dimanche Génération François - ere-oca.compour répondre aux grandes ques-tions de l’époque....

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samedi et dimanche Génération François Les catholiques s’identifient souvent au pape de leur jeunesse. Enquête sur ce phénomène générationnel à quelques jours des JMJ de Panama P. 2 à 6 Croire Entre psychanalyse et religion P. 14-15 samedi 19, dimanche 20 janvier 2019 — Quotidien n° 41309— 2,00 € Le groupe jésuite Magis a accueilli 200 jeunes de différentes nationalités à San Salvador au Panama, le 12 janvier. Rodrigo Sura/EFE 136 e année- ISSN/0242-6056. Imprimé en France Belgique : 2,10 € ; Canada : 6 $ ; Espagne : 2,50 € ; Italie : 2,80 € ; Luxembourg : 2,10 € ; Maroc : 29 MAD ; Suisse : 3,80 CHF ; DOM : 2,70 € UN FILM DE KORE-EDA HIROKAZU ACTUELLEMENT UNE AFFAIRE DE FAMILLE Publicité

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Les catholiques s’identifient souvent au pape de leur jeunesse. Enquête sur ce phénomène générationnel

à quelques jours des JMJ de Panama P. 2 à 6

CroireEntre psychanalyse et religion P. 14-15

samedi 19, dimanche 20 janvier 2019 — Quotidien n° 41309—

2,00 €

Le groupe jésuite Magis a accueilli 200 jeunes de différentes nationalités à San Salvador au Panama, le 12 janvier. Rodrigo Sura/EFE

136e année-ISSN/0242-6056. Imprimé en France Belgique : 2,10 € ; Canada : 6 $ ; Espagne : 2,50 € ; Italie : 2,80 € ; Luxembourg : 2,10 € ; Maroc : 29 MAD ; Suisse : 3,80 CHF ; DOM : 2,70 €

UN FILM DE KORE-EDA HIROKAZU

ACTUELLEMENT

UNE AFFAIRE DE FAMILLE

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La Croix - samedi 19, dimanche 20 janvier 2019

Événement2

C omme il y a eu la « génération Jean-Paul II », marquée par la nouvelle évangéli-sation, puis la « géné-

ration Benoît XVI », et son goût retrouvé pour la contemplation et l’articulation entre foi et rai-son, est-ce la « génération pape François » qui se rassemblera au Panama dans quelques jours pour les Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) ? D’aucuns ne manqueront pas de le dire. Une jeunesse marquée par le dis-cours du pape argentin sur l’éco-logie, mais aussi par ses appels pressants à l’attention aux plus pauvres et à l’accueil des mi-grants. « Pour moi, c’est vraiment le pape de ceux qui reviennent à la foi », témoigne par exemple Paul Piccarreta, fondateur de la revue d’écologie intégrale Limite. Lui-même revenu vers l’Église au début du pontificat, il loue chez François sa « manière d’in-carner la foi », ou encore « l’ori-ginalité de sa démarche pour souligner l’urgence écologique, sa manière d’apostropher ». « Il ne se contente pas de parler d’aller aux périphéries, il le fait vraiment », s’enthousiasme le journaliste de 29 ans.

Mais d’où vient cette idée que chaque génération de ca-tholiques devrait être marquée durablement par le pape de sa jeunesse, et les options particu-lières de son pontificat ? Faut-il voir derrière ces « générations » successives autant de labels mi-litants, un simple effet de mimé-tisme à la suite de la « génération

Jean-Paul II », ou bien une réelle proximité avec un pape, enraci-née dans la rencontre embléma-tique des JMJ ?

La définition du terme « gé-nération » peut faire l’objet de discussions. Il convient évidem-ment de mettre entre guillemets l’expression, qui ne saurait en-glober l’ensemble de la jeunesse française, où les catholiques sont toujours minoritaires – et l’assument, c’est même l’une des caractéristiques de ces « gé-nérations » de jeunes cathos. Et même chez les jeunes catho-liques, l’adhésion à la figure d’un pape n’est jamais unanimement partagée.

L’historien Charles Mercier, maître de conférences à l’univer-sité de Bordeaux, adhère à l’hy-pothèse selon laquelle « il se pro-duirait, autour de la vingtaine, une cristallisation des valeurs au-tour d’un événement vécu collec-

tivement ». Un événement suffi-samment important, précise-t-il, pour être « historiquement struc-turant » : on pense à la jeunesse de Mai 68, ou aux générations marquées par les deux guerres mondiales. « Dans cette hypo-thèse, si des jeunes pour qui la fi-gure du pape est importante sont marqués par une rencontre avec lui à l’âge où leur système de va-leurs se stabilise, alors il est tout

à fait possible d’avoir des généra-tions marquées par les papes », résume l’historien.

« Il est normal que chaque pape imprime très fortement son em-preinte auprès des jeunes, surtout dans nos sociétés qui aiment bien communiquer », abonde le père Vincent Breynaert, directeur du Service national pour l’évangéli-sation des jeunes et les vocations (SNEJV) à la Conférence

A chaque génération son pape ?

« Générations » Jean-Paul II, Benoît XVI, et à présent François : depuis une trentaine d’années, les jeunes catholiques semblent vouloir s’identifier fortement, et durablement, au pape de leur jeunesse. Enquête sur ces phénomènes de génération, à quelques jours des JMJ de Panama.

Faut-il voir derrière ces « générations » successives autant de labels militants, un simple effet de mimétisme à la suite de la « génération Jean-Paul II », ou bien une réelle proximité avec un pape ?

JMJ2019Panama

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Événement 3

des évêques de France. « Le pape est bien sûr une figure pa-ternelle, mais il est aussi l’homme que l’Esprit Saint donne à l’Église pour répondre aux grandes ques-tions de l’époque. »

La rencontre à même, par ex-cellence, de marquer durable-ment la jeunesse, ce sont les JMJ. Pour les catholiques fran-çais, les JMJ de Paris, à l’été 1997, font figure de référence. Beau-

coup disent encore aujourd’hui qu’elles ont été pour eux, et pour toute l’Église de France, un mo-ment fondateur de réveil spiri-tuel. Charles Mercier, qui pré-pare un livre sur l’histoire des JMJ, note d’ailleurs que celles-ci ont détonné, par rapport aux précédentes, par leur tona-lité positive. Les observateurs, même les plus hostiles, y ont vu une jeunesse ouverte et joyeuse,

moins frontalement opposée à la modernité que les précédentes éditions à Denver ou Manille. Une tonalité dans laquelle se lit d’ailleurs moins la marque du pape que celle des organisateurs de l’événement, au premier rang desquels le cardinal Lustiger, alors archevêque de Paris.

Si le phénomène d’identifica-tion de la jeunesse au pape dé-marre à Jean-Paul II, c’est aussi

parce que son pontificat corres-pond au déploiement d’une pas-torale pontificale de la jeunesse. « Avant Jean-Paul II, les jeunes ne sont pas une cible prioritaire pour l’Église », souligne Charles Mercier. Jusqu’au décrochage massif de l’adhésion catholique dans les années 1960. « Dans le contexte d’une crise de la socia-lisation religieuse à l’enfance et à l’adolescence, on passe d’une

logique de transmission automa-tique de la foi à une logique de conversion. » À cette nécessité pour l’Église de reconquérir les jeunes, s’ajoute aussi la sensibi-lité personnelle de Karol Wojtyla, ancien aumônier d’étudiants. Mais Charles Mercier situe aussi cette évolution de l’Église dans le contexte plus large d’un « mouvement global de revalo-risation de la jeunesse, qui s’est traduit parfois par une sorte de jeunisme culturel ».

Une analyse que confirme le sociologue Yann Raison du Cleu-ziou. « Il n’a pas toujours été légi-time de clamer “la jeunesse avec nous”. C’est seulement à partir des années 1960 qu’on commence à affirmer qu’il faut écouter les aspirations de la jeunesse pour bâtir le monde de demain. Au-paravant, on considérait à l’in-verse que la jeunesse avait tout à apprendre, et on valorisait la sagesse de ceux qui ont de l’expé-rience. »

Si c’est Jean-Paul II qui a commencé à mettre les jeunes au centre de l’attention ecclé-siale, cette dynamique semble connaître un moment paroxys-tique sous le pontificat de Fran-çois. Les JMJ de Panama s’ins-crivent en effet dans une longue séquence : lettre du pape à la jeunesse (Dieu est jeune), Synode des évêques en octobre, dont la prolongation en juin prochain par un forum international sur les jeunes à Rome vient d’être annoncée par le Saint-Siège.

L’Église ferait-elle dans le jeu-nisme ? Non, mais « il y a une prise de conscience de ses man-quements à l’égard de la jeunesse, répond le père Breynaert. Nous

De jeunes pélerins italiens, aux JMJ de Cracovie (Pologne), le 27 juillet 2016 M.Migliorato/CPP/Ciric

« Le pape est bien sûr une figure paternelle, mais il est aussi l’homme que l’Esprit Saint donne à l’Église pour répondre aux grandes questions de l’époque. »

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savons bien que nous avons perdu une partie de la jeunesse. Il est normal que les jeunes deviennent une priorité pastorale ».

On peut en faire une autre lecture : pour Yann Raison du Cleuziou, ces affaires de « gé-nérations » sont avant tout des phénomènes classiques de la-bellisation, empruntant aux codes du militantisme politique et de la contre-culture – il fait d’ailleurs la comparaison avec la « Génération Mitterrand », pro-clamée par le Mouvement des jeunes socialistes à la fin des an-nées 1980. « C’est une manière de dire : “Nous sommes une nouvelle génération, donc nous sommes différents des courants domi-nants.” » Une stratégie de label-lisation qui, selon lui, vise aussi bien l’extérieur que l’intérieur de l’Église : on se réclame d’un pape pour légitimer certains combats ou certaines options en interne. « Des conservateurs ont pu se dire ”génération Jean-Paul II” pour critiquer l’épiscopat français. Et aujourd’hui, certains se réclament de la “génération François” pour critiquer La Ma-

nif pour tous et les catholiques identitaires… »

Ce qui pose la question de savoir si ces « générations » successives, liées à des papes et à des pontificats bien dif-férents, ne risquent pas d’en-trer en rivalité. On pense aux fidèles proches de Benoît XVI, dont certains se sentent bous-culés par le style de François. Mais pas seulement. Paul Pic-carreta, par exemple, arguant que « l’écologie est objectivement plus importante que la liturgie », est convaincu que François lais-sera une trace plus durable que Benoît XVI.

Des ruptures que Charles Mer-cier tempère largement : « Il y a une tendance à sélectionner une partie du discours de chaque pape pour en faire une option particulière du pontificat, mais si on prend les choses dans leur ensemble, la continuité entre les papes est beaucoup plus grande que ces différences. » De fait, nombre de jeunes catholiques aujourd’hui n’hésitent pas à re-vendiquer conjointement l’héri-tage des trois derniers papes.Gauthier Vaillant

Jeanne de BournonvilleÉtudiante en langue des signes

La jeune fille, âgée de 21 ans, organise cette année des « JMJ bretonnes » pour les jeunes qui ne peuvent pas se rendre au Panama. Un engagement dans la continuité de son expérience à Cracovie, en 2016, qui fut pour elle un « moment fondateur ».

«A la fin des JMJ de Cra-covie, on s’était tous donné rendez-vous

trois ans plus tard, au Panama. À ce moment-là, cela apparais-sait comme une évidence. » Trois ans plus tard, les réalités de la vie ont un peu bousculé les évi-dences : Jeanne de Bournonville n’est pas au Panama, mais chez elle, à Rennes (Ille-et-Vilaine). Comme beaucoup de jeunes ca-tholiques français, cette jeune femme de 21 ans, étudiante en langue des signes, a dû renoncer aux JMJ cette année, face au coût du voyage vers l’Amérique cen-trale, et à des dates peu adaptées

au calendrier universitaire fran-çais. « On ne peut pas partir sur un coup de tête… mais on aime-rait bien ! »

Quand Jeanne évoque son ex-périence des JMJ polonaises en 2016 – elle était partie avec la communauté de l’Emmanuel –, on reconnaît dans son témoi-gnage l’émerveillement vécu par beaucoup de participants. « Voir tous ces gens dans les rues et se dire qu’ils sont tous là, venus des quatre coins du monde, unique-ment parce qu’ils ont en commun d’être chrétiens, c’est hors du com-mun. » Cet été-là, elle avait été marquée durablement par

Suite de la page 3.

portrait

Les JMJ de Jeanne, de Cracovie à Rennes

Benoît XVI à Madrid, août 2011. William Alix/CiricJean-Paul II à Paris, août 1997. Jean-Michel Mazerolle/Ciric

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le thème de la miséricorde, « et le fait de la mettre en lien avec le service des autres ». « J’ai com-pris qu’il ne s’agissait pas juste de faire des grandes phrases pour dire que Dieu est miséricordieux, mais qu’on avait intérêt à faire pareil ! », résume-t-elle. Jeanne n’hésite pas à parler d’un « moment fonda-teur » dans son développement spirituel et humain. « Le chemin que j’ai parcouru depuis n’aurait pas été possible sans l’expérience des JMJ, et cette découverte de la miséricorde. »

Depuis Cracovie, Jeanne a no-tamment réalisé un projet qu’elle mûrissait de longue date : partir un an en volontariat au Vietnam, avec les Missions étrangères de Paris (MEP). À son retour, elle a immédiatement repris un en-gagement, comme présidente de l’Association catholique des étudiants rennais (Acer), qui fédère les cinq aumôneries étu-diantes de la capitale bretonne. Un engagement qu’elle lie claire-ment à son expérience des JMJ, puisqu’elle avait déjà été respon-sable d’aumônerie juste après son retour de Cracovie. « On me l’a demandé alors que je venais de rentrer de Pologne. Honnête-ment, je ne m’en sentais pas ca-pable et je n’en avais pas envie. Mais je me suis dit qu’il serait idiot de laisser retomber ce que je venais de vivre. »

Et puisque les JMJ ont tant compté pour elle, Jeanne ne laisse pas passer sans rien faire le rassemblement panaméen, bien qu’elle ne puisse s’y rendre : elle organise, le week-end des 26 et 27 janvier, des « JMJ bre-tonnes », à Saint-Pern (Ille-et-Vilaine), à la maison mère de la

congrégation des Petites Sœurs des pauvres. Comme dans plu-sieurs endroits de France (Paris, Lille, Angoulême, Taizé…), les jeunes de la région y sont invités pour partager un peu de l’expé-rience JMJ.

Un projet qui porte d’ailleurs la marque du pape François, puisque l’idée originale, venue des Petites Sœurs des pauvres, qui gèrent une maison de re-traite à Saint-Pern, était de créer des liens entre jeunes et per-sonnes âgées. Un sujet cher au pape argentin, que Jeanne affec-tionne particulièrement – tout en estimant que les trois derniers

papes « se complètent bien ». « Le pape François a réveillé les jeunes, quand il nous a dit de sortir de nos canapés et d’aller aux périphéries. Aujourd’hui, l’expression paraît remâchée, mais c’est vraiment ce qui nous manque, insiste-t-elle. Rien que changer de paroisse, c’est déjà rare ! » C’est grâce à l’impulsion

du pape – ainsi qu’à la maturité qui vient avec les années – que la jeune femme, qui étudie dans un établissement public pour la première fois cette année, dit pouvoir parler très aisément de sa foi avec ceux qui ne la parta-gent pas. « Il y a quelques années, je n’aurais jamais osé. »Gauthier Vaillant

« Le chemin que j’ai parcouru depuis n’aurait pas été possible sans l’expérience des JMJ, et cette découverte de la miséricorde. »

Benoît XVI à Madrid, août 2011. William Alix/Ciric

Source J.D.B.

François à Rio, juillet 2013. Alessia Giuliani/CPP/Ciric

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En se rendant au Panama du 23 au 28 janvier, le pape François, répondant à l’invitation des épiscopats de la région, va s’adresser à la jeunesse de cette région du monde, marquée par la pauvreté et l’instabilité.

Panama et San SalvadorDe notre envoyée spéciale

«Ces Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) ne sont pas seulement celles

du Panama, mais de toute l’Amé-rique centrale. » Pour Mgr José Domingo Ulloa Mendieta, ar-chevêque de Panama, la venue du pape est un événement pour l’ensemble de la région. Tout commence en 2013, après les JMJ de Rio de Janeiro au Brésil. L’idée germe d’inviter François en Amérique centrale, région qui n’a jusqu’alors jamais accueilli ce grand rassemblement inter-national et où la dernière visite d’un pape remonte à 1983 (1). Les membres du Secrétariat épisco-pal d’Amérique centrale (Sedac) rédigent ensemble une lettre en ce sens. Le pays d’accueil pour-rait être le Panama, seul de la zone offrant à la fois les condi-tions sécuritaires et les capacités d’infrastructures nécessaires à accueillir des pèlerins du monde entier. « Deux jours avant la messe conclusive des JMJ de Cracovie, en juillet 2016, le Vatican a appelé Mgr Ulloa : le Panama serait la prochaine destination de la jeu-nesse mondiale », se remémore Eunice Meneses, responsable de communication du diocèse de Panama et membre de la délé-gation officielle présente en Po-logne à ce moment-là.

Depuis, ces premières JMJ centraméricaines ont été prépa-rées dans une perspective régio-nale. Initialement, le Nicaragua devait même accueillir des pèle-rins pour les Journées en diocèse, qui précèdent l’ouverture des JMJ stricto sensu. En raison de la crise politique en cours depuis le mois d’avril, ce pays a été retiré

de la liste des hôtes. Seul reste le Costa Rica, en plus des diocèses panaméens. « Mais l’ensemble des Églises d’Amérique centrale ont participé à l’organisation », assure Roberto Machuca, étudiant en journalisme de 23 ans et délégué national du Salvador pour les JMJ.

En outre, en raison de la proxi-mité géographique, les jeunes des pays voisins –Nicaragua, Salva-dor, Honduras, Guatemala, Costa Rica… –, d’ordinaire en nombre limité en raison de la distance et des coûts, sont cette fois beaucoup plus nombreux à pouvoir faire le déplacement. Par exemple, la dé-légation du Salvador, composée de 350 personnes aux JMJ de Craco-vie, comptera cette fois sur la pré-sence d’environ 7 000 pèlerins. Des proportions qui se retrouvent dans l’ensemble de la région.

C’est donc à la jeunesse de cette « périphérie » du monde, marquée par la pauvreté et l’instabilité, comme le souligne Mgr Ulloa, que le pape devrait s’adresser de façon particulière dans les discours et

homélies qu’il prononcera au Pa-nama. Il s’attachera sans doute à développer des thématiques propres à ces pays, à commencer par la crise migratoire qui secoue la région, ainsi que l’a indiqué l’ar-chevêque de Panama. Cette ques-tion est d’ailleurs abordée de fa-çon commune, en particulier par les pays les plus concernés par les départs, à savoir le Guatemala, le Honduras et le Salvador, au niveau aussi bien ecclésial qu’étatique.

« Nous avons besoin de paroles d’espérance car nos pays traver-sent des situations difficiles », sou-ligne Roberto Machuca. Le jeune homme espère que le pape évo-quera aussi la question de la cor-

ruption, profitant de la partici-pation de plusieurs responsables politiques des pays de la région aux JMJ. Plusieurs anciens chefs d’État d’Amérique centrale (no-tamment un ancien président sal-vadorien et un autre panaméen) se trouvent actuellement en prison pour ce motif.

« Dans nos pays, les rêves de nos jeunes sont brisés par la violence, par le manque d’opportunités, les tentations du narcotrafic, dans une ambiance qui envenime les corps, les esprits et les cœurs », déplore le cardinal Gregorio Rosa Chavez, évêque auxiliaire de San Salvador (El Salvador) et secrétaire géné-ral du Sedac, qui lui aussi attend avec impatience le discours que le pape François doit adresser aux évêques d’Amérique centrale lors de son voyage.Marie Malzac

(1) Cette année-là, Jean-Paul II s’était rendu au Costa Rica, au Nicaragua, au Honduras, au Guatemala, au Salvador, au Panama, à Belize et à Haïti.

En raison de la crise politique en cours,le Nicaragua a été retiré de la liste des hôtes.

Le pape à la rencontre des jeunes d’Amérique centrale

Arrivée de participants vénézuéliens aux JMJ de Panama, lundi 14 janvier. Arnulfo Franco/AP

repères

Le programme des JMJ

Mardi 22. Ouverture officielle des JMJ, présidée par l’arche-vêque de Panama, au campus de Santa Maria La Antigua. Début du festival de la jeu-nesse : tables rondes, spec-tacles, animations… Entre 250 000 et 350 000 pèlerins sont attendus, dont une déléga-tion de 1 300 Français.

Mercredi 23. Arrivée du pape sur le sol panaméen à 16 h 30 (heure locale).

Jeudi 24. Cérémonie de bienve-nue à 9 h 45 devant le Palais des Hérons, siège de la présidence panaméenne. Rencontre avec les évêques d’Amérique centrale en fin de matinée. En fin d’après-midi, cérémonie d’accueil sur la Cinta Costera, le bord de mer moderne de la ville.

Vendredi 25. Liturgie péniten-tielle à la prison pour mineurs de Las Garzas de Pacora, prési-dée par le pape. En fin d’après-midi, retour à Santa Maria La Antigua pour le traditionnel chemin de croix avec les jeunes.

Samedi 26. François com-mencera sa journée par une messe avec les prêtres, consa-crés et mouvements de laïcs du Panama. Il déjeunera avec des jeunes au grand séminaire San José. En début de soirée, au Metro Park (nord-est de la ville), il présidera la veillée de prière.

Dimanche 27. Le pape revien-dra au Metro Park pour célé-brer la messe de clôture des JMJ avant de se rendre au Foyer du Bon Samaritain, lieu d’accueil des malades du VIH. En fin d’après-midi, il ira re-mercier les volontaires des JMJ au stade Rommel-Fernández avant la cérémonie de départ à l’aéroport.

PANAMAPanama

Merdes Caraïbes

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