en tant tant que citoyens, dans la vie en société à part entière. L’idéeque citoyens, dans la vie en société à part entière. L’idée centrale était de lutter contre l’aliénation que pouvaient faire centrale était de lutter contre l’aliénation que pouvaient faire peser les institutions sur les malades. Jean Oury, psychiatre peser les institutions sur les malades. Jean Oury, psychiatre décédé il y a peu, évoquait même cette aliénation sous la décédé il y a peu, évoquait même cette aliénation sous la forme d’une double peine : le malade souff re à la fois de sa forme d’une double peine : le malade souff re à la fois de sa maladie, mais également de son propre statut de malade au maladie, mais également de son propre statut de malade au sein de la société, qui peut le mettre de côté ou le discriminer.sein de la société, qui peut le mettre de côté ou le discriminer.

En ce qui concerne les soins palliatifs français, le rapport au lieu est également un marqueur fort de l’évolution du mouvement. Cet axe de lecture est tout d’abord visible par Cet axe de lecture est tout d’abord visible par l’héritage du modèle anglais qui s’est d’abord construit l’héritage du modèle anglais qui s’est d’abord construit sur un bilan de ce que les hôpitaux ne pouvaient appor-sur un bilan de ce que les hôpitaux ne pouvaient appor-ter : ter : avant tout un lieu de vie, et ce jusqu’à la mort. Lors de avant tout un lieu de vie, et ce jusqu’à la mort. Lors de la la construction française du construction française du mouvement, l’initiative fut mouvement, l’initiative fut de de le penser en même temps à travers des lieux spécia-le penser en même temps à travers des lieux spécia-liséslisés que sont les unités de soins palliatifs, mais égale-que sont les unités de soins palliatifs, mais égale-ment d’inscrire la « culture des soins palliatifs » au sein de ment d’inscrire la « culture des soins palliatifs » au sein de toutes les branches de la médecine, au sein des diff érents toutes les branches de la médecine, au sein des diff érents services, grâce aux équipes mobiles hospitalières mais services, grâce aux équipes mobiles hospitalières mais aussi aux réseaux de soins palliatifs afi n de prêter main aussi aux réseaux de soins palliatifs afi n de prêter main forte aux professionnels libéraux au domicile des patients.forte aux professionnels libéraux au domicile des patients.« Fin de vie » (fév. 2012) - N. Garry

Page 5: ÉDITO : Fin de vie et psychiatrie - CH George Sand

Intercom n°43 avril 2015 5

Dossier

Dans l’actualité d’une nouvelle loi sur la fi n de vie, (Loi Léonetti révisée) le rapport au lieu face à la mort est criant, (Loi Léonetti révisée) le rapport au lieu face à la mort est criant, notamment lorsque certains argumentent une évolution vers notamment lorsque certains argumentent une évolution vers l’euthanasie et font maladroitement le parallèle avec les femmes l’euthanasie et font maladroitement le parallèle avec les femmes dont le sort les obligeait à aller à l’étranger pour bénéfi cier dont le sort les obligeait à aller à l’étranger pour bénéfi cier d’une Interruption Volontaire de Grossesse. En eff et, dans les d’une Interruption Volontaire de Grossesse. En eff et, dans les argumentaires des parlementaires et des certaines associations argumentaires des parlementaires et des certaines associations militantes, un rapprochement est fait avec certains français militantes, un rapprochement est fait avec certains français qui décident de s’exiler pour mourir en Suisse ou en Belgique. qui décident de s’exiler pour mourir en Suisse ou en Belgique. Il est crucial de faire également référence au village de Bocholt Il est crucial de faire également référence au village de Bocholt par exemple, refuge de certaines personnes âgées hollandaises par exemple, refuge de certaines personnes âgées hollandaises qui craignent que leur entourage ne profi te de leur vulnérabilité qui craignent que leur entourage ne profi te de leur vulnérabilité pour abréger leur vie ! N’ayant plus totalement confi ance dans pour abréger leur vie ! N’ayant plus totalement confi ance dans les praticiens hollandais, soit elles s’adressent à des médecins les praticiens hollandais, soit elles s’adressent à des médecins allemands, soit elles s’installent en Allemagne. Le point crucial ici allemands, soit elles s’installent en Allemagne. Le point crucial ici n’est pas de condamner la politique nationale en matière n’est pas de condamner la politique nationale en matière de fi n de vie, ou encore d’élaborer une comparaison avec de fi n de vie, ou encore d’élaborer une comparaison avec ce que perce que permettent ou interdisent d’autres pays, mais bien de le mettent ou interdisent d’autres pays, mais bien de le considérer comme un témoignage de ce que chaque citoyen peut considérer comme un témoignage de ce que chaque citoyen peut se représenter d’une mort idéalisée et d’un espace privilégié du se représenter d’une mort idéalisée et d’un espace privilégié du mourir, d’un « bien mourir » pour soi ou pour les autres. En repre-mourir, d’un « bien mourir » pour soi ou pour les autres. En repre-nant une certaine forme d’héritage religieux, qui sont les premiers nant une certaine forme d’héritage religieux, qui sont les premiers accompagnants historiques des mourants, le défi actuel est de accompagnants historiques des mourants, le défi actuel est de penser cette forme de « terre promise en laïcité » que peuvent penser cette forme de « terre promise en laïcité » que peuvent être les lieux idéalisés pour ces exilés du mourir. être les lieux idéalisés pour ces exilés du mourir. Devoir quitter son domicile pour terminer ses jours au sein d’un hôpital constitue déjà un déracinement, une dé-solation au sens de Hannah Arendt. Que propose la laïcité dans cette modalité de penser la Mort ? Que propose la laïcité dans cette modalité de penser la Mort ? Quels rites laïcs et quels statuts ont les professionnels à ce titre ?Quels rites laïcs et quels statuts ont les professionnels à ce titre ? Lucien BONNAFÉ, psychiatre français, pionnier du secteur psychiatrique,, écrivait que l’« On juge du degré de écrivait que l’« On juge du degré de civilisation d’une société à la manière dont elle traite ses fous ».civilisation d’une société à la manière dont elle traite ses fous ». Face Face aux défi s modernes que constituent les progrès de la médecine aux défi s modernes que constituent les progrès de la médecine dans le maintien de la vie par exemple, le vieillissementdans le maintien de la vie par exemple, le vieillissement crois-crois-sant des populations, ou encore le nouveau caractère sant des populations, ou encore le nouveau caractère chronique chronique de certaines pathologies graves, le compagnonnage humaniste de certaines pathologies graves, le compagnonnage humaniste que forme pour l’avenir l’association du mouvement des soins que forme pour l’avenir l’association du mouvement des soins palliatifs et de la psychiatrie est certainement un pas en avant pour palliatifs et de la psychiatrie est certainement un pas en avant pour la société dans la manière dont elle traite « ses fous » vieillissants, la société dans la manière dont elle traite « ses fous » vieillissants, atteints d’une maladie grave, en se gardant bien de vouloir leur atteints d’une maladie grave, en se gardant bien de vouloir leur prescrire une « mort miséricordieuse » (dont on sait qu’elle légitima prescrire une « mort miséricordieuse » (dont on sait qu’elle légitima l’Aktion T4, de sinistre mémoire, en Allemagne de 1934 à 1945) !l’Aktion T4, de sinistre mémoire, en Allemagne de 1934 à 1945) !

Benoist FAUVILLEBenoist FAUVILLEPsychologuePsychologue

Formateur en soins palliatifsFormateur en soins palliatifsDocteur en psychopathologie et psychanalyseDocteur en psychopathologie et psychanalyse

Comité Nivernais de Soins PalliatifsComité Nivernais de Soins Palliatifs

Photographie extraite du livre « La femme Femme » Dr Alvaro Aguirre de Càrcer, AA Édition, 1979.

Page 6: ÉDITO : Fin de vie et psychiatrie - CH George Sand

Des métiers et des gens...

Angélique BONNET

Intercom est allé à la rencontre d’Angélique BONNNET qui occupe les fonctions de Mandataire Judiciaire à la Protection des Majeurs (MJPM) sur le site de Dun sur Auron.

I. Bonjour, pouvez-vous vous présenter ?

AB : Oui bien sûr. Avant d’exercer les fonctions de mandataire judiciaire à la protection des majeurs, j’ai suivi une maitrise de droit privé puis ai étudié à l’Ecole de Notariat.J’ai ensuite été clerc de notaire pendant dix ans avant d’envisager un virage professionnel. J’ai donc demandé à bénéfi cier d’un congé individuel de formation (CIF) pour suivre la formation préalable à l’obtention du Certifi cat National de Compétence de Mandataire Judiciaire à la Protection des Majeurs (CNC), à Paris.

I. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette formation ?

AB : Suite à la réforme de 2007 (Loi n° 2007-308 du 5 mars 2007 portant réforme de la protection juridique des majeurs), il est désormais indispensable d’avoir ce diplôme pour exercer.Ma formation a duré 6 mois à temps plein. J’ai eff ectué une partie de mon stage pratique auprès de Mme PETIT à Dun.Et lorsque celle-ci a fait valoir ses droits à la retraite, j’ai postulé… et me voici ! Je suis arrivée au CH George Sand en mars 2014.

I. Vous auriez pu exercer dans le privé, pourquoi avoir choisi le milieu hospitalier ?

AB : Essentiellement pour le côté humain de ce type de structure. C’est un plus d’être au sein d’un établissement. Je côtoie les patients et les équipes au quotidien. Le travail en réseau est grandement facilité.

I. Vous travaillez seule ?

AB : Non pas du tout. Le service est composé de 3 personnes (3 ETP), 2 secrétaires spécialisées et moi-même.Mes deux collègues ont elles aussi bénéfi cié d’une formation obligatoire. Et prochainement, l’une d’elles va passer le CNC.Ainsi nous pourrons nous répartir le travail sur certaines mesures de majeurs protégés, et assurer une continuité de service en cas d’éventuelles absences.

I. Justement, en termes d’activité, que cela représente t-il ?

AB : En 2014, j’ai eu la charge de 146 mesures dont 137 tutelles et 9 curatelles. La majorité des mesures sont des mesures de protection aux biens et à la personne.109 des mesures que je gère concernent des personnes qui dépendent du site de Dun-sur-Auron, mais je me rends régulièrement sur les sites de Bourges et de Chezal-Benoit. Je rencontre également les majeurs protégés qui ont un domicile chez eux ou au CMP une fois par mois.

I. Pouvez-vous nous détailler en quoi consiste l’essentiel de votre travail ?

AB : Avant tout je souhaite insister sur le fait qu’on ne parle plus de gestion des biens mais de protection des Majeurs.Le MJPM a pour mission d’assister et de contrôler (curatelle) ou de représenter (tutelle) les personnes qui en raison d’une altération de leurs facultés, ne sont plus capables de défendre seules leurs intérêts. Le MJPM a le devoir d’informer la personne, cette information doit être adaptée au degré de compréhension de la personne protégée.Il peut aussi accompagner, conseiller, guider et éclairer la personne.Il exerce la mesure de protection de façon personnalisée en favorisant la participation. Ainsi, il recueille les attentes et besoins de la personne protégée.Je tiens également à préciser que quelque soit la mesure, la loi indique que « la personne protégée prend seule les décisions relatives à sa personne dans la mesure où son état le permet ».L’objectif de la loi du 5 mars 2007 est clair, il est de renforcer les droits des personnes en les plaçant « au centre du dispositif » mais aussi grâce à l’affi rmation du respect des libertés individuelles et des droits fondamentaux des personnes sous mesure de protection.

I. Qui vous attribue les mesures dont vous avez la charge ?

AB : C’est le Juge des Tutelles.Selon la nature des actes à accomplir j’agis seule, ou avec le concours du Majeur Protégé, ou après autorisation du juge.J’ai donc des contacts très réguliers avec les Juges des tutelles des Tribunaux de Bourges et Saint Amand, ainsi qu’avec les greffi ers.

Intercom n°43 avril 20156

Page 7: ÉDITO : Fin de vie et psychiatrie - CH George Sand

Intercom n°43 avril 2015 7

Des métiers et des gens..

I. Avez-vous déjà rencontré des diffi cultés dans la gestion de certains dossiers?

AB : Non, jusqu’à présent, je n’ai eu aucun contentieux.Depuis 2007, tout a été remis à plat et il n’y a plus de dérive possible.

I. Qu’est-ce qui vous plait le plus dans votre quotidien professionnel?

AB : Encore une fois, je dirais que c’est le contact avec les Majeurs protégés Et le fait de me sentir utile.

I. Et à l’inverse, que trouvez-vous diffi cile ?

AB : C’est surtout de faire comprendre aux gens qu’on ne gère pas que des biens mais que l’on protège les intérêts des personnes tant au point de vue patrimonial que personnel.

I. Vous êtes donc ravie de votre réorientation professionnelle?

AB : Oui vraiment. Je n’ai aucun regret.J’aime ce que je fais, les demandes sont diverses et variées et le travail, vraiment intéressant.

I. Quelles sont, selon vous, les qualités indispensables pour exercer votre métier?

AB : Il faut aimer l’humain et le contact avec l’autre. Il faut aussi savoir faire preuve d’une grande qualité d’écoute. Et évidemment, pour respecter à la lettre les directives de la loi, il faut être très rigoureux.

Cela demande également une certaine disponibilité. Il arrive parfois qu’on soit appelé en dehors des heures habituelles de bureau, pour gérer le décès d’une personne ou donner une autorisation pour qu’un de nos protégés soit opéré.On ne peut pas déléguer ce type de tâches. Cela relève de notre responsabilité.

I. Souhaitez-vous ajouter quelque-chose ?

AB : Je souhaite redire que je suis ravie de travailler au sein du CH George Sand. Le service évolue. Nous avons encore certaines choses à préciser mais nous travaillons dans un très bon état d’esprit et c’est vraiment agréable.

« J’aime ce que je fais, les demandes sont diverses et variées et le travail, vraiment intéressant. »

Carole JORYChargée de Communication

Page 8: ÉDITO : Fin de vie et psychiatrie - CH George Sand

Vu de l’intérieur

Le C.A.M.S.P (Centre d’Action Médico-Sociale Précoce) a intégré les locaux du Centre Hospitalier George Sand, le 5 janvier 2015.

Le CAMSP qu’est-ce que c’est ?

Le CAMSP est un lieu de prévention, de dépistage et de prise en charge, qui accueille des enfants âgés de 0 à 6 ans, présentant un trouble du développement ou des diffi cultés relationnelles et comportementales, et dont la vie quotidienne peut être rendue diffi cile par la maladie ou par un problème moteur, sensoriel ou mental.

Le CAMSP propose :

- Un accueil personnalisé- Un accueil personnalisé de l’enfant et une évaluation de sa de l’enfant et une évaluation de sa situation et de ses diffi cultés.situation et de ses diffi cultés.

- Un projet thérapeutique individuel - Un projet thérapeutique individuel présenté aux parents.présenté aux parents.Celui-ci est établi par l’équipe à l’issue du bilan initial.Celui-ci est établi par l’équipe à l’issue du bilan initial.

Il prendra la forme :Il prendra la forme :

- de séances individuelles d’éducation - de séances individuelles d’éducation ou de rééducation : ergothérapie, ou de rééducation : ergothérapie, éveil, kinésithérapie, orthophonie, éveil, kinésithérapie, orthophonie, psychomotricité, psychothérapiepsychomotricité, psychothérapie- - de groupes thérapeutiquesde groupes thérapeutiques- d’interventions éventuelles au - d’interventions éventuelles au domicile de la famille ou dans tout domicile de la famille ou dans tout autre lieu de vie (lieu d’accueil, école).autre lieu de vie (lieu d’accueil, école).

- Un soutien aux familles- Un soutien aux familles, qui se traduira par :, qui se traduira par :- un accompagnement parental, - un accompagnement parental, un suiviun suivi psychologique de l’enfant, psychologique de l’enfant, une aide à l’intégration de l’enfant une aide à l’intégration de l’enfant en école maternelle ou en crèche,…en école maternelle ou en crèche,…- un soutien dans les démarches - un soutien dans les démarches administratives, une préparation à administratives, une préparation à un autre mode de prise en charge un autre mode de prise en charge avant ou après les 6 ans de l’enfant.avant ou après les 6 ans de l’enfant.

Notre butAider les enfants à découvrir et à développer leurs compétences par des techniques adaptées. Aider les parents à vivre avec leur enfant tel qu’il est, sans oublier qu’il reste, avant tout, un enfant avec des besoins et des désirs, comme tout autre enfant.

Missions et rôles des professionnels

Educatrice de jeunes enfants :

Elle accueille et accompagne l’enfant et sa famille et soutient celle-ci dans sa fonction parentale. L’éducatrice met en place un environnement sécurisant et stimulant. Cet univers est à la fois proche du milieu familial et riche en découvertes. Cet espace est découpé en plusieurs types d’activité (lecture, jeux, motricité...) et abrite divers supports (livres, poupées, puzzles...). Le rôle de l’éducatrice est de stimuler les potentialités intellectuelles, aff ectives et artistiques des petits à travers de multiples activités ludiques et éducatives.Auprès des parents, c’est d’observer, écouter et mettre en place des outils permettant l’accompagnement et l’affi rmation de la fonction parentale, mais aussi de pointer et de prendre connaissance des phases majeures du développement de leur enfant.

Kinésithérapeute :

La kinésithérapie s’inscrit dans une prise en charge globale de l’enfant. Elle s’adresse le plus souvent à une population d’enfant présentant ou susceptible de présenter des diffi cultés motrices tels que IMC, polyhandicap, pathologie génétique… mais aussi à des enfants présentant de simples retards sur le plan posturo-moteur. Au travers des prises en charge individuelles ou en groupe (balnéothérapie) et en partenariat avec les parents, la mission du kinésithérapeute est d’optimiser les possibilités motrices et fonctionnelles de chaque enfant. La prévention de l’apparition et/ou de l’aggravation des troubles orthopédiques demeure essentielle.

Cette rééducation s’appuie principalement sur les niveaux d’évolutions motrices mais aussi sur la mise en place d’appareillages et d’aides techniques spécifi ques dont l’indication est défi nie principalement par le docteur May (Médecine physique et de réadaptation).

Le CAMSP Centre d’Action Médico-Sociale Précoce

PrésentationL’équipe est composée de nombreux

professionnels spécialisés :

- Médecins pédopsychiatres :

Dr AUBERT et Dr AGBOLI

- Médecin généraliste : Dr CHEMINAL-LECLAND

- Médecin physique et de réadaptation : Dr MAY

- Cadre de santé : Madame SOMMER CSS

dans l’attente d’aff ectation d’un cadre de santé

- Psychologues : Madame CASTEL Aurélie

Madame REBIERE Alexandra

- Educatrice de jeunes enfants : Madame CARRO Audrey

- Kinésithérapeute : Madame GUILLEMAIN Aline

- Psychomotricienne : Madame CAGNIN Estelle

- Ergothérapeute : Monsieur DEVLIEGER Michel

- Orthophoniste : Madame RICHARD Frédérique

- Assistante Sociale : Madame PIAT-LILLO

Fabienne

- Secrétaire : Madame

LOUHADI Fadila

Intercom n°43 avril 20158

Page 9: ÉDITO : Fin de vie et psychiatrie - CH George Sand

Intercom n°43 avril 2015 9

Psychomotricienne :

Par la médiation corporelle et les jeux sensori moteurs, les séances de psychomotricité ont pour but d’accompagner l’enfant dans la découverte de son corps et de ses possibilités psychomotrices, qui sous tendent ses capacités de représentations.La polyvalence du CAMSP, amène la psychomotricienne à recevoir dans le service des enfants présentant des diffi cultés très variées : retards légers ou sévères des acquisitions psychomotrices, certains liés à des syndromes génétiques, trouble neuro moteur, polyhandicap, défi cit sensoriel, trouble de la relation et de la communication.A l’issue du bilan (ou de la période d’observation, 3 ou 4 séances), en accord avec l’équipe, la psychomotricienne établit les modalités du suivi, rythme des séances, orientations thérapeutiques ou rééducatives, guidance parentale…La psychomotricienne participe également régulièrement à des projets de prise en charge en groupe (groupe d’enfants, groupe de parole de parents…). En 2015, elle co-animera, avec la kinésithérapeute, un groupe balnéothérapie accueillant des enfants présentant de grosses diffi cultés motrices.

Psychologues :

Les psychologues du CAMSP ont 3 axes de travail :1) Les bilans permettant de compléter la première évaluation d’un enfant ou d’une famille, faite auparavant par un médecin. Ces entretiens ont pour but une mise en lumière de la demande de l’enfant et de sa famille, un repérage des symptômes de l’enfant et de son positionnement psychique.

2) A la suite de ces entretiens, découlent majoritairement des prises en charge psychothérapeutiques : soit de l’enfant, soit de la mère et l’enfant, soit du parent seul dans un premier temps. Elles nécessitent des entretiens réguliers le plus souvent hebdomadaires dont la durée dépend de l’âge de l’enfant et de son évolution.

3) Le troisième axe de travail du psychologue est sa participation en équipe à la réfl exion et à la mise en perspective de l’aide proposée aux enfants et à leur famille.

Assistante sociale :

Elle apporte :- Une information sur les droits et la législation sociale, notamment concernant les aides spécifi que liées aux diffi cultés de l’enfant.- Une écoute, des conseils, un soutien et un accompagnement au regard des problèmes à régler (logement, travail, éducation des enfants…)- Une aide lors de l’orientation de l’enfant (dossiers, visites d’établissements…)Il peut être fait appel au service social, même si l’enfant n’est plus suivi au CAMSP durant 3 ans après la date de sortie.L’assistante sociale reçoit sur rendez-vous au CAMSP ou se déplace à domicile.

Orthophoniste :

L’orthophoniste au sein du CAMSP intervient:- Dans l’évaluation et la rééducation des troubles de la déglutition, de l’oralité, de la phonation, de l’articulation, de la parole, du langage (expression/ compréhension) et de la communication.- Dans la prévention des diffi cultés d’apprentissages ultérieurs (pré-requis aux apprentissages élémentaires).- Dans l’éducation précoce sous la forme d’une guidance parentale dans l’attente d’une prise en charge. Elle s’appuie sur les théories du développement de l’enfant. Les médiations privilégiées sont la musique et les comptines, les petites histoires, le souffl e et les praxies bucco-faciales ainsi que l’outil informatique.

Ergothérapeute :

L’ergothérapeute intervient au CAMSP comme spécialiste de la rééducation, il permet à l’enfant d’acquérir une certaine autonomie et indépendance dans les actes de la vie quotidienne. L’ergothérapeute évalue les possibilités motrices et cognitives de l’enfant. S’appuyant sur les concepts de Bobath, Le Metayer, Tardieu… il propose un plan de rééducation, des aides techniques et préconise du matériel et un positionnement ergonomique pour aider à l’intégration scolaire. L’ergothérapeute intervient en séance individuelle ou en situation de groupe à dominante sportive, musicale ou manuelle. Il peut se rendre au domicile de l’enfant pour évaluer les besoins et améliorer le quotidien par du matériel adapté aux situations particulières, il peut également se déplacer en milieu scolaire pour lequel ses connaissances du handicap (troubles dys, IMC, maladie génétique…), des normes ergonomiques peuvent être d’un grand secours pour l’adaptation de l’enseignant et de l’environnement aux diffi cultés de l’enfant.

Vu de l’intérieur

Équipe du CAMSP

Une partie de l’équipe du CAMSP

Page 10: ÉDITO : Fin de vie et psychiatrie - CH George Sand

La liberté d’expression consiste à pouvoir s’exprimer librement sans craindre la censure. Elle est garantie par l’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 et c’est ce que nous nous eff orçons d’appliquer au sein de l’activité journal.

C’est courant 2010, qu’est née l’idée de mettre en place cet atelier au sein du Centre Hospitalier George Sand. Il s’inscrit dans le projet initié par les psychologues du court séjour consistant à proposer un lieu extérieur aux services et pouvant accueillir les patients pour diff érentes activités à médiations thérapeutiques. Les patients sont au centre de cette activité afi n de créer un seul et même journal.

Il s’agit avant tout d’un lieu où l’on peut se poser et déposer. L’objectif est de permettre une libre expression du patient, de favoriser l’échange, la communication, les liens et d’établir des relations intersubjectives.

Le but est à la fois de mettre en place avec les patients de

chaque service un objet dont ils auraient la possibilité de

bâtir avec nous le dispositif, dont ils auraient à débattre ensemble et dont l’avis de

chacun compterait dans sa construction au quotidien.

Un objet qui opère de la circulation et du

décloisonnement entre les diff érentes unités.

L’atelier journal se déroule tous les lundis de 15h à 17h dans une salle spécialement aménagée, équipée de 3 ordinateurs et d’une imprimante scanner. Il se situe dans les locaux de l’ancienne lingerie et est animé par Gaëlle Noc et Juliette Atger, psychologues.

A ce jour, 28 journaux ont été publiés. Ils sont imprimés tous les mois environ, à raison de 80 exemplaires pour chaque numéro. Le journal est composé généralement de 10 pages recto verso.

Une diff usion est faite auprès des auteurs évidemment, des services du court séjour (+ art-thérapeutes, cafétéria…) mais aussi à la demande de services extérieurs (UPLC, USLD et CMP) afi n de servir de supports dans des animations mais aussi de participer au lien entre l’intra et l’extra hospitalier.

On peut aujourd’hui dire que l’atelier journal est un lieu repéré par les équipes des diff érents services. Il est investi par un noyau composé de patients hospitalisés au long cours et de patients non hospitalisés mais souhaitant garder un lien avec l’institution. A ceux-ci s’ajoutent des allers et venues de nouveaux patients qui viennent déposer de façon plus ponctuelle.

Il est important de rappeler que l’atelier n’est pas sur prescription médicale, qu’il n’y a aucune obligation d’écrire et qu’il peut être proposé à des patients qui ne sont plus hospitalisés.

La découverte de l’outil informatique, la rencontre avec l’autre sont autant de motifs de participation à cet atelier. C’est ce qui en fait sa force et qui lui permet de s’inscrire dans le temps.

Vu de l’intérieur

SAND...DESSUS…DESSOUS …Journal des patients ...

Gaëlle NOC / Juliette ATGERPsychologues

Des mots

pour des maux

C.K.

Une chance d’être publié et reconnu pour ses dessins et ses

écrits dans une ambiance agréable qui donne une bonne humeur pour

toute la semaine. O.T.

Plaisir d’être ensemble.

M.L.C.

S.S …

Le journal des patients est

l’occasion de donner la parole à ceux qui

ont côtoyé de près ou de loin l’univers

hospitalier. C.B.

Leenha

ibd

c

Le

chS’exprimer sans

usure et sans cen-sure. écrire son ressenti

pour soi mais aussi faire passer des messages à qui

veut bien les entendre.

V.C.

Intercom n°43 avril 201510

Page 11: ÉDITO : Fin de vie et psychiatrie - CH George Sand

Intercom n°43 avril 2015 11

Repas festifs aux Amandiers

Depuis juin 2013, les Amandiers proposent aux résidents Depuis juin 2013, les Amandiers proposent aux résidents des repas à thème.des repas à thème.

Ces festivités ont pour but de rompre avec le quotidien, Ces festivités ont pour but de rompre avec le quotidien, permettre de se retrouver hors de l’unité de soin, de permettre de se retrouver hors de l’unité de soin, de partager un moment de convivialité et d’échange.partager un moment de convivialité et d’échange.

Les familles sont également conviées à ces occasions, Les familles sont également conviées à ces occasions, le personnel soignant laisse l’uniforme au placard (bien le personnel soignant laisse l’uniforme au placard (bien trop conventionnel) : il n’y a plus ni soignants, ni soignés, trop conventionnel) : il n’y a plus ni soignants, ni soignés, seulement un rassemblement intergénérationnel pour seulement un rassemblement intergénérationnel pour un moment de partage.un moment de partage.

Tout au long de l’année, les 4 unités organisent un repas sur un thème diff é-Tout au long de l’année, les 4 unités organisent un repas sur un thème diff é-rent. L’unité de la Cascade a débuté avec un barbecue, la Source avec un repas rent. L’unité de la Cascade a débuté avec un barbecue, la Source avec un repas sénégalais, Belle Fontaine un repas savoyard et Eau Vive un repas aux saveurs sénégalais, Belle Fontaine un repas savoyard et Eau Vive un repas aux saveurs bretonnes. Plus récemment, nous avons organisé un repas berrichon qui a été bretonnes. Plus récemment, nous avons organisé un repas berrichon qui a été suivi par la Guinguette et d’autres sont en préparation.suivi par la Guinguette et d’autres sont en préparation.

Avec ces repas, nous voulons proposer des saveurs d’ailleurs, peut être un petit Avec ces repas, nous voulons proposer des saveurs d’ailleurs, peut être un petit goût de vacances ou d’enfance pour certains, rappeler des souvenirs avec des goût de vacances ou d’enfance pour certains, rappeler des souvenirs avec des recettes traditionnelles, dans un cadre festif (décors, costumes, musique, recettes traditionnelles, dans un cadre festif (décors, costumes, musique, cchanteurs, groupes folkloriques…).hanteurs, groupes folkloriques…).

Le personnel œuvre dans la mesure du possible (avec l’aide précieuse du Le personnel œuvre dans la mesure du possible (avec l’aide précieuse du personnel des cuisines et surtout M. Roy sans qui tout ceci ne serait possible), personnel des cuisines et surtout M. Roy sans qui tout ceci ne serait possible), à à l’élaboration et la confection des repas. En eff et, les soignants et quelquesl’élaboration et la confection des repas. En eff et, les soignants et quelques résidents intègrent l’équipe des cuisines durant une journée pour cette occarésidents intègrent l’équipe des cuisines durant une journée pour cette occasion. sion. Cet échange est très enrichissant, car il permet d’avoir une vue d’ensemble sur Cet échange est très enrichissant, car il permet d’avoir une vue d’ensemble sur le travail et la logistique des cuisines.le travail et la logistique des cuisines.

Concernant les décors et l’animation, nous recevons l’aide précieuse de notre Concernant les décors et l’animation, nous recevons l’aide précieuse de notre animatrice, ainsi que la bonne volonté de tout le personnel notamment pour la animatrice, ainsi que la bonne volonté de tout le personnel notamment pour la confection des décors et costumes. Certains résidents participent à la réalisation confection des décors et costumes. Certains résidents participent à la réalisation des décors s’ils le souhaitent. Ces moments avec eux sont très riches et les résidents des décors s’ils le souhaitent. Ces moments avec eux sont très riches et les résidents sont très fi ers de voir leur ouvrage exposé.sont très fi ers de voir leur ouvrage exposé.

Enfi n rien ne serait possible sans le soutien de l’encadrement, l’aide des services Enfi n rien ne serait possible sans le soutien de l’encadrement, l’aide des services logistiques (services techniques, magasin, jardin…) sans oublier l’implication de logistiques (services techniques, magasin, jardin…) sans oublier l’implication de notre coiff euse qui œuvre à la mise en beauté de nos résidents.notre coiff euse qui œuvre à la mise en beauté de nos résidents.

Tous concourent à la pleine réussite de ces moments.Tous concourent à la pleine réussite de ces moments.

Marie-Christine Vilatte, infi rmièreChristine Barat, aide-soignante

Équipe des Amandiers

Vu de l’intérieur

Page 12: ÉDITO : Fin de vie et psychiatrie - CH George Sand

Pour

nou

s jo

indr

e : C

entr

e ho

spita

lier G

eorg

e SA

ND

Éta

blis

sem

ent i

nter

com

mun

al d

e sa

nté

men

tale

du

Cher

77,

rue

Loui

s M

alle

t BP

6050

180

24 B

OU

RGES

Ced

exTé

l : 0

2 48

66

52 5

2 - c

omm

unic

atio

n@ch

-geo

rge-

sand

.fr s

ite in

tern

et :

ww

w.c

h-ge

orge

-san

d.fr

Dire

cteu

r de

publ

icat

ion

: Jea

n-Pa

ul S

ERVI

ER R

édac

teur

: Ph

ilipp

e A

LLIB

ERT

Com

ité d

e ré

dact

ion

: Ala

in V

ERN

ET, B

rigitt

e BI

AUD

, Mar

tine

DU

CHEZ

EAU

et C

arol

e JO

RY

Brèves hospitalièresLes Amandiers ont accueilli leur 101ème résident

C’est avec impatience que tout le monde l’attendait, aussi bien les résidents que le personnel.Dès que sa frimousse a passé la porte des Amandiers, le 24 novembre dernier, une ambiance chaleureuse s’est installée.Les résidents ont chacun réagi à leur façon : des sourires se sont dessinés sur leurs visages, des paroles de bienvenue, des câlins et des étoiles dans les yeux en évoquant le souvenir de leur propre animal lorsqu’ils étaient encore chez eux.Oui, c’est avec un réel plaisir que Jerry, notre ami à 4 pattes, a été adopté par l’ensemble de nos résidents.Jerry est un chaton croisé européen et Maine Coon. Agé de 6 mois, il nous a été donné généreusement par Ingrid, aide-soignante, à la suite d’un projet visant à mettre en avant un lieu de vie où l’on peut retrouver des sensations, des émotions, des souvenirs liés à l’animal.

L’objectif est d’apporter, par le biais de notre chat, de la vie, de l’envie, du réconfort et du soutien voire de faciliter l’entrée et l’intégration dans l’institution.Notre mission, vis-à-vis de Jerry, est de nous unir pour que chacun à son niveau lui apporte les bons soins, l’attention et l’aff ection qu’il mérite et qu’il saura rendre au centuple.Il a élu domicile au rez de chaussée de l’établissement, sur le secteur EHPAD, ainsi son périmètre de promenade est très confortable.Nous souhaitons remercier chaleureusement toutes les personnes qui ont permis la réalisation de ce projet.Et si toutefois vous passiez par les Amandiers, n’hésitez pas à vous arrêter pour faire connaissance avec Jerry et lui distribuer vous aussi des caresses.

L’ équipe des Amandiers

L

Les familles de l’UNAFAM

Le 5 décembre dernier, au C.H. George Sand, les familles de l’UNAFAM 18 se retrouvaient sur le sujet :

« Doit-on penser et œuvrer pour que notre proche en fragilité psychique trouve ou retrouve une activité professionnelle ?»

Journée nationale de la Société Française d’Histoire des Hôpitaux

Madame le Docteur MICHEL, praticien hospitalier au sein du service de l’Accueil Familial Thérapeutique sur le site de Dun, a participé à la journée nationale de la Société Française d’Histoire des Hôpitaux qui s’est déroulée le 6 février 2015, à Blois.

Son intervention avait pour thème «Des colonies familiales à l’accueil familial thérapeutique, le rôle pionnier de la région Centre».Cela fera l’objet d’un article dans un prochain Intercom.

En premier lieu, Madame FATTA-TAUZIA, évoquait des situations où son service et les familles ont collaboré pour accompagner cette personne vers une insertion professionnelle adaptée.

Monsieur Vernet, philosophe et psychologue, après avoir rappelé les avantages de la situation de travail, insertion et reconnaissance sociales soutenant un sentiment d’estime de soi, et ses inconvénients, charge de travail, stress, soulignait que l’acteur principal de l’orientation vers une situation professionnelle restait la PERSONNE, elle-même.En conséquence, le rôle des acteurs sociaux et médicaux, ainsi que celui des familles, est d’accompagner (et non de diriger) la personne en recherche d’une nouvelle vie, en douceur, patience, respect et cohérence, par un dialogue mutuel clair et continu. Il ajoutait qu’il est aussi nécessaire de prendre soin de la famille, l’aider, lui donner un espace pour parler de ses diffi cultés, en un mot, lui « DONNER NOTRE AMITIE ».

La délégation UNAFAM 18 remercie le CH, et en particulier son directeur, de permettre ces rencontres qui vont dans ce sens.