Dispositifs de surveillance de la santé des personnes incarcérées en France et à l’étranger

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Congrès International ADELF-SFSP / Revue d’Épidémiologie et de Santé Publique 61S (2013) S206–S264 S263 E5-4 Recueil détaillé sur les traumatismes mortels chez les enfants L. Lasbeur , B. Thélot Institut de veille sanitaire, département Maladies chroniques et traumatismes, Saint-Maurice, France Objectifs.– En France, le nombre et les grandes causes de décès d’enfants par accident de la vie courante (AcVC) sont connus, mais le descriptif de l’accident est rarement disponible. L’enquête « Mortalité par AcVC chez les moins de 15 ans – MAC-15 » avait comme objectifs d’obtenir des informations détaillées sur les circonstances de ces décès et d’apprécier la possibilité de les collecter en routine. Méthode.– Enquête prospective sur tous les décès par AcVC d’enfants en 2009, dans trois régions franc ¸aises. Le signalement a principalement été réalisé par les certificats de décès, puis un questionnaire détaillé était rempli par le médecin certificateur. Résultats.– Au total, 76 décès par AcVC ont été collectés, pour lesquels des détails précis sur le type de l’accident et les facteurs de risque ont pu être iden- tifiés, tels que : défaut de surveillance chez les moins d’un an (75 %), et d’un à quatre ans (57 %) ; absence de prise de conscience ou déni du risque de la part de parents ; responsabilité directe de produits dangereux et/ou mal utilisés. L’enquête s’est déroulée dans de bonnes conditions : le signalement et la collecte ont été testés ; les professionnels ont adhéré à la logique de l’enquête et volon- tiers répondu aux demandes d’information. La systématisation d’un recueil de ce type pour tous les traumatismes (459 décès en 2009, source CépiDc), venant en complément du certificat de décès, est proposée comme suite logique de ce test. Les conditions de recueil seront proposées et discutées avec les médecins et les institutions concernées. Conclusion.– Le recueil de données qualitatives et quantitatives détaillées sur chaque décès par traumatisme d’enfants âgés de moins de 15 ans permettrait d’identifier des facteurs de survenue et des populations à risque, d’orienter les actions de prévention active et/ou passive, et de contribuer ainsi à sauver des vies. http://dx.doi.org/10.1016/j.respe.2013.07.678 E5-5 Surveillance épidémiologique de l’absence scolaire à partir d’un réseau d’écoles sentinelles : SentEcole, Gironde L. Meurice a , S. Vygen a,b , G. Gault a , C. Bustos c , C. Caserio-Schönemann a , P. Rolland a a Cellule de l’Institut de veille sanitaire en région Aquitaine, Bordeaux, France b European Program for Intervention Epidemiology Training (EPIET), Stockholm, Suède c Direction des services départementaux de l’éducation nationale de la Gironde, Bordeaux, France Introduction.– En France, la surveillance syndromique intègre des données d’urgences hospitalières, d’urgences de ville et de mortalité. Son développement et son renforcement implique l’intégration d’indicateurs complémentaires. La cellule régionale de l’InVS en lien avec l’éducation nationale de la Gironde, a mis en place une surveillance de l’absence scolaire à partir du réseau d’écoles senti- nelles SentEcole. Les jeunes enfants scolarisés, vivant en collectivité, constituent une population fragile, souvent la première touchée par les épidémies. L’objectif est de renforcer la surveillance sanitaire en Gironde en termes de détection et de suivi d’épidémies saisonnières et/ou d’événements inhabituels. Méthodes.– Depuis octobre 2011, les données quotidiennes du nombre d’absences, toutes causes, d’environ 20 écoles élémentaires volontaires de Gironde sont transmises automatiquement à la Cire. Les directeurs d’écoles ont la possibilité de reporter un commentaire sur la cause de l’absence, notam- ment sanitaire. Les données sont analysées et comparées aux autres systèmes de surveillance existants. Résultats.– Pour l’année scolaire 2011–2012, le taux d’absence scolaire global était en moyenne de 3,6 % (min–max : 0,9–15,7 %). Une bonne concordance a été retrouvée entre l’évolution du taux d’absence scolaire et les données des autres sources de surveillance syndromique. Par ailleurs, l’augmentation du taux d’absence scolaire, accompagné du motif grippe, précède le pic de la grippe indiqué par les autres systèmes de surveillance utilisés à la Cire. À ce stade, aucun évènement inhabituel n’a été identifié. Conclusion.– Les informations produites par ce dispositif, réactif et peu coûteux, permettent de disposer d’informations sur la population d’enfants d’âge scolaire, notamment dans des zones géographiques non couvertes par les autres systèmes de surveillance. Elles sont à la fois à visée d’alerte pour les professionnels de santé, les directeurs d’établissements et la population, et à visée de décision pour les mesures de prévention et de contrôle à mettre en place. http://dx.doi.org/10.1016/j.respe.2013.07.679 E5-6 Infection à VIH/sida en Algérie F. Razik a , F.-Z. Bensadoun a , S. Abidi a , N. Bouzghou b a Service d’infectiologie, CHU d’Oran, centre de référence des IST/VIH/Sida de l’Ouest Algérien, Oran, Algérie b Institut Pasteur d’Alger, Centre de référence national (CRN), Alger, Algérie Objectifs.– Décrire l’évolution dans le temps de l’infection à VIH/sida dans l’Ouest Algérien et comparer les données régionales aux données nationales. Méthodologie.– Il s’agit d’une étude rétrospective de 1991 à 2012 concernant 2515 dossiers de patients pris en charge dans le service d’infectiologie du CHU d’Oran, centre de référence de l’Ouest Algérien (CDR). Pour les données natio- nales, nous avons revu celles de l’Institut Pasteur d’Alger. Résultats.– L’épidémie a évolué en phase lente de 1991 à 2001 avec la noti- fication de 90 cas (4 %). Pour la majorité, il s’agissait d’une contamination à l’étranger soit par injection intraveineuse de drogue (28 cas), soit après transfu- sion sanguine (cinq cas) ; le sex-ratio était égal à 5. Une phase rapide de 2002 à 2012, avec 2425 cas colligés (96 %) ; toutes les contaminations étaient autoch- tones ; le sex-ratio est = 0,93 ; toutes les tranches d’âges sont concernées, avec un maximum de 1988 cas entre 19 ans et 49 ans (82 %). Pour 2279 cas, la contami- nation était sexuelle (94 %), dont 660 cas suite au travail du sexe (29 %). Notre file active est la première à l’échelle nationale avec 2200personnes vivant avec le VIH dont 1304 cas sont sous traitement antirétroviral (59 %) ; 95 % des séro- positifs sont dépistés suite aux enquêtes autour de cas de sida-maladie. Cette constatation est valable pour tout le pays, remettant en cause le dépistage en Algérie, auquel s’ajoute le problème de recueil de données. À titre d’exemple, pour l’année 2011, l’Algérie a déclaré à l’Organisation mondiale de la santé 102 nouveaux cas de sida, alors que notre CDR, à lui seul, avait notifié 250 cas. Ce problème concerne également les données qualitatives, à l’échelle nationale, les modes de transmissions sont indéterminés dans 78 % des cas. Conclusion.– Le faible quadrillage épidémiologique et la méconnaissance des tendances de l’épidémie, résultant des insuffisances tant logistiques qu’humaines, rendent impossible toute politique efficace de prévention. http://dx.doi.org/10.1016/j.respe.2013.07.680 E5-7 Dispositifs de surveillance de la santé des personnes incarcérées en France et à l’étranger C. Verdot , E. Godin-Blandeau , A.-E. Develay Institut de veille sanitaire, département Maladies chroniques et traumatismes, Saint-Maurice, France Introduction.– La question de la mise en place d’un dispositif de surveillance de la santé des personnes incarcérées est un axe majeur du plan d’actions stra- tégiques 2010–2014 « Politique de santé des personnes placées sous main de justice ». Méthode.– Pour nourrir les réflexions sur la définition et les modalités d’organisation de cette surveillance en France, une recherche a été réalisée sur les dispositifs existant à l’étranger. Les informations ont été collectées dans 15 pays occidentaux (Océanie, Amérique du Nord, Europe), via Internet (sites officiels), une recherche bibliographique et des entretiens réalisés avec des correspondants institutionnels internationaux.

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Congrès International ADELF-SFSP / Revue d’Épidémiologie et de Santé Publique 61S (2013) S206–S264 S263

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Recueil détaillé sur les traumatismes mortelschez les enfantsL. Lasbeur , B. ThélotInstitut de veille sanitaire, département Maladies chroniques et traumatismes,Saint-Maurice, France

Objectifs.– En France, le nombre et les grandes causes de décès d’enfants paraccident de la vie courante (AcVC) sont connus, mais le descriptif de l’accidentest rarement disponible. L’enquête « Mortalité par AcVC chez les moins de15 ans – MAC-15 » avait comme objectifs d’obtenir des informations détailléessur les circonstances de ces décès et d’apprécier la possibilité de les collecter enroutine.Méthode.– Enquête prospective sur tous les décès par AcVC d’enfants en 2009,dans trois régions francaises. Le signalement a principalement été réalisé par lescertificats de décès, puis un questionnaire détaillé était rempli par le médecincertificateur.Résultats.– Au total, 76 décès par AcVC ont été collectés, pour lesquels desdétails précis sur le type de l’accident et les facteurs de risque ont pu être iden-tifiés, tels que : défaut de surveillance chez les moins d’un an (75 %), et d’unà quatre ans (57 %) ; absence de prise de conscience ou déni du risque de lapart de parents ; responsabilité directe de produits dangereux et/ou mal utilisés.L’enquête s’est déroulée dans de bonnes conditions : le signalement et la collecteont été testés ; les professionnels ont adhéré à la logique de l’enquête et volon-tiers répondu aux demandes d’information. La systématisation d’un recueil dece type pour tous les traumatismes (459 décès en 2009, source CépiDc), venanten complément du certificat de décès, est proposée comme suite logique de cetest. Les conditions de recueil seront proposées et discutées avec les médecinset les institutions concernées.Conclusion.– Le recueil de données qualitatives et quantitatives détaillées surchaque décès par traumatisme d’enfants âgés de moins de 15 ans permettraitd’identifier des facteurs de survenue et des populations à risque, d’orienter lesactions de prévention active et/ou passive, et de contribuer ainsi à sauver desvies.

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Surveillance épidémiologique de l’absencescolaire à partir d’un réseau d’écolessentinelles : SentEcole, GirondeL. Meurice a, S. Vygen a,b, G. Gault a, C. Bustos c,C. Caserio-Schönemann a, P. Rolland a

a Cellule de l’Institut de veille sanitaire en région Aquitaine, Bordeaux, Franceb European Program for Intervention Epidemiology Training (EPIET),Stockholm, Suèdec Direction des services départementaux de l’éducation nationale de laGironde, Bordeaux, France

Introduction.– En France, la surveillance syndromique intègre des donnéesd’urgences hospitalières, d’urgences de ville et de mortalité. Son développementet son renforcement implique l’intégration d’indicateurs complémentaires. Lacellule régionale de l’InVS en lien avec l’éducation nationale de la Gironde, a misen place une surveillance de l’absence scolaire à partir du réseau d’écoles senti-nelles SentEcole. Les jeunes enfants scolarisés, vivant en collectivité, constituentune population fragile, souvent la première touchée par les épidémies. L’objectifest de renforcer la surveillance sanitaire en Gironde en termes de détection et desuivi d’épidémies saisonnières et/ou d’événements inhabituels.Méthodes.– Depuis octobre 2011, les données quotidiennes du nombred’absences, toutes causes, d’environ 20 écoles élémentaires volontaires deGironde sont transmises automatiquement à la Cire. Les directeurs d’écolesont la possibilité de reporter un commentaire sur la cause de l’absence, notam-ment sanitaire. Les données sont analysées et comparées aux autres systèmes desurveillance existants.Résultats.– Pour l’année scolaire 2011–2012, le taux d’absence scolaire globalétait en moyenne de 3,6 % (min–max : 0,9–15,7 %). Une bonne concordancea été retrouvée entre l’évolution du taux d’absence scolaire et les données des

autres sources de surveillance syndromique. Par ailleurs, l’augmentation du tauxd’absence scolaire, accompagné du motif grippe, précède le pic de la grippeindiqué par les autres systèmes de surveillance utilisés à la Cire. À ce stade,aucun évènement inhabituel n’a été identifié.Conclusion.– Les informations produites par ce dispositif, réactif et peu coûteux,permettent de disposer d’informations sur la population d’enfants d’âge scolaire,notamment dans des zones géographiques non couvertes par les autres systèmesde surveillance. Elles sont à la fois à visée d’alerte pour les professionnels desanté, les directeurs d’établissements et la population, et à visée de décision pourles mesures de prévention et de contrôle à mettre en place.

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Infection à VIH/sida en AlgérieF. Razik a, F.-Z. Bensadoun a, S. Abidi a, N. Bouzghou b

a Service d’infectiologie, CHU d’Oran, centre de référence des IST/VIH/Sidade l’Ouest Algérien, Oran, Algérieb Institut Pasteur d’Alger, Centre de référence national (CRN), Alger, Algérie

Objectifs.– Décrire l’évolution dans le temps de l’infection à VIH/sida dansl’Ouest Algérien et comparer les données régionales aux données nationales.Méthodologie.– Il s’agit d’une étude rétrospective de 1991 à 2012 concernant2515 dossiers de patients pris en charge dans le service d’infectiologie du CHUd’Oran, centre de référence de l’Ouest Algérien (CDR). Pour les données natio-nales, nous avons revu celles de l’Institut Pasteur d’Alger.Résultats.– L’épidémie a évolué en phase lente de 1991 à 2001 avec la noti-fication de 90 cas (4 %). Pour la majorité, il s’agissait d’une contamination àl’étranger soit par injection intraveineuse de drogue (28 cas), soit après transfu-sion sanguine (cinq cas) ; le sex-ratio était égal à 5. Une phase rapide de 2002 à2012, avec 2425 cas colligés (96 %) ; toutes les contaminations étaient autoch-tones ; le sex-ratio est = 0,93 ; toutes les tranches d’âges sont concernées, avec unmaximum de 1988 cas entre 19 ans et 49 ans (82 %). Pour 2279 cas, la contami-nation était sexuelle (94 %), dont 660 cas suite au travail du sexe (29 %). Notrefile active est la première à l’échelle nationale avec 2200 personnes vivant avecle VIH dont 1304 cas sont sous traitement antirétroviral (59 %) ; 95 % des séro-positifs sont dépistés suite aux enquêtes autour de cas de sida-maladie. Cetteconstatation est valable pour tout le pays, remettant en cause le dépistage enAlgérie, auquel s’ajoute le problème de recueil de données. À titre d’exemple,pour l’année 2011, l’Algérie a déclaré à l’Organisation mondiale de la santé102 nouveaux cas de sida, alors que notre CDR, à lui seul, avait notifié 250 cas.Ce problème concerne également les données qualitatives, à l’échelle nationale,les modes de transmissions sont indéterminés dans 78 % des cas.Conclusion.– Le faible quadrillage épidémiologique et la méconnaissancedes tendances de l’épidémie, résultant des insuffisances tant logistiquesqu’humaines, rendent impossible toute politique efficace de prévention.

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Dispositifs de surveillance de la santé despersonnes incarcérées en France et àl’étrangerC. Verdot , E. Godin-Blandeau , A.-E. DevelayInstitut de veille sanitaire, département Maladies chroniques et traumatismes,Saint-Maurice, France

Introduction.– La question de la mise en place d’un dispositif de surveillancede la santé des personnes incarcérées est un axe majeur du plan d’actions stra-tégiques 2010–2014 « Politique de santé des personnes placées sous main dejustice ».Méthode.– Pour nourrir les réflexions sur la définition et les modalitésd’organisation de cette surveillance en France, une recherche a été réalisée sur lesdispositifs existant à l’étranger. Les informations ont été collectées dans 15 paysoccidentaux (Océanie, Amérique du Nord, Europe), via Internet (sites officiels),une recherche bibliographique et des entretiens réalisés avec des correspondantsinstitutionnels internationaux.

S264 Congrès International ADELF-SFSP / Revue d’Épidémiologie et de Santé Publique 61S (2013) S206–S264

Résultats.– Les moyens investis et les méthodes utilisées pour surveiller la santéen prison sont hétérogènes selon les pays. Seuls quatre d’entre eux ont déve-loppé un dispositif de surveillance couvrant l’ensemble des données de santé,selon deux organisations très différentes. Le Canada et la Belgique recueillenten routine toutes les données de santé de manière systématique, standardiséeet informatisée, alors que les États-Unis et l’Australie ont développé de largesenquêtes nationales régulièrement reconduites. Certains pays se sont centrés surdes problématiques ciblées, en mettant en place des dispositifs de surveillancedédiés à une thématique de santé particulière, comme les maladies infectieuses(Canada, Royaume-Uni, Suisse) ou la santé mentale (Pays-Bas, Finlande). Pour

d’autres pays, dont la France, la connaissance des données de santé se limitemajoritairement à la réalisation d’enquêtes épidémiologiques ponctuelles cou-vrant généralement une thématique spécifique (psychiatrie, addictions, maladiesinfectieuses).Conclusion.– La diversité de ces approches permet d’alimenter les réflexionssur la faisabilité et l’organisation d’un futur dispositif de surveillance de la santédes personnes incarcérées en France, concernant notamment les thématiques desanté à couvrir, l’organisation générale du dispositif, son fonctionnement, sapériodicité et les modes de recueil de données à privilégier.

http://dx.doi.org/10.1016/j.respe.2013.07.681